Cont Cons
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INTRODUCTION
CONCLUSION
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INTRODUCTION
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I/ FONDEMENTS ET MANIFESTATIONS DU POUVOIR DE MODULATION
Envisageons le pouvoir de modulation à travers ses fondements (A) et ses manifestations (B).
La question du fondement juridique au pouvoir de modulation est cruciale d’un point de vue
juridique et politique. En effet, si dans certains États le pouvoir de modulation résulte d’une
consécration prétorienne (1), dans d’autres,ce pouvoir résulte d’une consécration
constitutionnelle (2).
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2/ consécration constitutionnelle du pouvoir de modulation
Plusieurs États ont reconnu le pouvoir de modulation au juge constitutionnel à travers une
consécration constitutionnelle.
En Côte d’Ivoire ,depuis la révision constitutionnelle en date du 19 mars 2020 le juge
constitutionnel s’est vue reconnaître ce pouvoir. Cette faculté de moduler les effets de
décision lorsqu’une censure est prononcée est consacré par de l’article 137 alinéa 3de la
Constitution :
« Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l’article 137 alinéa 2 est
abrogée à compter de la publication de la décision du Conseil constitutionnel ou d’une date
ultérieure fixée par cette décision. Le Conseil constitutionnel détermine les conditions et
limites dans lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d’être remis en
cause ». La première phrase de la Constitution pose le principe de l'abrogation et permet au
Conseil constitutionnel de prononcer une abrogation immédiate ou différée.La seconde phrase
du même article offre la possibilité au juge de remettre en cause les effets qu'une disposition
censurée a produits. La Constitution ivoirienne envisage ainsi, de manière large, les
différentes possibilités de modulation.
En France, ce pouvoir est apparu pour la première fois dans une décision du conseil du 23
juillet 2008 (CC 2008-564 DC, 19 juin 2008, cons. 58, JO 26 juin 2008) consacrée à
l’occasion de la révision constitutionnelle à l’article 62 de la Constitution :
« Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l’article 61-1 est abrogée à
compter de la publication de la décision du Conseil constitutionnel ou d’une date ultérieure
fixée par cette décision. Le Conseil constitutionnel détermine les conditions et limites dans
lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d’être remis en cause »
La constitution autrichienne s'inscrit dans le même mouvement. Ainsi, l'article 140-5 de la
Constitution autrichienne autorise la Cour à prononcer une abrogation différée, mais limite la
durée à 18 mois. L'article 140-7 du même texte, tout en interdisant un effet rétroactif de la
censure en dehors de la prime au requérant, permet à la Cour d'en décider autrement et donc
d'envisager des effets rétroactifs. La encore l'habilitation est large, la Cour apprécie seule
l'étendue, les modalités et les motifs permettant la remise en cause dans le passé d'effets déjà
réalisés.
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contournement présente un inconvénient dans la mesure où il s'agit toujours de préserver une
norme irrégulière de la censure. A contrario, La modulation dans le temps n'emporte pas un
tel inconvénient. En effet, dans le cadre de la modulation L'irrégularité est toujours en mesure
d'être sanctionnée, mais la modulation de ses effets permet de prendre en compte les intérêts
légitimes susceptibles d'être affectés. La technique est plus souple et offre une plus large
marge d'appréciation à la Cour constitutionnelle au nom du respect de la régularité. La
modulation des effets dans le temps est sans doute la meilleure technique permettant de
garantir et de parvenir à un équilibre adapté entre l'exigence de régularité et celle de sécurité
juridique. Elle permet de ne renoncer à aucune de ces deux exigences, contrairement à la
technique précédemment évoquée.
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La mise en œuvre de ce pouvoir résulte de plusieurs justifications (A). Mais ce pouvoir si
intéressant soit-il connaît des limites (B)
Dans le choix des constituants ou du législateur, comme dans la jurisprudence des juridictions
constitutionnelles, la volonté d'assouplir les effets radicaux de l'abrogation répond à une
volonté de préserver la sécurité juridique (1). C'est dans cette sécurité juridique que réside la
raison d'être de la modulation. La prise en compte de la sécurité juridique sera affecté dans un
sens ou dans l'autre, par la prise en compte d'un certain nombre d'intérêts publics (2).
Les motifs qui sont à l'origine du choix du conseil constitutionnel de moduler dans le temps
les effets de ses décisions de censure ne sont pas toujours explicites ni même visibles ou
identifiables. On retrouve un certain nombre d'intérêts publics dans leur jurisprudence, parmi
lesquels la sécurité juridique, qui
vont justifier le recours à la modulation. Cela est visible dans plaisirs États.
Au Portugal,ces difficultés d'identification n'existent toutefois pas dans la mesure où le
pouvoir de modulation du Tribunal constitutionnel est strictement encadré dans les motifs
susceptibles d'être invoqués à l'appui de l'exercice de ce pouvoir. La Constitution portugaise
énonce de manière explicite les motifs sur lesquels doit reposer le choix du Tribunal
constitutionnel de renoncer à la rétroactivité. L'article 282-4 de la Constitution prévoit trois
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situations différentes : « la sécurité juridique, une raison soit d'équité soit d'intérêt public
d'importance exceptionnelle ». L'« intérêt public d'importance exceptionnelle » a pu être
interprété par la doctrine comme ne devant recouvrir que la raison d'État. L'appréciation du
Tribunal sur ces motifs est, en réalité, relativement large.
La Cour constitutionnelle fédérale allemande a explicité les différents motifs susceptibles
d'être pris en compte lorsqu'elle se prononce en faveur du maintien en vigueur d'une norme
législative inconstitutionnelle. Cette jurisprudence ne concerne donc qu'une situation
particulière: l'abrogation différée d'une norme législative, maintenue en vigueur pendant une
période transitoire, ce qui constitue la
solution la plus éloignée du principe de l'annulation.
En dépit des avantages que procure le pouvoir de modulation, il faut noter que la mise en
œuvre de ce pouvoir présente des difficultés. En effet, ce pouvoir semble dans bien des cas
source d’insécurité (1) et d’inconstitutionnalité (2).
la modulation dans le temps peut être perçue comme une atteinte à l'autorité de la chose jugée,
puisqu'elle consiste à suspendre ou à différer l'application d'une décision de justice. Elle peut
également entraîner une incertitude juridique pour les parties, qui ne sauront pas à quelle date
la décision prendra effet et comment elle s'appliquera. Concrètement,
En outre, la modulation dans le temps peut rendre difficile la gestion des situations
individuelles, notamment en matière de réparation du préjudice. En effet, si la décision ne
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prend effet qu'à une date ultérieure, les parties concernées peuvent subir des préjudices
continuels jusqu'à cette date, sans savoir si elles seront indemnisées et dans quelle mesure.
CONCLUSION
En définitive, la modulation est une technique qui existe depuis plusieurs années dans
plusieurs Etats : Autriche, Espagne, Italie, France…Toutefois, c’est depuis la révision
constitutionnelle du 19 mars 2020 que ce pouvoir a été admis en droit ivoirien. Cette
admission de la modulation temporelle dans l’ordonnancement juridique, aussi louable soit
elle,n’est pas à l’ombre des critiques.
Pour notre part, la modulation malgré les critiques de ses détracteurs demeure un pouvoir Inde
à dont dispose le juge constitutionnel pour protéger et sauvegarder les droits et libertés des
administrés.
Par ailleurs, la modulation temporelle ne favorise t’elle pas le respect du principe l’état de
droit ?
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BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Ouvrages :
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Précis
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Constitution ivoirienne de
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- WODIÉ (Francis), Le Juge et la Loi, Abidjan, éd. CERAP, 2011.
-O. JOUANJAN, « La modulation des effets des décisions des juridictions constitutionnelle et
administratives en droit allemand »
-Docteur Mel Agnero Privat ,Support de cours de contentieux constitutionnel
Textes juridiques :
Articles :
Olga Mamoudy, « Insécurité juridique et modulation dans le temps des effets des décisions
de justice . »
-O. JOUANJAN, « La modulation des effets des décisions des juridictions constitutionnelle et
administratives en droit allemand »
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Sites internet :
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