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Pan Afr Med J. 2014; 17: 42.

Published online 2014 janv.


22. French. DOI : 10.11604/pamj.2014.17.42.3342

PMCID: PMC4085899

PMID: 25018792

Epidémiologie du cancer gastrique: expérience d'un


centre hospitalier marocain

Epidemiology of gastric cancer: experience of a


Moroccan hospital
Ihsane Mellouki,1,& Nawal laazar,1 Bahija Benyachou,1 Nouredine
Aqodad,1 et Adil Ibrahimi1

Author information Article notes Copyright and License information PMC


Disclaimer
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Résumé

Le cancer de l'estomac est représenté essentiellement par Les


adénocarcinomes gastriques, ces derniers demeurent l'une des dix
premières causes mondiales de mortalité avec un pronostic qui est
péjoratif. Son incidence reste variable à travers le monde, elle est
caractérisée par une importante disparité géographique. Le but de
notre travail est de décrire les caractéristiques épidémiologiques de
l'adénocarcinome gastrique dans notre contexte à travers une étude
rétrospective, observationnelle étalée sur une période de 10 ans
(Janvier 2001- Janvier 2011), incluant tous les malades admis au
service d'hépato-gastroentérologie du CHU Hassan II de Fès pour prise
en charge d'un adénocarcinome gastrique. Durant cette période, 343
patients étaient admis pour prise en charge d'une tumeur gastrique,
dont 170 patients avaient un adénocarcinome gastrique (49.5%). L’â ge
moyen de ces patients était de 58±13.4 ans [16 ans-0 ans]. Dans 43.7%
des cas, les patients provenaient de la région de Fès, souvent du milieu
rurale. On note une nette prédominance masculine, avec une
différence significative entre les 2 sexes (p < ;0.05). Les patients â gés
de moins de 60ans représentaient la tranche d’â ge prédominante
(63%) par rapports aux patients â gés de plus de 60ans (p = 0.02). 61%
des patients consultaient dans un délai allant de 1 mois à 6 mois,
30.4% des patients étaient tabagiques, ce facteur avait une relation
statistiquement significative avec l'adénocarcinome gastrique (p =
0.02). la non consommation de l'alcool est inversement liée et de façon
significative à l'apparition de l'adénocarcinome gastrique (p = 0.03)
dans notre contexte. L'infection par Hélicobacter pylori n’était
mentionnée que chez peu de malades. Les formes métastatiques au
moment du diagnostic dépassaient 50% avec un taux de décès au
cours de l'hospitalisation de 2.6%. Sur le plan endoscopique, la
localisation antropylorique, et la forme ulcéro-végétante étaient
prédominantes, elles présentaient successivement 49% (p = 0,002) et
66% (p = 0.00001). Une chirurgie curative n’était proposée que chez
50 patients (30.2%). L'adénocarcinome gastrique représente le type
histologique le plus fréquent, son pronostic reste fâ cheux dans notre
région, touchant une population jeune, minimisant ainsi les chances de
tout traitement curatif.

Mots-clés : Cancer de l'estomac, épidémiologie, pronostic,


Helicobacter pylori
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Introduction

L′adénocarcinome gastrique se développe à partir de l′épithélium


gastrique. Son incidence est en diminution depuis 50 ans dans les pays
occidentaux. Cependant, bien que leur incidence annuelle ait
notablement décrue, il demeure l'une des dix premières causes
mondiales de mortalité liée au cancer [1], il représente la deuxième
cause de mortalité par cancer dans le monde [2–4]. Son incidence est
caractérisée par une importante disparité géographique, ainsi,
l'Afrique est une région à faible risque du cancer gastrique, l'Europe
occidentale et l'Amérique du Nord sont des régions à risque moyen, et
l'incidence la plus élevée est rapportée au Japon, suivi de la Chine,
l'Amérique du Sud et l'Europe de l'Est et du Sud [1]. Plusieurs études
épidémiologiques ont été menées afin d'identifier les différents
facteurs de risque du cancer gastrique, montrant que c'est un cancer
multifactoriel, et démontrant le rô le important de l'infection par
Hélicobacter pylori [6].

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Méthodes

Nous avons réalisé une étude rétrospective observationnelle étalée sur


une période de 10ans (Janvier 2001-Janvier 2011) de l'ensemble des
patients admis au CHU Hassan II de Fès pour prise en charge d'un
cancer gastrique. L'inclusion avait concerné 170 patients chez qui le
diagnostic d'un adénocarcinome gastrique a été retenu. C'est une
étude descriptive des différents caractères épidémiologiques (â ge,
sexe, antécédents), des facteurs de risque de l'adénocarcinome
gastrique, des différentes caractéristiques de la tumeur (localisation,
aspect macroscopique, métastases), ainsi que l’évolution des patients.

Les variables quantitatives ont été décrites en termes de moyenne et


d’écart type et les variables qualitatives en termes de pourcentage.
Pour comparer deux groupes, les tests paramétriques classiques (Test
de Khi2, test de Student, ANOVA) ont été utilisés. Pour chaque test
statistique utilisé, le test a été considéré comme significatif lorsque p
(degré de signification) était inférieur à 0.05. L'analyse statistique a
été effectuée en utilisant les logiciels Epi-Info version 2003 et le
logiciel SPSS (version 17).

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Résultats

Durant cette période d’étude, 343 patients étaient admis au service


d'hépato-gastroentérologie du CHU Hassan II de Fès pour prise en
charge d'une tumeur gastrique, dont 170 patients avaient un
adénocarcinome gastrique (49.5%). L’â ge moyen de ces patients était
de 58 + /-13.4 ans [16 ans-90 ans]. Dans 43.7% des cas, les patients
provenaient de la région de Fès, souvent du milieu rurale. On note une
nette prédominance masculine, 48 femmes (28%) et 122 hommes
(72%), avec un sex-ratio de 2.5 et une différence significative entre les
2 sexes (p < 0.05). Les patients â gés de plus de 60ans représentaient la
tranche d’â ge prédominante dans 63% par rapports aux patients â gés
de moins de 60ans (p = 0.02). 61% des patients consultaient dans un
délai allant de 1 mois à 6 mois. Concernant les facteurs de risque de
l'adénocarcinome gastrique, le tabagisme actif était retrouvé chez
30.4% des patients, ce facteur avait une relation statistiquement
significative avec l'adénocarcinome gastrique (p = 0.02). La non
consommation de l'alcool est inversement liée et de façon significative
à l'apparition de l'adénocarcinome gastrique (p = 0.03). L'infection par
Hélicobacter pylori n’était mentionnée que chez peu de malades. Les
formes métastatiques au moment du diagnostic dépassaient 50% avec
un taux de décès au cours de l'hospitalisation de 2.6%.

Le mode de révélation de l'adénocarcinome gastrique dans notre


population prenait différents aspects cliniques, ainsi la douleur
épigastrique présentait le syndrome prédominant chez 75% des
patients, une hémorragie digestive était le symptô me révélateur chez
33 malades (19%), une dysphagie chez 19 patients (11%) révélant la
localisation cardiale chez 9 patients, une altération de l’état générale
avec asthénie, anorexie et amaigrissement était présente chez 54
malades.

Sur le plan endoscopique, la localisation antropylorique prédominait


par rapport aux autres localisations dans 49% (p = 0.002). L'aspect
macroscopique en endoscopie était dominé par la forme ulcéro-
végétante dans 66% (p = 0.00001). Une chirurgie curative n’était
proposée que chez 50 patients (30.2%).

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Discussion

Le cancer gastrique constitue le 2ème cancer chez l'homme et le


3ème cancer chez la femme en Asie et à travers le monde [7, 8]. En se
basant sur les données du GLOBOCAN 2008, le cancer gastrique est le
second cancer digestif après les cancers colorectaux et la quatrième
cause de décès par cancer [8]. Une méta-analyse des cancers
gastriques en Afrique a montré une franche augmentation de
l'incidence de ce cancer au Mali (20,3/100000) par rapport au autres
pays d'Afrique, ainsi qu'une incidence plus augmentée en Afrique Sub
saharienne par rapport à l'Afrique du nord [9].

Le cancer gastrique touche plus les hommes que les femmes aussi bien
en Afrique que dans les autres continents. Une étude coréenne n'avait
pas retrouvé de différence statistiquement significative entre les 2
sexes [10], contrairement à ce qui ressort dans notre étude où nous
avons noté une prédominance masculine significative (p < ;0.05). Le
cancer gastrique survient rarement avant l’â ge de 40 ans, l'incidence
augmente rapidement au-delà avec un pic pendant la septième
décennie [1]. Résultat qui ressort également dans la même étude
coréenne où l'incidence augmente avec l’â ge avec une augmentation
particulière à partir de 60 ans [10], ainsi que dans notre étude où les
patients â gés de plus de 60 ans représentaient la tranche d’â ge
prédominante dans 63% par rapports aux patients â gés de moins de
60 ans (p = 0.02).

Le mode de déclaration des adénocarcinomes gastriques est


polymorphe, pouvant aller de la simple gêne épigastrique, simulant
parfois la douleur de type ulcéreuse ou le syndrome de masse
tumorale épigastrique dans les formes avancées, ce qui ressort
également dans notre série où plus de 50% des patients consultaient à
un stade métastatique. La survie à 5 ans est inférieure à 30% dans les
pays développés, et inférieure à 20% dans les pays en voie de
développement [7, 11].

L'adénocarcinome gastrique est un cancer dont l'incidence est variable


à travers le monde. Les incidences les plus élevées ont été décrites en
Asie de l'Est (Japon, chine et Korée). En effet, au Japon, une incidence
de 102040 nouveau cas a été rapportée en 2008[5]. De même, une
étude japonaise réalisée par le ministère de la santé avait montré que
50000 hommes et femme décèdent chaque année par un cancer
gastrique, ce qui représente approximativement 15% de mortalité
annuelle liée au cancer au cours des 4 dernières décennies [12].
L'Europe occidentale et l'Amérique du Nord sont des régions à risque
moyen. En France, en 1992, l'incidence annuelle du cancer gastrique
était de 11.1/100000 chez l'homme, et de 4/100000 chez la femme.
L'Afrique représente une région à faible risque de cancer gastrique [1].
L'incidence mondiale a nettement diminué au cours de la 2ème moitié du
20ème siècle, elle concerne le cancer de l'estomac distal, de l'antre et du
corps, cependant, celle du cancer du cardia reste controversée,
plusieurs études suggèrent une augmentation de son incidence
[1, 13, 14, 15]

Plusieurs facteurs environnementaux, génétiques et un certain


nombre d'affections ont été incriminés comme facteurs
étiopathogéniques dans la survenue du cancer gastrique. Parmi les
facteurs environnementaux, les facteurs alimentaires jouent un rô le
important dans la cancérogenèse gastrique. Ainsi la consommation
importante de sel et l'exposition aux nitrosamines est associé à un
risque accru de cancer gastrique, ce qui explique l'incidence élevée en
Asie du Sud [1, 5, 10], la consommation quotidienne de sel de la
population coréenne était de 13.4g en 2005 [9, 16], alors que la dose
recommandée par l'organisation mondiale de la santé est de 5g [17].
Le tabagisme a été prouvé également comme facteur de risque de
survenue de cancer gastrique, il était classé par l'agence internationale
de recherche des cancer (IARC) comme carcinogène du groupe 1 au
niveau gastrique, plusieurs études coréennes avait montré une
association entre la durée du tabagisme et l'incidence et la mortalité
liée au cancer gastrique [19, 18, 20], ce risque est surtout accru en cas
d'association avec l'infection par Hélicobacter pylori (HP)[1]. La
consommation tabagique était présente de façon significative dans
notre série (p = 0.02), dans une étude allemande, aucune relation
significative n'a été trouvé entre le tabac et le cancer gastrique [21].

Concernant l'alcool, les études n'ont pas montré un rô le clairement


établi de ce facteur dans la survenue du cancer gastrique [1].
Hélicobacter pylori a été prouvé par différentes études mondiales
comme facteur de risque du cancer gastrique, il est classé par l'IARC
comme facteur carcinogène, avec un risque relatif de cancer gastrique
de 2 à 6 fois plus élevé chez les patients infectés par l'HP par rapport à
une population non infectée [1, 7], la prévalence la plus élevée était
rapportée en Inde où elle varie de 56% à 89% [7]. En Afrique ou la
prévalence de l'HP est augmentée, variant entre 70% et 92%. Par
contre l'incidence du cancer gastrique reste néanmoins intermédiaire.
Ce qui impose à ce jour la réalisation de travaux permettant de
rechercher de façon précise cette association dans notre contexte [9].

Des facteurs génétiques peuvent aussi être incriminés dans la


survenue du cancer gastrique, ces facteurs sont suggérés vue d'une
part l'existence d'un risque multiplié par 2 ou 3 chez les apparentés du
premier degré d'un sujet atteint, et d'autre part, vue le polymorphisme
d'une grande variété de gènes susceptibles de modifier l'effet de
l'exposition aux carcinogènes environnementaux, cette susceptibilité
peut être impliquée à différentes étapes de carcinogenèse (protection
de la muqueuse gastrique, réponse inflammatoire, détoxification des
carcinogènes, oncogène)[1]. Le cancer gastrique est de mauvais
pronostic, dans notre série, 50% des patients étaient admis à un stade
métastatique, et la chirurgie curative n’était proposée que chez 30%.
Dans une étude réalisée à partir du registre des cancers digestifs de la
cô te d'or sur une période de 19 ans, la survie à 5ans était de 14.4%, et
seul 14.4% des patients avaient bénéficié d'une chirurgie curative
[22].

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Conclusion

L'adénocarcinome gastrique représente le type histologique le plus


fréquent, son pronostic reste fâ cheux dans notre région, touchant une
population jeune, minimisant ainsi les chances de tout traitement
curatif. Ces constations nous mènent en faite à poser plusieurs
questions sur l'incidence du cancer gastrique dans notre pays
caractérisé par une grande diversité des habitudes alimentaires, et où
la prévalence de Hélicobacter pylori dépasse les 70% chez les patients
ulcéreux. L'intérêt du dépistage de l'adénocarcinome gastrique doit
être évalué, une étude japonaise s'intéressant au dépistage annuel du
cancer gastrique chez les patients de plus de 50 ans par endoscopie, a
permis de diagnostiquer 40% des tumeurs à un stade superficiel et de
diminuer la mortalité spécifique du au cancer gastrique [1].

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Conflits d'intérêts

Les auteurs de déclarent aucun conflit d'interets.

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Contributions des auteurs

Ihsane Mellouki et Nawal Laazar: rédaction de l'article. Adil Ibrahimi:


supervision de du travail. Tous les auteurs ont lu et approuvé la
version finale du manuscrit.

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