1 Poésie

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L’objet d’étude I : La poésie du XIX° S au XXI° S

Rappels

Fiche Méthode

La poésie

Qu’est-ce que la poésie ?

Polysémie du mot

Une rapide consultation du dictionnaire permet de prendre conscience des différents sens du mot
poésie recouvrant divers aspects. En effet, ce mot peut aussi bien désigner :

▶ l’art du langage visant à l’expression ou à la suggestion des choses par toute une technique (du
vers, des sons, du rythme...) ;

▶ l’objet produit par cette technique (le poème) ;

▶ l’émotion que cette technique veut reproduire ou bien celle qui est à l’origine du poème : cette
indéfinissable qualité que l’on retrouve aussi bien dans un paysage, un tableau, une musique, un
visage, une attitude, etc. (ne parle-t-on pas de la poésie d’un paysage, d’un tableau, d’une musique,
etc. ?).

Des origines de la poésie

La référence aux légendes de l’Antiquité donne un éclairage intéressant mais ne permet pas de lever
l’ambiguïté :

▶ Neuf Muses, chanteuses divines, filles de Zeus et de Mnémosyne, gouvernaient les arts et les
sciences. Trois d’entre elles présidaient à la poésie : Calliopse à la poésie épique, Érato à la poésie
érotique (amoureuse) et Terpsichore à la poésie lyrique et à la danse. C’est à elles que le poète
demandait la grâce de l’inspiration.

▶ Apollon, dieu de la lumière, de la musique et de la poésie, conduisait ce chœur des neuf Muses en
s’accompagnant de la lyre.

▶ Orphée, poète musicien originaire de Thrace, savait chanter des chants si suaves que les bêtes
fauves lui faisaient cortège, que les arbres s’inclinaient vers lui pour mieux l’entendre. Lui aussi
accompagnait ses chants d’une lyre ou d’une cithare.

Ces incursions rapides dans la mythologie grecque nous rappellent que poésie et musique sont
fortement liées et que l’inspiration poétique est perçue comme de nature divine.

Le recours à l’étymologie

Par ailleurs, le mot poésie vient du verbe grec poiein, « faire », au sens le plus large du terme. La
poésie, étymologiquement, apparaît donc comme la création par excellence.

Il semble nécessaire d’établir une nette distinction entre :

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1. Le poème,
2. Ce qui lui a permis de naître (inspiration, émotion poétique, le travail sur le langage,
application d’une technique).
Même si les poètes se sont souvent auréolés de l’image prestigieuse de l’inspiration divine qui faisait
d’eux des élus des Dieux et des Muses, ils ont été nombreux à rappeler aussi l’impérieuse nécessité
d’un travail sur le langage.

La poésie lyrique

La légende d’Orphée

Orphée aimait Eurydice. Un serpent la piqua et elle en mourut. Orphée, désespéré, descendit aux
Enfers pour persuader Hadès de lui rendre celle qu’il aimait. Il parvint à charmer Cerbère, le
monstrueux chien à trois tête qui gardait l’entrée des Enfers et les terribles Euménides, en jouant de
la lyre. Hadès laissa partir Eurydice à la condition que tout au long du chemin conduisant des Enfers à
la Terre, Orphée ne se retournât pas vers elle. Or, n’entendant pas le pas léger de l’ombre de sa
femme, il se retourna et la perdit à jamais.

Orphée revint sur terre inconsolable. Dès ce moment-là, le lyrisme devint synonyme d’expression
personnelle de la tristesse. (On attribuait en effet à Orphée l’invention de la lyre).

En fait, la poésie lyrique n’est pas une poésie forcément désespérée. Ce qui la caractérise, c’est
l’expression de sentiments personnels, quels qu’ils soient, tristes ou non :

▶ sentiments inspirés par l’amour, la joie de voir revivre la nature ;

▶ souvenirs, regrets liés à la perte d’un être cher, sentiment du temps qui passe ;

▶ sentiment de solitude, d’étrangeté, d’incommunicabilité aux autres et au monde. Le poète lyrique


est seul : il se confie dans son poème et, bien souvent il est vrai, il confie ce qui l’attriste ou ce que les
autres ne peuvent comprendre parce qu’il ne se sent plus à sa place dans la société où il vit.

Même si de nombreuses époques ont voulu tenir en bride le lyrisme (XVIIe et XVIIIe siècles en
particulier), de tout temps les auteurs ont exprimé leurs sentiments personnels dans leurs œuvres
(RONSARD, Du BELLAY, LAMARTINE, MUSSET...).

Le XIXe siècle avec le romantisme apparaît comme l’âge d’or du lyrisme.

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Texte 1 : « Plus que nulle autre dolente » (Complainte)
Mais qu’importe ma complainte,
Mes pleurs, ma face déteinte,
Plus jamais, sauf d’amours feintes,
Il ne m’aimera,
Pour moi, sa flamme est éteinte,
Il fuit hors de mon atteinte,
Je resterai de deuil ceinte.
Il nommera
Dame une autre, il la priera,
À elle il s’attachera,
Las ! Mon cœur en versera,
Ha ! Larmes maintes,
Jamais il ne s’en détachera,
Toujours il s’y attachera,
Seule Mort l’en détachera,
Qui m’a atteinte.
Le Livre du Duc des Vrais amant,
Dominique Demartini et Didier Lechat,
Champion, 2013, p.421-423.
L’essentiel du cours
Texte 2
« Mignonne, allons voir si la rose » de Pierre de Ronsard
A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose


Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,


Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,


Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
3
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Texte 3

Je vis, je meurs
Louise Labé
Je vis, je meurs, je me brûle et me noie,
J’ai chaud extrême en endurant froidure,
La vie m’est trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,


Et en plaisir maint lourd tourment j’endure ;
Mon bien s’en va et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène


Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine


Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Labé, Louise (1524-1566), « Je vis, je meurs…

Texte3 :

4
Je vis, je meurs
Louise Labé
Je vis, je meurs, je me brûle et me noie,
J’ai chaud extrême en endurant froidure,
La vie m’est trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,


Et en plaisir maint lourd tourment j’endure ;
Mon bien s’en va et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène


Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine


Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Labé, Louise (1524-1566), « Je vis, je meurs… », Œuvres complètes,


Genève, Droz, 1981 [1555-56].

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