RG3122019

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KF/BS/GS

AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU JEUDI


REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
------------------ 28 MARS 2019
COUR D’APPEL DE COMMERCE -----------------------
D’ABIDJAN
------------------ La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son
N°312/2018 audience publique ordinaire du jeudi vingt-huit mars de
----------------- l’an deux mil dix-neuf tenue au siège de ladite Cour, à
ARRET laquelle siégeaient :
CONTRADICTOIRE
Docteur François KOMOIN, Premier Président ;
du 28/03/2019
Madame ASSI Eunice épouse AYIE, Messieurs
---------------------- SILUE Daoda, TALL Yacouba et JEANSON Jean-
1Ere CHAMBRE Claude, Conseillers à la Cour, Membres ;
--------------------
Avec l’assistance de Maître KOUTOU Aya Gertrude
Affaire :
épouse GNOU, Greffier ;
La société de Bâtiment et Immobilier
A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause entre :
en Côte d’Ivoire dite BATIM-CI
(SCPA F.D.K.A & BOUHOUSSOU-DJE BI
DJE)
La société de Bâtiment et Immobilier en Côte
d’Ivoire dite BATIM-CI, société anonyme au capital
Contre social de 110 000 000 F CFA dont le siège social est à
Abidjan, Cocody Angré, face de la Paroisse Catholique
Madame TOURE Fatoumata épouse
Saint Ambroise Jubilé, 21 BP 1970 Abidjan 21, tel : 22 25
CISSE
(Cabinet COULIBALY Soungalo)
01 52, immatriculée au registre du commerce et du
crédit mobilier d’Abidjan sous le numéro CI-ABJ-1991-
B-152-801, prise en la personne de son Directeur
------------------- Général , Monsieur ABROGOUA Gogoh Michel,
ARRET :
------------------ demeurant en cette qualité au siège social de ladite
CONTRADICTOIRE société ;
------------------------

Déclare recevable l’appel interjeté par la Appelante représentée par le Cabinet F.D.K.A &
société BATIM-CI contre le jugement RG BOUHOUSSOU-DJE BI DJE, avocats près la cour
n°1590/18 rendu le 20/06/2018 par le d’appel d’Abidjan, y demeurant immeuble les
Tribunal de Commerce d’Abidjan ; harmonies, rue du Docteur Jamot, 01 BP 2297 Abidjan
01 (Tel : 225 20 21 62 98/20 21 20 31 ;
L’y dit cependant mal fondée ;

L’en déboute ; D’UNE PART ;

Confirme le jugement querellé en ce qu’il a ET ;


prononcé la résolution du contrat de
réservation liant les parties par substitution Madame TOURE Fatoumata épouse CISSE,
de motifs;
enseignante chercheur à l’université Felix Houphouët
Le confirme pour le surplus ; Boigny, de nationalité ivoirienne, née le 25 juin 1971 ,
domiciliée à Marcory ;
Met les dépens à la charge de la société
BATIM-CI. Intimée représentée par le Cabinet COULIBALY

1
Soungalo, Cabinet d’Avocats près la cour d’appel
d’Abidjan, y demeurant plateau Indénié, rue Toussaint
Louverture, derrière la Polyclinique de l’Indenie,
Immeuble Ngaliema Resort Club, rez de chaussée,
appartement A, porte A2, 04 BP 2192b Abidjan 04 ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni


préjudicier en quoi que ce soit aux droits et intérêts
respectifs des parties en cause, mais au contraire et sous
les plus expresses réserves des faits et de droit ;

Le Tribunal de commerce d’Abidjan statuant en la cause


a rendu le 20 juin 2018 un jugement contradictoire
n°1590/2018 qui a ordonné l’exécution provisoire du
présent jugement à hauteur de la somme de seize
millions trois cent soixante-sept mille huit cent treize
(16.367.813) francs CFA ;

Par exploit d’huissier du 30 novembre 2018 de Maître


AYIE Kipré, huissier de justice à Abidjan, la société
BATIM-CI a interjeté appel contre le jugement
susénoncé et a assigné Madame TOURE Fatoumata
épouse CISSE à comparaître à l’audience du 19
décembre 2018 par devant la Cour de ce siège pour
s’entendre infirmer le jugement ci-dessus ;

Enrôlée sous le N°312/2018 du rôle général du greffe de


la cour, l’affaire a été appelée à l’audience du 19
décembre 2018 et renvoyée au 20 décembre 2018 devant
la 1ère Chambre pour attribution ;

Une instruction a été ordonnée, confiée à Madame BAHI


Zoko Aimée Danielle épouse SAM, Conseiller
rapporteur ;

Cette mise en état a fait l’objet d’une ordonnance de


clôture du 14 janvier 2019 ;

A cette date, la cause a été renvoyée au 24 janvier 2019 ;

A la date de renvoi, la cause a été mise en délibéré pour


le 21 février 2019, lequel délibéré prorogé
successivement au 07 mars 2019 et au 28 mars 2019 ;

2
Advenue cette audience, la cour a vidé son délibéré
comme suit ;

LA COUR

Vu les pièces du dossier ;

Vu l’ordonnance de clôture de la mise en état en date du


14 janvier 2019 du Conseiller rapporteur ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS ET


MOYENS DES PARTIES

Par exploit en date du 30 novembre 2018, la société


BATIM Côte d’Ivoire a interjeté appel du jugement RG
n°1590/18 rendu le 20/06/2018 par le Tribunal de
Commerce d’Abidjan, dont le dispositif est le suivant :

« Statuant publiquement, contradictoirement et en


premier ressort ;

Rejette la fin de non-recevoir tirée de la violation de la


règle du non cumul des ordres de responsabilités civiles
contractuelle et délictuelle ;

Déclare l’action de Madame TOURE Fatoumata épouse


CISSE recevable ;

L’y dit partiellement fondée ;

Condamne la société BATIM-CI à lui rembourser la


somme de seize millions trois cent soixante-sept mille
huit cent treize (16.367.813) francs CFA ;

La déboute du surplus de ses prétentions ;

Ordonne l’exécution provisoire du présent jugement à


hauteur de la somme de seize millions trois cent
soixante-sept mille huit cent treize (16.367.813) francs
CFA ;

Met les dépens à sa charge » ;

3
Au soutien de son appel BATIM-CI explique que
Madame TOURE Fatoumata, épouse CISSE s’est portée
réservataire auprès d’elle du lot n°289 de type villa
duplex quatre pièces du programme RESIDENCES
PALMYRE, route de Bassam ;

Elle ajoute qu’en raison d’une augmentation drastique


des prix de construction, elle a adressé un courrier à
Madame TOURE Fatoumata, épouse CISSE en vue de
réajuster à la hausse les prix des logements ;

Qu’en réaction à son courrier Madame TOURE


Fatoumata, épouse CISSE lui a notifié sa ferme volonté
de faire annuler sa réservation et par la même occasion,
a demandé le remboursement de la totalité des sommes
par elle versées au titre de la réservation, soit la somme
de 16.367.813 francs CFA ;

Elle indique qu’elle a consenti au remboursement de la


somme payée par l’intimée à condition que le lot attribué
à celle-ci fasse l’objet d’une nouvelle réservation avec un
apport correspondant au montant par elle payé au titre
de l’acompte ;

Elle fait valoir qu’alors qu’elles étaient en discussion,


l’intimée l’a assignée en remboursement devant le
tribunal de commerce ; lequel, vidant son délibéré, l’a
condamnée à lui payer la somme de 16.367.813 francs
CFA ;

Elle sollicite l’infirmation du jugement au motif que le


premier juge s’est prononcé sur une chose non
demandée ; qu’il a dénaturé les faits, faisant ainsi une
mauvaise application de la loi ; et que ledit jugement
manque de base légale ;

S’agissant du premier moyen, elle fait observer, sur le


fondement de l’article 206 du code de procédure civile,
commerciale et administrative, qu’à aucun moment, le
premier juge n’a été saisi d’une demande tendant à
prononcer la résolution du contrat de réservation sur le
fondement de l’article 1184 du code civil ;

Or, dans sa décision, le premier juge a donné acte aux


parties de leurs volontés telles qu’exprimées et prononcé
la résolution du contrat de réservation liant les parties ;

4
Que pour parvenir à une telle conclusion, le premier juge
a estimé que s’agissant des contrats à exécution
instantanée, comme c’est le cas en l’espèce,
conformément à l’article 1184 du code civil, l’inexécution
de ses obligations liées au contrat par l’une des parties
ou le retard dans cette exécution est sanctionné, de sorte
qu’ayant accepté la rupture de leurs rapports
contractuels dans ses conclusions du 08 mai 2018, tel
qu’exprimé par Madame TOURE Fatoumata, épouse
CISSE dans son courrier du 30 janvier 2018, le contrat
de réservation a été résolu d’un commun accord par la
volonté des parties ;

Elle conclut que le premier juge a statué ultra petita, de


sorte que sa décision doit être infirmée ;

En ce qui concerne l’infirmation du jugement querellé


pour défaut de base légale, elle fait remarquer que le
premier juge a dénaturé les faits de la cause, en ce sens
que si par courrier du 30 janvier 2018 Madame TOURE
Fatoumata, épouse CISSE a sollicité l’annulation de sa
réservation et demandé le remboursement des sommes
par elle avancées, elle a, par courrier du 02 mars 2018,
considéré qu’il s’agissait d’un désistement de sa part ; de
sorte qu’elle a assorti le remboursement des sommes
demandées de conditions ;

Qu’elle tient à préciser que ses conclusions du 08 mai


2018 ne contiennent aucun consentement ; alors que le
premier juge a estimé que le contrat de réservation a été
résolu d’un commun accord depuis le 30 janvier 2018 ;

Relativement à la violation des articles 1147 et 1184 du


code civil, elle fait remarquer que la résolution d’un
contrat pour inexécution de ses obligations par une
partie, doit être demandée en justice et n’est point
automatique, sauf si les parties ont prévu une clause
résolutoire de plein droit ; dans ce cas, dit-elle, il sera
demandé au juge de constater la résolution de plein
droit du fait de la réalisation de la condition résolutoire
contenue expressément dans le contrat ;

Par ailleurs, soutient-elle, alors qu’il n’était saisi


d’aucune demande tendant au prononcé de la résolution
du contrat de réservation pour faute ni au constat d’une
résolution du contrat pour faute du fait de l’application

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d’une clause résolutoire, le premier juge a prétendu acter
l’accord des parties pour une résolution sur le
fondement de l’article 1184 du code civil ;

Pour ces raisons, elle prie la cour, statuant de nouveau,


tout en invoquant l’article 1134 du code civil qui
dispose que : « les conventions légalement formées
tiennent de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent
être révoquées que de leur consentement mutuel »,
d’infirmer le jugement querellé ;

En effet, explique-t-elle, la question qui était posée au


premier juge était celle de savoir si les parties avaient
bien donné leur consentement pour la résiliation du
contrat de réservation et quelles en étaient les
conséquences, d’autant que le désistement s’entend
comme l’action d’abandonner volontairement un droit,
une prétention, et la résiliation quant à elle se comprend
comme la rupture du contrat qui ne produit plus d’effet
pour l’avenir ;

Ainsi, une révocation d’engagement peut se traduire soit


par un désistement, soit par une résiliation, soit par une
remise à néant du contrat ; de sorte que les parties ne se
sont pas accordées sur la résiliation telle que prétendue
par Madame TOURE Fatoumata, épouse CISSE ;
d’autant qu’elle n’a consenti qu’au désistement de celle-
ci et au remboursement des sommes par elle payées
selon les modalités décrites dans son courrier ;

Cependant, subsidiairement, si la cour estime que les


parties ont tout de même consenti à mettre fin à leur lien
contractuel, elle fait remarquer, sur le fondement de
l’article 1167 du code civil, qu’elle a assorti son
consentement au désistement de Madame TOURE
Fatoumata, épouse CISSE, de conditions sans lesquelles
celui-ci ne vaut ;

Dès lors, dit-elle, si l’intimée n’a pas admis les


conditions posées par elle, elle ne peut prétendre avoir
obtenu son accord pour la résiliation du contrat de
réservation, de sorte que ce contrat continue de produire
ses effets et partant, l’intimée ne peut demander un
remboursement ;

Elle fait valoir que faute également d’accord sur la

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résiliation du contrat, il ne peut y avoir mauvaise
exécution de sa part ;

Objectant, Madame TOURE Fatoumata, épouse CISSE


indique que courant novembre 2012, elle a réservé
auprès de la société BATIM-CI la villa °289 de type
duplex quatre pièces dans le cadre du projet immobilier
dénommé « RESIDENCES PALMYRE » ;

Elle ajoute qu’elle a payé entre les mains de la société


BATIM-CI la somme de 16.367.813 francs CFA
représentant le solde de la villa susdite ;

Elle soutient qu’à sa grande surprise, courant année


2014, l’appelante lui a signifié que le coût de la villa
serait passé à 42.000.000 francs CFA ;

Elle fait remarquer qu’en dépit de cette augmentation, et


désireuse d’acquérir ladite villa, elle a pris attache avec
sa banque qui a accepté de payer la différence, mais avec
comme condition que la villa soit construite ;

Malheureusement, dit-elle, le 23 janvier 2018, la société


BATIM-CI lui a encore fait savoir que le prix de la villa
est passée à 60.000.000 francs CFA, soit 400%
d’augmentation du montant initial ;

Compte tenu de ses modestes revenus et nonobstant sa


bonne foi, elle n’avait d’autre alternative que
d’abandonner son projet d’acquisition de la villa ;

Ainsi, fait-elle savoir, par correspondance en date du 30


janvier 2018, elle a informé l’appelante de sa décision de
résilier le contrat de réservation et a, par le même
courrier, demandé le remboursement de la somme de
16.367.813 francs CFA qu’elle a payée à l’appelante le 22
novembre 2012, au titre de la réservation ;

Elle fait remarquer que la société BATIM-CI a consenti à


la résiliation du contrat liant les parties, mais a
subordonné le remboursement des sommes versées à
l’enregistrement d’une nouvelle réservation sur la villa
susmentionnée ;

Elle indique que cette réplique empreinte de cynisme et,


au demeurant, sarcastique, l’a conduite à saisir le

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tribunal de commerce ;

Ainsi, lors de l’instruction de la cause, sur le fondement


de l’article 52 du code de procédure, civile, commerciale
et administrative, elle a porté à la connaissance du juge
instructeur qu’en réalité, c’est une action en résolution
du contrat de réservation avec pour effet la répétition
des sommes déjà versées à l’appelante qu’elle entendait
soumettre au tribunal ;

Autrement dit, il s’agissait pour elle, eu égard aux


circonstances ci-dessus exposées, de renoncer à l’achat
de la villa promise et demander en retour qu’il lui soit
restitué les sommes par elle versées à l’appelante pour
l’acquisition de la villa ;

Ainsi, prenant en compte ses prétentions modifiant


celles contenues dans son acte d’assignation, le tribunal
a fait droit à sa demande en remboursement et l’a
déboutée du surplus de ses prétentions ;

Elle sollicite la confirmation du jugement querellé ;

Relativement à la prononciation sur chose non


demandée comme l’affirme l’appelante, elle fait observer
que s’il n’est pas contesté que dans son acte introductif
d’instance elle avait fondé son action sur la résiliation,
lors de l’instruction de la cause devant le juge chargé de
la mise en état et sur le fondement de l’article 52 du code
de procédure civile, commerciale et administrative,
s’étant rendue compte de l’erreur matérielle portant sur
le terme résiliation dont elle a fait usage ainsi que les
conséquences qui y sont attachées, elle fera litière de
cette prétention en optant pour la résolution ;

D’ailleurs, dit-elle, c’est ce mécanisme juridique qui


pouvait fonder sa demande en remboursement qui, par
son effet rétroactif, remet les parties en l’état où elles se
trouvaient antérieurement ; de sorte qu’à aucun
moment, le premier juge n’a pris sur lui de substituer
cette demande à celle contenue dans son acte introductif
comme tente de faire croire l’appelante ;

S’agissant du défaut de base légale, elle indique que


contrairement aux affirmations de l’appelante qui tente
de faire croire qu’à aucun moment, suite à son courrier

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de résiliation du contrat de réservation, elle n’a pas
donné son consentement, de sorte que le fait pour le
premier juge d’avoir retenu que les parties se sont
accordées à mettre fin à leur convention est une lecture
erronée de sa réponse émise à son endroit et ainsi
dénaturé les faits de la cause, elle soutient que la cour ne
se laissera pas distraire par cette abondante littérature
qui, bien que séduisante, est en contradiction avec la
lettre suscitée et avec les écritures de l’appelante en date
du 08 mars 2018 ;

Elle estime que les termes de la lettre de l’appelante


ainsi libellée : « nous prenons bonne note de votre
demande et nous vous prions de croire que c’est avec
beaucoup de regret que nous y consentons » qui, du
reste, ne prêtent à aucune équivoque, ne sont rien
d’autre que l’expression manifeste de la volonté de
l’appelante à consentir à la rupture du contrat en
prenant l’engagement ferme de lui rembourser les
sommes par elle versées ; La seule réserve émise par
l’appelante étant de subordonner la restitution desdites
sommes à une réservation qui sera faite par un éventuel
acquéreur ;

Qu’une telle réponse démontre à suffisance que


l’appelante a donné son consentement à la rupture du
contrat de réservation liant les parties et s’est même
engagée au remboursement des sommes par elle
versées ;

Que d’où vient alors que le premier juge aurait inventé


ou dénaturé les faits ?

La cour constatera que le premier juge n’a dit ni moins


ni plus que ce que les parties ont affirmé, dit-elle ;

Mieux, il n’a fait que consacrer leur commune volonté


qui a consisté à constater la résolution du contrat de
réservation les liant avec toutes les conséquences de
droit qui s’y attachent, notamment la répétition de la
somme de 16.367.813 francs CFA par elle payée avec
exécution provisoire, ce, d’autant que la créance n’est
pas contestée ;

Par conséquent, dit-elle, le moyen tiré du défaut de base


légale est inopérant, étant entendu que le défaut de base

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légale suppose une insuffisance portant sur des
contestations des faits ou une erreur de droit ; ce qui ne
pouvait être le cas en l’espèce, car les faits constatés par
le tribunal étaient suffisamment clairs et ne pouvaient
donner lieu qu’à l’application des dispositions des
articles 1184 et 1147 du code civil ;

En ce qui concerne la prétendue violation des


dispositions des articles 1184 et 1147 du code civil, elle
estime que le premier juge n’a rien fait d’autre que
d’entériner la volonté commune des parties ; de sorte
qu’il a fait une juste appréciation des articles susvisés ;

Réagissant, la société BATIM-CI, soutient que la


demande qui a été soumise au premier juge était une
demande aux fins de constater la résolution d’un
contrat ; qu’à aucun moment le premier juge n’a été
saisi d’une demande tendant à prononcer la résolution
d’un contrat ;

Elle indique que nulle part dans leurs écritures, les


parties n’ont donné de consentement à une résolution de
leur contrat du fait de l’inexécution de ses obligations
contractuelles, de sorte que c’est sans fondement légal
que le premier juge a dit avoir constaté la volonté d’une
résolution du contrat par les parties ;

Elle conclut qu’en entérinant les demandes de l’intimée


pour y faire droit, le premier juge a manipulé les faits de
la cause, violant ainsi le droit consacré par la loi ;

Répliquant l’intimée soutient que la société BATIM-CI


tente d’instaurer autour des mots « résolution et
résiliation » un vain débat, d’autant qu’elle a toujours
exigé le remboursement des sommes par elle payées, ce
à quoi le premier juge a fait droit ;

SUR CE
En la forme

Sur le caractère de la décision

Considérant que Madame TOURE Fatoumata, épouse


CISSE a conclu ;

Qu’il y a lieu de statuer par décision contradictoire ;

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Sur la recevabilité de l’appel

Considérant que l’appel ayant été introduit


conformément à la loi, il convient de le recevoir ;

Au fond
Sur le bien-fondé de l’appel

Considérant que la société BATIM-CI, se fondant sur


l’article 206 du code de procédure civile commerciale et
administrative, fait grief au premier juge de s’être
prononcé sur une chose non demandée ;

Qu’elle indique que le premier juge a donné acte aux


parties de leur volonté commune de rompre leur contrat
et prononcé la résolution du contrat de réservation liant
les parties, alors que l’intimée avait demandé de
constater la résiliation du contrat liant les parties ;

Considérant qu’aux termes de l’alinéa 1 de l’article 52 du


code de procédure civile, commerciale et
administrative « jusqu’à l’ordonnance de clôture, le
demandeur peut toujours se désister de son action ou de
l’instance, sous réserve de l’acceptation des autres
parties. Les parties peuvent toujours rectifier leurs
prétentions, les préciser, les développer ou les
réduire » ;

Qu’en l’espèce, s’il est vrai qu’en initiant son action


devant le tribunal de commerce d’Abidjan, l’intimée
avait, dans l’exploit d’assignation en date du 20 avril
2018, demandé au premier juge de constater la
résiliation du contrat de réservation liant les parties, elle
a cependant, conformément aux dispositions de l’article
52 susénoncé, rectifié ses demandes au cours de la mise
en état, sollicitant désormais la résolution du contrat
liant les parties sur le fondement de l’article 1184 du
code civil et la condamnation de la société BATIM-CI à
lui restituer la somme de 16.367.813 francs CFA au titre
de son contrat de réservation ; de sorte que le premier
juge qui n’a fait que répondre à cette demande, ne s’est
pas prononcé sur chose non demandée, pas plus que sa
décision n’a manqué de base légale et ni procédé d’une
dénaturation des faits ;

Qu’ainsi ces moyens qui sont inopérants doivent être


rejetés ;

Considérant relativement à la violation des articles 1184


et 1147 du code civil, que l’appelant indique qu’alors que
le premier juge n’était saisi d’aucune demande tendant à
la prononciation de la résolution du contrat de
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réservation pour faute, ni au constat d’une résolution du
contrat pour faute en application d’une clause
résolutoire, celui-ci a prétendu «acter» l’accord des
parties pour une résolution sur le fondement de l’article
1184 du code civil ;

Considérant qu’il est constant que les parties sont liées


par un contrat de réservation qui est un contrat
synallagmatique, lequel crée des obligations réciproques
et interdépendantes à la charge des deux parties ;

Que comme susjugé l’intimée avait rectifié ses


prétentions conformément à l’article 52 du code de
procédure civile, commerciale et administrative,
sollicitant désormais la résolution du contrat de
réservation sur le fondement de l’article 1184 du code
civil et la condamnation de la société BATIM-CI à lui
restituer la somme de 16.367.813 francs CFA au titre de
son contrat de réservation ;

Considérant que l’article 1184 du code civil dispose


que : « la condition résolutoire est toujours sous-
entendue dans les contrats synallagmatiques, pour le
cas où l’une des deux parties ne satisfera point son
engagement.
Dans ce cas, le contrat n’est point résolu de plein droit.
La partie envers laquelle l’engagement n’a point été
exécuté, a le choix ou de forcer l’autre à l’exécution de la
convention lorsqu’elle est possible, ou d’en demander la
résolution avec dommages et intérêts.
La résolution doit être demandée en justice » ;

Qu’en l’espèce, il n’est pas contesté que l’intimée a


souscrit à un contrat de réservation portant sur une villa
auprès de la société BATIM-CI ;

Que la société BATIM-CI n’a pas mis à la disposition de


l’intimée la villa tel que convenu entre les parties ;

Qu’il n’est pas non plus contesté que l’intimée lui a payé
la somme de 16.367.813 francs CFA à titre d’acompte ;

Qu’il est toutefois établi que la société BATIM-CI n’a pas


exécuté son obligation consistant en la remise de la villa,
de sorte que contrairement aux allégations de de celle-ci,
il n’est point besoin de son consentement pour la

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résolution du contrat, dès lors qu’elle n’avait pas exécuté
l’obligation qui lui incombait, alors surtout que l’article
1184 susénoncé permet à l’intimée, dans ce cas, d’en
demander la résolution avec dommages et intérêts ;

Qu’ainsi, c’est à bon droit que le premier juge a


prononcé la résolution du contrat de réservation liant les
parties conformément à l’article 1184 susénoncé ;

Que sa décision mérite d’être confirmée sur ce point par


substitution de motifs ;

Considérant s’agissant du remboursement de la somme


de 16.367.813 F CFA que, se fondant sur les dispositions
de l’article 1167 du code civil, la société BATIM-CI
soutient que Madame TOURE Fatoumata, épouse CISSE
ne peut demander le remboursement de la somme par
elle versée au titre de la réservation, en ce sens qu’elle a
assorti son consentement au désistement de celle-ci de
conditions, sans lesquelles ce désistement ne vaut ;

Mais considérant que dans les contrats instantanés,


comme c’est le cas en l’espèce, la résolution anéantit
rétroactivement le contrat, entrainant ainsi la restitution
de toutes les prestations qui auraient pu être fournies
par l’un ou l’autre des cocontractants, de sorte que
l’appelante ne peut valablement assortir le
remboursement de la somme versée par l’intimée au
titre du contrat de réservation les liant de conditions,
surtout que la résolution de ce contrat lui est imputable ;

Que dès lors, c’est à juste titre que le premier juge l’a
condamnée à rembourser à l’intimée la somme de
16.367.813 francs CFA par elle versée ; sa décision
méritant également d’être confirmée sur ce point ;

Sur les dépens

Considérant que la société BATIM-CI succombe ;

Qu’il y a lieu de mettre les dépens à sa charge ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en


dernier ressort ;

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Déclare recevable l’appel interjeté par la société BATIM-
CI contre le jugement RG n°1590/18 rendu le
20/06/2018 par le Tribunal de Commerce d’Abidjan ;

L’y dit cependant mal fondée ;

L’en déboute ;

Confirme le jugement querellé en ce qu’il a prononcé la


résolution du contrat de réservation liant les parties par
substitution de motifs;

Le confirme pour le surplus ;

Met les dépens à la charge de la société BATIM-CI ;

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois


et an que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PREMIER PRÉSIDENT ET LE


GREFFIER./.

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