Chapitre Vi
Chapitre Vi
Chapitre Vi
1. Objectifs
Aborder l’aspect théorique et le fondement de la fiabilité.
Introduire la loi de Poisson et le rôle qu’elle exerce.
Traiter la loi exponentielle.
Développer la loi de Weibull.
2. Introduction
Dans ce chapitre sont abordées quelques notions théoriques liées à l’étude de la fiabilité et les principales
lois statistiques utilisées.
La loi normale, souvent utilisée, n’est pas abordée dans la mesure où elle est très connue. Elle est supposée
acquise.
La loi log-normale, la loi telle que le logarithme de la variable temps t suit la loi normale, ne sera pas
abordée pour les même raisons. Cette loi caractérise certaines distributions de durée de vie ou de temps de
réparation.
Soit maintenant f(t) la fonction définissant la probabilité de défaillance à un instant précis t de l’intervalle de
temps précédent [0, t]. f(t) indique la probabilité qu’a le produit d’avoir une défaillance entre les instants (t)
et (t+dt) ; dt étant un intervalle de temps très petit ; f(t) est encore appelée «densité de probabilité de
défaillance».
t
La relation entre F(t) et f(t) est donnée par : F(t) = ∫ f ( t ) . dt
0
dF (t) dR(t )
Inversement : f(t) = =-
dt dt
Si le temps devient infini (t = ∞), F(t) devient :
∞
F(∞) = ∫ f ( t ) . dt = 1
0
Ce qui signifie que, pour une durée de temps variant entre 0 et ∞, la probabilité d’avoir une défaillance est
égale à 1, c'est-à-dire 100%. Autrement dit, sur une durée suffisamment longue, on est certain de tomber en
panne. Il en résulte que :
t ∞
R(t) = 1 - ∫ f ( t ) . dt = ∫ f ( t ) . dt
0 t
Etude générale
Définition : λ(t), c’est la probabilité qu’un produit en bon état à l’instant t ait une défaillance entre les
instants (t) et (t+dt).
Si on reprend le raisonnement abordé au paragraphe 3, λ(t) en tant que fonction du temps est défini par :
Définition
λ=
Le taux de défaillance a également été défini par :
nombre total de défaillances pendant≤service
durée totale
La durée de bon fonctionnement, c’est la période de temps pendant delebon
laquelle fonctionnement
dispositif, en activité ou en
service, est exposé à des défaillances.
Exemple 1: supposons 8 composants identiques testés sur une durée de 550 heures dans les mêmes
conditions. Le premier composant tombe en panne, de manière irréparable, après 65 heures de
fonctionnement, le deuxième après 115 heures, le troisième après 135 heures, le composant 4 après 340
heures, le composant 5 après 535 heures, les trois autres composants continuent de fonctionner
normalement.
5 5
λ= = .
65+115+135+ 340+535+550+550+550 2840
Exemple 2 : considérons une machine automatisée fonctionnant pendant un cycle opératoire de 155 heures.
Pendant cette période, le système subit 5 défaillances à des moments différents, suivie d’une réparation, puis
d’une remise en activité. Les durées respectives des défaillances sont 2,5 heures ; 8,3 heures ; 3,7 heures ;
1,8 heure et 7,5 heures.
5
λ= = 0,0381.
155−(2 ,5+ 8 ,3+3 ,7+1 , 8+7 ,5)
Remarque : la courbe «en baignoire» (fig.1) est typique des équipements électroniques. Dans le cas des
équipements mécaniques ou électromécaniques, λ(t) est légèrement croissant dans la zone 2 (fig.2).
Temps
fig. 1
λ(t)
fig. 2
5. La loi de Poisson
Définitions
La loi de Poisson utilise des variables discrètes pour représenter les individus et les populations étudiées.
Variable discrète : variable qui ne peut prendre qu’un nombre fini de valeurs (même si ce nombre est très
grand). Il est toujours possible de faire la liste de toutes les valeurs (x 1, x2, …, xn).
Variable continue : variable qui peut prendre n’importe quelle valeur dans un intervalle donné entre une
valeur minimale et une valeur maximale (x mini ≤ x ≤ xmaxi). La loi exponentielle et la loi de Weibull des
paragraphes suivants utilisent des variables continues.
Cette relation peut se traduire directement de la relation du paragraphe 4-1 dans laquelle on suppose λ
constant.
La fonction fiabilité est le complément à la fonction répartition des défaillances : F(t) = 1 – e-λt
Dont la dérivée, la densité de probabilité de défaillances f(t) est :
f(t) = λ.e-λt
Remarque : 1/λ = MTBF, on retrouve les propriétés générales de la loi exponentielle du paragraphe 6
suivant.
P(k) λ(t)
k t
0 1 2 3 4 5
Distribution exponentielle
Reprenons les raisonnements abordés aux paragraphes 3 et 4. Dans le cas de la zone 2 (fig.1 et 2), le taux de
panne λ est constant ou sensiblement constant, les expressions se simplifient et R(t) prend une forme
exponentielle.
En remarquant que : t t t
t
∫ λ (u ) du=¿ ∫ λ . du=λ .∫ du=λ . t= MTBF ¿
0 0 0
t t
R(t) = −∫ λ ( u) du
= exp[- ∫ λ (u ) du] = e-λt
e 0
Exemples
Exemple 1 : quelle est la fiabilité d’un dispositif travaillant pendant une période de temps égale au MTBF ?
Dans ce cas, la probabilité de survie est :
R(t) = R(MTBF) = e-MTBF/MTBF = e-1 = 1/e = ½,718 = 0,3679 (environ 37%)
Exemple 2 : un composant électronique de puissance à un taux de panne constant de 0,07 pour 1000 heures
de fonctionnement.
Quelle est la probabilité pour qu’il survive 5000, 1000 et 2000 heures ?
L’unité de temps est 1000 heures. A 5000 heures correspond t=5
P(t<5000) = R(t) = R(5) = e-λt = e-(0,07).t = e-(0,07).(5) = 0,705 (environ 70,5%)
pour 1000 heures (t = 1) : R(1) = e-0,07.1 = 0,932 (93,2%)
pour 2000 heures (t = 2) : R(2) = e-0,07.2 = 0,869 (86,9%)
Quelle est la probabilité que le composant dure entre 2000 et 5000 heures ?
P(2000 ≤ t ≤ 5000) = F(5) – F(2) = R(2) – R(5) = 0,869 – 0,705 = 0,164 (16,4%)
Quelle est la probabilité que le composant dure 1000 heures de plus après 5000 heures de
fonctionnement ?
C’est une probabilité conditionnelle de forme générale :
P(t > b / t > a) = P(t > b – a)
P(t > 6 / t > 5) = P(t > 6-5) = P(t > 1) = R(1) = 0,932 (93,2%)
Remarque : lorsque le taux de panne est constant, les chances d’avoir une défaillance restent toujours les
mêmes. Que le composant soit neuf ou non, qu’il ait déjà servi longtemps ou non, sa fiabilité reste la même.
Exemple 3 : soit quatre composants connectés en série, dont les taux de panne pour 1000 heures sont
respectivement : 0,052 ; 0,056 ; 0,042 et 0,047. Quelle est la probabilité pour que le dispositif fonctionne
sans défaillance jusqu’à 5000 heures ?
R(5) =e-(0,052+0,056+0,042+0,047).t = e-0,197.5 = e-0,985 = 0,373
Le taux de panne de l’ensemble est : λ = 0,052+0,056+0,042+0,047 = 0,197
Soit un taux de défaillances de 19,7% pour 1000 heures.
Le MTBF de l’ensemble est : MTBF = 1/λ = 1/0,197 = 5,08
Soit un temps moyen entre défaillances d’environ 5000 heures.
7. La loi de Weibull
Pour un grand nombre de composants (mécaniques et électromécaniques, notamment), λ n’est pas constant
dans la zone 2 figure 2, même remarque pour les zones 1 et 3 des figures 1 et 2. La distribution
exponentielle précédente n’est pas applicable.
La manière la plus pratique est de considérer que la défaillance est distribuée d’après la loi de Weibull.
Cette loi est, en effet, bien adaptée à l’étude statistique des défaillances, en particulier de jeunesse et
d’usure.
La distribution de Weibull est une sorte de loi caméléon, très souple, qui, grâce à ses trois paramètres (t o, β,
T), peut s’ajuster à un grand nombre de données statistiques : elle peut suivre une distribution non
symétrique, faire l’approximation de la loi normale, devenir une distribution exponentielle, etc. elle est
également utilisée pour décrire des phénomènes de fatigue, des durées de vie (roulements…), des
probabilités de rupture sous charge, etc.
(densité de probabilités)
[ ( ) ( )]
1 /2
2 1
T= Г +1 −Г 2 + 1
[ ] [ ( )]
β −1
t−t 0
β β β
f(t)=
β t−t 0 exp −
T T T Г est la fonction gamma, fonction tabulée, voir
tableau ci-dessous
allure générale fig.8
( 1β +1)
to (ou γ) : paramètre de position
(0 ≤ to ≤ ∞) μ = to + T.Г
T ( ou η ) : paramètre d’échelle (T > 0) ou vie
caractéristique.
β : paramètre de forme (β>0), sans unités
Fonction Г(t)
t 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 1,9 2,0
Г(t) 1,000 0,951 0,918 0,897 0,887 0,886 0,893 0,908 0,931 0,961
t 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 2,9 3,0
Г(t) 1,000 1,046 1,101 1,166 1,242 1,329 1,429 1,544 1,676 1,827 2,00
Si k est un nombre entier (k = 1, 2,…, N) alors : Г(k) = (k – 1) ! (avec k ≥1)
[ ( )] [ ( )]
β
t−t 0 −
t −t 0 β
F(t) = 1 – exp − = 1- T
T e
Fiabilité R(t)
Celle-ci est donnée par :
[ ( )] [ ( )]
β
t−t 0 −
t −t 0 β
f (t )
λ(t) = =
R (t)
On constate, figure 9, que les défauts de jeunesse indiqués correspondent à l’allure β < 1 et que les
défaillances dues à l’usure β > 2.
Remarques et exemples
Lorsque to =0 et β = 1, on retrouve la distribution exponentielle du paragraphe précédent avec : T=μ=
(MTBF-to).
Lorsque β=3,2, la distribution de Weibull devient une bonne approximation de la loi normale.
Lorsque β < 1, alors λ(t) décroît lorsque t croît.
Lorsque 1< β < 2, alors λ(t) croît lorsque t croît.
Exemple : un composant mécanique possède une durée de vie qui suit la loi de Weibull avec t o = 0 ; β=0,25
et T = 120 heures.
Déterminons le temps moyen entre défaillances.
MTBF = μ = to + T.Г (1/β +1)
= 0 + 120.Г (1/0,25 + 1) = 120.Г (4+1) = 120.(4!) = 2880 heures
Quelle est la probabilité que le composant tombe en panne avant 3600 heures ?
F(t) = F(3600) = 1 – exp [- (3600/120)0,25] = 1 – e-2,34 = 1 – 0,0963 = 0,9037 (soit 90,37%)
F(t) = 1 – exp [- (t / T) β]
[ ] [ ( )] [ ( ) ( )]
β −1 β 1 /2
β t t 2 1
f(t)= exp − T= Г +1 −Г 2 + 1
T T T β β
Paramètres Valeur moyenne
T : paramètre d’échelle (T > 0)
β est le paramètre de forme (β > 0),
( 1β +1)
sans unités.
μ = T.Г
[ ( )] [ ( )]
β
t 1
β
[]
R(t) = 1 – F(t) = exp − = −
T f (t ) β t β −1
T e λ(t) = =
R (t) T T