Approche Critique - PB
I- Liberté du Sujet ? Déterminisme de Bourdieu : Il donne une très grande force à la position dans la structure objectivée, l’accès aux capitaux, laissant peu
de place à la liberté du sujet.
Liberté d’action : Peut-ton agir à notre guise ? Il faut regarder du côté de l’habitus car c’est lui qui conditionne notre façon de jouer Le fait que l’habitus est
déterminée par les capitaux et que le faire est déterminé par notre accès aux capitaux implique que la liberté d’action est nulle.
Liberté de conscience : Somme-nous conscient d’être déterminé dans nos actions ? Ayant pris conscience du pouvoir symbolique des dominants, peut-on s’en
affranchir ? Conscience des processus par lesquels se constitue l’identité.
II- Exclusivité de la culture savante ? Pour PB, la domination passe par la culture dans sa dimension incormporée sous forme de violence symbolique : la culture
savante (musique classique, grandes œuvres littéraires, expositions, …). Discutons de cette affirmation en 5 axes :
Vision misérabiliste de la culture populaire : PB définit la culture comme celle des classes dominantes. Il a une vision misérabiliste
Définition de la culture de la culture des classes populaires car il considère celle des dominants comme unique.
Émancipation des classes populaires ? sa définition unique de la culture fait qu’il ne conçoit pas l’émancipation des classes populaires
par l’accès à la culture des classes dominantes et non pas par l’affirmation de leur propre culture qui pour lui n’existe pas.
Pratique culturel des classes populaire aujoud’hui : Pour PB, l’accès à la culture savante caractérise éssentiellement les classes
supérieurs. Électisme sélectif
Frontière fluide entre culture savante et populaire : PB ne prend pas en compte qu’il y a des changements au sein de l’offre culturel : les frontières entre
le genre et au sein des genres changent. Certaines cultures, œuvres acquieent de plus en plus de légitimité
Facteurs de la diversité des goût et la fluidité des frontières entre les genres : L’accès à l’école a permis de transmettre une norme exclusive de
culture celle de la culture savante. Les publics de l’école sont hétérogènes donc rendent famillier avec la culure populaire
Affaiblissement de la domination culturel et symbolique des classes supérieurs suite à la modification des goûts et genres culturels :
III- Une société d’individu ?
Questions et erreurs fréquentes
1. Quels traits de l'habitus des jeunes de banlieue retrouve-t-on dans ce texte?
Dans ce texte de l’artiste Rocé, les jeunes de banlieue sont assez clairement associés avec la classe populaire, en opposition constante dans la chanson avec la
classe dominante. Le texte est ici construit autour du langage et de l’accent et donc c’est autour de ces éléments qu’il faut chercher des différences de traits
ou des différences de capitaux.
Le premier trait d’habitus que l’on retrouve ici pour ces jeunes de banlieues est celui de solidarité de classe, notamment à travers l’idée de bande :
« Disposé à marcher en bande et à connaitre la fouille La bande détient le prétexte que cherchent les patrouilles,(…) L’accent, le verbe, la phrase te reflète,
te ressemble
T’as un arrière-goût du quartier, tu restes son ombre, c’est chaud ».
« Disposé à s’unir en amis d’la cité, à subir les familiarités »
Ici avec cette idée on rejoint la solidarité de classe qu’éprouve la classe populaire notamment avec l’idée du nous contre eux. On peut en effet estimer que
Rocé se revendique d’une certaine manière de la classe « jeune de banlieue », et donc populaire, et tout le texte est construit en opposant cette manière de
fonctionner avec la classe dominante. Ce sont nos mots contre les leurs, leurs accents contre le nôtre etc.
Ensuite en second lieu on retrouve une forme d’indignité culturelle, une honte de ne pas maîtriser les schèmes de la culture dominante, qui passe par une
reconnaissance de cette dernière comme légitime. Ici cette honte se joue sur le langage et l’accent notamment :
« L’oreille bien trop remplie par l’argo qui s’écoule. Tu auras tendance à être moins à l’aise au centre ville. Que dans l’ quartier sensible où ta jeunesse a
grandi tranquille. D’autres sont nés avec la chance d’avoir la langue dominante. Qui s’habille de l’accent des capitales scintillantes »
Les jeune se sentiraient donc moins à l’aise au centre-ville, où se retrouvent les accents des capitales scintillantes, que dans leurs quartiers où résonne plutôt
l’argot des cités. Ainsi s’oppose l’aisance de ceux qui y ont toujours été confrontés à ce type de langage au malaise des classes dominées qui ne maîtrisent pas
ces règles et se distinguent négativement de la classe dominante. On retrouve ici l’idée de violence symbolique de la classe dominante sur la classe populaire,
puisque ces derniers intériorisent et reconnaissent leur infériorité qui n’est en fait que le résultat de l’imposition d’un arbitraire culturel par la classe
dominante.
Aussi, Bourdieu considérait que les classes dominantes étaient beaucoup dans la retenue, la distinction et la finesse, alors que les classes populaires étaient
moins discrètes et distinguées, ce qui se retrouve aussi dans cet extrait :
« Le quartier a ses règles ses lois, son langage son argo. Tu sais de quoi je parle surtout quand t’es ado. Rempli de vivacité, tu sors du bahut, du chahut.
Contaminé par les expressions tordues de la rue, t’as vu ? Tu ramènes à l’école une manière de parler. Tu t’la racontes, la manière de manier la langue et de
tailler ». Ainsi on sent bien que les traits d’habitus diffèrent entre le calme de l’école et les phrases exprimées par les jeunes de banlieue, parlant plus fort avec
des expressions de la rue.
2. Repérez les passages du texte où l'accent est envisagé comme un capital ?
L’important est bien d’arriver ici à faire la différence entre les capitaux et les traits d’habitus. Ainsi un capital est envisagé selon Bourdieu comme quelque
chose d’externe, d’extérieur à l’individu. Les capitaux sont à envisager ici comme des ressources. Il faut donc repérer les passages où l’accent est considéré
comme une ressource dans le texte. Plusieurs exemples peuvent servir à illustrer cela.
Commençons par le capital symbolique, qui est le pouvoir symbolique que possède un individu, sa manière de faire passer son goût comme le bon goût.
« Eux aussi sont aliénés par leurs mots, leurs codes, leurs choix. Sauf que leur argo est bien vu, il est même courtisé. On dit du tien qu’il est bad, du leur qu’il
est souligné »
On voit tout à fait ici qu’il existe selon l’artiste un différentiel de ressources entre ces deux groupes de gens, certains ayant un langage reconnu comme
courtisé et donc étant valorisé, alors que d’autres ont un accent plutôt « bad », moins valorisé. Il est donc inscrit ici qu’un accent est une plus grande
ressource qu’un autre et en ce sens il faut les voir comme des capitaux.
« On a les mêmes os, la même langue, l’même sang mais t’oublie un détail. Le genre d’accent avec lequel tu finis tes phrases »
Pareil pour cet extrait où il est d’abord mis l’accent sur les similitudes entre les jeunes des banlieues et la classe dominante pour ensuite rappeler que malgré
nos ressemblances naturelles, il existe une différence culturelle, qui peut être envisagée comme une différence de ressource.
« Le quartier a ses règles ses lois, son langage son argo. Tu sais de quoi je parle surtout quand t’es ado. Rempli de vivacité, tu sors du bahut, du chahut.
Contaminé par les expressions tordues de la rue, t’as vu ? Tu ramènes à l’école une manière de parler.
Tu t’la racontes, la manière de manier la langue et de tailler. »
« En plus, tu grandis et l’argo du préau n’est plus le consensus. Deux poids deux mesures en fonction d’ta voix et ton allure. Ton aisance de langage dans la
guerre du langage ».
« D’autres sont nés avec la chance d’avoir la langue dominante
Qui s’habille de l’accent des capitales scintillantes »
Ici l’extrait est encore plus explicite puisqu’on parle d’aisance de langage dans la guerre du langage, tout le monde n’a donc pas les mêmes armes, les mêmes
cartes pour reprendre l’analogie utilisée dans le syllabus, dans cette guerre du langage (lutte pour position dans l’espace social). On peut donc encore une fois
voir l’accent, le langage comme une ressource à mobiliser. Ici on peut déjà parler de capital culturel incorporé puisqu’il est aussi parlé du langage comme
d’une allure, une disposition corporelle liée à sa socialisation.
Il est ici fait référence à l’argot du préau qui est l’endroit où s’est développé le capital culturel incorporé des individus, qui donc subissent l’arrivée à l’école
comme une discontinuité, par opposition aux enfants qui ont grandi avec l’accent des capitales scintillantes, confrontés plus tôt et plus souvent aux normes
culturelles jugées légitimes. Ainsi, les expressions tordues de la rue sont une moindre ressource que les expressions plus distinguées que l’on juge normales à
l’école, celles qui sont teintées de l’accent des capitales scintillantes. Il y a ici une différence de capital culturel incorporé (et une différence de capital
symbolique liée à cette différence).
« T’as pas encore conscience que le langage est ton passeport. Plus tard faudra que tu parles bien, ou bien que tu parles fort »
Ici le passeport est à comprendre comme une ressource, un moyen d’accéder à différentes positions, qui influencera plus tard, « ton mariage tes choix, la
musique que tu écoutes et celle que tu ne comprends pas ». Ce qui montre donc que l’accès à certaines ressources, ici le langage et l’accent, va déterminer
certains de tes goûts et tes choix (habitus), on est bien dans la théorie de Bourdieu.
Il faudra que tu parles bien pour te faire entendre, pour qu’on te perçoive comme un acteur légitime, ou bien que tu parles fort, que tu forces l’écoute car les
ressources dont tu disposes ne permettent pas de te faire entendre en restant à faible volume.
3. Quelles sont les différentes manières/les différents lieux où s'exerce, selon l'auteur, le pouvoir symbolique des dominants?
« La bande détient le prétexte que cherchent les patrouilles »
Ici il est insinué qu’une des institutions où se joue le pouvoir symbolique des dominants et la police. Puisque l’image que renvoie la bande à travers ses traits
habitus détient le prétexte des patrouilles pour les contrôler par exemple (ex de l’allure, de la dégaine etc…). Les personnes de classe dominante
risqueraient moins de se faire contrôler car à travers leurs gestes, allures, manières de se comporter ne transparaissent que les normes jugées légitimes et
bonnes. Il n’attire pas spécialement l’attention et ne paraissent pas déviants.
« Disposé à être tutoyé par toute institution Institution méprise et déplore ton élocution »
Ici il n’est pas précisé de quelle institution on parle, mais la manière d’exercer une forme de violence symbolique est celle du tutoiement. Ainsi l’utilisation de
la seconde personne du singulier serait une manière d’être moins respectueux, de descendre symboliquement la personne. Le vous étant une marque de
respect, son usage différentiel est en effet symptôme d’une différence de considération par la personne. On peut penser à une institution comme l’école, la
police, les services sociaux etc etc dans laquelle la position des jeunes de banlieues ne donnerait pas accès à une certaine forme de respect, montrant
clairement une différence de position sociale entre les individus.
« Tu sais de quoi je parle surtout quand t’es ado Rempli de vivacité, tu sors du bahut, du chahut Contaminé par les expressions tordues de la rue, t’as vu ?
Tu ramènes à l’école une manière de parler. Tu t’la racontes, la manière de manier la langue et de tailler Tes parents se sont dits, l’école change les nantis
Mais leur enfant grandit, et veut parler comme un bandit (…)
L’institution dans laquelle se joue le pouvoir symbolique est ici l’école. Bourdieu lui-même a produit une analyse de l’institution scolaire en ces termes. Il
estimait en effet que l’école avait tendance à reproduire les inégalités en valorisant (à travers notamment des évaluations) un arbitraire culturel issu de la
classe dominante. L’usage du langage à l’école est différent de celui des cités, mais plutôt proche de celui des classes dominantes, ainsi certains individus
auront plus de mal que d’autre face à l’institution scolaire. Pour Bourdieu il ne faut pas voir ces différences comme des inégalités en termes, d’effort individuel
ou même d’intelligence, mais bien comme des différences culturelles préexistant à l’arrivée à l’école et liées aux différentes positions dans l’espace social. La
violence symbolique émane du fait que les résultats scolaires vont être naturalisés, l’école devant d’ailleurs changer les individus, les rendre meilleurs, selon un
certain modèle.
Si tu es d’ceux qui ont grandi dans le gris des tours L’oreille bien trop remplie par l’argo qui s’écoule Tu auras tendance à être moins à l’aise au centre ville
Que dans l’ quartier sensible où ta jeunesse a grandi tranquille D’autres sont nés avec la chance d’avoir la langue dominante Qui s’habille de l’accent des
capitales scintillantes »
Enfin, dans cet extrait l’institution où se joue la violence symbolique est la ville. Il est donc dit que dans les centres, grands, commerciaux, mobilisant des
codes particuliers, les habitants des banlieues se sentiront moins à l’aise que dans les banlieues. En effet, on rejoint ici l’idée d’indignité culturelle et les jeunes
de banlieues ayant évolué dans espaces sociaux mobilisant des codes différents de ceux du centre-ville, généralement habité par une classe plus aisée (cela est
discutable en fonction des villes et des centres-villes).
4. Sur base de vos réponses aux questions qui précèdent, expliquez en quoi l'accent peut être considéré comme le reflet d'un habitus
(cf Q1) et comme un capital (cf Q2 et 3)?
Ici il est demandé d’expliquer clairement la différence entre un habitus et un capital.
Le capital selon Bourdieu est une ressource, quelque chose d’extérieur à la personne, qui définit l’accès à une certaine position sociale. Le langage peut être
perçu comme une ressource, comme cela a été montré dans la deuxième question. Il peut s’agir d’une ressource qui permette d’accéder par exemple à de
certains résultats scolaires, qui peut permettre d’éviter un contrôle policier etc… Comme les questions précédentes.
Mais on peut aussi le percevoir comme un trait d’habitus puisqu’un accent, un usage du langage peut être compris comme une manière d’agir, une expression
de son identité, rattachée à un système plus général appelé habitus. Aussi, le langage peut représenter l’incorporation de ressources culturelles à travers la
socialisation. En ce sens il peut être compris comme un trait habitus, un comportement singulier émanant d’une matrice de comportements elle-même étant
déterminée par l’accès à certains capitaux.
Nous attirons ici l’attention sur le fait que la différence est floue entre le capital culturel incorporé et l’habitus. L’habitus étant responsable des goûts, manière
d’agir, de consommer, de se mouvoir, de parler que nous développons à cause de l’intériorisation de notre position sociale (elle-même liée à nos accès aux
capitaux). Le capital culturel incorporé est lui plutôt comme une ressource en soi liée à notre socialisation dans un monde ayant certains codes culturels. Si
on veut, le langage comme capital culturel est la manière qu’on a de parler, les expressions qu’on a l’habitude d’utiliser, entendus comme une ressource
objectivée, et l’habitus est le système générant les pratiques que l’on en fait, vécu comme subjectivé.
Cfr livre : « la présence du capital culturel incorporé se justifie quand on le perçoit comme une ressource mobilisable dans le jeu social »
5. Analyse des strophes – déterminisme
5.1. la réponse de l'auteur à la question de savoir si toutes les classes sont déterminées par leur habitus, (les classes supérieures
autant que les autres?)
5.2. la réponse de Bourdieu est-elle la même?
"Entre le jeune abonné au musée et celui à l’abribus Seul l’un des deux portera le poids de son habitus (...)
Tu sais que les riches ne sont pas plus libres que toi Eux aussi sont aliénés par leurs mots, leurs codes, leurs choix (...)
Humain je reste emprisonné par mes habitus."
Les deux réponses sont similaires, tout le monde est déterminé socialement selon Rocé et Bourdieu. Les riches aussi vont évoluer d’une certaine manière en
fonction de leur position sociale. Seulement, cette évolution sera moins douloureuse, difficile que la classe populaire. Il n’empêche que les deux classes sont
aussi « libres ». Bourdieu utilise son analyse non pas pour montrer qu’il existe une classe supérieure à l’autre, mais pour dénoncer ces inégalités sociales qui
paraissent trop souvent naturelles, liées à la volonté de personnes, alors qu’en vérité, nous devons surtout tout cela à notre position sociale. Pour Bourdieu,
pour devenir plus libre il faut user de réflexivité, pour développer notre liberté de conscience.
6. Que pouvez-vous dire de l’usage du rap comme forme langagière ? En quoi cela pourrait-il remettre en question certaines
interprétations bourdieusiennes de la culture populaire ?
Certaines critiques ont été faites à Bourdieu quant à l’analyse qu’il fait de la légitimité comme étant uniquement disponible par la classe dominante. Ainsi avec
son analyse sur les classes populaires on lui a reproché d’alimenter des préjugés culturels dont sont déjà victimes les classes populaires. Pour se libérer de la
domination selon Bourdieu il faudrait avoir de la culture dominante et donc ça ne passerait pas par l’affirmation de la légitimité d’une autre culture.
Or le rap précisément a largement été utilisé comme nouvel outil culturel légitime et est en tout cas teinté de ce genre de revendications. Selon certains
auteurs on assisterait à un certain brouillage des frontières entre les genres savants et populaires, ce qui permet à des groupes culturels autres que les
dominants de faire reconnaitre leur production culturelle.
Le rap par exemple est, d’une certaine manière, occupé à s’imposer comme norme culturelle chez beaucoup de jeunes. Ici notamment le fond du texte est
plutôt celui de la culture dominante (théorie de Bourdieu) mais utilise une forme qui n’est pas celle de la culture dominante, l’usage du rap pour produire ce
type d’analyse permet de brouiller les frontières entre populaire et dominant. Mais attention, si on continue la théorie de Bourdieu, la classe dominante a
toujours un moyen de se distinguer (exemple usage graffitis) et le rap en soi ne peut donc pas être perçu comme appartenant à une seule classe, il existe des
codes de goûts au sein même de cette culture (de ce champ) et certains goûts apparaitront plus légitimes que d’autres
Pour aller plus loin dans cette question vous pouvez réfléchir à l’utilisation du slam (champ du rap) aujourd’hui et aller voir l’exercice : Zemmour face à grand
corps malade sur Sociolog (1.31).
7. Analysez la position sociale de E.Vermeulen à partir de:
a. Son accès aux capitaux
Le texte nous permet aisément de répondre à cette question : il suffit d’y retrouver les différents éléments témoignant d’un certain accès aux capitaux. Il
convient donc d’isoler les extraits correspondant aux bons capitaux.
1) Commençons par le capital économique. Beaucoup d’indices nous amènent à la conclusion que ce dernier est élevé, procédons dans l’ordre du texte :
Sa profession d’architecte d’intérieur va de pair avec un certain salaire qui, on peut l’estimer, est sûrement relativement confortable. Ensuite dans la
description, on présente une boîte de chocolat de marque, aussi quelque chose qui coûte relativement cher (Sweertvaegher). En poursuivant le texte on
apprend très vite qu’il a acheté l’immeuble dans lequel il se trouve actuellement, un immeuble classé qui plus est, ce qui témoigne également d’une certaine
aisance financière. Il n’a d’ailleurs habité que dans des endroits qui ont l’air luxueux et coûteux :
« J’ai habité une gentilhommière du XVIIIème siècle à la campagne, puis un appartement très épuré, minimaliste à souhait, décoré par Vincent Van Duysen et
situé dans un immeuble de Marc Corbiau »
De plus : « Je ne déménage rien, c’est l’avantage d’être célibataire. Quand je vends un lieu, je vends aussi les meubles qui s’y trouvent. Il y a très peu de chose
qui me suivent, à l’exception, peut-être, d’une sculpture de Courtens que j’ai vue durant toute mon enfance chez ma grand-mère. Ou encore un tableau
d’Alechinsky que j’ai acheté avec mes premiers deniers gagnés. »
Ne rien déménager est l’avantage d’être célibataire, mais surtout de pouvoir se le permettre, il témoigne par là d’un important capital économique, de même
sans encore parler de la valeur culturelle des tableaux et sculptures cités, je vous mets au défi d’acheter un Alechinsky avec vos premiers deniers gagnés…
Ensuite, on peut aussi attirer l’attention sur les importants travaux qu’il a effectué dans l’appartement (refaire le sol etc) pour qu’il ait une apparence de déjà
habité, cela ne se fait pas gratuitement non plus et témoigne encore une fois d’un accès à d’important capitaux économiques.
En bref, on peut encore multiplier les exemples, mais son capital économique ici est clairement élevé.
2) Passons au capital culturel.
Pour rappel, ce dernier peut être de plusieurs types :
Le capital culturel institutionnalisé, les diplômes par exemple. Ici On sait qu’il a un diplôme d’architecte d’intérieur. Son capital culturel institutionnalisé est
donc élevé.
Le capital culturel objectivé, les biens de cultures dont il dispose. On sait qu’il possède relativement beaucoup d’œuvres d’art comme un tableau d’Alechinsky,
une sculpture de Courtens… On apprend également dans le texte qu’il possède un canapé qui vient du château d’Argentueuil, acheté par Léopold III et
encore un canapé Jules Wabbes avec son tissu d’origine. Tous ces objets témoignent d’un capital culturel objectivé élevé.
Enfin le capital culturel incorporé, qui se traduit par une aisance et une connaissance du milieu culturel. Dans le texte on voit aussi que ce dernier est élevé : Il
sait comment faire pour qu’une attitude soit cosy, il est lui-même décontracté dans son appartement aux allures de suite d’hôtel, d’ailleurs il n’a habité que
dans ce type d’endroit:
« J’ai habité une gentilhommière du XVIIIème siècle à la campagne, puis un appartement très épuré, minimaliste à souhait, décoré par Vincent Van Duysen et
situé dans un immeuble de Marc Corbiau ». Il a l’habitude d’évoluer dans ce monde et connaît et reconnaît ce qui est de valeur et de bon goût et ce qui ne
l’est pas, comme en témoigne sa capacité à « chiner » des objets ou encore son enfance passée entre des chocolats de marque et une sculpture de Courtens.
Depuis petit il baigne dans ce monde et son capital culturel incorporé est donc également élevé.
3) Capital social
Son capital social est relativement élevé comme nous montrent toutes les photos de lui avec des personnalités qu’il possède. Son entourage est relativement
puissant et peut certainement l’aider de différentes manières à se maintenir dans cet accès aux capitaux.
« C’est une sorte de faire-valoir dans le fond, et c’est important dans ma carrière d’avoir pu conseiller des personnalités en toute discrétion. Ça fait partie
des joies de mon existence »
D’ailleurs pour les travaux qu’il a effectués dans sa maison il s’est doté de bonnes personnes, que de vraies artistes, il savait où trouver ces personnes,
comme il sait certainement où trouver certaines des œuvres d’art qui l’intéressent.
4) Capital symbolique
Ce dernier, représentant la force symbolique qu’il exerce sur les autres, est fort également comme en témoigne le début du texte où il est dit incarné le chic
noble et juste. Ses goûts s’apparentent en effet au bon goût et il l’impose d’une certaine manière aux autres classes. On peut donc confirmer qu’il est élevé
également.
Il nous reste à analyse la structure de ses capitaux et leur dimension temporelle. Concernant leur évolution, nous n’avons pas énormément d’indices… On
sait qu’il était certainement aidé déjà étant jeune et on ne voit pas tellement d’évolution, qu’elle soit négative ou positive.
En ce qui concerne la structure, on pourrait penser que sa profession libérale l’amène au centre, entre dimension culturelle et économique. Cela pourrait
être confirmé par le fait que pour obtenir autant de biens il faut un certain capital économique. Néanmoins on remarque qu’il accorde plus d’importances au
culturel qu’à l’accumulation par exemple et que toutes ses consommations sont principalement culturelles. Il valorise leurs valeurs esthétiques avant leurs
valeurs financières. La réponse à la question de la structure est donc nuancée, car on pourrait dire qu’il se situe plutôt près du pôle culturel sans être dominé
pour autant, et l’argumentation plutôt que la réponse finale est ici évaluée.
L’accès aux capitaux nous permet de situer sans aucun doute Mr Vermeulen dans la classe dominante.
Erreurs classiques :
Oublier un type de capital,
Ne pas séparer le capital culturel en trois parties,
Négliger la structure du capital,
Confondre capital et traits d’habitus
b. Ses traits d’habitus
Comme la question précédente, il est possible de répondre à l’aide de plusieurs exemples.
En voici quelques-uns :
Détachement de la nécessité
Primat de la forme sur le fond
Aisance et distinction
Appropriation culturelle et symbolique (pas d’accumulation) de la culture
Deux traits d’habitus suffisent pour obtenir le maximum, mais il faut impérativement expliquer le lien entre capital et habitus, il faut percevoir que l’habitus est
lié à la position sociale, on intériorise notre position sociale, liée à l’accès aux capitaux et de ce fait on développe des goûts particuliers, il ne faut pas
simplement dire que comme il est riche pas de rapport à la nécessité, il faut montrer le côté intériorisation de la position.
Dans le cas du détachement à la nécessité, on pouvait prendre comme exemple le fait qu’il déménage en ne prenant aucun objet ce qui est clairement
différent d’une personne ayant besoin de garder des objets malgré leur ancienneté ou leur non esthétique. L’accès à d’importants capitaux économiques n’a
jamais placé Mr Vermeulen dans une situation de nécessité. Il a donc incorporé cela et un goût pour ce qui se détache de la nécessité s’est développé. De la
même manière, pour le primat de la forme sur le fond, on voit à travers tout le texte qu’il privilégie l’esthétique au caractère fonctionnel des objets. Preuve
en est qu’il ne les prend même pas lorsqu’il déménage, et d’ailleurs il n’est pas tellement souvent chez lui, malgré tous les efforts qu’il fait pour l’aménager.
La classe, l’aisance et la distinction dont il témoigne dans tout le texte est également liée à l’incorporation de son capital culturel. A force d’évoluer dans ce
monde depuis toujours il en incorpore les codes et fonctionne « normalement » avec eux, avec « un rien de décontraction », comme si on était chez soi,
alors que tout est censé rappelé une suite d’hôtel luxueuse.
On pourrait également ajouter que l’incorporation de sa position sociale aisée ne lui donne pas trop d’inquiétude pour le futur, ainsi quand on lui demande où
il se voit dans le futur, il n’a pas trop de doute et se visualise dans une haute tour ou à l’étranger. Il témoigne ainsi d’une philosophie plutôt rose, pas trop
inquiété par le futur.
Erreurs fréquentes :
L ’articulation entre capital et habitus est souvent négligée
Mélanger capitaux et traits d’habitus
8. Que penser du fait que l'appartement d'E.Vermeulen soit considéré comme un sujet intéressant pour la rubrique "Déco" du
magazine "Victoire"? Comment caractériser les termes utilisés par la journaliste pour parler d'E. Vermeulen? De quel type de
capital d’E. Vermeulen ce fait et ces caractéristiques témoignent-ils?
Les termes utilisés par le journaliste témoigne du capital symbolique de E. Vermeulen ; « le chic noble et juste, un vrai magicien » etc. J’attendais une
définition personnalisée du capital symbolique : faire passer un arbitraire culturel comme le bon goût. Le journaliste est impressionné et reconnaît les goûts
de Vermeulen comme le bon goût (sorte de violence symbolique). L’idée de magicien est équivoque, on attribue à la nature, voire ici au surnaturel, cette
capacité à maîtriser le bon goût, mais c’est précisément sa position qui permet de faire passer ses goûts comme le bon goût, Bourdieu permet de dévoiler la
magie…
Erreurs fréquentes :
Confondre le capital de Vermeulen et ceux du journaliste. Il est bien demandé de parler des capitaux de Vermeulen et non de ceux du journaliste.
9. Selon Bourdieu, comment se sentiraient des individus issus des autres classes sociales dans ce lieu, pourquoi ?
Il est ici possible de répondre pour les deux autres classes que la classe dominante. Evidemment, si la bonne classe n’a pas été identifiée au début, répondre
correctement à cette question est plus compliqué.
Commençons avec la classe populaire, dominée :
Selon Bourdieu, cette classe développe certains traits d’habitus par rapport à la classe dominante, du fait de l’intériorisation de sa domination. Ainsi dans un
lieu culturellement proche de la classe dominante, les individus de la classe populaire développeraient une forme d’indignité culturelle. C’est-à-dire qu’ils
reconnaitraient leur caractère inférieur par rapport au chic, au noble et au cachet de la maison-suite d’hôtel de E. Vermeulen. Ils ne se sentiraient donc pas à
l’aise dans ce lieu et certainement pas « comme chez eux ». C’est dû à la violence symbolique du lieu qui rappelle les schèmes valorisés de la classe
dominante. Malaise également car les codes sont très éloignés de ceux de la classe dominée, qui valorise la nécessité et non l’esthétique, le fond sur la forme.
Ce qui est complètement en opposition avec la classe dominante. Ainsi de par l’intériorisation d’une position sociale donnant un faible accès en capitaux ils
ont développé un goût du nécessaire, en désaccord avec celui des classes dominantes.
Pour la classe moyenne c’est différent : Reconnaissant la valeur de la classe dominante et de son rapport à la culture, les individus de la classe dominante se
sentirait certainement heureux dans un tel endroit. En effet, ils ont un rapport de bonne volonté culturelle envers et la classe dominante et valorise donc
l’usage de la culture. Néanmoins ils n’en maitriseraient pas tous les codes, car leurs rapports sont fait de reconnaissance et de méconnaissance, ils ne sont pas
aussi à l’aise que la classe dominante, qui se faisant s’en distingue. De par l’intériorisation d’une position plus élevée que celle de la nécessité, il s’en détache et
valorise le capital auquel ils ont le plus facilement accès : le capital culturel. Néanmoins, n’ayant pas été confronté à ce monde depuis toujours, ils ne le
maîtrisent, le consomment pas aussi « justement » que le ferait la classe dominante.
Indirectement il est demandé une nouvelle fois l’articulation entre traits et capitaux. Ici il fallait identifier les ressentis des autres classes dans ces lieux, les lier
aux traits d’habitus et idéalement encore une fois à l’accès aux capitaux
Erreurs fréquentes :
Ne faire qu’une des deux classes.
Ne pas identifier les traits responsables