Chap.26. La Haute-Moulouya
Chap.26. La Haute-Moulouya
Chap.26. La Haute-Moulouya
I. 26
par
CLIMATOLOGIE
La hauteur moyenne annuelle des précipitations Les températures ne sont connues qu'à
est très variable sur l'ensemble du bassin et est très Midelt et à Arhbala, où les moyennes
étroitement liée à l'altitude et l'exposition. Dans la annuelles sont de 14,5 et 13,2°C respectivement.
plaine, elle oscille entre 235 mm (Midelt) et 360 mm La température maximale moyenne est atteinte en
(Itzer). Sur les bordures montagneuses, occidentale juillet (33,8 et 32,9°C) et la minimale en janvier
notamment, elle dépasse 400 mm et atteint même (0,2 et - 1,3°C).
660 mm à Arhbala. Le nombre de jours de pluie
par an est de 40 à 70 en moyenne. Le régime des Aucune donnée n'existant sur
précipitations est caractérisé par deux maximas : le l'évapotranspira-tion ( E T P ) , le calcul par la
plus élevé est toujours en décembre ; le second méthode de Thornthwaite a donné les résultats
est en mars sur la bordure occidentale, et en avril suivants à Midelt, avec la moyenne
sur la bordure méridionale. pluviométrique de la période 1925-1949 (226 mm)
et la moyenne thermométrique de la période
1930-1956.
Mois J F M A M J Jt A S O N D Année
Pluviométrie 10 24 22 34 24 12 6 8 22 22 26 16 226
D’après Thornthwaite, le climat est aride, méso- (Notation E1 B'2 d
thermique sec, à tendance montagnarde marquée b'3).
196 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROLOGIE
Deux stations de jaugeages téléphériques fonc- pont de la route principale n° 21 : 960 km 2 de bassin
tionnent en Haute-Moulouya depuis 1959. versant ; altitude 1 400 m.
• Zaïda sur l'oued Moulouya en amont du pont A l'occasion d'une étude hydrologique synthé-
de la route principale n° 21 : 1 673 km 2 de bassin tique du bassin de la Moulouya on a pu reconstituer
versant ; altitude 1 470 m. par corrélation les débits à Zaïda et Ansegmir pour
la période 1952-1966 ; les résultats, de valeur très
• Ansegmir sur l'oued Ansegmir en aval du satisfaisante, sont les suivants :
Stations de jaugeages Zaïda (oued Ansegmir
Moulouya) (oued
Ansegmir)
Concentration des eaux, résidu sec à 180°C en 0,3 à 0,8 0,2 à 0,3
g/l .........................................................................
Des mesures mensuelles sont faites sur des stations D'autre part, un réseau de 13 sections a été choisi
simplifiées (échelles limnimétriques) installées sur pour le prélèvement mensuel d'échantillons d'eau
les sections des principaux oueds de la vallée (O. pour analyses chimiques et dépôt solide.
Oudhrès, O. Aguercif, O. Boulajoul, O. Taarat).
HYDROGEOLOGIE
982 points d'eau ont été recensés en Haute- dages (dont 2 artésiens) représentant 1765 mètres
Moulouya, dans le sillon d'Itzer et les massifs de forés, et 3 rhettara ont été dénombrés.
Bou-Mia et d'Aouli , 620 puits, 347 sources, 12 son-
HAUTE-MOULOUYA 197
Ces points d'eau se rattachent à plusieurs niveaux La carte du toit du substratum liasique permet
aquifères dans les différentes formations perméables d'orienter les recherches par forages dans les zones,
de la vallée et de ses bordures. où sa profondeur n'excède pas 400 mètres. La zone
intéressante s'allonge d'W en E sur le parallèle de
GRANITES ALTERES DU PRIMAIRE Ce niveau Midelt, où le toit du Lias peut être compris entre
aquifère se localise dans les massifs de Bou-Mia et 200 et 400 m de profondeur. Cette zone pourrait
d'Aouli. Il peut être en charge sous le Trias. Trois faire l'objet de recherches par forages pour la
sources à faible débit (0,1 à 1 1/s) y ont été création éventuelle de points d'eau destinés aux
reconnues (débit total = 2 1/s). Elles sont l'indice troupeaux.
d'une nappe peu puissante et peu épaisse dans un
horizon peu perméable. CALCAIRES DU DOGGER
CALCAIRES ET DOLOMIES DU LIAS Ce niveau Ces calcaires affleurent sur la bordure du sillon.
dont la profondeur sous la plaine est mal connue, d'Itzer dans sa partie nord (Enjil). Un niveau
alimente la plupart des grosses sources de la bordure aquifère s'y manifeste par une trentaine de sources
nord du Haut Atlas (Anzad-ou-Founès dont le débit de déversement à débit très variable mais faible
est voisin de 1 m 3/s) et de la bordure orientale du dans l'ensemble (0,1 à 5 1/s). La concentration des
Moyen Atlas sur le sillon d'Itzer (Aïn-Laraïs — 250 eaux est faible (500 mg/1) et la température basse
1/s). (14°C).
Le prolongement du Lias sous la plaine de la Haute- La recherche de ce nouvel aquifère peut se
Moulouya, entre le Haut Atlas et les massifs de révéler intéressante sous le sillon proprement dit,
Bou-Mia - Aouli a été étudié récemment par une mais il n'existe aucune donnée pour estimer sa
campagne de géophysique électrique (1966) profondeur. Elle peut en effet être très importante
complétée par une campagne de sismique réfraction étant donné la tectonique régionale en panneaux
(1969). Un seul sondage (cf. géologie) a recoupé failles et effondrés suivant la direction moyen-
une centaine de mètres de Lias à proximité de la atlasique SW-NE. Des recherches profondes dans
vallée de l'Ànsegmir mais il ne semble pas que cette ce secteur ne sont pas à écarter s'il est prévu un
formation ait été riche en eau. Tous les autres développement intense de cette cuvette dont la
sondages exécutés dans la région n'ont pas atteint nappe phréatique (voir plus loin) suffit actuelle -
le Lias. ment pour satisfaire les besoins.
MAROC ORIENTAL CLIMATOLOGIE 1933-1963
26 - HAUTE MOULOUYA
Coordonnées Situation Pluviométrie moyenne (mm)
Nom de la station Réseau Altitude
dans le bassin
Lat .N. Long.W. J F M A M J J A S O N D Ann.
ARHBALA EF 1600 32° 28' 5° 39' ouest 78 79 88 75 42 26 6 12 27 55 72 101 661
ARHBALOU-N-SERDANE EF 1700 32° 42' 5° 18' nord-ouest 50 51 57 49 27 16 4 7 16 36 46 66 427
ITZER EF 1600 32° 53' 5° 03' nord-ouest 34 41 40 35 33 18 5 11 22 31 42 50 362
MIDELT SMN 1519 32° 41' 4° 44' est 13 18 22 34 31 16 5 6 20 23 22 25 235
(MIDKANE) EF 1937 32° 34' 4° 59' (sud) 24 34 41 64 58 30 10 12 37 44 42 47 443
MIDELT 11.8 0.2 13.7 1.1 16.5 3.4 19.5 5.9 22.6 8.5 28.4 12.4 33.8 16.3 33.2 16.0 28.1 12.6 21.6 8.3 16.2 4.3 12.4 1.0 21.5 7.5
MIDELT 6.0 7.4 10.0 12.7 15.6 20.4 25.0 24.6 20.4 15.0 10.2 6.7 14.5 230 - 42,5 E1 B'2 db'3 230 2450 (P) 1952-1961
FIG. 92
198 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
irrigation
Dans cette région, le principal aménagement des Les principaux périmètres irrigués sont les
eaux est d'origine traditionnelle et intéresse la mise suivants :
en valeur agricole par l'irrigation. Le tableau sui -
vant donne la répartition des terres irriguées inven - • Dans la Haute-Moulouya à l'amont de Zaïda,
toriées, avec la distinction entre les surfaces irriguées près d'Arhbalou-n'Serdane, un peu plus d'une
par des ressources en eaux pérennes, et celles qui centaine d'hectares sont irrigués de manière
ne bénéficient que des eaux de crues. pérenne à partir de sources, d'un forage et
d'eaux superficielles. Des chapelets de péri-
21 300 hectares sont irrigués, dont 13 300 par mètres existent également le long de la Mou-
des eaux pérennes. La consommation d'eau corres- louya et de l'oued Oudrhès. Les périmètres
pond à environ 170.10 6 m3/an dont 140.10 6 m3/an de Bou-Mia (750 ha irrigués pérennes) ont fait
d'eaux pérennes ; cette consommation est relative- l'objet d'aménagements récents des ouvrages
ment peu élevée car à peu près 50 % des périmètres de prises et des Séguias.
sont aménagés et cultivés de façon moderne. Seuls
quelques améliorations de prises et quelques béton- • Le sous-bassin de l'Ansegmir, grâce à des
nages de Séguias maîtresses ont intéressé les princi- ressources en eau abondantes, est un des mieux
paux d'entre eux. D'une façon générale des moder- irrigués : 3 550 ha, dont 1 750 irrigués pérennes
nisations ou des extensions des superficies irriguées sont en voie d'aménagement dans le coûts
ne peuvent être envisagées car beaucoup de péri - aval. Toutes les irrigations sont alimentées à
mètres existants manquent d'eau en été. partir de l'oued.
SOUS-BASSIN VERSANT Superficies irriguées en hectares Origine des eaux d'irrigation en ha
irrigués
pérennes eaux Totales (1) Oued sources puits et
(1) d'hiver + (2) forages
(2)
Haute-Moulouya à l'amont de Zaïda 4 300 500 4 800 3 800 950 50
Bassin : Haute-Moulouya et sillon d'Itzer-Enjil : superficies irriguées par sous-bassins versants et origine des
eaux d'irrigation (exprimées en hectares irrigués]
200 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Equipement hydroélectrique
L'équipement hydroélectrique du haut bassin de turbines qui totalisent une puissance de 1 210 kw
la Moulouya comporte les deux centrales de Flilo (production annuelle : 5 millions de kw/h). Sidi-
et de Sidi-Saïd qui appartiennent à la Société des
Saïd est une centrale souterraine installée au
Mines d'Aouli. Flilo est situé à 11 km au N de Midelt,
sur l'oued Outat ; l'aménagement comprend un confluent des oueds Moulouya et Outat, à 12,5
barrage poids dérivant environ 200 1/s dans un km de Midelt ; sa puissance installée est de 2
canal long de 5 km qui conduit l'eau, après une 200 kw et sa production est de l'ordre de 10
chute haute de 110 m, à une usine équipée de 3 millions de kw/h. Toutes les eaux turbinées
sont restituées à la Moulouya-
Eau alimentaire
La fourniture d'eau alimentaire aux localités ne pose ment avant d'être livrées à la consommation.
pas de problème insurmontable dans cette légion. Itzer est alimenté par la source Nba-Ahmed
Midelt (8 000 habitants) est alimentée par la
source de l'oued Outat (659/38) à raison de 4 (121/30) qui fournit 1 000 m 3/jour. Boù-Mia et
500 m 3 /jour. Tounfite est pourvu à raison de Arbalou-n'Serdane sont pourvus par des
400 m 3 /) à partir de deux barrages de prise sur pompages dans des puits susceptibles de livrer
l'oued Tadmert ; les eaux ne subissent aucun traite- respectivement 350 et 1 500 m3/jour.
Thermalisme
Enfin on citera pour mémoire les sources ther-mo- comme des exurgences provenant d'un réseau de
minérales de Tizi n'Zou (9/38) situées dans la vallée diaclases. Les eaux sont chaudes (36 à 38°C)
de l'oued Ansegmir à l'amont des gorges de
Tabouazant vers 1 650 m d'altitude. Elles compren- et peu minéralisées (760 mg/1 de résidu sec à
nent 11 émergences situées sur les deux rives de 180°C) ; elles ont une nette parenté avec d'autres
l'oued sur près d'un km. Ces sources gisent dans sources thermo-minérales du Haut Atlas oriental
le Lias moyen calcaréo-marneux et sont considérées et ne font pas l'objet d'exploitation.
C O N C L U S I O N S
Le massif primaire d'Aouli situé à la limite de ment pas le franchir en grandes quantités
la Haute et de la Moyenne Moulouya constitue un autrement que dans l'oued Moulouya. Le bilan
seuil hydrogéologique ; les eaux souterraines du global des ressources en eau de la Haute-
bassin de la Haute-Moulouya ne peuvent certaine- Moulouya peut donc s'effectuer au niveau du
massif d'Aouli. A l'heure
HAUTE-MOULOUYA 201
actuelle, l'agriculture dérive des oueds les quantités profonds qui paraissent à priori être de
maximales des débits de base qui peuvent être meilleure qualité (Lias surtout) ne permettent
prélevés à l'aide d'ouvrages rudimentaires et de pas actuellement d'envisager des possibilités
quelques prises modernes ; ces débits de base pro- d'accroissement artificiel du rôle naturellement
viennent du drainage des nappes aquifères et s'élè- régulateur joué par ces réservoirs ; une
vent à environ 140.10 6 m3/an. Les débits des crues tentative a été faite dans la vallée de l'oued
sont peu utilisés (30.10 6 m 3 /an environ sur un Ansegmir et s'est soldée par un échec dû
écoulement de crue qui est de l'ordre de 260.10 6 aux piètres qualités de l'aquifère turonien.
m3/an à Aouli) faute d'ouvrages de retenue suscep- La Haute-Moulouya n'est pas une région à
tibles de les accumuler. vocation agricole et seule une agriculture de
subsistance Y est pratiquée. Par contre cette
L'extension de l'agriculture irriguée est possible région a incontestablement une vocation
dans cette région dont les potentiels en terres et en d'élevage extensif. Les steppes à armoises y
eaux sont suffisants. Compte tenu du bilan d'eau sont bien développées et constituent une
de l'ensemble du bassin de la Moulouya et des appréciable potentialité fourragère ; par ailleurs
équipements existants ou en cours d'édification à les ressources en eau, bien dispersées, permettent
l'aval, il ne semble pas possible d'envisager prochai- pratiquement partout l'abreuvement du bétail
nement un aménagement important destiné à stocker puisque, si l'on considère une distance de 5
sur place les eaux de crues dont l'aval a besoin. km comme un maximum entre les points
Une amélioration de l'irrigation pourrait cependant d'eau et les lieux de pâturage, on écarte
intervenir grâce à quelques retenues collinaires seulement quelque 150 km2 non pâturables sur
dont l'influence serait faible sur le bilan de la Mou- les 4 500 km 2 du bassin. Le développement du
louya. Par ailleurs, la qualité médiocre des aquifères nombre et de la qualité des points d'eau mené
superficiels et la méconnaissance des aquifères parallèlement à la protection des pâturages
contre des défrichements malencontreux
devraient agir sensiblement sur l'économie de
cette région.
R E F E R E N C E S
CHAPOND G. & COLAS des FRANCS E. (1961) : Reconnaissance Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., 1 coupe
hydrogéologique du sillon Itzer-Enjil. Rapp. inéd., géol. de forage.
MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 carte géol. au 1/200 000, 1 NGUYEN QUANG T. (1964) : Rapport de fin de
coupe géol., diagr. log., 1 diagr. en losange. sondage : forages de reconnaissance en Haute-
LAZAREVIC D. (1969) : Etude hydrogéologique du bassin Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp.,
versant de la Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 1 fig., 8 coupes géol. de forages.
58 pp., 52 fig.. 60 tabl. SOMET (1969) : Etude des potentialités hydro-
NGUYEN QUANG T. (1963) : Rapport de fin de sondage ; agricoles des provinces de Fès et de Taza. Rapp.
forage de reconnaissance dans la Haute-Moulouya. inéd. Ministère de l'Agriculture, Rabat.