Grippe
Grippe
Grippe
Grippe
Actualités 2022
Professeur Pierre Aubry, Docteur Bernard-Alex Gaüzère. Texte revu le 11/01/2023
www.medecinetropicale.com
1. Introduction
Les épidémies de grippe ont pour principale caractéristique d'être imprévisibles. Un nouveau
virus A (H1N1) a émergé au Mexique en mars 2009 chez le porc, puis chez l’homme
obligeant l’OMS a lancer dès le 25 avril une alerte mondiale pour la grippe, alors que les
autorités sanitaires internationales s'attendaient à une pandémie de grippe A(H5N1), dite
« grippe du poulet », à la suite des flambées de grippe aviaire survenues en Asie depuis
2007.
Actuellement, c’est la grippe saisonnière qui continue à circuler dans le monde entier,
provoquée par trois types de virus grippaux : deux virus de type A, A(H1N1)pdm09 et
A(H3N2) et les virus de la grippe B et très rarement par les virus de la grippe C.
Quelques dates :
- quatre grandes pandémies ont eu lieu depuis un siècle : en 1918-1919, la pandémie de
grippe espagnole (A H1N1) avec environ 50 millions de morts ; en 1957, la pandémie de
grippe asiatique (A H2N2) ; en 1968, la pandémie de grippe de Hong-kong (A H3N2) ; en
2009, la pandémie de grippe mexicaine ou grippe porcine (A H1N1) ;
- l’isolement du virus de la grippe humaine en 1933 ;
- le vaccin contre la grippe en 1942 ;
- la mise en place par l’OMS du Réseau mondial de surveillance de la grippe en 1952 ;
- la mise sur le marché des antiviraux inhibiteurs de la neuraminidase en 2000.
La grippe est une maladie virale due au virus influenza. Le virus est composé d’un génome à
ARN et d’une enveloppe constituée d’une couche protéique interne (M) et d'une couche
lipidique externe dans laquelle sont ancrés des spicules glycoprotéiques : hémagglutinine
(HA) et neuraminidase (NA) qui jouent une rôle essentiel dans les phénomènes de relation
avec les cellules et dans les réponses immunitaires (figure 1).
1
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
Les virus de type A sont les plus pathogènes et sont responsables des grandes pandémies.
Ils peuvent toucher l'homme, ainsi que d'autres espèces animales comme les oiseaux et les
porcs qui constituent leur réservoir naturel. Selon la nature des antigènes de surface HA et
NA, on distingue plusieurs sous-types, dont 18 sous-types d’hémagglutinine et 11 sous-
types de neuraminidase.
Les virus de type B sont plus faiblement épidémiques. Ils ne sont pas classés en sous-types.
Ils peuvent être divisés en deux groupes ou lignées : lignée B/Yamagata et lignée B/Victoria.
On ne les trouve que chez l'homme.
Les virus de type C se manifestent sous forme sporadique, Ils sont très rarement observés
et ne causent que des infections bénignes. Ils peuvent toucher les hommes et les porcs.
Les virus de la grippe saisonnière sont les virus A(H1N1), A(A3N2) et les virus B.
Le virus A(H1N1) est aussi écrit A(H1N1)pdm09 puisqu’il a été à l’origine de la pandémie de
2009 et a ensuite remplacé le virus A(H1N1) de la grippe saisonnière qui circulait avant 2009
Les virus A(H5) [A(H5N1), 4(H5N2), A(H5N5), A(H5N6), A(H5N8)] sont les virus de la grippe
aviaire, ainsi que les virus A(H7) [A(H7N9) et A(H7N2) et les virus A(H9N2).
Les variants des virus grippaux A(H1)(v) [A(H1N1)v, A(H1N2)v] et A(H3N2)v circulent dans
les populations porcines de nombreuses régions du monde.
Les virus grippaux zoonotiques, virus aviaires et virus porcins, sont les agents des grippes
zoonotiques.
3. La grippe saisonnière
Lorsqu’on évoque la grippe, on pense d’abord à la grippe saisonnière qui sévit chaque
année dans l’hémisphère Sud pendant la saison fraîche (de février à septembre) et dans
l’hémisphère Nord pendant les mois froids (de novembre à avril).
Chaque année, environ 3 à 5 millions de cas graves de grippe saisonnière et 250 000 à 500
000 décès sont rapportés dans le monde. La mortalité serait sous-estimée.
Début 2009, l’OMS a lancé une alerte mondiale pour la grippe due à un nouveau virus de
sous-type A(H1N1). En juin, l’épidémie s’était rapidement étendue au monde et l’OMS parlait
de pandémie. La grippe serait partie d’un élevage industriel de porcs au Mexique (on
l’appelle grippe mexicaine ou grippe porcine). Le virus A(H1N1) a remplacé le virus A (H1N1)
de la grippe saisonnière qui circulait avant 2009 et s’écrit désormais A(H1N1)pdm09 (pdm
pour pandémique). Il ne s’agit plus d’un virus zoonotique mais d’un virus saisonnier.
Entre février et septembre 2020, les virus grippaux A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B ont co-
circulé dans le monde dans des proportions variables selon les régions. Entre février et mars
2020, l’activité grippale a été élevée dans les pays de l’hémisphère Nord, puis a rapidement
diminué à partir de la mi-mars dans le monde entier. L’activité grippale a été globalement
faible dans les pays tropicaux. La grippe A(H1N1)pdm09 a prédominé. Peu ou pas de
détections des virus grippaux ont été rapportés d’avril à septembre 2020. A l’échelle
mondiale, depuis septembre 2020, le pourcentage de positivité pour les virus de la grippe
dans tous les échantillons testés était inférieur à 0,2%, alors qu’au cours de la même période
de référence des trois saisons précédentes (de 2017 à 2020), il était de 17%.
L’émergence de la propagation de la COVID-19 a coïncidé avec la saison grippale au début
2020.
Entre septembre 2020 et janvier 2021, des virus de la grippe A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B
ont circulé en très faible nombre. À l’échelle mondiale, depuis septembre 2020, l’activité
2
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
grippale a été principalement signalée dans les pays des zones tropicales et subtropicales et
dans certains pays de la zone tempérée de l’hémisphère Nord.
La période 2020-2021 a donc été marquée par une circulation restreinte des virus grippaux.
Plusieurs facteurs ont probablement joué un rôle dans le déclin très prononcé de la
circulation des virus grippaux, comme les mesures barrières et les changements de
comportements en réponse à la pandémie de COVID-19, en complément de la vaccination
antigrippale. Nous ne savons pas si l’infection à SARS-Cov-2 a, par elle-même, cogérer une
protection contre la grippe, par un mécanisme d’interférence virale.
Au cours de la période allant du 1er février au 31 août 2021, le nombre de virus grippaux a
été considérablement réduit par rapport aux années précédentes.
Entre septembre 2021 et janvier 2022, un faible nombre de cas de grippe a été notifié dans
l’hémisphère Nord. Néanmoins, un certain nombre de pays ont signalé des épidémies et
l’activité grippale a été davantage détectée au cours de la saison 2021-2022 que pendant la
saison grippale 2020-2021.
Entre février et août 2022, une activité grippale a été signalée dans toutes les régions de
l’Hémisphère Sud. Cette activité demeurait globalement inférieure à celle des années
antérieures à la pandémie de COVID-19. Il s’agit toutefois de la plus forte activité enregistrée
sur cette période de l’année depuis le début de la pandémie.
L’épidémie de grippe qui touche l’hémisphère Nord depuis décembre 2022 est
exceptionnellement précoce et intense. Le virus majoritaire est le virus A(H3N2).
3.1- Transmission
La grippe saisonnière est une maladie très contagieuse, à transmission interhumaine, directe
par voie aérienne, se propageant facilement de personne à personne par les gouttelettes
projetées dans l’air par une personne infectée qui tousse ou éternue. La propagation est
fréquente dans les collectivités (maisons de retraite, écoles…) de personne à personne. Le
virus peut aussi se propager par les mains.
3.2- Clinique
Le diagnostic de la grippe saisonnière est clinique caractérisé, après une incubation très
courte (1 à 2 jours), par deux phases : une phase d’invasion avec fièvre et malaise général,
une phase d’état avec un contraste entre les signes généraux toujours intenses (fièvre à 40
°C), le syndrome douloureux diffus et la pauvreté des signes physiques.
Chez les groupes à risque, enfants de 6 mois à 5 ans, personnes âgées de 65 ans ou plus,
femmes enceintes, immunodéprimés, sont observées des formes graves et des formes
compliquées. Les complications sont respiratoires (bronchite aiguë, pneumonie virale ou
bactérienne de surinfection), oto-rhino-laryngologiques (otite moyenne aiguë chez l’enfant),
neurologiques. La fréquence des complications neurologiques chez l’enfant est de l’ordre de
7 à 10 %. Les deux plus fréquentes sont les convulsions et les encéphalopathies. Plus rares
sont les syndromes démyélinisants, les chocs ischémiques ou hémorragiques et le
syndrome de Guillain-Barré. Une complication grave, qui serait liée à la prise de salicylés,
est le syndrome de Reye chez l’enfant. Dans les pays en développement, la majorité des
décès chez les enfants de moins de 5 ans sont dus à des infections respiratoires.
3
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
3.3. Diagnostic
Le diagnostic clinique, hors période épidémique, est difficile, car de nombreux agents
pathogènes peuvent provoquer des syndromes grippaux. Ce sont des virus, comme le virus
respiratoire syncitial (VRS), les virus para-influenza, les virus de la dengue ;mais aussi des
bactéries, comme Mycoplasma pneumoniae, Coxiella burnetti ou Chamydia sp., et depuis fin
2019-début 2020, le SRAS-CoV-2, agent de la COVID-19.
Un double test détectant les antigènes du Covid ainsi que les antigènes de la grippe ont été
développés, ainsi qu’un triple test permettant de dépister en même temps grippe, Covid-19
et VRS.
3.4. Traitement
Administrés dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes, les antiviraux peuvent
éviter les complications et les décès. Les médicaments prescrits sont des inhibiteurs de la
neuraminidase : le zanamivir (Relenza®) et l’oséltamvir (Tamiflu®). D’autres inhibiteurs de la
neuraminidase sont homologués dans plusieurs pays : le péramivir (Alpivab®,) le baloxavir
marboxil (Xofluza®) et le laninamivir (en phase III).
La majorité des virus grippaux actuellement en circulation sont résistants aux inhibiteurs de
la protéine M2 (amantadine et rémantadine) qui ne doivent plus être employés.
L’administration de Tamiflu® aussitôt que possible est recommandée pour les patients
hospitalisés pour une grippe sévère confirmée ou suspectée, ou à risque élevé de
complications et peut être envisagée pour les patients symptomatiques si le traitement peut
être initié dans les 48 heures suivant le début clinique.
En pratique, l’utilisation large du Tamiflu® n’est pas à recommander, la maladie étant en
général spontanément résolutive. L’intérêt du traitement est par contre manifeste pour les
patients les plus sévèrement atteints, les plus âgés, avec des comorbidités, Les malades
atteints de formes graves de grippe doivent être hospitalisés dans un service de soins
intensifs.
Le Tamiflu® se présente en gélules de 30, 45 et 75 mg et en poudre pour suspension
buvable à 6 mg/ml. La posologie est de 75 mg deux fois par jour chez l’adulte et les
adolescents de 13 ans et plus pendant 5 jours. La posologie pédiatrique est adaptée au
poids (par exemple : 15 mg 2 fois par jour si le poids est de 5 kg ; 30 mg 2 fois par jour si le
poids est de 10 kg) pendant 5 jours.
4
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
3.5. Prévention
L’OMS recommande que les vaccins trivalents destinés à être utilisés pendant la saison
grippale 2023 dans l’hémisphère Sud contiennent :
- un virus du type A /Sydney/S/2021 (H1N1) pdm09;
- un virus de type A/Darwin/9/2021 (H3N2) ;
- un virus de type B/Austria/1359417/2021 (lignée B/Victoria).
L’OMS recommande que les vaccins quadrivalents destinés à être utilisés pendant la saison
grippale 2023 dans l’hémisphère Sud contiennent :
- un virus du type A//Sydney/S/2021(H1N1) pdm09 ;
- un virus de type A/Darwin/9/2021 (H3N2) ;
- un virus de type B/Austria/1359417/2021 (lignée B/Victoria) ;
- un virus de type B/Phuket/3073/2013 (lignée B/Yamagata).
L’OMS recommande que les vaccins trivalents destinés à être utilisés pendant la saison
grippale 2022-2023 dans l’hémisphère Nord contiennent :
- un virus de type A/Victoria/2570/2019 (H1N1)pdm09 ;
- un virus de type A/Darwin/9/2021 (H3N2) ;
- un virus de type B/Austria/1359417/2021 (lignée B/Victoria).
L’OMS recommande que les vaccins trivalents destinés à être utilisés pendant la saison
grippale 2022-2023 dans l’hémisphère Nord contiennent
- un virus de type A/Victoria/2570/2019 (H1N1)pdm09 ;
- un virus de type A/Darwin/9/2021 (H3N2) ;
- un virus de type B/Austria/1359417/2021 (lignée B/Victoria).
- un virus de type B/Phuket/3073/2013 (lignée/B/Yamagata).
Il s’agit ici des vaccins produits à partir de virus propagés sur œufs. Les vaccins produits à
partir de virus propagés en culture cellulaire ou recombinants différent : le virus de type
A/Wisconsin/588/2019 (H1N1) pdm09 remplace le virus de type A/Victoria/2570/2019
(H1N1)pdm09.
5
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
- les professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des
personnes à risque de grippe sévère.
Le schéma vaccinal comporte une injection au début de l'automne dans l’hémisphère Nord
ou de la saison fraîche dans l’hémisphère Sud, à renouveler chaque année.
Les contre-indications se limitent aux allergies aux protéines de l’œuf et aux conservateurs
présents dans les vaccins. Les effets indésirables sont des réactions locales au point
d’injection, des réactions fébriles et des céphalées dans les deux jours suivant l’injection.
En prévention, le Tamiflu® est indiqué après un contact étroit avec une période infectée
(prophylaxie post-exposition) à la posologie de 75 mg deux fois par jour pendant 10 jours ou
en période épidémique à la posologie de 75 mg une fois par jour pour une période de
traitement allant jusqu’à 6 semaines (dose adulte et adolescent de plus de 40 kg). Chez le
nourrisson de 0 à 12 mois, la posologie est de 3 mg/kg une fois par jour pendant 10 jours en
prophylaxie post-exposition ou en cas de pandémie grippale (durée non précisée). Chez
l’enfant d’un à douze ans, la posologie est adaptée au poids.
4.1. Transmission
La majorité des grippes zoonotiques sont des grippes aviaires, associées à des contacts
humains avec des volailles contaminées vivantes ou mortes ou à des environnements
contaminés par les volailles.
Depuis leur émergence en 1997, les virus de la grippe aviaire A(H5) hautement pathogènes
présentant le gène de l’hémagglutinine (HA) de la lignée A/goose/Guangdong/1/96 sont
devenus enzootiques dans certains pays, ont infecté les oiseaux sauvages et continuent de
provoquer des flambées épidémiques parmi les volailles, ainsi que des infections
sporadiques chez l’homme. Ces virus se sont diversifiés sur le plan génétique et antigénique,
ce qui impose de mettre au point plusieurs virus vaccinaux candidats.
Depuis février 2022, des virus A(H5) de la lignée A/goose/Guangdong/1/96 ont été détectés
chez des oiseaux domestiques et sauvages dans de nombreux pays et sporadiquement chez
des mammifères sauvages en Afrique, en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Un
nouveau virus vaccinal candidat est proposé analogue aux virus récemment en circulation en
Afrique de l’Ouest.
Les virus A(H3) sont présent chez les oiseaux dans de nombreuses régions du monde et
des virus A(H3N8) ont été signalés dans des marchés de volailles vivantes en Asie. Des
infections par des virus A(H3N8) ont été détectées chez des chiens, des chevaux, des porcs,
des ânes et des phoques. Les deux premiers cas de l’infection humaine ont été notifiés en
Chine, tous deux associés à une exposition à des volailles. Un nouveau virus vaccinal
candidat est proposé.
6
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
Des infections humaines par des virus grippaux aviaires A(H7N9) présentant le gène HA
de la lignée A/Anhui/1/2013 ont été notifiées pour la première fois à l’OMS le 31 mars 2013.
Aucune infection inhumaine par des virus A(H7), y compris le virus A(H7N9) de la lignée
A/Anhui/1/2013, n’a été détectée entre mars et septembre 2022. Aucun nouveau virus
vaccinal candidat n’a été proposé.
Les virus de la grippe A(H9N2) sont enzootiques chez les volailles dans certain es parties
de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient. Depuis que le premier cas d’infection humaine a
été identifié à la fin des années 1990, des détections sporadiques des virus A(H9N2) ont été
signalées dans des échantillons humains et porcins. Depuis février 2022, 6 infections
humaines ont été identifiées : 5 en Chine, 1 au Cambodge. Aucun nouveau virus vaccinal n’a
été proposé.
Les virus de la grippe A(H10) sont fréquemment détectés chez les oiseaux dans de
nombreuses régions du monde. Des infections humaines par les virus A(H10N8), A(H10N7)
et A(10N3) ont déjà été signalées. Un cas humain de grippe A(H10N3) a été identifié en
Chine. Aucun virus vaccinal candidat n’est proposé.
Les virus grippaux A(H1)v sont enzootiques parmi les populations porcines de la plupart
des régions du monde. Une infection humaine par un virus A(H1N1)v a été identifiée en
Allemagne et une autre en Chine. Cinq cas humains d’infections par les virus A(H1N2) ont
été notifiés par les USA. Aucun virus vaccinal candidat n’est proposé.
Les virus grippaux A(H3N2)v sont enzootiques parmi les populations porcines de la plupart
des régions du monde. Des infections humaines par les virus grippaux porcins (H3N2) ont
été documentées aux USA. La majorité des infections par les virus A(H3N2) a été détectée
aux USA où 444 cas au total ont été notifiés depuis 2005. Aucun virus vaccinal candidat n’est
proposé.
4.2. Clinique
Les manifestations cliniques des grippes zoonotiques dépendent des sous-types de virus en
cause.
Pour les infections à A(A5N1), la période d’incubation est de 2 à 5 jours en moyenne. Pour
les infections à A(H7N9), la période d’incubation est de 5 jours en moyenne. Pour les
infections à virus porcins, elle est de 2 à 7 jours.
Dans la grippe due aux virus aviaires A(H5) et A(H7N9), le début est brutal, avec une fièvre
élevée, une toux. Maux de gorge et rhinite sont inconstants. Une pneumopathie est
fréquente. D’autres symptômes, digestifs, épistaxis, douleurs thoraciques ont été rapportés.
Les surinfections bactériennes et le syndrome de défaillance multiviscérale sont cause de
décès.
Les cas humains dus à des virus grippaux porcins sont rares et pour la plupart bénins. Les
infections sévères qui ont été rapportées ont été d’évolution favorable sous traitement
antiviral.
4.3. Diagnostic
7
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
4.4. Traitement
L’oseltamivir (Tamiflu®) doit être prescrit aussi vite que possible dans les infections à A(H5)
et à A(H7N9) en raison de leur potentiel de gravité.
4.5. Prévention
Le vaccin trivalent ou quadrivalent contre la grippe saisonnière ne protège pas contre les
grippes aviaires.
Pour éviter l’infection, il faut respecter les règles suivantes :
- il ne faut pas fréquenter d’endroit où se trouvent des volailles et tous autres oiseaux vivants
ou morts : fermes, marchés, combats de coqs ;
- il faut éviter tout contact avec des surfaces souillées par les volailles ou leurs déjections ;
- il faut consommer volailles et œufs que très cuits (> 70 °C) ;
- il faut respecter les règles d’hygiène classique, en particulier lavage fréquent des mains et
systématique avant toute manipulation d’aliments, avec du savon ou une solution hydro-
alcoolique.
Compte-tenu de la durée d’incubation, tout risque de grippe aviaire est écarté après dix jours
sans symptôme.
Le port de masque de protection est un élément prophylactique en cas d’épidémie
confirmée. La catégorie de masques recommandée pour se protéger est dite « FFP2 »
(masque jetable). Le masque peut être porté quelques heures. (4-6 heures).
5. Conclusion
Il est impératif de maintenir une vigilance de tous les instants et des pratiques de
surveillance, de lutte et de traitement appropriés permettant de maîtriser aussi bien les virus
de la grippe saisonnière que les virus zoonotiques, en particulier les virus aviaires.
Mais les virus de la grippe sont extrêmement labiles sur le plan antigénique et toute
« cassure » antigénique se traduit par l'apparition d'un nouveau sous-type du virus infectant
une population non immunisée et pouvant être cause d'une pandémie grippale.
Après deux ans d’activité grippale modérée, contemporaine de la COVID-19, l’épidémie
actuelle qui touche l’hémisphère Nord depuis décembre 2022 est exceptionnellement
précoce et intense.
Références
Leclercq I, Manuguerra JC. Grippe. EMC - Maladies infectieuses 2013 ; 10(3) : 1-19 [Article
8-069-A-10].
OMS. Centre des medias. Grippe (saisonnière) Aide-mémoire n° 211, novembre 2
OMS. Centre des medias. Grippe aviaire et autres grippes zoonotiques. Aide-mémoire. Mise
à jour, novembre 2016.
OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2017-
2018 dans l'hémisphère Nord. REH, 2017, 92, 117-128.-
OMS. Virus grippaux zoonotiques : caractéristiques génétiques et antigéniques et mise au
point de virus vaccinaux candidats pour se préparer à une pandémie. REH 2017 ; 92 : 129-
144.
8
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2018
dans l'hémisphère Sud. REH, 2017, 92, 625-633.
OMS. Virus grippaux zoonotiques. REH 2017 ; 92 :633-648.
OMS. Bilan de l’activité grippale mondiale d’octobre 2016 à octobre 2017. REH 2017 ; 92 :
761-779.
Danielle Iuliano A, Roguski KM, Chang HH et al. Estimates of global seasonal influenza-
associated respiratory mortality: a modelling study. The Lancet 2018 ; 391 : 1285-1300
- Uyeki TM, Fowler RA, Fisher WA, et coll. Gaps in the clinical management of influenza: a
century since the 1918 pandemic. Jama 2018; 320 : 755-756.
- Blot M, Chavanet P, Piroth L. La grippe : mise au point pour les cliniciens. Rev Med Interne.
2019; 40 : 158-165.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2020
dans l’hémisphère Sud. REH 2019 ; 94 : 473-485.
- OMS. Caractéristiques génétiques et antigéniques des virus zoonotiques de la grippe et
mise au pont de virus vaccinaux candidats en vue de la préparation à une pandémie. REH
2919 ; 94 : 485-495.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2020-
2021 dans l’hémisphère Nord. REH 2020 ; 95 :105-116.
- Chow EJ et coll. Respiratory and non respiratory diagnoses associated with influenza in
hospitalized adults. JAMA New open 2020 ; 3 : e201323.
- OMS. Interprétation des données de surveillance de la grippe dans le contexte de la
pandémie de COVID-10. REH 2020 ; 95 : 409-416.
- OMS. Caractéristiques antigéniques et génétiques des virus grippaux A zoonotiques et
mise au point de virus vaccinaux candidats pour se préparer à une pandémie. REH 2020 ;
95 : 525-538.
- OMS. Recommandations du SAGE de l’OMS pour la vaccination contre la grippe
saisonnière pendant la pandémie de COVID-19. REH 2020 ; 95 : 539-544.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2021
dans l’hémisphère Sud. REH 2020 ; 95 : 497-508.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2021-
2022 dans l’hémisphère Nord. REH 2021 ; 96 : 77-88.
- OMS. Caractéristiques génétiques et antigéniques des virus grippaux A zoonotiques et
mise au point de virus vaccinaux candidats pour se préparer à une pandémie. REH 2021 ;
96 : 89-104.
- OMS. Neuvième réunion du groupe de travail d’’experts de l’OMS sur la surveillance de la
sensibilité aux antiviraux dans le cadre du système mondial de surveillance de la grippe et
de riposte. REH 2021 ; 96 : 113-115.
- OMS. Bilan de la circulation mondiale de la grippe entre fin 2019 et fin 2020 et effets de la
pandémie du COVID-19 sur la circulation de la grippe. REH 2021 ; 96 : 241-264.
- Franki S et coll. Influenza-associated neurologic complications in hospitalized children. J.
Padiatr 2021; 239 : 24-31.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2021-
2022 dans l’hémisphère Nord. REH 2021, 96, 77-88.
- OMS. Bilan de la circulation de la grippe entre fin 2019 et fin 2020 et effets de la pandémie
de COVID-19 sur la circulation de la grippe. REH 2021 ; 96 : 241-264.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2022
dans l’hémisphère Sud. REH 2021, 96, 509-520.
- OMS. Caractéristiques génétiques et antigéniques des virus grippaux A zoonotiques et
mise au point de virus vaccinaux candidats pour se préparer à une pandémie. REH 2021 ;
96 : 521-536.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2022
2023 dans l’hémisphère Nord. REH 2022, 97, 109-119.
- OMS. Sensibilité aux antiviraux dans la cadre du Système mondial de surveillance de la
grippe et riposte. REH 2022 ; 97 : 133-136
9
Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)
- OMS. Vaccins antigrippaux : note de synthèse de l’OMS – mai 2022. REH 2022 ; 97 : 185-
208.
- OMS. Composition recommandée des vaccins antigrippaux pour la saison grippale 2023
dans l’hémisphère Sud. REH 2022, 97,537-550
- OMS. Caractéristiques génétiques et antigéniques des virus grippaux A zoonotiques et
mise au point de virus vaccinaux candidats pour se préparer à une pandémie. REH 2022 ;
97 : 550-566.
10