07 - Fakhi Et Al. (59-69)

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Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, section Sciences de la Terre, 2002, n° 24, 59-69.

Analyse géochimique par spectrométrie gamma et par fluorescence X


(EXDRF) des dépôts mésozoïques des forages OYB-1 et NDK-2 (bassins
de Doukkala et d’Essaouira, Maroc)
Saïd FAKHI1 , Malika AADJOUR2 , Bouaza FEDAN3 , Yves ANDRES4 , Jean Charles ABBE4 ,
Mokili Marcel BANDOMBELE4, Almoundir MORABET5 & Abdelkhalek EL MORABET5

1. Université Hassan II-Mohammedia, Faculté des Sciences Ben M’Sik, Département de Physique, Laboratoire de Radiochimie, B.P. 7955
Sidi Othmane, Casablanca, Maroc. e-mail : [email protected]
2. Université Hassan II-Mohammedia, Faculté des Sciences Ben M’Sik, Département de Géologie, Laboratoire de Biostratigraphie, B.P.
7955 Sidi Othmane, Casablanca, Maroc. e-mail : [email protected]
3. Université Mohammed V-Agdal, Institut Scientifique, Département de Géologie, B.P. 703 Agdal, Rabat, Maroc. e-mail :
[email protected]
4. Ecole des Mines, Laboratoire SUBATECH, UMR 6457, B.P. 20722, 44307 Nantes cedex 3, France
5. ONAREP, 34, Avenue Al Fadila, 10050 Rabat, Maroc. e-mail : [email protected]

Résumé. Dans le cadre global de l'investigation des gisements d'hydrocarbures de la marge atlantique marocaine en général et des bassins
de Doukkala et d'Essaouira en particulier, les dépôts triasico-jurassiques et crétacés des forages OYB-1 et NDK-2 ont fait l'objet d'une
étude géochimique. La démarche utilisée est basée sur le comportement de certains radionucléides et éléments stables. L'identification et la
mesure des radionucléides (238U, 226 Ra, 232 Th …) ont été effectuées par spectrométrie Gamma. Quant aux éléments stables, ils sont
analysés par fluorescence X. Cette contribution, une fois couplée avec les caractéristiques faciologiques des dépôts, a permis d'obtenir des
résultats géochimiques intéressants et indispensables aux études géologiques, tels que le lien des phénomènes d’altération avec la porosité
des dépôts, mis en évidence par la migration ou la rétention des éléments chimiques. Au cours de ce travail, une attention particulière a été
portée sur le comportement de l’uranium, de ses descendants et éléments stables pour déceler l’existence de la matière organique, qui
reflète un milieu réducteur qui concentre l’uranium à l’état (IV).
Mots clés : Maroc, bassin de Doukkala, bassin d’Essaouira, Mésozoïque, géochimie, isotopes.
Gamma spectrometry and X-fluorescence (EXDRF) geochemical analysis of the Mesozoic deposits of wells OYB-1 and NDK-2
(Doukkala and Essaouira basins, Morocco).
Abstract. Within the global framework of the investigation of the hydrocarbon layers of the Moroccan Atlantic margin in general and the
Doukkala and Essaouira basins in particular, the Triassic-Jurassic and Cretaceous deposits of wells OYB-1 and NDK-2 were the subject of
a geochemical study. The study is based on the behavior of some radionucleids and stable elements. Identification and measurement of the
radionucleids (238U, 226Ra, 232Th) were analysed by Gamma spectrometry. Stable elements were analysed by X-ray fluorescence. This
contribution, once coupled to the faciologic characteristics of the deposits, made it possible to obtain interesting geochemical results,
essential to the geological and geochronologic investigations, such as the link of the phenomena of alteration with the porosities of the
deposits, which are emphasized by the migration or the retention of the chemical elements. In this work, a particular attention concerned
the behavior of uranium, of its daughters and stable elements in order to detect the existence of the organic matter, which reflects a
reducing environment which concentrates uranium at state (IV).
Key words: Morocco, Doukkala basin, Essaouira basin, Mesozoic, geochemistry, isotopes.

INTRODUCTION spectrométrie gamma, repose sur la recherche des


indications géochimiques caractéristiques des éléments
La marge atlantique marocaine en général et les bassins
identifiés et les corrélations associées.
d'Essaouira et de Doukkala en particulier sont bien connus
par leurs potentialités en hydrocarbures (Michard 1976,
CADRE GEOGRAPHIQUE ET GEOLOGIQUE
Broughton & Trepanier 1991, Bouchta 1992 et Zarhloule
1994), refletés par la découverte de plusieurs gisements de La marge atlantique marocaine située entre El Jadida au
gaz et de pétrole depuis 1950 et 1961 dans le bassin nord et Agadir au sud, correspond au "Bassin du Sud-Ouest
d’Essaouira. marocain" de Duffaud et al. (1966) et au "Bassin de l'Ouest
marocain" de Jaffrezo et al. (1985) ou "Bassin d’El Jadida –
Bien que l'évolution de cette marge passive soit bien cernée
Agadir" (Medina 1994). Les dépôts mésozoïques, dominés
dans ses grandes lignes, elle est entachée d'aléas en ce qui
par les sédiments crétacés, sont connus à l'affleurement et
est du calage des événements majeurs l'ayant marquée.
en subsurface. Ils forment l’essentiel de la série de
L’aspect géochimique n'a pas été assez étudié dans cette
remplissage des sous-bassins de Doukkala, Abda et
marge, d'où l'intérêt de cette contribution qui vise à
Essaouira.
caractériser géochimiquement les dépôts triasico-
jurassiques et crétacés. Il s’agit d’étudier les propriétés Cette marge s’est différenciée et individualisée au cours des
physico-chimiques des éléments stables et radioactifs et les temps mésozoïques. Le Trias supérieur (ou Permien
teneurs associées pour décrire, en fonction de la lithologie, terminal–Lias basal) est marqué par la naissance et
les caractéristiques des dépôts analysés. Au cours de ce l’évolution de bassins subsidents suite à la réactivation
travail, l’exploitation des teneurs et activités spécifiques d’accidents tardi-hercyniens en failles normales. Ces
déterminées respectivement par fluorescence X et bassins sont comblés essentiellement par des évaporites et
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

– plate-forme ouverte au Bathonien–Kimméridgien (terme


7) avec développement des faciès bioconstruits (récifs) au
« Rauracien–Sequanien » ;
– plate-forme carbonatée ouverte au Valanginien (terme
11).
Les chutes eustatiques sont caractérisées par une
sédimentation détritique et l’apparition de milieux restreints
propices à la précipitation de sel gemme et d’anhydrite. La
saline du Jurassique supérieur–Crétacé basal
(Kimméridgien–Berriasien) est régie par l’apparition d’une
barrière récifale à coraux dès le Callovien–Oxfordien
(Adams et al. 1980).
Cette marge a fait l'objet de plusieurs travaux de terrain
(Duffaud et al. 1966) ayant servi de base pour
l'implantation d'un grand nombre de forages offshore et
onshore. Elle est caractérisée par la découverte de
gisements de gaz et de pétrole respectivement en 1950
(Kechoula, Toukkimt, N'Dark et Jeer) et depuis 1961 (Sidi
Rhalem), par la Société Chérifienne du Pétrole (SCP).
Les forages OYB-1 et NDK-2 ont été choisis comme
support de cette approche géochimique. Ce choix est fondé
sur leur position structurale, ainsi que leurs caractéristiques
stratigraphiques et sédimentologiques, particulièrement
intéressantes dans la recherche des gisements
d’hydrocarbures.

DONNEES STRATIGRAPHIQUES
Forage NDK-2
Le forage NDK-2 est situé dans la région de N'Dark (x=
42,18 ; y=101,52), localisée entre Essaouira et Chichaoua
(Fig. 1). Les dépôts triasico-jurassiques et du Crétacé
inférieur, recoupés entre les côtes –907 m et –3500 m, sont
coiffés par des argilites silteuses rougeâtres, attribuées à
Figure 1. Carte géologique simplifiée des bassins d’Essaouira, l'Hauterivien. Ils sont agencés en onze termes (Fig. 2), dont
d’Abda et de Doukkala, avec localisation des forages OYB-1 et la nomenclature a changé selon les auteurs (Medina 1994).
NDK-2. Le découpage chronostratigraphique adopté est celui admis
dans la littérature géologique, relative aux bassins de
des argilites silteuses où s’intercale(nt) un ou deux Doukkala et d’Essaouira (Duffaud et al. 1966, Bouaouda,
complexes basaltiques. Le développement de cette marge 1987, Medina 1994, Labbassi 1998).
continentale passive s’est effectué durant le Jurassique et le Terme 1 – Sel gemme blanc et rose (630 m) avec rares passées de
Crétacé suite a une subsidence essentiellement thermique grès fins rougeâtres et intercalations d'argilites rouges et gris-vert
(Labbassi 1998). La structure d’ensemble est dominée par que surmontent des argilites salifères silteuses (304 m) avec
une organisation en zones hautes à sédimentation réduite et passées de sel gemme blanc et rose, d'argilites gris-vert et de grès
en dépressions très subsidentes, qui a perduré durant le fins rouges.
Jurassique et le Crétacé (Duffaud et al. 1966). Terme 2 – Complexe basaltique (130 m) organisé en plusieurs
coulées de basalte gris-vert et gris-olive que séparent des niveaux
Cette évolution est marquée par la succession d’épisodes interstratifiés d'argilites consolidées rouge-brun .
transgressifs et régressifs généralisés (Rey et al. 1989, Taj-
Terme 3 – Sel gemme massif (98 m) avec passée médiane de sel
Eddine et al. 1989, Taj-Eddine 1991).
potassique (sylvinite et carnallite) et niveaux d'argilites rouges et
Au niveau des forages, ces remontées eustatiques majeures vertes; sel gemme massif (178 m) où s'intercalent des argilites
ont favorisé l’instauration de régimes néritiques rouges et vertes, avec un niveau conglomératique au sommet ;
carbonatés : argilites silteuses rouges (142 m) avec passées de grès fins à
moyens et traces d'anhydrite et sel gemme ; au sommet se
– plate-forme carbonatée proximale évaporitique développent un banc de dolomie, un niveau d'anhydrite et des grès
au ?Sinemurien–Lotharingien puis distale au Lotharingien– grossiers.
Domérien ;
Les termes 1 et 2, ainsi que la base du terme 3 sont datés du
– plate-forme carbonatée proximale et évaporitique au Trias supérieur. Le sommet du terme 3 est attribué au Lias
Toarcien–Aalenien (terme 4) ; inférieur–moyen et au Toarcien ;

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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

Figure 2. Colonnes lithostratigraphiques et localisation des échantillons des forages OYB-1 et NDK-2.

Terme 4 – Alternance d'argilites silteuses rouges ou vertes, de m) ; cette alternance est plus argileuse a la base et plus carbonatée
dolomies grenues grises et d'anhydrite blanchâtre (91 m), où se au sommet.
développent de rares niveaux de grès moyens à grossiers. Ce
terme est rapporté au Toarcien et à l’Aalénien. Les termes 6 et 7 et la base du terme 8 sont attribués au
Bathonien–Oxfordien.
Terme 5 – Argilites silteuses rougeâtres (92 m) avec passées de
Terme 9 – Anhydrite massive blanchâtre (175 m) avec passées
grès fins à moyens et rares niveaux de dolomies argileuses; dans la
d'argilites brun-rouge. Dans la partie médiane se développent des
partie médiane se développe un microconglomérat polygénique à
argilites et au sommet des dolomies grises. Le terme 8 non basal et
ciment argileux brun rouge. Ce terme est daté de l’Aalénien
la base du terme 9 sont rapportés au Kimméridgien–Portlandien.
supérieur–Bathonien inférieur.
Terme 10 – Alternance d'anhydrite massive blanchâtre et de
Terme 6 – Alternance de carbonates (dolomies, calcaires carbonates gris à oolithes et pellets (155 m) où se développent des
dolomitiques et dolomies argileuses), d'anhydrite et d'argilites passées d'argilites brun rouge et gris vert, la partie médiane est
silteuses rouges (97 m) avec rares passées de grès brun rougeâtre; plus argileuse.
cette alternance est plus argileuse à la base et plus carbonatée au
Terme 11 – Calcaires dolomitiques et dolomies bioclastiques gris-
sommet.
beige (48 m), mouchetés d'anhydrite à la base.
Terme 7 – Dolomies grenues à lentilles d'anhydrite, grès
dolomitiques au sommet et semelle de marnes bioclastiques (38 Le sommet du terme 9, le terme 10 et la base du terme 11
m). sont datés du Berriasien. Le terme 11 non basal est attribué
au Valanginien.
Terme 8 – Alternance d'anhydrite blanchâtre et de carbonates gris
à pellets (60 m) avec rares niveaux d'argilites rougeâtres ; Forage OYB-1
alternance de carbonates gris à gris beige à pellets, d'anhydrite
massive blanchâtre et d'argilites silteuses indurées rouges et vertes Le forage OYB-1 est localisé dans la région d’oued Yacoub
(141 m) ; alternance de carbonates gris à pellets et d'anhydrite (x=183,55 ; y= 230,82), située à l’est d’El Oualidia (Fig. 1).
blanchâtre (31 m), alternance d'argilites brun rouge et gris - vert, Les dépôts triasico-jurassiques et du Crétacé inférieur,
de carbonates gris à pellets et d'anhydrite massive blanchâtre (153 recoupés entre les côtes –27 m et –1546 m sont encadrés

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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

par des argilites silteuses rougeâtres avec des intercalations VII - Retour aux conditions néritiques carbonatées durant le
microconglomératiques rapportées au Permien, et des Valanginien (terme 11).
calcaires graveleux attribués au Valanginien.
ETUDE GEOCHIMIQUE
Ils sont organisés en sept termes, avec lacune de termes 4 à
6 (Fig. 2) : L’étude géochimique des dépôts des deux forages, repose
Terme 1 – Argilites brun rouge (172 m) avec passées de grès sur le comportement du potassium-40 (40K) et des
argileux que surmonte un sel massif (523 m) à intercalations radionucléides des deux séries de décroissance radioactives
d’argilites brun chocolat. naturelles : séries de l’uranium-238 (238U) et du thorium-
Terme 2 – Complexe basaltique (152 m). 232 (232Th), ainsi que des éléments stables. Les
Terme 3 – Sel massif (27 m) et argilites silteuses consolidées, radionucléides ont été identifiés et mesurés par
rouges ou vertes (97 m ) avec des passées de grès fins a ciment spectrométrie gamma, les éléments stables, par fluorescence
argileux. X (EXDRF).
Les termes 1, 2 et le terme 3 non sommital sont datés du Techniques utilisées
Trias supérieur.
Spectrométrie gamma
Terme 7 – Calcaires et calcaires argileux (99 m) à plages
d’anhydrite et une passée médiane d’argilites brun rouge, les L’identification et la détermination de 40K et des
calcaires contiennent oolithes, gravelles, foraminifères, bivalves et radionucléides des deux séries de décroissance radioactives
gastéropodes. naturelles 238U et 232Th ont été menées par spectrométrie
gamma. La mesure est effectuée à l’aide d’un détecteur
Le sommet du terme 3 et la base du terme 7 sont attribués Germanium Hyper Pur (GeHP, CAMBERA), d’efficacité
au Bathonien–Oxfordien. 40% et de résolution 1.8 keV pour 60Co. Le détecteur est
Terme 8 – Alternance de dolomies et d’anhydrite (66 m) ; à la protégé du bruit de fond par blindage de plomb. Les
base les dolomies sont argileuses alors qu’au sommet elles spectres gamma délivrés par le détecteur, sont analysés par
présentent des fantômes d’oolithes et de rares bioclastes au le programme GENIE-PC offert par l’AIEA.
sommet.
Terme 9 – Anhydrite (280 m) avec intercalations de dolomies à
Après étalonnage du système de détection en énergie et en
pellets et crustacés ; au sommet les dolomies sont argileuses. efficacité, les échantillons des deux forages sont analysés.
Les sédiments n’ont subi aucun traitement spécifique
Le terme 7 non basal, le terme 8 et la base du terme 9 sont préalable, afin de rester dans les conditions naturelles de ces
rapportés au Kimméridgien. dépôts.
Terme 11 – Dolomies (103 m) bioclastiques (échinodermes, Fluorescence X
bivalves) au sommet, azoïques et laminitiques à la base ; elles
renferment une passée médiane d’argilites microconglomératiques L’appareillage utilisé est de type «energy dispersive X rays
grises. Ce terme est attribué au Valanginien. fluorescence», de marque ED 2000. Le tube de rayons X est
composé d’une anticathode d’argent et le détecteur d’un
Comparaison des forages OYB-1 et NDK-2 semi-conducteur au Si refroidi par de l’azote liquide. Ce
type d’instrument permet la caractérisation et la
La comparaison des deux forages (Fig. 2) montre que le
quantification des éléments compris entre le sodium et
bassin d’Essaouira, où le Lias supérieur et le Dogger sont
l’uranium. Pour augmenter l’efficacité de la réponse,
bien représentés, est plus subsident (2593 m) que le bassin
notamment pour les éléments légers, l’analyse a été réalisée
de Doukkala (1519 m). L’évolution spatio-temporelle de
sous vide d’air (absorption des rayons X de faible énergie
ces deux bassins, déduite de l’analyse de ces deux
par l’air). Pour une meilleure réponse, quatre conditions de
sondages, peut être résumée en sept épisodes :
filtre, de courant de tube et d’échelle en énergies sont
I – Précipitation de sel gemme et sédimentation d’argilites utilisées (Tabl. I).
salifères au Trias supérieur (terme 1) ;
Tableau I. Conditions de filtre, de courant de tube et d’échelle en
II – Mise en place d’un complexe basaltique durant le énergies utilisées en fluorescence X.
Trias supérieur, voire le Lias basal (terme 2) ;
Eléments Voltage Résolution Limite Echelle Filtre
III – Précipitation de sel gemme massif et dépôt d’argilites (kV) supérieure Energie
salifères pendant le Trias supérieur et le Lias inférieur – d’énergie (keV)
moyen (terme 3) ; (keV)
Mg, Al, 5 160 12 0 à 10 aucun
IV – Précipitation d’anhydrite synchrone de la sédimen- Si, P, S, Cl
tation des carbonates et d’argilites du Toarcien au et K
Bathonien (termes 4 à 6) ; Ca, Ti, Cr, 10 160 12 0 à 10 aucun
Mn et Fe
V – Instauration d’un régime néritique carbonaté que Co, Ni, 35 175 37 0 à 40 Filtre fin
caractérise la précipitation d’anhydrite du Bathonien au Cu, Zn et d’argent
Kimméridgien (terme 7) ; Mo
As, Br, 50 175 52 0 à 40 filtre
VI – épisode de confinement généralisé avec précipitation Rb, Sr, Zr, épais de
d’anhydrite et développement des carbonates et d’argilites Cd, Sn, cuivre
du Kimméridgien au Berriasien (termes 8 à 10) ; Ba, Pb, Th
et U

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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

Tableau II. Echantillons analysés dans le forage NDK-2. Tableau III. Echantillons analysés dans le forage OYB-1.
Ech. Ages Prof. (m) Lithol. Ech. Ages Prof. (m) Lithol.Nature
R1 Berriasien 1100 Argilites gris-vert à anhydrite R1 Berriasien 100 Dolomie argileuse gris-vert
R2 Berriasien 1170 Calcaire dolomitique, bioclastique R2 Malm 280 Argilites grises à anhydrite
gris-beige à anhydrite
R3 Malm 350 Argilites grises
R3 Malm 1416 Argilites grises à anhydrite
R4 Malm 480 Calcaire argileux gris à
R4 Malm 1608 Argilites silteuses rouges à
anhydrite
anhydrite
R5 Malm 552 Calcaire argileux gris
R5 Malm 1700 Dolomie gréseuse gris-beige
R6 Trias sup. 628 Argilites silteuses indurées
R6 Lias- Dogger 1893.8 Grès argileux brun-rouge
rougeâtres
R7 Lias- Dogger 2083.5 Argilites silteuses brun-rouge R7 Trias sup. 684 Sel blanc massif
R8 Trias sup. 2141 sel blanc mélangé avec des R8 Trias sup. 812 Basalte verdâtre
argilites
R9 Trias sup. 1000 Sel blanc et argilites brun-
R9 Trias sup. 2541 Basalte gris vert
chocolat
R10 Trias sup. 3463 Argilites rouge violacé

Tous les éléments ont été caractérisés et quantifiés à partir élémentaire.


des raies K, à l’exception de Pb, de Th et de U pour
Les rapports isotopiques des radionucléides de deux séries
lesquels les raies L ont été utilisées.
distinctes rendent compte de l’origine du dépôt analysé.
La détermination de la concentration des éléments des
échantillons des forages OYB-1 et NDK-2 est réalisée par 1. Rapport 232Th / 238U
comparaison avec un échantillon standard de référence
(AIEA/soil-7). Dans le forage OYB-1, les échantillons analysés d’âge
triasico-jurassique et crétacé, sont à dominante marine
Echantillonnage puisque les valeurs du rapport Th /U sont en général
inférieures à 1 (Fig. 5). Les plus faibles valeurs sont
Les échantillons prélevés à différentes profondeurs des observées dans les carbonates où le rapport augmente avec
deux sondages, sont représentatifs des différentes la profondeur, selon la séquence R1-R2-R3-R4-R5, suivie
lithologies. Ils se répartissent comme suit : dix échantillons par R7 et R8. Ces résultats concordent avec les travaux
(R1 à R10) dans NDK-2 (Fig. 2 et Tabl. II) et neuf antérieurs. En effet, pour Molinari & Snodgrass (1990), les
échantillons (R1 à R9) dans OYB-1 (Fig. 2 et Tabl. III). faibles valeurs du rapport Th/U sont observées dans les
roches sédimentaires d’origine chimique (carbonates et
Résultats et interprétation évaporites). Les argilites de R6 sont d’origine terrigène du
Spectrométrie Gamma fait que la valeur du rapport Th/U est voisine de 1, alors que
dans R3 et R7, les valeurs du rapport Th/U sont supérieures
Les résultats de mesure par spectrométrie gamma des 19 à 1, ce qui peut être expliqué par un fractionnement ménagé
échantillons des deux forages sont donnés sous forme de de l’uranium par dolomitisation (Ivanovich & Harmon
courbes. Ces graphiques sont représentatifs de la variation 1982), ou par lixiviation des eaux d’inclusion,
de l’activité spécifique de chaque radionucléide, identifié en principalement marines. Dans ces conditions, le thorium,
fonction de la profondeur de l’échantillon. Les valeurs de que caractérise un produit de solubilité très faible, reste
l’activité spécifique en mBq/g sont déterminées à 1σ près. piégé dans les dépôts.
L’allure générale des courbes représentatives (Figs. 3 et 4), La valeur du rapport Th/U des basaltes de l’échantillon R8
montre que les activités spécifiques en 40K, 238U et 232Th est légèrement inférieure à 1. Or, Selon Tatsumoto et al.
dans les dépôts des deux sondages sont indépendantes de la (1965), les basaltes primaires sont caractérisés par un
profondeur. La disposition de ces variations en dents de scie rapport dont les valeurs sont comprises entre 1 et 2, ce qui
laisse prévoir que la distribution est plutôt fonction de la suggère un certain enrichissement en thorium des basaltes
lithologie. C’est la raison pour laquelle nous avons jugé au détriment de l’uranium durant l’évolution du minéral. La
utile de dresser les variations possibles des rapports des valeur inférieure à 1 notée dans R8 peut être attribué, à
activités des deux séries de décroissances radioactives l’enrichissement en U des basaltes, qui est favorisé par le
naturelles de l’uranium-238 et thorium-232. phénomène d’hydrothermalisme. La friabilité de cet
Les rapports isotopiques sont très utiles dans l’exploitation échantillon conforte cette hypothèse.
des valeurs expérimentales des activités spécifiques. Au forage NDK-2, les minéraux argileux de R4 et R7, dont
Les rapports isotopiques d’une même série de décroissance les valeurs du rapport Th/U sont voisines de 1 (Fig. 5), sont
radioactive naturelle renseigne sur l’état d’équilibre d’origine terrigène.
séculaire entre chaque précurseur et ses produits de La plus forte valeur est observée dans les grès argileux de
décroissance. Dans de tels cas, l’activité est constante le R6, ce qui confirme la concentration du thorium dans les
long de la série et par conséquent, le dépôt est exempt de grès par des processus mécaniques (Ivanovich & Harmon
toute altération de ses structures et de tout fractionnement 1982).

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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 5 10 15 20 25 30 35 40
0 0
Activité(mB/g) U-238(mBq/g)
200
200 Th-232(mB/g)

400
400

Profondeur (m)
600
Profondeur (m)

600
800

800 1000

1200
1000

A B

Figure 3. Variation des activités spécifiques en K40 (A), en U 238 et en Th 232 (B) en fonction de la profondeur dans le forage OYB-1

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600

K-40(mB/g) 500
U-238
500 Th-232(mB/g)
1000
1000

1500
1500
Profondeur (m)

2000 2000
Profondeur (m)

2500 2500

3000 3000

3500 3500

4000

A B

Figure 4. Variation des activités spécifiques en K40 (A), en U 238 et en Th 232 (B) en fonction de la profondeur dans le forage NDK-2.

Les échantillons R1, R2 et R3, dont la valeur du rapport milieux réducteurs riches en matière organique. Par ailleurs,
232
Th / 238U est inférieure à 0,3, se sont déposés dans un selon le modèle des activités hydrothermales de Bloch
milieu marin réducteur. Ceci est en accord avec les travaux (1980), la variation non linéaire de la teneur en U (ppm) en
de Ivanovich & Harmon (1982), qui démontrent que les fonction de celle de Fe, Mn, Al et Si (Fig. 6) exclut toute
calcaires peuvent contenir jusqu’à 2 ppm d’uranium et du association de l’uranium avec les formes hydro- et ou
thorium en faible proportion. Selon ces même auteurs, la hydroxy- de Fer et de Mn. L’uranium IV est piégé
corrélation de la concentration en thorium avec le contenu principalement par les sédiments réducteurs où il est
détritique indique que le thorium est largement associé aux adsorbé ou complexé par la matière organique (Veeh 1967,
argilites et à la fraction carbonatée des sédiments. Kolodny & Kaplan 1973, Mo et al. 1973).
Dans l’échantillon R5, le rapport 232Th / 238U est inférieur à
2. Rapports isotopiques 226Ra / 238U et 214Pb / 226Ra
1, ce qui confirme que le milieu de dépôt de R5 est
réducteur, du fait que l’uranium est enrichi au détriment du Dans le forage OYB-1, les rapports 226Ra/238U, supérieurs à
thorium. Shawe (1976) a proposé un modèle selon lequel 1 (Fig. 7), indiquent que l’équilibre est dévié en faveur de
226
l‘uranium, éjecté des argilites par compaction, précipite en Ra au détriment de son précurseur 238U. Ce déséquilibre
fin de parcours dans les dolomies gréseuses et les grès de révèle que le système est ouvert et que les dépôts sont plus

64
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

Th.232.U238OYB1 Al
250000
10 Th232.U.238NDK2 Si
Mn
200000 Fe

Teneur des éléments en ppm


150000
Th-232/U-238

1
100000

50000

0,1
0 2 4 6 8 10 0 1 2 3 4 5

Echantillon n° Teneur en uranium en ppm

Figure 5. Variation du rapport Th 232/U 238 dans les forages Figure 6. Variation des teneurs en Al, Si, Mn et Fe en fonction de
OYB-1 et NDK-2. celle de U.

Ra-226/U-238 Ra.226.U238
10 Pb-214/Ra-226) 10 Pb.214.Ra.226
Rapport isotopique
Rapport isotopique

1 1

0,1 0,1
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10

Echantillon n° Echantillon n°

Figure 7. Variation des rapports Ra 226/U 238 et Pb 214/U 238 dans les forages OYB-1 (à gauche) et NDK-2 (à droite).

222
ou moins altérés, c’est le cas des échantillons R1 à R5 et Rn, gaz radioactif, situé entre 226Ra (T= 1600 ans) et
R8. L’enrichissement en 226Ra par rapport à 238U est dû à la 214
Pb. L’émanation de 222Rn est favorisée par la
lixiviation chimique continue des dépôts (Ivanovich & perméabilité des dépôts. Il semble que les échantillons
Harmon 1982). L’uranium contenu dans les dépôts, une fois carbonatés sont plus poreux et que cette porosité diminue
libéré par l’action de l’eau, migre sous forme de complexes avec la profondeur. On note également que le taux de
stables, tels que les carbonates. En revanche, ses produits de dégagement de 222Rn et par conséquent la perméabilité des
décroissance (230Th et 226Ra), hydrolysés et fortement sédiments sont étroitement liés au degré d’altération des
adsorbés, forment des composés insolubles. Kurbach et al. dépôts, ce qui se traduit par une lixiviation de U (VI). Ceci
(1977) considèrent que le rapport d’équilibre 226Ra / 238U est en bon accord avec les résultats expérimentaux de Dyck
n’est déplacé en faveur du 226Ra que dans l’interface eau- et al. (1987) : la lixiviation permet au 226Ra de passer aux
pétrole. L’uranium extrait de ces eaux est intensivement surfaces inter-granulaires, facilitant par la même occasion le
lixivié des roches dans les conditions de génération du dégagement du 222Rn l’air libre.
pétrole. Les échantillons R6, R7 et R9 sont peu altérés, ce
L’échantillon R9, dont la teneur en 232Th est plus élevée,
qui suppose qu’une grande partie de l’uranium insoluble est
possède un taux d’émanation plus élevé que celui de R7.
piégée dans la phase résistante des argilites (Ku 1976). En
Par conséquent, ces deux échantillons caractériseraient
général, les rapports 214Pb / 226Ra sont inférieurs à 1 et
deux environnements différents.
augmentent avec la profondeur, à l‘exception des
échantillons R2, R5 et R8 où des valeurs très faibles sont Dans le forage NDK-2, le rapport 226Ra / 238U a une valeur
observées. Le déséquilibre dans la sub-série de décroissance qui est voisine de 1 pour les échantillons R3, R4 et R6 (Fig.
de 226Ra en faveur de cet élément est attribuée aux pertes du 7). L’état d’équilibre séculaire entre 238U et 226Ra traduit la

65
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

0 4
1x10
4
2x10
4
3x10
4
4x10
4
5x10 6x10
4 4
7x10
4
8x10
4
9x10
5
1x10
3
8,0x10
4
1,6x10
4
2,4x10
4
3,2x10
4
4,0x10 4,8x10
4 4
5,6x10

Ti Teneur (ppm)
200 Fe
200 Al
400
Si
400
K 600
Profondeur (m)

Profondeur (m)
800
600
1000

800 1200

1400
1000
1600

1200 1800

Figure 8. Variation des teneurs en Al, Si et K en fonction de la Figure 9. Variation des teneurs en Ti et Fe en fonction de la
profondeur dans le forage OYB-1. profondeur dans le forage OYB-1.

fermeture du système et l’absence d’altération pendant au Eléments traces


moins 107 années, compte-tenu de la période de 238U (T=
Le strontium présente deux comportements distincts (Fig.
4,7.109 ans). Les échantillons R5 et R7 sont très faiblement
12) : dans les échantillons, sa teneur augmente en général
fractionnés en 238U. Dans les autres échantillons (R1, R2,
avec la profondeur. Selon les travaux de Jarousse et al.
R8 et R9), le déplacement de l’équilibre en faveur de 226 Ra
(1981), le strontium dont les teneurs sont comprises entre
ne peut être expliqué que par la lixiviation de l’uranium
1000 et 5000 ppm est un indicateur de dépôts sulfatés ; dans
(VI).
les échantillons argileux, la teneur en strontium diminue
avec la profondeur : R2>R3>R6.
Le rapport 214Pb / 226Ra est pratiquement égal à l’unité dans
les échantillons R3, R4 et R6 (Fig. 7). Cet équilibre Le brome se comporte comme suit (Fig. 13) : sa teneur
séculaire est à mettre en relation avec la compaction de ces augmente avec la profondeur ; dans les échantillons
dépôts. En revanche, dans les échantillons R1 et R8, la argileux, les valeurs sont largement supérieures à celles des
valeur de ce rapport est inférieure à 1. Ce déséquilibre en échantillons carbonatés. Notons que dans R6, la teneur du
faveur de 226Ra est causé par l’échappement de 222Rn. brome est de 66 ppm, ce qui reflète des conditions de
Notons que la plus faible valeur du rapport 214Pb / 226Ra, paléosalinité élevées. La très faible valeur (1,3 ppm)
liée à une émanation excessive de 222Rn, est notée dans R5. contenue dans R2 est de l'ordre de grandeur de son
abondance dans la croûte terrestre (Allègre & Michard
1973) ; la teneur de R9 est de 80 ppm, il a subi de fortes
Fluorescence X évaporations sous des conditions de paléosalinité élevées
1 - Forage OYB-1 (Jarousse et al. 1981).

Eléments majeurs Le baryum varie en fonction de la lithologie (Fig 14) : pour


les échantillons carbonatés, son comportement est similaire
Les résultats de l’analyse par fluorescence X sont exprimés à celui du Sr et diffère de celui du Ca ; les échantillons
sous forme de courbes qui sont représentatives de la d’argilites sont relativement plus riches en Ba. Le
variation de la teneur (ppm) des éléments chimiques en comportement de Ba diffère de ceux de Sr et de Ca, mais il
fonction de la profondeur. est en général similaire a celui des éléments majeurs (Si ,Al,
Les variations des teneurs en Al, Si, K, Ti et Fe sont Fe …) ; la teneur de R9 en Ba est de 110 ppm.
représentées sur les figures 8 et 9 : les teneurs des 2- Forage NDK-2
échantillons carbonatés sont plus faibles que celle des
échantillons argileux ; dans l’échantillon de sel blanc (R9), L’analyse des courbes représentatives de la variation des
où les teneurs sont minimales, les éléments majeurs sont teneurs en éléments des différents échantillons montre que :
corrélés positivement deux à deux (Fig. 10); au niveau de les éléments chimiques Mg, Al, Si, K, Ca, Fe, Ti, Cr, Zr, As
l’échantillon R6, la valeur du rapport Mg/Ca est de 0,3 (Fig. et Th présentent tous une valeur minimale dans R8 (Fig.
11); dans les échantillons carbonatés, les valeurs du rapport 15) ; les éléments Ba, Mn, Sr, Pb et Br sont caractérisés par
Mg/Ca sont dix fois inférieures à celles des échantillons la valeur la plus forte qui est enregistrée dans R8 (Fig. 15).
argileux; le caractère magnésien du rapport Mg/Al diminue La normalisation par rapport à l'abondance de ces éléments
avec la profondeur dans les échantillons carbonatés et dans la croûte terrestre (Allègre & Michard 1973) montre
anhydritiques (Fig. 11); l’échantillon formé de sel montre que leurs teneurs sont en général inférieures à leurs
un caractère magnésien bien prononcé. abondances dans cette croûte.

66
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

40000
K 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4

Fe Mg/Al
30000 Al Mg/Ca
200
Fe, K, et Al (ppm)

20000 400

Profondeur (m)
600
10000

800

0 20000 40000 60000 80000 1000


Teneur en Si (ppm)

Figure 10. Variation des teneurs en Fe, K, et Al en fonction de Figure 11. Variation des rapports Mg/Al et Mg/Ca en fonction de
celle de Si dans le forage OYB-1 la profondeur dans le forage OYB-1.

0 500 1000 1500 2000 2500 0 20 40 60 80 100 120

Sr
200 Ba teneur (ppm) Br Teneur (ppm)

400
200
600
800
1000 400
Profondeur (m)
Profondeur (m)

1200
1400
600
1600
1800
2000 800

2200
2400 1000

Figure 12. Variation des teneurs en Sr et Ba en fonction de la Figure 13. Variation des teneurs en Br en fonction de la
profondeur dans le forage OYB-1. profondeur dans le forage OYB-1.

Le rapport Mg/Ca (Tabl. IV) montre que le caractère d'Essaouira. L’adjonction de ces résultats aux données
magnésien de R10 est plus faible que ceux de R7 et R8. lithologiques a permis d’établir une approche géochimique
des différents termes de la série de remplissage de ces deux
Les valeurs respectives du rapport Th/U de R7 et R10 sont
bassins. Les activités spécifiques des radionucléides
2,35 et 2,95 (Tabl. IV). Ces deux échantillons sont donc
identifiés et les teneurs en éléments stables sont
d'origine terrigène, comme le confirme leurs teneurs en Th
indépendantes de la profondeur. Ils semblent plutôt liés à la
qui sont identiques. Quant à R8, dont le rapport Th/U est
nature des dépôts, à celle de l’élément chimique et aux
faible, il est d'origine marine ; il est précipité dans un milieu
processus d’assimilation appropriés.
réducteur où se concentre l’uranium sous forme de U (IV).
Dans les deux forages, la distribution des radionucléides et
Tabl. IV. Rapport Mg/Ca, Mg/Al et Th/U dans le forage NDK-2. éléments stables révèle en général, que ces éléments sont
plutôt concentrés dans les argilites.
Ech. Prof. Th U Th/U Mg/Al Mg/Ca
(m) (ppm) (ppm) Les dépôts du forage OYB-1 attestent essentiellement de
milieux marins, et la majorité des échantillons sont plus ou
R7 2083.5 7.60 3.23 2.35 0.66 0,56
moins altérés. La porosité diminue, en général, avec la
R8 2141 3.85 6.46 0.60 0.73 0,54 profondeur et augmente avec le degré d’altération ; les
R9 3463 7.98 2.70 2.95 0.31 0,20 échantillons salifères matérialisent un milieu ayant subi une
forte évaporation dans des conditions de paléosalinité très
intenses, c'est le cas des argilites de l’échantillon R6 qui
CONCLUSIONS reflètent une évaporation intense et une paléosalinité
L’étude préliminaire a été effectuée en appliquant la élevée ; ces résultats peuvent être exploites dans la
spectrométrie gamma et la fluorescence X (EXDRF) à quantification et la reconnaissance des cycles climatiques.
l'analyse des échantillons des forages OYB-1 et NDK-2, L’exploitation des résultats d’analyse du forage NDK-2 a
implantés respectivement dans les bassins de Doukkala et permis de distinguer l’existence des échantillons d’origine

67
Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

l’uranium à partir des sites accessibles aux solutions de


Ba percolation. Dans de tels cas, l’exploitation des rapports
1000 Pb/U pour une éventuelle datation est très difficile.
Par ailleurs, nous avons mis en évidence que l’uranium est
628
fixé, essentiellement, par la matière organique des
Profondeur (m)

échantillons, peu ou pas altérés. Ce phénomène est vérifié


552
dans R6 (forage OYB-1). Dans le forage NDK2, cette
condition est observée dans les échantillons R3, R4, R5, R8
350
et R10.
280 La corrélation entre la géochimie de l’uranium et la matière
organique, peu ou très évoluée, constitue un axe de
50 100 150 200 250 300 350 400
recherche prometteur dans l’investigation des gisements
Teneur (ppm)
d'hydrocarbures.
Figure 14. Variation des teneurs en Ba en fonction de la Remerciements
profondeur dans le forage OYB-1
Ce travail a été conduit grâce à l’appui des projets : PICS n°53,
Mg financé par CNRS/IN2P3 (France) et le CNCPRST (Maroc) ;
Al
Si PARS PNC-06, financé par le CNCPRST (Maroc) et par l’Action
3600 K
Ca Intégrée SM214/00 (Maroc/France). Les auteurs adressent leurs
Fe
3400 vifs remerciements et gratitude aux responsables et personnel de
3200 l’ONAREP qui ont mis à leur disposition le matériel géologique.
3000
Les auteurs remercient également Dr. Frédéric Vitali (Instituto
Profondeur (m)

Tecnologico e Nuclear de Sacavem, Portugal) pour la lecture


2800
critique du manuscrit initial, qui était soumis à la revue Gaia
2600 (Portugal).
2400

2200
Références
2000
Adams A.E., Ager D.V. & Harding A.G. 1980. Géologie de la
0 30000 60000 90000 120000 150000 180000 210000 240000
région d’Imouzzer des Ida-ou-Tanane (Haut Atlas
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Sr
3600
Ba Haut Atlas occidental et de la plaine du Souss. Notes & Mém.
3400
Pb
Serv. géol. Maroc, 157, 322 p.
Bernardin C. 1988. Interprétation gravimétrique et structure
3200
profonde de la Meseta marocaine et de sa marge atlantique.
3000 Thèse, Univ. Marseille, France, 162 p.
Profondeur (m)

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Dans ce travail, nous avons montré que les interfaces Clarendon Press. Oxford, 32, 39 p.
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Fakhi et al. – géochimie des forages OYB-1 et NDK-2

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in marine sediments. Geochim. Cosmochim. Acta, 37, 1, 35-
51. NDLR : Le présent article a été initialement proposé et accepté
Molinari J. & Snodgrass W.J. 1990. The Chemistry and pour publication au volume de l’année 2002 la revue Gaia
radiochemistry of Radium and the other elements of the (Lisbonne), dont la parution s’est arrêtée pour des raisons
uranium and thorium natural decay series. AIEA, Technical financières. Il a été accepté dans le présent numéro après
Report, Vol. 2, 11-27. modifications mineures.

69
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