CH 7 La France Une Nouvelle Place Dans Le Monde (Complet)
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Introduction
Une fois tournée la page de la guerre, la France se retrouve face à de très nombreux défis. Parmi ces
défis, l'un des plus importants est la reconstruction politique : la IIIème République s'est, en effet,
discréditée à cause de la défaite de 1940 et de la possibilité qu'elle a donnée au Maréchal Pétain de
prendre le pouvoir. Mais la IVème République qui naît alors doit aussi faire face à de nouveaux
défis, plus inattendus : la décolonisation et la construction européenne. Finalement incapable de
régler la question alégérienne, la IVème République doit laisser la place à la Vème République,
appelée de ses vœux par le Général de Gaulle.
Comment la place de la France dans le monde évolue-t-elle, entre 1945 et 1974 ?
De Gaulle préconise une constitution dans laquelle le pouvoir exécutif serait renforcé, par rapport à
la constitution de la IIIème République, dans laquelle le Parlement avait un pouvoir prépondérant.
EN effet, de Gaulle estime que le régime parlementaire de la IIIème République, avec ses querelles
de partis et ses débats sans fin, est largement responsable de la défaite de 1940. Mais l'assemblée
constituante préfère un régime parlementaire, jugé davantage démocratique. De Gaulle décide alors
de démissionner, le 20 janvier 1946. La constitution de la IVème République est adoptée par
référendum le 27 octobre 1946.
- De Gaulle crée, en 1947 le RPF (Rassemblement du Peuple Français) et son parti s’oppose
également aux gouvernements successifs de la IVème République
- Le scrutin proportionnel (les partis présentent des listes et obtiennent un nombre d’élus
proportionnel au nombre de voix obtenues. C’est différent du scrutin majoritaire aujourd’hui
utilisé : scrutin uninominal à deux tours), au Parlement, aboutit à ce que tous les partis, même les
plus petits, soient représentés. Dans ces conditions, il est très difficile de constituer une majorité
pour gouverner : il faut faire des coalitions, qui sont par nature très instables. Dès que la coalition
éclate, le gouvernement est privé de majorité et peut être renversé. Cela explique en partie pourquoi
la IVème République est très instable : 22 gouvernements se succèdent en moins de 11 ans et un
seul dépasse 18 mois d’existence. D'un autre côté, le scrutin proportionnel est plus démocratique en
ce qu'il permet aux petits partis d'être représentés au Parlement.
2. Les débuts de la construction européenne
a. Un contexte favorable
Au lendemain de la guerre, de nombreux Européens sont persuadés qu'une Europe unie est la
solution pour éviter le retour d'une guerre sur le Vieux continent. Un congrès se tient à La Haye, en
mai 1948, pour tenter de donner forme à ce projet.
Par ailleurs, les Etats-Unis, dans un contexte de guerre froide, poussent les Européens de l'Ouest à
se rapprocher, pour offrir un front uni face à l'URSS. Le Plan Marshall, ainsi, est proposé en bloc
aux Etats européens, de manière à les pousser à la coopération pour se répartir les aides
américaines. C'est ce que fait l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique),
créée en 1948.
b. La création de la CECA
En mai 1950, un projet de construction européenne limitée au charbon et à l'acier est proposé par
Jean Monnet, commissaire au Plan, et Robert Schuman, ministre des affaires étrangères. Ce projet
prévoit la gestion du charbon et de l'acier, pour 6 Etats européens (France, RFA, Italie,
Luxembourg, Pays-Bas et Belgique), par une Haute autorité, dotée de pouvoirs supranationaux.
C'est à dire que lesdits 6 pays abandonnent leurs compétences dans ces domaines à cette Haute
autorité. C'est une façon d'amorcer un rapprochement entre les pays européens, en se limitant, pour
le moment, à deux secteurs économiques stratégiques. La CECA (Communauté Européenne du
Charbon et de l'Acier) est créée en avril 1951.
c. La création de la CEE
La France et d'autres pays européens décident d'aller plus loin dans le sens d'un rapprochement
européen. Après l'échec de la CED (Communauté Européenne de Défense, qui aurait permis de
constituer une armée européenne), en 1954, le projet européen est relancé en 1957, avec les traités
de Rome, signés par les 6 Etats membres de la CECA. Ces 6 Etats créent la CEE (Communauté
Economique Européenne, c'est à dire un marché commun, sans frontières) et la CEEA
(Communauté Européenne de l'Energie Atomique). Pour la IVème République, la construction
européenne est une façon de retrouver de l'influence et de la puissance, après différents échecs de
politique étrangère, liés à la décolonisation (perte de l'Indochine, du Maroc, de la Tunisie, crise de
Suez, etc...).
En Algérie aussi, la situation dégénère, à partir du 1er novembre 1954 (Toussaint sanglante),
lorsque le FLN (Front de Libération Nationale) lance son mouvement de révolte. L'Algérie, divisée
en départements, comme la métropole, est vue par une grande partie de la classe politique française
comme une partie intégrante du territoire national. C'est donc la répression qui est choisie, et
confiée à l'armée, au sein de laquelle un sentiment revanchard est très développé, après la perte de
l'Indochine et l'humiliation de Dien Bien Phu (voir le documentaire : Guerre d'Algérie : la
déchirure) https://www.youtube.com/watch?v=ujuy1QUjtOw
La IVème République accepte, cependant, l'indépendance du Maroc et de la Tunisie (1956).
- les harkis : ce sont les Algériens qui se sont battus aux côtés de l'armée française. Sur 200 000
d'entre eux, environ 85 000 sont rapatriés en France avec leur famille. Là, ils sont parqués dans des
camps et oubliés par le gouvernement. Ils ont tout perdu : leur pays, leurs repères, leur dignité et
eux aussi ont le sentiment d'avoir été trahis par l'Etat français. Sur ceux qui sont restés en Algérie,
beaucoup ont été massacrés par le FLN.
- les anciens combattants français, eux, sont marqués par les atrocités (Benoist Rey, Les égorgeurs,
1961), ou, pour les officiers, sont amers d'avoir dû plier bagage alors qu'ils avaient le sentiment
d'être en train de gagner.
- les victimes des violences de l'armée française, anciens combattants du FLN (Louisette Ighilariz,
qui témoigne en 2000 dans la presse), ou sympathisants français du FLN (Maurice Audin, torturé
puis assassiné par les parachutistes français en 1957) suscitent des revendications pour que la
France reconnaisse les atrocités commises en Algérie.
En revanche, le général de Gaulle cherche à resserrer les liens entre la France et l'Allemagne : il s'y
rend en 1962, reçoit le chancelier Konrad Adenauer en France et les deux hommes signent, en 1963,
le traité de l'Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande en créant une alliance étroite
entre les deux pays.
c. La modernisation de la France
De Gaulle cherche à moderniser la France, et à la développer sur le plan économique :
- le franc est dévalué, pour lutter contre l'inflation et favoriser le commerce extérieur
- des grands travaux sont lancés : barrages hydroélectriques, aéroports (lancement, en 1964, de la
construction de l'aéroport de Roissy), autoroutes (en 1960, un plan directeur de 3600 km
d'autoroutes est prévu)…
- lancement du Plan calcul, pour soutenir le développement de l'informatique en France
- aménagement de stations touristiques : plan neige, en 1964 (création de stations de sports d'hiver),
puis stations balnéaires sur la côte méditerranéenne (Grande Motte) et atlantique.
- L’Etat favorise la constitution de grands groupes nationaux (Elf, 1964 ; Aerospatiale, 1969), lance
de grands programmes industriels (nucléaire, TGV, RER, etc…). Ainsi, en 1967, l’Etat assure plus
de la moitié du financement des investissements en France.
b. La crise sociale
Les étudiants sont rapidement rejoints par les syndicats et par certains partis politiques (parti
socialiste, parti communiste), pour protester contre la répression et contre le régime gaulliste. Les
syndicats appellent à la grève générale : en mai, la France compte plus de 10 millions de grévistes.
Le pays est paralysé.
Conclusion
La période qui va de 1945 à 1974 est une période de changements profonds, dans l'histoire de la
France. EN effet, le pays est confronté à de nombreux défis : reconstruction, guerre froide,
décolonisation et doit, dans le même temps, se renouveler politiquement. Le fil conducteur des
hommes politiques de la IVème et, plus encore, de la Vème République, dans ces années là, c'est le
rétablissement de la grandeur et de l'indépendance de la France. La France, tout en modernisant ses
infrastructures et son industrie, cherche donc une voie originale entre les deux blocs, en tentant
d'affirmer son indépendance et de maintenir son prestige à l'étranger, malgré les déboires de la
décolonisation. Ce sont ces déboires, ainsi que la recherche d'indépendance et de grandeur qui
poussent la France dans le projet européen, tout en hésitant sur le modèle d'intégration, le
fédéralisme étant jugé par le général de Gaulle comme trop néfaste pour la souveraineté du pays.
Ces trois décennies sont une période d'important développement économique en France, que l'on
qualifie aujourd'hui de Trente Glorieuses, mais la société est restée assez conservatrice, dans le
même temps, ce qui explique la crise de mai 1968, expression d'une volonté de changement de la
part d'une jeunesse nombreuse et qui aspire à davantage de libertés. Avec le premier choc pétrolier,
en 1973, la décennie 1970 ouvre une nouvelle période pour la France et l'Occident.