DROIT COMMERCIAL GENERAL Résumé

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 18

SUPPORT DE COURS

DE DROIT
COMMERCIAL PAR
Licence II – 2022/2023

Préparé par
Mr A. M. FALL
Chercheur-Enseignant universitaire
Assistant à l’Université de Thiés
Directeur de l’Ecole de Droit des Affaires
de l’ISM/MBOUR
DROIT COMMERCIAL GENERAL

INTRODUCTION GENERALE
Le Droit est communément défini comme un ensemble de règles régissant la vie ensociété. Il
a pour finalité d’instaurer l’ordre pour permettre aux individus de vivre en harmonie dans la
société. Il se subdivise en 2 grandes branches : le Droit Public et le Droit Privé.

Le Droit Privé qui nous intéresse ici est composé de deux disciplines principales :

 Le Droit Civil qui regroupe les règles applicables à toutes les situations juridiques qui
ne sont pas soumises à des textes spéciaux ;
 Le Droit Commercial constitué de règles relatives aux commerçants et aux actes de
commerce. Cette définition parait simple mais en réalité la notion de
droitcommercial est complexe.
Cette complexité est due, d’une part au fait que le commerçant peut exercer son
activité sous diverses formes (entreprise individuelle ou sociétaire), d’autre part au
fait que son objet, c’est-à-dire le commerce est lui-même difficile à définir.

- Dans le sens courant, le commerce rime avec le mot « relation » ou


« fréquentation ». On dira ainsi qu’une personne est de commerce facile ou
agréable parce qu’elle est facile à fréquenter.
- Pour les économistes, le commerce est constitué par les activités liées à la
distribution des biens et services. Il n’inclut donc pas la production et la
consommation.
- Pour les juristes, le commerce va au-delà de la simple circulation des biens et
services. Il englobe aussi la production et peut être même la consommation si
certaines conditions sont remplies.
Le Droit commercial tel que nous le connaissons aujourd’hui a été soumis à
l’épreuve du temps. Son évolution a continué dans les pays africains avec
l’adoption de plusieurs lois après l’accession à l’indépendance ; ce qui a abouti
finalement à l’élaboration de divers codes tels que le COCC (Code des Obligations
Civiles et Commerciales) au Sénégal.
Actuellement les soucis de la mondialisation et la globalisation ont fait naître
dans les Etats une forte volonté de se regrouper pour faire face aux nouveaux
défis des échanges mondiaux. Cela a poussé certains Etats africains malgré leurs
différences économiques, culturelles, et linguistiques à se réunir au sein d’une
organisation commune pour harmoniser et moderniser leur Droit des Affaires,
d’où la naissance de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation du Droit des
Affaires).

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 1


Les règles applicables dans ces différents pays sont élaborées sous forme d’Acte
Uniforme, c’est l’exemple de l’Acte Uniforme sur le Droit Commercial General
qui sera le texte de référence dans ce cours.
Le Droit Commercial sénégalais a plusieurs sources : les sources légales ( le COCC
et les Actes Uniformes de l’OHADA qui œuvrent à la mise sur pied d’une
législation commune en matière de Droit des Affaires) ; les Usages, la
Jurisprudence et la Doctrine.

Il s’y ajoute que la profession de commerçant n’est pas comme les autres, en effet :

- Le commerçant doit posséder une capacité spéciale et satisfaire à un certain nombre


de conditions légales.
- Il est soumis à des obligations particulières
- Il paie des impôts spéciaux

Il importe donc pour mieux appréhender la qualité de commerçant d’examiner


successivement d’abord le Régime Juridique des commerçants (Ière Partie) et ensuite les
Biens du commerçant : Le Fonds de Commerce (IIème PARTIE).

OBJECTIFS ET PLAN DU COURS :


A l’issue de ce cours, vous devez être capable :

 D’appréhender la définition du commerçant.


 D’identifier les actes de commerce et de savoir-faire leur classification.
 Comprendre les implications juridiques liées à cette distinction.
 Comprendre le régime juridique du fonds de commerce.

Pour atteindre ces objectifs, nous adopterons le plan suivant :

Ière PARTIE : LE STATUT JURIDIQUE DU COMMERCANT

Chapitre 1 : Les Conditions d’accès à la profession de commerçant

Chapitre 2 : Les Conséquences de la qualité de commerçant

IIème Partie : LES BIENS DU COMMERCANT : LE FONDS DE COMMERCE

Chapitre 1 : La Composition du fonds de commerce

Chapitre 2 : Les Opérations sur le fonds de commerce

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 2


Première Partie :LE STATUT JURIDIQUE DU COMMERCANT
Définir le statut juridique du commerçant, c’est déterminer d’une part les conditions qui
sont requises pour accéder à la profession de commerçant (Chapitre I), et d’autre part de
tirer les conséquences qui sont liées à la qualité de commerçant (chapitre II). Cependant
cela n’est pas suffisant parce que certaines personnes sont déclarées inaptes à la profession
commerciale par la loi.

CHAPITRE I : LES CONDITIONS D’ACCES A LA PROFESSION DE


COMMERCANT
Avant de déterminer les conditions d’accès à la profession de commerçant, il convient au
préalable de se poser la question de savoir : qu’est-ce qu’un commerçant ?

C’est l’Art 2 de l’AU sur le droit commercial général qui nous donne la réponse en ces
termes : « Est commerçant celui qui fait de l’accomplissement d’actes de commerce par
nature sa profession ». Aux termes de l’ART3 de l’AUDCG « l’acte de commerce par nature
est celui par lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit
ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un
profit pécuniaire ».

L’AUDCG dans sa version de Décembre 2010, fait la différence entre le commerçant et


l’entreprenant. Ce dernier est selon l’ART 30 AUDCG « … un entrepreneur individuel,
personne physique qui, sur simple déclaration prévue dans le présent Acte Uniforme,
exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole ».

Toutefois, ces éléments contenus dans cette définition ne suffisent pas à eux seuls à octroyer
la qualité de commerçant (SECTION I), encore faudrait-il en avoir la capacité (SECTION II).

SECTION I - Les Conditions Relatives à l’Activité ou la Qualité de Commerçant :


l’Accomplissement d’Actes de Commerce par nature

On peut déduire de l’ART2 précité que la profession de commerçant consiste à accomplir


des actes de commerce de manière habituelle. Il existe cependant des personnes qui, sans
avoir la qualité de commerçant, accomplissent habituellement des actes de commerce, c’est
le cas des agents commerciaux qui agissent au nom et pour le compte de leur employeur.
Pour tenir compte de ces situations, la jurisprudence et la doctrine exigent en plus que les
actes de commerce (PAG I) soient effectués à titre personnel et indépendant (PAG II).

PAG I - Les différents actes de commerce


La loi ne définit pas l’acte de commerce ; mais on considère généralement que c’est un acte
fait par des commerçants dans le cadre de leur profession. Pour combler ce vide, l’AUDCG

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 3


prévoit en ses articles 3 et 4 les actes qui ont le caractère commercial par leur nature (A). Le
commerçant peut aussi pour les besoins de son commerce effectuer des actes civils qui
deviendront des actes de commerce par accessoire (B). Cependant il faut préciser que dans
la plupart des cas, l’acte de commerce met en présence des commerçants et des non
commerçants, ce qui peut lui conférer un caractère mixte(C).

A- Les Actes de Commerce prévus par la loi


La liste des actes de commerce par nature fournie par l’AUDCG n’est pas complète,
elle est indicative et concerne deux catégories :
 Les actes de commerce par l’objet (1)
 Les actes de commerce par la forme (2)
1- Les actes de commerce par l’objet

Selon l’ART 3 AUDCG il s’agit de :


- L’acte d’achat : l’opération d’achat est un acte commercial seulement quand il y a
intention de revendre, parfois il y a revente mais sans achat préalable en ce qui
concerne notamment l’agriculteur, l’artiste ou l’enseignement d’auto-école etc.Ainsi,
la vente faite par un agriculteur de sa récolte nesera pas un acte de commerce.
- L’acte de revente : il revêt un caractère commercial, que la revente porte sur un
meuble ou un immeuble. Il suffit juste que l’intention de revente précède l’achat,
même si la revente n’a pas lieu postérieurement. Il ne doit pas y avoir de
transformation, c’est pourquoi la promotion immobilière n’est pas un acte de
commerce.
- Les opérations de banque : ce sont des actes de dépôt ou retrait de fonds.
- Les opérations de bourse : la bourse est un marché spécialisé sur lequel se font des
transactions sur les valeurs mobilières émises par les entreprises (actions et
obligations)
- Les opérations de change : elles consistent à échanger la monnaie d’un pays avec
celle d’un autre. Exemple : le Mark en FCFA ; l’Euro en Dollar
- Les opérations de courtage : il s’agit de rapprocher 2 personnes en vue de la
conclusion d’un contrat, le courtier est rémunéré par le donneur d’ordre.
- Les opérations d’assurance : l’assurance est un contrat par lequel une personne
l’assurée, demande à un professionnel l’assureur, de couvrir un risque éventuel
moyennant le paiement d’une prime.
- Les opérations de transit : elles concernent l’accomplissement des formalités
douanières liées aux opérations d’import et d’export.
- Les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce . Exemple : le
commerçant et son fournisseur.
- L’exploitation industrielle des mines, carrières et tout gisement de ressources
naturelles : exemple : extraction d’or, d’uranium ou de pétrole avec les moyens
industriels

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 4


- Les opérations de location de meubles : location de chaises, marmites, de voiture,
de bâches.
- Les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication :
Les opérations de manufacture consistent en la transformation de matières
premières ou de produits semi-finis.
Les activités de transport qui sont visés concernent aussi bien les transports
terrestres, maritimes, aériens que ferroviaires. A ces activités de transport
proprement dites, il faut rattacher celles des activités subsidiaires comme les
déménagements.
- Les opérations des intermédiaires de commerce (commission, agence, ainsi que les
opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription, la vente ou la location
d’immeubles, de fonds de commerce, d’actions ou de parts de société commerciale
ou immobilière.

- Les Actes effectués par les sociétés commerciales :

Une société est commerciale parce qu’elle revêt une forme qui lui confère de plein droit
la commercialité. On distingue des sociétés de personnes dans lesquelles la personnalité
des associés est importante et les sociétés de capitaux où l’accent est plutôt porté sur les
capitaux c.à.d. sur les biens apportés par les associés. Sont ainsi commerciales à raison
de leur forme et quel que soit leur objet :

TYPES DE SOCIETES CARACTERISTIQUES


-Les membres sont appelés
associés. Ils ont une responsabilité
solidaire et indéfinie. Leurs droits
sont représentés par des parts
sociales.
Société en Nom Collectif - il n’y a aucun minimum exigé pour
SOCIETE DE le capital social
PERSONNES -la cession des parts sociales est
subordonnée à l’acceptation
unanime des associés.
-Elle comporte 2 types d’associés :
Société en Commandite les commandités dont la
Simple responsabilité est solidaire et
indéfinie et les commanditaires
dont la responsabilité est limitée
aux apports.
-il n’y a aucun minimum exigé pour
le capital social.
-la cession des parts sociales est
subordonnée à l’acceptation
unanime des associés

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 5


-les membres appelés associés, ne
sont responsables des dettes
Société à Responsabilité sociales qu’à concurrence de leurs
Limitée apports au capital social et dont les
droits sont représentés par des
SOCIETE DE parts sociales.
CAPITAUX -le capital minimum est de 100.000f
subdivisé en parts sociales de
valeur nominale égale à 5.000f au
moins.
-les parts sociales sont librement
cessibles entre les associés mais la
cession à des tiers est subordonnée
à la majorité des ¾.
-les membres appelés actionnaires
ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leurs
Société Anonyme apports au capital social. Leurs
droits sont représentés par des
actions.
-le capital minimum est de
10.000.000f subdivisé en actions de
valeur nominale égale à 10.000f au
moins.
-les actions sont librement
cessibles.

2- Les Actes de Commerce par la forme.


La loi ne prend en considération ni la nature de ces actes, ni la qualité de leur
auteur, on s’attache uniquement à la forme de ces actes. Ils sont contenus dans
l’Art 4 de l’AUDCG qui dispose : « Ont également le caractère d’actes de
commerce, et ce par leur forme, la lettre de change, le billet à ordre et le
warrant ».
 LA LETTRE DE CHANGE : ou traite est un titre de paiement et de crédit par lequel
une personne (le tireur) donne l’ordre à son débiteur (le tiré) de verser à un tiers
une somme d’argent à une date déterminée.).
 Le Billet à ordre : est un titre par lequel une personne (souscripteur) s’engage à
payer une somme d’argent à une date déterminée à un bénéficiaire ou à l’ordre
de celui-ci.
 Le Warrant est un billet à ordre dont le paiement est garanti par un
nantissement.
B- Les Actes de Commerce par Accessoire

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 6


On parle également souvent de la théorie de l’accessoire. Ce sont des actes réalisés par
un commerçant pour les besoins ou à l’occasion de son commerce, l’accessoire suivant le
principal. Sont donc commerciaux les actes civils par nature accomplis par un commerçant
dans le cadre de son entreprise.

Exemple : l’achat de moto jakarta pour des livraisons est un acte civil par nature mais il
est lié à l’activité commerciale, d’où sa qualification d’acte de commerce par accessoire.

Ainsi en vertu du principe de l’accessoire qui nous dit que « l’accessoire suit leprincipal »
pour qu’un acte civil soit considéré comme un acte de commercepar accessoire il faut que
les conditions suivantes soient réunies :

NATURE DE L’ACTE AUTEUR DE l’ACTE BUT DE L’ACTE


Civile Commerçant Commercial

- Les Actes Civils par Accessoire


Les actes de commerce par nature, exceptionnellement vont prendre une coloration
civile quand ils sont faits par des non commerçants pour les besoins de leur
profession civile à titre d’accessoire.
C’est le cas par exemple du médecin qui parfois (rarement) est amené à revendre un
médicament à son patient, ou quand un artisan achète des matières premières et
revend un produit fini ou encore quand une association organise un spectacle.

C- Les Actes Mixtes

L’acte mixte a une nature dualiste car il présente une nature commerciale pour l’une
des parties et civile pour l’autre.il s’agit d’un acte passé par un commerçant à
l’occasion de son acte commercial avec un non commerçant, c’est un acte très
courant. Il en est de même du contrat de travail qui est commercial pour l’employeur
et civil pour le salarié.

PAG II- Les Caractères de l’accomplissement d’actes de commerce

Les actes de commerce doivent être accomplis habituellement(A) à titre personnel et


indépendant (B).
A- Le caractère professionnel de l’acte de commerce

Pour avoir la qualité de commerçant, il ne suffit pas d’accomplir occasionnellement des actes
de commerce, il faut avoir leur exercice pour profession habituelle.

L’habitude suppose un élément matériel et un élément intentionnel.

 L’élément matériel : consiste à répéter l’actedans une certaine durée. Serait


donc commerçant celui qui accomplit des actes de commerce sur une certaine

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 7


durée et en tire des revenus. Cependant il est difficile à priori de déterminer la
durée ou le nombre d’actes pour être commercial. Cette faculté est laissée à la
libre appréciation du juge.
 L’élément intentionnel : l’accomplissement d’actes de commerce ne doit pas
résulter d’une contrainte, mais d’une volonté personnelle.
La profession est une notion difficile à cerner, le professionnel est celui qui
s’oppose à l’amateur car il poursuit un but intéressé et dispose d’une
compétence. Lorsqu’ une personne est immatriculée au RCCM, il y a toutes les
chances qu’elle soit commerçante.
En plus la profession permet de distinguer le commerçant du simple amateur ; le
commerçant et les autres professions (artisan, agriculteur, professions libérales
etc.)

B- Le Caractère personnel et indépendant de l’acte

C’est une condition d’origine jurisprudentielle, l’on a considéré que l’exercice du commerce
suppose une certaine indépendance. Ainsi pour avoir la qualité de commerçant, il faut en
plus agir pour son compte, à ses risques et périls et en toute indépendance. C’est pourquoi
ceux qui participent à une activité commerciale et qui ne jouissent pas d’une indépendance
suffisante ne sont pas commerçants.

Ex : le salarié qui travaille pour le compte de son employeur et reçoit en contrepartie de


celui-ci un salaire assuré. Il en est de même des salariés d’un commerçant, les gérants ou
dirigeants de sociétés commerciales à l’exclusion des SCS.

SECTION II - LA Capacité d’Exercer le Commerce ou l’Accès à la Profession de Commerçant

En effet aux termes de l’Art 6 de l’AUDCG « Nul ne peut accomplir des actes de commerce à
titre de profession habituelle, s’il n’est juridiquement capable d’exercer le commerce. »

Ces restrictions visent en particulier l’incapable civil (mineur et majeur) (PAG I) mais
également toutes les personnes en situation d’incompatibilité (PAG II), ou d’interdiction
(PAG III).

PAG I - Les Règles de Protection des individus

Elles concernent trois catégories de personnes : le mineur non émancipé(A), le majeur


incapable(B) et le conjoint du commerçant pour ne pas dégrader la situation économique
du couple ou de la famille(C).

A- Le Mineur non émancipé


 Aux termes de l’ART 7 de l’AUDCG « lemineur, sauf s’il est émancipé, ne peut
avoir la qualité de commerçant, ni effectuer des actes de commerce. »

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 8


Est considérée juridiquement comme mineure, toute personne âgée de moins de 18 ans
(ART276 Code de la Famille). C’est dire que la majorité civile est acquise à partir de 18
ans et en conséquence le mineur ne peut pas accomplir les actes de la vie civile.
Exemple : Le mineur qui hérite d’un fonds de commerce ne pourra pas l’exploiter.

B- Le Majeur incapable
C’est une personne ayant acquis l’âge de la majorité ou plus mais qui ne peut
contracter juridiquement à cause d’une altération de ses facultés mentales
consécutive à une maladie, une infirmité ou un affaiblissement du fait de l’âge (ART
342 CF). Deux situations peuvent se présenter :
 La tutelle : lorsque l’état mental nécessite une représentation de l’incapable dans
les actes qu’il pourrait accomplir. Cette mesure est généralement indiquée pour
les personnes en état de démence permanente.
 La curatelle : pour les personnes qui ont tout simplement besoin d’être assistées
ou conseillées dans les actes qu’elles accomplissent.
Le majeur en curatelle, tout comme celui sous le régime de la tutelle ne peut pas
être commerçant.
C- Le conjoint du commerçant

Aujourd’hui, la législation ne fait plus de différence entre l’homme et la femme. Aux termes
de l’Art 7de l’AU, elle précise seulement que le conjoint d’un commerçant n’est lui- même
commerçant que s’il exerce une activité commerciale séparée de son mari ou de sa femme.
En d’autres termes, il n’est réputé commerçant que s’il exerce un commerce séparé.

Le conjoint est également considéré commerçant s’il est un Co-exploitant ou copropriétaire


du fonds.

PAG II : Les Prescriptions édictées afin d’assurer la moralité de la profession

Pour garantir dans l’intérêt général la moralité des activités commerciales, la loi
ART 9AUDCG a prévu que certaines fonctions étaient incompatibles avec
l’exercice du commerce et que certaines personnes étaient frappées de
l’incapacité d’être commerçantes. En effet il est inconciliable d’exercer des
professions telles que la fonction publique et faire le commerce en même temps.
Le service public a des exigences qui ne lui permettent pas de se confondre au
commerce : principe de continuité du service public, égalité des citoyens devant
le service public etc.
L’Art 9AUDCG déclare incompatibles avec le commerce les fonctions suivantes :
les fonctionnaires civils et militaires, le personnel des Collectivités Publiques et
des Entreprises à participation publique, les membres des professions libérales
(Avocat, huissier, Commissaire-Priseur, Notaire, Greffier, Administrateurs
judiciaires).

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 9


PAG III- Les Restrictions Propres àcertains Commerces

En règle générale, l’exercice du commerce est libre. La liberté du commerce et de


l’industrie figure même au nombre des principes généraux du droit les plus traditionnels.
Cette liberté de principe a été progressivement encadrée par la législation qui a interdit des
commerces(A), soumis à autorisation et contrôlé certains autres (B).

A- Les Interdictions

Cette fois, il s’agit de mettre la profession de commerçant à l’abri des agissements de


personnes malhonnêtes .Lorsqu’une personne a commis certaines infractions, la loi autorise
le juge à lui interdire l’exercice de la profession commerciale.il en est ainsi des personnes
condamnées définitivement « à une peine privative de liberté pour un crime de droit
commun, ou à une peine d’au moins 3 ans d’emprisonnement non assortie de sursis pour un
délit contre les biens, ou une infraction en matière économique et
financière »(ART10AUDCG 3éme tiret).

L’interdiction peut être :

- Générale : et concerne dans ce cas l’exercice de toute activité commerciale


- Limitée : et concerne que certaines professions commerciales
- Définitive : ce qui lui confère un caractère permanent
- Provisoire : elle est valable donc pour une certaine durée. Lorsque l’interdiction est
affligée pour plus de 5ans, l’interdit peut demander à la juridiction qui l’a prononcée
de revenir sur sa décision après 5 années d’observation.
B- Les Activités soumises à Autorisation

Pour des raisons diverses souvent liées à l’ordre public, certaines activités sont soumises
à une autorisation administrative. Nul ne peut se ainsi ouvrir sans une telle autorisation
un débit de boisson, une entreprise de transports routiers ou aériens ou encore une
agence de voyages, les opérations d’import-export, hôtels.

Un contrôle de l’administration est en dernier lieu exercé sur un nombre d’activités


commerciales ; les banques et établissements financiers sont étroitement surveillés.

Lesort des actes de commerce réalisés par une personne en situation


d’interdiction : Sans préjudice d’autres sanctions, les actes accomplis par un interdit
sont inopposables aux tiers de bonne foi et opposables à l’interdit, la bonne foi étant
toujours présumée…….

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 10


CHAPITRE II - LES CONSEQUENCES DE LA QUALITE DE COMMERCANT
Elles sont relatives au régime juridique des actes passés par le commerçant (SECTION I) et
aux droits et obligations attachés à la qualité de commerçant (SECTION II).

SECTION I - LE REGIME JURIDIQUE DES ACTES DE COMMERCE

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 11


Il faut distinguer ici le régime des actes commerce proprement dits(PAG I) et celui des actes
mixtes (PAG II).

PAG I - LE REGIME DES ACTES DE COMMERCE

Les actes de commerce proprement dits ont pour conséquence l’application du Droit
commercial par opposition aux actes civils. Toutefois il existe une spécificité relativement
aux actes mixtes.

PAG II- LE REGIME DES ACTES D MIXTES

 En matière de compétence du tribunal

Ces actes peuvent être portés devant le juge commercial comme devant le juge civil.

 En matière de preuve

La preuve des actes juridiques civils se fait par écrit si le montant est ≥ à 20. 000fcfa.Mais en
Droit Commercial, elle est libre ; ce qui veut dire que le commerçant peut utiliser tous les
moyens de preuve à sa disposition. Cependant dans les actes de commerce mixtes ; le civil
peut prouver contre le commerçant en utilisant tous les moyens alors que l’inverse n’est pas
admis.

Donc si la preuve est faite par le non commerçant contre le commerçant, c’estle principe
de la liberté de preuve qui est admise. Dans le cas contraire, c’est la règle de droit commun
de la preuve qui s’applique.

 En matière de mise en demeure

Le commerçant mettra le non commerçant en demeure suivant les modes du droit civil
(acte extra judiciaire avec accusé de réception)

Le non commerçant peut mettre le commerçant en demeure par simple manifestation de


volonté : courrier simple.

 En matière de solidarité

La solidarité ne se présume pas entre codébiteurs civils d’un commerçant. Elle doit être
stipulée (énoncéecommeconditiondansuncontrat, unacte).

Elle se présume entre codébiteurs commerçants d’un créancier civil.

SECTION II - LES DROITS ET OBLIGATIONS DU COMMERCANT


On verraici successivement les droits et facilités (PAGI) et les obligations (PAGII) du
commerçant.

PAG1- Les Droits et Facilités du Commerçant

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 12


Pour saisir les opportunités qui se présentent à lui, le commerçant doit agir vite. Il ne peut
donc pas dans les relations professionnelles se soumettre aux exigences rigides du droit civil,
la loi lui permet à cet effet de se soustraire de certaines formalités.

I- Les facilités reconnues aux commerçants

A- Dans la conclusion des contrats commerciaux


En Droit civil, le silence ne vaut pas acceptation, la personne qui accepte de
contracter doit extérioriser sa volonté.
En matière commerciale cependant, dans le souci de favoriser une grande rapidité
dans les transactions commerciales, on admet que le simple silence peut être une
source d’obligations dans certaines circonstances. (Qui ne dit rien consent).
Ex : le fait de recevoir sans protester des marchandises et leurs factures vaut
acceptation du contrat.
B- En matière de Preuve

En Droit commercial cependant pour tout ce qui concerne l’administration de la


preuve entre commerçants :la preuve est libre. Elle peut se faire par tous les
moyens :témoignage, présomptions etc... ...

C- En matière de Compétence du Tribunal


Le tribunal compétent en matière commerciale est soit le Tribunal Départemental,
soit le Tribunal Régional en fonction du montant du litige.
Quant à la compétence territoriale, le juge à saisir est celui du lieu du domicile du
défendeur. Il est permis néanmoins aux commerçants de prévoir dans leur contrat
devant quelle juridiction les contestations devront être portées, c’est ce que l’on
appelle les clauses de compétence en matière commerciale.
Encore mieux, les commerçants ont la possibilité de déroger aux règles de
compétence territoriale des tribunaux : par la désignation à l’avance d’un « arbitre »
pour connaître d’un litige à naître et ce par le biais d’uneclause compromissoire.
C’est une disposition du contrat par laquelle les parties décident à l’avance de
soumettre les litiges qui pourraient naitre de leur accord à un arbitre.
L’arbitrage peut aussi être initié par le compromis qui est convention par laquelle les
parties décident à un litige de le soumettre à un arbitre.

II- Les Droits reconnus aux commerçants


Le commerçant est protégé contre 2 types de personnes : le bailleur du local
commercial(A)et les concurrents(B).

A- La Protection contre le Bailleur


Il peut arriver que le commerçant exploite son activité dans un local qui ne lui
appartient pas. S’il est lié au propriétaire du local par un contrat de bail à durée
ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 13
déterminée, il a droit au renouvellement de celui-ci lorsque les conditions
suivantes sont réunies :

 Qu’il soit dans une ville de plusde 5000 habitants


 Qu’il ait exploité ce bail pendant au moins 2 ans
Qu’il en fasse la demande par acte d’huissier 3 mois avant son expiration. Le
bailleur à qui le renouvellement a été demandé doit répondre au preneur au
plus tard un mois avant l’échéance du bail, faute de quoi son silence vaut
acceptation.

En cas de refus de renouvellement pour des motifs non légitimes, il aura droit à une
indemnité appelée indemnité d’éviction.

B- La Protection contre les Concurrents

L’activité commerciale doit être exercée dans le respect des règles de la concurrence, d’où
l’interdiction de certains comportements fautifs comme :

 La concurrence déloyale
 La contrefaçon

PAG II - LES OBLIGATIONS DU COMMERCANT

A côté de son immatriculation au RCCM(A), le commerçant est soumis à d’autres obligations


(B).

A- L’Immatriculation au Registre de Commerce et du Crédit Mobilier

Le RCCM(registre de commerce et du crédit mobilier) est un document officiel sur lequel


toutes les personnes physiques ayant la qualité de commerçant au sens de l’AU, les sociétés
commerciales et les autres personnes morales assujetties sont tenues de se faire
immatriculer. Il est organisé selon 3 fichiers : le fichier local qui se trouve au Tribunal
régional, le fichier national localisé à la Cour d’Appel et le fichier régional disponible à la
Cour Commune de Justice et d’Arbitrage(CCJA) dont le siège se trouve à Abidjan.

- Qui doit se faire immatriculer ? Aux termes de l’ART 19 de l’AUDCG sont


concernées :
 Pour une personne physique, elle doit dans le premier mois d’exploitation de son
commerce, requérir du greffe de la juridiction compétente dans le ressort de
laquelle ce commerce est exploité (leTribunal Régional au Sénégal), son
immatriculation au registre.
La demande d’immatriculation indique :
1- Les noms, prénom et domicile personnel de l’assujetti ;
2- Sa date et lieu de naissance ;
3- Sa nationalité ;

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 14


4- Le cas échéant, le nom sous lequel il exerce le commerce, ainsi que l’enseigne
utilisé ;
5- La ou les activités exercées et la forme d’exploitation ;
6- La date et le lieu de mariage, le régime matrimonial adopté, les clauses
opposables aux tiers restrictives de la libre disposition des biens des époux ou
l’absence de telles clauses, les demandes en séparation de biens ;
7- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile et nationalité des
personnes ayant le pouvoir d’engager par leur signature la responsabilité de
l’assujetti ;
8- L’adresse du principal établissement le cas échéant celle de chacun des autres
établissements ou succursales exploités sur le territoire de l’Etat partie ;
9- Le cas échéant, la nature et le lieu d’exercice de l’activité des derniers
établissements qu’il a exploités précédemment avec indication du ou des
numéros d’immatriculation au RCCM ;
10- La date du commencement par l’assujetti de l’exploitation du principal
établissement et le cas échéant des autres établissements.
A l’appui de ses déclarations, le requérant esttenu de fournir les pièces
justificatives suivantes :
a- Un extrait de son acte de naissance, ou de tout document administratif
justifiant de son identité ;
b- Un extrait de son acte de mariage en tant que de besoin ;
c- Un extrait de son casier judiciaire ou à défaut tout autre document en tenant
lieu ; si le requérant n’est pas originaire de l’Etat partie (sénégalais) dans
lequel il demande son inscription, il devra également fournir un extrait de son
casier judiciaire émanant des Autorités de son Pays de naissance, et à défaut
tout autre document en tenant lieu ;
d- Un certificat de résidence ;
e- Une copie du titre de propriété ou du bail du principal établissement, et le cas
échéant de celui des autres établissements ;
f- En cas d’acquisition d’un fonds, ou de location-gérance, une copie de l’acte
d’acquisition ou de l’acte de location-gérance ;
g- Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer le commerce

 Pour une société commerciale et autre personnes morales, l’acquisition de la


personnalité morale est subordonnée à l’inscription dans le mois de leur
constitution auprès du RCCM de la juridiction dans le ressort de la quelle est situé
leur siège social (tribunal régional au Sénégal).
Cette demande mentionne :
1- La dénomination sociale ;
2- Le cas échéant, le nom, le sigle ou l’enseigne ;
3- La ou les activités exercées ;

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 15


4- La forme de la société ou de la personne morale ;
5- Le montant du capital social avec l’indication du montant des apports en
numéraire et l’évaluation des apports en nature ;
6- L’adresse du siège social et le cas échéant celledu principal établissement et
de chacun des autres établissements ;
7- La durée de la société ou de la personne morale telle que fixée par les
statuts ;
8- Les noms, prénoms et domicile personnel des associés tenus indéfiniment et
personnellement responsables des dettes sociales, avec mention de leur date
et lieu de naissance, de leur nationalité, de la date et du lieu de leur mariage,
du régime matrimonial adopté et des clauses opposables aux tiers restrictives
de la libre disposition des biens des époux ou l’absence de telles clauses ainsi
que les demandes en séparation de biens ;
9- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, et domicile des gérants,
administrateurs ou associés ayant le pouvoir général d’engager la société ou
la personne morale ;
10- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile des Commissaires aux
comptes, lorsque leur désignation est prévue par l’Acte Uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales et des groupements d’intérêt économique.
A cette demande sont jointes sous peine de rejet, les pièces justificatives
suivantes :
a- Deux copies certifiées conformes des statuts ;
b- Deux exemplaires de la déclaration de régularité et de conformité, ou de
la déclaration notariée de souscription de versement ;
c- Deux exemplaires de la liste certifiée conforme des gérants,
administrateurs ou associés tenus indéfiniment et personnellement
responsable ou ayant le pouvoir d’engager la société ;
d- Deux extraits du casier judicaire despersonnes visées à l’alinéa ci-dessus ;
si le requérant n’est pas originaire de l’Etat partie dans lequel il demande
son inscription, il devra également fournir un extrait de son casier
judicaire émanant des Autorités de son Pays de naissance, et à défaut tout
autre document en tenant lieu ;
e- Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer le commerce

 Les effets de l’immatriculation :


- Elle emporteprésomption simple de commercialité et est librement combattue par
les tiers qui souhaiteraient démontrer que malgré elle, il n’y a pas de commerçant.
- Le défaut d’immatriculation emporte présomption de non commercialité mais les
tiers sont autorisés à prouver qu’une personne non immatriculée est commerçante
de fait. Si la preuve est rapportée, les contraintes liées à la qualité de commerçant
lui seront applicables.

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 16


En revanche, une personne non immatriculée ne pourra pas se prévaloir des avantages
réservés aux commerçants.

NB : L’immatriculation a un caractère personnel, que le commerçant soit une personne


physique ou morale. De même, nul ne peut être immatriculé à titre principal à plusieurs
registres ou à un même registre sous plusieurs numéros.

Quid des autres obligations du commerçant ?

B - LES AUTRESOBLIGATIONS DES COMMERCANTS

Le commerçant doit tenir une comptabilité régulière, à cet effet il doit tenir :

- Un Livre – journal : les opérations commerciales y sont indiquées au jour le jour ou,
au moins récapitulées chaque mois à condition que les documents permettant de les
vérifier jour par jour soient conservés.
- Un Grand livre, avec balance récapitulative
- Le Livre des inventaires : tous les biens et toutes les dettes de l’entreprise y sont
consignées chaque année. Il permet d’établir le bilan annuel.
- Il doit respecter les règles de la libre et loyale concurrence
- Sur le plan fiscal, le commerçant est tenu au paiement d’un impôt direct : l’impôt BIC
(bénéfice industriel et commercial) à la différence des exploitants des activités civiles
et libérales qui supportent l’impôt BNC (bénéfice non commercial)
La méconnaissance de ces obligations peut entrainer des sanctions civiles et
pénales…….
- La délivrance des factures : à l’occasion de leurs transactions, les commerçants ont
l’obligation de délivrer des factures. La facture est un document par lequel
l’entreprise rappelle à son partenaire, l’opération juridique accomplie ainsi que les
modalités s’y afférentes et l’invite à procéder au paiement …

FIN DE LA PREMIERE PARTIE ….

ECOLE DE DROIT DES AFFAIRES DE L’ISM/MBOUR Page 17

Vous aimerez peut-être aussi