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DNB Blanc 2022 Texte-Littéraire Image Questions

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A.

Texte littéraire
Vétéran des conflits en Indochine et en Algérie, Victorien Salagnon raconte à un jeune
homme ses souvenirs de guerre. Il évoque notamment ici celle d'Indochine, à la fin de la
première moitié du XXème siècle. Cette colonie française a cherché à accéder à
l'indépendance, et a été à l'origine d'une défaite cinglante et meurtrière pour la France.

1 L’Indochine ? C’est la planète Mars. Ou Neptune. Je ne sais pas. Un autre monde qui
ne ressemble à rien d’ici : imagine une terre où la terre ferme n’existerait pas. Un
monde mou, tout mélangé, tout sale. La boue du delta¹ est la matière la plus
désagréable que je connaisse. C’est là où ils font pousser leur riz, il pousse à une
5 vitesse qui fait peur. Pas étonnant que l’on cuise la boue pour en faire des briques :
c’est un exorcisme, un passage au feu pour qu’enfin ça tienne. Il faut des rituels
radicaux, mille degrés au four pour survivre au désespoir qui vous prend devant une
terre qui se dérobe toujours, à la vue comme au toucher, sous le pied comme sous la
main. Il est impossible de saisir cette boue, elle englue, elle est molle, elle colle et 10 elle
pue.
La boue de la rizière colle aux jambes, aspire les pieds, elle se répand sur les
mains, les bras, on en trouve jusque sur le front comme si on était tombé ; la boue
vous rampe dessus quand on marche dedans. Et autour des insectes vrombissent,
d’autres grésillent ; tous piquent. Le soleil pèse, on essaye de ne pas regarder mais il
15 se réfléchit en paillettes blessantes qui bougent sur toutes les flaques d’eau, suivent
le regard, éblouissent toujours même quand on baisse les yeux ; mais il faut
marcher. Il ne faut rien perdre de l’équipement qui pèse sur nos épaules, des armes
que l’on doit garder propres pour qu’elles fonctionnent encore, continuer de marcher
sans glisser, sans tomber et la boue monte jusqu’aux genoux. Et en plus d’être
20 naturellement toxique, cette boue est piégée par ceux que l’on chasse. Parfois elle
explose. Parfois elle se dérobe, on s’enfonce de vingt centimètres et des pointes de
bambou empalent le pied. Parfois un coup de feu part d’un buisson au bord d’un
village, ou de derrière une diguette², et un homme tombe. On se précipite vers le lieu
d’où est parti le coup, on se précipite avec cette grosse boue qui colle, on n’avance
25 pas, et quand on arrive, il ne reste rien, pas une trace. On reste con devant cet
homme couché, sous un ciel trop grand pour nous. Il nous faudra maintenant le
porter. Il semblait être tombé tout seul, d’un coup, et le claquement sec que nous
avions entendu avant qu’il ne tombe devait être la rupture du fil qui le tenait debout.

Alexis Jenni, L’Art français de la guerre, 2011, Gallimard

¹ Delta : zone de marécage qui divise un fleuve en plusieurs bras.


² Diguette : petite digue, construction destinée à contenir les eaux.
B. Image

J-L. Beuzon, Engagez-vous, Rengagez-vous dans les troupes coloniales, Affiche de 1931

Première partie : Travail sur le texte littéraire et sur l'image (1h10) - 50 points

Les réponses doivent être entièrement rédigées.

I) COMPRÉHENSION ET COMPÉTENCES D’INTERPRÉTATION (30 POINTS) :

1. Relevez six termes qui appartiennent au champ lexical de la guerre. (3 pts)

2. « L'Indochine ? C'est la planète Mars. Ou Neptune. Je ne sais pas. » (l.1)


a) Quelle image le narrateur donne-t-il ici de l'Indochine ? (1 pt)
b) Relevez une expression ou un passage qui confirme votre idée. (1 pt)

22DNBBLANCGENFRQD1 DNB blanc Série générale – Épreuve de français Page 2/4


3. La présence de l'ennemi est très peu évoquée dans ce texte.
a) Pourquoi, selon vous ? (2 pts)
b) Il y a cependant des indices de cette présence. Relevez au moins trois phrases qui la
révèlent. (3 pts)

4. « le claquement sec que nous avions entendu avant qu'il ne tombe devait être la
rupture du fil qui le tenait debout. » (l.27/28)
a) L'auteur présente le soldat mort comme un pantin désarticulé. Quelle figure de style
emploie-t-il ? (2 pts)
b) Quelles réflexions sur le sort des soldats en temps de guerre cela vous inspire-til ?
Développez votre réponse. (3 pts)

5. a) Relevez deux termes appartenant au niveau de langue familier. (1 pt)


b) Pourquoi un tel emploi ? (1 pt)

6. « la boue vous rampe dessus quand on marche dedans. » (l.12/13)


a) Comment se nomme la figue de style utilisée ici pour évoquer la boue ? (2 pts)
b) Quel effet produit-elle sur vous ? Justifiez votre réponse. (3 pts)

7. A propos de l'image :
a) Décrivez l'affiche le plus précisément possible en utilisant le vocabulaire spécifique de la
lecture d'image. (4 pts)
b) L'affiche délivre-t-elle la même vision de la guerre coloniale que le texte ? Vous justifierez
précisément votre réponse. (4 pts)

22DNBBLANCGENFRQD1 DNB blanc Série générale – Épreuve de français Page 3/4


II) GRAMMAIRE ET COMPÉTENCES LINGUISTIQUES (20 POINTS) :

8. « Il semblait être tombé tout seul, d'un coup, et le claquement sec que nous
avions entendu avant qu'il ne tombe devait être la rupture du fil qui le tenait
debout. » (l.27/28)
a) Relevez dans cette phrase une proposition subordonnée relative et une proposition
subordonnée circonstancielle. (2 pts)
b) Indiquez la fonction de la proposition subordonnée circonstancielle. (2 pts)

9. « Il nous faudra maintenant le porter. » (l.26/27)


a) A quelle classe grammaticale appartient le mot souligné ? (2 pts)
b) Que remplace-t-il ? (2 pts)

10.Quel est le sujet du verbe « devait » (l.27) ? (2 pts)

11.« Il semblait être tombé tout seul, d’un coup, et le claquement sec que nous
avions entendu avant qu’il ne tombe devait être la rupture du fil qui le tenait
debout. » (l.27/28)
Réécrivez la dernière phrase du texte, en transposant tout ce qui peut l'être, au
pluriel. (10 pts)

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