CH 7 La France Une Nouvelle Place Dans Le Monde (Complet)

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La France : une nouvelle place dans le monde

Introduction
Une fois tournée la page de la guerre, la France se retrouve face à de très nombreux défis. Parmi ces
défis, l'un des plus importants est la reconstruction politique : la IIIème République s'est, en effet,
discréditée à cause de la défaite de 1940 et de la possibilité qu'elle a donnée au Maréchal Pétain de
prendre le pouvoir. Mais la IVème République qui naît alors doit aussi faire face à de nouveaux
défis, plus inattendus : la décolonisation et la construction européenne. Finalement incapable de
régler la question alégérienne, la IVème République doit laisser la place à la Vème République,
appelée de ses vœux par le Général de Gaulle.
Comment la place de la France dans le monde évolue-t-elle, entre 1945 et 1974 ?

I. La IVème République face à de nombreux défis (1946-58)


1. La naissance de la IVème République
a. Le choix d'une République parlementaire
A la Libération, c'est le GPRF (Gouvernement Provisoire de la République Française), présidé par
le Général de Gaulle, qui dirige la France. Les différents mouvements de résistance y sont très
présents. Le 21 octobre 1945, les Français sont appelés à se prononcer par référendum pour
déterminer s'ils souhaitent changer ou non de constitution. Le oui l'emporte à 96%. Le même jour,
ils élisent une assemblée qui est donc constituante. C'est la première fois que les femmes votent, en
France.

De Gaulle préconise une constitution dans laquelle le pouvoir exécutif serait renforcé, par rapport à
la constitution de la IIIème République, dans laquelle le Parlement avait un pouvoir prépondérant.
EN effet, de Gaulle estime que le régime parlementaire de la IIIème République, avec ses querelles
de partis et ses débats sans fin, est largement responsable de la défaite de 1940. Mais l'assemblée
constituante préfère un régime parlementaire, jugé davantage démocratique. De Gaulle décide alors
de démissionner, le 20 janvier 1946. La constitution de la IVème République est adoptée par
référendum le 27 octobre 1946.

b. Une République fragile


La IVème République est un régime parlementaire. En effet, c’est le Parlement qui possède
l’essentiel des pouvoirs : c’est lui qui élit le président de la République, il peut renverser le
gouvernement et c’est lui qui investit le président du conseil (qui gouverne).

Or, le Parlement est, par nature, très divisé :


- Le PCF, très puissant (28% des voix en 1946), s’oppose systématiquement aux différents
gouvernements, à partir de 1947 et jusqu’en 1981 (alignement sur Moscou, dans un contexte de
guerre froide)

- De Gaulle crée, en 1947 le RPF (Rassemblement du Peuple Français) et son parti s’oppose
également aux gouvernements successifs de la IVème République

- Le scrutin proportionnel (les partis présentent des listes et obtiennent un nombre d’élus
proportionnel au nombre de voix obtenues. C’est différent du scrutin majoritaire aujourd’hui
utilisé : scrutin uninominal à deux tours), au Parlement, aboutit à ce que tous les partis, même les
plus petits, soient représentés. Dans ces conditions, il est très difficile de constituer une majorité
pour gouverner : il faut faire des coalitions, qui sont par nature très instables. Dès que la coalition
éclate, le gouvernement est privé de majorité et peut être renversé. Cela explique en partie pourquoi
la IVème République est très instable : 22 gouvernements se succèdent en moins de 11 ans et un
seul dépasse 18 mois d’existence. D'un autre côté, le scrutin proportionnel est plus démocratique en
ce qu'il permet aux petits partis d'être représentés au Parlement.
2. Les débuts de la construction européenne
a. Un contexte favorable
Au lendemain de la guerre, de nombreux Européens sont persuadés qu'une Europe unie est la
solution pour éviter le retour d'une guerre sur le Vieux continent. Un congrès se tient à La Haye, en
mai 1948, pour tenter de donner forme à ce projet.
Par ailleurs, les Etats-Unis, dans un contexte de guerre froide, poussent les Européens de l'Ouest à
se rapprocher, pour offrir un front uni face à l'URSS. Le Plan Marshall, ainsi, est proposé en bloc
aux Etats européens, de manière à les pousser à la coopération pour se répartir les aides
américaines. C'est ce que fait l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique),
créée en 1948.

b. La création de la CECA
En mai 1950, un projet de construction européenne limitée au charbon et à l'acier est proposé par
Jean Monnet, commissaire au Plan, et Robert Schuman, ministre des affaires étrangères. Ce projet
prévoit la gestion du charbon et de l'acier, pour 6 Etats européens (France, RFA, Italie,
Luxembourg, Pays-Bas et Belgique), par une Haute autorité, dotée de pouvoirs supranationaux.
C'est à dire que lesdits 6 pays abandonnent leurs compétences dans ces domaines à cette Haute
autorité. C'est une façon d'amorcer un rapprochement entre les pays européens, en se limitant, pour
le moment, à deux secteurs économiques stratégiques. La CECA (Communauté Européenne du
Charbon et de l'Acier) est créée en avril 1951.

c. La création de la CEE
La France et d'autres pays européens décident d'aller plus loin dans le sens d'un rapprochement
européen. Après l'échec de la CED (Communauté Européenne de Défense, qui aurait permis de
constituer une armée européenne), en 1954, le projet européen est relancé en 1957, avec les traités
de Rome, signés par les 6 Etats membres de la CECA. Ces 6 Etats créent la CEE (Communauté
Economique Européenne, c'est à dire un marché commun, sans frontières) et la CEEA
(Communauté Européenne de l'Energie Atomique). Pour la IVème République, la construction
européenne est une façon de retrouver de l'influence et de la puissance, après différents échecs de
politique étrangère, liés à la décolonisation (perte de l'Indochine, du Maroc, de la Tunisie, crise de
Suez, etc...).

3. La IVème République face à la décolonisation


La mise en place de la IVème Réublique coïncide avec la période de la décolonisation. De
nombreuses colonies françaises s'agitent, encouragées par les discours anticolonialistes de l'ONU,
de l'URSS et des USA.
Les gouvernements de la IVème République acceptent mal les velléités d'indépendance des
colonies : une émeute, à Sétif (Algérie), en mai 1945, est violemment réprimée. La proclamation de
l'indépendance de l'Indochine, par Ho Chi Minh, en septembre 1945, entraîne une véritable guerre,
perdue par la France en 1954.

En Algérie aussi, la situation dégénère, à partir du 1er novembre 1954 (Toussaint sanglante),
lorsque le FLN (Front de Libération Nationale) lance son mouvement de révolte. L'Algérie, divisée
en départements, comme la métropole, est vue par une grande partie de la classe politique française
comme une partie intégrante du territoire national. C'est donc la répression qui est choisie, et
confiée à l'armée, au sein de laquelle un sentiment revanchard est très développé, après la perte de
l'Indochine et l'humiliation de Dien Bien Phu (voir le documentaire : Guerre d'Algérie : la
déchirure) https://www.youtube.com/watch?v=ujuy1QUjtOw
La IVème République accepte, cependant, l'indépendance du Maroc et de la Tunisie (1956).

II. Le passage à la Vème République (1958-62)


1. La crise algérienne et le changement de République
La IVème République ne parvient pas à définir une politique cohérente pour mettre fin à la guerre
d'Algérie, du fait d'une grande instabilité ministérielle. Lorsqu'un nouveau président du conseil est
désigné, qui semble favorable à des négociations avec le FLN, les pieds noirs algériens se révoltent,
le 13 mai 1958, à Alger, soutenus par l'armée sur place. Les révoltés en appellent au général de
Gaulle, seul capable, à leurs yeux, de conserver l'Algérie française. De Gaulle se déclare disponible.
Il est investi président du conseil par l'Assemblée nationale le 1er juin 1958, mais en obtenant les
pleins pouvoirs pour 6 mois et la possibilité de proposer aux Français une nouvelle constitution. Au
sein de l'Assemblée nationale, certains craignent un coup d'Etat du général et s'opposent à son
investiture. C'est le cas, en particulier, de Pierre Mendès-France. Etude de cas p 182

étude de cas p 184-185 : la constitution de la Vème République


La rédaction de la nouvelle constitution est confiée à un comité d'experts dirigés par Michel Debré.
La constitution de la Vème République est présentée officiellement, en grande pompe, le 4
septembre 1958 et elle est adoptée par référendum le 28 septembre 1958, avec plus de 79% de oui.
Elle est proclamée le 4 octobre. Elle met en place un régime parlementaire, dans lequel le président
de la République, élu pour 7 ans, peut dissoudre l'Assemblée nationale et convoquer des
référendums. Il est élu au suffrage indirect, par un collège électoral de 80 000 personnes. De Gaulle
est élu, en décembre 1958, premier président de la Vème République.

2. Le règlement de la guerre d'Algérie par de Gaulle


De Gaulle, dans un premier temps, semble répondre aux attentes des pieds-noirs algériens : lors d'un
discours à Alger, le 4 juin 1958, il leur adresse son fameux : « je vous ai compris ». En octobre
1958, il dévoile un plan de développement économique censé apaiser les tensions en Algérie.
Mais le FLN continue de se battre, y compris en organisant des attentats en métropole, et met en
place le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) (septembre 1958). De
Gaulle en vient à la conviction qu'il faut négocier avec le FLN : le 16 septembre 1959, il propose de
consulter la population algérienne. Si, en métropole, les Français y sont majoritairement favorables,
les pieds-noirs, eux, y sont farouchement opposés. Leur mécontentement rejoint celui des généraux
de l'armée française qui se battent en Algérie : le 22 avril 1961, un putsch est organisé par certains
d'entre eux. De Gaulle y fait échec, en diffusant par radio un message aux troupes françaises pour
qu'elles refusent d'obéir aux rebelles.
Finalement, les accords d'Evian, signés le 18 mars 1962 et ratifiés par référendum, mettent un terme
au conflit : l'indépendance de l'Algérie est proclamée le 5 juillet 1962.

3. Les conséquences de la guerre d'Algérie


a. Un conflit traumatique pour la France
étude de cas sur la guerre d'Algérie p 180
La guerre d'Algérie est un conflit traumatisant pour la France :
- de nombreux jeunes Français (1,1 million) ont dû faire leur service militaire pendant la guerre et y
ont été marqués par les atrocités auxquelles ils ont assisté : torture, assassinats, massacres, etc... 23
000 soldats français y ont trouvé la mort, dont la moitié d'appelés
- le conflit s'est exporté en France, avec des attentats commis par le FLN, mais aussi par l'OAS
(Organisation Armée Secrète, opposée à l'indépendance de l'Algérie). La préfecture de Paris ayant
imposé un couvre-feu aux musulmans, le soir du 17 octobre 1961, le FLN organise une
manifestation dans Paris pour protester. Le préfet de Paris, Maurice Papon (ancien collaborateur
pendant la guerre), ordonne à la police une répression sévère : de nombreux manifestants sont tués,
en particulier sur le pont de Neuilly (Clichy), où des Algériens sont jetés dans la Seine par la police.
Les autorités minimisent ensuite l'évènement et maintiennent, pendant longtemps, la censure autour
de cette répression.
- malgré les pertes et les moyens déployés, la France perd l'Algérie, qui était vue comme une partie
du territoire national
- le conflit déchire l'opinion publique, entre ceux qui défendent l'Algérie française et ceux qui
dénoncent les atrocités commises par l'armée française

b. Le renforcement du pouvoir présidentiel


De Gaulle échappe de peu à un attentat organisé par l'OAS, en août 1962 : l'attentat du Petit-
Clamart. Profitant de l'émotion suscitée par cet attentat, il propose l'élection du président de la
République au suffrage universel, ce qui renforce le pouvoir présidentiel. Cette réforme est
approuvée par référendum le 28 octobre 1962.

c. Des mémoires de la guerre d'Algérie toujours vivantes


étude de cas p 188 : les mémoires de la guerre d'Algérie
La guerre d'Algérie a longtemps été tue, en France, par les autorités : pas de commémorations
officielles, pas de pensions d'anciens combattants, mesures d'amnisties votées pour tous les crimes
commis pendant la guerre, archives sensibles inaccessibles aux historiens. Cela a favorisé la mise en
place de mémoires différentes de la guerre, au sein de différents groupes :
- les pieds-noirs : environ 1 million d'entre eux doivent quitter l'Algérie, après les accords d'Evian.
Pour eux, c'est une tragédie et de Gaulle est accusé de trahison. Ils constituent un électorat
important dans le sud de la France, et beaucoup d'entre eux votent très à droite. Ils cultivent la
« nostalgérie », bien incarnée par e chanteur Enrico Macias (« Adieu mon pays », 1962)

- les harkis : ce sont les Algériens qui se sont battus aux côtés de l'armée française. Sur 200 000
d'entre eux, environ 85 000 sont rapatriés en France avec leur famille. Là, ils sont parqués dans des
camps et oubliés par le gouvernement. Ils ont tout perdu : leur pays, leurs repères, leur dignité et
eux aussi ont le sentiment d'avoir été trahis par l'Etat français. Sur ceux qui sont restés en Algérie,
beaucoup ont été massacrés par le FLN.

- les anciens combattants français, eux, sont marqués par les atrocités (Benoist Rey, Les égorgeurs,
1961), ou, pour les officiers, sont amers d'avoir dû plier bagage alors qu'ils avaient le sentiment
d'être en train de gagner.

- les victimes des violences de l'armée française, anciens combattants du FLN (Louisette Ighilariz,
qui témoigne en 2000 dans la presse), ou sympathisants français du FLN (Maurice Audin, torturé
puis assassiné par les parachutistes français en 1957) suscitent des revendications pour que la
France reconnaisse les atrocités commises en Algérie.

III.La Vème République gaullienne (1962-74)


1. La politique de de Gaulle
a. La politique de « grandeur »
De Gaulle a pour objectif principal de redonner à la France un rang de grande puissance. Pour cela,
il développe une politique étrangère (domaine réservé du chef de l'Etat) autonome vis-à-vis des
Etats-Unis :
- la France obtient la bombe atomique en 1960 et développe sa propre dissuasion nucléaire : sous-
marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) à partir de 1967, avions bombardiers (1964), missiles
- en 1964, la France reconnaît la RPC
- en 1966, la France quitte le commandement intégré de l'OTAN et refuse désormais les bases
américaines sur son sol
- en 1967, à Phnom Penh (Cambodge), de Gaulle critique l'intervention américaine au Vietnam
Par ailleurs, de Gaulle multiplie les voyages à l'étranger et met en place des liens privilégiés avec
les anciennes colonies africaines de la France, qui accèdent à l'indépendance en 1960 (Mauritanie,
Niger, Mali, Burkina Faso, Côte-d'Ivoire, etc...).
b. De Gaulle contre l'intégration européenne
L'idée que se fait de Gaulle de l'indépendance et de la grandeur de la France, s'oppose à l'intégration
européenne, telle que défendue à partir de 1950 par Jean Monnet de Robert Schuman : ces derniers
ont une vision fédéraliste de l'intégration fédéraliste de l'Europe. C'est à dire que les Etats
européens acceptent, progressivement, de renoncer à leur souveraineté (capacité d'un Etat à décider
par lui-même, sur son propre territoire), au profit d'un gouvernement européen. C'est le modèle des
Etats-Unis.
Au contraire, le général de Gaulle souhaite que la France conserve sa souveraineté et préfère une
Europe unioniste, c'est à dire une Europe des nations, dans laquelle les différents Etats, associés,
conservent leur autonomie.
De Gaulle bloque donc toute avancée de l'intégration européenne, pendant son mandat. Par
exemple :
- en 1965, il pratique la « politique de la chaise vide » à la CEE : celle-ci souhaitait que les
décisions soient désormais prises à la majorité qualifiée (chaque Etat dispose d'un pourcentage de
voix, proportionnel à sa population). Pour s'y opposer, de Gaulle ne se rend plus aux réunions
européennes. Sa politique bloque durablement tout progrès de l'intégration européenne.
- en 1963 et 1967, de Gaulle s'oppose à l'entrée du Royaume-Uni dans la CEE. Il juge ce pays trop
proche des Etats-Unis et craint que cela ne permette à ces derniers de contrôler la CEE.

En revanche, le général de Gaulle cherche à resserrer les liens entre la France et l'Allemagne : il s'y
rend en 1962, reçoit le chancelier Konrad Adenauer en France et les deux hommes signent, en 1963,
le traité de l'Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande en créant une alliance étroite
entre les deux pays.

c. La modernisation de la France
De Gaulle cherche à moderniser la France, et à la développer sur le plan économique :
- le franc est dévalué, pour lutter contre l'inflation et favoriser le commerce extérieur
- des grands travaux sont lancés : barrages hydroélectriques, aéroports (lancement, en 1964, de la
construction de l'aéroport de Roissy), autoroutes (en 1960, un plan directeur de 3600 km
d'autoroutes est prévu)…
- lancement du Plan calcul, pour soutenir le développement de l'informatique en France
- aménagement de stations touristiques : plan neige, en 1964 (création de stations de sports d'hiver),
puis stations balnéaires sur la côte méditerranéenne (Grande Motte) et atlantique.
- L’Etat favorise la constitution de grands groupes nationaux (Elf, 1964 ; Aerospatiale, 1969), lance
de grands programmes industriels (nucléaire, TGV, RER, etc…). Ainsi, en 1967, l’Etat assure plus
de la moitié du financement des investissements en France.

2. Le tournant de mai 1968


a. La révolte étudiante
Le 22 mars 1968, le mouvement étudiant démarre, à Nanterre, par une occupation de l'université,
pour protester contre l'arrestation d'un étudiant opposé à la guerre du Vietnam. Le mouvement
s'étend rapidement à la Sorbonne et des affrontements ont lieu, dans le quartier latin, entre étudiants
et police. Les étudiants protestent contre le pouvoir, jugé trop conservateur, et contre la censure de
l'audiovisuel (radio et télévision sont des monopoles d'Etat). Ce mouvement s'inscrit dans un
mouvement mondial de protestation des jeunes contre la guerre froide et contre des gouvernements
jugés trop conservateurs (mouvement hippie).

b. La crise sociale
Les étudiants sont rapidement rejoints par les syndicats et par certains partis politiques (parti
socialiste, parti communiste), pour protester contre la répression et contre le régime gaulliste. Les
syndicats appellent à la grève générale : en mai, la France compte plus de 10 millions de grévistes.
Le pays est paralysé.

c. La reprise en main et la démission du général


Le général de Gaulle ne comprend pas la crise et apparaît désemparé. Son premier ministre,
Georges Pompidou, négocie cependant avec les syndicats et signe, le 27 mai, les Accords de
Grenelle, qui acceptent une hausse de 35% du salaire minimum. Le 30 mai, de Gaulle dissout
l'Assemblée et convoque de nouvelles élections législatives,. Les gaullistes organisent une grande
manifestation de soutien au général. Les élections sont un grand succès pour le parti gaulliste : la
majorité des Français, jusque là silencieuse, a voté pour le rétablissement de l'ordre et la reprise du
travail.
Mais de Gaulle a été fragilisé par cette crise. Très soucieux de la trace qu'il laissera dans l'histoire, il
veut « finir en beauté » et redoute la crise de trop qui abîmerait sa mémoire. EN 1969, il convoque
un référendum dans lequel il propose un projet de réforme des institutions. Il annonce clairement
que si son projet est rejeté, il démissionnera, ce qu'il fait le 28 avril 1969. Il meurt le 9 novembre
1970.

3. Les années Pompidou (1969-74)


a. La modernisation de la France se poursuit
Pompidou poursuit la politique de modernisation entreprise par son prédécesseur :
- le projet Concorde est soutenu, en coopération avec le Royaume-Uni. Le 1er vol du Concorde
(avion civil de transport de passagers, à vitesse supersonique. Paris-New York en 3h30)
- l'alliance automobile entre Peugeot et Citroën est réalisée
- dans le domaine culturel, Georges Pompidou lance la création du Musée national d'Art moderne,
qui devient le Centre Georges Pompidou.

b. En politique étrangère, la France maintient son indépendance, dans un contexte de détente


Pompidou continue la politique d'indépendance de la France, promue par le général : en 1971, dans
un contexte de détente, il accueille à Paris le dirigeant soviétique Leonid Brejnev, pour sa première
visite en Occident. En 1973, il se rend en visite officielle en Chine, un an seulement après Nixon.
La même année a lieu la signature des Accords de Paris, qui mettent fin à la guerre du Vietnam.

c. La relance européenne : une vraie rupture


Le domaine dans lequel Georges Pomidou tranche véritablement, avec la politique du général de
Gaulle, c'est la politique européenne : en décembre 1969 il organise le sommet de La Haye, qui
accepte l'entrée du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark dans la CEE. En 1973, la CEE
compte désormais 9 membres.

Conclusion
La période qui va de 1945 à 1974 est une période de changements profonds, dans l'histoire de la
France. EN effet, le pays est confronté à de nombreux défis : reconstruction, guerre froide,
décolonisation et doit, dans le même temps, se renouveler politiquement. Le fil conducteur des
hommes politiques de la IVème et, plus encore, de la Vème République, dans ces années là, c'est le
rétablissement de la grandeur et de l'indépendance de la France. La France, tout en modernisant ses
infrastructures et son industrie, cherche donc une voie originale entre les deux blocs, en tentant
d'affirmer son indépendance et de maintenir son prestige à l'étranger, malgré les déboires de la
décolonisation. Ce sont ces déboires, ainsi que la recherche d'indépendance et de grandeur qui
poussent la France dans le projet européen, tout en hésitant sur le modèle d'intégration, le
fédéralisme étant jugé par le général de Gaulle comme trop néfaste pour la souveraineté du pays.

Ces trois décennies sont une période d'important développement économique en France, que l'on
qualifie aujourd'hui de Trente Glorieuses, mais la société est restée assez conservatrice, dans le
même temps, ce qui explique la crise de mai 1968, expression d'une volonté de changement de la
part d'une jeunesse nombreuse et qui aspire à davantage de libertés. Avec le premier choc pétrolier,
en 1973, la décennie 1970 ouvre une nouvelle période pour la France et l'Occident.

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