Mli Rapport Synthese-Phase 2 Nexus Au Mali VF

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 13

Évaluation du processus Nexus au Mali et appui

technique à sa mise en œuvre

Rapport synthèse de la phase 2

Juillet 2020

Auteur : Comité de Pilotage du Processus Nexus au Mali


Rapport synthèse de la phase 21

Table des matières

Sigles et acronymes ................................................................................................................................. 3


1 Le Nexus au Mali : Pourquoi et comment-introduction au processus ............................................ 4
1.1 Pertinence du Nexus au Mali................................................................................................... 4
2 L’approche Nexus au Mali ............................................................................................................... 7
2.1 Des objectifs multiples ............................................................................................................ 7
2.2 Des limites fortes ..................................................................................................................... 8
2.3 Une méthodologie adaptée au contexte du Mali ................................................................... 8
2.3.1 Le choix du double Nexus ................................................................................................ 8
2.3.2 L’approche par situation-type dans le contexte volatile du Mali.................................... 9
2.3.3 Les défis liés à l’approche du double Nexus dans le contexte spécifique du Mali........ 10
3 Les responsabilités des différents acteurs dans l’opérationnalisation du Nexus humanitaire-
développement au Mali ........................................................................................................................ 11
3.1.1 Analyse conjointe du contexte et des besoins et par situation type ............................ 11
3.1.2 Définition des résultats collectifs .................................................................................. 11
3.1.3 Plan pluriannuel : focus sur les résultats communs à moyen terme ............................ 11
3.1.4 Valorisation de la subsidiarité des actions humanitaires-développement ................... 12
3.1.5 Meilleure coordination à tous les niveaux .................................................................... 12
3.1.6 Dialogue politique avec les ministères concernés ........................................................ 12
3.1.7 Inclusivité sur base d’une approche Protection ............................................................ 12
3.1.8 Financement flexible et de moyen terme ..................................................................... 12
3.1.9 Suivi et évaluation du progrès selon le cadre commun ................................................ 13
3.1.10 Capacité d’intervention d’urgence renforcée ............................................................... 13
4 Les prochaines étapes et la coordination de la mise en œuvre de l’approche Nexus au Mali ..... 13

1
Ce rapport fait la synthèse de la phase 2 du processus Nexus humanitaire-développement au Mali et
complète les 4 rapports sectoriels et 1 rapport protection de l’assistance technique pour le Nexus déployée
entre février et juin 2019 au Mali.

2
SIGLES ET ACRONYMES
CRZPC Commission de Réhabilitation des Zones Post-Conflit
ECHO European Commission Humanitarian Office
FONGIM Forum des ONG Internationales au Mali
GEC Groupe Exécutif de Coopération
GT Groupe Technique/Thématique
OCHA Bureau de coordination des Affaires Humanitaires
ODD Objectifs du Développement Durable
ONG Organisation non Gouvernementale
OSC Organisation de la Société Civile
PAM Programme Alimentaire Mondial
PTF Partenaires Techniques et Financier
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

3
1 LE NEXUS AU MALI : POURQUOI ET COMMENT-INTRODUCTION AU
PROCESSUS

1.1 PERTINENCE DU NEXUS AU MALI


1.1.1. Le contexte
Le Mali est affecté par une multiplicité de crises de diverses natures, certaines de basse intensité mais
s’inscrivant dans la durée, d’autres plus récentes et intenses, mais toutes liées entre elles à divers
égards et impactant la présence effective de l’Etat sur le territoire.
Cette situation fait que suite à leur retrait amorcé en 2012, les services techniques de l’État n’ont
toujours pas été redéployés dans les régions du nord et l’accès aux services sociaux de base reste
essentiellement dépendant de l’assistance humanitaire, alors que les gains escomptés de nombreuses
initiatives de développement se font toujours attendre, pour l’essentiel.
Au centre du Mali, les services sociaux de base fournis par des services techniques encore
partiellement présents ont été relativement fonctionnels jusqu’à récemment. Cependant, la rapide
dégradation du contexte sécuritaire dans les régions du centre a conduit à une rapide perte de
fonctionnalité et d’accessibilité des services, générant une augmentation exponentielle de besoins
humanitaires urgents ainsi qu’un recul relatif et un changement de focus des programmes de
développement.
Depuis 2012, le Mali fait donc face à une crise qui perdure dans le temps. Cette crise prolongée résulte
d’une combinaison de facteurs tant structurels que conjoncturels, notamment, le déficit de
Gouvernance, les changements climatiques ayant lourdement impacté les équilibres de gestion des
ressources naturelles, les conflits, les pandémies, la mauvaise gestion de la rapide croissance
démographique, la faiblesse du système éducatif, le sous-investissement dans les services sociaux et
les infrastructures de base. Ces différents déterminants ont contribué à amplifier et rendre chroniques
les risques et vulnérabilités auxquels sont confrontés les populations.
Les crises actuelles génèrent un nombre toujours croissant de personnes déplacées internes (PDI),
aussi bien au Nord et au Centre, quoi que pour des raisons différentes. Alors que le Nord était
considéré comme la partie la plus dangereuse du Mali il y a encore peu, on voit aujourd’hui de très
nombreux PDIs fuir le Centre pour se réfugier dans certaines zones du Nord, illustrant ainsi la
complexité et le dynamisme de la crise malienne.
La situation prévalant dans les régions du Nord et du Centre n’est pas homogène et présente des
problématiques et besoins divers, ainsi que des problèmes de sécurité de nature et d’intensité
différentes. Néanmoins, de nombreuses organisations non gouvernementales nationales et
internationales, humanitaires et de développement, organisations de la société civiles, agences UN et
services de la Croix Rouge ont accès au terrain, à des degrés divers ainsi qu’avec différentes contraintes
de sécurité, et mettent effectivement en œuvre de nombreux programmes couvrant une large gamme
d’activités humanitaires et de développement, avec néanmoins une augmentation des premières et
une réduction des secondes depuis 2018. Les plus grands absents semblent être les services sociaux et
administratifs de l’Etat et ses personnels.
La crise prolongée et complexe du Mali impose aux acteurs humanitaires et de développement une
nécessaire adaptation tout en évitant le travail en silo. Les acteurs humanitaires ne doivent plus se
limiter qu’à des interventions à court terme, isolées, reproduites année après année, mais au contraire
chercher à associer l’ensemble des autres acteurs incluant leurs bénéficiaires à des opportunités de
développement et les acteurs de développement doivent, tout en cherchant à̀ réaliser les objectifs de
développement durable, cibler les populations vulnérables et à risque en intégrant aussi l’ensemble
des acteurs dont les bénéficiaires des actions humanitaires. Ainsi, les organisations ayant un mandat

4
humanitaire devraient intégrer dans leurs approches la mise en œuvre d’activités structurelles/de
développement/de transition. A l’inverse, les principaux partenaires de développement devraient
tenir compte de la nature humanitaire de la crise dans leur programmation.

1.1.2. Les besoins


Les besoins sont très similaires dans l’ensemble des régions du nord et du centre mais le contexte
politique et sécuritaire diffère significativement d’une zone à l’autre, impactant différemment la
fonctionnalité des services techniques et l’accès aux services sociaux de base. Selon ces paramètres et
les secteurs concernés, les options ci-dessous peuvent s’appliquer, parfois en parallèle et avec un fort
besoin de nuances et de contextualisation :
• Assurer un accès immédiat à des services sociaux de qualité pour les populations affectées par
les conflits, dans les secteurs de santé & nutrition, éducation, sécurité alimentaire et eau,
hygiène et assainissement, tout en contribuant à la protection des usagers des services et à
prévenir les violations de leurs droits.
Cela implique :
o Une assistance humanitaire adaptée aux besoins et au contexte dans les situations de
conflit actif et d’insécurité, compensant l’absence de l’Etat dans une perspective
temporaire et, dans la mesure du possible, dans le respect des politiques sectorielles
nationales.
o Une assistance d’urgence répondant aux besoins essentiels des populations
déplacées, avec l’objectif de leur redonner accès à des services sociaux fonctionnels
dans leur lieu de déplacement ou de relocalisation.
o Un appui à la fonctionnalité de services sociaux clés de façon à compenser et mitiger
la perte d’accès des services techniques de l’Etat tout en absorbant les besoins référés
par les organisations humanitaires. Cette approche complémentaire et non
substitutive est particulièrement adoptée dans le centre.
• Appuyer le redéploiement des services techniques de l’Etat dans le but de pérenniser l’accès
aux services sociaux de base.
Cela implique :
o Soutenir la transition entre approches humanitaire et de développement dans la
couverture des besoins sociaux de base par des services techniques bénéficiant d’un
appui structurant à moyen et long terme.
o Ajuster le niveau de transition aux réalités locales en fonctions de paramètres
géographiques, socio-économiques et sécuritaires.
o Maintenir les éléments d’aide humanitaire nécessaires là et/ou quand les services
techniques ne sont pas en mesure de reprendre la gestion effective des services
concernés.
• Appuyer le renforcement structurel des services techniques concernés au niveau central,
régional et local.
Cela implique :
o Ajuster les politiques sectorielles aux réalités géographiques et socio-économique du
Mali : Un système unique n’est pas adapté à l’ensemble du territoire ; d’importants
flux migratoires ont modifié les équilibres antérieurs aux conflits.
o Ajuster les politiques sectorielles aux réalités politiques et administratives résultant
du conflit.
1.1.3. Les limites des approches actuelles
5
• L’aide humanitaire tend à couvrir certains besoins sociaux de base (santé & nutrition,
éducation…) dans une approche de substitution ou de complémentarité, selon les cas, aux
services de l’Etat, dans les régions du Nord et du centre. Les programmes humanitaires étant
de court terme par essence, cela ne permet pas d’appuyer le redéploiement de services
adaptés à une réalité socio-économique, politique et sécuritaire modifiée. La baisse régulière
des fonds humanitaires observée ces dernières années rend cette approche déjà non pérenne
de moins en moins adaptée aux besoins, avec le risque que certains services sociaux de base
cessent totalement d’être disponibles dans certaines zones du pays. Cela pourrait se traduire
par de nouvelles crises humanitaires.
• Plus récemment dans les régions du centre, l’aide humanitaire s’emploie à compenser l’impact
négatif sur certains services sociaux des conflits intercommunautaires et ceux entre forces de
sécurité et groupes armés radicaux. Cet effort se focalise sur l’appui à la fonctionnalité et
l’accessibilité des services, usant de modalité alternatives et adaptées aux contraintes
spécifiques de ces zones de conflits complexes. Si l’éducation a été le secteur le plus touché
dans un premier temps, l’ensemble des services sociaux et administratifs semblent être pris
dans cette dynamique négative du fait de l’accumulation et de l’intensification des tensions et
fractures intercommunautaires. L’aide humanitaire offre des modalités d’assistance adaptées
à court terme mais ne peut en aucun cas résoudre les causes fondamentales de ces conflits, ni
« reconstruire » les services impactés ou encore moins favoriser la reprise des activités de
relèvement et de développement
• La diversité des conflits et crises affectant les régions du Nord et du Centre a généré un nombre
très important de personnes déplacées internes (PDI). Aucun chiffre disponible, qu’ils soient
fournis par les services de l’Etat ou par la communauté humanitaire, ne produit une estimation
réaliste de la situation, aussi bien en termes de déplacements, de retours et de besoins
d’assistance. Les outils de coordination et de réponse aux besoins humanitaires des personnes
déplacées permettent de couvrir la majeure partie des besoins essentiels immédiats dans les
divers secteurs concernés. Cependant, que les PDI choisissent de retourner à leur lieu d’origine
ou de se réinstaller dans un lieu alternatif, leur situation de déplacement génère des besoins
à court, moyen et long terme que l’assistance humanitaire ne peut couvrir seule. Cette
situation, rapportée à plusieurs centaines de milliers de personnes affectées depuis 2016,
toutes catégories confondues (retournés, relocalisés, intégrés, déplacements multiples), a un
potentiel important de déstabilisation locale du fait de la vulnérabilité extrême et des risques
de protection importants auxquels font face ces populations, impactant également les
populations hôtes et les services de l’Etat saturés par l’afflux de PDI. Les stratégies actuelles
ne semblent pas pouvoir mobiliser les modalités d’assistance ainsi que les ressources
nécessaires à la résolution de cette situation.
• La crise nutritionnelle affectant le Mali depuis de nombreuses années et résultant de l’effet
combiné de chocs climatiques répétitifs et du manque de résilience des populations est un
élément aggravant de l’impact des conflits sur la vulnérabilité des populations. On observe que
la combinaison des aides humanitaires et de développement dans ce secteur ne parviennent
pas à inverser, ni même stabiliser, les tendances, d’une part par manque de ressources et
d’autre part du fait de l’absence de tissus socio-économique offrant des opportunités et
alternatives suffisantes, le retrait des services techniques de l’Etat tendant à aggraver
d’avantage la situation.
• L’aide au développement, multiformes, qu’elle soit basée sur l’appui budgétaire, centralisée
ou décentralisée, en appui aux programmes et services gouvernementaux, via des projets
sectoriels autonomes ou intégrés à une stratégie gouvernementale (ex. PSIRC), fait face à
d’importants (croissants ?) obstacles au Nord comme au Centre. En effet, le recul et/ou la
perte de fonctionnalité des services sociaux, techniques et administratifs de l’Etat dans de
nombreuses zones du Nord et du Centre, rendent difficile l’identification de partenaires et de
stratégies adaptées à des problématiques particulièrement fluides. Bien que de nombreux
6
acteurs soient actifs sur le terrain (UN et ONG, OSC…), la présence, voire le redéploiement de
l’Etat, est essentiel à la reconstruction de services adaptés aux nouvelles réalités locales.

2 L’APPROCHE NEXUS AU MALI


Le Nexus est conçu comme une approche permettant le renforcement du lien entre humanitaire et
développement afin d’atteindre des objectifs collectifs. Il s’appuie sur la nécessité pour les acteurs de
s’accorder pour une optimisation de l’efficacité des ressources humanitaires et de développement
disponibles. Il vise à assurer une continuité voire une coordination programmatique et opérationnelle
(plus que des acteurs). Cette programmation doit se faire en combinant diverses options en fonction
de la spécificité du contexte et des dynamiques dans chaque zone concernée.
Au niveau international, on peut louer les importants efforts de relier humanitaire et développement.
Dans ce cadre, on peut souligner le New Way Of Working, énoncé principalement par les Nations Unies
à la suite de la conférence humanitaire d’Istanbul de 2016, les déclarations politiques sur le Nexus de
l’Union Européenne en 2017.
Au Mali, la mise en œuvre consciente et structurée comme telle de l’approche Nexus a commencé en
2017 suite aux recommandations de la mission STAIT (Senior Transformative Agenda Implémentation
Team). Le Groupe Exécutif de Coopération (GEC) a donné mandat à la Commission de Réhabilitation
des Zones Post-Conflit (CRZPC) de faciliter sa mise en œuvre.
Depuis cette période, la CRZPC a travaillé avec des binômes de fora sectoriels (formés à partir de
Groupe Thématiques et Sous-Groupes Thématiques des PTF et Cluster) afin de définir des axes
stratégiques pour chacun des secteurs concernés par le Nexus.
Un groupe restreint dédié exclusivement à l’approche Nexus pour accompagner le processus et
conseiller toutes les parties prenantes au Mali a été mis en place. Ce groupe a pour mission d’informer
mensuellement sur les avancées du processus Nexus et soumet ses recommandations au GEC après
validation en réunion plénière de la CRZPC. Il est composé en ce qui concerne les Nations Unies des
agences suivantes : PNUD, UNICEF, PAM et OCHA ; des co-facilitateurs de la CRZPC, de deux
représentants d’ONGI lead du GTAH/FONGIM ; de trois représentants des PTF (ECHO, Allemagne,
Suisse) ; et du Conseiller Nexus du PAM qui a appuyé la Task Force Nexus jusqu’en juin 2018.
Ce groupe a développé une note de cadrage sur le Nexus mais par manque de compréhension
commune des étapes clés du Nexus, il n’y pas eu d’avancées souhaitées. En conséquence, un groupe
de Partenaires Techniques et Financiers (PTF) composé de la Délégation de l’Union Européenne, la
Suisse et le Luxembourg, s’est entendu pour financer une assistance technique destinée à évaluer les
réalisations à ce jour, puis relancer et encadrer le processus.

2.1 DES OBJECTIFS MULTIPLES


• Apporter une aide humanitaire d’urgence dans les zones en proie aux attaques multiformes
des groupes armées et aux populations déplacées internes à travers le Mali.
• Appuyer une reprise progressive et maîtrisée par les services de l’Etat de la couverture des
besoins essentiels de la population actuellement couverts via des programmes humanitaires
au niveau local.
• Appuyer la reconstruction ou le renforcement des capacités techniques des services de l’Etat
(niveau national, régional, cercle) dans les secteurs et les zones géographiques concernés par
la transition Humanitaire – Développement / Etat.
• Appuyer la réforme des politiques sectorielles concernées sur la base des nouvelles réalités
socio-économiques, politiques et sécuritaires issues du conflit.

7
• Créer les conditions d’une reprise progressive des initiatives de développement dans un
contexte de crise prolongée.
• Eviter / limiter la perte de fonctionnalité des services sociaux de base dans les zones de conflit
où les services de l’Etat et les bénéficiaires perdent partiellement l’accès.
• Assurer la provision des services essentiels pour la couverture des besoins fondamentaux par
l’assistance humanitaire dans les zones où les services de l’Etat ne sont pas présents.
• Eviter / remédier aux situations non justifiées de substitution partielle ou totale de l’aide
humanitaire aux services de l’Etat.

2.2 DES LIMITES FORTES


• Faible appropriation de l’approche Nexus humanitaire-développement par les acteurs
gouvernementaux et des collectivités territoriales.
• Faible implication de la partie malienne (gouvernement et collectivités territoriales dans les
réflexions sur l’approche Nexus humanitaire-développement au Mali et dans sa mise en
œuvre.
• Absence d’analyse et de stratégies sectorielles conjointes des acteurs et bailleurs humanitaire
et de développement, ainsi que des services techniques de l’Etat.
• Absence de mécanismes de financement ou de coordination des financements permettant
une approche cohérente et efficace des divers acteurs impliqués sur l’ensemble du champ
d’intervention dans un secteur donné.
• Manque de flexibilité des mécanismes de financement et stratégies associées permettant
d’adapter les ressources d’aide au développement classique (hors stabilisation et sécurité)
disponibles à des réalités très dynamiques.
• Compréhension insuffisante par les acteurs des réalités sécuritaires et d’accès aux régions du
centre et du nord affectant la définition et la mise en œuvre des programmes de
développement.
• Interférences politiques et sécuritaires dans la définition des programmes et les
méthodologies de mise en œuvre.
• Multiplicité de plateformes de coordination travaillant en silo et peu efficaces
• Manque de volonté ou d’intérêt à l’égard d’une coordination forte permettant une réelle
collaboration entre les divers acteurs concernés.
• Manque d’intérêt à mutualiser les moyens et les ressources pour les analyses contextuelles et
les réalisations communes répondant au mieux aux besoins des populations.
• Complexité de la mise en œuvre d’un double Nexus humanitaire-développement dans un
contexte marqué par la présence divers groupes armés (terroristes, auto-défense
communautaire, bandits) et hautement militarisé.

2.3 UNE METHODOLOGIE ADAPTEE AU CONTEXTE DU MALI


2.3.1 Le choix du double Nexus
Au Mali, la terminologie Paix du triple Nexus n’est pas comprise de la même manière par tous les
acteurs, parfois perçue comme pouvant inclure des notions de maintien de la paix, impliquant la force
armée (militarisation de l’aide dans un contexte de mission intégrée). Cette approche Triple Nexus

8
suscite donc de grandes réticences de beaucoup d’acteurs humanitaires qui ne souhaitent pas s’y
engager.
De ce fait, un consensus a été dégagé sur un Nexus Humanitaire-Développement et approuvé par le
GEC en 2018.
Il comprend la possibilité d’inclure des notions liées à la résolution et transformation des conflits, la
médiation, la cohésion sociale (autant de notions qui permettent une cessation des violences par le
dialogue), mais cela ne peut pas constituer un objectif en soi.

2.3.2 L’approche par situation-type dans le contexte volatile du Mali


La méthodologie proposée par la mission Nexus s’appuie sur une analyse par situation-type. En effet,
la situation est trop volatile pour retenir une « zone Nexus » et dans une même zone le contexte peut
changer rapidement. Il y a donc besoin d’une approche permettant une adaptation : L’idée est donc,
plutôt que de caractériser géographiquement (telle région, cercle serait ou ne serait pas Nexus), de
caractériser les situations par rapport à un ensemble de paramètres, qui vont avoir un impact fort sur
les modalités d’intervention possibles et souhaitables dans une zone. Cette méthodologie a permis de
déterminer quatre situations-types (humanitaire, redéploiement, dégradation et développement) qui
regroupent des enjeux différents d’articulation humanitaire-développement.

2.3.2.1 Les secteurs.


Les secteurs concernés sont ceux impliquant des approches humanitaires et de développement : Santé
& nutrition, éducation, sécurité alimentaire et eau, hygiène, assainissement. Les questions de
protection sont traitées de façon transversale dans ces différents secteurs. Dans ce sens, l’assistance
technique a produit quatre rapports sectoriels incluant les feuilles de route y afférentes ainsi qu’un
rapport sur l’intégration d’une approche centrée sur la protection au Nexus humanitaire et de
développement comme thème transversal.

2.3.2.2 Les situations types retenues et les paramètres.


La spécificité du contexte volatile du Mali est ici divisée en catégories de sous-contextes appelés «
situations-types ».
Les « paramètres » sont l’ensemble des éléments qui, lorsqu’ils varient, modifient la situation type
d’une zone donnée, pour un secteur donné : des situations types différentes peuvent cohabiter dans
une même zone selon la cible géographique, l’échelle administrative et le secteur concerné.
Les situations types définies sur la base de paramètres communs sont bien sûr une simplification de
situations complexes et dynamiques. Cependant, elles doivent permettre de donner une direction,
pour chacun des secteurs, des enjeux (plus que les besoins) conjoncturels et structurels et des grands
axes stratégiques sur lesquels l’articulation humanitaire/ développement doit se faire.
L’Assistance Technique avec les principaux acteurs sectoriels, a identifié quatre « situations-types » qui
correspondent aux principales situations auxquelles est confronté actuellement le Mali.
9
• Situation « type » humanitaire : Absence de l’Etat, départ des acteurs de développement.
Présence d’acteurs humanitaires pour délivrer des services sociaux de base, le plus souvent
gratuits, en remplacement des services normalement rendus par l’Etat ou ses services
déconcentrés.
• Situation type « redéploiement » : Retour progressif (y compris embryonnaire – obstacles,
difficultés d’accès) à la fois des agents de l’Etat, à différents niveaux, et des acteurs de
développement, voire des populations (retournées). Forte présence d’acteurs humanitaires
sur le terrain, avec des modalités d’actions ne s’inscrivant pas forcément dans le cadre national
(ex : gratuité des soins), même si des efforts et stratégies de transitions sont développées
depuis quelque temps.
• Situation type « dégradation » : Présence de conflits dans la zone, notamment de nature
intercommunautaire, et contexte donc plus volatile. Présence (historique) des acteurs de
développement, arrivée plus récente des projets humanitaires, souvent mis en œuvre par les
mêmes ONG. Services de l’Etat présents mais plus sporadiques, voir en recul, au niveau local,
et besoins de types humanitaires en hausse (déplacements de population etc.).
• Situation type « développement » avec risques récurrents : Présence des Services de l’État,
des acteurs de développement, pas ou peu d’humanitaires. Besoins structurels partiellement
satisfaits en termes d’accès au service. Impact de crises saisonnières (ponctuelles ou latentes)
de type climatique ; soudure ; malnutrition, dans laquelle l’accès n’est en général pas
problématique (sauf si combinée à une situation-type ci-dessus), avec une difficulté des
acteurs étatiques à prendre en charge un besoin additionnel. Objectifs type ODD avec aspects
préparation/DRR/mitigation à prendre en compte.
Pour l’ensemble de ces situations, la protection doit être pensée de façon transversale. En effet, à
travers l’intégration des principes de protection dans les analyses, les acteurs de l’aide (humanitaire
ou de développement) peuvent s’assurer que leurs activités ne créent pas ou n’aggravent pas des
risques de protection pour les personnes affectées par les conflits, qu’ils incluent bien les personnes
avec des besoins spécifiques et celles qui sont marginalisées, et qu’ils améliorent leur sécurité et leur
dignité.

2.3.3 Les défis liés à l’approche du double Nexus dans le contexte spécifique du Mali
Au niveau international, mais aussi au Mali, un débat intense existe sur l’association de la composante
stabilisation à l’aide humanitaire ou de développement. Il existe des fortes pressions politiques de la
part des Etats impliqués directement ou indirectement dans le processus de paix au Mali, pour que
l'aide au développement, les réponses humanitaires et les appuis à la paix/stabilisation/prévention des
conflits financés par ces mêmes pays soient opérationnellement liées. Ainsi :
• Dans le contexte de conflits armés au Mali où l’accès aux zones de conflits est particulière
difficile et où cohabitent les acteurs humanitaires avec les multiples acteurs de paix,
notamment les forces militaires, la question du respect des principes humanitaires devient
complexe.
• Le contexte de faiblesse et même d’absence prolongée des autorités et des services de base,
soulève la sensible et complexe nécessité de nuancer dans le principe de neutralité le soutien
des services sociaux du soutien à l’Etat qui peut être partie au conflit.

10
3 LES RESPONSABILITES DES DIFFERENTS ACTEURS DANS
L’OPERATIONNALISATION DU NEXUS HUMANITAIRE-DEVELOPPEMENT AU
MALI
Sur la base des axes stratégiques ci-dessous définis les différents acteurs devraient/pourraient se
mettre d’accord de manière collective dans un premier temps. Afin de dépasser le clivage action
humanitaire et de développement, ces stratégies peuvent servir de base pour améliorer la
compréhension commune de l’approche NEXUS et son opérationnalisation.

3.1.1 Analyse conjointe du contexte et des besoins et par situation type


Afin de mieux pouvoir définir les actions humanitaires et de développement répondant de manière
plus effective aux besoins de la population, il est nécessaire d’approfondir la compréhension du
contexte et des causes profondes du faible développement et des crises. Cette analyse doit être
effectuée non seulement au niveau national, mais surtout au niveau local/régional où les impacts des
crises complexes sont les plus ressentis.
L’analyse conjointe du contexte, des causes profondes et de la situation des conflits permet aux acteurs
concernés d’acquérir une compréhension partagée permettant de mieux définir les interventions
nécessaires. Elle doit être partagée dans la mesure du possible par un maximum d'acteurs présents,
humanitaires et développement, autorités locales, services techniques, communautés. L’analyse
contextuelle doit se baser sur l’évaluation des besoins de la population, soit des besoins d’urgence ou
des besoins structurels, et s’adapter à la volatilité du contexte malien et ce, en fonction des situations
types décrites plus haut. L’analyse conjointe du contexte et des besoins a pour objectifs de mieux
comprendre les causes de ces besoins, les risques de détérioration de la situation, les capacités de
réponse disponibles et les lacunes des interventions déjà existantes. C’est l’analyse des besoins et des
priorités qui est la base des actions.

3.1.2 Définition des résultats collectifs


Beaucoup d’actions permettent de mettre en place des secours d’urgence, mais elles ne parviennent
pas à améliorer durablement les perspectives d’un grand nombre de personnes. Afin de répondre au
manque d’intégration et d’articulation des initiatives dispersées et non-coordonnées, il est important
de définir des objectifs et réalisations collectives qui permettent à l’ensemble des acteurs (y compris
les autorités nationales et locales) de poursuivre des résultats communément acceptés. Ainsi, les
acteurs humanitaires peuvent s’associer à la réalisation des résultats à long terme et les acteurs de
développement peuvent contribuer aux réponses à des besoins sur le court terme. L’analyse conjointe
du contexte permettra d’identifier et prioriser les causes premières des besoins et servira de base pour
la détermination des réalisations collectives et la stratégie de planification autour des objectifs
collectifs. Il faut dans la mesure du possible les aligner aux Objectifs de Développement Durables 2030
et à ses indicateurs de suivi.

3.1.3 Plan pluriannuel : focus sur les résultats communs à moyen terme
La définition de résultats collectifs, soit en matière d’urgence ou de développement, dans les domaines
de l’alimentation, la santé, l’éducation ou l’approvisionnement en eau, doit être élaborée selon des
plans pluriannuels définissant les rôles de chaque acteur, les cibles annuelles visées et les ressources
à mobiliser. Ces plans doivent être conçus pour une période de trois à cinq ans permettant une
adaptation rapide à une situation changeante et une certaine flexibilité d’approche en cas de besoin.
Cette planification conjointe des plans d’action communs doit être alignée au plan de réponse
humanitaire pluriannuel.

11
3.1.4 Valorisation de la subsidiarité des actions humanitaires-développement
Les organisations responsables de la mise en œuvre des actions humanitaires, d’un côté, et de
développement, de l’autre, sont des structures bien distinctes avec des approches et des temporalités
bien différentes. Ce chevauchement entre les actions de court et long terme et entre la réponse aux
besoins d’urgence conjoncturelle et la réponse aux causes de sous-développement structurelles,
nécessite un changement profond dans l’articulation des actions humanitaires et de développement.
Dès le début des interventions, il faut promouvoir la collaboration entre elles. En coopérant et se
basant sur les mandats de chacune, les organisations d’aide peuvent mieux s’adapter à une situation
changeante ou mieux répondre aux opportunités.

3.1.5 Meilleure coordination à tous les niveaux


Une fois que les réalisations collectives attendues ont été définies et que les plans pluriannuels ont été
établis, il faut organiser la coordination en fonction des résultats attendus. La coordination parmi les
différents acteurs doit surtout être renforcée au niveau décentralisé. Les autorités locales, avec les
membres des sous-clusters, doivent jouer un rôle important dans la coordination des actions. Au
niveau national également la coordination des Groupes de Travail PTF, les Clusters et les ONGs du
FONGIM doit être renforcée afin de mieux articuler les actions humanitaires et de développement. Un
système d’information de toutes les interventions doit être élaboré, pour permettre une meilleure
coordination et partage de l’information parmi les acteurs concernés, y compris les autorités
nationales et décentralisées.

3.1.6 Dialogue politique avec les ministères concernés


Il est important de renforcer le dialogue avec le gouvernement et surtout les ministères en charge des
services sociaux de base pour le retour rapide et la fonctionnalité des services publics dans les régions
du Nord et du Centre du pays. L’élaboration des politiques et stratégies sectorielles devra également
être encourager à intégrer au mieux l’approche Nexus humanitaire-développement dans un contexte
de conflit fluide, selon des scénarios répondant à une situation-type (humanitaire, dégradation,
redéploiement, ou développement).

3.1.7 Inclusivité sur base d’une approche Protection


La protection de la population est centrale et doit être intégrée au processus de planification générale
dès le début, tant dans les politiques et stratégies qu’au sein des mécanismes des PTF et de l’UNSDCF.
La centralité de la protection implique de veiller à ce que le leadership, la coordination et la
participation à la protection soient stratégiques, alignés et orientés vers une réponse plus forte au
niveau de l’ensemble des secteurs. La protection des droits des personnes est principalement le devoir
de l’État et, en cas de conflit, des parties du conflit. Les coordinateurs des Clusters, les équipes pays
humanitaires (EPH) et leurs homologues du développement sont chargés de veiller à ce que la
protection soit l'objectif et le résultat attendu des actions de la réponse humanitaire et du
développement.

3.1.8 Financement flexible et de moyen terme


Le financement des plans d’action humanitaires et de développement doit être plus flexible et sur une
période de moyen terme (3-5 ans) pour répondre à une situation prolongée. Ce financement flexible
est surtout important pour une situation de redéploiement et de retour des services de base
répondant aux besoins de la population. L’exercice de planification pluriannuelle doit identifier les
situations qui ne sont ni typiquement humanitaires ni de développement afin de sensibiliser les
bailleurs sur les activités qui rentrent moins classiquement dans le financement international, et qui
sont donc en risque de sous-financement.

12
3.1.9 Suivi et évaluation du progrès selon le cadre commun
Il est important que les acteurs aux niveaux national et local – y compris les autorités, les bailleurs, les
Clusters et le coordonnateur résident humanitaire - s’assurent d’un suivi rapproché de la mise en
œuvre par les organisations concernées sur base des critères de performance bien définis et basés sur
le cadre commun des résultats. Un système de suivi et d’évaluation est bien mis en place pour guider
la réalisation du plan pluriannuel.

3.1.10 Capacité d’intervention d’urgence renforcée


Au Mali, les situations appelant à la mise en place d’actions d’aide d’urgence et de protection des vies
humaines dans l’immédiat continueront. Dans les situations de conflits aigüs les interventions
d’urgence et de protection des populations déplacées ou affectées reste une tâche importante de la
communauté humanitaire.

4 LES PROCHAINES ETAPES ET LA COORDINATION DE LA MISE EN ŒUVRE DE


L’APPROCHE NEXUS AU MALI
La production et la validation des 4 rapports sectoriels, le rapport sur l’intégration de la protection
comme thématique transversale et ce rapport synthèse marquent la fin de la deuxième phase de
l’Assistance Technique.
La troisième phase de l’assistance Technique sera consacrée à l’accompagnement des acteurs et de la
co-coordination CRZPC dans la coordination du processus ainsi qu’au suivi de la mise en œuvre des
différentes feuilles de route sectorielles.

13

Vous aimerez peut-être aussi