Analyse Mécanique de La Dent Restaurée Par Méthode Indirecte
Analyse Mécanique de La Dent Restaurée Par Méthode Indirecte
Analyse Mécanique de La Dent Restaurée Par Méthode Indirecte
K YO S HINDO
Composition du Jury :
Nabil Anwer
Professeur, Université Paris Sud (LURPA - EA 1385) Président
Éric Maire
Directeur de recherche, CNRS (MATEIS - UMR 5510) Rapporteur
Yannick Tillier
Professeur, Mines ParisTech (CEMEF - UMR 7635) Rapporteur
Thèse de doctorat
Jean-Pierre Attal
Maı̂tre de conférences - PH, Université Paris Descartes (URB2I - EA 4462) Examinateur
Nicolas Schmitt
Professeur, Université Paris-Est Créteil (LMT - UMR 8535) Directeur de thèse
Elsa Vennat
Maı̂tre de conférences, CentraleSupélec (MSSMAT - UMR 8579) Co-directrice
Remerciements
Avant toute chose, il me tient à cœur de distribuer quelques remerciements aux personnes ayant
eu, d’une manière ou d’une autre, une influence sur ces travaux de recherche.
Tout d’abord à mes directeurs, pour m’avoir guidé dans ces travaux tout en me laissant une grande
liberté, mais également pour m’avoir donné la chance d’expérimenter la recherche scientifique.
Aux collègues de Centrale et de l’URB2I, que ce fut un réel plaisir de côtoyer durant ces trois an-
nées.
À ma famille, pour m’avoir soutenu de toutes les manières possible durant ces longues études.
Aux amis : les bordelais, les toulonnais, les parisiens, qui se reconnaitront à la lecture de ces mots.
À toutes les personnes citées dans ce manuscrit, sans lesquelles rien n’aurait été possible.
Un grand merci !
i
ii
Table des matières
Remerciements i
Introduction 1
1.2 La mastication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.7 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
iii
Table des matières
4.3 Influence mécanique de l’anisotropie des tissus durs de la dent saine . . . . . . . . . 113
Conclusion 159
iv
Introduction
La restauration des tissus dentaires par le biais d’un matériau étranger au corps humain est
un acte médical pratiqué dans le but de réhabiliter les fonctions physiologiques permises par la
dent saine (mastication, déglution, phonation). L’origine de cette pratique est très ancienne, la
plus vieille restauration datant de 4500 ans avant notre ère (emploi d’une cire d’abeille pour la
restauration d’une canine). De nos jours, malgré l’amélioration de l’hygiène bucco-dentaire, la ré-
paration de la dent par un biomatériau reste une opération fréquemment réalisée par les dentistes.
Dans le cadre de ce doctorat nous nous intéressons spécifiquement aux restaurations céramiques
(ou céramique hybride) scellées à l’aide d’un matériau composite sur le patient (restauration dite
« indirecte »). Les matériaux céramiques étant de plus en plus privilégiés du fait de leurs bonnes
Dans la majorité des cas, la pose d’une restauration fait suite à la dégradation d’une dent par
une carie. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les pathologies carieuses touchent
60 à 90 % des enfants dans le monde ainsi que la totalité des adultes. En France le coût sociétal
est également important, 3.6 millions de restaurations céramiques sont fabriquées chaque année
pour un montant total de 2 milliards d’euros, dont 400 millions sont pris en charge par la Caisse
Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et 1.6 milliards à la charge des mutuelles et des patients
(source : UNCAM).
de réduire ce coût ainsi que le délai de fabrication de la restauration. Dans ce procédé, les tech-
niques conventionnelles de prise d’empreintes (utilisant des pâtes thermoplastiques) sont rem-
placées par un scanner faisant l’acquisition numérique des géométries dentaires du patient. La
conception de la prothèse et sa mise en forme physique sont ensuite entièrement assistées par
La durée de vie de ces restaurations prothétiques est cependant limitée, avec des taux d’échecs
de l’ordre de 20 % au cours des cinq premières années de service. Le principal muscle de la masti-
1
Introduction
cation (le masséter) étant l’un des muscles les plus puissants du corps humain, ces restaurations
sont soumises à des efforts importants au cours de leur existence. En conséquence, une grande
partie des échecs sont directement liés à des phénomènes mécaniques, la rupture par fissura-
tion de la prothèse ou encore son décollement prématuré étant par exemple des complications
couramment relevées. Dans ces travaux de recherche, nous avons cherché à étudier les états mé-
Le premier chapitre exposé ci-après permet de rendre compte des différents éléments néces-
saires à la compréhension du problème posé. Les descriptions anatomique et mécanique des or-
restauratrice indirecte moderne et des procédés CFAO y sont ensuite décrits. Enfin, les études
Dans le deuxième chapitre, nous utilisons un modèle 2D axisymétrique simple afin de réali-
ser dans une première approche l’étude mécanique de la dent restaurée. Ce modèle géométrique
lité morphologique des géométries prothétiques réelles. L’impact mécanique des différents choix
effectués lors de la mise en place de la restauration est ainsi évalué afin de rendre compte des
Dans le troisième chapitre, une attention particulière est portée sur le joint assurant la co-
hésion de la restauration à la dent préparée par le dentiste, cette couche semblant revêtir une
importance capitale dans les deux modes d’échec cités précédemment. Cliniquement, des résines
composites sont utilisées à l’état fluide, puis durcies afin de sceller la prothèse céramique. La géo-
métrie finale du joint est ainsi incertaine compte tenu des effets de contraction volumique ayant
lieu durant la polymérisation du composite. Une modélisation simplifiée a une nouvelle fois été
mise en oeuvre afin d’effectuer un contrôle métrologique sur l’assemblage étudié. Étant donné le
lisée pour observer la géométrie et les défauts de structure de celle-ci. Des analyses mécaniques
ont ensuite été conduites afin d’étudier l’impact des défauts mis en évidence.
dent restaurée ont été mis en place. Les lois régissant les comportements élastiques des tissus
biologiques modélisés sont étudiées. Des contributions sont notamment apportées à la modélisa-
tion mécanique de l’anisotropie des tissus durs de l’organe dentaire (dentine et émail). Les sim-
2
Introduction
plifications usuellement effectuées pour l’étude mécanique de la dent restaurée sont également
discutées par le biais de modélisations mécaniques plus complètes. Une simulation comprenant
uniquement les éléments géométriques disponibles au sein des chaînes numériques des procédés
CFAO dentaires est mise en place afin d’évaluer la pertinence de cette modélisation dans le cadre
Suivant cette logique, le dernier chapitre propose une méthode permettant l’optimisation mé-
canique de géométries réelles, issues de données scannées directement sur un patient. Cette pro-
d’un nuage de point (les données du patient) en un modèle CAO utilisable pour la génération
d’un maillage éléments finis et pouvant faire l’objet de modifications de forme. L’objectif étant
d’intégrer une étape d’optimisation basée sur les méthodes classiquement utilisées en ingénie-
rie mécanique dans le processus numérique des procédés CFAO dentaires. La méthodologie ainsi
3
Introduction
4
Chapitre 1
anatomie et techniques
de mastication sont préalablement abordées afin de prendre connaissance des tissus biologiques
et des sollicitations en jeu. Les restaurations dentaires indirectes, le procédé CFAO et la mise en
place clinique de la prothèse sur le patient sont ensuite présentés. Les travaux antérieurs traitant
de l’étude mécanique de la dent restaurée ainsi que des modes d’échec cliniques de ces restaura-
Sommaire
1.1 Anatomie de la dent et de ses tissus de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.2 L’émail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.3 La dentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.6 Le parodonte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 La mastication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
1.7 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
6
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
1.1.1 Généralités
La dent est un organe dur situé sur le bord des mâchoires de la plupart des vertébrés ayant pour
fonctions principales de saisir, retenir et de broyer les aliments. La dentition humaine permanente
(denture adulte) comprend 32 dents séparées sur les deux arcades mandibulaire et maxillaire, res-
pectivement appelées mâchoire inférieure et mâchoire supérieure (figure 1.1a). Les arcades étant
symétriques par rapport au plan médian, elles sont usuellement divisées en quadrants droit et
gauche. La dentition contient 4 types de dents assurant différentes fonctions masticatrices : les
incisives servant à trancher, les canines à déchiqueter et les molaires et les prémolaires à broyer.
Ces différentes fonctions s’expriment via la géométrie des structures dentaires et leur position. Le
profil des dents incisives est écharpé et effilé afin de cisailler les aliments tandis que les molaires
possèdent des zones de contact plus grandes s’appuyant sur les cuspides (reliefs coronaires de
(a) Organisation de la denture permanente (b) Coupe issue d’un scan X-µCT d’une troi-
[Sch12] sième molaire (LMT, ENS Paris Saclay)
7
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
1.1.2 L’émail
L’émail est le tissu composant la partie externe de la dent et recouvrant la dentine, il est ex-
dent, l’épaisseur de l’émail est plus grande au niveau des surfaces masticatoires, en particulier au
niveau des cuspides, à contrario des parois cervicales (parties latérales) où ses dimensions sont
plus petites. Son épaisseur dépend de la dent considérée et varie de 0 à 2 mm pour les incisives et
cium, 3.6 % d’eau et 0.4 % de matière organique (protéines résiduelles issues de la formation
horizontalement et verticalement pour former des cristallites. Les cristallites s’organisent selon
deux architectures : les « bâtonnets » et l’émail interprismatique (figure 1.2). Les « bâtonnets »
mètre traversant l’émail depuis la jonction amélo-dentinaire jusqu’à la surface de l’émail [PG01].
L’émail interprismatique s’apparente à une matrice englobant les prismes d’émail orientés. Ces
deux configurations diffèrent seulement par l’orientation des cristallites. L’émail est constitué de
deux couches : une couche aprismatique présente sur le contour externe, composée de bâtonnets
partie du tissu et où les deux organisations de cristallites sont bien différentiées. La forte teneur en
minéraux de l’émail en fait le tissu le plus dur et le plus rigide du corps humain.
tant mais fragile [LR72, SVNC+ 93]. Étant donné les petites dimensions de l’organe dentaire, les
propriétés mécaniques sont usuellement caractérisées par des méthodes d’indentation. Habeltiz
et al. ont par exemple mesurés par nanoindentation un module de Young de 87.5 GPa et une du-
reté de 3.9 GPa dans la direction des prismes, et respectivement de 72.7 GPa et 3.8 GPa dans la
Il a également été observé une nette variation des propriétés mécaniques au sein même du
(jonction entre l’émail et la dentine). Par exemple, il a été mesuré par indentation une évolution
du module de Young depuis 70 GPa au cœur de la dent jusqu’à 110 GPa au niveau de la surface
externe [CML+ 02, ZDZY14]. Les auteurs suggèrent une possible corrélation de la rigidité avec la
teneur locale en hydroxyapatite. La résistance à la rupture de ce tissu est sujette au même type de
8
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
F IGURE 1.2 – a. Organisation de la structure de l’émail - b. et c. observation SEM des différentes faces, (R) :
émail prismatique, (IR) émail interprismatique [HS08]
variabilité. Bajaj et Arola ont évalué la ténacité K IC à 0.67 (± 0.12) MPa.m0.5 pour l’émail externe et
à 2.53 (± 1.40) MPa.m0.5 pour des couches internes de l’émail. La ténacité étant donc plus élevée à
1.1.3 La dentine
La dentine est le tissu majoritaire de l’organe dentaire. Elle s’étend depuis le parodonte (tissus
de celle de l’émail, mais diffère par la proportion en minéraux et par l’organisation de sa micro-
d’eau [FP15]. À l’échelle microscopique, trois principaux éléments structuraux sont distingués :
les tubules, la dentine péritubulaire et la dentine intertubulaire (figure 1.3). Les lumières tubu-
laires sont des canaux d’irrigation présents dans la dent qui sont entourées à la manière d’une
gaine par la dentine péritubulaire. Ces fibres creuses sont finalement noyées dans une matrice
leurs gaines varient au sein de la structure, ce qui confère au tissu des propriétés mécaniques ani-
sotropes [MMKB97].
Les dimensions de la dentine étant légèrement plus grandes que celle de l’émail, la littéra-
9
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
F IGURE 1.3 – a. Organisation orthotropique de la dentine - b. Observation MEB (échelle 10 µm) c. Observa-
tion microscopie confocale [Wan16]
ture fournit des données mécaniques issues d’essais d’indentation, de flexion ou de compression
présentant des résultats relativement variables [WRP+ 15]. Les essais de flexion fournissent un mo-
dule de flexion longitudinal de 18.7 GPa et un module transverse de 15.5 GPa [AR06]. Kinney et al.
ont notamment mesuré un module de Young longitudinal (direction des tubules) de 25 GPa et
un module de Young transverse de 23.3 GPa par une méthode ultrasonore (RUS) [KGM+ 04]. Les
propriétés à la rupture de la dentine ont également été étudiées. Mofawy et Watts ont évalué la
ténacité à 3.08 (± 0.31) MPa.m0.5 sur des éprouvettes compactes pré-fissurées [OD86]. La ténacité
de la dentine semble également être variable selon la zone considérée, des différences ayant été
observées entre la dentine coronaire (partie supérieure) et la dentine radiculaire (à proximité des
racines) pour des échantillons bovins. Les valeurs étant respectivement de 4.8 (± 0.6) MPa.m0.5 et
La jonction émail-dentine est une interface particulière d’une dizaine de micromètres d’épais-
seur au sein de la structure dentaire. La microstructure de cette interface n’est pas homogène et
taire [Mil12]. Mécaniquement, cette jonction possède une continuité remarquable dans l’évolu-
tion de ses propriétés. Marshall et al. ont caractérisé par nano-indentation une évolution continue
de la dureté et du module d’élasticité entre les deux tissus (figure 1.4) [MBG+ 01]. Cette continuité
des propriétés mécaniques, que l’on retrouve également dans d’autres interfaces biologiques, per-
met de limiter naturellement les concentrations de contrainte à l’interface entre l’émail et la den-
tine, qui est un problème caractéristique aux interfaces des structures, et que nous retrouverons
10
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
dans le cadre de l’étude de la dent restaurée. Il a également été constaté que cette jonction joue
le rôle de barrière en freinant la propagation des fissures à l’interface entre l’émail et la dentine
[IKM+ 05].
F IGURE 1.4 – Évolution de la rigidité et de la dureté dans la jonction en fonction de la profondeur [MBG+ 01]
La pulpe est un tissu mou présent dans la cavité pulpaire, au centre des racines. La cavité
pulpaire est constituée de deux parties : la partie coronaire (ou chambre pulpaire) et les canaux
radiculaires. La pulpe est entièrement entourée de dentine, excepté à l’endroit où se trouve ses
orifices (les foraminas). La pulpe présente des fonctions nécessaires à la vitalité de la dent. Elle est
notamment responsable de la création d’une dentine de réparation par les odontoblastes (fonc-
pulpe possède également une fonction sensorielle en véhiculant au cerveau des informations cap-
tées au sein de l’organe dentaire (sensation de chaleur, de froid ou liées à une pathologie). Enfin,
la pulpe peut également produire une dentine de réparation en cas de de lésion carieuse (fonction
1.1.6 Le parodonte
Le parodonte est un ensemble de tissus assurant la fixation et le soutien de la dent. Il est consti-
tué des céments, du ligament parodontal, de l’os alvéolaire et de la gencive (figure 1.5).
Les céments
Les céments - il en existe plusieurs types suivant la dent considérée et la position sur la ra-
cine - ont pour fonction d’ancrer les fibres du tissu conjonctif du ligament parodontal à la racine
11
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
de la dent. Ils offrent également à la dentine une protection à l’attaque d’éventuelles bactéries.
collagène [FP15].
Le ligament parodontal
Le ligament parodontal (ou alvéolo-dentaire) a pour fonction de lier le cément de la dent avec
l’os alvéolaire de la mâchoire. Son épaisseur est variable de 150 à 400 µm. Ce tissu est constitué
ostéoblastes respectivement impliqués dans la formation des céments, des fibres et de l’os de la
mâchoire). Les fibres sont composées de molécules de collagène de type I, organisées à différentes
anisotrope. Ce ligament est également visqueux, effet mis en évidence par des essais de fluage
importante pour l’étude des dispositifs en orthodontie (appareils dentaires). Il existe peu d’études
sur la caractérisation expérimentale de ligaments humains. De ce fait, les données issues des tra-
vaux de Wu et al. ont été utilisées dans nos études mécaniques [WTY09].
L’os alvéolaire
Comme la majorité des structures osseuses du corps humain, les os de la mâchoire sont com-
posés de deux types d’os : l’os spongieux situé sous les dents ainsi qu’au centre de la structure
osseuse et l’os cortical situé en périphérie (figure 1.6). Les mâchoires présentent le processus al-
12
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
véolaire, en forme d’arc et creusé en cavités où sont présentes les dents. L’os alvéolaire possède
une capacité de remodelage et d’adaptation, permettant un réalignement des dents lorsqu’un ef-
F IGURE 1.6 – Dessins anatomiques de coupes longitudinales observées sur une mâchoire inférieure [Faw95]
La gencive
La gencive est la muqueuse (i.e. membrane tapissant les cavités de l’organisme) du parodonte
recouvrant la base des dents et la surface des os de la mâchoire. Elle a pour fonction de proté-
ger l’os et d’assurer l’étanchéité de la dent au niveau du collet (i.e jonction gencive/dent). Tout
comme la majeure partie des tissus humains « de surface » (épiderme, épithélium intestinal, épi-
thélium des voies respiratoires, etc.), la gencive est un tissu constitué de deux parties : le chorion
et l’épithélium.
vaisseaux sanguins et de nerfs. Le tissu épithélial est formé de cellules jointives, juxtaposées, soli-
daires les unes des autres par des systèmes de jonction et séparées du tissu conjonctif sous-jacent
par une lame basale. Dans le cas de la gencive, le tissu épithélial contient de la kératine en grande
quantité, ce qui lui confère une bonne résistance aux attaques microbiennes ainsi que sa couleur
rosée [Bib18a].
1.2 La mastication
Afin de pouvoir appréhender les chargements mécaniques mis en jeu dans le cadre de l’étude
de la dent restaurée, nous traitons dans cette partie de la fonction physiologique de mastication.
Nous abordons notamment la trajectoire de la mâchoire inférieure lors du cycle masticatoire ainsi
13
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
Lors de la mastication, les mouvements relatifs de la mâchoire inférieure par rapport à la mâ-
choire supérieure permettent de réduire la taille des aliments mastiqués, les rendant ainsi plus
tication permettant notamment l’imprégnation des aliments par la salive contenant des enzymes
facilitant la digestion alimentaire. De plus, le goût et la texture des aliments sont des sensations
perçues lors de la mastication qui ont un effet direct sur la fréquence et la force du cycle mastica-
L’os de la mâchoire inférieure est le seul os mobile du crâne, il est maintenu par plusieurs
dien médial, et est mis en liaison avec les os temporaux du crâne via les articulations temporo-
mandibulaires (figure 1.7). La mâchoire supérieure est composée des os symétriques maxillaires.
Les articulations temporo-mandibulaires sont les articulations mobiles permettant les mou-
vements de la mandibule : de haut en bas (élévation), de gauche à droite (diduction), vers l’avant
(propulsion), vers l’arrière (rétropulsion) [KvE97]. Cette articulation met en liaison une zone com-
plexe de l’os temporal avec le condyle mandibulaire présent sur la mâchoire inférieure. Le mou-
14
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
L’occlusion est la manière dont les dents inférieures s’engrènent avec les dents supérieures. Un
individu présente plusieurs positions d’occlusion possibles, la plus stabilisante étant l’occlusion
d’intercuspidie maximale (OIM), maximisant la surface de contact entre les deux arcades [PGR69,
En situation normale, les cuspides linguales (internes, proches de la langue) des dents supé-
rieures entrent en contact avec les fosses occlusales (creux au sein des molaires) des dents infé-
rieures (figure 1.8a). De plus, un faible décalage entre les arcades est observé, la troisième mo-
laire (molaire en extrémité) supérieure étant légèrement en arrière (figure 1.8b). L’engrènement
des dents fait cependant l’objet de grandes variations entre les individus. Des décalages inté-
F IGURE 1.8 – L’occlusion - (a) décalage intérieur/extérieur (d’après [Bib18d])- (b) décalage avant/arrière
[Bib18b] – (c) contacts occlusaux sur une demi-denture [Ric69]
La répartition des surfaces de contact entre les deux dentures varie selon le type de dent consi-
déré. Pour un même individu, les molaires présentent le plus grand nombre de contact, suivies des
prémolaires, des canines puis des incisives (figure 1.8c). Étant donné la grande variabilité des mor-
phologies dentaires, l’étendue des surfaces de contact diffère d’un individu à l’autre et selon l’état
L’étendue du contact occlusal dépend aussi de la force exercée entre les deux mâchoires. Ainsi,
selon Hidaka et al., pour différents niveaux de chargement la surface de contact totale varie en
moyenne de 14.0 mm² (SD 12.7) à 30.2 mm² (SD 10.7) [HISM99]. Ce sont notamment les sur-
faces de contact des molaires et des prémolaires qui sont le plus impactées par ce phénomène
[GABF00].
15
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
Les chargements mécaniques de mastication sont des successions de cycles d’ouverture/ fer-
meture de la mâchoire appliqués avec une force d’intensité variable. L’intensité de la force moyenne
déployée dépend de facteurs liés à l’individu considéré : âge, genre, morphologie crânio-faciale,
santé, état de la denture. . . Les muscles masticatoires sont principalement contrôlés par les méca-
norécepteurs du parodonte (i.e. neurones sensoriels sensibles aux déformations mécaniques) qui
permettent d’ajuster la force appliquée en fonction de la rigidité de l’aliment mastiqué. Les ma-
ladies parodontales peuvent ainsi impacter le contrôle de la mastication et peuvent induire une
mauvaise perception de la force nécessaire pour la mastication [KDB10]. La forme du cycle masti-
catoire d’ouverture/fermeture dans le plan frontal (plan de séparation ventral/dorsal, figure 1.9a)
est représentée en figure 1.9b. L’aspect du cycle est relativement homogène pour les différents
cas masticatoires d’un même individu, mais change énormément d’un individu à l’autre [BSH75].
F IGURE 1.9 – Trajectoire du cycle masticatoire - a. Plan frontal chez l’humain - b. Cycle théorique d’ouver-
ture/fermeture lors de la mastication [Oke12] - c. Succession de cycles lors de la mastication pour différents
types d’aliments [LG82]
L’estimation des forces développées entre les dents lors de la mastication a fait l’objet de nom-
breuses études. La force de morsure maximale (« Maximum bite force »), mesurée à l’aide d’un
capteur d’effort (transducteur piezoélectrique ou capteur à jauge de contrainte) placé entre deux
dents opposées fait office de standard. Si la méthode est cliniquement pratique, elle est critiquée
car elle introduit un décalage géométrique entre les deux mâchoires et modifie donc l’occlusion
dentaire naturelle [Bak06]. Il est possible d’arguer que ce type de sollicitation reste proche de la
mastication, au cours de laquelle l’occlusion n’est pas parfaite car les zones de contact entre les
16
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
deux mâchoires se font par l’intermédiaire de l’aliment mastiqué. Nous avons adopté par la suite
des valeurs issues de ces études pour définir un cas de chargement pour une dent. Les valeurs
issues de la littérature mettent en évidence des forces de mastication variant entre 100 et 700 N,
celle-ci pouvant être plus élevées (≈ 1500 N) chez les patients atteints de bruxisme (serrement
Compte tenu de l’évolution des surfaces de contact entre les mâchoires, la pression moyennée
sur toute l’arcade développée lors de l’occlusion est constante quelle que soit la force développée
par l’individu, et vaut approximativement 40 MPa [HISM99]. En revanche les surfaces de contact
sur chacune des dents étant variables, les pressions appliquées le sont également.
La réparation des tissus dentaires est un acte médical dont les premières tentatives dans le
passé remontent de 7 000 à 5 500 ans avant J.C. [MAKA17]. Mais c’est au XIXe siècle que la pre-
mière prothèse moderne fait son apparition grâce à la découverte du procédé de vulcanisation
sur lequel s’insère une prothèse en porcelaine [Nob02]. L’emploi de moules, puis plus récemment
de techniques de numérisation a permis de proposer des prothèses plus durables tout en rédui-
sant le temps de fabrication de la restauration [KNC96]. Dans le cadre de notre étude nous nous
CFAO.
dentaires ayant pour but de soigner les dents tout en minimisant la perte de tissu sain. Les opé-
rations cliniques consistants principalement à éliminer des tissus atteints par une carie, puis à re-
donner une intégrité structurelle à la dent afin qu’elle puisse assurer ses fonctions physiologiques.
Dans un premier temps, le praticien élimine les tissus cariés à l’aide d’un instrument rotatif. En
général, il utilise soit une fraise à boule, tournant à faible vitesse et montée sur un contre-angle,
soit une fraise diamantée, tournant à vitesse élevée, montée sur une turbine et utilisée avec un
système de refroidissement. Plus rarement, le dentiste peut également employer un laser Erbium.
Dans un second temps, le dentiste reconstitue la dent en comblant l’espace laissé vacant par
17
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
l’élimination par fraisage de la lésion carieuse. Pour cela, il a le choix entre les techniques directes,
— La technique directe est applicable aux lésions de petite taille et consiste à obturer la cavité
résiduelle par un matériau de comblement à l’état fluide, puis de l’y faire durcir. Plusieurs
matériaux sont employables : les amalgames, les résines composites, les ciments verres-
ionomères.
de son environnement buccal proche, puis à fabriquer à partir de celle-ci une restauration
dentaire. Plusieurs matériaux sont employables pour la prothèse, tels que les alliages métal-
liques ou les céramiques. La restauration est finalement collée à la dent à l’aide d’une résine
usuellement distinguées en fonction de leur taille : les inlays, les onlays (couvrant la pointe
dent).
Afin d’assurer la bonne insertion de la future restauration, il est nécessaire de modeler correc-
tement la préparation dentaire lors du fraisage. Le dentiste doit alors respecter certaines consi-
dérations cliniques afin d’éviter la mise en place d’une restauration prothétique trop fragile. Ces
considérations peuvent être soit des recommandations générales, telle que la nécessité de mettre
en place des arrondis aux angles de la préparation, soit des recommandations plus spécifiques
fournies par les fabricants de biomatériaux (il est souvent donné une épaisseur minimale à respec-
ter, de l’ordre de 1 – 1.5 mm suivant la résistance mécanique du matériau) [ES02, JA11, CFBDB13].
18
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
Dans le cadre de cette thèse nous nous sommes intéressés spécifiquement aux restaurations de
type couronne qui correspondent à des soins touchant environ 1/3 des populations française et
européenne [ZSW+ 08, Wat11]. Ce type de restauration est indiqué lorsque la perte de tissu est
Les procédés CFAO sont spécifiquement abordés ci-après car une partie de nos recherches
visent à apporter une contribution à l’amélioration de leur phase de conception. Ces procédés
de conception/fabrication des restaurations dentaires intègrent dans leur chaine numérique les
La CFAO dentaire (Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur) est un procédé per-
mettant, à partir d’une prise d’empreinte des mâchoires du patient, de réaliser la conception et
la fabrication d’une restauration prothétique dentaire. Ce procédé numérique a été proposé dès
1973 par le Dr. François Duret dans le cadre de sa thèse d’exercice et a connu de nombreux dé-
veloppements techniques dans les années 80, notamment avec l’apparition du système CEREC
(Sirona Dental Systems GmbH, Bensheim, Germany) [Dur73]. Le marché des systèmes CAD/CAM
apparu dans les années 90 connait depuis les années 2000 un fort développement commercial
[Mo6, DK11].
Le procédé CFAO (figure 1.11) débute par l’acquisition de l’empreinte dentaire du patient à
l’aide d’un scanner laser ou d’une caméra dynamique. Cette opération est réalisée soit directe-
ment dans la bouche du patient, soit par l’intermédiaire d’un moule de la denture. Le système
fait ainsi l’acquisition de la préparation dentaire, des dents adjacentes (voisines sur la même mâ-
choire) et des dents opposées (en contact occlusal). Ces données sont enregistrées sous un format
géométrique (STL ou autre format propriétaire aux propriétés similaires). À partir de la géométrie
préparation (ligne cervicale). Ces données sont ensuite utilisées pour la conception de la prothèse
(cf. partie suivante). Une fois la prothèse conçue, un parcours d’usinage est calculé, transcrit en
langage G-Code, puis envoyé au centre d’usinage à commande numérique (CNC) [TLM+ 15]. Le
choix du matériau est tributaire du dentiste, qui s’adapte au cas clinique et qui doit tenir compte
19
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
La conception géométrique de la restauration s’appuie sur une base de données d’entités ana-
tomiques dentaires associée à chaque type de dent et sur des modules d’assistance à la conception
plus ou moins automatisés selon la solution commerciale. Des procédures entièrement automa-
encore la duplication de la dent symétrique peuvent être mises en œuvre. Des outils d’aide à la si-
mulation des contacts avec les dents adjacentes et les dents antagonistes, numérisées elles aussi,
prothétique est divisée en deux parties par la ligne cervicale : intrados (surface interne collées à
S’il existe pour chaque procédé CAD/CAM disponible sur le marché une solution de conception
prothétique différente, il apparaît que les conceptions de l’intrados et de l’extrados sont toujours
séparées.
Le design de l’extrados (contour externe) est conditionné par l’espace laissé vacant par les
dents adjacentes et occlusales à la préparation dentaire. Les logiciels de CAO dentaire possèdent
plusieurs banques de données contenant des arcades dentaires de référence. Ainsi, pour définir
l’extrados prothétique, l’utilisateur spécifie la dent traitée puis choisit dans la banque de donnée
la morphologie la plus proche de celle du patient. Des opérateurs géométriques (homothétie, fac-
teurs d’échelle, etc.) sont ensuite appliqués pour remplir l’espace disponible pour la prothèse.
20
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
triques (homothétie, translation, rotation) pondérées par les valeurs du paramétrage (figure 1.12).
tégories : les matériaux métalliques et non-métalliques. Les matériaux non-métalliques sont eux-
mêmes classés en trois types : les céramiques, les composites et les polymères (pour des restau-
rations temporaires). Ces travaux se focaliseront principalement sur les composites et les céra-
miques.
Plusieurs types de céramiques sont utilisés pour la réalisation des couronnes : les céramiques
ment la première restauration dentaire réalisée par procédé CFAO fut une céramique feldspa-
thique (Vita Mark I, Vita Zahnfabrik), elles ne sont plus employées dans le cadre de la réalisation
Les céramiques polycristallines sont composées d’oxyde de zircone ou d’alumine. Elles sont
fournies dans un état pré-fritté afin d’être facilement usinables et sont recuites après la mise en
forme. À l’état final, elles présentent un module de Young relativement élevé (> 200 GPa), des du-
retés d’environ 1000 Hv et une ténacité élevée de 4 à 7 MPa.m0.5 [GARS04]. Bien que possédant de
bonnes propriétés mécaniques, du fait de leur microstructure dense, elles présentent une teinte
Les vitrocéramiques sont fabriquées par traitement thermique d’une pâte de verre (verre pré-
curseur) contenant des catalyseurs de germination. Ces matériaux sont composés d’une phase
21
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
vitreuse et d’une phase cristalline. Il existe en dentisterie des vitrocéramiques à base de leucite
de l’émail naturel de 60 à 120 GPa, des duretés de l’ordre de 600-800 Hv, une ténacité de 1 à 2
Les composites employés avec le procédé CFAO pour la réalisation de pièce prothétique sont
des matériaux hybrides-infiltrés, constitués d’un réseau principal de céramique renforcé par un
réseau polymère. Ces composites hybrides ont un module d’élasticité relativement faible (entre
20 et 40 GPa), une dureté comprise entre 70 et 300 Hv et une ténacité de l’ordre de 1.4 à 2.26
MPa.m0.5.
L’usinage des prothèses est réalisé à l’aide de centres d’usinage à commande numérique (CNC).
Les centres d’usinages employés en dentisterie ont des cinématiques allant de 3 à 5 axes, la confi-
guration la plus générale étant un contrôle sur les 3 axes de la fraise lors de l’usinage et un contrôle
de positionnement en rotation de l’axe porte-pièce (3+1 axes). Les matériaux prothétiques utili-
sés avec le procédé CFAO se présentent sous la forme de blocs supportés par un insert métallique
pour le maintien dans la machine (figure 1.13). La vitesse de rotation de la broche est générale-
ment constante lors de l’usinage et se situe entre 42 000 et 60 000 tr/min et les vitesses d’avance
se situent entre 1800 et 3600 mm/min. Les études sur la précision de ces machines indiquent des
la restauration. La rétention de la prothèse étant réalisée par l’ajout d’un matériau de scellement
22
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
infiltrant les porosités des substrats à l’état fluide, puis provoquant un ancrage micromécanique
au cours de son durcissement. Nos travaux considèrent la méthode de scellement employant des
résines composites, les ciments verres-ionomères étant de moins en moins utilisés du fait de leur
moins bonne durabilité et de la moins bonne tenue mécanique des restaurations scellées avec ces
Procédure clinique
F IGURE 1.14 – Interface de scellement d’une restauration prothétique céramique collée (d’après Roulet et
Degrange [RD00])
L’opération de scellement débute par un mordançage des substrats à l’aide de solutions acides.
L’application d’acide fluorhydrique sur l’intrados prothétique A (figure 1.14) permet de déminéra-
liser la céramique en surface, créant ainsi les porosités nécessaires à l’adhésion par ancrage micro-
mécanique. L’emploi d’une solution d’acide phosphorique B sur la préparation dentaire permet
de réaliser une ouverture des pores similaire au sein de l’émail. Dans la dentine, l’acide a pour effet
d’évacuer les boues dentinaires résiduelles au fraisage, d’éliminer les gaines péritubulaires et per-
met de dénuder sur quelques microns les réseaux de fibres de collagène présent dans la matrice
intertubulaire.[Ven09].
Dans l’étape suivante, l’application d’un adhésif primaire à base de silane sur le substrat cé-
23
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
Ce primaire stabilise le réseau de fibre de collagène attaqué par l’acide afin d’assurer une bonne
dernière étape est l’application à l’état liquide d’une résine composite E, principale constituante
de cette couche de scellement. Ces matériaux sont composés notamment d’esters méthacrylates
cien initie la polymérisation à l’aide d’un dispositif de rayonnement spécifique (lampe tungstène-
halogène, diode électro luminescente ou diode laser) appliqué au niveau des surfaces libres du
joint (ligne cervicale). Étant donné le confinement de cette couche, nous avons utilisé la micro-
tomographie à rayon X afin d’avoir accès à la répartition réelle de ce matériau (chapitre 3). Cette
méthode n’est pas utilisable en clinique où le praticien peut uniquement vérifier par palpation la
périphérie externe du joint à l’aide d’une sonde à bout sphérique (rayon ≈ 100 µm).
engendre la création d’une couche hybride (d’épaisseur ≈ 5 µm), dont la caractérisation est per-
tinente dans la mesure où l’adhésion à la dentine reste moins maîtrisée que l’adhésion à l’émail
[Ven09]. Le matériau résineux occupant la majeure partie de cette interface, nous considérons
par la suite que le comportement mécanique de la couche de scellement est déduit des proprié-
tés physiques de ce matériau. La partie suivante s’intéresse donc aux propriétés mécaniques des
résines composites.
Les matériaux utilisés dans le cadre du scellement des restaurations indirectes sont des ma-
Les renforts céramiques sont obtenus soit par fusion (les verres) soit par frittage. Les renforts
vitreux employés usuellement sont : la silice cristalline, le dioxyde de silicium amorphe, le verre de
lithium, le verre de barium-aluminium et le verre borosilicate. Les renforts issus d’un frittage étant
sont classés par taille de renforts : macro- (10 à 50 µm), micro- (40 à 50 nm), et nano-composites
24
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
(5 à 100 nm). Plus récemment des composites renforcés par des mélanges de charges de différentes
tailles ont été introduits sur le marché ; c’est notamment le cas des composites « minifill » (renforts
Les investigations menées sur les propriétés mécaniques de ces matériaux conduisent à une
estimation du module de Young comprise entre 2.4 et 16 MPa, une résistance à la flexion comprise
entre 60 et 160 MPa et une résistance à la compression comprise entre 70 et 280 MPa, suivant la
solution commerciale. Le comportement étant fortement dépendant de la taille des renforts em-
ployés, la configuration « midifill » semblant fournir la plus grande rigidité, tandis que les « micro-
fill » fournissent les matériaux les plus souples et les moins résistants. Leur ténacité est comprise
mères lorsque les liaisons de Van der Waals se transforment en liaison covalente forte [Odi04,
KKCL15]. Cette transformation moléculaire s’accompagne d’une évolution des propriétés phy-
la rigidité, une diminution de la viscosité et une diminution du volume occupé par le matériau
[BVdMF+ 03]. Le taux de contraction étant compris entre 1 et 6 % [BBF05, MM13, SFESR+ 17].
Le comportement viscoélastique de ces matériaux a également été étudié par des essais de
fluage. Alrahlah et al. ont notamment caractérisé le comportement en fluage de résines compo-
sites sous différentes conditions chimiques tentant de reproduire la chimie des aliments [AKA+ 18].
Ces conditions ont été étudiées car les résines composites sont également le composant structurel
majoritaire des restaurations obtenues par obturation directe (dans cette configuration le maté-
riau sera directement en contact avec l’environnement buccal). Dans le cadre de l’étude des res-
taurations indirectes, il est envisageable que ces conditions chimiques affectent localement les
propriétés du joint de scellement au niveau de la surface libre. La figure 1.15 présente les résultats
7200 sec puis 7200 sec en relaxation) sur un nano-composites (Tetric N-ceram, Ivoclar Vivaden
Les composites présentent ainsi un comportement en fluage et sont très dépendant des condi-
tions chimiques appliquées. Dans le cas d’un chargement de mastication, la durée de contact oc-
clusal étant de l’ordre de la seconde [KvE97], cet aspect visqueux a été négligé dans le cadre de
nos études. Ces données sont en revanche pertinentes pour le traitement des individus atteints
de bruxisme (serrement inconscient des mâchoires, principalement durant le sommeil) pour les-
quels des chargements mécaniques continus sont exercés aux surfaces occlusales.
25
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
F IGURE 1.15 – Essais de fluage en flexion trois points sous différentes conditions de stockage (DW : distilled
wateur) [AKA+ 18]
Le comportement mécanique de ces composites est ainsi influencé par l’environnement chi-
mique et notamment par la salive, Walker et al. ayant également observés une diminution de la
traitement du matériau par des conditions d’humidité similaires à celles de l’environnement buc-
cal. L’humidité des substrats lors de la pose peut ainsi avoir un rôle néfaste sur la tenue mécanique
du joint [WSE03].
prothèse [GBRK03]. La reprise de carie et les maladies touchant au parodonte étant des problèmes
pathologiques, ils sont considérés comme étant hors de notre champ d’étude.
Les études cliniques réalisées sur des populations de patients auxquels une restauration indi-
recte a été réalisée font état du décollement prothétique comme étant un mode d’échec fréquent
[TWDAB93, BWT+ 93, HB96, SG15, KVA+ 16]. Goodacre et al. ont repris les résultats de 48 études
cliniques afin d’évaluer l’incidence du phénomène de décollement pour les restaurations scellées
spécifiquement avec des résines composites. 1481 sur les 7029 prothèses considérées ont subi un
26
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
décollement au cours de leur surveillance [GBRK03]. Le taux de décollement observé est notam-
ment de 24 % entre la 2e et la 5e année suivant la pose, une occurrence très élevée qui peut être
mis en relation avec la jeunesse du procédé de collage par résine composite au début des années
2000. Des études cliniques plus récentes mettent en évidence un taux bien inférieur à celui-ci
[GB14]. La même problématique est également observée pour le scellement des restaurations de
type dentures partielles mises en place à l’aide de techniques de collage similaires [PTT+ 08].
Quelques travaux concernant l’interprétation mécanique de ce problème ont été réalisés. Her-
par des essais de traction réalisés à de petites echelles. Ils ont notamment observé que la liaison
cyclique et aux conditions d’humidité [HRKS08, LWM+ 13]. Dans une étude très récente, Liu et al.,
ont montré par une analyse éléments finis que la présence de décollement locaux pouvait sen-
siblement augmenter les contraintes dans la prothèse céramique [LXS+ 18]. La nature du phéno-
mène de décollement reste cependant mal comprise car d’autres facteurs pourraient être impli-
qués dans l’endommagement du joint. Les études conduites au chapitre 3 semblent notamment
indiquer que des zones de décollement localisées peuvent apparaître suite à la contraction volu-
Les restaurations dentaires sont également susceptibles de rompre par fissuration de la struc-
ture céramique. Ce mode de défaillance semble être moins fréquent que le décollement, le taux
de rupture s’élevant toutefois à 6 % lors des 5 premières années d’utilisation [SMT+ 15]. Il semble-
rait également que la probabilité de rupture soit plus élevée pour les restaurations placées sur les
Les suivis cliniques révèlent que ce taux de rupture est tributaire de la céramique employée
pour la réalisation de la restauration. En effet, on observe un taux de rupture de 9.3 % après cinq
années d’utilisation pour les céramiques feldspathiques, 5.4 % pour les vitrocéramiques en di-
silicate de lithium, 3.4 % pour les céramiques alumineuses infiltrées par un verre, 4 % pour les
localisation des zones de rupture au sein des restaurations céramiques [SQQK06]. In-vitro, il res-
sort que la fissuration s’initie soit au niveau de la zone de chargement, soit à l’interface entre la
27
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
couche de scellement et la céramique. Cependant, étant donné que dans ces études le charge-
ment appliqué est majoritairement monotone jusqu’à rupture, le mode de sollicitation diffère du
cas réel, où la rupture observée se produit plus vraisemblablement sous un chargement de fa-
tigue. Heintz et al., ont sollicité cycliquement des assemblages prothétiques dentaires (prothèse
- joint - préparation) en appliquant un chargement centré occlusal [HCZ+ 08]. Pour les restaura-
tions qui ont rompus, ils ont constaté que la rupture initiait majoritairement depuis l’interface
Cliniquement, il ressort que la rupture des restaurations initie effectivement à l’interface com-
posite/céramique. Deux sites d’initiation de rupture ont été observés : la zone occlusale et la zone
cervicale (contour bas de la prothèse) présentés en 1.16 b et c [TANM94, UG14]. Il a également été
observé de rares cas où la rupture s’initiait depuis la zone externe en contact occlusal [SQQK06].
Nous présentons dans la partie suivante les études traitant du comportement mécanique de l’as-
F IGURE 1.16 – Rupture des restaurations - a. rupture in-vitro en zone occlusale, couronne [HCZ+ 08] - b.
rupture clinique en zone occlusale, observation MEB couronne [TANM94] - c. rupture clinique en zone
cervicale, couronne incisive [UG14]
.
Dans cette partie nous effectuons une synthèse des études préexistantes concernant le com-
portement mécanique de la dent restaurée. Les études traitant de la dent saine sont dans un pre-
28
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
mier temps abordées afin de cerner les efforts en jeu et les méthodes d’investigation employées.
La réponse mécanique de l’assemblage prothétique dentaire ainsi que les études traitant de l’in-
In-vivo, la réponse mécanique de la dent saine a été étudiée à partir des années 60 afin d’ana-
lyser les mobilités de la dent lors de l’application d’une sollicitation mécanique. Sous l’application
d’une force sur la dent à l’aide d’un indenteur, la réponse en déplacement est non-linéaire, celle-ci
étant attribuée à la déformation du ligament parodontal sous l’effet de la charge [Par60]. Les fonc-
tions mécaniques de ce ligament étant de fournir une certaine mobilité à la dent et d’amortir les
L’introduction de la méthode des éléments finis en dentisterie a ensuite permis d’obtenir une
approximation du champ des contraintes au sein de la structure dentaire [SSK75, DMR05, MCM+ 15].
Dejak et al. ont ainsi caractérisé l’état de contrainte en considérant le contact occlusal et la mas-
tication d’aliments de différentes rigidités. Si l’on peut émettre des réserves quant aux forces im-
posées pour le cas de chargement en contact occlusal et sur la forme des aliments mastiqués, ces
travaux restent pertinents vis-à-vis de la localisation des efforts résultants sur la dent ainsi que sur
le champ des contraintes au sein de celle-ci. Il ressort que les contraintes les plus élevées se situent
en surface occlusale, sous la zone de contact du chargement. Plus l’aliment mastiqué est rigide, et
plus la transmission des efforts entre les mâchoires inférieures et supérieures est importante. En
revanche un aliment moins rigide réparti davantage l’effort lors de sa déformation. Le charge-
ment en contact occlusal (sans la présence d’un aliment) crée des zones de contact de surfaces
plus petites et génère ainsi de fortes zones de contraintes localisées. La mastication alimentaire se
caractérise par des surfaces de contact plus élargies du fait de l’étalement des aliments. L’article
Des contraintes élevées peuvent également apparaître au sein de la structure dentaire au ni-
veau de l’interface dentine/émail [BAU+ 07]. Ces contraintes de compression peuvent être la consé-
quence d’une différence abrupte de module d’élasticité entre la dentine et l’émail implémentée
dans le modèle numérique. En réalité, cette jonction présente une évolution quasi-linéaire du
module de Young permettant possiblement une atténuation des contraintes mécaniques, et donc
29
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
et de la préparation dentaire (figure 1.18a). De nombreuses études visant à distinguer les maté-
riaux offrant la meilleure tenue mécanique, ou encore les configurations géométriques les plus
adaptées à la réalisation des restaurations sont disponibles dans la littérature. Étant donné la mor-
phologie complexe de ces assemblages, de nombreux modèles géométriques ont été utilisés dans
ces travaux afin de décrire le comportement de la dent restaurée et de définir des paramètres
d’étude pertinents. Dans cette section, une synthèse des différentes méthodes de modélisation
[TPAY98, DD03, KMKL03]. La structure se présente comme un sandwich composé d’une céra-
mique relativement rigide, d’un polymère composite relativement souple, et des tissus dentaires
F IGURE 1.17 – Étude d’une structure tri-couche simplifiée - a. propriétés de l’assemblage – b. assemblage
sollicité
Lors de l’application d’une force sur la céramique, la déformation de celle-ci est conditionnée
par la déformation de la couche de scellement, plus souple. La céramique est sollicitée à la ma-
nière d’un essai de flexion biaxial auquel on aurait rajouté un amortissement réalisé par la couche
de polymère. Il apparaît ainsi des contraintes de traction au niveau de l’interface entre ces deux
30
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
matériaux (figure 1.17b). Les matériaux céramiques étant sensibles à ce type de contraintes, cette
Les études expérimentales réalisées sur ce modèle mettent en évidence que la fissuration s’ini-
Plusieurs modèles géométriques plus complexes sont utilisés dans les travaux prééxistants afin
de traiter de manière plus réaliste le comportement mécanique de la dent restaurée. Nous distin-
guerons les géométries réelles ou 3D virtuelles (figure 1.18a) et les géométries 2D axisymétriques
(figure 1.18b).
F IGURE 1.18 – Modélisation géométrique de la dent restaurée - a. géométrie réelle - b. géométrie 2D axisy-
métrique
Dans les modèles 2D axisymétriques, les géométries des trois parties sont différenciées et sy-
variabilité morphologique inhérente aux prothèses réelles tout en intégrant les principaux élé-
prothèse. Les reliefs externes de la prothèse (cuspides) ne sont donc pas considérés.
Ces modèles géométriques ont dans un premier temps été introduits pour comparer la résis-
tance à rupture des couronnes réalisées dans différents matériaux prothétiques [SCGK98, PGW+ 04,
BLM06]. La tenue mécanique est généralement étudiée dans le cadre de l’application d’un char-
31
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
gement mécanique monotone jusqu’à rupture de la prothèse. Ces travaux fournissent peu de ré-
sultats supplémentaires en rapport aux essais mécaniques réalisés directement sur les matériaux
céramiques.
Ces assemblages ont ensuite été utilisés dans des études de sensibilité afin d’étudier l’influence
des différents paramètres géométriques [SS12, ZSR+ 16, MKYE18]. Ces études sont focalisées sur
l’impact des dimensions du hiatus (intrados prothétique) et de la préparation sur la tenue méca-
nique de la restauration.
al. ont mis un évidence une inclinaison de la paroi axiale de la préparation semblant optimiser la
tenue mécanique de la prothèse (6°) [SS12, ZSR+ 16]. Dans les travaux de May et al, considérant un
chargement mécanique centré, il a été montré qu’une diminution de l’épaisseur du joint de scel-
lement (et donc une diminution des épaisseurs du hiatus) permettait de diminuer les contraintes
Malgré les grandes similarités des géométries employées dans ces études, il n’existe pas de
paramètres est donc un exercice complexe compte tenu du fait que des différences sont observées
entre ces études : écarts géométriques, matériaux employés et chargements mécaniques consi-
dérés. Dans nos travaux (chapitre 2), nous avons donc repris une grande partie de ces études de
sensibilité en se basant sur un même modèle, afin d’étudier l’influence propre de chacun des pa-
Les modèles géométriques les plus réalistes considèrent soit des géométries réelles soit des géo-
métries 3D virtuelles. Les géométries réelles sont principalement employées dans les études expé-
rimentales, où des dents sont extraites, préparées, puis finalement restaurées. Plus récemment,
ces géométries ont également été scannées puis utilisées directement dans des modélisation élé-
ments finis. Les géométries 3D virtuelles sont créées par des outils CAO, puis utilisées dans des
Une grande partie de ces études expérimentales traite une nouvelle fois de la comparaison
des chargements à rupture pour différentes céramiques [JSDH85, MQB97, WTB00, ZKN14]. L’in-
été évaluée expérimentalement dans plusieurs études [AK04, VvSEH+ 06]. Il apparaît que l’influence
d’un préchargement mécanique ou thermique est incertain, et dépend grandement des condi-
32
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
ture). En revanche les études relevées s’accordent sur le rôle néfaste de l’humidité sur la tenue mé-
cal lors de la mise en place d’essais mécaniques [BCT+ 09]. Si l’on trouve des études expérimen-
tales traitant du dimensionnement de la préparation basées sur des géométries réelles, celles-ci
NHI+ 15].
Les travaux numériques portant sur la dent restaurée par méthode indirecte ont débuté dans
les années 90 en employant des géométries 3D virtuelles. Les premières simulations restant très
simplifiées et ne modélisant par exemple pas le joint de scellement [HA90, AHAHH00]. Des études
de sensibilités similaires à celles réalisées sur les modélisations axisymétriques ont plus récem-
ment été menées et ne fournissent pas de conclusions supplémentaires [LLW+ 11, BIKS13, MHF+ 18].
plus complexes. En appliquant une indentation sphérique sur la totalité de la surface de contact,
Nasrin et al., ont par exemple pu identifier une zone fortement sollicitée en traction en bordure
cervicale de la prothèse [NKSR17]. Cette zone semblant coïncider avec le second mode de rup-
ture présenté en partie précédente. En revanche sur cette simulation, la zone de sollicitation en
traction biaxiale où des rupture clinique ont également lieues n’apparait pas, le chargement étant
Il est intéressant de noter que certains aspects biomécaniques sont systématiquement omis
— d’une part le ligament parodontal est rarement modélisé dans le cadre des études numé-
rique et rarement pris en compte dans les études expérimentales (les dents sont extraites
puis testées) ;
— l’anisotropie de la dentine n’est jamais prise en compte dans le cadre de l’étude de la dent
restaurée, et reste peu étudiée à l’échelle macroscopique dans le cadre de l’étude de la dent
saine ;
33
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
Les principaux éléments soulevés dans cette étude bibliographique sont résumés ci-aprés :
• La dent est composée de deux tissus (émail et dentine) et est liée à la mâchoire par le paro-
donte
• Le procédé CFAO utilisé en dentisterie intègre une chaîne numérique utilisant les géomé-
tries dentaires scannées sur le patient et permettant la conception et l’usinage d’une pièce
prothétique en céramique
• La fissuration peut se produir en droit du chargement (zone occlusale) et sur la ligne basse
• Les études de sensibilité réalisées sur des modèles 2D axisymétriques permettent de mettre
• Les modélisations 3D de la dent restaurée permettent (entre autres) de considérer des char-
• Des simplifications de modèle non justifiées sont usuellement effectuées dans les études
préexistantes
Différents modèles géométriques sont considérés tout au long de ce manuscrit. Dans le cha-
pitre 2, un modèle 2D axisymétrique est employé afin de mettre en place des études de sensibilité.
De plus, nous utiliserons également un modèle axisymétrique dans le chapitre 3 afin d’observer
chapitre 4, une géométrie 3D virtuelle est mise en place afin de traiter des différentes hypothèses
usuellement prises en compte dans le cadre de l’analyse mécanique de la dent restaurée. Fina-
lement, les géométries réelles sont considérées dans le dernier chapitre afin de proposer une mé-
thode d’optimisation “patient specific” de la prothèse, utilisant directement les géométries scan-
nées sur le patient et intégrable dans les chaînes numériques des procédés CFAO.
34
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
1.7 Références
ted with loaded ceramic onlay restorations with different designs of marginal pre-
paration. An FEA study. Journal of Oral Rehabilitation, 27(4) :294–298, April 2000.
33
[AK04] Ahmed Attia and Matthias Kern. Influence of cyclic loading and luting agents on the
fracture load of two all-ceramic crown systems. The Journal of Prosthetic Dentistry,
[AKA+ 18] Ali Alrahlah, Rawaiz Khan, Khalid Alotaibi, Ziad Almutawa, H. Fouad, Mohamed El-
[AR06] Dwayne D. Arola and Robert K. Reprogel. Tubule orientation and the fatigue strength
[BA09] Devendra Bajaj and Dwayne D. Arola. On the R-curve behavior of human tooth en-
[Bak06] Merete Bakke. Bite Force and Occlusion. Seminars in Orthodontics, 12(2) :120–126,
June 2006. 16
[BAU+ 07] Josipa Borcić, Robert Antonić, Miranda Muhvić Urek, Nikola Petricević, Petra Nola-
Fuchs, Amir Catić, and Ivica Smojver. 3-D stress analysis in first maxillary premolar.
[BBF05] Roberto R. Braga, Rafael Y. Ballester, and Jack L. Ferracane. Factors involved in the
[BCT+ 09] Gilberto A. Borges, Danilo Caldas, Burak Taskonak, Jiahau Yan, Lourenco Correr So-
brinho, and Wildomar José de Oliveira. Fracture loads of all-ceramic crowns under
wet and dry fatigue conditions. Journal of Prosthodontics : Official Journal of the
35
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[Bib18b] Malocclusion, Nov 2018. [Online ; accessed 12. Nov. 2018]. 15, XI
[Bib18c] Skull, Facial Bones & Joints. Dentition, Nov 2018. [Online ; accessed 2. Nov. 2018]. 14,
XI
de mouvements de latéralité), Nov 2018. [Online ; accessed 12. Nov. 2018]. 15, XI
[BIKS13] John F. Bowley, Ionut P. Ichim, Jules A. Kieser, and Michael V. Swain. FEA evaluation of
[BLM06] A. Bindl, H. Lüthy, and W. H. Mörmann. Thin-wall ceramic CAD/CAM crown co-
pings : strength and fracture pattern. Journal of Oral Rehabilitation, 33(7) :520–528,
July 2006. 31
[BP12] Stephen Bonsor and Gavin Pearson. A Clinical Guide to Applied Dental Materials.
[BVdMF+ 03] M. Barink, P. C. P. Van der Mark, W. M. M. Fennis, R. H. Kuijs, C. M. Kreulen, and
[CFBDB13] Pedro Henrique Corazza, Sabrina Alves Feitosa, Alexandre Luiz Souto Borges, and
Alvaro Della Bona. Influence of convergence angle of tooth preparation on the frac-
B. S. Schweigert, editors, Advances in Food Research, volume 29, pages 159–199. Aca-
36
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[CML+ 02] J. L. Cuy, A. B. Mann, K. J. Livi, M. F. Teaford, and T. P. Weihs. Nanoindentation map-
ping of the mechanical properties of human molar tooth enamel. Archives of Oral
[CRKS07] Nancy L. Clelland, Adriana Ramirez, Noriko Katsube, and Robert R. Seghi. Influence
of bond quality on failure load of leucite- and lithia disilicate-based ceramics. The
[CSP07] Heather J. Conrad, Wook-Jin Seong, and Igor J. Pesun. Current ceramic materials
[DD03] X. D. Dong and B. W. Darvell. Stress distribution and failure mode of dental ceramic
[DK11] Gary Davidowitz and Philip G. Kotick. The use of CAD/CAM in dentistry. Dental
[DMR03] Beata Dejak, Andrzej Młotkowski, and Maciej Romanowicz. Finite element analysis
[DMR05] Beata Dejak, Andrzej Mlotkowski, and Maciej Romanowicz. Finite element analy-
tion and parafunction. The Journal of Prosthetic Dentistry, 94(6) :520–529, December
2005. 29
[Dur73] Francois Duret. Empreinte optique. Thèse de diplôme d’état de docteur en chirurgie
[Eas60] J. E. Eastoe. Organic Matrix of Tooth Enamel. Nature, 187(4735) :411–412, July 1960.
37
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[ES02] Daniel Edelhoff and John A. Sorensen. Tooth structure removal associated with va-
rious preparation designs for anterior teeth. The Journal of Prosthetic Dentistry,
[Faw95] E. Fawcett. The Structure of the Inferior Maxilla, with special reference to the posi-
tion of the Inferior Dental Canal. Journal of Anatomy and Physiology, 29(Pt 3) :355–
[Fer11] Jack L. Ferracane. Resin composite—State of the art. Dental Materials, 27(1) :29–38,
January 2011. 25
[FP15] M Fehrenbach and Tracy Popowics. Illustrated Dental Embryology, Histology, and
[Fuk93] T. Fukui. Analysis of stress-strain curves in the rat molar periodontal ligament after
Constituent Societies, and the American Board of Orthodontics, 104(1) :27–35, July
1993. 12, 29
[GABF00] W. Gurdsapsri, M. Ai, K. Baba, and K. Fueki. Influence of clenching level on intercus-
pal contact area in various regions of the dental arch. Journal of Oral Rehabilitation,
[GARS04] Massimiliano Guazzato, Mohammad Albakry, Simon P Ringer, and Michael V Swain.
[GB14] Aristidis A. Galiatsatos and Dimitra Bergou. Clinical evaluation of anterior all-
38
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[HB96] Ola Hansson and Björn Bergström. A longitudinal study of resin-bonded prostheses.
[HBD02] L. Hitmi, D. Bouter, and M. Degrange. Influence of drying and HEMA treatment on
[HCZ+ 08] S. D. Heintze, A. Cavalleri, G. Zellweger, A. Büchler, and G. Zappini. Fracture fre-
different loading and luting protocols. Dental Materials : Official Publication of the
on Bite Force Balance, Occlusal Contact Area, and Average Bite Pressure. Journal of
[HMMB01] S. Habelitz, S.J. Marshall, G.W. Marshall, and M. Balooch. Mechanical properties of
human dental enamel on the nanometre scale. Archives of Oral Biology, 46(2) :173–
[HRKS08] Alfredo I. Hernandez, Thasanai Roongruangphol, Noriko Katsube, and Robert R. Se-
ghi. Residual interface tensile strength of ceramic bonded to dentin after cyclic loa-
ding and aging. The Journal of Prosthetic Dentistry, 99(3) :209–217, March 2008. 27
[HS08] Li Hong He and Michael V. Swain. Understanding the mechanical behaviour of hu-
man enamel from its structural and compositional characteristics. Journal of the
[HWT+ 07] M. Huang, R. Wang, V. Thompson, D. Rekow, and W. O. Soboyejo. Bioinspired design
[IH09a] Nicoleta Ilie and Reinhard Hickel. Investigations on mechanical behaviour of dental
39
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[IH09b] Nicoleta Ilie and Reinhard Hickel. Macro-, micro- and nano-mechanical investiga-
[IKM+ 05] V. Imbeni, J. J. Kruzic, G. W. Marshall, S. J. Marshall, and R. O. Ritchie. The den-
tin–enamel junction and the fracture of human teeth. Nature Materials, 4(3) :229,
March 2005. 11
[JA11] Ezatollah Jalalian and Neda Sadat Aletaha. The effect of two marginal designs
(chamfer and shoulder) on the fracture resistance of all ceramic restorations, Ince-
ram : An in vitro study. Journal of Prosthodontic Research, 55(2) :121–125, April 2011.
18
March 1985. 32
[KDB10] Duygu Koc, Arife Dogan, and Bulent Bek. Bite Force and Influential Factors on Bite
[KKCL15] Ryan Jin-Young Kim, Yu-Jin Kim, Nak-Sam Choi, and In-Bog Lee. Polymerization
[KMKL03] Jong Ho Kim, Pedro Miranda, Do Kyung Kim, and Brian R. Lawn. Effect of an adhe-
[KNC96] J. Robert Kelly, Ichiro Nishimura, and Stephen D Campbell. Ceramics in dentis-
try : Historical roots and current perspectives. The Journal of Prosthetic Dentistry,
[KVA+ 16] Vatche Kassardjian, Sachin Varma, Manoharan Andiappan, Nico H. J. Creugers, and
David Bartlett. A systematic review and meta analysis of the longevity of anterior
40
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
and posterior all-ceramic crowns. Journal of Dentistry, 55 :1–6, December 2016. 26,
27
[KvE97] J. H. Koolstra and T. M. G. J. van Eijden. The jaw open-close movements predicted
1997. 14, 25
[LCL08] Chun-Li Lin, Yen-Hsiang Chang, and Perng-Ru Liu. Multi-factorial analysis of a
[LCM14] Raymond Wai Kim Li, Tak Wah Chow, and Jukka Pekka Matinlinna. Ceramic dental
DENTAL CROWN PROSTHESES. Theses, universite Paris 13, June 2017. 22, XI
[LLW+ 11] Bin Liu, Chenglin Lu, Yanling Wu, Xiuyin Zhang, Dwayne Arola, and Dongsheng
Zhang. The effects of adhesive type and thickness on stress distribution in molars
[LR72] S. Lees and F. R. Rollins. Anisotropy in hard dental tissues. Journal of Biomechanics,
[LTDA16] Nicolas Lebon, Laurent Tapie, François Duret, and Jean-Pierre Attal. Understanding
dental CAD/CAM for restorations : dental milling machines from a mechanical en-
[LWM+ 13] Chenglin Lu, Raorao Wang, Shuangshuang Mao, Dwayne Arola, and Dongsheng
nuary 2013. 27
41
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[LXS+ 18] Yonggang Liu, Yuanzhi Xu, Bo Su, Dwayne Arola, and Dongsheng Zhang. The ef-
fect of adhesive failure and defects on the stress distribution in all-ceramic crowns.
[MAKA17] Rajesh Mahant, S Vineet Agrawal, Sonali Kapoor, and Isha Agrawal. Milestones of
elastic modulus, and fracture. Journal of Biomedical Materials Research, 54(1) :87–
[MCM+ 15] Laís S. Munari, Tulimar P. M. Cornacchia, Allyson N. Moreira, Jason B. Gonçalves,
3d model with anisotropic and isotropic enamel. Medical & Biological Engineering
[MD72] R. L. Myerson and I. L. Dogon. The role of the porcelain inlay in restorative dentistry.
[MHF+ 18] Ebrahim Maghami, Ehsan Homaei, Khalil Farhangdoost, Edmond Ho Nang Pow,
Jukka Pekka Matinlinna, and James Kit-Hon Tsoi. Effect of preparation design for
[Mil12] N. Miller. Ten Cate’s oral histology, 8th edition. British Dental Journal, 213(4) :194,
August 2012. 10
[MK13] Liliana G. May and J. Robert Kelly. Influence of resin cement polymerization shrin-
2013. 32
[MKBH12] Liliana G. May, J. Robert Kelly, Marco A. Bottino, and Thomas Hill. Effects of cement
thickness and bonding on the failure loads of CAD/CAM ceramic crowns : multi-
physics FEA modeling and monotonic testing. Dental Materials : Official Publication
[MKYE18] Shoko Miura, Shin Kasahara, Shinobu Yamauchi, and Hiroshi Egusa. Effect of fi-
nish line design on stress distribution in bilayer and monolithic zirconia crowns : a
42
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[MM13] Shiv P. Mantri and Sneha S. Mantri. Management of Shrinkage Stresses in Direct
[MMKB97] Grayson W. Marshall, Sally J. Marshall, John H. Kinney, and Mehdi Balooch. The
[Mo6] Werner H. Moörmann. The evolution of the CEREC system. The Journal of the Ame-
[MQB97] M. Mak, A. J. Qualtrough, and F. J. Burke. The effect of different ceramic materials on
[NCL+ 17] Anneke Nikolaus, John D. Currey, Tom Lindtner, Claudia Fleck, and Paul Zaslansky.
Importance of the variable periodontal ligament geometry for whole tooth mecha-
[NHI+ 15] Keisuke Nakamura, Akio Harada, Ryoichi Inagaki, Taro Kanno, Yoshimi Niwano,
Percy Milleding, and Ulf Örtengren. Fracture resistance of monolithic zirconia mo-
lar crowns with reduced thickness. Acta Odontologica Scandinavica, 73(8) :602–608,
2015. 33
Crowns Using Statistical Fracture Mechanics. Journal of Dental Research, 96(5) :509–
[NPS04] Arturo N Natali, Piero G Pavan, and Caterina Scarpa. Numerical analysis of tooth
43
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[OD86] O.M. El Mowafy and D.C. Watts. Fracture Toughness of Human Dentin. Journal of
[Odi04] George Odian. Principles of Polymerization. John Wiley & Sons, 2004. Google-Books-
ID : GbLrBgAAQBAJ. 25
[ODPD14] J.-D. Orthlieb, L. Darmouni, A. Pedinielli, and J. Jouvin Darmouni. Fonctions occlu-
[PG01] Etienne Piette and Michel Goldberg. La dent normale et pathologique. De Boeck
[PGR69] Jan H. N. Pameijer, Irving Glickman, and Fred W. Roeber. Intraoral Occlusal Te-
[PGW+ 04] Konstantinos Pallis, Jason A. Griggs, Ronald D. Woody, Guillermo E. Guillen, and
Amp W. Miller. Fracture resistance of three all-ceramic restorative systems for pos-
terior applications. The Journal of Prosthetic Dentistry, 91(6) :561–569, June 2004.
31
[PTT+ 08] Bjarni E. Pjetursson, Wah Ching Tan, Ken Tan, Urs Brägger, Marcel Zwahlen, and
Niklaus P. Lang. A systematic review of the survival and complication rates of resin-
bonded bridges after an observation period of at least 5 years. Clinical Oral Implants
[RD00] Jean-François Roulet and Michel Degrange. Adhesion : The Silent Revolution in Den-
44
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
and wet fatigue properties of three all-ceramic crown systems. The International
[Sch12] Rickne C. Scheid. Woelfel’s Dental Anatomy. Lippincott Williams & Wilkins, 2012.
Google-Books-ID : UNtzFQszCuQC. 7
[SFESR+ 17] Carlos José Soares, André Luis Faria-E-Silva, Monise de Paula Rodrigues, Andomar
Bruno Fernandes Vilela, Carmem Silvia Pfeifer, Daranee Tantbirojn, Antheunis Vers-
luis, Carlos José Soares, André Luis Faria-E-Silva, Monise de Paula Rodrigues, An-
domar Bruno Fernandes Vilela, Carmem Silvia Pfeifer, Daranee Tantbirojn, and An-
theunis Versluis. Polymerization shrinkage stress of composite resins and resin ce-
ments – What do we need to know ? Brazilian Oral Research, 31, August 2017. 25
[SG15] Piero Simeone and Stefano Gracis. Eleven-Year Retrospective Survival Study of 275
[SMT+ 15] Irena Sailer, Nikolay Alexandrovich Makarov, Daniel Stefan Thoma, Marcel Zwah-
fixed dental prostheses (FDPs) ? A systematic review of the survival and complica-
tion rates. Part I : Single crowns (SCs). Dental Materials : Official Publication of the
[SQQK06] Susanne S. Scherrer, Janet B. Quinn, George D. Quinn, and J. Robert Kelly. Failure
[SS12] Tanapon Sornsuwan and Michael V. Swain. The effect of margin thickness, degree
[SVNC+ 93] I.R. Spears, R. Van Noort, R.H. Crompton, G.E. Cardew, and I.C. Howard. The Effects
45
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[TLM+ 15] L. Tapie, N. Lebon, B. Mawussi, H. Fron Chabouis, F. Duret, and J.-P. Attal. Unders-
44, 2015. 19
[TLS19] Laurent Tapie, Nicolas LEBON, and Kyo Shindo. La CFAO en ingénierie biomédicale
[VvSEH+ 06] P. Vult von Steyern, S. Ebbesson, J. Holmgren, P. Haag, and K. Nilner. Fracture
strength of two oxide ceramic crown systems after cyclic pre-loading and thermo-
[Wan05] Rizhi Wang. Anisotropic fracture in bovine root and coronal dentin. Dental Mate-
46
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
tion lorraine portant sur 893 orthopantomogrammes. PhD thesis, Université Henri
[WRP+ 15] Wenlong Wang, Nicolas Roubier, Guillaume Puel, Jean-Marc Allain, Ingrid C. Infante,
Jean-Pierre Attal, and Elsa Vennat. A New Method Combining Finite Element Ana-
[WS07] Julian B. Woelfel and Rickne C. Scheid. Anatomie dentaire : application à la pratique
[WSE03] M. P. Walker, P. Spencer, and J. D. Eick. Effect of simulated resin-bonded fixed partial
[WTB00] S. G. Wylie, H. K. Tan, and K. Brooke. Restoring the vertical dimension of mandibular
incisors with bonded ceramic restorations. Australian Dental Journal, 45(2) :91–96,
[WTY09] B. Wu, W. Tang, and B. Yan. Study on Stress Distribution in Periodontal Ligament of
[YM49] Algirdas Yurkstas and R. S. Manly. Measurement of occlusal contact area effective in
[ZDZY14] Ya-Rong Zhang, Wen Du, Xue-Dong Zhou, and Hai-Yang Yu. Review of research on
the mechanical properties of the human tooth. International Journal of Oral Science,
[ZKN14] Tim F. Zesewitz, Andreas W. Knauber, and Frank P. Nothdurft. Fracture resistance of
[ZSR+ 16] Zhongpu Zhang, Tanapon Sornsuwan, Chaiy Rungsiyakull, Wei Li, Qing Li, and Mi-
dental crowns. Dental Materials : Official Publication of the Academy of Dental Ma-
47
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques
[ZSW+ 08] Nicola U. Zitzmann, Katharina Staehelin, Angus W. G. Walls, Giorgio Menghini, Ro-
land Weiger, and Elisabeth Zemp Stutz. Changes in oral health over a 10-yr period
[UG14] Marit Øilo, Anne D Hardang, Amanda H Ulsund, and Nils R Gjerdet. Fractographic
clinical function. European Journal of Oral Sciences, 122(3) :238–244, June 2014. 28,
XII
48
Chapitre 2
L’étude bibliographique a permis de mettre en lumière certains paramètres clés sur lesquels le
praticien et le prothésiste ont la possibilité d’agir pour optimiser la tenue mécanique de l’assem-
blage prothétique dentaire (APD). Dans ce chapitre nous cherchons à fournir des informations
comparatives sur l’impact de chacun de ces paramètres. Des géométries 2D axisymétriques ont été
mises en place afin de réaliser ces études. Nous avons étudié séparément l’influence du choix des
finis sont présentés et comparés à ceux d’une configuration choisie comme référence.
Sommaire
2.1 Description mécanique 2D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
49
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
2.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
50
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
Le modèle mécanique adopté pour réaliser les différents calculs éléments finis est présenté
dans cette section. Les analyses des états de contraintes dans les différentes parties de l’assem-
blage sont présentées pour la configuration considérée comme référence. Les calculs EF exposés
dans ce chapitre ont été réalisés à l’aide du logiciel éléments finis SIMULIA/ABAQUS 6.11 (Das-
Le support d’étude 2D axisymétrique est présenté sur la figure 2.1. L’assemblage prothétique
dentaire est composé de trois parties : la prothèse, le joint de scellement et la préparation. Les
Les conditions aux limites et le chargement mécanique appliqués au modèle sont présentés
sur la figure 2.1a. La base de la préparation est considérée comme étant encastrée sur un sup-
port infiniment rigide, le parodonte étant donc négligé dans cette première étude. Les interfaces
des liaisons complètes. La fonction “Tie constraint” du logiciel ABAQUS a été utilisée pour assurer
cette condition (pas de déplacement relatif des noeuds appartenant aux interfaces ainsi jointes).
Un chargement sous la forme d’une pression normale de 50 MPa est appliqué uniformément sur
51
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
un disque axisymétrique de rayon 1.5 mm situé sur la partie occlusale de la prothèse. Cette valeur
de chargement est de l’ordre de grandeur des pressions masticatoires relevées dans la littérature
(section 1.2.5). L’état de contraintes initial avant le chargement est supposé nul, ce qui revient à
négliger les contraintes résiduelles pouvant être induites lors du collage de la restauration.
Les maillages EF des trois parties de l’assemblage sont majoritairement constitués d’éléments
d’une faible proportion d’éléments linéaires triangulaires CAX3 dans certaines zones afin d’amé-
nombre d’éléments et leur taille moyenne sont répertoriés dans le tableau 2.1. La principale diffi-
culté rencontrée lors du maillage est liée à la faible épaisseur du joint en comparaison aux autres
parties de l’assemblage.
La figure 2.1b présente les différents paramètres considérés. En vert sont distingués les para-
mètres fixes du modèle, et en rouge les paramètres qui feront l’objet d’une étude de sensibilité.
Une configuration de référence est arbitrairement définie avec les valeurs issues du tableau 2.2.
Dans cette étude, le comportement des trois matériaux a été considéré comme étant élastique
linéaire isotrope et caractérisé par les modules de Young et les coefficients de Poisson. Ecer , νcer ,
E ad h , νad h , Ed ent i n , νd ent i n étant respectivement les modules de Young et coefficients de Poisson
céramique (σmax ) n’est pas une variable incluse dans le calcul EF mais a été utilisée lors du post-
traitement dans certaines études. Elle n’est donc pas définie pour la configuration de référence. La
h o et h a sont respectivement les hiatus occlusal et axial. Ils définissent la géométrie de l’in-
l’axe de symétrie de l’assemblage. Les arrondis et congés présents sur les géométries ont un rayon
Ecer (GPa) νcer E ad h (GPa) νad h Ed ent i n (GPa) νd ent i n h o (µm) h a (mm) α
80.0 0.30 5.0 0.35 18.3 0.3 100 100 6
52
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
Les résultats de la simulation numérique du modèle de référence sont présentés dans cette
partie. L’analyse des états de contraintes a été réalisée séparément pour la prothèse, le joint de
scellement et pour la préparation. La prothèse étant fabriquée dans un matériau fragile, elle est
particulièrement sensible aux contraintes de traction (la résistance en traction est approximative-
ment dix fois inférieure à la résistance en compression). L’analyse a donc essentiellement porté
sur les contraintes principales (σ1 > σ2 > σ3 ). Les contraintes principales sont également utilisées
pour étudier l’état mécanique de la préparation. Pour l’analyse de l’état mécanique du joint de
scellement, la contrainte équivalente de von Mises (σVM ) a également été étudiée afin de considé-
(a) σ1 (b) σ2
(c) σ3
F IGURE 2.2 – Champs des contraintes principales dans la prothèse (MPa) - configuration de référence
La répartition des contraintes principales dans la prothèse céramique est présentée en fi-
53
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
gure 2.2. Sous le chargement appliqué, c’est dans la zone basse de la prothèse au droit du char-
gement (zone A, figure 2.2a et 2.2b) que les contraintes de traction sont les plus élevées et cor-
respondent à un état de traction biaxial (σ1 ≈ σ2 ) créé par la flexion de la partie supérieure et qui
pourrait être assimilées aux contraintes dans un disque encastré sur ses bords et soumis à un char-
gement axial. L’intensité est assez élevée, de l’ordre de 30 MPa, en comparaison à la résistance en
traction de ce matériau (de l’ordre de 150 MPa pour la résistance à la flexion uniaxiale). Cette zone
de forte sollicitation en bi-traction est bien corrélée avec l’un des modes de rupture clinique ob-
servé fréquemment (section 1.4.2). Deux autres zones sollicitées en traction sont également mise
en évidence : en surface occlusale (zone B) et sur la paroi latérale externe (zone C).
La figure 2.2c présentant la répartition de la troisième contrainte principale révèle que la pro-
−62.6 MPa au niveau de la zone de chargement. Ce chargement apparaît comme peu préjudi-
ciable car proche d’un état de compression isostatique (σ1 ≈ σ2 ≈ σ3 ). Il n’y a donc que peu de
risque qu’une rupture par compression excessive puisse avoir lieu. En première approximation,
cette valeur est à comparer avec la résistance en compression, de l’ordre de 1500 MPa.
Par la suite, nous avons limité l’analyse de l’état de contraintes dans la prothèse à l’évolution de
(figure 2.3). Les études de sensibilité ont ainsi pour objectif d’étudier l’influence des paramètres
dans cette zone en vue de minimiser les contraintes de bi-traction et de diminuer le risque de
rupture fragile.
F IGURE 2.3 – Évolution des contraintes σ1 le long de l’abscisse curviligne dans la prothèse
54
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
(a) σ1 (b) σ2
F IGURE 2.4 – Champs des contraintes dans le joint de scellement (MPa) - configuration de référence
Compte tenu de son confinement au sein de l’assemblage, la couche de scellement est ma-
joritairement sollicitée en compression (cf. contraintes principales, figures 2.4a, 2.4b et 2.4c). Les
contraintes de traction sont faibles, inférieures à 2.7 MPa et localisées au niveau de la paroi latérale
du joint. Ces valeurs sont faibles en comparaison à la résistance en traction des matériaux de scel-
lement (≈ 100 MPa [MOKMO96]). Néanmoins, un défaut d’adhérence entre le joint et la prothèse
Une zone de forte concentration de contraintes de compression est observée dans le joint sous
la zone de chargement, la contrainte y atteint -18.2 MPa au niveau de l’axe. Il peut ainsi être consi-
déré que le transfert du chargement mécanique vers la préparation est principalement réalisé
La répartition de la contrainte équivalente de Von Mises est décrite en figures 2.4d et 2.5. Deux
zones plus fortement sollicitées sont observées, l’une au droit de la charge D (11.1 MPa), l’autre
55
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
au niveau de la surface libre du joint appelée “ligne cervicale” E (10.9 MPa). Dans cette seconde
zone, les propriétés mécaniques du matériau de scellement peuvent être affectée par la chimie de
l’environnement buccal.
F IGURE 2.5 – Évolution des contraintes σVM le long de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement -
configuration de référence
La préparation dentaire est relativement peu sollicitée par rapport aux autres parties de l’as-
semblage. Les contraintes de traction ne dépassant pas les 1.2 MPa (voir figures 2.6a et 2.6b) (la ré-
sistance en traction de la dentine étant de l’ordre de 150 MPa). Elle est également majoritairement
soumise à des contraintes de compression, avec des contraintes atteignant -17.3 MPa (figure 2.6c).
Cette valeur est nettement en dessous de la résistance en compression de la dentine qui est de
l’ordre de 300 MPa. Étant donné le faible niveau de sollicitation de la préparation, l’influence des
56
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
différents paramètres sur son état mécanique n’a pas été étudiée.
Dans cette étude, le module de Young du matériau de scellement est le paramètre variable (ce
paramètre était fixé à 5 GPa dans la configuration de référence, tableau 2.1). Dans la mesure où le
joint transmet le chargement vers la préparation, le module de Young qui est plus faible que celui
de la prothèse (≈ 80 GPa) a une incidence sur l’état de contraintes dans la prothèse, c’est pourquoi
Dix valeurs comprises entre 2.5 et 16 GPa avec un pas de 1.5 GPa sont considérées. Cette plage
de rigidité couvre des résines composites renforcées par différents type de charges. Les résines
composites de faibles module de Young (inférieur à 6 GPa) correspondent à des renforts de type
“microfill” (40-50 nm), les modules de Young compris entre 8 et 12 GPa correspondent à des ren-
forts de type “minifill” (mélange de renforts 0.6 – 1 µm et 40 nm) ou “nanofill” (5 à 100 nm) tandis
que les composites “midifill” présentent généralement un module de Young plus élevé [Fer11].
F IGURE 2.7 – Première contrainte principale σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - para-
mètre : module de Young du matériau de scellement (GPa)
est présentée en figure 2.7 pour cinq valeurs de module de Young. L’emploi d’un matériau de scel-
57
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
lement de faible rigidité augmente sensiblement l’intensité des contraintes mécaniques au niveau
dans le reste de l’interface où la prothèse est moins sollicitée. Il est ainsi constaté que l’emploi d’un
matériau présentant une forte rigidité élastique permet de limiter la flexion biaxiale observée dans
de la prothèse.
F IGURE 2.8 – Évolution de max(σ1 ) dans la prothèse - paramètre : module de Young du matériau de scelle-
ment (GPa)
La figure 2.8 présente l’évolution de la valeur de la contrainte de traction la plus élevée max(σ1 )
au sein de la céramique pour toutes les configurations considérées. Compte tenu de notre plage
d’étude cette valeur varie entre 27.2 et 38.0 MPa, ce qui correspond à des écarts de -18.3% et +14.0%
Dans cette seconde étude, onze céramiques employées dans le cadre de la mise en place de res-
taurations prothétiques de type couronne ont été considérées. Les valeurs utilisées dans les mo-
délisations sont issues des travaux de Guazzato et al. [GARS04a, GARS04b], Lawson et al. [LBB16]
et Goujat et al. [GAC+ 18]. Dans ces études, les propriétés des matériaux ont été identifiées par
des essais de flexion trois points réalisés dans des conditions similaires. Leurs propriétés méca-
58
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
niques sont répertoriées en annexe A. Trois céramiques hybrides, cinq vitrocéramiques et trois
céramiques à base de zircone ou d’alumine ont été considérées, la plage de variation du module
de Young pour ces matériaux s’étalant de 14.1 GPa à 260 GPa. Afin de pouvoir d’une part comparer
les différentes céramiques entre elles, et d’autre part étudier l’impact du choix de la céramique sur
Pour faciliter la comparaison des matériaux céramiques, les contraintes relevées à l’interface
ont été exprimées en pourcentage de la limite élastique du matériau. En effet, plus le module de
Young du matériau est élevé, plus les contraintes mécaniques développées sont élevées, mais la
limite d’élasticité l’est également. Il est donc intéressant de comparer ces contraintes à la limite
acceptable par le matériau considéré. Les résultats sont présentés en figure 2.9 par types de céra-
Les modules de Young des céramiques hybrides sont relativement faibles, respectivement 14.1,
23.3 et 25 GPa pour le Paradigm MZ100, le Vita Enamic et le Cerasmart. Cette faible rigidité élas-
tique minimise l’intensité des contraintes mécaniques au sein de la prothèse. Ces matériaux sont
donc relativement peu sollicités par rapport aux contraintes mécaniques qu’ils peuvent admettre
(figure 2.9a). Ces matériaux possèdent cependant des propriétés mécaniques assez éloignées de
l’émail sain. Ils sont plus souples et présentent une faible dureté (cf annexe A) ce qui est préju-
diciable pour la tenue mécanique en présence de charges très localisées. Si l’on étudie spécifi-
quement le matériau Paradigm MZ100, il est constaté que celui-ci est tellement peu rigide, que
l’aspect du champ des contraintes en est modifié, les déformations dans l’assemblage ayant prin-
Parmi les matériaux céramiques étudiés, les vitrocéramiques possèdent les propriétés méca-
niques les plus proches de celles de l’émail sain, et respectent de ce fait le mieux le cahier des
charges d’un matériau de restauration (cf annexe A). Il ressort de l’étude comparative (figure 2.9b)
que le Celtra Duo recuit (application d’un traitement thermique post-usinage) présente le couple
de propriétés rigidité-résistance optimal. En omettant le matériau IPS Empress qui n’est plus em-
ployé de nos jours, les vitrocéramiques testées développent des contraintes comprises entre 6.27
Les céramiques à base de zircone ou d’alumine ont une résistance à la rupture élevée en com-
paraison aux autres matériaux considérés dans l’étude mais également un module de Young élevé.
59
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
(b) Vitrocéramiques
(c) Zircone/alumine
F IGURE 2.9 – Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètre : module de
Young du matériau prothétique
60
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
En conséquence, les contraintes développées au sein du matériau lors de l’application d’un char-
gement mécanique sont importantes. Le couplage rigidité/résistance est du même ordre de gran-
deur que pour les vitrocéramiques (figure 2.9). Ces matériaux ont cependant des propriétés mé-
caniques assez éloignées de l’émail sain (la rigidité et la dureté sont plus importantes) et ce sont
de plus des matériaux opaques ne présentant pas de bonnes propriétés esthétiques. En général,
l’emploi de ces matériaux est combiné avec l’application d’une céramique de vernissage pour s’af-
franchir de ce problème. Ce type d’assemblage est alors sujet à d’autres mécanismes de rupture
Il ressort de l’analyse des différentes courbes que l’intensité des contraintes au sein du joint de
scellement est fortement dépendante du matériau prothétique considéré. Pour les céramiques hy-
brides, les contraintes les plus élevées se situent au niveau de la zone de chargement (figure 2.10a).
Elles sont comprises entre 19.2 et 22.5 MPa. Pour les vitrocéramiques deux zones fortement solli-
citées sont distinguées, l’une en dessous du chargement et l’autre au niveau de la ligne cervicale
2.10b. Ces contraintes étant comprises respectivement entre 9.4 et 14.0 MPa pour la zone centrale
et entre 9.4 et 11.8 MPa pour la ligne cervicale. Pour les matériaux à base de zircone/alumine, le
joint de scellement est peu sollicité sous le chargement, mais présente de fortes contraintes au
niveau de la ligne cervicale, où la contrainte équivalente de von Mises est comprise entre 14.1 et
Il est possible de constater une corrélation entre les contraintes sous la zone de chargement et
le module de Young du matériau considérée (figure 2.11). La contrainte dans le joint de scellement
employée par le praticien a donc un impact non négligeable sur l’état mécanique du joint de scel-
lement. Une céramique relativement souple transmettra principalement les efforts de mastication
en droit du chargement et laissera la ligne cervicale peu sollicitée. À l’inverse, une céramique re-
lativement rigide transmettra principalement les efforts au niveau de la ligne cervicale. Compte-
61
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
(b) Vitrocéramiques
(c) Zircone/alumine
F IGURE 2.10 – Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement - paramètre :
module de Young du matériau prothétique
62
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
cliniquement, il est difficile de conclure sur l’influence du choix de la céramique sur ce phéno-
mène.
F IGURE 2.11 – Évolution de σVM dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle - paramètre : module
de Young de la céramique
Il est à noter que ces paramètres sont moins aisément maitrisables par le praticien que le choix
des matériaux. En effet, un contrôle précis de la préparation est difficile à obtenir, et les méthodes
Deux paramètres géométriques ont été considérés dans cette étude, à savoir le hiatus occlusal
h o et le hiatus axial h a (cf. figure 2.1b). Ils permettent de définir l’intrados prothétique et condi-
l’extrados étant fixée, une augmentation des hiatus entraîne une diminution de l’épaisseur de la
céramique. En pratique, ce dimensionnement des hiatus est réalisé librement par le prothésiste
dans le cadre de la conception de la restauration. Pour chaque paramètre, des simulations ont été
effectuées pour dix valeurs comprises entre 30 et 300 µm (dans la configuration de référence les
63
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
deux hiatus sont fixés à 100 µm). De la même manière que dans l’étude précédente, les états de
F IGURE 2.12 – Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètres : hiatus
(µm)
sein de la prothèse le long de l’abscisse curviligne de l’interface pour différents paramétrages. Ces
du hiatus occlusal, les écarts entre les modèles sont principalement localisés au niveau de la zone
A sollicitée sous le chargement (figure 2.2a). Pour le hiatus axial, les écarts entre les modèles sont
64
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
localisés au niveau de la zone de chargement ainsi qu’au niveau de la ligne cervicale. De légers
décalages sont également observés entre les courbes, ils sont liés à la non constance de l’abscisse
Les figures 2.13a et 2.13b présentent l’évolution du maximum de la première contrainte prin-
cipale max(σ1 ) dans la prothèse en fonction de chacun des paramètres. La valeur max(σ1 ) évolue
Sur la plage de variation du hiatus occlusal, la contrainte maximale au sein de la prothèse varie
65
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
entre 28.7 et 43.8 MPa, ce qui correspond à des écarts respectifs de -13.8 % et +31.5 % par rapport
varie entre 31.7 et 37.4 MPa ce qui correspond à des écarts respectifs de -4.8 % et +12.3 % par rap-
épaisseurs h o et h a est cohérente avec l’étude précédente considérant une diminution du module
de Young du matériau de scellement. Dans les deux cas la rigidité globale du joint diminue. Sa
réaction sur la base de la prothèse est plus faible et de ce fait la flexion biaxiale dans la prothèse
Le dimensionnement des hiatus semble donc revêtir une importance significative pour la te-
de forme pour des prothèses réelles. Dans l’assemblage simplifié étudié, compte tenu de la symé-
trie radiale le hiatus occlusal possède une importance plus grande que celle du hiatus axial. Cette
tendance résulte du mode de chargement mécanique qui est imposé centré, les parois latérales
de la prothèse étant de ce fait moins sollicitées. Il n’est pas certain que ces conclusions soient
directement extrapolables aux configurations géométriques rencontrées dans les cas réels.
Les figures 2.14a et 2.14b présentent l’évolution de la contrainte équivalente de von Mises σVM
croissante de la contrainte σVM est observée avec l’augmentation des deux paramètres. En consi-
dérant les variations du hiatus occlusal, les écarts entre les modèles sont principalement localisés
au niveau de la zone sollicitée sous le chargement. Pour le hiatus axial, les écarts entre les modèles
sont localisés au niveau de la zone de chargement ainsi qu’au niveau de la ligne cervicale.
Sur la plage de variation du hiatus occlusal considérée, la contrainte de von Mises maximale
max(σVM ) au sein du joint de scellement varie entre 10.8 et 12.0 MPa, ce qui correspond à des
écarts de -3.1 % et +7.6 % par rapport à la configuration de référence. Pour le hiatus axial, la
contrainte au sein de la prothèse varie entre 10.5 et 13.2 MPa, ce qui correspond à des écarts de
-5.8 % et 18.4 % par rapport à la configuration de référence. Les figures 2.15a et 2.15b présentent
Il apparaît donc un double avantage de la diminution des valeurs des hiatus puisqu’ils per-
mettent de diminuer les contraintes à la fois dans la prothèse mais également dans le joint de scel-
66
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
F IGURE 2.14 – Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement - paramètres :
hiatus
67
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
lement. Il est à signaler que ces modélisations ne tiennent pas compte des phénomènes d’adhé-
sion. Une diminution trop importante des épaisseurs de la couche de scellement altérerait cer-
misé du hiatus, il ne s’agirait donc pas de minimiser totalement l’épaisseur du joint, mais de mieux
répartir ces épaisseurs pour maintenir une bonne adhésion, tout en minimisant les contraintes
(a) ho
(b) ha
F IGURE 2.15 – Évolution de max(σVM ) dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle - paramètres :
hiatus
68
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
Dans cette dernière étude, nous avons évalué un unique paramètre géométrique régissant la
forme de la préparation dentaire, à savoir l’inclinaison angulaire α de la paroi (figure 2.1b). Dans
les dispositifs de conception clinique, l’intrados prothétique est défini par extraction du contour
inclinaison que la préparation. Ce paramètre agit donc simultanément sur les trois parties de l’as-
semblage, le joint de scellement étant défini comme remplissant l’espace entre la préparation et
la prothèse. Six inclinaisons α, comprises entre 5 et 10° ont été considérées dans cette étude de
sensibilité.
long de l’abscisse curviligne de l’interface est présentée en figure 2.16. La figure 2.17 présente
l’évolution de la contrainte équivalente de von Mises au sein du matériau de scellement pour les
différentes inclinaisons. Dans ces modélisations, les variations de l’angle α n’ont pas introduit de
différences significatives dans les champs des contraintes de la prothèse et du joint de scellement
au voisinage de l’interface. Ces résultats semblent être en contradiction avec les études expéri-
mentales et numériques de la littérature qui témoignent d’une diminution des contraintes avec
une diminution de l’angle [SS12, ZSR+ 16]. Cette différence peut se justifier par le fait que dans ces
études le chargement mécanique est appliqué sur la totalité de la surface occlusale. Or, ce cas de
69
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
F IGURE 2.17 – Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement - paramètre :
α
2.4 Conclusions
Les études paramétriques réalisées ont permis de rendre compte de l’influence des choix de
distinguerons dans cette conclusion les effets de ces paramètres sur les deux pièces de l’assem-
L’analyse mécanique du modèle éléments finis simplifié de la dent restaurée a mis en évidence
la présence d’une zone sollicitée en traction biaxiale (zone A) (figure 2.2a) au voisinage de l’inter-
face prothèse/préparation comme mentionné en section 1.5.2. Les études paramétriques ont été
effectuées en suivant l’évolution des contraintes dans cette zone, d’une part car des contraintes
part car cette zone coïncide avec un site fréquent d’initiation de ruptures prothétiques cliniques.
L’intensité de la valeur de la première contrainte principale σ1 dans cette zone A est fortement
ployé. Les plages variationnelles des paramètres admises dans ces études fournissent les écarts
70
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
Il ressort de nos analyses qu’un module de Young élevé pour le composite de scellement,
et un hiatus occlusal faible peuvent sensiblement diminuer les contraintes mécaniques au sein
de la prothèse. Des études réalisant le suivi expérimental du chargement à rupture pour diffé-
rentes épaisseurs du joint et pour différentes rigidités du matériau de scellement aboutissent à des
de l’interface pour chaque application d’un chargement mécanique, il est possible de réduire le
risque de rupture par fatigue et donc d’améliorer la longévité des dispositifs prothétiques. Ces ré-
sultats sont cependant à contextualiser dans le cadre applicatif réel de la dent restaurée, celle-ci
étant soumise à des chargements masticatoire quasi-cycliques et plus complexes que celui adopté
tifier les vitrocéramiques comme étant des matériaux particulièrement appropriés dans le cadre
de la réalisation des restaurations prothétiques. En effet, ces matériaux présentent des propriétés
taire. Il a également constaté que l’utilisation de ces matériaux génére des contraintes mécaniques
relativement faibles en regard de leur résistance. C’est notamment le cas pour le matériau Celtra
Duo, qui doit ses bonnes propriétés mécaniques à la présence de renfort à base de zircone insérés
Le comportement en fatigue de ces différents matériaux a cependant été omis dans le cadre
de cette étude par manque de données expérimentales et par la nécessité d’introduire une loi
d’évolution non-linéaire pour traiter le problème de propagation de fissures. Il serait ainsi perti-
Les contraintes mécaniques au sein du joint de scellement sont également sensibles aux pa-
71
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
qui est identifiée comme étant d’une part la jonction la plus à même de se décoller [HRKS08] et
d’autre part, la jonction dont la dégradation est le plus pénalisante pour la tenue mécanique de la
prothèse [CRKS07].
L’état de sollicitation du joint de scellement est très fortement dépendant de la rigidité élas-
tique du substrat céramique. La prothèse sollicite moins la couche sous-jacente (et vice-versa) si
celle-ci est relativement rigide. En conséquence, l’emploi d’une céramique hybride (faible rigi-
dité) a pour effet d’augmenter significativement les contraintes mécaniques au sein du matériau
La partie du joint de scellement en contact avec la ligne cervicale de la prothèse est soumise à
des contraintes mécaniques importantes. Ces contraintes sont liées à la singularité géométrique
que forme l’angle droit de la prothèse simplifiée sur cette arrête. En pratique, les bordures de cou-
thèse, il est donc possible que ces contraintes soient surestimées. Une partie du chargement de
mastication est toutefois transmise au niveau de cette ligne cervicale. Étant donné l’exposition du
composite à l’environnement buccal au niveau de cette surface libre, il est envisageable que le
sée dans ce chapitre. Notamment, la réponse viscoélastique du matériau de scellement n’a pas été
prise en compte. Les sollicitations thermiques rencontrées par la dent restaurée lors de l’alimen-
tation, peuvent également conférer au matériau une certaine viscosité ou introduire des déforma-
tions thermiques modifiant certainement l’état de contraintes dans les différentes partie de l’as-
semblage. Une simulation thermomécanique pourrait ainsi fournir des résultats supplémentaires
pertinents. Il est également important de noter que compte tenu des dimensions des charges cé-
ramiques présentes dans le matériau composite et de la taille des éléments finis employés pour sa
modélisation (10 µm), la notion de VER (Volume Elementaire Représentatif ) n’est pas toujours res-
est donc souhaitable pour rendre compte d’un comportement plus réaliste du matériau de scelle-
ment.
Dans le chapitre suivant, des observations sont réalisées sur cette couche afin d’étudier la ré-
72
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
2.5 Références
[AKA+ 18] Ali Alrahlah, Rawaiz Khan, Khalid Alotaibi, Ziad Almutawa, H. Fouad, Mohamed
[CRKS07] Nancy L. Clelland, Adriana Ramirez, Noriko Katsube, and Robert R. Seghi. Influence
of bond quality on failure load of leucite- and lithia disilicate-based ceramics. The
[Das11] Syteme Dassault. Abaqus documentation, Jun 2011. Online ; accessed 3. Dec. 2018.
51
[DD03] X. D. Dong and B. W. Darvell. Stress distribution and failure mode of dental ceramic
[Fer11] Jack L. Ferracane. Resin composite—State of the art. Dental Materials, 27(1) :29–38,
January 2011. 57
[GAC+ 18] Alexis Goujat, Hazem Abouelleil, Pierre Colon, Christophe Jeannin, Nelly Pradelle,
Dominique Seux, and Brigitte Grosgogeat. Mechanical properties and internal fit of
4 cad-cam block materials. The journal of Prosthetic Dentistry, 119 :384–389, March
2018. 58
[GARS04a] Massimiliano Guazzato, Mohammad Albakry, Simon P Ringer, and Michael V Swain.
[GARS04b] Massimiliano Guazzato, Mohammad Albakry, Simon P Ringer, and Michael V Swain.
rials. Part II. Zirconia-based dental ceramics. Dental Materials, 20 :449–456, June
2004. 58
73
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception
[HRKS08] Alfredo I. Hernandez, Thasanai Roongruangphol, Noriko Katsube, and Robert R. Se-
ghi. Residual interface tensile strength of ceramic bonded to dentin after cyclic loa-
ding and aging. The Journal of Prosthetic Dentistry, 99(3) :209–217, March 2008. 72
[KMKL03] Jong Ho Kim, Pedro Miranda, Do Kyung Kim, and Brian R. Lawn. Effect of an adhe-
[LBB16] Nathaniel C. Lawson, Ritika Bansal, and John O. Burgess. Wear, strength, modulus
November 2016. 58
[MOKMO96] Masashi Miyazaki, Yoshiki Oshida, B. Keith Moore, and Hideo Onose. Effect of light
[Shi15] Kyo Shindo. Etude mécanique de l’assemblage prothétique dentaire. Master’s thesis,
[SS12] Tanapon Sornsuwan and Michael V. Swain. The effect of margin thickness, degree
[ZSR+ 16] Zhongpu Zhang, Tanapon Sornsuwan, Chaiy Rungsiyakull, Wei Li, Qing Li, and Mi-
dental crowns. Dental Materials : Official Publication of the Academy of Dental Ma-
74
Chapitre 3
ment mécanique de l’assemblage prothétique dentaire ont été présentés. Des hypothèses fortes
ont été faites sur la géométrie et le comportement de la couche de scellement. Cette couche a
été considérée comme un milieu continu, ce qui implique un remplissage total du hiatus pro-
contraintes résiduelles. En réalité, ce matériau est introduit à l’état fluide puis durcit lors de l’opé-
ration clinique, en conséquence sa géométrie finale et son état de contraintes sont incertains.
thétique et en contact avec les sites d’initiation des fissurations cliniques, nous proposons dans ce
tocole sont proposés dans ce chapitre afin d’avoir accès à la géométrie interne de la dent restaurée.
joint ainsi qu’un décollement partiel de la prothèse dont l’origine est étudiée par le biais d’une
simulation numérique tenant compte de la contraction volumique du composite lors de son dur-
cissement. Les différents défauts observés ont également fait l’objet d’une étude numérique afin
Sommaire
3.1 Observation de la couche de scellement par micro-tomographie à rayons X . . . 77
75
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
3.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
76
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
rayons X
l’assemblage, les observations ont été faites par micro-tomographie à rayons X. Nous présentons
dans cette section la mise en place des échantillons à observer et le traitement d’images réalisé
afin de distinguer et d’analyser les données issues du scan micro-CT. Finalement, la procédure
ainsi décrite est utilisée pour caractériser les défauts de la couche de scellement d’un assemblage
prothétique dentaire. Un modèle géométrique axisymétrique à une nouvelle fois été utilisé dans
cette étude, ce qui nous permet de contrôler précisement l’insertion de la couronne lors de la pose.
Le modèle géométrique axisymétrique simplifié de la dent restaurée est constitué d’une cou-
métriques employées dans le cadre de l’étude sont présentées en figure 3.1. Dans cette configura-
tion, les épaisseurs du joint sont supérieures à celles considérées dans l’étude précédente (l’épais-
F IGURE 3.1 – a. Assemblage prothétique dentaire simplifié - b. Dimensions considérées (en mm)
Les conceptions CAO pour la préparation et la couronne ont été réalisées à l’aide du logiciel
CATIA V5 (Dassault Systems, Vélizy-Villacoublay). Le logiciel a également été utilisé pour géné-
77
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
rer les instructions d’usinage (format d’usinage G-CODE). Les différentes pièces ont été usinées
à l’aide d’un centre d’usinage à commande numérique spécifique à l’usinage des prothèses indi-
rectes, la précision d’usinage étant de 15 µm d’après le fournisseur de l’équipement (Lyra Mill SA,
France).
Les couronnes ont été usinées dans des blocs CAD/CAM Vita Enamic© (Vita Zahnfabrik, Bad
Säckingen, Germany). Ce matériau est une céramique hybride composée d’un réseau céramique
infiltré par une résine composite [DBCZ14]. Les préparations dentaires ont été réalisées avec de
l’os cortical extrait d’un fémur de bœuf présentant une composition similaire à celle de la dentine
tissu aux composites de scellement sont proches de celles de la dentine. Ce tissu a été choisi afin
d’usiner les géométries des préparations dans des blocs pleins pour pouvoir considérer des essais
mécaniques dans des travaux futurs (ce qui n’aurait pas été possible avec de la dentine, du fait de
Les deux pièces de l’assemblage ont ensuite été scellées en utilisant la résine composite Kerr
Maxcem Elite© (Kerr Corporation, Orange, California, US) composée de monomère d’ester de mé-
technique du composite ont été suivies. Dans un premier temps, la céramique a été mordancée
par le biais d’une solution d’acide fluorhydrique puis traitée à l’aide d’une solution de silane. La
préparation a été traitée avec de l’acide phosphorique. Dans un second temps, la résine compo-
site a été injectée en excès dans l’intrados de la couronne à l’aide d’une seringue et les deux pièces
ont été positionnées à l’aide d’un guide afin d’assurer la concentricité de l’assemblage. Les sur-
faces libres du joint ont ensuite été exposées 30 secondes aux rayonnements d’une lampe DEL
reconstruction de la structure interne d’un objet à partir de radiographies 2D obtenues sur 360°
Le micro-tomographe X-View X50-CT utilisé dans le cadre de l’étude est un équipement com-
mercialisé par la société North Star Imaging Company (NSI). Il est équipé d’un tube à rayons X
à double tête (réflexion et transmission) référencé Dual Head XWT-240/XC-190 et d’un détecteur
plan de rayons X à écran plat Dexela NSI-7529 (3070 x 3888 pixels, 14 bits). L’assemblage prothé-
tique dentaire a été scanné avec les paramètres suivants : tension 199 kV, intensité 48,88 µA.
78
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
1606 radiographies de l’assemblage ont été enregistrées sur une rotation de l’assemblage de
360°. Un algorithme de rétroprojection filtrée (logiciel NSI) a été utilisé pour reconstruire le vo-
lume de l’échantillon sous la forme d’une matrice tridimensionnelle de voxels (1606 pixels x 1368
pixels x 1368 pixels), chacun contenant un niveau de gris correspondant à l’atténuation des rayons
X. La taille du voxel sur l’image 3D est de 8.3 µm. Des traitements additionnels proposés par le lo-
giciel fourni par NSI ont été utilisés pour éliminer certains artefacts géométriques présents sur les
images d’origines.
Le logiciel open-source Fiji/ImageJ et son plugin BoneJ ont été utilisés pour le traitement des
images et pour la mesure des entités géométriques [DKAC+ 10, SACF+ 12]. La procédure de traite-
ment d’images est présentée sur la figure 3.2. Les images issues du micro-tomographe ont d’abord
été rognées afin de centrer le domaine d’étude sur la couche de scellement de l’assemblage, puis
leur netteté a été améliorée par une modification du contraste. Un algorithme de segmentation («
minimum algorithm ») a ensuite été appliqué pour binariser les images. Les défauts observés ont
F IGURE 3.2 – Procédure de traitement des images - a. amélioration du contraste - b. segmentation des
images - c. reconstruction des images (BoneJ) - d. caractérisation géométrique des défauts
La reconstruction 3D d’un joint de scellement est présentée sur la figure 3.3. Les géométries
des imperfections observées ont été caractérisées. Deux types de défauts sont distingués dans le
joint de scellement de cet assemblage : des vides sphériques assimilés à la présence de bulles
79
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
d’air (figure 3.3), et un décollement de la prothèse caractérisé par une zone vide d’épaisseur faible
Dans cet assemblage, 36 vides quasi-sphériques ont été observés avec un rayon équivalent
compris entre 0.06 mm et 0.32 mm. La localisation de ces vides est variable : certains sont loca-
lisés au sein du joint de scellement, d’autres au niveau des interfaces avec la préparation ou la
couronne. D’éventuels vides de volume inférieur à 10−3 mm3 n’ont pas pu être détectés à cause de
la résolution de l’image.
La distribution de ces défauts (figure 3.3b) montre que la plupart des vides observables ont
des défauts plus larges sont constatés (dimension maximale 320 µm). En utilisant le volume théo-
rique de la couche de scellement, le pourcentage volumique des vides sphériques est de 5.2 %.
Cette valeur est cohérente avec celles obtenues pour les résines employées en restauration directe
(porosité jusqu’à 4.5 % [vDRH86]) ou pour l’obturation des canaux pulpaires [BDRSV+ 18].
Ces vides sont des bulles d’air piégées dans le matériau à l’état fluide, soit pendant le mélange
de celui-ci, soit lors de la pose clinique. Certains travaux ont notamment étudié l’importance des
méthodes d’insertion et de mélange sur la porosité de ces matériaux. Ils ont débouché sur une
solution technique démocratisée aujourd’hui et employée dans le cadre de cette étude, consistant
à réduire la teneur en vide en utilisant une unique seringue pour le conditionnement, le mélange
et l’insertion du matériau [MZNS85]. Il ressort cependant de nos observations que l’emploi d’un
80
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
La zone décollée est localisée à l’interface entre la résine et la couronne céramique au niveau
de la paroi axiale de l’intrados (figure 3.4). Elle présente un volume de 3.00∗10−3 mm3 et recouvre
une surface de 39.9 mm2 , ce qui correspond à 13 % de la surface de contact théorique entre la
lement.
F IGURE 3.4 – Décollement prothétique - a. coupe horizontale - b. coupe verticale - c. reconstruction surfa-
cique 3D
À notre connaissance, la littérature ne fait pas état d’observations de telles zones de décolle-
ment au sein de ce type d’assemblage. En revanche le décollement des prothèses étant l’une des
présence d’un décollement dans le cadre de leurs analyses mécaniques [MKBH12]. Usuellement,
les publications traitant d’observations tomographiques emploient plus généralement des dispo-
sitifs d’observations de moindre résolution (ex : cone beam, résolution ≈ 100 µm). Il est possible
que ce type de défaut n’ait pas pu être détecté [CSA+ 18]. De plus, les dimensions du joint de scelle-
ment sont légèrement surrestimées dans notre assemblage ce qui peut favoriser l’apparition d’une
81
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
telle zone (450 µm pour la zone la plus épaisse contre 100 à 350 µm dans les cas cliniques).
En effet, la transformation des monomères présents initialement à l’état fluide en chaînes poly-
mères s’accompagne d’une contraction volumique lorsque les liaisons faibles de Van Der Waals
se transforment en liaisons covalentes fortes [Odi04, KKCL15]. Les composites de scellement em-
1 et 6 % [BBF05, MM13, SBV+ 16]. Des investigations ont donc été menées afin d’étudier plus en
détail, par le biais de l’outil numérique, l’effet mécanique induit par cette contraction.
site de scellement
Afin de pouvoir appréhender les phénomènes ayant lieu lors de la pose de la prothèse, la
contraction volumique du matériau de scellement est intégrée à une simulation mécanique proche
de celles présentées au chapitre 2. Les résultats de ce modèle sont ensuite comparés à la couche
Dans les analyses éléments finis préexistantes traitant de l’influence de la contraction du com-
posite de scellement sur la tenue mécanique de la prothèse, la réduction du matériau a été mo-
délisée en considérant seulement les valeurs finales du taux de contraction volumique et du mo-
dule de Young. Étant donné les conditions d’encastrement parfaites qui sont prises en compte aux
interfaces entre le joint et ses substrats, la prothèse céramique se retrouve ainsi très fortement
sollicitée (≈ 70 MPa) et de ce fait les contraintes sont surévaluées [MVD99, MKBH12, MK13].
tanément : le taux de contraction (figure 3.5a) et la rigidité du matériau (figure 3.5b) augmentent
tandis que sa viscosité diminue. Hüsch et al. ont notamment caractérisé l’évolution de ces pro-
priétés pour un composite présentant un module de Young final proche de celui utilisé dans le
cadre de notre étude [HMF99]. Les données issues de cet article présentées en figure 3.5 ont été
82
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
F IGURE 3.5 – Évolution des propriétés physiques au cours du temps de sèche (d’après Hüsch et al. [HMF99])
83
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
TABLEAU 3.1 – Évolution des propriétés physiques et des propriétés équivalentes modélisées
eq
Temps (min) Contraction volumique (%) Module de Young (MPa) Température (°C) αV
0 0 40 273 0
2.5 1.25 50 275.5 −0.005
5 1.93 700 278 −0.00386
7.5 2.2 2140 280.5 −0.00231
10 2.31 3800 283 −0.00231
12.5 2.37 4600 285.5 −0.0019
15 2.41 5400 288 −0.00161
étude. Le code de calcul utilisé (SIMULIA/ABAQUS 6.11) ne permettant pas de considérer directe-
ment un phénomène de contraction volumique au cours du temps, nous passerons par l’emploi
eq
d’une loi de contraction thermique et par le calcul de coefficients d’expansion équivalents αV tel
que :
∆V eq
= αV ∆Teq
V
∆V
avec V la variation volumique et ∆Teq la différence de température. Pour notre problème
une différence de température de 13° est utilisée avec les valeurs numériques répertoriées en ta-
Les conditions aux limites et les encastrements entre les couches sont identiques à celles des
figure 3.1b.
de l’assemblage est présentée en figure 3.6a. Les contraintes résiduelles dues au phénomène de
polymérisation sont comprises entre -19 et 35 MPa. Les contraintes les plus élevées se situant au
niveau de la paroi axiale (bord latéral de l’intrados prothétique) dans la zone où l’épaisseur du joint
est maximale, en coïncidence avec la localisation du décollement observé par tomographie. Les
contraintes de compression les plus élevées se situent au niveau de l’arrondi sur la ligne cervicale
tique met en évidence une valeur de max(σ1 ) de l’ordre de 60 MPa. Ainsi la modélisation de
84
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
l’évolution des propriétés au cours du temps de sèche diminue significativement l’intensité des
En regard du cas réel, les hypothèses d’encastrement parfaites (liaisons complètes) du maté-
riau de scellement aux substrats est exagérée et l’on assistera plutôt à une détérioration des pro-
la céramique par le composé résineux. Il est donc probable que les contraintes résiduelles post-
polymérisation, calculées au sein de l’assemblage soient surestimées. La mise en place d’une loi
de type traction/séparation durant la sèche du matériau fournirait les résultats nécessaires à l’af-
plus en détail l’effet de la répartition du joint dans l’assemblage scanné, un contrôle métrologique
L’investigation des images 3D nous a permis d’évaluer les écarts d’axisymétrie de l’assemblage.
L’écart d’alignement entre la couronne (C) et la préparation (D) a été quantifié sur le plan médian
85
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
(P) (figure 3.7) : l’écart angulaire α est inférieur à 2,5° et la distance dCG entre les points GC et
GD appartenant aux axes de la couronne et de la préparation est inférieure à 9.3 µm. La varia-
tion d’épaisseur e(θ) de la couche de scellement autour de l’axe de la couronne dans le plan (P) a
également été caractérisée en figure 3.8, θ étant l’angle autour de l’axe de la préparation.
F IGURE 3.8 – Évolution de l’épaisseur du joint de scellement autour de l’axe de la préparation au plan (P)
Au niveau du plan médian (P), l’épaisseur du hiatus (espacement entre la prothèse et la pré-
paration) présente une variation de 20 µm. Si l’on se réfère à l’assemblage observé, c’est bien dans
la zone la plus épaisse du joint de scellement que le décollement apparaît, ce qui suggère une
nouvelle fois que l’apparition d’un éventuel décollement est dépendant du dimensionnement du
hiatus.
86
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
Dans la dernière partie de ce chapitre, nous étudions dans une première approche l’impact
mécanique des défauts du joint de scellement. Les défauts observés sont intégrés à un modèle nu-
luer leur influence sur les états de contraintes du joint de scellement et de la prothèse.
Trois modèles éléments finis différenciés par la géométrie du joint de scellement ont été déve-
loppés afin d’étudier l’influence de la présence des défauts sur la tenue mécanique de la prothèse
(figure 3.9). Des analyses statiques ont été conduites afin de calculer la répartition des contraintes
fauts, seuls les cas géométriques les plus critiques, correspondant aux configurations où les vides
F IGURE 3.9 – Géométries du joint de scellement - a. cas idéal - b. présence d’une cavité perçante - c. présence
d’un décollement
87
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
Dans le modèle (b), une cavité perçante a été introduite afin de mimer la présence d’une bulle
L’allure de la répartition de la première contrainte principale σ1 pour la prothèse dans les trois
modèles ne révèle pas de différence avec l’étude réalisée au chapitre 2 (figure 2.2).
Les évolutions de σ1 au sein de la couronne le long de l’interface entre les deux pièces sont tra-
cées pour les trois configurations en figure 3.10. La présence d’un trou ou d’un décollement aug-
mente significativement l’état de contrainte autour du défaut modélisé. À une certaine distance
des défauts, les contraintes au sein de la prothèse pour les trois configurations sont similaires à
l’état mécanique de la configuration (a). L’intensité maximale de σ1 diffère pour les trois modèles :
F IGURE 3.10 – Évolution de σ1 dans la prothèse le long de l’interface avec le joint de scellement
Les cartographies de la contrainte équivalente de von Mises σVM au sein du matériau de scel-
lement sont présentées en figure 3.11 pour les trois configurations. L’analyse de ces champs de
contraintes montre que les valeurs de compression les plus élevées se situent en droit du charge-
ment mécanique au niveau des zones de contact avec la prothèse. La présence d’un défaut dans
88
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
le joint de scellement pour les cas (b) et (c) augmente significativement la valeur des contraintes
F IGURE 3.11 – Contraintes de von Mises dans le joint de scellement (MPa) - a. cas « idéal » - b. cas « cavité »
- c. cas « décollement »
F IGURE 3.12 – Évolution de σVM dans le joint de scellement en fonction de l’abscisse curviligne
Les évolutions de la contrainte équivalente de von Mises σVM le long de l’abscisse curviligne
de l’interface sont présentées en figure 3.12. La contrainte σVM est assez faible sur une large région
de la couche de scellement. Dans le modèle (a), elle est maximale sous la charge et vaut environ
10 MPa. Elle est plus élevée dans les modèles (b) et (c) sur une zone limitée en bordure des défauts
(de 30 à 50 %).
Les simulations confirment que les défauts sous la zone de chargement peuvent significative-
ment altérer la résistance mécanique d’un assemblage prothétique dentaire. D’une part, au sein
89
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
pour conséquence de favoriser l’apparition de fissures sous des sollicitations de fatigue. D’autre
défaut.
Lorsque la prothèse est sollicitée au cours du processus masticatoire, l’absence locale d’adhé-
rence du matériau de scellement (par le biais d’un décollement ou d’un vide) va engendrer un état
de contrainte proche d’une sollicitation obtenue lors d’un essai de flexion biaxiale, les dimensions
géométriques du défaut ayant une incidence similaire à la distance inter-appui sur l’intensité des
contraintes de bi-traction. Dans le cas étudié, le maximum des contraintes est 20% supérieur pour
le cas (b) que pour le cas (a) (en considérant la première contrainte principale σ1 ) et 70% supé-
Dans le joint de scellement, les efforts appliqués par la couche céramique dans la configu-
ration sans défaut sont répartis de manière continue le long de l’interface. En la présence d’un
défaut, les contraintes augmentent significativement, en particulier dans les zones voisines de sa
bordure. In-vivo, il est possible que l’application répétée d’un chargement mécanique (i.e. la mas-
tication alimentaire) implique une détérioration progressive de la cohésion entre les deux parties
de l’assemblage en bordure du défaut. Le décollement prothétique étant l’un des modes d’échec
les plus fréquents en dentisterie conservatrice indirecte, il serait pertinent d’étudier la réponse
3.4 Conclusions
réelle de cette couche. Deux types de défauts ont ainsi pu être observés : un décollement et des
bulles d’air.
vation par micro-tomographie indiquent que le risque de décollement semble être lié aux dimen-
cher plus correctement les contraintes induites par ce retrait volumique. Le modèle mécanique
décrivant ce phénomène peut être encore largement optimisé en considérant des lois de trac-
90
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
tion/séparation déduites des études de désinfiltration de la résine des porosités du matériau céra-
mique.
d’etre étudiée, dans la mesure où le matériau de scellement est initialement appliqué à l’état vis-
queux, et est donc probablement sujet à un phénomene d’écoulement. D’autres observations sont
cours de réalisation.
Les modélisations éléments finis montrent que la présence de défaut peut augmenter signifi-
donné que la rupture fragile de la prothèse et le décollement de celle-ci sont des modes d’échec
pourrait être une voie d’optimisation pertinente afin d’en améliorer la longévité. De méthodes
spécifiques de mélange pourrait être développées dans le cadre de cette application afin de dimi-
3.5 Références
[BBF05] Roberto R. Braga, Rafael Y. Ballester, and Jack L. Ferracane. Factors involved in the
[BDRSV+ 18] Adrieli Burey, Paulo José Dos Reis, Bruno Luiz Santana Vicentin, Cássia Cilene De-
zan Garbelini, Márcio Grama Hoeppner, and Carlos Roberto Appoloni. Polymeriza-
tion shrinkage and porosity profile of dual cure dental resin cements with different
January 2018. 80
[CSA+ 18] Eduardo A. Caceres, Camila S. Sampaio, Pablo J. Atria, Helora Moura, Marcelo Gian-
nini, Paulo G. Coelho, and Ronaldo Hirata. Void and gap evaluation using micro-
[DBCZ14] Alvaro Della Bona, Pedro H. Corazza, and Yu Zhang. Characterization of a polymer-
91
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
[DKAC+ 10] Michael Doube, Michał M. Kłosowski, Ignacio Arganda-Carreras, Fabrice P. Corde-
son, and Sandra J. Shefelbine. BoneJ : Free and extensible bone image analysis in
[FDRD87] Brian P. Flannery, Harry W. Deckman, Wayne G. Roberge, and Kevin L. D’amico.
tember 1987. 78
and Biomedical Engineering, 2(4) :245–256, January 1999. 82, 83, XIII
[KKCL15] Ryan Jin-Young Kim, Yu-Jin Kim, Nak-Sam Choi, and In-Bog Lee. Polymerization
[MK13] Liliana G. May and J. Robert Kelly. Influence of resin cement polymerization shrin-
2013. 82
[MKBH12] Liliana G. May, J. Robert Kelly, Marco A. Bottino, and Thomas Hill. Effects of cement
thickness and bonding on the failure loads of CAD/CAM ceramic crowns : multi-
physics FEA modeling and monotonic testing. Dental Materials : Official Publication
[MM13] Shiv P. Mantri and Sneha S. Mantri. Management of Shrinkage Stresses in Direct
[MVD99] P. Magne, A. Versluis, and W. H. Douglas. Effect of luting composite shrinkage and
thermal loads on the stress distribution in porcelain laminate veneers. The Journal
[MZNS85] J. W. Medlock, J. H. Zinck, B. K. Norling, and R. F. Sisca. Composite resin porosity with
hand and syringe insertion. Journal of Prosthetic Dentistry, 54(1) :47–51, July 1985.
80
92
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
[Odi04] George Odian. Principles of Polymerization. John Wiley & Sons, 2004. Google-Books-
ID : GbLrBgAAQBAJ. 82
[SACF+ 12] Johannes Schindelin, Ignacio Arganda-Carreras, Erwin Frise, Verena Kaynig, Mark
Longair, Tobias Pietzsch, Stephan Preibisch, Curtis Rueden, Stephan Saalfeld, Ben-
jamin Schmid, Jean-Yves Tinevez, Daniel James White, Volker Hartenstein, Kevin
Eliceiri, Pavel Tomancak, and Albert Cardona. Fiji : an open-source platform for
[SBV+ 16] Cj Soares, Aa Bicalho, C Verissimo, Pbf Soares, D Tantbirojn, and A Versluis. Delayed
Finite Element Analysis of Shrinkage Stresses in Teeth Restored With Ceramic Inlays.
[vDRH86] J. W. van Dijken, I. E. Ruyter, and R. I. Holland. Porosity in posterior composite resins.
93
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint
94
Chapitre 4
restaurée
est complexifiée, l’objectif de cette partie étant de conclure sur les simplifications de modèle qui
peuvent être effectuées pour décrire l’état de contrainte de la restauration. L’étude mécanique de
la dent saine est également réalisée afin d’étudier de la pertinence de la prise en compte de l’ani-
sotropie des tissus durs dans le cadre de sa modélisation. Dans un premier temps, La démarche
de conception de maquettes numériques 3D virtuelles de ces assemblages est présentée. Les lois
de comportement des tissus biologiques modélisés (ligament parodontal, dentine, émail) sont
ensuite exposées. Les résultats des modélisations mécaniques mises en place à l’aide de ces tra-
vaux sont finalement présentés afin d’étudier les comportements de ces assemblages et de rendre
Sommaire
4.1 Conception géométrique des assemblages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
95
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
4.3 Influence mécanique de l’anisotropie des tissus durs de la dent saine . . . . . . . 113
96
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Les maquettes numériques de la dent saine et de la dent restaurée ont été conçues et di-
mensionnées à l’aide d’outils CAO en s’appuyant sur des considérations morphologiques [PG01,
WS07]. Les modèles géométriques ont été réalisés en utilisant l’atelier « Generative Shape Design »
(GSD) du logiciel CATIA V5 R21 de l’éditeur Dassault System [Sys11]. GSD est un modeleur hybride
lumiques. Des plans annotés de dimensions nominales caractéristiques sont fournis en annexe B.
Du fait de la complexité des modèles géométriques créés, toutes les dimensions n’ont pas pu être
définies de manière lisible. Les fichiers CAO au format STEP (ISO 10303-21 [fS94]) ont donc été
en libre accès [Shi18]. Cette partie expose en détail la démarche suivie pour construire les modèles
géométriques des dents saine et restaurée, étape préalable à la génération d’un maillage éléments
finis.
Le modèle géométrique de la dent saine est présenté en figure 4.1, il est constitué de trois
morphologie dentaire, des choix de conception ont été adoptés pour la mise en place du modèle
géométrique virtuel. La modélisation d’une première molaire a été privilégiée dans notre étude
car la rupture de leur restauration est plus fréquente [KVA+ 16]. De plus, seules deux racines ont
été conçues sur la molaire (cette dernière pouvant en posséder jusqu’à quatre).
La conception repose sur la mise en place de courbes 3D utilisées pour la génération de coques
surfaciques fermées. Ces descriptions surfaciques ont ensuite été densifiées afin de créer des vo-
lumes. Enfin, ces derniers font l’objet d’opérations booléenes d’ajout ou de retrait dans le but
Les esquisses linéaires ont été dessinées sur des plans parallèles aux plans de références pré-
sentés en figure 4.2. Les trois directions usuellement définies en anatomie dentaire [PG01], et pré-
sentées en figure 4.2a, ont été employées ici comme normales des plans de référence utilisés lors
97
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
98
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
La partie coronaire de la dent (surface extérieure de l’émail) a d’abord été réalisée. Les élé-
type couronne employées dans les procédés de CFAO dentaires [SJY+ 04, ZS10]. Les courbes d’es-
quisses situées dans différents plans perpendiculaires aux directions anatomiques de référence
sont présentées en figures 4.3. Les courbes situées dans les plans bucco-linguaux (figure 4.3a) dé-
crivent les crêtes cuspidales (courbes bleues) et la rainure facio-linguale (courbe jaune). La rainure
centrale mésio-distale est tracée en figure 4.3b. Les différentes esquisses dans les plans normaux à
la direction cervico-occlusale ont finalement été dessinées et permettent de reproduire les bom-
(a) Esquisses dans les plans bucco-linguaux (b) Esquisse dans le plan mésio-distal
Les courbes ainsi créées sont sécantes entre-elles et permettent de définir des sous-courbes
délimitées par ces intersections. Ces sous-courbes sont employées pour générer des carreaux sur-
99
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
chacun des patchs surfaciques a ensuite permis de définir le contour global de la partie coronaire
de la dent.
similaire à celle de la partie coronaire. Des dimensions différentes ont été utilisées pour la des-
cription géométrique des reliefs, la dentine ne présentant par exemple pas de fosse aussi exagérée
La géométrie des racines a été supposée symétrique par rapport aux plans bucco-lingual et
mésio-distal. La conception de la première racine (figure 4.4) a été réalisée à l’aide de deux es-
nulle de la partie coronaire (figure 4.4a). Ces esquisses ont ensuite été reliées entre elles à l’aide de
segments de droite (figure 4.4b) puis utilisées afin de générer des surfaces NURBS (figure 4.4c).
La conception de la demi-jonction centrale (figure 4.5) entre les racines a été réalisée à l’aide
d’une surface arrondie générée en contact de la racine (figure 4.5a). Cette surface est découpée
(figure 4.5b). La deuxième partie de la racine est obtenue par symétrie de plan mésio-distal (fi-
gure 4.5c). Enfin les extrémités des racines ont été arondies pour éviter toute discontinuité géo-
métrique.
de la cavité a été modélisé par homothétie de la géométrie coronaire de rapport 0.35 et prenant
pour origine le centre d’inertie du contour externe. Dans un second temps, les canaux pulpaires
ont été modélisés comme étant des surfaces tubulaires orientées dans la direction des racines. Ils
sont générés par une surface de balayage, prenant pour support un demi-disque arrondi au niveau
de ses angles, et ayant pour direction la droite inclinée à 38.1° par rapport à l’axe vertical du plan
médio-distal (figure 4.6). La jonction entre les deux canaux a été réalisée à l’aide d’une méthode
100
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
(a) Esquisses dans les plans cervico-occlusaux (b) Liaisons des différentes esquisses
101
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
La géométrie du ligament parodontal a été réalisée à partir du modèle des racines dentaires.
Des surépaisseurs de 0.4 à 0.5 mm des esquisses cervico-occlusales des racines ont été utilisées
pour créer le modèle (figure 4.7). Les surfaces de la coque externe des racines et du ligament ont
la dent saine. Il est composé de quatre parties : la couronne, le joint de scellement, la prépara-
tion dentaire et le ligament parodontal (figure 4.8). Le contour externe global (partie coronaire et
racines), la cavité pulpaire et le ligament sont identiques pour les deux modèles CAO. Les concep-
tions de la prothèse et du joint s’apppuient sur deux surfaces définissant la géométrie du joint de
sée précedemment. Différentes esquisses ont ainsi été construites sur des plans perpendiculaires
Un angle de 6° pour l’inclinaison de la préparation dentaire ainsi qu’un congé de rayon variant
entre 0.5 et 1 mm ont été définis en bordure de préparation. Cliniquement, ces formes sont la
La surface de l’intrados prothétique a ensuite été conçue par projection sur une distance de
102
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
103
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
0.2 mm des points définissant la préparation dentaire. La direction de projection a été calculée en
chaque point comme étant la normale à la surface de la préparation (figure 4.9). L’intrados et la
surface de la préparation ont ensuite été reliées par des remplissages surfaciques qui constituent
les bordures libres du joint. Ce modèle surfacique a ensuite été densifié, puis utilisé afin de créer
F IGURE 4.9 – Géométrie CAO pour du joint de scellement - a. Géométrie 3D b. Cotations sur coupe médiane
(en mm)
Dans les simulations éléments finis préexistantes traitant de la dent saine et de la dent restau-
rée, le comportement mécanique des tissus biologiques est souvent largement simplifié, l’élas-
ticité linéaire isotrope étant souvent adoptée car elle ne nécessite que la connaissance de deux
paramètres matériau. Le caractère anisotrope des tissus durs (émail, dentine) n’est que très rare-
ment pris en compte dans les équations constitutives [SVNC+ 93, MMNZ09, MCM+ 15]. De même,
le ligament parodontal est souvent omis dans les études traitant de la dent restaurée. Dans ce cha-
pitre, une analyse critique est présentée pour justifier la pertinence de ces descriptions simplifiées
et pour quantifier l’effet de ces simplifications. Cette partie présente les différentes lois de compor-
tement qui ont été utilisées pour décrire les tissus biologiques dans les simulations numériques.
Les lois de comportement mécanique adoptées pour les tissus biologiques mous (tendons,
ligament, épiderme, etc) sont fondées sur des modèles hyperélastiques, qui permettent une des-
cription non-linéaire de la réponse élastique en grandes déformations [cle14]. Ces modèles sont
plus classiquement employés dans le cadre de la modélisation mécanique des élastomères tels
104
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
i µi αi
1 −24.42 1.99
2 15.9 3.99
3 8.57 −2
tenseur des contraintes de Piola-Kirchoff S et le tenseur des déformations est obtenue par dériva-
∂W(C)
S=
∂C
La fonction densité d’énergie W est définie positive, polyconvexe et respecte le principe d’ob-
jectivité. La configuration de référence est libre de contrainte. Dans la littérature, plusieurs mo-
dèles basés sur ce formalisme ont ainsi été construits. Ils peuvent être classés en deux catégories :
du matériau [VER18].
Dans cette étude le choix s’est porté sur le modèle hyperélastique d’Ogden [Ogd72], l’un des
plus utilisés pour décrire le comportement élastique isotrope en grandes déformations. Le modèle
d’Ogden formule une expression de la densité d’énergie de déformation à partir des élongations
principales (λi ) :
n µ
X i α α α
W(λ1 , λ2 , λ3 ) = 2
(λ1 i + λ2 i + λ3 i − 3)
i =1 αi
où (µi , αi ) sont les constantes élastiques du matériau. Les coefficients ont été identifiés pour
un ligament parodontal humain dans les travaux de Wu et al. [WTY09] et sont reportés en ta-
bleau 4.1. La réponse de ce modèle dans le cas d’un chargement de traction pure est tracée en
figure 4.10. Ces résultats ont été utilisés dans les simulations éléments finis de ce chapitre dans la
L’anisotropie de ce tissu n’a pas été prise en compte dans le cadre de cette étude, l’introduction
d’un champ d’orientation pour décrire l’arrangement des fibres de collagène autour des racines
105
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
F IGURE 4.10 – Réponse hyperélastique non-linéaire adoptée pour modéliser le comportement du ligament
parodontal
tique du ligament a été négligé dans les modélisations dans ces travaux [FTMC12].
Dans certaines simulations, le caractère anisotrope de l’émail et de la dentine ont été pris en
compte, ces tissus présentant une organisation microstructurale à l’origine d’un comportement
isotrope transverse. La dentine possède en son sein des tubules orientés depuis la cavité pulpaire
vers les racines dentaires et la jonction émail/dentine avec une orientation non constante d’un
point à l’autre. L’émail présente des prismes orientés depuis la jonction jusqu’à la surface externe
de la dent (voir chapitre 1.1 figures 1.2 et 1.3). Les tissus dentaires ont de ce fait été considérés
comme étant des matériaux présentant une unique direction préférentielle induite par la présence
des tubules ou des prismes. Le comportement des deux tissus a donc été modélisé par une loi de
1 ν ν
ǫxx Et − Ettt − Etll 0 0 0 σxx
ǫ y y − νt t 1 ν
− Etll 0 0 0
σ y y
Et Et
ν ν 1
ǫzz − Ettl − Ettl 0 0 0 σzz
= El
1
2ǫ y z 0 0 0 0 0 σ y z
Gt l
2ǫxz 0 1
0 0 0 0
Gt l
σxz
1
2ǫx y 0 0 0 0 0 Gt t σ x y
106
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
νt t sont les coefficients de Poisson associés, Gt l le module de cisaillement dans la direction longi-
Pour la modélisation de la dentine, les résultats de travaux (non publiés) concernant la carac-
térisation des propriétés isotropes transverses via un modèle multi-échelle dérivé des travaux de
Hashin et Rosen [HR64] ont été utilisés. Les propriétés macroscopiques ont ainsi été calculées à
partir des propriétés mécaniques des constituants microscopiques de la dentine (dentine intertu-
Les valeurs utilisées pour l’émail sont extraites des travaux de Dandan et al. issues de me-
trasound Spectroscopy) [DFW+ 17]. Les coefficients élastiques sont regroupées dans le tableau 4.2.
L’utilisation d’une telle loi de comportement au sein du modèle nécessite de définir en pa-
rallèle les champs d’orientations décrivant la direction des tubules dans la dentine et celle des
prismes dans l’émail. Si l’on trouve dans la littérature quleques articles tenant compte de l’ani-
A l’échelle “macroscopique”, il a été observé que les tubules sont généralement disposés sous
la forme d’un “éventail” autour de la cavité pulpaire en émanant depuis la pulpe jusqu’à la fron-
tière externe (figure 4.11) [FP15]. Cette disposition est la conséquence de la croissance et de la ma-
turation du tissu dentinaire au cours de la dentinogénèse. Dans nos modèles numériques, nous
avons adopté une approximation du champ d’orientation en tout point de la dentine sur la base
Dans ce but, nous avons considérés chaque point M de la dentine comme appartenant à un
cône de révolution prenant pour axe la droite “centrale” ∆1 ou ∆2 du canal pulpaire le plus proche,
et passant par un point OM défini arbitrairement sur l’axe médian ∆ de la structure dentaire (fi-
gure 4.12). L’orientation locale au point M est définie comme étant la direction entre M et le som-
107
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
F IGURE 4.11 – Représentation schématique de l’orientation des tubules et des prismes d’émail [New00]
∀M(x, y, z) ∈ D, M ∈ C (∆i , S)
défini sur l’axe médian pour chaque point M de manière arbitraire tel que :
∀M(x, y, z) ∈ D ⇒ OM (0, 0, z − 2)
Soit O⊥ −
→
M le point projeté de OM sur ∆i on définit le vecteur unitaire n o tel que :
−−−−−→
−
→ OM O⊥M
no = ⊥
||OM OM ||
−−−→ −
xC = O⊥ →
M M.n o
yC = y
−−−→ −−→
zC = O⊥M M.n ∆i
108
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Dans le repère R C les cônes de révolution C admettant ∆i pour axe et passant par O⊥
M et M
à !2
2 2 2
||OM O⊥
M ||
xC +y = zC
h
2
||OM O⊥
M ||
h = ±z C q
2
xC + y2
Il existe donc deux cônes de révolutions solutions de cette équation. Dans la description adop-
tée, nous avons toujours utilisé la valeur positive de h afin de respecter au mieux la disposition
−−→ −−→
MS = M − (O⊥
M + h ∗ n ∆i )
109
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
La disposition des vecteurs orientations calculés au centre de chaque élément finis d’un maillage
de la dentine est présentée en figure 4.13. Si la méthode permet d’obtenir un champ d’orientation
visuellement proche de l’arrangement réel des tubules, les travaux développés pourront être lar-
gement optimisés par le biais de corrélations avec des observations microscopiques réalisées sur
une dent réelle. En particulier, le calcul du point OM pour chaque point M est un paramètre agis-
sant sur l’angle du cône de révolution. La valeur choisie dans ce modèle permet de mettre en place
des cônes quasi-plats, en accord avec une observation aux premiers abords de la dentine, mais des
Le champ vectoriel ainsi développé pourrait également être utilisé dans le cadre de l’extrac-
de la dentine, il est difficile de réaliser des éprouvettes de tissu tout en contrôlant parfaitement
l’orientation des tubules. L’emploi d’une méthode d’acquisition de la géométrie interne de la dent,
ment intéressante pour extraire les propriétés mécaniques de la dentine par une méthode inverse.
Il cependant important de noter que la courbure réelle des tubules est en réalité plus complexe,
les tubules présentant une forme ondulée proche d’une sinusoïde [MN96, VWG+ 17].
110
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Une méthode similaire a été employée pour définir le champ d’orientation de l’émail. Dans
ce tissu, ce sont les directions des prismes d’émail qui confèrent l’anisotropie. Géométriquement
il a été observé que les prismes émanaient depuis la jonction amélo-dentinaire jusqu’au contour
cas réel. La direction en chaque point a été calculée à partir du centre d’inertie du contour externe
de l’émail dans le plan cervico-occlusal d’ordonnée nulle. La disposition des vecteurs orientations
calculés au centre de chaque élément fini d’un maillage de l’émail est présentée en figure 4.14.
4.2.3 Méthode de recalage des paramètres élastiques des modèles anisotrope et iso-
Afin de comparer les modélisations des comportements anisotrope et isotrope des tissus durs
par le biais de simulations numériques, une méthode d’identification a été appliquée afin de mi-
nimiser les écarts entre les deux comportements. La méthode est basée sur l’algorithme de mini-
misation de distance entre les matrices d’élasticité isotrope et anisotrope proposé par N. Norris
[Nor05]. Dans notre étude nous utilisons la distance de Frobenius (ou Eulérienne), définie pour
111
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
trope Ci so proposée par Walpole en vue de simplifier le calcul algébrique en élasticité [Wal84] :
1 1 1
3 3 3 0 0 0
1 1 1
0 0 0
3 3 3
1 1 1
0 0 0
3 3 3
J=
0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0
K = I−J
Les modules κ et µ pour la description isotrope la plus proche du matériau considéré sont ainsi
de rigidité isotrope transverse Ct r ansv et le tenseur isotrope recherché Ci so conduit aux relations
suivantes :
De même, les modules κ et µ peuvent être déterminés en minimisant la distance entre les
112
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
3κ − 2µ
ν=
6κ + 2µ
E = 3κ(1 − 2ν)
La distance de Frobenius ne donne pas une unique solution à ce problème, les résultats fournis
par C ou son inverse étant proches mais différents. Les simulations considérant un comportement
élastique isotrope ont été réalisée en moyennant pour chaque coefficient les valeurs obtenues par
les deux recalages. Les constantes isotropes calculées à partir des propriétés isotropes transverses
Dans cette section, les résultats des modélisations éléments finis de la dent saine mises en
place à partir des modèles géométriques et des lois de comportement identifiées dans ce chapitre
sont présentés. L’état de contrainte de l’organe dentaire sollicité par un effort de mastication cen-
tré est préalablement étudié afin identifier les zones particulièrement sollicitées de la structure. La
parodontal (PDL). Les modèles géométriques décrits dans le sous-chapitre 4.1.1 sont utilisées
tement mécanique du PDL, tandis que les tissus durs (émail, dentine) sont considérés élastiques
linéaires isotropes. Les coefficients élastiques utilisés sont présentés en tableau 4.2.
Les conditions aux limites et le chargement appliqué sont résumés sur la figure 4.15. Les inter-
faces entre les différentes parties du modèle ont été supposées parfaites. La fonction “Tie Constraint”
d’ABAQUS a été utilisée pour assurer cette condition cinématique. La coque externe du PDL a été
considérée encastrée dans un support infiniment rigide. Cette dernière hypothèse revient à sup-
poser que l’élasticité de l’os alvéolaire sous-jacent n’affecte pas le champ des contraintes dans la
dent.
Un chargement de pression uniforme et égal à 50 MPa est appliqué sur une surface issue de
113
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Pièce Nombre d’éléments Taille min. moyenne (mm) Taille max. moyenne (mm)
Dentine 166362 0.255 0.414
Émail 126048 0.274 0.440
PDL 181992 0.155 0.250
la projection d’un disque centré de rayon 1.5 mm sur la surface occlusale de la dent. La pression
masticatoire utilisée est ainsi en accord avec les chargements physiologiques présentés dans le
Les maillages 3D ont été réalisés à l’aide d’éléments finis tétraédriques quadratiques à 10
noeuds (C3D10) avec des fonctions de forme paraboliques. La formulation hybride a été employée
pour les éléments finis décrivants le PDL afin d’éviter les problèmes de divergence en grandes dé-
formations. Le nombre d’éléments finis par pièce et leurs dimensions caractéristiques sont pré-
sentés en tableau 4.3. Le calcul a été effectué avec le code de calcul SIMULIA/ABAQUS 6.11 et pa-
rallélisé sur 20 processeurs pour une durée totale de 15775 s, soit approximativement 4.38 heures
de calcul.
Résultats
L’analyse de l’état mécanique des tissus durs de la dent est réalisée dans une première ap-
proche en considérant les contraintes principales maximales σ1 (avec σ1 > σ2 > σ3 ). En effet
ces tissus ont des propriétés mécaniques voisines des matériaux céramiques et présentent un
114
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
comportement élastique fragile similaire, sensible aux sollicitations de traction. Les champs des
contraintes σ1 sont présentés pour l’émail et la dentine en figure 4.16. Sont distingués sur ces fi-
gures des zones d’intérêts (ZOI pour “Zone Of Interest”) particulièrement sollicitées en traction.
(a) Email
(b) Dentine
Quatre ZOI ont été identifiées au sein de l’émail (figure 4.16a). En ZOI 1 la présence de contraintes
σ1 assez élevées est directement liée au chargement mécanique imposé. La contrainte principale
maximale dans cette zone atteint 13 MPa. L’examen plus détaillé des contraintes principales dans
cette zone révèle que σ1 et σ2 sont significativement différentes, la sollicitation semble ainsi être
Les ZOI 2 et 3 situées sur les parois bucco-linguales de l’émail mettent également en évidence
des sollicitations de traction. Les contraintes principales maximales y atteignant 30 MPa pour σ1
tielles de traction. La ZOI 4 localisée sous le chargement est soumise à des contraintes atteignant
28 MPa pour σ1 et 17 MPa pour σ2 , cette de sollication étant donc proche d’un état de bi-traction.
L’analyse du champ des contraintes dans la dentine révèle trois ZOI sollicitées en traction. La
115
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
ZOI 5, en contact avec la ZOI4 de l’émail, est soumise à des contraintes atteignant 6.5 MPa pour
σ1 et 4.5 MPa pour σ2 . La surface supérieure de la cavité pulpaire (ZOI 6) fait également l’objet de
sollicitations atteignant 13.5 MPa pour σ1 et 11 MPa pour σ2 . La dentine est donc moins sollicitée
que l’émail.
Des contraintes atteignant 17 MPa pour σ1 et 10 MPa pour σ2 sont constatées au niveau de la
jonction entre les racines (ZOI 7). Ces contraintes élevées sont tributaires de la configuration géo-
métrique choisie lors de la conception CAO. Des sollicitations élevées sont également constatées
sur la ligne externe de la jonction amélo-dentinaire. Ces contraintes sont dues à la discontinuité
des propriétés mécaniques entre les deux tissus joints sur ce bord libre.
Les cartographies des champs des contraintes principales minimales σ3 et principales maxi-
males σ1 du ligament parodontal sont présentées en figure 4.17. Elles montrent que celui-ci est
principalement soumis à des contraintes de compression. Le ligament est peu sollicité au niveau
de sa zone supérieure (à proximité de la gencive), les contraintes de compression les plus élevées,
de l’ordre de 5 MPa se situant en partie basse du ligament (les contraintes de traction relevées sont
F IGURE 4.17 – Champs des contraintes dans le PDL - a. contrainte principale maximale - b. contrainte prin-
cipale minimale
Cette étude a ainsi permis de fournir des premiers résultats concernant le comportement mé-
canique de la structure dentaire saine. Par la suite il serait nécessaire de réaliser d’autres simula-
tions considérant par exemple des chargement mécaniques plus complexes (qui seront abordés
la jonction amélo-dentinaire n’a pas été prise en compte dans cette étude et pourrait faire l’objet
d’une étude spécifique (section 1.1.4). En effet, les écarts dimensionnels entre la hauteur totale de
leur CAO. Certaines études traitant de ces structures à gradient de propriétés nous renseignent sur
116
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
le phénomène de diminution de contrainte induit par ce type d’interface [HWT+ 07]. Il est donc
Il est intéressant de noter que des fissures s’initiant depuis la zone cervicale de la dent sont
cliniquement observées au sein de l’émail (figure 4.18). Ces fissures, communément appelées “M-
Cracks” initient depuis des défauts naturels de l’émail (les “lamellaes”) [BKB+ 11, LLC10]. Si l’im-
finis permet de mettre en évidence des sollicitations de traction localisées au même endroit (ZOI
F IGURE 4.18 – M-cracks, particulièrement mises en évidence chez les primates (Orang-outan) [BKB+ 11]
des tissus durs (dentine ou émail) est rarement pris en compte. Cette simplification de l’isotropie
transverse est également courante dans le cadre de la modélisation de l’os cortical, un autre tissu
dur du corps, où l’anisotropie induite par les ostéons est souvent négligée [Cow01]. Néanmoins,
la validité de cette hypothèse est largement documentée dans le cas de l’os [PBZZ06, BHMD08,
YMG10]. Dans cette étude, la pertinence de cette hypothèse est évaluée pour les tissus dentaires.
Trois simulations ont été réalisées afin d’évaluer l’impact de la modélisation de l’anisotro-
pie des tissus. Les différentes configurations sont listées en tableau 4.4. Le PDL n’est pas consi-
déré dans cette étude, la condition d’encastrement ayant donc été reportée sur la surface externe
des racines dentaires. Les autres éléments de la modélisation (conditions aux limites, charge-
ment mécanique) sont similaires à la partie précédente et les maillages employés sont rigoureu-
sement identiques pour chacun des modèles. Les coefficients élastiques implémentés et le calcul
117
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Dentine Émail
ST1 isotrope isotrope
ST2 isotrope transverse isotrope
ST3 isotrope isotrope transverse
champs des contraintes issus des simulations ST1 et ST2 (tableau 4.4).
Afin de comparer les résultats des deux simulations, des critères δi sont calculés pour chaque
δi = σST1
i − σST2
i
avec σST1
i
et σST2
i
respectivement les contraintes principales des simulations ST1 et ST2 et
i = 1, 2, 3.
Les valeurs minimales, maximales et moyennes pour chacun de ces critères δi calculées dans
les maillages de l’émail et de la dentine sont regoupées dans le tableau 4.5. Les distributions des
critères δ1 et δ3 pour les maillages de la dentine et de l’émail sont présentées en figure 4.19.
Dentine Émail
δ1 δ2 δ3 δ1 δ2 δ3
Minimum −4.01 −3.81 −4.19 −1.59 −2.52 −3.10
Maximum 4.57 5.35 4.09 0.59 1.57 1.16
Moyenne 0.06 0.08 0.05 −0.04 0.00 0.01
dentine affecte peu l’état de contraintes de la dent. Cependant, certaines zones sont plus forte-
ment modifiées (valeurs min. et max. du tableau 4.5) en particulier dans la dentine. Les représen-
tations 3D des champs des critères (générées avec ABAQUS) permettent d’analyser leurs localisa-
Le champ des critères δ1 (figure 4.20a) montre que la contrainte principale maximale σ1 est si-
semblent être la conséquence des fortes discontinuités dans les propriétés implémenée d’un élé-
ment à l’autre. Les contraintes des tractions présentées en ZOI 5 sont augmentées de 0.5 MPa sur
la modélisation isotrope transverse. Les critères δ3 (figure 4.20b) permettent d’analyser les écarts
118
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
F IGURE 4.19 – Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - dentine orthotrope
des sollicitations de compression au sein de la dentine, il est notamment observé une diminution
de ces contraintes au niveau des parois de la pulpe ainsi qu’au niveau de l’intersection entre les
119
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Dentin Enamel
δ1 δ2 δ3 δ1 δ2 δ3
Minimum −1.11 −1.29 −1.93 −3.98 −2.57 −5.00
Maximum 0.94 0.95 0.97 2.39 2.51 3.37
Mean 0.02 0.01 0.00 −0.03 −0.01 0.01
Une démarche similaire a été entreprise afin d’étudier l’orthotropie de l’émail en comparant
les modélisations ST1 et ST3 (tableau 4.4). La première simulation (ST1) considère un comporte-
ment isotrope pour la dentine et l’émail tandis que le second modèle (ST3) considère l’isotropie
transverse de l’émail. Les critères δi sont calculés pour chaque point d’intégration du maillage
éléments finis :
δi = σST1
i − σST3
i
avec σST1
i
et σST3
i
les contraintes principales des simulations ST1 et ST3 et i = 1, 2, 3.
Les valeurs minimales, maximales et moyennes pour chacun de ces critères calculées dans
les maillages de l’émail et de la dentine sont regroupées dans le tableau 4.6. Les distributions des
critères δ1 et δ3 pour les maillages de la dentine et de l’émail sont présentées en figure 4.21.
F IGURE 4.21 – Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - émail isotrope transverse
120
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
fluence sur les états de contraintes dans la dent à l’echelle macroscopique. Localement, la prise en
compte de l’anistropie augmente les sollicitations de traction sur les surfaces latérales de l’émail
(≈ 1 MPa) ainsi qu’a proximité de la zone de chargement (≈ 2 MPa) (figure 4.22a). Les contraintes
situées à l’interface dentine/émail (zone ZOI 4) se trouvent diminuées pour la modélisation ortho-
trope (≈ -4 MPa) (figure 4.22b). Le champ des critères σ3 montre des différences sur la ligne externe
de la jonction dentine/émail ainsi que sur ses parois bucco-linguales (≈ 3.5 MPa) (figure 4.22c).
Conclusions
Ces résultats indiquent que la prise en compte du caractère anisotrope des tissus dentaires a
peu d’effet dans l’évaluation des contraintes mécaniques. De fait, ce constat est assez logique dans
la structure dentaire n’a cependant pas été abordée dans son intégralité et des développements
ultérieurs pourraient être réalisés pour enrichir le modèle développé dans ces travaux. En particu-
lier, la modélisation de la variation des propriétés élastiques des tissus, en lien avec l’évolution de
tement mécanique de la dent saine. Nous considérons dans la suite des travaux que l’anisotropie
des tissus dentaires peut être négligée dans le cadre de l’étude de la dent restaurée.
121
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
mécanique 2D axisymétrique est approfondie via la mise en place d’une modélisation 3D virtuelle
du problème. Outre le fait que cette géométrie est plus représentative d’un cas réel, la construc-
tion d’un modèle 3D a permis d’incorporer un mode de chargement non-symétrique, plus proche
de la mastication réelle. La première étude a donc été focalisée sur l’analyse de l’état de contrainte
mécanique dans la prothèse et dans le joint de scellement. Dans un deuxieme temps, un mo-
dèle mécanique dont la description est limitée aux entités géométriques disponibles au sein de
la chaîne numérique des procédés CFAO est mis en place. La pertinence de cette modélisation
en sous-chapitre 4.2.1 est considéré pour le PDL. Les autres matériaux de l’assemblage sont consi-
dérés élastiques linéaires et isotropes. Les coefficients adoptés sont présentés en tableau 4.7.
Les conditions aux limites sont résumées en figure 4.23. Les interfaces entre les quatre parties
ont été considérées comme étant parfaites. Elles ont été modélisées dans le code de calcul ABA-
QUS par la fonction « Tie Constraint ». La coque externe du ligament parodontal est considérée
Deux cas de chargement mécanique appliqués sur une surface issue de la projection d’un
disque de rayon 1.5 mm sur la surface occlusale de la prothèse ont été considérés :
— un chargement de 50 MPa décomposé en une composante normale (46.9 MPa) et une com-
Le maillage 3D a été réalisé avec des éléments finis tétraédriques quadratiques à 10 noeuds
(C3D10). La formulation hybride a été employée pour le maillage du PDL. Les caractéristiques du
maillage EF sont présentées dans le tableau 4.8. Les calculs ont été parallélisés sur 20 processeurs
pour une durée de 11.56 heures pour le chargement centré et 14.24 heures pour le chargement
incliné.
122
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Matériau E(GPa) ν
Céramique 80.0 0.30
Composite 5.0 0.35
Dentine 18.3 0.25
Pièce Nombre d’éléments Taille min. moyenne (mm) Taille max. moyenne (mm)
Couronne 442428 0.179 0.288
Joint 155196 0.111 0.162
Préparation 268542 0.135 0.362
PDL 181992 0.155 0.250
123
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
Résultats
La première contrainte principale σ1 dans la prothèse est présentée en figure 4.24 pour le mo-
dèle à chargement normal et en figure 4.25 pour le modèle à chargement incliné. Des zones d’in-
térêts ont été identifiées et utilisées pour le post traitement des deux modèles (figure 4.24b). Les
intensités des contraintes principales pour les deux modèles au niveau des zones d’intêrets sont
principale.
Dans les deux modèles, la prothèse présente des contraintes de traction σ1 et σ2 élevées au
niveau de la ZOI 1, la prothèse se trouvant ainsi dans un état de bi-traction, similairement aux
modélisations effectuées au chapitre 2. Une partie des ruptures cliniques initiant à cet endroit,
cette zone semble revêtir une importance capitale dans la tenue mécanique de la prothèse.
Pour le cas de chargement “normal”, des contraintes très élevées sont relevées pour la contrainte
124
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
principale maximale σ1 au niveau des parois bucco-linguales de la prothèse (ZOI 2 et 3). Cette ob-
servation n’a pas été réalisée dans le modèle 2D axisymétrique. Ces contraintes sont similaires à
celles observées sur l’émail dans la partie précédente. L’application d’un chargement incliné fait
significativement basculer ces contraintes sur la paroi linguale de la prothèse (σ1 = 51 MPa). L’ob-
servation du cycle masticatoire indique que ce type de chargement est plus réaliste (section 1.2.4)
qu’un chargement normal. En revanche, dans le cas réel il n’existe pas de sens préférentiel, les
cycles ayant lieu dans un sens ou dans l’autre. En pratique, il est donc possible que la prothèse soit
D’autre part, il est important de noter que cette zone de sollicitation coïncide avec un autre
mode de rupture fréquent, où la fissuration s’initie depuis la ligne cervicale de la prothèse (sec-
tion 1.4.2). De manière similaire aux contraintes observées sur l’émail, la direction principale
orientant σ1 est tangentielle à la ligne cervicale et semble donc particulièrement propice à l’ouver-
ture d’une fissure. Contrairement à la ZOI 1, où la céramique est sollicitée dans un endroit confiné,
en ZOI 2 et ZOI 3 la céramique est directement exposée au milieu buccal et subit une dégradation
Les champs de la contrainte équivalente de von Mises pour le joint de scellement pour les
125
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
deux configurations sont présentés en figure 4.26. Les résulats de la simulation montrent que le
joint est principalement sollicité sous le chargement mécanique appliqué ainsi qu’au niveau de
la ligne cervicale. Pour le chargement normal, les zones les plus sollicitées se situent sur la bor-
dure mésiale, tandis qu’elles se situent au niveau des parois bucco-linguales pour le chargement
Dans cette partie, un modèle mécanique limité aux données géométriques contenues dans la
chaîne numérique des procédés CFAO dentaires est présentée. Ces données contiennent la géo-
métrie du joint peut être déduite de l’intrados prothétique et de la préparation (cf chapitre 5).
Le modèle ainsi généré est comparé au modèle complet (intégrant le ligament parodontal et les
racines dentaires) afin d’estimer l’impact de cette simplification sur l’état de contrainte dans la
prothèse.
Afin de reproduire la présence des racines et pour appliquer au modèle des conditions aux
limites proches de celles du cas réel, une extrusion de la base sur une distance de 10 mm a été
réalisée (figure 4.27). Hormis la condition d’encastrement, qui est reportée sur la base de la pré-
précédente (conditions aux limites, matériaux). Le chargement incliné défini précédemment a été
considéré dans cette étude. Le maillage de la préparation modifiée est séparé en deux partie : la
partie supérieure (244840 éléments de tailles comprises entre 0.01 et 0.56 mm) et la partie obtenue
par extrusion (7350 éléments de tailles comprises dimensions entre 0.2 et 0.65 mm). Les maillages
Le champ de la première contrainte principale σ1 dans la couronne céramique est présenté sur
la figure 4.28. Les intensités des contraintes au niveau des ZOI sont regroupées en tableau 4.10.
L’analyse des simulations réalisées avec le modèle simplifié a permis d’identifier les zones par-
ticulièrement sollicitées présentes sur le modèle complet : sous le chargement (ZOI 1) et au niveau
126
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
F IGURE 4.28 – Champs des contraintes principales σ1 - chargement composé - modélisation simplifiée
127
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
de la ligne cervicale du côté lingual (ZOI 2). L’intensité des contraintes est relativement peu mo-
difiée dans la ZOI 1, cette zone étant donc peu affectée par les simplifications effectuées. Notam-
ment, la modélisation du ligament parodontal ne semble pas avoir d’effet sur les contraintes dans
cette zone.
Sur les parois de la prothèse (ZOI 2), des contraintes de traction élevées sont mesurées pour le
modèle simplifié (≈ 20 GPa). En revanche, ces contraintes sont significativement plus faibles que
pour le modèle complet (≈ 50 MPa). La prise en compte de la géométrie réelle des racines et du
ligament semble donc nécessaire afin de rendre de compte correctement de l’état mécanique de
la prothèse.
Les données géométriques intégrées aux procédés CFAO semblent donc suffisantes pour ana-
lyser les contraintes élevées présentes au droit du chargement. Ces données permettent égale-
ment l’identification des zones sollicitées en bordure cervicale de la prothèse mais ne permettent
pas de rendre compte des intensités de contrainte correctement. Ce type de simplification est fré-
quement utilisé dans les publications traitant de la dent restaurée. Il est possible que ce soit l’une
des raisons pour lesquelles les zones sollicitées en bordure cervicale de la prothèse aient peu été
mises en évidence.
Dans le prochain chapitre, nous cherchons à employer ces données afin d’optimiser la tenue
On peut noter que la totalité des géométries nécessaires pour la description du problème (racine
et ligament parodontal) peuvent être obtenues en utilisant un scanner de type “cone beam” utilisé
4.5 Conclusions
Dans ce chapitre, nous avons développé des méthodes permettant la mise en place de modèles
mécaniques de la dent saine et de la dent restaurée. Ces modèles ne permettent pas encore de
rendre compte de la compléxité du problème mécanique dans sa totalité. Cependant, ils offrent
ultérieurs, tels que les phénomènes viscoélastiques (du matériau de scellement et du ligament
Les simulations éléments finis nous permettent toutefois d’approximer les comportements
mécaniques de la dent saine et restaurée. Les zones particulièrement sollicitées au niveau des pa-
rois cervicales des couronnes (émail ou prothétique) ont pu être mises en évidence, qui n’avaient
128
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
pas été décelées pour la prothèse dans l’étude simplifiée traitée au chapitre 2. Ces observations
semblent pertinentes dans la mesure où elles coïncident avec des fissurations observées clinique-
Il a également été conclu que le caractère anisotrope des tissus dentaires (dentine et émail)
pouvait être négligé dans le cadre d’une étude macroscopique de la dent saine, l’anisotropie étant
relativement faible. Cependant, il serait pertinent d’approfondir cette étude en modélisant les va-
riations des propriétés mécaniques au sein des tissus. La simplification de modèle effectuée sur
la dent restaurée permet d’établir que les éléments géométriques contenus dans la chaine numé-
rique des procédés de CFAO dentaire permettent d’identifier certaines zones particulièrement sol-
licitées de la prothèse sans pour autant permettre la description précise de son état de contrainte.
4.6 Références
[AA02] James K. Avery and Nancy Avery. Oral Development and Histology. Thieme, 2002.
[BHMD08] Vaclav Baca, Zdenek Horak, Petr Mikulenka, and Valer Dzupa. Comparison of an inho-
mogeneous orthotropic and isotropic material models used for FE analyses. Medical
[BKB+ 11] A. Barani, A. J. Keown, M. B. Bush, J. J.-W. Lee, H. Chai, and B. R. Lawn. Mechanics of
longitudinal cracks in tooth enamel. Acta Biomater., 7(5) :2285–2292, May 2011. 117,
XIV
[BS02] AP Boresi and RJ Schmidt. Advanced Mechanics of Materials. 6th edition, October
2002. 106
[cle14] clenard. Basics of Biomechanics of Tendons and Ligaments, July 2014. 104
[Cow01] Stephen C. Cowin. Bone Mechanics Handbook, Second Edition. Taylor & Francis,
[DFW+ 17] Feng Dandan, Fan Fan, Rui Wang, Qiang Zhang, and Haijun Niu. Measurement of
in Medicine and Biology Society. IEEE Engineering in Medicine and Biology Society. An-
129
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
[FP15] M Fehrenbach and Tracy Popowics. Illustrated Dental Embryology, Histology, and
[FTMC12] Ted S. Fill, Roger W. Toogood, Paul W. Major, and Jason P. Carey. Analytically deter-
mined mechanical properties of, and models for the periodontal ligament : Critical
[HR64] Zvi Hashin and B. Walter Rosen. The Elastic Moduli of Fiber-Reinforced Materials.
[HWT+ 07] M. Huang, R. Wang, V. Thompson, D. Rekow, and W. O. Soboyejo. Bioinspired design of
[KVA+ 16] Vatche Kassardjian, Sachin Varma, Manoharan Andiappan, Nico H. J. Creugers, and
David Bartlett. A systematic review and meta analysis of the longevity of anterior and
[LC04] J. Lemaitre and J.L. Chaboche. Mécanique des matériaux solides. Sciences SUP.
[LLC10] Brian R. Lawn, James J.-W. Lee, and Herzl Chai. Teeth : Among Nature’s Most Durable
Biocomposites. Annu. Rev. Mater. Res., 40(1) :55–75, Jun 2010. 117
[MCM+ 15] Laís S. Munari, Tulimar P. M. Cornacchia, Allyson N. Moreira, Jason B. Gonçalves, Es-
3d model with anisotropic and isotropic enamel. Medical & Biological Engineering &
[MMNZ09] Jiro Miura, Yoshinobu Maeda, Hiroaki Nakai, and Masaru Zako. Multiscale analysis
of stress distribution in teeth under applied forces. Dental Materials, 25(1) :67–73,
[MN96] I. A. Mjör and I. Nordahl. The density and branching of dentinal tubules in human
[New00] Martin Newell, Henry. The human body an elementary text-book of anatomy, physio-
logy and hygiene. Toronto W.J. Gage, 4th edition, 1900. 108, XIV
130
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
[Nor05] Andrew N. Norris. The isotropic material closest to a given anisotropic material.
[Ogd72] R. W. Ogden. Large deformation isotropic elasticity – on the correlation of theory and
[PBZZ06] Liang Peng, Jing Bai, Xiaoli Zeng, and Yongxin Zhou. Comparison of isotropic and
two loading conditions. Medical Engineering & Physics, 28(3) :227–233, April 2006.
117
[PG01] Etienne Piette and Michel Goldberg. La dent normale et pathologique. De Boeck Su-
[SJY+ 04] Ya-li Song, Li Jia, Ling Yin, Tian Huang, and Ping Gao. The feature-based posterior
crown design in a dental cad/cam system. The International Journal of Advanced Ma-
[SVNC+ 93] I.R. Spears, R. Van Noort, R.H. Crompton, G.E. Cardew, and I.C. Howard. The Effects of
products-services/catia/products/v5/portfolio/domain/Shape_Design_
Styling/product/GS1/, 2011. 97
[VWG+ 17] Elsa Vennat, Wenlong Wang, Rachel Genthial, Bertrand David, Elisabeth Dursun, and
Aurélien Gourrier. Mesoscale porosity at the dentin-enamel junction could affect the
[WS07] Julian B. Woelfel and Rickne C. Scheid. Anatomie dentaire : application à la pratique
131
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée
[WTY09] B. Wu, W. Tang, and B. Yan. Study on Stress Distribution in Periodontal Ligament of
Information Engineering and Computer Science, pages 1–4, December 2009. 105, XVII
[YMG10] Haisheng Yang, Xin Ma, and Tongtong Guo. Some factors that affect the comparison
femur. Medical Engineering & Physics, 32(6) :553–560, July 2010. 117
[ZS10] Shu-Xian Zheng and Qing-Feng Sun. A novel 3d morphing approach for tooth occlusal
132
Chapitre 5
Les chaines numériques des procédés CFAO utilisés en dentisterie indirecte intègrent des don-
dents en contact occlusal. Dans le chapitre précédent, il a été montré que ces informations étaient
suffisantes pour mettre en place un calcul mécanique permettant d’identifier les zones soumises
à de fortes contraintes. De plus, il ressort des analyses de sensibilités réalisées au chapitre 2 que
géométrique de l’intrados prothétique. Ce dernier chapitre a donc pour objectif de proposer une
d’un modèle mécanique s’appuyant sur les données acquises sur le patient. Ces données étant
mise en place d’un modèle géométrique CAO est d’abord présenté. Ce modèle CAO est ensuite
utilisé avec un mailleur EF pour mettre en place une simulation numérique dont les résultats
miser son état de contrainte. La démarche proposée est illustrée par le biais d’un cas test généré à
Sommaire
5.1 Méthode de rétro-conception à partir d’un nuage de points . . . . . . . . . . . . . 135
133
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
134
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
La méthode de rétro-conception utilisée pour mettre en place le modèle CAO de la prothèse est
présentée dans cette partie. L’algorithme issu des travaux de D.J Yoo [Yoo11] permet la construc-
tion d’une description surfacique B-Splines à partir d’un nuage de points. Nous présentons préa-
lablement les étapes générales de l’algorithme avant de d’aborder plus en détails ses différentes
briques fonctionnelles.
Les principales étapes de l’algorithme sont présentées en figure 5.1. La première étape consiste
implicite interpolant le nuage de points. Une voxelisation de la géométrie est ensuite créée afin
d’obtenir une disposition régulière de points autour de la géométrie. Ces points sont projetés sur
la fonction implicite, puis finalement utilisés pour la génération d’éléments surfaciques B-splines.
F IGURE 5.1 – Principales étapes de l’algorithme de rétro-conception (d’après D.J. Yoo [Yoo11])
rie scientifique Numpy [Oli15] et la librairie CAO issue du logiciel open source FreeCAD [FC12]
ont également été utilisées. Les nuages de points traités dans le cadre de la présentation de cet
algorithme sont issus de la reconstruction 3D de données obtenues par l’observation par micro-
tomographie de la dent saine. Ces données d’entrées sont représentées à l’aide du format STL,
permettant la description des géométries par une série de triangles définis par les coordonnées de
135
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Les premiers résultats concernant l’interpolation d’un nuage de points par une fonction im-
plicite sont issus des travaux de Broohead, Girosi ou encore Hoppe [BL88, HDD+ 92, GJP93]. Ces
publications proposent l’interpolation des points par une fonction distance signée, obtenue par
résolution d’un système linéaire. Cette approche, au départ limitée à des nuages de points de taille
relativement petite, peut être combinée à des méthodes de décomposition de domaines afin de
La fonction distance signée d’un ensemble (ou fonction distance orientée) mesure la distance
de chaque point de l’espace à la frontière topologique de cet ensemble. Soit f une fonction distance
signée d’un ensemble E délimité par une frontière fermée S, M un point de l’espace de vecteur
position x et d une fonction de distance, on pose par convention (les vecteurs sont notés en gras) :
d (x,S) si M à l’intérieur de S
f = 0 si M appartient à S
−d (x,S) si M à l’extérieur de S
Cette fonction est donc nulle en tout point M de l’espace E appartenant au contour S.
polation d’une fonction distance signée sur les données d’entrées. Les données utilisées ici sont
y
les points c i = (Cix , Ci , Ciz ) appartenants au fichier STL. Soit f la fonction recherchée, on a :
f (c i ) = h i = 0
avec h i la distance du point c i à S. Cette fonction implicite peut se mettre sous la forme suivante
N
X
f (x) = λi Φ(x − c i ) + P(x) (5.1)
i =1
136
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Dans cette expression, N est le cardinal du nuage de points et P(x) un polynome de degré 1.
Les coefficients λi sont les pondérations à interpoler devant satisfaire la condition suivante :
N N N N
y
λi Cix = λi Ciz = 0
X X X X
λi = λi Ci = (5.2)
i =1 i =1, i =1, i =1,
La fonction Φ(x) est une fonction de base radiale (RBF) symétrique par rapport à l’origine O. Il
existe une infinité de RBF, dans le cadre de notre étude la fonction Thin-Plate Spline régulièrement
Le problème d’interpolation consiste alors à trouver les coefficients λi ainsi que les coefficients
y
Φ11 Φ12 Φ13 ... Φ1N 1 C1x C1 C1z λ1 h1
y
Φ21 Φ22 Φ23 ... Φ1N 1 C2x C2 C2z λ2 h 2
.. .. .. . .
.. ..
. . .
x y z
ΦN1 ΦN2 ΦN3 ΦNN 1 CN CN CN λN h N
= (5.3)
1 1 1 ... 1 0 0 0 0 P0 0
Cx C2x C3x x
1 ... CN 0 0 0 0 P1 0
y y y y
C C2 C3 ... CN 0 0 0 0 P2 0
1
C1z C2z C3z ... z
CN 0 0 0 0 P3 0
avec
Φi j = Φ(c i − c j )
où les (Pi ) sont les coefficients du polynôme P. Il est cependant problématique que la fonction
soit nulle sur les points du nuage, en effet dans ce cas de figure toutes les valeurs h i sont nulles
et le système se résout par la solution triviale nulle. Afin d’éviter ce problème, la description de
la géométrie est enrichie par de nouveaux points n’appartenant pas à la surface et dont la dis-
tance h i est connue. Généralement, la méthode des moindres carrés est employée afin de calculer
localement le vecteur normal unitaire à chaque point appartenant au nuage, chaque point étant
ensuite projeté sur une distance connue [OF05]. Dans notre cas, les normales unitaires fournies
dans le fichier STL sont relocalisées au niveau des points du nuage puis utilisées afin de réaliser
137
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
f (c i ) = h i = ±1
le signe de h i dépend du sens de projection. Dans l’implémentation proposée, les points ont été
projetés dans les deux sens afin d’améliorer la qualité de la reconstruction [CBC+ 01].
n’est applicable que sur des nuages de points de faible cardinal (500-1000 points). Pour traiter des
ensembles de points plus conséquents (10 000 - 100 000 points dans le cadre notre étude) une mé-
thode de décomposition de domaine associée à une recomposition par partition de l’unité a été
utilisée. Le problème d’interpolation sur le domaine complet est ainsi résolu par des interpola-
tions séparées sur plusieurs sous-domaines. Les solutions locales sont ensuites recombinées pour
Plusieurs méthodes de décomposition sont proposées dans la littérature, on considérera ici une
décomposition de domaine adaptative de type octree qui nous permet de décomposer un cube en
138
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Les cubes Ck issus de cette décomposition sont associés à des sous-ensembles de points Ωk .
Les points de Ωk sont contenus dans un cube Ck∗ de même centre que Ck mais de diagonale d k
ajustable et supérieure à la diagonale de Ck (figure 5.2). Cette structure est définie afin que les
différents domaines s’enchevêtrent et que les solutions puissent être recombinées par la suite. Le
A ≤ c ar d (Ωk ) ≤ B
Les domaines cubiques Ck sont ensuite décomposés sous les conditions suivantes :
c ar d (Ωk ) ≥ A.
Dans notre implémentation, les valeurs de A et B ont respectivement été fixées à 50 et 600, ce qui
Une fois résolu le système linéaire (5.3) associé à chaque sous-ensemble Ωk , il est nécessaire
donc été utilisée afin de pondérer la contribution de chaque partition sur la solution finale par
une fonction w k [OBA+ 03]. Pour une décomposition sur ND sous-domaines la fonction implicite
ND
X
wk = 1
k=1
Wk (x)
w k (x) = PND
W (x)
l =1 l
4(x r − s r )(t r − x r )
d k (x) = 1 − Πr ∈x,y,z
(t r − s r )2
t et s étant les vecteurs positions de deux coins opposés du domaine cubique Ck∗ .
139
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Pour réaliser le modèle CAO, il est préalablement nécessaire de définir les points de conception
qui délimiteront les carreaux surfaciques décrivant la géométrie. Le problème consiste à définir
l’agencement de ces points d’une manière telle que leur disposition soit suffisamment régulière
pour être employée de manière efficace dans une démarche de conception nécessitant ultérieure-
ment la génération d’un maillage éléments finis. La stratégie mise en place consiste à décomposer
l’espace en cubes de même taille, de récupérer les cubes intersectant la fonction implicite, puis les
sommets situés à l’extérieur de la surface. Ces points issus de la voxelisation de la géométrie sont
ensuite projetés sur la surface afin d’obtenir les points de conception (figure 5.3).
(a) Surface implicite (b) Voxélisation de la surface (c) Extraction des sommets ex-
implicite ternes
F IGURE 5.3 – Mise en place des points de conception sur la surface implicite (d’après [Yoo11])
4. Extraction des faces des voxels situées à l’extérieur du contour (figure 5.3c).
140
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Les sommets des faces situées à l’extérieur du contour sont ensuite utilisés pour la mise en place
des points de conception de la géométrie CAO. Les connexions entre les différents points du maillage
Le maillage obtenu fait l’objet d’un lissage afin de faciliter la projection des points sur la fonc-
tion implicite. Le lissage est obtenu par relocalisation de chacun des noeuds au barycentre des
surfaces voisines :
Pn
i =1 A i Ci
M= P n
i =1 Ai
avec M la nouvelle position d’un noeud, Ai l’aire du ième élément surfacique connecté, Ci le ba-
considéré. Cet algorithme est appliqué plusieurs fois afin d’améliorer la disposition des points.
Pour améliorer le rendu des surfaces, une simplification est appliquée au maillage externe
(figure 5.4) La méthode consiste à supprimer les surfaces possédant deux noeuds n’ayant que trois
connections à des surfaces différentes. La position des noeuds est ensuite mise à jour à partir du
Les noeuds externes issus de la voxélisation ont ensuite été projetés sur la surface implicite
la direction de projection en chacun des points est nécessaire afin de réaliser ces projections (fi-
gure 5.3d). Le vecteur unitaire de projection n v au point M est calculé avec les relations suivantes :
Pn
Ai v i
v = Pi =1
n
i =1 Ai
141
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
v
nv =
||v ||
MP = M + k ∗ n v (5.5)
avec k un nombre réel calculé par encadrement à une erreur e près tel que :
F(MP ) ≈ 0 < e
Les surfaces délimitées par ces carreaux surfaciques sont ensuite décrites via le formalisme
mathématique des surfaces B-Splines. Ces surfaces sont à la base des techniques de modélisation
3D pour la conception assistée par ordinateur (CAO). Dans cette partie, nous rappelons succinc-
tement les éléments utiles à la compréhension de la description des surfaces B-Splines. Le lecteur
pourra trouver des informations détaillées dans l’ouvrage « The Nurbs Book » de L. Piegle et W.
Tiller [PT95].
Les fonctions B-splines sont des fonctions continues par morceaux, décrites par des combinai-
sons linéaires de splines positives à support minimal compact. Les courbes B-splines sont ainsi
obtenues par le raccordement par morceaux de courbes polynomiales. Soit U un vecteur nodal
défini par :
U = {u 0 , u 1 , . . . , u m }
U est une suite croissante avec u i ∈ [0, 1]. Une courbe B-Spline C de degré p est définie par :
n
X
C(u) = Ni ,p (u)Pi
i =0
142
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
avec {P i } les coordonnées des n+1 points de contrôle et {Ni ,p (u)} les fonctions de bases spline. Le
p = m −n −1
Les fonctions de base spline de degré p sont définies par récurrence, telles que :
1 si u i ≤ u ≤ u i +1
Ni ,0 =
0 sinon
u − ui u i +1+1 − u
Ni ,p (u) = Ni ,p−1 (u) + Ni +1,p−1 (u)
u i +1 − u i u i +p+1 − u i +1
Suivant un formalisme similaire, les surfaces B-Splines sont obtenues à l’aide d’un réseau de points
de contrôle :
n X
X m
S(u, v) = Ni ,p (u)N j ,q (v)Pi , j
i =0 j =0
où les Pi , j sont les points de contrôle, n est le nombre de points de contrôle dans la direction u,
l est le nombre de points de contrôle dans la direction v, Ni ,p (u) et N j ,q (v) sont les fonctions de
base spline dans les directions u et v. Ni ,p (u) et N j ,q (v) sont définis sur deux vecteurs nodaux U
et V.
Dans le cadre de notre algorithme nous disposons d’un ensemble de carreaux surfaciques défi-
nis par 4 extrémités. Chaque carreau est utilisé pour la génération d’une surface bicubique définie
par 16 points de contrôle. Afin d’assurer la continuité de la géométrie, les points de contôle si-
tués de part et d’autre des jonctions entre les carreaux sont alignés dans la direction tangente à la
surface S, calculée grâce aux vecteurs normaux des points projetés [PT95]. Les patchs surfaciques
ainsi générés sont finalement assemblés pour mettre en place la géométrie B-Spline finale (figure
5.5).
143
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Dans cette section nous étudions la mise en place de maillages éléments finis sur une géomé-
d’images obtenues par microtomographie à rayons X de la dentine (LMT, ENS Paris Saclay) est
utilisé afin de créer la géométrie B-Spline. Une reconstruction surfacique issue du logiciel CATIA
V5 (Atelier Quick Surface Reconstruction, fonction “surface automatique”) a également été utilisée
à titre de comparaison.
Les géométries B-Splines pour la dentine sont présentées en figure 5.6. Sont distinguées sur
cette figure le nuage de point initial (figure 5.6a) , la reconstruction issue de l’algorithme (figure
Visuellement, on constate une répartition plus régulière de patchs surfaciques sur la géomé-
trie issue de l’algorithme implémenté. Des incohérences dans la description géométrique faite à
partir du code commercial sont observées (figure 5.7). Elles sont notamment localisées à proximité
des zones où le nuage de points décrit des reliefs complexes (cuspides dentinaires). Des interven-
tions manuelles ont été nécessaires pour corriger ces géométries et permettre la réalisation d’un
mailllage éléments finis. La méthode de reconstruction utilisée dans le logiciel CATIA s’est donc
144
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
145
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Les géométries B-splines surfaciques sont dans un premier temps densifiées afin de mettre en
place des supports volumiques (CATIA V5, Atelier Quick Surface Reconstruction, fonction “rem-
plissage volumique”). Le logiciel libre GMSH, développé par Christophe Geuzaine et Jean-François
Remacle [GR09], a été utilisé pour générer des maillages éléments finis 3D pour les deux modèles.
les éléments présentant des angles trop obtus. Une analyse préliminaire a permis de distinguer les
éléments finis de moindre qualité comme appartenant au contour surfacique des géométries. Les
éléments triangulaire 2D décrivant le contour ont donc été ciblés pour l’étude de la qualité des
(a) Maillage EF, CAO de l’algorithme (b) Maillage EF, CAO CATIA V5
F IGURE 5.8 – Comparaison des maillages EF surfaciques (GMSH, taille d’éléments : 10 - 20 µm)
Le critère 2D introduit par Babuska [BA76] permettant une analyse qualitative des maillages
où â, b̂ et ĉ sont les angles du triangle K. Avec cette définition un triangle équilatéral est tel que
146
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Les valeurs caractéristiques des distributions du critère γK pour des maillages de différentes
Taille d’élément (µm) Géométrie Nombre d’éléments moyenne γK % γK < 0,1 min(γK )
Algorithme 11482 0,868 0,53 0,003977
[10 - 20]
CATIA 10104 0,8972 0,9 0,0000125
Algorithme 34956 0,9306 0,14 0,008118
[5 - 10]
CATIA 33062 0,938 0,22 0,0003319
Algorithme 123508 0,9473 0,0161 0,01178
[0 - 5]
CATIA 121550 0,9487 0,0468 0,0001637
En moyenne la qualité des maillages varie peu suivant la géométrie initiale considérée. Il est
cependant constaté que les éléments de plus faible qualité (γK < 0.1), et donc les plus à même de
générer des erreurs de calcul, sont présents en plus grande proportion sur les maillages EF issus
de la géométrie CATIA.
Dans cette dernière partie, une modélisation mécanique basée sur des données acquises sur
un patient et obtenues dans la chaine numérique d’un procédé CFAO est mise en place. L’algo-
rithme de reconstruction présenté précédemment a été utilisé pour générer les géométries utili-
sées dans les simulations. Les résultats nous ont conduit à proposer des modifications sur l’intra-
Les données tests issues d’un cas clinique ont été récupérées au laboratoire URB2i (Université
Paris Descartes). Une deuxième prémolaire a été préparée par un chirurgien dentaire en vue de
réaliser une restauration de type couronne. Les empreintes numériques de la préparation, des
dents adjacentes (figure 5.9a) et en oppositions (figure 5.9b) ont été acquises à l’aide d’un scanner
laser.
Le logiciel de CFAO dentaire Romexis PlanMeca 4.1.2 a été utilisé pour générer une couronne
prothétique. Une morphologie proche du cas considéré a dans un premier temps été choisie. La
147
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
F IGURE 5.9 – Géométries au format STL des données scannées sur le patient (Autodesk Meshmixer)
148
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
ligne cervicale définissant le contour externe de la prothèse a ensuite été tracée manuellement
(figure 5.10a). Pour cette solution commerciale, le paramétrage de l’intrados est défini par trois
paramètres (figure 5.10b). Dans notre étude, les paramètres ont été définis ainsi : hiatus occlu-
sal 0.2 mm, hiatus latéral 0.2 mm, paramètre de l’inclinaison marginale 0.25 mm. Des opérateurs
géométriques ont ensuite été appliqués pour ajuster manuellement l’extrados prothétique dans
l’espace disponible autour de la préparation (figure 5.10c). La prothèse ainsi générée a finalement
scellement ont été mis en place. Les géométries obtenues sont présentées en figure 5.12.
prothèse. De légères modifications ont dû être apportées pour réaliser la description volumique
paration a été modifié afin d’obtenir un contour fermé et n’intégrant que le moignon dentaire (les
dents voisines adjacentes ont été supprimées). Cette nouvelle géométrie a servi de support pour
créer un modèle CAO. La ligne cervicale a été utilisée pour découper la surface ainsi générée. Cette
même courbe a également permis de générer une surface d’extrusion sur une distance de 10 mm
afin de dessiner la base de la préparation. Le modèle surfacique ainsi défini a finalement été den-
Afin de réaliser la conception du joint de scellement, la ligne cervicale a été projetée sur la
149
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
150
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
surface de la couronne. Cette courbe projetée a ensuite été utilisée pour découper la surface de
tion dentaire par une surface de raccord constituant la bordure libre du joint de scellement. Il est
à noter que le joint de scellement ainsi obtenu ne respecte pas exactement les dimensions para-
métrées pour l’intrados, les épaisseurs de celui-ci variant entre 0.2 et 0.27 mm.
Dans un second temps, la zone de chargement de la couronne a été identifiée à l’aide du fichier
STL comportant les dents en contact occlusal (figure 5.13a). Une translation de 3 mm suivant l’axe
de la couronne a été réalisée afin d’obtenir une intersection surfacique entre la dent en contact oc-
clusal et la couronne (figure 5.13b). Le barycentre de cette intersection a été utilisé comme centre
d’un disque de rayon 1 mm qui a ensuite été projeté sur la surface occlusale de la couronne (fi-
gure 5.13c). Une pression normale uniforme de 50 MPa a été appliquée sur cette surface projetée,
151
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
Les conditions aux limites, les propriétés des matériaux et le type d’éléments finis utilisés sont
152
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
ronne prothétique. Conformément à l’étude présentée au chapitre précédent, trois zones sollici-
tées en traction ont été identifiées (ZOI). En figure 5.14a, la ZOI 1 située à proximité du chargement
présente un état de contrainte en traction uniaxiale atteignant 20 MPa. En ZOI 2 (figure 5.14b), les
contraintes σ1 atteignent 12 MPa. La partie la plus sollicitée de la prothèse est localisée en ZOI 3,
MPa, ce qui place la prothèse dans un état proche d’un chargement de traction biaxial.
F IGURE 5.15 – Contrainte équivalente de von Mises dans le joint de scellement (MPa)
La contrainte équivalente de von Mises est présentée pour le joint de scellement en figure 5.15.
Cette couche est principalement sollicitée au niveau de la ligne cervicale (σVM ≈ 20 MPa). Une
tions géométriques ont été effectuées au niveau de l’intrados prothétique. La démarche procédu-
1. identification de la position des points d’intégration du maillage EF tels que σ1 > 0.7 ∗ σmax
1
153
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
4. identification des points de conception au voisinage direct des points d’intégration : pre-
5. identification des points de conception au voisinage indirect des points d’intégration : se-
6. projection des premiers voisins dans leurs directions normales externes sur une distance
d1 ;
7. projection des seconds voisins dans leurs directions normales externes sur une distance d 2 ;
L’épaisseur du joint de scellement au niveau des premiers voisins est comprise entre 0.085 et 0.12
µm. Au niveau des seconds voisins cette épaisseur varie de 225 µm à 125 µm.
Ce nouveau modèle géométrique a ensuite été mis en place dans une simulation numérique.
Dans la couronne optimisée, les 3 ZOI sont à nouveau identifiées. Les contraintes sont inchan-
gées au niveau des ZOI 1 et 2. En ZOI 3 les contraintes principales maximales σ1 atteignent 20 MPa
et les contraintes σ2 atteignent 17 MPa. Ces valeurs représentent une diminution de l’ordre de 23
des contraintes équivalentes de von Mises au sein du joint de scellement montre que cette partie
de l’assemblage est relativement peu affectée par le changement géométrique réalisé, y compris
154
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
155
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
5.4 Conclusions
Dans ce chapitre, des éléments méthodologiques permettant la mise en place d’une prothèse
CAO à partir des données scannées sur le patient a été implémenté. Du fait de la régularité des
patchs surfaciques composants les descriptions surfaciques obtenues par cet algorithme, les mo-
dèles ainsi reconstruits présentent l’avantage de pouvoir être utilisés efficacement pour la géné-
ration automatique d’un maillage éléments finis, et ce malgré leur topologie complexe. Des simu-
lations mécaniques de la dent restaurée basées sur ces géométries ainsi que sur la localisation des
chargements mécaniques peuvent ainsi être intégrés au sein de la chaine numérique des procédés
CFAO utilisés en dentisterie. Des aller-retours entre le modèle CAO de la prothèse et les résultats
des analyses éléments finis peuvent ensuite être réalisés pour optimiser la géométrie vis à vis de
critères mécaniques.
Des développements supplémentaires sont nécessaires afin de réaliser une intégration viable
de cette démarche au sein des procédés CFAO dentaires. En revanche, les méthodes employées
dans ce chapitre présentent l’avantage d’être automatisables, il est donc envisageable dans le futur
d’intégrer directement une approche de ce type au sein des procédés existants sous la forme d’une
brique logicielle.
5.5 Références
[BA76] I. Babuška and A. Aziz. On the Angle Condition in the Finite Element Method. SIAM
[BL88] D.S. Broomhead and D. Lowe. Multivariable functional interpolation and adaptive net-
tions. In Computer Graphics (SIGGRAPH ’01 Conf. Proc.), pages 67–76. ACM SIGGRAPH,
[FC12] Daniel Falck and Brad Collette. FreeCAD How-to. Packt Publishing, 2012. 135
156
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
[GJP93] Federico Girosi, Michael Jones, and Tomaso Poggio. Priors Stabilizers and Basis Func-
tions : From Regularization to Radial, Tensor and Additive Splines, Jun 1993. [Online ;
[GR09] Christophe Geuzaine and Jean-François Remacle. Gmsh : A 3-D finite element mesh
generator with built-in pre- and post-processing facilities. International Journal for
[HDD+ 92] Hugues Hoppe, Tony DeRose, Tom Duchamp, John McDonald, and Werner Stuetzle.
Surface reconstruction from unorganized points, volume 26. ACM, Jul 1992. 136
[IL05] Armin Iske and Jeremy Levesley. Multilevel scattered data approximation by adaptive
[LK04] Leevan Ling and E. J. Kansa. Preconditioning for radial basis functions with domain
decomposition methods. Math. Comput. Modell., 40(13) :1413–1427, Dec 2004. 138
[OBA+ 03] Yutaka Ohtake, Alexander Belyaev, Marc Alexa, Greg Turk, and Hans-Peter Seidel.
Multi-level partition of unity implicits. ACM Trans. Graphics, 22(3), Jul 2003. 139
[OF05] Daoshan OuYang and Hsi-Yung Feng. On the normal vector estimation for point cloud
data from smooth surfaces. Comput.-Aided Des., 37(10) :1071–1079, Sep 2005. 137
[PT95] Les Piegl and Wayne Tiller. The NURBS Book | Les Piegl | Springer. Springer-Verlag
[Reu03] Patrick Reuter. Reconstruction and Rendering of Implicit Surfaces from Large Unorga-
nized Point Sets. PhD thesis, Université Sciences et Technologies - Bordeaux I, Dec
136
[TO99] Greg Turk and James F. O’Brien. Variational Implicit Surfaces. Georgia Institute of Tech-
157
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire
158
Conclusion
Dans ces travaux, plusieurs études ont été conduites afin d’étudier le comportement méca-
nique des restaurations dentaires indirectes de type couronne. Compte tenu de la grande varia-
bilité des géométries rencontrées cliniquement, trois modèles géométriques ont été considérés
pour aborder ce problème, en compléxifiant au fil des chapitres la description adoptée. Ces dif-
férentes modélisations nous ont permis d’établir et de mettre en place plusieurs conclusions et
méthodologies.
Le modèle axisymétrique présente l’avantage d’être utilisable rapidement et aisément pour tes-
ter des hypothèses de manière numérique ou encore pour proposer des protocoles expérimentaux
standardisables. Dans cette optique, des études de sensibilité sur le dimensionnement de l’assem-
blage (chapitre 2) et une étude expérimentale sur la caractérisation géométrique des défauts du
Les études de sensibilité permettent ainsi d’identifier plusieurs voies d’optimisation possibles
pour la procédure de conception des restaurations. Si le choix des matériaux se présente comme
un critère évident pour améliorer la longévité des dispositifs prothétiques, il ressort également de
sensiblement les contraintes mécaniques dans la zone située en droit du chargement et coïncidant
ont été réalisées sur la répartition de défauts dans le joint de scellement à l’issu de l’assemblage.
Ces résultats mettent en évidence la présence de défauts : des vides résultants de bulles d’air en-
sation du matériau de scellement. Des analyses ont été conduites permettant de montrer que ces
défauts peuvent sensiblement nuire à la tenue mécanique de la prothèse et du joint. Nous pensons
donc que la procédure clinique de pose peut également être améliorée afin de limiter la présence
de tels défauts. Des observations supplémentaires sont toutefois nécessaires pour confirmer ces
159
Conclusion
études.
Des maquettes numériques 3D ont été conçues au chapitre 4 pour étudier de manière plus réa-
référence sur lesquels des études mécaniques peuvent être basées. Dans ces travaux, il a été mis en
évidence qu’une modélisation s’étendant jusqu’au ligament parodontal permettait de révéler une
seconde zone fortement sollicitée en traction localisée en bordure cervicale de la couronne. Cette
zone coïncide avec un autre site d’initiation de rupture clinique et n’avait pas pu être distinguée
sur le modèle axisymétrique. Nous avons également montré que les données géométriques pré-
sentes au sein des procédés CFAO utilisés en dentisterie étaient suffisantes pour localiser les zones
bordure cervicale.
Dans ce chapitre, des contributions ont également été apportées à l’étude de la dent saine.
Une conception géométrique 3D a été réalisée pour cette étude et une méthodologie permettant
la mise en place d’un champ d’orientation des tubules au sein de la dentine a été développée. Les
simulations effectuées montrent que l’implémentation proposée pour l’orientation des tubules
dentinaires et des prismes d’émail n’apporte pas de modifications significatives à l’état mécanique
de la dent saine. Des développements supplémentaires pourront être réalisés sur les bases de ce
modèle pour implémenter une description plus précise des lois régissant le comportement des
tissus dentaires (variation de la rigidité élastique dans les tissus, en lien avec l’évolution de la mi-
l’organe dentaire.
Dans le dernier chapitre, nous proposons finalement la mise en place d’un calcul éléments
finis « patient-specific » de l’assemblage prothétique dentaire dans la chaîne numérique des pro-
cédés CFAO, en vue de réaliser une optimisation de forme de la géométrie de la couronne. Afin
a été implémenté pour reconstruire des modèles CAO de la prothèse et de la préparation. Ces
géométries réelles ont ensuite été utilisées pour construire un modèle mécanique simplifié (justifi-
cations fournies au chapitre 4). Les résultats ont permis d’identifier les zones fortement sollicitées
situées au droit du chargement. Ainsi, des allers-retours entre le modèle CAO et la modélisation
160
Conclusion
MSSMat ont permis d’ouvrir de nombreuses pistes de recherches futures. En particulier, il serait
intéressant d’ajouter les aspects viscoélastiques et thermiques dans les analyses, en vue d’enri-
chir nos connaissances sur la physique du problème étudié. De plus, l’identification du charge-
ment mécanique appliqué à la prothèse pourrait faire l’objet d’une étude plus poussée, en tenant
Toutes les démarches et modélisations proposées dans ces travaux sont également transposables
Les algorithmes et méthodes mises en place au chapitre 5 pourraient également faire l’objet
intégrable dans la chaîne numérique d’un procédé CFAO existant. De plus, l’analyse isogéomé-
trique, permettant la mise en place de calculs mécaniques sur un support géométrique proche
des modèles CAO utilisés dans ce chapitre, semble être particulièrement appropriée à cette pro-
161
Conclusion
162
Annexe A
matériaux prothétiques
Les propriétés mécaniques des matériaux prothétiques utilisées dans les modélisations du
chapitre 2 sont présentées dans cette annexe. Les propriétés élastiques, modules de Young et li-
mites élastiques, ont été mesurées par des essais de flexion trois points sur des éprouvettes de
dimensions similaires. L’étude de Goujat et al. suit notamment la norme ISO 6872 : 2015 spécifiant
les éxigences et les méthodes d’essai correspondantes aux matériaux céramiques dentaires pour
les prothèses tout céramique et céramo-métallique. Suivant les travaux considérés, la ténacité a
pu être évaluée soit par indentation soit par le biais d’une éprouvette pré-entaillée.
I
II
Auteurs Matériau Fabricant Composition Limite d’élasticité (MPa) Module de Young (GPa)
Switzerland
TABLEAU A.1 – Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques
Guazzato et al., In-Ceram Zirconia Vita Zahnfabrik, Bad zircone+alumine 476 240
2004 Säckingen, Germany
Guazzato et al., In-Ceram Alumina Vita Zahnfabrik, Bad alumine + verre 440 265
2004 Säckingen, Germany
Auteurs Matériau Fabricant Composition Ténacité (MPa.m0.5 ) Dureté (GPa)
III
Annexe A. Annexes A : Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques
Annexe A. Annexes A : Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques
IV
Annexe B
Dans cette annexe, les géométries conçues au chapitre 4 sont présentées par le biais de plans
V
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles
VI
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles
VII
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles
VIII
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles
IX
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles
X
Liste des figures
[MBG+ 01] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.6 Dessins anatomiques de coupes longitudinales observées sur une mâchoire infé-
rieure [Faw95] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.8 L’occlusion - (a) décalage intérieur/extérieur (d’après [Bib18d])- (b) décalage avant/arrière
1.9 Trajectoire du cycle masticatoire - a. Plan frontal chez l’humain - b. Cycle théorique
1.15 Essais de fluage en flexion trois points sous différentes conditions de stockage (DW :
XI
Liste des figures
1.16 Rupture des restaurations - a. rupture in-vitro en zone occlusale, couronne [HCZ+ 08]
semblage sollicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2 Champs des contraintes principales dans la prothèse (MPa) - configuration de réfé-
rence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.4 Champs des contraintes dans le joint de scellement (MPa) - configuration de référence 55
2.5 Évolution des contraintes σVM le long de l’abscisse curviligne dans le joint de scelle-
de scellement (GPa) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.11 Évolution de σVM dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle - para-
hiatus (µm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
paramètres : hiatus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
paramètres : hiatus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
XII
Liste des figures
paramètre : α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
des défauts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
tion surfacique 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.5 Évolution des propriétés physiques au cours du temps de sèche (d’après Hüsch et al.
[HMF99]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
plan (P) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.9 Géométries du joint de scellement - a. cas idéal - b. présence d’une cavité perçante -
3.11 Contraintes de von Mises dans le joint de scellement (MPa) - a. cas « idéal » - b. cas «
XIII
Liste des figures
4.9 Géométrie CAO pour du joint de scellement - a. Géométrie 3D b. Cotations sur coupe
4.11 Représentation schématique de l’orientation des tubules et des prismes d’émail [New00]108
4.17 Champs des contraintes dans le PDL - a. contrainte principale maximale - b. contrainte
4.18 M-cracks, particulièrement mises en évidence chez les primates (Orang-outan) [BKB+ 11]117
4.19 Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - dentine orthotrope . . 119
4.21 Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - émail isotrope transverse120
plifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.1 Principales étapes de l’algorithme de rétro-conception (d’après D.J. Yoo [Yoo11]) . . 135
5.3 Mise en place des points de conception sur la surface implicite (d’après [Yoo11]) . . 140
5.8 Comparaison des maillages EF surfaciques (GMSH, taille d’éléments : 10 - 20 µm) . 146
XIV
Liste des figures
5.9 Géométries au format STL des données scannées sur le patient (Autodesk Meshmixer)148
5.15 Contrainte équivalente de von Mises dans le joint de scellement (MPa) . . . . . . . . 153
B.1 Dentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI
XV
Liste des figures
XVI
Liste des tableaux
XVII
Titre : Analyse mécanique et optimisation géométrique de la dent restaurée par méthode indirecte
Mots clés : Restauration dentaire indirecte, Ingénierie biomédicale, Patient-specific, CFAO, Dentisterie
conservatrice
Résumé : La réhabilitation des fonctions physiolo- libre de paramétrage dans le cadre des procédés
giques dentaires à l’aide de restaurations céramiques CFAO employés en dentisterie. Une étude mécanique
collées est l’un des enjeux majeurs de la dentisterie 3D étendant la modélisation jusqu’au ligament pa-
conservatrice. S’il est maintenant bien établi que la rodontal a ensuite été réalisée afin d’approcher le
jonction céramique/composite revêt une importance problème de manière plus réaliste. Les résultats ob-
capitale pour la durabilité de l’assemblage, les ob- tenus mettent notamment en évidence des zones for-
servations par le biais d’un scanner X-µCT nous tement sollicitées au niveau de la ligne cervicale de
ont permis de mettre en évidence plusieurs types la prothèse, en coı̈ncidence avec un mode de rupture
de défauts (décollement, bulles d’air) dont l’analyse clinique fréquent. Cette modélisation 3D a également
mécanique révèle leur influence néfaste pour la te- fait l’objet d’une étude complémentaire permettant de
nue de la restauration. Les travaux réalisés portent justifier l’emploi des données géométriques présentes
également sur l’influence des paramètres de concep- au sein des procédés CFAO modernes dans le
tion de la prothèse sur la résistance mécanique cadre d’une optimisation mécanique de forme. Une
de l’assemblage prothétique dentaire. Ces études méthode de rétroconception basées sur l’interpola-
préliminaires ont été réalisées sur une modélisation tion de surfaces B-Splines et utilisant les données
EF 2D simplifiée permettant de s’affranchir de la va- scannées lors de l’opération médicale est finalement
riabilité morphologique des géométries réelles. Les proposée afin d’intégrer un calcul mécanique “pa-
résultats montrent notamment l’influence significative tient specific” dans la chaı̂ne numérique des procédés
du dimensionnement de l’intrados prothétique, laissé CFAO.
Title : Mechanical analysis and geometrical optimization of the restored tooth obtained by indirect method
Keywords : Dental indirect restoration, Biomedical engineering, Patient-specific, CAD/CAM, Conservative
dentistry
Abstract : The rehabilitation of dental function follo- the CAD/CAM process) is mechanically relevant. A 3D
wing the fitting of prostheses obtained by cemented finite element study extending to the periodontal liga-
ceramic restorations is one of the major challenges ment has then been realized in order to approach this
of restorative dentistry. It is now well established that problem in a more realistic perspective. Results show
the ceramic/composite interface has an important si- high stresses near from the cervical margin of the
gnificance for the longevity of the restoration and its crown, coinciding with a common clinical failure mode.
observation using X-ray µCT enabled us to charac- This 3D model was also used in a additional study al-
terize some types of defects within the cement layer lowing us to conclude that the geometrical data used
(air voids and debonding). The mechanical analysis in modern CAD/CAM processes are sufficient to de-
of the restored tooth considering those defects exhi- velop a mechanical optimization of the restoration de-
bits their negative influence on the strength of the as- sign. A reverse engineering method based on the in-
sembly. The influence of design parameters has also terpolation of B-Spline surfaces on scanned data ac-
been studied considering a simplified 2D axisymme- quired during clinic procedures is therefore introdu-
tric FE model in order to avoid the morphological di- ced in order to integrate a patient specific mechani-
versity of real geometries. Results show that the de- cal optimization within the digital chain of CAD/CAM
sign of the inner shape of the crown (editable within processes.
Université Paris-Saclay
Espace Technologique / Immeuble Discovery
Route de l’Orme aux Merisiers RD 128 / 91190 Saint-Aubin, France