TP Elie Kahongya

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UNIVERSITE CATHOLIQUE DU GRABEN «U.C.G.»

FACULTE DE DROIT

ANALYSE DE LA PHASE ADMINISTRATIVE DU CONTENTIEUX


FISCAL EN MATIERE DE RECLAMATION DES IMPOTS
PROVINCIAUX

Travail pratique du cours de DROIT FISCAL

Réalisé par :

KASEREKA KAHONGYA ELIE

TITULAIRE DU COURS : P.A. MUYISA MUSUBAO MOISE

ASSISTANT DU COURS : ASS. KOMBOZI NATHANAEL

ANNEE ACADEMIQUE : 2023-2024


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TP DE FROIT FISCAL

« ANALYSE DE LA PHASE ADMINISTRATIVE DU CONTENTIEUX FISCAL EN MATIERE DE


RECLAMATION DES IMPOTS PROVINCIAUX »

INTRODUCTION

L’impôt est une des sources d’alimentation du budget de l’Etat qui met en jeu le
pouvoir de contrainte. Cette contrainte, peut être de toutes les contraintes exercées par l’Etat,
une de plus sensibles, une de plus aptes à provoquer la réaction des assujettis. Cette réaction
se justifie d’autant plus que, toute opération d’imposition, quelle que soit la nature de l’impôt
en cause, est par essence une opération de puissance publique assurée par les corps
administratifs. Son caractère exorbitant se traduit soit par l’émission d’un acte d’imposition,
soit par la mise en œuvre des procédures de contrainte entourant le recouvrement.
Cependant, l’application de la loi fiscale est souvent porteuse des germes des conflits, et le
problème se situe à plusieurs niveaux : Une imposition peut être contestée par les
contribuables, c’est-à-dire, ceux-ci peuvent contester la manière dont l’impôt a été calculé,
soit le bien fondé des poursuites engagées contre eux sans remettre en cause la créance
fiscale elle-même. Ainsi, le contribuable sollicite le plus souvent la réparation d’erreurs
commises à son détriment lorsque l’erreur incriminée affecte un prélèvement ayant donné
lieu à l’établissement de rôle. A cet effet, il a la possibilité de formuler une demande en
décharge s’il estime l’imposition injustifiée ou réclamer une déduction s’il juge simplement
exagérée. En République Démocratique du Congo il existe des impôts à caractère national et
des impôts à caractère provincial. Ce travail va se focaliser sur l'analyse de la Phase
administrative du contentieux fiscal en matière de réclamation des impôts provinciaux. Pour
ce faire, nous allons passer en revue les notions sur les différents impôts provinciaux
(CHAPITRE I), avant d’attirer notre attention sur l’analyse proprement dite de la Phase
administrative du contentieux fiscal en matière de réclamation des impôts provinciaux
(CHAPITRE II.)
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CHAPITRE I. LES IMPÔTS PROVINCIAUX EN RDC

Dans le souci de rapprocher l’administration aux administrés, la Constitution de 2006


a octroyé la personnalité juridique aux provinces sur la base de laquelle celles-ci disposent
désormais de certaines prérogatives et cela dans divers domaines. D’où il est important
d’aborder d’abord les notions sur le pouvoir fiscal provincial en RDC (Section 1) avant de se
pencher sur son contenu (Section 2).

Section 1. Le pouvoir fiscal provincial en RDC

Sur le plan fiscal, la Constitution détermine les compétences de pouvoir central, les
compétences concurrentes entre le pouvoir central et des provinces ainsi que les
compétences exclusives des provinces.

§1. Affirmation du pouvoir fiscal provincial

L’article 203 point 7 de la constitution place l’établissement des impôts parmi les
compétences concurrentes du pouvoir central et des provinces. De même, en ce qui concerne
la compétence exclusive des provinces, l’article 204 de la Constitution reconnait aux provinces
la compétence d’organiser le régime fiscal des impôts. Il dispose à son point 16 que Sans
préjudice des autres dispositions de la présente Constitution, les matières suivantes sont de
la compétence exclusive des Provinces : les impôts, les taxes et les droits provinciaux et locaux
notamment l’impôt foncier, l’impôt sur les revenus locatifs et l’impôt sur les véhicules
automoteurs. L’article 205 de la Constitution prévoit que le Parlement ne peut pas légiférer
dans les compétences exclusives des provinces. Réciproquement une Assemblée provinciale
ne peut pas légiférer sur les matières de la compétence exclusive du pouvoir central. Il résulte
de ces dispositions que le Constituant originaire congolais a consacré le pouvoir fiscal des
provinces, notamment en matière d’établissement d’impôts, de leurs recouvrements et de la
fixation de leurs taux. C’est dans cette optique que la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 sur la
libre administration des provinces, notamment en ses articles 35, 36 et 475, dispose que les
impôts et taxes de la compétence de la province sont établis conformément à la législation
provinciale.
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§2. Caractéristiques du pouvoir fiscal provincial

Une entité territoriale déterminée bénéficiant de la souveraineté populaire, est réputée


jouir du pouvoir fiscal dès lors qu’elle dispose d’un système fiscal représentant deux
caractéristiques dont l’autonomie technique d’une part (A) et une exclusivité d’application sur
une entité donnée d’autre part (B).

A. De l’exclusivité d’application sur une entité donnée

L’exclusivité d’application signifie que le système fiscal s’applique, à l’exclusion de tout


système concurrent dans un territoire géographique déterminé où il est « unique pourvoyeur
de ressources fiscales d’un budget ou d’un système budgétaire (budget central ou les budgets
locaux) ».

B. De l’autonomie technique

L’autonomie technique suppose que le système fiscal soit « complet » en d’autres termes,
qu’il contient toutes les règles d’assiettes, liquidations et recouvrements nécessaires à la mise
en œuvre de l’impôt, et ce, même si son contenu a été élaboré sous l’influence directe ou
indirecte d’un autre système fiscal ou s’il évolue dans la même direction que ce dernier à
condition, toutefois que ce parallélisme ne présente aucun caractère d’automaticité ou
d’obligation. A ce sujet, Michel Masabo enseigne que si un système fiscal présentant les deux
caractéristiques précédentes a été élaboré par des organes propres au territoire sur lequel il
est applicable, l’on pourra parler à cet égard d’une autonomie fiscale complète voire dans un
« lato sensu de la souveraineté fiscale »

Section 2. Du contenu du pouvoir fiscal provincial

Le pouvoir fiscal comprend la compétence relative à la détermination de l’assiette, fixation


des taux de matière imposable (§1) et enfin au recouvrement des impôts (§2).

§1. Détermination de l’assiette

L’assiette fiscale est garante du caractère équitable et loyal de la fiscalité, il revient au


législateur d’en fixer les règles. En la matière, la portée de la compétence législative est très
large. En effet, par détermination de l’assiette, il faut inclure non seulement le choix et la
définition de la matière imposable « création d’une nouvelle imposition, suppression d’une
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imposition existante, définition proprement dite de la matière imposable, des assujettis,


détermination du lieu d’imposition, fixation du fait générateur de l’impôt », mais aussi son
évaluation « il revient au Parlement de définir les méthodes d’évaluation ainsi que les choix
de la méthode qui serait applicable dans tel ou tel cas ». En d’autres mots, il appartient à la loi
(nationale ou provinciale) de façonner le système fiscal en réponse à deux questions
fondamentales : Qui va être contribuable ? Quelle va être la matière imposable ? En premier
lieu, une option sociale conduit la loi « à décider s’il faut préférer ne tenir compte dans
l’établissement de l’impôt que de la matière imposable, ou s’il faut également prendre en
considération la situation individuelle du contribuable ». Il s’agit là du choix entre « l’impôt
réel et l’impôt personnel ». En deuxième lieu, la loi doit choisir sur quelle richesse va reposer
la matière imposable, à cet effet en suivant la « trilogie désormais classique, mais dont les
termes sont moins homogènes qu’il n’y paraît à première vue ». Il s’agit pour le législateur
d’opérer un choix entre le revenu, le capital ou la dépense : c’est l’option économique. En
troisième lieu, il s’agit pour la loi d’opérer une option selon les techniques juridiques
d’imposition. On se trouve donc en présence du choix entre « l’impôt direct et l’impôt indirect
».

§2. De la fixation des taux

Une fois la matière imposable connue, il appartient également à la loi de déterminer


le taux de l’impôt, c’est-à-dire le pourcentage à appliquer à la base d’imposition pour trouver
le montant de l’impôt dû au fisc. Pour ce faire, le titulaire du pouvoir fiscal utilise, soit la
technique de la quotité, soit celle de la répartition. Dans le système de l’impôt de quotité, la
loi fixe à l’avance le taux de l’impôt, tandis que le produit de l’impôt est seulement évalué de
façon plus ou moins approximative. Dans le système de l’impôt de répartition, au contraire, le
législateur fixe à l’avance le montant global de l’impôt, mais non pas son taux. Cependant, la
tendance est à la généralisation de la technique de la quotité. Suivant la quantité de la matière
imposable, la loi peut opter soit pour la proportionnalité c’est-à-dire, un impôt dont le taux
est constant, soit pour la progressivité en d’autres termes, un impôt qui, selon l’heureuse
formule de Condorcet « augmente plus qu’en proportion de la valeur imposée
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CHAPITRE II. PHASE ADMINISTRATIVE DE RECLAMATION D’IMPOTS PROVINCIAUX

Section 1. Notions générales sur la phase administrative du contentieux fiscal

La nouveauté introduite dans ce type de contentieux, par la réforme contenue dans la


loi de finances n° 17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, tient à son caractère non
juridictionnel. En effet, le législateur a imposé la saisine de l’administration avant de se
tourner éventuellement vers le juge. Cette exigence alourdie la procédure et pose de sérieux
problèmes de délais. Par exemple, un avis à tiers détenteurs doit être exécuté dans les huit
jours de sa réception. Or, le receveur dispose également de huit jours pour instruire une
réclamation. Dans un contexte pareil, et en prenant en compte le temps de rédaction d’une
réclamation, le contribuable aurait certainement déjà payé la dette fiscale avant un éventuel
recours juridictionnel et lors duquel il aurait contesté peut-être l’existence de son obligation
de payer. Le contentieux de recouvrement se présente ainsi comme un labyrinthe contentieux
dans lequel le redevable de l’impôt, même muni de conseils éclairés, peut être bien en peine
de le mener jusqu’au bout. C’est pourquoi, l’assistance d’un expert en la matière apparaît à
tout le moins indispensable. Cette procédure de la réclamation préalable est appelée à jouer
un rôle de filtre contentieux, destiné à désengorger les prétoires en permettant de régler
certains litiges selon des formes simplifiées, pour être dépourvus de caractère juridictionnel.
Le non-respect de cette règle est radicalement sanctionné. En effet, comme avec le
contentieux d’assiette, le recours porté directement devant le juge du recouvrement en
l’absence de réclamation est toujours irrecevable. De plus, le défaut de réclamation préalable
n’est pas susceptible d’être régularisé en cours d’instance. La réclamation est en principe
formée, eu égard au lieu d’imposition, devant le receveur des impôts compétent c’est-à-dire
celui qui a établi l’imposition contestée. Le receveur des impôts qui dispose des pouvoirs
appropriés pour procéder à l’instruction de la réclamation a, en principe, l’obligation de
répondre à celle-ci dans les huit jours qui suivent la date de la réception de la réclamation.

Section 2. La procédure administrative en matière de réclamation d’impôts provinciaux

En droit fiscal de la République Démocratique du Congo, le recours devant le juge est


subordonné à l'épuisement de la procédure de réclamation devant l'administration fiscale.
Cette procédure commence par l'introduction de la réclamation jusqu'en principe, à la
décision de l'autorité fiscale. Il s'agit du contentieux qui se déroule au niveau de
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l'administration des impôts sur la base de la réclamation introduite par le contribuable. Les
articles 104 à 107 et 110 de la Loi n°004/2003 du 13 mars 2003 décrivent son organisation et
son fonctionnement. Il commence avec l'introduction de la réclamation par le contribuable
auprès du responsable des impôts compétent (Directeur des Grandes Entreprises, Directeurs
urbain ou Provincial des Impôts selon le cas) et se termine par une décision rendue par ce
dernier. Dans la perspective de la création et de l'implantation des centres des impôts (CDI)
et des centres d'impôts synthétiques (CIS), le projet de Décret modifiant le Décret n°017/2003
du 02 mars 2003 élaboré dans le cadre du programme de réforme et de modernisation de
l'Administration fiscale congolaise confère également la compétence en matière contentieuse
au chef de centre de ces nouvelles structures pour les contribuables relevant de leurs
juridictions. Il s'agit de la réclamation introduite auprès de l'administration des impôts ( du
recours administratif préalable) prévue par les dispositions de l'articles 104 de la loi
n°004/2003 du 13 mars 2003 précitée sans lequel le contribuable ne peut porter son affaire
devant la justice... En effet, les redevables ou leurs mandataires munis d'un mandat général
ou spécial peuvent se pourvoir par écrit en réclamation auprès du directeur des impôts
compétent (lex data, Directeur des Grandes Entreprises, Directeur urbain ou provincial selon
le cas) et de lege ferende, du Chef de Centre contre le montant de leur imposition. Il importe
de préciser que le service compétent pour être saisi d'une réclamation est celui auprès duquel
le contribuable a souscrit sa déclaration ou celui qui a émis l'avis de mise en recouvrement.
Dans l'hypothèse où la réclamation serait introduite auprès d'un autre service, celui-ci est tenu
de la recevoir et de la transmettre à qui de droit L'exigence de la phase administrative
préalable traduit le souci du législateur de préserver le plus longtemps possible les chances du
dialogue entre l'administration des impôts et le contribuable ; elle oblige le contribuable à
exposer devant le fisc la requête qu'il souhaite déposer devant le juge et les moyens qu'il
entend déployer au soutien de celle-ci. Cependant il se constate que la procédure
administrative n’atteint toujours pas le résultat escompté pour les administrés. Car,
l’administration fiscale revient rarement sur ses décisions en faveur du contribuable. Lorsqu’il
s’agit par exemple de procéder au remboursement d’une somme d’argent à l’administration
fiscale, il n’est pas toujours évident qu’elle soit prête pour un retour de l’argent déjà encaissé.
Certes que cette procédure peut permettre aux contribuables d’éviter certains payements liés
à la justice mais il sied de souligner qu’elle rend la réclamation lente surtout lorsqu’elle
n’aboutit pas à un gain de cause en faveur du contribuable.
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CONCLUSION

En définitive, il y a lieu de souligner que l’impôt étant un prélèvement par voie


d’autorité, peut susciter des réclamations de la part du contribuable, surtout lorsqu’il estime
qu’il y a eu des erreurs dans la fixation, liquidation ou même dans le recouvrement de cet
impôt-là. La procédure en matière de réclamation fiscale est subordonnée à une procédure
administrative. Ce travail consistait à faire l’analyse de cette phase administrative en matière
de réclamation d’impôts provinciaux. Pour s’y faire, nous avons eu à étayer dans un premier
chapitre l’étendue du pouvoir fiscal provincial avant de se pencher dans un deuxième chapitre
sur l’analyse de la phase administrative en matière de réclamation d’impôts provinciaux.

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