Opportunisme

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MARCEL GITTON

Feu contre l'opportunisme

avril 1934

Les récentes décisions de la XIIIè Assemblée plénière du


Comité exécutif de l'I.C. et les deux dernières sessions du
Comité central ont posé avec force devant tous les
communistes, devant toutes les organisations du parti, la lutte
acharnée contre l'opportunisme et ses manifestations dans nos
rangs.

Les manifestations d'opportunisme revêtent, actuellement, un


grand danger.
Elles se produisent dans le moment où s'accélère l'aggravation
de la lutte des classes.

Les batailles d'avant-postes du nouveau cycle de révolutions et


de guerres viennent d'être livrées en France et en Autriche.

Le prolétariat de France et les masses travailleuses de ce pays


ont répondu par les démonstrations de rue et par la grève
générale aux tentatives fascistes.

Dans la bataille, s'est réalisée l'unité d'action des ouvriers


communistes et socialistes, consacrant la victoire de la lutte
inlassable de notre part contre les diviseurs du mouvement
ouvrier.

Notre parti a dirigé ces combats, en a pris la tête.

Sans le Parti communiste, les manifestations antifascistes de


février n'auraient pas été ce qu'elles ont été.

Le prolétariat se serait battu, mais sans guide et en ordre


dispersé.

Il n'aurait pas atteint ce qu'il a obtenu : la défaite de la première


offensive fasciste.

A cette aggravation de la lutte des classes, à cette poussée


révolutionnaire des masses correspond la croissance des
menaces et de l'offensive de la bourgeoisie.

C'est une lutte de vitesse qui se déroule entre le prolétariat


d'une part avec, à sa tête, le Parti communiste, et la bourgeoisie
préparant l'instauration du fascisme.
Dans sa lutte contre le parti qu'elle a reconnu comme son seul
ennemi véritable, le Parti communiste, la bourgeoisie a recours
à tous les moyens.

En tant que son influence pénètre dans nos rangs, elle affaiblit
la force et la capacité de notre parti.

Le camarade Staline indique dans son discours à la VIIè


Session plénière du C.E. de l'I.C. par quelles voies
l'opportunisme pénètre dans nos rangs :

« Premièrement, la pression de la bourgeoisie et de l'idéologie


bourgeoise sur le prolétariat et son parti en période de lutte
des classes, pression à laquelle cèdent souvent les éléments les
moins stables du prolétariat, et, partant, les couches les moins
stables du parti prolétarien.

Cette pression de la bourgeoisie et de son idéologie se traduit


par la pénétration fréquente des idées, mS urs, coutumes
bourgeoises dans le prolétariat et son parti, par le truchement
de certaines couches du prolétariat liées dans une certaine
mesure à la société bourgeoise. »

Or, nous ne devons jamais oublier quelles sont les voies qui ont
infesté la IIè Internationale, avant la guerre, de l'opportunisme.

Et que ce sont les couches du prolétariat appartenant aux partis


socialistes qui sont les plus liées à la bourgeoisie.

La social-démocratie constitue le chemin par lequel l'influence


bourgeoise pénètre dans les rangs de la classe ouvrière, et
partant de là, dans les secteurs faibles du parti du prolétariat.

C'est pourquoi les manifestations d'opportunisme dans nos


rangs constituent une tentative de placer le parti sur les
positions de la social-démocratie.

En cela, l'opportunisme constitue un danger très grand pour


l'avant-garde révolutionnaire du prolétariat.

La présence, les manifestations d'opportunisme dans les rangs


du parti, la conciliation, le silence à son égard, sont autant de
tentatives d'affaiblissement de la capacité révolutionnaire du
parti d'avant-garde du prolétariat.

L'opportunisme de droite est le principal danger.

Mais, il ne peut être nullement question de mener la lutte sur


un seul front.

La lutte contre l'opportunisme doit être menée sous toutes ses


formes, sous n'importe quel chapeau qu'il se présente.

D'autant plus que les formes différentes sous lesquelles il


s'exprime s'alimentent réciproquement et conduisent au même
aboutissant.

« Il faut dire la même chose en ce qui concerne la déviation de


droite et de «gauche » dans le domaine de la politique
générale.

Comme dans les autres domaines, il y a assez de confusion


chez quelques membres de notre parti.

Parfois, en menant la lutte contre le danger de droite, on


néglige la déviation de « gauche » et on affaiblit la lutte contre
celle-ci parce qu'on la considère comme pas ou peu
dangereuse.
C'est là une erreur grave et dangereuse. C'est une concession à
la déviation de « gauche », inadmissible pour un membre du
parti.

C'est d'autant plus inadmissible que ces derniers temps les «


gauches » ont glissé définitivement aux positions des droitiers
et ne se distinguent déjà plus au fond de ces derniers. »

Ainsi s'est exprimé le camarade Staline dans son discours au


XVIIè Congrès du Parti bolchévik.

Effectivement, les « gauches » ne se différencient des droites


que par l'emploi des phrases de « gauche », mais toutes deux
ont, au fond, la même position.

Le moment présent, l'ampleur des batailles de classes devant


lesquelles se trouve notre parti, exigent que, dans son
ensemble, ce dernier constitue un bloc uni, fort, discipliné.

Les communistes et les organisations du parti doivent battre et


mettre en échec toutes les tentatives de pénétration de
l'idéologie bourgeoise et social-démocrate dans nos rangs.

La plus grande vigilance doit être exercée pour ne pas laisser


s'infiltrer l'opportunisme, la contrebande social-démocrate et
trotskyste que poursuivent les débris du groupe opportuniste
sectaire Barbé-Rolland.

Le parti, pour être à la hauteur de sa tâche historique, doit


mener la lutte implacable pour la pureté de sa ligne politique,
qui est la seule ligne de la victoire du prolétariat sur son
ennemi de classe et pour son application intransigeante.

Une des principales manifestations de l'opportunisme est la


perte de la perspective révolutionnaire.

Combien le Comité central de janvier a eu raison de dénoncer


l'esprit de quiétude qui s'était installé chez certains militants du
parti et dans certaines de ses organisations.

La tendance de se contenter de peu, la non-préparation


méthodique du parti pour être prêt et faire face aux
événements, le doute dans l'analyse marxiste-léniniste de la
situation, les illusions répandues par les gouvernements « de
gauche » de la bourgeoisie, tout cela avait contribué chez
certains à ne pas croire dans la rapidité avec laquelle les
événements et les combats de classe pouvaient se dérouler.

Au fond, cet esprit de quiétude reflétait l'opinion que dans le


pays de « la dernière tranchée de la liberté », on avait du temps
devant soi, on jouissait d'une situation exceptionnelle.

Sans doute, la France est l'un des chaînons les plus forts du
système impérialiste, mais les batailles de février ont montré
combien de colère, de mécontentement s'était accumulé dans
les rangs de la classe ouvrière et des masses travailleuses,
colère qui ne cherchait que l'occasion de se manifester.

Une tendance particulièrement dangereuse et reflétant bien la


pression de la bourgeoisie et de la social-démocratie était de
penser que la France s'éloignait du chemin de la guerre.

Sans doute, l'on ne possède pas d'écrits, de documents


décernant des brevets de pacifisme aux gouvernements de la
bourgeoisie française.

Mais, au lieu d'analyser justement les changements survenus


dans les rapports entre Etats capitalistes, l'aggravation des
contradictions impérialistes, les coups portés au système de
Versailles dont le plus fidèle gardien est l'impérialisme
français, la poussée révolutionnaire des masses, la croissance
impétueuse de l'U.R.S.S., au lieu de considérer tous ces
facteurs,

une certaine tendance à prêter oreille aux multiples déclarations


de paix se manifestait, s'exprimant dans un ralentissement de la
lutte contre la guerre impérialiste, par l'abandon du mot d'ordre
de la défense de l'U.R.S.S., mis pourtant en avant par le XIIIè
Exécutif de l'I.C., une certaine passivité dans la question de la
lutte contre la guerre au Maroc, la non-dénonciation inlassable
du rôle du maréchal Pétain comme ministre de guerre dans le
gouvernement d'union nationale.

A cette manifestation de l'opportunisme, il faut ajouter


quelques tentatives de déformation de la dictature fasciste.

La dictature fasciste, c'est la dictature de la grande bourgeoisie,


du capital financier.

Le fascisme, c'est la dictature terroriste ouverte des éléments


les plus révolutionnaires [sic], les plus chauvins et les plus
impérialistes du capital financier contre le prolétariat et son
avant-garde.

Pour se réaliser, il s'efforce d'entraîner les masses de la petite


bourgeoisie urbaine et rurale.

Il est le produit de la démocratie bourgeoise et ne peut


nullement lui être opposé.

Il naît et se développe dans les conditions de la crise générale


du capitalisme.
La social-démocratie et les trotskystes nient l'appréciation
léniniste de la dictature fasciste.

Comme ils ne veulent pas de la révolution prolétarienne, ils


opposent la démocratie bourgeoise à la dictature fasciste
comme deux forces irréductiblement opposées, et présentent la
dictature fasciste comme la dictature de la petite bourgeoisie.

Cette appréciation social-fasciste de la dictature fasciste est à la


base de la « politique du moindre mal ».

Ele tend à laisser croire que les dangers de fascisation ne sont


pas grands.

De tels faits existent en France, et nous n'avons pas toujours su


opposer la résistance nécessaire pour éviter que cette idéologie
pénètre chez nous.

C'est ainsi que des camarades des Jeunesses communistes se


sont élevés publiquement, à Clermont-Ferrand, contre un
camarade du parti, voulant rejeter et condamner l'opinion que
venait de répandre un trotskyste que « le fascisme, c'est la
militarisation de la petite-bourgeoisie » et que « le vrai danger
n'est pas immédiat, mais dans deux ans ».

D'autre part, il faut se méfier des formules mécaniques mettant


sur le même plan la démocratie bourgeoise et la dictature
fasciste.

L'un est le produit de l'autre. Ils s'enchaînent organiquement.

Il ne peut être question de les opposer l'un à l'autre. Ils sont


autant l'un que l'autre indispensables à la bourgeoisie pour
réaliser sa dictature de classe.
Mais cela n'empêche que la démocratie bourgeoise n'est pas le
fascisme.

Tout en montrant le processus de fascisation de la démocratie


bourgeoise, il faut savoir établir ce qui différencie les deux
formes de la dictature bourgeoise, pour élaborer des mots
d'ordre justes permettant de mobiliser les grandes masses de
travailleurs dans la lutte contre la menace fasciste.

C'est dans l'appréciation du rôle de la social-démocratie que les


manifestations opportunistes se sont exprimées le plus
ouvertement dans notre parti, tendant à reviser l'appréciation et
la ligne de notre parti.

Le Parti socialiste S.F.I.O. porte les plus grandes


responsabilités dans la menace fasciste présente.

Par sa politique de soutien des gouvernements de gauche, il a


trompé les masses sur la nature de la démocratie bourgeoise et
laissé se préparer les bandes fascistes à leur putsch du 6 février.

Par ses votes, il a contribué à l'adoption des mesures de classe


contre les travailleurs, telles que la diminution des traitements
des fonctionnaires, l'accroissement de la paupérisation à la
campagne.

Il a aidé au développement des illusions dans les masses envers


le Cartel et aux déceptions qui ont suivi.

II a laissé les gouvernements Herriot, Daladier, Boncour,


Sarraut, Chautemps maintenir Chiappe à la Préfecture de
police.

II a soutenu des gouvernements compromis dans les scandales


retentissants du régime.

Le Parti socialiste a S uvré contre l'unité d'action antifasciste de


la classe ouvrière.

Il s'est opposé au rassemblement des ouvriers socialistes et


communistes dans les comités d'Amsterdam-Pleyel et a exclu
ceux de ses membres qui y participaient.

Ses attaques ont été dirigées contre le Parti communiste qu'il


accusait de « faire le jeu de la réaction » et dont il s'était fixé
comme objectif la destruction des cadres.

Le Parti socialiste a couvé et produit le néo-socialisme, dont les


représentants ont pu développer librement leurs théories
fascistes dans les rangs du Parti socialiste, S uvrer selon ses
théories, et dont un, Marquet, est devenu membre du
gouvernement d'Union nationale, ayant comme rôle évident la
collaboration avec Jouhaux et la direction de la C.G.T.

Après s'être débarrassé de ces éléments les plus


compromettants de droite, le Parti socialiste excelle en phrases
de « gauche », notamment depuis les événements de février.

Les leaders du Parti socialiste parlent assez couramment du


pouvoir, de la « dictature du prolétariat », de « nationalisation
et socialisation ».

Devant la radicalisation croissante des masses, et la propre


poussée des ouvriers socialistes, ils se trouvent obligés de
procéder à des manoeuvres savantes.

Mais le Parti socialiste reste le principal soutien social de la


bourgeoisie.
Aucune sous-estimation de son rôle, de ses capacités de
manS uvre ne peut être tolérée dans les rangs de notre parti.

Toute appréciation divergente de la juste appréciation léniniste


de la social-démocratie doit être vigoureusement combattue.

C'est pourquoi il nous faut prêter attention à la position qu'ont


certains camarades et certaines organisations de notre parti sur
la social-démocratie.

L'auteur d'une résolution proposée à une cellule du rayon de


Saint-Denis dans sa séance du 20 février 1934

« R estime que vu la tournure des événements et malgré sa


crise récente, par sa démagogie, par son opposition
parlementaire actuelle, la social-démocratie peut se redresser et
se consolider, qu'il n'y a donc pas lieu de repousser l'éventualité
de propositions au sommet, au milieu et à la base tout
ensemble. »

En aboutissant à la même conclusion, des camarades d'Orléans


pensent que :

1. Le Parti socialiste maintiendra son influence actuelle ;

2. Les chefs social-démocrates, éclairés par les événements,


vont adopter une position conforme aux intérêts des ouvriers.

Ces camarades croient donc qu'il y a des possibilités de


redressement révolutionnaire de la social-démocratie et de sa
consolidation.

En conséquence, et cela est assez logique, il faut réviser la


ligne tactique du parti et s'entendre avec le Parti socialiste.
Le danger d'une telle position est énorme.

Elle est l'expression de la pénétration de l'idéologie social-


démocrate dans nos rangs et tend à la liquidation du parti.

Quels sont les faits qui permettent à ces camarades de penser


ainsi? En quoi petit-il être question d'un redressement
révolutionnaire du Parti socialiste?

La social-démocratie ne serait plus, si elle cessait de jouer son


rôle de principal soutien social de la bourgeoisie.

Dans tous les pays où la dictature fasciste a triomphé, la social-


démocratie a, par sa politique du moindre mal, de capitulation,
de frein au développement des luttes ouvrières, de division du
mouvement, assuré la victoire de la dictature fasciste.

Sans la social-démocratie, la classe ouvrière n'aurait pas été


battue en Allemagne et en Autriche.

Et dans les conditions de la dictature fasciste, la social-


démocratie continue de jouer son rôle de principal soutien
social de la bourgeoisie.

Elle oeuvre pour empêcher le ralliement des masses à la seule


voie qui peut les mener à la libération, sous la direction du
Parti communiste, en leur faisant entrevoir la possibilité d'un
retour à un régime « démocratique ».

En France, l'attitude de la social-démocratie depuis le 6 février


ne prouve qu'une chose : ses grands efforts de manS uvre et les
illusions que celles-ci peuvent répandre.

Le Parti socialiste n'est nullement décidé à mener la lutte


pouvant battre le fascisme.

Mais il y a les masses et le Parti communiste.

II doit donc manS uvrer pour ne pas se couper les ponts et


continuer d'exercer son rôle d'agent de la bourgeoisie dans les
rangs de la classe ouvrière.

C'est ici que les « gauches », et en particulier ceux de la région


parisienne, sont appelés à jouer un rôle important.

Ils espèrent par leur démagogie, par leur phraséologie «


gauchiste » renforcer les illusions, faire croire à la capacité
révolutionnaire du Parti socialiste.

En réalité, ce qui le guide, c'est la volonté de briser l'unité


d'action de la classe ouvrière, d'opposer un obstacle à la marche
des ouvriers vers le communisme.

Si Jardel dans le 20è, si Pivert dans le 15è s'étaient opposés


ouvertement à l'unité d'action pour chasser les fascistes dans
leurs quartiers, ils auraient été balayés par les adhérents de
leurs propres sections.

Mais, en même temps, le Conseil national du Parti socialiste du


11 mars élit à la C.A.P. Evrard, du « sac au dos », et Frossard,
qui s'est toujours affirmé en faveur des néos et qui conçoit que
l'unité se fera contre Moscou, ou ne se fera pas.

L'entrée de Frossard dans la C.A.P., est liée à la décision du


Parti socialiste, interdisant à ses membres d'adhérer aux
comités permanents d'unité d'action, repoussant la demande
d'envoi d'une délégation d'ouvriers socialistes à Moscou.
Ces faits indiquent quelle est l'orientation du Parti socialiste et
de quel côté se fait son « redressement ».

Or, pas plus qu'on ne peut concevoir un tel redressement


révolutionnaire du Parti socialiste, on ne peut concevoir un
renforcement et une consolidation de ses rangs.

Penser qu'une telle chose est possible, c'est penser que nous
entrons dans une ère de tranquillité, de décroissance de la lutte
des classes, de solution pacifique des contradictions et
difficultés du système capitaliste.

Le processus de décomposition de la social-démocratie est le


résultat combiné de la radicalisation croissante des masses et
de la menace fasciste et du danger de guerre.

Au lieu d'aller vers la consolidation, la social-démocratie ne


voit que s'accroître sa décomposition et ce processus
s'accélérera.

Le meilleur exemple en est donné par les ouvriers social-


démocrates autrichiens qui, en prenant les armes, ont tourné le
dos en un seul jour aux formules de la voie pacifique qui
conduit au socialisme!

Mais, de là à penser qu'on peut atteindre une décomposition


automatique de la social-démocratie, il y a une marge.

C'est notre parti et lui seul qui peut aider les ouvriers socialistes
à se débarrasser de l'idéologie social-démocrate et les guider
dans la voie de la révolution prolétarienne.

C'est pourquoi l'on ne peut pas accepter - ce à quoi tendent les


opportunistes - la constitution d'un bloc avec la social-
démocratie, la révision de la tactique du parti le plaçant à la
queue des masses et à la remorque du social-fascisme.

« La tactique du front unique, dont le principal but fixé par


l'I.C. est l'unité de tous les ouvriers dans leur lutte contre le
capitalisme, l'unité dans leurs actions combatives, est une
tactique de lutte intransigeante contre le principal obstacle à
cette lutte : la social-démocratie.

Les communistes en employant cette tactique, conservent le


droit illimité de démasquer les chefs social-démocrates même
pendant l'action commune et en font surtout une tactique de
front unique à la base ». (Thèses de la section d'Agit-Prop du
CE de l'I.C. pour le XVè anniversaire de l'Internationale
Communiste).

La lutte pour le front unique de la classe ouvrière a pour


condition la lutte implacable « contre la IIè Internationale en
tant que principal coupable de la scission du mouvement
ouvrier, et principal ennemi de la révolution prolétarienne
dans les rangs de la classe ouvrière » (Idem).

L'expérience de tous les jours montre qu'au moindre abandon


de cette lutte, nous aidons à la social-démocratie et contribuons
à affaiblir l'avant-garde du prolétariat.

Les opportunistes voudraient une politique de bloc avec la


social-démocratie.

Et cette politique, dans son application, a pour conséquence de


placer sur le même plan le Parti communiste et le Parti
socialiste, de partager entre eux les responsabilités, de
renforcer les illusions que les phrases « gauches » des leaders
socialistes peuvent faire naître chez les ouvriers socialistes,
d'aider dans certains cas à la création de la social-démocratie et
de la réhabiliter aux yeux des masses, là où, par les efforts
inlassables de notre parti, nous l'aurions écrasée.

Dans l'Emancipation de Saint-Denis du 10 février 1934, on


écrit, par exemple :

« Peut-on croire qu'il n'était pas possible à la classe ouvrière de


mobiliser plus de 25.000 hommes ? La haine du fascisme et la
volonté d'action de la classe ouvrière sont tellement fortes qu'il
était possible d'obtenir ce rassemblement à condition de réaliser
l'unité d'action...

Nous examinerons plus tard les raisons pour lesquelles il n'a


pas été possible de le faire complètement dans cette période. »

Mais aucune attaque contre la social-démocratie n'est


prononcée, et l'on propose la politique du bloc du Parti
communiste avec le Parti socialiste.

Aux yeux des masses, on présente le Parti communiste comme


le responsable de la « non-réalisation » de l'unité d'action.

Certains camarades ne voient pas ainsi quelle ampleur a revêtu


la lutte commune des ouvriers socialistes et communistes,
malgré et contre le Parti socialiste, consacrant par une victoire
la lutte inlassable pour le front unique, qu'a mené pendant des
années notre parti.

Mais à Saint-Denis, les camarades qui se placent sur la position


opportuniste ont dû, pour faire « l'unité d'action », sortir de
sous terre la social-démocratie, éliminée de la scène politique
et depuis longtemps discréditée par les communistes.
« Nous avons fait tous les efforts pour favoriser cette union de
combat. Nous continuerons et nous nous opposerons à toutes
les manoeuvres d'où qu'elles viennent » (Emancipation, 17
novembre 1934).

« Nous avons soudé aujourd'hui un pacte. Nous avons fait un


serment : c'est de coordonner nos efforts sans distinction de
tendances politiques, en vue de l'action et de la lutte
antifascistes.

Nous avons créé notre Comité local. La journée d'aujourd'hui


est la démonstration de notre force. Je pense que ce pacte, ce
serment, ne peut être un pacte d'une minute ou d'un jour. »

La conception développée dans ces article signifie, au fond,


que la social-démocratie a cessé d'être le principal soutien
social de la bourgeoisie, qu'elle est devenue un organisateur de
la lutte antifasciste, alors que son rôle est de manoeuvrer pour
préparer la voie au fascisme.

Sur une telle plate-forme on se prononce pour un pacte de


longue durée, c'est-à-dire pour le renoncement à la lutte contre
la social-démocratie, lutte qu'exige notre volonté de battre et
d'écraser le fascisme. Et tout le parti devrait agir de même!

Mais quelle est la leçon de la politique opportuniste du traître


Guttmann en Tchécoslovaquie ?

Notre parti frère a souffert d'urn ralentissement de sa lutte


contre la social-démocratie, de la conception opportuniste,
qu'aucune différence de principe ne sépare l'ouvrier socialiste
de l'ouvrier communiste, que les ouvriers socialistes viendront
automatiquement à nous au cours de la lutte.
Tout le parti doit opposer une barrière infranchissable à ces
conceptions opportunistes.

Tout le parti doit S uvrer pour l'application souple de la tactique


du front unique par en bas en poursuivant la dénonciation de
l'ennemi du front unique et de la lutte antifasciste : la social-
démocratie.

En poursuivant cette lutte sur deux fronts contre les positions


ouvertes et camouflées de l'opportunisme, notre parti doit
corriger les fautes commises dans l'application de notre
tactique du front unique.

Leur non-correction, au cours même de l'action, empêcherait la


réalisation du front unique de lutte.

Dans chaque proposition de lutte commune adressée aux


organisation de base du Parti socialiste et aux ouvriers
socialistes, il faut cesser avec l'absence de critique de la
position, des actes et des responsabilités du Parti socialiste.

C'est par un tel effort ystématique de lutte et de conviction que


l'on éclairera les ouvriers socialistes sur leur parti et que nous
accélérerons sa décomposition.

Notre parti doit être en garde contre les manoeuvres


filandreuses des chefs socialistes, répondant ainsi aux critiques
légitimes qui leur sont adressées : « nous nous taisons, nous ne
dirons rien contre le Parti communiste, l'heure n'est pas aux
disputes. »

Mais il s'agit de la lutte antifasciste. Et taire le rôle social-


fasciste du Parti socialiste, c'est affaiblir la lutte antifasciste des
masses.
Les camarades d'Arbois ont voté un ordre du jour dans lequel il
est dit :

« Les membres des partis communistes, socialistes et


sympathisants (...) clament avec force leur volonté de réaliser
l'unité ouvrière dans le domaine politique et syndical.

Prêtent le serment de rester unis devant le danger fasciste,


invitent impérieusement les chefs des deux partis à travailler
utilement jour réaliser cette unité et se séparent aux cris de :
Vive la IVè République socialiste-communiste ! »

Laissons de côté cette formule peu claire que nos camarades


ont cru devoir substituer au mot d'ordre si populaire : Les
Soviets partout !

Nos camarades demandent que les chefs de deux partis


s'entendent et travaillent en commun.

C'est singulièrement vouloir confondre les chefs du prolétariat


révolutionnaire, ceux de notre parti, avec les chefs du Parti
socialiste et le rôle qu'ils jouent eux et leur parti.

Pour la question du front unique, les masses ont appris en


février 34 à le réaliser dans la lutte.

Si les camarades d'Arbois entraînent les ouvriers socialistes


dans l'action, organisent cette action commune sur des points
précis, les font adhérer au comité de lutte d'Amsterdam-Pleyel,
contre les décisions de leur parti, ils S uvreront utilement et
véritablement pour l'unité d'action des travailleurs.

Ne pas cacher le drapeau du parti, ne pas abaisser son rôle


dirigeant, ne pas se laisser placer à la remorque des partis
bourgeois de « gauche », mener la lutte contre toutes les
tentatives conduisant à cela, fait partie intégrante de notre lutte
contre l'opportunisme.

Dans les journées de février, des camarades et organisations du


Parti, pour ne pas rompre le front unique, ont accepté des
ordres du jour dans lesquels il est question des libertés et
traditions républicaines.

A Châteauroux, sous prétexte de front unique, des réunions


sont organisées où un seul orateur parle, mais pas le nôtre, et le
jour de la grève générale, alors que les ouvriers voulaient
manifester dans les rues après le meeting, l'orateur du Parti
monte à la tribune pour faire appliquer la décision des «
gauches », prise en accord avec le maire, de ne pas manifester.

De telles déformations de la ligne du Parti doivent être


rapidement corrigées. On ne peut laisser placer le Parti à la
remorque des groupements bourgeois de « gauche ».

La lutte contre l'opportunisme exige de le déraciner de partout,


de le combattre dans tous les domaines dans lesquels il se
manifeste.

Il faut particulièrement combattre la passivité, le repos sur les


lauriers, la croyance que l'on a du temps devant soi.

Il faut combattre la routine, les défauts dans le travail du parti,


les tentatives de le détourner de son orientation vers les
entreprises et des batailles économiques.

Les organisations du parti doivent éliminer tous les défauts qui


gênent leur mobilisation rapide et l'exécution de leurs
décisions.
Le travail de tous les jours doit être amélioré.

Il faut battre en brèche les obstacles qui empêchent les


organisations du parti à jouer pleinement leur rôle, à prendre
l'initiative de l'action, à diriger Ics masses dans le front unique
de lutte.

Il faut battre les bureaucrates qui freinent le recrutement du


parti, ceux qui s'y opposent, ceux qui par leur pratique
intolérable retardent l'affectation des nouveaux adhérents, ceux
qui ne prennent pas les mesures pour attacher solidement et
rapidement au parti les nouveaux adhérents et s'en
désintéressent.

Tout le parti doit être mobilisé pour cette lutte contre


l'opportunisme sous toutes les formes, sur les deux fronts.

Les tâches du parti exigent un parti uni, fort, discipliné.

Tout le parti doit faire front contre les tentatives d'introduction


de la marchandise social-démocrate dans ses rangs et
l'affaiblissement de ses capacités de combat.

Une confiance inébranlable dans le parti, dans l'Internationale


doit régner chez chaque adhérent du parti.

La volonté d'appliquer justement la ligne et les décisions du


parti doit guider chacun de nous en battant en brèche ceux qui
s'y opposent.

Une fermeté de principe, une vigilance de fer, une lutte sans


merci contre l'opportunisme, conduiront notre parti à des
nouvelles victoires sur notre ennemi de classe et son agent
social-démocrate dans les rangs de la classe ouvrière.

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