Introduction

Le véritable amour

« Il la réveilla d’un baiser; elle le trouva charmant. Ils se marièrent,

eurent deux enfants et vécurent heureux.» Est-ce vraiment cela
l’amour ? Certainement pas, si je me fie aux 50 % de couples qui
divorcent et aux 30 % qui se résignent. Mais qu’est-ce que
l’amour, le véritable amour? Et comment le reconnaître ?

Le mystère de l’amour
La vie de couple est tout sauf un long fleuve tranquille. Tous les
couples heureux à long terme ont vécu des hauts et des bas. Cer-
tains sont même passés par une séparation temporaire. Le bon-
heur n’est pas toujours au rendez-vous des relations
amoureuses.

Les couples heureux, lorsqu’on les interroge, ne savent pas

ce qui a fait qu’ils se sont aimés et ont été heureux. Pourquoi
deux personnes ont été attirées l’une vers l’autre, se sont aimées
et ont été heureuses est un mystère tant pour ceux qui le vivent
que pour ceux qui les regardent.

« Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Pourquoi ça a fonctionné pour

eux et par pour nous ? » La psychologie conjugale a bien quelques
hypo- thèses, mais n’a que quelques rares certitudes. De nombreux
couples semblaient parfaits et avaient tout pour réussir, mais ils ont
quand même divorcé ou se sont résignés.

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 L’amour véritable

La peur de l’amour
Aimer se conjugue avec avoir peur. La peur de ne pas être aimé; la
peur de ne plus aimer ; la peur de perdre l’amour de l’autre. Aimer,
c’est prendre le risque de souffrir. L’amour est un sentiment qui
fait courir un réel danger aux deux amants.

C’est pourquoi il y a toujours une lutte pour le pouvoir dans

l’amour, une lutte dont l’objectif est de prendre le contrôle
émotion- nel de l’autre afin de ne plus avoir peur. Et une lutte pour
éviter que l’autre prenne du pouvoir sur soi, afin de maîtriser sa
peur de l’aban- don.

L’engagement de l’amour
Pour 80 % des couples, l’amour se présente plutôt comme une
pente descendante. Après la passion survient une période
d’amour plus tranquille et, immanquablement, commence une
lutte pour le pou- voir qui persiste avant, pendant et après le
divorce. Pourtant, 20 % des couples réussissent à monter en
amour, plutôt qu’à tomber amoureux.

L’amour, qui est un choix, nécessite de multiples efforts

pour entretenir l’engagement amoureux et faire face aux
nombreux con- flits insolubles et aux moments critiques
inévitables. Il est plus dif- ficile d’être heureux que malheureux:
être heureux et surtout être heureux en couple exige de grands
efforts. Mais c’est possible.

Le désir d’amour
Aimer, c’est évidemment désirer l’autre. Aimer, c’est faire
l’amour. L’amour requiert du plaisir pour entretenir le désir de
l’autre. Sans amour, l’acte sexuel est vide de sens: il n’est que
décharge de ten- sions et frottement d’épidermes.

Une baisse de libido signifie-t-elle pour autant un désamour ?

Pas nécessairement. Au même titre que manger fait disparaître la
faim, faire l’amour fait disparaître le désir, du moins
temporairement.
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 Le véritable amour

D’où la nécessité de créer une juste distance entre la fusion (man-

ger) et l’autonomie (jeûner) pour entretenir le désir (faim). Le
désir, c’est flux et reflux.

Exister en amour
Jean-Paul Sartre disait : « Être aimé, c’est se sentir justifié d’exister. »
L’amour véritable donne l’impression d’exister, d’exister grâce au
regard de l’autre, d’être unique au monde, et donne à l’autre la sen-
sation d’exister grâce à notre regard et stimule son impression d’être
unique au monde.

C’est pourquoi les amoureux adorent se regarder jusqu’au

tré- fonds de leur âme, sans gêne, y compris au moment de
l’orgasme, aboutissement du désir. Ne dit-on pas que les
amoureux sont seuls au monde ? Oui, mais ils s’ouvrent aussi au
monde et créent de nou- velles existences. L’amour permet à
d’autres, à des enfants, d’exis- ter et prouve aux autres que
l’amour existe.

***

J’aborderai tout au long des chroniques de ce livre

différentes dimensions de la relation amoureuse en espérant que
leur lecture augmentera vos chances de faire partie des couples
heureux à long terme. Je vous le souhaite du fond du cœur parce
que je sais que c’est possible.

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 Chronique 1

L’importance du toucher

Le toucher est le seul sens qui implique le corps au complet. Les

quatre autres sens sont tous localisés dans la tête. On peut certes
toucher avec nos mains, mais on peut aussi toucher avec toutes les
autres parties de notre corps, y compris avec nos organes génitaux.

Le toucher constitue le seul sens essentiel à la survie et au

déve- loppement de l’être humain, et même de certains animaux.
C’est celui qui se développe en premier chez le fœtus, les autres
n’étant finalement que des spécialisations du toucher à la lumière
(vue), aux sons (audition), aux saveurs (goût) et aux odeurs
(olfaction).

Grâce au nombre et à la densité des cellules nerveuses tactiles,

le toucher permet les sensations les plus fortes, tant agréables
que douloureuses, et génère une grande variété de plaisirs. Il est
aussi la source et l’expression de sentiments profonds.

Le potentiel érogène du toucher est à l’origine des relations

tant amoureuses, familiales qu’amicales. De nombreux
psychologues ont démontré depuis longtemps l’importance du
toucher et des ca- resses dans l’équilibre psychique et physique de
tout individu.

Les personnes déprimées et suicidaires sont souvent privées

de contacts physiques et les enfants insuffisamment touchés et
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 L’amour véritable

caressés sont plus tendus, agités et agressifs, et manifestent plus de

troubles d’apprentissage scolaire et social. Les effets bénéfiques
d’un massage thérapeutique sur le stress équivalent facilement à
quatre heures de sommeil.

Les bienfaits d’une étreinte

Pendant la période de séduction et de lune de miel, les
nouveaux amoureux se touchent constamment.
Malheureusement, avec le temps qui passe et les conflits
conjugaux qui surviennent, les amants se touchent de moins en
moins, hypothéquant la qualité de leur amour.

Saviez-vous que la durée moyenne d’une étreinte entre deux

personnes est de trois secondes, soit le temps de retenir sa
respira- tion ? De plus, la majorité des gens qui s’étreignent font
en sorte que seules leurs têtes se touchent: une bise à gauche, une
bise à droite...

Nous avons découvert une chose fantastique concernant les

étreintes : les personnes qui se prennent dans les bras l’un de
l’autre pendant au moins vingt secondes, soit le temps de deux
ou trois respirations profondes, sont beaucoup plus amoureuses
ou ami- cales que celles qui se contentent d’une poignée de
main.

Une étreinte corps à corps produit un effet thérapeutique

indé- niable sur le corps et sur l’esprit. La raison est fort simple:
toucher, caresser, embrasser... stimule la production
d’ocytocine, appelée hormone de l’attachement par les
biochimistes et par les psycho- logues.

Des études récentes suggèrent que cette ocytocine joue un rôle

crucial non seulement dans les relations d’attachement, mais aussi
dans la confiance en soi, l’empathie, la reconnaissance sociale,
la réduction de l’anxiété. Elle faciliterait même l’atteinte de
l’orgasme.

Son rôle est scientifiquement prouvé depuis longtemps dans la

grossesse, l’accouchement et l’allaitement. Les femmes en pro-
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 L’importance du toucher

duisent à la simple vue d’un poupon ou d’un petit animal, alors que
le cerveau de l’homme en sécrète surtout lors de contacts
sexuels. C’est l’une des raisons qui expliquent que l’homme
devient amou- reux de la femme qu’il désire et qui est
sexuellement réceptive, ac- tive et initiatrice.

Vous voulez diminuer l’intensité de vos disputes et augmenter

celle de votre amour? Prenez votre partenaire dans vos bras plu-
sieurs fois par jour, sans visée sexuelle, pendant vingt secondes au
minimum. Non seulement vous minimiserez la durée de vos dis-
putes, mais vous prolongerez également la durée de votre
sentiment amoureux. Un bénéfice secondaire non négligeable:
votre système immunitaire s’en trouvera renforcé.

L’observation des couples heureux à long terme nous a démon-

tré qu’ils se faisaient des étreintes et des câlins pendant au
moins cinq minutes par jour. Une étreinte constitue l’un des
plus beaux cadeaux que vous pouvez vous faire et faire à autrui.
Commencez dès aujourd’hui par les êtres qui vous sont chers et
ils le seront en- core plus.

KL
« Les mains sur la peau touchent l’âme à vif. »
Christian Bobin

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 Chronique 2

La manipulation et l’amour

Il existe dans tous les couples une tentative de prendre le

contrôle émotionnel de l’autre afin de s’assurer que celui-ci,
importante source de plaisirs, est conquis (ou acquis) une fois
pour toutes. Et cela n’a rien à voir avec l’amour ni la bonne foi.

Au début de toute relation, les deux partenaires sont dans

une situation de dépendance, aucun n’étant certain que l’autre
sera sé- duit et que la relation durera. Pour ce faire, chacun se
présente sous son plus beau jour et cherche à plaire à l’autre.
Mais vient le mo- ment où l’autre est effectivement séduit et où
l’on se présente alors sous son vrai jour.

La manipulation
Le mot « manipulation » a mauvaise presse. Pourtant, en soi, la
ma- nipulation peut être prise dans le sens de maniement, de
tâtement ou d’influence. La manipulation n’est péjorative que
lorsqu’elle de- vient machination ou exploitation de l’autre. En
fait, c’est l’inten- tion du manipulateur, et non la manipulation en
elle-même, qui peut être positive ou négative.

La séduction est une forme de manipulation, tout comme la pu-

blicité ou la magie. Si les deux, manipulateur et manipulé, y
trou- vent leur profit, on ne peut parler de manipulation
malhonnête. Le

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 La manipulation et l’amour

musicien qui manipule sa guitare le fait pour séduire nos oreilles et

vendre des spectacles. Tous y gagnent.

La manipulation ne devient négative que lorsqu’elle se fait

au détriment de la personne manipulée, lorsqu’elle cherche à
asservir une personne, à prendre du pouvoir sur l’autre en l’isolant
ou en lui faisant perdre son estime d’elle-même.

Les manipulateurs pathologiques

Nous sommes tous plus ou moins manipulateurs: il est tout à
fait humain de chercher à protéger ce que nous aimons ou à
augmen- ter nos intérêts. Le vendeur vous manipule s’il sait qu’en
vous tou- chant il accroît ses probabilités d’une vente. Le
séducteur qui sait que les femmes commencent à « jouir par les
oreilles » vous mani- pule. La femme qui vous complimente pour
obtenir quelque chose vous manipule. Mais toutes ces
manipulations le sont par des gens honnêtes.

La manipulation devient névrotique lorsqu’elle est faite par un

« vampire émotif » qui vous dévalorise sans cesse et vous donne l’im-
pression d’être piégé. Les stratégies des manipulateurs patholo-
giques peuvent prendre plusieurs formes :
• La jalousie : « Tu n’as pas le droit d’exister en dehors de moi.
Je dois savoir en tout temps ce que tu fais et avec qui tu es. »
• Le pouvoir : « Tu agis comme je veux, sinon prends garde à
toi. Tu auras mérité ce qui t’arrivera. »
• La faiblesse : « Je ne suis rien sans toi. Tu ne peux me quitter,
car je ne peux vivre sans toi. »
• La servitude : « Ǫue ferais-tu sans moi ? Je te suis tellement
utile que tu ne pourras jamais me quitter. »
• La culpabilité : « Tout est de ta faute si ça ne marche pas
entre nous. Tu devrais consulter un psy. »

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 L’amour véritable

• La menace : « Si jamais tu me quittes, tu ne verras plus jamais

tes enfants. Tu vas le payer très cher si tu veux divorcer. »

La contre-manipulation
Ces différentes formes de manipulation peuvent être plus ou moins
intenses. Plus elles le sont, plus la vie devient un enfer pour la per-
sonne manipulée qui ne sait plus du tout comment réagir.

Le manipulateur ne possède sur nous que le pouvoir que

nous voulons bien lui accorder et, généralement, la personne
manipulée lui en accorde trop. Rien ne sert de discuter avec un
manipulateur pervers, car il est imperméable à toute logique et à
toute thérapie. Et l’intensité de votre amour n’y changera rien.

La seule issue possible : la fuite. La contre-manipulation est

éner- givore et très rarement efficace.

KL
« Personne ne peut manipuler personne.»
Paolo Coelho

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 Chronique 3

La quête du bonheur

On a demandé un jour à John Lennon, le fameux ex-Beatles, ce

qu’il voulait être quand il serait grand. Ce à quoi il a répondu : « Heu-
reux ! » On lui a dit qu’il n’avait pas compris la question. Ce à
quoi il a rétorqué : « Vous n’avez rien compris à la vie. »

Être en vie constitue la première raison pour être heureux.

Toute la vie devrait être axée sur cette quête du bonheur, pour soi
et pour ceux que nous aimons. Malheureusement, l’humain
complique cette quête en développant des habitudes toxiques. «
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »

Certaines habitudes rendent la quête du bonheur

particulière- ment difficile, voire impossible. Les gens heureux les
évitent.
1. Les cancans. La vie des gens heureux est tellement remplie
qu’ils n’ont pas le temps de se mêler des problèmes des
autres et lors- qu’ils parlent d’autrui, ils ne disent que des
choses vraies, posi- tives et utiles à leur sujet.
2. Penser négativement. Les personnes malheureuses se plaignent
sans cesse à propos de tout. Les gens heureux sont
optimistes, sans tomber dans la pensée magique (ce qui est
souvent le cas avec la pensée dite positive).
3. L’envie. Pourquoi nous comparer aux autres lorsque nous
avons ce qu’il faut pour être heureux ? Les gens heureux
célèbrent
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