CHAP 1 - Marché Et Prix - 1ère L2-Economie Générale

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Chapitre I/ Marchés et Prix

Introduction

La société doit trouver un moyen ou un autre pour décider que produire, comment produire,
pour qui produire. Les économies reposent largement sur les marchés et sur les prix pour
allouer leurs ressources en divers emplois alternatifs.

L’interaction entre la demande (le comportement des acheteurs) et l’offre (comportement des
vendeurs) détermine la quantité de biens produite et le prix auquel elle est achetée et vendue.

Offre et Demande sont les deux mots les plus utilisés du vocabulaire économique. Offre et
Demande sont en effet, les forces qui tourner une économie de marché. Elles déterminent la
quantité de chaque bien produite ainsi que le prix de vente.

Section 1/ La formation des prix

1.1 Les théories explicatives de l’origine de la valeur

Au XVIIIe siècle, l’une des questions les plus controversées parmi les économistes est la
question de la valeur : qu’est-ce qui fait que les choses ont une valeur, c’est-à-dire que le
propriétaire n’accepte pas de s’en défaire sauf contrepartie ? La question de la valeur sous-
entend l’explication des prix, qui sont les rapports d’échange entre les objets. L’enjeu est donc
important.

Deux hypothèses s’affrontent : l’hypothèse de l’utilité et l’hypothèse des coûts de production,


assimilés au coût en travail. Les théories de la valeur fondées sur la première hypothèse sont
dites théories de la valeur-utilité tandis que les autres sont appelées théories de la valeur-
travail.

1.1.1 La théorie de la valeur-utilité

Les théories de la valeur-utilité remontent à l’Antiquité grecque et plus particulièrement à


Aristote. Pour celui-ci, la finalité de l’homme est le bonheur, qui peut être atteint non
seulement par la pensée, donnant la forme suprême du bonheur, mais aussi par les honneurs
ou le plaisir. Dès lors, Aristote admet que les objets matériels concourent au bonheur des
hommes et l’utilité qu’ils tirent de ces objets donne la mesure de leur satisfaction, donc de la
valeur qu’ils accordent à ces objets. Ainsi pour Aristote, l’utilité est le fondement de la
valeur.

1.1.2 La théorie de la valeur-travail

Les théories de la valeur-travail sont les plus récentes, formulées dès le XVIIe siècle dans les
pays de religion réformée, spécialement en Angleterre, avec Petty ou Locke. Selon la thèse
célèbre de Max Weber, l’éthique puritaine des protestants loue l’abstinence et le travail,
conçus comme une glorification de Dieu. Mais l’abstinence de consommation jointe à un
travail soutenu conduit inévitablement à une accumulation de richesses dont le juste prix
apparaît alors comme étant le coût en travail.
En fondant la valeur sur le travail incorporé dans les marchandises, la théorie de la valeur-
travail met l’accent sur les processus de production associant le travail des hommes au
fonctionnement des machines. Et ce qui est mesuré dans un objet, ce n’est pas l’addition de
travaux individuels bien identifiés, mais une sorte de substance homogène que l’on peut
appeler du « travail social », selon une expression marxiste. Ainsi la théorie de la valeur-
travail requiert d’emblée une vision globale de la société alors que la théorie de la valeur-
utilité déclinée plus haut révèle une conception beaucoup plus individualiste de l’économie.
En effet, la valeur des choses se fonde sur l’utilité qu’en ont les individus, et c’est à ces
individus qu’il convient de se référer en priorité pour connaître le prix qu’ils accordent aux
biens et services.

1.2 La demande et ses caractéristiques

La demande représente la quantité de produits que les acheteurs sont prêts à acquérir pour un
certain prix. L’analyse de la demande montre que, toutes choses égales par ailleurs, plus le
prix d’un bien est élevé, plus la quantité demandée est faible. Il s’agit de la loi de la
demande.

La courbe de la demande exprime la relation qui existe entre la quantité demandée et le prix
du bien ; elle constitue la représentation graphique de la fonction de demande.

Soient Q, la quantité demandée et P, le prix unitaire du bien demandé, on a :

Q = f (P) qui représente la fonction de demande.

Cette fonction de demande est décroissante et son expression mathématique est donnée par :

Q = a.P + b avec a < 0.

Graphique 1

Cette courbe de demande présente une pente négative : la baisse des prix tend à augmenter la
demande de biens et services. Une hausse des prix provoque une baisse de la quantité
demandée, une baisse des prix provoque une augmentation de cette quantité.
La demande peut se modifier :

- Si le prix des substituts se modifie

- Si le prix des compléments se modifie

- Lorsqu’il y a modification du revenu

- Lorsqu’il y a modification de la préférence des consommateurs

- Lorsqu’il y a modification de la taille de la population.

Exercice d’application n°1

Soit la fonction de demande suivante :

Q = -2P + 100

Faites sa représentation graphique en tenant compte de l’échelle suivante :

Abscisse : 1cm = 10u de Q

Ordonnée : 1cm = 10 u de P

1.3 L’offre et ses caractéristiques

L’offre de biens représente la quantité de celui-ci que les producteurs désirent vendre au cours
d’une période, compte tenu du prix en vigueur sur le marché.

L’analyse de l’offre montre que toutes choses égales par ailleurs, plus le prix d’un bien est
élevé, plus la quantité offerte est importante. C’est la loi de l’offre. Cette loi repose sur la
notion de rentabilité. Si les prix des facteurs de production restent constants, toute hausse du
prix d’un bien se traduit par un profit plus élevé pour les producteurs qui sont incités à
augmenter les quantités offertes. De plus, cette hausse de prix attire de nouveaux producteurs
sur le marché.

La courbe d’offre exprime la relation qui existe entre la quantité offerte et le prix du bien.
La fonction d’offre, qui est une fonction croissante des prix est de la forme :

Q = a.P + b avec a >0.

Graphique 2

Cette courbe d’offre présente une pente positive : la baisse des prix tend à réduire l’offre de
biens et services. Une hausse des prix provoque une hausse de la quantité offerte, une baisse
des prix provoque une baisse de cette quantité.

Une hausse du prix provoque un accroissement de la quantité offerte, une baisse du prix
provoque une diminution de cette quantité.

L’offre peut se modifier :

- Lorsque le prix des facteurs de production se modifie. Une hausse du coût du travail entraîne
une diminution de l’offre car les producteurs non rentables vont disparaître

- Par le progrès technique qui en réduisant les quantités utilisées de facteurs de production,
permet d’abaisser leur coût et contribue à augmenter l’offre

- Par la réglementation ; si des normes spécifiques sont imposées à la fabrication d’un produit,
la quantité offerte peut diminuer.

Exercice d’application n°2

Soit la fonction de demande suivante :

Q = 2P + 10

Faites sa représentation graphique en tenant compte de l’échelle suivante :

Abscisse : 1cm = 10u de Q

Ordonnée : 1cm = 10 u de P
1.4 Le prix d’équilibre du marché

Il s’agit de déterminer le prix qui fait que la quantité demandée soit la même que la quantité
offerte, autrement dit, le prix d’équilibre est celui qui égalise l’offre et la demande.

Prenons l’exemple d’un marché local du riz. Les offres et les demandes sont indiquées dans le
tableau suivant, lesquelles sont fonction du prix au kilogramme :

Si dans un premier temps, le prix du marché est de 30F le kilo, les producteurs proposent à la
vente 2000kg. Mais pour ce prix, la demande des commerçants et des grossistes n’est que de
600kg. Comme les nombreux producteurs qui sont en concurrence cherchent à écouler le
maximum de produits, le prix proposé aura tendance à baisser.

Si le prix passe de 30 à 20F, la demande double pour monter à 1200. Si le prix passe à 18F,
les vendeurs et les acheteurs sont d’accord sur les quantités qu’ils peuvent s’échanger à un tel
prix. On peut aussi remarquer que les acheteurs auraient demandé davantage avec un kilo à
10F (2200kg) mais à ce prix, l’offre aurait été insuffisante pour les satisfaire.

Le prix d’équilibre P* est atteint lorsque la quantité offerte est égale à la quantité demandée.
La quantité échangée Q* est telle que : O (P*) = D (P*) et graphiquement on obtient :
Exercice d’application n°3

Une étude du marché des pneus a révélé les informations suivantes : la demande peut être
représentée par l’équation Qd = – 2P + 100 ; alors que l’offre est représentée par l’équation
Qo = 2P + 10. A noter que les quantités sont exprimées en milliers de barres de pneus et les
prix en $.

Travail à faire

1/ Déterminez algébriquement le prix d’équilibre (P*) et la quantité d’équilibre (Q*).

2/ Déterminez graphiquement P* et Q*.

Abscisse : 1cm = 10u de Q

Ordonnée : 1cm = 10 u de P

Section 2/ Les différentes formes de marché

2.1 Définition du concept de marché

Au sens économique, le marché désigne l’ensemble des mécanismes assurant la rencontre


d’une offre et d’une demande pour aboutir à la détermination du prix auquel se
réalisent les échanges (achats et ventes). Le marché est donc le lieu de rencontre entre
l’offre et la demande. Cette rencontre peut s’effectuer en un lieu géographique précis mais le
plus souvent en économie, le marché renvoie à un lieu virtuel (exemple : marché du travail,
marché boursier, marché des changes etc…).

2.2 Critères de classification des marchés

On distingue quatre critères permettant de classer les marchés : le nombre de participants, la


liberté de ces participants, la connaissance qu’ils ont des réalités du marché et la qualité du
produit. Les trois premiers critères se rapportent au sujet de l’échange, c’est-à-dire les
participants et le dernier critère se rapporte à l’objet de l’échange, c’est-à-dire les produits.

2.2.1 Classification selon le nombre de participants

Selon cette classification, on distingue deux catégories de marchés : les marchés atomiques et
les marchés moléculaires.

2.2.1.1 L’atomicité

Un marché est dit atomique s’il comporte une infinité de vendeurs ou d’acheteurs et qu’aucun
d’entre ces participants ne puisse influencer le comportement des autres participants du fait de
leur petite taille. Par exemple, si un vendeur baisse son prix, les autres vendeurs ne le suivront
pas parce que ce vendeur représente une très faible part de marché.
2.2.1.2 La molécularité

Un marché est dit moléculaire s’il comporte un petit nombre de vendeurs ou d’acheteurs de
telle sorte qu’un vendeur ou un acheteur peut influencer le comportement des autres
participants. Par exemple dans un marché moléculaire comportant un petit nombre de
vendeurs, si l’un d’eux baisse son prix alors les autres vont suivre cette baisse afin de
préserver leurs parts de marché.

2.2.2 Classification selon le degré de liberté

La liberté des participants dans un marché se présente sous deux angles. Soit les agents
disposent d’une liberté parfaite ; dans ce cas, on dit que le marché est fluide. Soit la liberté des
participants est relativement restreinte et on parle alors de viscosité du marché.

2.2.2.1 La fluidité

Un marché est dit fluide lorsque ses participants ont une liberté totale d’entrée ou de sortie et
une mobilité interne parfaite au sein du marché.

2.2.2.2 La viscosité

A l’inverse, on dit qu’un marché est visqueux, si des obstacles se dressent devant les
participants à l’entrée, à la sortie ou à l’intérieur du marché. Ces obstacles peuvent être
d’ordre législatif, réglementaire, technologique, financier, sociologique etc.

2.2.3 Classification selon le degré de connaissance

Le degré de connaissance des mécanismes du marché par les participants se mesurent à partir
de deux critères : la transparence et l’opacité.

2.2.3.1 La transparence

Un marché est dit transparent lorsque ses participants disposent d’une information parfaite
concernant les réalités du marché telles que la composition des produits, leur prix, leur
quantité et leur qualité ainsi que les règles de fonctionnement du marché

2.2.3.2 L’opacité

Un marché est dit opaque si les informations qui le concernent sont imparfaites, c’est-à-dire
qu’elles sont incomplètes ou incomplètement connues ou bien connues avec du retard
empêchant ainsi les participants de prendre une bonne décision d’achat ou de vente.

2.2.4 Classification selon la qualité du produit

Les biens offerts par les différents producteurs peuvent être caractérisés soit par
l’homogénéité, soit par l’hétérogénéité.
2.2.4.1 L’homogénéité

Un marché est dit homogène si les produits qui s’y échangent sont identiques quel que soit le
fabricant et que l’acheteur soit indifférent à se le procurer chez un vendeur ou un autre.

2.2.4.2 L’hétérogénéité

On dit qu’un marché est hétérogène lorsque les produits sont différenciés dans une branche
déterminée, autrement les produits ne sont pas identiques d’un vendeur à l’autre.

2.3 Classification des marchés selon Stackelberg

L’économiste allemand Stackelberg a identifié trois types de situation dans la classification


des marchés :

- des mono-situations comprenant un seul acheteur ou un seul vendeur. Elles permettent


d’identifier des situations de monopole (un seul vendeur) et des situations de
monopsone (un seul acheteur) ;

- des oligo-situations avec quelques acheteurs ou vendeurs. Elles permettent de


distinguer des situations d’oligopoles (quelques vendeurs) et des situations
d’oligopsones (quelques acheteurs).

- des situations de concurrence caractérisées par une infinité d’acheteurs ou de


vendeurs.

Stackelberg a construit le tableau de classification des marchés ci-dessous :

Offre
(Vendeur)
Demande Un vendeur Quelques vendeurs Infinité de vendeurs
(Acheteur)

Un acheteur 1 = Monopole 2= Monopsone 3= Monopsone


bilatéral partiel ou contrarié parfait

Quelques acheteurs 4 = Monopole partiel 5 = Oligopole 6 = Oligopsone


ou contrarié bilatéral parfait

Infinité d’acheteurs 7 = Monopole parfait 8 = Oligopole parfait 9 = Concurrence


pure et parfaite

Un marché est dit parfait s’il est atomique, fluide, transparent et homogène. A l’inverse, il est
dit imparfait, s’il est moléculaire, visqueux, opaque et hétérogène.

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