07 - Fakhi Et Al. (59-69)
07 - Fakhi Et Al. (59-69)
07 - Fakhi Et Al. (59-69)
1. Université Hassan II-Mohammedia, Faculté des Sciences Ben M’Sik, Département de Physique, Laboratoire de Radiochimie, B.P. 7955
Sidi Othmane, Casablanca, Maroc. e-mail : [email protected]
2. Université Hassan II-Mohammedia, Faculté des Sciences Ben M’Sik, Département de Géologie, Laboratoire de Biostratigraphie, B.P.
7955 Sidi Othmane, Casablanca, Maroc. e-mail : [email protected]
3. Université Mohammed V-Agdal, Institut Scientifique, Département de Géologie, B.P. 703 Agdal, Rabat, Maroc. e-mail :
[email protected]
4. Ecole des Mines, Laboratoire SUBATECH, UMR 6457, B.P. 20722, 44307 Nantes cedex 3, France
5. ONAREP, 34, Avenue Al Fadila, 10050 Rabat, Maroc. e-mail : [email protected]
Résumé. Dans le cadre global de l'investigation des gisements d'hydrocarbures de la marge atlantique marocaine en général et des bassins
de Doukkala et d'Essaouira en particulier, les dépôts triasico-jurassiques et crétacés des forages OYB-1 et NDK-2 ont fait l'objet d'une
étude géochimique. La démarche utilisée est basée sur le comportement de certains radionucléides et éléments stables. L'identification et la
mesure des radionucléides (238U, 226 Ra, 232 Th …) ont été effectuées par spectrométrie Gamma. Quant aux éléments stables, ils sont
analysés par fluorescence X. Cette contribution, une fois couplée avec les caractéristiques faciologiques des dépôts, a permis d'obtenir des
résultats géochimiques intéressants et indispensables aux études géologiques, tels que le lien des phénomènes d’altération avec la porosité
des dépôts, mis en évidence par la migration ou la rétention des éléments chimiques. Au cours de ce travail, une attention particulière a été
portée sur le comportement de l’uranium, de ses descendants et éléments stables pour déceler l’existence de la matière organique, qui
reflète un milieu réducteur qui concentre l’uranium à l’état (IV).
Mots clés : Maroc, bassin de Doukkala, bassin d’Essaouira, Mésozoïque, géochimie, isotopes.
Gamma spectrometry and X-fluorescence (EXDRF) geochemical analysis of the Mesozoic deposits of wells OYB-1 and NDK-2
(Doukkala and Essaouira basins, Morocco).
Abstract. Within the global framework of the investigation of the hydrocarbon layers of the Moroccan Atlantic margin in general and the
Doukkala and Essaouira basins in particular, the Triassic-Jurassic and Cretaceous deposits of wells OYB-1 and NDK-2 were the subject of
a geochemical study. The study is based on the behavior of some radionucleids and stable elements. Identification and measurement of the
radionucleids (238U, 226Ra, 232Th) were analysed by Gamma spectrometry. Stable elements were analysed by X-ray fluorescence. This
contribution, once coupled to the faciologic characteristics of the deposits, made it possible to obtain interesting geochemical results,
essential to the geological and geochronologic investigations, such as the link of the phenomena of alteration with the porosities of the
deposits, which are emphasized by the migration or the retention of the chemical elements. In this work, a particular attention concerned
the behavior of uranium, of its daughters and stable elements in order to detect the existence of the organic matter, which reflects a
reducing environment which concentrates uranium at state (IV).
Key words: Morocco, Doukkala basin, Essaouira basin, Mesozoic, geochemistry, isotopes.
DONNEES STRATIGRAPHIQUES
Forage NDK-2
Le forage NDK-2 est situé dans la région de N'Dark (x=
42,18 ; y=101,52), localisée entre Essaouira et Chichaoua
(Fig. 1). Les dépôts triasico-jurassiques et du Crétacé
inférieur, recoupés entre les côtes –907 m et –3500 m, sont
coiffés par des argilites silteuses rougeâtres, attribuées à
Figure 1. Carte géologique simplifiée des bassins d’Essaouira, l'Hauterivien. Ils sont agencés en onze termes (Fig. 2), dont
d’Abda et de Doukkala, avec localisation des forages OYB-1 et la nomenclature a changé selon les auteurs (Medina 1994).
NDK-2. Le découpage chronostratigraphique adopté est celui admis
dans la littérature géologique, relative aux bassins de
des argilites silteuses où s’intercale(nt) un ou deux Doukkala et d’Essaouira (Duffaud et al. 1966, Bouaouda,
complexes basaltiques. Le développement de cette marge 1987, Medina 1994, Labbassi 1998).
continentale passive s’est effectué durant le Jurassique et le Terme 1 – Sel gemme blanc et rose (630 m) avec rares passées de
Crétacé suite a une subsidence essentiellement thermique grès fins rougeâtres et intercalations d'argilites rouges et gris-vert
(Labbassi 1998). La structure d’ensemble est dominée par que surmontent des argilites salifères silteuses (304 m) avec
une organisation en zones hautes à sédimentation réduite et passées de sel gemme blanc et rose, d'argilites gris-vert et de grès
en dépressions très subsidentes, qui a perduré durant le fins rouges.
Jurassique et le Crétacé (Duffaud et al. 1966). Terme 2 – Complexe basaltique (130 m) organisé en plusieurs
coulées de basalte gris-vert et gris-olive que séparent des niveaux
Cette évolution est marquée par la succession d’épisodes interstratifiés d'argilites consolidées rouge-brun .
transgressifs et régressifs généralisés (Rey et al. 1989, Taj-
Terme 3 – Sel gemme massif (98 m) avec passée médiane de sel
Eddine et al. 1989, Taj-Eddine 1991).
potassique (sylvinite et carnallite) et niveaux d'argilites rouges et
Au niveau des forages, ces remontées eustatiques majeures vertes; sel gemme massif (178 m) où s'intercalent des argilites
ont favorisé l’instauration de régimes néritiques rouges et vertes, avec un niveau conglomératique au sommet ;
carbonatés : argilites silteuses rouges (142 m) avec passées de grès fins à
moyens et traces d'anhydrite et sel gemme ; au sommet se
– plate-forme carbonatée proximale évaporitique développent un banc de dolomie, un niveau d'anhydrite et des grès
au ?Sinemurien–Lotharingien puis distale au Lotharingien– grossiers.
Domérien ;
Les termes 1 et 2, ainsi que la base du terme 3 sont datés du
– plate-forme carbonatée proximale et évaporitique au Trias supérieur. Le sommet du terme 3 est attribué au Lias
Toarcien–Aalenien (terme 4) ; inférieur–moyen et au Toarcien ;
60
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
Figure 2. Colonnes lithostratigraphiques et localisation des échantillons des forages OYB-1 et NDK-2.
Terme 4 – Alternance d'argilites silteuses rouges ou vertes, de m) ; cette alternance est plus argileuse a la base et plus carbonatée
dolomies grenues grises et d'anhydrite blanchâtre (91 m), où se au sommet.
développent de rares niveaux de grès moyens à grossiers. Ce
terme est rapporté au Toarcien et à l’Aalénien. Les termes 6 et 7 et la base du terme 8 sont attribués au
Bathonien–Oxfordien.
Terme 5 – Argilites silteuses rougeâtres (92 m) avec passées de
Terme 9 – Anhydrite massive blanchâtre (175 m) avec passées
grès fins à moyens et rares niveaux de dolomies argileuses; dans la
d'argilites brun-rouge. Dans la partie médiane se développent des
partie médiane se développe un microconglomérat polygénique à
argilites et au sommet des dolomies grises. Le terme 8 non basal et
ciment argileux brun rouge. Ce terme est daté de l’Aalénien
la base du terme 9 sont rapportés au Kimméridgien–Portlandien.
supérieur–Bathonien inférieur.
Terme 10 – Alternance d'anhydrite massive blanchâtre et de
Terme 6 – Alternance de carbonates (dolomies, calcaires carbonates gris à oolithes et pellets (155 m) où se développent des
dolomitiques et dolomies argileuses), d'anhydrite et d'argilites passées d'argilites brun rouge et gris vert, la partie médiane est
silteuses rouges (97 m) avec rares passées de grès brun rougeâtre; plus argileuse.
cette alternance est plus argileuse à la base et plus carbonatée au
Terme 11 – Calcaires dolomitiques et dolomies bioclastiques gris-
sommet.
beige (48 m), mouchetés d'anhydrite à la base.
Terme 7 – Dolomies grenues à lentilles d'anhydrite, grès
dolomitiques au sommet et semelle de marnes bioclastiques (38 Le sommet du terme 9, le terme 10 et la base du terme 11
m). sont datés du Berriasien. Le terme 11 non basal est attribué
au Valanginien.
Terme 8 – Alternance d'anhydrite blanchâtre et de carbonates gris
à pellets (60 m) avec rares niveaux d'argilites rougeâtres ; Forage OYB-1
alternance de carbonates gris à gris beige à pellets, d'anhydrite
massive blanchâtre et d'argilites silteuses indurées rouges et vertes Le forage OYB-1 est localisé dans la région d’oued Yacoub
(141 m) ; alternance de carbonates gris à pellets et d'anhydrite (x=183,55 ; y= 230,82), située à l’est d’El Oualidia (Fig. 1).
blanchâtre (31 m), alternance d'argilites brun rouge et gris - vert, Les dépôts triasico-jurassiques et du Crétacé inférieur,
de carbonates gris à pellets et d'anhydrite massive blanchâtre (153 recoupés entre les côtes –27 m et –1546 m sont encadrés
61
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
par des argilites silteuses rougeâtres avec des intercalations VII - Retour aux conditions néritiques carbonatées durant le
microconglomératiques rapportées au Permien, et des Valanginien (terme 11).
calcaires graveleux attribués au Valanginien.
ETUDE GEOCHIMIQUE
Ils sont organisés en sept termes, avec lacune de termes 4 à
6 (Fig. 2) : L’étude géochimique des dépôts des deux forages, repose
Terme 1 – Argilites brun rouge (172 m) avec passées de grès sur le comportement du potassium-40 (40K) et des
argileux que surmonte un sel massif (523 m) à intercalations radionucléides des deux séries de décroissance radioactives
d’argilites brun chocolat. naturelles : séries de l’uranium-238 (238U) et du thorium-
Terme 2 – Complexe basaltique (152 m). 232 (232Th), ainsi que des éléments stables. Les
Terme 3 – Sel massif (27 m) et argilites silteuses consolidées, radionucléides ont été identifiés et mesurés par
rouges ou vertes (97 m ) avec des passées de grès fins a ciment spectrométrie gamma, les éléments stables, par fluorescence
argileux. X (EXDRF).
Les termes 1, 2 et le terme 3 non sommital sont datés du Techniques utilisées
Trias supérieur.
Spectrométrie gamma
Terme 7 – Calcaires et calcaires argileux (99 m) à plages
d’anhydrite et une passée médiane d’argilites brun rouge, les L’identification et la détermination de 40K et des
calcaires contiennent oolithes, gravelles, foraminifères, bivalves et radionucléides des deux séries de décroissance radioactives
gastéropodes. naturelles 238U et 232Th ont été menées par spectrométrie
gamma. La mesure est effectuée à l’aide d’un détecteur
Le sommet du terme 3 et la base du terme 7 sont attribués Germanium Hyper Pur (GeHP, CAMBERA), d’efficacité
au Bathonien–Oxfordien. 40% et de résolution 1.8 keV pour 60Co. Le détecteur est
Terme 8 – Alternance de dolomies et d’anhydrite (66 m) ; à la protégé du bruit de fond par blindage de plomb. Les
base les dolomies sont argileuses alors qu’au sommet elles spectres gamma délivrés par le détecteur, sont analysés par
présentent des fantômes d’oolithes et de rares bioclastes au le programme GENIE-PC offert par l’AIEA.
sommet.
Terme 9 – Anhydrite (280 m) avec intercalations de dolomies à
Après étalonnage du système de détection en énergie et en
pellets et crustacés ; au sommet les dolomies sont argileuses. efficacité, les échantillons des deux forages sont analysés.
Les sédiments n’ont subi aucun traitement spécifique
Le terme 7 non basal, le terme 8 et la base du terme 9 sont préalable, afin de rester dans les conditions naturelles de ces
rapportés au Kimméridgien. dépôts.
Terme 11 – Dolomies (103 m) bioclastiques (échinodermes, Fluorescence X
bivalves) au sommet, azoïques et laminitiques à la base ; elles
renferment une passée médiane d’argilites microconglomératiques L’appareillage utilisé est de type «energy dispersive X rays
grises. Ce terme est attribué au Valanginien. fluorescence», de marque ED 2000. Le tube de rayons X est
composé d’une anticathode d’argent et le détecteur d’un
Comparaison des forages OYB-1 et NDK-2 semi-conducteur au Si refroidi par de l’azote liquide. Ce
type d’instrument permet la caractérisation et la
La comparaison des deux forages (Fig. 2) montre que le
quantification des éléments compris entre le sodium et
bassin d’Essaouira, où le Lias supérieur et le Dogger sont
l’uranium. Pour augmenter l’efficacité de la réponse,
bien représentés, est plus subsident (2593 m) que le bassin
notamment pour les éléments légers, l’analyse a été réalisée
de Doukkala (1519 m). L’évolution spatio-temporelle de
sous vide d’air (absorption des rayons X de faible énergie
ces deux bassins, déduite de l’analyse de ces deux
par l’air). Pour une meilleure réponse, quatre conditions de
sondages, peut être résumée en sept épisodes :
filtre, de courant de tube et d’échelle en énergies sont
I – Précipitation de sel gemme et sédimentation d’argilites utilisées (Tabl. I).
salifères au Trias supérieur (terme 1) ;
Tableau I. Conditions de filtre, de courant de tube et d’échelle en
II – Mise en place d’un complexe basaltique durant le énergies utilisées en fluorescence X.
Trias supérieur, voire le Lias basal (terme 2) ;
Eléments Voltage Résolution Limite Echelle Filtre
III – Précipitation de sel gemme massif et dépôt d’argilites (kV) supérieure Energie
salifères pendant le Trias supérieur et le Lias inférieur – d’énergie (keV)
moyen (terme 3) ; (keV)
Mg, Al, 5 160 12 0 à 10 aucun
IV – Précipitation d’anhydrite synchrone de la sédimen- Si, P, S, Cl
tation des carbonates et d’argilites du Toarcien au et K
Bathonien (termes 4 à 6) ; Ca, Ti, Cr, 10 160 12 0 à 10 aucun
Mn et Fe
V – Instauration d’un régime néritique carbonaté que Co, Ni, 35 175 37 0 à 40 Filtre fin
caractérise la précipitation d’anhydrite du Bathonien au Cu, Zn et d’argent
Kimméridgien (terme 7) ; Mo
As, Br, 50 175 52 0 à 40 filtre
VI – épisode de confinement généralisé avec précipitation Rb, Sr, Zr, épais de
d’anhydrite et développement des carbonates et d’argilites Cd, Sn, cuivre
du Kimméridgien au Berriasien (termes 8 à 10) ; Ba, Pb, Th
et U
62
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
Tableau II. Echantillons analysés dans le forage NDK-2. Tableau III. Echantillons analysés dans le forage OYB-1.
Ech. Ages Prof. (m) Lithol. Ech. Ages Prof. (m) Lithol.Nature
R1 Berriasien 1100 Argilites gris-vert à anhydrite R1 Berriasien 100 Dolomie argileuse gris-vert
R2 Berriasien 1170 Calcaire dolomitique, bioclastique R2 Malm 280 Argilites grises à anhydrite
gris-beige à anhydrite
R3 Malm 350 Argilites grises
R3 Malm 1416 Argilites grises à anhydrite
R4 Malm 480 Calcaire argileux gris à
R4 Malm 1608 Argilites silteuses rouges à
anhydrite
anhydrite
R5 Malm 552 Calcaire argileux gris
R5 Malm 1700 Dolomie gréseuse gris-beige
R6 Trias sup. 628 Argilites silteuses indurées
R6 Lias- Dogger 1893.8 Grès argileux brun-rouge
rougeâtres
R7 Lias- Dogger 2083.5 Argilites silteuses brun-rouge R7 Trias sup. 684 Sel blanc massif
R8 Trias sup. 2141 sel blanc mélangé avec des R8 Trias sup. 812 Basalte verdâtre
argilites
R9 Trias sup. 1000 Sel blanc et argilites brun-
R9 Trias sup. 2541 Basalte gris vert
chocolat
R10 Trias sup. 3463 Argilites rouge violacé
63
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 5 10 15 20 25 30 35 40
0 0
Activité(mB/g) U-238(mBq/g)
200
200 Th-232(mB/g)
400
400
Profondeur (m)
600
Profondeur (m)
600
800
800 1000
1200
1000
A B
Figure 3. Variation des activités spécifiques en K40 (A), en U 238 et en Th 232 (B) en fonction de la profondeur dans le forage OYB-1
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
K-40(mB/g) 500
U-238
500 Th-232(mB/g)
1000
1000
1500
1500
Profondeur (m)
2000 2000
Profondeur (m)
2500 2500
3000 3000
3500 3500
4000
A B
Figure 4. Variation des activités spécifiques en K40 (A), en U 238 et en Th 232 (B) en fonction de la profondeur dans le forage NDK-2.
Les échantillons R1, R2 et R3, dont la valeur du rapport milieux réducteurs riches en matière organique. Par ailleurs,
232
Th / 238U est inférieure à 0,3, se sont déposés dans un selon le modèle des activités hydrothermales de Bloch
milieu marin réducteur. Ceci est en accord avec les travaux (1980), la variation non linéaire de la teneur en U (ppm) en
de Ivanovich & Harmon (1982), qui démontrent que les fonction de celle de Fe, Mn, Al et Si (Fig. 6) exclut toute
calcaires peuvent contenir jusqu’à 2 ppm d’uranium et du association de l’uranium avec les formes hydro- et ou
thorium en faible proportion. Selon ces même auteurs, la hydroxy- de Fer et de Mn. L’uranium IV est piégé
corrélation de la concentration en thorium avec le contenu principalement par les sédiments réducteurs où il est
détritique indique que le thorium est largement associé aux adsorbé ou complexé par la matière organique (Veeh 1967,
argilites et à la fraction carbonatée des sédiments. Kolodny & Kaplan 1973, Mo et al. 1973).
Dans l’échantillon R5, le rapport 232Th / 238U est inférieur à
2. Rapports isotopiques 226Ra / 238U et 214Pb / 226Ra
1, ce qui confirme que le milieu de dépôt de R5 est
réducteur, du fait que l’uranium est enrichi au détriment du Dans le forage OYB-1, les rapports 226Ra/238U, supérieurs à
thorium. Shawe (1976) a proposé un modèle selon lequel 1 (Fig. 7), indiquent que l’équilibre est dévié en faveur de
226
l‘uranium, éjecté des argilites par compaction, précipite en Ra au détriment de son précurseur 238U. Ce déséquilibre
fin de parcours dans les dolomies gréseuses et les grès de révèle que le système est ouvert et que les dépôts sont plus
64
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
Th.232.U238OYB1 Al
250000
10 Th232.U.238NDK2 Si
Mn
200000 Fe
1
100000
50000
0,1
0 2 4 6 8 10 0 1 2 3 4 5
Figure 5. Variation du rapport Th 232/U 238 dans les forages Figure 6. Variation des teneurs en Al, Si, Mn et Fe en fonction de
OYB-1 et NDK-2. celle de U.
Ra-226/U-238 Ra.226.U238
10 Pb-214/Ra-226) 10 Pb.214.Ra.226
Rapport isotopique
Rapport isotopique
1 1
0,1 0,1
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Echantillon n° Echantillon n°
Figure 7. Variation des rapports Ra 226/U 238 et Pb 214/U 238 dans les forages OYB-1 (à gauche) et NDK-2 (à droite).
222
ou moins altérés, c’est le cas des échantillons R1 à R5 et Rn, gaz radioactif, situé entre 226Ra (T= 1600 ans) et
R8. L’enrichissement en 226Ra par rapport à 238U est dû à la 214
Pb. L’émanation de 222Rn est favorisée par la
lixiviation chimique continue des dépôts (Ivanovich & perméabilité des dépôts. Il semble que les échantillons
Harmon 1982). L’uranium contenu dans les dépôts, une fois carbonatés sont plus poreux et que cette porosité diminue
libéré par l’action de l’eau, migre sous forme de complexes avec la profondeur. On note également que le taux de
stables, tels que les carbonates. En revanche, ses produits de dégagement de 222Rn et par conséquent la perméabilité des
décroissance (230Th et 226Ra), hydrolysés et fortement sédiments sont étroitement liés au degré d’altération des
adsorbés, forment des composés insolubles. Kurbach et al. dépôts, ce qui se traduit par une lixiviation de U (VI). Ceci
(1977) considèrent que le rapport d’équilibre 226Ra / 238U est en bon accord avec les résultats expérimentaux de Dyck
n’est déplacé en faveur du 226Ra que dans l’interface eau- et al. (1987) : la lixiviation permet au 226Ra de passer aux
pétrole. L’uranium extrait de ces eaux est intensivement surfaces inter-granulaires, facilitant par la même occasion le
lixivié des roches dans les conditions de génération du dégagement du 222Rn l’air libre.
pétrole. Les échantillons R6, R7 et R9 sont peu altérés, ce
L’échantillon R9, dont la teneur en 232Th est plus élevée,
qui suppose qu’une grande partie de l’uranium insoluble est
possède un taux d’émanation plus élevé que celui de R7.
piégée dans la phase résistante des argilites (Ku 1976). En
Par conséquent, ces deux échantillons caractériseraient
général, les rapports 214Pb / 226Ra sont inférieurs à 1 et
deux environnements différents.
augmentent avec la profondeur, à l‘exception des
échantillons R2, R5 et R8 où des valeurs très faibles sont Dans le forage NDK-2, le rapport 226Ra / 238U a une valeur
observées. Le déséquilibre dans la sub-série de décroissance qui est voisine de 1 pour les échantillons R3, R4 et R6 (Fig.
de 226Ra en faveur de cet élément est attribuée aux pertes du 7). L’état d’équilibre séculaire entre 238U et 226Ra traduit la
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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
0 4
1x10
4
2x10
4
3x10
4
4x10
4
5x10 6x10
4 4
7x10
4
8x10
4
9x10
5
1x10
3
8,0x10
4
1,6x10
4
2,4x10
4
3,2x10
4
4,0x10 4,8x10
4 4
5,6x10
Ti Teneur (ppm)
200 Fe
200 Al
400
Si
400
K 600
Profondeur (m)
Profondeur (m)
800
600
1000
800 1200
1400
1000
1600
1200 1800
Figure 8. Variation des teneurs en Al, Si et K en fonction de la Figure 9. Variation des teneurs en Ti et Fe en fonction de la
profondeur dans le forage OYB-1. profondeur dans le forage OYB-1.
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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2
40000
K 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4
Fe Mg/Al
30000 Al Mg/Ca
200
Fe, K, et Al (ppm)
20000 400
Profondeur (m)
600
10000
800
Figure 10. Variation des teneurs en Fe, K, et Al en fonction de Figure 11. Variation des rapports Mg/Al et Mg/Ca en fonction de
celle de Si dans le forage OYB-1 la profondeur dans le forage OYB-1.
Sr
200 Ba teneur (ppm) Br Teneur (ppm)
400
200
600
800
1000 400
Profondeur (m)
Profondeur (m)
1200
1400
600
1600
1800
2000 800
2200
2400 1000
Figure 12. Variation des teneurs en Sr et Ba en fonction de la Figure 13. Variation des teneurs en Br en fonction de la
profondeur dans le forage OYB-1. profondeur dans le forage OYB-1.
Le rapport Mg/Ca (Tabl. IV) montre que le caractère d'Essaouira. L’adjonction de ces résultats aux données
magnésien de R10 est plus faible que ceux de R7 et R8. lithologiques a permis d’établir une approche géochimique
des différents termes de la série de remplissage de ces deux
Les valeurs respectives du rapport Th/U de R7 et R10 sont
bassins. Les activités spécifiques des radionucléides
2,35 et 2,95 (Tabl. IV). Ces deux échantillons sont donc
identifiés et les teneurs en éléments stables sont
d'origine terrigène, comme le confirme leurs teneurs en Th
indépendantes de la profondeur. Ils semblent plutôt liés à la
qui sont identiques. Quant à R8, dont le rapport Th/U est
nature des dépôts, à celle de l’élément chimique et aux
faible, il est d'origine marine ; il est précipité dans un milieu
processus d’assimilation appropriés.
réducteur où se concentre l’uranium sous forme de U (IV).
Dans les deux forages, la distribution des radionucléides et
Tabl. IV. Rapport Mg/Ca, Mg/Al et Th/U dans le forage NDK-2. éléments stables révèle en général, que ces éléments sont
plutôt concentrés dans les argilites.
Ech. Prof. Th U Th/U Mg/Al Mg/Ca
(m) (ppm) (ppm) Les dépôts du forage OYB-1 attestent essentiellement de
milieux marins, et la majorité des échantillons sont plus ou
R7 2083.5 7.60 3.23 2.35 0.66 0,56
moins altérés. La porosité diminue, en général, avec la
R8 2141 3.85 6.46 0.60 0.73 0,54 profondeur et augmente avec le degré d’altération ; les
R9 3463 7.98 2.70 2.95 0.31 0,20 échantillons salifères matérialisent un milieu ayant subi une
forte évaporation dans des conditions de paléosalinité très
intenses, c'est le cas des argilites de l’échantillon R6 qui
CONCLUSIONS reflètent une évaporation intense et une paléosalinité
L’étude préliminaire a été effectuée en appliquant la élevée ; ces résultats peuvent être exploites dans la
spectrométrie gamma et la fluorescence X (EXDRF) à quantification et la reconnaissance des cycles climatiques.
l'analyse des échantillons des forages OYB-1 et NDK-2, L’exploitation des résultats d’analyse du forage NDK-2 a
implantés respectivement dans les bassins de Doukkala et permis de distinguer l’existence des échantillons d’origine
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radiochemistry of Radium and the other elements of the (Lisbonne), dont la parution s’est arrêtée pour des raisons
uranium and thorium natural decay series. AIEA, Technical financières. Il a été accepté dans le présent numéro après
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