andrianomeOlsenA ECO M1 08
andrianomeOlsenA ECO M1 08
andrianomeOlsenA ECO M1 08
UNIVERSITE DE TOAMASINA
* * * * *
DEPARTEMENT ECONOMIE
* * * * *
Sous la direction de :
Conclusion……………………………………………………
Conclusion………………………………………………………………………………….104
………………………………………………………………………………….104
Liste des annexes……………………………………………
annexes……………………………………………………………………….
……………………………………………………………………….106
………………………….106
Liste de figure……………………………………………………………………………111
figure……………………………………………………………………………111
Liste des graphiques………………………………………………………………….111
graphiques………………………………………………………………….111
Liste des tableaux……………………………………………………………………..111
tableaux……………………………………………………………………..111
Bibliographie……
Bibliographie……………………………………………………………………………….113
……………………………………………………………………………….113
Table des matières…………………………………………………
matières…………………………………………………………
…………………………………………………………………….115
………………….115
-i-
REMERCIEMENTS
Avoir un diplôme de Maîtrise est un premier pas dans les études universitaires ; le présent
ouvrage est le couronnement de notre cursus universitaire . Sa réalisation a bénéficié de la
participation de nombreuses personnes à qui nous témoignons notre profonde
reconnaissance.
Nous adressons nos vifs remerciements :
- A notre encadreur enseignant, Monsieur KASAVE Raymond, ancien doyen, maître de
conférences à l’Université de Toamasina, qui a fait preuve beaucoup de patience et de
l’amabilité et qui n’a ménagé ni temps, ni efforts pour nous encadrer et nous prodiguer des
conseils et orientations tout au long de notre travail .
- A notre encadreur professionnel, Monsieur BELALAHY Aubain Aurore, qui malgré les
grandes responsabilités qu’il assume au sein de la direction chargée des Relations
Internationales à la banque centrale de Madagascar, s’est tout le temps montré disponible .
Sans son hospitalité et ses conseils, nos recherches n’auraient véritablement pas abouti .
-Monsieur le Président de l’Université de Toamasina, HORACE Gatien ; Le Doyen de la
Faculté de Droit des Sciences Economiques et de Gestion, VELONTRASINA Julien ; Le
chef du département de l’Economie, LEMIARY ; et à tous les enseignants de ce département
à l’Université de Toamasina, qui nous ont donnés de connaissances afin de réussir aux
études supérieures .
- Tous les employés au sein de la Direction des Etudes de la Banque Centrale de
Madagascar qui ont manifesté leur générosité en nous fournissant des données et
informations en vue d’élaborer cet ouvrage .
- Mes remerciements incommensurables vont à l’honneur de mes parents et aux membres de
mes familles, sans leurs soutiens moraux, financiers et matériels, le présent mémoire
n’aurait pas pu être accompli .
- Enfin, tous ceux qui ont contribué à l’aboutissement du présent ouvrage trouvent ici
l’expression de notre remerciement le plus sincère .
-ii-
SIGLES ET ABREVIATIONS
-iii-
GLOSSAIRES
AGOA : « African growth Opportunity and Act » est le titre de la loi 2000 sur le
commerce et le développement promulguée par le Président des Etats-Unis, Bill Clinton, le
18 mai 2000 et traitant des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique . Elle
permet à des pays d’Afrique subsaharienne d’exporter vers les Etats-Unis d’Amérique des
produits sans paiement de frais de douane et sans contingentement .
Ariary : est un real espagnol, dont les Arabes, qui l’avaient adopté, ont fait ar-riyal ou ar-
rial .
Billon : monnaie divisionnaire faite d’un alliage, pauvre en métal précieux, et ne portant pas
en elle même sa valeur réelle .
Cupronickel : alliage de cuivre et de nickel
Deflateur du PIB : rapport entre le PIB nominal et le PIB réel, qui est en fait le prix du
PIB .
Dinar : l’unité monétaire de certains pays arabes à savoir ; Algérie, Irak, Jordanie, Koweït,
Libye, Tunisie, république démocratique et populaire du Yémen, Yougoslavie .
Karibo : quart de piastre, tire son nom de l’arabe roba, un quart .
Loso : demi piastre, vient de l’arabe nusf qui signifie la moitié.
Piastre : grosse pièce de 5 francs française, espagnole ou équivalente.
Real : ( mot espagnol, pluriel : réaux ) ; ancienne monnaie d’Espagne, valant le quart de la
peseta ( l’unité monétaire de l’Espagne actuellement ) .
Swap : un accord passé entre deux parties au terme duquel, il y a échange de flux de
paiement à des dates fixées à l’avance .
Termaillage : modification des termes de paiement des transactions internationales
permettant de réaliser une opération avantageuse sur le marché des changes .
Termes de l’échange : Rapport entre les indices de prix des exportations et des
importations. Cet agrégat compare la variation des indices de prix des exportations et ceux
des importations d’une année à une autre .
-iv-
INTRODUCTION
Madagascar, un pays en voie de développement n’a cessé de chercher ce qui est conforme
à la stabilité économique, et à une meilleure politique pour la croissance économique . Il est
toujours dans l’objectif des dirigeants malgaches, qui se sont succédés, la lutte contre la
pauvreté . Ainsi, tous les efforts possibles sont axés sur cet objectif tant sur le plan social
qu’économique . Le régime de change est l’un des instruments très importants que l’Etat a
toujours pris en considération pour toutes les stratégies de développement adoptées .
La bonne gestion économique passe par la mise en œuvre d’une politique de change, de
laquelle dépend de durabilité de la stabilité macroéconomique . Les autorités monétaires
occupent un rôle prépondérant dans l’élaboration de la politique de change . Dans la grande
île, le rôle est confié à la banque centrale de Madagascar, qui tient une grande place dans
l’économie malgache, en particulier sur la détermination du système de change ou régime
de change . Ainsi , une réflexion est engagée sur « la politique de change : cas de la
banque centrale de Madagascar depuis 1982 jusqu’ à 2006 » . Celle-ci constitue le thème de
notre mémoire de maîtrise. Quels systèmes de change ont été adoptés par la banque
centrale de Madagascar depuis 1982 jusqu’ en 2006, et quelles sont les conséquences de
ces systèmes sur le commerce extérieur du pays, à savoir, la balance commerciale, et sur le
taux de change de la monnaie nationale face aux devises ? C’est à cette question que nous
allons essayer de répondre tout au long de notre travail .
En vue de traiter ce thème , notre étude sera composée de deux grandes parties , dont la
première portera sur l’approche théorique des changes . Et, la seconde sur les régimes de
change mis en œuvre ces deux dernières décennies à Madagascar, accompagnés par les
effets de ces régimes sur la compétitivité extérieure de la grande île .
Et pour une meilleure compréhension , la première partie est divisée en deux chapitres
dans lesquels, on abordera la présentation de la banque centrale de Madagascar, au sein de
laquelle, nous avons effectué un stage . Ce premier chapitre évoque l’historique de la
-5-
monnaie malgache, ensuite, la situation monétaire à Madagascar entre 2004 et 2006 .
Le chapitre suivant mettra en lumière, le marché de change, suivi des facteurs déterminants
des taux de change, et enfin, l’analyse des régimes de change .
De même , la seconde partie sera constituée en deux chapitres . Le premier explicite les
expériences du régime de change fixe à Madagascar entre 1982 et 1993 . Ce régime de
change a des conséquences sur le commerce extérieur, précisément, sur la balance
commerciale de la grande île pendant ces périodes . Le deuxième s’interesse sur le régime
de change flexible à Madagascar depuis 1994 jusqu’ à 2006, et celui-ci a des retombées
sur la compétitivité du pays sur le commerce extérieur, sans oublier sur la monnaie
nationale face aux devises .
-6-
PREMIERE PARTIE
-7-
CHAPITRE PREMIER : LA BANQUE
BANQUE CENTRALE DE MADAGASCAR
(BCM) : ROLES ET STRUCTURE
1-1-1 Présentation
L’historique de la BCM se divise en deux périodes : avant et après l’indépendance .
-8-
Le 29 mars 1950, il y avait une loi qui modifiait le régime de l’émission des billets, et
par conséquent , le statut de la Banque de Madagascar .
Ce statut a pris le nom « Banque de Madagascar et des Comores (BMC) » , après avoir été
transformé en « banque d’économie mixte », et après que l’archipel des Comores a acquis
son autonomie administrative . Pendant cette période, l’Etat et les territoires intéressés
détenaient 56% du capital et occupaient la majorité des sièges au sein du conseil
d’administration , à savoir , 4 membres pour l’Etat français, 3 membres pour Madagascar, 1
pour le territoire des Comores, soit, 8 membres sur 14 . Et conformément à ce nouveau
statut, la BMC assurait un véritable service public dont les agences ne tardaient pas à se
multiplier dans l’île et jusqu’ à Moroni (Grande Comore ) .
-9-
banque d’émission au terme d’un accord passé entre BMC et l’IEM le 10 mars 1962.
Toutefois , à partir du 1 janvier 1964 , la BMC est devenue banque privée commerciale , et
elle continuait de représenter l’Institut d’Emission Malgache dans ses agences (conservation
et mouvement des espèces ) .
1-1-2-1 : Organigramme
L’organigramme de la BCM nous est donné par la figure n°1 de la page 11
Les deux succursales de la BCM sont : Fianarantsoa, et Toamasina ;
Les douze agences de la BCM sont : Ambatondrazaka , Antalaha , Antsiranana , Mahajanga ,
Manakara , Maroantsetra , Miarinarivo , Morondava , Sambava , Tolagnaro , Toliary .
Les deux succursales et les douze agences assurent l’approvisionnement des régimes en
signes monétaires et la collecte des informations économiques et financières à la conduite
de la politique monétaire
-10-
1-1-2-2 Fonctions et attributions de chaque direction
Plusieurs directions ont été créées au sein de la banque centrale . Elles sont subdivisées en
deux catégories : les directions opérationnelles et les directions d’appui .
ii) La direction des études (DET) : suggère l’orientation générale de la politique monétaire
et est chargée de la programmation monétaire et financière .Celle-ci calcule aussi et analyse
périodiquement les indices de compétitivité tels que le TCEN, le TCER, les termes de
l’échange ; elle effectue des études générales sur l’évolution économique et financière, et
propose à la direction générale les mesures correctives à prendre afin de réaliser les
objectifs fixés . Pour réaliser ces tâches , la direction centralise et est responsable de la
confection des statistiques monétaires et de la balance des paiements . Elle gère la base de
données macroéconomiques de la banque .
iii) La direction des opérations financières (DOF) : celle-ci a pour attributions la gestion des
signes monétaires, laquelle consiste en approvisionnement du territoire en billets et
monnaies et leur entretien . Elle gère les comptes courants en ariary des correspondants
comme le trésor , les banques de dépôt et le portefeuille des valeurs mobilières du trésor .
iv) La direction des services étrangers et de la dette extérieure (DSEDE) : celle-ci gère la
réserve de change de la banque centrale . A ce titre, elle est chargée d’intervenir sur le
Marché Interbancaire des Devises (MID ) ; elle gère pour le compte de l’Etat le fichier de
-12-
la dette extérieure . Elle s’occupe du développement des fonctions statistiques , d’analyse, et
du suivi de la qualité des données et de la gestion de la dette extérieure .
iii) La direction des ressources humaines (DRH) : veille à la dotation d’un personnel
adéquat, en qualité et en quantité, et apte à réaliser les missions de la banque pour une
gestion efficace des ressources et des compétences ; elle définit et réalise l’application d’un
plan de développement approprié des ressources humaines .
vi) La direction des affaires juridiques (DAJ) : cette dernière conseille la direction générale
-13-
en matière juridique et est chargée du traitement des affaires contentieuses et des études
juridiques touchant les domaines d’activité de la banque centrale ; en principe, elle est en
collaboration avec la commission de supervision bancaire et financière (CSBF) .
a) Organe de décision
L’organe de décision est constitué par le gouverneur assisté d’un directeur général et le
conseil d’administration .
i) Le gouverneur
Il est nommé par décret, pris en conseil des ministres sur la présentation du ministre
chargé des finances parmi les personnalités reconnues pour leur compétence en matière
monétaire, financière et économique pour un mandat de 4 ans renouvelable une fois.
Il assure la direction et de la gestion de la BCM et exerce tous les pouvoirs qui ne sont
pas dévolus au conseil . Il assure l’application des lois et règlements relatifs à la banque
centrale et les résolutions du conseil .
Il ne peut exercer autre fonction, ni recevoir autre rémunération issues d’autres activités à
l’exception des rémunérations qui résultent du fonctionnement d’organismes internationaux,
-14-
des tâches d’enseignement et de la production d’œuvres scientifiques, littéraires ou
artistiques dans la mesure où elles sont compatibles avec l’exercice régulier de ses
fonctions .
Il est placé sous l’autorité du gouverneur et assiste ce dernier dans l’exécution de sa
mission du gouverneur . Il exerce les fonctions qui lui son déléguées par le gouverneur, et
assiste à la séance du conseil sans voix même pas consultative .
Les administrateurs sont nommés pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois ; et
se réunissent en conseil tous les trois mois aux dates et jour que ledit conseil a fixés lui
même .
-15-
b) Organe de surveillance
Comme son nom l’indique, il est constitué par les censeurs . Ces derniers sont nommés par
décret en conseil des ministres sur proposition du ministre chargé des finances et sont
choisis pour leur compétence en matière économique, monétaire, financière, comptable et
juridique . Leur mandat est quatre ans renouvelable une fois.
Les censeurs exercent une surveillance générale sur tous les services et sur toutes les
opérations de la banque centrale .Ils effectuent des contrôles périodiques des comptes de la
BCM . Après clôture de chaque année, ils adressent au Président de la République et
au chef du gouvernement un rapport d’activités, dont la copie est communiquée au
gouvernement et au conseil .
La CSBF est constituée de huit membres dont : le gouverneur de la BCM qui assure la
présidence, le directeur général de la BCM qui assure la vice présidence, le directeur
général du trésor, un membre désigné par le ministre chargé des finances, un haut
magistrat désigné par le président de la cour suprême et trois personnalités choisies en
raison de leurs compétences, nommées pour une durée de trois ans sur proposition conjointe
de ministre chargé des finances, et du gouverneur de la BCM . Il s’agit du président de
l’association professionnelle des banques (APB) qui participe sans voix délibérative aux
réunions de la commission sur les questions réglementaires d’une part et du directeur du
crédit de la BCM et du secrétaire général de la commission qui est nommé par le
gouverneur d’autre part .
Ces deux derniers membres assistent à la réunion de la commission sans voix délibérative
également .
-16-
1-1-3 Les rôles de la BCM
Les rôles de la BCM sont multiples .
-17-
- La banque centrale est consultée par le gouvernement avant toute émission des valeurs
mobilières à Madagascar et toute opération du crédit à l’étranger effectuée par le trésor .
A Madagascar, les premières transactions entre les habitants et étrangers se faisaient sous
forme de troc, c’est-à-dire épices, fruits, bovidés, et hélas humains s’échangeaient contre
tissus, fusils, morceaux de chaînes d’ancre, verroterie et autres produits de peu de valeur .
Au XVIeme siècle, c’est à l’Est et au Sud de la grande île que les négociants européens ont
utilisé les piastres d’Espagne : il s’agissait de pièces d’argent d’une valeur de huit réaux
provenant du Mexique et pesant 27 grammes1 . A l’origine, la monnaie à Madagascar
mesurait la valeur des choses malgaches ( fruits, bovidé, épices, etc. ) pour les étrangers.
Mais , ce n’est qu’au XVIIeme siècle que les pièces de monnaie commençaient à se répandre
dans tout le pays . Prises d’abord comme bijoux de curiosité, les pièces d’argent ont été
acceptées peu à peu par les habitants comme marchandise dans les opérations de troc . Au
1
Monnaie et l’Emission à Madagascar : Des origines à nos jours, Banque centrale de Madagascar
-18-
milieu de XVIIeme siècle, « des médailles d’argent » étaient fabriquées à Tolagnaro par la
fonte de matières d’argent prélevées parmi les objets de traite .
Quelques années plus tard, sur l’ordre du souverain, une monnaie d’argent nommée
« Taraiky » a été fabriquée en Imerina par des étrangers résidents ; utilisé en particulier
pour le Sorona ou offrande ( à la déité Kelimalaza ), le Taraiky a reçu l’appellation de
« volandrazana » ou argent des ancêtres .
Durant cette période et jusqu’ en 1960, Madagascar n’ a pas connu de monnaie qui lui soit
propre. En effet, pendant la monarchie du XIXeme siècle, en dépit de quelques essais,
Madagascar n’ a pas eu de monnaie qui lui soit propre . Les signes monétaires utilisés
étaient alors constitués par des pièces d’argent européennes ou sud-américaines . La plus
courante était d’abord la piastre d’Espagne, puis à partir de 1855, la pièce française de 5
francs . Il est à noter que seules les pièces d’argent étaient utilisées .
Auparavant, les balances et les poids utilisés pour estimer la valeur de la monnaie coupée
n’étaient pas uniformes . C’est le roi Andrianampoinimerina qui a règlementé la pesée de
la monnaie . Il a institué alors un modèle de la balance et de poids en fer correspondant à
« Loso » (1/2 piastre ) , « kirobo » (1/4 piastre ) , « sikajy »( 1/8 piastre ) et « roavoamena » (1/12
piastre ). Le poids de loso existait en double dans la série, les deux poids réunis permettent
de peser ariary (piastre entière ) .
Sous le régime de Ranavalona III, quatre poids métalliques nouveaux sont venus compléter
1
J. et S. CHAUVICOURT : « La monnaie coupée et les poids monétaires de Madagascar, Tananarive 1967
-19-
la série existante, à savoir : Ilaivoamena, eranambatry, varifitoventy, varidimiventy. Ils ont
permis d’obtenir une réelle précision dans les faibles pesées qui se faisaient auparavant à
l’aide de grain du riz . La série complète des poids monétaires comprenait alors huit
valeurs .
Source : La monnaie et l’Emission monétaire à Madagascar. Des origines à nos jour, trentième anniversaire
Banque Centrale de Madagascar : 1973-2003.
Le code 305 articles promulgué le 29 mars 1884 , déterminait la liste des monnaies admises
dans la circulation : « les piastres quelles que soient Ngita ( piastres espagnoles ) ,
Tanamasoandro ( piastres mexicaines ) , Tsangan’olona (pièces françaises de 5F ) , Tokazo
(pièces boliviennes ) , Malamakely (consulat et premier Empire ), Behatoka ( Louis XVIII )
devaient être acceptées au même taux et échangées du moment qu’elles étaient de bonne
qualité » .
C’est à partir de 1895 que des quantités importantes de pièces de 5F, de monnaies
divisionnaires et de billon étaient introduites par l’administration française . Toutes les
pièces monnayées admises dans la circulation en France avaient cours légal à Madagascar, à
savoir les monnaies françaises ainsi que les monnaies fabriquées .
La période qui a suivi la proclamation de la loi d’annexion 26 août 1896 était marquée
par l’introduction à Madagascar de la monnaie française ( surtout de la monnaie
-20-
divisionnaire ) qui entraînait le retrait de la monnaie coupée .
Ces monnaies de nécessité constituées par des timbres poste autrement dites les vignettes,
elles ont été retirées de la circulation à partir de 1922 pour être remplacées par des jetons
des chambres de commerce de France en bronze aluminium, de 50 centimes, 1 et 2 francs
et par des pièces de nickel de 5, 10, et 25 centimes . Ces jetons de 50 centimes, 1 et 2
francs pesaient 2, 4, et 8 grammes avec leur diamètre 18, 13 et 27mm .
Le 29 mars 1950 , des nouveaux billets de 50, 100, 500, 1000, et 5000 francs ont été émis
quand la banque a pris le nom de : la Banque de Madagascar et des Comores ( BMC ) .
Pendant cette période, la grande île se rattachait encore à la zone franc, et après, elle s’est
retirée de la zone franc en 1973 pour créer le franc malgache .
Les premiers billets de 50, 100, et 500 FMG portant l’inscription « Famoahambolan’ ny
Repoblika Malagasy » ( Institut d’Emission Malgache ) ont été créés en 1964, puis en 1965,
c’était le tour des pièces de 1 et 2 FMG ; en 1966 c’était les billets de 1000 et 5000 FMG
et la pièce de 5 FMG, et, enfin en 1970, c’était le tour des pièces de 10 et 20 francs .
1
Monnaie et l’Emission Monétaire à Madagascar : Des origines à nos jours, Banque centrale de Madagascar
-22-
la même année . Au mois de juin 1973, la signature des nouveaux accords de coopération
avec la France a marqué la sortie de la grande île de la zone franc ; et depuis sa sortie,
plusieurs faits et événements se sont succédés en matière d’émission monétaire . Mais le
FMG restait l’unité monétaire des billets et pièces des monnaies .
Depuis le 31 juillet 2003, l’unité monétaire est devenue l’ariary ( ariary : 5 Francs malgaches)
ayant le sigle MGA ( Malagasy Garanti en Ariary ) à l’occasion du lancement de l’ariary
fiduciaire . A partir de cette date , ont été émis de nouveaux billets de banque
-23-
libellés en ariary, mais comportant la contre-valeur en franc Malgache écrite en petits
caractères sur chacune de deux faces . Il faut noter que les billets de banque des gammes
précédentes étaient libellés en franc Malgache avec mention de la contre-valeur « ariary »
écrite en chiffres ou en lettres en petits caractères .
Après une période de transition, durant laquelle tous les prix devaient être libellés dans
les unités monétaires, le basculement définitif vers l’ariary est opéré le 1er janvier 2005 à
l’occasion du passage à l’ariary scriptural .
A l’heure actuelle, la circulation fiduciaire malgache est composée des billets et pièces ci-
dessus
Cette présente section décrit les évolutions des composantes de la masse monétaire et des
contreparties de cette dernière dans la grande île entre 2004 et 2006 .
La masse monétaire c’est l’ensemble des moyens de paiement acceptés et qui circulent
-24-
dans un pays à un moment donné 1 .
Il existe à Madagascar trois agrégats monétaires, dont le premier se nomme les
disponibilités monétaires ou M1 .
Ces dernières sont constituées des dépôts à vue qui sont des dépôts dont le propriétaire a
la libre disposition à tout moment de la somme correspondante ; et la circulation fiduciaire
hors banques, c’est-à-dire les billets qui circulent en dehors du système bancaire .
1
R .KASAVE : cours d’économie monétaire, en 3ème année en Economie ; 2005-2006 à l’Université de
Toamasina
-25-
versement d’intérêt par la banque .
Et, à part de M1 et M2, il y a aussi des dépôts en devises des résidents, et les obligations
ayant comme notation (M3-M2) . La somme de ces agrégats qu’on vient de citer s’appelle
masse monétaire ou M3 .
M3= M1 + quasi-monnaie + dépôts en devises des résidents et obligations.
Avec M2 = M1+ quasi-monnaie et M1 = Billets + dépôts à vue
La masse monétaire et ses composantes ont peu à peu évolué au même rythme sur
l’année, mais la quasi-monnaie et les dépôts en devises des résidents en 2006 ont continué
de plus fortes expansions . Comme l’année précédente, c’est-à-dire 2005, l’augmentation des
disponibilités monétaires (M1) a été légèrement inférieure à celle de M3, atteignant 24%
contre 1,1% en 2005, tandis que celles de la quasi-monnaie et les dépôts en devises ont
été plus importantes, respectivement de 28,1% et 32,7% et une baisse de 4,3% en 2005
( voir tableau n° 3 de la page 25 ) .
Tableau n°5 : Dépôts à vue par catégories de déposants (en milliards d’ariary)
2004 2005 2006
Ménages et particuliers 248,5 259,3 269,6
Entreprises privées 506,6 486,3 667,5
Entreprises publiques 50,8 69,3 86,8
Institutions financières non bancaires 5,2 3,5 19,3
Total 811,2 818,3 1043,2
Selon la catégorie des déposants, l’évolution des dépôts à vue a été marquée par une forte
croissance des dépôts des entreprises privées et par une poursuite de la progression des
dépôts des ménages et des particuliers . En effet, si les dépôts des entreprises privées et des
institutions financières non bancaires ont respectivement diminué de 4,0% et 33,4% en
2005, ceux-ci ont connu les plus fortes augmentations en 2006 .
En valeur absolue, ce sont les dépôts des entreprises privées qui ont le plus augmenté,
avec 181,2 milliards d’ariary suite à d’importantes recettes extérieures au cours de l’année
( exportations, transferts pour les entreprises oeuvrant dans les secteurs du tourisme,
télécommunication, bâtiment des travaux publics ).
Les dépôts des ménages et particuliers ont évolué au même rythme qu’en 2005 (4,0%)
tandis que ceux des entreprises publiques ont augmenté 25,3%, mais dans une moindre
mesure par rapport à 2005 avec 36,4% .
Comme l’année précédente, l’expansion de la quasi-monnaie a été tirée par celle des dépôts
à terme, lesquels ont fortement augmenté de 67,4% en 2006, ceci dénote une plus grande
connaissance et une meilleure appréciation de ces placements par les publics et notamment
aux actions de promotion de ce type de dépôts menées par les banques à travers le
relèvement des taux des dépôts à terme .
Les dépôts d’épargne se sont également inscrits en hausse, mais l’augmentation a été plus
importante que l’année passée du côté des banques, du fait de leur politique commerciale
qui encourage de plus en plus ce type de dépôt, tandis que ceux de la caisse d’épargne de
Madagascar (CEM) ont progressé à un rythme moins élevé qu’en 2005.
-28-
l’année . En effet, si une baisse de 4,3% de ce type de dépôt a été observée en 2005, une
augmentation de 32,7% a eu lieu en 2006, résultant de l’afflux important de devises issues
de recettes d’exportation de biens et services, des transferts en faveur du secteur privé et
notamment des investissements directs des étrangers ( IDE) . La part des dépôts en devises
dans M3 a ainsi de nouveau progressé en 2006 à l’instar de 2004, s’établissant à 16,2% en
fin 2006 contre 15,4% en 2005 et 16,6% en 2004 .
-29-
Tableau n°7 : Structure et évolution de la position extérieure nette
Encours (en millions de DTS) Variation annuelle (en
millions de DTS)
2004 2005 2006 2005 2006
Position Extérieure Nette PEN 308,4 302,4 523,2 -6,0 220,8
-Banque Centrale 179,6 170,6 347,0 -9,0 176,5
.Avoirs extérieurs 330,4 337,4 381,6 6,9 44,2
.Engagements extérieurs 150,8 166,8 34,5 16,0 -132,2
- Banques 128,8 131,8 176,2 3,1 44,4
.Avoirs extérieurs 168,4 160,5 202,3 -7,9 41,8
.Engagements extérieurs 39,4 28,6 26,1 -11,0 -2,5
La PEN de la banque centrale a plus que doublé, passant de 170,6 millions de DTS à fin
2005 à 347,0 millions de DTS à fin 2006, soit une progression de 176,5 millions de DTS .
En effet, les avoirs extérieurs se sont confortés de 44,2 millions de DTS grâce aux
déblocages successifs d’aides extérieures . Le niveau des réserves à fin décembre 2006
s’élève ainsi à 381,6 millions de DTS, qui représente 3,0 mois d’importations contre 337,4
millions de DTS ou 2,9 mois d’importations un an auparavant .
Par ailleurs, les engagements extérieurs ont régressé de 132,2 millions de DTS compte tenu
de l’effacement de dettes dans le cadre de l’IADM/FMI . Les avoirs extérieurs bruts des
banques se sont reconstitués de 41,8 millions de DTS, tandis que leurs engagements ont
diminué de 2,5 millions de DTS . En définitive, la PEN des banques a progressé de 44,4
millions de DTS .
-30-
bancaire pour couvrir ses besoins . Et comme le trésor est une banque d’Etat qui gère
toutes les dépenses et recettes de l’autorité, sur l’ensemble de l’année 2006, le trésor s’est
désengagé à concurrence de 317,9 milliards d’ariary vis-à-vis du système financier .
Les autres créances nettes sur le trésor composées principalement par les contreparties des
dépôts des agents économiques de la caisse d’épargne de Madagascar ( CEM) et du centre
des chèques postaux ( CCP ) ont augmenté de 33,8 milliards d’ariary tandis que les créances
nettes sur l’Etat du système bancaire se sont contractées de 351,7 milliards d’ariary .
En effet, les créances nettes sur l’Etat des banques commerciales se sont inscrites en
-31-
hausse de 52,3 milliards d’ariary suite à la reprise de leurs souscriptions de bons du trésor
par voie adjudication ( BTA) .
Au niveau de la BCM, la contraction des créances nettes sur l’Etat à hauteur de 404,0
milliards d’ariary provient surtout de l’approvisionnement de ses dépôts pour 392,1 milliards
d’ariary, en raison essentiellement du transfert au trésor des ressources tirées de l’annulation
des dettes au titre de l’IADM et dans une moindre mesure, des déblocages d’aides
bugdetaires en provenance de l’extérieur .
Par ailleurs, les créances brutes de la BCM sur l’Etat ont diminué de 11,9 milliards
d’ariary, la hausse des souscriptions de BTA par les banques et les non banques ont
contribué à limiter le recours du trésor à la BCM .
L’encours des crédits à l’économie à fin 2006 s’est chiffré à 1182,8 milliards d’ariary
contre 989,9 milliards d’ariary un an auparavant, correspondant à un accroissement de 192,9
milliards d’ariary sur l’année contre 180,7 milliards d’ariary en 2005( voir tableau n°9 ci-
après ) . On a observé une faible augmentation annuelle des crédits à l’économie depuis
2005 . En effet, la variation annuelle a été de 19,5% afin décembre 2006 contre 22,3% de
l’année précédente. .
Cette évolution des crédits à l’économie traduit ceux accordés par les banques, qui en
constituent d’ailleurs la quasi-totalité . La hausse des crédits à l’économie bancaire est tirée
par le financement des sociétés industrielles et commerciales ainsi que par les crédits
immobiliers et d’équipement en faveur de particuliers et entreprises de bâtiment et travaux
publics .
Les premiers bénéficiaires des allocations en 2006 ont été les entreprises privées tant sur
-32-
les crédits à court terme que ceux à moyen terme et à long terme, avec 84% de
l’ensemble, soit 992,7 milliards d’ariary, suivis par les particuliers et les entreprises
publiques, soit 169,8 milliards d’ariary et 20,3 milliards d’ariary 1 .
En 2006, les crédits à moyen et à long terme ( MLT) ont progressé de 42,0%, soit 118,3
milliards d’ariary, tandis que ceux à court terme (CT) n’ont augmenté que 10,5%, équivalent
à 74,6 milliards d’ariary. Ils ont ainsi une progression avec ce même montant, contre 15,4
milliards d’ariary ou 5,8% en 2005 grâce aux crédits d’équipement et immobiliers . La
collaboration des banques avec les sociétés immobilières et d’équipement ont favorisé cette
tendance . Les crédits à court terme se sont inscrits en hausse, de 707,9 milliards d’ariary en
2005, passant à 782,5 milliards en 2006 ; cette hausse provient des crédits de campagne .
1
Rapport annuel de la Banque Centrale de Madagascar 2006
-33-
Les avoirs intérieurs sont constitués par le crédit intérieur et autres postes nets . Le crédit
intérieur est composé des créances nettes sur l’Etat et des crédits à l’économie . Les autres
postes nets se repartissent en gains ou pertes de change lors des transactions des devises
et monnaie nationale ; et les propres comptes de capital de la banque centrale de
Madagascar .
En 2006, la croissance de la masse monétaire M3 a atteint 25,9% si celle-ci n’a été que
de 3,1% en 2005 . Après la décélération observée en 2005, le taux de croissance annuelle
de M3 est resté faible en début d’année, la moyenne ayant été de 9,4% sur le premier
semestre1 . Par contre, à partir du milieu de l’année, le rythme s’est accéléré . Cette évolution
résulte essentiellement de la forte augmentation de la PEN du système bancaire, puisque les
avoirs intérieurs constitués par les créances nettes sur l’Etat et les crédits à l’économie ont
connu un ralentissement . Le stock de la monnaie est ainsi passé de 2177,3 milliards
d’ariary à fin 2005 à 2740,8 milliards d’ariary à fin 2006, soit une augmentation de 563,5
milliards d’ariary .
Par ailleurs l’on peut admettre sans trop de difficulté à la lumière de ce premier chapitre
que ce qu’on appelle communément aujourd’hui « ariary » n’est que le fait d’une « vérité
fictive », notre économie ayant été toujours une économie de troc, jusqu’au XIXeme siècle
même . Les unités de compte qui auraient été tour à tour utilisées dans les opérations de
troc avec le reste du monde n’étaient autres que celles qui eurent été introduites par les
étrangers eux-mêmes et non point les fruits de nos propres rapports socio marchands de
production .
1
Rapport annuel de la Banque Centrale de Madagascar 2006.
-34-
CHAPITRE 2 : LES TAUX DE CHANGE
1-1 DEFINITION
DEFINITION
Les monnaies étrangères sont échangées contre la monnaie nationale sur toutes les places
financières mondiales . Aussi le marché des changes peut-il se définir comme « lieu » où se
négocient les devises, c’est-à-dire, où se rencontrent les offres et les demandes de devises 1 .
Ce lieu est un réseau ou marché interbancaire non localisé concrètement dans un lieu
particulier et géographiquement non limité ; il fonctionne en continu ( 24 heures sur 24 )
grâce à un réseau ultra moderne de télécommunications, ce qui assure l’unité 2 du marché
malgré l’existence de plusieurs places ( New York, Londres, Singapour, Paris, Francfort,
Zurich …)
1
monnaie à convertibilité externe. J. Pierre Delas l’identifie à une monnaie dont l’exportation est libre, car
elle n’est devise que pour les non-résidents ( Economie contemporaine : faits, concepts, théoriques, ellipses,
Paris, 2001, P 346 )
2
R . KASAVE . Cours de l’économie monétaire internationale , en 4eme Année , 2006-2007, à l’Université de
Toamasina
3
J . Pierre Delas. Op cit p. 348
-35-
1-2-1 Structure
Le premier compartiment est celui du change manuel et concerne les échanges de
monnaies sous leurs formes matérielles ou physiques, c’est-à-dire, les échanges de billets de
banque. C’est ici que les particuliers ayant besoin de billets pour leurs déplacements à
l’étranger ( tourisme par exemple ) effectuent leurs opérations de conversion dont le volume
ne constitue en fait qu’une part faible des échanges monétaires à l’échelle mondiale .
1-2-2 Fonctionnement
Les transactions sur le marché des changes s’organisent et s’effectuent à deux niveaux
complémentaires . Le premier est un marché strictement interbancaire, marché de gros
(wholesale market ) . Ici se retrouvent uniquement les très grandes banques internationales
qui traitent entre elles et accessoirement avec les banques centrales .
Les banques qui interviennent sur ce marché sont peu nombreuses, de 50 à 80 au grand
maximum selon Bernier Bernard et Simon Yves1, 40 à Paris, 200 dans le monde selon J.
Pierre Delas2 .
Le deuxième niveau est celui du marché de detail ( retail market ) . Les transactions entre les
banques et leurs clients se font ici aussi que celles entre les banques et les entreprises . Au
niveau des établissements financiers, ces relations sont assurées par des cambistes et
clientèle
1
B . Bernier et Y. Simon, Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris, 2001, p. 352
2
J. Pierre Delas. Op cit p. 348
-36-
1-3 ORIGINE ET TYPES D’OPERATION DE CHANGE
Les raisons à l’origine des opérations de change, c’est-à-dire contraignant les agents
économiques à détenir et demander des devises sont multiples 1, en plus clair, les agents
économiques désirent réaliser des opérations de change pour essentiellement trois raisons :
pour effectuer le règlement de leurs transactions sur biens et services, pour leurs opérations
financières et notamment pour profiter des meilleurs placements possibles mais également
pour spéculer .
La monnaie choisie peut être celle de l’acheteur, celle du vendeur ou une autre monnaie
qui n’est ni celle de l’acheteur, ni celle du vendeur . Le choix de la monnaie de règlement
est d’une importance capitale pour la simple raison que celui dont la monnaie n’est pas
retenue pour effectuer le règlement, se trouve en position de change, puisque c’est lui qui
doit réaliser l’opération de change . Or, entre la date de la transaction et celle de son
règlement, le taux de change de la monnaie peut fluctuer, ce qui fait subir à l’agent
économique un risque de change .
La position de change peut être longue si les avoirs en devises sont supérieurs aux
engagements en devises . Elle est dite courte dans le cas inverse et nulle ou fermée,
lorsqu’il y a égalité entre les avoirs et les engagements . Quand on est donc en position
longue, l’on a intérêt à ne pas voir baisser le taux de change de la devise et inversement,
c’est-à-dire, que l’agent en position de change courte encourt le risque de voir s’apprécier
le taux de change de la devise car pour combler son manque de devises, il lui faudrait
plus de monnaie nationale .
1
Maritime Payrard-Moulard .Les paiements internationaux : monnaie-finance, ellipses, Paris, 1996, p 38-39
-37-
1-3-2 Mobile de rémunération
Les opérations de change résultent aussi des opérations financières effectuées et réalisées
par les agents économiques ( achats et ventes de titres d’actifs …. ) . Dans le contexte de
globalisation financière actuelle, offres et les demandes de monnaies dépendent désormais
davantage de ce type d’opération que des transactions commerciales . Jean Pierre
FAUGERE et Colette VOISIN illustrent le développement spectaculaire de la finance
internationale dictée par le motif de rémunération en ces termes ci : « la couverture des
besoins financiers (financement des entreprises à besoin de financement) n’est plus
aujourd’hui la préoccupation première des acteurs du marché international dont l’activité
principale s’est recentrée sur la gestion de portefeuille, dans une optique de rendement qui
combine l’évaluation des actifs et la liquidité du marché »1 .
1-3-4 Les
Les différents types d’opérations
L’on note deux types d’opérations sur le marché de change : les opérations au comptant et
les opérations à terme .
Lorsque le délai qui sépare la date de l’opération d’achat ou de vente d’une devise de
celle de règlement est compris dans les quarante huit heures, soit deux jours œuvrés, alors,
on parle d’une opération au comptant ; les transactions réalisées durant ce laps de temps
permettent de fixer le taux de change courant .
Dans le cas contraire, c’est-à-dire, pour un délai supérieur à deux jours, les operations
correspondantes sont dites à terme . Les devises qui seront livrées ultérieurement sont
calculées sur la base du taux de change à terme, fixé le jour même de la conclusion du
contrat à terme, ce qui permet de faire disparaître le risque de change .
1
J.P FAUGERE et C.VOISIN : le système finance et monétaire international ; crises et mutations, Nathan, Paris
2000 .
-38-
1-3-5 Les différentes techniques de couverture contre le risque de change
Nombreuses sont les techniques possibles : les swaps, les futurs ou contrats de futurs, les
options, le termaillage, mais nous ne traiterons ici que l’achat et la vente à terme de
devises .
Pour l’achat à terme des devises, cas de l’importateur ; celui-ci a besoin de devises . Si la
devise monte, il subit un risque de change, car la hausse de cette devise signifie
dépréciation de la monnaie nationale 1, qui est défavorable à l’importateur . Pour éviter ceci,
l’importateur cherche à se protéger, en se tournant vers la couverture à terme, c’est-à-dire,
achat à terme de devises sur un marché à terme . Ainsi, il s’engage à payer à l’échéance le
montant de l’importation à un taux connu à l’avance . Par conséquent, il s’évite du risque
de change parce qu’il sait exactement à combien il va payer .
Pour les uns, les transactions sur devises effectuées par les entreprises s’amplifient car avec
le développement de libre échange et du commerce international, ces dernières sont de plus
en plus concernées, de par leurs activités d’exportation et d’importation .
Pour d’autres, le rôle qu’y jouent les entreprises n’est pas aussi si important qu’on le
1
R. KASAVE. Op cit
-39-
1
croit . Il semble que ce n’est là une divergence fondamentalement superficielle, les
entreprises participant de plus en plus sur le marché de changes, quand bien même en
volume, la part des transactions qui leur revient y est de loin moindre comparativement à
celle effectuée par les banques .
-Tertio : les banques centrales, elles interviennent pour plusieurs raisons, notamment pour
appliquer les choix de politique de change décidés par les gouvernements, pour exécuter les
ordres de leur clientèle ( administrations nationales, banques centrales étrangères, organismes
internationaux ), pour faire respecter certains engagements internationaux tels que le traité de
Bretton Woods par exemple etc. Concrètement, les banques centrales interviennent sur le
marché des changes pour régulariser l’évolution du cours des devises .
La détermination du ou des taux de change, prix d’une unité monétaire exprimée en une
autre monnaie2 se fait sur un marché, dit marché de change ( cf. section 1) . Leur formation
est fondamentalement fonction du régime de change en vigueur et /ou du système
monétaire international en place . Les taux de change varient, des fluctuations essentiellement
dues à la nature économique et financière des facteurs déterminants . Mais des facteurs non
économiques exercent aussi une influence sur le prix de la monnaie c’est-à-dire le taux de
change .
Le premier paragraphe explicite les modalités ou conditions de fixation du taux de change
selon le régime qui peut être flottant ou fixe . Le deuxième décrit les principaux facteurs
déterminants du taux de change .
1
B. Bernier, Y. Simon. Op cit, p 350-351. Serge d’Agostine. Economie et histoire des sociétés contemporaines,
Bred, sous la direction de Marc Montoursé, Paris 2001, P 424 .
2
Cf.1. prix d’une devise en termes de monnaie nationale, c’est-à-dire cours d’une devise exprimée en termes
variables de monnaie nationale .
-40-
2-1 FIXATION DU TAUX DE CHANGE
Un régime de change ou un système de change est l’ensemble des règles qui déterminent
l’intervention des autorités monétaires plus précisément la banque centrale, sur le marché
des changes et donc le comportement du taux de change 1 . La fixation de ce dernier peut
se produire tant sur le régime du change flottant que sur celui du change fixe .
Dans ce régime de change dit flottant, le taux de change et ses fluctuations résultent des
seules variations de l’offre et de la demande de devises sur le marché des changes .
Théoriquement, les autorités monétaires, plus précisément, la banque centrale, s’abstient
d’intervenir sur le marché, c’est-à-dire, la politique monétaire retrouve son autonomie . On
laisse fluctuer librement le cours des devises.
Le régime de change flottant généralisé régit les monnaies convertibles , qui sont
essentiellement les monnaies des grands pays développés ( dollar, livre sterling, euro, yen ).
L’instrument utilisé dans un tel contexte est le taux de change flottant ; ce dernier c’est-à-
dire le taux de change varie selon la force de l’économie, ça peut être l’appréciation de la
monnaie, ça peut être la dépréciation par rapport à la devise .
Le flottement a ses avantages et ses inconvénients ;
1
Amina Lahrèche-Revil : « les régimes de change », maître de conférences à l’Université d’Amiens, Editions La
Decouverte, collection Repères . Paris 1999.
-41-
administrative ( dévaluation par exemple ) toujours coûteuse en cas de déséquilibre ; il assure
l’impossibilité d’avoir un déséquilibre durable de la balance des paiements ; la réduction de
la spéculation fait également partie des atouts du flottement car les variations de change
éliminent les possibilités de spéculation de grande envergure ; le flottement permet enfin au
taux de change de se fixer suivant les forces du marché à la valeur réelle, c’est-à-dire à la
valeur d’équilibre, d’où, impossibilité de la surévaluation de la monnaie d’un pays
connaissant un taux d’inflation élevé que son voisin .
Selon la courbe du graphique n°1 de la page 43, La courbe (O) représente la courbe
d’offre1, et la courbe (D), celle de demande de dollars2 .
Au taux 1$ =2300 Ar, les américains sont prêts à offrir 135 millions de dollars ( point B) ;
mais au taux de 1$=2000 Ar, ils ne le sont que seulement 60 millions de dollars ( point C ).
Autrement dit, le taux varie de 1$ = 2300 Ar à 1$ = 2000 Ar, les américains paient alors
plus cher. En effet, pour obtenir un ariary, ils doivent dépenser 0,0005 dollar (1/2000) alors
qu’auparavant ils ne consacraient que 0,00043 dollar pour acheter un ariary ( 1/2300 ) .
1
L’offre de dollars est le fait des Américains qui achètent des ariary pour acquérir des produits libellés en
monnaie nationale .
2
La demande de dollars est quant à elle, le fait des Malgaches qui achètent des dollars pour acquérir des
biens libellés en dollars .
-42-
Graphique n° 1 : modalité de fixation du taux de change, cas du change flottant
Source : par notre propre soin sur la base des cours d’économie monétaire internationale dispensé par
KASAVE Raymond
Comme le prix de l’ariary s’élève, alors, la demande diminue et donc, l’offre de dollars se
réduit d’autant .
Pour les malgaches, ils souhaitent acquérir 55 millions de dollars au taux 1$ = 2300 Ar
(point A ) ; alors que leur demande augmente jusqu’à atteindre 150 millions de dollars ( point
D ) quand le taux passe à 1$ = 2000 Ar . C’est dire que lorsque le taux passe de 1$ = 2300
Ar à 1$=2000 Ar les malgaches paient moins cher pour obtenir un dollar ; ils doivent en
effet désormais dépenser 2000 Ar seulement à l’achat d’un dollar, alors qu’auparavant, ils
devraient le dollar à 2300 Ar . La demande ne peut qu’augmenter du fait de la baisse du
prix du dollar .
Les deux courbes se coupent au point E, point d’équilibre correspondant au taux de change
1$ = 2150 Ar, où 100 millions de dollars sont échangés . Au point (B) correspondant au
1$=2300 Ar, l’offre de dollars s’élevant à 135 millions est bien supérieure à la demande qui
ne représente que 55 millions de dollars . Le segment AB représente donc cette offre
-43-
excédentaire qui ne peut être réduite que par une baisse du prix du dollar de manière à
atteindre le taux de change d’équilibre 1$ = 2150 Ar .
Inversement au point (D) correspondant au taux 1$ = 2000 Ar, on enregistre une demande
excédentaire qui ne peut être résorbée que par une hausse du prix du dollar jusqu’ à
atteindre le taux de change d’équilibre 1$ = 2150 Ar . Le libre jeu de l’offre et de la
demande entraîne donc les fluctuations des taux de change.
Les changes fixes facilitent le développement des échanges internationaux 1 puisque la fixité
supprime les risques de change sur le marché . En outre, la dévaluation de la monnaie
nationale est une décision administrative afin de fixer un taux de change sur le marché .
Elle permet aux opérateurs économiques de faire des prévisions sur le marché de change .
A cet égard, les autorités monétaires ont décidé de fixer la valeur de la monnaie du pays
face aux autres paniers des devises comme moyen de référence . La dévaluation de la
monnaie encourage les exportateurs et incite les investisseurs étrangers d’apporter leurs
capitaux pour s’investir, puisque les coûts y afférents sont bon marché ; donc, c’est une
politique de relance aux exportations .
Dans ce régime de change fixe, on y trouve l’union monétaire, qui est la forme la plus
1
R. KASAVE op cit
-44-
stricte de ce type de régime, c’est-à-dire les pays participants adoptent une monnaie unique,
et les monnaies locales peuvent être remplacées par cette monnaie commune . Comme par
exemple, l’Union Européenne qui adopte l’euro ; la plupart des monnaies locales
européennes étaient remplacées par l’euro qui est une monnaie commune .
Par ailleurs, ce système a ses avantages et son inconvénient ;
Les opérateurs internationaux vont anticiper une baisse de la valeur de yen, et ils sont par
conséquent incités à vendre leur yen pour acheter du dollar ; et cela provoque la
dévaluation de yen . Lorsque la dévaluation arrive, c’est-à-dire, 1$ = 11 yen, alors à ce
moment là, les capitaux reviennent au Japon, et les opérateurs reconvertissent leur yen en
dollar pour avoir de gain de dévaluation .
Tant que la parité officielle de la monnaie nationale qui peut fluctuer librement à l’intérieur
-45-
de la bande étroite définie correspond au taux d’équilibre, tout va bien ; les pouvoirs
publics et la banque centrale n’ont pas à s’inquiéter . Les problèmes surgissent quand la
situation fait apparaître une certaine disproportionnalité entre le taux officiel et celui
d’équilibre sur le marché .
En admettant que le taux officiel soit de 1$ = 6,00 F, la marge de fluctuation est de plus
ou moins 2%, et les autorités monétaires du pays doivent intervenir en vue de maintenir la
valeur du dollar entre 5,88 et 6,12 F . Supposons que le pays enregistre un taux d’inflation
élevé et un déficit de sa balance commerciale qui le conduisent à un taux de change
d’équilibre 1$ = 6,50 F . Mais face à cette situation, les autorités monétaires du pays
veulent maintenir le taux officiel de 1$ = 6,00 F. Alors, le graphique n°2 ci-après montre
clairement qu’au taux de change 1$ = 6,12 F ( taux auquel lesdites autorités doivent
intervenir ) , la demande s’établit à 130 millions de dollars alors que l’offre n’est que de 70
millions de dollars .
Graphique n° 2 : Modalité de fixation du taux de change, cas du taux de change fixe ( taux
officiel inférieur à celui d’équilibre )
Source : par notre propre soin sur la base des cours d’économie monétaire internationale dispensé par
KASAVE Raymond
-46-
Si les autorités monétaires veulent maintenir la parité officielle de 1$ = 6,00 F avec une
marge de variation de l’ordre de plus ou moins 2%, alors elles sont contraintes d’intervenir
sur le marché des changes ; et cela de manière à puiser 60 millions de dollars dans les
réserves de la banque centrale et les vendre pour satisfaire la demande excédentaire . Ainsi,
elles pourront résorber l’écart entre l’offre insuffisante et la demande excédentaire
représentée par le segment AB .
En cas d’insuffisance des réserves en devises, le pays finira par s’endetter sur les marchés
financiers internationaux . Mais, il faut que le pays change de politique économique car
malgré l’endettement extérieur, il sera obligé de dévaluer sa monnaie s’il s’abstient à
poursuivre la même politique économique .
Graphique n°3: Modalité de fixation du taux de change, cas de change fixe ( taux officiel
supérieur au taux d’équilibre )
Source :par notre propre soin sur la base des cours d’économie monétaire internationale dispensé par
KASAVE Raymond
-47-
maintenir un taux de 1$ = 7,00 F, avec une marge de fluctuation toujours de l’ordre de plus
ou moins 2%, alors que le taux d’équilibre fait apparaître un taux de change 1$ = 6,50 F .
Donc il apparaît clairement une offre excédant de 60 millions de dollars la demande, au
taux de 1$ = 6,86 F . Si les autorités monétaires n’achètent pas ces 60 millions de dollars,
l’écart entre l’offre excédentaire et la demande non satisfaite ne disparaît pas, cet écart est
représenté par le segment A’B’ .
Trois facteurs agissent pour l’essentiel sur le taux de change : l’état de la balance des
-48-
paiements ( approche monétaire de la balance des paiements d’une part, approche par les
biens et services d’autre part ), le différentiel d’inflation avec les principaux pays partenaires
( théorie de la parité des pouvoirs d’achat ) et les variations des taux d’intérêt .
Par ailleurs, la même hausse du taux d’intérêt favorise l’entrée des capitaux étrangers,
améliore également la balance des capitaux et apprécie le taux de change . C’est dire que
la diminution de l’offre de monnaie induit à une hausse du taux de change aussi bien par
le canal des biens et services que par celui des capitaux .
Cette analyse remet en cause les effets rééquilibrants d’une dévaluation1 ou d’une
dépréciation de la monnaie nationale dans la mesure où l’augmentation de la masse
monétaire qui résulte de cette dévaluation, au lieu d’améliorer le solde extérieur, le
détériore à court terme et déprécie la monnaie nationale . Une telle situation ne peut être
évitée que si et seulement si la banque centrale intervient pour neutraliser la croissance de
l’offre monétaire en procédant à des ventes des titres sur le marché monétaire2 .
1
R. KASAVE : Op cit
2
Idem
-49-
nationale . Toute augmentation des importations se solde donc par une dépréciation de la
monnaie nationale et inversement.
En considérant donc à la fois les exportations et les importations, l’on peut facilement
comprendre qu’un excèdent commercial doit, toutes choses égales par ailleurs faire
apparaître une appréciation de la monnaie nationale, et inversement, un déficit commercial
provoque une dépréciation de la monnaie nationale .
On peut exprimer la loi du prix unique comme suit : soit, Pi ,$ le prix en dollar du bien i
loi du prix unique implique que le prix en dollar du bien i est le même quand ce bien i
est vendu à Madagascar, d’où la formule ;
Pi ,$ = r. Pi , Ar avec r : le taux de change
Le taux de change ou r est le rapport des prix monétaires du bien i aux Etats Unis et à
Madagascar . La relation entre ces prix ( Pi ,$ , Pi,Ar )avec r est donnée par :
Pi ,$
r=
Pi , Ar
Pour comprendre le mécanisme de la loi du prix unique, l’exemple ci-après l’illustre bien :
-50-
si les prix aux Etats Unis et à Madagascar pour un même bien sont respectivement
10$(Dollars) et 19000 ariary, dans ce cadre, le taux de change est donc : 1$=1900 Ar ; on
1
revient au même avec 1Ar = $ ; 1Ar = 0,00052$
1900
Théoriquement, ce réajustement est égal à la différence entre les taux d’inflation ; par la
théorie de la PPA relative, c’est la différence des taux d’inflation entre les deux économies
qui explique l’évolution du taux de change . La théorie de la PPA relative considère donc
qu’une baisse du pouvoir d’achat intérieur d’une monnaie indique un accroissement de
niveau intérieur du prix . Cette théorie est associée à une dépréciation proportionnelle de la
monnaie sur le marché des changes . Mais, un accroissement du pouvoir d’achat intérieur de
la monnaie est associé à une appréciation proportionnelle de celle-ci . L’exemple pour bien
illustrer cette théorie se présente comme suit :
On considère deux pays ayant des taux d’inflation identiques : Etats Unis et Madagascar ;
dans un premier temps, ils produisent à l’époque t1 un bien X dans les mêmes conditions,
selon la théorie de la PPA relative ; le prix de ce bien doit être le même pour les deux
pays . Et on suppose que les prix aux Etats Unis et à Madagascar soient respectivement
10$ et 19000 ariary . Alors, il est facile d’en déduire le taux de change du dollar par
rapport à l’ariary, qui est égal 1$=1900 Ar ( 10$ x 1900 = 19000 Ar ) ; ou l’ariary par rapport
1
au dollar , avec 1Ar = $ , ce qui donne 1Ar = 0,000526$ . Cette relation entre le taux
1900
-51-
de change et le prix d’un bien pour les deux économies est la loi du prix unique et la
PPA absolue .
En supposant dans un deuxième temps que les taux d’inflation soient différents entre les
deux pays , c’est- dire, l’inflation aux Etats Unis est égale à 6%, par contre, elle est de 8% à
Madagascar, alors on constate que l’écart entre les deux taux ou le différentiel d’inflation
entre les deux économies est égal à 2% . Les prix de ce bien X incorporé de l’inflation
deviennent : 10 $(1+ 6%) = 10,6 $ aux Etats-Unis ; et 19000 Ar (1+8%) =20520 Ar à
Madagascar . Donc, le taux de change du dollar par rapport à l’ariary est égal : 1 $ =
1935,84 Ar , ( 10,6 $ x 1935,84 = 20520 Ar ) , ou celui de l’ariary par rapport au dollar est
égal :
1
1Ar = $ ; Ce qui donne 1Ar = 0,000516 $.
1935,84
On remarque que la monnaie nationale s’est dépréciée par rapport au dollar, dont le taux
1935,84 − 1900
de dépréciation est égal : = 1,9% ; on constate donc que le taux de
1935,84
dépréciation de la monnaie malgache qui est égal à 1,9% est presque identique à l’écart
des taux d’inflation entre les deux pays ; ce qui justifie la théorie de la parité des pouvoirs
d’achat relative précisant que l’écart des taux d’inflation entre les deux pays varie en
fonction de cours de leur monnaie .
Ceci nous induit à parler le taux de change effectif, c’est-à-dire, une élaboration d’indices
qui mesurent la variation moyenne du taux de change de la monnaie d’un pays par rapport
-52-
à un certain nombre d’autres monnaies, et par rapport à une période de référence donnée .
Le taux de change effectif est constitué en deux, dont le TCEN et TCER
Les coefficients de pondération utilisés dans ce calcul sont en fonction du volume des flux
commerciaux, c’est-à-dire la méthode de pondération consiste à donner à chaque monnaie
un poids relatif égal à la proportion des échanges commerciaux (les parts des importations
et celles des exportations du pays considéré respectivement dans le total des importations
et des exportations pour chaque pays partenaire ) qui sont libellés dans cette monnaie . Le
TCEN permet aussi de mesurer la relation moyenne entre une monnaie donnée et un
panier d’autres monnaies .
Le calcul d’un indice des taux de change effectifs nécessite une définition des coefficients
de pondération des échanges .La formule pour ces coefficients de pondération indique la
moyenne pondérée des parts d’exportation et importation :
Xi + Mi
Ui = n n
Où Xi = volume d’exportation de ième partenaire
∑ X +∑M
i =1
i
i =1
i
∑X
i =1
i = totale des exportations des pays partenaire
∑M
i =1
i = totale des importations des pays partenaires
1
Richard C. BARTH, Aspect technique de l’analyse du taux de change effectif, Institut du FMI, Washington
2001
-53-
Il est à noter que la somme des coefficients de pondération des pays partenaires est égale
n
à 1, c’est-à-dire : ∑U
i =1
i = 1 . Du point de vue pratique, les données disponibles relatives
aux taux de change des pays partenaires sont fréquemment exprimés en fonction d’une
monnaie prise comme numéraire,par exemple, le dollar américain ou l’euro ou DTS .
n
Ui
ûi = n
alors ∑û i = 1 où Ui : coefficient de pondération du ièmè partenaire
∑U
i =1
i
i=1
Cette valeur dépend des monnaies ( taux de change bilatéraux) choisies pour construire
l’indice du coefficient de pondération accordé à chaque monnaie et de la période de base
sélectionnée . Si cet indice est supérieur à 100, cela signifie que la monnaie du pays
considéré s’est appréciée . S’il est inférieur à 100 , cela se traduit par une dépréciation de
la monnaie du pays considéré par rapport aux monnaies des pays partenaires .
-54-
2-2-3-2 Le taux de change effectif réel ou TCER
L’évolution du taux de change effectif nominal indique dans quelle mesure le taux de
change entre la monnaie d’un pays et celle de ses partenaires commerciaux a varié par
rapport à une période de référence ou l’année de base . Les fluctuations des taux nominaux
ne permettent pas cependant de conclure en ce qui concerne le pouvoir d’achat d’une
monnaie ; elles n’indiquent pas davantage la mesure dans laquelle la compétitivité des
biens échangeables d’un pays peut avoir évolué avec le temps .
Par exemple, on considère un cas où le taux de change effectif nominal est resté constant
par rapport à une année de référence ou depuis la période de base, alors que le niveau des
prix a augmenté dans le pays considéré par rapport à ceux des produits de ses partenaires
commerciaux . Il en résulte que le prix des produits s’est accru dans le pays considéré par
rapport à l’extérieur ou encore, que le pouvoir d’achat de la monnaie s’est détérioré à
l’intérieur par rapport à l’extérieur .
En d’autres termes, une unité monétaire de ce pays considéré permettrait donc en théorie
d’acheter aujourd’hui chez ses partenaires commerciaux une quantité de produits supérieurs
à celle qu’on aurait pu acheter au cours de la période de base ; ce qui signifie que les
exportations de ce pays deviendraient donc relativement plus chères que celles de ses
partenaires commerciaux .
D’une certaine manière, il serait juste d’affirmer que la monnaie de ce pays est surévaluée
et qu’elle exerce de ce fait une pression sur le solde des transactions courantes . L’indice
du taux de change effectif réel ou TCER permet donc d’établir dans quelle mesure le
pouvoir d’achat d’une monnaie a évolué au cours d’une période donnée .Pour calculer cet
indice, il faut corriger l’indice du taux de change effectif nominal ou TCEN en fonction de
la monnaie effectuée des prix relatifs dans le pays et à l’étranger 1 .
Pour estimer l’indice du TCER , on calcule la moyenne pondérée de taux de change des
monnaies des pays partenaires, ajustés de l’évolution des prix relatifs ; on obtient :
1
Richard C. BARTH ; Op cit
-55-
ûi
S*
n
TCER = 100∑ it* où :
i =1 Pit
IPCit
Le Pit* peut se traduire comme suit : avec ;
IPCdom
1
IPC : Intrument statistique qui sert à mesurer l’évolution du niveau général du prix
-56-
taux de change devrait être mesuré en terme de la valeur d’une unité de cette monnaie .
2000 − 1790
X 100 = 11, 7% ; alors , l’ariary s’est déprécié de 11,7% en
1790
terme de monnaie locale face au dollar .
Par ailleurs, le taux de dépréciation de l’ariary en terme de devise se présente comme suit :
calculer d’abord la valeur d’une unité de l’ariary en terme de devise ; puis calculer le
pourcentage d’écart . Dans l’exemple sus mentionné, on a :
1 −1
2000 1790 X 100 = −10,5%
1
1790
Alors, la monnaie nationale s’est dépréciée de 10,5% en terme de devise
L’analyse des régimes de change met en lumière le choix d’un régime de change, ensuite,
les effets de la variation du taux de change .
Et, en outre, il peut être suggéré que plus l’économie est ouverte, plus approprié sera le
choix pour la fixation du taux de change à cause des coûts potentiels sur les transactions
internationales des ajustements fréquents du taux de change . Des pays qui ont connu un
taux d’inflation bas ont eu la tendance à choisir aussi un taux de change fixe 2 .
Quand les perturbations sont dues aux chocs extérieurs, c’est-à-dire, mouvements des prix
extérieurs ou augmentation des taux d’intérêt internationaux, alors face à ces chocs, le taux
de change flottant est nécessaire 3 . Et en outre quand les chocs domestiques sont réels,
c’est-à-dire, provenant du marché des biens, alors le taux de change flottant est aussi utile
pour stabiliser la production en augmentant ou en diminuant la demande extérieure . Par
exemple, une appréciation du taux de change devrait amortir l’effet d’un choc positif sur la
demande interne de la production en orientant la demande additionnelle vers l’extérieur .
Les variables économiques comme la production et la monnaie sont les plus touchées par
la variation du taux de change, du fait que cette dernière présente des effets, entre autres,
sur les prix intérieurs, sur la balance commerciale .
Si le taux de change réel ( TCER) monte, la compétitivité des exportations diminue, puisque
les prix nationaux convertis en monnaie étrangère s’accroissent plus vite que les prix
étrangers, alors les importations augmentent . Si le TCER baisse, la compétitivité des
exportations augmente tandis que les importations diminuent . Donc : le volume des
exportations est en fonction croissante du revenu à l’étranger et décroissante du TCER 1 ,
alors que celui des importations est en fonction croissante du revenu national du pays et
croissante du TCER 2 .
1
Blanche Nirina RICHARD : Cours de l’économie internationale ; 3eme année en Economie. 2005-2006 à
l’Université de Toamasina
2
Idem .
-59-
dans le cas d’une réévaluation , les termes de l’échange ont tendance à s’améliorer : le
revenu réel s’accroît et par la suite entraîne également un accroissement des importations .
Par ailleurs, une dévaluation de la monnaie nationale pourrait engendrer les mécanismes
suivants : la production nationale s’accroît, car elle répond à une demande étrangère qui
entraîne sur le marché intérieur la diminution des importations ; la dévaluation détériore
très probablement les termes de l’échange. La baisse du revenu réel qui en découle réduit
la demande intérieure au profit de la demande des étrangers .
Le solde courant,c’est-à-dire, celui des exportations des biens et services et les importations
des biens et services va s’améliorer si 1 :
. Taux de croissance de l’étranger est supérieur à celui du pays
. Taux d’inflation de l’étranger est supérieur à celui du pays
. La monnaie nationale du pays se déprécie
1
Blanche Nirina RICHARD ; Op cit
-60-
PARTIE 2
-61-
CHAPITRE PREMIER : LES EXPERIENCES DU REGIME DE CHANGE
FIXE
Ce chapitre étudie le cas malgache, celui de la BCM en mettant en exergue les effets de
tel ou tel régime ou politique de change choisie sur l’état de notre balance commerciale .
Pour ce faire, il s’avère nécessaire de procéder à une analyse par période du cas afin de
mieux apprécier et comprendre notre expérience .
Nous pouvons définir une politique de change comme une mesure permettant à la banque
centrale d’agir indirectement sur la demande de devises dans l’objectif de défense de la
valeur de la monnaie nationale . S’inscrivant dans des conditions définies par le pouvoir
public, toute politique de change s’applique différemment selon le régime de change en
place .
COMMERCE EXTERIEUR
EXTERIEUR ENTRE 1982 A 1985
Dès le début de l’année 1982, la BCM abandonne le régime de change fixe et se lance
dans une expérience nouvelle, la mise en œuvre du régime de change flottant . Il s’agissait
d’un choix dicté par la ferme volonté d’en finir avec la surévaluation de la monnaie
nationale et les taux d’inflation élevés 1 des années 1980 et 1981 .
1
En 1980, le taux d’inflation a été 18,2% et celui de 1981 a été de 30,5% ; selon les données de la BCM
-62-
rapport à un panier de monnaies, dont les coefficients de pondération étaient basés sur la
structure du commerce extérieur malgache. Et ceci est calculé en fonction de répartition du
commerce extérieur de la période allant de 1973 à 1980 de la grande île .
Le panier des monnaies auquel le FMG s’est référé, est composé des devises suivantes :
dollar américain (USD ), deutsche mark ( DEM ), livre sterling ( GB ), le franc français (FF ),
yen japonais (YJP ) .
Les variations inégales proviennent du mode de définition de l’ariary par rapport au panier
de devises . En effet, une devise particulière est prise comme unité de mesure, et toutes les
autres devises du panier sont cotées par rapport à cette unité . Ainsi, la valeur de l’ariary
par rapport à une devise particulière dépend des valeurs des devises entre elles .
C’est la banque centrale qui définissait la politique de change dans le but de faire varier
le taux de la monnaie nationale, pour faciliter les objectifs d’équilibre macroéconomique . Le
système de change adopté à partir du mois d’avril 1982 était celui de parité fixe mais
ajustable .
Pour améliorer la compétitivité des produits à l’exportation, et éviter un afflux excessif des
produits d’importation, le pays a procédé à une série de dévaluations ; c’est ainsi qu’en
avril 1982, Madagascar opta pour un système de parité fixe mais ajustable dans la mesure
-63-
où des taux d’inflation intérieurs ont été supérieurs à ceux de ses principaux partenaires
commerciaux depuis 1980 .
A cette année, le taux d’inflation était de 18,2% et, avait atteint le seuil de 30,5% en
1981. En effet, la valeur de l’ariary en monnaies étrangères avait été réduite à plusieurs
reprises par référence à un panier de devises à cause de la surévaluation de la monnaie
malgache avant 1980 . Alors, une première dévaluation de 13,04% a été décidée le 15 mai
1982, et cela a été ensuite suivi d’une autre série, à savoir celles du 1er octobre 1983 avec
un taux de 9,5% , et le 17 mars 1984 avec un taux de dévaluation de 13,04% . La banque
centrale ajustait quotidiennement le taux de change du franc malgache par rapport aux
monnaies composant le panier suivant leur monnaie .
-64-
En d’autres termes, la monnaie nationale s’est dépréciée de l’ordre de 121,31% par rapport
au DTS en décembre 1985 par référence à l’année 1981 .
Le taux de dépréciation de l’ariary en terme du dollar de 1985 par rapport en 1983 était
de l’ordre 53,20% ; ce taux se chiffrait à 14,92% par rapport en 1984 signifiant ainsi une
amélioration de l’ariary .
Les contrôles de change ont été établis à Madagascar depuis 1980, c’est-à-dire, la fin de la
parité fixe absolue .Ces deux systèmes, parité fixe et parité fixe mais ajustable ont été
assortis de contrôle de change ; cela signifie que l’Etat a pu contrôler étroitement toutes les
transactions entre les résidents et le reste du monde . Plus précisément, il a pu limiter les
volumes d’importations jugés par les responsables monétaires comme sources d’un
déséquilibre de la balance commerciale . Le système de quotas d’importations a été appliqué
afin de maîtriser tout risque au niveau du marché de change . Il s’agissait de quotas
d’importations sur les biens d’équipement industriel, des biens de consommation et des
matières premières .
Les opérations de change, les mouvements des capitaux et les règlements de toute nature
entre Madagascar et l’étranger, entre résidents et non résidents sont soumis à une
autorisation préalable du ministère de l’économie et de finances à cette époque . Pour le
marché de change, les achats et les ventes de devises étaient exécutés exclusivement par
les banques commerciales et la banque centrale . Cette dernière fixait le cours un jour
donné en se référant aux cours des monnaies étrangères, déterminés sur la place de Paris .
Les exportations effectuées par Madagascar avec l’extérieur sont composées des produits,
dits traditionnels durant ces années : café, girofle, vanille, chrome, poivre,etc. Tandis que les
importations en provenance de l’extérieur sont classées en quelques groupes tels que :
matières premières, moyens d’équipement industriel, énergie, moyens d’équipement agricole, les
consommations et les alimentations
-65-
1-4-1 Années entre 1981 et 1983
Les échanges commerciaux effectués par la grande île avec l’extérieur pendant l’année
1983 se sont soldés en une amélioration de la balance commerciale par rapport à ceux
enregistrés au cours des deux années précédentes . En dépit de la dévaluation de la
monnaie nationale en mai 1982, la balance commerciale restait encore déficitaire en 1983 .
Cependant le déficit de la balance commerciale s’est amélioré en sens qu’il a été réduit et
s’est chiffré à 6,16 milliards d’ariary en 1983 .
1-4-1-1 Importations
En 1982, la valeur globale des importations en FOB a augmenté de 13,7% par rapport à
l’année 1981 . Le groupe moyens d’équipement industriel a occupé la plus grande partie
des importations à cette année, avec 26,9% de l’ensemble, soit un montant de 9,66 milliards
d’ariary . Ensuite, vient le groupe des matières premières, avec 23,6% des importations, soit
8,44 milliards d’ariary, et le groupe énergie 23% pour un montant de 8,22 milliards d’ariary.
Le groupe alimentation, qui a occupé la quatrième place dans l’ensemble avec 16,2% a
atteint 5,78 milliards d’ariary en 1982 . Et enfin, les deux derniers groupes, c’est-à-dire
moyens d’équipement agricole et la consommation, se sont partagés le reste .
Tableau n°11 : Evolution de la balance commerciale de 1981 à 1983 (en milliards d’ariary)
1981 1982 1983
Exportations (FOB 1) 20,72 26,3 30,7
Importations (FOB) 31,44 35,74 36,86
Balance Commerciale -10,72 -9,44 -6,16
En 1983, l’ordre de répartition des groupes a attribué la première place au groupe matières
premières, qui a occupé 26,4% de l’ensemble des importations avec un montant de 9,72
milliards d’ariary . Ensuite vient le groupe moyen d’équipement industriel avec 8,44
milliards d’ariary, soit 22,9% de l’ensemble . Le groupe alimentation a occupé la troisième
place avec 20,6% et a atteint 7,6 milliards d’ariary . La quatrième place revient au groupe
énergie, avec un montant de 6,74 milliards d’ariary, soit 18,3% du total . Les groupes
-66-
consommations et moyen d’équipement agricole viennent en dernière position avec
respectivement : 4,16 milliards d’ariary soit 11,3%, et 0,18 milliard d’ariary soit 0,5% .
1-4-1-2 Exportations
En 1982, les exportations de marchandises réalisées par Madagascar ont augmenté en valeur
de 26,9% par rapport à celles enregistrées de l’année précédente . Cette situation a permis
de constater une certaine hausse des prix moyens à la tonne appliquée à l’exportation de
certains produits tels que : vanille, café vert, chrome .
En 1983, malgré la hausse générale du prix moyen unitaire des produits à l’exportation,
certains de ces produits ont diminué en volume par rapport à celui enregistré en 1982 .Tel
était le cas du café vert, du sisal, haricot, poissons et crustacés, du chrome, du mica . Mais le
fait le plus marquant des exportations malgaches en 1983, était la diminution du tonnage
exporté de girofle, une des principales sources de devises .
Tableau n°12 : Evolution de la balance commerciale de 1984 à 1985 (en milliards d’ariary)
1984 1985
Exportations (FOB1) 46,5 46,6
Importations (FOB) 49,3 64,2
Solde de la balance commerciale -2,8 -17,6
1
FOB : Free on Bord ( ne pas se soumettre à des coûts, assurances et frets )
-67-
1-4-2-1 Importations
En 1984, l’ordre de répartition des groupes a attribué la première place au groupe matières
premières, qui a occupé 27,2% de l’ensemble des importations avec un montant de 13,4
milliards d’ariary . Ensuite, vient le groupe « énergie » avec 11,9 milliards d’ariary, soit 24,2%
de l’ensemble. Le groupe moyens d’équipement a occupé la troisième position avec
montant de 11,7 milliards d’ariary, soit 23,8% des importations . Les groupes alimentation et
consommation qui sont parvenus presque à égalité en 1984, se sont retrouvés en quatrième
place et cinquième positions dans le peloton, et ont enregistré respectivement 6,1milliards
d’ariary et 6 milliards d’ariary, soit 12,4% et 12,2% du total .
En 1985, l’ordre de la répartition de groupe a été le même que l’année précédente, sauf les
groupes « énergie » et moyens d’équipement qui se sont substitués de rang . La part des
matières premières a représenté 27,5% des importations totales, soit 17,7 milliards d’ariary .
Ensuite, le groupe de moyens d’équipement qui a occupé 27,1% des importations a un
montant de 17,4 milliards d’ariary ; celui de l’énergie a eu comme valeur 13,9 milliards
d’ariary, soit 21,6% du total . Les groupes alimentation et biens de consommation ont
représenté chacun 13,1% et 12,7% de l’ensemble, soit 8,4 milliards d’ariary et 8,2 milliards
d’ariary .
1-4-2-2 Exportations
Le déficit de la balance commerciale a diminué de 54,22% en 1984 par rapport en 1983,
cela est dû à l’augmentation des exportations, ainsi qu’à la hausse des prix moyens
pratiqués à l’exportation . Les exportations ont augmenté de 51,33% par rapport à 1983 .
Par rapport en 1984, la valeur totale des exportations a été presque la même en 1985,
passant de 46,5 milliards d’ariary en 1984 à 46,6 milliards d’ariary en 1985 . Cette
stagnation est surtout due à la chute des prix de certains produits et à la baisse du
volume global exporté par de certain nombre de produits, notamment agricoles .
Les dévaluations décidées en octobre 1983 et en mars 1984, n’ont pas eu d’effets positifs
immédiats l’année suivante ; au contraire, le déficit de la balance commerciale en 1985
-68-
par rapport en 1984 a fortement augmenté de 525,3%, passant de 2,8 milliards d’ariary en
1984 à 17,6 milliards d’ariary en 1985 . Cela est dû à une très faible augmentation des
exportations de 0,21% et une hausse des importations de 30,2% en 1985 par rapport à
1984 .
Depuis 1982, l’autorité monétaire a procédé à une série de dévaluations de l’ariary . Ces
ajustements se sont poursuivis jusqu’en 1989, en vue d’assurer la compétitivité-prix de nos
produits d’exportation . En outre, le contrôle des changes a été allégé pour favoriser les
importations .
Les contrôles de change ont été de moins en moins contraignants sur le plan administratif,
avec l’adoption des nouveaux régimes tels que RIL ou régime d’importation libéralisé, puis
le SILI ou système d’importation libéralisé, sans toutefois aller jusqu’ à libéraliser
totalement l’accès des opérateurs économiques résidents au marché des devises .
En plus des ajustements successifs du taux de change, il a été mis en place un système
d’allocation des devises basé sur les mécanismes du marché . De ce fait, en janvier 1987,
l’importation des matières premières, de pièces détachées et des biens de consommation a
1
été autorisée dans le cadre du régime d’importation libéralisé : tous les agents
économiques peuvent soumettre des demandes pour obtenir des devises, moyennant le
paiement d’une commission initialement fixée à 10%, puis ramenée à 5% sur le montant
des devises demandées . L’offre des devises mises au RIL par la banque centrale a été
limitée seulement à 35% des importations enregistrées dans l’année . Le RIL a permis de
rendre transparentes les importations compte tenu de la limitation des devises disponibles .
1
Pierre JACQUEMOT « Politique de change et ajustement en Afrique , 1981-1987 ; ministère de la coopération
française, collection Etude AFRICACHANGE n°1, ( mars 1988 )
-69-
Quant au SILI ou système d’importation libéralisé , la libéralisation des échanges extérieurs
1
s’est traduite au niveau des importations par le passage du RIL au SILI . Ce dernier
système a été appliqué en février 1988 à une partie des importations . Il a été étendu à
l’ensemble des produits d’importation à partir de 1er juillet 1988 . Dans le cadre de ce
système, tous les agents économiques sont autorisés à effectuer des importations et à
recevoir le montant total des devises demandées au taux de change en vigueur . Aucune
licence d’importation n’est requise et aucune restriction administrative n’a pu être
appliquée, sauf celle liée à l’importation des produits qui risquent d’avoir des effets
néfastes sur la santé de la population . Le SILI créait l’obligation pour l’importateur de
déposer sur les comptes de la banque centrale, dès sa soumission, la contre valeur en
ariary de la demande des devises .
Du fait du taux d’inflation relativement élevé par rapport à celui de ses principaux
partenaires commerciaux, Madagascar a connu avant 1982, une surévaluation de sa monnaie,
et ses produits sont devenus non compétitifs sur le marché international . A partir de 1982,
l’adoption d’une politique de change de parité fixe mais ajustable a permis de faire des
ajustements de la monnaie nationale par rapport à un panier de devises .
C’est ainsi qu’une série de dévaluation a eu lieu en 1982, 1983 et en 1984 ; le phénomène
s’est poursuivi jusque vers la fin des années 1980 et cela dans des proportions
inquiétantes, à l’exception de la dévaluation décidée en février 1987 où le taux enregistré a
été le plus faible de la période c’est-à-dire de la deuxième moitié de la décennie . En effet
un taux de 20% a été enregistré pour la dévaluation décidée le 1er août 1986 ; le chiffre a
été presque le double ( 37,7% ) pour le réajustement décidé une année après c’est-à-dire le
25 juin 1987 .
La variation moyenne de l’ariary par rapport aux trois principales monnaies de référence
(dollar, franc français et deutsche mark ) a été plus faible en 1989, avec un taux de 5,7%
1
Pierre JACQUEMOT. op cit
-70-
qu’en 1988 où le chiffre était de 29,4% ( tableau n°13 ci-dessous ). La variation de l’ariary
par rapport au franc français était de 6,6% en 1989 contre 28,0% en 1988 ; par rapport au
dollar, la variation a été de 14,0% en 1989 contre 31,5% en 1988 ; et enfin par rapport au
deutsche mark, elle était de 6,4% en 1989 contre 29,7% en 1988 .
Tableau n°13 : Evolution des cours de la monnaie nationale entre 1986 et 1989 ( en ariary)
Les variations du cours de l’ariary par rapport à chacune de ces devises n’ont pas les
mêmes valeurs ; autrement dit les variations sont inégales en raison du mode de définition
de notre monnaie par rapport au panier de devises considéré . Il ressort du tableau n°13
ci-dessus qu’en 1989 la monnaie nationale malgache a perdu 137% de sa valeur en dollars
par rapport à l’année 1986 ; comparé au franc français, elle s’est dépréciée de 156,5% car
si avec 19,6 Ar on pouvait acheter en 1986 un franc français, en 1989 il fallait en avoir
50,27 Ar pour l’acquisition d’un franc ; même scénario pour ce qui est du rapport de
l’ariary avec la monnaie allemande, le deutsche mark où la perte de valeur par rapport à
cette dernière a atteint les 170,5% en 1989 comparée à l’année 1986 .
Tout cela est dû aux différentes séries de dévaluations successives effectuées dès 1982 .
Les dévaluations successives étaient incontournables face à une demande de devises au
demeurant largement excédentaire, situation qui a conduit notre pays à envisager la mise en
place d’un programme d’importation dans le cadre du RLI avec une pus grande
transparence .
-71-
L’ampleur du déficit commercial de l’année 1985 s’est répercutée l’année suivante en 1986
par une pénurie de devises malgré l’intervention de la BCM en faveur d’une offre de
devises à l’endroit des opérateurs pour de multiples raisons notamment l’existence d’un
délai ou retard de quelques jours entre le moment où la BCM décide et celui où ces
devises offertes arrivent jusqu’aux opérateurs .
La demande de devises non couverte ou non satisfaite s’explique surtout par l’insuffisance
quantitative des réserves de change de notre banque centrale due à la baisse chronique de
nos recettes d’exportation . Pour faire face à cette crise, le gouvernement a appliqué des
programmes de stabilisation parmi lesquels l’ajustement du taux de change qui a été fait
depuis 1986 .
L’inflation qui a été considérablement réduite depuis 1983, passant de 31,5% en 1982 à
9,5% en 1985, a connu une légère augmentation en 1986 avec 13,6% . Cette hausse a été
-72-
le fait de la dévaluation opérée au mois d’août 1986 . L’inflation s’est encore aggravée
l’année suivante et est parvenue à un taux de 17,7%, de loin supérieur à celui observé
l’année précédente . Cette situation imputable au déséquilibre macroéconomique chronique
s’est poursuivie à tel point que le taux d’inflation a pu atteindre un niveau record se
chiffrant à 26,6 % en 1988 .
Pour le TCER, on y inclut le taux d’inflation mesuré par l’indice des prix à la
consommation . Alors, si le TCER d’un pays est supérieur à 100, cela veut dire que la
monnaie du pays est appréciée, le pays va perdre sa compétitivité-prix à l’exportation en
raison de la hausse des prix qui en résulte dans ses rapports avec ses partenaires
commerciaux .
Par contre, si le TCER est inférieur à 100, cela conduit à une dépréciation de la monnaie
nationale, par conséquent, la balance commerciale devrait être excédentaire à la suite d’une
augmentation des recettes d’exportations à cause de la compétitivité à l’exportation envers
ses concurrents ou partenaires commerciaux .
Pour le cas de Madagascar, le TCER n’a pas cessé de diminuer depuis 1986 et en 1989 il
-73-
s’est déprécié d’environ 44,6% par rapport à l’année 1986 ; ce qui en théorie devrait faire
apparaître un resultat positif sur l’état de la balance commerciale de notre pays . Mais la
réalité en avait décidé autrement comme nous le montre le tableau n°16 ci-après .
2-3-3-1 Importations
En 1986, le volume des importations a baissé de 35% par rapport à l’année précédente .
Ceci en raison de la volonté du gouvernement de limiter certaines catégories des
importations, cas surtout des matières premières, équipements ( machines agricoles, véhicule à
traction animale, machines pour les travaux publics etc. ), et biens de consommation .
Suivant la structure des importations, une part importante a été allouée aux matières
premières qui ont occupé 30,2% du total, soit 12,59 milliards d’ariary, alors qu’en 1985, ce
poste n’a couvert que 26,4% ; ceci avait pour but de relancer la production . La deuxième
position a été attribuée aux biens d’équipement qui ont eu la part de 27,6% de l’ensemble,
soit 11,50 milliards d’ariary . La part des importations à la rubrique énergie a chuté, ne
représentant plus que 14,8% du total au profit d’autre groupe .
L’importance accordée à l’importation des biens d’équipement est expliquée par la volonté
de notre pays à promouvoir le renouvellement et /ou la création de nouvelles entreprises
dans le cadre de la nouvelle politique de libéralisation . A noter que pour la même année
1988, le groupe « énergie » s’est vue améliorée sa part qui s’est chiffrée à 18% du total,
soit 16,54 milliards d’ariary .
-75-
2-3-3-2 Exportations
En 1986, on a enregistré une baisse du volume des exportations par rapport à l’année
1985 .La variation a été de l’ordre de 2,7%, passant de 46,56 milliards d’ariary en 1985 à
45,3 milliards d’ariary en 1986 . A la suite de la pénurie des devises du dernier temps,
Madagascar s’est fixé pour objectif la promotion de ses exportations pour enrayer cette
crise, et l’adoption d’un certain nombre de mesures notamment, l’ajustement de la monnaie
nationale par une dévaluation dans le cadre d’une parité fixe ajustable . Il en a résulté alors
un excèdent commercial, matérialisé par la baisse importante des importations observées en
1986 en comparaison avec l’année 1985 ( cf tableau n° 16 page 73 ) .
Dès 1987 afin de promouvoir les exportations, le gouvernement initie la liberté d’exporter
une gamme plus étendue de produits ; le résultat ne s’est pas tardé car les exportations ont
augmenté passant de 45,3 milliards d’ariary en 1986 à 70,8 milliards en 1987 . La balance
commerciale restait excédentaire mais a enregistré une baisse bien que celle-ci ait été
légère, moins importante . Force est de noter cependant que ce résultat a été contraire à
l’attente en ce sens qu’on espérait une hausse de l’excédent .
En 1988 entre la variation des exportations et celle des importations, l’écart a été très
significatif . Elle était de 11% pour les exportations par rapport à l’année 1987, alors que
les importations en avaient enregistré un taux de 36,4% . Cette situation a été imputable
aux politiques de dévaluation de 1987 et de libéralisation de 1988 .
Ces politiques se sont certes traduites par l’augmentation du nombre des agents
économiques opérant dans les secteurs imports-exports, et la création des nouveaux produits,
c’est-à-dire diversification de nos produits d’exportation, c’est vrai .
Cependant derrière ces acquis se dessine une situation beaucoup moins réjouissante en
termes de performance : la disparition de l’excédent au profit d’un déficit qui s’est chiffré à
13,20 milliards d’ariary en 1988 en raison de la réduction de la part de certains produits
traditionnels dans les recettes d’exportation la même année, alors qu’ une dévaluation
importante de 37,7% de l’ariary a été décidée en juin 1987 .
-76-
L’année 1989 a été celle d’une variation en hausse des exportations : 29,7% contre 11,0%
en 1988 . Cette situation s’est traduite par une diminution du déficit de la balance
commerciale passant de 13,28 milliards d’ariary en 1988 à 0,38 milliards d’ariary en 1989
soit en valeur relative une baisse de l’ordre de 97,1% . L’importante dévaluation effectuée
en juin 1987 y a été donc peu ressentie . A elle seule la dévaluation suffit peu pour
garantir la competitivité-prix de nos produits d’exportation : le déficit a beaucoup diminué
mais n’ a pas disparu totalement .
La banque centrale de Madagascar a pour rôle et mission entre autres d’assurer la stabilité
de la valeur interne et externe de la monnaie nationale, gage d’une maîtrise inflationniste
dans le cadre d’un régime de change de son choix . Le cours de l’ariary devrait en
conséquence varier dans les limites définies de sa politique de change qu’elle arrête
conjointement avec l’Etat .
La tendance à la baisse du déficit commercial n’a pas duré malgré les faibles niveaux des
taux d’inflation de la période étudiée par rapport à la précédente, deuxième moitié des
années 1980 ( tableaux n° 18 p. 79 et n° 14 p. 72 ) et cela en dépit de la poursuite de la
politique de dévaluation . La crise socio-politique déclenchée en 1991 a rendu inopérants les
efforts déployés . Et l’on est en droit de supposer que la situation aurait été encore plus
grave par rapport à ce qu’elle avait été si les responsables aussi bien politiques que
monétaires n’avaient pas continué la poursuite de la dévaluation .
La monnaie malgache est rattachée à quelques devises fortes dont les fluctuations
déterminent l’évolution de sa valeur externe . Le taux de change de l’ariary pourrait être
ainsi stable ou instable selon que les valeurs de ces monnaies de rattachement subissent
ou non des variations sur les grandes places financières internationales. La valeur de
l’ariary est calculée à partir de la moyenne pondérée des devises des principaux partenaires
commerciaux .
-77-
En effet, l’appréciation ou la dépréciation de l’ariary dépend de la valeur des devises sur le
marché monétaire international et du mode de définition de l’ariary par rapport à ce panier
En 1990, la variation de l’ariary par rapport aux trois principales monnaies de référence a
été de 6,5% contre 5,7% en 1989 . Par rapport au dollar, l’ariary s’est apprécié de 6,8% en
1990 par référence à l’année 1989 . Par rapport au franc français la variation a été presque
stationnaire en 1990 . Comparé enfin à la monnaie allemande, l’ariary s’est déprécié de
8,9% par rapport à l’année 1989 .
L’année suivante la dépréciation ne s’est non seulement poursuivie mais s’est aggravée
encore davantage en ampleur . Si vis-à-vis du franc français l’ariary s’est déprécié en 1991
de l’ordre de 29,49% par rapport à 1990, envers le dollar et le deutsche mark les chiffres
ont été respectivement 22,8% et 19,6% . Cette forte dépréciation de l’ariary s’explique
évidemment par la chute des exportations et la détérioration des avoirs extérieurs de la
banque centrale de notre pays .
Même si l’ariary continuait à se déprécier en 1992, son ampleur a été de loin moindre
(8,2% ) comparée à celle de l’année 1991 où le chiffre était de 21% . Il en a été de
même, rapporté à chacune des devises de référence où la perte de valeur de l’ariary par
rapport au dollar n’a représenté que 1,5% et 8,7% par rapport au franc français la même
année 1992 . Une situation contraire aurait étonné l’opinion dans pareil contexte de crise
socio-politique, à l’origine non seulement de la baisse des exportations mais aussi de la
rupture de nos financements extérieurs .
-78-
Pour l’année 1993, en moyenne, l’ariary s’est légèrement apprécié par rapport au franc
français et deutsche mark . En effet, la politique du franc fort menée par le gouvernement
français a contribué à la stabilité, voire à l’appréciation du franc par rapport aux autres
devises fortes, en l’occurrence, le mark, lire italien et livre sterling .
En conséquence, compte tenu de l’influence du franc français dans l’évolution de la valeur
externe de l’ariary, cette dernière s’est également appréciée . Cette appréciation en 1993 a
été de 7,9% par rapport au mark et de 4,6% par rapport au franc français .
En revanche, l’influence du dollar dans l’économie française et son regain de force sur le
plan international se sont notamment traduits par une légère dépréciation du franc
français et par conséquent de l’ariary . En moyenne ce dernier s’est faiblement déprécié de
2,6% face au dollar et de 1,82% contre le DTS en 1993 par rapport à l’année 1992 .
L’évolution du DTS a été en grande partie déterminée par la variation de la valeur du
dollar ; c’est-à-dire, plus ce dernier s’apprécie, plus la valeur du DTS augmente et
inversement .
Les données sur l’évolution du taux de change se reflètent sur les paramètres
macroéconomiques, parmi lesquels, les effets sur les taux d’inflation mesurés par l’indice
de prix à la consommation, et sur la balance commerciale .
3-2-1 L’inflation
L’objectif sur le choix de régime de change est d’avoir une stabilité de la production et
un taux d’inflation bas par rapport aux pays partenaires . Le taux d’inflation est mesuré
par l’indice des prix à la consommation ( IPC ) et le deflateur du PIB. Mais les IPC sont
plus utilisés à Madagascar.
3-2-2-1 Importations
La levée de certaines restrictions en matière d’importation a été initiée pour des fins de
relance économique . Il en résultait une hausse considérable des importations passant de
11,8% en 1989 à 65,4% en 1990 . Seuls les biens d’équipement ont représenté 35,1% du
total des importations, soit 23,7% équivalant à 40 milliards d’ariary .
Malgré la pénurie des devises de l’année antérieure, une hausse de 7,3% des importations
en 1992 a eu lieu . Les biens de consommation ont occupé la première place avec 33,95%
de l’ensemble au détriment des moyens d’équipement qui n’ont représenté que 23,3% du
total . La hausse des importations s’est poursuivie avec une variation de 12,5% enregistrée
en 1993 par rapport à l’année précédente et cela en dépit de la persistance des contraintes
d’insuffisance de devises . Parallèlement les prix à l’importation enregistrent une nouvelle
hausse due essentiellement à l’augmentation des importations des biens de consommation
contrairement aux biens d’équipements et matières premières .
Depuis 1991 les importations n’ont pas cessé d’augmenter jusqu’en 1993 ; la variation a été
de 20,8% passant de 161,42 milliards d’ariary en 1991 à 195,04 milliards d’ariary en 1993,
alors que l’ariary ne s’est de son côté arrêté de se déprécier depuis 1991 jusqu’à 1993 . Si
en 1991, 1 DTS coûtait 501,8 ariary ; en 1993, il fallait 534,33 ariary pour avoir 1 DTS ; ce
qui permet de dire que, quelle que soit la valeur de la monnaie malgache( cas d’une perte
ou non ) les importations augmentaient toujours . Ce résultat contredit la théorie, évoquant
que la dévaluation de la monnaie nationale améliore la compétitivité des exportations, et
pénalise les importations, en tout cas pas pour le cas de Madagascar cette période là . En
janvier 1993, l’autorité monétaire a dévalué la monnaie nationale à 20%, alors que cela n’a
pas donné l’effet attendu .
-81-
3-2-2-2 Exportations
Si en 1989, le niveau de TCER a permis de gagner une compétitivité globale sur le plan
prix, en 1990 le taux d’inflation à été supérieur à celui des partenaires commerciaux . Cela
se traduit par une variation du prix supérieur à celle des partenaires . Effectivement, le
TCER a augmenté, c’est-à-dire que sur le marché, le produit a été vendu avec un prix plus
cher ; face à la concurrence, l’économie a perdu automatiquement la compétitivité .
En outre en 1990 les cours mondiaux ont chuté, réduisant ainsi très sensiblement nos
recettes d’exportations de 8% par rapport à 1989 . Donc l’année 1990 s’est révélée non
performante par rapport à 1989, c’est la raison pour laquelle, la grande île a connu un
déficit de la balance commerciale de 74,34 milliards d’ariary qui a été considérable .
En 1993 la balance commerciale a continué à briller par son déficit qui s’est aggravé pour
atteindre les 67,96 milliards d’ariary, soit 29,2% de variation par rapport à l’année 1992 .
-82-
Cette situation qui existe depuis 1991 est due à l’importante hausse des importations face
à une baisse ou stagnation des exportations, qui sont peu développées, car ces dernières ont
été trop dépendantes de quelques produits traditionnels . Malgré la dévaluation du mois de
janvier 1993 de 20%, le déficit s’est accentué : la baisse du prix moyen à l’exportation
limitait très sensiblement les recettes d’exportation portant ainsi préjudice à l’état de la
balance commerciale de notre pays .
En résumé, la politique de système de parité fixe mais ajustable adoptée à partir de 1982
n’a pas donné les résultats escomptés . Les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes.
Même si on a procédé à une série de dévaluations, l’état de la balance commerciale a
été généralement déficitaire, l’inflation a été encore plus élevée par rapport aux pays
partenaires aggravant ainsi l’ampleur du déficit commercial du pays .
-83-
CHAPITRE 2 : LE FLOTTEMENT A L’ EPREUVE
Ces années ont été marquées par le passage de l’abandon du système de parité fixe mais
ajustable à un nouveau système de change, celui du change flottant ou système de
flottement libre . La libéralisation de l’économie entamée en 1992 s’est soldée finalement
par celle du change . Le souci de compétitivité sur le commerce extérieur imposait aux
nouveaux dirigeants politiques de l’époque la mise en place d’un nouveau régime de
change plus souple, le flottement en partie dicté par une pénurie totale de réserves de
change de la BCM .
DE 1994 A 1998
Pour remédier à la pénurie des devises, les autorités malgaches ont opté pour le système
de change flottant ou système de flottement le 9 mai 1994, et instauré le MID dont le
taux de change est déterminé par la confrontation de l’offre et de demande des devises 1 .
1
Marie Edmée ZAFALIE : « cours de technique bancaire », 3eme année en Economie, 2005-2006 à
l’Université de Toamasina .
-84-
celles-ci interviennent pour leur propre compte ou celui de leur clientèle .
Depuis 1994 les ordres échangés sur le MID sont tous évalués en franc français, et cette
monnaie a été retenue comme pivot dans la détermination de cours du change, compte
tenu du poids de la France dans nos relations commerciales avec l’extérieur . car la France
a été le premier partenaire commercial de la grande île .
Lors d’une séance de criée, il peut y avoir plusieurs taux de change du franc français par
-85-
rapport à l’ariary, le cours moyen pondéré est alors la moyenne de ce cours pondéré par
le volume de transactions . Les commissions des banques pour les services rendus aux
opérateurs sont limitées à 2% . Une table de référence est utilisée pour la conversion des
autres devises . Concernant les ordres, il y en deux : l’ordre au mieux et l’ordre limite .
Les bureaux de change sont tenus préalablement à leur entrée en activité de constituer en
compte bloqué à la banque centrale de Madagascar un dépôt de garantie d’un montant
minimum de 100.000 FF en 1994, ou l’équivalent en d’autres devises convertibles . Ce
compte n’ est pas productif d’intérêt, et peut être modifié par le bureau de change en
fonction de l’évolution de ses activités sans pouvoir descendre en dessous de minimum .
Par ailleurs, le 16 septembre 1996, par voie d’arrêté, le minimum de dépôt de garantie au
près de la BCM est ramené à 50.000 FF, et productif d’intérêt
Avant l’année 1994 la politique de change de Madagascar peut être résumée par des
ajustements directs du cours de l’ariary ; lesquels ajustements sont les faits des autorités
compétentes . Mais à partir de mai 1994, la politique de change a consisté en des mesures
de libéralisation progressive du système de change . Depuis l’institution du flottement des
taux de change en mai 1994, les parités de la monnaie malgache ( ariary) avec les devises
-87-
sont déterminées par le marché interbancaire de devises ou MID . La pénurie de devises
avant l’instauration du régime de flottement a poussé les opérateurs à se tourner vers le
marché noir . Au mois d’avril 1994 le taux de change officiel a été 66,6 ariary pour un
franc français, alors que le taux du marché parallèle a été de 96 à 100 ariary ; soit une
différence de 45 à 50% .
Le taux de dépréciation de l’ariary face au dollar en 1994 par rapport en 1993 a été de
60,2%, de 382,6 ariary à 613,44 ariary en 1994 . Pour le franc français, durant l’année 1994,
une perte de valeur de la monnaie nationale a été enregistrée . Elle a été forte au cours
des premiers mois, et s’est par la suite ralentie, avant de s’accélérer de nouveau en fin
d’année .
Dès la première séance à la criée le franc français s’est échangé à 102,6 ariary . Au début
du flottement à fin décembre 1994, l’ariary a perdu 54% de sa valeur en terme de devises,
soit 117% en terme de la monnaie locale, passant de 66,2 ariary à 144 ariary à la fin de
l’année 1994 . Cette évolution peut être expliquée entre autres par l’expansion du crédit
intérieur et l’importance du déficit bugdetaire, accompagnée par la hausse généralisée des
prix .
Les fluctuations de l’ariary en 1995 ont été marquées par une dépréciation, de 144 ariary
-88-
pour 1 FF à la fin décembre 1994 à 183,8 ariary à la fin septembre 1995,puis une brusque
appréciation de 135,2 ariary a été observée pour se stabiliser durant les deux derniers mois
de l’année dans la limite de 160 -170 Ar, traduisant ainsi d’importants mouvements
erratiques de l’ariary en 1995 .
En 1996, ces importants mouvements erratiques observés vers la fin de 1995 ont disparu, et
la valeur de l’ariary s’est relativement stabilisée en 1996 . Toutefois une appréciation
temporaire de la monnaie nationale a été constatée entre les mois de mars et mai. Le
franc français et le dollar américain se sont respectivement échangés contre 158,5 ariary et
810,04 ariary en moyenne . La valeur de l’ariary s’est appréciée de 7,3% par rapport au
franc français et de 5% face au dollar en 1996 par rapport en 1995 . Néanmoins une
tendance prolongée de l’appréciation aurait eu des effets négatifs sur la compétitivité de
l’économie dans l’intervention de la BCM en tant que régulateur de l’offre et demande de
devises sur le MID .
La stabilité des changes s’est renforcée en 1998, malgré les fortes dépréciations de l’ariary
observées au cours du deuxième et du quatrième trimestres de l’année . La dépréciation de
l’ariary par rapport à la monnaie des partenaires commerciaux s’est située entre : 5% et 7%
contre 10% à 26% en 1997 . En effet, le franc français s’est échangé en moyenne à 184,56
ariary, soit une perte de valeur de 5,6% contre 10% en 1997 . Le DTS s’est échangé à
1476,67 ariary, soit une dépréciation de 5,1% contre 19,3% en 1997, et le dollar américain
à 1088,28 ariary, soit 6,7% contre 25,9% en 1997 .
-89-
1-4 LES RESULTATS DU SYSTEME DE CHANGE : 1994-
1994-1998
Après le libre flottement des taux de change en 1994, certaines mesures ont été prises,
concrétisant ainsi la poursuite de la libéralisation des échanges à savoir : la levée des
limitations sur les allocations en devises pour les frais de scolarité et les dépenses de
voyage à l’étranger pour les nationaux, la prolongation du délai de 90 jours à 120 jours
pour le rapatriement des recettes d’exportations en devises, mais ce délai a été abrogé en
décembre 1996 . A Madagascar l’instauration du système de flottement s’est répercutée sur
l’évolution des taux d’inflation et sur le commerce extérieur .
-90-
change et à la maîtrise de l’expansion monétaire avec 8,2% et cela, suite à une
intervention menée par la banque centrale ( une intervention en faveur des relèvements des
taux directeurs effectués à partir de 1994) . Depuis cette année, en effet le taux directeur de
la banque centrale a varié en hausse de 19,27% à 25,53% en 1995, le flottement n’étant
jamais pur dans la pratique .
1
Banque centrale de Madagascar . Voir à l’annexe 1
-91-
En 1995 le déficit de la balance commerciale a continué encore sa légère diminution par
rapport en 1994, et sa variation a été de l’ordre de 12% , passant de 60,56 milliards
d’ariary à 53,22 milliards d’ariary en 1995 . La baisse de ce déficit de cette dernière année
est due à une variation inférieure des importations par rapport à celle des exportations, soit
59,3% pour les importations contre 75% pour les exportations .
En 1996 le déficit s’est aggravé passant de 53,22 milliards d’ariary en 1995 à 94,06
milliards d’ariary en 1996, soit une variation de 76,7% . La tendance à la baisse a touché
aussi bien les importations que les exportations ; toutefois la baisse a été plus prononcée
pour les exportations . En effet si les importations n’ont fait ressortir qu’une légère
variation en baisse de l’ordre de 5% en 1995, en revanche du côté des exportations la
même tendance s’est chiffrée à 14% pour la même année . L’effet-prix international a joué
en défaveur de nos produits d’exportation et la détérioration de la balance commerciale ne
pouvait que s’aggraver . La chute des prix des produits primaires sur le marché mondial
était si importante que la croissance en volume des exportations n’avait pas pu inverser la
situation .
En 1997 le déficit n’a pas cessé de se détériorer, il est passé de 94,06 milliards d’ariary en
1996 à 178,34 milliards d’ariary en 1997 ( une variation de 89,6% à cette année) . La
faiblesse de la performance des exportations de 24,6% par rapport à celle des importations
de 36,6% a contribué à la détérioration considérable de la balance commerciale .Cette
aggravation du déficit a été à l’origine aussi de la faiblesse de la performance des produits
traditionnels d’exportation .
En 1998 une légère amélioration du déficit s’observe avec une variation 8,5%, passant de
178,34 milliards d’ariary à 163,16 milliards d’ariary en 1998 . La diminution de ce déficit
s’explique par une hausse des exportations bien supérieure à celle des importations . Les
exportations ont augmenté de 9,0% par rapport en 1997 suite à la hausse plus significative
des prix des produits exportés ( produits traditionnels ), face aux importations très faiblement
augmentées de 5% quand bien même les prix à l’importation ont baissé sur le marché
mondial .
-92-
Section 2 : LE REGIME DE CHANGE : 1999-
1999- 2002
L’année 1999 marque un tournant dans l’histoire monétaire malgache. Désormais la monnaie
nationale ne se réfère plus au franc français mais à l’euro.
L’année 1999 est caractérisée par une nouvelle dépréciation de la monnaie nationale par
rapport aux principales monnaies étrangères, dont le taux a été plus important que celui de
1998 . La dépréciation observée depuis le deuxième semestre de 1998 s’est poursuivie au
premier semestre de 1999, notamment face à l’euro .
L’euro est passé de 1270,12 Ar ( moyenne annuelle ) en janvier à 1413 Ar en juin 1999,
pour se détendre par la suite à partir de septembre jusqu’à la fin de l’année où le cours
de l’euro est passé en moyenne de 1404,72 Ar au mois d’août à 1313,2 Ar en décembre
de la même année . Cette dépréciation a été le reflet de l’évolution de l’euro sur le marché
international . En moyenne annuelle, l’euro s’est échangé à 1338,56 ariary et le dollar
américain à 1256,56 ariary, soit une perte de valeur de 10,6% et 15,5% .
En 2000 en moyenne annuelle, la monnaie malgache s’est appréciée de 6,5% par rapport à
l’euro . La dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar sur le marché international s’est
traduite par une appréciation de l’ariary face à l’euro .
Selon la note de conjoncture de la banque centrale, l’offre d’euro sur le MID a fortement
augmenté au cours des 9 premiers mois de l’année à la suite des rapatriements des devises
-93-
d’un côté et le transfert de fonds pour le fonctionnement des organismes et entreprises
étrangères implantées dans la grande île de l’autre côté . Face à l’euro, l’évolution des taux
de change observée au cours des 11 premiers mois de l’année 2000 a montré que l’ariary
a continué de s’apprécier par rapport à l’euro, avec une variation de 15% de janvier à
novembre 2000 ( 1 euro s’échange à 1339,51 Ar en janvier pour passer à 1138,8 Ar en
novembre ) . Cependant au mois de décembre par rapport à novembre, l’ariary s’est déprécié
de 3% face à l’euro . Par contre la monnaie nationale a perdu 7,7% de sa valeur en
moyenne annuelle en 2000 par rapport au dollar ; et le DTS a suivi la même évolution,
c’est-à-dire que, l’ariary s’est déprécié de 4,06% en 2000 par rapport en 1999 face au
DTS.
L’année 2002 en dépit de la crise socio-politique a été une année d’une certaine stabilité
par rapport à la monnaie nationale, l’ariary face à l’euro et au dollar américain . Au regard
du choc qu’a subi l’économie, on s’attendait à d’importantes instabilités monétaires ; ce qui
n’était pas le cas car l’ariary n’ayant pas beaucoup fluctué .
-94-
2-2 LES RESULTATS
La forte dépréciation du MGA en 1999 et la crise de février à mi-juillet 2002 ont eu des
répercussions sur l’économie du pays, tant sur le niveau de l’inflation que sur la balance
commerciale .
L’augmentation du prix des produits pétroliers survenue vers la fin 1999 explique la hausse
générale du prix ou l’inflation, qui a été de 9,7% contre 7,9% en 1998 . Ceci est dû aussi
à la hausse des prix des produits alimentaires ( produits locaux ) provoquée par
l’augmentation de la demande globale . La cherté du dollar américain, et l’élévation des prix
du baril de pétrole ont explicité l’accélération de l’inflation en 2000 à Madagascar .
Toutefois, grâce à l’application de la politique monétaire de la banque centrale, à l’aide de
manipulation du taux directeur, l’inflation a été maîtrisée à 12,3% en 2000.
L’année 2001 a été caractérisée par un ralentissement de l’inflation 6,9% alors qu’elle était
à 12,3% en 2000 . Ce ralentissement a permis de baisser considérablement le taux directeur
de la banque centrale, qui est passé de 12% à 10,5% en juin, et à 9% en octobre 2001 .
En 2002, l’activité a connu une récession ; les pénuries des différents produits pendant la
crise ont entraîné une accélération générale de l’inflation se chiffrant à 16,5% ; ceci est dû
à l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande, ce qui fait monter le plus .
-95-
2-2-2 Le commerce extérieur
La dépréciation de la monnaie nationale en 1999 devrait se traduire par un excèdent de la
balance commerciale . Or, cela n’a pas été le cas, au contraire cette dernière s’est détériorée
par rapport en 1998 passant de 163,16 milliards d’ariary à 209,96 milliards d’ariary, soit
une perte de 28,7% .
En 1999, l’augmentation des exportations n’a pas pu couvrir celle des importations ; en
terme plus clair, les importations excédaient les exportations dont la variation passant de
731,68 milliards d’ariary à 941,22 milliards d’ariary, soit une hausse de 28,6% entre 1998
et 1999 .
-96-
Madagascar a pu bénéficier de l’AGOA ; ce dernier autorise l’entrée aux Etats-Unis des
produits d’origine malgache sans payer de taxe . Mais ce qu’on a pu constater en 2001, ce
que l’ariary s’est apprécié face à l’euro et au dollar, situation théoriquement préjudiciable à
la compétitivité de l’exportation . Or ceci n’a pas été le cas.
En 2002 après un excédent enregistré en 2001, la grande île reprend le chemin du déficit
avec 63,8 milliards d’ariary . Ce solde a été moindre par rapport à l’année 1999. A cause
de la crise de 2002 les activités se sont ralenties, cela s’est répercuté sur les exportations
qui ont diminué de 48,3% par rapport en 2001, quant aux importations la baisse a été
relativement peu importante 42,4% par rapport en 2001 .
Cette année a été marquée par l’abandon du MID à la criée, et qui a conduit à la mise en
place du MID en continu en 27 juillet 2004, assisté en continu par l’informatique . Dès
lors les transactions sur le MID en continu se sont déroulées de 9h à 15h, contrairement à
l’ancienne méthode basée à la criée où la durée des transactions a été limitée à deux
heures seulement ( 10h à 12h ) . Les transactions font désormais exclusivement sur deux
devises pivots : l’euro et le dollar américain .
-97-
3-1-1 Evolution 2003
Le cours annuel du dollar est passé de 1364,95 Ar à 1238,33 Ar de 2002 à 2003, soit une
appréciation de l’ariary de 9,3% . Mais par rapport à l’euro, la monnaie nationale s’est
dépréciée de 10% passant de 1272 Ar à 1398,9 Ar en moyenne annuelle . Les raisons sont
multiples notamment les suivantes :
- les opérateurs ont opéré une forte importation vers la fin de l’année 2003, ce qui a
nécessairement entraîné une hausse de la demande en devise forte ( l’euro) ;
- le dollar a enregistré une baisse assez importante de sa valeur face à l’euro sur le
marché international ;
- les détenteurs de devises ont renchéri leur vente vu leur spéculation sur la parité euro-
ariary .
1
Andrianirina Adamson RASOLOFO : « Les effets de la dépréciation de la monnaie malgache et le taux de
change après la mise en place du MID en continu » Economiste ; Assistant chercheur ; octobre 2005 .
-98-
3-1-3 Evolution 2005
Le cours moyen annuel du dollar est passé de 1868,86 ariary à 2003,02 ariary entre 2004
et 2005, soit une perte de valeur de la monnaie nationale de 7,2% par rapport à cette
devise . Tandis que, par rapport à l’euro, elle a perdu 6,9% de sa valeur en cette période,
passant de 2320,31 ariary à 2488,24 ariary en 2005 . La monnaie malgache a ainsi connu
une stabilité durant cette période, ce qui est plutôt exceptionnel face aux déficits de la
balance commerciale . C’est essentiellement grâce à la BCM qu’on a pu quasi-stabiliser la
monnaie .
De janvier à mai 2006, l’ariary a perdu sa valeur de 6,5% face à l’euro, passant de
2587,66 ariary à 2758,38 ariary en mai de même année ; et à partir de mois de juin de
même année, la monnaie malgache s’est appréciée jusqu’au décembre, soit une appréciation
de 3,1% . Ce qui veut dire que, la tendance à la dépréciation progressive de ces derniers
mois est entrain de perdre sa vitesse . Il s’agit donc d’un reflet de la tendance observée
sur le marché international . De même, l’ariary s’est légèrement déprécié de janvier à mai
face au dollar, soit une perte de 1,2%, passant de 2139,12 ariary à 2164,33 ariary en mai .
Mais, ce dernier s’est apprécié en décembre 2006 par rapport au mai de même année, soit
6,44% de regain .
L’ariary a été quasiment stable en 2006, et c’est grâce à la conduite d’une politique de
change basée sur la transparence du marché . Il s’agit entre autres :
- la mise en application de guide opérationnel relatif aux interventions de la BCM sur le
MID ;
- le passage par le MID de tous les ordres d’achat et de vente ;
- la publication quotidienne à l’attention du public des taux maxima, minima, et moyenne
pondérée et volume échangé par voie de presse .
-99-
3-2 LES RESULTATS SUR LE SYSTEME DE CHANGE : 2003-
2003-2006
La crise du mois de février à mi- juillet 2002, a eu des répercussions sur l’économie du
pays, dont les résultats positifs observés en 2001, en matière de la balance commerciale et
le taux d’inflation sont tombés très bas à partir de 2003 . Cela a été ajouté par la
détaxation de septembre 2004 qui a fait chuter la monnaie malgache .
En 2004, le taux de la croissance monétaire a été fort par rapport en 2003, passant de
1
23,6% en 2004 contre 8,2% en 2003 . Ceci a conduit à une accélération du taux
d’inflation en 2004, largement supérieur par rapport à son année précédente, il a été 14% .
Les facteurs identifiés de ce renchérissement du coût de la vie englobent entre autres :
1
Rapport Economique et Financier de Madagascar . 2003-2004
-100-
l’impact des cyclones sur la production agricole, l’augmentation de prix pétrolier, et celui
du riz au niveau international et aussi la dépréciation de la monnaie nationale . Depuis le
début de l’année jusqu’au septembre 2004, l’IPC a augmenté de 18,9% .
Malgré la mesure prise par la banque centrale en 2004 pour limiter l’inflation à savoir la
revue à la hausse en trois étapes du taux directeur : passant de 7,0% à 9,5% le 12 avril, et
porté à 12% le 02 juin, et 12% à 16% le 16 septembre 2004, l’inflation a encore augmenté
son rythme en 2005, devenant 18,5% . Ceci a été la suite de l’effet de la détaxation qui a
fait chuter l’ariary, et donc, a accéléré l’inflation en 2005 . En 2006, malgré la nouvelle
flambée du prix du baril sur le marché international constatée depuis la première semaine
du mois d’avril 2006, à Madagascar, l’inflation a été maîtrisée, et s’est décélérée et pour se
chiffrer à 10,8%, niveau largement inférieur par rapport à celui de 2005 .
-101-
île, nos exportations de Madagascar n’ont pas pu couvrir les importations, dont le déficit
s’est creusé d’année en année .
L’effet positif de la dépréciation de la monnaie nationale depuis 2002 n’était pas encore
visible en 2005 ; au contraire, cette année a été caractérisée par le gonflement du déficit de
la balance commerciale . Ce dernier s’est accentué, et a même triplé, avec 1192,1 milliards
d’ariary, alors qu’il a été à 342,9 milliards d’ariary seulement en 2004 . Les importations ont
augmenté de 32,2%, en passant de 2193,4 milliards d’ariary à 2902,5 milliards d’ariary en
2005 . L’une des raisons de la diminution d’exportations s’explique comme suit : face au
démantèlement de l’accord multifibre en janvier 2005, qui a permis aux pays en voie de
développement d’exporter des produits textiles dans les pays développés, la chine a envahi
le marché en ce secteur ; en effet, les zones franches malgaches ont vu leurs recettes
diminuer en 2005 2 .
En 2006, la grande île a connu encore un déficit de la balance commerciale, mais il a très
faiblement baissé, ou quasi-stagné par rapport à la situation observée en 2005. Le déficit est
1
Andrianirina Adamson RASOLOFO . op cit
2
Idem
-102-
passé de 1192,1 milliards d’ariary à 1173,1 milliards d’ariary en 2005, soit de l’ordre de
1,5% . Les exportations ont augmenté de 32,5% en 2006, tandis que les importations ont
connu une hausse de 13,1% en cette année .
Malgré la participation de Madagascar à l’AGOA depuis 2001, et aussi la dépréciation de
l’ariary depuis 2002, l’effet positif n’a pas été encore ressenti quatre ans après . La preuve
ce que la balance commerciale a été souvent déficitaire .
En bref, la politique de change menée à partir 1994, qui a été le système de change
flottant n’a pas donné des effets attendus pour le pays . Le système de flottement a été un
flottement impur car on a constaté les interventions de la banque centrale de Madagascar
sur le MID périodiquement , pour essayer de stabiliser la monnaie nationale .
Or, ses interventions n’ont pas pu retenir l’ariary de son cours normal, puisque l’ariary s’est
déprécié d’année en année, cela s’est répercuté sur le commerce extérieur, dont le pays a
enregistré un déficit considérable sur la balance commerciale .
-103-
CONCLUSION
La banque centrale de Madagascar à l’instar de toute autre banque centrale veille à la
stabilité interne et externe de la monnaie nationale pour éviter une inflation élevée et une
forte dépréciation de la monnaie malgache, indépendamment de ses particularités
historiques.
Depuis 1982 le régime de change de parité fixe mais ajustable a été le choix des
autorités monétaires malgaches après l’abandon du système de fixité pure . A partir de
cette année la monnaie nationale s’est référée à un panier de devises . Une série de
dévaluations a été effectuée à cause de sa surévaluation ; on a ajusté la monnaie nationale
face au panier de devises, pour des fins de compétitivité à l’exportation, et avoir une
inflation basse . La dévaluation a débuté en mai 1982,et cela s’est poursuivi mais la plus
remarquable a été en 1987 avec un taux de 37,7% .
Comme aucun pays ne vit en autarcie, Madagascar s’ouvre sur l’extérieur ce qui a
logiquement conduit à une libéralisation de change . Alors un nouveau régime de change a
été mis en place à partir de 1994 ; il s’agit d’un système de flottement ou système de
change flottant , et la valeur de la monnaie nationale se détermine en fonction de l’offre
et de demande de devises sur le marché .
-104-
Ceci a conduit à l’installation du MID en continu en 2004, pour résorber les pénuries de
devises . La dépréciation de l’ariary n’est pas une situation nouvelle à Madagascar ; elle
engendre une hausse des prix des produits importés, aggravant ainsi le déficit de la
balance commerciale . La dépréciation de la monnaie nationale devrait favoriser les
exportations en théorie . Or, la réalité malgache est manifestement différente. De tout ce qui
précède, la politique de change adoptée dans le cadre aussi bien du régime de change fixe
à parité ajustable que du régime du flottement n’a pas été à la hauteur des attentes du
pays .
Nos recommandations portent donc sur la bonne volonté politique des dirigeants à
diversifier la base des produits d’exportation en favorisant surtout les exportations des
produits semi-finis pour garder le maximum de valeur ajoutée dans le pays, et ne plus se
contenter d’exporter des produits de rente à l’état brut . En plus, il faut savoir profiter de
toutes les opportunités offertes par les accords de partenaires régionaux comme SADC,
COMESA, COI, l’AGOA, et exploiter toutes les potentialités dont la grande île dispose en
s’orientant vers des produits et des services dans lesquels, le pays est le plus performant .
Si toutes les recommandations sont suivies équitablement, alors, Madagascar sera compétitif
sur le commerce extérieur, et la monnaie nationale toujours forte, sans avoir souvent besoin
de l’intervention de la banque centrale pour ajuster l’ariary .
-105-
LISTE DES ANNEXES
Annexe 3 : Les taux de change de dollar, euro, DTS en ariary depuis 1984 ( en moyenne
annuelle ) …………………………………………………………………………………………109
-106-
ANNEXE 1 : BALANCE COMMERCIALE DEPUIS 1984 (en millions de DTS)
-107-
ANNEXE 3 : TAUX DE CHANGE DE DOLLAR, DTS, EURO EN ARIARY
DEPUIS 1984 (moyenne annuelle)
-109-
ANNEXE 4 : TEXTES REGLEMENTAIRES PUBLIES EN 2007
-111-
Tableau n°19 : Evolution de la balance commerciale de 1990 à 1993 (en milliards d’Ar)...80
Tableau n°20 : Taux de change en ariary de 1994 à 1998……………………………. ……88
Tableau n°21 : Evolution des taux d’inflation annuels entre 1994 et 1998……………. . …90
Tableau n°22 : Evolution de la balance commerciale de 1994-1998 ( en milliards d’Ar )....91
Tableau n°23 : Evolution des taux de change entre 1999 et 2002 ( en ariary )………. …...93
Tableau n°24 : Evolution des taux d’inflation de 1999 à 2002…………………………........95
Tableau n°25 : Evolution de la balance commerciale : 1999- 2002 (en milliards d’ariary)….96
Tableau n°26 : Taux de change entre 2003-2006 (en ariary)…………………………….........97
Tableau n°27 : Evolution des taux d’inflation annuels entre 2003 et 2006………………..100
Tableau n°28 : Evolution de la balance commerciale : 2003-2006 (en milliards d’ariary).....101
-112-
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
Autres documents
-113-
. Monnaie et l’Emission Monétaire à Madagascar : Des origines à nos jours, trentième
anniversaire de Banque Centrale de Madagascar ( 1973-2003) .
. Perspectives de l’économie, Fonds Monétaire International, Washington, octobre 1997.
. Rapport annuel de la Banque Centrale de Madagascar 2006.
. Rapport Economique et Financier de Madagascar, de 1983 à 2005-2006 .
. RICHARD Blanche Nirina : « Cours d’Economie Internationale » , 3eme Année en
Economie ; 2005-2006, à l’Université de Toamasina .
. ZAFALIE Marie Edmée : « Cours de Technique Bancaire » , 3eme Année en Economie ;
2005-2006 , à l’Université de Toamasina .
-114-
TABLES DES MATIERES
Sommaire……………………………………………………………………………………..…i
Remerciements……………………………………………………………………………….ii
Sigles et abréviations……………………………………………………………………iii
Glossaires………………………………………………………………………………………iv
Introduction…………………………………………………………………………………….5
Partie première : APPROCHE THEORIQUE DES CHANGES …………………………....7
-115-
1-2-3 Post coloniale……………………………………………....................................................22
1-2-3-1 Depuis 1960 jusqu’à la sortie de la zone franc…………………………………..22
1-2-3-2 De 1973 à nos jours………………………………………………………………..22
Section 2 : Situation monétaire malgache entre 2004-2006…………………………………24
2-1 : Les composantes de la masse monétaire…………………………………………………..24
2-1-1 Les disponibilités monétaires …………………………………………………………...26
2-1-2 La quasi-monnaie et les dépôts en devises…………………………………………….27
2-2 : Les contreparties de la masse monétaire…………………………………………………..29
2-2-1 La position extérieure nette…………………………………………………………….29
2-2-2 Les créances nettes sur l’Etat…………………………………………………………..29
2-2-3 Les crédits à l’économie……………………………………………………………. …32
-116-
3-2 Les effets de la variation du taux de change……………………………………………..58
3-2-1 Les variations du taux de change et des prix relatifs…………………………………59
3-2-2 La variation du taux de change et de la balance commerciale…………………….59
-118-