Cours Géomorphologie Littorale

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Cours de géomorphologie

Littorale

Préparé par Pr : Mourad KOUKA


Année universitaire : 2022-2023
Chapitre 1 : Eléments d’hydrologie marine

I-Les vagues
1-Définition
Les vagues sont des déformations en crêtes et creux à la surface
des plans d’eau.
Elles sont dues au vent t représentent l’agent essentiel de la
dynamique littorale.

En fait, on distingue entre « vague » et « houle ».


Les premières sont générées par le vent local.
La houle (swell en anglais) est formée par un champ de vent
éloigné de la zone d’observation.

Les vagues sont caractérisées par :


•La longueur d’onde : correspond à la distance
horizontale qui sépare deux crêtes ou 2 creux
successifs.
•La hauteur : correspond à la dénivellation verticale
entre les crêtes et les creux.
•La période : exprime e temps écoulé entre le
passage de 2 crêtes successives en un point
donné. Elle permet de définir la vitesse de
propagation (célérité).
•La cambrure : est déterminée par le rapport entre l
hauteur et la longueur d’onde. La cambrure est
d’autant plus importante que les vagues sont hautes
et rapprochées.
1. Les caractéristiques des vagues.
Les caractéristiques des vagues subissent des modifications :
Ces modifications apparaissent à l’approche de la côte, lorsque le fond sous-
marin commence à se faire sentir. Les plus apparentes se manifestent dès
que la profondeur de l’eau devient inférieure à la moitié de la longueur
d’onde. Il y a alors :
- La réfraction.
- La diffraction.
- La réflexion.
- Le déferlement.
La réfraction : c’est un phénomène naturel qui tend à orienter les lignes de crêtes
des vagues parallèlement aux isobathes à mesure qu’on s’approche du rivage. Ce
phénomène qui reflète l’effet du fond et de la diminution de la profondeur des eaux
est très important en géomorphologie littorale. Car il explique pourquoi, sur une
côte donnée et pour un temps donné, l’énergie libérée par les vagues est plus
importante en certains secteurs qu’en d’autres. Ceci est matérialisé par les
orthogonales de houles qui montrent une convergence (concentration de l’énergie)
a niveau des caps et une divergence (amortissement de l’énergie) au niveau des
baies.
Trajectoire des fronts de vagues vus du dessus quand le littoral est escarpé : la réfraction
entraîne l’érosion préférentielle des reliefs avancés en mer et l’accumulation de sédiments
aboutissant à la formation de plages dans les baies.
Trajectoire des fronts de vagues vus du dessus : quel que soit l’angle d’attaque, les vagues
finissent toujours parallèles au rivage grâce à la loi de la réfraction.
La réflexion : est l’envoi d’une vague par un obstacle qu’elle
rencontre. L’énergie réfléchie est d’autant plus grande que l’obstacle
est plus vertical et étanche.

effets visibles de la diffraction et de la réflexion sur les vagues lorsqu’elles


rencontrent un obstacle (ici, un épi) vu du dessus.
La diffraction : est un phénomène qui se produit lorsque les vagues
heurtent l’extrémité d’un cap ou tout obstacle avancé en mer. Il s’en
suit souvent la naissance de courants qui longent la côte.

▪ Le déferlement : est le processus par lequel se terminent les


vagues à l’approche du rivage. Il est causé par la diminution de la
profondeur des eaux. En effet, dès que cette profondeur devient
inférieure à la moitié de la longueur d’onde, les vagues commencent
à perdre leur symétrie et de la célérité. Le frottement sur le fond
perturbe le mouvement de l’eau. A mesure que la profondeur
diminue, la dissymétrie, la hauteur et la cambrure des vagues
augmentent. Ceci finit par entrainer l’écroulement des crêtes par
basculement de l’eau vers l’avant : c’est le déferlement. Le
déferlement est suivi par le déplacement de l’au vers le rivage sous la
forme d’une nappe c’est le jet de la rive (up rush). L’eau revient aussi
vers la mer sous forme d’une nappe connue sous l’appellation de
nappe de retrait (back rush)
II. Les courants côtiers
Trois principaux types de courants nous intéressent 1. La dérive
littorale C’est phénomène qui intéresse un espace côtier
relativement étroit puisqu’il naît et agit dans la zone de
déferlement des vagues. Ce courant est dû au fait que les vagues,
malgré la réfraction arrivent le plus souvent avec une certaine
obliquité par rapport au trait de côte. Il peut jouer un rôle très
important et parfois essentiel dans la dynamique et l’évolution des
rivages, notamment ceux faits de matériaux meubles, car, il se
produit dans une zone de mobilité sédimentaire et c’est surtout en
fonction de lui qui se fait un transit littoral le long du rivage. La
vitesse de ce courant dépend surtout de la hauteur du déferlement,
de la période et de l’angle d’incidence des crêtes de vagues ainsi
que la pente de la rugosité de la surface sur laquelle agissent les
eaux.
2. Les courants de retour
Ce sont des courants par lesquels est composé l’afflux
d’eau qui peut se produire en direction du rivage. Les
pus actifs et pouvant influencer la dynamique
sédimentaire et la morphologie sous-marine sont connus
sous l’appellation de courants sagittaux (rip currents).
3. Les courants de marée
Ces courants engendrés par les variations quotidiennes du niveau
marin suite à l marée sont souvent faibles. Mais leur vitesse et
donc leur énergie peuvent prendre de l’importance dans certains
sites. Ceci est le cas, notamment au niveau des passages étroits de
part et d’autre desquels le marnage est fort et se fait à des heures
différentes
Les falaises
Définition La falaise est une forme d’érosion littorale dû
principalement à l’action des vagues. Elle se présente sous la forme
d’un versant non couvert de végétation, en pente forte et de hauteur
très variable, située en contact de la terre et de la mer.

I
I- Les types de falaises
Les falaises sont classées de différentes façons mais d’une
façon générale en considère leur hauteur (commandement
ou dénivellation), leur position par rapport à la mer, la
profondeur des eaux qui baignent leur pied et leur
lithologie.
1. En fonction de leur hauteur.
On distingue généralement entre : les microfalaise (commandement décimétrique
à pluri-décimétrique) et les falaises moyennes à pluridécimétrique à
hectométrique et les méga falaise (quelques centaines à plusieurs centaines de
mètres). Ce dernier type est relativement rare et se rencontre surtout dans les
littoraux bordés par d’importantes chaînes montagneuses. Au Chili par
exemple, des falaises de hauteur supérieure à 500m se suivent sur environ
250km au sud de la frontière avec le Pérou. En Tunisie : Ces formes sont très
souvent modestes par leur hauteur et appartiennent surtout à la catégorie de
petites à moyennes falaises. La hauteur de la plus fréquente se situe en effet
autour de quelques mètres à un ou 2 décimètres (1-2dm). Les falaises les plus
hautes appartiennent à la façade nord du pays et ont souvent un
commandement de quelques décimètres.
2. En fonction de la position par rapport au rivage (à la
mer)
On distingue entre les falaises vives qui sont encore battues par la
mer, les falaises en sommeil qui sont momentanément protégées
de l’action directe des vagues et les falaises mortes qui ne sont plus
atteintes par les vagues. Les falaises mortes ont été, à l’origine,
façonnées par la mer. Aujourd’hui, elles ne sont plus
atteintes par les vagues presque le rivage s’est retiré. Ce
retrait peut être dû à une variation du niveau marin ou à
une accumulation (par un agent naturel ou par l’homme)
qui a repoussé le rivage
3. En fonction de la profondeur des eaux
On distingue entre les falaises typiques et les falaises
plongeantes. Dans le 1er cas, la profondeur des eaux
augmente, au-moins sur une certaine distance, de façon
assez régulière et progressive en direction du large. Une
plateforme peu inclinée devance la falaise. Dans le 2ème
cas, la profondeur augmente de façon brusque. I bien
qu’on ne retrouve pas le dispositif classique avec la
plateforme, c’est une falaise plongeante. (Schémas)
4. En fonction de la lithologie
On peut distinguer entre au moins 3types de falaises
▪ Des falaises rocheuses
Elles sont façonnées dans des formations rocheuses résistantes ou
dominées par les matériaux durs. Il est à préciser que toute côte
rocheuse n’est pas une côte à falaise, et inversement côte rocheuse et
côte à falaise ne sont pas donc synonymes.
▪ Des falaises tendres
Elles sont façonnées dans des formations tendres ou dominées par les
roches tendres.
▪ Des falaises mixtes
Elles sont façonnées dans des formations géologiques hétérogène
et surtout d’inégale résistance. II. La formation des falaises
L’apparition de la falaise commence avec l’enlèvement par les
vagues d’un volume rocheux à un versant côtier rencontré par la
mer au fur et à mesure que cet enlèvement intervient recule
parallèlement à lui-même laissant devant lui une surface doucement
inclinée généralement connue sous l’appellation de plateforme
basale ou de plateforme d’abrasion. Cette plateforme élargit
corrélativement à l’avance de la mer et constitue l’un des éléments
caractéristiques des falaises classiques. Elle fait défaut dans les
falaises plongeante dans la genèse et souvent associée à des
accidents tectoniques.
III. L’évolution de la falaise
Cette évolution se fait d’abord sous l’effet des agents et processus
marins. Les vagues y jouent un rôle prépondérant. La dynamique
par le système enroche-éboulement est la plus fréquente et celle qui
engendre généralement le recul le plus rapide et le plus efficace des
falaises. Précisons aussi que : ✓ Le creusement de l’encoche est
dans une lithologie donnée d’autant plus rapide que les eaux
marines sont énergétiques et qu’elles disposent d’abrasifs durs. ✓
Le creusement de l’encoche est surtout l’œuvre d’une érosion
mécanique. Mais dans certains cas il est favorisé par des processus
chimiques ou biochimiques. ✓ Dans certaines falaises du golfe de
Gabes par exemple : l’encoche est en partie le résultat de la
dissolution du gypse contenu dans les argiles qui dominent dans la
géologie de la région.
L’importance de la géologie et de l’environnement climatique dans la dynamique et le
modelé des falaises. L’évolution des falaises varie beaucoup dans le temps et dans
l’espace, mais, leur dynamique et leur morphologie portent toujours l’empreinte du
cadre géologique et du cadre climatique. Le poids de la géologie apparaît en particulier
à travers la lithologie et le pendage des couches. Plusieurs situations peuvent se
présenter mais, en gros, l’évolution est d’autant plus rapide que le matériel travaillé
par les vagues est tendre et fissuré. Une géologie hétérogène est également favorable
à un recul important parce qu’elle favorise l’érosion différentielle. De son côté, un
pendage conforme (vers la mer) favorise plus le glissements et l’éboulement qu’un
pendage contraire (vers le continent).
Les falaises façonnées dans des matériaux argileux peuvent, si le cadre climatique le
permet, évoluer par glissement. (Schémas). Les falaises, surtout, lorsqu’elles sont
relativement hautes portent aussi les effets de différents processus subaériens. C’est
aussi par exemple, que dans les régions froides, elles subissent les effets de la
gélifraction. Dans les régions pluvieuses leurs parties supérieures et moyennes sont
exposées à une érosion hydrique parfois marquée. Toutes ces dynamiques se
répercutent sur le modelé. Dans l’ensemble, ce sont les falaises taillées dans des
roches cohérentes et homogènes qui montrent le profil le moins irrégulier et le plus
vertical. Cette variété de contextes est à l’origine d’une grande richesse paysagère.
Celle-ci est parfois originale et a attiré différentes implantations humaines et des
aménagements variés. Mais ceci n’a pas été sans risque lorsque la dynamique des
falaises et leurs évolutions n’ont pas été bien considérées.
Les plages
Les plages sont des accumulations par des vagues, sur le rivage, de
sédiments dont les constituants vont du sable au bloc. Dans les
rivages sableux, elles sont souvent accompagnées de dunes.
Lorsqu’elles sont faites de galets, on leur réserve le nom de grève.
La plage est constituée de 3 parties de l’extérieur à l’intérieur :

-L’avant plage : c’est un domaine toujours couvert par les eaux


marines.
-- Le bas de plage ou estran : c’est un domaine émergé mais qui
peut être couvert par les eaux marines surtout à l’occasion des
tempêtes.
-.
-Le haut de plage :
un domaine généralement à l’abri de l’envahissement par les eaux marines. Il
correspond souvent à une dune bordière (dune de haut de plage ou avant
dune). L’envahissement par les eaux de tempêtes est possible lorsque cette
dune est peu développée. La partie interne de la plage est souvent le résultat
d’un travail simultané des vagues et du vent. La végétation psammophile
joue, par la fixation du sable, un rôle essentiel dans son développement.
L’Oyat est l’une des espèces les plus fréquentes et les plus fixatrices du sable
des dunes de haut de plage des rivages de la Méditerranée

Fig. Zonation transversale d’une plage


1. Les types de plage. Les plages présentent des morphologies variées. Une
classification peut être faite en fonction de leur forme d’ensemble et de la
forme de la côte à laquelle elles appartiennent. Les types de plages les plus
fréquents sont les suivants
a. Les plages de fond de baie : sont très fréquentes et souvent étendues et
épaisses. Ceci, elles le doivent à leur position dans le milieu favorable à
l’accumulation à cause de l’affaiblissement de l’énergie des vagues suite à la
réfraction mais aussi à cause des courants qui y arrivent depuis les caps qui les
bordent. En Tunisie, ce type de plages est fréquent, c’est le cas dans le golfe de
Hammamet, dans le golfe de Tunis et dans la baie de Bizerte.

b. Les plages de côte rectiligne : sont à cause de leur ouverture sur la mer, plus
exposées à l’action des vagues et donc l’érosion. Elles peuvent toute fois être
étendues lorsqu’elles bénéficient d’une alimentation sédimentaire importante,
par les cours d’eau par exemple. Ceci est le cas sur la façade orientale de la
péninsule du Cap Bon.
Les plages de fond de baie :le
cas sur la façade orientale de
la péninsule du Cap Bon.
c. Les flèches littorales : sont des plages de formes allongées et qui
se distinguent par une partie collée au continent et une passe libre
en mer. Leur formation nécessite une source sédimentaire
importante ainsi qu’une dérive littorale active et efficace. Parmi les
exemples en Tunisie, on peut citer : la flèche de l’embouchure de
Oued Majerda et la flèche de Rass Ennmal à Jerba.

la flèche de Rass Ennmal


à Jerba.
d. Une île barrière (lido) :
est une plage qui s’interpose entre la mer et une lagune. Sa formation
suppose l’existence d’une dérive littorale active. Avant son
achèvement, elle peut montrer une forme rappelant la flèche littorale
souvent appelée poulier. Une île barrière est généralement affectée
par des ouvertures permettant l’échange d’eau entre la mer et la
lagune. Ces ouvertures sont appelées passe ou grau. La plage qui
sépare la lagune de Ghar El Melh de la mer en est un exemple.

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