4.1 Limites Des Fonctions Numériques

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 19

Thierry Champion - Univ.

Toulon - 2017/2018 36

4 Etude des fonctions numériques


4.1 Limites des fonctions numériques

Dans ce qui suit, f : R �→ R est une fonction numérique définie sur son ensemble de définition D f .

Définition 36 (limite en un point). Soit l un nombre réel. On dit que la limite de f en a est
égale à l si
∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x ∈ Df , |x − a| < δ =⇒ |f (x) − l| < ε.
Dans ce cas, on note lim f (x) = l.
x→a
On dit que la limite de f en a est égale à +∞ si

∀M ∈ R, ∃δ > 0, ∀x ∈ Df , |x − a| < δ =⇒ f (x) > M.

Dans ce cas, on note lim f (x) = +∞.


x→a
On dit que la limite de f en a est égale à −∞ si

∀M ∈ R, ∃δ > 0, ∀x ∈ Df , |x − a| < δ =⇒ f (x) < M.

Dans ce cas, on note lim f (x) = −∞.


x→a

Notation 13. Par abus de langage, on dit souvent la limite de f (x) quand x tend vers a plutôt
que la limite de f en a.

Remarque 31. Au lycée, on dit que la limite de f en a est égale à l si tout intervalle ouvert I
qui contient l contient toutes les valeurs f (x) lorsque x est suffisamment proche de a. La définition
ci-dessus exprime cette condition en termes mathématiques précis.

Exemple 54. On a les limites classiques suivantes :


sin(x) 1−cos(x) 1 ln(1+x) (1+x)α −1
lim x = 1; lim x2
= 2; lim x = 1; ∀α ∈ R, lim x = α
x→0 x→0 x→0 x→0

Remarquez qu’aucune de ces fonctions n’est définie � en


� 0, ce qui n’empêche pas de calculer une limite.
1
Par contre la fonction définie sur R par x �→ cos x n’a pas de limite en 0 : quand x s’approche de

0, elle oscille "de plus en plus vite" entre −1 et 1.

Définition 37 (limite en un point par valeurs supérieures ou inférieures). Dans cette définition l
désigne soit un nombre réel, soit +∞ ou −∞.
On dit que la limite de f en a par valeurs supérieures est égale à l si la restriction de f à
[a, +∞[ a pour limite l quand x tend vers a. Dans ce cas on note

lim f (x) = l ou lim f (x) = l


x→a x→a+
x≥a
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 37

On dit que la limite de f en a par valeurs inférieures est égale à l si la restriction de f à


] − ∞, a] a pour limite l quand x tend vers a.

lim f (x) = l
x→a
ou lim f (x) = l
x→a−
x≤a

Remarque 32. Lorsqu’on étudie la limite de f en a par valeurs supérieures (ou inférieures), on ne
s’intéresse donc qu’aux valeurs de f (x) pour x proche de a et supérieur à a. Cela permet souvent
de préciser des comportements de f (x) qui peuvent être différents selon que x s’approche de a par
au-dessus ou par au-dessous, comme pour la fonction inverse en 0 puisque :
1 1 1 1
lim = lim = +∞ et lim = lim = −∞
x→0 x x→0+ x x→0 x x→0− x
x≥0 x≤0

Exemple 55. Pour la fonction Logarithme Népérien, on a lim ln(x) = −∞.


x→0+

Définition 38 (limite en +∞). Soit l un nombre réel. On dit que la limite de f en +∞ est
égale à l si
∀ε > 0, ∃A ∈ R, ∀x > A, |f (x) − l| < ε.
Dans ce cas, on note lim f (x) = l.
x→+∞
On dit que la limite de f en +∞ est égale à +∞ si

∀M ∈ R, ∃A ∈ R, ∀x > A, f (x) > M.

Dans ce cas, on note lim f (x) = +∞.


x→+∞
On dit que la limite de f en +∞ est égale à −∞ si

∀M ∈ R, ∃A ∈ R, ∀x > A, f (x) < M.

Dans ce cas, on note lim f (x) = −∞.


x→+∞

On définit de même la notion de limite en −∞ :

Définition 39 (limite en −∞). Soit l un nombre réel. On dit que la limite de f en −∞ est
égale à l si
∀ε > 0, ∃A ∈ R, ∀x < A, |f (x) − l| < ε.
Dans ce cas, on note lim f (x) = l.
x→−∞
On dit que la limite de f en −∞ est égale à +∞ si

∀M ∈ R, ∃A ∈ R, ∀x < A, f (x) > M.

Dans ce cas, on note lim f (x) = +∞.


x→−∞
On dit que la limite de f en −∞ est égale à −∞ si

∀M ∈ R, ∃A ∈ R, ∀x < A, f (x) < M.

Dans ce cas, on note lim f (x) = −∞.


x→−∞
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 38

Remarque 33. Comme en terminale, le fait que la limite de f en +∞ est égale à l correspond au cas
où tout intervalle ouvert qui contient l contient toutes les valeurs de f (x) lorsque x est suffisamment
grand (où suffisamment grand pourrait se dire "suffisamment proche de +∞").

Exemple 56. On a aussi les limites suivantes :


� �x
α
lim ln(x) = +∞; lim ex = 0; lim ex = +∞; lim 1+ = eα
x→+∞ x→−∞ x→+∞ x→+∞ x

4.2 Règle de calcul des limites

On a les règles de calcul suivantes.


4.1. Propriété – opérations sur les limites.
On désigne par a soit un nombre réel, soit +∞ ou −∞. Soit f et g deux
fonctions numériques ayant chacune une limite en a, alors on a les égalités
suivantes, à condition que la quantité de droite existe :
• lim f (x) + g(x) = lim f (x) + lim g(x)
x→a x→a x→a
• lim f (x)g(x) = lim f (x) × lim g(x)
x→a x→a x→a
f (x) limx→a f (x)
• lim =
x→a g(x) limx→a g(x)

Exemple 57. Grâce aux règles de calcul ci-dessus, on obtient par exemple

lim x ln(x) = lim x × lim ln(x) = (+∞) × (+∞) = +∞


x→+∞ x→+∞ x→+∞

ln(x)
Le résultat précédent ne permet pas de calculer lim , cependant on connait la limite de
x→+∞ x
cette forme indéterminée, ainsi que d’autres croissances comparées entre polynômes, logarithme et
exponentielle :
4.2. Propriété – croissances comparées polynômes /exp / ln.
Pour tout α > 0 on a
ln(x) ex
lim xα ln(x) = 0; lim = 0; lim xα ex = 0; lim = +∞;
x→0+ x→+∞ xα x→−∞ x→+∞ xα

ln(x)
Exemple 58. Par exemple, lim = 0 et lim x ln(x) = 0
x→+∞ x x→0+

Remarque 34. Comme pour les suites, la limite du quotient de deux polynômes est celle de la limite
du quotient des deux termes de plus haut degré :


 0 si k <l

ak + ak−1
xk + . . . + a0
xk−1 ak xk  ak si k =l
lim = lim = bk
x→+∞ bl xl + bl−1 xl−1 + . . . + b0 x→+∞ bl xl 

 +∞ si k > l et ak du même signe que bl

−∞ si k > l et ak du signe contraire de bl .
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 39

4.3. Propriété – composition des limites.


Soit a et l désignant chacun soit un nombre réel, soit +∞ ou −∞. Si on
suppose que la limite de f en a vaut l et que g a une limite en l alors la
fonction g ◦ f a une limite en a qui est

lim g ◦ f (x) = lim g(y).


x→a y→l

Exemple 59. Soit a un nombre réel, alors si on considère la fonction f : x �→ 2x, la limite de f en a
est 2a, et si la fonction g a une limite en 2a on peut écrire

lim g ◦ f (x) = lim g(2x) = lim g(x).


x→a x→a x→2a

De même, dans ce cas la limite de f en +∞ est +∞, et si la fonction h a une limite en +∞ on peut
écrire
lim h ◦ f (x) = lim h(2x) = lim h(x).
x→+∞ x→+∞ x→+∞

Exemple 60. On peut par exemple retrouver la limite


� �x
α
lim 1+ = eα
x→+∞ x
à partir de la limite
lim ln(1+x)
x = 1
x→0

4.4. Propriété – lien avec les suites.


On désigne par l soit un nombre réel, soit +∞ ou −∞. Soit (xn ) une suite qui
tend vers l, si on suppose que f a une limite en l, alors la suite (f (x n ))n∈N
tend vers la limite de f en l :

lim f (xn ) = lim f (y).


n→+∞ y→l

sin(x)
Exemple 61. En se rappelant que lim x = 1 on peut obtenir
x→0
� � � �
2π 2π
lim n sin = lim n tan = 2π
n→+∞ n n→+∞ n
ce qui permet de calculer le périmètre du cercle.
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 40

4.5. Théorème – des gendarmes.


On désigne par a soit un nombre réel, soit +∞ ou −∞ et I un intervalle ouvert
qui contient a (dans le cas où a est un nombre réel) ou de la forme ]b, +∞[ (si
a = +∞) ou de la forme ] − ∞, b [ (si a = −∞). On considère trois fonctions
numériques f , g et h pour lesquelles

∀x ∈ I, f (x) ≤ g(x) ≤ h(x)

Si f et h ont la même limite en a, alors g a pour limite en a cette valeur


commune :
lim f (x) = lim g(x) = lim h(x)
x→a x→a x→a

� �
1
Exemple 62. On peut ainsi calculer lim x sin .
x→0 x

Remarque 35. Dans le cas où a ∈ R et où on veut calculer la limite en a par valeurs supérieures
grâce au théorème des gendarmes on procède de la manière suivante : on applique le théorème des
gendarmes aux restrictions f| [a,+∞[ , g| [a,+∞[ et h| [a,+∞[ des fonctions f , g et h à [a, +∞[ , et il suffit
d’appliquer ce théorème à ces nouvelles fonctions. Cela revient en fait à vérifier que

∀x ∈ I ∩ [a, +∞[ , f (x) ≤ g(x) ≤ h(x)

ce qui signifie que ces inégalités doivent être vérifiées uniquement pour les x supérieurs à a. Dans le
cas où on veut calculer la limite en a par valeurs inférieures on raisonne de la même façon avec les
restrictions à ] − ∞, a] .

4.6. Théorème – Comparaison.


On désigne par a soit un nombre réel, soit +∞ ou −∞ et I un intervalle ouvert
qui contient a (dans ce cas où a est un nombre réel) ou de la forme ]b, +∞[ (si
a = +∞) ou de la forme ] − ∞, b [ (si a = −∞). On considère deux fonctions
numériques f et g pour lesquelles

∀x ∈ I, f (x) ≤ g(x)

Si f et g ont chacun une limite en a, alors on peut écrire :

lim f (x) ≤ lim g(x)


x→a x→a

Exemple 63. On applique souvent ce résultat dans le cas où on sait que f (x) ≥ 0 pour tout x ∈ I :
on peut alors conclure que si f a une limite en a alors lim f (x) ≥ 0.
x→a
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 41

4.3 Application à l’étude des asymptotes

4.3.1 asymptote verticale en un point

Définition 40. Soit f une fonction numérique et a un nombre réel. On dit que f a pour asymp-
tote verticale la droite d’équation x = a si lim f (x) = +∞ ou lim f (x) = −∞.
x→a x→a

Exemple 64. La fonction x �→ ln(x) a pour asymptote verticale la droite d’équation x = 0. La


fonction x �→ x1 a pour asymptote verticale la droite d’équation x = 0 par valeurs supérieures (+∞ en
0+ ) et inférieures (−∞ en 0− ).

4.3.2 asymptote en ±∞
D’un point de vue général, la droite d’équation y = ax + b est une asymptote à la courbe représen-
tative de f en +∞ (ou −∞) si
lim f (x) − (ax + b) = 0
x→+∞

(ou limite en −∞), ce qui signifie que la courbe représentative de f se rapproche de la droite en +∞
(respectivement −∞). On introduit aussi les notions un peu plus subtiles de direction asymptotique.

Définition 41. Soit f une fonction numérique et b un nombre réel. On dit que f a pour asymptote
horizontale en +∞ la droite d’équation y = b si lim f (x) = b.
x→+∞
De même, on dit que f a pour asymptote horizontale en −∞ la droite d’équation y = b si
lim f (x) = b
x→−∞

1
Exemple 65. La fonction x �→ x a pour asymptote horizontale en −∞ et en +∞ la droite d’équation
y = 0.

Définition 42. Soit f une fonction numérique dont la limite en +∞ est +∞ ou −∞. On dit que
f (x)
f a pour direction asymptotique en +∞ la droite d’équation y = 0 si lim = 0.
x→+∞ x
f (x)
On dit que f a pour direction asymptotique en +∞ la droite d’équation x = 0 si lim =
x→+∞ x
f (x)
+∞ ou lim = −∞.
x→+∞ x
On définit de la même manière les notions de direction asymptotique en −∞

Exemple 66. La fonction x �→ ln(x) a pour direction asymptotique en +∞ la droite d’équation y = 0.


La fonction x �→ x3 a pour direction asymptotique en +∞ et en −∞ la droite d’équation x = 0.

Définition 43. Soit f une fonction numérique, on dit que f a pour asymptote en +∞ la droite
d’équation y = ax + b si

f (x)
lim = a et lim f (x) − ax = b
x→+∞ x x→+∞
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 42

où a est un nombre réel non nul et b est nombre réel. De même, on dit que f a pour asymptote en
−∞ la droite d’équation y = ax + b si
f (x)
lim = a et lim f (x) − ax = b
x→−∞ x x→−∞

où a est un nombre réel non nul et b est nombre réel.

+2x 2
Exemple 67. La fonction x �→ x1+|x| a pour asymptote en +∞ la droite d’équation y = x + 1 et pour
asymptote en −∞ la droite d’équation y = −x − 3 :
y

y =x+1
5
x2 +2x
y= 1+|x|
y = −x − 3 4

−7 −6 −5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 x
−1

−2

4.4 Continuité

Définition 44. Soit f une fonction numérique et a un nombre réel. On dit que f est continue
en a (ou continue au point a) si lim f (x) = f (a).
x→a
Soit I un intervalle de R, on dit que f est continue sur I si elle est continue en tout point de I.
Enfin on dit que f est continue si elle est continue en tout point de son ensemble de définition.

Remarque 36. Le fait que f est continue en a indique que les valeurs f (x) se rapprochent de f (a)
lorsque x se rapproche de a.
En terme de représentation graphique, le fait que f soit continue sur un intervalle permet de tracer
son graphe sur cet intervalle "sans lever le stylo".

Exemple 68. Toutes les fonctions qu’on a étudiées jusqu’à maintenant, et celles qu’on étudiera par
la suite, sont continues sur leur ensemble de définition, sauf la fonction partie entière :
x �→ f (x) = n où n est l’entier relatif tel que n ≤ x < n + 1
qui n’est pas continue aux points entiers relatifs (les éléments de Z). Pour tracer le graphe de cette
fonction, il faut "lever le stylo".
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 43

Exemple 69. Soit f une fonction numérique et (xn )n∈N la suite récurrente définie par le procédé
itératif �
x0 fixé
pour tout n ≥ 0, xn+1 = f (xn ).
Si on suppose que f est continue et que (xn )n∈N tend vers une limite réelle l, on retrouve le fait que
f (l) = l (on dit que l est un point fixe de f ) à partir de la définition de la continuité et de la propriété
reliant les limites de fonctions aux limites de suites 4.4.

Définition 45. Soit f une fonction numérique définie sur Df et a ∈ / Df un nombre réel pour lequel
f n’est pas définie. Soit l un nombre réel, on suppose que lim f (x) = l. On appelle prolongement
x→a
par continuité de f en a la fonction g définie par

f (x) si x ∈ Df ,
x �→ g(x) =
l si x = a,

sin(x)
Exemple 70. Prolongement par continuité en 0 de la fonction x �→ x définie sur R∗ .

Exemple 71. Soit a > 0, on peut prolonger par continuité en 0 la fonction x �→ a x qui est définie sur
R∗+ = ]0, +∞[ .

On déduit des opérations sur les limites le résultat suivant :


4.7. Propriété – opérations sur les fonctions continues.
Soit f et g deux fonctions numériques et I et J deux intervalles de R, alors :
• si on suppose f et g continues sur I alors les fonctions f + g et f × g
sont continues sur I ;
• si on suppose de plus que g ne s’annule pas sur I, alors la fonction fg est
continue sur I ;
• si on suppose que f est continue sur I, que l’image f (I) de I par f est
incluse dans J et que g est continue sur J alors g ◦ f est continue sur I.

Exemple 72. La fonction logistique x �→ ex


1+ex est continue sur R.

Une propriété essentielle des fonctions continues est donnée par le théorème suivant :
4.8. Théorème – Valeurs intermédiaires.
Soit I un intervalle de R et soit f une fonction continue, alors l’image f (I) de
I par f est un intervalle.
On rappelle que par définition les intervalles de R sont les ensembles de la forme :

(a, b) ou ] − ∞, a) ou (a, +∞[

où les parenthèses peuvent être remplacées indifféremment par [ et ]. La propriété qui caractérise un
intervalle I est alors
∀a ∈ I, ∀b ∈ I, [a, b] ⊂ I
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 44

On applique en général le théorème des valeurs intermédiaires dans le cas particulier où I = [a, b] :
4.9. Théorème – Valeurs intermédiaires - résolution d’équation.
Si f est continue sur le segment [a, b] et si le réel α est entre les valeurs f (a)
et f (b) alors il existe au moins un nombre c dans le segment [a, b] tel que
f (c) = α. Autrement dit l’équation f (x) = α a au moins une solution.
Graphiquement, on se trouve dans la situation suivante :

y y = f (x)

f (b)

f (a)

a c b x

Première application : existence d’un zéro d’une fonction continue


Si f est continue sur le segment [a, b] et si f (a) et f (b) n’ont pas le même signe alors il existe un
réel c entre a et b tel que f (c) = 0. Un tel nombre est appelé zéro de la fontion f : c’est une solution
de l’équation f (x) = 0.

Exemple 73. La fonction polynôme f : x �→ x5 − 3x + 1 s’annule entre 0 et 1.

Deuxième application : existence d’un point fixe d’une fonction continue


Si f est continue sur le segment [a, b] et si on suppose que les deux images f (a) et f (b) sont dans
le segment [a, b] alors il existe un réel c entre a et b tel que f (c) = c. Un tel nombre est appelé point
fixe de la fontion f : c’est une solution de l’équation f (x) = x.
� �
Exemple 74. La fonction cosinus a un point fixe sur le segment 0, π2 .

Troisième application : le théorème de la bijection

Définition 46. Soit f une fonction numérique et I un intervalle, on dit que f est croissante sur
I si on a
∀x ∈ I, ∀y ∈ I, x ≤ y ⇒ f (x) ≤ f (y)
On dit f est strictement croissante sur I si on a

∀x ∈ I, ∀y ∈ I, x < y ⇒ f (x) < f (y)

On dit que f est décroissante sur I si on a

∀x ∈ I, ∀y ∈ I, x ≤ y ⇒ f (x) ≥ f (y)
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 45

On dit f est strictement décroissante sur I si on a

∀x ∈ I, ∀y ∈ I, x < y ⇒ f (x) > f (y)

On dit que f est strictement monotone sur I si elle est strictement croissante sur I ou strictement
décroissante sur I.

On a alors le théorème suivant :


4.10. Théorème – de la bijection.
Soit f une fonction numérique définie sur un intervalle I. Si on suppose que f
est continue et strictement monotone sur I alors f est une bijection de I sur
son image f (I).

Exemple 75. La fonction exp est une bijection de R dans R∗+ = ]0, +∞[ . La restriction de la fonction
inverse x �→ x1 à R∗+ = ]0, +∞[ est une bijection de R∗+ dans R∗+ .

Quatrième application : calcul du zéro d’une fonction continue


Soit f une fonction continue sur le segment [a, b] telle que f (a) et f (b) n’ont pas le même signe.
Pour calculer une solution de l’équation f (x) = 0 sur un segment [a, b], on emploie classiquement les
méthodes de dichotomie ou de la sécante, qui fonctionnent sur le modèle suivant :
1. on choisit une précision p > 0
2. on définit c = a
3. tant que |f (c)| > p on répète les opérations :
• on définit un nouveau point c dans l’intervalle ouvert ]a, b[ ,
• si f (a) et f (c) sont de signe différent on redéfinit b = c,
• si f (a) et f (c) sont de même signe on redéfinit a = c
4. on renvoie la valeur c.
La valeur c obtenue est alors une solution de f (x) = 0 à la précision p près, puisqu’on a

−p ≤ f (c) ≤ p

La difficulté se trouve dans la définition du nouveau point c à chaque étape :


2 .
• dans la méthode de la dichotomie, on choisit pour c le milieu de a et b, c’est-à-dire c = a+b
• dans la méthode de la sécante, à chaque étape on remplace f par la corde entre les points
(a, f (a)) et (b, f (b)), ce qui donne
af (b) − bf (a)
c=
b−a

Exemple 76. On cherche une solution de x2 = 2 avec la précision 0,1 dans le segment [1, 2].

4.5 Dérivée

Soit f une fonction numérique, et x0 et x1 deux réels auxquels f est définie. L’équation de la droite
passant par les points (x0 , f (x0 )) et (x1 , f (x1 )) est

f (x1 ) − f (xo )
y = (x − x0 ) + f (x0 )
x1 − x 0
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 46

f (x1 )−f (xo )


dont le coefficient directeur est x1 −x0 : ce nombre est appelé quotient différentiel de f entre
x0 et x1 .

Définition 47. On dit que f est dérivable en x0 si le quotient différentiel de f entre x0 et x a


une limite lorsque x tend vers x0 . Dans ce cas, cette limite est appelée dérivée de f en x0 , qu’on
note f � (x0 ), et on peut écrire :
f (x) − f (x0 )
f � (x0 ) = lim .
x→x0 x − x0
Si A est un ensemble, on dit que f est dérivable sur A si f est dérivable en tout point de A.
On dit que f est dérivable si f est dérivable en tout point de son domaine de définition : dans ce
cas sa fonction dérivée est la fonction notée f � qui à tout point x0 du domaine de définition de f
associe le nombre f � (x0 ).

y
y = f � (x0 )(x − x0 ) + f (x0 )

f (x1 )−f (x0 )


y= x1 −x0 (x − x0 ) + f (x0 )

y = f (x)

x0 x1 x

4.11. Propriété– Equation de la tangente.


Si f est dérivable en x0 , alors l’équation de la tangente au graphe de f au
point (x0 , f (x0 )) est

y = f � (x0 )(x − x0 ) + f (x0 )

Remarque 37. Puisque


f (x1 ) − f (x0 )
f � (x0 ) = lim
x1 →x0 x1 − x 0
on voit que l’équation de la tangente est la limite de celle de l’équation de la droite passant par
les points (x0 , f (x0 )) et (x1 , f (x1 )). En particulier, si la fonction f est dérivable en x0 alors elle est
continue en x0 .

Exemple 77. Les fonctions usuelles sont dérivables sur leur ensemble de définition, sauf :
√ 1
• la fonction f : x �→ x est dérivable sur ]0, +∞[ de dérivée f � (x) = √ .
2 x
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 47

• la fonction f : x �→ |x| est dérivable sur R∗ (tous les réels sauf 0) de dérivée

1 si x > 0
f (x) =

−1 si x < 0

Pour les autres fonctions usuelles, les dérivées à connaitre sont :


• pour tout entier n strictement positif, la dérivée de f : x �→ x n est f � (x) = nxn−1 qui est définie
sur R avec la convention x0 = 1.
1 −n
• pour tout entier n strictement positif, la dérivée de f : x �→ n est f � (x) = n+1 qui est définie
x x
sur R∗ .
• pour tout nombre a non nul, la dérivée de f : x �→ xa est f � (x) = axa−1 , qui est définie pour
x > 0.
• la dérivée de f : x �→ ex est f � (x) = ex sur R.
1
• la dérivée de f : x �→ ln(x) est f � (x) = sur ]0, +∞[ .
x
• la dérivée de f : x �→ cos(x) est f � (x) = − sin(x) sur R.
• la dérivée de f : x �→ sin(x) est f � (x) = cos(x) sur R.
• la dérivée de f : x �→ tan(x) est f � (x) = 1 + tan2 (x) sur R \ { π2 + kπ : k ∈ Z}.

4.12. Propriété– Autre écriture de la dérivée comme limite.


Si f est dérivable en x0 , alors on peut écrire la limite définissant la dérivée
sous la forme suivante :
f (x0 + h) − f (x0 )
f � (x0 ) = lim (1)
h→0 h

Exemple 78. On retrouve grâce à la formule (1) ci-dessus les limites classiques :

sin(x) ln(1 + x)
lim = sin� (0) = 1 et lim = ln� (1) = 1.
x→0 x x→0 x

4.13. Théorème– Règles de calcul des dérivées.


Si les deux fonctions f et g sont dérivables sur un intervalle I alors pour tout
x ∈ I on peut calculer :
• (f + g)� (x) = f � (x) + g � (x)
• si a ∈ R alors (af )� (x) = af � (x)
• (f × g)� (x) = f � (x)g(x) + f (x)g ��(x)�
1 � f � (x)
• si f ne s’annule pas sur I alors (x) = −
f f (x)2
� ��
f f (x)g(x) − g � (x)f (x)

• si g ne s’annule pas sur I alors (x) =
g g(x)2

ln(x)
Exemple 79. On calcule la dérivée de x �→ loga (x) = ln(a) .
Pour f (x) = x2 et g(x) = x3 on calculera les dérivées de f + g, f g et g.
f
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 48

Exemple 80. On peut calculer les dérivées des fonctions des examens de janvier et juin 2012 :
ex 2
f (x) = ; f (x) =
1+x 1 + ex

4.14. Théorème– Composée et réciproque.


Soit I un intervalle de R.
• Si la fonction f est dérivable sur I et la fonction g est dérivable sur f (I)
alors la fonction g ◦ f : x �→ g(f (x)) est dérivable sur I et pour tout
x ∈ I on a
(g ◦ f )� (x) = g � (f (x))f � (x)
• Si la fonction f est bijective de I sur f (I), si elle est dérivable sur I et si
sa dérivée ne s’annule pas, alors sa fonction réciproque f −1 est dérivable
sur f (I) et pour tout y ∈ f (I) on a
� �� 1
f −1 (y) =
f � (f −1 (y)))

Exemple 81. On peut appliquer les règles ci-dessus aux exemples suivants ;
• Retrouver la dérivée de x �→ ex en considérant l’exponentielle comme fonction réciproque du
logarithme népérien.
• Pour a �= 0, obtenir que la dérivée de la fonction puissance f : x �→ x a est f � (x) = axa−1 pour
tout x > 0.
• retrouver la limite classique :

(1 + x)α − 1
pour α �= 0, lim =α
x→0 x

4.15. Théorème– Règle de l’Hôpital.


f (x)
Soit f et g deux fonctions telle que la limite lim est une forme indéter-
x→x0 g(x)
f � (x)
minée ( 00 ou ∞ ).

Alors si lim existe (soit un nombre réel, soit +∞ soit
x→x0 g � (x)
−∞) on peut écrire
f (x) f � (x)
lim = lim �
x→x0 g(x) x→x0 g (x)

1 − cos(x) 1
Exemple 82. On retrouve grâce à la règle de l’Hôpital la limite : lim = .
x→0 x 2 2
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 49

4.6 Application de la dérivée à l’étude des fonctions

4.6.1 Monotonie
On a le résultat fondamental suivant :
4.16. Théorème– Dérivée et monotonie.
Soit I un intervalle de R et f une fonction numérique dérivable sur I.
• f est croissante sur I si et seulement si la fonction dérivée f � est positive
ou nulle sur I. Autrement dit :

”∀x ∈ I, ∀y ∈ I, [x ≤ y ⇒ f (x) ≤ f (y)]” ⇔ ”∀x ∈ I, f � (x) ≥ 0”

• Si la fonction dérivée f � est strictement positive sur I (sauf en un nombre


fini de points) alors f est strictement croissante sur I. En particulier :

”∀x ∈ I, f � (x) > 0” ⇒ ”∀x ∈ I, ∀y ∈ I, [x < y ⇒ f (x) < f (y)]”

• f est décroissante sur I si et seulement si la fonction dérivée f � est


négative ou nulle sur I.
• Si la fonction dérivée f � est strictement négative sur I (sauf en un nombre
fini de points) alors f est strictement décroissante sur I.
• f est constante sur I si et seulement si la fonction dérivée f � est nulle
sur I.

Exemple 83. Les fonctions ln et exp sont strictement croissantes sur leur ensemble de définition. En
effet, on a
1
pour tout réel x > 0, ln� (x) = > 0 donc ln est strictement croissante sur ]0, +∞[ ,
x
et
pour tout réel x, exp� (x) = exp(x) = ex > 0 donc exp est strictement croissante sur R.

Remarque 38. Attention, les hypothèse du Théorème 4.16 sont précises, et il doit être utilisé avec
précision : en particulier, le fait que les résultats sont énoncés sur un intervalle est important. Par
exemple, si on considère la fonction inverse f : x �→ x1 définie sur R∗ , alors il ne faut pas oublier que
R∗ n’est pas un intervalle : c’est la réunion des intervalles ] − ∞, 0[ et ]0, +∞[ . Si on dérive cette
fonction, on obtient que sa dérivée, pour tout réel x non nul, est
1
f � (x) = −
x2
Cette dérivée est strictement négative sur R∗ , donc f est strictement décroissante sur chacun des deux
intervalles ] − ∞, 0[ et ]0, +∞[ , mais elle n’est pas strictement décroissante sur R puisque −1 < 1 et
pourtant f (−1) = −1 < 1 = f (1) (si f était strictement décroissante on devrait avoir f (−1) > f (1)).
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 50

Le théorème 4.16 permet de retrouver le résultat suivant :


4.17. Propriété – Composition et monotonie.
Soit f et g deux fonctions numériques dérivables. On suppose que f est définie
sur un intervalle I.
Dans le cas où g est définie et croissante sur f (I), alors
• si f est croissante sur I alors la composée g ◦ f est croissante sur I
• si f est décroissante sur I alors la composée g ◦ f est décroissante sur I
Dans le cas où g est définie et décroissante sur f (I), alors
• si f est croissante sur I alors la composée g ◦ f est décroissante sur I
• si f est décroissante sur I alors la composée g ◦ f est croissante sur I

Esquisse de preuve. On peut en fait démontrer ce résultat de deux façons. On le fait par exemple dans
le cas suivant : g est croissante et f est décroissante.
Première méthode. On regarde directement si g ◦ f est décroissante en prenant deux éléments x et y
de I tels que x ≤ y : comme f est décroissante on a f (x) ≥ f (y), et comme g est croissante cela donne
g(f (x)) ≥ g(f (y)), et donc g ◦ f (x) ≥ g ◦ f (y). Puisque cela est valable pour tous les choix x ≤ y cela
indique que g ◦ f est décroissante.
Deuxième méthode. On sait que la dérivée de g ◦ f sur I est donnée pour tout x par

(g ◦ f )� (x) = g � (f (x))f � (x)

et comme g est croissante sa dérivée g � est positive, f est décroissante donc sa dérivée f � est négative,
et on en déduit que la dérivée de g ◦ f est négative et donc la fonction g ◦ f est décroissante.

Exemple 84. On note P la pression d’un gaz et T sa température. Si on sait que la fonction ln(P ) est
une fonction croissante de T , alors comme la fonction exp est croissante on en déduit que exp◦ln(P ) =
eln(P ) = P (car exp est la réciproque de ln) est une fonction croissante de T .

4.6.2 Tableau de variations


Puisque le signe de la dérivée de f permet de connaitre le sens de variations de la fonction f sur les
intervalles, une première partie de l’étude d’une fonction f consiste à calculer sa dérivée f � et à étudier
son signe : on en déduit les intervalles sur lesquels f � est positive ou négative, et par conséquent les
intervalles sur lesquels f est croissante ou décroissante. On rassemble ces informations dans un tableau
de variations, dans lequel on indique :
• le signe de la dérivée f � (indiqué par + ou −),
• le sens de variations de la fonction f (“croissant” et “décroissant” étant symbolisés par les flèches
� et �),
• les valeurs de f au(x) point(s) où la dérivée f � s’annule,
• les limites éventuelles en −∞, +∞ et en les points où f n’est pas définie.

ex xex
Exemple 85. Pour la fonction f définie pour x dans R\{−1} par f (x) = on a f � (x) =
1+x (1 + x)2
et on obtient le tableau de variations :

−∞ −1 0 +∞
f� − || − 0 +
0 || +∞ +∞
f � || � �
−∞ || 1
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 51

4.6.3 Recherche des extrema locaux


Définition 48. Soit I un intervalle de R, c un réel dans I et f une fonction numérique. On dit
que f atteint son minimum sur I au point c si f (x) ≥ f (c) pour tout x ∈ I ; dans ce cas le minimum
de f sur I vaut f (c). On dit que f atteint son maximum sur I au point c si f (x) ≤ f (c) pour tout
x ∈ I ; dans ce cas le maximum de f sur I vaut f (c).
Lorsque l’intervalle I est égal à l’ensemble de définition de f , on parle de minimum global de f ,
ou de maximum global selon le cas. Lorsque l’intervalle I est strictement inclus dans l’ensemble de
définition de f , on parle de minimum local de f , ou de maximum local.
Le terme extremum (au pluriel extrema) recouvre toutes les notions ci-dessus.

La propriété suivante se voit directement sur le tableau de variations :


4.18. Propriété – Extrema locaux et dérivée.
Si f atteint un minimum ou un maximum local en c sur l’intervalle ]a, b[ (donc
avec a < c < b) et si f est dérivable en c alors on a f � (c) = 0.
En particulier, la tangente au graphe de f au point (c, f (c)) a pour pente
f � (c) = 0 : c’est donc une droite horizontale.
En effet, sur le tableau de variations on voit qu’un minimum local correspond au cas où la dérivée
change de signe et s’annule en c : un peu avant c la dérivée est négative (donc la fonction est décroissante
un peu avant c) et un peu après c la dérivée est positive (donc la fonction est croissante un peu après
c). Le cas d’un maximum local est similaire : là aussi la dérivée s’annule, mais elle est positive avant
c et négative après.

Exemple 86. Dans l’exemple 85 ci-dessus, la fonction f atteint son minimum sur l’intervalle ]−1, +∞[
au point x = 0, qui vaut f (0) = 1. Par contre elle atteint des valeurs strictement négatives sur
] − ∞, −1[ : le point x = 0 est donc un point où f atteint un minimum local et pas global. D’ailleurs
cette fonction n’a pas de minimum (ni de maximum) global sur R.

Exemple 87. La fonction exponentielle n’a ni minimum ni maximum global sur R.

La propriété 4.18 est importante puisqu’elle indique que si on cherche les points où f atteint son
minimum ou son maximum dans un intervalle ]a, b[ il suffit de calculer les solutions de f � (x) = 0 : en
effet le(s) point(s) où f atteint un minimum ou un maximum local (s’il y en a) se trouvera parmi les
solutions de f � (x) = 0.
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 52

Exemple 88. Si on étudie la fonction sin sur [0, 2π] alors on voit que sa dérivée sin � (x) = cos(x)
s’annule aux points π2 et 3π
2 . Les changements de signe de la dérivée et le tableau de variations :


0 π
2 2 2π
sin� = cos + 0 − 0 +
1 0
sin � � �
0 −1

indiquent que sin atteint son minimum sur [0, 2π] en 2 et son maximum en 2.
π

4.6.4 Convexité, concavité, points d’inflexion


On a déjà vu que si f est dérivable en x0 alors la tangente au graphe de f en (x0 , f (x0 )) a pour
équation
y = f � (x0 )(x − x0 ) + f (x0 )
et ainsi le graphe de f se rapproche de cette droite autour du point (x 0 , f (x0 )). Pour tracer plus
précisément le graphe de f , on se pose la question de savoir de quel côté de cette tangente se trouve
le graphe de f près du point (x0 , f (x0 )) : au-dessus, au-dessous, ou alternativement l’un puis l’autre ?
C’est l’une des raisons pour introduire les notions suivantes :

Définition 49. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I, on dit que f est convexe sur I
si sa dérivée est croissante sur I.
On dit que f est concave sur I si sa dérivée est décroissante sur I.

Remarque 39. Puisque la dérivée de −f est (−f )� = −f � , et puisque la fonction f � est croissante si
et seulement si −f � est décroissante, on en déduit que f est convexe sur l’intervalle I si et seulement
si −f est concave sur cet intervalle.
Cette notion nous intéresse particulièrement en raison de la propriété suivante :
4.19. Propriété – Convexité / concavité et position graphe / tangente.
Soit f une fonction numérique dérivable sur I alors
• si f est convexe sur I, alors le graphe de f est au-dessus de toutes ses
tangentes sur I,
• si f est concave sur I, alors le graphe de f est au-dessous de toutes ses
tangentes sur I.

Preuve. On étudie uniquement le cas où f est convexe. Pour démontrer que le graphe de f est au-
dessus de toutes ses tangentes sur l’intervalle I, on choisit un point x 0 dans I, on remarque que la
tangente au graphe au point (x0 , f (x0 )) a pour équation y = f � (x0 )(x − x0 ) + f (x0 ) et le graphe est
au-dessus de cette tangente si et seulement si la fonction g(x) = f (x) − [f � (x0 )(x − x0 ) + f (x0 )] est
positive sur I. En dérivant g, on trouve g � (x) = f � (x) − f � (x0 ) et, comme la fonction f est convexe, sa
dérivée f � est croissante et donc le tableau de variations de g est

x0
g � (x) = f � (x) − f (x0 ) − 0 +
� �
g 0
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 53

On déduit de ce tableau que la fonction g est bien positive sur I, et donc le graphe de la fonction f
est au-dessus de sa tangente au point (x0 , f (x0 )) : comme cela est vrai pour tous les points x0 dans I,
le graphe de f est bien au-dessus de toutes ses tangentes sur I.

Exemple 89. La fonction exponentielle exp : x �→ ex est une fonction dérivable sur R, qui est égale à
sa dérivée exp� = exp sur R, et comme cette fonction est croissante on en déduit que exp est convexe :
son graphe est donc au-dessus de toutes ses tangentes sur R. De même, la fonction logarithme népérien
ln : x �→ ln(x) est dérivable sur ]0, +∞[ et a pour dérivée la fonction inverse x �→ x1 : cette fonction est
décroissante sur ]0, +∞[ donc la fonction ln est concave sur cet intervalle, et son graphe est au-dessous
de toutes ses tangentes. On a alors les tracés :

y y = ex y

y = ln(x)

Pour savoir si une fonction f est convexe ou concave sur un intervalle I, il suffit d’étudier le sens
de variations de sa dérivée f � : pour cela il suffit de calculer la dérivée de f � et d’étudier son signe. On
introduit donc la notion suivante :

Définition 50. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I, si sa dérivée f � est dérivable sur
I on dit que f est deux fois dérivable sur I. On note alors f �� la dérivée de f � , et on l’appelle
dérivée seconde de f sur I.

La propriété suivante se déduit directement des définitions ci-dessus.


4.20. Propriété – Convexité / concavité et dérivée seconde.
Si f est deux fois dérivable sur I alors
• f est convexe sur I si et seulement si sa dérivée seconde f �� est positive
sur I,
• f est concave sur I si et seulement si sa dérivée seconde f �� est négative
sur I.

Exemple 90. La fonction f : x �→ x2 est deux fois dérivable sur R, et a pour dérivée et dérivée
seconde sur R :
f � (x) = 2x et f �� (x) = 2
Puisque sa dérivée seconde est positive sur R, la fonction f est convexe sur R.

En un point x0 où la dérivée seconde f �� d’une fonction f change de signe, le graphe de cette


fonction traverse sa tangente. Par exemple si f �� est positive avant x0 alors f est convexe avant x0
Thierry Champion - Univ. Toulon - 2017/2018 54

et donc son graphe est au-dessus de ses tangentes, et si f �� est négative après x0 alors f est concave
après x0 et son graphe est au-dessous de ses tangentes : dans ce cas, le graphe de f est au-dessus de sa
tangente au point (x0 , f (x0 )) avant x0 et au-dessous après, donc il "traverse" sa tangente en ce point.
On donne un nom particulier à ce type de points :

Définition 51. Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I, un point x0 de I est
appelé point d’inflexion de f si sa dérivée seconde f �� change de signe au point x0 .

Exemple 91. Si on considère la fonction sinus sin : x �→ sin(x) alors elle est deux fois dérivable sur
[0, 2π] et sa dérivée seconde est sin�� (x) = − sin(x) qui change de signe en π : sur [0, π] la dérivée
seconde − sin est négative et donc sin est concave, et sur [π, 2π] cette dérivée seconde est positive et
donc sin est convexe. Au point x0 = π, la tangente de sin est y = (−1) ∗ (x − π) + 0 et le graphe de
sin passe donc de au-dessous de sa tangente à au-dessus :
y

y = sin(x)

y =π−x

4.6.5 Tracé du graphe d’une fonction


En vue de tracer le graphe d’une fonction numérique f , on procède selon les étapes suivantes :
• on détermine le domaine de définition de f ;
• on calcule les limites de f aux bords de son domaine de définition ;
• on étudie les asymptotes éventuelles de f en −∞ et +∞ ;
• on calcule la dérivée f � et on donne le tableau de variations de f , en faisant apparaitre les
extrema (locaux et/ou globaux) ;
• on calcule la dérivée seconde f �� , on étudie son signe pour déterminer les intervalles sur lesquels
f est convexe ou concave, et on trouve les points d’inflexion.
• enfin pour tracer le graphe de f on reporte les asymptotes, les directions asymptotiques, les tan-
gentes horizontales aux points où f atteint un extremum et les tangentes aux points d’inflexion :
on a alors suffisamment d’indications pour tracer l’allure du graphe.
2
On traitera de manière étendue en cours le cas de la fonction Gaussienne f : x �→ e −x , pour
obtenir le graphe suivant :

2
y = e−x
x

Vous aimerez peut-être aussi