Choix Et Intérêts Du Sujet

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1

INTRODUCTION
1. Choix et intérêts du sujet
Le choix d’un sujet constitue une sorte d’engagement pour devenir spécialiste d’un
domaine précis de la connaissance. En faisant le choix de ce sujet portant sur «les tourbières
de la RDC : solution dans la lutte contre le réchauffement climatique», nous avons porté un
regard aussi immédiat que lointain sur ses conséquences.

Cette démarche de choix du sujet de recherche implique évidemment beaucoup de


lecture pour disséquer et démêler ce qui se fait dans le domaine et aider à préciser certaines
conditions particulières dans lesquelles le sujet pourra être étudié.

Sur ce, le choix porté sur ce sujet relève des observations en tant
qu’internationaliste en devenir, du besoin de faire appel à la communauté tant nationale
qu’internationale sur l’enjeu du réchauffement climatique à l’heure actuelle et dans les
prochaines années.

L’enjeu que représente le réchauffement climatique nous a poussés, de ce fait, à


analyser le rôle que pourraient jouer les tourbières de la RDC, présumé pays solution, dans
la lutte contre les catastrophes naturels qui pèsent sur l’environnement.

Nous ne sommes pas sans ignorer que la RDC est l’un des pays au monde qui
regorge des sols extrêmement riches en matières organiques, et une forêt vaste, deuxième
poumon au monde après l’Amazonie. Ces tourbières, autrefois source des conflits entre les
acteurs du système international, se révèlent aujourd’hui comme solution idoine et tentent
de réunir autour d’elles la communauté internationale.

Réaliser cette étude ferait objet de trois intérêts, à savoir : scientifique, pratique et
social et personnel.

- L’intérêt scientifique

Une fois accepté par le jury, le présent travail répond aux exigences de formation
académique qui obligent la rédaction, la présentation ainsi que la défense publique. Par
ailleurs, cette œuvre quoi que perfectible contribuera à l’évolution de la science, dès que
seront exploitées les solutions proposées dans les hypothèses, elle contribuera à l’élan
scientifique lorsqu’elle servira de source d’inspiration aux autres chercheurs.

- L’intérêt personnel

Nous pensons personnellement nous intéresser aux questions de réchauffement


climatique, car elles sont de plus en plus au centre de la politique globale et constitue
l’enjeu de la politique des États à l’heure actuelle. Enfin, cet intérêt s’explique par le motif
de fierté avec l’attribution d’un diplôme de Licence qui pourra nous ouvrir les portes à la
dynamique de la vie active ou courante.
2

2. Revue de la littérature
A la vérité, la revue de la littérature est un texte rédigé sur la base des données
recueillies par la recherche documentaire, un texte articulé logiquement, une sorte de
dissertation organisée, structurée qui fait progresser dans la compréhension des idées, des
théories, des débats, des convergences et divergences entre les auteurs sur un sujet. 1

Pour l’étude de notre sujet, nous avons retenu tour à tour les écrits de certains
auteurs, dont :

Stefan C.Aykut, dans son ouvrage intitulé «climatiser le monde», publié le 21 juin
2021, il élabore une thèse selon laquelle il faut une climatisation du monde dans le sens
qu’il faut une stratégie de gouvernance qui s’appuie sur l’extension de cadrage à d’autres
domaines. Le processus de climatisation signe donc notre entrée dans une nouvelle
condition humaine, dans laquelle le réchauffement climatique provoqué par nos activités et
les efforts pour le contenir affecteront progressivement tous les domaines de nos sociétés, en
s’immisçant dans les débats politiques et les luttes sociales autant que dans les activités des
firmes et les routines de gestion administratives. Cela passera nécessairement par une
intensification des initiatives, campagnes et mouvements divers, à travers lesquels une large
panoplie d’acteurs tente actuellement d’imposer d’autres cadrages dans le débat climatique,
mais aussi au-delà, dans les autres domaines attirés dans le giron de la gouvernance
climatique.

Dans son ouvrage intitulé «Covid-19 et réchauffement climatique», Christian de


Perthuis fait une étude centrée sur les deux phénomènes qui tentent de bouleverser l’ordre
mondial par leur poids dans les décisions politiques. Il fait une analyse sur l’économie du
confinement, la mise à l’arrêt des émissions de CO2, l’économie de sortie du confinement
par le fait que c’est le virus qui a fixé le calendrier pendant plus de deux ans. Pour l’auteur,
le monde post-Covid-19 sera plus numérisé et moins carboné car la redistribution des flux
de personnes et des marchandises ouvre la voie d’une accélération de la transition
énergétique. La tarification carbone distributive, celle de sociétés plus solidaires. La lutte
contre l’émergence de nouveaux virus nous oblige à mieux respecter la nature, à protéger les
écosystèmes qui stockent le CO2 de l’atmosphère et éloignent les attaques de nouveaux
virus. L’économie post-Covid-19 devra reposer sur de nouveaux rapports au milieu naturel
et à la multitude des êtres vivants le composant.

Pour nous, cette étude se veut une analyse sur les différentes stratégies qu’il serait
souhaitable de mettre en œuvre afin de lutter contre le réchauffement climatique, et avoir
connaissance des tourbières de la RDC sur lesquelles les acteurs tant nationaux
qu’internationaux doivent penser pour la préservation de la nature.

1
Paul N’da, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines, l’Harmattan, Paris, p.91
3

3. Problématique
Selon François Dépelteau, la problématique est le temps des conjectures qui prépare
au test empirique (de corroboration ou de réfutation des hypothèses). Elle relève de la
conception, de la conceptualisation, du traitement théorique de l’objet d’étude et
précisément du problème de recherche. Il s’agit de toute une construction de «ce qui pose
problème», (…).

Selon les professeurs SHOMBA KUYUNSA, la problématique signifie le problème


à résoudre par des procédés scientifiques, comme substantif, problématique désigne
l’ensemble des questions posées dans un domaine de la science en vue d’une recherche des
solutions.2

Depuis plusieurs années déjà, nous entendons parler de réchauffement climatique,


sur un ton parfois sceptique, parfois alarmiste. Nous observons de mieux en mieux,
localement et par satellite, les caractéristiques d’un climat qui est en train de changer,
caractérisé par un réchauffement de l’ordre de 1o observé à la surface de l’océan et des
continents par rapport à la période 1850-1900, proche des conditions climatiques
préindustrielles. Les conséquences de ce réchauffement sont déjà visibles, en particulier par
des événements extrêmes plus fréquents et plus intenses, affectant aussi bien les activités
humaines que les écosystèmes terrestres et marins.3

L’enjeu du réchauffement climatique est aussi à prendre en compte dans les


relations internationales du fait qu’il ne tient pas seulement à la climatologie pour faire
référence aux climatologues, les artistes de la nature, mais aussi aux sciences sociales dans
son ensemble.

Une des sources ou raisons profondes de l’extension du domaine de la gouvernance


climatique réside donc dans la nature même du problème. Or celle-ci n’explique pas
comment ce processus s’opère concrètement, quels acteurs le portent et quels domaines il
concerne. Une telle vision n’aidera pas non plus à identifier les raisons de l’accélération et
de l’intensification récente du phénomène. Pour le comprendre, il faut déplacer le regard, de
la nature du problème aux dynamiques sociales qui caractérisent et accompagnent son
traitement politique. Cela nous amène au sujet de la gouvernance et de la lutte contre le
réchauffement climatique par les tourbières de la RDC.

Premièrement, le problème climatique a été pensé, par les climatologues et les


économistes, comme un problème d’emblée et irréductiblement global. Face à la
catastrophe annoncée, nous serions toutes et tous également concernés, tous dans le même
bateau. Et pour résoudre le problème, il faudrait un effort de coopération collectif, qui inclut
tous les pays du monde.

2
Sylvain SHOMBA KUYUNSA, Méthodologie de la recherche scientifique, PUK, Kinshasa, 2012, p. 48
3
Valérie Masson-Delmotte, Réchauffement climatique : états des connaissances scientifiques, enjeux, risques et
options d’action, vol.352, issue 4-5 (2020), p. 251-277
4

Deuxièmement, la question climatique a été abordée comme un problème de


pollution. Les images d’ours polaires ou de cheminées laissant échapper d’épais nuages de
fumée, utilisées dans les campagnes d’ONGs et les médias, sont édifiants à cet égard. Ces
images rapprochent le climat d’autres problèmes environnementaux causés par les
émissions industrielles, comme les pluies acides et les pollutions transfrontalières, ou le trou
dans la couche d’ozone. Au moment de la mise en place des institutions de la gouvernance
climat.

A cet effet, le réchauffement climatique s’explique par l’émission croissante à la


surface de la planète de gaz à effet de serre. Une fois dans l’atmosphère, ils forment une
couche qui renvoie vers la terre une partie des radiations émises par celle-ci. Le
réchauffement climatique se mesure en fonction de la concentration de CO2 par million de
volume d’air en comparant les périodes climatiques. Il a commencé avec l’ère industrielle,
mais s’accélère depuis cinquante ans. Les cinq années aux températures les plus élevées
jamais atteintes sont dans l’ordre : 2016, 2015, 2014, 2010 et 2005. Les gaz à effet de serre
proviennent de cinq sources principales : le secteur énergétique (26%), l’industrie (19%), la
forêt (17%), l’agriculture (14%) et les transports (13%). La transformation du secteur
énergétique est le problème le plus urgent en raison du volume qu’il représente dans les
émissions de gaz à effet de serre mais aussi dans les pollutions sur terre ou sous la terre. Le
fonctionnement de l’économie mondiale dépend en partie de ce secteur d’activité, qui draine
des masses monétaires considérables et mobilise des ressources politiques tout aussi
importantes. Par conséquent, c’est là que doit commencer la transformation d’ensemble.

Dans le même ordre d’idées, la RDC se représente comme pays solution en raison
de ses ressources stratégiques. En possédant un sol extrêmement riche en matières
organiques, elle sera à même de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique par
une coopération étroite avec les grandes puissances du monde et les organisations
internationales dévouées en la matière. Partant de cette idée, les tourbières peuvent éviter
aux États l’utilisation de certains secteurs, en l’occurrence le secteur de transport, en
utilisant les voitures électriques au lieu de l’ancienne qui demande du carburant et pollue
l’atmosphère. Etant un pays au centre de l’Afrique, et possédant des importantes réserves en
minerais, le cobalt et le lithium sert bien évidemment à la fabrication de batteries, des
moteurs, et des carrosseries des véhicules électriques. Tandis que le colombo tantalite et le
Germanium sont nécessairement à l’électronique et aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication.

Ainsi le problème réside dans l’acquisition des minerais et sa gestion pour la lutte
contre le réchauffement climatique. La RDC n’est pas seulement riche en minerais
stratégiques mais aussi en eaux incommensurables.
5

L’amenuisement des ressources non renouvelables, les menaces pesant sur la


biodiversité et les changements climatiques provoqués par l’activité humaine sont
aujourd’hui une source d’angoisse.4

Nous avons l’impression de ce fait qu’on assiste à un basculement du monde par


l’enjeu que représente le réchauffement climatique. La gestion des tourbières de la RDC est
certes l’un des éléments dans cette lutte sempiternelle contre le changement climatique,
mais la question demeure celle du processus et de la régulation de ces tourbières, et de quel
type de ressources les acteurs doivent concentrer leur attention.

La conjonction de ces deux constats nous pousse à nous questionner sur la


gouvernance et le régime digne de ce nom pour la gestion de ces ressources stratégiques.

Tout problème mérite une série des questions pour sa compréhension et son
élaboration et la formulation du problème réside dans la traduction adéquate de la
préoccupation majeure qui exige une recherche. Notre problème de recherche prend corps
de ce fait dans ce questionnement :

 Quels sont les difficultés, les obstacles, les freins sur la route mais aussi sur les
avancées qui ouvrent des perspectives pour la lutte contre le réchauffement
climatique?
 Sur base de quelles ressources stratégiques et non-stratégiques de la RDC les autres
acteurs doivent se mobiliser pour une bonne gestion ?
 Quelles stratégies particulières mettre en œuvre pour assurer une bonne
gouvernance de ces tourbières ?

A la lumière de ces questions, nous allons tenter de proposer quelques hypothèses


en vue d’une recherche adéquate.

4. Hypothèses
L’identification et la formulation de problème de recherche explicité par des
questions précises conduisent à faire des supputations, des propositions, des réponses
anticipées aux questions c’est le sens des hypothèses. Elles découlent logiquement du
problème et des questions et même des objectifs de recherche.

Ainsi, l’hypothèse est une supposition ou une prédiction fondée sur la logique de la
problématique et des objectifs de recherche définis. C’est la réponse anticipée à la question
de recherche posée.5

Parmi les obstacles, nous pouvons citer le manque d’un bon consensus dans cette
lutte au sein du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

4 e
Pascal Boniface, Comprendre le monde, Armand Colin 4 édition, Paris, 2017, p. 98
5
Paul N’da, op.cit., p. 75
6

Un autre type d’obstacle réside aussi dans le fait que la RDC, pays des tourbières,
manque une bonne gouvernance et gestion de ses sols afin que les autres acteurs du système
international puissent investir pour lutter contre le réchauffement climatique à travers les
campagnes, la mobilisation. L’aspect technologique doit aussi être pris en compte en raison
de l’interconnectivité de tous les pans des activités du pays ; par manque d’infrastructures
adéquates, la RDC peine à proposer un modèle assez dynamique. Ceci se justifie par
l’absence d’intelligence économique et politique empêchant l’élaboration d’une bonne
prospective adaptative à même de contrer les dangers du changement climatique. Le pays se
trouve beaucoup plus dépendant de l’extérieur qu’il lui semble difficile de fournir les
ressources pour la lutte. Les freins peuvent être aussi la volonté des grandes puissances du
fait de leur dépendance aux mêmes secteurs qui polluent l’atmosphère.

Partant de ces difficultés et freins, la RDC avec l’aide de la communauté


international car l’enjeu environnemental concerne tous les pays du monde, pourrait œuvrer
dans le secteur hydrique l’aménagement de l’eau et sa canalisation pour parer aux risques
liés à la nature. Touchant le point du réchauffement climatique, la sécheresse et la pénurie
de sources autrefois utilisées pourraient entraîner des conflits entre les États. Raison pour
laquelle dans notre hypothèse, nous suggérons que les États prennent conscience de cela et
commencent à lutter pour la transformation car l’urgence écologique en impose. A travers la
forêt équatoriale et l’immense réserve hydrographique, ainsi que les ressources stratégiques
telles que le lithium et le cobalt. En réduisant le risque d’un danger, la RDC serait à même
de sauver l’humanité.

Enfin, les stratégies doivent s’orienter dans le sens des intérêts de toute la
communauté. Les stratégies doivent tenir compte de la situation de l’espace dans lequel les
ressources doivent être tirées, et en synergie avec les grandes entreprises œuvrant dans le
secteur de transport, la RDC doit être à même de concevoir une idée en se basant sur
l’intelligence économique et environnementale, par la prospective de ce qui doit être la
RDC après le lancement effectif du programme.

5. Méthodologie
La méthodologie rappelle le cadre opératoire construit, les matériels sur lesquels a
porté l’étude ainsi que les instruments de collecte des données.6

Elle est l’ensemble de techniques utilisées pour produire des données servant à
expliquer un objet de recherche bien déterminé.

1. Méthode de travail

La méthode peut être interprétée «comme une démarche rationnelle de l’esprit pour
arriver à une connaissance ou à une démonstration d’une vérité».

6
Paul N’da, op.cit., p. 82
7

Pour atteindre notre but, celui de confectionner un travail scientifique,


conformément à la règle d’une bonne recherche, qui recommande que la stratégie émise
pour une analyse d’un fait soit accompagnée par une approche méthodologique susceptible
de faciliter une nette cohérence et sans doute les éléments formant le noyau de l’étude.

Pour madeleine Grawitz, la méthode est «un ensemble d’opérations intellectuelles


par lesquelles une discipline cherche à atteindre une vérité qu’elle poursuit ; le démontre et
le vérifie».7

Pour notre étude, nous avons choisi la méthode systémique du fait qu’elle élabore
une représentation ou un modèle logique d’un objet concret total en tant qu’il est organisé,
qu’il est un tout, une entité avec des composantes.

Le fonctionnement de cette réalité repose pour beaucoup sur les liaisons ou les
relations entre ses composantes ou les éléments qui la constituent, lui donnent son unité et
lui maintiennent son identité en dépit des changements qui peuvent survenir.

Etudier un phénomène social à partir du concept de système revient à s’interroger


sur les liens qui existent entre ses différents composants qui interagissent et s’ajustent
constamment ainsi que sur la manière dont il régule ses liens avec son environnement.8

Dans notre travail, il nous est utile d’utiliser cette méthode du fait qu’on peut faire
remarquer que l’analyse systémique intelligemment utilisée permet de tenir compte à la fois
du contexte, des intrants, du processus de l’élaboration des stratégies dans le système
international et ses interactions avec d’autres secteurs d’activités et sa prise de décisions.

2. Techniques de recherche

La technique est, pour Goode J. William, «un outil utilisé dans la collecte des
informations qui devront plus tard être soumises à l’interprétation et à l’explication grâce
aux méthodes».9

Pour ce faire, nous avons recouru aux techniques ci-après :

1. La technique documentaire

La technique documentaire est celle qui consiste à affronter deux ou plus plusieurs
documents pour avoir les données conformes à l’objet de la recherche.10 Par cette technique,
le chercheur n’expérimente pas ou n’a pas contact immédiatement entre ce qu’il entend
étudier et la réalité. L’élément médiateur est donc les documents qu’il utilise pour
l’élaboration de son travail.

7
M. Grawitz, Méthodes de recherche en sciences sociales, Éd. Dalloz, Paris, 1996, p.398
8
Paul N’da, op.cit, p.116
9
Goode J.W., Methods in social research, MC grow-hill company, New York, 1952, p.5
10
Pinto R. et Grawitz M., Méthodes des sciences sociologiques, Éd. Dalloz, Paris, 1971, p. 182
8

Ces documents nous ont permis d’exploiter dans la littérature des documents
traitant sur le réchauffement climatique ainsi que les différents accords signés à cet effet.

2. La technique d’observation

L’observation est ici directe car elle nous permet de nous rendre directement
compte de changement de climats dans le monde par les divers phénomènes et faits sociaux.

A travers cette technique, nous avons pris connaissance de ce qui se passe sur
terrain en observant les phénomènes de dérèglement climatique ainsi que différentes
négociations et conventions des parties sur la question du réchauffement climatique.

6. Délimitation
Un travail scientifique doit être délimité dans le temps et dans l’espace pour bien
présenter le résultat fiable.

Dans le temps, nous parlerons de la période de 2015 à 2018, période de la


contribution du pays au cours de laquelle a eu lieu la cop 21 en France.

Dans l’espace, il sera question d’étudier l’apport de la RDC grâce à ses tourbières
qui constituent une solution dans la lutte contre le réchauffement climatique vu son potentiel
forestier hydrographique. Notre champ est donc l’environnement écologique international.

7. Ossature
9

CHAPITRE PREMIER : LES PROLÉGOMÈNES


Ce premier chapitre est consacré à la définition des concepts clés de notre sujet et
utiles à la compréhension de notre objet d’étude. Il expose les différentes définitions qu’on
pourrait attribuer à ces concepts, puis établit un cadre théorique comme fondement sur
lequel nous sommes appelés à soumettre ce sujet pour affirmer sa place dans l’étude des
Relations Internationales.

Section I. Cadre conceptuel et notionnel


Il est judicieux de définir par une formule précise les différents concepts de notre
analyse pour nous permettre de mieux les cerner. Ainsi, nous procédons tour à tour à
l’éclaircissement des termes soumis à l’étude.

1. Solution

De manière concrète, une solution est un ensemble de décisions et d’actes qui


peuvent résoudre une difficulté.11

Elle peut encore faire référence à l’ensemble des étapes permettant de résoudre un
problème.12 Elle peut avoir pour synonyme l’aboutissement, le dénouement, le règlement, la
résolution, le soluté, le remède.

2. Lutte

Une lutte est un ensemble des actions menées pour obtenir quelque chose, pour
défendre une cause. C’est aussi l’ensemble des actions menées pour vaincre un mal.13

La lutte, quant à nous, est un système constitué des plans et actions visant
l’élimination et l’évacuation d’un danger qui menace l’environnement qui nous est
favorable.

3. Climat

Le climat est l’ensemble de circonstances atmosphériques et météorologique


propres à une région. Donc un ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent
l’état moyen de l’atmosphère en un lieu donné.14

a. Le fonctionnement du climat

Le climat, défini comme la statistique des conditions météorologiques prévalant,


dans la durée, dans les basses couches de l’atmosphère, est depuis des millions d’années un
jeu d’équilibre dynamique entre le rayonnement solaire, le rayonnement tellurique, la
composition chimique et la circulation de l’atmosphère, les courants marins, les vents, la
11
www.dictionnaire.lerobert.com consulté le 17 mai 2024 à 08h20
12
www.langue-francaise.tv5monde.com consulté le 16 mai 24 à 14h05
13
www.larousse.fr consulté le 10 mai 24 à 15h34
14
Idem
10

photosynthèse des végétaux, perturbés par la rotation de la terre, la dérive des continents, les
éruptions volcaniques et autres chutes de météorites.

Le tout s’orchestre, à des échelles de temps très différents, autour du cycle de l’eau
et de celui du carbone s’échangeant entre leurs quatre réservoirs naturels : la biosphère
(ensemble des végétaux, animaux et organismes vivants), la lithosphère (les sols et sous-sols
terrestres et marins), l’hydrosphère (mers, océans, lacs et rivières) et l’atmosphère. La
circulation des masses d’air atmosphérique et des masses d’eau océaniques assure le
transport d’énergie des régions excédentaires vers les régions déficitaires, plus
particulièrement depuis les régions tropicales vers les régions polaires.

b. Les différents systèmes d’observation du climat

Pour comprendre les mécanismes qui déterminent le climat, il faut mesurer les
différents paramètres qui le régissent sur terre, en mer et dans l’atmosphère. Les variables
climatiques peuvent être affectées par des changements infimes, comme une élévation du
niveau moyen de l’océan de quelques millimètres par an. Les mesures doivent donc être
d’une précision absolue pour être utiles à la modélisation du climat. La collecte des données
et leur partage entre scientifiques du monde entier s’organisent autour de protocoles
communs.

c. Les perturbations naturelles sur le climat

Le climat est la traduction d’un équilibre en perpétuel mouvement entre les


différents facteurs qui le caractérisent : échanges de carbone, variations de rayonnement,
albédo, circulation atmosphérique, concentration de gaz à effet de serre (GES), vents,
éruptions volcaniques, météorites, activité solaire et courants marins.15

4. Réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est le phénomène de transformation du climat


caractérisé par une augmentation générale des températures moyennes (particulièrement liée
aux activités humaines), et qui modifie durablement les équilibres météorologiques et les
écosystèmes.16 Le réchauffement climatique est un phénomène causé par les gaz à effet de
serre émis par les humains.

C’est l’augmentation de la température moyenne de la surface terrestre au cours du


20 et 21e siècle et plus généralement la modification des régimes météorologiques à grande
e

échelle qui en résulte. On appelle changement climatique, ou réchauffement climatique ou


encore le dérèglement climatique, les modifications du climat accompagnées d’une
augmentation générale des températures moyennes à un niveau mondial. Ces modifications

15
16
https://www.xpair.com/lexique/definition/rechauffement-climatique.humain.com consulté le 08mai 24 à 12h34
11

sont dues à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre présents dans
l’atmosphère.17

Depuis la révolution industrielle, l’homme brûle d’énorme quantité d’énergies


fossiles (charbon, pétrole et gaz) pour faire fonctionner les usines, produire de l’électricité,
se chauffer ou encore pour faire avancer les véhicules. Les énergies fossiles contiennent du
charbon qui, quand il est brûlé, se transforme en dioxyde de charbon (CO2) un des gaz à
effet de serre qui libère par l’activité humaine et se répand dans l’atmosphère.

5. Tourbière

La tourbière est une zone humide caractérisée par le fait que la synthèse de la
matière organique y est plus importante que sa dégradation en raison de la saturation en
eau.18 Une tourbière est également un écosystème particulier composé principalement de
plantes adaptées à un milieu gorgé en eau et dont les débris s’accumulent.19

En somme, une tourbière est un sol extrêmement riche en matières organiques.

Section II. Cadre théorique


1. Choix théorique

Les théories scientifiques permettent donc de se constituer un point de vue autour


d’une question d’investigation notamment par la détermination de son origine, des causes
qui s’y rattachent et des conceptions qu’elle suscite.

A cet effet, pour l’examen de notre sujet, nous avons opté pour le fonctionnalisme
en tant que théorie scientifique ayant place parmi les théories de l’intégration et de la
coopération. Et dans le cas de notre sujet, le choix de cette théorie est nourri par différents
éléments plaçant le réchauffement climatique parmi les enjeux globaux qui nécessitent une
gouvernance mondiale. En étudiant le réchauffement climatique grâce au fonctionnalisme,
nous osons orienter notre champ d’étude vers des mécanismes de processus de gouvernance
et de réglementation. La théorisation du champ d’étude nous permet de mieux cerner l’objet
à l’objet soumis à l’étude.

2. Orientation définitionnelle

De prime abord, une théorie peut se définir comme un corpus de normes et de


principes structurés qui donnent la substance d’une science en systématisant la
compréhension des phénomènes que cette discipline se propose d’analyser. 20

17
https://www.hellocarbo.com/blog/communaute/changement-climatique consulté le 01 Juin 2024
18
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/tourbi%C3%A8re.com consulté le 17mai 24 à 15h34
19
https://sites.uclouvain.be/tourbiere/tourbiere/com consulté le 9 mai 24 à 20h45
20
LABANA LASAY’ABAR, Les relations internationales : présentation panoramique et approches théoriques, Kinshasa,
Éd. Sirius, 2006, pp. 105-106
12

Si l’on veut savoir pour quelle raison les États établissent des relations de
coopération entre eux, il est possible de soutenir que cela est dû à la configuration et au
régime international. Là, l’analyse relève des théories explicatives.

Sur ce, le fonctionnalisme se présente une théorie favorable pour l’étude de notre
sujet ayant pour thème le réchauffement climatique comme enjeu global.

Héritière de cette tradition, l’école fonctionnaliste qu’il ne faut ne pas confondre


avec la sociologie fonctionnaliste se présente comme une tentative originale de conciliation
des intérêts des États. Il s’agissait tout d’abord d’une théorie empirique mise en œuvre par
des praticiens, hommes politiques ou hauts fonctionnaires internationaux. David Mitrany,
qui publia dès 1943 A Working Peace System, incarna cette école de pensée. La deuxième
caractéristique du fonctionnalisme résidait dans la transformation des objectifs de l’action
internationale, puisque celle-ci devait permettre en priorité aux nations de vivre
harmonieusement entre elles, plutôt que de fonder leurs rapports mutuels sur la peur
perpétuelle. Le projet était ambitieux, car il s’agissait en pleine seconde guerre mondiale de
dépasser l’analyse centrée sur l’État pour atteindre l’homme. Aux critères de l’intérêt et de
la sécurité, Mitrany substitua donc les critères de paix, de bien-être et de participation
comme objectifs ultimes de l’action internationale. Ceux-ci correspondant à des fonctions
précises, il était alors envisageable de développer le rôle et les attributions d’organisations
internationales fonctionnelles, seuls acteurs en mesure de remplacer la confrontation par la
coopération. La caractéristique de cette approche très technicienne de la vie internationale
résidait dans sa progressivité et dans son empirisme. L’autorité étant dissociée d’une assise
territoriale déterminée, plusieurs autorités, poursuivant chacune des buts différents selon des
techniques différentes, pouvaient donc cohabiter dans un même espace. Cette dissociation
territoriale se doublait d’une dissociation fonctionnelle, certains attributs demeurant dans le
domaine politique (sécurité, diplomatie, justice), alors que la coopération internationale
s’imposait pour les domaines socio-économiques. L’habitude de la coopération qui en
résultait et les avantages retirés par cette mise en commun de moyens obligatoirement
limités permettaient d’envisager un élargissement progressif à d’autres domaines de
compétence et le passage graduel à une intégration politique, conséquence de l’intégration
économique.

En dépit de son caractère radical et de son opposition farouche à l’État, la doctrine


fonctionnaliste exerça une influence déterminante sur les pères fondateurs de l’Europe qui
se retrouvaient dans le pacifisme de Mitrany. Proche des travaillistes anglais, celui-ci fut en
effet en mesure d’accéder aux dirigeants politiques, comme le révéla le grand discours de
Robert Schuman du 9 mai 1950, dans lequel l’initiateur de la communauté Européenne du
Charbon et de l’Acier déclarait que :«l’Europe ne se fera pas d’un coup (…), elle se fera par
des réalisations concrètes» donnant aux États l’habitude de coopérer ensemble en vue d’une
fusion d’intérêts indispensable à l’établissement de la communauté économique». En dépit
du succès de la CECA, l’échec de la CED qui s’expliqua en partie par le pacifisme des
premiers européens, démontra que la construction européenne devait tenir compte de la
13

dimension nationale, ce qui justifia la transformation de la doctrine en «néo-


fonctionnalisme», plus soucieux de l’articulation entre le supranational et le niveau
national.21

3. Contexte d’usage

L’intérêt demeure bien chez les fonctionnalistes l’instrument central de la vie


internationale. Mais toute l’originalité de la démarche résidait dans la recherche des
conditions d’établissement d’une solidarité internationale inédite reposant sur la fusion de
ces mêmes intérêts, l’égoïsme des nations pouvant être dépassé par une collaboration
également profitable à tous.

Dans le cadre de notre recherche, le fonctionnalisme nous a paru utile du fait de son
action dans le domaine de la coopération internationale entre les acteurs privés et publics. Et
pour le réchauffement climatique, il est important d’appliquer cette théorie afin
d’appréhender l’enjeu d’une bonne gouvernance pour la lutte contre le réchauffement par
l’apport vital et capital des tourbières de la RDC comme solution dans la lutte contre le
réchauffement climatique. Nous estimons, certes, que la coopération entre les États du
monde est favorable, car on met de côté les risques liés à la guerre afin de nous concentrer à
ce qui pourrait nuire à toute espèce sans armes. Sur ce, en aménageant un cadre opérationnel
et stratégique pour l’élaboration des plans, nous serions en état de concevoir des voies qui
empêchent aux acteurs publics tout comme privés à opérer de choix pour la réalisation des
actions entreprises. La RDC ne peut agir seule sur ce terrain, d’où une bonne gouvernance
au sein des communautés de lutte s’avère primordiale.

21
Jean-Jacques Roche, Théories des relations internationales, Éd. Montchrestien, Paris, 2001, p.127
14

CHAPITRE DEUXIÈME : PRÉSENTATION DE LA RDC ET DE LA


TOURBIÈRE CONGOLAISE
Ce chapitre est dédié à la description de la République Démocratique du Congo sur
tous les plans pour sa compréhension, ainsi que sa géophysique. En abordant par surcroît la
présentation de la tourbière de la RDC et ses caractéristiques singulières, ce présent chapitre
tend à nous fournir une vue large sur la nécessité écologique de cette tourbière face au
réchauffement climatique.

Section I. Présentation de la République Démocratique du Congo


1. Profil géographique et ressources naturelles

La RDC est le plus vaste pays en Afrique au sud du Sahara et le deuxième du


continent par sa taille. Au centre de l’Afrique, à cheval sur l’équateur, elle bénéficie des
conditions géographiques privilégiées qui jouent en sa faveur.22

Compris entre 50°20’ de longitude de Nord et 130° de latitude de Sud, il s’étend


entre 12°15’ de longitude Est. La RDC couvre une superficie de 2.345.410 Km2, environ 33
fois plus grand que le BENELUX (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), quatre fois plus
grand que la France ou deux fois plus que le Québec. En Afrique seuls les Soudan et
l’Algérie sont plus étendus que la RDC. Partageant neuf frontières avec ses voisins, le
Congo-Kinshasa est limité à l’Ouest par le Congo-Brazzaville, au Nord par la République
centrafricaine et le Soudan, l’Est par l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie au
Sud par la Zambie et l’Angola.

La disposition de relief accentue la situation continentale du pays dont les relations


extérieures dépendent en partie des pays voisins. En réalité la RDC est un pays semi-
enclavé du fait qu’en plus de la faible densité de ses réseaux de communication, elle ne
possède qu’une façade maritime, sur l’océan Atlantique de 37Km. En raison de sa
superficie, de ses richesses et de son importante population, le Congo demeure l’un des
géants de l’Afrique, avec l’Égypte, le Nigéria et l’Afrique du Sud.23

Par ailleurs, signalons aussi bien que la constitution de 2005 de la RDC prescrit un
nouveau découpage du pays en 25 provinces, tout en conservant la ville-province de
Kinshasa comme capitale du Pays, mais actuellement le Congo se compose des provinces
suivantes : BAS-UELE, EQUATEUR, HAUT-KATANGA, HAUT LOMAMI, HAUT-
UELE, ITURI, KASAI, KASAI CENTRAL, KASAI ORIENTAL, KONGO CENTRAL,
KWANGO, KWUILU, LOMAMI, LUALABA, MAINDOMBE, MANIEMA,
MONGALA, NORD-KIVU, SUD-UBANGI, SANKURU, SUD-KIVU, TANGANYIKA,
TSHOPO, parmi les avantages à faire valoir de sa situation géographique, la RDC est le
premier pays d’Afrique du point de vue de l’étendue de ses forêts dont la moitié du territoire

22
KABENGELE DIBWE, K., Manuel de géographie économique et humaine de la RDC, Éd.
23
Idem
15

national est occupé par la forêt équatoriale au Nord et le plus important pour sa préservation
de l’environnement mondial.

L’Est du pays est le domaine des montagnes, des collines, des grands lacs mais
aussi des volcans. Le sud et le centre en savane arborées, fortement un haut plateau en
minerais divers. La position de la RDC sur l’équateur a une influence essentielle sur les
données climatiques et lui fait bénéficier du privilège d’appartenir à une zone intertropicale.
Le climat général du pays est chaud et humide, mais cette situation varie selon les
provinces, ainsi donc le pays comprend trois types de climat : le climat tropical, le climat
tempéré et le climat équatorial. L’existence des tels climats produit une végétation dense et
régit les activités agricoles de la population congolaise.

Car à l’exception des montagnes, tout le pays bénéficie des températures moyennes
élevées, assurant le minimum de chaleur indispensable à la vie végétale. Il nous faut retenir
que la RDC se classe parmi les dix premiers pays de la méga biodiversité du monde avec
plusieurs espèces diverses ; de mammifères, d’oiseaux, de poissons, de reptiles, de
batraciens et angiospermes. Elle dispose d’une faune naturelle exceptionnelle où l’on trouve
tous les grands animaux de l’Afrique et des espèces rares. Elle dispose aussi d’abondantes
ressources en eau, des lacs poissonneux notamment le lac Tanganyika (plus grand que le
Burundi) le plus poissonneux du monde.24

La RDC est dotée d’immenses ressources naturelles, notamment :

- Une richesse diversifiée du sous-sol, telles que l’uranium, le cuivre, le zinc, le cobalt,
l’or, le diamant, l’étain, la colombo-tantalite (coltan), le chrome, le manganèse, le
wolframite, l’argent, le cadmium, le lithium, le charbon et le pyrochlore, etc.
- Du pétrole offshore sur la côte atlantique.
- Une richesse floristique diversifiée :
o Environ 152 millions d’hectares de forêts naturelles (10% de l’ensemble des forêts
tropicales du monde et 67% du territoire national ; les forêts denses humides
couvrant près de 99 millions d’hectares, dont un peu plus de 83 millions en basse
altitude) ;
o La végétation est dominée par des grandes formations comprenant les forêts
marécageuses, ombrophiles, les afro-montagnardes, sèches et les savanes ;
o Tous les embranchements confondus, comptent près de 377 familles, 2.196 genres et
10.324 espèces.
- Une importante richesse faunique caractérisée par :
o 352 espèces des reptiles dont 33 endémiques ; 168 espèces d’amphibiens ;
o 1086 espèces d’oiseaux dont 23 endémiques ;
o 421 espèces de mammifères dont 28 endémiques, et plus d’un millier d’espèces des
poissons.

24
J-c, YAWADI, Procès de la société congolaise, Mabiki, Bruxelles, 2008, p.34
16

1.1. Ressources naturelles stratégiques

Cette expression englobe les matières premières auxquelles on reconnaît une


importance capitale dans les politiques de puissance des nations modernes, c’est-à-dire dans
le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles. Elles se présentent sous plusieurs
formes et sont indispensables pour le fonctionnement des industries, pour l’expansion et la
prospérité des économies. La République Démocratique du Congo regorge beaucoup et en
quantité exploitable des ressources telles que l’or, le cobalt, le cuivre, le coltan, l’Uranium,
le diamant, etc.

1.2. Ressources naturelles non stratégiques

Un inventaire approfondi signale la présence de bien d’autres ressources naturelles


stratégiques, minérales et agricoles dans ce pays. Ces dernières, si elles ne sont pas
indispensables au même titre que les précédentes, ont tout de même une importance relative
dans les secteurs clés d’activités de la vie. C’est par exemple le cas des hydrocarbones
solides non stratégiques, du potentiel hydraulique et du potentiel agricole, enfin du
patrimoine touristique.

Dans cette catégorie, l’on note la présence du minerai de fer, le phosphate, la


bauxite, le zinc, le plomb, l’alumine, le manganèse, le cuivre, le mercure, etc. Ces
ressources, si elles ne sont pas classées stratégiques au même titre que celles précédemment
citées, il faut reconnaître qu’elles sont indispensables pour la prospérité, la croissance des
économies et de l’industrie moderne. Aucune de ces matières premières ne constitue, à
l’heure actuelle, l’objet d’une exploitation purement industrielle. Quelques-unes d’entre
elles sont parfois exploitées artisanalement et commercialisées dans des circuits officieux,
ou encore sous la forme d’échanges en troc.

Le potentiel hydraulique lui est composé d’affluents du fleuve Congo, le plus


important cours d’eau du pays. A cette donne, il y a lieu de distinguer la production de
l’électricité. La pêche, artisanale ou industrielle, peut être pratiquée sur les espaces
maritimes et fluviaux issus, successivement de l’océan Atlantique, du fleuve Congo, des
lacs et de ses affluents. Ce potentiel peut également servir de courroie de transmission entre
la République Démocratique du Congo et ses voisins sous régionaux enclavés.25

1.3. Industrie

Le traitement des produits miniers a créé une grosse industrie au Shaba, les
industries de transformation sont particulièrement nombreuses aux environs de Kinshasa la
capitale et d’autres industries de transformation se développent sur le lieu de production.

25
Augustin M., La géopolitique de la recentration de la RDC, Éd. IPRIS-IGAM, Kinshasa, 2023, pp. 63-64
17

1.4. Energie

La RDC est le pays d’Afrique centrale qui a le plus fort équipement hydro-
électrique. Le barrage d’Inga reste sans doute un potentiel électrique du pays, produit à lui
seul dix fois plus que toutes les installations congolaises existantes actuellement. Compris
entre 5 21 de latitude nord et 13350 de latitude sud, elle s’étend entre 12 15 de longitude
Est, elle s’étale sur plus au moins 2000Km d’Ouest à l’Est.26

Son immensité fait d’elle un pays aux dimensions continentales et impose une
contrainte fort importante ; celle des distances. Les frontières héritées des partages
coloniaux, englobent les deux tiers du bassin du fleuve Congo et ne laissent au pays qu’un
étroit débouché océanique d’une quarantaine de Kilomètre de côtés. La disposition de relief
accentue la situation continentale du pays dont les relations extérieures dépendent en partie
des pays voisins.27

2. Profil climatique

La RDC est située dans la zone de convergence intertropicale (ZCIT), ce qui crée
une variabilité climatique extrême dans le pays. Elle est caractérisée par un climat chaud et
humide sur la plus grande étendue de son territoire et une pluviosité abondante, avec 140 à
160 jours de pluie par an. Son système climatique se présente comme suit :

- Au centre de la cuvette centrale, les précipitations se situent entre 1800 et 2000 mm


par an avec une moyenne annuelle de 27°C ;
- Au-delà des latitudes 3°N et 3°S, on retrouve le climat tropical avec une saison sèche
dont la durée augmente en s’éloignant de l’équateur (4 mois dans la partie ouest et
plus de 5 mois dans le Sud-est, où on enregistre moins de 1000mm des précipitations
par an) ;
- Dans les régions montagneuses de l’Est, les conditions atmosphériques varient avec
l’altitude, où les précipitations peuvent atteindre 3000 mm par an et où la
température moyenne peut chuter jusqu’à 1°C quand l’altitude monte de 180 m ;
- Dans la zone côtière, on rencontre le climat le plus sec (810 mm à Banana), là où les
effets du courant froid de Benguela ressentis.

La température annuelle moyenne a légèrement augmenté à un taux de +0,17°C par


décennie au cours des 30 dernières années. Pour l’avenir, les projections des modèles
climatiques mondiaux suggèrent une augmentation moyenne forte de la température. Pour la
fin du siècle, un réchauffement de l’ordre de +1,7 à +4,5°C (par rapport à la période de
référence de 1971 à 2000) est probable. En outre, on prévoit une forte augmentation de la
durée des vagues de chaleur ainsi qu’une forte réduction de la durée des périodes de froid.

En ce qui concerne les quantités totales de précipitations annuelles, aucun


changement substantiel n’a été observé au cours des 30 dernières années. Pour l’avenir, la
26
KABENGELE DIBWE, op.cit.
27
Idem
18

majorité des modèles climatiques prévoient une tendance à une légère augmentation des
précipitations totales annuelles. Pour la fin du siècle, un changement des précipitations
totales annuelles de l’ordre de 0 à +8% (par rapport à la période de référence de 1971 à
2000) est probable. En outre, les projections suggèrent une tendance à des précipitations
plus intenses et considérablement plus fréquentes, alors qu’aucune tendance claire n’est
prévue en ce qui concerne la durée des périodes de sécheresse.

3. Profil politique

La situation politique de la RDC est restée fortement l’accession du pays à


l’indépendance, par plusieurs évènements marquants notamment des guerres de sécessions,
les mutineries, les rebellions, ainsi que des conflits qui se traduisent d’une part par un
processus de militarisation accentuée de la société congolaise avec la présence accrue des
groupes armés étrangers, le recrutement massif des jeunes et des enfants, la création des
milices d’auto-défense et une augmentation du trafic illicite d’armes légères.

Le professeur BANYAKU, estime que l’histoire politique du Congo est faite de


moments et soubresaut d’espoir pour la libération de tout un peuple et de moments de
sombrement profond dans le désastre et le chaos d’un grand État en perdition ou en
partition. Cette dynamique contrariante se traduit par de longs moments de turbulences
généralement violentes emportant les grands espoirs de la population pour l’idéal
démocratique ainsi que pour leur bien être socio-économique.28

La RDC a été plongée dans plusieurs conflits, certains désormais résolus tandis que
d’autres couvrent encore ; mais en dépit de tous ces évènements la RDC voit aujourd’hui
s’offrir une occasion unique. Elle émerge peu à peu d’un passé difficile : une longue période
coloniale suivie d’une naissance pendant la guerre froide, puis plusieurs décennies
d’instabilité chronique suivie de deux guerres concentrées sur une période de cinq ans. En
effet, c’est après un temps relativement concentré entre les évènements de Léopoldville en
Janvier 1959 et les résolutions de la table ronde de Bruxelles mai 1960, que la RDC va faire
une entrée fracassante dans le concert des nations en accédant à son indépendance au 30
Juin 1960.

Cet évènement va raviver les espoirs de la population pour la libre gestion de leurs
destinés. Mais cela ne durera pas longtemps pour qu’en Juillet 1960 on assiste aux
premières fragmentations de mouvements sécessionnistes et des mouvements réfractaires ou
révolutionnaires de 1960 et 1961. Ces évènements laisseront la place à une suite de conflits
institutionnels entre le premier ministre LUMUMBA et le chef de l’État KASAVUBU et les
deux chambres du parlement, à propos de l’interprétation de la disposition transitoire de la
loi fondamentale sur l’élaboration de la constituante, se terminera par la suspension du
parlement.

28
EUGÈNE N.L.E., Chronique, monographie et document sur l’histoire politique du Congo. Des années 1960 aux années
1990, Éd. Comprador, Kinshasa, 2000, p.5.
19

Il va s’en suivre d’une suite d’évènements conflictuels mettant en cause le chef de


l’État et son premier ministre MOISE TSHOMBE avec son parti CONACO longuement
majoritaire au parlement. Face à cette situation, le Front Démocratique du Congo, incite le
haut commandement militaire à prendre le pouvoir et place le lieutenant général JOSEPH
MOBUTU au pouvoir comme président de la république. Dès son accession au pouvoir, les
consignes fortes entaient donnés par le nouveau président à la classe politique pour l’obliger
à se soumettre à son autorité. Confortée à la fois à la recherche d’une légitimité politique
interne et à la subvention de la haute finance lésée par la première nationalisation des
sociétés à charte, intervenues en soixante-six et soixante-sept.

C’est ainsi que sera réprimé un premier complot auquel se trouveront associés
l’ancien premier ministre KIMBA et trois autres parlementaires GEROME ANANY,
ALEXIS MAHAMBA et EMMANUEL BAMBA. Ils seront condamnés à mort et exécuté
par la pendaison en public.29

Une terreur va s’installer, par la création d’un parti unique dominant, le mouvement
populaire de la Révolution (MPR). On assiste à la suppression du parlement et l’obligation
faite à tous citoyens de devenir membre du nouveau mouvement de rassemblement
populaire et révolutionnaire. La conséquence de la Zaïrianisation se manifeste par les
mouvements de déstabilisation et à des grandes crises sociopolitiques. L’installation des
multiples abus de pouvoir avec des relégations d’opposants, des arrestations arbitraires et
des tracasseries dans la société civile organisée par les services de sécurité, les brigades de
parti état et les milices paramilitaires. Les années nonante marquées par la libéralisation
politique seront inaugurées par les consultations populaires : sur le plan de l’évolution des
institutions du pays, le chef de l’État a présenté les décisions suivantes :

 L’introduction du multipartisme à trois au Zaïre, l’abolition de


l’institutionnalisation du MPR ;
 La désignation d’un premier commissaire d’État ou premier ministre suivi de
la formation d’un gouvernement de transition ;
 La révision de l’actuelle constitution en vue de l’adapter à la période de
transition qui s’instaure ;
 La mise sur pied d’une commission chargée d’élaborer la constitution qui
sera sanctionnée par un référendum populaire ;
 L’élaboration, enfin d’un projet de la loi devant régir les partis politiques
dans notre pays et organiser leur financement.

L’ouverture de la CNS, donna lieu au débat national public, mais les nouvelles
exigences sociales d’une population ayant totalement perdu confiance en ses dirigeants
prirent une tournure dramatique avec le désordre social qui s’illustra par le pillage
instantané du 3 Décembre 1990 et les deux autres qui se suivirent. Une nouvelle opposition
politico-militaire, née à l’Est du pays AFDL, dirigée par LAURENT DÉSIRÉ KABILA est

29
EUGENE BANYAKU L.E., op.cit., p.6.
20

appuyé par l’Ouganda et le Rwanda, déclare la guerre au pouvoir central de Kinshasa. Le


président MOBUTU SESE SEKO est renversé le 10 mai 1997. L’AFDL et le président
LAURENT DÉSIRÉ KABILA prennent le pouvoir.

C’est en voulant limiter l’influence de l’Ouganda et du Rwanda par le président


LAURENT DÉSIRÉ KABILA, que va éclater la guerre d’agression en RDC. Les
belligérants signent à Lusaka un accord de cesser le feu, qui conduit les forces étrangères
des pays présents sur le territoire de la RDC à retirer les troupes, le conseil de sécurité de la
MONUC dans le but de maintenir une liaison sur le terrain avec toutes les parties à
l’accord.30 Alors le commandant en chef des forces terrestres, JOSEPH KABILA fils du feu
président LAURENT DÉSIRÉ KABILA, succède à la tête de l’État son père, qui est
assassiné en Janvier 2001.

Durant le conflit, le RWANDA et l’OUGANDA ont créé des groupes ou des


milices qui ont provoqué une guerre civile impliquant trois fonctions principales : le
gouvernement de la république (KABILISTE ou PPRD, appuyés par l’Angola, la Namibie
et le Zimbabwe) et le RCD (soutenu par le RWANDA) et le MLC (par l’Ouganda). Ainsi
donc, sur le plan de la transition politique et à l’issue des négociations particulièrement
ardues et aux pressions internationales redoublées, le long processus du Dialogue Inter
congolais va aboutir à la signature le 17 Décembre 2002 par les représentants des
composantes et entités au DIC de l’accord global et inclusif à Sun City, les participants au
DIC signent l’acte final des négociations politiques, par lequel ils approuvent formellement
l’ensemble des accords de la paix et de la souveraineté nationale en RDC pendant une
période de deux ans.

Ces accords comprennent l’accord global de décembre 2002, la constitution de la


transition, le mémorandum sur les questions militaires et les questions de sécurité de mars
2003 et les résolutions adoptées par les participants à Sun City en mars et avril 2002. La
signature de l’acte final marquera un nouveau chapitre important dans le processus de
reconstruction nationale et de la paix en RDC. Une constitution de transition est promulguée
par le président JOSEPH KABILA, le 04 avril 2003.

Le gouvernement d’union nationale, ainsi formé le 30Juin 2003 est chargée de


mettre en œuvre le processus électoral dont le referendum constitutionnel, organisé en
décembre 2005, constitue la première étape, suivie par les élections présidentielles et
législatives en juillet et octobre 2006. Le gouvernement a aussi pour mission de rétablir
l’autorité de l’État dans les provinces, autorité bafouée par les belligérants qui se sont
repartis leur contrôle administratif et militaire au gré de leurs alliances et de leurs intérêts
économiques.31

30
VINCENT DE PAUL LUNDA BULULU, Conduire la première transition au Congo zaïre, Éd. L’Harmattan, Paris, 2003,
p.15
31
VINCENT DE PAUL LUNDA BULULU, Op.cit., p.15
21

4. Profil socio-économique

La RDC, qui est l’un des pays parmi les vastes et les plus peuplés du continent
africain, n’a pour autant pas le niveau de vie qui devrait correspondre à ses immenses
ressources naturelles (minerais, bois précieux, produits agricoles) et cela par le simple fait
que son système socio-économique a longtemps été handicapé par une guerre civile lavée et
un niveau de corruption les plus élevés de la planète.

Le classement 2005 de «Transparency International», sur l’indice de perception de


la corruption, classait la RDC sixième sur 158 pays évalués. Après une période de relatif
dynamique économique, la RDC a subi une sévère dépression entre le milieu des années
1980 et le milieu des années 2000 liée à une gestion marquée par la corruption, puis aux
guerres civiles qui ont ravagé le pays. En 2006 la RDC est l’un des dix pays les plus pauvres
du monde, et les inégalités y sont très marquées. Une grande partie de la population vit en
dessous du seuil de pauvreté fixé à deux dollars par jour avec une majorité des femmes et
des hommes, qui n’ont aucun revenu, les disparités sont très fortes, avec un taux de
chômage très élevé, des salaires et des prestations sociales dérisoires dans le tout le pays. Le
forum économique et mondial sur l’Afrique rapporte que l’économie congolaise est une des
économies les moins compétitives d’Afrique.

Cette économie occupe en 2008, selon le rapport de la Banque mondiale sur le


climat d’affaire, la 178ème position, c’est-à-dire la dernière place sur la liste des pays du
monde considérés d’après leurs capacités d’offrir de réelles facilités de faire des affaires.
L’histoire économique récente de la RDC est galonnée de plusieurs tentatives
d’assainissement et de redressement de l’économie bien que confrontée aux déséquilibres
financiers, à la montée de l’endettement et à la stagnation de la production, mais malgré cela
les relations commerciales entre différentes régions du pays dans leur ensemble restent
faibles encore aujourd’hui. La production minière, qui a commencé plus d’un siècle, a joué
un rôle important dans la gestion économique. En effet, le sous-sol de la RDC est compté
parmi les plus riches au monde au regard de la géologie et de la minéralogie. Étant donné
cet avantage naturel, la défaillance de l’économie congolaise est généralement attribuée à la
«malédiction des ressources naturelles».32

La RDC possède des gisements, contenant une cinquantaine de minerais, mais


seulement une douzaine de ces minerais sont exploités. La Gécamines (Générale des
carrières et des Mines) était la principale entreprise minière du pays, elle jouait un rôle
social et économique important pour beaucoup de PME (petite et moyenne entreprise) se
trouvant dans sa périphérie. Mais aujourd’hui la réalité n’est plus la même, la Gécamines a
été déchue, la production minière industrielle s’est aussi effondrée avec elle ; plusieurs
mesures de restriction et de libéralisation du secteur minier n’ont rien donné, d’autant plus
qu’on assiste à l’exploitation des terres des paysans au profit de nouvelles concessions
minières, à la fraude généralisée et aux contrats léonins. Cependant, l’agriculture reste le

32
Forum économique mondial sur l’Afrique, tenu du 13 au 15 juin 2007 : Rankings
22

principal secteur de l’économie de la vie de la population active. Le secteur secondaire


(industriel) par contre est très peu développé et caractérisé par une forte présence de l’État,
marginalisant ainsi le secteur privé.33

L’économie congolaise est aujourd’hui bien plus pauvre qu’elle l’en était à
l’indépendance. Selon un rapport de la Conférence Nationale Souveraine, le secteur
informel présente près de 60% des activités économiques. Douze ans après, il est évident
que ce pourcentage représente plus de 80% des activités.34

4.1. Agriculture

La RDC dispose de plus de 80 millions d’hectares de terres arables dont 10%


seulement sont actuellement exploitées. La diversité de son système climatique et son
important réseau hydrographique permettent de pratiquer une gamme variée des
spéculations agricoles. Les étendues des savanes tant herbeuses que boisées sont
susceptibles de supporter un élevage de plus ou moins 40 millions de têtes de gros bétail. Ce
secteur a subi un long déclin exacerbé par les conflits et l’abandon des grandes
exploitations, la productivité agricole s’est réduite de 60% entre 1960 et 2006.

La pratique agricole est essentiellement pluviale et paysanne avec une production


vivrière de subsistance (autosubsistance) utilisant un matériel de production rudimentaire
avec un faible rendement et à faibles consommateurs d’intrants. Ces exploitations se
répartissent sur plus ou moins 4 à 7 millions d’hectares et sont organisées par des ménages
agricoles, exploitant chacun, en moyenne 1,5 hectare par an.35

L’augmentation de la production est plus due à l’accroissement des superficies


emblavées qu’à l’amélioration des rendements. A la différence avec d’autres systèmes sur le
continent, ce mode d’exploitation n’est pas associé à l’élevage, source de matière organique.

La production animale nationale provient essentiellement des élevages du petit et


gros bétail ainsi que de la volaille. Leur contribution est respectivement de 34,5% pour les
porcins, 24% pour les caprins, 22,3% pour les bovins, 15% pour les volailles et 3,9% pour
les ovins.36

Le petit bétail et la volaille ont l’avantage d’offrir aux paysans des produits, de
manière régulière et rapprochée, leur permettant de maintenir un certain niveau de revenu et
d’améliorer leur régime alimentaire.

La production halieutique annuelle de la RDC, estimée à environ 220.000 tonnes en


moyenne sur un potentiel exploitable annuellement de 707.000 tonnes, soit un peu plus de

33
BEN CLET, «climat d’affaires», In Journal le potentiel, n°4289, Kinshasa, 7 avril 2007, p.8
34
BAKANDELA WA MPUNGU, L’informel et le droit économique : les incidents des pratiques commerciales sur le
fonctionnement de l’économie. Voir journées des droits de l’homme sur : « la déclaration universelle de droit de
l’homme et la construction de l’État de droit», UNIKIN, 19-20 février 2002, p.2
35
Ministère en charge de l’Agriculture (2009), Notes de politique agricole
36
Programme national de relance du secteur agricole et rural (PNSAR) 1997-2001 : monographie, volume 1.
23

30%, correspond à une disposition moyenne annuelle de 5,2 Kg par habitant, une
disponibilité nettement inférieure à la norme internationale fixée à 13 Kg par habitant.37

4.2. Foresterie et autres affectations des terres

Les forêt congolaises sont réparties de part et d’autre de la ligne équatoriale et


comprennent ainsi des écosystèmes variés. Les forêts humides sempervirentes et semi-
décidues occupant une bonne partie des régions du centre et de l’ouest, de vastes étendues
de forêts édaphiques poussent dans le nord-ouest, le long du fleuve Congo et de ses
affluents, tandis que des forêts de pré-montagne et de montagne s’étendent sur les plateaux
de l’est et sur les versants des Monts Mitumba. Le massif forestier le plus riche et d’un seul
tenant (environ 100 millions d’hectares) est circonscrit dans la cuvette centrale.

Estimées à environ 152 millions d’hectares de forêts naturelles, elles représentent


environ 10% de l’ensemble des forêts tropicales du monde et plus de 62% de celles de
l’Afrique. On estime son taux de déforestation, relativement faible sur les 30 dernières
années, entre 0,4% en 2001 et 0,32% en 2005, en comparaison à celui d’autres pays
forestiers tropicaux.

Afin de lutter contre l’exploitation illégale des forêts et de préserver ce qui reste des
espaces naturels, la RDC a adopté la Loi 011-2002 du 29 août 2002 portant Code forestier
qui traite du défrichement, dégradation des forêts, et des problèmes d’érosion. Le code
interdit «tout acte de déboisement des zones exposées au risque d’érosion et d’inondation ;
tout déboisement sur une distance de 50 mètres de part et d’autre des cours d’eau et dans un
rayon de 100 mètres autour de leurs sources». En outre, le code précise que «tout
déboisement doit être compensé par un reboisement équivalent en qualité et en superficie au
couvert forestier initial (…) et exige l’obtention d’un permis de déboisement pour une
superficie supérieure à 2 ha».

Le secteur forestier en RDC est susceptible de contribuer de manière significative


tant à la diversification qu’au redressement de l’économie nationale. En dépit de son énorme
potentiel, la contribution de ce secteur à la réduction de la pauvreté des populations
congolaises reste encore timide voire insignifiante. Cette situation est due, en partie, au fait
que depuis plusieurs décennies, le secteur forestier n’avait pas suscité beaucoup d’intérêts
auprès des décideurs politiques ; ce qui n’a pas permis à ce secteur de bénéficier de toute
l’attention à laquelle il a légitimement droit à l’instar d’autres secteurs d’économie national,
en l’occurrence le secteur minier.

4.3. Energie

La RDC regorge d’énormes potentialités, diversifiées en ressources énergétiques


dont la gestion durable constitue des enjeux majeurs qui comprennent entre autres :

37
Ministère de l’Agriculture, 2009, Notes de la politique Agricole, p.71
24

- Les ressources hydroélectriques avec un potentiel estimé à 110 GW (44% sont


concentrées dans le seul site d’Inga, situé dans la province du Kongo-central)
équivalant à 30 millions de tonnes de pétrole par an ;
- La biomasse avec environ 152 millions d’hectares de forêts naturelles ;
- Le charbon minéral avec des réserves estimées à 720 millions de tonnes ;
- Le pétrole avec des réserves estimées à 1,5 milliards de barils ;
- Les réserves en gaz méthane dans le bassin côtier, évaluées à 10 milliards de m3 en
mer et à 20 milliards de m3 dans le lac Kivu (près de 50 millions des Normaux métre
cube (Nm3)) ;
- Le minerai d’uranium avec d’importantes réserves ;
- Les ressources géothermiques ;
- Des schistes bitumineux et des sables asphatiques dont les réserves sont mal
connues ; et
- Un potentiel solaire dont la bande d’ensoleillement est situé entre 3500 et 6000
Wc/m2/j.

Le rapport PDGIE (2018) renseigne en termes de consommation d’énergie une


prédominance du bois énergie qui représentait en 2018 une part de 94,2%.

La production de l’électricité est assurée en grande partie par la société Nationale


d’Électricité (SNEL) avec une puissance installée de 2 456 MW. Quelques producteurs
indépendants privés tels que Électricité du Congo (EDC) pour la ville de Tshikapa ;
SENOKI à Butembo, SOKIMO, Énergie du Kasaï (ENERKA) pour la ville de Mbuji-Mayi,
Électricité du Nord Kivu (ENK), Virunga Sarl, NURU Sarl, Cartias Développement…, et
quelques auto producteurs tels que la Sucrière de Kwilu-ngongo, PERENCO, MIBA, Kibali
Gold Mining, Gécamines certaines confessions religieuses, la Société Nationale des
Chemins de fer (SNCC), etc. totalisent une capacité installée en hydroélectricité de 364
MW. Cependant, le taux d’accès de la population à l’électricité, l’un des plus faibles du
monde, est estimé à 0%.

4.4. Transport

Les infrastructures de transport en RDC sont parmi les moins denses, délabrées et
impraticables. Dans de nombreuses provinces du pays, les connectivités vers la capitale,
Kinshasa, par la route sont difficiles et la plupart des provinces ne sont pas liées entre-elles.
En dépit d’avoir l’un des plus grands réseaux fluviaux dans le monde, le transport fluvial est
souvent entravé par des niveaux élevés d’ensablement, de longs temps d’attente dans les
ports en raison de l’insuffisance des infrastructures et de la gouvernance.

Le transport terrestre en RDC se compose principalement de véhicules routiers


motorisés, car il n’existe pas d’infrastructure appropriée pour les véhicules non motorisés
(c’est-à-dire des voies Cyclades, un stockage sûr et des locations de vélos pratiques et
abordables) et le réseau ferroviaire est quasi abandonné ou détruit. Les véhicules motorisés
dépendent principalement des voitures particulières personnelles.
25

Les statistiques de la flotte de véhicules jusqu’en 2015 indiquent un total de 1,64


million de véhicules immatriculés sur l’ensemble du territoire national, principalement
constitués de voitures particulières.

Le transport en commun comprend des bus publics et privés, des mini-


fourgonnettes ainsi que des taxis exclusifs et partagés, tous fonctionnant sans aucune
coordination, entraînant des taux d’occupation très faibles. La part de marché des transports
de masse en RDC est faible en raison de l’impraticabilité, du manque de sécurité et de la
portée limitée des transports publics par rapport à l’attrait de posséder une automobile
privée.

Les habitudes de conduite en RDC sont caractérisées par une autonomie


relativement faible avec un taux élevé de congestion et des arrêts fréquents à de courts
intervalles de temps. On estime que 50% des trajets ont une distance inférieure à 10 Km,
25% des arrêts sont inférieurs à 20 secondes et le temps total d’arrêt par trajet correspond à
plus de 15% du temps de trajet.

De plus, ces observations reflètent les modèles de conduite à arrêts et départs


continus, entrainant ainsi un fonctionnement inefficace des moteurs à combustion interne, et
un taux élevé de consommation de carburant et d’émissions de polluants en conséquence.
Le réseau routier de la RDC comprend au total 153.209 Km de routes répartis comme suit :

 58.509 Km de routes d’intérêt général, dont environ 3.000 Km sont revêtus ;


 7.400 Km de voiries urbaines ;
 87.300 Km de routes d’intérêt local ou desserte agricole.

En termes d’activités aéronautiques, la RDC est dotée de dix-neuf aéroports


commerciaux dont quatre internationaux en service (Kinshasa/N’djili, Goma, Kisangani et
Lubumbashi). Au moins onze compagnies aériennes (Congo Airways) et privées, opèrent
pour le vol de passagers et l’affrètement des marchandises vers tous les aéroports situés en
RDC.

Quant aux activités fluviales et lacustres, la RDC dispose de près de vingt ports
services ou ports commerciaux fonctionnels dont notamment Matadi, Boma, Kinshasa,
Ilebo, Kalemie, Uvira, Goma, Bukavu, Kisangani, Mbandaka, Ubundu, Kindu, et
Mushimbakye à Baraka, etc. Ces ports sont pour la plupart sous l’autorité de la Société
Congolaise des Transports et Ports (SCTP). Les principaux ports dans le Sud-Est du pays
sont régis par la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC).

Le port de Matadi est le point d’entrée et de sortie industriel du pays. Il est relié au
port de Kinshasa par la route et le chemin de fer. Le port de Kinshasa accueille environ 78%
des bateaux en provenance de l’intérieur du pays.
26

4.5. Industrie

Bien que le tissu industriel de la RDC demeure embryonnaire, ce secteur, tout


comme l’agriculture, les infrastructures, l’énergie, la santé, l’enseignement, l’habitat et
d’autres, est une priorité du Gouvernement de la RDC. La stratégie de développement du
secteur industriel est principalement axée sur la création des zones économiques spéciales
(ZES), des parcs agro-industriels et des pôles de croissance.

Le déficit en infrastructure influe sur le développement industriel de la RDC,


particulièrement de la manufacture. Cette dernière ne représente que 14% du PIB en 2018,
soit moins de 12 USD par habitant. Ce faible niveau illustre les difficultés évidentes que
rencontrent les entrepreneurs, notamment sur le plan d’accès à l’électricité et des
infrastructures de transports publiques (routes, voies ferrées, aéroports, fluvial et lacustre).
Les répercussions sont éloquentes notamment en termes de compétitivité économique et
d’emplois créés. L’emploi dans la manufacture ne représente que moins de 7% de l’emploi
total. L’enjeu pour le Gouvernement est de poursuivre la diversification des sources de
croissance et d’emploi en accompagnant de manière volontariste ce sous-secteur et
d’améliorer le climat des affaires pour attirer davantage d’investissements directs étrangers
(IDE).

En ce qui concerne la production minière, la RDC est «un scandale géologique» tant
ses ressources minières sont importantes et diverses (cuivre, cobalt, colombo-tantalite, or,
diamant).

Moteur de croissance et important contributeur au Budget national, le secteur minier


de la RDC compte parmi les secteurs stratégiques du pays. Selon les statistiques, de 2003 à
2017, la production minière est passée de 9.370 tonnes à plu d’un million de tonnes de
cuivre ! Soit un accroissement de 10,75%. 38

5. Profil démographique et culturel

En l’absence d’une opération de collecte des données démographiques depuis 1984,


des sources diverses mais coordonnées affirment que la RDC compte actuellement près de
80 millions d’habitants. La population congolaise n’a donc pas cessé de croître de manière
inquiétante, avec un taux d’accroissement moyen de 3,1% l’an, contrastant avec une
croissance économique négative estimée à environ -14,7% en 2.

Cette inadéquation entre la croissance économique et la croissance démographique


engendre des graves problèmes sociaux, notamment le chômage, la pauvreté, 14, la précarité
des logements, etc. (Ministère du Plan et de la Reconstruction, 2002). Selon le Ministère du
Plan et de la Reconstruction, en 2002 l’espérance de vie à la naissance a été estimée à 45,3
ans alors que le taux de mortalité infantile était de 129 pour 1000 naissances et le taux de
mortalité maternelle était de 950 pour 100.000 accouchements.

38
27

Toujours selon le Ministère du Plan et de la Reconstruction (2002), la croissance


démographique congolaise est plus rapide en milieux urbains (5% en moyenne par an)
qu’en milieu rural et des disparités importantes sont observées entre provinces. Les femmes
seraient légèrement plus nombreuses que les hommes, en représentent près de 52% de la
population totale.

Section II. Présentation de la tourbière de la RDC


1. Notion sur la tourbière

Il est tout d’abord pertinent de définir ce en quoi consiste une tourbière. Connues en
anglais sous le nom de mire ou de peatland, elles constituent une catégorie de milieux
humides dont la principale caractéristique est de se développer sur un dépôt de tourbe mal
drainé. Les milieux humides sont des endroits où le sol est généralement saturé ou inondé
pendant de longues périodes, créant ainsi des milieux où un sol distinctif favorise la
présence d’une végétation spécialisée qui croit dans des conditions dans lesquelles
l’oxygène est appauvri ou absent. Les milieux humides constituent des milieux aux
conditions terrestres, hydrologiques et climatiques uniques. Tout en constituant des foyers
de grande biodiversité, ils jouent un rôle vital dans le cycle hydrologique ainsi que dans le
stockage de nutriments et d’énergie. Outre les tourbières, les différents types de milieux
humides sont les marais, les marécages et les plans d’eau peu profonds, aussi connus sous le
nom d’herbiers aquatiques. Bien que tous ces milieux soient caractérisés par une abondance
d’eau, leurs régimes hydrologiques diffèrent. Ces régimes dépendent de l’interaction entre
la lithologie locale (la géologie, le sol, la topographie) et le climat, ce dernier déterminant
l’écoulement et l’emmagasinage de l’eau. Les marais, marécages et herbiers aquatiques sont
caractérisés par une végétation qui est submergée annuellement, d’après un cycle
hydrologique qui est influencé par la localisation du milieu humide à proximité des plans
d’eau. Dans ces milieux, la matière organique produite annuellement se décompose sur
place ou est transportée ailleurs avec les mouvements de la nappe d’eau au fil des saisons.

Ce sont les modes de décomposition de la végétation et d’alimentation en eau qui


distinguent les tourbières des autres types de milieux humides. En effet, les tourbières sont
caractérisées par un rythme d’accumulation de tourbe supérieur au taux de décomposition
de celle-ci. Cette tourbe est constituée de matières organiques en décomposition provenant
«de mousses, de plantes herbacées et de matériaux ligneux». Par définition, la tourbe est
composée d’au moins 30% de matière organique ou 17% de carbone. Une tourbière est
généralement caractérisée par la présence d’une couche de tourbe ayant une épaisseur
minimale de 30 à 40 cm. Certaines exceptions existent toutefois, puisque les tourbières
peuvent se former dans de grandes surfaces bien drainées, en l’absence d’un substrat
humide ; ces tourbières peuvent donc avoir une épaisseur de tourbe inférieure à 30cm.
Définir avec précision une tourbière peut donc constituer un défi, particulièrement dans les
régions aux climats et aux conditions dits extrêmes, telles que les façades océaniques de
l’Atlantique. Néanmoins, on s’entend généralement pour définir en tant que tourbière un
«milieu à drainage variable» dans lequel «le processus d’accumulation organique prévaut
28

sur les processus de décomposition et d’humidification, peu importe la composition


botanique des restes végétaux».

La principale caractéristique des milieux est la présence d’une nappe phréatique qui
se trouve à proximité ou au-dessus de la surface du sol. Ces conditions favorisent le
développement de sols hydriques, d’une végétation hydrophile et d’activités biologiques
particulières à ce type de milieu. La formation ou non d’un milieu humide tel qu’une
tourbière dépend du bilan hydrique, c’est-à-dire la résultante du rapport entre les
précipitations et l’évapotranspiration. Ainsi, un bilan hydrique positif correspond à une
accumulation d’eau, alors qu’un rapport négatif est synonyme à un déficit en eau.

Rappelons que les tourbières se forment là où le taux d’accumulation de la matière


organique est supérieur à la vitesse à laquelle celle-ci se décompose. Les tourbières sont
formées de deux façons, soit l’entourbement par comblement ou par paludification. Les
deux procédés impliquent la transformation des habitats terrestres et aquatiques en réponse à
une modification des conditions atmosphériques ou des conditions hydrologiques du
substrat.la formation d’une tourbière par comblement désigne l’entourbement d’un lac ou
d’un plan d’eau par l’empilement de sédiments au fond de celui-ci. La paludification, quant
à elle, réfère à l’entourbement d’un site terrestre, c’est-à-dire «l’accumulation de tourbe
terrigène sur un substrat subaquatique ou terrestre, humide ou bien drainé». Les deux
procédés ne sont pas mutuellement exclusifs et peuvent être simultanément à l’œuvre.

L’entourbement par comblement nécessite des conditions environnementales très


particulières ; c’est pourquoi on observe ce processus principalement au sein des petits lacs
ou des mares peu profondes. Au début de la transformation, il se développe une végétation
aquatique flottante composée d’un large éventail d’espèces hydrophiles, telles que les
potamots et les nénufars. Ensuite, les abords du plan d’eau deviennent dominés par des
plantes aquatiques, qui sont bien enracinées dans le sol et qui produisent une biomasse, ainsi
que par des mousses et des végétaux riverains. Lors de périodes de sécheresse, la végétation
aux abords du plan d’eau se propage vers le centre de celui-ci, avant d’être submergée et
détruite par l’action des vagues lorsque le niveau d’eau remonte.

De hauts niveaux d’eau retardent l’entourbement, voire l’arrêtent, mais favorisent


toutefois l’entourbement des rives par paludification. La paludification est un procédé
dynamique par lequel l’accumulation de tourbe s’étale sur un sol préalablement sec grâce à
la formation de conditions de rétention d’eau. Ce phénomène prend souvent place dans des
bassins humides et dans des dépressions topographiques, ainsi qu’en bordures de bassins.
Au fur et à mesure que la tourbe s’accumule, celle-ci peut s’étaler à l’extérieur de son bassin
d’origine et atteindre le paysage entourant ce dernier. Elle peut même gravir une inclinaison
allant jusqu’à 20%. Dans de telles situations, le dépôt de tourbe développe son propre
système de drainage interne, sans quoi l’accumulation d’eau par précipitations pourrait
causer un glissement de terrain de la masse tourbeuse. Ce procédé, qui est le plus important
des deux, prend différentes formes, dépendamment du climat dans lequel il prend place,
mais il demeure toujours «une réponse de la végétation à un stimulus externe, dont le plus
29

important est de nature climatique». D’autres agents déclencheurs existent, tels que la
construction de barrages par les castors, ce qui entraine une modification considérable et
rapide de la morphologie et de l’hydrologie de cours d’eau.

La tourbe est composée de débris organiques qui s’accumulent depuis parfois des
millénaires : les tourbières sont donc de véritables reposoirs de plantes qui s’empilent
continuellement, accumulant ainsi du carbone. Ce processus de formation de tourbe est
appelé géogènese. La tourbe contient des minéraux sous forme granulaire, dissoute ou
précipitée, qui se trouvent mélangés à la matière organique en quantités variables.
L’accumulation de cette tourbe résulte de la minéralisation et de l’humidification. La
minéralisation est le procédé par lequel les micro-organismes transforment les matières
organiques en CO2, en eau et minéraux alors que l’humidification est le processus de
synthèse de substances humiques de couleur brune à noire, à partir des matériaux
organiques en décomposition. Ces deux procédés agissent très lentement et de façon
simultanée au sein du catotelme.

En ce qui concerne la classification des tourbières, deux grandes familles existent :


les tourbières minérotrophes, aussi nommées fens, et les tourbières ombrotophes, ou bogs.
La distinction dépend du type d’alimentation en eau, car cette dernière influence la
végétation en diversité et en composition. Ainsi, les fens sont alimentés par les
précipitations ainsi que les eaux souterraines et de surface, qui sont riches en nutriments et
en minéraux. Ceci contribue à la grande productivité et diversification végétale de ces
milieux.

En ce qui a trait aux bogs, leur source d’alimentation hydrique provient


essentiellement des précipitations. La diversité végétale y est donc faible, car ces milieux
ont de faibles teneurs en nutriments. Au fil des ans, les fens ont tendance à se transformer en
bogs car l’effet d’accumulation de la tourbe entrave la libre circulation des eaux qui
apportent les minéraux et nutriments aux tourbières.39

2. Importance écologique et stratégique d’une tourbière

En fonctionnement naturel, ce sont en général des puits : la végétation forme de la


tourbe et l’ensemble des deux est capable de stocker le carbone. En fonctionnement
perturbé, elles deviennent des sources de carbone. Les tourbières sont donc un régulateur
essentiel du cycle global du carbone. Elles représentent dans le monde une surface non
négligeable : 400 millions d’hectares selon Joosten et Clarke, 2002 (3% des terres
émergées). La fréquence, la surface et le type de tourbière dépendent du climat. Elles sont
répandues en Amérique du Nord (canada 37%), en Asie et en Europe (en zone boréale). Le
reste (10%) est situé au niveau des zones tropicales, dont 20 millions d’hectares en
Indonésie.

39
Émilie Campbell-Renaud, L’exploitation des tourbières dans une perspective de développement durable, essai
présenté au centre universitaire de formation en environnement et développement durable, septembre 2014, p.24
30

A l’échelle mondiale, les tourbières stockent 1,4 Gt de carbone, l’équivalent des ¾


du carbone atmosphérique. Dans les tourbières boréales et arctiques, 98,5% du carbone
stocké l’est dans la tourbe, 1,5% dans la végétation. L’acteur principal des tourbières
boréales et le plus formateur de tourbe est la sphaigne, une plante «ingénieur» qui crée son
propre milieu physico-chimique. Lorsqu’on dispose, grâce au fonctionnement naturel, d’une
végétation spécifique, la sphaigne, des conditions climatiques particulières (température,
humidité), et des conditions spécifiques du milieu (hydromorphie, acidité, pauvreté en
nutriments…), on observe une absorption de carbone, la fonction de puits de carbone est
active ; elle est en moyenne de 0,1 Gt par an.

En cas de perturbations anthropiques, piétement, drainage, apports de nutriments,


extraction de tourbe, etc…, on constate :

 Une perte de la biodiversité spécifique ;


 Un boisement qui va encore accentuer l’assèchement ;
 Un arrêt de la production de végétaux accumulateurs de tourbe ;
 Une remise en circulation du carbone historiquement stocké dans la tourbe.

Dans ces cas, les tourbières deviennent sources de carbone. Par exemple, des
tourbières converties en terres agricoles émettent en moyenne de 0,5 à 0,1 Gt de carbone/an.

Ainsi, les tourbières, milieux d’une extrême sensibilité, sont très vulnérables aux
perturbations tant directes (drainage, apports de nutriments, extraction) qu’indirectes
(changement climatique). Il est donc indispensable de conserver ces milieux pour de
multiples raisons, notamment leur rôle dans le cycle des trois principaux gaz à effet de serre
(CO2, CH4, N2O). celui-ci s’avère complexe, car la tourbe ou la végétation des tourbières
peuvent dans certaines conditions contribuer aux émissions de gaz à effet de serre si
nécessaire, une réhabilitation appropriée doit leur permettre de récupérer, au moins à terme,
leur capacité de stockage du carbone. Pour cela, une réglementation de protection et des
programmes de réhabilitation sont à établir.40

En ces termes, les tourbières offrent des biens et services écologiques. Il est alors
possible de regrouper ces biens et services écologiques des tourbières dans les quatre
catégories suivantes, selon la fonction accomplie :

 L’approvisionnement
 La régulation
 Le support
 Les services culturels

Les tourbières sont effectivement des sources d’approvisionnement en divers types


de biens pour les humains. Elles peuvent aussi être exploitées pour le bois qu’elles offrent,

40
Fatima Laggoun-Défarge, Francis Muller. Les tourbières et leur rôle de stockage de carbone face aux changements
climatiques. Zones humides Info, 2008, 59-60, pp.22-24
31

puisqu’elles sont bien souvent entourées d’arbres. De plus, elles favorisent la prolifération
de plantes hydrophytes tout en empêchant leur pleine décomposition, grâce aux conditions
anaérobiques qui prévalent dans ces milieux toujours saturés d’eau. En effet, les conditions
anaérobiques ralentissent les processus de décomposition microbienne, ce qui permet à la
matière organique de s’accumuler pendant de longues périodes de temps. L’accumulation de
matière organique et de fibres végétales forme ainsi la tourbe qui, une fois extraite, peut être
brûlée en tant que carburant, peut être utilisée pour générer de l’électricité ou encore servir
dans l’horticulture.

Par ailleurs, les tourbières contribuent de façon significative à la régulation


hydrologique et climatique de la planète. En ce qui a trait à la régulation des eaux, les
tourbières forment des réservoirs hydrologiques d’une grande valeur. Elles emmagasinent
effectivement de grandes quantités d’eau, ce qui s’avère utile pour trois raisons principales.
En premier lieu, le stockage des surplus d’eau permet de confiner des quantités
considérables d’eau qui, autrement, inonderaient le paysage. Les tourbières réduisent ainsi
les coûts potentiels associés aux dommages engendrés par le débordement des cours d’eau.
En deuxième lieu, la capacité d’emmagasinement d’eau propre aux tourbières contribue à
atténuer l’intensité des crues et des étiages : ainsi, «un bassin versant contenant 5 à 10% de
milieux humides peut permettre de réduire de 50% l’intensité des crues comparativement
aux bassins qui n’en possèdent pas». En troisième lieu, les tourbières constituent des zones
recharge de la nappe phréatique, ce qui réduit les impacts destructeurs associés aux périodes
de sécheresse. La régulation hydrologique accomplie par les tourbières offre aussi une
protection des berges contre l’érosion. Ce pouvoir tampon des tourbières, qui adoucit les
débits lors de fortes précipitations, permet effectivement de mitiger l’érosion ainsi que les
inondations.

En grande partie grâce aux sphaignes, qui absorbent les éléments minéraux libres
dans le milieu aqueux, les tourbières ont aussi une grande capacité de filtration de l’eau. Le
réseau de racines qui est caractéristique de la végétation bourbeuse est essentiel à cette
capacité. Les tourbières sont donc d’une grande valeur en ce qui a trait à la qualité de l’eau.
En effet, chaque cours d’eau contient naturellement une certaine quantité d’éléments
nutritifs, ceux-ci étant essentiels à la croissance des plantes aquatiques et des micros algues.
L’azote et le phosphore sont les deux nutriments les plus importants dans le cours d’eau.

Outre leur contribution à la régulation hydrologique, les tourbières contribuent à la


régulation climatique. En effet, elles jouent un rôle central dans la mitigation des
changements climatiques, grâce à leur participation active au cycle planétaire du carbone.
Ceci s’explique par leur accumulation de matière organique en quantités massives. Cet
aspect des tourbières fait d’elles de véritables trappes à carbone atmosphérique : la quantité
de carbone accumulée dans l’ensemble des tourbières de la planète équivaut à celle stockée
dans tous les arbres de la terre et à celle présente dans l’atmosphère terrestre.41

41
32

3. Les principales fonctions écologiques des tourbières

Les tourbières ont longtemps été considérées comme des milieux pauvres et nuisant
au développement urbain et agricole, mais des études récentes ont permis de mieux
comprendre leurs fonctions et leur importance.

Les fonctions écologiques des tourbières sont :

 La captation du carbone
 La filtration de l’eau
 La rétention de l’eau pour éviter les grandes variations du niveau d’eau dans
les cours d’eau
 L’augmentation de la biodiversité de la région

La fonction écologique la plus importante fournie par les tourbières est la captation
du carbone. En effet, la tourbe emprisonnée dans le sol est constituée de carbone et elle peut
donc séquestrer ce carbone pour plusieurs milliers d’années.

Le carbone retenu dans le sol des tourbières constitue le tiers du carbone soutenu
dans le sol de la planète. Puisque le carbone est une partie importante des gaz à effet de
serre, les tourbières contribuent énormément à la lutte aux changements climatiques grâce à
leur pouvoir de séquestration du carbone.42

4. Les procédés d’extraction et de transformation des tourbières

Les procédés d’exploitation diffèrent selon l’usage auquel la tourbière est destinée.
Les deux catégories d’usages, c’est-à-dire l’exploitation in situ et l’extraction de la tourbe,
partagent une même première étape, le drainage. Ce procédé est perçu comme une façon
d’aider l’établissement de plantations, de rendre praticables des terrains préalablement
inaccessibles et de rentabiliser les lots de terrain. Le drainage est nécessaire aux activités
d’exploitation, principalement dans les domaines de la foresterie, de l’agriculture et de la
production de la tourbe. La végétation entourant la tourbière est d’abord abattue pour
permettre l’accès au site. Ensuite, pour rabattre la nappe d’eau, on utilise soit la gravité, en
creusant des fossés, ou un système de drainage souterrain. La tourbière est ensuite
abandonnée pendant les mois qui suivent, afin de permettre à l’eau de se drainer. Les
besoins en drainage diffèrent selon le climat et le type de tourbe. Les étapes qui suivent
ensuite le drainage dépendent du type d’exploitation effectué.

Dans le cas de l’agriculture, le drainage sert à abaisser la nappe phréatique à un


niveau de 70 à 80 cm, qui est la profondeur idéale pour la plupart des cultures. L’objectif est
d’atteindre un seuil minimum, en volume, de 10% de matières solides, 20% d’air et 70%
d’eau, alors qu’à l’état naturel, la tourbe contient 5% de matières solides, 2% d’air et 93%
d’eau. C’est donc un volume d’au moins 1800 m3 d’eau/hectare qui doit être évacué. Cette
étape sert aussi à créer un sol suffisamment solide pour soutenir le poids de la machinerie.
42
https://medd.gouv.cd/tourbieres-rdc-bombes-a-retardement/ consulté le 01 juin 2024
33

Une fois le drainage terminé, la végétation naturelle de la tourbière est détruite afin de créer
un matelas végétal pour supporter cette machinerie. Elle est mise andain par un tracteur et
les arbustes sont déchiquetés à l’aide d’une débroussailleuse. Il faut deux ou trois ans à la
sphaigne pour mûrir suffisamment, par humification, et se transformer en une terre noire
prête à recevoir les semences. Des engrais azotés, phosphates et potassiques, ainsi que des
oligo-éléments, sont ajoutés pour enrichir la terre. Tout au long de sa vie utile, la tourbière
exploitée fera l’objet d’un contrôle de la nappe phréatique afin de permettre une aération
adéquate ainsi qu’un sol assez solide pour la machinerie agricole.43

5. La situation des tourbières en RDC et son contexte réglementaire

Ce point sur la situation des tourbières en République Démocratique du Congo


reprend, en le modifiant profondément, quelques articles et revues publiés sur la gestion des
tourbières en RDC et les différents textes rédigés à cet effet, tient à la reconfiguration de la
gouvernance des tourbières. L’attention sur la situation de ces tourbières congolaises nous
dirige vers la caractérisation et l’étendue des milieux dans lesquels sont séquestrées les
tourbières. Partant de l’analyse et de la gestion de la biodiversité, en passant par la vision de
la RDC en matière de lutte contre les changements climatiques, nous osons faire un bref
aperçu de la situation de ces tourbières. On y retrouve généralement dans la cuvette centrale.

5.1. Les tourbières de la cuvette centrale du bassin du Congo


5.1.1. Caractérisation et étendue

Le bassin du Congo irrigue environ 3,7 millions Km2, au centre duquel se trouve
une dépression, appelée cuvette centrale, qui est recouverte en majorité par des forêts
marécageuses, avec de petites zones de marais à végétation herbacée, de forêt subissant des
inondations saisonnières, de forêt sur la terre ferme et de savane.

Dans cette région, le fleuve Congo présente une dénivellation de 115 m sur 1740
Km, les sols alentour étant gorgés d’eau toute l’année. La moyenne annuelle des
précipitations dans la cuvette centrale est de 1700 mm an (la fourchette étant comprise entre
1600 et 2200 mm an-1), ce qui est bien en dessous des 2000 -3500 mm ans des régions de
tourbières de l’ouest de l’Amazonie et des 2000-4000 mm ans de celles de l’Asie du Sud-
est. Ces précipitations dans la cuvette centrale constituent un élément important de
l’équilibre hydrologique du fleuve Congo, car elles comptent pour plus de 30% de son
approvisionnement en eau lors de périodes de basses eaux.

Le modèle spatial et l’étendue spatiale de la tourbe ont été cartographiés en 2017,


les échantillons de terrain révélant pour la première fois des gisements très profonds. Cette
carte spatialisée des tourbières du centre du bassin du Congo prouve qu’il s’agit du
complexe de tourbières tropicales le plus étendu, avec un intervalle de confiance de
131 900-156 400 Km2, soit 95%. Cette étude s’appuie sur des travaux de cartographie de la
végétation qui ont eu lieu depuis 1950. Les tourbières occupent environ 40% de la

43
34

superficie totale des zones humides de la cuvette centrale, en appliquant la méthode de


Bwangoy pour calculer la surface de ces zones humides. Des cartes réalisées à partir de
données satellitaires, mais sans aucune observation de la tourbe sur le terrain, ont également
été publiées.44

5.1.2. Séquestration du carbone

En associant les superficies des diverses tourbières de la cuvette centrale à


l’épaisseur de la tourbe mesurée sur le terrain, à sa densité et à sa concentration en carbone,
ont été les premiers à estimer la séquestration médiane du carbone dans la tourbe à 30,6
gigatonnes (Gt C). Le total du carbone souterrain séquestré est supérieur aux estimations de
la seule tourbe à cause de la présence sous cette tourbe d’une couche riche en matière
organique. Le volume de carbone stocké dans la tourbe est bien plus important que celui qui
est présent dans la végétation vivante recouvrant la tourbière, et on estime qu’il est analogue
au volume de carbone séquestré dans la biomasse aérienne des forêts tropicales de tout le
bassin du Congo.

Selon les estimations, les tourbières de la cuvette centrale renfermeraient environ


29% du volume total du carbone des tourbières tropicales et près de 5% du volume estimé
du carbone des tourbières mondiales ; cependant, des travaux de terrain supplémentaire sont
nécessaires pour affiner le total des stocks de carbone présents dans la tourbe tropicale
d’une part et dans la tourbe de la cuvette centrale d’autre part. si la totalité du carbone
stocké dans les tourbières de la cuvette centrale était rejetée dans l’atmosphère, cela
représenterait un volume équivalent à trois ans d’émissions annuelles mondiale de carbone
provenant de l’ensemble des combustibles fossiles. Ce carbone stocké est vulnérable face au
changement d’utilisation des terres : drainage pour l’agriculture, construction de routes, de
barrages hydroélectriques sur les cours d’eau, exploitation sélective, plus les effets du
changement climatique, et en particulier les futures baisses éventuelles de précipitations.45

5.2. Les menaces qui pèsent sur les tourbières

Dans les tropiques, il n’est pas rare que les tourbières soient dégradées ou détruites.
Pour autant, les tourbières de la cuvette centrale restent en grande partie intactes. Mais la
situation peut rapidement se détériorer comme nous l’avons vu en Asie du Sud-Est, où 47%
de ces espaces naturels ont été déboisés en 25 ans. D’ailleurs, un certain nombre de menaces
pesant sur les tourbières de la cuvette centrale ont déjà été décelées. Leur drainage modifie
la couverture végétale, menace la biodiversité des zones humides, dégrade la qualité de
l’eau, provoque un affaissement des terrains (et augmente le risque d’inondation et la
disparition des zones riveraines), accroit le risque d’incendie et de préjudices pour les
populations, leurs moyens de subsistance et l’environnement. Quand les tourbières sont
dégradées, les travaux de réhumidification et de restauration peuvent être très coûteux, sans
parfois parvenir à retrouver les services écosystémiques d’origine. La prévention est par

44
45
35

conséquent essentielle, surtout dans les tourbières relativement intactes de la cuvette


centrale. Les menaces repérées vont du changement climatique au développement des
infrastructures et à la conversion des terres en faveur d’activités industrielles, en passant par
des activités interdépendantes qui amplifient tous les phénomènes.

5.2.1. Les aléas climatiques

Le changement climatique est une menace susceptible de déstabiliser toute la


région. L’accumulation continue et la préservation de la matière organique dans une
tourbière dépendent en grande partie du maintien des conditions de saturation en eau et
d’anoxie. Toute perturbation de son équilibre hydrologique qui induit une baisse de la nappe
phréatique peut intensifier la décomposition de la matière organique et éventuellement
transformer la tourbière qui était un puits en émettrice de dioxyde de carbone dans
l’atmosphère.

Les tourbières ombrotrophes (alimentées par les précipitations) sont


particulièrement vulnérables aux variations climatiques, tandis que les tourbières
minérotrophes, qui reçoivent des apports supplémentaires des cours d’eau ou des eaux
souterraines, sont en partie à l’abri des fluctuations pluviométriques. Si l’on ne dispose de
données de terrain que pour quelques sites tourbeux de la cuvette centrale, des données
objectives prouvent que le vaste bassin interfluvial tourbeux situé entre deux rivières, la
Likouala-aux-herbes et l’Oubangui, est alimenté par l’eau de pluie et présente une surface
légèrement bombée, ce qui est une indication classique de conditions ombrotrophes.

Même dans le scénario modéré de profils représentatifs d’évolution de


concentration (RCP) de l’exercice CMIP6, la température moyenne annuelle dans le bassin
du Congo devrait augmenter de -0,85o C d’ici la fin de l’année 2050 par rapport à la période
1980-2010. La hausse de la température peut accentuer l’évapotranspiration dans les
tourbières, ce qui nuira à l’équilibre hydrologique. Cependant, la modification du régime
des précipitations, qui pourrait causer une intensification de la saison sèche, serait plus
grave. Nous ne savons pas du tout quels effets le changement climatique aura sur les
précipitations, à la fois en termes de quantité et de saisonnalité. En raison du manque de
données météorologiques sur la région, et précisément sur les tourbières, il est difficile
d’évaluer si les différentes modélisations du régime de la terre représentent bien le climat
actuel du bassin, sans parler des projections pour l’avenir. Cependant, un certain nombre de
modélisation révèlent une légère tendance à la pluviosité dans le bassin. En revanche, dans
d’autres ensembles de modélisations, la tendance à la pluviosité s’accompagne de saisons
plus marquées, avec une hausse des précipitations extrêmes et une plus forte intensité et une
plus grande fréquence des épisodes de sécheresse. Parallèlement, des analyses réalisées sur
l’ensemble de la forêt tropicale humide du bassin du Congo montrent, sur les 20 dernières
années, un allongement récent de la saison sèche est plus intense ou non dans la région des
tourbières. Au cours des 40dernieres années, on a noté dans les tourbières du bassin du
Congo une température moyenne annuelle d’environ 25,5oC, qui est légèrement plus élevée
que les températures enregistrées au-dessus des plans d’eau, mais similaire à celle des
36

savanes. D’après le scénario le plus pessimiste de l’exercice CMIP%, la température des


tourbières du bassin du Congo pourrait atteindre 27o d’ici le milieu du siècle, c.-à-d. une
hausse d’environ 1,5o comparativement à 1980-2010. Cette hausse de la température
pourrait diminuer la productivité et les stocks de carbone des forêts marécageuses, réduire
l’apport en carbone et accroître la décomposition, ce qui pourrait faire les stocks de carbone
de la tourbe.

5.2.2. Les menaces de conversion

Il existe aussi des menaces plus directes d’ordre anthropique dues aux activités
socioéconomiques. Une grande partie des tourbières de la cuvette centrale coïncide avec des
concessions forestières et pétrolières. Ces activités en elles-mêmes constituent des menaces
potentielles, comme la déforestation, et comme la pollution dans le cas de l’exploitation du
pétrole. Mais elles exigent aussi des infrastructures, telles que des routes, et de la main-
d’œuvre, ce qui attire des migrants dans la région. Si elles traversent les tourbières, les
routes peuvent impacter et interrompre leur fonctionnement hydrologique, tout en ouvrant
l’accès à des forêts auparavant relativement inaccessibles. Cela faciliterait la défaunation et
la déforestation, surtout lorsque cette situation est associée à l’augmentation de la
population en raison de l’arrivée d’ouvriers migrants. Ceci étant dit, la menace actuelle de
conversion est relativement faible compte tenu des problématiques d’accès t d’exploitation,
mais ce contexte peut toujours évoluer très vite.46

5.2.3. Des enjeux interdépendants

Il est improbable que les menaces évoqués ci-dessus surviennent de façon isolée. Si
elles se réalisent, leur ampleur dépendra de nombreux facteurs politiques et
socioéconomiques, aux niveaux national et international ; il est aussi possible que les
synergies entre les menaces accentuent les préjudices portés aux tourbières. Les
gigantesques incendies de tourbières en Asie du Sud-Est en sont un exemple pendant les
années « El Nino ». La hausse de la température et la baisse des précipitations avaient été à
l’origine de ces incendies, plus ravageurs que lors d’une année moyenne. Ces incendies, qui
sont souvent allumés pour défricher, se propagent très facilement dans les tourbières
déboisées et drainées, dévastant des millions d’hectares. Sans investissement adéquat pour
préserver les tourbières de la cuvette centrale, il est tout à fait plausible de voir se réaliser un
scénario où l’exploration pour les hydrocarbures ou bien l’agriculture industrielle seraient
autorisées dans la région, ce qui aboutirait à une dégradation généralisée des tourbières dans
un contexte de changement climatique.

5.3. Le contexte réglementaire des tourbières en RDC

Plusieurs conventions, accords et textes juridiques régissent la gestion des


tourbières et les services écosystémiques qu’elles procurent. Les tourbières, par nature, sont
intersectorielles et fournissent une série de services écosystémiques liés à l’eau, aux forêts, à

46
Les tourbières de la cuvette centrale du Bassin du Congo : Réalités et perspectives, pp. 3-6
37

la biodiversité et aux moyens de subsistance. Ainsi, parmi les textes régissant la gestion des
tourbières au niveau national, nous avons :

1. Loi n° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau ;


2. Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature ;
3. Loi n° 011/202 du 29 août 2002 portant code forestier ;
4. Loi n° 11/009 du 9 juillet 2011 sur les principes fondamentaux relatifs à la protection
de l’environnement ;
5. Décret du 20 juin 1957 sur l’urbanisme.47

Nous pouvons joindre à ces textes l’arrêté ministériel N°


010/CAB/MIN/EDD/AAN/RBR/TNT/05/2017 du 05 Juillet 2017 portant création,
composition et organisation de l’unité de gestion des tourbières en République
Démocratique du Congo. En effet, la coordination Nationale de l’UGT-RDC a pour mission
de :

 Organiser et coordonner la cartographie des tourbières sur l’étendue de la


République Démocratique du Congo ;
 Soumettre un canevas d’élaboration de la stratégie Nationale de gestion des
Tourbières à l’approbation du comité des Parties prenantes ;
 Elaborer la Stratégie Nationale de gestion des Tourbières en République
Démocratique du Congo et assurer sa mise en œuvre ;
 Assurer la gestion journalière de la Coordination Nationale de l’UGT-RDC
et suivre la mise en œuvre des activités prévues dans le pan de travail annuel
afin qu’elles aboutissent aux résultats attendus ;
 Assurer la coordination de la gestion des tourbières en République
Démocratique du Congo, avec les principaux acteurs identifiés dans la
Stratégie Nationale de la gestion des Tourbières et les partenaires technico-
financiers intéressés, y compris le lien avec d’autres initiatives similaires au
niveau du Bassin du Congo et partout ailleurs ;
 Inciter et assurer une démarche participative dans la gestion des tourbières
par l’implication et la consultation des différentes parties prenantes,
notamment les communautés forestières et les peuples autochtones ;
 Planifier la mise en œuvre des décisions du comité des Parties prenantes et
leur exécution en coordination avec les structures compétentes ;
 Identifier et mobiliser les techniciens nationaux et internationaux qualifiés
pour faire face aux problèmes sur le terrain, dans la gestion des Tourbières ;
 S’assurer d’une collaboration effective avec d’autres initiatives existantes au
niveau national dans le domaine des changements climatiques ;
 Assurer le Secrétariat du Comité des Parties-prenantes.48

47
Revue du cadre juridique propice à la gestion des tourbières en République Démocratique du Congo, Mars 2021, p.14
38

Après avoir présenté quelques textes juridiques nationaux en matière de


gouvernance des tourbières, la curiosité est tournée vers les accords internationaux.

Bien que les scénarios du GIEC présentent une large gamme d’états futurs
plausibles de la planète, ils ne fournissent pas d’information quant aux chemins à suivre et
aux politiques d’adaptation à mettre en œuvre non plus qu’aux stratégies et accords de
réduction des impacts. Un mécanisme international officiel, le protocole de Kyoto, traite
bien de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’autres mesures d’adaptation et
d’atténuation en application de la convention-cadre des Nations unies sur le changement du
climat (UNFCCC). Ce protocole encourage les gouvernements à coopérer, à améliorer
l’efficacité énergétique, à réformer les secteurs de l’énergie et des transports, à promouvoir
les énergies renouvelables, à mettre fin aux mesures fiscales impropres et aux imperfections
du marché, à limiter les émissions de méthane par les déchets et les systèmes de production
d’énergie, et à protéger les forêts et les autres puits de carbone.49

48
L’arrêté ministériel N° 010/CAB/MIN/EDD/AAN/RBR/TNT/05/2017 du 05 Juillet 2017 portant création, composition
et organisation de l’unité de gestion des tourbières en République Démocratique du Congo. En effet, la coordination
Nationale de l’UGT-RDC
49
Jean-Louis F. et Catherine G., Comprendre le changement climatique, Éd. Odile Jacob, Paris, 2007, p. 207
39

CHAPITRE TROISIÈME : ENJEUX ET DÉFIS DU RÉCHAUFFEMENT


CLIMATIQUE
En intitulant ce chapitre tel que nous avons fait, ce présent chapitre portant sur les
enjeux et défis du réchauffement nous révèle l’étendue des difficultés sur la route et les
avancées ouvrant le champ des perspectives dans cette lutte contre l’enjeu du climat.

Section I. Le réchauffement climatique


Pour comprendre le climat terrestre et son évolution, il est nécessaire de prendre en
compte un grand nombre de processus qui interagissent entre eux. En effet, le système Terre
est composé de : la lithosphère, l’atmosphère, l’hydrosphère, la cryosphère, la biosphère. On
peut depuis peu également ajouter l’humanité dont l’activité à présent influence le climat.

La lithosphère est constituée de l’enveloppe rigide de la surface de la terre, elle


comprend la croûte terrestre et une partie du manteau supérieur. L’énergie reçue sur terre
depuis le soleil est en partie absorbée par la lithosphère.

L’atmosphère est la couche gazeuse qui entoure la terre. Elle absorbe une partie du
rayonnement du soleil et une partie du rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre
et l’atmosphère elle-même, qu’elle renvoie pour partie vers la surface.

L’hydrosphère est constituée des océans. Ceux-ci jouent un rôle fondamental en


absorbant une partie du flux lumineux solaire mais aussi en redistribuant la chaleur à la
surface de la terre par le biais des courants océaniques, tels que par exemple le Gulf Stream.
L’océan, de par sa capacité calorifique importante, constitue un véritable réservoir de
chaleur.

La cryosphère est constituée de la glace présente à la surface des océans et des


continents, dont l’essentiel de la masse se trouve au Groenland et en Antarctique. Du fait
des capacités réfléchissantes de la glace, elle renvoie vers l’espace une grande partie du
rayonnement solaire qu’elle reçoit. Par ailleurs, la fonte de ces deux inlandsis contribue à
une élévation du niveau des mers de plusieurs mètres.

La biosphère est l’ensemble de la végétation terrestre. Celle-ci joue un rôle


fondamental du fait notamment de sa capacité à absorber puis à piéger le carbone.50

Partant de l’éclaircissement de ces termes, nous pouvons dès à présent tenter de


présenter un bref aperçu historique du réchauffement climatique. Tout d’abord, les trois
termes qui s’utilisent pour décrire le changement des phénomènes climatiques sont :
l’augmentation de la fréquence des canicules, l’absence de précipitations ou au contraire son
augmentation, l’augmentation de la fréquence des tempêtes, des ouragans…

50
Exposé Labos1point5, pp.6-7
40

Les premières définitions du changement climatique naissent au XIXème siècle lors


de la découverte du phénomène de l’effet de serre :

- 1824 : le scientifique Jacques Fourier suppose l’existence du phénomène.


- Années 1890 : Svante Arrhenius fait l’expérience de l’effet de serre. Il
découvre ainsi que le gaz carbonique retient la chaleur des rayonnements
solaires ce qui entraîne une augmentation de la température : doubler la
quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère équivaut à augmenter la
température moyenne de 5 degrés.
- 1901 : Gustaf Ekholm nomme ce phénomène : l’«effet de serre»
- 1940 : Gilbert Plass valide la thèse selon laquelle un réchauffement
climatique aurait lieu et serait même lié aux gaz à effet de serre (dont le gaz
carbonique). Il arrive en effet à prouver qu’il existe un lien entre la
concentration des GES et la capacité de l’air à retenir les rayons infrarouges
et la chaleur.
- Années 1960 : Charles David Keeling mesure à Hawaï la concentration de
CO2 et prouve qu’elle augmente dans l’atmosphère.
- Roger Revelle prouve que le carbone n’est pas entièrement absorbé par les
océans.

On assiste à la fin des années 1960 à un basculement : le sujet n’est plus


uniquement scientifique mais devient désormais une préoccupation internationale et
politique pour les différents pays avec notamment le premier sommet de la Terre.

- 1971 : Premier sommet de la terre, définition et conséquences du


réchauffement climatique.
- 1972 : Publication du rapport de John Sawyer faisant le lien entre
réchauffement climatique et effet de serre.
- 1988 : création du GIEC pour étudier la question
- 1990 : premier rapport du GIEC51
1. Enjeux

Les enjeux climatiques s’articulent autour d’un coupable clairement défini : les
émissions de gaz à effet de serre. Cela peut laisser penser que la recherche de solutions peut
elle-même résulter de quelques idées simples, de bon sens. Il n’en va pas vraiment ainsi et
cela tient à l’ampleur colossale des enjeux qui sont soulevés. L’élan donné par le sommet de
la Terre de Rio en 1992 s’est progressivement essoufflé face à la complexité et à la variété
des situations à envisager, avec deux échecs marquants, que nous avons déjà évoqués : la
ratification très tardive du protocole de Kyoto (en 2005, plus de sept ans après sa signature
en 1997 lors de la Cop3, la troisième conférence des parties), et l’impossibilité de donner

51
https://youmatter.world/fr/categorie-environnement/resume-rapport-group consulté le 08 juin 2024
41

une suite à ce protocole de Kyoto déjà très affaibli, lors de la cop15, en 2009, à
Copenhague.52

L’union européenne s’est fixé comme objectif de limiter l’augmentation de la


température mondiale moyenne à 2°C. Cet objectif est très ambitieux, il ne sera atteignable
que si une action internationale coordonnée est mise en place dans le 10-20 prochaines
années. De nombreuses techniques de réduction des émissions sont déjà disponible ou en
cours de développement. La gageure est surtout d’instaurer des systèmes d’incitation à
l’échelle mondiale qui leur permettront de se développer.

En particulier deux politiques sont complémentaires : instaurer un prix du carbone


et financier massivement la recherche sur les technologies sobres en carbone.

D’ici 2025, les émissions de pays en développement pourraient augmenter de 84%.


Le mécanisme de développement propre est une des innovations clés du Protocole de Kyoto
mais il ne sera pas suffisant pour infléchir durablement la trajectoire d’émission. Les autres
leviers d’action sont notamment l’aide publique au développement et les investissements
directs à l’étranger.

Dans le cadre de la convention climat, les négociations sur les engagements des
pays au développement pour l’après 2012 vont porter essentiellement sur des questions
techniques pour l’amélioration de système mis en place à Kyoto. En particulier, les
propositions pourraient tendre à donner de la prévisibilité à plus long terme et de minimiser
les incertitudes sur les coûts des engagements.

La forêt du bassin du Congo n’est ni plus ni moins que le deuxième poumon vert de
la planète derrière celle de l’Amazonie au Brésil. Inutile de rappeler alors l’enjeu qu’elle
représente dans la biodiversité ainsi que dans la sauvegarde d’un patrimoine mondial. Vues
d’en haut les forêts de la RDC s’étendent à l’infini. Denses, profondes, et apparemment
impénétrables, les forêts de l’Afrique centrale s’étendent sur plus de 200 millions
d’hectares. Elles offrent un refuge à tous, qu’il s’agisse d’hommes, des espèces animales ou
végétales rares en voie de disparition ou de la végétation introuvables. Accompagné des
pays émergents, la RDC devra favoriser la prise en compte avec le Brésil des desirata des
pays du tiers-monde contre le triumvirat néocapitaliste décadent.

2. Défis

Le changement climatique nous confronte à deux défis majeurs. Le premier est de


pouvoir répondre à une consommation énergétique mondiale en hausse, le second est de
diminuer l’impact anthropique sur le climat pour limiter le réchauffement climatique à 2°C
à la fin de ce siècle, voire 1,5°C avec des efforts encore plus poussés, engagements signés
par 175 pays lors de la COP21 à Paris en 2015.

52
Hervé le Treut, Climat et civilisation : un défi incontournable, Éditions érès, Toulouse, 2022, p. 109
42

Le réchauffement climatique est une réalité dont l’ampleur est encore limitée
(+0,85°C en moyenne mondiale depuis le début de l’ère industrielle) mais, dans certaines
régions, ses effets sont déjà significatifs, que ce soient les vagues de chaleur au Sahel, la
perturbation des systèmes de mousson, la fonte des glaciers andins, les menaces sur la
biodiversité, l’élévation du niveau des océans ou la formation de tempêtes tropicales en
méditerranée. Les régions de la zone intertropicale et des zones semi-arides attenantes sont
doublement vulnérables à cet égard. D’une part, du fait de la faible variabilité interannuelle
de la température qui les caractérise, elles sont les premières à sortir de l’enveloppe de leur
climat de référence. D’autre part, c’est là qu’on attend les plus fortes augmentations de
population, et c’est quels que soient les scénarios démographiques considérés. En d’autres
termes, c’est dans ces régions que le changement climatique va se faire sentir le plus
rapidement et toucher une proportion sans cesse croissante de la population mondiale, avec
le risque évident d’une aggravation majeure des inégalités et donc d’une instabilité des
sociétés qui, de ce fait, seront encore moins bien armées pour y faire face.53

Il est primordial de relever quelques propositions des scientifiques aiguisés en la


matière. La plupart de ces propositions vont dans le sens du développement durable
combiné avec la diplomatie multilatérale.

2.1. Le développement durable

L’adaptation aux changements climatiques ne peut être viable que si elle est
intégrée dans un cadre plus global de développement durable, surtout en Afrique où le
capital naturel et l’influence du climat sur les secteurs-clés de développement sont
déterminants. Bien que l’adaptation constitue une mesure à l’échelle approprié et urgent à la
variable courante du climat, nécessaire au développement des réponses adaptatives de long
terme pour envisager aux différents types de vulnérabilité et de résilience.

2.2. La diplomatie multilatérale comme solution dans la lutte au réchauffement

Par définition, le développement durable est une question de vaste portée qui
pourrait englober des accords multilatéraux indépendamment du processus en cours visant à
définir les objectifs du développement pour l’après-2015. Les questions sont aujourd’hui
débattues dans diverses instances comme, entre autres, le changement climatique, le
commerce international, la protection de l’ozone, la prévention des conflits et la population,
contribuent d’une certaine manière au développement durable. De même, la diplomatie
multilatérale a été menée à plusieurs niveaux, avec plus ou moins de succès, en fonction de
la géographie, des ressources naturelles, des intérêts économiques communs, du niveau de
développement et de secteurs spécifiques.

Les Nations Unies ont lancé deux grandes initiatives diplomatiques : définir un
programme en faveur du développement durable pour le monde et protéger la planète des
effets négatifs du changement climatique. Depuis des décennies, ces questions sont un sujet

53
43

d’inquiétude et font l’objet d’efforts concertés de la communauté internationale pour les


traiter ; elles sont, de plus, étroitement liées entre elles et sont également des questions
d’intérêt universel. Pourtant, elles ont suivi des chemins différents, ont été fondées sur des
structures différentes et selon le type de participation de toutes les parties prenantes, laissant
la place à une multitude d’interprétations des lacunes et des facteurs de réussite. 54

3. Les causes à l’origine du changement climatique

En parallèle aux observations qui mettent en exergue la réalité du changement


climatique, d’autres travaux ont permis de mieux identifier les causes qui en sont à l’origine.
Les chercheurs parlent de «forçages» lorsqu’ils évoquent les processus «externe»
susceptibles d’entrainer un changement climatique. Certains sont d’origine naturelle, tels les
volcanismes et les variations de l’activité solaire, d’autres, dits anthropiques, sont liés aux
activités humaines. Tel est le cas lorsque nos activités augmentent la concentration de gaz à
effet de serre dans l’atmosphère. En outre, le climat peut se modifier sans que les forçages le
soient, simplement parce que le système climatique est, de lui-même, le siège d’une
variabilité dite «interne».

Un forçage particulièrement bien documenté est celui qui résulte du changement de


la concentration du gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère. Depuis deux cent cinquante
ans, celle-ci s’est accrue de plus de 30%, cette information nous étant fournie à partir de
mesures directes et très précises depuis 1950 et d’analyses de l’air piégé dans les carottes de
glace de l’Antarctique, auparavant.

Le CO2 produit par l’utilisation des combustibles fossiles et du bois a une


composition isotopique différente de celle caractéristique des autres sources de gaz
carbonique dans l’atmosphère. Lors de leur croissance, les plantes extraient du CO2 de
l’atmosphère par photosynthèse et ce avec une préférence pour l’isotope léger. Comme les
combustibles fossiles se sont formés dans le lointain passé à partir de plantes, ils produisent
du gaz carbonique enrichi dans cet isotope lorsque nous les brûlons. En analysant la
composition isotopique de l’air, les chercheurs ont confirmé que ces combustibles fossiles
sont à l’origine de l’essentiel du gaz carbonique accumulé dans l’atmosphère.

Le gaz carbonique ne contribue pas seul à l’augmentation de l’effet de serre ;


plusieurs autres gaz le font également. Depuis deux cent cinquante ans, les concentrations
de ces autres gaz à effet de serre se sont également accrues. L’augmentation est de 150%
dans le cas du méthane (CH4) ; elle est due pour moitié environ aux activités humaines qui
incluent les combustibles fossiles, le bétail, la culture du riz et les décharges. Sur cette
même période, l’oxyde nitreux a augmenté de 17%, en partie à cause des activités
humaines, tandis que d’autres GES, tels que les chlorofluorocarbures et les composés
chimiques associés, sont entièrement liés à nos activités. Ces gaz, qui n’existent pas
naturellement, ont été fabriqués et largement utilisés dans des domaines allant de la
réfrigération à la fabrication de composants électroniques.
54
44

A ce jour, environ la moitié de l’augmentation de l’effet de serre peut être attribuée


au CO2, la seconde moitié à d’autres gaz. Des estimations plus précises sont fournies dans
des publications scientifiques et ont été évaluées dans les rapports du GIE.55

a) Forêt

L’activité anthropique et la principale cause des changements climatiques. La


population brûle des combustibles, fossiles et convertit de terre boisées en terres agricoles.
Depuis le début de la révolution industrielle, les gens ont brûlé de plus en plus de
combustibles, fossiles et transformé de vastes étendues de forêt en terres agricoles.

b) Combustible fossile

La combustion de combustibles fossiles produit du dioxyde de carbone, un gaz à


effet de serre. Ce gaz est appelé ainsi parce qu’il produit un effet de serre. Il réchauffe la
planète, tout comme l’intérieur d’une serre est plus chaud que le milieu qui l’entoure.

Le dioxyde de carbone est la principale cause des changements climatiques


d’origine humaine. Il reste dans l’atmosphère très longtemps. D’autres gaz à effet de serre
comme l’oxyde nitreux, restent dans l’atmosphère longtemps. D’autres substances ne
produisent que des effets de courte durée.

Lorsque les émissions des gaz à effet de serre se multiplient, ces gaz agissent
comme une couverture autour de la terre et retient la chaleur du soleil. Ces phénomènes
entrainent alors un réchauffement de la planète ainsi que des changements climatiques.
Aujourd’hui la terre se réchauffent plus vite que jamais.

c) La déforestation

La déforestation au profit d’exploitation agricole, pâturages, ou autres, rejette


également des émissions de gaz à effet de serre, puisque les arbres, lorsqu’ils sont abattus,
libèrent le carbone qu’ils ont stocké. La destruction des forêts, qui absorbent le dioxyde de
carbone, limite également la capacité de la nature à empêcher les émissions de gaz à effet de
serre d’entrer dans l’atmosphère.

d) L’utilisation des transports

La plupart des voitures, camions, bateaux et avions fonctionnent aux combustibles


fossiles. Par conséquent, les transports contribuent largement à la production de gaz à effet
de serre, en particulier les émissions de dioxyde de carbone. Les véhicules routiers sont
responsables de la majeure partie de ces émissions, mais celles des navires et des avions ne
cessent de croitre.

e) La production alimentaire

55
Jean-Louis F. et Catherine G., Op.cit., p. 34
45

La production alimentaire a besoin d’énergie pour faire fonctionner les équipements


agricoles ou les bateaux de pêche, qui utilisent généralement des combustibles fossiles. Les
cultures ont également un impact sur les émissions de gaz notamment parce qu’elles
nécessitent l’utilisation d’engrais et de fumier. Le bétail produit méthane, un puissant gaz à
effet de serre. Enfin, le conditionnement et la distribution des aliments génèrent aussi des
émissions de gaz.

Section II. Les solutions à la lutte contre le réchauffement climatique

Partout dans le monde, les tourbières sont menacées et leur destruction


contribue aux changements climatiques. Les tourbières dégradées sont responsables
d’une valeur de 5% des émissions globales de gaz à effet de serre.

Le dégel des tourbières du pergélisol, comme celles dans le Nord du Canada,


est important, «point de bascule» qui pourrait mener à l’accélération de l’effet de
serre. Plus au Sud, au Canada, en Europe et dans les tropiques, les tourbières sont
drainées pour le développement urbain et l’expansion des banlieues et des
infrastructures, pour être converties à l’agriculture sur terre sèche ou pour être minée
afin d’en extraire de la tourbe horticole ou du combustible.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons effectué le premier sondage


international sur l’agriculture humide ou paludiculture, afin de comprendre de quelle
façon les tourbières peuvent être protégées tout en considérant les populations, par
exemple les agriculteurs, qui les utilisent.
1. La tourbière comme solution à la lutte

Les tourbières sont des écosystèmes dont le sol est acide, saturé en eau et composé
en majorité de matière organique. Les conditions environnementales qui prévalent dans la
tourbière ralentissent la décomposition de la végétation morte. C’est pourquoi le sol est
composé essentiellement de matières organiques, comparable au terreau qu’on achète pour
nos potagers. Cette caractéristique confère d’ailleurs aux tourbières un rôle de régulateur du
climat. En stockant du carbone dans le sol et en empêchant celui-ci d’être relâché dans
l’atmosphère, les tourbières permettent d’atténuer les changements climatiques.

En plus de réguler le climat, les tourbières jouent un rôle de refuge pour plusieurs
espèces animales et végétales et contribuent, par le fait même, au maintien de la
biodiversité. Les tourbières filtrent les précipitations et régulent en partie les niveaux d’eau
dans un bassin versant. Ces écosystèmes, qui absorbent les polluants et qui diminuent les
risques d’inondations, sont donc gages de santé pour nos plans d’eau et pour nous-mêmes.

Bien entendu, les tourbières ne peuvent remplir pleinement leurs rôles que
lorsqu’elles sont en bonne santé. Ainsi, si elles sont mises à mal par les activités humaines,
les bénéfices que l’on retire diminuent grandement.
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Au premier coup d’œil, la végétation de la tourbière peut sembler uniforme, mais en


regardant de plus près, on peut y observer beaucoup de variations. En effet, la végétation
singulière en périphérie de la tourbière se distingue du reste de l’écosystème, c’est entre
autres ce qui caractérise la marge.

La marge possède deux rôles principaux. Tout d’abord, elle permet de garder le
niveau de la nappe phréatique proche de la surface et, par le fait même, de maintenir les
conditions idéales à la séquestration du carbone dans le sol. D’autre part, l’eau pauvre en
nutriment qui s’écoule de la tourbière vers l’extérieur entre en contact avec l’eau provenant
du sol minéral chargée en nutriments.

2. La RDC comme pays solution

En tant que pays solution dans cette lutte, la RDC aura beaucoup si elle parvient à
s’orienter convenablement vers les pôles où les solutions sont favorables ; car profitant de sa
position stratégique aujourd’hui au centre de l’Afrique et possédant des ressources tant
stratégiques que stratégiques, elle pourrait combiner sa politique intérieure avec la
diplomatie pour donner un bon résultat. Les solutions à la lutte sont prises au niveau
international certes, mais ce sont les décideurs politiques congolais avec une intelligence
environnement forte, de proposer les plans pour la bonne gouvernance de ces tourbières.

L’aide au développement pourrait, par la même occasion, changer de direction pour


s’orienter vers le développement durable.

3. Suggestions et perspectives
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Conclusion

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