Exposée Lakbar

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Introduction

les zones humides sont parmi les milieux naturels les plus riches dans le monde qui
fournissent l’eau et les aliments à d’innombrables espèces de plantes et d’animaux. Ce sont
des milieux de vie remarquables pour leur diversité biologique, mais qui restent menacés par
plusieurs risques.

Les phénomènes engendrés par les pollutions affectant le domaine de l’eau sont souvent
spectaculaires. Ils peuvent se manifester essentiellement par une prolifération de végétaux
(algues, macrophytes), ou encore par l’envasement rapide des fonds lacustres. On parle alors
d’eutrophisation ou encore de « vieillissement accéléré » du plan d’eau.

En Algérie, plusieurs lacs naturels évoluent rapidement vers l’eutrophisation suite à une
productivité accrue, stimulée continuellement par les apports de fertilisants et une tendance
climatique vers la sécheresse. Parmi les principaux symptômes indésirables constatés, les
efflorescences algales de plus en plus préoccupantes.

Conscients de l’ampleur de ce problème qui pourrait nuire au milieu naturel, mais également à
l’ensemble des activités liés aux plans d’eau (pêche, tourisme, …etc.), nous nous proposons
d’étudier à travers ce travail le phénomène d’eutrophisation dans une zone humide renommée
à l’échelle internationale. Il s’agit de la région d’El Kala, en ciblant particulièrement le lac
Tonga. Ce site abritant une biodiversité exceptionnelle, se trouve à l’heure actuelle menacé
par une eutrophisation avancée.

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1- Le phénomène d’eutrophisation

Le terme « eutrophisation » provient des mots grecs « eu » et « trophê » qui signifient


respectivement « bien » et « nourriture ».
L’eutrophisation est une forme de dégradation de certains écosystèmes aquatiques qui se
produit lors d’un enrichissement prononcé en éléments nutritifs dans le milieu. Cette
dégradation est à l’origine un phénomène naturel extrêmement lent, qui intervient dans
l’évolution du lac. Cependant ce processus peut être fortement accéléré par des apports
anthropiques de nutriments d’origine agricole, domestique ou encore industrielle.
Les principaux nutriments à l’origine de l’eutrophisation sont le Phosphore (principalement
sous forme de phosphates) et l’Azote (sous forme d’Ammonium, de Nitrates ou sous forme
organique). La matière organique y joue également un rôle important. Les paramètres physiques du
milieu comme l’ensoleillement ou la température de l’eau, peuvent eux aussi favoriser le processus
d’eutrophisation.

2- Les niveaux trophiques des lacs

Les plans d’eau peuvent être classés en fonction de l’état trophique qu’ils présentent. Nous
pouvons ainsi différencier plusieurs stades d’avancement dans le processus d’eutrophisation,
appelés aussi niveaux (ou états) trophiques ou degrés d’eutrophisation. Les figures 1, 2 et 3
permettent de classer les plans d’eau selon trois stades distincts, qualifiés de niveaux trophiques ou
différents stades d’eutrophisation. Cette évolution passe graduellement du niveau oligotrophe au
niveau eutrophe en passant par un stade intermédiaire, le stade mésotrophe

Fig. 1 : Lac oligotrophe (Source : Hade, 2002).

Ces lacs ont des eaux claires, pauvres en éléments nutritifs et ont une faible productivité
biologique. Ils sont généralement profonds et leur bassin versant est relativement petit.

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Fig. 2 : Lac mésotrophe (Source : Hade, 2002).

Ces lacs reçoivent une quantité plus grande d'éléments nutritifs et ont une productivité
biologique modérée. Des changements dans les espèces présentes apparaissent.

Fig. 3 : Lac eutrophe (Source : Hade, 2002).

Ces lacs sont très enrichis en éléments nutritifs. Ils sont caractérisés par une productivité
biologique élevée et il peut en résulter une perte de la diversité des espèces

3- Comprendre le processus d’eutrophisation

Comme signalé, l'eutrophisation est un processus biologique, qui selon l’avancée permet de
distinguer trois principales situations (Oligotrophe, Mésotrophe et Eutrophe), mais les
changements sont perceptibles en quelques phases, à savoir :

1. Le lac reçoit des apports en éléments nutritifs (particulièrement en Phosphore) provenant de


sources diverses (naturelles et anthropiques sur une longue ou courte période de temps).

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2. L'accumulation d’éléments nutritifs dans l'eau provoque, à plus ou moins long terme, une
prolifération de plantes aquatiques et d’algues dans la couche supérieure du lac et dans le
littoral, ce qui réduit considérablement la transparence de l’eau (l’eau devient plus turbide).

3. L’augmentation de la turbidité limite le passage de la lumière à travers la colonne d’eau. La


photosynthèse ne peut alors s’effectuer que près de la surface du lac.

4. Le surplus de matière végétale produite, se dépose au fond du lac, suite à sa sénescence


(mortalité).

5. Les décomposeurs utilisent l’oxygène dissous afin de décomposer la matière végétale, ce


qui provoque une diminution des concentrations d’oxygène dissous en profondeur.

6. La raréfaction de l’oxygène dissous de la couche inférieure du lac occasionne un


changement dans la biodiversité des espèces présentes au lac. La raréfaction voire la
disparition de certaines espèces à haute valeur patrimoniale peut alors se produire aisément.

Les grandes étapes de ce phénomène complexe, peuvent se résumer dans la figure 4.

Fig.4 : Le processus d’eutrophisation

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4- Les causes d’eutrophisation des lacs

Tout facteur participant à l’augmentation de la quantité d’éléments nutritifs dans les lacs peut
influencer la vitesse de leur eutrophisation. Ces facteurs peuvent être naturels (ruissellement
dans le bassin versant, barrages,...etc.) ou anthropiques tels que :

 L’épandage d'engrais à des fins agricoles ou horticoles (chimiques ou naturels) ;


 l’absence de bande riveraine qui favorise l’érosion des berges et limite la capacité de
rétention des éléments nutritifs provenant du bassin versant (sources naturelles et artificielles),
qui sont transportés par ruissellement ;
 l’utilisation de produits domestiques contenant des phosphates ;
 les rejets d'eaux usées industriels, urbains et domestiques.

5 - Les effets de l’eutrophisation

L’eutrophisation naturelle à très long terme ainsi que celle, accélérée par les apports artificiels
en nutriments au lac, peuvent causer plusieurs effets indésirables sur l’écosystème aquatique.
Ces derniers se traduisent par :

 Une plus grande abondance de plantes aquatiques et d'algues.


 Une dégradation de la qualité de l’eau et accumulation de sédiments (envasement).
 Un changement dans la biodiversité animale et végétale, favorisant les espèces les
mieux adaptées aux nouvelles conditions ou l'implantation de nouvelles espèces au détriment
de certaines qui étaient déjà établies.
 Une apparition spectaculaire d’une flore aquatique, notamment les cyanobactéries.

6- mesure l'eutrophesation dans lac tonga :

Pour procéder à une étude de l'eutrophisation du lac Tonga, les principales mesures d'analyse
couramment utilisées repose sur :
*un profil de l'oxygène dissous et de la température, à 0.5 mètre et ensuite à tous les
mètres;

 une mesure de la transparence de l'eau avec le disque de Secchi;


 une mesure de la conductivité de l'eau;
 une mesure du pH de l'eau;
 une mesure de la concentration de chlorophylle "a" dans l'épilimnion;
 une mesure de la concentration de phosphore total dans l'hypolimnion;
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1- 1-Le degré d’eutrophisation : les paramètres physico-chimiques

L’étude des paramètres physico-chimique est d’une importance majeure dans l’étude de la
dynamique des communautés algale.

La température est un paramètre physique qui détermine un grand nombre de processus


biologiques qui se déroulent dans l’eau.

Les relevés de la température de l’eau ont fait apparaitre l’existence d’une période froide
hivernale avec des valeurs comprise entre12 et 14°C enregistrées de janvier à mars et d’une
période relativement chaude avec des valeurs qui dépassent 23°C . Cette différence de
température est le reflet du caractère méditerranéen de la région où les contrastes entre la
saison froide et la saison chaude sont très important. Des écarts pareils ont été rapportés dans
le lac Oubeïra .

Les fluctuations de ce paramètre abiotique sont en relation avec les conditions climatiques
locales et plus particulièrement avec la température de l’air et les phénomènes d’évaporation
de l’eau, dus à l’augmentation de cette dernière. Cette caractéristique est, comme la souligné
est liée à la faible profondeur de la masse d’eau.

En ce qui concerne l’oxygène dissout, l’eau du lac Tonga présente une bonne oxygénation
durant la saison hivernale, période pendant laquelle les teneurs en oxygène dissout atteignent
12,55 et 10,05 mg/l .

La bonne oxygénation de l’eau en période hivernale et printanière résulte de la baisse de


température de l’eau, ainsi que les facteurs mécaniques (agitation par le vent) qui représentent
le principal facteur de brassage des eaux .Il favorise les échanges gazeux avec l’atmosphère et
augmente la surface de contact entre l’air et l’eau et peut, lorsqu’il est suffisamment puissant,
assurer le retour vers la saturation et dans le sens d’une dissolution dans l’eau en cas de sous
saturation .

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Le pH est un paramètre important dans l’étude des milieux aquatique, il est très dépendant des
mécanismes chimiques et biologiques.

Le pH de l’eau du lac Tonga est compris entre 6,7 et 7,35 de janvier à mai avec un maximum
8, relevé en juin.

Les variations du pH peuvent être un peu plus grandes en fonction des caractéristiques des
plans d’eau et du bassin versant, les valeurs sont en général comprises entre 6,5 et 9; elles
peuvent dépasser localement 9 en période estivale dans des barrages et des cours d’eau.

La concentration en nitrites présentent les teneurs les plus élevées durant la période
printanière de 3µmol/l. Par ailleurs, les valeurs minimales de cet élément sont comprises entre
0,01 et 0,4 µmol/l.

7- Conséquences de l’eutrophisation

L’eutrophisation a des conséquences catastrophiques sur l’équilibre de l’écosystème. Elle


entraîne la disparition des nombreuses espèces (fàune et flore) à haute valeur patrimoniale aux
profits d’autres espèces de substitution, nuisibles à l’environnement, par les modifications
physiques, chimiques et biologiques qu’elles procurent.

En effet, cette forme de pollution entraîne des troubles dans les conditions de reproduction et
d’alimentation de nombreuses espèces piscicoles non résistantes au changement du milieu.

De plus, les algues filamenteuses, très susceptibles de dégrader la qualité des herbiers en se
substituant à d’autres végétaux, entravent le traitement des eaux brutes par un colmatage des
prises d’eau et des pompes. Ce qui laisse un mauvais goût et une odeur désagréable des eaux.

Les autres conséquences de l’eutrophisation peuvent se résumer ainsi :

- L'eau devient moins transparente par la prolifération du phytoplancton; elle est plus turbide ;
- l’émission importante de gaz dangereux provenant des vases anoxiques comme le sulfure de
dihydrogène (SH2), gaz nauséabond, et de méthane (CH4) connu en particulier pour ses effets
sur la réchauffement climatique ;
- l’accumulation de vases organiques au fond de l'étang;
- la diminution de la biodiversité est souvent drastique

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Par ailleurs, une étude bactériologique récente du lac Tonga a montré que les eaux du Tonga
présentent une pollution bactériologique, le nombre de coliformes totaux et fécaux dans les
eaux analysées dépassant parfois les normes établies. Le taux de ces germes dépendant des
conditions environnementales (précipitation et température).

Ces effets peuvent avoir de graves répercussions sur l’environnement et sur les êtres vivants
en l’occurrence. L’eau devient impropre à de nombreux usages notamment par le
développement de pathogènes. Le bétail s’abreuvant des eaux contaminées risque de présenter
des troubles, qui seront transmissible aux humains consommant ces viandes. Sans oublier la
biodiversité vivant dans ces milieux, qui se trouve affectée par cette pollution.

Les principales sources de contamination bactériologique des eaux du restent les rejets d’eaux
usées domestiques, les activités agricoles liées à l’épandage ou à l’entreposage des fumiers et
des lisiers qui peuvent être à l’origine de pollution microbiologique

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Photo 1 : Prolifération de déchets organiques

Photo 2 : Le nénuphar blanc (Nymphea alba)

Photo 3 : Envahissement du lac Tonga par les algues filamenteuses

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8- Mesures de prévention et de lutte

L'eutrophisation est un révélateur témoignant de la limite des capacités épuratrice des milieux
aquatiques. Des moyens de lutte sont nécessaires et existent :

 diminuer l'utilisation de polluants eutrophisants dès l'amont du bassin versant ;


 diminuer l'utilisation de pesticides et leur arrivée dans les cours d'eau où, en tuant de
nombreux organismes, et peuvent contribuer à l'eutrophisation ;
 utiliser rationnellement les engrais en agriculture (analyser la valeur agronomique des sols
et privilégier les engrais naturels) ;
 aménager des bassins versants reconstituant des réseaux de bocage, talus, haies, et bandes
enherbées, suffisants en taille et cohérents avec le relief et la pédologie ; le ruissellement des
eaux pluviales peut favoriser l'entrainement de nutriments comme le phosphore qui seront
mieux retenus si les capacités d'infiltration du sol sont restaurées ;
 remplacer les phosphates des lessives par des agents anticalcaires sans impact sur
l'environnement ;
 mieux éliminer l'azote et le phosphore dans des stations d'épuration (qui peuvent être
équipées de procédés de dénitrification et de déphosphatation).
Toutefois, des moyens de lutte curatifs pour faire face à l’eutrophisation du lac Tonga sont
divers et variés. Nous pouvons ainsi différencier quatre classes de moyens d’actions (Fig. 05)

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Fig. 05 : Schéma synthétique des différents groupes d’actions curatives de lutte contre l’eutrophisation

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Conclusion

L’étude du phénomène d’eutrophisation largement installé au lac Tonga, suscite une forte
inquiétude quant aux conséquences néfastes engendrées à l’environnement et à la biodiversité.

La variation mensuelle de la densité algale révèle que la présence en force des microalgues est
une réponse logique au changement saisonnier des conditions physico-chimiques du milieu.
Cette forte présence de microalgues en période printanière n’est pas seulement liée à
l’augmentation de la température, mais aussi à celle de la disponibilité des nutriments, à
l’éclairement et aussi à l’hydrodynamisme. Car en hiver, la production du phytoplancton est
limitée par les basses températures, les faibles conditions d’éclairement et le brassage par le
vent (Gherib et Seraoui, 2008).

En perspectives, il serait judicieux d’élaborer un programme de surveillance de ce plan d’eau


par :

- Un suivi permanent des paramètres physico-chimiques de l’eau et de la structure de la


communauté microalgale.

- Un suivi de l’état sanitaire des communautés de poissons et biodiversité en général, peuplant


le lac.
- Un établissement de normes et réglementations, en veillant à leur application.

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Plan de travail

Introduction

1- Le phénomène d’eutrophisation

2- Les niveaux trophiques des lacs

3- Comprendre le processus d’eutrophisation

4- Les causes d’eutrophisation des lacs

5 - Les effets de l’eutrophisation

6- mesure l'eutrophesation dans lac tonga

7- Conséquences de l’eutrophisation

8- Mesures de prévention et de lutte

Conclusion

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République Algérienne Démocratique et Populaire

Centre Universitaire d’El Tarf

Département de Biologie

Option : Ecotoxicologie, Environnement et Gestion des Eaux

Module:

Exposée :

Etude du phénomène d’eutrophisation des lacs


Cas du lac tonga –El kala

Responsable :

Melle LAKBAR Chanez

Presentée par :

* Melle DELLOUM Sana

* Melle FETTAL Nora

Année Universitaire : 2011/2012

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