Réduction de Jordan

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Réduction de Jordan

Soient K un corps commutatif et E un K-espace vectoriel de dimension finie n.

Rappels
Définition 1
On dit qu’une forme linéaire ϕ ∈ E ∗ et un vecteur x ∈ E sont othogonaux si ϕ(x) = 0.

Définition 2
L’orthogonal dans E ∗ d’une partie X de E est l’ensemble :

X ⊥ = {ϕ ∈ E ∗ | ∀x ∈ X, ϕ(x) = 0} .

L’orthogonal dans E d’une partie Y de E ∗ est l’ensemble :



Y = {x ∈ E | ∀ϕ ∈ Y, ϕ(x) = 0}

Remarque

Il est clair que X ⊥ est une sous-espace vectoriel de E ∗ est que Y est un sous-espace vectoriel
de E.
Proposition 1
Soient F un sous-espace vectoriel de E et G un sous-espace vectoriel de E ∗ , alors

1. dim(F ) + dim(F ⊥ ) = dim(E).



2. dim(G) + dim(G ) = dim(E).

Définition 3
La transposée de l’endomorphisme u ∈ L(E) est l’application t u de E ∗ dans E ∗ définie pour
tout ϕ ∈ E ∗ par :
t
u(ϕ) = ϕ ◦ u.

Remarque
On vérifie que t u ∈ L(E ∗ ).

Proposition 2
Soit F un sous-espace vectoriel de E, alors F est stable par u si, et seulement si, F ∗ est stable
par t u.

Définition 4
Soit λ ∈ K une valeur propre de u ∈ L(E) on appelle sous-espace caractéristique de u associé
à λ l’espace :
Nk = Ker(u − λIE )α
où α est la multiplicité de λ dans χu .

1
Proposition 3
Soit u ∈ L(E) tel que que χu = pk=1 (X − λi )αi et πu = pk=1 (X − λi )βi , alors
Q Q

Lp
1. E = k=1 Nk ;

2. Nk = Ker(u − λk IE )βk ;

3. Nk est stable par u et λk est la seule valeur propre de la restriction de u à Nk ;

4. dim(Nk ) = αk

5. la restriction de u − λk IE à Nk est nilpotente d’indice βk .

Le développement
Théorème 1
Soit u ∈ L(E) un endomorphisme nilpotent d’indice q ≥ 1 alors il existe une base B = B1 ∪
· · · ∪ Br de E telle que chaque sous-espace vectoriel Ei = Vect Bi soit stable par u et que la
matrice de la restriction de u à Ei soit :

0 0··· 0 0
 
 . . .. 
1
 0 0 . .
. . .
Ji = 0 . . . . . . 0
 
 ∈ Mqi (K)

.
. ..

. . 1 0 0

0 ··· 0 1 0

avec qi = dim(Ei ).

Théorème 2
Soit u ∈ L(E) non nul tel que χu = pk=1 (X − λi )αi et πu = pk=1 (X − λi )βi . Il existe une base
Q Q

B de E dans laquelle la matrice de u est de la forme :


 
J1 0 ··· 0
.. .
. .. 

0 J2
A=
 
.
. .. .. 
. . . 0 
0 · · · 0 Jp

avec pour tout k ∈ J1, pK :

0 0 ··· 0
 
λk
 .. .. 
ε
 k,2 λk 0  . .
 .. .. ..

Jk =  0 . . 0  ∈ Mαk (K).
.

 .
 . .. 
 . . εk,αk −1 λk 0

0 ··· 0 εk,αk λk

où εk,i ∈ {0, 1}.

Lemme
Soit u ∈ L(E) un endomorphisme nilpotent d’indice q ≥ 1. Pour tout x ∈ E tel que uq−1 (x) 6= 0
la famille Bu,x est une famille libre de E et l’espace vectoriel F = Vect(Bu,x ) est u-stable.

2
Preuve :
Comme uq−1 6= 0 il existe x ∈ E tel que uq−1 (x) 6= 0. Soient λ0 , ..., λq−1 ∈ K tels que :
q−1
λk uk (x) = 0
X

k=0

Montrons par récurrence sur j que les λj sont tous nuls.


q−1 q−1
0 = uq−1 ( λk uk (x)) = λk uq−1+k (x) = λ0 uq−1 (x)
X X

k=0 k=0

Et puisque uq−1 (x) 6= 0 on a λ0 = 0.


Supposons que λ0 = · · · = λj = 0 alors q−1 k
P
k=j+1 λk u (x) = 0, et

q−1 q−1
q−j−2 k
λk uq−j−2+k (x) = λj+1 uq−1 (x).
X X
0=u ( λk u (x)) =
k=j+1 k=0

Et à nouveau on en déduit que λj+1 = 0. Les λj sont donc tous nuls et la famille Bu,x est libre.
La stabilité de F par u découle alors du fait que u est nilpotent. 

Démonstration :
On va montrer le théorème par récurrence sur la dimension n de E, pour celà cherchons aupa-
ravant une décompostion de E en somme directe adapatée.
On peut remarquer que comme u est nilpotent d’indice q alors t u est aussi nilotent d’indice
q. On peut alors appliquer le lemme à t u : il existe ϕ ∈ E ∗ tel que t uq−1 (ϕ) 6= 0, et on
pose H = Vect(ϕ,t u(ϕ), ...,t uq−1 (ϕ)). De plus comme t uq−1 (ϕ) 6= 0 il existe x ∈ E tel que
φ ◦ uq−1 (x) 6= (0) et donc uq−1 (x) 6= (0). On pose F = Vect(x, ..., uq−1 (x)) qui, d’après le

lemme, est de dimension q. Soit maintenant G = H , on a

dim(E) = dim(G) + dim(H) = dim(G) + dim(F ).

Et comme H est t u-stable, G est u-stable.


Montrons que F ∩G = {0}. Soit y = q−1 k
k=0 λk u (x) ∈ F ∩G. Comme G est u-stable u
q−1
(y) ∈ G
P

et :
q−1
0 = ϕ(uq−1 (y)) = λk ϕ(uq−1+k (x)) = λ0 uq−1 (x).
X

k=0

Donc λ0 = 0, puis par une récurrence similaire à celle du lemme on montre que tous les λk sont
nuls et donc que F ∩ G = {0}. Et ainsi E = F ⊕ G
Montrons maintenant le résultat principal par récurrence sur n. Si n = 1 c’est évident, supposons
donc le résultat acquis jusqu’au rang n − 1, montrons-le au rang n. On complète la base Bu,x
de F par une base de G en une base B de E. On a alors :

0 0 0 ··· 0
 

1 . . . .. 
! 0 0 .
J 0
 
MatB (u) = q
 .. .. .. 
où Jq = 0 . . . 0  ∈ Mq (K)

0 An−q .
. .. 
. . 1 0 0

0 ··· 0 1 0

et An−q est la matrice de u|G dans la base considérée. Si q = n c’est fini, sinon on peut appliquer
l’hypothèse de récurrence à u|G qui est bien un endomorphisme nilpotent d’indice ≤ q. 

3
Démonstration :
D’après le lemme des noyaux appliqué à χu on a
p
M
E= Nk .
k=1

Chaque sous-espace Nk est de dimension αk et stable par u. De plus vk = (u − λk Id)|Nk est


nilpotente d’indice βk . Il existe donc une base Bk de Nk telle que :

0 0 0 ··· 0
 
 .. .. 
ε
 k,2 0 0 . .

MatBk (vk ) =
 .. .. .. 
∈ Mαk (K)
 0
 . . . 0

 .
 . ... 
 . εk,αk −1 0 0

0 ··· 0 εk,αk 0

et donc

0 0 ··· 0
 
λk
 .. .. 
ε
 k,2 λk 0  . .
MatBk (u|Nk ) =
 .. .. ..

 0
 . . 0  .
 .
 . .. 
 . . εk,αk −1 λk 0

0 ··· 0 εk,αk λk
On obtient alors le résultat en concaténant les bases Bk . 

Référence
• Jean-Etienne Rombaldi, Mathématiques pour l’agrégation : Algèbre et géométrie

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