FT Revision Des Prix
FT Revision Des Prix
FT Revision Des Prix
OBJECTIFS
1. Connaître :
- les principes régissant le régime des prix
- les différents types et formes de prix
2. Etre capable :
- de choisir la forme et le type de prix les mieux adaptés
- de calculer les différentes clauses de variation des prix
- de gérer et de contrôler les prix des marchés en cours
- Tout agent participant à la préparation, au suivi, au contrôle des marchés ou à la liquidation des
factures Comptables chargés du règlement des dépenses
PROGRAMME
sur 3 jours
Jour 1 Introduction
- Prix du marché
- Pourquoi la révision
- Caractère de la réglementation
Principe de la révision
- Actualisation
- Révision
Formule de révision
- Introduction
- Eléments constitués
- Schéma de formule
Divers techniques
- Révision provisoire
- Résiliation
- Coefficient de raccordement
- Cas particulier
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Le chef d’entreprise, avant de soumissionner à un marché public, construit une offre technique et
économique solide. Pour cela, il détermine ses charges futures et l’ensemble des moyens nécessaires
à sa réalisation en fonction d’un contexte économique imaginé stable. Le soin apporté à cette étude
de dimensionnement assure - en principe - une rentabilité constante au fil de l’exécution du marché.
L’acheteur public a de son côté opportunément prévu un mécanisme amortisseur et protecteur, avec
une formule de révision des prix standard. Grâce à ce dispositif, les prix du marché doivent évoluer à
la hausse comme à la baisse tout au long de son exécution, pour garantir la marge initiale.
C’est sans compter sur un coup de tonnerre dans ce ciel bleu : le bouleversement des prix des
matières premières, l’envolée des prix de l’énergie, les tensions salariales rendent les prévisions
totalement caduques. Comment l’acheteur doit-il agir, dans ce contexte où il se doit d’examiner la
situation au-delà des stipulations contractuelles ? Comment préserver les deniers publics sans
provoquer des défaillances des entreprises ?
De leur côté, comment les entreprises peuvent-elles préserver l’équilibre économique de leur marché
tout en honorant leurs engagements vis-à-vis de l’acheteur public ?
L’acheteur public comme l’entreprise ont un objectif commun : faire le meilleur choix dans la durée.
Pour l’entreprise, c’est générer de l’activité rentable, de la visibilité sur son activité, de la notoriété et
l’assurance de la solvabilité de son client. Pour l’acheteur, c’est dépenser utilement l’argent public
auprès d’un opérateur économique fiable, en garantissant l’exécution du marché dans la durée,
conformément aux exigences initiales.
Or, par la contractualisation du marché, les prix et les règles de leur évolution deviennent intangibles.
Les deux parties sont engagées durablement. Le risque de défaillance d’une entreprise entraînant
l’arrêt de l’exécution du service est inenvisageable pour l’acheteur public (particulièrement dans des
marchés essentiels au déroulement du service public). L’acheteur est donc devant un réel conflit de
loyauté : d’une part, défendre les intérêts de sa structure ; d’autre part, prendre en considération les
difficultés de son titulaire.
Pour aider les acheteurs à résoudre ce dilemme, la Direction des affaires juridiques (DAJ) de Bercy a
produit plusieurs notes, visant à donner des consignes aux acheteurs de l’Etat, et des conseils aux
collectivités territoriales. De son côté, le Premier ministre a, dans une circulaire du 30 mars 2022,
présenté ses recommandations pour faire face à cette situation.
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La prise en compte du caractère imprévisible de la situation par une application mesurée des
pénalités pour retards dus à des difficultés d’approvisionnement ou par le réaménagement des délais
d’exécution fait partie des dispositifs. Le principal étant l’indemnisation des entreprises pour couvrir les
envolées imprévisibles des prix…
Ces solutions, chacun le sait, sont imparfaites pour les deux parties. Elles présentent cependant une
réelle opportunité pour des marchés fortement impactés par la crise. Les entreprises concernées ont
donc la possibilité de sortir de ce bourbier en saisissant l’acheteur sur ce motif d’imprévisibilité afin de
négocier la meilleure solution pour les deux parties.
Les acheteurs publics sont comme les chefs d’entreprises : ils ont des comptes à rendre car ils
engagent leur responsabilité et leur crédibilité à chaque marché. Ces enjeux partagés doivent
conduire naturellement à trouver des solutions de rééquilibrage des prix. Dans un contexte imprévu, il
est important de faire en sorte que les risques et pertes soient partagées au mieux.
Etre factuel
Pour négocier, il faut des arguments. Plus ces derniers sont solides, plus ils seront convaincants. Il
suffit pour le chef d’entreprise de décrire sa problématique de manière précise, en développant les
conséquences pour l’entreprise. Une illustration des propos par des chiffres concrets, issus de
sources vérifiables, sera la bienvenue.
Les prix et leur mode de révision étant figés, le titulaire du marché concerné peut solliciter une
indemnité pour compenser la flambée des prix en se fondant sur la théorie de l’imprévision. La charge
de la preuve lui incombe : l’imprévisibilité s’apprécie soit dans sa survenance, soit dans son ampleur.
Par ailleurs, l’indemnité accordée ne peut couvrir qu'une partie du déficit subi par l’entreprise. Les
juges administratifs fixent généralement cette indemnité à 90 % du préjudice démontré par
l’entreprise.
… l’avenant
Il est possible de proposer la signature d’un avenant sur le fondement de l’article R. 2194-5 du Code
de la commande publique afin de modifier le périmètre des prestations ou d’adapter les conditions
d’exécution du marché. Bien que la circulaire du 30 mars 2022 semble exclure cette possibilité
s’agissant des « clauses fixant le prix lorsque cette modification du prix n’est pas liée à une
modification du périmètre, des spécifications ou des conditions d’exécution du contrat », les acteurs
sur le terrain pratiquent la conclusion d’avenants sur ce fondement. Sans cette solution, le risque de
défaut des entreprises est grand, et tout le monde risque d’y perdre.
Ce sera le moment de discuter avec l’acheteur public de ce qu’est une bonne formule de révision de
prix. Une bonne formule pour les deux parties, bien entendu.
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En tout état de cause, pour les marchés à venir, les entreprises devront examiner avec soin la
composition des formules de révision incluses dans le marché qui, compte-tenu du contexte, prennent
une importance fondamentale. D’un autre côté, les acheteurs publics doivent reprendre en mains les
critères de révision des prix afin de préserver au mieux les deniers publics tout en donnant encore
envie de répondre aux entreprises. Pour cela, il faut pouvoir identifier une bonne formule.
Prenons l’hypothèse d’une entreprise de terrassement avec des comptes composés comme suit :
Amortissements = 11%
Salaires (S)= 38%
Gasoil (G) = 17%
Entretien des matériels (Mat) =13%
Frais généraux (FSD) = 21%
Ainsi, chaque grand poste de charge de l’entreprise est pris en compte à l’aide d’un indice mensuel
spécifique, auquel est appliqué un coefficient de pondération. Ce dernier doit être le plus proche
possible de la réalité des charges. Si ce n’est pas le cas, les risques de décalages (voire de
dévissage) entre l’évolution des prix du marché et celle des charges réelles est grand. L’entreprise
court donc un danger financier.
Cette représentativité est bonne pour les deux parties. L’acheteur public assure l’équilibre économique
initial du marché et donc la durabilité de son marché en évitant le risque de défaillance. Il est assuré
de payer le prix le plus juste (à la hausse comme à la baisse). De son côté, l’entreprise bénéficie
d’une évolution de prix plus conforme à la réalité de ses charges.
Pour construire une formule de révision efficace, il faut trouver des indicateurs pertinents. Il existe un
choix assez important d’organismes et d’indices. Les indices publiés par l’Insee et/ou par Le
Moniteur sont méthodologiquement solides et statistiquement représentatifs. En outre, les fréquences
de publications sont élevées.
Il s’agit de mesurer ici l’écart temporel entre la constatation dans les comptes de la variation d’une
charge (gasoil, salaire…) et la publication de l’indice correspondant. Plus cet écart sera réduit,
meilleur sera de l’effet de la formule, car la variation des prix de vente plus sera plus rapide, donc plus
en phase avec la réalité économique.
Augmenter la cadence
Il n’est qu’à observer les opérateurs boursiers qui pratiquent le Trading haute fréquence (THF). Cela
consiste à transmettre des ordres à très grande vitesse sur les marchés financiers dès que les
algorithmes ont détecté une légère variation d’un indice. Sans être familier du sujet des opérations
boursières, on comprend que si ces opérateurs dépensent des sommes importantes dans ce sens,
c’est que leurs gains en retour sont massifs (1). Ils vont même jusqu’à loger leurs serveurs et
ordinateurs le plus près physiquement des bourses pour gagner quelques nanosecondes (2).
La variation des cours des matériaux est aujourd’hui un point sensible de nos marchés et les
événements récents prouvent que les prix peuvent évoluer fortement en quelques jours. Inversement,
une fois la cause du stress économique passé, le cours peut revenir à la normale, voire en dessous.
On comprend alors aisément que la dynamique est valable pour les deux parties et que chacun pourra
en bénéficier, à la hausse comme à la baisse. Ainsi, plus la fréquence de révision sera élevée, plus
les révisions de prix éviteront les risques de dérapages fragilisant la situation financière de
l’entreprise. La sécurité contractuelle et la réalisation du contrat sont donc renforcées. De plus, cela
évite à l’entreprise de prendre des « aléas » et donc de renchérir inutilement le montant du marché
dans sa proposition.
D’une manière plus générale, les acheteurs publics ont bien compris que désormais des révisions de
prix plus fréquentes étaient recherchées par les chefs d’entreprises et bien souvent un critère de
décision préalable de réponse à un marché public. « C’est pourquoi il convient d’éviter l’application
systématique d’une échéance annuelle pour les clauses de révision des prix afin de maintenir
l’équilibre financier du marché, sans porter préjudice à l’une ou l’autre des parties », recommande la
Direction des affaires juridiques de Bercy (fiche technique « Les marchés publics confrontés à la
flambée des prix et au risque de pénurie des matières premières », 18 février 2022).
De son côté, le Premier ministre, dans sa circulaire du 30 mars 2022 destinée aux acheteurs publics
de l’Etat, ajoute qu’ « en outre pour ne pas pénaliser les entreprises, les clauses de révision de prix ne
contiendront pas de terme fixe et les contrats ne contiendront ni clause butoir, ni clause de
sauvegarde ».
Une formule se compose généralement d’un terme fixe et de termes variables. Or, plus le terme fixe
est faible, plus les effets des indices sont grands et inversement. L’impact peut avoir des
conséquences surprenantes.
Ainsi, lors d’une étude pour le compte d’une maîtrise d’ouvrage publique chargée de chantiers de
plusieurs millions d’euros, l’étude des projets de formules a mis en lumière les incidences massives du
terme fixe. Dans cette étude, un centième de point supplémentaire déclenchait une incidence
favorable à l’acheteur de plusieurs millions pour l’acheteur public. Il est donc important de réfléchir au
bon positionnement du curseur du terme fixe !
Le dynamisme d’une formule se mesure par l’amplitude des écarts entre le point haut et le point bas
sur une période courte. En d’autres termes, cet indicateur permet de s’assurer que la formule fait
apparaître clairement les hausses comme les baisses dans des proportions proches de celles des
charges de l’entreprise.
A l’opposé, une formule peu dynamique va montrer une évolution faible et relativement constante.
Ainsi, s’opposent une formule dynamique (marge initiale mieux respectée mais avec des variations
importantes) et une formule plus statique (marge qui se dégrade dans le temps avec des variations de
prix très faibles).
Malgré toute l’attention portée à la rédaction de la clause de révision, sa mise en œuvre dans le temps
comporte des risques de dérapages susceptibles de déstabiliser le marché. Personne n’est à l’abri
d’une catastrophe économique bouleversant ces indices. C’est pourquoi il est prudent pour l’acheteur
de prévoir un capage dont l’objectif est de protéger les parties en cas de variations trop importantes
des indices. Bien entendu, ce capage devra contractuellement être assorti d’un dispositif de révision
des conditions du marché.
En conclusion
Ainsi, une bonne formule de révision de prix doit être représentative, dynamique et réactive. Si ce
n’est pas le cas, les dirigeants avisés ajouteront des aléas dans le calcul de leur prix lors de la remise
de l’offre. Pour apprécier la qualité d’une formule, les entreprises doivent maîtriser leur comptabilité
analytique en détail pour pouvoir tester la formule sur des temps suffisamment longs afin d’en
analyser les effets cumulés. Elles doivent aussi mobiliser leur service facturation afin de suivre au plus
près l’application des révisions de prix. Si l’acheteur a autorisé les variantes, elles proposeront une
formule alternative mieux construite afin d’améliorer leur compétitivité par la réduction de prise d’aléas
inutiles. Ces formules peuvent en effet être perçues comme des opportunités économiques pour les
entreprises (et les acheteurs publics) à condition qu’elles soient parfaitement maîtrisées.
Quant à la périodicité des révisions, les propos ci-dessus montrent combien leur fréquence
rapprochée est vertueuse pour les deux parties : avis manifestement partagé, puisque l’Insee réduit
les délais de publication de ses index BT/TP, pour le bâtiment et les travaux publics. A compter de mi-
mai, la publication se fera 45 jours après la fin du mois considéré (M+45), contre M+80. Reste à
généraliser la pratique de révision mensuelle des prix, déjà très ancrée dans le secteur du BTP.
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Pour les contrats en cours, il est à craindre que devant la situation inédite que nous rencontrons les
dispositions juridiques actuelles ne suffisent pas à dénouer certaines situations complexes. Faudra-t-il
pour cela une intervention des pouvoirs publics, comme le demande la FNTP dans un communiqué de
presse du 17 mars 2022 ? Notons qu’elle réclame aussi une généralisation des clauses de révision à
tous les marchés, qu’ils soient privés ou publics : les pratiques en vigueur dans le secteur public
montrent l’exemple au secteur privé !
(1) La proportion varie selon les marchés, mais le trading à haute fréquence représenterait,
actuellement, plus de 80 % des transactions mondiales
(www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/produits-financiers/trading-haute-
frequence/)
(2) En juin 2010, la société américaine Spread Network a inauguré un nouveau câble de fibre optique
reliant Chicago au New Jersey (sur une distance de 1330 kilomètres), pour un coût total d’environ 300
millions de dollars. L’objectif : relier les serveurs de la bourse de Chicago à ceux du Nasdaq (dans le
New Jersey, à quelques kilomètres de Wall Street) en moins de 13 millisecondes aller-retour, pour
permettre aux traders haute-fréquence de profiter de potentielles anomalies sur les marchés. Une idée
de l’effet : 13 millisecondes pour 2660 kilomètres (aller-retour), cela fait donc une vitesse d’environ
200 000 kilomètres par seconde : une vitesse proche de la vitesse de la lumière. Derrière cette
anecdote, se cache un phénomène qui a pris une ampleur considérable depuis une vingtaine
d’année : l’importance du développement des infrastructures (câbles sous-marins de fibre optique,
antennes-relais micro-ondes…) et la course effrénée à la vitesse dans le monde de la finance