Chap.26. La Haute-Moulouya

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I. 26

LA HAUTE MOULOUYA, LE SILLON D'ITZER-ENJIL ET LE MASSIF DE BOU-MIA — AOUL I

par

Michel COMBE & Marc SIMONOT


La cuvette sédimentaire de la Haute-Moulouya d'Aouli et fait un coude brusque vers l'E,
s'allonge d'W en E entre le Haut Atlas qui en puis reprend la direction NNE à la sortie de
forme la limite sud, et le Moyen Atlas à l'E et au ce massif où il devient le cours moyen. Les
NE ; au N, la limite est plus complexe : elle est affluents de la rive droite ont tous une origine
constituée des deux massifs primaires de Bou-Mia haut-atlasique (O. Oudrhès, O. Ansegmir, O.
et d'Aouli qui sont des unités hydrogéologiques Outat) et ceux de la rive gauche moyen-
indépendantes, et du sillon d'Itzer qui est une haute
atlasique (O. Kiss, O. Aguersif, O. Boulajoul).
vallée moyen-atlasique, perpendiculaire à celle de
la Hauîe-Moulouya. La population de la vallée se chiffrait en
Le bassin hydrogéologique de la Haule-Moulouya 1960 à 82 500 habitants en majorité berbères.
couvre 4 500 km2 dont 85 % de plaines et 15 % de Les principales ressources économiques sont
montagnes. Il est drainé par l'oued Moulouya qui constituées par l'élevage (300 000 têtes de bétail
prend sa source à Alemsid dans la zone de jonction pour les ovins et caprins et 6 000 têtes pour les
des deux Atlas. Son cours prend une direction NE bovins), les cultures (10 000 ha irrigués), la
bissectrice entre les directions moyen-atlasique NNE nappe alfatière et les activités minières (mines de
et haut-atlasique ENE. Il bute contre le massif plomb argentifère de Mibladen et Aouli).
GEOLOGIE
La série stratigraphique débute par des formations bordure des massifs primaires et triasiques avec
paléozoïques dont l'âge n'a pu encore être déter - une épaisseur plus faible et un faciès néritique.
miné avec certitude. Il s'agit des schistes métamor- Le Lias moyen (Domérien) est constitué de
phisés et des granites formant les môles hercyniens calcaires francs et de calcaires construits de 200
des massifs de Bou-Mia et surtout d'Aouli. Elle se à 400 m d'épaisseur, qui affleurent sur le flanc
poursuit par les marnes rubéfiées, les dolérites et nord du Haut Atlas, sur la bordure orientale
les basaltes du Permo-Trias, affleurant sur le pour- du Moyen Atlas (sillon d'Itzer et au N de
tour des massifs primaires. Midelt (massif d'Aouli). Le Lias supérieur est
La série jurassique qui vient ensuite commence partout absent dans la vallée. Le Dogger
par le Lias inférieur dont les 300 à 600 mètres de affleure sur la bordure nord du Haut Atlas,
dolomies et de calcaires visibles en bordure du au S et à l'E de Midelt ; il est constitué de
Haut Atlas s'enfoncent très rapidement sous la plaine 600 à 800 m de marnes et de calcaires et se
dont ils forment le substratum, et réapparaissent en termine par des faciès néritiques et
continentaux. Le Jurassique supérieur est
absent.
194 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le Crétacé débute par des marnes et grès rouges Les formations tertiaires sont constituées de 5
de 150 m d'épaisseur (Cénomanien inférieur), surmon- à 30 m de conglomérats et de calcaires lacustres
tés par 50 m de marnes jaunes ou vertes (Cénoma - plis-sotés et à fort pendage N (Eocène et
nien supérieur) et suivis de 40 m de calcaires Oligocène), affleurant au S et SW de Midelt.
blancs (Turonien). Cette série affleure tout le long Viennent ensuite 30 à 250 m de conglomérats,
puis des marnes roses, des calcaires lacustres, des
du Moyen Atlas et entre le massif d'Aouli et la
marnes blanches (Miocène) qui occupent la plus
Haut Atlas, à l'E de Midelt. grande superficie de la cuvette.
F IG . 91 — Haute Moulouya et sillon d’itzer, plan de situation et schéma géologique. Principaux périmètres
irrigués : 1. Arhbalou-n'Serdane ; 2. Bou-Mia ; 3. oued Ansegmir ; 4. Midelt ; 5. Enjil
HAUTE-MOULOUYA 195

Le Plio-Villafranchien, avec ses 40 m de marnes de 200 à 300 mètres au S de la plaine, 500 à


grises, de conglomérats et de grès affleurant à l'E 800 au centre et tend vers zéro au N.
de Midelt (Gara Midelt) et sur l'oued Oudhrès, fait
la jonction avec le Quaternaire constitué de poudin- Un sondage récent (1969) exécuté par le Service
gues, de galets, de sables, d'argiles sableuses et de d'étude des gîtes minéraux de la Division de la
travertins se répartissant dans les piémonts et cônes Géologie, à proximité de la vallée de
des Atlas. l'Ansegmir (X = 538, Y = 228, Z = 1580) a
traversé 370 m de Villafranchien puis de Mio-
La tectonique de la plaine est caractérisée par Pliocène sous faciès détritique, puis 110 m de Lias
l'influence de ses deux bordures atlasiques : le Haut moyen daté par microfaunes, constitué
Atlas, formé d'anticlinaux failles d'axe WSW-ENE d'alternances de marnes et de calcaires dans la
et chevauchant vers le N, et le Moyen Atlas, plissé partie supérieure et de marnes et de dolomies
largement suivant une direction SW-NE et déversé dans la partie inférieure. Sous le Lias moyen ont
vers l'E. Une récente campagne de géophysique été recoupés 60 m de marnes chocolat attribuées au
(1966) a permis de préciser la structure profonde Permo-Trias, alors que le socle granitique était
de la plaine. Elle a mis en évidence une faille atteint à la profondeur de 540 m. Aucune venue
majeure de direction E-W au pied du Haut Atlas d'eau n'a été signalée dans le Lias dont on ignore
et effondrant le Lias. Le toit du Lias forme ensuite même, faute d'observation, s'il était aquifère. Les
un vaste synclinal dissymétrique sous la plaine, résultats de ce sondage où manquent les basaltes du
de même direction que l'accident atlasique, et qui Permo-Trias, le Dogger et le Crétacé et où le
s'interrompt au N sur le parallèle de Midelt. La Lias est d'épaisseur réduite confirment l'hypothèse
profondeur du Lias varie donc beaucoup : elle est d'une « île de Bou-Mia - Aouli » qui serait demeurée
émergée jusqu’au Crétacé.

CLIMATOLOGIE
La hauteur moyenne annuelle des précipitations Les températures ne sont connues qu'à
est très variable sur l'ensemble du bassin et est très Midelt et à Arhbala, où les moyennes
étroitement liée à l'altitude et l'exposition. Dans la annuelles sont de 14,5 et 13,2°C respectivement.
plaine, elle oscille entre 235 mm (Midelt) et 360 mm La température maximale moyenne est atteinte en
(Itzer). Sur les bordures montagneuses, occidentale juillet (33,8 et 32,9°C) et la minimale en janvier
notamment, elle dépasse 400 mm et atteint même (0,2 et - 1,3°C).
660 mm à Arhbala. Le nombre de jours de pluie
par an est de 40 à 70 en moyenne. Le régime des Aucune donnée n'existant sur
précipitations est caractérisé par deux maximas : le l'évapotranspira-tion ( E T P ) , le calcul par la
plus élevé est toujours en décembre ; le second méthode de Thornthwaite a donné les résultats
est en mars sur la bordure occidentale, et en avril suivants à Midelt, avec la moyenne
sur la bordure méridionale. pluviométrique de la période 1925-1949 (226 mm)
et la moyenne thermométrique de la période
1930-1956.
Mois J F M A M J Jt A S O N D Année

ETP 11 15 31 48 76 109 152 147 91 54 29 14 777

Pluviométrie 10 24 22 34 24 12 6 8 22 22 26 16 226
D’après Thornthwaite, le climat est aride, méso- (Notation E1 B'2 d
thermique sec, à tendance montagnarde marquée b'3).
196 RESSOURCES EN EAU DU MAROC

HYDROLOGIE
Deux stations de jaugeages téléphériques fonc- pont de la route principale n° 21 : 960 km 2 de bassin
tionnent en Haute-Moulouya depuis 1959. versant ; altitude 1 400 m.

• Zaïda sur l'oued Moulouya en amont du pont A l'occasion d'une étude hydrologique synthé-
de la route principale n° 21 : 1 673 km 2 de bassin tique du bassin de la Moulouya on a pu reconstituer
versant ; altitude 1 470 m. par corrélation les débits à Zaïda et Ansegmir pour
la période 1952-1966 ; les résultats, de valeur très
• Ansegmir sur l'oued Ansegmir en aval du satisfaisante, sont les suivants :
Stations de jaugeages Zaïda (oued Ansegmir
Moulouya) (oued
Ansegmir)

Débit moyen annuel................................................ 4,9 m3/s 4,3 m3/s

Débit décennal de crue......................................... 39,5 m3/s 46,0 m3/s

Débit d'étiage ........................................................ 0,06 m3/s 0,60 m3/s

Volume d'eau écoulé par an ..................... 155 Mm3 134 Mm3

Lame d'eau équivalente......................................... 88,5 mm 100 mm

Pluviométrie annuelle moyenne pour la même 488 mm 488 mm


période ..................................................................

Coefficient de ruissellement moyen annuel 19 % 28 %

Concentration des eaux, résidu sec à 180°C en 0,3 à 0,8 0,2 à 0,3
g/l .........................................................................
Des mesures mensuelles sont faites sur des stations D'autre part, un réseau de 13 sections a été choisi
simplifiées (échelles limnimétriques) installées sur pour le prélèvement mensuel d'échantillons d'eau
les sections des principaux oueds de la vallée (O. pour analyses chimiques et dépôt solide.
Oudhrès, O. Aguercif, O. Boulajoul, O. Taarat).
HYDROGEOLOGIE

982 points d'eau ont été recensés en Haute- dages (dont 2 artésiens) représentant 1765 mètres
Moulouya, dans le sillon d'Itzer et les massifs de forés, et 3 rhettara ont été dénombrés.
Bou-Mia et d'Aouli , 620 puits, 347 sources, 12 son-
HAUTE-MOULOUYA 197

Ces points d'eau se rattachent à plusieurs niveaux La carte du toit du substratum liasique permet
aquifères dans les différentes formations perméables d'orienter les recherches par forages dans les zones,
de la vallée et de ses bordures. où sa profondeur n'excède pas 400 mètres. La zone
intéressante s'allonge d'W en E sur le parallèle de
GRANITES ALTERES DU PRIMAIRE Ce niveau Midelt, où le toit du Lias peut être compris entre
aquifère se localise dans les massifs de Bou-Mia et 200 et 400 m de profondeur. Cette zone pourrait
d'Aouli. Il peut être en charge sous le Trias. Trois faire l'objet de recherches par forages pour la
sources à faible débit (0,1 à 1 1/s) y ont été création éventuelle de points d'eau destinés aux
reconnues (débit total = 2 1/s). Elles sont l'indice troupeaux.
d'une nappe peu puissante et peu épaisse dans un
horizon peu perméable. CALCAIRES DU DOGGER
CALCAIRES ET DOLOMIES DU LIAS Ce niveau Ces calcaires affleurent sur la bordure du sillon.
dont la profondeur sous la plaine est mal connue, d'Itzer dans sa partie nord (Enjil). Un niveau
alimente la plupart des grosses sources de la bordure aquifère s'y manifeste par une trentaine de sources
nord du Haut Atlas (Anzad-ou-Founès dont le débit de déversement à débit très variable mais faible
est voisin de 1 m 3/s) et de la bordure orientale du dans l'ensemble (0,1 à 5 1/s). La concentration des
Moyen Atlas sur le sillon d'Itzer (Aïn-Laraïs — 250 eaux est faible (500 mg/1) et la température basse
1/s). (14°C).
Le prolongement du Lias sous la plaine de la Haute- La recherche de ce nouvel aquifère peut se
Moulouya, entre le Haut Atlas et les massifs de révéler intéressante sous le sillon proprement dit,
Bou-Mia - Aouli a été étudié récemment par une mais il n'existe aucune donnée pour estimer sa
campagne de géophysique électrique (1966) profondeur. Elle peut en effet être très importante
complétée par une campagne de sismique réfraction étant donné la tectonique régionale en panneaux
(1969). Un seul sondage (cf. géologie) a recoupé failles et effondrés suivant la direction moyen-
une centaine de mètres de Lias à proximité de la atlasique SW-NE. Des recherches profondes dans
vallée de l'Ànsegmir mais il ne semble pas que cette ce secteur ne sont pas à écarter s'il est prévu un
formation ait été riche en eau. Tous les autres développement intense de cette cuvette dont la
sondages exécutés dans la région n'ont pas atteint nappe phréatique (voir plus loin) suffit actuelle -
le Lias. ment pour satisfaire les besoins.
MAROC ORIENTAL CLIMATOLOGIE 1933-1963
26 - HAUTE MOULOUYA
Coordonnées Situation Pluviométrie moyenne (mm)
Nom de la station Réseau Altitude
dans le bassin
Lat .N. Long.W. J F M A M J J A S O N D Ann.
ARHBALA EF 1600 32° 28' 5° 39' ouest 78 79 88 75 42 26 6 12 27 55 72 101 661
ARHBALOU-N-SERDANE EF 1700 32° 42' 5° 18' nord-ouest 50 51 57 49 27 16 4 7 16 36 46 66 427
ITZER EF 1600 32° 53' 5° 03' nord-ouest 34 41 40 35 33 18 5 11 22 31 42 50 362
MIDELT SMN 1519 32° 41' 4° 44' est 13 18 22 34 31 16 5 6 20 23 22 25 235
(MIDKANE) EF 1937 32° 34' 4° 59' (sud) 24 34 41 64 58 30 10 12 37 44 42 47 443

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)


Nom de la station JANV. FEVR. MARS AVR. MAI JUIN JUIL. AOUT SEPT. OCT. NOV. DEC. Année
Max. Mini. Max. Mini. Max. MIni Max. MIni. Max. Mini. Max Mini. Max. MinI. Max. Mini. Max. Mini. Max. Mini Max. Mini. Max. Mini. Max. Mini.
ARHBALA 10.1 - 1 . 3 12.0 -0.4 15.0 2.0 18.1 4.5 21.3 7.1 27.3 11.1 32.9 15.1 32.3 14.8 27.0 11.3 20.3 6.9 14.7 3.8 10.7 -0.5 20.1 6.2

MIDELT 11.8 0.2 13.7 1.1 16.5 3.4 19.5 5.9 22.6 8.5 28.4 12.4 33.8 16.3 33.2 16.0 28.1 12.6 21.6 8.3 16.2 4.3 12.4 1.0 21.5 7.5

Classification Thornthwaite Evaporation Evaporation mesurée


Moyennes des températures moyennes (°C)
Nom de la station ETR Indice Type d'après (P=Piche B=Bac) (mm)
J F M A M J J A S O N D Ann. (mm) global climatique Turc (mm) Quantité Période
ARHBALA 4.4 5.8 8.5 11.3 14.2 19.2 24.0 23.6 19.2 13.6 9.2 5.1 13.2 400 + 10,4 C2 B'2 a2 b'4 510

MIDELT 6.0 7.4 10.0 12.7 15.6 20.4 25.0 24.6 20.4 15.0 10.2 6.7 14.5 230 - 42,5 E1 B'2 db'3 230 2450 (P) 1952-1961

FIG. 92
198 RESSOURCES EN EAU DU MAROC

CALCAIRES DU TURONIEN Des recherches par forages ( 5 ) entreprises dans


le but de compenser le détournement partiel des
Ces calcaires représentent le niveau aquifère le eaux de l'oued Ansegmir vers le bassin de l'oued
mieux reconnu en Haute-Moulouya. Ils affleurent Ziz (projet de barrage sur l'oued Ziz), ont abouti à
en une bande étroite tout le long de la bordure du des résultats médiocres (perméabilité : 1.10- 7 m/s,
Moyen Atlas depuis les sources de la Moulouya transmissivité moyenne : 1.10- 5 m2/s). Les débits
jusqu'au massif de Bou-Mia. Ils forment aussi le exploitables sont très faibles (moins de 1 1/s) mais
pourtour et le substratum supposé du sillon d'Itzer les eaux sont de bonne qualité (résidu sec de
pour toute la partie centrale et méridionale. 300 mg/1 environ). La perte d'une partie des eaux
de l'Ansegmir ne peut donc être compensée par la
Plus de 250 sources recensées, dont la plus
production de ce niveau aquifère.
grande partie à l'W, proviennent de ce niveau
directement ou par abouchement avec des forma -
tions quaternaires. Les débits varient du litre à CONGLOMERATS ET CALCAIRES LACUSTRES
la dizaine de litres par seconde, le débit total étant DU PLIO-VILLAFRANCHIEN
voisin de 600 1/s. La température moyenne est de
13°C et le résidu sec oscille de 500 à 700 mg/1. Le remplissage quaternaire de la plaine contient
une nappe peu importante et qui se développe
La zone d'alimentation de cette nappe se situe surtout dans le sillon d'Itzer. Une vingtaine de
dans le Moyen Atlas, mais elle ne correspond pas sources et 80 puits fournissent un débit total de
uniquement aux affleurements du Turonien qui sont 50 1/s.
relativement réduits (250 km 2). Il existe sans doute La profondeur moyenne du niveau d'eau dans
une liaison hydraulique avec le Lias ou le Dogger la plaine est de 6,50 m. L'eau est bicarbonatée
au contact desquels se trouve le Turonien. calcique avec un résidu sec de 600 à 800 mg/1. La
température moyenne est de 19,5°C.
Une campagne de géophysique (1966) et trois
forages de reconnaissance dans la région d'Arhba- Ces points d'eau sont utilisés essentiellement
lou-n'Serdane ont permis de constater la continua - pour l'alimentation en eau potable et l'abreuvement
tion du niveau aquifère du Turonien sous la vallée des troupeaux. Il n'y a que très peu de cultures
où il est mis en charge par les faciès marneux de irriguées.
l'Oligo-Miocène. Le contact Turonien - Oligo-Mio-
cène est d'ailleurs jalonné de sources de trop-plein. BASALTES DU QUATERNAIRE
Parmi les trois forages, deux (644 et 645/38) sont Une dizaine de sources ont été recensées dans
artésiens, mais leurs caractéristiques hydrogéologi- cette formation qui se localise à proximité de Bou-
ques sont médiocres. Mia. Les débits ponctuels sont faibles (5 1/s au total)
et se déversent au contact des marnes du Trias.
L'eau est de qualité chimique médiocre.
CONGLOMERATS DE L'OLIGO-MIOCENE
Les conglomérats et les marnes de l'Oligo-Miocè- ALLUVIONS FLUVIATILES
ne forment la plus grande partie des affleurements La Haute-Moulouya est sillonnée par un grand
de la vallée. Un niveau aquifère a été reconnu nombre d'oueds dont les débits d'hiver ne sont pas
dans ces conglomérais qui se présentent essentiel- négligeables (O. Moulouya, Ansegmir, Oudhrès,
lement en bancs discontinus, lenticulaires, noyés etc.). Leur sous-écoulement n'a jamais été étudié,
dans des marnes de même âge. Par endroits, le mais leur existence est prouvée par les quelques
niveau aquifère se poursuit dans des calcaires sources qui apparaissent en étiage dans le lit de
lacustres de même âge. De nombreux points d'eau certains d'entre eux (O. Ansegmir surtout et O.
(400) exploitent ce niveau ; ce sont en majorité Outat). Ce sont surtout les oueds descendant du
des puits et quelques sources de déversement au Haut Atlas qui sont le plus susceptibles d'alimenter
contact des marnes. Les débits sont dans l'ensemble des sous-écoulements importants. La nappe alluviale
très faibles, de 0,01 à 1 1/s et se montent globale - de l'oued Ansegmir, dont le large lit dans la plaine
ment à 200 1/s. est tapissé par d'épaisses formations de galets, est
exploitée par de nombreux puits foncés sur les
Cette nappe est alimentée à partir des infiltra- terrasses limoneuses.
tions de pluies, par l'eau des oueds qui recoupent
les bancs des conglomérats et par abouchement Il faut souligner d'autre part l'alimentation
avec les nappes du Lias, du Dogger et du Crétacé. latérale des conglomérats et calcaires lacustres de
L'alimentation est faible par suite de la discontinuité l'Oligo-Miocène et du Quaternaire par les hautes
des bancs conglomératiques et de leur mauvaise et moyennes eaux de la plupart des oueds de la
perméabilité. vallée.
HAUTE-MOULOUYA 199

AMENAGEMENT DES EAUX

irrigation
Dans cette région, le principal aménagement des Les principaux périmètres irrigués sont les
eaux est d'origine traditionnelle et intéresse la mise suivants :
en valeur agricole par l'irrigation. Le tableau sui -
vant donne la répartition des terres irriguées inven - • Dans la Haute-Moulouya à l'amont de Zaïda,
toriées, avec la distinction entre les surfaces irriguées près d'Arhbalou-n'Serdane, un peu plus d'une
par des ressources en eaux pérennes, et celles qui centaine d'hectares sont irrigués de manière
ne bénéficient que des eaux de crues. pérenne à partir de sources, d'un forage et
d'eaux superficielles. Des chapelets de péri-
21 300 hectares sont irrigués, dont 13 300 par mètres existent également le long de la Mou-
des eaux pérennes. La consommation d'eau corres- louya et de l'oued Oudrhès. Les périmètres
pond à environ 170.10 6 m3/an dont 140.10 6 m3/an de Bou-Mia (750 ha irrigués pérennes) ont fait
d'eaux pérennes ; cette consommation est relative- l'objet d'aménagements récents des ouvrages
ment peu élevée car à peu près 50 % des périmètres de prises et des Séguias.
sont aménagés et cultivés de façon moderne. Seuls
quelques améliorations de prises et quelques béton- • Le sous-bassin de l'Ansegmir, grâce à des
nages de Séguias maîtresses ont intéressé les princi- ressources en eau abondantes, est un des mieux
paux d'entre eux. D'une façon générale des moder- irrigués : 3 550 ha, dont 1 750 irrigués pérennes
nisations ou des extensions des superficies irriguées sont en voie d'aménagement dans le coûts
ne peuvent être envisagées car beaucoup de péri - aval. Toutes les irrigations sont alimentées à
mètres existants manquent d'eau en été. partir de l'oued.
SOUS-BASSIN VERSANT Superficies irriguées en hectares Origine des eaux d'irrigation en ha
irrigués
pérennes eaux Totales (1) Oued sources puits et
(1) d'hiver + (2) forages
(2)
Haute-Moulouya à l'amont de Zaïda 4 300 500 4 800 3 800 950 50

Oued Ansegmir à l'amont de la 2 400 1900 4 300 4 250 50 -


station de jaugeage de Pont de
l'Ansegmir .......................................
Affluents de la rive gauche de la 2 600 1 100 3 700 2 800 900 -
Moulouya entre Zaïda et le con
fluent avec l'Ansegmir ..................

Affluents de la rive droite entre 2 200 1 000 3 200 3 100 100 -


les confluents de l'Ansegmir et
de Si-Ayad .......................................
Oued Si-Ayad...................................... 1 800 3 500 5 300 5 000 300 -

TOTAL ............................................... 13 300 8 000 21 300 18 950 2 300 50

Bassin : Haute-Moulouya et sillon d'Itzer-Enjil : superficies irriguées par sous-bassins versants et origine des
eaux d'irrigation (exprimées en hectares irrigués]
200 RESSOURCES EN EAU DU MAROC

• Dans le sous-bassin comprenant les oueds de l'Ansegmir et de l'oued Sidi-Ayad se situe


la rive gauche de la Moulouya entre Zaïda et le périmètre de Midelt (2 000 ha dont 1 800
la confluence avec l'Ansegmir existent de pérennes) qui a fait l'objet d'aménagements
nombreux périmètres qui souffrent d'un manque importants et d'études agro-économiques. Ce
d'eau chronique à l'étiage des oueds. Les plus périmètre est alimenté à l a fois par des cap-
étendus sont ceux des oueds Boulaajoul (Itzer, tages de sources et par l'oued Outat.
700 ha) et Bouhafs (1 200 ha dont 900 pérennes)
qui ont été plus ou moins aménagés. Ce secteur • Le sous-bassin de l'oued Sidi-Ayad est le
semble à priori assez favorable pour l'exécu- moins riche en eaux pérennes et les 2/3 des
tion de retenues collinaires qui pourraient irrigations se font à partir des eaux de crues.
améliorer considérablement la situation actuelle Le périmètre d'Enjil des Ikhatar (1 340 ha dont
de l'agriculture. 240 d'irrigation pérenne) est le plus important ;
un petit barrage haut de 8 m y a été construit,
• Dans le sous-bassin des affluents de la rive mais les ressources en eau, uniquement d'ori-
droite de la Moulouya entre les confluents de gine superficielle, sont insuffisantes.

Equipement hydroélectrique
L'équipement hydroélectrique du haut bassin de turbines qui totalisent une puissance de 1 210 kw
la Moulouya comporte les deux centrales de Flilo (production annuelle : 5 millions de kw/h). Sidi-
et de Sidi-Saïd qui appartiennent à la Société des
Saïd est une centrale souterraine installée au
Mines d'Aouli. Flilo est situé à 11 km au N de Midelt,
sur l'oued Outat ; l'aménagement comprend un confluent des oueds Moulouya et Outat, à 12,5
barrage poids dérivant environ 200 1/s dans un km de Midelt ; sa puissance installée est de 2
canal long de 5 km qui conduit l'eau, après une 200 kw et sa production est de l'ordre de 10
chute haute de 110 m, à une usine équipée de 3 millions de kw/h. Toutes les eaux turbinées
sont restituées à la Moulouya-
Eau alimentaire
La fourniture d'eau alimentaire aux localités ne pose ment avant d'être livrées à la consommation.
pas de problème insurmontable dans cette légion. Itzer est alimenté par la source Nba-Ahmed
Midelt (8 000 habitants) est alimentée par la
source de l'oued Outat (659/38) à raison de 4 (121/30) qui fournit 1 000 m 3/jour. Boù-Mia et
500 m 3 /jour. Tounfite est pourvu à raison de Arbalou-n'Serdane sont pourvus par des
400 m 3 /) à partir de deux barrages de prise sur pompages dans des puits susceptibles de livrer
l'oued Tadmert ; les eaux ne subissent aucun traite- respectivement 350 et 1 500 m3/jour.
Thermalisme
Enfin on citera pour mémoire les sources ther-mo- comme des exurgences provenant d'un réseau de
minérales de Tizi n'Zou (9/38) situées dans la vallée diaclases. Les eaux sont chaudes (36 à 38°C)
de l'oued Ansegmir à l'amont des gorges de
Tabouazant vers 1 650 m d'altitude. Elles compren- et peu minéralisées (760 mg/1 de résidu sec à
nent 11 émergences situées sur les deux rives de 180°C) ; elles ont une nette parenté avec d'autres
l'oued sur près d'un km. Ces sources gisent dans sources thermo-minérales du Haut Atlas oriental
le Lias moyen calcaréo-marneux et sont considérées et ne font pas l'objet d'exploitation.
C O N C L U S I O N S
Le massif primaire d'Aouli situé à la limite de ment pas le franchir en grandes quantités
la Haute et de la Moyenne Moulouya constitue un autrement que dans l'oued Moulouya. Le bilan
seuil hydrogéologique ; les eaux souterraines du global des ressources en eau de la Haute-
bassin de la Haute-Moulouya ne peuvent certaine- Moulouya peut donc s'effectuer au niveau du
massif d'Aouli. A l'heure
HAUTE-MOULOUYA 201
actuelle, l'agriculture dérive des oueds les quantités profonds qui paraissent à priori être de
maximales des débits de base qui peuvent être meilleure qualité (Lias surtout) ne permettent
prélevés à l'aide d'ouvrages rudimentaires et de pas actuellement d'envisager des possibilités
quelques prises modernes ; ces débits de base pro- d'accroissement artificiel du rôle naturellement
viennent du drainage des nappes aquifères et s'élè- régulateur joué par ces réservoirs ; une
vent à environ 140.10 6 m3/an. Les débits des crues tentative a été faite dans la vallée de l'oued
sont peu utilisés (30.10 6 m 3 /an environ sur un Ansegmir et s'est soldée par un échec dû
écoulement de crue qui est de l'ordre de 260.10 6 aux piètres qualités de l'aquifère turonien.
m3/an à Aouli) faute d'ouvrages de retenue suscep- La Haute-Moulouya n'est pas une région à
tibles de les accumuler. vocation agricole et seule une agriculture de
subsistance Y est pratiquée. Par contre cette
L'extension de l'agriculture irriguée est possible région a incontestablement une vocation
dans cette région dont les potentiels en terres et en d'élevage extensif. Les steppes à armoises y
eaux sont suffisants. Compte tenu du bilan d'eau sont bien développées et constituent une
de l'ensemble du bassin de la Moulouya et des appréciable potentialité fourragère ; par ailleurs
équipements existants ou en cours d'édification à les ressources en eau, bien dispersées, permettent
l'aval, il ne semble pas possible d'envisager prochai- pratiquement partout l'abreuvement du bétail
nement un aménagement important destiné à stocker puisque, si l'on considère une distance de 5
sur place les eaux de crues dont l'aval a besoin. km comme un maximum entre les points
Une amélioration de l'irrigation pourrait cependant d'eau et les lieux de pâturage, on écarte
intervenir grâce à quelques retenues collinaires seulement quelque 150 km2 non pâturables sur
dont l'influence serait faible sur le bilan de la Mou- les 4 500 km 2 du bassin. Le développement du
louya. Par ailleurs, la qualité médiocre des aquifères nombre et de la qualité des points d'eau mené
superficiels et la méconnaissance des aquifères parallèlement à la protection des pâturages
contre des défrichements malencontreux
devraient agir sensiblement sur l'économie de
cette région.
R E F E R E N C E S

CHAPOND G. & COLAS des FRANCS E. (1961) : Reconnaissance Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., 1 coupe
hydrogéologique du sillon Itzer-Enjil. Rapp. inéd., géol. de forage.
MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 carte géol. au 1/200 000, 1 NGUYEN QUANG T. (1964) : Rapport de fin de
coupe géol., diagr. log., 1 diagr. en losange. sondage : forages de reconnaissance en Haute-
LAZAREVIC D. (1969) : Etude hydrogéologique du bassin Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp.,
versant de la Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 1 fig., 8 coupes géol. de forages.
58 pp., 52 fig.. 60 tabl. SOMET (1969) : Etude des potentialités hydro-
NGUYEN QUANG T. (1963) : Rapport de fin de sondage ; agricoles des provinces de Fès et de Taza. Rapp.
forage de reconnaissance dans la Haute-Moulouya. inéd. Ministère de l'Agriculture, Rabat.

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