Analyse Mécanique de La Dent Restaurée Par Méthode Indirecte

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Analyse mécanique et optimisation géométrique de la

dent restaurée par méthode indirecte


Kyo Shindo

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Kyo Shindo. Analyse mécanique et optimisation géométrique de la dent restaurée par méthode in-
directe. Biomécanique [physics.med-ph]. Université Paris Saclay (COmUE), 2019. Français. �NNT :
2019SACLC003�. �tel-02077122�

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NNT : 2019SACLC003

Analyse mécanique et optimisation


géométrique de la dent restaurée par
méthode indirecte
Thèse de doctorat de l’Université Paris-Saclay
préparée à CentraleSupélec

Ecole doctorale n◦ 579 Sciences mécaniques et énérgétiques, matériaux et


géosciences (SMEMaG)
Spécialité de doctorat : Mécanique des matériaux

Thèse présentée et soutenue à Gif-Sur-Yvette, le 12.02.2019, par

K YO S HINDO

Composition du Jury :

Nabil Anwer
Professeur, Université Paris Sud (LURPA - EA 1385) Président
Éric Maire
Directeur de recherche, CNRS (MATEIS - UMR 5510) Rapporteur
Yannick Tillier
Professeur, Mines ParisTech (CEMEF - UMR 7635) Rapporteur
Thèse de doctorat

Jean-Pierre Attal
Maı̂tre de conférences - PH, Université Paris Descartes (URB2I - EA 4462) Examinateur
Nicolas Schmitt
Professeur, Université Paris-Est Créteil (LMT - UMR 8535) Directeur de thèse
Elsa Vennat
Maı̂tre de conférences, CentraleSupélec (MSSMAT - UMR 8579) Co-directrice
Remerciements

Avant toute chose, il me tient à cœur de distribuer quelques remerciements aux personnes ayant

eu, d’une manière ou d’une autre, une influence sur ces travaux de recherche.

Tout d’abord à mes directeurs, pour m’avoir guidé dans ces travaux tout en me laissant une grande

liberté, mais également pour m’avoir donné la chance d’expérimenter la recherche scientifique.

Aux collègues de Centrale et de l’URB2I, que ce fut un réel plaisir de côtoyer durant ces trois an-

nées.

À ma famille, pour m’avoir soutenu de toutes les manières possible durant ces longues études.

Aux amis : les bordelais, les toulonnais, les parisiens, qui se reconnaitront à la lecture de ces mots.

À toutes les personnes citées dans ce manuscrit, sans lesquelles rien n’aurait été possible.

Un grand merci !

i
ii
Table des matières

Remerciements i

Table des matières iii

Introduction 1

1 L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques 5

1.1 Anatomie de la dent et de ses tissus de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.2 La mastication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1.3 Les restaurations indirectes et la CFAO dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.4 Échec clinique des restauration indirectes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

1.5 Études mécaniques de l’assemblage prothétique dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . 28

1.6 Synthèse de la bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

1.7 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

2 Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception 49

2.1 Description mécanique 2D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

2.2 Sensibilité aux paramètres matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

2.3 Sensibilité aux paramètres géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

2.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

3 Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint 75

3.1 Observation de la couche de scellement par micro-tomographie à rayons X . . . . . 77

3.2 Modélisation numérique de la contraction volumique du composite de scellement . 82

3.3 Impact des défauts sur la tenue statique de la prothese . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

3.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

3.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

iii
Table des matières

4 Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée 95

4.1 Conception géométrique des assemblages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

4.2 Modèles de comportement des tissus biologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

4.3 Influence mécanique de l’anisotropie des tissus durs de la dent saine . . . . . . . . . 113

4.4 Étude mécanique de l’assemblage prothétique dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

4.6 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

5 Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire 133

5.1 Méthode de rétro-conception à partir d’un nuage de points . . . . . . . . . . . . . . . 135

5.2 Génération de maillages éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

5.3 Optimisation de la géométrie prothétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

5.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

Conclusion 159

A Annexes A : Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques I

B Annexes B : Géométries 3D virtuelles V

Liste des figures XI

Liste des tableaux XVII

iv
Introduction

La restauration des tissus dentaires par le biais d’un matériau étranger au corps humain est

un acte médical pratiqué dans le but de réhabiliter les fonctions physiologiques permises par la

dent saine (mastication, déglution, phonation). L’origine de cette pratique est très ancienne, la

plus vieille restauration datant de 4500 ans avant notre ère (emploi d’une cire d’abeille pour la

restauration d’une canine). De nos jours, malgré l’amélioration de l’hygiène bucco-dentaire, la ré-

paration de la dent par un biomatériau reste une opération fréquemment réalisée par les dentistes.

Dans le cadre de ce doctorat nous nous intéressons spécifiquement aux restaurations céramiques

(ou céramique hybride) scellées à l’aide d’un matériau composite sur le patient (restauration dite

« indirecte »). Les matériaux céramiques étant de plus en plus privilégiés du fait de leurs bonnes

propriétés mécaniques et esthétiques ainsi que de leur biocompatibilité.

Dans la majorité des cas, la pose d’une restauration fait suite à la dégradation d’une dent par

une carie. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les pathologies carieuses touchent

60 à 90 % des enfants dans le monde ainsi que la totalité des adultes. En France le coût sociétal

est également important, 3.6 millions de restaurations céramiques sont fabriquées chaque année

pour un montant total de 2 milliards d’euros, dont 400 millions sont pris en charge par la Caisse

Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et 1.6 milliards à la charge des mutuelles et des patients

(source : UNCAM).

Au début des années 2000, le développement de la CFAO en odontologie a notamment permis

de réduire ce coût ainsi que le délai de fabrication de la restauration. Dans ce procédé, les tech-

niques conventionnelles de prise d’empreintes (utilisant des pâtes thermoplastiques) sont rem-

placées par un scanner faisant l’acquisition numérique des géométries dentaires du patient. La

conception de la prothèse et sa mise en forme physique sont ensuite entièrement assistées par

ordinateur à partir de ces données.

La durée de vie de ces restaurations prothétiques est cependant limitée, avec des taux d’échecs

de l’ordre de 20 % au cours des cinq premières années de service. Le principal muscle de la masti-

1
Introduction

cation (le masséter) étant l’un des muscles les plus puissants du corps humain, ces restaurations

sont soumises à des efforts importants au cours de leur existence. En conséquence, une grande

partie des échecs sont directement liés à des phénomènes mécaniques, la rupture par fissura-

tion de la prothèse ou encore son décollement prématuré étant par exemple des complications

couramment relevées. Dans ces travaux de recherche, nous avons cherché à étudier les états mé-

caniques de la prothèse et du joint de scellement par le biais d’outils numériques, en s’appuyant

sur des descriptions géométriques de plus en plus complexes au fil du manuscrit.

Le premier chapitre exposé ci-après permet de rendre compte des différents éléments néces-

saires à la compréhension du problème posé. Les descriptions anatomique et mécanique des or-

ganes bucco-dentaires y sont préliminairement abordées. Les aspects techniques de la dentisterie

restauratrice indirecte moderne et des procédés CFAO y sont ensuite décrits. Enfin, les études

pré-existantes traitant du comportement mécanique de la dent restaurée et des modes d’échec

clinique de ces restaurations sont également présentées.

Dans le deuxième chapitre, nous utilisons un modèle 2D axisymétrique simple afin de réali-

ser dans une première approche l’étude mécanique de la dent restaurée. Ce modèle géométrique

permet notamment de fixer des paramètres de conception tout en s’affranchissant de la variabi-

lité morphologique des géométries prothétiques réelles. L’impact mécanique des différents choix

effectués lors de la mise en place de la restauration est ainsi évalué afin de rendre compte des

optimisations pouvant être réalisées lors de la conception du dispositif prothétique.

Dans le troisième chapitre, une attention particulière est portée sur le joint assurant la co-

hésion de la restauration à la dent préparée par le dentiste, cette couche semblant revêtir une

importance capitale dans les deux modes d’échec cités précédemment. Cliniquement, des résines

composites sont utilisées à l’état fluide, puis durcies afin de sceller la prothèse céramique. La géo-

métrie finale du joint est ainsi incertaine compte tenu des effets de contraction volumique ayant

lieu durant la polymérisation du composite. Une modélisation simplifiée a une nouvelle fois été

mise en oeuvre afin d’effectuer un contrôle métrologique sur l’assemblage étudié. Étant donné le

confinement de cette couche au sein de l’assemblage, la micro-tomographie à rayons X a été uti-

lisée pour observer la géométrie et les défauts de structure de celle-ci. Des analyses mécaniques

ont ensuite été conduites afin d’étudier l’impact des défauts mis en évidence.

Dans le quatrième chapitre, des modèles géométriques 3D virtuels de la dent saine et de la

dent restaurée ont été mis en place. Les lois régissant les comportements élastiques des tissus

biologiques modélisés sont étudiées. Des contributions sont notamment apportées à la modélisa-

tion mécanique de l’anisotropie des tissus durs de l’organe dentaire (dentine et émail). Les sim-

2
Introduction

plifications usuellement effectuées pour l’étude mécanique de la dent restaurée sont également

discutées par le biais de modélisations mécaniques plus complètes. Une simulation comprenant

uniquement les éléments géométriques disponibles au sein des chaînes numériques des procédés

CFAO dentaires est mise en place afin d’évaluer la pertinence de cette modélisation dans le cadre

de l’identification des zones surcontraintes de la prothèse.

Suivant cette logique, le dernier chapitre propose une méthode permettant l’optimisation mé-

canique de géométries réelles, issues de données scannées directement sur un patient. Cette pro-

cédure automatisable s’appuie sur un algorithme de rétro-conception permettant la conversion

d’un nuage de point (les données du patient) en un modèle CAO utilisable pour la génération

d’un maillage éléments finis et pouvant faire l’objet de modifications de forme. L’objectif étant

d’intégrer une étape d’optimisation basée sur les méthodes classiquement utilisées en ingénie-

rie mécanique dans le processus numérique des procédés CFAO dentaires. La méthodologie ainsi

développée est illustrée sur un cas test.

3
Introduction

4
Chapitre 1

L’odontologie conservatrice indirecte :

anatomie et techniques

Ce premier chapitre traite des différents aspects nécessaires à la compréhension et à l’analyse

du problème. Les descriptions anatomiques et mécaniques de l’organe dentaire et de la fonction

de mastication sont préalablement abordées afin de prendre connaissance des tissus biologiques

et des sollicitations en jeu. Les restaurations dentaires indirectes, le procédé CFAO et la mise en

place clinique de la prothèse sur le patient sont ensuite présentés. Les travaux antérieurs traitant

de l’étude mécanique de la dent restaurée ainsi que des modes d’échec cliniques de ces restaura-

tions sont finalement décrits.

Sommaire
1.1 Anatomie de la dent et de ses tissus de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.1.2 L’émail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1.1.3 La dentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1.1.4 La jonction amélo-dentinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1.1.5 La pulpe dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1.1.6 Le parodonte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1.2 La mastication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1.2.1 Fonction physiologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.2.2 Description anatomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.2.3 L’occlusion dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1.2.4 Dynamique masticatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.2.5 Efforts exercés entre les dents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

5
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.3 Les restaurations indirectes et la CFAO dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.3.1 Les restaurations dentaires en odontologie conservatrice . . . . . . . . . . . 17

1.3.2 Fonctionnement général du procédé de CFAO en dentisterie . . . . . . . . . 19

1.3.3 La conception des restaurations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

1.3.4 Les matériaux prothétiques employés en CFAO dentaire . . . . . . . . . . . . 21

1.3.5 L’usinage des prothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

1.3.6 Le scellement des restaurations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

1.4 Échec clinique des restauration indirectes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

1.4.1 Décollement prothétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

1.4.2 Rupture mécanique de la prothèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

1.5 Études mécaniques de l’assemblage prothétique dentaire . . . . . . . . . . . . . . 28

1.5.1 Comportement mécanique de la dent saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

1.5.2 Comportement mécanique de la dent restaurée par méthode indirecte . . . 30

1.6 Synthèse de la bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

1.7 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

6
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.1 Anatomie de la dent et de ses tissus de soutien

1.1.1 Généralités

La dent est un organe dur situé sur le bord des mâchoires de la plupart des vertébrés ayant pour

fonctions principales de saisir, retenir et de broyer les aliments. La dentition humaine permanente

(denture adulte) comprend 32 dents séparées sur les deux arcades mandibulaire et maxillaire, res-

pectivement appelées mâchoire inférieure et mâchoire supérieure (figure 1.1a). Les arcades étant

symétriques par rapport au plan médian, elles sont usuellement divisées en quadrants droit et

gauche. La dentition contient 4 types de dents assurant différentes fonctions masticatrices : les

incisives servant à trancher, les canines à déchiqueter et les molaires et les prémolaires à broyer.

Ces différentes fonctions s’expriment via la géométrie des structures dentaires et leur position. Le

profil des dents incisives est écharpé et effilé afin de cisailler les aliments tandis que les molaires

possèdent des zones de contact plus grandes s’appuyant sur les cuspides (reliefs coronaires de

forme convexe) pour écraser les aliments [WS07].

(a) Organisation de la denture permanente (b) Coupe issue d’un scan X-µCT d’une troi-
[Sch12] sième molaire (LMT, ENS Paris Saclay)

F IGURE 1.1 – La denture et la dent

Structurellement, la dent est composée de trois tissus biologiques, l’émail, la dentine et la

pulpe, décrits ci-après (figure 1.1b).

7
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.1.2 L’émail

L’émail est le tissu composant la partie externe de la dent et recouvrant la dentine, il est ex-

posé directement à l’environnement buccal et aux chargements de mastication. Au sein d’une

dent, l’épaisseur de l’émail est plus grande au niveau des surfaces masticatoires, en particulier au

niveau des cuspides, à contrario des parois cervicales (parties latérales) où ses dimensions sont

plus petites. Son épaisseur dépend de la dent considérée et varie de 0 à 2 mm pour les incisives et

de 0 à 2.6 mm pour les molaires [FP15].

L’émail est un tissu hautement minéralisé contenant en volume 96 % d’hydroxyapatite de cal-

cium, 3.6 % d’eau et 0.4 % de matière organique (protéines résiduelles issues de la formation

de l’émail) [Eas60]. La phase minérale est constituée de monocristaux d’hydroxyapatite empilés

horizontalement et verticalement pour former des cristallites. Les cristallites s’organisent selon

deux architectures : les « bâtonnets » et l’émail interprismatique (figure 1.2). Les « bâtonnets »

(ou « prismes » d’émail) sont composés de cristallites arrangés en structures de 4 à 8 µm de dia-

mètre traversant l’émail depuis la jonction amélo-dentinaire jusqu’à la surface de l’émail [PG01].

L’émail interprismatique s’apparente à une matrice englobant les prismes d’émail orientés. Ces

deux configurations diffèrent seulement par l’orientation des cristallites. L’émail est constitué de

deux couches : une couche aprismatique présente sur le contour externe, composée de bâtonnets

et d’émail interprismatique non différentiés, et d’une couche prismatique composant la majeure

partie du tissu et où les deux organisations de cristallites sont bien différentiées. La forte teneur en

minéraux de l’émail en fait le tissu le plus dur et le plus rigide du corps humain.

Cette organisation microscopique lui confère un comportement mécanique anisotrope, résis-

tant mais fragile [LR72, SVNC+ 93]. Étant donné les petites dimensions de l’organe dentaire, les

propriétés mécaniques sont usuellement caractérisées par des méthodes d’indentation. Habeltiz

et al. ont par exemple mesurés par nanoindentation un module de Young de 87.5 GPa et une du-

reté de 3.9 GPa dans la direction des prismes, et respectivement de 72.7 GPa et 3.8 GPa dans la

direction transverse [HMMB01].

Il a également été observé une nette variation des propriétés mécaniques au sein même du

tissu. Les valeurs de la dureté et de la rigidité augmentent depuis la jonction amélo-dentinaire

(jonction entre l’émail et la dentine). Par exemple, il a été mesuré par indentation une évolution

du module de Young depuis 70 GPa au cœur de la dent jusqu’à 110 GPa au niveau de la surface

externe [CML+ 02, ZDZY14]. Les auteurs suggèrent une possible corrélation de la rigidité avec la

teneur locale en hydroxyapatite. La résistance à la rupture de ce tissu est sujette au même type de

8
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

F IGURE 1.2 – a. Organisation de la structure de l’émail - b. et c. observation SEM des différentes faces, (R) :
émail prismatique, (IR) émail interprismatique [HS08]

variabilité. Bajaj et Arola ont évalué la ténacité K IC à 0.67 (± 0.12) MPa.m0.5 pour l’émail externe et

à 2.53 (± 1.40) MPa.m0.5 pour des couches internes de l’émail. La ténacité étant donc plus élevée à

proximité de la jonction amélo-dentinaire [BA09].

1.1.3 La dentine

La dentine est le tissu majoritaire de l’organe dentaire. Elle s’étend depuis le parodonte (tissus

de soutien de la dent) jusqu’à la jonction amélo-dentinaire. Sa composition chimique est proche

de celle de l’émail, mais diffère par la proportion en minéraux et par l’organisation de sa micro-

structure. La dentine contient ainsi en moyenne une proportion volumique de 70 % d’hydroxyapa-

tite de calcium, de 20 % de matière organique (essentiellement des fibres de collagène) et de 10 %

d’eau [FP15]. À l’échelle microscopique, trois principaux éléments structuraux sont distingués :

les tubules, la dentine péritubulaire et la dentine intertubulaire (figure 1.3). Les lumières tubu-

laires sont des canaux d’irrigation présents dans la dent qui sont entourées à la manière d’une

gaine par la dentine péritubulaire. Ces fibres creuses sont finalement noyées dans une matrice

intertubulaire. La dentine est parcourue de tubules partant de la surface de la pulpe dentaire et

débouchant à la jonction amélo-dentinaire. La densité, la taille, et l’orientation des tubules et de

leurs gaines varient au sein de la structure, ce qui confère au tissu des propriétés mécaniques ani-

sotropes [MMKB97].

Les dimensions de la dentine étant légèrement plus grandes que celle de l’émail, la littéra-

9
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

F IGURE 1.3 – a. Organisation orthotropique de la dentine - b. Observation MEB (échelle 10 µm) c. Observa-
tion microscopie confocale [Wan16]

ture fournit des données mécaniques issues d’essais d’indentation, de flexion ou de compression

présentant des résultats relativement variables [WRP+ 15]. Les essais de flexion fournissent un mo-

dule de flexion longitudinal de 18.7 GPa et un module transverse de 15.5 GPa [AR06]. Kinney et al.

ont notamment mesuré un module de Young longitudinal (direction des tubules) de 25 GPa et

un module de Young transverse de 23.3 GPa par une méthode ultrasonore (RUS) [KGM+ 04]. Les

propriétés à la rupture de la dentine ont également été étudiées. Mofawy et Watts ont évalué la

ténacité à 3.08 (± 0.31) MPa.m0.5 sur des éprouvettes compactes pré-fissurées [OD86]. La ténacité

de la dentine semble également être variable selon la zone considérée, des différences ayant été

observées entre la dentine coronaire (partie supérieure) et la dentine radiculaire (à proximité des

racines) pour des échantillons bovins. Les valeurs étant respectivement de 4.8 (± 0.6) MPa.m0.5 et

de 2.1 (± 0.3) MPa.m0.5 [Wan05].

1.1.4 La jonction amélo-dentinaire

La jonction émail-dentine est une interface particulière d’une dizaine de micromètres d’épais-

seur au sein de la structure dentaire. La microstructure de cette interface n’est pas homogène et

reflète l’organisation naturelle, issue du processus de croissance et de maturation de l’organe den-

taire [Mil12]. Mécaniquement, cette jonction possède une continuité remarquable dans l’évolu-

tion de ses propriétés. Marshall et al. ont caractérisé par nano-indentation une évolution continue

de la dureté et du module d’élasticité entre les deux tissus (figure 1.4) [MBG+ 01]. Cette continuité

des propriétés mécaniques, que l’on retrouve également dans d’autres interfaces biologiques, per-

met de limiter naturellement les concentrations de contrainte à l’interface entre l’émail et la den-

tine, qui est un problème caractéristique aux interfaces des structures, et que nous retrouverons

10
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

dans le cadre de l’étude de la dent restaurée. Il a également été constaté que cette jonction joue

le rôle de barrière en freinant la propagation des fissures à l’interface entre l’émail et la dentine

[IKM+ 05].

F IGURE 1.4 – Évolution de la rigidité et de la dureté dans la jonction en fonction de la profondeur [MBG+ 01]

1.1.5 La pulpe dentaire

La pulpe est un tissu mou présent dans la cavité pulpaire, au centre des racines. La cavité

pulpaire est constituée de deux parties : la partie coronaire (ou chambre pulpaire) et les canaux

radiculaires. La pulpe est entièrement entourée de dentine, excepté à l’endroit où se trouve ses

orifices (les foraminas). La pulpe présente des fonctions nécessaires à la vitalité de la dent. Elle est

notamment responsable de la création d’une dentine de réparation par les odontoblastes (fonc-

tion anabolique) et de l’apport en nutriment nécessaire à ce processus (fonction trophique). La

pulpe possède également une fonction sensorielle en véhiculant au cerveau des informations cap-

tées au sein de l’organe dentaire (sensation de chaleur, de froid ou liées à une pathologie). Enfin,

la pulpe peut également produire une dentine de réparation en cas de de lésion carieuse (fonction

protectrice) [WS07, PG01].

1.1.6 Le parodonte

Le parodonte est un ensemble de tissus assurant la fixation et le soutien de la dent. Il est consti-

tué des céments, du ligament parodontal, de l’os alvéolaire et de la gencive (figure 1.5).

Les céments

Les céments - il en existe plusieurs types suivant la dent considérée et la position sur la ra-

cine - ont pour fonction d’ancrer les fibres du tissu conjonctif du ligament parodontal à la racine

11
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

F IGURE 1.5 – Les différents constituants du parodonte humain

de la dent. Ils offrent également à la dentine une protection à l’attaque d’éventuelles bactéries.

Les céments mesurent entre 10 et 200 µm d’épaisseurs et sont composés de 12 % d’eau, de 65 %

de cristaux d’hydroxyapatite et de 23 % d’une matrice organique composée majoritairement de

collagène [FP15].

Le ligament parodontal

Le ligament parodontal (ou alvéolo-dentaire) a pour fonction de lier le cément de la dent avec

l’os alvéolaire de la mâchoire. Son épaisseur est variable de 150 à 400 µm. Ce tissu est constitué

d’un réseau de fibres et d’une matrice de mucopolysaccharide contenant l’ensemble cellulaire

permettant le renouvellement des tissus dont il assure la jonction (cémentoblastes, fibroblastes et

ostéoblastes respectivement impliqués dans la formation des céments, des fibres et de l’os de la

mâchoire). Les fibres sont composées de molécules de collagène de type I, organisées à différentes

échelles. Le comportement mécanique du ligament parodontal est de type élastique non-linéaire

anisotrope. Ce ligament est également visqueux, effet mis en évidence par des essais de fluage

[Fuk93] et des essais de charge/décharge [NPS04]. La prise en compte de ce comportement est

importante pour l’étude des dispositifs en orthodontie (appareils dentaires). Il existe peu d’études

sur la caractérisation expérimentale de ligaments humains. De ce fait, les données issues des tra-

vaux de Wu et al. ont été utilisées dans nos études mécaniques [WTY09].

L’os alvéolaire

Comme la majorité des structures osseuses du corps humain, les os de la mâchoire sont com-

posés de deux types d’os : l’os spongieux situé sous les dents ainsi qu’au centre de la structure

osseuse et l’os cortical situé en périphérie (figure 1.6). Les mâchoires présentent le processus al-

12
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

véolaire, en forme d’arc et creusé en cavités où sont présentes les dents. L’os alvéolaire possède

une capacité de remodelage et d’adaptation, permettant un réalignement des dents lorsqu’un ef-

fort mécanique continu est appliqué à l’aide d’un dispositif orthodontique.

F IGURE 1.6 – Dessins anatomiques de coupes longitudinales observées sur une mâchoire inférieure [Faw95]

La gencive

La gencive est la muqueuse (i.e. membrane tapissant les cavités de l’organisme) du parodonte

recouvrant la base des dents et la surface des os de la mâchoire. Elle a pour fonction de proté-

ger l’os et d’assurer l’étanchéité de la dent au niveau du collet (i.e jonction gencive/dent). Tout

comme la majeure partie des tissus humains « de surface » (épiderme, épithélium intestinal, épi-

thélium des voies respiratoires, etc.), la gencive est un tissu constitué de deux parties : le chorion

et l’épithélium.

Le chorion est la couche profonde, constitué de fibres de collagène, de fibres élastiques, de

vaisseaux sanguins et de nerfs. Le tissu épithélial est formé de cellules jointives, juxtaposées, soli-

daires les unes des autres par des systèmes de jonction et séparées du tissu conjonctif sous-jacent

par une lame basale. Dans le cas de la gencive, le tissu épithélial contient de la kératine en grande

quantité, ce qui lui confère une bonne résistance aux attaques microbiennes ainsi que sa couleur

rosée [Bib18a].

1.2 La mastication

Afin de pouvoir appréhender les chargements mécaniques mis en jeu dans le cadre de l’étude

de la dent restaurée, nous traitons dans cette partie de la fonction physiologique de mastication.

Nous abordons notamment la trajectoire de la mâchoire inférieure lors du cycle masticatoire ainsi

13
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

que de la mesure des efforts mécaniques appliqués entre les dents.

1.2.1 Fonction physiologique

Lors de la mastication, les mouvements relatifs de la mâchoire inférieure par rapport à la mâ-

choire supérieure permettent de réduire la taille des aliments mastiqués, les rendant ainsi plus

facilement ingérables. Ce processus constitue également la première phase de la digestion, la mas-

tication permettant notamment l’imprégnation des aliments par la salive contenant des enzymes

facilitant la digestion alimentaire. De plus, le goût et la texture des aliments sont des sensations

perçues lors de la mastication qui ont un effet direct sur la fréquence et la force du cycle mastica-

toire appliqué par l’individu [Chr84].

1.2.2 Description anatomique

L’os de la mâchoire inférieure est le seul os mobile du crâne, il est maintenu par plusieurs

muscles, notamment le masséter (principal acteur de la mastication), le temporal et le ptérygoï-

dien médial, et est mis en liaison avec les os temporaux du crâne via les articulations temporo-

mandibulaires (figure 1.7). La mâchoire supérieure est composée des os symétriques maxillaires.

F IGURE 1.7 – Anatomie du système masticatoire [Bib18c]

Les articulations temporo-mandibulaires sont les articulations mobiles permettant les mou-

vements de la mandibule : de haut en bas (élévation), de gauche à droite (diduction), vers l’avant

(propulsion), vers l’arrière (rétropulsion) [KvE97]. Cette articulation met en liaison une zone com-

plexe de l’os temporal avec le condyle mandibulaire présent sur la mâchoire inférieure. Le mou-

vement masticatoire est limité par l’occlusion dentaire.

14
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.2.3 L’occlusion dentaire

L’occlusion est la manière dont les dents inférieures s’engrènent avec les dents supérieures. Un

individu présente plusieurs positions d’occlusion possibles, la plus stabilisante étant l’occlusion

d’intercuspidie maximale (OIM), maximisant la surface de contact entre les deux arcades [PGR69,

ODPD14]. Cette configuration est un standard pour les praticiens.

En situation normale, les cuspides linguales (internes, proches de la langue) des dents supé-

rieures entrent en contact avec les fosses occlusales (creux au sein des molaires) des dents infé-

rieures (figure 1.8a). De plus, un faible décalage entre les arcades est observé, la troisième mo-

laire (molaire en extrémité) supérieure étant légèrement en arrière (figure 1.8b). L’engrènement

des dents fait cependant l’objet de grandes variations entre les individus. Des décalages inté-

rieurs/extérieur (figure 1.8a) ou avant/arrière (figure 1.8b) sont notamment observés.

F IGURE 1.8 – L’occlusion - (a) décalage intérieur/extérieur (d’après [Bib18d])- (b) décalage avant/arrière
[Bib18b] – (c) contacts occlusaux sur une demi-denture [Ric69]

La répartition des surfaces de contact entre les deux dentures varie selon le type de dent consi-

déré. Pour un même individu, les molaires présentent le plus grand nombre de contact, suivies des

prémolaires, des canines puis des incisives (figure 1.8c). Étant donné la grande variabilité des mor-

phologies dentaires, l’étendue des surfaces de contact diffère d’un individu à l’autre et selon l’état

de la denture considérée [YM49].

L’étendue du contact occlusal dépend aussi de la force exercée entre les deux mâchoires. Ainsi,

selon Hidaka et al., pour différents niveaux de chargement la surface de contact totale varie en

moyenne de 14.0 mm² (SD 12.7) à 30.2 mm² (SD 10.7) [HISM99]. Ce sont notamment les sur-

faces de contact des molaires et des prémolaires qui sont le plus impactées par ce phénomène

[GABF00].

15
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.2.4 Dynamique masticatoire

Les chargements mécaniques de mastication sont des successions de cycles d’ouverture/ fer-

meture de la mâchoire appliqués avec une force d’intensité variable. L’intensité de la force moyenne

déployée dépend de facteurs liés à l’individu considéré : âge, genre, morphologie crânio-faciale,

santé, état de la denture. . . Les muscles masticatoires sont principalement contrôlés par les méca-

norécepteurs du parodonte (i.e. neurones sensoriels sensibles aux déformations mécaniques) qui

permettent d’ajuster la force appliquée en fonction de la rigidité de l’aliment mastiqué. Les ma-

ladies parodontales peuvent ainsi impacter le contrôle de la mastication et peuvent induire une

mauvaise perception de la force nécessaire pour la mastication [KDB10]. La forme du cycle masti-

catoire d’ouverture/fermeture dans le plan frontal (plan de séparation ventral/dorsal, figure 1.9a)

est représentée en figure 1.9b. L’aspect du cycle est relativement homogène pour les différents

cas masticatoires d’un même individu, mais change énormément d’un individu à l’autre [BSH75].

La fréquence de mastication varie entre 49 et 120 cycles/min et dépend principalement du type

d’aliment mastiqué (figure 1.9c) [LG82].

F IGURE 1.9 – Trajectoire du cycle masticatoire - a. Plan frontal chez l’humain - b. Cycle théorique d’ouver-
ture/fermeture lors de la mastication [Oke12] - c. Succession de cycles lors de la mastication pour différents
types d’aliments [LG82]

1.2.5 Efforts exercés entre les dents

L’estimation des forces développées entre les dents lors de la mastication a fait l’objet de nom-

breuses études. La force de morsure maximale (« Maximum bite force »), mesurée à l’aide d’un

capteur d’effort (transducteur piezoélectrique ou capteur à jauge de contrainte) placé entre deux

dents opposées fait office de standard. Si la méthode est cliniquement pratique, elle est critiquée

car elle introduit un décalage géométrique entre les deux mâchoires et modifie donc l’occlusion

dentaire naturelle [Bak06]. Il est possible d’arguer que ce type de sollicitation reste proche de la

mastication, au cours de laquelle l’occlusion n’est pas parfaite car les zones de contact entre les

16
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

deux mâchoires se font par l’intermédiaire de l’aliment mastiqué. Nous avons adopté par la suite

des valeurs issues de ces études pour définir un cas de chargement pour une dent. Les valeurs

issues de la littérature mettent en évidence des forces de mastication variant entre 100 et 700 N,

celle-ci pouvant être plus élevées (≈ 1500 N) chez les patients atteints de bruxisme (serrement

inconscient des dents, en général lors du sommeil).

Compte tenu de l’évolution des surfaces de contact entre les mâchoires, la pression moyennée

sur toute l’arcade développée lors de l’occlusion est constante quelle que soit la force développée

par l’individu, et vaut approximativement 40 MPa [HISM99]. En revanche les surfaces de contact

sur chacune des dents étant variables, les pressions appliquées le sont également.

1.3 Les restaurations indirectes et la CFAO dentaire

La réparation des tissus dentaires est un acte médical dont les premières tentatives dans le

passé remontent de 7 000 à 5 500 ans avant J.C. [MAKA17]. Mais c’est au XIXe siècle que la pre-

mière prothèse moderne fait son apparition grâce à la découverte du procédé de vulcanisation

permettant le durcissement du caoutchouc naturel, en vue de réaliser un support en élastomère

sur lequel s’insère une prothèse en porcelaine [Nob02]. L’emploi de moules, puis plus récemment

de techniques de numérisation a permis de proposer des prothèses plus durables tout en rédui-

sant le temps de fabrication de la restauration [KNC96]. Dans le cadre de notre étude nous nous

sommes particulièrement intéressés aux restaurations indirectes en céramique issues du procédé

CFAO.

1.3.1 Les restaurations dentaires en odontologie conservatrice

L’odontologie conservatrice (ou dentisterie restauratrice) constitue l’ensemble des pratiques

dentaires ayant pour but de soigner les dents tout en minimisant la perte de tissu sain. Les opé-

rations cliniques consistants principalement à éliminer des tissus atteints par une carie, puis à re-

donner une intégrité structurelle à la dent afin qu’elle puisse assurer ses fonctions physiologiques.

Dans un premier temps, le praticien élimine les tissus cariés à l’aide d’un instrument rotatif. En

général, il utilise soit une fraise à boule, tournant à faible vitesse et montée sur un contre-angle,

soit une fraise diamantée, tournant à vitesse élevée, montée sur une turbine et utilisée avec un

système de refroidissement. Plus rarement, le dentiste peut également employer un laser Erbium.

La dent ainsi préparée est appelée préparation dentaire.

Dans un second temps, le dentiste reconstitue la dent en comblant l’espace laissé vacant par

17
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

l’élimination par fraisage de la lésion carieuse. Pour cela, il a le choix entre les techniques directes,

et les techniques indirectes (figure 1.10) :

— La technique directe est applicable aux lésions de petite taille et consiste à obturer la cavité

résiduelle par un matériau de comblement à l’état fluide, puis de l’y faire durcir. Plusieurs

matériaux sont employables : les amalgames, les résines composites, les ciments verres-

ionomères.

— La technique indirecte consiste à prendre l’empreinte volumique de la dent à restaurer et

de son environnement buccal proche, puis à fabriquer à partir de celle-ci une restauration

dentaire. Plusieurs matériaux sont employables pour la prothèse, tels que les alliages métal-

liques ou les céramiques. La restauration est finalement collée à la dent à l’aide d’une résine

composite ou d’un ciment verre-ionomère. Plusieurs types de restaurations indirectes sont

usuellement distinguées en fonction de leur taille : les inlays, les onlays (couvrant la pointe

ou le sommet d’une dent) et les couronnes (restaurations couvrant la partie coronaire de la

dent).

F IGURE 1.10 – Les différents types de restauration en odontologie conservatrice

Afin d’assurer la bonne insertion de la future restauration, il est nécessaire de modeler correc-

tement la préparation dentaire lors du fraisage. Le dentiste doit alors respecter certaines consi-

dérations cliniques afin d’éviter la mise en place d’une restauration prothétique trop fragile. Ces

considérations peuvent être soit des recommandations générales, telle que la nécessité de mettre

en place des arrondis aux angles de la préparation, soit des recommandations plus spécifiques

fournies par les fabricants de biomatériaux (il est souvent donné une épaisseur minimale à respec-

ter, de l’ordre de 1 – 1.5 mm suivant la résistance mécanique du matériau) [ES02, JA11, CFBDB13].

18
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

Dans le cadre de cette thèse nous nous sommes intéressés spécifiquement aux restaurations de

type couronne qui correspondent à des soins touchant environ 1/3 des populations française et

européenne [ZSW+ 08, Wat11]. Ce type de restauration est indiqué lorsque la perte de tissu est

importante et entraine la nécessité de réhabilitater la totalité de la partie périphérique de la dent.

Les procédés CFAO sont spécifiquement abordés ci-après car une partie de nos recherches

visent à apporter une contribution à l’amélioration de leur phase de conception. Ces procédés

de conception/fabrication des restaurations dentaires intègrent dans leur chaine numérique les

étapes d’acquisition géométrique, de conception et de fabrication de la prothèse.

1.3.2 Fonctionnement général du procédé de CFAO en dentisterie

La CFAO dentaire (Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur) est un procédé per-

mettant, à partir d’une prise d’empreinte des mâchoires du patient, de réaliser la conception et

la fabrication d’une restauration prothétique dentaire. Ce procédé numérique a été proposé dès

1973 par le Dr. François Duret dans le cadre de sa thèse d’exercice et a connu de nombreux dé-

veloppements techniques dans les années 80, notamment avec l’apparition du système CEREC

(Sirona Dental Systems GmbH, Bensheim, Germany) [Dur73]. Le marché des systèmes CAD/CAM

apparu dans les années 90 connait depuis les années 2000 un fort développement commercial

[Mo6, DK11].

Le procédé CFAO (figure 1.11) débute par l’acquisition de l’empreinte dentaire du patient à

l’aide d’un scanner laser ou d’une caméra dynamique. Cette opération est réalisée soit directe-

ment dans la bouche du patient, soit par l’intermédiaire d’un moule de la denture. Le système

fait ainsi l’acquisition de la préparation dentaire, des dents adjacentes (voisines sur la même mâ-

choire) et des dents opposées (en contact occlusal). Ces données sont enregistrées sous un format

géométrique (STL ou autre format propriétaire aux propriétés similaires). À partir de la géométrie

de la préparation, il est demandé au prothésiste de sélectionner manuellement le contour de la

préparation (ligne cervicale). Ces données sont ensuite utilisées pour la conception de la prothèse

(cf. partie suivante). Une fois la prothèse conçue, un parcours d’usinage est calculé, transcrit en

langage G-Code, puis envoyé au centre d’usinage à commande numérique (CNC) [TLM+ 15]. Le

choix du matériau est tributaire du dentiste, qui s’adapte au cas clinique et qui doit tenir compte

des aspects mécaniques mais également esthétiques [Dar13].

19
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

F IGURE 1.11 – La chaîne numérique en CFAO dentaire [Tap15]

1.3.3 La conception des restaurations

La conception géométrique de la restauration s’appuie sur une base de données d’entités ana-

tomiques dentaires associée à chaque type de dent et sur des modules d’assistance à la conception

plus ou moins automatisés selon la solution commerciale. Des procédures entièrement automa-

tisées, basées sur la reconnaissance de points et de courbes spécifiques de l’anatomie dentaire ou

encore la duplication de la dent symétrique peuvent être mises en œuvre. Des outils d’aide à la si-

mulation des contacts avec les dents adjacentes et les dents antagonistes, numérisées elles aussi,

permettent, à l’aide d’algorithmes de morphing, de modifier localement la géométrie afin qu’elle

s’insère correctement sur la préparation du patient [TLS19]. Lors de la conception, la géométrie

prothétique est divisée en deux parties par la ligne cervicale : intrados (surface interne collées à

la préparation dentaire) et extrados (surface externe, en contact avec l’environnement buccal).

S’il existe pour chaque procédé CAD/CAM disponible sur le marché une solution de conception

prothétique différente, il apparaît que les conceptions de l’intrados et de l’extrados sont toujours

séparées.

Le design de l’extrados (contour externe) est conditionné par l’espace laissé vacant par les

dents adjacentes et occlusales à la préparation dentaire. Les logiciels de CAO dentaire possèdent

plusieurs banques de données contenant des arcades dentaires de référence. Ainsi, pour définir

l’extrados prothétique, l’utilisateur spécifie la dent traitée puis choisit dans la banque de donnée

la morphologie la plus proche de celle du patient. Des opérateurs géométriques (homothétie, fac-

teurs d’échelle, etc.) sont ensuite appliqués pour remplir l’espace disponible pour la prothèse.

La surface de l’intrados est calculée en tenant compte de la forme de l’extrados, de la forme

de la préparation dentaire ainsi que de paramètres de jeu instanciés pour le positionnement de la

prothèse et pour le dimensionnement du joint de scellement. La définition de ces paramètres est

20
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

propre à chaque fabriquant. Elle consiste généralement à effectuer un découpage de la géométrie

de la préparation en plusieurs zones, auxquelles seront appliquées diverses opérations géomé-

triques (homothétie, translation, rotation) pondérées par les valeurs du paramétrage (figure 1.12).

Le jeu entre la prothèse et la préparation est appelé hiatus.

F IGURE 1.12 – Exemples de paramétrages du hiatus prothétique

1.3.4 Les matériaux prothétiques employés en CFAO dentaire

Usuellement, les biomatériaux employés en dentisterie restauratrice se classent en deux ca-

tégories : les matériaux métalliques et non-métalliques. Les matériaux non-métalliques sont eux-

mêmes classés en trois types : les céramiques, les composites et les polymères (pour des restau-

rations temporaires). Ces travaux se focaliseront principalement sur les composites et les céra-

miques.

Plusieurs types de céramiques sont utilisés pour la réalisation des couronnes : les céramiques

feldspathiques, les céramiques polycristallines et les vitrocéramiques [Col14]. Bien qu’historique-

ment la première restauration dentaire réalisée par procédé CFAO fut une céramique feldspa-

thique (Vita Mark I, Vita Zahnfabrik), elles ne sont plus employées dans le cadre de la réalisation

des couronnes du fait de leur faible résistance mécanique [LCM14].

Les céramiques polycristallines sont composées d’oxyde de zircone ou d’alumine. Elles sont

fournies dans un état pré-fritté afin d’être facilement usinables et sont recuites après la mise en

forme. À l’état final, elles présentent un module de Young relativement élevé (> 200 GPa), des du-

retés d’environ 1000 Hv et une ténacité élevée de 4 à 7 MPa.m0.5 [GARS04]. Bien que possédant de

bonnes propriétés mécaniques, du fait de leur microstructure dense, elles présentent une teinte

opaque ce qui est pénalisant pour l’esthétique de la restauration.

Les vitrocéramiques sont fabriquées par traitement thermique d’une pâte de verre (verre pré-

curseur) contenant des catalyseurs de germination. Ces matériaux sont composés d’une phase

21
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

vitreuse et d’une phase cristalline. Il existe en dentisterie des vitrocéramiques à base de leucite

ou de silicate/disilicate de lithium [CSP07]. Ces matériaux offrent un module d’élasticité proche

de l’émail naturel de 60 à 120 GPa, des duretés de l’ordre de 600-800 Hv, une ténacité de 1 à 2

MPa.m0.5 ainsi que de bonnes qualités esthétiques [LEB17].

Les composites employés avec le procédé CFAO pour la réalisation de pièce prothétique sont

des matériaux hybrides-infiltrés, constitués d’un réseau principal de céramique renforcé par un

réseau polymère. Ces composites hybrides ont un module d’élasticité relativement faible (entre

20 et 40 GPa), une dureté comprise entre 70 et 300 Hv et une ténacité de l’ordre de 1.4 à 2.26

MPa.m0.5.

1.3.5 L’usinage des prothèses

L’usinage des prothèses est réalisé à l’aide de centres d’usinage à commande numérique (CNC).

Les centres d’usinages employés en dentisterie ont des cinématiques allant de 3 à 5 axes, la confi-

guration la plus générale étant un contrôle sur les 3 axes de la fraise lors de l’usinage et un contrôle

de positionnement en rotation de l’axe porte-pièce (3+1 axes). Les matériaux prothétiques utili-

sés avec le procédé CFAO se présentent sous la forme de blocs supportés par un insert métallique

pour le maintien dans la machine (figure 1.13). La vitesse de rotation de la broche est générale-

ment constante lors de l’usinage et se situe entre 42 000 et 60 000 tr/min et les vitesses d’avance

se situent entre 1800 et 3600 mm/min. Les études sur la précision de ces machines indiquent des

répétabilités d’usinages comprises entre 5 et 25 µm [LTDA16].

F IGURE 1.13 – Blocs CAD/CAM avant/après usinage [LEB17]

1.3.6 Le scellement des restaurations

Après fabrication du dispositif prothétique, la dernière étape du processus consiste à coller

la restauration. La rétention de la prothèse étant réalisée par l’ajout d’un matériau de scellement

22
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

infiltrant les porosités des substrats à l’état fluide, puis provoquant un ancrage micromécanique

au cours de son durcissement. Nos travaux considèrent la méthode de scellement employant des

résines composites, les ciments verres-ionomères étant de moins en moins utilisés du fait de leur

moins bonne durabilité et de la moins bonne tenue mécanique des restaurations scellées avec ces

matériaux [HAPL+ 07].

Procédure clinique

F IGURE 1.14 – Interface de scellement d’une restauration prothétique céramique collée (d’après Roulet et
Degrange [RD00])

L’opération de scellement débute par un mordançage des substrats à l’aide de solutions acides.

L’application d’acide fluorhydrique sur l’intrados prothétique A (figure 1.14) permet de déminéra-

liser la céramique en surface, créant ainsi les porosités nécessaires à l’adhésion par ancrage micro-

mécanique. L’emploi d’une solution d’acide phosphorique B sur la préparation dentaire permet

de réaliser une ouverture des pores similaire au sein de l’émail. Dans la dentine, l’acide a pour effet

d’évacuer les boues dentinaires résiduelles au fraisage, d’éliminer les gaines péritubulaires et per-

met de dénuder sur quelques microns les réseaux de fibres de collagène présent dans la matrice

intertubulaire.[Ven09].

Dans l’étape suivante, l’application d’un adhésif primaire à base de silane sur le substrat cé-

ramique C permet d’activer chimiquement la surface de collage en favorisant la mise en place de

liaisons hydrogènes entre la céramique et le futur matériau de scellement [MD72]. Le caractère

hydrophobe du primaire permet également de protéger la surface céramique d’une dégradation

23
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

hydrolytique qui aurait pour effet de diminuer la ténacité du matériau.

Un adhésif primaire amélo-dentinaire est également appliqué sur la préparation dentaire D.

Ce primaire stabilise le réseau de fibre de collagène attaqué par l’acide afin d’assurer une bonne

mouillabilité du substrat, favorisant ainsi l’ancrage micromécanique à la préparation [HBD02]. La

dernière étape est l’application à l’état liquide d’une résine composite E, principale constituante

de cette couche de scellement. Ces matériaux sont composés notamment d’esters méthacrylates

qui, après polymérisation et durcissement, assurent l’essentiel de la cohésion du joint. Le prati-

cien initie la polymérisation à l’aide d’un dispositif de rayonnement spécifique (lampe tungstène-

halogène, diode électro luminescente ou diode laser) appliqué au niveau des surfaces libres du

joint (ligne cervicale). Étant donné le confinement de cette couche, nous avons utilisé la micro-

tomographie à rayon X afin d’avoir accès à la répartition réelle de ce matériau (chapitre 3). Cette

méthode n’est pas utilisable en clinique où le praticien peut uniquement vérifier par palpation la

périphérie externe du joint à l’aide d’une sonde à bout sphérique (rayon ≈ 100 µm).

Au sein de la dentine, l’infiltration du réseau de fibre de collagène par la résine composite

engendre la création d’une couche hybride (d’épaisseur ≈ 5 µm), dont la caractérisation est per-

tinente dans la mesure où l’adhésion à la dentine reste moins maîtrisée que l’adhésion à l’émail

[Ven09]. Le matériau résineux occupant la majeure partie de cette interface, nous considérons

par la suite que le comportement mécanique de la couche de scellement est déduit des proprié-

tés physiques de ce matériau. La partie suivante s’intéresse donc aux propriétés mécaniques des

résines composites.

Les composites de scellement

Les matériaux utilisés dans le cadre du scellement des restaurations indirectes sont des ma-

tériaux composites constitués d’une matrice résineuse, issue de la polymérisation de monomères

méthacrylates/diméthacrylate, et de renforts céramiques. Ces renforts ont pour propriétés d’aug-

menter la résistance mécanique et de diminuer le taux de contraction volumique du matériau lors

de la polymérisation. En revanche leur présence a également pour effet de rendre le composite

plus fragile à la rupture [BP12].

Les renforts céramiques sont obtenus soit par fusion (les verres) soit par frittage. Les renforts

vitreux employés usuellement sont : la silice cristalline, le dioxyde de silicium amorphe, le verre de

lithium, le verre de barium-aluminium et le verre borosilicate. Les renforts issus d’un frittage étant

composés d’un mélange alumine-silice ou d’oxyde de zirconium. Les composites de scellement

sont classés par taille de renforts : macro- (10 à 50 µm), micro- (40 à 50 nm), et nano-composites

24
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

(5 à 100 nm). Plus récemment des composites renforcés par des mélanges de charges de différentes

tailles ont été introduits sur le marché ; c’est notamment le cas des composites « minifill » (renforts

0.6–1 µm et 40 nm) et « midifill » (renforts 1-10 µm et 40 nm) [BP12].

Les investigations menées sur les propriétés mécaniques de ces matériaux conduisent à une

estimation du module de Young comprise entre 2.4 et 16 MPa, une résistance à la flexion comprise

entre 60 et 160 MPa et une résistance à la compression comprise entre 70 et 280 MPa, suivant la

solution commerciale. Le comportement étant fortement dépendant de la taille des renforts em-

ployés, la configuration « midifill » semblant fournir la plus grande rigidité, tandis que les « micro-

fill » fournissent les matériaux les plus souples et les moins résistants. Leur ténacité est comprise

entre 0.8 et 2 MPa.m0.5 [IH09a, IH09b, Fer11].

Au cours du durcissement de ces matériaux, les monomères s’assemblent en chaines poly-

mères lorsque les liaisons de Van der Waals se transforment en liaison covalente forte [Odi04,

KKCL15]. Cette transformation moléculaire s’accompagne d’une évolution des propriétés phy-

siques à l’échelle macroscopique du matériau. Sont notamment observés une augmentation de

la rigidité, une diminution de la viscosité et une diminution du volume occupé par le matériau

[BVdMF+ 03]. Le taux de contraction étant compris entre 1 et 6 % [BBF05, MM13, SFESR+ 17].

Le comportement viscoélastique de ces matériaux a également été étudié par des essais de

fluage. Alrahlah et al. ont notamment caractérisé le comportement en fluage de résines compo-

sites sous différentes conditions chimiques tentant de reproduire la chimie des aliments [AKA+ 18].

Ces conditions ont été étudiées car les résines composites sont également le composant structurel

majoritaire des restaurations obtenues par obturation directe (dans cette configuration le maté-

riau sera directement en contact avec l’environnement buccal). Dans le cadre de l’étude des res-

taurations indirectes, il est envisageable que ces conditions chimiques affectent localement les

propriétés du joint de scellement au niveau de la surface libre. La figure 1.15 présente les résultats

d’essai de relaxation en flexion 3 points (poutre 14 mm x 3 mm x 3 mm, chargement : 2 N pendant

7200 sec puis 7200 sec en relaxation) sur un nano-composites (Tetric N-ceram, Ivoclar Vivaden

AG, Schaan, Liechtenstein).

Les composites présentent ainsi un comportement en fluage et sont très dépendant des condi-

tions chimiques appliquées. Dans le cas d’un chargement de mastication, la durée de contact oc-

clusal étant de l’ordre de la seconde [KvE97], cet aspect visqueux a été négligé dans le cadre de

nos études. Ces données sont en revanche pertinentes pour le traitement des individus atteints

de bruxisme (serrement inconscient des mâchoires, principalement durant le sommeil) pour les-

quels des chargements mécaniques continus sont exercés aux surfaces occlusales.

25
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

F IGURE 1.15 – Essais de fluage en flexion trois points sous différentes conditions de stockage (DW : distilled
wateur) [AKA+ 18]

Le comportement mécanique de ces composites est ainsi influencé par l’environnement chi-

mique et notamment par la salive, Walker et al. ayant également observés une diminution de la

résistance mécanique et une modification du mécanisme de rupture pour un composite après

traitement du matériau par des conditions d’humidité similaires à celles de l’environnement buc-

cal. L’humidité des substrats lors de la pose peut ainsi avoir un rôle néfaste sur la tenue mécanique

du joint [WSE03].

1.4 Échec clinique des restauration indirectes

Plusieurs complications cliniques sont susceptibles de se produire à la suite de la pose d’une

restauration indirecte collée : reprise de carie, maladie parodontale, décollement et rupture de la

prothèse [GBRK03]. La reprise de carie et les maladies touchant au parodonte étant des problèmes

pathologiques, ils sont considérés comme étant hors de notre champ d’étude.

1.4.1 Décollement prothétique

Les études cliniques réalisées sur des populations de patients auxquels une restauration indi-

recte a été réalisée font état du décollement prothétique comme étant un mode d’échec fréquent

[TWDAB93, BWT+ 93, HB96, SG15, KVA+ 16]. Goodacre et al. ont repris les résultats de 48 études

cliniques afin d’évaluer l’incidence du phénomène de décollement pour les restaurations scellées

spécifiquement avec des résines composites. 1481 sur les 7029 prothèses considérées ont subi un

26
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

décollement au cours de leur surveillance [GBRK03]. Le taux de décollement observé est notam-

ment de 24 % entre la 2e et la 5e année suivant la pose, une occurrence très élevée qui peut être

mis en relation avec la jeunesse du procédé de collage par résine composite au début des années

2000. Des études cliniques plus récentes mettent en évidence un taux bien inférieur à celui-ci

[GB14]. La même problématique est également observée pour le scellement des restaurations de

type dentures partielles mises en place à l’aide de techniques de collage similaires [PTT+ 08].

Quelques travaux concernant l’interprétation mécanique de ce problème ont été réalisés. Her-

nandez et al., ont testé spécifiquement les interfaces dentine/composite et composite/céramique

par des essais de traction réalisés à de petites echelles. Ils ont notamment observé que la liaison

composite/céramique était moins résistante que la liaison dentine/composite. La liaison compo-

site/céramique semble également sensible à l’application préalable d’un chargement mécanique

cyclique et aux conditions d’humidité [HRKS08, LWM+ 13]. Dans une étude très récente, Liu et al.,

ont montré par une analyse éléments finis que la présence de décollement locaux pouvait sen-

siblement augmenter les contraintes dans la prothèse céramique [LXS+ 18]. La nature du phéno-

mène de décollement reste cependant mal comprise car d’autres facteurs pourraient être impli-

qués dans l’endommagement du joint. Les études conduites au chapitre 3 semblent notamment

indiquer que des zones de décollement localisées peuvent apparaître suite à la contraction volu-

mique du joint lors de la pose.

1.4.2 Rupture mécanique de la prothèse

Les restaurations dentaires sont également susceptibles de rompre par fissuration de la struc-

ture céramique. Ce mode de défaillance semble être moins fréquent que le décollement, le taux

de rupture s’élevant toutefois à 6 % lors des 5 premières années d’utilisation [SMT+ 15]. Il semble-

rait également que la probabilité de rupture soit plus élevée pour les restaurations placées sur les

dents postérieures (molaires et prémolaires) [KVA+ 16].

Les suivis cliniques révèlent que ce taux de rupture est tributaire de la céramique employée

pour la réalisation de la restauration. En effet, on observe un taux de rupture de 9.3 % après cinq

années d’utilisation pour les céramiques feldspathiques, 5.4 % pour les vitrocéramiques en di-

silicate de lithium, 3.4 % pour les céramiques alumineuses infiltrées par un verre, 4 % pour les

céramiques alumineuses et 8.8 % pour les zircones [SMT+ 15].

L’introduction des méthodes d’analyse fractographique en dentisterie a permis d’étudier la

localisation des zones de rupture au sein des restaurations céramiques [SQQK06]. In-vitro, il res-

sort que la fissuration s’initie soit au niveau de la zone de chargement, soit à l’interface entre la

27
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

couche de scellement et la céramique. Cependant, étant donné que dans ces études le charge-

ment appliqué est majoritairement monotone jusqu’à rupture, le mode de sollicitation diffère du

cas réel, où la rupture observée se produit plus vraisemblablement sous un chargement de fa-

tigue. Heintz et al., ont sollicité cycliquement des assemblages prothétiques dentaires (prothèse

- joint - préparation) en appliquant un chargement centré occlusal [HCZ+ 08]. Pour les restaura-

tions qui ont rompus, ils ont constaté que la rupture initiait majoritairement depuis l’interface

composite/céramique au niveau de la surface occlusale de l’intrados (surface supérieure, sous le

chargement, figure 1.16 a).

Cliniquement, il ressort que la rupture des restaurations initie effectivement à l’interface com-

posite/céramique. Deux sites d’initiation de rupture ont été observés : la zone occlusale et la zone

cervicale (contour bas de la prothèse) présentés en 1.16 b et c [TANM94, UG14]. Il a également été

observé de rares cas où la rupture s’initiait depuis la zone externe en contact occlusal [SQQK06].

Nous présentons dans la partie suivante les études traitant du comportement mécanique de l’as-

semblage prothétique dentaire.

F IGURE 1.16 – Rupture des restaurations - a. rupture in-vitro en zone occlusale, couronne [HCZ+ 08] - b.
rupture clinique en zone occlusale, observation MEB couronne [TANM94] - c. rupture clinique en zone
cervicale, couronne incisive [UG14]
.

1.5 Études mécaniques de l’assemblage prothétique dentaire

Dans cette partie nous effectuons une synthèse des études préexistantes concernant le com-

portement mécanique de la dent restaurée. Les études traitant de la dent saine sont dans un pre-

28
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

mier temps abordées afin de cerner les efforts en jeu et les méthodes d’investigation employées.

La réponse mécanique de l’assemblage prothétique dentaire ainsi que les études traitant de l’in-

fluence des paramètres géométriques et matériels de l’assemblage sont ensuite présentées.

1.5.1 Comportement mécanique de la dent saine

In-vivo, la réponse mécanique de la dent saine a été étudiée à partir des années 60 afin d’ana-

lyser les mobilités de la dent lors de l’application d’une sollicitation mécanique. Sous l’application

d’une force sur la dent à l’aide d’un indenteur, la réponse en déplacement est non-linéaire, celle-ci

étant attribuée à la déformation du ligament parodontal sous l’effet de la charge [Par60]. Les fonc-

tions mécaniques de ce ligament étant de fournir une certaine mobilité à la dent et d’amortir les

contraintes au sein de l’os alvéolaire [Fuk93, NCL+ 17].

L’introduction de la méthode des éléments finis en dentisterie a ensuite permis d’obtenir une

approximation du champ des contraintes au sein de la structure dentaire [SSK75, DMR05, MCM+ 15].

Dejak et al. ont ainsi caractérisé l’état de contrainte en considérant le contact occlusal et la mas-

tication d’aliments de différentes rigidités. Si l’on peut émettre des réserves quant aux forces im-

posées pour le cas de chargement en contact occlusal et sur la forme des aliments mastiqués, ces

travaux restent pertinents vis-à-vis de la localisation des efforts résultants sur la dent ainsi que sur

le champ des contraintes au sein de celle-ci. Il ressort que les contraintes les plus élevées se situent

en surface occlusale, sous la zone de contact du chargement. Plus l’aliment mastiqué est rigide, et

plus la transmission des efforts entre les mâchoires inférieures et supérieures est importante. En

revanche un aliment moins rigide réparti davantage l’effort lors de sa déformation. Le charge-

ment en contact occlusal (sans la présence d’un aliment) crée des zones de contact de surfaces

plus petites et génère ainsi de fortes zones de contraintes localisées. La mastication alimentaire se

caractérise par des surfaces de contact plus élargies du fait de l’étalement des aliments. L’article

mentionne des pressions de contact qui varient entre 8 et 50 MPa [DMR03].

Des contraintes élevées peuvent également apparaître au sein de la structure dentaire au ni-

veau de l’interface dentine/émail [BAU+ 07]. Ces contraintes de compression peuvent être la consé-

quence d’une différence abrupte de module d’élasticité entre la dentine et l’émail implémentée

dans le modèle numérique. En réalité, cette jonction présente une évolution quasi-linéaire du

module de Young permettant possiblement une atténuation des contraintes mécaniques, et donc

de limiter cette concentration de contraintes [HWT+ 07].

29
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.5.2 Comportement mécanique de la dent restaurée par méthode indirecte

L’assemblage prothétique dentaire (APD) est constitué de la couronne, du joint de scellement

et de la préparation dentaire (figure 1.18a). De nombreuses études visant à distinguer les maté-

riaux offrant la meilleure tenue mécanique, ou encore les configurations géométriques les plus

adaptées à la réalisation des restaurations sont disponibles dans la littérature. Étant donné la mor-

phologie complexe de ces assemblages, de nombreux modèles géométriques ont été utilisés dans

ces travaux afin de décrire le comportement de la dent restaurée et de définir des paramètres

d’étude pertinents. Dans cette section, une synthèse des différentes méthodes de modélisation

et des conclusions de ces études sont présentées.

Première approche : assemblage tri-couche cylindrique

Afin d’appréhender le comportement mécanique de la dent restaurée, une première approche

consiste à considérer un modèle géométrique simplifié constitué de trois couches axisymétriques

[TPAY98, DD03, KMKL03]. La structure se présente comme un sandwich composé d’une céra-

mique relativement rigide, d’un polymère composite relativement souple, et des tissus dentaires

de rigidité intermédiaire (figure 1.17 a).

F IGURE 1.17 – Étude d’une structure tri-couche simplifiée - a. propriétés de l’assemblage – b. assemblage
sollicité

Lors de l’application d’une force sur la céramique, la déformation de celle-ci est conditionnée

par la déformation de la couche de scellement, plus souple. La céramique est sollicitée à la ma-

nière d’un essai de flexion biaxial auquel on aurait rajouté un amortissement réalisé par la couche

de polymère. Il apparaît ainsi des contraintes de traction au niveau de l’interface entre ces deux

30
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

matériaux (figure 1.17b). Les matériaux céramiques étant sensibles à ce type de contraintes, cette

zone sollicitée consitue le point faible de l’assemblage.

Les études expérimentales réalisées sur ce modèle mettent en évidence que la fissuration s’ini-

tiait à l’interface céramique/composite suite à l’application continue d’un chargement mécanique

[KMKL03]. La résistance du substrat céramique augmentant notamment avec la rigidité élastique

du matériau de scellement [TPAY98, DD03, CRKS07].

Plusieurs modèles géométriques plus complexes sont utilisés dans les travaux prééxistants afin

de traiter de manière plus réaliste le comportement mécanique de la dent restaurée. Nous distin-

guerons les géométries réelles ou 3D virtuelles (figure 1.18a) et les géométries 2D axisymétriques

(figure 1.18b).

F IGURE 1.18 – Modélisation géométrique de la dent restaurée - a. géométrie réelle - b. géométrie 2D axisy-
métrique

Revue de littérature : géométries 2D axisymétriques

Dans les modèles 2D axisymétriques, les géométries des trois parties sont différenciées et sy-

métriques par rapport à un axe de révolution. Ces assemblages permettent de s’affranchir de la

variabilité morphologique inhérente aux prothèses réelles tout en intégrant les principaux élé-

ments géométriques permettant la description de la préparation, du joint de scellement et de la

prothèse. Les reliefs externes de la prothèse (cuspides) ne sont donc pas considérés.

Ces modèles géométriques ont dans un premier temps été introduits pour comparer la résis-

tance à rupture des couronnes réalisées dans différents matériaux prothétiques [SCGK98, PGW+ 04,

BLM06]. La tenue mécanique est généralement étudiée dans le cadre de l’application d’un char-

31
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

gement mécanique monotone jusqu’à rupture de la prothèse. Ces travaux fournissent peu de ré-

sultats supplémentaires en rapport aux essais mécaniques réalisés directement sur les matériaux

céramiques.

Ces assemblages ont ensuite été utilisés dans des études de sensibilité afin d’étudier l’influence

des différents paramètres géométriques [SS12, ZSR+ 16, MKYE18]. Ces études sont focalisées sur

l’impact des dimensions du hiatus (intrados prothétique) et de la préparation sur la tenue méca-

nique de la restauration.

En appliquant un chargement mécanique sur la totalité de la surface occlusale, Sornsuwan et

al. ont mis un évidence une inclinaison de la paroi axiale de la préparation semblant optimiser la

tenue mécanique de la prothèse (6°) [SS12, ZSR+ 16]. Dans les travaux de May et al, considérant un

chargement mécanique centré, il a été montré qu’une diminution de l’épaisseur du joint de scel-

lement (et donc une diminution des épaisseurs du hiatus) permettait de diminuer les contraintes

mécaniques au sein de la prothèse [MKBH12, MK13].

Malgré les grandes similarités des géométries employées dans ces études, il n’existe pas de

standardisation pour ce type de modèle. La détermination de l’influence relative de chacun des

paramètres est donc un exercice complexe compte tenu du fait que des différences sont observées

entre ces études : écarts géométriques, matériaux employés et chargements mécaniques consi-

dérés. Dans nos travaux (chapitre 2), nous avons donc repris une grande partie de ces études de

sensibilité en se basant sur un même modèle, afin d’étudier l’influence propre de chacun des pa-

ramètres en rapport à une configuration de référence.

Revue de littérature : géométries réelles ou 3D virtuelles

Les modèles géométriques les plus réalistes considèrent soit des géométries réelles soit des géo-

métries 3D virtuelles. Les géométries réelles sont principalement employées dans les études expé-

rimentales, où des dents sont extraites, préparées, puis finalement restaurées. Plus récemment,

ces géométries ont également été scannées puis utilisées directement dans des modélisation élé-

ments finis. Les géométries 3D virtuelles sont créées par des outils CAO, puis utilisées dans des

analyses éléments finis.

Une grande partie de ces études expérimentales traite une nouvelle fois de la comparaison

des chargements à rupture pour différentes céramiques [JSDH85, MQB97, WTB00, ZKN14]. L’in-

fluence d’un préchargement cyclique, thermique, et de l’humidité sur l’assemblage a également

été évaluée expérimentalement dans plusieurs études [AK04, VvSEH+ 06]. Il apparaît que l’influence

d’un préchargement mécanique ou thermique est incertain, et dépend grandement des condi-

32
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

tions expérimentales (nombre de cycles, intensité du chargement appliqué, gradient de tempéra-

ture). En revanche les études relevées s’accordent sur le rôle néfaste de l’humidité sur la tenue mé-

canique de la restauration. En conséquence, il est pertinent de considérer l’environnement buc-

cal lors de la mise en place d’essais mécaniques [BCT+ 09]. Si l’on trouve des études expérimen-

tales traitant du dimensionnement de la préparation basées sur des géométries réelles, celles-ci

semblent peu adaptées à la définition de paramètres géométriques reproductibles [WTB00, LCL08,

NHI+ 15].

Les travaux numériques portant sur la dent restaurée par méthode indirecte ont débuté dans

les années 90 en employant des géométries 3D virtuelles. Les premières simulations restant très

simplifiées et ne modélisant par exemple pas le joint de scellement [HA90, AHAHH00]. Des études

de sensibilités similaires à celles réalisées sur les modélisations axisymétriques ont plus récem-

ment été menées et ne fournissent pas de conclusions supplémentaires [LLW+ 11, BIKS13, MHF+ 18].

L’emploi de géométries 3D permet notamment de considérer des cas de chargement mécanique

plus complexes. En appliquant une indentation sphérique sur la totalité de la surface de contact,

Nasrin et al., ont par exemple pu identifier une zone fortement sollicitée en traction en bordure

cervicale de la prothèse [NKSR17]. Cette zone semblant coïncider avec le second mode de rup-

ture présenté en partie précédente. En revanche sur cette simulation, la zone de sollicitation en

traction biaxiale où des rupture clinique ont également lieues n’apparait pas, le chargement étant

entièrement transmis au niveau de la ligne cervicale de la prothèse.

Il est intéressant de noter que certains aspects biomécaniques sont systématiquement omis

lors de l’analyse mécanique de la dent restaurée :

— d’une part le ligament parodontal est rarement modélisé dans le cadre des études numé-

rique et rarement pris en compte dans les études expérimentales (les dents sont extraites

puis testées) ;

— l’anisotropie de la dentine n’est jamais prise en compte dans le cadre de l’étude de la dent

restaurée, et reste peu étudiée à l’échelle macroscopique dans le cadre de l’étude de la dent

saine ;

— la même remarque peut être faite pour l’émail.

33
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

1.6 Synthèse de la bibliographie

Les principaux éléments soulevés dans cette étude bibliographique sont résumés ci-aprés :

• La dent est composée de deux tissus (émail et dentine) et est liée à la mâchoire par le paro-

donte

• Les restaurations dentaires indirectes permettent de redonner une intégrité structurelle à la

dent préparée par collage d’une pièce prothétique

• Le procédé CFAO utilisé en dentisterie intègre une chaîne numérique utilisant les géomé-

tries dentaires scannées sur le patient et permettant la conception et l’usinage d’une pièce

prothétique en céramique

• Deux modes d’échec cliniques semblent relatifs à la mécanique du problème : le décolle-

ment et la fissuration de la prothèse

• La fissuration peut se produir en droit du chargement (zone occlusale) et sur la ligne basse

de la prothèse (zone cervicale)

• Les études de sensibilité réalisées sur des modèles 2D axisymétriques permettent de mettre

en évidence que le dimensionnement géométrique de la prothèse à une incidence non né-

gligeable sur sa tenue mécanique

• Les modélisations 3D de la dent restaurée permettent (entre autres) de considérer des char-

gement mécaniques plus réalistes et d’identifier de fortes contraintes en zone cervicale

• Des simplifications de modèle non justifiées sont usuellement effectuées dans les études

préexistantes

Différents modèles géométriques sont considérés tout au long de ce manuscrit. Dans le cha-

pitre 2, un modèle 2D axisymétrique est employé afin de mettre en place des études de sensibilité.

De plus, nous utiliserons également un modèle axisymétrique dans le chapitre 3 afin d’observer

par le biais de la microtomographie à rayons X la répartition réelle du matériau de scellement. Au

chapitre 4, une géométrie 3D virtuelle est mise en place afin de traiter des différentes hypothèses

usuellement prises en compte dans le cadre de l’analyse mécanique de la dent restaurée. Fina-

lement, les géométries réelles sont considérées dans le dernier chapitre afin de proposer une mé-

thode d’optimisation “patient specific” de la prothèse, utilisant directement les géométries scan-

nées sur le patient et intégrable dans les chaînes numériques des procédés CFAO.

34
Chapitre 1. L’odontologie conservatrice indirecte : anatomie et techniques

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features of glass-ceramic and zirconia-based dental restorations fractured during

clinical function. European Journal of Oral Sciences, 122(3) :238–244, June 2014. 28,

XII

48
Chapitre 2

Assemblage axisymétrique : sensibilité

aux paramètres de conception

L’étude bibliographique a permis de mettre en lumière certains paramètres clés sur lesquels le

praticien et le prothésiste ont la possibilité d’agir pour optimiser la tenue mécanique de l’assem-

blage prothétique dentaire (APD). Dans ce chapitre nous cherchons à fournir des informations

comparatives sur l’impact de chacun de ces paramètres. Des géométries 2D axisymétriques ont été

mises en place afin de réaliser ces études. Nous avons étudié séparément l’influence du choix des

matériaux (céramique et composites de scellement), du dimensionnement de l’intrados prothé-

tique et du modelage de la préparation dentaire. Les résultats de différentes simulations éléments

finis sont présentés et comparés à ceux d’une configuration choisie comme référence.

Sommaire
2.1 Description mécanique 2D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

2.1.1 Modélisation éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

2.1.2 Analyse EF dans la configuration de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

2.2 Sensibilité aux paramètres matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

2.2.1 Influence du module de Young du matériau de scellement . . . . . . . . . . 57

2.2.2 Influence du module de Young pour différents matériaux prothétiques . . . 58

2.3 Sensibilité aux paramètres géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

2.3.1 Influence du dimensionnement de l’intrados prothétique . . . . . . . . . . . 63

2.3.2 Influence du dimensionnement de la préparation dentaire . . . . . . . . . . 69

2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

2.4.1 État mécanique de la prothèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

2.4.2 État mécanique du joint de scellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

49
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

2.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

50
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

2.1 Description mécanique 2D axisymétrique

Le modèle mécanique adopté pour réaliser les différents calculs éléments finis est présenté

dans cette section. Les analyses des états de contraintes dans les différentes parties de l’assem-

blage sont présentées pour la configuration considérée comme référence. Les calculs EF exposés

dans ce chapitre ont été réalisés à l’aide du logiciel éléments finis SIMULIA/ABAQUS 6.11 (Das-

sault Système, Vélizy Villacoublay)[Das11].

2.1.1 Modélisation éléments finis

Le support d’étude 2D axisymétrique est présenté sur la figure 2.1. L’assemblage prothétique

dentaire est composé de trois parties : la prothèse, le joint de scellement et la préparation. Les

géométries modélisées sont largement inspirées de travaux antérieurs [Chi14, Shi15].

(a) Modélisation mécanique du problème (b) Paramétrisation de l’assemblage ; en


vert : valeurs fixes, en rouge : valeurs va-
riables

F IGURE 2.1 – Modélisation axisymétrique la dent restaurée

Les conditions aux limites et le chargement mécanique appliqués au modèle sont présentés

sur la figure 2.1a. La base de la préparation est considérée comme étant encastrée sur un sup-

port infiniment rigide, le parodonte étant donc négligé dans cette première étude. Les interfaces

préparation/joint de scellement et joint de scellement/prothèse sont considérées comme étant

des liaisons complètes. La fonction “Tie constraint” du logiciel ABAQUS a été utilisée pour assurer

cette condition (pas de déplacement relatif des noeuds appartenant aux interfaces ainsi jointes).

Un chargement sous la forme d’une pression normale de 50 MPa est appliqué uniformément sur

51
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

TABLEAU 2.1 – Caractéristiques du maillage EF

Pièce Nombre d’éléments Taille moyenne des éléments(mm)


Prothèse 23552 0.02 − 0.05
Joint 9250 0.01
Préparation 3240 0.02 − 0.08

un disque axisymétrique de rayon 1.5 mm situé sur la partie occlusale de la prothèse. Cette valeur

de chargement est de l’ordre de grandeur des pressions masticatoires relevées dans la littérature

(section 1.2.5). L’état de contraintes initial avant le chargement est supposé nul, ce qui revient à

négliger les contraintes résiduelles pouvant être induites lors du collage de la restauration.

Les maillages EF des trois parties de l’assemblage sont majoritairement constitués d’éléments

finis linéaires quadrilatéraux CAX4R (éléments axisymétriques à 4 nœuds et intégration réduite) et

d’une faible proportion d’éléments linéaires triangulaires CAX3 dans certaines zones afin d’amé-

liorer les transitions géométriques (0.1 % du maillage de la prothèse et 0.6 % de la préparation). Le

nombre d’éléments et leur taille moyenne sont répertoriés dans le tableau 2.1. La principale diffi-

culté rencontrée lors du maillage est liée à la faible épaisseur du joint en comparaison aux autres

parties de l’assemblage.

La figure 2.1b présente les différents paramètres considérés. En vert sont distingués les para-

mètres fixes du modèle, et en rouge les paramètres qui feront l’objet d’une étude de sensibilité.

Une configuration de référence est arbitrairement définie avec les valeurs issues du tableau 2.2.

Dans cette étude, le comportement des trois matériaux a été considéré comme étant élastique

linéaire isotrope et caractérisé par les modules de Young et les coefficients de Poisson. Ecer , νcer ,

E ad h , νad h , Ed ent i n , νd ent i n étant respectivement les modules de Young et coefficients de Poisson

de la céramique, du composite de scellement et de la dentine. La résistance à la rupture de la

céramique (σmax ) n’est pas une variable incluse dans le calcul EF mais a été utilisée lors du post-

traitement dans certaines études. Elle n’est donc pas définie pour la configuration de référence. La

préparation dentaire a été considérée comme étant composée uniquement de dentine.

h o et h a sont respectivement les hiatus occlusal et axial. Ils définissent la géométrie de l’in-

trados de la prothèse. α représente l’inclinaison de la paroi axiale de la préparation par rapport à

l’axe de symétrie de l’assemblage. Les arrondis et congés présents sur les géométries ont un rayon

fixé à 0.5 mm.

TABLEAU 2.2 – Paramétrage pour la configuration de référence

Ecer (GPa) νcer E ad h (GPa) νad h Ed ent i n (GPa) νd ent i n h o (µm) h a (mm) α
80.0 0.30 5.0 0.35 18.3 0.3 100 100 6

52
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

2.1.2 Analyse EF dans la configuration de référence

Les résultats de la simulation numérique du modèle de référence sont présentés dans cette

partie. L’analyse des états de contraintes a été réalisée séparément pour la prothèse, le joint de

scellement et pour la préparation. La prothèse étant fabriquée dans un matériau fragile, elle est

particulièrement sensible aux contraintes de traction (la résistance en traction est approximative-

ment dix fois inférieure à la résistance en compression). L’analyse a donc essentiellement porté

sur les contraintes principales (σ1 > σ2 > σ3 ). Les contraintes principales sont également utilisées

pour étudier l’état mécanique de la préparation. Pour l’analyse de l’état mécanique du joint de

scellement, la contrainte équivalente de von Mises (σVM ) a également été étudiée afin de considé-

rer la partie déviatorique du tenseur des contraintes.

État de contraintes dans la prothèse

(a) σ1 (b) σ2

(c) σ3

F IGURE 2.2 – Champs des contraintes principales dans la prothèse (MPa) - configuration de référence

La répartition des contraintes principales dans la prothèse céramique est présentée en fi-

53
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

gure 2.2. Sous le chargement appliqué, c’est dans la zone basse de la prothèse au droit du char-

gement (zone A, figure 2.2a et 2.2b) que les contraintes de traction sont les plus élevées et cor-

respondent à un état de traction biaxial (σ1 ≈ σ2 ) créé par la flexion de la partie supérieure et qui

pourrait être assimilées aux contraintes dans un disque encastré sur ses bords et soumis à un char-

gement axial. L’intensité est assez élevée, de l’ordre de 30 MPa, en comparaison à la résistance en

traction de ce matériau (de l’ordre de 150 MPa pour la résistance à la flexion uniaxiale). Cette zone

de forte sollicitation en bi-traction est bien corrélée avec l’un des modes de rupture clinique ob-

servé fréquemment (section 1.4.2). Deux autres zones sollicitées en traction sont également mise

en évidence : en surface occlusale (zone B) et sur la paroi latérale externe (zone C).

La figure 2.2c présentant la répartition de la troisième contrainte principale révèle que la pro-

thèse est également sollicitée en compression. L’intensité de contrainte de compression atteint

−62.6 MPa au niveau de la zone de chargement. Ce chargement apparaît comme peu préjudi-

ciable car proche d’un état de compression isostatique (σ1 ≈ σ2 ≈ σ3 ). Il n’y a donc que peu de

risque qu’une rupture par compression excessive puisse avoir lieu. En première approximation,

cette valeur est à comparer avec la résistance en compression, de l’ordre de 1500 MPa.

Par la suite, nous avons limité l’analyse de l’état de contraintes dans la prothèse à l’évolution de

la première contrainte principale σ1 le long de l’interface entre la prothèse et le joint de scellement

(figure 2.3). Les études de sensibilité ont ainsi pour objectif d’étudier l’influence des paramètres

dans cette zone en vue de minimiser les contraintes de bi-traction et de diminuer le risque de

rupture fragile.

F IGURE 2.3 – Évolution des contraintes σ1 le long de l’abscisse curviligne dans la prothèse

54
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

État de contraintes dans le matériau de scellement

(a) σ1 (b) σ2

(c) σ3 (d) σVM

F IGURE 2.4 – Champs des contraintes dans le joint de scellement (MPa) - configuration de référence

Compte tenu de son confinement au sein de l’assemblage, la couche de scellement est ma-

joritairement sollicitée en compression (cf. contraintes principales, figures 2.4a, 2.4b et 2.4c). Les

contraintes de traction sont faibles, inférieures à 2.7 MPa et localisées au niveau de la paroi latérale

du joint. Ces valeurs sont faibles en comparaison à la résistance en traction des matériaux de scel-

lement (≈ 100 MPa [MOKMO96]). Néanmoins, un défaut d’adhérence entre le joint et la prothèse

ou entre le joint et la préparation pourrait favoriser le décollement de la restauration [AKA+ 18].

Une zone de forte concentration de contraintes de compression est observée dans le joint sous

la zone de chargement, la contrainte y atteint -18.2 MPa au niveau de l’axe. Il peut ainsi être consi-

déré que le transfert du chargement mécanique vers la préparation est principalement réalisé

dans cette zone.

La répartition de la contrainte équivalente de Von Mises est décrite en figures 2.4d et 2.5. Deux

zones plus fortement sollicitées sont observées, l’une au droit de la charge D (11.1 MPa), l’autre

55
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

au niveau de la surface libre du joint appelée “ligne cervicale” E (10.9 MPa). Dans cette seconde

zone, les propriétés mécaniques du matériau de scellement peuvent être affectée par la chimie de

l’environnement buccal.

F IGURE 2.5 – Évolution des contraintes σVM le long de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement -
configuration de référence

État de contraintes dans la préparation dentaire

(a) σ11 (b) σ22 (c) σ33

F IGURE 2.6 – Champs des contraintes principales dans la préparation (MPa)

La préparation dentaire est relativement peu sollicitée par rapport aux autres parties de l’as-

semblage. Les contraintes de traction ne dépassant pas les 1.2 MPa (voir figures 2.6a et 2.6b) (la ré-

sistance en traction de la dentine étant de l’ordre de 150 MPa). Elle est également majoritairement

soumise à des contraintes de compression, avec des contraintes atteignant -17.3 MPa (figure 2.6c).

Cette valeur est nettement en dessous de la résistance en compression de la dentine qui est de

l’ordre de 300 MPa. Étant donné le faible niveau de sollicitation de la préparation, l’influence des

56
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

différents paramètres sur son état mécanique n’a pas été étudiée.

2.2 Sensibilité aux paramètres matériaux

2.2.1 Influence du module de Young du matériau de scellement

Dans cette étude, le module de Young du matériau de scellement est le paramètre variable (ce

paramètre était fixé à 5 GPa dans la configuration de référence, tableau 2.1). Dans la mesure où le

joint transmet le chargement vers la préparation, le module de Young qui est plus faible que celui

de la prothèse (≈ 80 GPa) a une incidence sur l’état de contraintes dans la prothèse, c’est pourquoi

cette analyse a été réalisée.

Dix valeurs comprises entre 2.5 et 16 GPa avec un pas de 1.5 GPa sont considérées. Cette plage

de rigidité couvre des résines composites renforcées par différents type de charges. Les résines

composites de faibles module de Young (inférieur à 6 GPa) correspondent à des renforts de type

“microfill” (40-50 nm), les modules de Young compris entre 8 et 12 GPa correspondent à des ren-

forts de type “minifill” (mélange de renforts 0.6 – 1 µm et 40 nm) ou “nanofill” (5 à 100 nm) tandis

que les composites “midifill” présentent généralement un module de Young plus élevé [Fer11].

F IGURE 2.7 – Première contrainte principale σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - para-
mètre : module de Young du matériau de scellement (GPa)

L’évolution de la première contrainte principale σ1 au sein de la prothèse le long de l’interface

est présentée en figure 2.7 pour cinq valeurs de module de Young. L’emploi d’un matériau de scel-

57
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

lement de faible rigidité augmente sensiblement l’intensité des contraintes mécaniques au niveau

de la zone sollicitée en traction biaxiale. En revanche, l’intensité de σ1 reste quasiment inchangée

dans le reste de l’interface où la prothèse est moins sollicitée. Il est ainsi constaté que l’emploi d’un

matériau présentant une forte rigidité élastique permet de limiter la flexion biaxiale observée dans

l’analyse de la configuration de référence, et donc de minimiser les contraintes de traction au sein

de la prothèse.

F IGURE 2.8 – Évolution de max(σ1 ) dans la prothèse - paramètre : module de Young du matériau de scelle-
ment (GPa)

La figure 2.8 présente l’évolution de la valeur de la contrainte de traction la plus élevée max(σ1 )

au sein de la céramique pour toutes les configurations considérées. Compte tenu de notre plage

d’étude cette valeur varie entre 27.2 et 38.0 MPa, ce qui correspond à des écarts de -18.3% et +14.0%

par rapport à la configuration de référence. Le module de Young du matériau de scellement influe

donc de manière non-négligeable sur la tenue mécanique de la prothèse.

2.2.2 Influence du module de Young pour différents matériaux prothétiques

Dans cette seconde étude, onze céramiques employées dans le cadre de la mise en place de res-

taurations prothétiques de type couronne ont été considérées. Les valeurs utilisées dans les mo-

délisations sont issues des travaux de Guazzato et al. [GARS04a, GARS04b], Lawson et al. [LBB16]

et Goujat et al. [GAC+ 18]. Dans ces études, les propriétés des matériaux ont été identifiées par

des essais de flexion trois points réalisés dans des conditions similaires. Leurs propriétés méca-

58
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

niques sont répertoriées en annexe A. Trois céramiques hybrides, cinq vitrocéramiques et trois

céramiques à base de zircone ou d’alumine ont été considérées, la plage de variation du module

de Young pour ces matériaux s’étalant de 14.1 GPa à 260 GPa. Afin de pouvoir d’une part comparer

les différentes céramiques entre elles, et d’autre part étudier l’impact du choix de la céramique sur

l’état de sollicitation du composite, l’étude de la structure prothétique et celle du joint de scelle-

ment ont été distinguées.

État mécanique de la prothèse

Pour faciliter la comparaison des matériaux céramiques, les contraintes relevées à l’interface

ont été exprimées en pourcentage de la limite élastique du matériau. En effet, plus le module de

Young du matériau est élevé, plus les contraintes mécaniques développées sont élevées, mais la

limite d’élasticité l’est également. Il est donc intéressant de comparer ces contraintes à la limite

acceptable par le matériau considéré. Les résultats sont présentés en figure 2.9 par types de céra-

mique (hybride, vitrocéramique ou à base de zircone/alumine) .

Les modules de Young des céramiques hybrides sont relativement faibles, respectivement 14.1,

23.3 et 25 GPa pour le Paradigm MZ100, le Vita Enamic et le Cerasmart. Cette faible rigidité élas-

tique minimise l’intensité des contraintes mécaniques au sein de la prothèse. Ces matériaux sont

donc relativement peu sollicités par rapport aux contraintes mécaniques qu’ils peuvent admettre

(figure 2.9a). Ces matériaux possèdent cependant des propriétés mécaniques assez éloignées de

l’émail sain. Ils sont plus souples et présentent une faible dureté (cf annexe A) ce qui est préju-

diciable pour la tenue mécanique en présence de charges très localisées. Si l’on étudie spécifi-

quement le matériau Paradigm MZ100, il est constaté que celui-ci est tellement peu rigide, que

l’aspect du champ des contraintes en est modifié, les déformations dans l’assemblage ayant prin-

cipalement lieu dans la céramique, et non dans le matériau de scellement.

Parmi les matériaux céramiques étudiés, les vitrocéramiques possèdent les propriétés méca-

niques les plus proches de celles de l’émail sain, et respectent de ce fait le mieux le cahier des

charges d’un matériau de restauration (cf annexe A). Il ressort de l’étude comparative (figure 2.9b)

que le Celtra Duo recuit (application d’un traitement thermique post-usinage) présente le couple

de propriétés rigidité-résistance optimal. En omettant le matériau IPS Empress qui n’est plus em-

ployé de nos jours, les vitrocéramiques testées développent des contraintes comprises entre 6.27

et 12.62 % de leur limite élastique.

Les céramiques à base de zircone ou d’alumine ont une résistance à la rupture élevée en com-

paraison aux autres matériaux considérés dans l’étude mais également un module de Young élevé.

59
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

(a) Céramique hybrides

(b) Vitrocéramiques

(c) Zircone/alumine

F IGURE 2.9 – Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètre : module de
Young du matériau prothétique

60
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

En conséquence, les contraintes développées au sein du matériau lors de l’application d’un char-

gement mécanique sont importantes. Le couplage rigidité/résistance est du même ordre de gran-

deur que pour les vitrocéramiques (figure 2.9). Ces matériaux ont cependant des propriétés mé-

caniques assez éloignées de l’émail sain (la rigidité et la dureté sont plus importantes) et ce sont

de plus des matériaux opaques ne présentant pas de bonnes propriétés esthétiques. En général,

l’emploi de ces matériaux est combiné avec l’application d’une céramique de vernissage pour s’af-

franchir de ce problème. Ce type d’assemblage est alors sujet à d’autres mécanismes de rupture

non exposés dans ce manuscrit.

État de contrainte dans le joint de scellement

Intéressons-nous maintenant à l’influence du choix de la céramique sur l’état de contraintes

au sein de la couche de scellement. L’évolution de la contrainte équivalente de von Mises σVM le

long de l’abscisse curviligne de l’interface est présenté en figure 2.10.

Il ressort de l’analyse des différentes courbes que l’intensité des contraintes au sein du joint de

scellement est fortement dépendante du matériau prothétique considéré. Pour les céramiques hy-

brides, les contraintes les plus élevées se situent au niveau de la zone de chargement (figure 2.10a).

Elles sont comprises entre 19.2 et 22.5 MPa. Pour les vitrocéramiques deux zones fortement solli-

citées sont distinguées, l’une en dessous du chargement et l’autre au niveau de la ligne cervicale

2.10b. Ces contraintes étant comprises respectivement entre 9.4 et 14.0 MPa pour la zone centrale

et entre 9.4 et 11.8 MPa pour la ligne cervicale. Pour les matériaux à base de zircone/alumine, le

joint de scellement est peu sollicité sous le chargement, mais présente de fortes contraintes au

niveau de la ligne cervicale, où la contrainte équivalente de von Mises est comprise entre 14.1 et

14.6 GPa (figure 2.10c).

Il est possible de constater une corrélation entre les contraintes sous la zone de chargement et

le module de Young du matériau considérée (figure 2.11). La contrainte dans le joint de scellement

en droit du chargement semblant être minimisée pour un matériau prothétique présentant un

module de Young proche de 100 GPa.

Compte tenu de la variabilité des matériaux prothétiques disponibles, le choix de la céramique

employée par le praticien a donc un impact non négligeable sur l’état mécanique du joint de scel-

lement. Une céramique relativement souple transmettra principalement les efforts de mastication

en droit du chargement et laissera la ligne cervicale peu sollicitée. À l’inverse, une céramique re-

lativement rigide transmettra principalement les efforts au niveau de la ligne cervicale. Compte-

tenu du manque de connaissance concernant l’origine des décollements prothétiques observés

61
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

(a) Céramique hybrides

(b) Vitrocéramiques

(c) Zircone/alumine

F IGURE 2.10 – Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement - paramètre :
module de Young du matériau prothétique

62
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

cliniquement, il est difficile de conclure sur l’influence du choix de la céramique sur ce phéno-

mène.

F IGURE 2.11 – Évolution de σVM dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle - paramètre : module
de Young de la céramique

2.3 Sensibilité aux paramètres géométriques

Dans cette section, l’influence du dimensionnement géométrique de l’assemblage est étudiée.

Il est à noter que ces paramètres sont moins aisément maitrisables par le praticien que le choix

des matériaux. En effet, un contrôle précis de la préparation est difficile à obtenir, et les méthodes

de dimensionnement de la restauration et plus précisément de l’intrados prothétique font l’objet

d’une grande variabilité suivant la solution CFAO commerciale utilisée.

2.3.1 Influence du dimensionnement de l’intrados prothétique

Deux paramètres géométriques ont été considérés dans cette étude, à savoir le hiatus occlusal

h o et le hiatus axial h a (cf. figure 2.1b). Ils permettent de définir l’intrados prothétique et condi-

tionnent par conséquent les épaisseurs de la couche de scellement. La géométrie du contour de

l’extrados étant fixée, une augmentation des hiatus entraîne une diminution de l’épaisseur de la

céramique. En pratique, ce dimensionnement des hiatus est réalisé librement par le prothésiste

dans le cadre de la conception de la restauration. Pour chaque paramètre, des simulations ont été

effectuées pour dix valeurs comprises entre 30 et 300 µm (dans la configuration de référence les

63
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

deux hiatus sont fixés à 100 µm). De la même manière que dans l’étude précédente, les états de

contraintes de la prothèse et du joint de scellement ont été analysés séparément.

État de contrainte dans la prothèse

(a) hiatus occlusal (h o )

(b) hiatus axial (h a )

F IGURE 2.12 – Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètres : hiatus
(µm)

Les figures 2.12a et 2.12b présentent l’évolution de la première contrainte principale σ1 au

sein de la prothèse le long de l’abscisse curviligne de l’interface pour différents paramétrages. Ces

résultats mettent en évidence une augmentation de σ1 avec h o et h a . En considérant les variations

du hiatus occlusal, les écarts entre les modèles sont principalement localisés au niveau de la zone

A sollicitée sous le chargement (figure 2.2a). Pour le hiatus axial, les écarts entre les modèles sont

64
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

localisés au niveau de la zone de chargement ainsi qu’au niveau de la ligne cervicale. De légers

décalages sont également observés entre les courbes, ils sont liés à la non constance de l’abscisse

curviligne totale entre les différents modèles.

Les figures 2.13a et 2.13b présentent l’évolution du maximum de la première contrainte prin-

cipale max(σ1 ) dans la prothèse en fonction de chacun des paramètres. La valeur max(σ1 ) évolue

de manière croissante et est quasi-linéaire en fonction de h o et de h a . L’état mécanique au niveau

de l’interface céramique/composite semble donc être particulièrement sensible aux variations du

hiatus occlusal, l’épaisseur de la prothèse variant avec ce paramètre.

(a) hiatus occlusal (h o )

(b) hiatus axial (h a )

F IGURE 2.13 – Évolution de max(σ1 ) dans la prothèse - paramètres : hiatus (µm)

Sur la plage de variation du hiatus occlusal, la contrainte maximale au sein de la prothèse varie

65
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

entre 28.7 et 43.8 MPa, ce qui correspond à des écarts respectifs de -13.8 % et +31.5 % par rapport

à la configuration de référence. Pour le hiatus axial, la contrainte maximale au sein de la prothèse

varie entre 31.7 et 37.4 MPa ce qui correspond à des écarts respectifs de -4.8 % et +12.3 % par rap-

port à la configuration de référence. L’augmentation de la contrainte σ1 avec l’augmentation des

épaisseurs h o et h a est cohérente avec l’étude précédente considérant une diminution du module

de Young du matériau de scellement. Dans les deux cas la rigidité globale du joint diminue. Sa

réaction sur la base de la prothèse est plus faible et de ce fait la flexion biaxiale dans la prothèse

devient plus importante.

Le dimensionnement des hiatus semble donc revêtir une importance significative pour la te-

nue mécanique de la restauration et il semble donc pertinent de considérer de telles optimisations

de forme pour des prothèses réelles. Dans l’assemblage simplifié étudié, compte tenu de la symé-

trie radiale le hiatus occlusal possède une importance plus grande que celle du hiatus axial. Cette

tendance résulte du mode de chargement mécanique qui est imposé centré, les parois latérales

de la prothèse étant de ce fait moins sollicitées. Il n’est pas certain que ces conclusions soient

directement extrapolables aux configurations géométriques rencontrées dans les cas réels.

État mécanique du joint de scellement

Les figures 2.14a et 2.14b présentent l’évolution de la contrainte équivalente de von Mises σVM

au sein du matériau de scellement le long de l’abscisse curviligne de l’interface. Une évolution

croissante de la contrainte σVM est observée avec l’augmentation des deux paramètres. En consi-

dérant les variations du hiatus occlusal, les écarts entre les modèles sont principalement localisés

au niveau de la zone sollicitée sous le chargement. Pour le hiatus axial, les écarts entre les modèles

sont localisés au niveau de la zone de chargement ainsi qu’au niveau de la ligne cervicale.

Sur la plage de variation du hiatus occlusal considérée, la contrainte de von Mises maximale

max(σVM ) au sein du joint de scellement varie entre 10.8 et 12.0 MPa, ce qui correspond à des

écarts de -3.1 % et +7.6 % par rapport à la configuration de référence. Pour le hiatus axial, la

contrainte au sein de la prothèse varie entre 10.5 et 13.2 MPa, ce qui correspond à des écarts de

-5.8 % et 18.4 % par rapport à la configuration de référence. Les figures 2.15a et 2.15b présentent

l’évolution de la contrainte maximale dans la prothèse en fonction de chacun des paramètres.

Une évolution quasi-linéaire de la contrainte de von Mises maximale en fonction de h o et de h a

est également constatée.

Il apparaît donc un double avantage de la diminution des valeurs des hiatus puisqu’ils per-

mettent de diminuer les contraintes à la fois dans la prothèse mais également dans le joint de scel-

66
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

(a) hiatus occlusal (h o )

(b) hiatus axial (h a )

F IGURE 2.14 – Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement - paramètres :
hiatus

67
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

lement. Il est à signaler que ces modélisations ne tiennent pas compte des phénomènes d’adhé-

sion. Une diminution trop importante des épaisseurs de la couche de scellement altérerait cer-

tainement la cohésion de la prothèse à la préparation. Dans le cadre d’un dimensionnement opti-

misé du hiatus, il ne s’agirait donc pas de minimiser totalement l’épaisseur du joint, mais de mieux

répartir ces épaisseurs pour maintenir une bonne adhésion, tout en minimisant les contraintes

mécaniques au sein de l’assemblage.

(a) ho

(b) ha

F IGURE 2.15 – Évolution de max(σVM ) dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle - paramètres :
hiatus

68
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

2.3.2 Influence du dimensionnement de la préparation dentaire

Dans cette dernière étude, nous avons évalué un unique paramètre géométrique régissant la

forme de la préparation dentaire, à savoir l’inclinaison angulaire α de la paroi (figure 2.1b). Dans

les dispositifs de conception clinique, l’intrados prothétique est défini par extraction du contour

de la préparation, l’angle interne de la paroi concave de la prothèse présente de ce fait la même

inclinaison que la préparation. Ce paramètre agit donc simultanément sur les trois parties de l’as-

semblage, le joint de scellement étant défini comme remplissant l’espace entre la préparation et

la prothèse. Six inclinaisons α, comprises entre 5 et 10° ont été considérées dans cette étude de

sensibilité.

L’influence de ce paramètre sur l’état des contraintes mécaniques au sein de la prothèse de

long de l’abscisse curviligne de l’interface est présentée en figure 2.16. La figure 2.17 présente

l’évolution de la contrainte équivalente de von Mises au sein du matériau de scellement pour les

différentes inclinaisons. Dans ces modélisations, les variations de l’angle α n’ont pas introduit de

différences significatives dans les champs des contraintes de la prothèse et du joint de scellement

au voisinage de l’interface. Ces résultats semblent être en contradiction avec les études expéri-

mentales et numériques de la littérature qui témoignent d’une diminution des contraintes avec

une diminution de l’angle [SS12, ZSR+ 16]. Cette différence peut se justifier par le fait que dans ces

études le chargement mécanique est appliqué sur la totalité de la surface occlusale. Or, ce cas de

chargement reste assez éloigné de la mastication alimentaire.

F IGURE 2.16 – Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètre : α

69
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

F IGURE 2.17 – Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement - paramètre :
α

2.4 Conclusions

Les études paramétriques réalisées ont permis de rendre compte de l’influence des choix de

conception sur le comportement mécanique de l’assemblage prothétique dentaire simplifié. Nous

distinguerons dans cette conclusion les effets de ces paramètres sur les deux pièces de l’assem-

blage constituant la restauration dentaire : la prothèse et le joint de scellement.

2.4.1 État mécanique de la prothèse

L’analyse mécanique du modèle éléments finis simplifié de la dent restaurée a mis en évidence

la présence d’une zone sollicitée en traction biaxiale (zone A) (figure 2.2a) au voisinage de l’inter-

face prothèse/préparation comme mentionné en section 1.5.2. Les études paramétriques ont été

effectuées en suivant l’évolution des contraintes dans cette zone, d’une part car des contraintes

mécaniques de bi-traction particulièrement nuisibles pour la céramique y sont localisées, et d’autre

part car cette zone coïncide avec un site fréquent d’initiation de ruptures prothétiques cliniques.

L’intensité de la valeur de la première contrainte principale σ1 dans cette zone A est fortement

dépendante du dimensionnement de l’intrados et de la rigidité du matériau de scellement em-

ployé. Les plages variationnelles des paramètres admises dans ces études fournissent les écarts

d’intensité de contrainte suivants, en rapport à la configuration de référence :

70
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

— rigidité du composite -18.3 % à + 14.4 %

— hiatus occlusal : -13.8 % à +31.5 %

— hiatus axial : -4.8 % à + 12.3 %

Il ressort de nos analyses qu’un module de Young élevé pour le composite de scellement,

et un hiatus occlusal faible peuvent sensiblement diminuer les contraintes mécaniques au sein

de la prothèse. Des études réalisant le suivi expérimental du chargement à rupture pour diffé-

rentes épaisseurs du joint et pour différentes rigidités du matériau de scellement aboutissent à des

conclusions similaires [KMKL03, DD03]. Un dimensionnement approprié de ces deux paramètres

permettrait donc d’optimiser la tenue mécanique de la prothèse, indépendamment du choix du

matériau de restauration. En minimisant l’intensité des contraintes dans la prothèse au niveau

de l’interface pour chaque application d’un chargement mécanique, il est possible de réduire le

risque de rupture par fatigue et donc d’améliorer la longévité des dispositifs prothétiques. Ces ré-

sultats sont cependant à contextualiser dans le cadre applicatif réel de la dent restaurée, celle-ci

étant soumise à des chargements masticatoire quasi-cycliques et plus complexes que celui adopté

dans nos études.

L’étude comparative effectuée sur le choix de la céramique de restauration a permis d’iden-

tifier les vitrocéramiques comme étant des matériaux particulièrement appropriés dans le cadre

de la réalisation des restaurations prothétiques. En effet, ces matériaux présentent des propriétés

mécaniques d’élasticité, de dureté et de résistance à la rupture proches de celles de l’émail den-

taire. Il a également constaté que l’utilisation de ces matériaux génére des contraintes mécaniques

relativement faibles en regard de leur résistance. C’est notamment le cas pour le matériau Celtra

Duo, qui doit ses bonnes propriétés mécaniques à la présence de renfort à base de zircone insérés

dans une matrice de disilicate de lithium.

Le comportement en fatigue de ces différents matériaux a cependant été omis dans le cadre

de cette étude par manque de données expérimentales et par la nécessité d’introduire une loi

d’évolution non-linéaire pour traiter le problème de propagation de fissures. Il serait ainsi perti-

nent de prolonger ces investigations, en considérant le comportement en fatigue des céramiques

employées en dentisterie dans une modélisation mécanique similaire.

2.4.2 État mécanique du joint de scellement

Les contraintes mécaniques au sein du joint de scellement sont également sensibles aux pa-

ramètres étudiés. L’analyse faite a principalement portée sur la jonction céramique/composite,

71
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

qui est identifiée comme étant d’une part la jonction la plus à même de se décoller [HRKS08] et

d’autre part, la jonction dont la dégradation est le plus pénalisante pour la tenue mécanique de la

prothèse [CRKS07].

L’état de sollicitation du joint de scellement est très fortement dépendant de la rigidité élas-

tique du substrat céramique. La prothèse sollicite moins la couche sous-jacente (et vice-versa) si

celle-ci est relativement rigide. En conséquence, l’emploi d’une céramique hybride (faible rigi-

dité) a pour effet d’augmenter significativement les contraintes mécaniques au sein du matériau

de scellement, pouvant ainsi mener à une détérioration prématurée.

La partie du joint de scellement en contact avec la ligne cervicale de la prothèse est soumise à

des contraintes mécaniques importantes. Ces contraintes sont liées à la singularité géométrique

que forme l’angle droit de la prothèse simplifiée sur cette arrête. En pratique, les bordures de cou-

ronne présentent un arrondi dû au passage de l’outil d’usinage lors de la fabrication de la pro-

thèse, il est donc possible que ces contraintes soient surestimées. Une partie du chargement de

mastication est toutefois transmise au niveau de cette ligne cervicale. Étant donné l’exposition du

composite à l’environnement buccal au niveau de cette surface libre, il est envisageable que le

matériau puisse subir des dégradations localisées à cet endroit.

D’autres développements sont nécessaires pour améliorer la modélisation mécanique propo-

sée dans ce chapitre. Notamment, la réponse viscoélastique du matériau de scellement n’a pas été

prise en compte. Les sollicitations thermiques rencontrées par la dent restaurée lors de l’alimen-

tation, peuvent également conférer au matériau une certaine viscosité ou introduire des déforma-

tions thermiques modifiant certainement l’état de contraintes dans les différentes partie de l’as-

semblage. Une simulation thermomécanique pourrait ainsi fournir des résultats supplémentaires

pertinents. Il est également important de noter que compte tenu des dimensions des charges cé-

ramiques présentes dans le matériau composite et de la taille des éléments finis employés pour sa

modélisation (10 µm), la notion de VER (Volume Elementaire Représentatif ) n’est pas toujours res-

pectée. Une implémentation du comportement mécanique de ce matériau de type multi-échelle

est donc souhaitable pour rendre compte d’un comportement plus réaliste du matériau de scelle-

ment.

Dans le chapitre suivant, des observations sont réalisées sur cette couche afin d’étudier la ré-

partition réelle du joint suite à la pose d’une couronne prothétique.

72
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

2.5 Références

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73
Chapitre 2. Assemblage axisymétrique : sensibilité aux paramètres de conception

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74
Chapitre 3

Assemblage axisymétrique : observations

et analyse mécanique des défauts du joint

Au chapitre précédent, les résultats de simulations éléments finis simplifiées du comporte-

ment mécanique de l’assemblage prothétique dentaire ont été présentés. Des hypothèses fortes

ont été faites sur la géométrie et le comportement de la couche de scellement. Cette couche a

été considérée comme un milieu continu, ce qui implique un remplissage total du hiatus pro-

thétique et il a été considéré que le retrait et le durcissement du composite ne généraient pas de

contraintes résiduelles. En réalité, ce matériau est introduit à l’état fluide puis durcit lors de l’opé-

ration clinique, en conséquence sa géométrie finale et son état de contraintes sont incertains.

Compte-tenu de l’importance mécanique de cette couche, impliquée dans le décollement pro-

thétique et en contact avec les sites d’initiation des fissurations cliniques, nous proposons dans ce

chapitre d’investiguer plus en détail sa géométrie post-assemblage. Une méthodologie et un pro-

tocole sont proposés dans ce chapitre afin d’avoir accès à la géométrie interne de la dent restaurée.

Des premières observations permettent de mettre en évidence la présence de porosités au sein du

joint ainsi qu’un décollement partiel de la prothèse dont l’origine est étudiée par le biais d’une

simulation numérique tenant compte de la contraction volumique du composite lors de son dur-

cissement. Les différents défauts observés ont également fait l’objet d’une étude numérique afin

d’en évaluer l’impact sur la tenue mécanique de la restauration.

Sommaire
3.1 Observation de la couche de scellement par micro-tomographie à rayons X . . . 77

3.1.1 Géométries considérées et réalisation des assemblages . . . . . . . . . . . . 77

3.1.2 Micro-tomographie à rayons X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

3.1.3 Traitement des images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

75
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

3.1.4 Observation de la couche de scellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

3.2 Modélisation numérique de la contraction volumique du composite de scellement 82

3.2.1 Évolution des propriétés physiques au cours de la polymérisation . . . . . . 82

3.2.2 Implémentation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

3.2.3 États de contrainte dans la prothèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

3.2.4 Comparaison avec l’assemblage observé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

3.3 Impact des défauts sur la tenue statique de la prothese . . . . . . . . . . . . . . . . 87

3.3.1 Modélisations éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

3.3.2 États de contraintes dans la restauration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

3.3.3 Impact mécanique des défauts de la couche de scellement . . . . . . . . . . 89

3.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

3.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

76
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

3.1 Observation de la couche de scellement par micro-tomographie à

rayons X

Compte-tenu du confinement et des faibles épaisseurs du matériau de scellement au sein de

l’assemblage, les observations ont été faites par micro-tomographie à rayons X. Nous présentons

dans cette section la mise en place des échantillons à observer et le traitement d’images réalisé

afin de distinguer et d’analyser les données issues du scan micro-CT. Finalement, la procédure

ainsi décrite est utilisée pour caractériser les défauts de la couche de scellement d’un assemblage

prothétique dentaire. Un modèle géométrique axisymétrique à une nouvelle fois été utilisé dans

cette étude, ce qui nous permet de contrôler précisement l’insertion de la couronne lors de la pose.

3.1.1 Géométries considérées et réalisation des assemblages

Le modèle géométrique axisymétrique simplifié de la dent restaurée est constitué d’une cou-

ronne céramique, de la couche de scellement et de la préparation dentaire. Les dimensions géo-

métriques employées dans le cadre de l’étude sont présentées en figure 3.1. Dans cette configura-

tion, les épaisseurs du joint sont supérieures à celles considérées dans l’étude précédente (l’épais-

seur maximale du joint de l’ordre de 0.5 mm au lieu de 0.3 mm).

F IGURE 3.1 – a. Assemblage prothétique dentaire simplifié - b. Dimensions considérées (en mm)

Les conceptions CAO pour la préparation et la couronne ont été réalisées à l’aide du logiciel

CATIA V5 (Dassault Systems, Vélizy-Villacoublay). Le logiciel a également été utilisé pour géné-

77
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

rer les instructions d’usinage (format d’usinage G-CODE). Les différentes pièces ont été usinées

à l’aide d’un centre d’usinage à commande numérique spécifique à l’usinage des prothèses indi-

rectes, la précision d’usinage étant de 15 µm d’après le fournisseur de l’équipement (Lyra Mill SA,

France).

Les couronnes ont été usinées dans des blocs CAD/CAM Vita Enamic© (Vita Zahnfabrik, Bad

Säckingen, Germany). Ce matériau est une céramique hybride composée d’un réseau céramique

infiltré par une résine composite [DBCZ14]. Les préparations dentaires ont été réalisées avec de

l’os cortical extrait d’un fémur de bœuf présentant une composition similaire à celle de la dentine

(cristaux d’hydroxyapatite et fibres de collagène). Les propriétés élastiques et d’adhésion de ce

tissu aux composites de scellement sont proches de celles de la dentine. Ce tissu a été choisi afin

d’usiner les géométries des préparations dans des blocs pleins pour pouvoir considérer des essais

mécaniques dans des travaux futurs (ce qui n’aurait pas été possible avec de la dentine, du fait de

la présence de la cavité pulpaire).

Les deux pièces de l’assemblage ont ensuite été scellées en utilisant la résine composite Kerr

Maxcem Elite© (Kerr Corporation, Orange, California, US) composée de monomère d’ester de mé-

thacrylate et de renforts céramique. Les instructions de scellement issues de la documentation

technique du composite ont été suivies. Dans un premier temps, la céramique a été mordancée

par le biais d’une solution d’acide fluorhydrique puis traitée à l’aide d’une solution de silane. La

préparation a été traitée avec de l’acide phosphorique. Dans un second temps, la résine compo-

site a été injectée en excès dans l’intrados de la couronne à l’aide d’une seringue et les deux pièces

ont été positionnées à l’aide d’un guide afin d’assurer la concentricité de l’assemblage. Les sur-

faces libres du joint ont ensuite été exposées 30 secondes aux rayonnements d’une lampe DEL

photopolymérisante (Radii Plus© ).

3.1.2 Micro-tomographie à rayons X

La micro-tomographie à rayons X (micro-CT) est une méthode non destructive permettant la

reconstruction de la structure interne d’un objet à partir de radiographies 2D obtenues sur 360°

par la mesure de l’atténuation d’un faisceau de rayons X traversant l’objet [FDRD87].

Le micro-tomographe X-View X50-CT utilisé dans le cadre de l’étude est un équipement com-

mercialisé par la société North Star Imaging Company (NSI). Il est équipé d’un tube à rayons X

à double tête (réflexion et transmission) référencé Dual Head XWT-240/XC-190 et d’un détecteur

plan de rayons X à écran plat Dexela NSI-7529 (3070 x 3888 pixels, 14 bits). L’assemblage prothé-

tique dentaire a été scanné avec les paramètres suivants : tension 199 kV, intensité 48,88 µA.

78
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

1606 radiographies de l’assemblage ont été enregistrées sur une rotation de l’assemblage de

360°. Un algorithme de rétroprojection filtrée (logiciel NSI) a été utilisé pour reconstruire le vo-

lume de l’échantillon sous la forme d’une matrice tridimensionnelle de voxels (1606 pixels x 1368

pixels x 1368 pixels), chacun contenant un niveau de gris correspondant à l’atténuation des rayons

X. La taille du voxel sur l’image 3D est de 8.3 µm. Des traitements additionnels proposés par le lo-

giciel fourni par NSI ont été utilisés pour éliminer certains artefacts géométriques présents sur les

images d’origines.

3.1.3 Traitement des images

Le logiciel open-source Fiji/ImageJ et son plugin BoneJ ont été utilisés pour le traitement des

images et pour la mesure des entités géométriques [DKAC+ 10, SACF+ 12]. La procédure de traite-

ment d’images est présentée sur la figure 3.2. Les images issues du micro-tomographe ont d’abord

été rognées afin de centrer le domaine d’étude sur la couche de scellement de l’assemblage, puis

leur netteté a été améliorée par une modification du contraste. Un algorithme de segmentation («

minimum algorithm ») a ensuite été appliqué pour binariser les images. Les défauts observés ont

été mesurés à l’aide de l’algorithme « 3D Object Counter ». La reconstruction en format 3D STL a

finalement été réalisée à l’aide de la fonction « isosurface » du plugin BoneJ.

F IGURE 3.2 – Procédure de traitement des images - a. amélioration du contraste - b. segmentation des
images - c. reconstruction des images (BoneJ) - d. caractérisation géométrique des défauts

3.1.4 Observation de la couche de scellement

La reconstruction 3D d’un joint de scellement est présentée sur la figure 3.3. Les géométries

des imperfections observées ont été caractérisées. Deux types de défauts sont distingués dans le

joint de scellement de cet assemblage : des vides sphériques assimilés à la présence de bulles

79
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

d’air (figure 3.3), et un décollement de la prothèse caractérisé par une zone vide d’épaisseur faible

recouvrant une surface étendue (figure 3.4).

Observation et caractérisation des bulles d’air

Dans cet assemblage, 36 vides quasi-sphériques ont été observés avec un rayon équivalent

compris entre 0.06 mm et 0.32 mm. La localisation de ces vides est variable : certains sont loca-

lisés au sein du joint de scellement, d’autres au niveau des interfaces avec la préparation ou la

couronne. D’éventuels vides de volume inférieur à 10−3 mm3 n’ont pas pu être détectés à cause de

la résolution de l’image.

F IGURE 3.3 – a. Reconstruction surfacique de la couche de scellement - b. Répartition de la dimension ca-


ractéristique des vides

La distribution de ces défauts (figure 3.3b) montre que la plupart des vides observables ont

une taille caractéristique inférieure à 100 µm (approximativement 75 % d’entre eux) cependant

des défauts plus larges sont constatés (dimension maximale 320 µm). En utilisant le volume théo-

rique de la couche de scellement, le pourcentage volumique des vides sphériques est de 5.2 %.

Cette valeur est cohérente avec celles obtenues pour les résines employées en restauration directe

(porosité jusqu’à 4.5 % [vDRH86]) ou pour l’obturation des canaux pulpaires [BDRSV+ 18].

Ces vides sont des bulles d’air piégées dans le matériau à l’état fluide, soit pendant le mélange

de celui-ci, soit lors de la pose clinique. Certains travaux ont notamment étudié l’importance des

méthodes d’insertion et de mélange sur la porosité de ces matériaux. Ils ont débouché sur une

solution technique démocratisée aujourd’hui et employée dans le cadre de cette étude, consistant

à réduire la teneur en vide en utilisant une unique seringue pour le conditionnement, le mélange

et l’insertion du matériau [MZNS85]. Il ressort cependant de nos observations que l’emploi d’un

80
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

tel dispositif ne permet pas d’éviter totalement la présence de ces défauts.

Caractérisation de la zone de décollement

La zone décollée est localisée à l’interface entre la résine et la couronne céramique au niveau

de la paroi axiale de l’intrados (figure 3.4). Elle présente un volume de 3.00∗10−3 mm3 et recouvre

une surface de 39.9 mm2 , ce qui correspond à 13 % de la surface de contact théorique entre la

résine et la couronne. Ce décollement représente 0.4 % du volume théorique de la couche de scel-

lement.

F IGURE 3.4 – Décollement prothétique - a. coupe horizontale - b. coupe verticale - c. reconstruction surfa-
cique 3D

À notre connaissance, la littérature ne fait pas état d’observations de telles zones de décolle-

ment au sein de ce type d’assemblage. En revanche le décollement des prothèses étant l’une des

principales causes d’échec de ce type de restauration, certaines études mécaniques supposent la

présence d’un décollement dans le cadre de leurs analyses mécaniques [MKBH12]. Usuellement,

les publications traitant d’observations tomographiques emploient plus généralement des dispo-

sitifs d’observations de moindre résolution (ex : cone beam, résolution ≈ 100 µm). Il est possible

que ce type de défaut n’ait pas pu être détecté [CSA+ 18]. De plus, les dimensions du joint de scelle-

ment sont légèrement surrestimées dans notre assemblage ce qui peut favoriser l’apparition d’une

81
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

telle zone (450 µm pour la zone la plus épaisse contre 100 à 350 µm dans les cas cliniques).

Ce décollement prothétique semble être causé par la polymérisation du matériau composite.

En effet, la transformation des monomères présents initialement à l’état fluide en chaînes poly-

mères s’accompagne d’une contraction volumique lorsque les liaisons faibles de Van Der Waals

se transforment en liaisons covalentes fortes [Odi04, KKCL15]. Les composites de scellement em-

ployés en dentisterie présentent un taux de contraction volumique compris généralement entre

1 et 6 % [BBF05, MM13, SBV+ 16]. Des investigations ont donc été menées afin d’étudier plus en

détail, par le biais de l’outil numérique, l’effet mécanique induit par cette contraction.

3.2 Modélisation numérique de la contraction volumique du compo-

site de scellement

Afin de pouvoir appréhender les phénomènes ayant lieu lors de la pose de la prothèse, la

contraction volumique du matériau de scellement est intégrée à une simulation mécanique proche

de celles présentées au chapitre 2. Les résultats de ce modèle sont ensuite comparés à la couche

de scellement observée par micro-tomographie.

3.2.1 Évolution des propriétés physiques au cours de la polymérisation

Dans les analyses éléments finis préexistantes traitant de l’influence de la contraction du com-

posite de scellement sur la tenue mécanique de la prothèse, la réduction du matériau a été mo-

délisée en considérant seulement les valeurs finales du taux de contraction volumique et du mo-

dule de Young. Étant donné les conditions d’encastrement parfaites qui sont prises en compte aux

interfaces entre le joint et ses substrats, la prothèse céramique se retrouve ainsi très fortement

sollicitée (≈ 70 MPa) et de ce fait les contraintes sont surévaluées [MVD99, MKBH12, MK13].

En réalité, au cours du durcissement les propriétés physiques du composite évoluent simul-

tanément : le taux de contraction (figure 3.5a) et la rigidité du matériau (figure 3.5b) augmentent

tandis que sa viscosité diminue. Hüsch et al. ont notamment caractérisé l’évolution de ces pro-

priétés pour un composite présentant un module de Young final proche de celui utilisé dans le

cadre de notre étude [HMF99]. Les données issues de cet article présentées en figure 3.5 ont été

utilisées dans la modélisation éléments finis décrite ci-aprés.

82
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

(a) Contraction volumique

(b) Rigidité élastique

F IGURE 3.5 – Évolution des propriétés physiques au cours du temps de sèche (d’après Hüsch et al. [HMF99])

83
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

TABLEAU 3.1 – Évolution des propriétés physiques et des propriétés équivalentes modélisées
eq
Temps (min) Contraction volumique (%) Module de Young (MPa) Température (°C) αV
0 0 40 273 0
2.5 1.25 50 275.5 −0.005
5 1.93 700 278 −0.00386
7.5 2.2 2140 280.5 −0.00231
10 2.31 3800 283 −0.00231
12.5 2.37 4600 285.5 −0.0019
15 2.41 5400 288 −0.00161

3.2.2 Implémentation numérique

L’évolution du module de Young et de la contraction volumique sont modélisés dans cette

étude. Le code de calcul utilisé (SIMULIA/ABAQUS 6.11) ne permettant pas de considérer directe-

ment un phénomène de contraction volumique au cours du temps, nous passerons par l’emploi
eq
d’une loi de contraction thermique et par le calcul de coefficients d’expansion équivalents αV tel

que :

∆V eq
= αV ∆Teq
V

∆V
avec V la variation volumique et ∆Teq la différence de température. Pour notre problème

une différence de température de 13° est utilisée avec les valeurs numériques répertoriées en ta-

bleau 3.1 pour décrire le problème équivalent.

Les conditions aux limites et les encastrements entre les couches sont identiques à celles des

simulations effectuées au chapitre 2. Les dimensions du modèle géométrique sont présentées en

figure 3.1b.

3.2.3 États de contrainte dans la prothèse

La répartition de la première contrainte principale σ1 calculée au sein de la partie prothétique

de l’assemblage est présentée en figure 3.6a. Les contraintes résiduelles dues au phénomène de

polymérisation sont comprises entre -19 et 35 MPa. Les contraintes les plus élevées se situant au

niveau de la paroi axiale (bord latéral de l’intrados prothétique) dans la zone où l’épaisseur du joint

est maximale, en coïncidence avec la localisation du décollement observé par tomographie. Les

contraintes de compression les plus élevées se situent au niveau de l’arrondi sur la ligne cervicale

de la prothèse. Les directions principales associées sont présentées en figure 3.6b.

L’implémentation directe des valeurs finales de la contraction volumique et de la rigidité élas-

tique met en évidence une valeur de max(σ1 ) de l’ordre de 60 MPa. Ainsi la modélisation de

84
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

(a) Contrainte principale maximale σ1 (b) Directions principales associées

F IGURE 3.6 – Première contrainte principale dans la couronne

l’évolution des propriétés au cours du temps de sèche diminue significativement l’intensité des

contraintes par rapport aux travaux préexistants sur le sujet.

En regard du cas réel, les hypothèses d’encastrement parfaites (liaisons complètes) du maté-

riau de scellement aux substrats est exagérée et l’on assistera plutôt à une détérioration des pro-

priétés cohésives à l’interface céramique/composite, voire à une désinfiltration des porosités de

la céramique par le composé résineux. Il est donc probable que les contraintes résiduelles post-

polymérisation, calculées au sein de l’assemblage soient surestimées. La mise en place d’une loi

de type traction/séparation durant la sèche du matériau fournirait les résultats nécessaires à l’af-

finement de la modélisation proposée dans cette section.

3.2.4 Comparaison avec l’assemblage observé

L’assemblage prothétique dentaire observé par micro-tomographie dans la partie précédente

présente un décollement sur la paroi latérale de l’intrados prothètique. Au vu des conclusions

précédentes, il semblerait que la localisation du décollement soit dépendante des épaisseurs du

joint de scellement, et donc de la géométrie initiale de l’assemblage prothétique. Afin d’analyser

plus en détail l’effet de la répartition du joint dans l’assemblage scanné, un contrôle métrologique

de l’assemblage a été réalisé.

L’investigation des images 3D nous a permis d’évaluer les écarts d’axisymétrie de l’assemblage.

L’écart d’alignement entre la couronne (C) et la préparation (D) a été quantifié sur le plan médian

85
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

(P) (figure 3.7) : l’écart angulaire α est inférieur à 2,5° et la distance dCG entre les points GC et

GD appartenant aux axes de la couronne et de la préparation est inférieure à 9.3 µm. La varia-

tion d’épaisseur e(θ) de la couche de scellement autour de l’axe de la couronne dans le plan (P) a

également été caractérisée en figure 3.8, θ étant l’angle autour de l’axe de la préparation.

F IGURE 3.7 – Quantification des écarts géométriques sur l’assemblage réalisé

F IGURE 3.8 – Évolution de l’épaisseur du joint de scellement autour de l’axe de la préparation au plan (P)

Au niveau du plan médian (P), l’épaisseur du hiatus (espacement entre la prothèse et la pré-

paration) présente une variation de 20 µm. Si l’on se réfère à l’assemblage observé, c’est bien dans

la zone la plus épaisse du joint de scellement que le décollement apparaît, ce qui suggère une

nouvelle fois que l’apparition d’un éventuel décollement est dépendant du dimensionnement du

hiatus.

86
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

3.3 Impact des défauts sur la tenue statique de la prothese

Dans la dernière partie de ce chapitre, nous étudions dans une première approche l’impact

mécanique des défauts du joint de scellement. Les défauts observés sont intégrés à un modèle nu-

mérique axisymétrique de l’assemblage prothétique dentaire sollicité mécaniquement afin d’éva-

luer leur influence sur les états de contraintes du joint de scellement et de la prothèse.

3.3.1 Modélisations éléments finis

Trois modèles éléments finis différenciés par la géométrie du joint de scellement ont été déve-

loppés afin d’étudier l’influence de la présence des défauts sur la tenue mécanique de la prothèse

(figure 3.9). Des analyses statiques ont été conduites afin de calculer la répartition des contraintes

au sein de la restauration. Étant donnée la variabilité du positionnement et de la taille des dé-

fauts, seuls les cas géométriques les plus critiques, correspondant aux configurations où les vides

se situent sous la zone de chargement ont été étudiés.

F IGURE 3.9 – Géométries du joint de scellement - a. cas idéal - b. présence d’une cavité perçante - c. présence
d’un décollement

Le modèle (a) représente la configuration où l’adhésif remplit parfaitement l’espace du hiatus.

87
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

Dans le modèle (b), une cavité perçante a été introduite afin de mimer la présence d’une bulle

d’air. Le modèle (c) correspond à une configuration où le décollement de la couche de scellement

s’est produit en droit du chargement.

3.3.2 États de contraintes dans la restauration

L’allure de la répartition de la première contrainte principale σ1 pour la prothèse dans les trois

modèles ne révèle pas de différence avec l’étude réalisée au chapitre 2 (figure 2.2).

Les évolutions de σ1 au sein de la couronne le long de l’interface entre les deux pièces sont tra-

cées pour les trois configurations en figure 3.10. La présence d’un trou ou d’un décollement aug-

mente significativement l’état de contrainte autour du défaut modélisé. À une certaine distance

des défauts, les contraintes au sein de la prothèse pour les trois configurations sont similaires à

l’état mécanique de la configuration (a). L’intensité maximale de σ1 diffère pour les trois modèles :

— cas « idéal » σmax


1 = 38 MPa ;

— cas « cavité » : σmax


1 = 43 MPa ;

— cas « décollement » : σmax


1 = 64 MPa.

F IGURE 3.10 – Évolution de σ1 dans la prothèse le long de l’interface avec le joint de scellement

Les cartographies de la contrainte équivalente de von Mises σVM au sein du matériau de scel-

lement sont présentées en figure 3.11 pour les trois configurations. L’analyse de ces champs de

contraintes montre que les valeurs de compression les plus élevées se situent en droit du charge-

ment mécanique au niveau des zones de contact avec la prothèse. La présence d’un défaut dans

88
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

le joint de scellement pour les cas (b) et (c) augmente significativement la valeur des contraintes

au niveau de la singularité géométrique de contact entre la prothèse et le joint de scellement.

F IGURE 3.11 – Contraintes de von Mises dans le joint de scellement (MPa) - a. cas « idéal » - b. cas « cavité »
- c. cas « décollement »

F IGURE 3.12 – Évolution de σVM dans le joint de scellement en fonction de l’abscisse curviligne

Les évolutions de la contrainte équivalente de von Mises σVM le long de l’abscisse curviligne

de l’interface sont présentées en figure 3.12. La contrainte σVM est assez faible sur une large région

de la couche de scellement. Dans le modèle (a), elle est maximale sous la charge et vaut environ

10 MPa. Elle est plus élevée dans les modèles (b) et (c) sur une zone limitée en bordure des défauts

(de 30 à 50 %).

3.3.3 Impact mécanique des défauts de la couche de scellement

Les simulations confirment que les défauts sous la zone de chargement peuvent significative-

ment altérer la résistance mécanique d’un assemblage prothétique dentaire. D’une part, au sein

89
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

de la prothèse l’augmentation locale de la contrainte de traction dans la céramique peut avoir

pour conséquence de favoriser l’apparition de fissures sous des sollicitations de fatigue. D’autre

part, les contraintes au sein du joint de scellement augmentent significativement en bordure du

défaut.

Lorsque la prothèse est sollicitée au cours du processus masticatoire, l’absence locale d’adhé-

rence du matériau de scellement (par le biais d’un décollement ou d’un vide) va engendrer un état

de contrainte proche d’une sollicitation obtenue lors d’un essai de flexion biaxiale, les dimensions

géométriques du défaut ayant une incidence similaire à la distance inter-appui sur l’intensité des

contraintes de bi-traction. Dans le cas étudié, le maximum des contraintes est 20% supérieur pour

le cas (b) que pour le cas (a) (en considérant la première contrainte principale σ1 ) et 70% supé-

rieure pour le cas (c) que pour le cas (a).

Dans le joint de scellement, les efforts appliqués par la couche céramique dans la configu-

ration sans défaut sont répartis de manière continue le long de l’interface. En la présence d’un

défaut, les contraintes augmentent significativement, en particulier dans les zones voisines de sa

bordure. In-vivo, il est possible que l’application répétée d’un chargement mécanique (i.e. la mas-

tication alimentaire) implique une détérioration progressive de la cohésion entre les deux parties

de l’assemblage en bordure du défaut. Le décollement prothétique étant l’un des modes d’échec

les plus fréquents en dentisterie conservatrice indirecte, il serait pertinent d’étudier la réponse

mécanique de ces interfaces lors de l’application de sollicitations cycliques.

3.4 Conclusions

Dans ce chapitre, la géométrie post-assemblage d’une couche de scellement d’un assemblage

prothétique dentaire a été imagée et quantifiée. L’imagerie 3D par micro-tomographie à rayons X,

associée à des algorithmes de traitement d’images spécifiques permet de caractériser la géométrie

réelle de cette couche. Deux types de défauts ont ainsi pu être observés : un décollement et des

bulles d’air.

Les résultats de l’étude éléments finis modélisant la contraction du composite et de l’obser-

vation par micro-tomographie indiquent que le risque de décollement semble être lié aux dimen-

sions initiales de l’assemblage, et tout particulièrement aux épaisseurs du hiatus prothétique. De

plus, la prise compte de l’évolution de la rigidité au cours de la polymérisation permet d’appro-

cher plus correctement les contraintes induites par ce retrait volumique. Le modèle mécanique

décrivant ce phénomène peut être encore largement optimisé en considérant des lois de trac-

90
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

tion/séparation déduites des études de désinfiltration de la résine des porosités du matériau céra-

mique.

L’influence de l’inclinaison du patient lors de la pose de la restauration, mériterait également

d’etre étudiée, dans la mesure où le matériau de scellement est initialement appliqué à l’état vis-

queux, et est donc probablement sujet à un phénomene d’écoulement. D’autres observations sont

également nécessaires à la confirmation de la répétabilité du protocole et sont actuellement en

cours de réalisation.

Les modélisations éléments finis montrent que la présence de défaut peut augmenter signifi-

cativement les contraintes mécaniques au sein de la prothèse et de la couche de scellement. Étant

donné que la rupture fragile de la prothèse et le décollement de celle-ci sont des modes d’échec

fréquents, l’optimisation du contenu en air du mélange lors de la pose clinique de la prothèse

pourrait être une voie d’optimisation pertinente afin d’en améliorer la longévité. De méthodes

spécifiques de mélange pourrait être développées dans le cadre de cette application afin de dimi-

nuer le contenu en air du matériau.

3.5 Références

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93
Chapitre 3. Assemblage axisymétrique : observations et analyse mécanique des défauts du joint

94
Chapitre 4

Assemblage virtuel : modélisations

biomécaniques de la dent saine et

restaurée

Dans ce chapitre, la modélisation mécanique de la dent restaurée présentée au chapitre 2

est complexifiée, l’objectif de cette partie étant de conclure sur les simplifications de modèle qui

peuvent être effectuées pour décrire l’état de contrainte de la restauration. L’étude mécanique de

la dent saine est également réalisée afin d’étudier de la pertinence de la prise en compte de l’ani-

sotropie des tissus durs dans le cadre de sa modélisation. Dans un premier temps, La démarche

de conception de maquettes numériques 3D virtuelles de ces assemblages est présentée. Les lois

de comportement des tissus biologiques modélisés (ligament parodontal, dentine, émail) sont

ensuite exposées. Les résultats des modélisations mécaniques mises en place à l’aide de ces tra-

vaux sont finalement présentés afin d’étudier les comportements de ces assemblages et de rendre

compte de l’impact de certains choix de modélisation.

Sommaire
4.1 Conception géométrique des assemblages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

4.1.1 Dent saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

4.1.2 Assemblage prothétique dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

4.2 Modèles de comportement des tissus biologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

4.2.1 Modélisation mécanique du ligament parodontal . . . . . . . . . . . . . . . . 104

4.2.2 Modélisation mécanique isotrope transverse des tissus durs . . . . . . . . . 106

4.2.3 Méthode de recalage des paramètres élastiques des modèles anisotrope et

isotrope des tissus durs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

95
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

4.3 Influence mécanique de l’anisotropie des tissus durs de la dent saine . . . . . . . 113

4.3.1 Modélisation isotrope : analyse des états de contrainte . . . . . . . . . . . . . 113

4.3.2 Comparaison des modélisations isotrope et isotrope transverse . . . . . . . 117

4.4 Étude mécanique de l’assemblage prothétique dentaire . . . . . . . . . . . . . . . 122

4.4.1 Analyse éléments finis de la dent restaurée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

4.4.2 Simplification du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

4.6 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

96
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

4.1 Conception géométrique des assemblages

Les maquettes numériques de la dent saine et de la dent restaurée ont été conçues et di-

mensionnées à l’aide d’outils CAO en s’appuyant sur des considérations morphologiques [PG01,

WS07]. Les modèles géométriques ont été réalisés en utilisant l’atelier « Generative Shape Design »

(GSD) du logiciel CATIA V5 R21 de l’éditeur Dassault System [Sys11]. GSD est un modeleur hybride

permettant la conception et la manipulation d’entités géométriques linéaires, surfaciques et vo-

lumiques. Des plans annotés de dimensions nominales caractéristiques sont fournis en annexe B.

Du fait de la complexité des modèles géométriques créés, toutes les dimensions n’ont pas pu être

définies de manière lisible. Les fichiers CAO au format STEP (ISO 10303-21 [fS94]) ont donc été

déposés sur la banque de données 3D GRABCAD et sont mis à la disposition de la communauté

en libre accès [Shi18]. Cette partie expose en détail la démarche suivie pour construire les modèles

géométriques des dents saine et restaurée, étape préalable à la génération d’un maillage éléments

finis.

4.1.1 Dent saine

Le modèle géométrique de la dent saine est présenté en figure 4.1, il est constitué de trois

parties : l’émail, la dentine et le ligament parodontal. Étant donné la variabilité naturelle de la

morphologie dentaire, des choix de conception ont été adoptés pour la mise en place du modèle

géométrique virtuel. La modélisation d’une première molaire a été privilégiée dans notre étude

car la rupture de leur restauration est plus fréquente [KVA+ 16]. De plus, seules deux racines ont

été conçues sur la molaire (cette dernière pouvant en posséder jusqu’à quatre).

La conception repose sur la mise en place de courbes 3D utilisées pour la génération de coques

surfaciques fermées. Ces descriptions surfaciques ont ensuite été densifiées afin de créer des vo-

lumes. Enfin, ces derniers font l’objet d’opérations booléenes d’ajout ou de retrait dans le but

d’obtenir les géométries finales.

Les esquisses linéaires ont été dessinées sur des plans parallèles aux plans de références pré-

sentés en figure 4.2. Les trois directions usuellement définies en anatomie dentaire [PG01], et pré-

sentées en figure 4.2a, ont été employées ici comme normales des plans de référence utilisés lors

de la conception (figure 4.2b).

97
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.1 – Modèle géométrique de la dent saine

(a) Directions de références (b) Plans de références

F IGURE 4.2 – Éléments géométriques de référence

98
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

Conception de la partie coronaire

La partie coronaire de la dent (surface extérieure de l’émail) a d’abord été réalisée. Les élé-

ments géométriques utilisés sont inspirés de méthodologies de conception des restaurations de

type couronne employées dans les procédés de CFAO dentaires [SJY+ 04, ZS10]. Les courbes d’es-

quisses situées dans différents plans perpendiculaires aux directions anatomiques de référence

sont présentées en figures 4.3. Les courbes situées dans les plans bucco-linguaux (figure 4.3a) dé-

crivent les crêtes cuspidales (courbes bleues) et la rainure facio-linguale (courbe jaune). La rainure

centrale mésio-distale est tracée en figure 4.3b. Les différentes esquisses dans les plans normaux à

la direction cervico-occlusale ont finalement été dessinées et permettent de reproduire les bom-

bements latéraux de la dent (figure 4.3c).

(a) Esquisses dans les plans bucco-linguaux (b) Esquisse dans le plan mésio-distal

(c) Esquisses dans les plans cervico-occlusaux

F IGURE 4.3 – Conception des courbes supports

Les courbes ainsi créées sont sécantes entre-elles et permettent de définir des sous-courbes

délimitées par ces intersections. Ces sous-courbes sont employées pour générer des carreaux sur-

faciques NURBS à l’aide de la fonction « Remplissage surfacique » de l’atelier GSD. L’assemblage de

99
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

chacun des patchs surfaciques a ensuite permis de définir le contour global de la partie coronaire

de la dent.

Conception de la jonction amélo-dentinaire

La conception surfacique de la jonction entre l’émail et la dentine a été réalisée de manière

similaire à celle de la partie coronaire. Des dimensions différentes ont été utilisées pour la des-

cription géométrique des reliefs, la dentine ne présentant par exemple pas de fosse aussi exagérée

que la surface occlusale de la dent.

Conception des racines

La géométrie des racines a été supposée symétrique par rapport aux plans bucco-lingual et

mésio-distal. La conception de la première racine (figure 4.4) a été réalisée à l’aide de deux es-

quisses situées dans des plans cervicaux-occlusaux et de l’esquisse cervico-occlusale d’ordonnée

nulle de la partie coronaire (figure 4.4a). Ces esquisses ont ensuite été reliées entre elles à l’aide de

segments de droite (figure 4.4b) puis utilisées afin de générer des surfaces NURBS (figure 4.4c).

La conception de la demi-jonction centrale (figure 4.5) entre les racines a été réalisée à l’aide

d’une surface arrondie générée en contact de la racine (figure 4.5a). Cette surface est découpée

puis reliée à l’esquisse cervico-occlusale d’ordonnée nulle à l’aide de surfaces de remplissage

(figure 4.5b). La deuxième partie de la racine est obtenue par symétrie de plan mésio-distal (fi-

gure 4.5c). Enfin les extrémités des racines ont été arondies pour éviter toute discontinuité géo-

métrique.

Conception de la cavité pulpaire

La conception de la pulpe a été réalisée en deux parties. Premièrement le contour supérieur

de la cavité a été modélisé par homothétie de la géométrie coronaire de rapport 0.35 et prenant

pour origine le centre d’inertie du contour externe. Dans un second temps, les canaux pulpaires

ont été modélisés comme étant des surfaces tubulaires orientées dans la direction des racines. Ils

sont générés par une surface de balayage, prenant pour support un demi-disque arrondi au niveau

de ses angles, et ayant pour direction la droite inclinée à 38.1° par rapport à l’axe vertical du plan

médio-distal (figure 4.6). La jonction entre les deux canaux a été réalisée à l’aide d’une méthode

de raccordement similaire à la méthode employée pour la jonction des racines symétriques.

100
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

(a) Esquisses dans les plans cervico-occlusaux (b) Liaisons des différentes esquisses

(c) Génération des surfaces

F IGURE 4.4 – Conception d’une racine

(a) Surface de jonction (b) Liaison sur l’esquisse cervico-occlusale

(c) Assemblage des racines symétriques

F IGURE 4.5 – Jonction des racines

101
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.6 – Géométrie de la cavité pulpaire

Conception du ligament parodontal

La géométrie du ligament parodontal a été réalisée à partir du modèle des racines dentaires.

Des surépaisseurs de 0.4 à 0.5 mm des esquisses cervico-occlusales des racines ont été utilisées

pour créer le modèle (figure 4.7). Les surfaces de la coque externe des racines et du ligament ont

ensuite été reliées à l’aide de remplissages surfaciques.

4.1.2 Assemblage prothétique dentaire

La construction du modèle géométrique de la dent restaurée s’appuie sur le modèle CAO de

la dent saine. Il est composé de quatre parties : la couronne, le joint de scellement, la prépara-

tion dentaire et le ligament parodontal (figure 4.8). Le contour externe global (partie coronaire et

racines), la cavité pulpaire et le ligament sont identiques pour les deux modèles CAO. Les concep-

tions de la prothèse et du joint s’apppuient sur deux surfaces définissant la géométrie du joint de

scellement : l’intrados prothétique et la préparation dentaire.

La conception de la surface de la préparation a été réalisée de manière similaire à celle expo-

sée précedemment. Différentes esquisses ont ainsi été construites sur des plans perpendiculaires

aux directions de références afin de générer ultérieurement un réseau de carreaux surfaciques.

Un angle de 6° pour l’inclinaison de la préparation dentaire ainsi qu’un congé de rayon variant

entre 0.5 et 1 mm ont été définis en bordure de préparation. Cliniquement, ces formes sont la

conséquence de la géométrie conico-sphérique de l’outil et de la courbe décrite par celui-ci lors

de l’opération de fraisage de la préparation par le praticien.

La surface de l’intrados prothétique a ensuite été conçue par projection sur une distance de

102
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.7 – Courbes utilisées pour la conception du ligament parodontal

F IGURE 4.8 – Modèle géométrique de l’assemblage prothétique dentaire (sans le ligament)

103
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

0.2 mm des points définissant la préparation dentaire. La direction de projection a été calculée en

chaque point comme étant la normale à la surface de la préparation (figure 4.9). L’intrados et la

surface de la préparation ont ensuite été reliées par des remplissages surfaciques qui constituent

les bordures libres du joint. Ce modèle surfacique a ensuite été densifié, puis utilisé afin de créer

les géométries volumiques de la prothèse et de la préparation.

F IGURE 4.9 – Géométrie CAO pour du joint de scellement - a. Géométrie 3D b. Cotations sur coupe médiane
(en mm)

4.2 Modèles de comportement des tissus biologiques

Dans les simulations éléments finis préexistantes traitant de la dent saine et de la dent restau-

rée, le comportement mécanique des tissus biologiques est souvent largement simplifié, l’élas-

ticité linéaire isotrope étant souvent adoptée car elle ne nécessite que la connaissance de deux

paramètres matériau. Le caractère anisotrope des tissus durs (émail, dentine) n’est que très rare-

ment pris en compte dans les équations constitutives [SVNC+ 93, MMNZ09, MCM+ 15]. De même,

le ligament parodontal est souvent omis dans les études traitant de la dent restaurée. Dans ce cha-

pitre, une analyse critique est présentée pour justifier la pertinence de ces descriptions simplifiées

et pour quantifier l’effet de ces simplifications. Cette partie présente les différentes lois de compor-

tement qui ont été utilisées pour décrire les tissus biologiques dans les simulations numériques.

4.2.1 Modélisation mécanique du ligament parodontal

Les lois de comportement mécanique adoptées pour les tissus biologiques mous (tendons,

ligament, épiderme, etc) sont fondées sur des modèles hyperélastiques, qui permettent une des-

cription non-linéaire de la réponse élastique en grandes déformations [cle14]. Ces modèles sont

plus classiquement employés dans le cadre de la modélisation mécanique des élastomères tels

que les caoutchoucs.

104
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

TABLEAU 4.1 – Coefficients du modèle de Ogden pour le ligament parodontal [WTY09]

i µi αi
1 −24.42 1.99
2 15.9 3.99
3 8.57 −2

La théorie de l’hyperélasticité postule l’existence d’une densité volumique d’énergie de dé-

formation W qui est fonction du tenseur de déformation de Cauchy-Green C. La relation entre le

tenseur des contraintes de Piola-Kirchoff S et le tenseur des déformations est obtenue par dériva-

tion de cette énergie [LC04] :

∂W(C)
S=
∂C

La fonction densité d’énergie W est définie positive, polyconvexe et respecte le principe d’ob-

jectivité. La configuration de référence est libre de contrainte. Dans la littérature, plusieurs mo-

dèles basés sur ce formalisme ont ainsi été construits. Ils peuvent être classés en deux catégories :

les modèles dits phénoménologiques, fondés sur la reproduction de résultats expérimentaux, et

les modèles micromécaniques, qui prennent en compte certaines spécificités de la microstructure

du matériau [VER18].

Dans cette étude le choix s’est porté sur le modèle hyperélastique d’Ogden [Ogd72], l’un des

plus utilisés pour décrire le comportement élastique isotrope en grandes déformations. Le modèle

d’Ogden formule une expression de la densité d’énergie de déformation à partir des élongations

principales (λi ) :

n µ
X i α α α
W(λ1 , λ2 , λ3 ) = 2
(λ1 i + λ2 i + λ3 i − 3)
i =1 αi

où (µi , αi ) sont les constantes élastiques du matériau. Les coefficients ont été identifiés pour

un ligament parodontal humain dans les travaux de Wu et al. [WTY09] et sont reportés en ta-

bleau 4.1. La réponse de ce modèle dans le cas d’un chargement de traction pure est tracée en

figure 4.10. Ces résultats ont été utilisés dans les simulations éléments finis de ce chapitre dans la

mesure où les publications concernant l’identification d’une loi de comportement hyperélastique

sur des tissus humains restent rares.

L’anisotropie de ce tissu n’a pas été prise en compte dans le cadre de cette étude, l’introduction

d’un champ d’orientation pour décrire l’arrangement des fibres de collagène autour des racines

dentaires nécessiterait d’effectuer des études supplémentaires. De même, le caractère viscoélas-

105
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.10 – Réponse hyperélastique non-linéaire adoptée pour modéliser le comportement du ligament
parodontal

tique du ligament a été négligé dans les modélisations dans ces travaux [FTMC12].

4.2.2 Modélisation mécanique isotrope transverse des tissus durs

Dans certaines simulations, le caractère anisotrope de l’émail et de la dentine ont été pris en

compte, ces tissus présentant une organisation microstructurale à l’origine d’un comportement

isotrope transverse. La dentine possède en son sein des tubules orientés depuis la cavité pulpaire

vers les racines dentaires et la jonction émail/dentine avec une orientation non constante d’un

point à l’autre. L’émail présente des prismes orientés depuis la jonction jusqu’à la surface externe

de la dent (voir chapitre 1.1 figures 1.2 et 1.3). Les tissus dentaires ont de ce fait été considérés

comme étant des matériaux présentant une unique direction préférentielle induite par la présence

des tubules ou des prismes. Le comportement des deux tissus a donc été modélisé par une loi de

comportement élastique isotrope transverse [BS02] :

    
1 ν ν
 ǫxx   Et − Ettt − Etll 0 0 0  σxx 
    
 ǫ y y  − νt t 1 ν
− Etll 0 0 0 
    
σ y y 
   Et Et  
    
  ν ν 1
 ǫzz  − Ettl − Ettl 0 0 0   σzz 
  
 = El  
1
    
2ǫ y z   0 0 0 0 0  σ y z 
 
   Gt l 
    
2ǫxz   0 1
0 0 0 0 
    
Gt l
σxz 
    
    
1
2ǫx y 0 0 0 0 0 Gt t σ x y

Dans cette expression E t , El sont respectivement les modules transverse et longitudinal, νt l ,

106
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

νt t sont les coefficients de Poisson associés, Gt l le module de cisaillement dans la direction longi-

tudinale et Gt t le module de cisaillement dans la direction transverse.

Constantes élastiques implémentées

Pour la modélisation de la dentine, les résultats de travaux (non publiés) concernant la carac-

térisation des propriétés isotropes transverses via un modèle multi-échelle dérivé des travaux de

Hashin et Rosen [HR64] ont été utilisés. Les propriétés macroscopiques ont ainsi été calculées à

partir des propriétés mécaniques des constituants microscopiques de la dentine (dentine intertu-

bulaire et péritubulaire) obtenues par nano-indentation.

Les valeurs utilisées pour l’émail sont extraites des travaux de Dandan et al. issues de me-

sures expérimentales obtenues à l’aide de la spectroscopie à résonance d’ultrason (Resonant Ul-

trasound Spectroscopy) [DFW+ 17]. Les coefficients élastiques sont regroupées dans le tableau 4.2.

TABLEAU 4.2 – Coefficients élastiques des tissus durs

Matériau El (GPa) E t (GPa) νt l νt t Gt l Gt t Ei so νi so


Dentine 21.7 17.4 0.43 0.38 6.3 6.8 18.3 0.40
Émail [DFW+ 17] 77.7 69.4 0.26 0.26 38 30.8 76.1 0.25

Champ d’orientation de la dentine

L’utilisation d’une telle loi de comportement au sein du modèle nécessite de définir en pa-

rallèle les champs d’orientations décrivant la direction des tubules dans la dentine et celle des

prismes dans l’émail. Si l’on trouve dans la littérature quleques articles tenant compte de l’ani-

sotropie des tissus dentaires, le formalisme mathématique permettant la description du champ

d’orientation n’y est pas précisé [MMNZ09].

A l’échelle “macroscopique”, il a été observé que les tubules sont généralement disposés sous

la forme d’un “éventail” autour de la cavité pulpaire en émanant depuis la pulpe jusqu’à la fron-

tière externe (figure 4.11) [FP15]. Cette disposition est la conséquence de la croissance et de la ma-

turation du tissu dentinaire au cours de la dentinogénèse. Dans nos modèles numériques, nous

avons adopté une approximation du champ d’orientation en tout point de la dentine sur la base

de certaines entités géométriques du modèle CAO virtuel (figure 4.12).

Dans ce but, nous avons considérés chaque point M de la dentine comme appartenant à un

cône de révolution prenant pour axe la droite “centrale” ∆1 ou ∆2 du canal pulpaire le plus proche,

et passant par un point OM défini arbitrairement sur l’axe médian ∆ de la structure dentaire (fi-

gure 4.12). L’orientation locale au point M est définie comme étant la direction entre M et le som-

107
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.11 – Représentation schématique de l’orientation des tubules et des prismes d’émail [New00]

met S du cône ainsi calculé.

Dans le repère orthonormé R(O,~


x ,~
y ,~
z) on postule donc pour tout point M de la dentine D :

∀M(x, y, z) ∈ D, M ∈ C (∆i , S)

avec C (∆i , S) le cône de révolution d’axe ∆i de direction −


n−→
∆i et de sommet S. Le point OM est

défini sur l’axe médian pour chaque point M de manière arbitraire tel que :

∀M(x, y, z) ∈ D ⇒ OM (0, 0, z − 2)

Soit O⊥ −

M le point projeté de OM sur ∆i on définit le vecteur unitaire n o tel que :

−−−−−→

→ OM O⊥M
no = ⊥
||OM OM ||

On se place dans le repère orthonormé R C (O⊥ −


→→ − −−→
M , n o , y , n ∆i ) pour décrire la surface conique

C (∆i , S) (figure 4.12). Dans ce nouveau repère le point M a pour coordonées :

−−−→ −

xC = O⊥ →
M M.n o






 yC = y

 −−−→ −−→
 zC = O⊥M M.n ∆i

108
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.12 – Description géométrique pour l’orientation des tubules

Dans le repère R C les cônes de révolution C admettant ∆i pour axe et passant par O⊥
M et M

ont pour équation :

à !2
2 2 2
||OM O⊥
M ||
xC +y = zC
h

avec h la distance entre O⊥


M et le sommet S :

2
||OM O⊥
M ||
h = ±z C q
2
xC + y2

Il existe donc deux cônes de révolutions solutions de cette équation. Dans la description adop-

tée, nous avons toujours utilisé la valeur positive de h afin de respecter au mieux la disposition

réelle des tubules.

Le vecteur dirigeant l’orientation des tubules au point M est finalement calculé :

−−→ −−→
MS = M − (O⊥
M + h ∗ n ∆i )

109
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

La disposition des vecteurs orientations calculés au centre de chaque élément finis d’un maillage

de la dentine est présentée en figure 4.13. Si la méthode permet d’obtenir un champ d’orientation

visuellement proche de l’arrangement réel des tubules, les travaux développés pourront être lar-

gement optimisés par le biais de corrélations avec des observations microscopiques réalisées sur

une dent réelle. En particulier, le calcul du point OM pour chaque point M est un paramètre agis-

sant sur l’angle du cône de révolution. La valeur choisie dans ce modèle permet de mettre en place

des cônes quasi-plats, en accord avec une observation aux premiers abords de la dentine, mais des

recalages sur ce paramètre pourraient être effectués par la suite.

F IGURE 4.13 – Champ d’orientation implémenté - dentine

Le champ vectoriel ainsi développé pourrait également être utilisé dans le cadre de l’extrac-

tion d’éprouvettes de tissus dentaires. En effet, pour caractériser le comportement anisotrope

de la dentine, il est difficile de réaliser des éprouvettes de tissu tout en contrôlant parfaitement

l’orientation des tubules. L’emploi d’une méthode d’acquisition de la géométrie interne de la dent,

comme la micro-tomographie à rayons X, combinée à un tel champ descriptif serait particulière-

ment intéressante pour extraire les propriétés mécaniques de la dentine par une méthode inverse.

Il cependant important de noter que la courbure réelle des tubules est en réalité plus complexe,

les tubules présentant une forme ondulée proche d’une sinusoïde [MN96, VWG+ 17].

110
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

Champ d’orientation de l’émail

Une méthode similaire a été employée pour définir le champ d’orientation de l’émail. Dans

ce tissu, ce sont les directions des prismes d’émail qui confèrent l’anisotropie. Géométriquement

il a été observé que les prismes émanaient depuis la jonction amélo-dentinaire jusqu’au contour

externe de la dent [AA02].

Le déploiement du champ d’orientation a également fait l’objet de simplifications au regard du

cas réel. La direction en chaque point a été calculée à partir du centre d’inertie du contour externe

de l’émail dans le plan cervico-occlusal d’ordonnée nulle. La disposition des vecteurs orientations

calculés au centre de chaque élément fini d’un maillage de l’émail est présentée en figure 4.14.

F IGURE 4.14 – Champ d’orientation implémenté - émail

4.2.3 Méthode de recalage des paramètres élastiques des modèles anisotrope et iso-

trope des tissus durs

Afin de comparer les modélisations des comportements anisotrope et isotrope des tissus durs

par le biais de simulations numériques, une méthode d’identification a été appliquée afin de mi-

nimiser les écarts entre les deux comportements. La méthode est basée sur l’algorithme de mini-

misation de distance entre les matrices d’élasticité isotrope et anisotrope proposé par N. Norris

[Nor05]. Dans notre étude nous utilisons la distance de Frobenius (ou Eulérienne), définie pour

deux matrices A, B de même dimension telle que :

d F (A, B) = [t r ((A − B)T (A − B))]1/2

L’algorithme s’appuie sur la méthode de décomposition du tenseur de rigidité élastique iso-

111
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

trope Ci so proposée par Walpole en vue de simplifier le calcul algébrique en élasticité [Wal84] :

Ci so (3κ, 2µ) = 3κJ + 2µK

avec κ le module d’élasticité de compressibilité et µ le module de cisaillement. J et K étant des

matrices employées pour décrire les symétries du tenseur.

 
1 1 1
3 3 3 0 0 0
 
1 1 1
0 0 0

3 3 3


 
1 1 1
0 0 0

3 3 3
J=



0 0 0 0 0 0
 
 
0 0 0 0 0 0
 
 
 
0 0 0 0 0 0

K = I−J

Les modules κ et µ pour la description isotrope la plus proche du matériau considéré sont ainsi

recherchés. Il a été démontré que la minimisation de la distance de Frobenius d F entre le tenseur

de rigidité isotrope transverse Ct r ansv et le tenseur isotrope recherché Ci so conduit aux relations

suivantes :

t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv


9κ = c 11 + c 22 + c 33 + 2(c 12 + c 23 + c 31 )

t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv


30µ = 2(c 11 + c 22 + c 33 − c 12 − c 23 − c 31 ) + 3(c 44 + c 55 + c 66 )

avec c it rj ansv les composantes de Ct r ansv .

De même, les modules κ et µ peuvent être déterminés en minimisant la distance entre les

matrices de souplesse élastique isotrope transverse S t r ansv et S i so ce qui conduit à :

1 t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv


= s 11 + s 22 + s 33 + 2(s 12 + s 23 + s 31 )
κ
15 t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv t r ansv
= 2(s 11 + s 22 + s 33 − s 12 − s 23 − s 31 ) + 3(s 44 + s 55 + s 66 )

En connaissance de κ et de µ, les constantes élastiques usuelles peuvent être calculées. Le

module de Young E et le coefficient de Poisson ν sont donnés par les expressions :

112
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

3κ − 2µ
ν=
6κ + 2µ

E = 3κ(1 − 2ν)

La distance de Frobenius ne donne pas une unique solution à ce problème, les résultats fournis

par C ou son inverse étant proches mais différents. Les simulations considérant un comportement

élastique isotrope ont été réalisée en moyennant pour chaque coefficient les valeurs obtenues par

les deux recalages. Les constantes isotropes calculées à partir des propriétés isotropes transverses

présentées précédemment sont fournies en tableau 4.2.

4.3 Influence mécanique de l’anisotropie des tissus durs de la dent saine

Dans cette section, les résultats des modélisations éléments finis de la dent saine mises en

place à partir des modèles géométriques et des lois de comportement identifiées dans ce chapitre

sont présentés. L’état de contrainte de l’organe dentaire sollicité par un effort de mastication cen-

tré est préalablement étudié afin identifier les zones particulièrement sollicitées de la structure. La

pertinence de la modélisation du comportement isotrope transverse de la dentine et de l’émail a

ensuite été évaluée.

4.3.1 Modélisation isotrope : analyse des états de contrainte

Modélisation éléments finis du problème

Cette première étude considère un modèle constitué de l’émail, de la dentine et du ligament

parodontal (PDL). Les modèles géométriques décrits dans le sous-chapitre 4.1.1 sont utilisées

dans cette simulation. Le comportement hyperélastique traité précédemment décrit le compor-

tement mécanique du PDL, tandis que les tissus durs (émail, dentine) sont considérés élastiques

linéaires isotropes. Les coefficients élastiques utilisés sont présentés en tableau 4.2.

Les conditions aux limites et le chargement appliqué sont résumés sur la figure 4.15. Les inter-

faces entre les différentes parties du modèle ont été supposées parfaites. La fonction “Tie Constraint”

d’ABAQUS a été utilisée pour assurer cette condition cinématique. La coque externe du PDL a été

considérée encastrée dans un support infiniment rigide. Cette dernière hypothèse revient à sup-

poser que l’élasticité de l’os alvéolaire sous-jacent n’affecte pas le champ des contraintes dans la

dent.

Un chargement de pression uniforme et égal à 50 MPa est appliqué sur une surface issue de

113
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.15 – Modélisation mécanique par éléments finis - dent saine

TABLEAU 4.3 – Caractéristiques des maillages éléments finis de la dent saine

Pièce Nombre d’éléments Taille min. moyenne (mm) Taille max. moyenne (mm)
Dentine 166362 0.255 0.414
Émail 126048 0.274 0.440
PDL 181992 0.155 0.250

la projection d’un disque centré de rayon 1.5 mm sur la surface occlusale de la dent. La pression

masticatoire utilisée est ainsi en accord avec les chargements physiologiques présentés dans le

sous chapitre 1.2.5.

Les maillages 3D ont été réalisés à l’aide d’éléments finis tétraédriques quadratiques à 10

noeuds (C3D10) avec des fonctions de forme paraboliques. La formulation hybride a été employée

pour les éléments finis décrivants le PDL afin d’éviter les problèmes de divergence en grandes dé-

formations. Le nombre d’éléments finis par pièce et leurs dimensions caractéristiques sont pré-

sentés en tableau 4.3. Le calcul a été effectué avec le code de calcul SIMULIA/ABAQUS 6.11 et pa-

rallélisé sur 20 processeurs pour une durée totale de 15775 s, soit approximativement 4.38 heures

de calcul.

Résultats

L’analyse de l’état mécanique des tissus durs de la dent est réalisée dans une première ap-

proche en considérant les contraintes principales maximales σ1 (avec σ1 > σ2 > σ3 ). En effet

ces tissus ont des propriétés mécaniques voisines des matériaux céramiques et présentent un

114
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

comportement élastique fragile similaire, sensible aux sollicitations de traction. Les champs des

contraintes σ1 sont présentés pour l’émail et la dentine en figure 4.16. Sont distingués sur ces fi-

gures des zones d’intérêts (ZOI pour “Zone Of Interest”) particulièrement sollicitées en traction.

(a) Email

(b) Dentine

F IGURE 4.16 – Champs des contraintes principales maximales σ1

Quatre ZOI ont été identifiées au sein de l’émail (figure 4.16a). En ZOI 1 la présence de contraintes

σ1 assez élevées est directement liée au chargement mécanique imposé. La contrainte principale

maximale dans cette zone atteint 13 MPa. L’examen plus détaillé des contraintes principales dans

cette zone révèle que σ1 et σ2 sont significativement différentes, la sollicitation semble ainsi être

de type traction uniaxiale.

Les ZOI 2 et 3 situées sur les parois bucco-linguales de l’émail mettent également en évidence

des sollicitations de traction. Les contraintes principales maximales y atteignant 30 MPa pour σ1

et 7 MPa pour σ2 . La direction principale correspondante est approximativement tangente à la

jonction dentine/émail, l’application du chargement gènerant ainsi des contraintes circonféren-

tielles de traction. La ZOI 4 localisée sous le chargement est soumise à des contraintes atteignant

28 MPa pour σ1 et 17 MPa pour σ2 , cette de sollication étant donc proche d’un état de bi-traction.

L’analyse du champ des contraintes dans la dentine révèle trois ZOI sollicitées en traction. La

115
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

ZOI 5, en contact avec la ZOI4 de l’émail, est soumise à des contraintes atteignant 6.5 MPa pour

σ1 et 4.5 MPa pour σ2 . La surface supérieure de la cavité pulpaire (ZOI 6) fait également l’objet de

sollicitations atteignant 13.5 MPa pour σ1 et 11 MPa pour σ2 . La dentine est donc moins sollicitée

que l’émail.

Des contraintes atteignant 17 MPa pour σ1 et 10 MPa pour σ2 sont constatées au niveau de la

jonction entre les racines (ZOI 7). Ces contraintes élevées sont tributaires de la configuration géo-

métrique choisie lors de la conception CAO. Des sollicitations élevées sont également constatées

sur la ligne externe de la jonction amélo-dentinaire. Ces contraintes sont dues à la discontinuité

des propriétés mécaniques entre les deux tissus joints sur ce bord libre.

Les cartographies des champs des contraintes principales minimales σ3 et principales maxi-

males σ1 du ligament parodontal sont présentées en figure 4.17. Elles montrent que celui-ci est

principalement soumis à des contraintes de compression. Le ligament est peu sollicité au niveau

de sa zone supérieure (à proximité de la gencive), les contraintes de compression les plus élevées,

de l’ordre de 5 MPa se situant en partie basse du ligament (les contraintes de traction relevées sont

liées à une singularité géométrique).

F IGURE 4.17 – Champs des contraintes dans le PDL - a. contrainte principale maximale - b. contrainte prin-
cipale minimale

Cette étude a ainsi permis de fournir des premiers résultats concernant le comportement mé-

canique de la structure dentaire saine. Par la suite il serait nécessaire de réaliser d’autres simula-

tions considérant par exemple des chargement mécaniques plus complexes (qui seront abordés

dans le cadre de l’étude de la dent restaurée). La modélisation du comportement mécanique de

la jonction amélo-dentinaire n’a pas été prise en compte dans cette étude et pourrait faire l’objet

d’une étude spécifique (section 1.1.4). En effet, les écarts dimensionnels entre la hauteur totale de

la dent (≈ 15 mm ) et l’épaisseur de la jonction (≈ 10µm ) étant trop importants pour le mode-

leur CAO. Certaines études traitant de ces structures à gradient de propriétés nous renseignent sur

116
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

le phénomène de diminution de contrainte induit par ce type d’interface [HWT+ 07]. Il est donc

probable que les contraintes relevées en ZOI 4 et ZOI 5 soient surestimées.

Il est intéressant de noter que des fissures s’initiant depuis la zone cervicale de la dent sont

cliniquement observées au sein de l’émail (figure 4.18). Ces fissures, communément appelées “M-

Cracks” initient depuis des défauts naturels de l’émail (les “lamellaes”) [BKB+ 11, LLC10]. Si l’im-

plication de la mastication dans ce phénomène est couramment présupposée, le modèle éléments

finis permet de mettre en évidence des sollicitations de traction localisées au même endroit (ZOI

2 et 3) et pouvant donc favoriser l’ouverture de tels défauts.

F IGURE 4.18 – M-cracks, particulièrement mises en évidence chez les primates (Orang-outan) [BKB+ 11]

4.3.2 Comparaison des modélisations isotrope et isotrope transverse

Dans le cadre de l’analyse mécanique de la dent saine ou restaurée, le caractère anisotrope

des tissus durs (dentine ou émail) est rarement pris en compte. Cette simplification de l’isotropie

transverse est également courante dans le cadre de la modélisation de l’os cortical, un autre tissu

dur du corps, où l’anisotropie induite par les ostéons est souvent négligée [Cow01]. Néanmoins,

la validité de cette hypothèse est largement documentée dans le cas de l’os [PBZZ06, BHMD08,

YMG10]. Dans cette étude, la pertinence de cette hypothèse est évaluée pour les tissus dentaires.

Trois simulations ont été réalisées afin d’évaluer l’impact de la modélisation de l’anisotro-

pie des tissus. Les différentes configurations sont listées en tableau 4.4. Le PDL n’est pas consi-

déré dans cette étude, la condition d’encastrement ayant donc été reportée sur la surface externe

des racines dentaires. Les autres éléments de la modélisation (conditions aux limites, charge-

ment mécanique) sont similaires à la partie précédente et les maillages employés sont rigoureu-

sement identiques pour chacun des modèles. Les coefficients élastiques implémentés et le calcul

du champ d’orientation ont été présentés en section 4.2.2.

117
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

TABLEAU 4.4 – Modèles étudiés pour la dent saine

Dentine Émail
ST1 isotrope isotrope
ST2 isotrope transverse isotrope
ST3 isotrope isotrope transverse

Modélisation isotrope transverse de la dentine

L’impact de la modélisation de l’isotropie transverse de la dentine est étudié en comparant les

champs des contraintes issus des simulations ST1 et ST2 (tableau 4.4).

Afin de comparer les résultats des deux simulations, des critères δi sont calculés pour chaque

point d’intégration du maillage éléments finis :

δi = σST1
i − σST2
i

avec σST1
i
et σST2
i
respectivement les contraintes principales des simulations ST1 et ST2 et

i = 1, 2, 3.

Les valeurs minimales, maximales et moyennes pour chacun de ces critères δi calculées dans

les maillages de l’émail et de la dentine sont regoupées dans le tableau 4.5. Les distributions des

critères δ1 et δ3 pour les maillages de la dentine et de l’émail sont présentées en figure 4.19.

TABLEAU 4.5 – Caractéristiques des critères δi en (MPa) - dentine orthotrope

Dentine Émail
δ1 δ2 δ3 δ1 δ2 δ3
Minimum −4.01 −3.81 −4.19 −1.59 −2.52 −3.10
Maximum 4.57 5.35 4.09 0.59 1.57 1.16
Moyenne 0.06 0.08 0.05 −0.04 0.00 0.01

En moyenne et sur la quasi totalité du modèle la modélisation de l’isotropie transverse de la

dentine affecte peu l’état de contraintes de la dent. Cependant, certaines zones sont plus forte-

ment modifiées (valeurs min. et max. du tableau 4.5) en particulier dans la dentine. Les représen-

tations 3D des champs des critères (générées avec ABAQUS) permettent d’analyser leurs localisa-

tions (figure 4.20).

Le champ des critères δ1 (figure 4.20a) montre que la contrainte principale maximale σ1 est si-

gnificativement modifiées au niveau de la jonction dentine/émail externe. Cependant, ces valeurs

semblent être la conséquence des fortes discontinuités dans les propriétés implémenée d’un élé-

ment à l’autre. Les contraintes des tractions présentées en ZOI 5 sont augmentées de 0.5 MPa sur

la modélisation isotrope transverse. Les critères δ3 (figure 4.20b) permettent d’analyser les écarts

118
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.19 – Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - dentine orthotrope

des sollicitations de compression au sein de la dentine, il est notamment observé une diminution

de ces contraintes au niveau des parois de la pulpe ainsi qu’au niveau de l’intersection entre les

racines (de l’ordre de 1.5 MPa).

(a) δ1 - dentine orthotrope (b) δ3 - dentine orthotrope - coupe bucco-


linguale

F IGURE 4.20 – Champs des critères δ1 et δ3 - dentine orthotrope

119
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

TABLEAU 4.6 – Caractéristiques des critères δi en (MPa) - émail isotrope transverse

Dentin Enamel
δ1 δ2 δ3 δ1 δ2 δ3
Minimum −1.11 −1.29 −1.93 −3.98 −2.57 −5.00
Maximum 0.94 0.95 0.97 2.39 2.51 3.37
Mean 0.02 0.01 0.00 −0.03 −0.01 0.01

Modélisation isotrope transverse de l’émail

Une démarche similaire a été entreprise afin d’étudier l’orthotropie de l’émail en comparant

les modélisations ST1 et ST3 (tableau 4.4). La première simulation (ST1) considère un comporte-

ment isotrope pour la dentine et l’émail tandis que le second modèle (ST3) considère l’isotropie

transverse de l’émail. Les critères δi sont calculés pour chaque point d’intégration du maillage

éléments finis :

δi = σST1
i − σST3
i

avec σST1
i
et σST3
i
les contraintes principales des simulations ST1 et ST3 et i = 1, 2, 3.

Les valeurs minimales, maximales et moyennes pour chacun de ces critères calculées dans

les maillages de l’émail et de la dentine sont regroupées dans le tableau 4.6. Les distributions des

critères δ1 et δ3 pour les maillages de la dentine et de l’émail sont présentées en figure 4.21.

F IGURE 4.21 – Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - émail isotrope transverse

120
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

Similairement à la dentine, la prise en compte de l’isotropie transverse de l’émail a peu d’in-

fluence sur les états de contraintes dans la dent à l’echelle macroscopique. Localement, la prise en

compte de l’anistropie augmente les sollicitations de traction sur les surfaces latérales de l’émail

(≈ 1 MPa) ainsi qu’a proximité de la zone de chargement (≈ 2 MPa) (figure 4.22a). Les contraintes

situées à l’interface dentine/émail (zone ZOI 4) se trouvent diminuées pour la modélisation ortho-

trope (≈ -4 MPa) (figure 4.22b). Le champ des critères σ3 montre des différences sur la ligne externe

de la jonction dentine/émail ainsi que sur ses parois bucco-linguales (≈ 3.5 MPa) (figure 4.22c).

(a) δ1 (b) δ1 - coupe mésio-distale

(c) δ3 - coupe bucco-linguale

F IGURE 4.22 – Champs des critères δ1 et δ3 - émail isotrope transverse

Conclusions

Ces résultats indiquent que la prise en compte du caractère anisotrope des tissus dentaires a

peu d’effet dans l’évaluation des contraintes mécaniques. De fait, ce constat est assez logique dans

la mesure où le degré d’anisotropie est faible en termes de propriétés élastiques. La complexité de

la structure dentaire n’a cependant pas été abordée dans son intégralité et des développements

ultérieurs pourraient être réalisés pour enrichir le modèle développé dans ces travaux. En particu-

lier, la modélisation de la variation des propriétés élastiques des tissus, en lien avec l’évolution de

la microsctructure au sein de la dent, permettrait d’approfondir notre connaissance du compor-

tement mécanique de la dent saine. Nous considérons dans la suite des travaux que l’anisotropie

des tissus dentaires peut être négligée dans le cadre de l’étude de la dent restaurée.

121
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

4.4 Étude mécanique de l’assemblage prothétique dentaire

L’étude mécanique de l’assemblage prothétique dentaire réalisée au chapitre 2 sur un modèle

mécanique 2D axisymétrique est approfondie via la mise en place d’une modélisation 3D virtuelle

du problème. Outre le fait que cette géométrie est plus représentative d’un cas réel, la construc-

tion d’un modèle 3D a permis d’incorporer un mode de chargement non-symétrique, plus proche

de la mastication réelle. La première étude a donc été focalisée sur l’analyse de l’état de contrainte

mécanique dans la prothèse et dans le joint de scellement. Dans un deuxieme temps, un mo-

dèle mécanique dont la description est limitée aux entités géométriques disponibles au sein de

la chaîne numérique des procédés CFAO est mis en place. La pertinence de cette modélisation

simplifiée vis à vis du modèle complet est finalement évaluée.

4.4.1 Analyse éléments finis de la dent restaurée

Modéle mécanique implémenté

L’assemblage prothétique dentaire est composé de la couronne, du joint de scellement, de la

préparation dentaire et du ligament parodontal (PDL). Le comportement hyperélastique présenté

en sous-chapitre 4.2.1 est considéré pour le PDL. Les autres matériaux de l’assemblage sont consi-

dérés élastiques linéaires et isotropes. Les coefficients adoptés sont présentés en tableau 4.7.

Les conditions aux limites sont résumées en figure 4.23. Les interfaces entre les quatre parties

ont été considérées comme étant parfaites. Elles ont été modélisées dans le code de calcul ABA-

QUS par la fonction « Tie Constraint ». La coque externe du ligament parodontal est considérée

comme étant encastrée dans un support infiniment rigide.

Deux cas de chargement mécanique appliqués sur une surface issue de la projection d’un

disque de rayon 1.5 mm sur la surface occlusale de la prothèse ont été considérés :

— un chargement normal de 50 MPa ;

— un chargement de 50 MPa décomposé en une composante normale (46.9 MPa) et une com-

posante tangentielle (17.1 MPa) orientée dans la direction mésiodistale.

Le maillage 3D a été réalisé avec des éléments finis tétraédriques quadratiques à 10 noeuds

(C3D10). La formulation hybride a été employée pour le maillage du PDL. Les caractéristiques du

maillage EF sont présentées dans le tableau 4.8. Les calculs ont été parallélisés sur 20 processeurs

pour une durée de 11.56 heures pour le chargement centré et 14.24 heures pour le chargement

incliné.

122
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.23 – Modélisation mécanique du problème - dent restaurée

TABLEAU 4.7 – Coefficients élastiques des matériaux de la dent restaurée

Matériau E(GPa) ν
Céramique 80.0 0.30
Composite 5.0 0.35
Dentine 18.3 0.25

TABLEAU 4.8 – Caractéristiques du maillage éléments finis de la dent restaurée

Pièce Nombre d’éléments Taille min. moyenne (mm) Taille max. moyenne (mm)
Couronne 442428 0.179 0.288
Joint 155196 0.111 0.162
Préparation 268542 0.135 0.362
PDL 181992 0.155 0.250

123
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

Résultats

La première contrainte principale σ1 dans la prothèse est présentée en figure 4.24 pour le mo-

dèle à chargement normal et en figure 4.25 pour le modèle à chargement incliné. Des zones d’in-

térêts ont été identifiées et utilisées pour le post traitement des deux modèles (figure 4.24b). Les

intensités des contraintes principales pour les deux modèles au niveau des zones d’intêrets sont

présentées en tableau 4.9. σ1 étant la première contrainte principale et σ2 la deuxième contrainte

principale.

(a) Vue de dessus (b) Vue de dessous

F IGURE 4.24 – Champ de contrainte principale maximale σ1 - cas de chargement normal

(a) Vue de dessus (b) Vue de dessous

F IGURE 4.25 – Champ de contrainte principale σ1 - cas de chargement incliné

Dans les deux modèles, la prothèse présente des contraintes de traction σ1 et σ2 élevées au

niveau de la ZOI 1, la prothèse se trouvant ainsi dans un état de bi-traction, similairement aux

modélisations effectuées au chapitre 2. Une partie des ruptures cliniques initiant à cet endroit,

cette zone semble revêtir une importance capitale dans la tenue mécanique de la prothèse.

Pour le cas de chargement “normal”, des contraintes très élevées sont relevées pour la contrainte

124
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

TABLEAU 4.9 – Intensités maximales des contraintes σ1 et σ2 aux ZOI

Chargement Composante principale ZOI1 ZOI2 ZOI 3


σ1 39.6 15.9 16.6
Normal
σ2 36.2 3.1 2.8
σ1 38.4 51.0 13.6
Composé
σ2 34.1 12.6 8.1

principale maximale σ1 au niveau des parois bucco-linguales de la prothèse (ZOI 2 et 3). Cette ob-

servation n’a pas été réalisée dans le modèle 2D axisymétrique. Ces contraintes sont similaires à

celles observées sur l’émail dans la partie précédente. L’application d’un chargement incliné fait

significativement basculer ces contraintes sur la paroi linguale de la prothèse (σ1 = 51 MPa). L’ob-

servation du cycle masticatoire indique que ce type de chargement est plus réaliste (section 1.2.4)

qu’un chargement normal. En revanche, dans le cas réel il n’existe pas de sens préférentiel, les

cycles ayant lieu dans un sens ou dans l’autre. En pratique, il est donc possible que la prothèse soit

sollicitée de part et d’autre de ses parois bucco-linguales.

D’autre part, il est important de noter que cette zone de sollicitation coïncide avec un autre

mode de rupture fréquent, où la fissuration s’initie depuis la ligne cervicale de la prothèse (sec-

tion 1.4.2). De manière similaire aux contraintes observées sur l’émail, la direction principale

orientant σ1 est tangentielle à la ligne cervicale et semble donc particulièrement propice à l’ouver-

ture d’une fissure. Contrairement à la ZOI 1, où la céramique est sollicitée dans un endroit confiné,

en ZOI 2 et ZOI 3 la céramique est directement exposée au milieu buccal et subit une dégradation

hydrolitique qui a pour effet d’abaisser sa ténacité.

(a) Chargement normal (b) Chargement composé

F IGURE 4.26 – Contraintes de von Mises dans le joint de scellement

Les champs de la contrainte équivalente de von Mises pour le joint de scellement pour les

125
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

deux configurations sont présentés en figure 4.26. Les résulats de la simulation montrent que le

joint est principalement sollicité sous le chargement mécanique appliqué ainsi qu’au niveau de

la ligne cervicale. Pour le chargement normal, les zones les plus sollicitées se situent sur la bor-

dure mésiale, tandis qu’elles se situent au niveau des parois bucco-linguales pour le chargement

incliné. Vis à vis du modèle 2D axisymétrique, la modélisation du problème en 3D permet ainsi de

distinguer plus précisemment les zones sollicitée en bordure cervicale du joint.

4.4.2 Simplification du modèle

Dans cette partie, un modèle mécanique limité aux données géométriques contenues dans la

chaîne numérique des procédés CFAO dentaires est présentée. Ces données contiennent la géo-

métrie de la préparation et la géométrie de la restauration prothétique. On postule que la géo-

métrie du joint peut être déduite de l’intrados prothétique et de la préparation (cf chapitre 5).

Le modèle ainsi généré est comparé au modèle complet (intégrant le ligament parodontal et les

racines dentaires) afin d’estimer l’impact de cette simplification sur l’état de contrainte dans la

prothèse.

Modélisation réduite de la dent restaurée

Afin de reproduire la présence des racines et pour appliquer au modèle des conditions aux

limites proches de celles du cas réel, une extrusion de la base sur une distance de 10 mm a été

réalisée (figure 4.27). Hormis la condition d’encastrement, qui est reportée sur la base de la pré-

paration, et le maillage de la préparation, la modélisation mécanique est identique à la simulation

précédente (conditions aux limites, matériaux). Le chargement incliné défini précédemment a été

considéré dans cette étude. Le maillage de la préparation modifiée est séparé en deux partie : la

partie supérieure (244840 éléments de tailles comprises entre 0.01 et 0.56 mm) et la partie obtenue

par extrusion (7350 éléments de tailles comprises dimensions entre 0.2 et 0.65 mm). Les maillages

du joint de scellement et de la prothèse sont identiques à l’étude précédente.

Comparaison avec la modélisation complète

Le champ de la première contrainte principale σ1 dans la couronne céramique est présenté sur

la figure 4.28. Les intensités des contraintes au niveau des ZOI sont regroupées en tableau 4.10.

L’analyse des simulations réalisées avec le modèle simplifié a permis d’identifier les zones par-

ticulièrement sollicitées présentes sur le modèle complet : sous le chargement (ZOI 1) et au niveau

126
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

F IGURE 4.27 – Modélisation simpliée de la dent restaurée

(a) Vue de dessus (b) Vue de dessous

F IGURE 4.28 – Champs des contraintes principales σ1 - chargement composé - modélisation simplifiée

TABLEAU 4.10 – Intensités maximales des contraintes principales σ1 et σ2 aux ZOI

Modèle Composante principale ZOI1 ZOI2


σ1 33.0 18.6
Simplifié
σ2 30.2 5.4
σ1 38.4 51.0
Complet
σ2 34.1 12.6

127
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

de la ligne cervicale du côté lingual (ZOI 2). L’intensité des contraintes est relativement peu mo-

difiée dans la ZOI 1, cette zone étant donc peu affectée par les simplifications effectuées. Notam-

ment, la modélisation du ligament parodontal ne semble pas avoir d’effet sur les contraintes dans

cette zone.

Sur les parois de la prothèse (ZOI 2), des contraintes de traction élevées sont mesurées pour le

modèle simplifié (≈ 20 GPa). En revanche, ces contraintes sont significativement plus faibles que

pour le modèle complet (≈ 50 MPa). La prise en compte de la géométrie réelle des racines et du

ligament semble donc nécessaire afin de rendre de compte correctement de l’état mécanique de

la prothèse.

Les données géométriques intégrées aux procédés CFAO semblent donc suffisantes pour ana-

lyser les contraintes élevées présentes au droit du chargement. Ces données permettent égale-

ment l’identification des zones sollicitées en bordure cervicale de la prothèse mais ne permettent

pas de rendre compte des intensités de contrainte correctement. Ce type de simplification est fré-

quement utilisé dans les publications traitant de la dent restaurée. Il est possible que ce soit l’une

des raisons pour lesquelles les zones sollicitées en bordure cervicale de la prothèse aient peu été

mises en évidence.

Dans le prochain chapitre, nous cherchons à employer ces données afin d’optimiser la tenue

mécanique de la prothèse en ZOI 1 en effectuant des modifications sur la géométrie de l’intrados.

On peut noter que la totalité des géométries nécessaires pour la description du problème (racine

et ligament parodontal) peuvent être obtenues en utilisant un scanner de type “cone beam” utilisé

en implantologie et présent dans certains cabinets dentaires.

4.5 Conclusions

Dans ce chapitre, nous avons développé des méthodes permettant la mise en place de modèles

mécaniques de la dent saine et de la dent restaurée. Ces modèles ne permettent pas encore de

rendre compte de la compléxité du problème mécanique dans sa totalité. Cependant, ils offrent

un cadre permettant de réaliser de futures améliorations par l’introduction de développements

ultérieurs, tels que les phénomènes viscoélastiques (du matériau de scellement et du ligament

parodontal) ou encore par la modélisation du contact occlusal.

Les simulations éléments finis nous permettent toutefois d’approximer les comportements

mécaniques de la dent saine et restaurée. Les zones particulièrement sollicitées au niveau des pa-

rois cervicales des couronnes (émail ou prothétique) ont pu être mises en évidence, qui n’avaient

128
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

pas été décelées pour la prothèse dans l’étude simplifiée traitée au chapitre 2. Ces observations

semblent pertinentes dans la mesure où elles coïncident avec des fissurations observées clinique-

ment dans l’émail et à des sites d’initiation de rupture prothétique.

Il a également été conclu que le caractère anisotrope des tissus dentaires (dentine et émail)

pouvait être négligé dans le cadre d’une étude macroscopique de la dent saine, l’anisotropie étant

relativement faible. Cependant, il serait pertinent d’approfondir cette étude en modélisant les va-

riations des propriétés mécaniques au sein des tissus. La simplification de modèle effectuée sur

la dent restaurée permet d’établir que les éléments géométriques contenus dans la chaine numé-

rique des procédés de CFAO dentaire permettent d’identifier certaines zones particulièrement sol-

licitées de la prothèse sans pour autant permettre la description précise de son état de contrainte.

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biomechanical properties of teeth. Acta Biomater., 51 :418–432, Mar 2017. 110

[Wal84] L. J. Walpole. Fourth-rank tensors of the thirty-two crystal classes : multiplication

tables. Proc. R. Soc. Lond. A, 391(1800) :149–179, January 1984. 112

[WS07] Julian B. Woelfel and Rickne C. Scheid. Anatomie dentaire : application à la pratique

de la chirurgie dentaire. Maloine, 2007. Google-Books-ID : n809PAAACAAJ. 97

131
Chapitre 4. Assemblage virtuel : modélisations biomécaniques de la dent saine et restaurée

[WTY09] B. Wu, W. Tang, and B. Yan. Study on Stress Distribution in Periodontal Ligament of

Impacted Tooth Based on Hyperelastic Model. In 2009 International Conference on

Information Engineering and Computer Science, pages 1–4, December 2009. 105, XVII

[YMG10] Haisheng Yang, Xin Ma, and Tongtong Guo. Some factors that affect the comparison

between isotropic and orthotropic inhomogeneous finite element material models of

femur. Medical Engineering & Physics, 32(6) :553–560, July 2010. 117

[ZS10] Shu-Xian Zheng and Qing-Feng Sun. A novel 3d morphing approach for tooth occlusal

surface reconstruction. Computer-Aided Design, 43 :298–302, 2010. 99

132
Chapitre 5

Assemblage réel : dimensionnement

mécanique en CFAO dentaire

Les chaines numériques des procédés CFAO utilisés en dentisterie indirecte intègrent des don-

nées géométriques permettant la description de la préparation dentaire, de la prothèse et des

dents en contact occlusal. Dans le chapitre précédent, il a été montré que ces informations étaient

suffisantes pour mettre en place un calcul mécanique permettant d’identifier les zones soumises

à de fortes contraintes. De plus, il ressort des analyses de sensibilités réalisées au chapitre 2 que

les contraintes au sein de la restauration étaient particulièrement sensibles au dimensionnement

géométrique de l’intrados prothétique. Ce dernier chapitre a donc pour objectif de proposer une

méthode de dimensionnement de la géométrie interne de la prothèse, à partir de la mise en place

d’un modèle mécanique s’appuyant sur les données acquises sur le patient. Ces données étant

initialement sous la forme de nuages de points, un algorithme de rétro-conception permettant la

mise en place d’un modèle géométrique CAO est d’abord présenté. Ce modèle CAO est ensuite

utilisé avec un mailleur EF pour mettre en place une simulation numérique dont les résultats

conduisent à des modifications sur la conception géométrique de la prothèse, en vue de mini-

miser son état de contrainte. La démarche proposée est illustrée par le biais d’un cas test généré à

partir de données issues d’une solution CFAO commerciale.

Sommaire
5.1 Méthode de rétro-conception à partir d’un nuage de points . . . . . . . . . . . . . 135

5.1.1 Fonctionnement général de l’algorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

5.1.2 Interpolation du nuage de points par une fonction implicite . . . . . . . . . 136

5.1.3 Détermination du maillage surfacique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

5.1.4 Description surfacique B-Splines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

133
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

5.2 Génération de maillages éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

5.2.1 Modèles géométriques considérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

5.2.2 Étude qualitative des maillage EF générés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

5.3 Optimisation de la géométrie prothétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

5.3.1 Modélisation mécanique « patient specific » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

5.3.2 Optimisation géométrique de l’intrados prothétique . . . . . . . . . . . . . . 153

5.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

134
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

5.1 Méthode de rétro-conception à partir d’un nuage de points

La méthode de rétro-conception utilisée pour mettre en place le modèle CAO de la prothèse est

présentée dans cette partie. L’algorithme issu des travaux de D.J Yoo [Yoo11] permet la construc-

tion d’une description surfacique B-Splines à partir d’un nuage de points. Nous présentons préa-

lablement les étapes générales de l’algorithme avant de d’aborder plus en détails ses différentes

briques fonctionnelles.

5.1.1 Fonctionnement général de l’algorithme

Les principales étapes de l’algorithme sont présentées en figure 5.1. La première étape consiste

à mettre en place et à résoudre un système linéaire permettant la construction d’une fonction

implicite interpolant le nuage de points. Une voxelisation de la géométrie est ensuite créée afin

d’obtenir une disposition régulière de points autour de la géométrie. Ces points sont projetés sur

la fonction implicite, puis finalement utilisés pour la génération d’éléments surfaciques B-splines.

F IGURE 5.1 – Principales étapes de l’algorithme de rétro-conception (d’après D.J. Yoo [Yoo11])

L’algorithme a été implémenté en utilisant le langage de programmation Python 2.7. La librai-

rie scientifique Numpy [Oli15] et la librairie CAO issue du logiciel open source FreeCAD [FC12]

ont également été utilisées. Les nuages de points traités dans le cadre de la présentation de cet

algorithme sont issus de la reconstruction 3D de données obtenues par l’observation par micro-

tomographie de la dent saine. Ces données d’entrées sont représentées à l’aide du format STL,

permettant la description des géométries par une série de triangles définis par les coordonnées de

135
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

leurs trois sommets et par un vecteur normal unitaire externe [Ros88].

5.1.2 Interpolation du nuage de points par une fonction implicite

Les premiers résultats concernant l’interpolation d’un nuage de points par une fonction im-

plicite sont issus des travaux de Broohead, Girosi ou encore Hoppe [BL88, HDD+ 92, GJP93]. Ces

publications proposent l’interpolation des points par une fonction distance signée, obtenue par

résolution d’un système linéaire. Cette approche, au départ limitée à des nuages de points de taille

relativement petite, peut être combinée à des méthodes de décomposition de domaines afin de

traiter des données plus conséquentes [IL05].

Fonction distance signée

La fonction distance signée d’un ensemble (ou fonction distance orientée) mesure la distance

de chaque point de l’espace à la frontière topologique de cet ensemble. Soit f une fonction distance

signée d’un ensemble E délimité par une frontière fermée S, M un point de l’espace de vecteur

position x et d une fonction de distance, on pose par convention (les vecteurs sont notés en gras) :



d (x,S) si M à l’intérieur de S







f = 0 si M appartient à S





−d (x,S) si M à l’extérieur de S

Cette fonction est donc nulle en tout point M de l’espace E appartenant au contour S.

Interpolation par les fonctions de bases radiales

La description mathématique de la surface géométrique S peut être obtenue à partir de l’inter-

polation d’une fonction distance signée sur les données d’entrées. Les données utilisées ici sont
y
les points c i = (Cix , Ci , Ciz ) appartenants au fichier STL. Soit f la fonction recherchée, on a :

f (c i ) = h i = 0

avec h i la distance du point c i à S. Cette fonction implicite peut se mettre sous la forme suivante

pour tout point M de l’espace [HDD+ 92, TO99] :

N
X
f (x) = λi Φ(x − c i ) + P(x) (5.1)
i =1

136
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

Dans cette expression, N est le cardinal du nuage de points et P(x) un polynome de degré 1.

Les coefficients λi sont les pondérations à interpoler devant satisfaire la condition suivante :

N N N N
y
λi Cix = λi Ciz = 0
X X X X
λi = λi Ci = (5.2)
i =1 i =1, i =1, i =1,

La fonction Φ(x) est une fonction de base radiale (RBF) symétrique par rapport à l’origine O. Il

existe une infinité de RBF, dans le cadre de notre étude la fonction Thin-Plate Spline régulièrement

employée en informatique graphique est utilisée [Duc77] :

Φ(x) = |x|2 l og (|x|)

Le problème d’interpolation consiste alors à trouver les coefficients λi ainsi que les coefficients

du polynôme P en résolvant le système linéaire suivant :

    
y
 Φ11 Φ12 Φ13 ... Φ1N 1 C1x C1 C1z   λ1   h1 
    
y
 Φ21 Φ22 Φ23 ... Φ1N 1 C2x C2 C2z   λ2   h 2 
     
    
 .. .. ..  .   . 
  ..   .. 

 . . .    
    
 x y z 
   
ΦN1 ΦN2 ΦN3 ΦNN 1 CN CN CN  λN  h N 
  
  =   (5.3)


 1 1 1 ... 1 0 0 0 0   P0   0 
    
    

 Cx C2x C3x x
   
 1 ... CN 0 0 0 0   P1   0 
   
    
 y y y y
C C2 C3 ... CN 0 0 0 0   P2   0 
   
 1
   
    
C1z C2z C3z ... z
CN 0 0 0 0 P3 0

avec

Φi j = Φ(c i − c j )

où les (Pi ) sont les coefficients du polynôme P. Il est cependant problématique que la fonction

soit nulle sur les points du nuage, en effet dans ce cas de figure toutes les valeurs h i sont nulles

et le système se résout par la solution triviale nulle. Afin d’éviter ce problème, la description de

la géométrie est enrichie par de nouveaux points n’appartenant pas à la surface et dont la dis-

tance h i est connue. Généralement, la méthode des moindres carrés est employée afin de calculer

localement le vecteur normal unitaire à chaque point appartenant au nuage, chaque point étant

ensuite projeté sur une distance connue [OF05]. Dans notre cas, les normales unitaires fournies

dans le fichier STL sont relocalisées au niveau des points du nuage puis utilisées afin de réaliser

137
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

ces projections. Ces nouveaux points sont tels que :

f (c i ) = h i = ±1

le signe de h i dépend du sens de projection. Dans l’implémentation proposée, les points ont été

projetés dans les deux sens afin d’améliorer la qualité de la reconstruction [CBC+ 01].

Décomposition du domaine et partition de l’unité

En utilisant des ordinateurs de puissance moyenne, la résolution directe du système linéaire

n’est applicable que sur des nuages de points de faible cardinal (500-1000 points). Pour traiter des

ensembles de points plus conséquents (10 000 - 100 000 points dans le cadre notre étude) une mé-

thode de décomposition de domaine associée à une recomposition par partition de l’unité a été

utilisée. Le problème d’interpolation sur le domaine complet est ainsi résolu par des interpola-

tions séparées sur plusieurs sous-domaines. Les solutions locales sont ensuites recombinées pour

obtenir la solution globale.

Méthode de décomposition du nuage de points

Plusieurs méthodes de décomposition sont proposées dans la littérature, on considérera ici une

décomposition de domaine adaptative de type octree qui nous permet de décomposer un cube en

huit cubes identiques [Reu03, LK04].

F IGURE 5.2 – Schématisation 2D de la décomposition en octree adaptative (d’après P. Reuter [Reu03])

138
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

Les cubes Ck issus de cette décomposition sont associés à des sous-ensembles de points Ωk .

Les points de Ωk sont contenus dans un cube Ck∗ de même centre que Ck mais de diagonale d k

ajustable et supérieure à la diagonale de Ck (figure 5.2). Cette structure est définie afin que les

différents domaines s’enchevêtrent et que les solutions puissent être recombinées par la suite. Le

cardinal de chaque sous-ensemble est encadré par deux entiers positifs A et B :

A ≤ c ar d (Ωk ) ≤ B

Les domaines cubiques Ck sont ensuite décomposés sous les conditions suivantes :

— si c ar d (Ωk ) ≥ B alors Ck est décomposé en huit sous-domaines ;

— si c ar d (Ωk ) ≤ A alors la diagonale d k du sous-domaines Ck est augmentée jusqu’à ce que

c ar d (Ωk ) ≥ A.

Dans notre implémentation, les valeurs de A et B ont respectivement été fixées à 50 et 600, ce qui

permet une résolution relativement rapide sur un ordinateur de puissance moyenne.

Recombinaison des fonctions - partition de l’unité

Une fois résolu le système linéaire (5.3) associé à chaque sous-ensemble Ωk , il est nécessaire

de recombiner les fonctions implicites f k ainsi obtenues. La méthode de partition de l’unité a

donc été utilisée afin de pondérer la contribution de chaque partition sur la solution finale par

une fonction w k [OBA+ 03]. Pour une décomposition sur ND sous-domaines la fonction implicite

de la surface est donnée par :


ND
X
F(x) = f k (x)w k (x) (5.4)
k=1

Les fonctions de pondérations w k sont telles que :

ND
X
wk = 1
k=1

Wk (x)
w k (x) = PND
W (x)
l =1 l

Wk (x) = −6d k5 + 15d k4 − 10d k3 + 1

4(x r − s r )(t r − x r )
d k (x) = 1 − Πr ∈x,y,z
(t r − s r )2

t et s étant les vecteurs positions de deux coins opposés du domaine cubique Ck∗ .

139
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

5.1.3 Détermination du maillage surfacique

Pour réaliser le modèle CAO, il est préalablement nécessaire de définir les points de conception

qui délimiteront les carreaux surfaciques décrivant la géométrie. Le problème consiste à définir

l’agencement de ces points d’une manière telle que leur disposition soit suffisamment régulière

pour être employée de manière efficace dans une démarche de conception nécessitant ultérieure-

ment la génération d’un maillage éléments finis. La stratégie mise en place consiste à décomposer

l’espace en cubes de même taille, de récupérer les cubes intersectant la fonction implicite, puis les

sommets situés à l’extérieur de la surface. Ces points issus de la voxelisation de la géométrie sont

ensuite projetés sur la surface afin d’obtenir les points de conception (figure 5.3).

(a) Surface implicite (b) Voxélisation de la surface (c) Extraction des sommets ex-
implicite ternes

(d) Calcul des directions de projec- (e) Projection des points


tion

F IGURE 5.3 – Mise en place des points de conception sur la surface implicite (d’après [Yoo11])

Voxélisation de la surface implicite

La voxélisation de la surface implicite s’effectue en réalisant les étapes suivantes :

1. Voxélisation de l’espace englobant la géométrie suivant un paramètre de maille η ;

2. Calcul de la valeur de la fonction F (eq. 5.4) en chacun des sommets de la voxelisation ;

3. Calcul des voxels intersectants la fonction implicite (figure 5.3b) ;

4. Extraction des faces des voxels situées à l’extérieur du contour (figure 5.3c).

140
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

Les sommets des faces situées à l’extérieur du contour sont ensuite utilisés pour la mise en place

des points de conception de la géométrie CAO. Les connexions entre les différents points du maillage

sont gardées en mémoire afin d’être utilisées dans la suite de l’algorithme.

Lissage des points du maillage externe

Le maillage obtenu fait l’objet d’un lissage afin de faciliter la projection des points sur la fonc-

tion implicite. Le lissage est obtenu par relocalisation de chacun des noeuds au barycentre des

surfaces voisines :
Pn
i =1 A i Ci
M= P n
i =1 Ai

avec M la nouvelle position d’un noeud, Ai l’aire du ième élément surfacique connecté, Ci le ba-

rycentre du ième élément surfacique et n le nombre d’éléments surfaciques connectés au noeud

considéré. Cet algorithme est appliqué plusieurs fois afin d’améliorer la disposition des points.

Simplification du maillage externe

Pour améliorer le rendu des surfaces, une simplification est appliquée au maillage externe

(figure 5.4) La méthode consiste à supprimer les surfaces possédant deux noeuds n’ayant que trois

connections à des surfaces différentes. La position des noeuds est ensuite mise à jour à partir du

milieu du segment définit par la position initiale de ces noeuds.

F IGURE 5.4 – Simplification des surfaces

Projection sur la fonction implicite

Les noeuds externes issus de la voxélisation ont ensuite été projetés sur la surface implicite

afin d’obtenir un ensemble de points disposés régulièrement et maillant la géométrie. Le calcul de

la direction de projection en chacun des points est nécessaire afin de réaliser ces projections (fi-

gure 5.3d). Le vecteur unitaire de projection n v au point M est calculé avec les relations suivantes :

Pn
Ai v i
v = Pi =1
n
i =1 Ai

141
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

v
nv =
||v ||

avec v la direction de projection au noeud M, Ai l’aire de la surface i et v i le vecteur normal

unitaire externe à la surface i.

Pour chaque noeuds M le point projeté MP est calculé sous la forme :

MP = M + k ∗ n v (5.5)

avec k un nombre réel calculé par encadrement à une erreur e près tel que :

F(MP ) ≈ 0 < e

5.1.4 Description surfacique B-Splines

Les surfaces délimitées par ces carreaux surfaciques sont ensuite décrites via le formalisme

mathématique des surfaces B-Splines. Ces surfaces sont à la base des techniques de modélisation

3D pour la conception assistée par ordinateur (CAO). Dans cette partie, nous rappelons succinc-

tement les éléments utiles à la compréhension de la description des surfaces B-Splines. Le lecteur

pourra trouver des informations détaillées dans l’ouvrage « The Nurbs Book » de L. Piegle et W.

Tiller [PT95].

Courbes et surfaces B-Splines

Les fonctions B-splines sont des fonctions continues par morceaux, décrites par des combinai-

sons linéaires de splines positives à support minimal compact. Les courbes B-splines sont ainsi

obtenues par le raccordement par morceaux de courbes polynomiales. Soit U un vecteur nodal

défini par :

U = {u 0 , u 1 , . . . , u m }

U est une suite croissante avec u i ∈ [0, 1]. Une courbe B-Spline C de degré p est définie par :

n
X
C(u) = Ni ,p (u)Pi
i =0

142
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

avec {P i } les coordonnées des n+1 points de contrôle et {Ni ,p (u)} les fonctions de bases spline. Le

degré de la courbe est défini par :

p = m −n −1

Les fonctions de base spline de degré p sont définies par récurrence, telles que :


1 si u i ≤ u ≤ u i +1


Ni ,0 =

0 sinon

u − ui u i +1+1 − u
Ni ,p (u) = Ni ,p−1 (u) + Ni +1,p−1 (u)
u i +1 − u i u i +p+1 − u i +1

Suivant un formalisme similaire, les surfaces B-Splines sont obtenues à l’aide d’un réseau de points

de contrôle :
n X
X m
S(u, v) = Ni ,p (u)N j ,q (v)Pi , j
i =0 j =0

où les Pi , j sont les points de contrôle, n est le nombre de points de contrôle dans la direction u,

l est le nombre de points de contrôle dans la direction v, Ni ,p (u) et N j ,q (v) sont les fonctions de

base spline dans les directions u et v. Ni ,p (u) et N j ,q (v) sont définis sur deux vecteurs nodaux U

et V.

Génération des carreaux surfaciques

Dans le cadre de notre algorithme nous disposons d’un ensemble de carreaux surfaciques défi-

nis par 4 extrémités. Chaque carreau est utilisé pour la génération d’une surface bicubique définie

par 16 points de contrôle. Afin d’assurer la continuité de la géométrie, les points de contôle si-

tués de part et d’autre des jonctions entre les carreaux sont alignés dans la direction tangente à la

surface S, calculée grâce aux vecteurs normaux des points projetés [PT95]. Les patchs surfaciques

ainsi générés sont finalement assemblés pour mettre en place la géométrie B-Spline finale (figure

5.5).

143
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

F IGURE 5.5 – Reconstruction CAO d’une molaire saine

5.2 Génération de maillages éléments finis

Dans cette section nous étudions la mise en place de maillages éléments finis sur une géomé-

trie CAO issue de l’algorithme de rétro-conception. Un nuage de points issu de la segmentation

d’images obtenues par microtomographie à rayons X de la dentine (LMT, ENS Paris Saclay) est

utilisé afin de créer la géométrie B-Spline. Une reconstruction surfacique issue du logiciel CATIA

V5 (Atelier Quick Surface Reconstruction, fonction “surface automatique”) a également été utilisée

à titre de comparaison.

5.2.1 Modèles géométriques considérés

Les géométries B-Splines pour la dentine sont présentées en figure 5.6. Sont distinguées sur

cette figure le nuage de point initial (figure 5.6a) , la reconstruction issue de l’algorithme (figure

5.6b) et la reconstruction issue du logiciel CATIA V5 (figure 5.6c).

Visuellement, on constate une répartition plus régulière de patchs surfaciques sur la géomé-

trie issue de l’algorithme implémenté. Des incohérences dans la description géométrique faite à

partir du code commercial sont observées (figure 5.7). Elles sont notamment localisées à proximité

des zones où le nuage de points décrit des reliefs complexes (cuspides dentinaires). Des interven-

tions manuelles ont été nécessaires pour corriger ces géométries et permettre la réalisation d’un

mailllage éléments finis. La méthode de reconstruction utilisée dans le logiciel CATIA s’est donc

révélée moins adaptée à la mise en place d’un processus automatisé.

144
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

(a) Nuage de point initial (microto- (b) Reconstuction algorithme


mographie dentine)

(c) Reconstruction CATIA V5

F IGURE 5.6 – Modèles géométriques considérés

F IGURE 5.7 – Incohérences dans la description géométrique issue de CATIA

145
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

5.2.2 Étude qualitative des maillage EF générés

Les géométries B-splines surfaciques sont dans un premier temps densifiées afin de mettre en

place des supports volumiques (CATIA V5, Atelier Quick Surface Reconstruction, fonction “rem-

plissage volumique”). Le logiciel libre GMSH, développé par Christophe Geuzaine et Jean-François

Remacle [GR09], a été utilisé pour générer des maillages éléments finis 3D pour les deux modèles.

Le mailleur a été utilisé avec le paramètrage suivant :

— algorithme de maillage : triangulation de Delaunay ;

— éléments tétrahédriques d’ordre 1 ;

— taille des éléments comprise entre 0 et 20 µm.

La fonction d’optimisation du maillage (“optimize3D”) a été utilisée pour simplifier et remodeler

les éléments présentant des angles trop obtus. Une analyse préliminaire a permis de distinguer les

éléments finis de moindre qualité comme appartenant au contour surfacique des géométries. Les

éléments triangulaire 2D décrivant le contour ont donc été ciblés pour l’étude de la qualité des

maillages (figure 5.8).

(a) Maillage EF, CAO de l’algorithme (b) Maillage EF, CAO CATIA V5

F IGURE 5.8 – Comparaison des maillages EF surfaciques (GMSH, taille d’éléments : 10 - 20 µm)

Le critère 2D introduit par Babuska [BA76] permettant une analyse qualitative des maillages

éléments finis est utilisé pour chaque éléments triangulaire K :

si n(â).si n(b̂).si n(ĉ)


γK = 4
si n(â) + si n(b̂) + si n(ĉ)

où â, b̂ et ĉ sont les angles du triangle K. Avec cette définition un triangle équilatéral est tel que

146
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

γK = 1 et un triangle dégénéré (de surface nulle) est tel que γK = 0.

Les valeurs caractéristiques des distributions du critère γK pour des maillages de différentes

tailles sont présentées en tableau 5.1.

TABLEAU 5.1 – Caractéristiques des critères γK

Taille d’élément (µm) Géométrie Nombre d’éléments moyenne γK % γK < 0,1 min(γK )
Algorithme 11482 0,868 0,53 0,003977
[10 - 20]
CATIA 10104 0,8972 0,9 0,0000125
Algorithme 34956 0,9306 0,14 0,008118
[5 - 10]
CATIA 33062 0,938 0,22 0,0003319
Algorithme 123508 0,9473 0,0161 0,01178
[0 - 5]
CATIA 121550 0,9487 0,0468 0,0001637

En moyenne la qualité des maillages varie peu suivant la géométrie initiale considérée. Il est

cependant constaté que les éléments de plus faible qualité (γK < 0.1), et donc les plus à même de

générer des erreurs de calcul, sont présents en plus grande proportion sur les maillages EF issus

de la géométrie CATIA.

5.3 Optimisation de la géométrie prothétique

Dans cette dernière partie, une modélisation mécanique basée sur des données acquises sur

un patient et obtenues dans la chaine numérique d’un procédé CFAO est mise en place. L’algo-

rithme de reconstruction présenté précédemment a été utilisé pour générer les géométries utili-

sées dans les simulations. Les résultats nous ont conduit à proposer des modifications sur l’intra-

dos de la prothèse afin de renforcer sa structure. L’analyse mécanique de la géométrie prothétique

ainsi optimisée est finalement effectuée.

5.3.1 Modélisation mécanique « patient specific »

Obtention des données CFAO

Les données tests issues d’un cas clinique ont été récupérées au laboratoire URB2i (Université

Paris Descartes). Une deuxième prémolaire a été préparée par un chirurgien dentaire en vue de

réaliser une restauration de type couronne. Les empreintes numériques de la préparation, des

dents adjacentes (figure 5.9a) et en oppositions (figure 5.9b) ont été acquises à l’aide d’un scanner

laser.

Le logiciel de CFAO dentaire Romexis PlanMeca 4.1.2 a été utilisé pour générer une couronne

prothétique. Une morphologie proche du cas considéré a dans un premier temps été choisie. La

147
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

(a) Préparation dentaire et dents adjacentes

(b) Dents opposées

F IGURE 5.9 – Géométries au format STL des données scannées sur le patient (Autodesk Meshmixer)

(a) Définition de la ligne cervicale (b) Paramétrage de l’intrados

(c) Recalage de l’extrados

F IGURE 5.10 – Élements de la procédure de conception prothétique (Romexis PlanMeca)

148
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

ligne cervicale définissant le contour externe de la prothèse a ensuite été tracée manuellement

(figure 5.10a). Pour cette solution commerciale, le paramétrage de l’intrados est défini par trois

paramètres (figure 5.10b). Dans notre étude, les paramètres ont été définis ainsi : hiatus occlu-

sal 0.2 mm, hiatus latéral 0.2 mm, paramètre de l’inclinaison marginale 0.25 mm. Des opérateurs

géométriques ont ensuite été appliqués pour ajuster manuellement l’extrados prothétique dans

l’espace disponible autour de la préparation (figure 5.10c). La prothèse ainsi générée a finalement

été exportée au format STL (figure 5.11).

(a) Extrados (b) Intrados

F IGURE 5.11 – Géométrie au format STL de la couronne prothétique (Autodesk Meshmixer)

Mise en place de la simulation numérique

Dans un premier temps, les modèles CAO de la couronne, de la préparation et du joint de

scellement ont été mis en place. Les géométries obtenues sont présentées en figure 5.12.

Le code de reconstruction présenté précédemment a servi pour générer le modèle CAO de la

prothèse. De légères modifications ont dû être apportées pour réaliser la description volumique

(suppression de surfaces doublées, remplissage de surfaces manquantes). Le fichier STL de la pré-

paration a été modifié afin d’obtenir un contour fermé et n’intégrant que le moignon dentaire (les

dents voisines adjacentes ont été supprimées). Cette nouvelle géométrie a servi de support pour

créer un modèle CAO. La ligne cervicale a été utilisée pour découper la surface ainsi générée. Cette

même courbe a également permis de générer une surface d’extrusion sur une distance de 10 mm

afin de dessiner la base de la préparation. Le modèle surfacique ainsi défini a finalement été den-

sifié afin de créer une représentation volumique.

Afin de réaliser la conception du joint de scellement, la ligne cervicale a été projetée sur la

149
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

F IGURE 5.12 – Modèle CAO de l’assemblage prothétique dentaire

150
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

surface de la couronne. Cette courbe projetée a ensuite été utilisée pour découper la surface de

l’intrados prothétique. La surface de l’intrados prothétique a été reliée à la surface de la prépara-

tion dentaire par une surface de raccord constituant la bordure libre du joint de scellement. Il est

à noter que le joint de scellement ainsi obtenu ne respecte pas exactement les dimensions para-

métrées pour l’intrados, les épaisseurs de celui-ci variant entre 0.2 et 0.27 mm.

Dans un second temps, la zone de chargement de la couronne a été identifiée à l’aide du fichier

STL comportant les dents en contact occlusal (figure 5.13a). Une translation de 3 mm suivant l’axe

de la couronne a été réalisée afin d’obtenir une intersection surfacique entre la dent en contact oc-

clusal et la couronne (figure 5.13b). Le barycentre de cette intersection a été utilisé comme centre

d’un disque de rayon 1 mm qui a ensuite été projeté sur la surface occlusale de la couronne (fi-

gure 5.13c). Une pression normale uniforme de 50 MPa a été appliquée sur cette surface projetée,

en accord avec le niveau de pression défini dans les précédentes études.

(a) Assemblage couronne - dents opposées (b) Localisation du contact

(c) Mise en place de la surface de charge-


ment

F IGURE 5.13 – Identification de la surface de chargement occlusale

151
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

TABLEAU 5.2 – Caractéristiques du maillage éléments finis

Partie Nombre d’éléments Longueur min. moyenne(mm) Longueur max. moyenne(mm)


Couronne 336047 0.12 0.19
Joint 170849 0.06 0.11
Préparation 80783 0.28 0.46

Les conditions aux limites, les propriétés des matériaux et le type d’éléments finis utilisés sont

identiques à celles de la simulation présentée en section 4.4.2. Les caractéristiques du maillage

sont présentées en tableau 5.2.

(a) Vue de dessus

(b) Vue de dessous

F IGURE 5.14 – Contraintes principales maximales σ1 dans la couronne (en MPa)

152
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

État de contrainte dans la restauration initiale

La figure 5.14 présente la répartition de la première contrainte principale σ1 au sein de la cou-

ronne prothétique. Conformément à l’étude présentée au chapitre précédent, trois zones sollici-

tées en traction ont été identifiées (ZOI). En figure 5.14a, la ZOI 1 située à proximité du chargement

présente un état de contrainte en traction uniaxiale atteignant 20 MPa. En ZOI 2 (figure 5.14b), les

contraintes σ1 atteignent 12 MPa. La partie la plus sollicitée de la prothèse est localisée en ZOI 3,

où les contraintes σ1 atteignent 26 MPa. Au niveau de cette zone σ2 vaut approximativement 21

MPa, ce qui place la prothèse dans un état proche d’un chargement de traction biaxial.

F IGURE 5.15 – Contrainte équivalente de von Mises dans le joint de scellement (MPa)

La contrainte équivalente de von Mises est présentée pour le joint de scellement en figure 5.15.

Cette couche est principalement sollicitée au niveau de la ligne cervicale (σVM ≈ 20 MPa). Une

zone de sollicitation a également été distinguée en dessous de la zone d’application du charge-

ment mécanique (σVM ≈ 6 MPa).

5.3.2 Optimisation géométrique de l’intrados prothétique

Construction de la prothèse optimisée

En se basant sur l’identification de la zone surcontrainte ZOI 3 de la prothèse, des modifica-

tions géométriques ont été effectuées au niveau de l’intrados prothétique. La démarche procédu-

rale est décomposée ainsi :

1. identification de la position des points d’intégration du maillage EF tels que σ1 > 0.7 ∗ σmax
1

et σ2 > 0.7 ∗ σmax


2 (figure 5.16a) ;

153
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

2. identification des carreaux surfaciques à proximité de ces points ;

3. décomposition de ces carreaux en utilisant l’algorithme de De Casteljau (figure 5.16b) [PT95] ;

4. identification des points de conception au voisinage direct des points d’intégration : pre-

miers voisins (points bleus en figure 5.16c) ;

5. identification des points de conception au voisinage indirect des points d’intégration : se-

conds voisins (points rouges en figure 5.16c) ;

6. projection des premiers voisins dans leurs directions normales externes sur une distance

d1 ;

7. projection des seconds voisins dans leurs directions normales externes sur une distance d 2 ;

8. recalcul de la surface CAO de la prothèse ;

9. mise en place de la géométrie du joint de scellement.

Dans notre implémentation, la distance d 1 a été fixée à 150 µm et la distance d 2 à 75 µm.

L’épaisseur du joint de scellement au niveau des premiers voisins est comprise entre 0.085 et 0.12

µm. Au niveau des seconds voisins cette épaisseur varie de 225 µm à 125 µm.

Ce nouveau modèle géométrique a ensuite été mis en place dans une simulation numérique.

Etat de contrainte pour la prothèse optimisé

Dans la couronne optimisée, les 3 ZOI sont à nouveau identifiées. Les contraintes sont inchan-

gées au niveau des ZOI 1 et 2. En ZOI 3 les contraintes principales maximales σ1 atteignent 20 MPa

et les contraintes σ2 atteignent 17 MPa. Ces valeurs représentent une diminution de l’ordre de 23

% pour σ1 et de 19 % pour σ2 . La modification géométrique effectuée sur l’intrados ayant donc

permis de diminuer significativement les contraintes de traction au sein de la prothèse. L’analyse

des contraintes équivalentes de von Mises au sein du joint de scellement montre que cette partie

de l’assemblage est relativement peu affectée par le changement géométrique réalisé, y compris

dans la zone sollicitée au droit du chargement.

154
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

(a) Identification de la zone fortement sollicités de la prothèse

(b) Raffinement des carreaux surfaciques

(c) Points bleus : premiers voisins ; points rouges : seconds voisins

F IGURE 5.16 – Modifications géométriques pour la prothèse optimisée

155
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

5.4 Conclusions

Dans ce chapitre, des éléments méthodologiques permettant la mise en place d’une prothèse

dimensionnée mécaniquement ont été proposés. Un algorithme de rétroconception d’un modèle

CAO à partir des données scannées sur le patient a été implémenté. Du fait de la régularité des

patchs surfaciques composants les descriptions surfaciques obtenues par cet algorithme, les mo-

dèles ainsi reconstruits présentent l’avantage de pouvoir être utilisés efficacement pour la géné-

ration automatique d’un maillage éléments finis, et ce malgré leur topologie complexe. Des simu-

lations mécaniques de la dent restaurée basées sur ces géométries ainsi que sur la localisation des

chargements mécaniques peuvent ainsi être intégrés au sein de la chaine numérique des procédés

CFAO utilisés en dentisterie. Des aller-retours entre le modèle CAO de la prothèse et les résultats

des analyses éléments finis peuvent ensuite être réalisés pour optimiser la géométrie vis à vis de

critères mécaniques.

Des développements supplémentaires sont nécessaires afin de réaliser une intégration viable

de cette démarche au sein des procédés CFAO dentaires. En revanche, les méthodes employées

dans ce chapitre présentent l’avantage d’être automatisables, il est donc envisageable dans le futur

d’intégrer directement une approche de ce type au sein des procédés existants sous la forme d’une

brique logicielle.

5.5 Références

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T. R. Evans. Reconstruction and representation of 3d objects with radial basis func-

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Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

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tions : From Regularization to Radial, Tensor and Additive Splines, Jun 1993. [Online ;

accessed 15. Oct. 2018]. 136

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Multi-level partition of unity implicits. ACM Trans. Graphics, 22(3), Jul 2003. 139

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nized Point Sets. PhD thesis, Université Sciences et Technologies - Bordeaux I, Dec

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136

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157
Chapitre 5. Assemblage réel : dimensionnement mécanique en CFAO dentaire

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spline based interpolation approach. Computer-Aided Design, 43(8) :934–947, August

2011. 135, 140, XIV

158
Conclusion

Dans ces travaux, plusieurs études ont été conduites afin d’étudier le comportement méca-

nique des restaurations dentaires indirectes de type couronne. Compte tenu de la grande varia-

bilité des géométries rencontrées cliniquement, trois modèles géométriques ont été considérés

pour aborder ce problème, en compléxifiant au fil des chapitres la description adoptée. Ces dif-

férentes modélisations nous ont permis d’établir et de mettre en place plusieurs conclusions et

méthodologies.

Le modèle axisymétrique présente l’avantage d’être utilisable rapidement et aisément pour tes-

ter des hypothèses de manière numérique ou encore pour proposer des protocoles expérimentaux

standardisables. Dans cette optique, des études de sensibilité sur le dimensionnement de l’assem-

blage (chapitre 2) et une étude expérimentale sur la caractérisation géométrique des défauts du

joint de scellement (chapitre 3) ont été réalisées.

Les études de sensibilité permettent ainsi d’identifier plusieurs voies d’optimisation possibles

pour la procédure de conception des restaurations. Si le choix des matériaux se présente comme

un critère évident pour améliorer la longévité des dispositifs prothétiques, il ressort également de

nos analyses qu’un dimensionnement approprié de l’intrados de la prothèse permet de diminuer

sensiblement les contraintes mécaniques dans la zone située en droit du chargement et coïncidant

avec l’un des principaux sites d’initiation des ruptures cliniques.

À l’aide du protocole de caractérisation proposé au chapitre 3, des observations préliminaires

ont été réalisées sur la répartition de défauts dans le joint de scellement à l’issu de l’assemblage.

Ces résultats mettent en évidence la présence de défauts : des vides résultants de bulles d’air en-

capsulées dans le mélange initial et un décollement semblant être la conséquence de la polyméri-

sation du matériau de scellement. Des analyses ont été conduites permettant de montrer que ces

défauts peuvent sensiblement nuire à la tenue mécanique de la prothèse et du joint. Nous pensons

donc que la procédure clinique de pose peut également être améliorée afin de limiter la présence

de tels défauts. Des observations supplémentaires sont toutefois nécessaires pour confirmer ces

159
Conclusion

études.

Des maquettes numériques 3D ont été conçues au chapitre 4 pour étudier de manière plus réa-

liste le comportement mécanique de l’assemblage prothétique dentaire. Ces géométries virtuelles

présentent l’avantage d’être relativement régulières et possèdent des éléments géométriques de

référence sur lesquels des études mécaniques peuvent être basées. Dans ces travaux, il a été mis en

évidence qu’une modélisation s’étendant jusqu’au ligament parodontal permettait de révéler une

seconde zone fortement sollicitée en traction localisée en bordure cervicale de la couronne. Cette

zone coïncide avec un autre site d’initiation de rupture clinique et n’avait pas pu être distinguée

sur le modèle axisymétrique. Nous avons également montré que les données géométriques pré-

sentes au sein des procédés CFAO utilisés en dentisterie étaient suffisantes pour localiser les zones

surcontraintes de la prothèse. En revanche, ces modèles simplifiés ne semblent pas correctement

rendre compte de l’intensité des contraintes mécaniques au sein de la prothèse, notamment en

bordure cervicale.

Dans ce chapitre, des contributions ont également été apportées à l’étude de la dent saine.

Une conception géométrique 3D a été réalisée pour cette étude et une méthodologie permettant

la mise en place d’un champ d’orientation des tubules au sein de la dentine a été développée. Les

simulations effectuées montrent que l’implémentation proposée pour l’orientation des tubules

dentinaires et des prismes d’émail n’apporte pas de modifications significatives à l’état mécanique

de la dent saine. Des développements supplémentaires pourront être réalisés sur les bases de ce

modèle pour implémenter une description plus précise des lois régissant le comportement des

tissus dentaires (variation de la rigidité élastique dans les tissus, en lien avec l’évolution de la mi-

crostructure) et ainsi conclure de manière plus approfondie sur le comportement mécanique de

l’organe dentaire.

Dans le dernier chapitre, nous proposons finalement la mise en place d’un calcul éléments

finis « patient-specific » de l’assemblage prothétique dentaire dans la chaîne numérique des pro-

cédés CFAO, en vue de réaliser une optimisation de forme de la géométrie de la couronne. Afin

d’employer les données géométriques scannées sur le patient, un algorithme de rétro-conception

a été implémenté pour reconstruire des modèles CAO de la prothèse et de la préparation. Ces

géométries réelles ont ensuite été utilisées pour construire un modèle mécanique simplifié (justifi-

cations fournies au chapitre 4). Les résultats ont permis d’identifier les zones fortement sollicitées

situées au droit du chargement. Ainsi, des allers-retours entre le modèle CAO et la modélisation

éléments finis permettent finalement la construction d’une géométrie prothétique renforcée.

Ces premiers travaux sur la modélisation de l’assemblage prothétique dentaire réalisés au

160
Conclusion

MSSMat ont permis d’ouvrir de nombreuses pistes de recherches futures. En particulier, il serait

intéressant d’ajouter les aspects viscoélastiques et thermiques dans les analyses, en vue d’enri-

chir nos connaissances sur la physique du problème étudié. De plus, l’identification du charge-

ment mécanique appliqué à la prothèse pourrait faire l’objet d’une étude plus poussée, en tenant

compte des aspects morphologiques de l’occlusion et des mobilités de la mâchoire inférieure.

Toutes les démarches et modélisations proposées dans ces travaux sont également transposables

aux restaurations de type inlay ou onlay.

Les algorithmes et méthodes mises en place au chapitre 5 pourraient également faire l’objet

de développements supplémentaires en vue de réaliser une maquette logicielle automatisée et

intégrable dans la chaîne numérique d’un procédé CFAO existant. De plus, l’analyse isogéomé-

trique, permettant la mise en place de calculs mécaniques sur un support géométrique proche

des modèles CAO utilisés dans ce chapitre, semble être particulièrement appropriée à cette pro-

blématique (conception et calcul sur un même modèle géométrique).

161
Conclusion

162
Annexe A

Annexes A : Propriétés mécaniques des

matériaux prothétiques

Les propriétés mécaniques des matériaux prothétiques utilisées dans les modélisations du

chapitre 2 sont présentées dans cette annexe. Les propriétés élastiques, modules de Young et li-

mites élastiques, ont été mesurées par des essais de flexion trois points sur des éprouvettes de

dimensions similaires. L’étude de Goujat et al. suit notamment la norme ISO 6872 : 2015 spécifiant

les éxigences et les méthodes d’essai correspondantes aux matériaux céramiques dentaires pour

les prothèses tout céramique et céramo-métallique. Suivant les travaux considérés, la ténacité a

pu être évaluée soit par indentation soit par le biais d’une éprouvette pré-entaillée.

I
II
Auteurs Matériau Fabricant Composition Limite d’élasticité (MPa) Module de Young (GPa)

cf. Biblio Email / / / 72,7-87,5


cf. Biblio Dentine / / / 15-20
Lawson et al., Paradim MZ100 3M ESPE, polymère + SiO2 + ZrO2 189,7 14,1
2016 Maplewood, US (0,01-3,5 µm)
Goujat et al., Vita Enamic Vita Zahnfabrik, Bad céramique hybride infiltrée 148,7 23,3
2018 Säckingen, Germany
Goujat et al., Cerasmart GC, Tokyo, Japan polymère + SiO2 (20 nm), 216,5 25
2018 verre baryum (300 nm)
Goujat et al., IPS e.max CAD Ivoclar, Schaan, vitrocéramique (disilicate 210,2 52,8
2018 Liechtenstein de lithium)
Lawson et al., Celtra Duo Sirona Dentsply, vitrocéramique (disilicate 300,1 61
2016 York, Us de lithium) + zircone
Lawson et al., Celtra Duo fired Sirona Dentsply, vitrocéramique (disilicate 451,4 63
2016 York, Us de lithium) + zircone
Guazzato et al., IPS Empress Ivoclar, Schaan, vitrocéramique (Leucite) 106 65
2004 Liechtenstein
Guazzato et al., IPS Empress 2 Ivoclar, Schaan, vitrocéramique (disilicate 306 105
2004 Liechtenstein de lithium)
Guazzato et al., DC-Zircon DCS Dental, zircone 840 220
2004 Allschwil,
Annexe A. Annexes A : Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques

Switzerland
TABLEAU A.1 – Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques

Guazzato et al., In-Ceram Zirconia Vita Zahnfabrik, Bad zircone+alumine 476 240
2004 Säckingen, Germany
Guazzato et al., In-Ceram Alumina Vita Zahnfabrik, Bad alumine + verre 440 265
2004 Säckingen, Germany
Auteurs Matériau Fabricant Composition Ténacité (MPa.m0.5 ) Dureté (GPa)

cf. Biblio Email / / 0,6-2,5 3,5


cf. Biblio Dentine / / 2,1-4,8 0,8
Lawson et al., Paradim 3M ESPE, polymère + SiO2 + ZrO2 / 1,01
2016 MZ100 Maplewood, US (0,01-3,5 µm)
Goujat et al., Vita Enamic Vita Zahnfabrik, Bad céramique hybride infiltrée 1,4 (V-notch) 2,35
2018 Säckingen, Germany
Goujat et al., Cerasmart GC, Tokyo, Japan polymère + SiO2 (20 nm), 1,2 (V-notch) 0,66
2018 verre baryum (300 nm)
Goujat et al., IPS e.max CAD Ivoclar, Schaan, vitrocéramique (disilicate 1,8 (V-notch) 5,98
2018 Liechtenstein de lithium)
Lawson et al., Celtra Duo Sirona Dentsply, vitrocéramique (disilicate / 4,54
2016 York, Us de lithium) + zircone
Lawson et al., Celtra Duo Sirona Dentsply, vitrocéramique (disilicate / 5,84
2016 fired York, Us de lithium) + zircone
Guazzato et al., IPS Empress Ivoclar, Schaan, vitrocéramique (Leucite) 1,2 (ind.) 6,5
2004 Liechtenstein
Guazzato et al., IPS Empress 2 Ivoclar, Schaan, vitrocéramique (disilicate 2,9 (ind.) 5,3
2004 Liechtenstein de lithium)
Guazzato et al., DC-Zircon DCS Dental, zircone 7,4 (ind.) 12
2004 Allschwil,
Switzerland
Guazzato et al., In-Ceram Vita Zahnfabrik, Bad zircone+alumine 4,9 (ind.) 11
TABLEAU A.2 – Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques (suite)

2004 Zirconia Säckingen, Germany


Guazzato et al., In-Ceram Vita Zahnfabrik, Bad alumine + verre 3,6 (ind.) 11
2004 Alumina Säckingen, Germany

III
Annexe A. Annexes A : Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques
Annexe A. Annexes A : Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques

IV
Annexe B

Annexes B : Géométries 3D virtuelles

Dans cette annexe, les géométries conçues au chapitre 4 sont présentées par le biais de plans

annotés de dimensions caractéristiques.

V
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles

F IGURE B.1 – Dentine

VI
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles

F IGURE B.2 – Émail

VII
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles

F IGURE B.3 – Ligament parodontal

VIII
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles

F IGURE B.4 – Couronne prothétique et joint de scellement

IX
Annexe B. Annexes B : Géométries 3D virtuelles

X
Liste des figures

1.1 La denture et la dent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.2 a. Organisation de la structure de l’émail - b. et c. observation SEM des différentes

faces, (R) : émail prismatique, (IR) émail interprismatique [HS08] . . . . . . . . . . . 9

1.3 a. Organisation orthotropique de la dentine - b. Observation MEB (échelle 10 µm) c.

Observation microscopie confocale [Wan16] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1.4 Évolution de la rigidité et de la dureté dans la jonction en fonction de la profondeur

[MBG+ 01] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1.5 Les différents constituants du parodonte humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

1.6 Dessins anatomiques de coupes longitudinales observées sur une mâchoire infé-

rieure [Faw95] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1.7 Anatomie du système masticatoire [Bib18c] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.8 L’occlusion - (a) décalage intérieur/extérieur (d’après [Bib18d])- (b) décalage avant/arrière

[Bib18b] – (c) contacts occlusaux sur une demi-denture [Ric69] . . . . . . . . . . . . . 15

1.9 Trajectoire du cycle masticatoire - a. Plan frontal chez l’humain - b. Cycle théorique

d’ouverture/fermeture lors de la mastication [Oke12] - c. Succession de cycles lors

de la mastication pour différents types d’aliments [LG82] . . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.10 Les différents types de restauration en odontologie conservatrice . . . . . . . . . . . 18

1.11 La chaîne numérique en CFAO dentaire [Tap15] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

1.12 Exemples de paramétrages du hiatus prothétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

1.13 Blocs CAD/CAM avant/après usinage [LEB17] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

1.14 Interface de scellement d’une restauration prothétique céramique collée (d’après

Roulet et Degrange [RD00]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

1.15 Essais de fluage en flexion trois points sous différentes conditions de stockage (DW :

distilled wateur) [AKA+ 18] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

XI
Liste des figures

1.16 Rupture des restaurations - a. rupture in-vitro en zone occlusale, couronne [HCZ+ 08]

- b. rupture clinique en zone occlusale, observation MEB couronne [TANM94] - c.

rupture clinique en zone cervicale, couronne incisive [UG14] . . . . . . . . . . . . . . 28

1.17 Étude d’une structure tri-couche simplifiée - a. propriétés de l’assemblage – b. as-

semblage sollicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

1.18 Modélisation géométrique de la dent restaurée - a. géométrie réelle - b. géométrie

2D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

2.1 Modélisation axisymétrique la dent restaurée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

2.2 Champs des contraintes principales dans la prothèse (MPa) - configuration de réfé-

rence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

2.3 Évolution des contraintes σ1 le long de l’abscisse curviligne dans la prothèse . . . . 54

2.4 Champs des contraintes dans le joint de scellement (MPa) - configuration de référence 55

2.5 Évolution des contraintes σVM le long de l’abscisse curviligne dans le joint de scelle-

ment - configuration de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

2.6 Champs des contraintes principales dans la préparation (MPa) . . . . . . . . . . . . . 56

2.7 Première contrainte principale σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la pro-

thèse - paramètre : module de Young du matériau de scellement (GPa) . . . . . . . . 57

2.8 Évolution de max(σ1 ) dans la prothèse - paramètre : module de Young du matériau

de scellement (GPa) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

2.9 Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètre :

module de Young du matériau prothétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

2.10 Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement -

paramètre : module de Young du matériau prothétique . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

2.11 Évolution de σVM dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle - para-

mètre : module de Young de la céramique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

2.12 Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètres :

hiatus (µm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

2.13 Évolution de max(σ1 ) dans la prothèse - paramètres : hiatus (µm) . . . . . . . . . . . 65

2.14 Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement -

paramètres : hiatus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

2.15 Évolution de max(σVM ) dans le joint de scellement à l’abscisse curviligne nulle -

paramètres : hiatus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

XII
Liste des figures

2.16 Contraintes σ1 en fonction de l’abscisse curviligne dans la prothèse - paramètre : α . 69

2.17 Contraintes σVM en fonction de l’abscisse curviligne dans le joint de scellement -

paramètre : α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

3.1 a. Assemblage prothétique dentaire simplifié - b. Dimensions considérées (en mm) 77

3.2 Procédure de traitement des images - a. amélioration du contraste - b. segmentation

des images - c. reconstruction des images (BoneJ) - d. caractérisation géométrique

des défauts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

3.3 a. Reconstruction surfacique de la couche de scellement - b. Répartition de la dimen-

sion caractéristique des vides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

3.4 Décollement prothétique - a. coupe horizontale - b. coupe verticale - c. reconstruc-

tion surfacique 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

3.5 Évolution des propriétés physiques au cours du temps de sèche (d’après Hüsch et al.

[HMF99]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

3.6 Première contrainte principale dans la couronne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

3.7 Quantification des écarts géométriques sur l’assemblage réalisé . . . . . . . . . . . . 86

3.8 Évolution de l’épaisseur du joint de scellement autour de l’axe de la préparation au

plan (P) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

3.9 Géométries du joint de scellement - a. cas idéal - b. présence d’une cavité perçante -

c. présence d’un décollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

3.10 Évolution de σ1 dans la prothèse le long de l’interface avec le joint de scellement . . 88

3.11 Contraintes de von Mises dans le joint de scellement (MPa) - a. cas « idéal » - b. cas «

cavité » - c. cas « décollement » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

3.12 Évolution de σVM dans le joint de scellement en fonction de l’abscisse curviligne . . 89

4.1 Modèle géométrique de la dent saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

4.2 Éléments géométriques de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

4.3 Conception des courbes supports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

4.4 Conception d’une racine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

4.5 Jonction des racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

4.6 Géométrie de la cavité pulpaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

4.7 Courbes utilisées pour la conception du ligament parodontal . . . . . . . . . . . . . . 103

4.8 Modèle géométrique de l’assemblage prothétique dentaire (sans le ligament) . . . . 103

XIII
Liste des figures

4.9 Géométrie CAO pour du joint de scellement - a. Géométrie 3D b. Cotations sur coupe

médiane (en mm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

4.10 Réponse hyperélastique non-linéaire adoptée pour modéliser le comportement du

ligament parodontal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

4.11 Représentation schématique de l’orientation des tubules et des prismes d’émail [New00]108

4.12 Description géométrique pour l’orientation des tubules . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

4.13 Champ d’orientation implémenté - dentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

4.14 Champ d’orientation implémenté - émail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

4.15 Modélisation mécanique par éléments finis - dent saine . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

4.16 Champs des contraintes principales maximales σ1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

4.17 Champs des contraintes dans le PDL - a. contrainte principale maximale - b. contrainte

principale minimale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

4.18 M-cracks, particulièrement mises en évidence chez les primates (Orang-outan) [BKB+ 11]117

4.19 Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - dentine orthotrope . . 119

4.20 Champs des critères δ1 et δ3 - dentine orthotrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

4.21 Distributions des critères δ1 et δ3 pour la dentine et l’émail - émail isotrope transverse120

4.22 Champs des critères δ1 et δ3 - émail isotrope transverse . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

4.23 Modélisation mécanique du problème - dent restaurée . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

4.24 Champ de contrainte principale maximale σ1 - cas de chargement normal . . . . . . 124

4.25 Champ de contrainte principale σ1 - cas de chargement incliné . . . . . . . . . . . . 124

4.26 Contraintes de von Mises dans le joint de scellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

4.27 Modélisation simpliée de la dent restaurée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

4.28 Champs des contraintes principales σ1 - chargement composé - modélisation sim-

plifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

5.1 Principales étapes de l’algorithme de rétro-conception (d’après D.J. Yoo [Yoo11]) . . 135

5.2 Schématisation 2D de la décomposition en octree adaptative (d’après P. Reuter [Reu03])138

5.3 Mise en place des points de conception sur la surface implicite (d’après [Yoo11]) . . 140

5.4 Simplification des surfaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

5.5 Reconstruction CAO d’une molaire saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

5.6 Modèles géométriques considérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

5.7 Incohérences dans la description géométrique issue de CATIA . . . . . . . . . . . . . 145

5.8 Comparaison des maillages EF surfaciques (GMSH, taille d’éléments : 10 - 20 µm) . 146

XIV
Liste des figures

5.9 Géométries au format STL des données scannées sur le patient (Autodesk Meshmixer)148

5.10 Élements de la procédure de conception prothétique (Romexis PlanMeca) . . . . . . 148

5.11 Géométrie au format STL de la couronne prothétique (Autodesk Meshmixer) . . . . 149

5.12 Modèle CAO de l’assemblage prothétique dentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

5.13 Identification de la surface de chargement occlusale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

5.14 Contraintes principales maximales σ1 dans la couronne (en MPa) . . . . . . . . . . . 152

5.15 Contrainte équivalente de von Mises dans le joint de scellement (MPa) . . . . . . . . 153

5.16 Modifications géométriques pour la prothèse optimisée . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

B.1 Dentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI

B.2 Émail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII

B.3 Ligament parodontal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VIII

B.4 Couronne prothétique et joint de scellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX

XV
Liste des figures

XVI
Liste des tableaux

2.1 Caractéristiques du maillage EF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

2.2 Paramétrage pour la configuration de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

3.1 Évolution des propriétés physiques et des propriétés équivalentes modélisées . . . . 84

4.1 Coefficients du modèle de Ogden pour le ligament parodontal [WTY09] . . . . . . . 105

4.2 Coefficients élastiques des tissus durs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

4.3 Caractéristiques des maillages éléments finis de la dent saine . . . . . . . . . . . . . . 114

4.4 Modèles étudiés pour la dent saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

4.5 Caractéristiques des critères δi en (MPa) - dentine orthotrope . . . . . . . . . . . . . 118

4.6 Caractéristiques des critères δi en (MPa) - émail isotrope transverse . . . . . . . . . . 120

4.7 Coefficients élastiques des matériaux de la dent restaurée . . . . . . . . . . . . . . . . 123

4.8 Caractéristiques du maillage éléments finis de la dent restaurée . . . . . . . . . . . . 123

4.9 Intensités maximales des contraintes σ1 et σ2 aux ZOI . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

4.10 Intensités maximales des contraintes principales σ1 et σ2 aux ZOI . . . . . . . . . . . 127

5.1 Caractéristiques des critères γK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

5.2 Caractéristiques du maillage éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

A.1 Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II

A.2 Propriétés mécaniques des matériaux prothétiques (suite) . . . . . . . . . . . . . . . III

XVII
Titre : Analyse mécanique et optimisation géométrique de la dent restaurée par méthode indirecte
Mots clés : Restauration dentaire indirecte, Ingénierie biomédicale, Patient-specific, CFAO, Dentisterie
conservatrice
Résumé : La réhabilitation des fonctions physiolo- libre de paramétrage dans le cadre des procédés
giques dentaires à l’aide de restaurations céramiques CFAO employés en dentisterie. Une étude mécanique
collées est l’un des enjeux majeurs de la dentisterie 3D étendant la modélisation jusqu’au ligament pa-
conservatrice. S’il est maintenant bien établi que la rodontal a ensuite été réalisée afin d’approcher le
jonction céramique/composite revêt une importance problème de manière plus réaliste. Les résultats ob-
capitale pour la durabilité de l’assemblage, les ob- tenus mettent notamment en évidence des zones for-
servations par le biais d’un scanner X-µCT nous tement sollicitées au niveau de la ligne cervicale de
ont permis de mettre en évidence plusieurs types la prothèse, en coı̈ncidence avec un mode de rupture
de défauts (décollement, bulles d’air) dont l’analyse clinique fréquent. Cette modélisation 3D a également
mécanique révèle leur influence néfaste pour la te- fait l’objet d’une étude complémentaire permettant de
nue de la restauration. Les travaux réalisés portent justifier l’emploi des données géométriques présentes
également sur l’influence des paramètres de concep- au sein des procédés CFAO modernes dans le
tion de la prothèse sur la résistance mécanique cadre d’une optimisation mécanique de forme. Une
de l’assemblage prothétique dentaire. Ces études méthode de rétroconception basées sur l’interpola-
préliminaires ont été réalisées sur une modélisation tion de surfaces B-Splines et utilisant les données
EF 2D simplifiée permettant de s’affranchir de la va- scannées lors de l’opération médicale est finalement
riabilité morphologique des géométries réelles. Les proposée afin d’intégrer un calcul mécanique “pa-
résultats montrent notamment l’influence significative tient specific” dans la chaı̂ne numérique des procédés
du dimensionnement de l’intrados prothétique, laissé CFAO.

Title : Mechanical analysis and geometrical optimization of the restored tooth obtained by indirect method
Keywords : Dental indirect restoration, Biomedical engineering, Patient-specific, CAD/CAM, Conservative
dentistry
Abstract : The rehabilitation of dental function follo- the CAD/CAM process) is mechanically relevant. A 3D
wing the fitting of prostheses obtained by cemented finite element study extending to the periodontal liga-
ceramic restorations is one of the major challenges ment has then been realized in order to approach this
of restorative dentistry. It is now well established that problem in a more realistic perspective. Results show
the ceramic/composite interface has an important si- high stresses near from the cervical margin of the
gnificance for the longevity of the restoration and its crown, coinciding with a common clinical failure mode.
observation using X-ray µCT enabled us to charac- This 3D model was also used in a additional study al-
terize some types of defects within the cement layer lowing us to conclude that the geometrical data used
(air voids and debonding). The mechanical analysis in modern CAD/CAM processes are sufficient to de-
of the restored tooth considering those defects exhi- velop a mechanical optimization of the restoration de-
bits their negative influence on the strength of the as- sign. A reverse engineering method based on the in-
sembly. The influence of design parameters has also terpolation of B-Spline surfaces on scanned data ac-
been studied considering a simplified 2D axisymme- quired during clinic procedures is therefore introdu-
tric FE model in order to avoid the morphological di- ced in order to integrate a patient specific mechani-
versity of real geometries. Results show that the de- cal optimization within the digital chain of CAD/CAM
sign of the inner shape of the crown (editable within processes.

Université Paris-Saclay
Espace Technologique / Immeuble Discovery
Route de l’Orme aux Merisiers RD 128 / 91190 Saint-Aubin, France

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