0 - Chapitre II Métrologie

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Mesure et Instrumentation Université Libre de Tunis

Métrologie et instrumentation

Chapitre II : Acquisition des grandeurs physiques

Sommaire
Introduction 1
I. Chaine de mesure 2
II. Différents types des capteurs 2
II. 1. Définition d’un capteur 2
II. 2. Classification des capteurs 3
II. 2. 1. Capteurs actifs 3
II. 2. 2. Capteurs passifs 6
II. 3. Capteurs composites 7
III. Grandeurs d’influence 8

IV. Applications 9

« Si vous pouvez mesurer ce dont vous parlez, et l’exprimer par un


nombre, alors vous connaissez quelque chose de votre sujet. Si vous
ne le pouvez, votre connaissance est d’une bien pauvre espèce et bien
incertaine »

Lord KEVIN

Introduction

Dans de nombreux domaines (industrie, recherche scientifique, services, loisirs ...), on a besoin
de contrôler de nombreux paramètres physiques (température, force, position, vitesse,
luminosité, ...). Les instruments de mesure, les capteurs, présentent ainsi un élément indispensable
dans la mesure de ces grandeurs physiques et à la traduction des variations des procédés
physico-chimiques en des grandeurs exploitables.

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I. Chaine de mesure
La chaîne de mesure est l’ensemble de dispositifs permettant de déterminer, de la manière la
plus précise que possible, la valeur du mesurande considéré.

A l’entrée de la chaîne de mesure, le capteur, soumis à l’action du mesurande, permet d’injecter


dans la chaîne un signal qui est le support de l’information liée au mesurande. A la sortie de la
chaîne de mesure, les informations sont délivrées sous une forme appropriée à leur exploitation.

Dans sa structure de base, une chaîne de mesure doit pouvoir assurer, au moyen de dispositifs
appropriés, les fonctions suivantes :
 L’extraction de l’information et la traduction de la grandeur physique à mesurer en
signal électrique par le capteur.
 Le conditionnement du signal afin d’éviter sa dégradation par le bruit ou par des signaux
parasites : amplification, filtrage.
 La conversion du signal sous forme numérique adaptée au calculateur chargé de
l’exploiter.
 La visualisation et/ou l’utilisation des informations recueillies afin de lire la valeur de
la grandeur mesurée et/ou de l’exploiter dans le cas d’un asservissement.
De nos jours, compte tenu des possibilités importantes offertes par l’électronique et
l’informatique, la quasi-totalité des chaînes de mesure sont des chaînes électroniques.

Sous sa forme la plus simple, la chaîne de mesure peut se réduire au capteur associé à un
appareil de lecture

II. Différents types des capteurs

II. 1. Définition d’un capteur

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Un capteur est un organe de prélèvement d'information qui élabore à partir des grandeurs
physiques une autre grandeur de nature différente.

Il s’agit d’un dispositif de métrologie qui transforme une grandeur physique d'entrée
(température, pression, débit, …), appelée mesurande, en une autre grandeur de nature
généralement électrique (charge, tension, courant ou impédance) appelée réponse.

Un capteur est souvent soumis à d’autres grandeurs notées (g) présentant des perturbations
(température, humidité, champ magnétique, vibration, etc.)

La grandeur représentative de la grandeur prélevée se présente par la suite sous forme d’un
signal (analogique, numérique, digital) et elle est utilisable à des fins de mesure ou de
commande. Elle doit être une représentation aussi exacte que possible du mesurande considéré.

II. 2. Classification des capteurs

Il existe plusieurs types d’instruments de mesure ou autrement de capteurs.

La classification des capteurs peut se faire en fonction :

 Du mesurande qu’il traduit


 De leur rôle dans un processus industriel (contrôle de produits finis, de sécurité)
 Du signal qu’ils fournissent
 De leur principe de traduction de mesurande (capteur résistif, à effet de Hall, …)
 De leur principe de fonctionnement

Si on s'intéresse aux phénomènes physiques mis en jeux dans les capteurs, on peut classer ces
derniers en deux catégories : capteurs actifs et capteurs passifs.

II. 2. 1. Capteurs actifs

Un capteur actif se comporte comme générateur : il présente une source qui produit un signal
électrique traduisant le mesurande aussi fidèlement que possible.

Il est basé sur un effet physique qui assure la conversion de la forme d'énergie à la grandeur
physique à prélever, énergie thermique, mécanique ou de rayonnement, en énergie électrique.

La réponse en sortie d’un capteur actif peut être un courant, une tension ou une charge.
Ci-après un tableau qui présente les effets les plus rencontrés en instrumentation et qui sont
utilisés par les capteurs actifs.

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Grandeur à mesurer Effet utilisé Grandeur de sortie


Température Thermoélectrique Tension
Photovoltaïque Tension
Flux par rayonnement Photo-électrique Tension
lumineux Pyroélectrique Charge
Force Piézo-électrique Charge
Pression Piézo-électrique Charge
Accélération Piézo-électrique Charge
Vitesse Induction électromagnétique Tension
Position Hall Tension

Les principes généraux de ces effets physiques sont :


 Effet thermoélectrique : un circuit formé de deux conducteurs de natures chimiques
différentes, dont les jonctions sont à des températures T1 et T2, est le siège d'une force
électromotrice d'origine thermique e(T 1,T2).

 Effet pyroélectrique : certains cristaux ont une polarisation électrique spontanée qui dépend de
leur température. Ils portent en surface des charges électriques proportionnelles à cette
polarisation et de signes contraires sur les surfaces opposées.

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 Effet piézo-électrique : l'application d'une contrainte mécanique à certains matériaux dits


piézo-électriques (le quartz par exemple) entraîne l'apparition d'une déformation et d'une même
charge électrique de signe différent sur les faces opposées.

 Effet d'induction électromagnétique : la variation du flux d'induction magnétique dans un


circuit électrique induit une tension électrique (détection de passage d'un objet métallique).

 Effet photo-électrique : la libération de charges électriques dans la matière sous l'influence


d'un rayonnement lumineux ou plus généralement d'une onde électromagnétique.

 Effet Hall : un champ magnétique B et un courant électrique I créent dans le matériau une
différence de potentiel UH.

 Effet photovoltaïque : des électrons et des trous sont libérés au voisinage d'une jonction
PN illuminée, leur déplacement modifie la tension à ses bornes.

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II. 2. 2. Capteurs passifs

Les capteurs passifs sont des impédances intégrées dont l’un des paramètres déterminants est
sensible à la grandeur mesurée. Ainsi, pour les capteurs passifs, le mesurande agit sur
l’impédance qui peut être soit une résistance R, (Ohms Ω), une inductance L, (Henry H) ou
une capacitance C, (Farad F). Le signal électrique délivré par un capteur passif est ainsi une
variation d’impédance qui n’est mesurable qu’en intégrant le capteur dans un circuit
électrique, par ailleurs alimenté : c’est le conditionneur. Autrement dit, la variation de
l’Impédance traduit le mesurande et n’est mesurable que par le conditionneur qui est alimenté
par une source d’énergie électrique extérieure.
Les capteurs passifs utilisent ainsi un élément intermédiaire qui réagit au phénomène physique
et une alimentation électrique extérieure pour obtenir un signal électrique.
La valeur de l’impédance du capteur est liée :
 aux caractéristiques géométriques ou dimensionnelles
 aux caractéristiques des matériaux (Résistivité ρ, Perméabilité magnétique μ, Constante
diélectrique ε

La variation d’impédance peut donc être due à l’action du mesurande soit sur les
caractéristiques géométriques ou dimensionnelles, soit sur les propriétés électriques des
matériaux, soit plus rarement sur les deux simultanément.

Les caractéristiques géométriques ou dimensionnelles peuvent varier si le capteur comporte


un élément mobile ou déformable.

Dans le premier cas, à chaque position de l’élément mobile correspond une valeur de
l’impédance dont la mesure permet de connaître la position (principe des capteurs de
déplacement ou de position tel que le potentiomètre, inductance à noyau mobile,
condensateur à armature mobile).

Dans le second cas, la déformation appliquée au capteur entraîne une modification de


l’impédance (principe des capteurs de déformation tels que les jauges de contraintes). Soit
d’une déformation résultant de force ou de grandeur s’y ramenant, pression accélération
(armature de condensateur soumise à une différence de pression, jauge d’extensométrie liée à
une structure déformable).

Les propriétés électriques des matériaux (résistivité ρ, perméabilité magnétique µ,


constante diélectrique ε) peuvent être sensibles à différentes grandeurs physiques
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(température, humidité, éclairement …).

Si on fait varier une de ces grandeurs en maintenant les autres constantes, il s’établit une
relation entre la valeur de cette grandeur et celle de l’impédance du capteur. La courbe
d’étalonnage traduit cette relation et permet, à partir de la mesure de l’impédance, de déduire
la valeur de la grandeur physique variable, qui est en fait le mesurande.

Le tableau présente un aperçu des principaux mesurandes permettant de modifier les


propriétés électriques des matériaux utilisés pour la fabrication des capteurs passifs.

Grandeur mesurable Matériau utilisé Caractéristique électrique


sensible

Température Métaux, semi-conducteurs Résistivité

Rayonnement Semi-conducteurs Résistivité

Alliages de nickel Résistivité


Déformation
Alliages ferromagnétiques Perméabilité magnétique
Matériaux magnéto-résistants
Position Résistivité
Chlorure de Lithium Résistivité
Humidité
Polymères Constante diélectrique

Niveau Liquides isolants Constante diélectrique

II. 3. Capteurs composites

Pour des raisons de coût ou de facilité d'exploitation on peut être amené à utiliser un capteur,
non pas sensible à la grandeur physique à mesurer, mais à l'un de ses effets. Un capteur est
appelé composite s’il comprend l’association d’un corps d’épreuve et d’un capteur soit passif
ou actif.

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Le corps d'épreuve est le dispositif qui, soumis à la grandeur physique à mesurer, assure une
première traduction en une autre grandeur physique non électrique, appelée mesurande
secondaire, que le capteur traduit en signal électrique grâce au circuit de conditionnement.

III. Grandeurs d’influence


En raison des conditions d’utilisation, le capteur peut se trouver soumis non seulement à
l’influence du mesurande, mais également à d’autres grandeurs physiques qui peuvent entraîner
une variation de la grandeur électrique de sortie qu’il n’est pas possible de distinguer de l’action
du mesurande. Ces grandeurs physiques « parasites » auxquelles la réponse du capteur peut
être sensible représentent les grandeurs d’influence, dont les plus importantes sont :

 La température qui modifie les caractéristiques électriques, mécaniques et


dimensionnelles des composants du capteur.
 La pression, l’accélération et les vibrations qui peuvent provoquer des déformations et
des contraintes qui altèrent la réponse du capteur.
 L’humidité qui peut modifier certaines propriétés électriques du capteur et qui peut
dégrader l’isolation électrique entre ses composants ou entre le capteur et son environnement.
 Les champs magnétiques qui peuvent créer des f.e.m d’induction qui se superposent au
signal utile.
 La tension d’alimentation dont la variation de l’amplitude ou de la fréquence peut
perturber la grandeur électrique de sortie du capteur.
 La lumière ambiante qui peut s’ajouter au flux lumineux à mesurer.

Afin de pouvoir déduire de la valeur mesurée, les valeurs correspondant à ces grandeurs
parasites, il faut :

 Réduire l’importance des grandeurs d’influence au niveau du capteur en le protégeant


par un isolement adéquat (antivibration, blindage magnétique,).
 Stabiliser les grandeurs d’influence à des valeurs parfaitement connues et étalonner le
capteur dans ces conditions de fonctionnement (enceinte thermostatée).
 Utiliser éventuellement des montages électriques permettant de compenser l’influence
de ces grandeurs, comme par exemple un pont de Wheatstone avec un capteur identique placé
dans une branche adjacente au capteur.

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IV. Applications

IV.1. Instruments de mesure

Ce tableau illustre les photos de quelques appareils de mesure, leurs noms et la grandeur mesurée :

Pt100 Sonde IR Sonde HMP 155A

Température Température Humidité relative

Pyrhéliomètre Pyranomètre Baromètre


Rayonnement solaire Rayonnement solaire Pression

Anémomètre Anémomètre Hot disk


Vitesse du vent Vitesse du vent Conductivité thermique

IV.2. Capteur actif : Principe d’un thermocouple

En physique, les thermocouples sont utilisés pour la mesure de températures. Ils permettent la
mesure dans une grande gamme de températures. Un thermocouple utilise principalement l'effet
Seebeck afin d'obtenir une mesure de la température.
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Si on réunit à une extrémité deux fils métalliques de natures différentes et que l'on élève la
température de cette extrémité, il apparaît une tension e aux extrémités restées libres. Il est
possible de déterminer la température de l'extrémité chauffée à partir de la mesure de la force
électromotrice e.

Par convention, on appelle :


 Soudure chaude : jonction de l'ensemble thermocouple soumis à la température à
mesurer, c'est la jonction de Mesure.
 Soudure froide : jonction de l'ensemble thermocouple maintenu à une température
connue ou à 0 °C, c'est la jonction de Référence.

La détermination des températures en fonctions des tensions ou inversement se fait en utilisant


des tables, à savoir ITS-90 Table pour les thermocouples, par une simple projection.
Ces tables correspondent à une jonction de référence égale à 0 °C !!!

Application : Déterminer Tm

Tref (°C) Tm (°C) e(Tm - Tref) (mV)

Exemple 1 : 0 4,513

Exemple 2 : 0 2,751

Exemple 3 : 18 1,696

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Exemple 1 : la jonction de mesure est à 0 °C et la tension existe dans la table

Exemple 2 : la jonction de mesure est à 0 °C mais la tension n’existe pas dans la table !!

Exemple 3 : la tension existe dans la table mais la jonction de mesure n’est pas à 0 °C !!

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IV.3. Capteur passif : Principe d’une jauge de déformation

Les jauges de déformation, dites « jauges de contrainte », sont des résistances métalliques ou semi-
conductrices qui traduisent en variation de résistance une contrainte mécanique.

Ce capteur est fait d'un fil fin enroulé selon une direction préférentielle et collé à la pièce par
l'entremise d'un support d'isolation. La jauge est constituée d’une piste résistive collée sur un support
en résine. Le tout est collé sur le corps dont en veut mesurer la déformation.

Lorsque la pièce est soumise au chargement, sa déformation est transmise à travers la colle et le
support à la jauge. Un changement proportionnel de la résistance en résulte.

La résistance d’un conducteur est donnée par la relation :

𝒍
𝑹=𝝆
𝑺

Avec 𝝆 est la résistivité (Ω.m), 𝒍 est la longueur (m) et 𝑺 est la surface (m2).

La déformation de la jauge modifie la longueur l et entraine une variation de la résistance R. Les


variations relatives de résistance R et de longueur l d’une jauge sont liées par la relation :

𝜟𝑹 𝜟𝒍
=α=K
𝑹 𝒍
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où K, le facteur de jauge, est proche de 2 pour les jauges métalliques et de 40 à 200 pour les jauges à
semi-conducteurs au silicium.

IV.4. Conditionnement : pont de Wheatstone


Un pont de Wheatstone est le circuit le mieux adapté pour la mesure de très faibles variations de
résistances électriques. Cette technique est utilisée pour conditionner des capteurs à variation de
résistance et est communément employée pour les capteurs basés principalement sur les jauges de
contrainte car il permet de mesurer avec précision des déformations relatives de quelques mm/m.
On associe la variation d’impédance de ce capteur à une source de tension ou une source de courant
et la grandeur exploitée est la tension de sortie.

𝜟𝑹 𝜟𝒍
On rappelle la relation générale de la jauge =α=K
𝑹 𝒍

Le pont de Wheatstone est constitué de quatre résistances, d'un générateur de tension de courant et
d'un détecteur.

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(E,Rs) et (I,Rs) caractérisent la source de tension ou de courant.
Rc résistance correspondante du capteur.
Rd est la résistance du dispositif de détection de l'équilibre du pont ou bien de mesure de son
déséquilibre (impédance d’entrée de l’appareil de mesure).

Au nœud A on obtient : VA

Au nœud B on obtient : VB

Ainsi, VA – VB =

I=

Le pont est dit équilibré lorsque VA=V B ce qui implique que le courant dans la branche AB est nul
VA - VB = 0 R2R3 = R1R4 , R2 = RC

On remarque que la condition d’équilibre du pont ne dépond que de résistances du pont : elle est
indépendante des résistances de la source et du détecteur de déséquilibre.

D’une façon générale, les capteurs passifs, en particulier les résistifs, peuvent être incorporés dans le
pont avec plusieurs manières.

(a) Circuit quart de pont

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(b) Circuit demi pont

(c) Circuit pont complet

Pour un circuit quart de pont, le pont est constitué de trois résistances fixes R1 = R2 = R3 = R, et un
𝜟𝑹
seul capteur résistif R4 = R + ΔR = R(1+ α) où α =
𝑹
En remplaçant les résistances dans l’expression de VA - VB on obtient

L’expression de la tension de mesure Vm = VA - VB = montre que son


évolution en fonction de α n’est pas linéaire. Pour des faibles variations de résistance, où α est faible,
l’expression peut se simplifier à
Vm =

Dans le cas général, où ΔR n’est pas négligeable devant R, l’expression de la tension de mesure peut
être linéarisée en utilisant des amplificateurs opérationnels associés au pont.

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