RG2692018

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KF/DYR/GS

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


------------------
COUR D’APPEL DE COMMERCE
D’ABIDJAN
------------------ AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU JEUDI
N°269/2018 24 JANVIER 2019
----------------- -----------------------
ARRET
CONTRADICTOIRE
du 24/01/2019 La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son
audience publique ordinaire du jeudi vingt-quatre
---------------------- janvier de l’an deux mil dix-neuf tenue au siège de
1Ere CHAMBRE ladite Cour, à laquelle siégeaient :
--------------------
Docteur François KOMOIN, Premier Président ;
Affaire :
Madame BAI Zoko Aimée Danielle épouse
La société Etablissement Traore et Fils SAM, Messieurs TALL Yacouba, ATTOUNGBRE
par abréviation « ETS T & F » SARL Kouakou Gérard et JEANSON Jean-Claude,
(Cabinet COULIBALY Soungalo) Conseillers à la Cour, Membres ;

Contre Avec l’assistance de Maître KOUTOU Aya


Gertrude épouse GNOU, Greffier ;
La société PETRO IVOIRE
(Maître SONTE Emile)
-------------------
ARRET :
------------------ A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause entre :
CONTRADICTOIRE
------------------------ La société Etablissement Traore et Fils par
abréviation « ETS T & F » SARL, au capital de
Déclare la société ETABLISSEMENTS
TRAORE ET FILS dite ETS T&F recevable en 1 000 000 F CFA, dont le siège social est situé à
son appel contre le jugement N°2464/18 Abidjan-Yopougon-toit-rouges, carrefour jean Paul II,
rendu le 07 décembre 2018 par le tribunal de lot n°5 057, Îlot n°474, porte n°1, immatriculée au
commerce d’Abidjan ; RCCM d’Abidjan sous le numéro CI-ABJ-2014-B-8955,
13 BP 2338 Abidjan 13, tel : 49 93 50 79, prise en la
L’y dit cependant mal fondée ;
personne de sa gérante, Madame TRAORE Karidia
L’en déboute ;
Appelante représentée par le Cabinet COULIBALY
Confirme le jugement entrepris en toutes ses Soungalo, Cabinet d’avocats à la cour d’appel
dispositions ;
d’Abidjan, y demeurant Abidjan-plateau, indénié, rue
Met les dépens de l’instance à sa charge ; Toussaint Louverture, derrière la Polyclinique Indénié,
Immeuble N’GALIEMA Rosort Club, au rez-de-
chaussée, porte A2, 04 BP 2192 Abidjan 04, tel : 20 22
73 54, fax : 20 22 72 33, [email protected] ;

D’UNE PART ;

ET ;

1
La société PETRO IVOIRE, société anonyme avec
conseil d’administration, au capital de 1 67-19 000 640
F CFA, dont le siège social est sis à Abidjan-Vridi, rue
des Pétroliers, 12 BP 737 Abidjan 12, n° RC 175 581,
agissant aux poursuites et diligence de son
représentant légal, Monsieur Sébastien Kadio
MOROKRO, Directeur Général ;

Intimée représentée par le Cabinet SONTE Emile,


avocat près la cour d’appel, y demeurant, abidjan-
plateau, 10-avenue CROZET-Immeuble CROZET,3ème
Escalier, 2ème étage, porte 205, 18 BP 1517 Abidjan 18,
tel : 20 21 40 05, fax : 20 21 54 10, email :
[email protected] ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni


préjudicier en quoi que ce soit aux droits et intérêts
respectifs des parties en cause, mais au contraire et
sous les plus expresses réserves des faits et de droit ;

Le tribunal de commerce d’Abidjan statuant en la cause


a rendu le 07 octobre 2018 un jugement contradictoire
N°2464/18, qui a ordonné l’expulsion de la société
ETABLISSEMENT TRAORE ET FILS dite ETS T & F
de la station-service dénommée « PETRO IVOIRE
SAINT JACQUES » et la boutique IVOIRE SHOP des
lieux qu’elle occupe avec exécution provisoire ;

Par exploit du 12 novembre 2018 de Maître Vamori


KONE, huissier de justice près le tribunal du Plateau, la
société ETS T & F, SARL a interjeté appel du jugement
susénoncé et assigné la société PETRO IVOIRE à
comparaître par devant la cour de ce siège à l’audience
du 09 janvier 2019 pour s’entendre infirmer ledit
jugement ;

Enrôlée sous le N°269/18 du rôle général du greffe de


la cour et par ordonnance de rapprochement de date
n°83/18 du 05 décembre 2018, l’affaire a été évoquée à
l’audience du 20 décembre 2018 et renvoyée au 27
décembre 2018 pour toutes les parties et retenue ;

2
A la date de renvoi, la cause a été mise en délibéré pour
le 24 janvier 2019 ;

Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré en


rendant l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces du dossier ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS ET


MOYENS DES PARTIES

Par exploit d’Huissier en date du 12 novembre 2018, la


Société Etablissement Traoré et Fils dite ETS T & F
représentée par le Cabinet COULIBALY Soungalo,
Avocat à la Cour, a relevé appel du jugement RG
N°2464/2018 rendu le 07 octobre 2018 par le Tribunal
de Commerce d’Abidjan qui a statué comme suit :

« Statuant publiquement, contradictoirement et en


premier ressort ;

Déclare recevable l’action principale de la société


PETRO IVOIRE et la demande reconventionnelle de la
société ETABLISSEMENT TRAORE ET FILS dite ETS
T&F;

Dit l’action de la société PETRO IVOIRE bien fondée ;

Constate la résiliation du contrat de location-gérance


des 11 novembre 2016 et 26 avril 2017 et du contrat de
franchise en date du 10 mai 2017 liant les parties ;

Ordonne en conséquence l’expulsion de la société


ETABLISSEMENT TRAORE ET FILS dite ETS T & F
de la station-service dénommée « PETRO IVOIRE
SAINT JACQUES » et de la boutique IVOIRE SHOP
qu’elle occupe tant de sa personne, de ses biens que de
tous occupant de son chef ;

3
Dit la demande reconventionnelle de la société
ETABLISSEMENT TRAORE ET FILS dite ETS T & F
mal fondée ;

L’en déboute ;

Ordonne l’exécution provisoire du présent jugement ;

Condamne la société ETABLISSEMENTS TRAORE ET


FILS dite ETS T & F aux dépens de l’instance » ;

Il ressort des énonciations du jugement querellé et des


pièces versées au dossier que par exploit en date du 25
Juin 2018, la société PETRO IVOIRE a fait assigner la
société ETABLISSEMENT TRAORE ET FILS dite ETS
T & F à comparaitre le 04 Juillet 2018 par-devant le
Tribunal de Commerce d’Abidjan à l’effet de voir :

- constater qu’elles ont toutes les deux dénoncé le


contrat de location-gérance les liant ;

- leur donner acte de ladite


résiliation ;

- ordonner l’expulsion pure et simple de la


défenderesse de la station-service dénommée
PETRO IVOIRE SAINT JACQUES et de la
boutique IVOIRE SHOP sise à l’intérieur de
ladite station ;

- ordonner l’exécution provisoire


du jugement ;

Au soutien de son action, la société PETRO IVOIRE


expose que suivant contrat notarié conclu les 11
novembre 2016 et 26 avril 2017, elle a donné en
location-gérance à l’ETABLISSEMENT TRAORE ET
FILS dite ETS T & F un fonds de commerce constitué
de la station-service dénommée PETRO IVOIRE
SAINT JACQUES ;

Elle fait noter qu’accessoirement à ce contrat, elle a


également consenti le 02 Juin 2017 au profit de la
défenderesse une franchise sur sa boutique dénommée
IVOIRE SHOP sise sur le site de la station-service

4
susmentionnée ;

La demanderesse précise que le contrat de location-


gérance en cause a été conclu pour une durée d’un an,
allant du 01 mars 2016 au 01 mars 2017, renouvelable
par tacite reconduction pour la même période, sauf
dénonciation par l’une ou l’autre des parties au plus
tard 01 mois avant le terme dudit contrat ;

Elle fait savoir qu’à l’échéance du 01 mars 2017, le


contrat a été renouvelé tacitement pour une période
d’un an, soit jusqu’au 28 février 2018 ;

Toutefois, elle indique qu’avant cette dernière


échéance, elle a, par courrier en date du 22 décembre
2017, dénoncé à la défenderesse le contrat de location-
gérance, en se prévalant d’une rupture de stock de
carburant, ce, conformément aux articles 2 et 5 de leur
contrat ;

En réponse à ce courrier, fait-elle observer, la société


ETS T & F, suivant une correspondance
N°CS/KM/035/20i7 du 25 janvier 2018, lui a
également exprimé sa volonté de rompre le contrat de
location-gérance les liant ;

Dans ces conditions, estimant que le contrat en cause a


été résolu d’une volonté commune, la société PETRO
IVOIRE relève avoir invité la société ETS T & F à
procéder à l’inventaire des biens composant le fonds de
commerce loué ;

Selon elle, depuis lors la défenderesse n’a pas donné de


suite à cette invitation et continue de se maintenir sur
le site objet de bail ;

Pour vaincre cette résistance, elle soutient l’avoir


assignée devant la juridiction des référés du Tribunal
de commerce d’Abidjan, laquelle juridiction s’est, par
ordonnance N°0935/20l8 du 22 mars 2018, déclarée
incompétente au profit des juridictions de fond ;

C’est pourquoi, la société PETRO IVOIRE demande


que le Tribunal de commerce d’Abidjan leur donne acte
de la résiliation dudit contrat de location-gérance et
ordonne l’expulsion de la société ETS T & F du site loué
ainsi que de la boutique IVOIRE SHOP objet de leur
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contrat de franchise et ce, conformément à l’article 19
du contrat de franchise liant les parties ;

En réplique, la société ETS T & F fait valoir que le


contrat de location-gérance liant les parties a été
exécuté sans heurt jusqu’au 19 octobre 2017, date à
laquelle la société PETRO IVOIRE lui a fait servir un
exploit de remise de courrier dans lequel elle prétextait
d’une rupture de stock de carburant et entendait
résilier le contrat de location- gérance conformément à
son article 5 alinéa 3 ;

Estimant que les clauses contractuelles ne pouvaient


pas être mises en mouvement, argue-t-elle, elle n’a pas
trouvé utile de répondre à ce courrier ;

Cependant, révèle-t-elle, le 04 novembre 2017, la


société PETRO TVOIRE lui a fait servir une assignation
en référé devant la juridiction présidentielle du
tribunal de commerce aux fins de constat de résiliation
du contrat de location- gérance ;

La juridiction présidentielle du tribunal de commerce


s’étant déclarée incompétente pour connaître de cette
action au profit du juge du fond de ce tribunal,
poursuit-elle, la demanderesse lui a fait servir une
autre assignation aux fins de constat de résiliation de
plein droit du contrat de location-gérance, alors même
que le contrat devait expirer le 1er mars 2018 ;

Elle soutient que ne pouvant plus jouir paisiblement


des lieux loués, elle a adressé à son tour à la société
PETRO IVOIRE une correspondance datée du 25
janvier 2018, dans laquelle elle lui a demandé une
rupture négociée du contrat qui les liait ;

Elle précise qu’elle a toutefois subordonné la rupture


dudit contrat au paiement d’une indemnité qui devait
lui être versée ; que la demanderesse n’ayant pas
satisfait à cette condition, c’est à tort qu’elle sollicite
son expulsion, dit-elle ;

Par ailleurs, elle prétend qu’en raison des divers


courriers de dénonciation dudit contrat à elle adressés
ainsi que des procédures judiciaires initiées à son
encontre, la société PETRO IVOIRE l’a troublée dans la

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jouissance paisible des lieux loués, mettant à mal
l’exécution de leur convention, et lui causant ainsi un
préjudice tant moral que financier ;

Aussi, sollicite-elle, reconventionnellement, sur le


fondement de l’article 1382 du code civil, la
condamnation de la société PETRO IVOIRE à lui payer
la somme de cent millions (100.000.000) de francs
CFA en réparation du préjudice souffert ;

Réagissant à ces écritures, la société PETRO IVOIRE


relève qu’il n’y a pas de droits acquis au
renouvellement du bail en matière de location-gérance,
de sorte qu’à son sens, la société ETS T & F est mal
venue à subordonner son départ des lieux loués au
paiement d’une indemnité d’éviction à son profit ;

Elle sollicite, en conséquence, le rejet de ce moyen


comme étant injustifié ;

Le Tribunal, vidant sa saisine ,a, sur le fondement des


article 1134 du code civil et 2 alinéas 1er et 2 du contrat
de location-gérance en date des 11 novembre 2016 et 26
avril 2017, constaté la résiliation dudit contrat, au
motif qu’ayant été conclu pour une durée d’une année
allant du 06 mars 2016 au 06 mars 2017, il s’était
renouvelé par tacite reconduction jusqu’au 28 février
2018 ; de sorte que sa dénonciation par la société
PETRO IVOIRE par courrier en date du 22 décembre
2017 était régulière pour être intervenue dans le délai
de préavis ; qu’ainsi, ce n’était pas à bon droit que la
société ETS T &F avait entendu accepter cette
dénonciation sous réserve de paiement à son profit
d’une indemnité et ce, d’autant moins que son avis
s’avérait sans objet pour donner à cette résiliation toute
son efficacité ;

Le Tribunal a également constaté, sur le fondement de


son article 19, la résiliation du contrat de franchise
liant les parties, quinze jours après le 28 février 2018,
soit le 15 mars 2018, motif pris de ce que ce contrat se
rattachait au contrat de location-gérance, lui-même
résilié ;

Dès lors, il a ordonné, conformément aux stipulations


de l’article 7 du contrat de location-gérance et 19

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susvisé du contrat de franchise, l’expulsion de la société
ETS T & F de la station-service et de la boutique ;

La société ETS T & F a été déboutée de sa demande


reconventionnelle de paiement de la somme de
100.000.000 FCFA à titre de dommages et intérêts en
raison de ce que la société PETRO IVOIRE, en lui
adressant des courriers et en mettant en œuvre des
procédures judiciaires, n’avait exercé que des voies de
droit reconnues à toute personne en vue d’assurer la
protection de ses intérêts ; de sorte qu’elle n’a commis
aucune faute susceptible d’engager sa responsabilité
civile délictuelle telle que prévue par l’article 1382 du
code civil ;

Enfin, le Tribunal a ordonné l’exécution provisoire de


la décision au motif qu’en dépit de la résiliation du
contrat de location-gérance susmentionné, la société
ETS T&F a continué à exploiter la station-service ; de
sorte qu’il y avait, conformément à l’article 146 du code
de procédure civile, commerciale et administrative
extrême urgence à ce qu’elle soit expulsée, afin de
permettre à la société PETRO IVOIRE de récupérer ses
locaux pour en jouir à sa guise ;

C’est contre ce jugement que la société ETS T & F a


relevé appel le 12 novembre 2018 en sollicitant son
infirmation en toutes ses dispositions ;

En cause d’appel, elle a réitéré les moyens qu’elle a


exposés en première instance ;

En réplique, la société PETRO IVOIRE a elle également


reconduit ses moyens d’instance et conclu à la
confirmation dudit jugement en toutes ses
dispositions ;

DES MOTIFS

EN LA FORME

Sur le caractère de la décision

Considérant que les parties ont comparu et fait valoir


leurs moyens de défense ;

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Qu’il sied de statuer contradictoirement à leur égard ;

Sur la recevabilité de l’appel

Considérant que l’appel de la société ETS T & F a été


interjeté conformément aux exigences de forme et de
délai telles que prescrites par la loi ;

Qu’il y a lieu de le déclarer recevable ;

AU FOND

Sur le bien-fondé de l’appel

Sur la résiliation des contrats et l’expulsion


des locaux loués

Considérant que la société ETS T & F fait grief au


premier juge d’avoir constaté la résiliation des contrats
de location-gérance la liant à la société et d’avoir
ordonné son expulsion des locaux loués, alors même
qu’elle a subordonné son départ de la station au
paiement par la société PETRO IVOIRE d’une
indemnité que les parties devaient négocier ;

Considérant que l’article 2 du contrat de location-


gérance en date des 11 novembre 2016 et 26 avril 2017
stipule en ses alinéas 1 et 2 : « Le présent contrat de
location-gérance est entré en vigueur à compter du
premier mars deux mille seize pour une durée de
douze (12) mois.
Il est renouvelable par tacite reconduction pour la
même période sauf dénonciation par l’une ou l’autre
des parties par lettre recommandée ou cahier de
transmission notifiée un (01) mois avant l’échéance » ;

Qu’aux termes de l’article 19 du contrat de franchise en


date du 19 mai 2017 : « Enfin, le présent contrat de
franchise est un accessoire du contrat de location-
gérance conclu entre PETRO IVOIRE et
l’Etablissement TRAORE et Fils. Il sera résilié de plein
droit ipso facto, quinze (15) jours à compter de la
rupture du contrat de location-gérance sans paiement
de dommages et intérêts » ;

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Qu’il s’infère de ces clauses que la résiliation du contrat
de location-gérance est faite à l’initiative de l’une des
parties après observation par elle d’un préavis d’un
mois précédant le terme dudit contrat ; et que le
contrat de franchise, qui est un accessoire du contrat
de location-gérance, est résilié de plein droit quinze
(15) jours après la rupture du contrat de location-
gérance ;

Qu’il résulte des pièces versées au dossier que la société


PETRO IVOIRE a dénoncé le contrat de location-
gérance par courrier en date 22 décembre 2017, soit un
mois avant l’échéance dudit contrat fixé au 28 février
2018 ;

Que l’article 2 de ce contrat n’ayant prévu aucune


indemnité au profit de l’une ou l’autre des parties en
cas de rupture, c’est à tort que la société ETS T & F en
réclame le paiement à son profit ;

C’est donc à bon droit que le premier juge l’a déboutée


de sa demande ;

Considérant que le contrat de franchise, qui est


l’accessoire du contrat de location-gérance
susmentionné, suit le sort de ce dernier, de sorte que
quinze (15) jours après la fin de celui-ci, il est lui
également résilié de plein droit ;

Qu’il s’infère de ce qui précède que c’est à bon droit que


le premier juge a constaté la rupture desdits contrats et
ordonné l’expulsion de l’appelante des lieux, tant de sa
personne, de ses biens que de tout occupant de son
chef, sa présence dans le fonds le commerce n’étant
plus légalement justifiée ;

Qu’il sied dès lors de confirmer le jugement querellé


sur ce point ;

Sur la demande reconventionnelle en


paiement de dommages et intérêts

Considérant que la société ETS T & F fait grief au


premier juge de l’avoir déboutée de sa demande en
paiement de la somme de 100.000.000 FCFA à titre de
dommages et intérêts, alors même que la société
PETRO IVOIRE a commis une faute en initiant à son
10
encontre de nombreuses procédures judiciaires et l’a
troublée dans la jouissance paisible des lieux loués,
toutes choses lui ayant causé des préjudices moral et
financier ;

Considérant qu’il résulte des dispositions de l’article


1382 du code civil que : « Tout fait quelconque de
l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé à le réparer » ;

Que la mise en œuvre de ce texte suppose la réunion de


trois conditions cumulatives que sont la faute, le
préjudice et le lien de causalité entre ces deux
éléments ;

Qu’en l’espèce, les courriers adressés par la société


PETRO IVOIRE à la société ETS T & F et les
procédures par elles initiées à l’encontre de cette
dernière sont l’expression de l’exercice de droits par
elle reconnue par l’article 1er du code de procédure
civile, commerciale et administrative en ces termes
« toute personne, physique ou morale, peut agir
devant les juridictions de la république de Côte
d’Ivoire, en vue d’obtenir la reconnaissance, la
protection ou la sanction de son droit.
Toute personne, physique ou morale, peut, dans tous
les cas, être appelée devant ces juridictions à l’effet de
défendre à une action dirigée contre elle. » ;

Que cela ne peut donner lieu au paiement des


dommages-intérêts qu’en cas d’abus, c’est-à-dire si ces
actions ont été initiées avec une intention de nuire, une
négligence coupable et si elles ont été détournées de
leur finalité sociale ;

Qu’en l’espèce la société ETS T & F ne rapporte pas


cette preuve ;

Qu’ainsi, en l’absence de preuve qu’il s’agit de


procédures abusives et vexatoires ainsi que de troubles
dans la jouissance paisible des lieux, la société PETRO
IVOIRE n’a commis aucune faute susceptible d’engager
sa responsabilité civile délictuelle conformément au
texte susvisé ;

Que c’est donc à bon droit que la société ETS T & F a

11
été déboutée de cette autre demande ;

Qu’il échet dès lors de confirmer également le


jugement querellé sur ce point ;

Sur les dépens

Considérant que la société ETS T & F succombe ;

Qu’il sied de la condamner aux entiers dépens de


l’instance ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en


dernier ressort ;

Déclare la société ETABLISSEMENTS TRAORE ET


FILS dite ETS T&F recevable en son appel contre le
jugement N°2464/18 rendu le 07 décembre 2018 par le
tribunal de commerce d’Abidjan ;

L’y dit cependant mal fondée ;

L’en déboute ;

Confirme le jugement entrepris en toutes ses


dispositions ;

Met les dépens de l’instance à sa charge ;

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois


et an que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PREMIER PRÉSIDENT ET


LE GREFFIER./.

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