Traitements Biologiques Des Sols: Daniel Ballerini
Traitements Biologiques Des Sols: Daniel Ballerini
Traitements Biologiques Des Sols: Daniel Ballerini
1. Biodépollution........................................................................................... G 2 620 - 2
1.1 Biodégradabilité des polluants................................................................... — 2
1.2 Biotraitabilité d’un site ................................................................................ — 3
2. Traitements mis en œuvre.......................................................................... — 3
2.1 Traitements in situ ....................................................................................... — 3
2.1.1 Bioventing ........................................................................................... — 3
2.1.2 Combinaison bioventing - biosparging ............................................ — 4
2.1.3 Pompage et traitement....................................................................... — 4
2.1.4 Biofiltration.......................................................................................... — 4
2.2 Traitements ex situ ...................................................................................... — 4
2.2.1 Biotertre et andains ............................................................................ — 4
2.2.2 Landfarming........................................................................................ — 5
2.2.3 Traitement en réacteur (bioslurry)..................................................... — 5
3. Traitements en cours de développement .......................................... — 6
3.1 Phytoremédiation ........................................................................................ — 6
3.2 Barrières réactives ....................................................................................... — 6
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. G 2 620
ans les sols, les polluants se répartissent en fonction de leur densité, de leur
D solubilité dans l’eau, de leur volatilité et de leur capacité à s’adsorber sur la
matrice solide du milieu poreux, entre la zone insaturée, qui correspond à la
couche de sol située au-dessus du niveau piézométrique, et la zone saturée qui
constitue l’aquifère.
Les composés rencontrés dans les sites pollués sont d’origine organique ou
minérale. Les principaux polluants organiques sont des hydrocarbures (carbu-
rants et combustibles) et des produits halogénés (solvants chlorés, polychloro-
biphényls, polychlorophénols).
Les polluants d’origine minérale sont des composés à base de métaux lourds
tels que le plomb, le mercure, le zinc et le cadmium...
La diversité et l’adaptabilité des micro-organismes (bactéries, champignons,
levures) font qu’ils sont présents naturellement dans les sols, fixés sur le milieu
solide ou en suspension dans l’eau résiduelle de la zone saturée ou l’eau de la
nappe. Leur nombre, variable, peut être estimé entre 10 5 et 10 9 micro-organis-
mes par gramme de sol. Les micro-organismes sont capables, après adaptation
de leur métabolisme, de dégrader une grande variété de produits naturels ou
xénobiotiques.
La biodégradation d’un produit peut être partielle, ce qui signifie que les
micro-organismes l’ont transformé, souvent par des mécanismes d’oxydation,
ou elle peut être totale. On ne parle plus de biodégradation dans ce dernier cas,
mais de minéralisation puisque les produits de l’action microbienne sont essen-
tiellement du dioxyde de carbone et de l’eau.
Un seul et même micro-organisme ne possède pas tous les enzymes dont les
actions sont nécessaires à la dégradation d’une multitude de produits, comme
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cela peut être le cas d’une pollution par des produits pétroliers. C’est pourquoi,
le plus souvent, la dégradation est réalisée par une communauté de plusieurs
espèces dont les actions sont complémentaires.
Les sols étant rarement stériles, la microflore en place lorsqu’elle rencontre
une pollution va, en fonction des conditions chimiques et physico-chimiques de
son environnement, chercher à métaboliser les polluants. L’ensemble de ces
phénomènes est désigné sous le terme d’atténuation naturelle. Les traitements
biologiques utilisent et stimulent les capacités qu’ont les micro-organismes à
utiliser divers types de composés organiques et minéraux pour leur croissance,
leurs besoins en énergie et leur maintien en vie.
Une première distinction sera faite entre les procédés biologiques déjà validés
et ceux encore en cours de développement. Les premiers concernés sont classés
en deux sous-groupes, l’un regroupant les traitements in situ, l’autre les traite-
ments ex situ qui impliquent que les terres polluées sont excavées avant d’être
décontaminées en surface sur ou hors du site.
1. Biodépollution
CO2
H2O
1.1 Biodégradabilité des polluants
Substrat
Les principaux facteurs qui influencent la biodégradabilité d’un carboné Micro-organismes
produit sont : Cn H m
— la disponibilité d’accepteurs d’électrons absolument nécessai- Nouvelles cellules
res à l’action microbienne ; Éléments minéraux de micro-organismes
— la teneur en eau ; N, P, ... (Cx Hy Oz Nv)
— le pH ;
— la température ;
— la disponibilité de nutriments minéraux (N et P) ; Figure 1 – Minéralisation d’un polluant organique
— la nature du polluant, sa concentration dans le milieu et son (cas d’un hydrocarbure Cn Hm)
accessibilité.
Le plus important de ces facteurs est certainement le premier, à
savoir la disponibilité en accepteurs d’électrons qui constitue, dans Les micro-organismes ont une température optimale de crois-
la majorité des situations, l’élément limitant au développement des sance de 10 oC pour les psychrophiles, de 30 oC pour les mésophiles
processus microbiologiques, dans les sols. et de 60 oC pour les thermophiles. Il est généralement admis, en
En conditions aérobies, c’est l’oxygène qui joue ce rôle et qui va particulier pour les mésophiles, que les vitesses de biodégradation
permettre la transformation métabolique du substrat carboné en doublent pour chaque augmentation de 10 oC, dans la gamme de
dioxyde de carbone, en eau et en biomasse lors du renouvellement température non inhibitrice de la croissance.
et de la croissance des cellules de micro-organismes, comme illus- La flore microbienne a besoin d’éléments minéraux pour sa crois-
tré sur la figure 1, avec la minéralisation totale d’un hydrocarbure. sance, en particulier d’azote et de phosphore, dont les proportions
Même s’il existe des produits organiques qui ne sont dégradables optimales généralement admises sont 10 g d’azote et 1 g de phos-
qu’en absence d’oxygène (par exemple les solvants chlorés totale- phore pour 100 g de carbone.
ment substitués), ce sont essentiellement les réactions de dégrada- La vitesse de dégradation des composés organiques dépend de
tion aérobie de la matière organique qui sont optimisées lors de la leur structure chimique. À titre d’exemple, dans la famille des
mise en œuvre des traitements biologiques. hydrocarbures, ce sont les n-alcanes qui sont le plus rapidement
Les facteurs environnementaux tels que la température, le pH, le métabolisés, les hydrocarbures aromatiques polycycliques à nom-
taux d’humidité jouent aussi un rôle important pour l’activité méta- bre de cycles élevé ( > 4) les plus résistants. Plus une molécule est
bolique des micro-organismes. substituée, plus elle est difficile à dégrader, la position des substi-
Les processus métaboliques des micro-organismes requièrent tuants jouant un rôle puisque les positions ortho et méta augmen-
de l’eau. Il est connu que des faibles taux d’humidité du sol (infé- tent la résistance des molécules, comme le font aussi les
rieurs à 2 % en masse) limitent les vitesses de biodégradation. substitutions sur le carbone en alpha, comparativement à celles en
Inversement, des teneurs trop élevées vont influer sur la perméabi- oméga.
lité des sols aux gaz et générer des conditions de limitation de La résistance d’un produit peut découler de sa trop forte concen-
transfert de l’oxygène, et donc de limitation du métabolisme tration qui provoquera l’inhibition ou l’inactivation des micro-orga-
microbien aérobie. nismes.
Le pH du milieu peut affecter l’activité microbienne. La plupart Enfin, l’inaccessibilité des polluants à la flore microbienne est
des bactéries sont capables de se développer dans un intervalle de souvent une des principales causes de leur persistance dans le
pH allant de 5 à 9, avec un optimum se situant aux alentours de 7. sol. Ce sont des situations que l’on observe lorsque les contami-
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nants sont piégés dans des pores trop étroits pour que les micro-
organismes puissent y pénétrer, lorsqu’ils sont piégés dans des Puits d'extraction Puits d'injection
structures argileuses, dans un milieu totalement hydrophobe, ou Ventilateur Ventilateur Puits d'extraction
alors complexés avec des polymères organiques dans la matière
humique du sol.
Plusieurs types d’analyses devront être effectués sur des échan- Zone saturée
tillons de sols prélevés à plusieurs endroits et profondeurs du ter-
rain pollué :
— des analyses physiques afin de bien connaître les caractéristi- Figure 2 – Système de bioventing
ques du sol (nature, granulométrie, perméabilité...) et d’évaluer
leurs influences sur l’activité des micro-organismes ;
— des analyses chimiques (nature, teneur, présence de contami-
nants minoritaires, par exemple des métaux qui pourraient inhiber — à des sols non fracturés, pour lesquels l’existence limitée de
les phénomènes microbiologiques, concentration en nutriments chemins préférentiels ne perturbe pas la distribution des flux
minéraux, oxygène...) afin de bien préciser les limitations aux pro- gazeux ;
cessus biologiques ; — à des sols dont la perméabilité moyenne est supérieure à
— des analyses microbiologiques permettant de vérifier la pré- 0,1 Darcy. Il est alors généralement admis, lorsque cette dernière
sence et la capacité des micro-organismes du sol à dégrader les pol- condition est remplie, que la distribution de l’air dans le sol est
luants en place. uniforme ;
— à des sols principalement constitués de sables et de limons ;
— lorsque la microflore du milieu poreux pollué est majoritaire-
ment composée de micro-organismes adaptés à la dégradation des
polluants du site ;
2. Traitements mis en œuvre — lorsque la teneur en eau du sol, au moins supérieure à 5 % (en
masse) afin de ne pas limiter l’activité microbiologique, se situe aux
alentours de 10 %.
2.1 Traitements in situ Des prélèvements et des analyses chimiques, physico-chimiques
et microbiologiques doivent être effectués pour caractériser le site,
Les traitements in situ sont mis en œuvre lorsque : l’étendue de la pollution, et évaluer les chances de réussite liées à
— les sites pollués sont construits ou encore en activité ; l’utilisation d’une telle technique.
— la pollution est profonde ou s’étend sur de grandes surfaces, Il s’agit ensuite de dimensionner l’installation de traitement et
ces éléments faisant que l’excavation des terres est rendue impossi- d’optimiser la distribution des flux gazeux dans la zone insaturée.
ble et/ou trop coûteuse. C’est pourquoi il est impératif de déterminer plusieurs paramètres
tels que le rayon d’influence de l’aération, le taux de volatilisation
des polluants afin de limiter leur transfert potentiel du sol vers
2.1.1 Bioventing l’atmosphère, et les vitesses de consommation d’oxygène et de bio-
dégradation des composés organiques polluants.
Le bioventing est une technique employée pour accélérer la bio-
Le rayon d’influence est la distance maximale à partir du puits
dégradation des polluants en apportant, grâce à une aération
d’aspiration ou d’injection d’air à laquelle l’apport d’oxygène est
contrôlée, l’oxygène aux micro-organismes en place. L’apport
encore suffisant pour activer le métabolisme des micro-organismes
d’oxygène par d’autres moyens que l’injection d’air, par exemple
du milieu poreux. Ce rayon, mesuré à partir du puits d’aération, est
par l’introduction dans le milieu poreux d’eau oxygénée dont
la distance maximale à laquelle la variation de pression mesurée
une mole, en se décomposant, libère 0,5 mole d’oxygène
dans des puits de contrôle à débit constant est encore au moins
(H2O2 → H2O + 1/2 O2) est moins efficace et plus coûteuse.
égale à une hauteur de colonne d’eau de 2,5 à 3 mm. Cette valeur,
Le principe du bioventing est représenté sur la figure 2. variable avec les propriétés du sol, permet d’optimiser le nombre et
Les puits d’injection d’air sont situés dans les zones contaminées, l’emplacement des puits d’injection et d’extraction d’air.
là où les besoins en oxygène sont élevés et les puits d’extraction à Un moyen d’étendre le rayon d’influence et d’améliorer la récupé-
la périphérie, là où les teneurs en polluants volatils sont faibles. ration de l’air injecté ou aspiré est d’imperméabiliser la surface du
À l’intérieur des puits, dont le diamètre n’excède pas 30 cm, sont sol, surtout dans le cas où les zones polluées sont à des profondeurs
installés des tuyaux, généralement en PVC, d’un diamètre de l’ordre faibles, ne dépassant pas 1 à 3 m.
de 10 cm et crépinés sur toute la hauteur de la zone polluée. La vitesse de consommation d’oxygène dans le milieu poreux est
L’espace annulaire est rempli de sable grossier sur la hauteur crépi- un paramètre utile pour la définition des valeurs minimales des
née, de bentonite et de ciment en se rapprochant de la surface, afin débits d’air nécessaires au maintien dans le milieu poreux, d’une
d’assurer une bonne étanchéité. atmosphère gazeuse aérobie avec une teneur en oxygène toujours
Ce type de procédé est applicable : supérieure à 3 à 4 % (en volume), non limitante pour l’activité des
— à différents types de polluants organiques, biodégradables en micro-organismes.
aérobiose, volatils ou non, dont principalement les hydrocarbures Cette vitesse est calculée à partir de tests de respiration in situ qui
(essences, gazole, fiouls) ; consistent en la mesure de la variation de la concentration
— à la zone insaturée du milieu poreux ; en oxygène en fonction du temps grâce à des préleveurs de gaz
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Addition d'eau et d’ajouter les solutions de sel nutritives (apport d’azote et de phos-
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Air purifié de nutriments phore), pour subvenir aux carences potentielles en éléments miné-
Injection de nutriments raux et pour ajuster la teneur en eau des sols. Un ajout de micro-
et d'additifs
organismes, spécifiquement adaptés au type de pollution en place,
est envisageable à ce moment. Cet enrichissement doit conduire à
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Aspiration des vitesses de biodégradation plus élevées et donc à des temps
d'air de traitement plus courts. Cette microflore ajoutée au sol est sou-
vent le résultat d’une culture en fermenteur effectuée à partir
d’isolements microbiologiques pratiqués sur les terres à déconta-
miner.
L’apport d’un compost (25 à 35 % en masse par rapport à la terre),
en fournissant aux micro-organismes en place une matière organi-
Ventilateur Membrane Tube de que plus facilement métabolisable que la pollution en place, favo-
imperméable drainage Pompe de rise leur croissance et augmente l’activité microbienne. Il représente
recirculation encore un élément structurant ajouté à la terre dont le rôle est
d’assurer une meilleure circulation des flux gazeux et liquides à
Figure 4 – Biotertre
l’intérieur du tas.
En ce qui concerne les andains, le renouvellement de l’atmos-
phère gazeuse est obtenu par des retournements périodiques (men-
suels ou bimestriels) réalisés soit par des pelles mécaniques, soit
l’humidité du sol, la teneur en nutriments minéraux et en micro- par des engins retourneurs.
organismes. Ce type de traitement en biotertre et en andains est applicable à
Les plus volumineux sont les biotertres avec des volumes pou- tout type de polluant à condition qu’il soit biodégradable en condi-
vant atteindre plusieurs centaines de mètres cubes (longueur : plu- tions aérobies, et à des sols constitués de sables et limons et ne ren-
sieurs dizaines de mètres ; largeur : plusieurs mètres (< 10 m) ; fermant pas plus de 40 % (en masse) d’argiles.
hauteur : 1 à 3 m). Leur hauteur est limitée pour éviter les problèmes
de tassement de la terre qui peuvent intervenir au cours du temps,
créant alors des dysfonctionnements au niveau de la distribution
2.2.2 Landfarming
des flux gazeux et liquides.
Les andains sont des plus petits tas de quelques mètres cubes. Le landfarming consiste en l’épandage en faible épaisseur (de
Le schéma d’un biotertre est représenté sur la figure 4. l’ordre de quelques dizaines de centimètres) de sols pollués par des
produits organiques, souvent d’origine pétrolière, sur une surface
À des hauteurs intermédiaires, sont installés des tuyaux perforés,
préparée à l’avance, le terrain pouvant être ensuite cultivé.
généralement en plastique, connectés à un ventilateur assurant une
aspiration continue de l’air. Cet épandage se fait sur des zones soigneusement confinées pour
protéger le sous-sol de tout risque d’infiltration, avec l’installation
Le débit d’air journalier transitant à travers le biotertre peut être
par exemple de films de polyéthylène haute densité, qui doit pou-
calculé à partir de la formule suivante :
voir supporter le passage d’engins de labour. Le labour des terres
SV t C permet de contrôler la percolation des contaminants vers les
Q a = -------------
- couches plus profondes du sous-sol, tout en assurant la réoxygéna-
yρεt tion des terres. On profite de cette opération pour ajouter des élé-
avec Qa (m3/j) débit d’air, ments minéraux tels que des engrais.
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Cette boue est ensuite introduite dans le réacteur, dans lequel — la phytovolatilisation : évaporation de composés métalliques
sont ajoutés : ou organiques volatils. Par ailleurs, les phénomènes d’évapotrans-
— des nutriments minéraux (sels d’ammonium, phosphates) ; piration de l’eau de pluie par les plantes, limitent la migration des
— des agents chimiques de régulation du pH du milieu, entre 5 polluants dans le sol.
et 8 (valeurs optimales pour l’activité microbiologique) ; Plusieurs conditions doivent être vérifiées avant que cette techni-
— des tensioactifs biodégradables, dont l’action de solubilisation que puisse être appliquée :
de polluants hydrophobes va contribuer à rendre plus accessibles — le site doit être adapté à la culture des plantes sélectionnées ;
ces contaminants aux micro-organismes, et entraîner une réduction — la pollution doit être accessible au système racinaire ;
des temps de séjour de la boue dans le réacteur. — la concentration des polluants en place ne doit pas être toxique
Une aération combinée avec un système d’agitation vise à amé- pour les végétaux.
liorer les transferts d’oxygène et les contacts entre les différentes Il est envisageable de traiter par la technique de phytoremédia-
phases liquide, gazeuse et solide (micro-organismes et particules de tion, des cas de pollution par hydrocarbures, solvants chlorés, pes-
terre). ticides, métaux, explosifs, radionucléides.
Les réacteurs, dont les volumes peuvent être très importants (plu- Les espèces végétales sont sélectionnées par leurs capacités de
sieurs centaines de mètres cubes), sont soit des simples lagunes bioaccumulation des polluants, de production d’enzymes de dégra-
construites en terre, soit des cuves cylindriques, couvertes ou non. dation spécifiques des contaminants, par leur vitesse de croissance
et par la profondeur de leur système racinaire.
L’alimentation du réacteur est soit continue, soit discontinue, les
temps de séjour variant avec la biodégradabilité plus ou moins Les principaux avantages et inconvénients liés à l’emploi de la
rapide des polluants. En discontinu, ces temps de séjour sont phytoremédiation sont rassemblés dans le tableau 1.
compris entre quelques jours et 1 à 2 mois.
Les micro-organismes sont soit ceux du sol concerné, soit des
micro-organismes préadaptés, purs ou en mélange. L’ajout de Tableau 1 – La phytoremédiation
micro-organismes, au début du traitement pour ensemencer le réac-
teur, se révèle souvent bénéfique car il accélère la mise en œuvre Avantages Inconvénients
des processus de biodégradation. Des apports microbiens en cours
de réaction sont possibles. ● Coûts faibles ● Mécanismes lents
Une fois le traitement achevé, la boue est généralement décantée ● Production faible d’effluents ● Limitation aux contamina-
ou filtrée pour aboutir à deux fractions : et de déchets tions superficielles
— les solides qui vont éventuellement subir un traitement ● Sols en place utilisables après ● Possible contamination de la
complémentaire pour abaisser les teneurs en polluants qui pour- traitement chaîne alimentaire.
raient être supérieures aux valeurs souhaitées, avant d’être mis en ● Bonne image auprès du pu-
décharge ; blic
— la phase liquide dont une partie est souvent recyclée pour
fabriquer la boue, le reste étant rejeté dans le milieu après avoir subi
un traitement d’épuration si nécessaire.
Avec le système de lagunage, seul le liquide est récupéré et les 3.2 Barrières réactives
solides laissés sur place.
Souvent, les phénomènes d’atténuation naturelle d’une pollution
dans les nappes phréatiques ne sont pas suffisamment rapides et
importants pour contrôler et prévenir la migration du nuage de pol-
luants vers le captage d’eau potable le plus proche.
3. Traitements en cours Des barrières « antimigration » placées sur le trajet d’écoulement
de développement de la pollution peuvent se révéler utiles. Elles sont généralement
placées à une bonne distance de la source de pollution, pour éviter
les problèmes d’inhibition des micro-organismes, liés à de trop for-
tes teneurs en polluants.
3.1 Phytoremédiation Ces barrières peuvent être constituées par des puits d’injection
d’air apportant l’oxygène nécessaire aux micro-organismes pré-
La phytoremédiation emploie des plantes qui, généralement en sents dans la nappe, pour la dégradation aérobie des contaminants.
association avec les micro-organismes de la rhizosphère, éliminent, Ce sont encore des tranchées d’interception, perméables au cou-
dégradent ou fixent les contaminants dans les sols ou les eaux. rant d’eau, et remplies d’un support solide sur lequel sont fixés les
Parmi les mécanismes d’action des plantes contre la pollution, on micro-organismes adaptés à la dégradation des polluants.
distingue : À titre d’exemples, le support solide est constitué de granulés de
— la rhizofiltration : absorption des contaminants par les tourbe sur lesquels sont immobilisés :
racines ; — dans le premier cas, une souche de Desulfovibrio desulfuri-
— la phytoextraction : absorption et concentration des polluants cans dont l’action consiste en la précipitation sous forme de Mo IV
dans l’ensemble de la plante ; du molybdène soluble Mo VI ;
— la phytotransformation : absorption et dégradation des — dans le second cas, un consortium bactérien adapté à la dégra-
polluants ; dation des essences. Les taux d’élimination des composés solubles
— la phytostabilisation : réduction de la bioaccessibilité des tels que les BTEX (benzène, toluène, éthylbenzène, xylène) sont
composés métalliques par leur précipitation grâce à l’action des compris entre 10 et 30 mg · L–1 · j–1, pour des teneurs dans la phase
exsudats racinaires ; aqueuse variant entre 10 et 40 mg/L.
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