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HEC Lausanne

Séminaire d’économie nationale

« La concurrence et son effet sur les prix »

Professeur : Jean-Christian Lambelet


Assistant : Sylvain Frochaux

Aurelien Renaud
Lucien Chappatte

décembre 2003
La concurrence et son effet sur les prix

1. INTRODUCTION ......................................................................................3
2. BASES LEGALES ET AUTORITES COMPETENTES .............................4
2.1 LA LOI SUR LES CARTELS DE 1996 ..................................................................................... 4
2.2 ACTEURS ET FONCTIONNEMENTS ....................................................................................... 6
2.3 CONSTAT ET CRITIQUES ..................................................................................................... 9
2.4 LA REVISION DE LA LOI SUR LES CARTELS ....................................................................... 13
3. QUELQUES PROBLEMES DE CONCURRENCE EN SUISSE...............16
3.1 LA SUISSE UN ILOT DE CHERTE ?...................................................................................... 16
3.2 CAS DE CONCENTRATION ................................................................................................. 24
4. LA CONCURRENCE FAIT-ELLE TOUJOURS BAISSER LES PRIX ? .26
4.1 POURQUOI DE LA CONCURRENCE ? QUELQUES FONDEMENTS THEORIQUES ..................... 26
4.2 LA CONCURRENCE COMME FACTEUR DE BAISSE DE PRIX : CAS DES TELECOMS ................ 27
4.3 LES LIMITES DE LA CONCURRENCE .................................................................................. 33
5. CONCLUSION.........................................................................................39
B IBLIOGRAPHIE : LIVRES ET RAPPORTS ...................................................... 40
ANNEXE 1 ........................................................................................................................... 41
ANNEXE 2 ........................................................................................................................... 42
ANNEXE 3 ........................................................................................................................... 43
ANNEXE 4 ........................................................................................................................... 44
ANNEXE 5 ........................................................................................................................... 45

2
La concurrence et son effet sur les prix

1. Introduction

Depuis toujours la concurrence - et tout ce qu’elle implique - est un sujet qu’il est difficile
d’isoler des a priori et des méfiances qu’elle suscite. C’est donc l’envie de se faire une
opinion claire et structurée sur la relation existante entre la concurrence et son effet sur les
prix qui a motivé notre travail.

Dans un contexte économique où on assiste à l’émergence de marchés à l’échelle mondiale, la


concurrence est au centre de bien des préoccupations politiques. En effet, entourée d’une
Europe s’organisant de plus en plus en matière d’incitations à la concurrence, la Suisse ne fait
pas figure d’élève modèle.
Tout d’abord la Suisse ne bénéficie que d’une expérience limitée en matière de concurrence,
contrairement aux Etats-Unis qui se sont dotés de moyens légaux et politiques substantiels dès
le début du siècle.
Ensuite comment s’affranchir d’une mentalité consensuelle qui a assuré la cohésion nationale
pendant plusieurs siècles ? En effet le consensus fut historiquement une nécessité pour la
Suisse, permettant à la confédération de naître et de survivre malgré sa diversité. Cette
efficacité de la gestion consensuelle est d'ailleurs un avantage compétitif certain dont
l'économie suisse a su tirer profit. Malheureusement cette idée implique une certaine
mentalité d’entente : on veut « s’entendre sur tout et ne pas se jouer de mauvais tours ». Tout
ceci a influencé notre mentalité au fil du temps et nous avons fini par créer un cadre
économique qui reflète bien notre état d’esprit, avec les avantages et les inconvénients que
cela implique.

En premier lieu nous allons présenter un aperçu de la législation actuelle et des autorités
compétentes qui l’appliquent. Ensuite nous discuterons de la situation concurrentielle de
quelques secteurs en Suisse, pour finalement aborder le thème central de notre exposé, à
savoir : La concurrence fait-elle forcément baisser les prix ? Lors de notre présentation, nous
ferons une synthèse sur le niveau des prix en Suisse.

3
La concurrence et son effet sur les prix

2. Bases légales et autorités compétentes

2.1 La loi sur les cartels de 1996

En juillet 1996 prit place la 2e révision de la loi sur les cartels. Cette révision est la 2e du nom,
après celle de 1985. La Suisse n’était pas une pionnière concernant la législation sur les
cartels, car elle l’a introduite seulement en 1962, après la plupart des pays européens et les
Etats-Unis.

La loi qu’on vous présente ici, celle de 1996, qui est en vigueur à ce jour, car la révision
actuelle va probablement prendre cours en avril 2004.

En Suisse la loi sur les cartels 1 a le but suivant :

« La présente loi a pour but d’empêcher les conséquences nuisibles d’ordre


économique ou social imputable aux cartels et aux autres restrictions à la
concurrence et de promouvoir ainsi la concurrence dans l’intérêt d’une
économie de marché fondée sur un régime libéral. 2 »

La loi s’applique à toutes les entreprises de droit privé et de droit public. Toutefois les
autorités qui appliquent le droit de la concurrence ne peuvent pas intervenir contre des
restrictions à la concurrence qui se fondent sur des dispositions légales, comme par exemple
sur les biens agricoles. La loi est applicable aux états de fait qui déploient leurs effets en
Suisse, même s’ils se sont produits à l’étranger.

L’essentiel de la lutte contre les restrictions de concurrence est le fait des autorités
administratives, telles que la Commission de la concurrence 3 , le secrétariat de la Comco, et la
Commission de recours pour les questions de concurrence. Ces organes sont détaillés dans le
point suivant.
D’autres autorités peuvent être appelées à intervenir dans le domaine de la concurrence,
comme les Tribunaux civils cantonaux, le Tribunal fédéral qui est l’autorité suprême de
recours et le Conseil fédéral qui peut à la demande des entreprises concernées, autoriser
exceptionnellement un accord en matière de concurrence, s’il est nécessaire à la sauvegarde
d’intérêts publics prépondérants.

La loi est basée sur le principe de l’abus selon l’article 96 de la Constitution suisse,
contrairement au droit européen en vigueur qui est lui basé sur le principe de l’interdiction4 .
En Suisse l’entente n’est pas illicite en elle-même, puisqu’elle n’a besoin d’aucune
autorisation pour exister. Elle est illicite uniquement si elle constitue un abus.

1
Dans ce projet, Lcart est l’abréviation de Loi sur les cartels
2
Art.1 de la Loi sur les cartels
3
L’abréviation de la Commission de la concurrence est Comco
4
Les lois concernant la concurrence chez nos voisins européens, sont basées sur le principe de l’interdiction.
Tout cartel, défini par leurs lois en vigueur, est interdit

4
La concurrence et son effet sur les prix

Des règles ont été établies pour trois états de fait :

La lutte contre les ententes. Sont illicites « les accords qui affectent de manière notable la
concurrence sur le marché (…) et qui ne sont pas justifiés par des motifs d’efficacité
économique, ainsi que tous ceux qui conduisent à la suppression d’une concurrence
efficace. 5 »

La loi distingue les ententes horizontales et les accords verticaux :


• Par ententes horizontales, on comprend les conventions, avec ou sans force
obligatoire, entre entreprises occupant des échelons identiques du marché. C’est-à-dire
les entreprises qui sont effectivement ou potentiellement concurrentes.
• Par accords verticaux, on entend les conventions, avec ou sans force obligatoire, entre
des entreprises occupant des échelons différents du marché, comme par exemple des
contrats de vente exclusive.

Il y a beaucoup d’exemples concernant les accords verticaux en Suisse. Un récent est celui qui
concerne le système de distribution de l’entreprise Citroën. Ce système permettait à Citroën
de limiter l’approvisionnement à un réseau de partenaires agréés en Suisse. Donc il imposait
des restrictions géographiques impliquant une entrave notable à la concurrence.

La lutte contre les abus de position dominante. Les entreprises en position dominante sont
celles qui abusent de leur position et entravent ainsi l’accès d’autres entreprises à la
concurrence, ou désavantagent les partenaires commerciaux. L’entreprise n’est pas interdite
en tant que telle mais ce sont ses comportements qui sont examinés. Ces derniers peuvent être
jugés abusifs et déclarés illicites.
Un exemple connu est le cas de Swisscom. Cette entreprise propriétaire du réseau de
télécommunication offrait des rabais de quantité aux fournisseurs d’adsl ayant plus de 20% du
marché de l’accès à Internet. Et comme par hasard, il n’y avait que sa filiale Bluewin qui était
concernée.

Le contrôle des concentrations . Le contrôle des concentrations vise à empêcher l’apparition


ou le renforcement d’une position dominante capable de supprimer la concurrence efficace.
Ce contrôle est réservé aux seules grandes entreprises et, dans ce but, les seuils d’intervention
ont été fixés volontairement haut : les entreprises participantes doivent avoir réalisé ensemble
un chiffre d’affaires minimum de 2 milliards de francs ou un chiffre d’affaires en Suisse d’au
moins 500 millions de francs, et au moins deux des entreprises participantes ont réalisé
individuellement en Suisse un chiffre d’affaire minimum de 100 millions de francs.

Quand un cartel est dénoncé ou découvert, la loi prévoit diverses actions, telles que
l’avertissement ou la sanction. Mais ces sanctions ne peuvent être prises qu’en cas
d’inobservation d’une décision exécutoire de l’autorité de concurrence, autrement dit qu’en
cas de récidive. En Suisse, contrairement aux règles en vigueur aux Etats-Unis et dans
l’Union européenne, les comportements illicites entravant la concurrence ne peuvent donc pas
être sanctionnés directement. Ce n’est qu’en cas de récidive, au cas où une des parties aura
contrevenu à la décision de la Comco, qu’une amende pourra être prononcée. Les sanctions
pénales, comme la non-exécution de l’obligation de renseigner, peuvent aller jusqu’à

5
Art. 5, al 1, Lcart

5
La concurrence et son effet sur les prix

100000.- CHF. Pour les sanctions administratives, comme l’exécution d’une concentration
sans respecter les conditions légales, la somme peut atteindre 1 million de CHF.

Notons que la Lcart règle l’entraide administrative entre les services de la Confédération et
ceux des cantons et les autorités de la concurrence6 , mais ne prévoit pas d’entraide juridique
internationale ou de mécanismes de consultation ou d’échange d’informations dans le
domaine de la concurrence étrangère. Pourtant, face à la globalisation de l’économie,
l’échange d’informations devient une nécessité. Il s’agirait d’éviter le travail en double et les
décisions contradictoires. La Suisse n’a passé aucun accord international d’assistance
administrative ou de coopération juridique en matière de concurrence. Les contacts avec les
autorités de la concurrence étrangères sont de nature purement informelle… Mais tout ceci a
une influence limitée sur le travail de la Comco.

2.2 Acteurs et fonctionnements

La loi fédérale sur les cartels et autres restrictions à la concurrence de 1996 constitue
l'élément clé de la politique suisse de la concurrence. Son application incombe en premier lieu
à une autorité fédérale: la Commission de la concurrence, soutenue par un Secrétariat
permanent.

Le principe général de fonctionnement de ces deux autorités peut se résumer ainsi: le


Secrétariat instruit les enquêtes et la Commission tranche, avec possibilité de recours
(Commission de Recours).

2.2.1 La Commission de la concurrence

ORGANISATION ET GENERALITE

Autorité de milice, la Commission de la concurrence se compose selon la loi, de 11 à 15


membres nommés par le Conseil fédéral. Elle est dirigée par une présidence de trois
personnes: un président et deux vice-présidents. La loi prévoit que la Commission soit
constituée en majorité par des experts indépendants; en règle générale il s'agit de professeurs
d'université en droit ou en économie. Le reste des sièges est occupé par des membres non-
indépendants, constitués de représentant s des milieux économiques et des organisations de
consommateurs, lesquels ont voix délibérative. Cette composition vise à assurer deux choses:
premièrement que le choix des membres de la Commission se fassent en fonction de leurs
compétences techniques et professionnelles et deuxièmement de disposer de personnalités
ayant l'envergure nécessaire pour prendre des décisions parfaitement fondées.

Actuellement, la commission est formée de 8 experts indépendants et 7 non- indépendantes et


coexiste avec le préposé à la surveillance des prix qui possède uniquement une voix
consultative.

6
Art. 41 Lcart

6
La concurrence et son effet sur les prix

Les activités de la Commission de la concurrence sont réparties en trois chambres


correspondant chacune à un groupe de marchés particulier.

• Le service Industrie et Production ("P") s'occupe essentiellement des marchés de


l'industrie alimentaire, de l'industrie des biens de consommation ainsi que leur
commerce, de la chimie et produits de santé, de l'industrie des machines et de la
sidérurgie et enfin, de la construction. La majeure partie de ses activités consiste à
surveiller et agir à l'encontre d'accords en matière de concurrence et de contrôle de
concentrations.

• Le service des Services ("D") examine les restrictions de concurrence dans les
domaines tels que le marché de la santé, les banques et assurances, les professions
libérales, la publicité, le conseil ainsi que diverses prestations de services. Les
concentrations d'entreprises et les abus de positions dominantes dans le secteur des
banques et assurances, ainsi que les accords de prix et les interdictions de publicité
dans le domaine des professions libérales occupent une place importante dans les
activités du service. A noter également que le "D" doit régulièrement se prononcer sur
des dispositions étatiques qui limitent de manière injustifiée la concurrence sur le
marché de la santé.

• Le service Infrastructure ("I") qui s'occupe principalement de marchés dont le


fonctionnement repose sur une infrastructure, couvre les domaines suivants: les
télécommunications, la poste, les transports, l'énergie, les médias, les questions
relatives à l'environnement et l'élimination des déchets, ainsi que le tourisme et
l'hôtellerie. Tous ces secteurs sont actuellement soumis à un effort de
déréglementation et de libéralisation, ce qui suscite constamment de nouveaux
problèmes: concentrations dans le paysage médiatique suisse, politique d'accords dans
la branche hôtellerie et tourisme.

Cette articulation en fonction des secteurs économiques correspond aux services de marchés
existant au niveau du secrétariat. De plus les chambres ont été dotées d'un pouvoir étendu,
fixé dans le Règlement interne de la Commission de la concurrence, afin d'assurer un
déroulement clair et rapide des procédures.

SES TACHES

La commission de la concurrence apprécie et décide sur la base de propositions et de


recommandations établies par le secrétariat. S'il résulte d'une enquête que la concurrence est
limitée de manière illicite par un accord, par un abus de position dominante ou encore par une
concentration d'entreprises, la Commission tranche et promulgue des sanctions s'adressant
directement aux auteurs de la limitation. Chaque décision peut faire l'objet d'un recours devant
la Commission de recours pour les questions de concurrence. Outre cette compétence de
décision, la Commission a la possibilité de rappeler les règles du jeu de la concurrence par
des recommandations et prises de position, cela déjà au moment de l'établissement de normes,
notamment au niveau politique.

7
La concurrence et son effet sur les prix

2.2.2 Le Secrétariat de la Commission de la concurrence

La commission de la concurrence est soutenue par un Secrétariat permanent, employant 40


collaborateurs professionnels et qualifiés dans les domaines du droit et de l'économie. Ce
dernier mène les enquêtes de manière autonome, fa it des propositions à la Commission et
exécute ses décisions. Cette séparation entre l'autorité d'enquête et celle de décision assure
une exécution rapide et efficace des procédures. Selon la loi sur les cartels, le Secrétariat joue
également un rôle préventif en matière de concurrence. Par ailleurs, il observe et s'informe sur
les évolutions des marchés, ainsi que sur la politique de concurrence à l'échelon international.

Plus formellement, le Secrétariat est composé de trois services correspondant chacun à un


groupe de marchés particuliers (même organisation que la Commission): Industrie et
Production, Services et Infrastructures. Enfin, le service Ressources et Logistique assume les
tâches administratives nécessaires au bon fonctionnement du Secrétariat. Sa direction est
assurée par quatre membres, à savoir, un directeur et trois vice-directeurs et assistée par le
chef du service Ressources et Logistique.

Pour en savoir plus sur le fonctionnement interne de la Commission et du Secrétariat,


consultez Règlement interne de la Commission de la concurrence du 1er juillet 1996.

La commission ainsi que le secrétariat, font partie intégrante d'un système plus large,
regroupant de nombreuses autres autorités compétentes en matière de concurrence. Bien sûr,
il serait trop long et à notre avis hors sujet de toutes les détailler. C'est donc à dessein que
nous nous limiterons à ne présenter que les deux plus importantes, à savoir: la Surveillance
des prix et la Commission de recours pour les questions de concurrence.

2.2.3 La surveillance des prix

Le Surveillant des prix, coopère avec la Commission de la concurrence où il participe avec


une voix consultative. Ces deux autorités, s'informent mutuellement des décisions importantes
qui relèvent de leur domaine d'activité. A noter également que le Surveillant des prix consulte
la Commission avant de prendre ses décisions 7 .

La mission du Surveillant des prix peut se résumer à trois tâches essentielles:

Observer l'évolution des prix


Empêcher les augmentations ou le maintien de prix abusifs afin de protéger le public et les
entreprises contre des prix fixés trop haut en raison d'un manque de concurrence.
Informer le public pour ainsi améliorer la transparence et produire des effets préventifs et
psychologiques.

Si le Surveillant des prix constate un abus suite à ses observations ou suite à des
dénonciations provenant des milieux économiques ou publics, il doit en premier lieu essayer
de trouver un règlement à l'amiable avec les acteurs concernés. S'il est impossible de trouver

7
Pour plus de précision, consultez l’article 5 de la Loi fédérale concernant la surveillance des prix

8
La concurrence et son effet sur les prix

un tel accord entre les deux parties, le Surveillant peut décider d'interdire l'augmentation de
prix abusive ou d'empêcher le maintien d'un prix abusif. Un recours contre cette décision est
naturellement possible auprès de la Commission de recours pour les questions de concurrence.

Des interventions ne sont possibles que sur les marchés où la concurrence ne peut pas ou que
très peu exercer sa fonction régulatrice. En d'autres termes le Surveillant des prix intervient là
où le niveau des prix n'est pas la conséquence d'une concurrence efficace 8 et là où elle n'est
pas souhaitée car il existe des intérêts publics supérieurs. S'agissant de prix qui sont fixés ou
approuvés par une autorité politique ainsi que ceux qui sont déjà soumis à une autorité de
surveillance, la compétence du préposé se limite à un droit de recommandations. Cependant,
toutes les autorités doivent demander au préalable l'avis du Surveillant des prix, avis qu'elles
doivent mentionner dans leur décision. Si elles s'en écartent, elles doivent s'en expliquer.

Les principaux domaines d'activité de la Surveillance des prix sont les secteurs de la santé,
des taxes communales perçues pour la distribution d'eau et d'énergie ainsi que pour
l'élimination des déchets, les monopoles de la Confédération (Poste) et enfin les monopoles
cantonaux (ECA9 ).

2.2.4 La Commission de recours pour les questions de concurrence

Les décisions de la Commission de la concurrence peuvent faire l'objet d'un recours à la


Commission de recours pour les questions de concurrence. Ses décisions peuvent à leur tour
être portées devant le Tribunal fédéral par la voie du recours de droit administratif.

Dans l'exercice de ses fonctions, la Commission de recours est indépendante de


l'administration et applique la loi fédérale du 6 octobre 1995 sur les cartels et autres
restrictions à la concurrence, ainsi que la loi fédérale du 20 décembre 1985 concernant la
Surveillance des prix. Sa direction est placée sous la haute surveillance du Conseil fédéral et
de l'Assemblée fédérale. Composée de juges à temps partiel disposant de connaissances
spéciales, elle statue en tant qu'instance directement inférieure au Tribunal fédéral.

2.3 Constat et critiques

L'application ainsi que la mise en œuvre de la loi sur les cartels par les autorités suisses
peuvent être qualifiées de satisfaisantes. Néanmoins, elles restent en retrait par rapport aux
travaux effectués dans ce domaine aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne.

Dans la suite de l'exposé, nous allons mettre en lumière quelques problèmes liés à la loi sur
les cartels ainsi que ceux relatifs aux autorités de la concurrence. Il ne s'agit pas ici de traiter
de tous les problèmes mais bien de présenter ceux qui nous paraissent les plus importants. Ils
sont au nombre de cinq.

8
Art 12 de la Loi fédérale concernant la surveillance des prix :
Il y a concurrence efficace, en particulier, lorsque d’autres sources d’approvisionnement s’offrent aux
acheteurs, cela à des prix comparables et sans qu’il en résulte pour eux des efforts considérables.
9
Etablissements cantonaux d’assurance

9
La concurrence et son effet sur les prix

1) Problèmes liés à la Commission de la concurrence

COMPOSITION DE LA COMMISSION

La Commission est composée de membres non- indépendants, appartenant à divers milieux


économiques et sociaux. On peut donc s'interroger sur la légitimité de la présence de
représentants d'intérêts économiques dans l'autorité de décision. Peut-on s'attendre à ce qu'ils
oublient les intérêts de leur institution d'origine pour se prononcer en faveur d'une
concurrence efficace? D'ailleurs, dans la pratique, un certain nombre de dysfonctionnements
ont eu lieu à l'occasion de décision impliquant des entreprises avec une influence économique
et politique importante, telle que UBS, Roche, Le Temps.

Une plus grande indépendance pourrait être obtenue avec des mesures simples mais qui
pourraient s’avérer politiquement délicates. Pourtant plusieurs solutions ont été formulées
pour rendre cette situation plus saine. Une première, serait que les membres non- indépendants
continuent à faire partie de la Commission, car leurs compétences et connaissances sont utiles
et nécessaires, mais avec voix consultative. Cette dernière a malheureusement été balayée par
le Parlement. Une deuxième, plus "extrême", serait de ne nommer que des membres
indépendants, choisis uniquement sur la base de leurs compétences. D'autre part cette
proposition suggère la mise en place d'un organe de contrôle, qui serait chargé d'évaluer
régulièrement le travail de la Commission, comme dans le modèle allemand.

CARACTERE DE MILICE DE LA COMMISSION

Actuellement la Commission de la concurrence est un organe de milice: tous ses membres


exercent leur fonction à titre accessoire. L'objectif avoué d'un tel système est que les membres
des autorités de la concurrence, à côté de leur activité au sein de la commission, soient
impliqués dans la vie économique courante.

Néanmoins, les membres de la Commission de la concurrence sont amenés, dans l'exercice de


leur fonction, à appliquer des notions de droit et d'économie très complexes. De plus, ils sont
tenus de respecter des délais très stricts, notamment dans le domaine du contrôle des
concentrations. Face à ces impératifs, le système de milice dévoile ses limites. En effet, il
devient de plus en plus difficile pour des employés à temps partiel d'être compétents et prêts à
investir suffisamment de temps et d'attention à leur activité au sein de la Commission.

Une Commission composée de professionnels résoudrait en grande partie ces problèmes et


renforcerait également son indépendance. En effet, un expert en concurrence, bien payé et
trava illant à plein temps serait moins disposé à exercer une seconde activité professionnelle
pouvant générer un conflit entre ses propres intérêts et ceux du maintien d'une concurrence
efficace.

TAILLE DE LA COMMISSION

Selon la loi sur les cartels, la Commission est composée de onze à quinze membres. Les
craintes relatives aux difficultés de prendre des décisions efficaces et univoques dans une

10
La concurrence et son effet sur les prix

assemblée aussi grande se sont souvent avérées fondées. La littérature spécialisée est
unanime: le processus de décision pourrait être rendu plus efficace avec un nombre de
participants plus faible. Certes, un grand groupe dispose d'un potentiel plus important quant à
la résolution de problèmes mais la difficulté de trouver un consensus s'en trouve accrue.

Des études (Wiswede, 1992) montrent que la taille optimale d'un groupe chargé de tâches
complexes serait de cinq à sept membres. De plus le travail en petit groupe motive les
participants et accroît leur engagement.

2) Problèmes liés à la coexistence avec la surveillance des prix

La Commission de la concurrence, autorité de décision en soi, cohabite avec le Surveillant des


prix qui est traditionnellement un membre du Parlement. Le problème a, il y a quelques temps
déjà, été soulevé par l’ancien Secrétaire d'Etat Franz Blankart qui écrit à ce sujet:

" L'institution en soi est à mon avis une aberration dans une économie libérale de
marché. Ceci s'explique par le fait que l'on n'ait pas eu la lucidité, ni le courage
d’intégrer son cahier de charges dans celui de la Commission de la concurrence.
Or, ce qui me gêne le plus, c'est que le préposé parlementaire s'ingère dans la
rédaction d'ordonnances (p.ex. sur les prix des produits pharmaceutiques) qu'il
pourrait ensuite, via une motion parlementaire, remettre en cause si le Conseil
fédéral ne décide pas selon ses désirs. Si ceci ne s'est pas passé jusqu'à présent,
c'est entre autres dû aux qualités des détenteurs de cette fonction. Du point de vue
du principe de la séparation des pouvoirs, l'institution dans sa configuration
actuelle est néanmoins hautement problématique."

A noter au passage que la Surveillance des prix est un poste hautement stratégique,
notamment pour les personnes qui ont des ambitions au niveau du Conseil fédéral ( ex: Joseph
Deiss).

3) Problèmes liés à la loi des cartels de 1996

Nous allons traiter ici de deux problèmes importants à nos yeux et également abondamment
commentés dans la littérature spécialisée, à savoir: l'absence de sanctions directes ainsi que le
manque d'instruments efficaces pour démasquer les cartels.

ABSCENCE DE SANCTION DIRECTE

En Suisse, contrairement aux règles en vigueur aux Etats-Unis ou dans les pays membres de
l'Union européenne, les comportements illicites entravant la concurrence ne peuvent pas être
sanctionnés directement. Par exemple, une entreprise qui fait l'objet d'une décision établissant
un comportement illicite, ne reçoit qu'un avertissement. Ce n'est donc qu'en cas de récidive ou
de non-respect d'une décision de la Commission de la concurrence, qu'une amende pourra être
prononcée. (voir article 96 de la Constitution).

11
La concurrence et son effet sur les prix

Conformément à l'avis de nombreux experts, les autorités de la concurrence estiment que cette
absence de sanctions directes prive la loi sur les cartels d'un effet dissuasif sur les entreprises
et restreint fortement son efficacité. De plus, elle favoriserait même la formation de cartels.
En effet, les bénéfices que l'entreprise retire de la participation à un cartel sont souvent
largement plus importants que les coûts (amende) qu'elle risque de supporter si l'entente est
découverte. A noter également que les gains accumulés jusqu'à l'interdiction du comportement
illicite restent à l'abri de toutes saisies judiciaires.

Il convient de préciser ici que le problème n'est pas relatif au montant des sanctions, qui se
montent à environ 10% du dernier chiffre d'affaires, mais bien à l'impossibilité d'infliger une
amende à la première infraction.

MANQUE D’INSTRUMENTS EFFICACES POUR DEMASQUER LES CARTELS

L'effet dissuasif de la loi sur les cartels dépend fortement de la possibilité qu'un accord illicite
soit découvert. Or, les ententes cartellaires ouvertes et facilement décelables ne sont plus
monnaie courante, les entreprises cherchant à dissimuler leurs pratiques entravant la
concurrence. Le travail des autorités de la concurrence devenant de plus en plus difficile, elles
réclament des outils plus efficaces, inspirés de l'expérience d'autorités étrangères. Il s'agit
premièrement d'une règle selon laquelle un contrevenant repenti prêtant assistance aux
autorités profitera d'une atténuation de la peine, voire de l'impunité, et deuxièmement d'avoir
la possibilité d'enquêter sous couvert et de faire des perquisitions.

Actuellement, en Suisse, la découverte d'un cartel avec de tels moyens est fortement
improbable. En effet, la certitude d'échapper à toute sanction n'encourage pas les participants
d'une entente illicite à la rompre de leur propre initiative. Ils peuvent donc attendre
tranquillement que les autorités découvrent leur entrave à la concurrence, et, le moment venu,
la résilient à l'amiable de préférence.

4) Problèmes liés au manque de connaissances économiques

Contrairement à la situation prévalant aux Etats-Unis, la Commission ainsi que le Secrétariat


ne disposent que de peu d'informations économiques et scientifiques sur lesquelles ils peuvent
s'appuyer pour prendre leur décision. Bien que le problème soit de première importance, il ne
trouve pourtant que peu d'écho dans la littérature.

Actuellement, la science économique dispose de multiples instruments d'analyses et de


mesures qui, malgré leur utilité évidente, semblent être écarter des études des autorités de la
concurrence En effet nous avons peu constater, à plusieurs reprises que leurs décisions
résultent bien plus d'un dénouement purement juridique du problème que d'une approche
économique solide 10 Par ailleurs, il faut avouer que les statistiques industrielles suisses se
distinguent par leurs lacunes certaines. Comment, sur la base de statistiques médiocres, arriver
à des résultats crédibles? Soulignons que combler ces lacunes ne relève aucunement des
autorités de la concurrence, mais bien du Bureau fédéral de la statistique.

De façon plus générale, on peut reprocher à la Commission et au Secrétariat le manque


d'effort continu qui une fois mis en place élargirait leurs connaissances du terrain, en
10
C’est d’ailleurs ce qui a été reproché dernièrement à la Commission Européenne de la concurrence, suite au
traitement de dossiers très médiatisés, dans le cadre de fusion d’entreprises.

12
La concurrence et son effet sur les prix

disposant d'enquêtes scientifiques fouillées et en recourant, quand le cas l'exige, à des


professionnels extérieurs. De plus, il renforcerait la crédibilité et l'autorité des ces deux
organes de la concurrence.

5) Problèmes liés à la Commission de recours

Les problèmes que posent les recours se situent à deux niveaux:


Premièrement, ils retardent considérablement l'aboutissement de la procédure. En effet la
décision de la Commission peut-être repoussée de plusieurs mois, ce qui réduit
considérablement la portée de cette dernière.
Deuxièmement, le taux d'admission des recours est relativement élevé, ce qui naturellement
affecte la crédibilité de la Commission en incitant les entreprises concernées à faire recours
quelque soit la décision de celle-ci.

Le DFE11 a récemment commandé une étude à ce sujet, qui a conclu que ce problème ne
nécessitait pas de réforme immédiate, bien que quelques erreurs de procédure aient été
commises par les autorités de la concurrence. En effet, l'éclaircissement de certaines questions
par la juridiction administrative serait un processus normal (Hangartner 2000).

Pour conclure, ajoutons que les autorités de la concurrence ne sont pas sans se rendre compte
des problèmes décrits précédemment ainsi que du travail qu'il reste à accomplir pour les
résoudre.

2.4 La révision de la Loi sur les cartels

La mise à jour du cartel mondial des vitamines, auquel participait l’entreprise suisse
Hoffmann-La Roche SA12 , a été l’élément déclencheur de cette révision. Cet énorme cartel,
impliquant les sociétés Hoffmann-La Roche, Rhône-Poulenc et BASF, a été dissout par les
autorités anti- trust américaines en 1998. Contrairement aux autorités anti-trust américaines et
aux autorités de concurrence de la Commission européenne, la loi de 1996 sur les cartels ne
permet pas de sanctionner directement les abus commis sur le marché suisse. La Commission
européenne des cartels a infligé à l’époque une amende record de 675 millions de francs à
Roche 13 . Aucune amende n'a dès lors pu être infligée aux parties et la Comco n'a pu que
constater l'existence d'un cartel sur le marché suisse. Les entreprises concernées se sont
limitées à la promesse de mettre un terme à cette entente. Nombreux étaient les déçus de voir
que la Comco était totalement incapable de sanctionner les entreprises faisant partie de ce
cartel. Cet aveu d’impuissance de la part de la Comco a suscité quelques remous en Suisse et
déclenché la révision de la Loi sur les cartels.

11
Département fédéral de l’économie
12
Plus connu sous le nom de « Roche »
13
Les juridictions de chaque pays peuvent infliger une amende au cartel. Pour les dommages causés sur le
territoire des Etats-Unis, c’est la loi de ce pays qui calcule les torts subis sur son marché et inflige une sanction
en conséquence. Pour le cartels des vitamines, Roche a reçu une amende des Etats -Unis et une autre de la
Commission européenne des cartels.

13
La concurrence et son effet sur les prix

La Loi sur les cartels devait absolument se mettre à jour des dernières évolutions en matière
de concurrence afin qu’elle soit plus efficace, car en plus de cet événement, les prix restaient
élevés en Suisse comparés à ceux d’autres pays européens, et ce malgré l’introduction de la
loi de 1996.

Afin de remédier à ces problèmes, quelques parlementaires avisés ont proposé une nouvelle
révision durant l’année 1999. Trois ans après sa révision la nouvelle loi était déjà attaquée, au
niveau parlementaire, par le conseiller national Rudolf Strahm qui dénonçait le manque
d’efficacité et de pouvoir de la Comco. Suite à quelques initiatives parlementaires
supplémentaires, le projet de révision fut amorcé par le Conseil fédéral en septembre 2000.

L’avant-projet de cette loi repose sur trois objectifs principaux :


• L’introduction de sanctions directes en cas d’infraction au droit des cartels, c’est-à-
dire l’abolition du premier « meurtre gratuit »
• Modification de la composition de la Comco à sept membres indépendants
• Suppression des valeurs-seuils spécifiques aux fusions d’entreprises de médias

La troisième révision fut approuvée par le parlement en juin de 2003 non sans modification
par rapport au projet initial.

Après la période de consultation, en fin 2001, des avis divergents se sont fait remarquer. A
cette époque, les cantons étaient en grande majorité en faveur de la révision, par contre les
partis politiques étaient divisés. Au sein des grandes associations et organisations, le bilan du
pour et contre était assez équilibré.
La principale pomme de discorde concernait la modification de la composition de la Comco.
Personne ne voulait que la commission se compose uniquement de membres indépendants,
malgré une proposition avisée qui stipulait que les votes des me mbres dits «dépendants »
seraient uniquement consultatifs. Par contre les deux autres objectifs ont été atteints, c’est-à-
dire l’introduction de sanctions directes et la suppression des valeurs-seuils spécifiques aux
fusions d’entreprises de médias.

Une amélioration significative de cette révision a été l’introduction d’un programme de


clémence accompagnant l’introduction de sanctions directes. Tout ceci afin d’augmenter
l’effet préventif de la loi. Le programme de clémence consiste en une possibilité de
diminution drastique de la peine pour l’entreprise qui dénonce le cartel dont elle fait partie. Ce
programme offre les perspectives suivantes :
pour les membres d’un cartel qui sont disposés à le quitter, il devient intéressant de le déclarer
l’incitation à coopérer à la découverte de cartels affaiblit la loyauté et la solidarité entre les
membres d’un cartel
enfin, le fait de pouvoir coopérer avec un membre du cartel facilitera grandement le travail de
la Comco

Notons que ce programme de clémence, introduit à partir de 1996 dans l‘UE14 et en 1978 aux
Etats-Unis , a eu un effet positif immédiat dans ces pays.

Avec l’ancienne loi, la Comco se contentait de dissoudre les cartels existants. Aujourd’hui la
révision permet à l’autorité en matière de concurrence d’attaquer les anciens cartels, en vertu

14
L’UE est l’abréviation de l’Union Européenne

14
La concurrence et son effet sur les prix

du fait que les entreprises répondent des pratiques anticoncurrentielles ayant lieu dans le
passé.

En résumé, la révision de la loi vise principalement à instaurer des sanctions directes


lorsqu’une infraction au droit des cartels est particulièrement nuisible, ce qui devrait
également renforcer le caractère préventif de la loi.
Pour des motifs constitutionnels 15 , on a renoncé de sanctionner d’une manière générale et
directe toute infraction à la loi sur les cartels. On met l’accent sur les abus de position
dominante et sur les cartels rigides. Sont réputés cartels rigides les accords sur la fixation des
prix, les accords sur les restrictions quantitatives et les accords de répartition géographique.

Cette révision tant attendue n’est pas encore entrée en vigueur. Il faut attendre le 1er avril
2004.

15
Voir article 96 de la Constitution Suisse : http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a96.html

15
La concurrence et son effet sur les prix

3. Quelques problèmes de concurrence en Suisse

3.1 La Suisse un îlot de cherté ?

La Suisse est réputée pour être l’un des pays les plus chers d’Europe. Pas de quoi pour tant
empêcher le citoyen de dormir sur ses deux oreilles, tant le coussin cousu de fil d’or
symbolisait une qualité qui n’a pas de prix. Mais depuis quelques années, le ton a changé et
les débats se multiplient, à coups d’études chocs sur les causes et les effets de la cherté en
Suisse. La dernière en date, celle du Secrétariat d’Etat à l’Economie, arrive à la conclusion
que là où la loi sur les cartels de 1996 s’applique, les différences de prix avec l’UE sont
faibles ou moyennes. De la même manière, les différences de prix sont plus importantes dans
les secteurs où cette dernière ne s’applique pas. Il apparaît donc osé de conclure que le
manque de concurrence soit responsable de cette différence de prix. Ce sont davantage des
aspects de forte réglementation qui entraînent des prix surfaits comme c’est le cas dans le
domaine du logement, de la santé et de l’agriculture. Au vu de ces éléments, nous ne pouvons
donc pas attendre de « miracles » de la part des autorités de la concurrence.

Dans la suite de notre exposé, nous allons vous présenter différents secteurs où il subsiste
encore des problèmes liés soit à une forte régulation, soit à un manque de concurrence, soit
aux lacunes de la loi sur les cartels de 1996.

3.1.1 Marché de l'alimentation

Dans ce qui suit, nous allons illustrer le fait que la situation anti-concurrentielle 16 qui se
manifeste sur le marché des produits agricoles et de la distribution affectent les prix à la
hausse pour le consommateur final et qu’une ouverture du marché serait bénéfique au niveau
des prix.

GENERALITES ET QUELQUES CHIFFRES

L'agriculture représente environ 1.5% du PIB de la Suisse et emploie moins de 3% de la


population active. Le secteur se caractérise par une productivité du travail par unité
relativement faible 17 et par subventions très importantes de la part de l'Etat. En 2000, les aides
totales à l'agriculture s'élevait à 71% 18 de la valeur de sa production et faisaient parties des
plus importantes parmi les pays de l'UE.

Le graphique de la page suivante nous montre le niveau des prix relatifs entre la Suisse et
L’Union européenne.

16
Ce manque de concurrence est la conséquence directe d’une régulation très rigide dans ce secteur.
17
Elle est d'environ 47'000 francs par an, contre, par exemple, 275'000 dans le secteur bancaire.
18
Contre 35% en moyenne dans les pays de l'UE. Source OCDE 2002

16
La concurrence et son effet sur les prix

En 2001, la Confédération a dépensé plus de 3 milliards de francs suisses dans l'agriculture et


l'alimentation, ce qui représente un peu moins de 8% de ses dépenses globales. Veuillez vous
référer à l’annexe 1. Malgré tout, l'emploi dans ce secteur est plus élevé actuellement qu'au
début des années 1990.

DES PRIX TROP ELEVES ?

Les produits agricoles font partie de ceux ayant un niveau des prix particulièrement élevé par
rapport aux autres pays de l'UE19 . En effet, Les statistiques 2002 de l'OCDE classe
l'agriculture en 4ème position des facteurs influençant la cherté en Suisse, derrière le logement,
les dépenses de la santé et l'éducation. De plus, selon une récente enquête du Secrétariat d'Etat
à l'économie, il ressort que le niveau des prix à la production de l'agriculture suisse est
largement le double de la moyenne de pays comme l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni
et les Etats-Unis.

L’explication la plus communément acceptée sur le fondement de ces différences de prix, est
qu’il existe un cadre réglementaire rigide 20 qui empêche la concurrence de jouer son rôle de
régulateur de prix. En effet, l’agriculture est un des nombreux domaines ou la loi sur les
cartels de 1996 ne s’applique pas, ainsi les autorités de la concurrence ne peuvent que
constater ces prix surfaits mais en aucun cas intervenir. De plus la politique fortement
interventionniste de l’Etat pour soutenir les prix ne va pas pour arranger cette situation

19
En Suisse, le niveau moyen des prix dans l'agriculture dépasse celui de l'UE d'environ 40%. Source OCDE
2002
20
Il s’agit notamment de barrières à l’importations, de prix garanti pour le lait.

17
La concurrence et son effet sur les prix

POLITIQUE AGRICOLE 2002 OU L’IDEE TROMPEUSE D’UNE LIBERALISATION

Ces dernières années, les autorités se sont employées à réduire le soutien des prix et à
accroître les aides directes afin de préserver les revenus tout en exerçant une moindre
distorsion sur les prix. Pour cela, les pouvoirs publics ont mis en œuvre dès 1998 « Politique
agricole 2002 », qui a notamment remplacé les prix garantis du lait par des prix indicatifs 21 et
augmenté les aides directes 22 . Bien que le soutien des prix ait diminué, l’objectif de la
« Politique agricole 2002 » qui était de réduire de moitié l’écart des prix avec l’UE n’a pas été
atteint. Pourquoi? Beaucoup pensent que l’intensification de la concurrence a été très limitée
et il y a de nombreuses raisons à cela.

Tout d’abord citons l’existence d’un contingentement laitier rigide, qui constitue un obstacle
aux changements structurels nécessaires dans l’agriculture. Ensuite, l’existence de contingents
d’importation de viande ayant donné lieu à de nombreuses réclamations sous l’angle du droit
de la concurrence, crée une entrave à l’importation. Puis, le manque de mobilité foncière des
exploitations, apparaît comme un frein à l’optimisation des coûts et des structures agricoles.
Finalement, malgré les baisses de prix à la production consenties par les paysans, celles-ci
n’ont été que peu voir pas répercutées sur les prix que paie le consommateur final.

CONCLUSIONS : PERSPECTIVES ET LIBERALISATIONS

L’agriculture est considérée, à juste titre, comme un élément déterminant pour l’image
positive de la Suisse avec les retombées financières directes et indirectes que cela suppose
pour toute notre économie. Accepter ce raisonnement, c’est adresser un message fort au
monde agricole : notre pays à besoin pour assurer sa croissance de l’agriculture dans toute sa
multifonctionnalité. Une ouverture du marché des produits agricoles, s’inscrirait donc dans
cette logique. En effet, comparativement à d’autre pays où ces réformes ont déjà été
effectuées, une libéralisation du secteur pourrait entraîner une baisse des prix de 15 à 25%.
L’effet de ces diminutions de prix, ainsi que les gains d’efficacité réalisés, enclencherait une
spirale vertueuse de gains en compétitivité internationale et de hausse des revenus réels.
La conséquence est sans détour, les agriculteurs doivent s’organiser mieux, avec des
exploitations de taille suffisante et devenir des entrepreneurs dont le salaire dépendra de leur
efficacité. Il est donc nécessaire de continuer ce processus de réforme avec « Politique
agricole 2007 » pour que l’agriculture suisse s’affirme, mais également pour qu’à l’avenir elle
puisse compter sur le soutien des autres secteurs économiques.

A noter que, que pour atteindre un effet positif maximal, cette libéralisation doit aller de pair
avec celle du secteur de la distribution. En effet, la situation suisse est particulière, avec
l’existence de deux géants Migros et Coop qui se partagent près de 70% du marché. Des
efforts de baisse de prix doivent être consentis dans les deux domaines, ce qui n’a pas
vraiment l’air d’être le cas aujourd’hui. Depuis plusieurs années, on constate un écart de plus
en plus important entre les prix à la production et la distribution, en raison notamment de
l’élargissement des marges de distributions. En effet, en 2001, l’indice des prix agricoles est
tombé à 79 alors que l’indice des prix alimentaires est monté à 111 23 .

21
L’intervention de l’Etat sur le marché n’est obligatoire que si le prix tombe à 10% en dessous du prix indicatif.
22
Ces paiements directs représentent actuellement 69.6% des dépenses totales accordées à l’agriculture, contre
21% en 1990. Source OCDE 2002
23
Ces deux indices ont été fixés à 100 en 1990. Source 24Heures : « L’agriculture suisse en péril »

18
La concurrence et son effet sur les prix

Finalement, pourquoi ne pas utiliser la souplesse que nous donne la non-appartenance à l’UE,
en agissant à temps afin de disposer d’un avantage concurrentiel non négligeable.

3.1.2 Marché de l'électricité

Dans cette section nous allons parler de la situation générale sur le marché de l'électricité
suisse, qui se caractérise par une multitude de monopoles régionaux, ainsi que son effet sur les
prix.

GENERALITES

Plus de 1000 centrales alimentent la Suisse en énergie électrique. Pour des raisons historiques,
elles se distinguent par leur grandeur (aire de desserte, quantité produite), leur structure
d'exploitation (production, transport, distribution) ainsi que par leur forme juridique (grandes
compagnies nationales, sociétés cantonales, coopératives locales, entreprises privées...).
Malgré une forte densité d'entreprises, le marché suisse de l'électricité se caractérise par un
grand nombre de monopoles locaux et régionaux. Il existe six grandes compagnies
d'électricité verticalement intégrées assurant la totalité de la chaîne d'approvisionnement, et
quelques 1200 compagnies, intervenant aux différents échelons de la production, du transport
et de la distribution, qui opèrent au niveau local. Bon nombre de ces dernières appartiennent
au secteur public. 24 Les autorités étatiques interviennent également par le biais de
réglementations et de taxes; celles-ci représentent souvent une part importante de leurs
recettes. 25 Le graphique suivant schématise l’organisation des différentes centrales
électriques.

Source : Economiesuisse 2002

24
Environ 71% du marché électrique appartient au secteur public. Source: OCDE 2002
25
En moyenne, les taxes représentent 25% du prix final de l'électricité. Source: OCDE 2002

19
La concurrence et son effet sur les prix

EN SUISSE, DES PRIX SURFAITS ?

Bien que l'essentiel de l'électricité produite soit d'origine hydraulique ou nucléaire, avec des
coûts marginaux relativement faibles, les prix pour le consommateur final sont supérieurs à la
moyenne de l'OCDE, en particulier pour les utilisateurs industriels.

De plus, de nombreuses analyses ont montré que d'importantes rentes de monopole avaient été
réalisées par le passé et que les entreprises d'électricité disposent de réserves et de provisions
considérables en vue de l'ouverture du marché 26 . Des réductions de prix sont donc possibles.
Considérant également que le transport de l'électricité, qui reste un monopole, représente le
bloc de coûts le plus important, il est nécessaire que ce domaine apporte sa contribution dans
la baisse des prix. Veuillez vous référer à l’annexe 2 pour savoir plus sur les prix par catégorie
de clients.

26
Malgré le rejet de la loi sur la libéralisation du marché de l'électricité le 22 septembre 2002 (LME)

20
La concurrence et son effet sur les prix

Une récente enquête a mis en évidence une forte disparité des prix au niveau régional. En
effet, le prix du kWh pour les ménages va de 16.3 centimes à Sion à 29 centimes à Neuchâtel.
En ce qui concerne les PME, il est de 11.2 centimes à Fribourg contre 16.7 centimes à La
Chaux de fonds. Pour ce qui est des grandes entreprises, elles ont en général conclu un contrat
personnalisé avec les fournisseurs 27 .

Au vu des arguments développés, il serait fortement probable qu'une libéralisation du


marché de l'électricité se traduise par des gains substantiels pour l'ensemble des
consommateurs. En effet, une telle ouverture du marché se manifesterait par le changement
d'une position de rente de monopole à une concurrence stimulée par la situation
chroniquement excédentaire de l'offre qui règne en Suisse comme sur l'ensemble du marché
européen de l'électricité 28 .

L'EXPERIENCE INTERNATIONALE DE LA LIBERALISATION DU SECTEUR DE


L'ELECTRICITE29

En règle générale, pour atteindre ses objectifs, la réforme du secteur de l'électricité doit
satisfaire certaines conditions :

L'utilisation effective par les consommateurs de la liberté qui leur est donnée de choisir leur
fournisseur.
Une séparation claire entre le transport30 et la distribution, ainsi qu'une indépendance de la
gestion du réseau au sein des compagnies verticalement intégrées31 .
La possibilité de conclure des contrats bilatéraux à long terme pour garantir des relations
stables entre fournisseurs et consommateurs.
L'existence d'un grand nombre de producteurs de taille conséquente.

Lorsque ces conditions sont remplies, la libéralisation du marché de l'électricité se traduit par
des avantages incontestables pour l'économie. Il s'agit essentiellement de baisse des prix liée
non seulement à une diminution des rentes de monopole mais aussi à des gains en termes
d'efficience, dans la mesure où certains producteurs ont dû fusionner pour faire face à la
concurrence.

L'exemple des pays nordiques et de l'Allemagne montre que les réformes dans ce secteur sont
une réussite. L'Allemagne constitue une base de comparaison pertinente, dans la mesure où ce
pays est en concurrence directe avec la Suisse dans bon nombre de secteurs. La réforme mise
en oeuvre en 1998, bien qu'elle ait posé quelques problèmes, s'est traduite par une forte
réduction des prix pour les entreprises, entre 15 et 20%, et une baisse moins sensible pour les
ménages.

27
Source: article du Professeur Lambelet: "L'action des autorités de la concurrence sur les services publics:
expérience communautaire, Française, Suisse."
28
Source: Tribune de Genève, chronique de Marian Stepczynski: "Electricité: la Suisse n'est pas la Californie "
29
Source OCDE 2002
30
Le transport de l'électricité reste un monopole naturel dans la plupart des pays. Un organe indépendant doit
donc être mandaté pour surveiller et prévenir les comportements abusifs des opérateurs qui réduiraient les
effets positifs d'une libéralisation.
31
Les compagnies d'électricité doivent créer des entités séparées pour gérer les réseaux. Source Economiesuisse
2003

21
La concurrence et son effet sur les prix

CONCLUSION: PERSPECTIVES ET INTERPRETATION

Le 22 septembre 2002, le peuple souverain a rejeté à une faible majorité la loi sur le marché
de l'électricité 32 qui prévoyait son ouverture progressive sur une période de six ans, reprenant
dans les grandes lignes la stratégie de libéralisation recommandée par l'UE. Ce refus ne met
pas un point final, à la libéralisation engagée dans notre pays, elle arrivera tôt où tard, mais
sous quelle forme, nul ne le sait.
Depuis lors, le secteur électrique navigue à vue. En effet, paradoxalement et en l'absence
d'une loi spécifique, le marché de l'électricité est soumis à la loi sur les cartels, comme tout
autre secteur économique libéralisé 33 .
De plus, ce refus engendre trois difficultés: d'abord celle de la validité des contrats
d'acquisition de courant conclus entre les grandes entreprises et les sociétés électriques en vue
de l'ouverture des marchés; ensuite les perspectives de diminution des prix payés par les PME
disparaissent; enfin les producteurs de courant suisses ne pourront pas accéder aux
consommateurs finaux, manquant ainsi l'opportunité de se positionner à un moment favorable
sur le marché européen34 .

Finalement ce refus, fondé essentiellement sur les méfaits de la mondialisation, sur la


perspective de problèmes d'approvisionnement ainsi que sur une expérience californienne
déformée et mal interprétée, traduit certains désirs et inquiétudes du Souverain. En effet, en
rejetant la LM E, le peuple s'est prononcé en faveur d'un approvisionnement sûr et efficace,
même si cela peut impliquer des prix plus élevés que dans le reste de l'UE.

3.1.3 Marché de la construction

Cette partie traite plus spécialement des problèmes d’ententes que rencontre le marché de la
construction ainsi que son effet sur les prix.

GENERALITES

Dans notre pays le marché de la construction est un domaine problématique du point de vue
de la concurrence.
Lorsque l'Etat veut, par exemple, construire un nouveau bâtiment ou acheter du matériel, il
doit faire un appel d'offre. Le soumettant, L'Etat, invite des entreprises soumissionnaires à lui
présenter des offres, parmi lesquelles il choisira la plus intéressante selon des critères donnés.
Cette dernière phase est celle de l'adjudication. Ce procédé devrait permettre d'obtenir un
certain nombre d'offres différentes et par conséquent de faire pression sur les prix. Mais il
s'est avéré que, pratiquement, cela ne fonctionnait pas toujours aussi bien qu'en théorie. Les
soumissionnaires ont une certaine tendance à s'entendre sur les prix ou la répartition du
marché.

32
Abréviation LME
33
Voir le cas opposant la Migros aux EEF (Entreprises Electriques Fribourgeoises). Pour mémoire, les EEF,
constituant un monopole Etatique, refusent de faire transiter le courant d'une entreprise concurrente (Watt) par
son réseau. Le client final, Migros a dénoncé les EEF à la Commission de la concurrence. La décision ne se
fait pas attendre: les EEF abusent de leur position dominante et doivent ouvrir leur réseau à la concurrence.
Ces dernières font recours contre cette décision, mais il est rejeté. Elles s'adressent alors au Tribunal Fédéral
qui vient récemment de refuser une nouvelle fois ce recours. Finalement un accord à l'amiable a été conclu
entre Migros et les EEF. Source 24Heures du 25.06.03.
34
Source Economie Suisse, rapport 2002

22
La concurrence et son effet sur les prix

PROBLEME D’ENTENTE SUR LES PRIX

L’expérience nous montre qu’il est difficile de déceler ce type d’entente. Nous allons
toutefois vous en présenter deux.

La première concerne les travaux de rénovation de la façade de la bibliothèque nationale.


Cette rénovation se fit par appel d'offres. Quatre entreprises bernoises ont répondu à cet appel
à la fin 1999. La Comco enquêta et remarqua la présence d'un accord sur les prix des
entreprises bernoises. Toutes les offres dépassaient de plus de 100% 35 les coûts prévus, selon
un calcul d’un expert confirmé. Finalement la Comco interdit aux quatre entreprises de se
mettre d’accord lors d’une procédure de soumission et personne ne reçut d’amende… ce qui
est conforme la loi en vigueur.

Pour le deuxième cas, il s’agit d’un cartel de l’étanchéité sur genève. La Chambre genevoise
d’étanchéité et de l’asphaltage (CGE ci-après) éditait une série de prix en régie que ses
membres semblaient respecter, ce qui constituait une entente cartellaire. Les huit membres
détenaient plus de 80%36 du marché genevois de l’étanchéité et de l’asphaltage. Après avoir
eu connaissance de ces règles, la Comco a décidé d’ouvrir une enquête en 2000. Finalement
elle a conclu un accord à l'amiable avec la CGE. Cette dernière s'engage à ne plus éditer de
nouvelles listes de prix et ses membres s'engagent à ne plus les respecter. « L'accord à
l'amiable est un instrument prédestiné à la disposition des autorités de la concurrence. Il
permet de terminer une procédure plus rapidement et à moindre frais, évitant ainsi une
enquête de longue haleine, lorsque les parties à l'enquête sont d'accord de collaborer et de
supprimer l'état de fait que le secrétariat consid érait comme illicite selon le droit des
cartels.»37

Il existe sûrement encore de nombreuses ententes de ce type qui provoquent de dommages


économiques considérables à l’Etat.

CONCLUSION

Pour exposer la naïveté de la loi actuelle, voici un exemple théoriq ue : si la firme A s’entend
sur les prix avec la firme B lors d’un appel d’offre, et que cet accord est décelé par la Comco,
alors les firmes A et B n’ont plus le droit de s’entendre à nouveau sous risque de recevoir une
amende. Mais rien n’empêche la firme A de s’entendre avec la firme C lors d’un nouvel appel
d’offre, car s’ils se font prendre, cela ne constituera pas une récidive, par conséquent aucune
amende ne pourra être prononcée contre elles ! Oui, cette loi des cartels encore en vigueur
aujourd’hui n’est pas efficace du tout. Nous pourrions presque dire qu’elle favorise la
formation de cartels !
Ici nous avons parlé d’entente sur les prix, mais il existe aussi des ententes géographiques38
lors d’appels d’offre.

35
Communiqué de presse de la Comco / Berne, le 15.06.2001
36
Tribune de Genève du 18.01.2000
37
Communiqué de presse de la Comco / Berne, le 08.03.2001
38
Par « entente géographiques » nous stipulons une répartition géographique du marché par les
soumissionnaires.

23
La concurrence et son effet sur les prix

3.2 Cas de concentration

Dans ce bref chapitre nous vous présentons un cas de forte concentration. Cette dernière décrit
un domaine où paradoxalement les décisions de la Comco auraient eu une influence négative
sur la concurrence. Sur le long terme, ceci pourrait amener à une augmentation des prix.

3.2.1 Le marché des médias: le cas Edipresse

GENERALITES

La presse suisse a connu une mutation importante au cours des dernières années dans le
domaine de la presse écrite. Très diversifiée, essentiellement locale et régionale, elle a subi les
contraintes d'une concentration rapide depuis les années 70. Des disparitions, mais surtout des
fusions ont transformé le paysage traditionnel d'une presse multiple qui comptait - reflet du
fédéralisme politique et culturel - 120 quotidiens différents pour une population de moins de
sept millions d'habitants, sans parler des nombreux journaux ruraux qui paraissaient deux à
quatre fois par semaine et dont la plupart ont entre-temps disparu39 .
Mais ces dernières années nous assistons à la création d'un « mastodonte » dans le domaine
des médias en Suisse romande. Le géant qui occupe peu à peu une position dominante se
nomme Edipresse. Ce groupe international lausannois contrôle actuellement 14 journaux et 7
magazines40 en Romandie, dont les plus connus sont "Le Matin", "La Tribune de Genève",
"24Heures", et "Bilan". En plus de ces publications, cette firme possède 47% du journal "Le
Temps" et 37% 41 de la société Rhône Media SA qui possède le quotidien valaisan "Le
Nouvelliste". Autant dire qu'elle possède quasiment tous les journaux à grand tirage, hormis
"La Liberté" et "Le Journal du Jura" , en Suisse romande.

PROBLEME DE CONCENTRATION

Ce groupe s'est formé sans rencontrer trop d'ennui avec la Commission de la concurrence en
Suisse. C'est un cas de concentration horizontale qui finit peu à peu par former un acteur
jouissant d'une position dominante sur le marché des journaux, des annonces et de
l'imprimerie en Suisse romande.

Tout ceci a débuté lorsque "Le Nouveau Quotidien" a fusionné avec "Le Journal de Genève"
en 1998. Le groupe Ringier, premier groupe de presse en Suisse, contrôlait avec Edipresse
"Le Nouveau Quotidien", tandis que "Le Journal de Genève" était composé d'un actionnariat
dispersé. Comme à cette époque la situation financière du quotidien genevois était assez
mauvaise, alors en vertu de la "failing company defence"42 , la Commission de la concurrence

39
Source : http://www.presseromande.ch/
40
Pour en savoir plus: http://www.edipresse.com/Jahia/cache/offonce/pid/48
41
Chiffres: DPC 2003/1 p.177
42
La "Failing company defense" stipule qu'en cas d'interdiction de la fusion:
- une des compagnies disparaissant
- l'autre entreprise reprendrait l'entreprise défaillante
- il n'existe pas de solution alternative moins dommageable pour la concurrence
C’est clause est applicable seulement de manière exceptionnelle. Pour le cas du « Nouveau Quotidien », à
l’époque l’application de cette règle a été contesté.

24
La concurrence et son effet sur les prix

a quand même autorisé cette fusion et ceci malgré le fait que cette concentration allait
engendrer une baisse significative de la concurrence sur le marché des annonces.

Durant les années 2001 et 2002, Edipresse a racheté "Le Journal de Morges" et "Le centre
d'impression de la Broye" sans rencontrer d'opposition de la part de la Comco. Le rouleau
compresseur est en marche.

En mai 2002, Edipresse, d'entente avec le principal actionnaire de la société "Corbaz SA" (ci-
après: Corbaz), émit le désir d'acquérir le contrôle de cette entreprise active dans les domaines
de l'impression et de la publication43 . Corbaz faisait partie de ces petites compagnies qui, en
raison de l'étroitesse de leur marché, souvent cantonal, n'ont pas les moyens économiques de
leur survie. De plus, dans la plupart des cas, il s'agit de sociétés familiales, qui, sont parfois
confrontées à des problèmes de succession. En conséquence un tel rachat était plus ou moins
prévisible. Mais pourquoi Edipresse en situation de position quasi-dominante, surtout dans le
marché des annonces 44 , a t’il reçu le feu vert de la Comco? Pour anticiper la réponse négative
de la Comco au sujet de l'offre d'Edipresse, le groupe français Hersant 45 , qui a une faible
importance dans le marché romand, a fait une contre-offre qui a été finalement refusée!
Notons qu'après cette affaire, des rumeurs ont circulées, arguant la possibilité d’influencer le
président de la Comco 46 .

CONCLUSION

En donnant son accord à Edipresse, la Commission de la concurrence a accepté une


diminution de la concurrence sur le marché des quotidiens vaudois, dans les domaines du
marché des annonces et des imprimeurs en Suisse romande. La Commission de la
concurrence semble avoir succombé au réflexe nationaliste. Hostile à l'intrus étranger, elle a
donné sa préférence au monopole vaudois. Et pourtant la loi fédérale qui dicte son action
ignore la notion de nationalité. Pour masquer son recul, la Comco pose d'apparentes
conditions restrictives à Edipresse. Le groupe lausannois doit céder 4,5 % de ses actions au
capital du Nouvelliste et quitter le conseil d'administration du journal valaisan47 . Le sacrifice
est nul.
Nous pouvons affirmer que dans cette affaire la Commission de la concurrence n'a pas joué le
rôle que l'Etat lui a attribué: sauvegarde et promotion de la concurrence en Suisse.

43
Le groupe Corbaz possédait "La Presse Riviera-Chablais" et "La Presse Nord Vaudois"
44
Aussi dans le secteur de l’impression, mais dans de moindre mesures.
45
En 2001, le groupe Hersant45 , qui contrôle Le Figaro et une partie de la presse régionale française, traverse le
Léman. Il prend le contrôle du groupe qui édite le quotidien La Côte. En débarquant au beau milieu du
territoire contrôlé par le Suisse Edipresse, le groupe français a acheté les deux quotidiens neuchâtelois,
"L'Express" et "L'Impartial". Un nouvel acteur anime le paysage médiatique romand. Les choses vont changer
pour les concurrents, pour les médias partenaires, pour les journalistes salariés et bien sûr pour les lecteurs.
46
Le président aurait été influencé par la famille Corbaz. Elle ne voulait pas que l’entreprise passe dans le giron
du groupe français.
47
Communiqué de presse de la Comco du 17 décembre 2002

25
La concurrence et son effet sur les prix

4. La concurrence fait-elle toujours baisser les prix ?

Selon une récente étude effectuée par le Secrétariat d’Etat à l’économie, le manque de
concurrence expliquerait une part de 44% des prix surfaits en Suisse 48 .

4.1 Pourquoi de la concurrence ? Quelques fondements théoriques

Depuis longtemps, notre pays est clairement fondé sur une économie ouverte fonctionnant
selon les règles du marché. Les partisans de cette approche estiment qu’une économie
concurrentielle est non seulement de nature à assurer la croissance et la compétitivité de notre
industrie, mais permet également de créer le maximum de bénéfices pour les consommateurs
et la société dans son ensemble.

Afin de démontrer les nombreux avantages d’une économie de marché, notamment en terme
de prix, nous allons faire appel au modèle de la concurrence parfaite, base de toutes doctrines
libérales.

La concurrence parfaite est un modèle théorique, qui s’appuie sur de nombreuses


hypothèses 49 , qui s’écartent quelque peu de la réalité 50 :

Le prix des biens est une donnée. Les agents économiques sont nombreux et ils considèrent le
prix comme une va leur fixe, indépendante de leurs décisions. Ils sont donc dans une situation
de « price taker ». 51
Le bien est homogène. Il n’existe qu’une seule qualité de bien.
L’information est parfaite. Les agents connaissent toutes les offres et toutes les demandes,
ainsi que les pris exigés ou offerts pour les différentes quantités.
La libre mobilité des ressources. Tous peuvent produire et vendre le bien.

Une fois ces conditions remplies, le modèle arrive à la conclusion que chaque secteur de
l’économie est entraîné automatiquement vers le « prix normal52 ». Cette situation est
inéluctable. A long terme, l’économie produit toujours au minimum des coûts. Le prix normal
constitue donc un optimum social, car il est dans l’intérêt de toute collectivité de produire les
biens dans les conditions les plus avantageuses. Ensuite, l’économie de marché ne permet pas
d’abus de la part de participants individuels, car la concurrence élimine les superprofits.
Finalement, le système concurrentiel conduit également à une allocation optimale des
ressources. Chaque entrepreneur s’établit dans la branche qui lui permet les plus grands gains.

48
La réglementation sociale et environnementale ainsi que les salaires expliqueraient le reste..
49
Normalement il y a sept hypothèses de base, mais nous n’avons retenu que les quatre plus importantes.
50
Milton Friedman disait à ce sujet : « Il n’est pas nécessaire que les hypothèses de base soient réalistes, mais il
est même avantageux qu’elles ne le soient pas. ». Si la capacité prédictive du modèle est bonne, la théorie l’est
aussi.
51
Les vendeurs sont confrontés à une demande horizontale. S’ils fixent leurs prix au dessus du prix de marché,
ils ne trouveront pas d’acheteurs.
52
Source : « Initiation à l’économie politique » Joseph Deiss, 1982.

26
La concurrence et son effet sur les prix

Par ce processus, les ressources sont toujours acheminées démocratiquement dans la direction
des priorités exprimées par les consommateurs.

Il ressort donc qu’un marché authentiquement concurrentiel garanti des prix bas, maximisant
ainsi le bien-être du consommateur et celui de toute notre société. Relevons également que
dans une situation de concurrence parfaite, la notion de pouvoir de marché 53 disparaît
totalement. Malheureusement, cet aspect fort attrayant d’un point de vue social et politique est
souvent ignoré par les détracteurs de ce modèle.

4.2 La concurrence comme facteur de baisse de prix : cas des télécoms

4.2.1 Introduction

Le secteur des télécommunications a toujours été très réglementé dans les pays européens.
L’ingérence de l’État s’y est manifestée dans pratiquement tous les domaines : participation
au capital, accès au marché, fixation des prix et choix de production. Dans la plupart des pays,
jusqu’à la fin des années 90, la prestation des services de télécommunications était assurée par
des entreprises publiques jouissant d’un monopole légal sur les marchés où elles opéraient.
Ces sociétés, souvent exemptées des dispositions légales applicables aux sociétés privées,
étaient généralement assujetties à de sévères restrictions quant à la portée, à la quantité et aux
tarifs des services qu’elles fournissaient. De plus, des obligations de service universel leur
étaient imposées.
Essentiellement deux raisons étaient invoquées en faveur de la réglementation des
télécommunications : le monopole naturel et les externalités :

• Le monopole naturel avait pour caractéristiques le coût fixe de la mise en place du


réseau nécessaire à la fourniture de services de télécommunications et les coûts liés au
partage de l’infrastructure entre plusieurs prestataires de services.
• Les externalités concernaient à la fois ce que l’on appelle les effets « de réseau » et les
effets secondaires sur les biens collectifs, notamment la santé, l’information et la
défense.

D’importantes économies d’échelles par rapport à la demande justifiaient la mise en place de


monopoles légaux dont les tarifs étaient réglementés, tandis que les externalités justifiaient
des restrictions spécifiques en matière de production et de prix.

L'évolution technologique fulgurante et une volonté politique de "démocratisation" par l'accès


au grand public obligea la Communauté européenne à libéraliser les différents marchés des
télécommunications afin d'en améliorer les structures et la compétitivité.

La Suisse emboîta rapidement le pas, puisque après avoir, elle aussi, libéralisé le marché du
transport de données, le Conseil Fédéral proposa, en 1996, la libéralisation des

53
Une entreprise dispose d’un pouvoir de marché, si elle a suffisamment d’importance vis -à-vis de ses
concurrents pour fixer des prix substantiellement plus hauts que ses coûts de production sans perdre des
clients.

27
La concurrence et son effet sur les prix

télécommunications 54 . Nous pouvons relever que pour une fois, la Suisse n’est pas à la traîne
comparativement aux autres pays européens.

Ici nous allons vous montrer l’impact qu’a eu l’ouverture du marché de la télécommunication
au niveau des prix et de la demande primaire.

4.2.2 Les avantages de l’ouverture du marché

La libéralisation du marché du téléphone a débuté en janvier 1998, lorsque Swisscom a été


séparé de la Poste et partiellement privatisé 55 . L’ouverture du marché à la concurrence s’est
accompagné d’une série de bonnes nouvelles. De nombreuses entreprises actives dans le
domaine de la communication sont arrivées sur le marché. La Suisse est très intéressante, car
elle constitue le 7e marché mondial en terme de volume d’appels internationaux56 . Pendant les
deux années qui précédèrent la libéralisation, de nombreuses entreprise s'implantèrent en
Suisse et préparèrent leur entrée dans ce nouveau marché concurrentiel. En mars 2002 elles
étaient au nombre de 340 57 . Notons que ces compagnies ne sont pas toutes au bénéfice de
concessions et ne représentent généralement pas des opérateurs globaux. On assiste à la
présence de nombreuses petites entités spécialisées qui viennent exploiter des niches. Dans la
suite de notre exposé nous allons vous montrer l’impact qu’a eu l’ouverture du marché de la
télécommunication au niveau des prix et de la demande primaire. Nous nous sommes
volontairement concentrées sur les secteurs de la téléphonie mobile et fixe.

TELEPHONIE MOBILE

Dans ce domaine, l’introduction de la concurrence a permis une importante baisse de prix. De


1998 à aujourd’hui, ils ont baissé d’environ 24% selon l’étude de l’Office fédéral de la
communication ci-dessous 58 . L’ouverture du marché a permis l’arrivée de nouveaux
opérateurs : Diax59 et Orange. L’arrivée rapide sur le marché de ces deux concurrents a
contraint Swisscom, leader du marché, à procéder dès 1999 à des réductions de prix
substantielles. Depuis lors, la concurrence sur les prix n’a plus beaucoup évolué. En 2001,
l’indice a un peu changé, en raison d’un léger ajustement des parts de marchés.
Le graphique de la page suivante montre l’évolution de l’indice des prix dans ce domaine
entre 1998 et 2003.

54
La loi fédérale a été votée le 30 avril 1997 (LTC) et est entrée en vigueur le 1er janvier 1998, en même temps
que les pays européens. Source : OFCOM
55
Swisscom est resté sous contrôle public, l’Etat a gardé environ 63% des actions
56
Chiffre de 1998 du « Jeunesse et économie » d’octobre 1999
57
BILAN du 01.09.2002
58
OFCOM 10.03 « Statistique des communications »
59
Après l’acquisition de Diax et de Sunrise par Tele Danmark, la société née de la fusion reçoit le nom de TDC
Switzerland AG

28
La concurrence et son effet sur les prix

Source : « Analyse de l’évolution des prix sur le marché suisse des télécommunications depuis 1998 », OFCOM 10.03

Moins d’un Suisse sur quatre possédait un portable en 1998, ils étaient plus de trois quarts à la
fin 2001 60 . La course aux clients était lancée sur ce segment en pleine expansion. L’ex-
monopole Swisscom, attaqués par les deux nouveaux venus, a dû suivre le mouvement et
baisser ses prix. Les parts de marché en juin 2003 étaient d’environ de 63% pour Swisscom,
20% pour Sunrise et 17% pour Orange 61 . Si vous désirez plus d’informations à ce sujet,
référez- vous sans autre à la page Internet de l’OFCOM62 .

A la suite de ce développement nous pouvons affirmer que l’accès à la concurrence au marché


de la téléphonie mobile a eu effet positif au niveau des prix, et contribué à un fort
accroissement du nombre d’utilisateurs dans ce domaine.

60
En effet la croissance était de l’ordre de 80% en 1998 et de 50% en 1999. OFCOM 10.03 « Statistique des
communications »
61
OFCOM 06.03 « Statistique des communications »
OFCOM c’est l’abréviation pour l’Office fédérale de la télécommunication
62
OFCOM 06.03 « Statistique des communications »

29
La concurrence et son effet sur les prix

TELEPHONIE FIXE

Pour ce secteur, l’indice des prix des appels nationaux a baissé de 31% depuis l’ouverture des
marchés 63 . Sur le graphique ci-dessous, l’indice montre clairement que les prix n’ont été
durablement poussés à la baisse que depuis la réduction des prix intervenue chez Swisscom en
mars 2000.

Source : « Analyse de l’évolution des prix sur le marché suisse des télécommunications depuis 1998 », OFCOM 10.03

En ce qui concerne les prix des appels internationaux, ils ont plus fortement baissé. Cette
baisse, rien que pour l’ex-régie d’Etat Swisscom, est de 75% si l’on se réfère au graphique de
la page suivante :

63
OFCOM 10.03 « Statistique des communications »

30
La concurrence et son effet sur les prix

Source : « Analyse de l’évolution des prix sur le marché suisse des télécommunications depuis 1998 », OFCOM 10.03

Nous pouvons supposer que suite à cette forte baisse de prix de la part de Swisscom, ses
concurrents ont sûrement proposé des prix encore plus bas.

Dans ce secteur, l’opérateur historique rencontre de nombreux concurrents 64 . Le nombre de


concessions accordées par l’Office fédéral de la communication, pour les services sur les
réseaux fixes, est passé de 135 en 1998 à 289 en 200365 . Cela confirme l’attrait du marché
suisse.
La demande primaire n’a pas augmenté autant que pour la téléphonie mobile, mais elle a tout
de même augmenté de 35% depuis la libéralisation66 . En 2002, Swisscom ne détenait plus que
36% des communications fixes interurbaines (en pourcentage du chiffre d’affaire) et 53% des
communications internationales 67 .

L’ouverture du marché des télécommunications fixes a exercé une forte pression sur les prix.
La concurrence dans ce domaine est une réussite jusqu’alors.

64
Pour obtenir une liste, de quelques opérateurs, datée fin novembre 2002 : http://www.allo.ch/fr/entreprises.php
65
OFCOM Statistique officielle des télécommunications 2002
66
OFCOM Statistique officielle des télécommunications 2002
67
Source : BILAN 01.09.2002

31
La concurrence et son effet sur les prix

4.2.3 Conclusion

Ce bref exposé montre clairement que l’introduction de la concurrence a des effets positifs
pour les consommateurs. En effet suite à l’ouverture du marché des télécoms en 1998 on a
assisté à une importante baisse de prix. Pour plus de détails concernant les appels privés,
veuillez vous référer à l’annexe 3 concernant la tendance en matière de tarification pour les
appels privés. Les prix suisses des télécommunications se situent en dessous de la moyenne de
l’OCDE 68 . Veuillez vous référer à l’annexe 4 concernant la comparaison des tarifs des
télécommunications dans l’OCDE.

Néanmoins la pression initiale sur les prix exercée par cette vague de libéralisation s’estompe
peu à peu :

• Pour les mobiles, les prix sont restés pratiquement inchangés depuis 3 ans. En 2002,
Kim Frimer, numéro un de Sunrise en Suisse, et Andreas Wetter, patron d’Orange,
déclaraient déjà : « Avec plus de 18% des parts de marché, nous avons atteint un de
nos premiers objectifs en trois ans »69 . Pour les clients privés cela revient à dire qu’il
ne faut plus s’attendre à des baisses de prix significatives, le but est réalisé. L’attention
va se porter sur le segment à haute valeur ajoutée, comme Internet et les réseaux sans
fil, des entreprises où Swisscom domine.
• Pour la téléphonie fixe, les baisses de prix sur les appels interurbains et internationaux
ne doivent pas faire oublier que les appels locaux n’ont pratiquement pas baissé.
Swisscom détient encore une forte part de ce marché.

Pour être plus complet il aurait fallu encore parler des prix pour les connexions Internet, qui
ont aussi fortement baissés. C’est volontairement que nous avons omis ce secteur, car l’effet
de la concurrence sur les prix est déjà bien mise en évidence dans les deux domaines exposés.
Le secteur des télécommunications mériterait un exposé à lui seul, tant le domaine est vaste et
complexe.
Actuellement la libéralisation du « dernier kilomètre 70 » pose problème. En effet pour
intensifier la concurrence au niveau de la téléphonie fixe et d’Internet le Conseil fédéral veut
le libéraliser71 . Mais le projet stagne, Swisscom ayant interrompu les négociations.
Pour notre part nous estimons qu’il faudrait instaurer une régie d’Etat indépendante de
Swisscom qui gèrerait le réseau, et par conséquent le « dernier kilomètre ».

68
L’OCDE, c’est l’Organisation de coopération et de développement économiques.
69
Source : BILAN 01.09.2002
70
Le "dernier kilomètre" concerne les lignes qui relient les usagers du téléphone et de l'Internet à la centrale
locale.
71
Pour en savoir plus :
http://www.uvek.admin.ch/dokumentation/medienmitteilungen/artikel/20031112/01724/index.html?lang=fr
http://www.bakom.ch/fr/medieninfo/medienmitteilungen/uvek/artikel/00828/

32
La concurrence et son effet sur les prix

4.3 Les limites de la concurrence

Dans tout ce qui précède, nous avons essayé de vous montrer que l’introduction de la
concurrence dans une situation caractérisée par un fort pouvoir de marché d’une ou de
plusieurs entreprises, se traduisait par une forte baisse de prix. Toutefois, dans la réalité, il
existe certains cas où une situation de concurrence imparfaite garantie des prix équivalents
voir plus faibles qu’un système hautement concurrentiel. Il nous a donc paru important de
vous illustrer par des exemples concrets, les limites de cette concurrence.

4.3.1 Les assurances immobilières ou l’efficacité d’un monopole 72

Le marché de l’assurance immobilière en Suisse est caractérisé par la coexistence entre, d’une
part, la présence de monopoles d’états73 dans 19 des 26 cantons, et d’autre part, par
l’existence d’assurances privées dans les 7 autres. La Suisse nous permet donc de comparer,
dans un espace relativement homogène, quelle forme d’organisation obtient les meilleurs
résultats.

COUTS ET STRUCTURE DES PRIMES

Les propriétaires suisses bénéficient, auprès des ECA et des assureurs privés, d’une
couverture globale de valeur à neuf74 contre les incendies et les éléments naturels. Malgré
cette similitude, leurs taux de primes sont très différents. En effet, on constate que la prime
moyenne des ECA est d’environ 40% meilleure marché que celle des assurances privées.
Nous allons essentiellement nous concentrer sur les données entre 1986-1995, car par la suite,
nous ne disposons pas de statistique aussi détaillée. Le graphique de la page suivante compare
la structure des primes des assurances privées aux assurances cantonales.

72
Pour cette partie, nous allons essentiellement nous inspirer du livre : « L’Assurance Immobilière en Europe :
les limites de la Concurrence »Thomas von Ungern-Sternberg, septembre 2002.
73
Il s’agit des Etablissements Cantonaux d’Assurances (ECA).
74
En cas de sinistre, les propriétaires reçoivent le montant nécessaire pour reconstruire un bâtiment équivalent à
neuf.

33
La concurrence et son effet sur les prix

Source : « L’assurance immobilière en Europe : les limites de la concurrence » Thomas von Ungern-Sternberg, septembre
2002, page 90.

Notons, qu’il s’agit ici de différences observables dans tous les cantons où les ECA sont
présents. En effet, leurs taux de primes sont inférieurs à ceux des assureurs privés dans
pratiquement tous les cantons. Pour la comparaison des «primes moins les dépenses de la
prévention », veuillez vous référer à l annexe 5.

Quelques commentaires :

Au vu des graphiques, on remarque que la principale différence entre ces deux primes
provient du taux de sinistre : les assureurs privés ont un taux de sinistre de (58.8-33.2) = 25.6
centimes/1000 francs de CA75 , plus haut que celui des ECA.Il paraît raisonnable de penser
que ces différences soient dues en partie à un plus faible effort de prévention consenti par les
assureurs privés. En effet ces derniers dépensent 6 ct /1000 chf de CA contre en moyenne
13.9 ct /1000 chf de CA pour les ECA76 . Mais les assureurs privés privilégient l’explication
selon laquelle ils sont actifs dans des régions à plus forte exposition aux risques.

Est-ce vrai ?
Comparons, pour ce faire une idée plus précise, Lausanne (ECA) et Genève (assurances
privées), qui d’après leur topographie et leur situation sont exposées aux même risques. Les
différences relatives aux facteurs exogènes devraient donc être négligeables. Mais dans la
réalité il n’en est rien, les chiffres sont équivoques : on observe une différence de 28
ct/1000chf de CA pour les taux de sinistres. Au vu de ces résultats, il semble risqué

75
25.6 centimes par 1000 francs suisses de capital assuré
76
Dans les cantons à monopoles d’Etat, la prévention est organisée de manière très originale. En effet, elle
rejoint l’idée selon laquelle l’institution qui bénéficie des meilleurs efforts de prévention est aussi chargée de
son organisation. Ajoutons que cette intégration de la prévention et de l’assurance n’est possible que dans une
situation de monopole.

34
La concurrence et son effet sur les prix

d’accorder trop d’importance à ces facteurs exogènes, bien que toute une série d’autres
explications potentielles puissent intervenir.

Une différence importante concerne également les commissions et les frais d’administrations.
On observe une différence totale de 25 ct /1000 chf de CA entre les deux établissements. A
noter que les ECA ne paient pas de commissions, car leur statut de monopole ne nécessite pas
de courir après leurs clients contrairement aux assureurs privés. Cette différence peut donc
s’expliquer pour une partie par le fait que la concurrence des représentants joue un rôle plus
important que la concurrence sur les prix77 . Ensuite on peut mentionner tout simplement que
les ECA fonctionnent avec des coûts d’administration plus faibles.

Au vu de ce qui précède, nous arrivons à la conclusion qu’un monopole conduit à un rapport


qualité prix plus avantageux qu’une situation de concurrence.

POURQUOI CE MONOPOLE EST –T-IL SI EFFICACE ?

1) Standardisation des produits :

Il est communément accepté que les monopoles sont très efficaces lorsqu’il s’agit de
distribuer un produit hautement standardiser à un très grand nombre de clients.

2) Le monopole répond aux besoins des consommateurs :

Rien n’empêche les assureurs privés de proposer des assurances complémentaires à ces
clients, mais un tel marché ne s’est jamais développé. De plus les similitudes entre les
couvertures offertes d’une part par les ECA et d’autres part par les établissements privés, nous
confirme dans l’idée que l’offre des ECA répond aux besoins des clients.

3) Peu d’innovations :

Sur le marché de l’assurance immobilière, la concurrence par l’innovation joue un rôle très
faible. L’expérience nous montre que de tels marchés sont généralement propices au
développement de monopoles performants.

4) Coûts de fonctionnements plus faibles :

Les ECA n’ont pas besoin de représentants coûteux, de plus en l’absence d’actionnaires à qui
il faut distribuer des dividendes, leurs bénéfices sont intégralement verser dans leurs réserves.
Actuellement ces réserves accumulées sont importantes et permettent de baisser encore les
primes.
.

77
Un représentant convaincant et jouissant d’une bonne réputation sont généralement de meilleurs arguments de
vente qu’un prix plus faible.

35
La concurrence et son effet sur les prix

4.3.2 Problèmes liés aux infrastructures de réseau

Dans cette partie nous allons vous expliquer brièvement pourquoi l’introduction de la
concurrence ne fait pas forcément baisser les prix lorsque l’on a affaire à des industries de
réseau. Plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’une industrie avec une mission de service
public.

QU’EST-CE QU’UNE INDUSTRIE DE RESEAU ?

On entend par « industrie de réseau » les activités dans lesquelles une infrastructure fixe est
nécessaire pour livrer les biens et les services à l’utilisateur final. C’est une activité organisée
sur une infrastructure lourde, c’est-à-dire une activité pour laquelle le montant des coûts fixes
est relativement élevé par rapport aux coûts variables.

POURQUOI L’INTRODUCTION DE LA CONCURRENCE N’EST-ELLE PAS


FORCEMENT SOUHAITABLE ?

Les industries de réseau ont généralement une composante qui n’est pas concurrentielle. A
titre d’exemple les canalisations de gaz et d’eau ainsi que les voies ferrées se caractérisent
dans chaque cas par des économies d’échelle qui donne nt lieu à un monopole naturel. La
concurrence sur ces segments non concurrentiels peut n’être ni soutenable, ni souhaitable,
puisque, toutes choses égales par ailleurs, les coûts seront réduits si l’activité non
concurrentielle est exploitée de façon monopolistique. L’industrie de réseau aura souvent le
caractère d’un « monopole naturel » car sa duplication aurait un coût exorbitant. L’existence
de rendements d’échelle croissants justifie la présence d’une seule entreprise. Même si, d’un
point de vue historique, la réglementation des industries de réseau s’est souvent fondée sur
divers critères d’intérêt public, notamment la protection de la sécurité nationale et l’égalité
d’accès à tous les services, la principale motivation économique de la réglementation tient à
l’existence de défaillances du marché 78 .
La présence de caractéristiques de monopole naturel signifie souvent qu’on ne peut s’appuyer
sur la concurrence pour obtenir le résultat socialement optimal et qu’une certaine forme
d’intervention des pouvoirs publics dans ces secteurs peut être soutenable.

CONCLUSION

Il n’est pas dans l’intérêt des consommateurs de procéder à l’ouverture du marché dans des
domaines qui gèrent les infrastructures de réseau. Ce qui importe, c’est de combiner la
réglementation de la composante non concurrentielle, le réseau, et l’organisation de la
concurrence dans les activités qui utilisent le réseau. Mais attention, pour l’intérêt du
consommateur, il faut un gestionnaire de réseau totalement indépendant et n’y exerçant
aucune activité économique.

78
Les défaillances de marché peuvent être classées en quatre types : monopole naturel, externalités, bien publics
et information asymétrique. Il peut y avoir plusieurs défaillances du marché à la fois.

36
La concurrence et son effet sur les prix

4.3.3 Oligopoles des prix forcément plus hauts ?

Il s’agit ici d’aborder ce phénomène d’un point de vue essentiellement théorique, illustrer de
quelques exemples. En effet la difficulté de quantifier voir même de qualifier ces effets, limite
ces applications dans la réalité..

LES OLIGOPOLES

Pour mémoire, l’oligopole se caractérise par une forme de marché où un très petit nombre de
grandes entreprises ont le monopole de l’offre.

Les situations de monopole restent rares ; par contre, de nombreuses industries sont
constituées d’un nombre restreint d’entreprises. Dans ce contexte, les choix d’une entreprise,
en particulier en matière de fixation de prix, sont contraints par la concurrence exercée par les
autres entreprises et le risque de voir ses clients se détourner pour acheter ailleurs. On parle
alors de concurrence imparfaite.
L’analyse de ces situations est difficile parce que les conditions qui s’imposent à une
entreprise dépendent du comportement de ses concurrents. Si tous les concurrents adoptent
des prix bas, l’entreprise ne pourra pas vendre à des prix élevés, car toute la demande ira aux
entreprises concurrentes. En revanche, si leurs prix sont élevés, elle pourra monter ses prix
sans craindre de perdre ses clients. Dans ce contexte, une entreprise doit anticiper les choix de
ses concurrents pour décider de ses investissements et de sa stratégie commerciale.
La théorie des jeux fournit l’outil qui permet de traiter ces questions, en considérant les
interactions stratégiques sur le marché. Chaque entreprise intègre le fait que son
environnement dépend du comportement de ses concurrents, et détermine ses stratégies
commerciales en conséquence. On est à l’équilibre du marché si la stratégie adoptée par
chaque entreprise est la plus profitable pour chacune d’entre elles 79 . Toute entreprise agit
donc au mieux de ses intérêts, compte tenu des choix des autres.

L’exemple qui va guider la suite de notre analyse, est celui du marché des « soft-drinks » aux
Etats-Unis 80 . En effet, malgré l’existence de seulement deux acteurs principaux, Coca-Cola et
Pepsi-Cola détenant quelque 75% du marché, ce secteur est réputé pour son importante
concurrence au niveau des prix. Comment cela s’explique-t-il ?

UTILISATION DU MODELE DE BERTRAND

Suite aux publications de Cournot, Bertrand avait proposé de considérer le prix comme
variable décisionnelle du duopoleur, plutôt que la quantité.

Il pose deux hypothèses de base, qui dans le cadre de notre exemple sont pratiquement
satisfaites :
1. Un bien homogène.
2. Des coûts totaux identiques ainsi qu’un coût marginal constant pour chacun des
duopoleurs

79
Il s’agit ici d’un équilibre de Nash.
80
Il est vrai que les Etats-Unis sortent du cadre de notre analyse nationale, mais il nous a paru important
d’illustrer ces concepts par un exemple concret, qui malheureusement, à notre connaissance, ne trouve aucun
écho en Suisse.

37
La concurrence et son effet sur les prix

D’une part si le bien est homogène, l’entreprise qui fixera le prix le plus bas aura toute la
demande et rien si son prix est plus haut. D’autre part avec une structure de coûts identiques,
si une entreprise remarque qu’elle ne vend rien, elle baissera son prix en dessous de celui de
son concurrent, celui-ci réagissant à son tour et ainsi de suite. Le seul équilibre de Nash est
celui où le prix est égal au coût marginal, comme en concurrence parfaite 81 . Naturellement
nous excluons toutes formes d’ententes illicites sur les prix.

A l’issue de cette brève analyse, nous pouvons affirmer que dans quelques cas, des oligopoles,
satisfaisant certaines conditions, se comportent comme un secteur parfaitement concurrentiel
au niveau des prix. Mais attention, avec une telle structure de marché et part le fait qu’on ne
puisse pas obliger les entreprises à se faire concurrence, les incitations aux ententes sont
grandes car elles aboutissent souvent à des profits plus élevés.

81
La solution de ce problème s’obtient en utilisant les résultats des jeux simultanés à somme nulle.

38
La concurrence et son effet sur les prix

5. Conclusion

Les résultats obtenus sont probants, dans la plupart des cas, l’introduction d’une certaine
concurrence fait initialement baisser les fortement baisser les prix. En effet, les marges des
producteurs diminuant, le bien-être des consommateurs augmente. Après cette diminution, on
arrive à une situation où les concurrents appliquent les mêmes prix. Ceci pourrait s’interpréter
soit comme le résultat logique de la concurrence parfaite, à savoir que le prix tend vers un
équilibre ; soit comme le fait que les entreprises s’entendent à nouveau sur les prix ne faisant
que repousser le problème.

La problématique de la concurrence et de son effet sur les prix est sujette à beaucoup de
controverses. Si, du point de vue de notre analyse il paraît clair qu’une concurrence qui fait
baisser les prix serait souhaitables, il en va autrement si on considère le coût social qu’elle
engendre. La question qui se pose alors est : la concurrence est bénéfique, mais qu’en est- il
des personnes qui doivent y faire face ? En effet tout au long de cet exposé, et ceci à dessein,
nous n’avons pas ou très peu parler de la « composante humaine du problème ». Une
libéralisation du secteur agricole ne pourrait se fair e que par le sacrifice de certains paysans,
possédant des exploitations trop petites pour survivre. Bien sûr, ils ne représentent que 3% de
la population, mais personne ne souhaite être confronté à de telles situations.

Finalement et de manière plus générale, on peut dire que les gens attendent beaucoup trop de
la concurrence et des autorités chargées de son application. En effet, comme vous l’avez
remarqué tout au long de cet exposé, l’origine d’une situation non concurrentielle résultait
dans de nombreux cas d’une sur régulation des secteurs concernés.

Nous aimerions ajouter, que ce projet, avec tout l’investissement qu’il a nécessité nous a
donné la possibilité de nous pencher plus en profondeur sur le sujet passionnant qu’est la
concurrence et a permis de nous forger une opinion claire et globale sur le problème.

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La concurrence et son effet sur les prix

Bibliographie : livres et rapports

Etudes économiques de l’OCDE Suisse, 2002/9


Thomas von Ungern-Sternberg, L’assurance immobilière en Europe : les limites de la
concurrence, Economica septembre 2002
Anne Perrot, Réglementation et concurrence, Economica avril 1997
Joseph Deiss, Initiation à l’économie politique, Edition Fragnière, Fribourg, 4e édition 1992
Jean-Christian Lambelet, L’économie suisse, Economica 1993
Aurelio Mattei, Manuel de Micro-économie, Librairie Droz Genève-Paris 1992
Rauf Gönenç, Maria Maher et Guisseppe Nicoletti, Mise en œuvre et effets de la réforme de la
réglementation : leçons à tirer et problématique actuelle, Revue économique de l’OCDE
n°32 2001/1
Jean-Christian Lambelet et Alexander Mihailov, Aspects économiques du droit de la
concurrence appliqué aux activités bancaires, cahier DEEP 1998
Damien Neven et Thomas von Ungern-Sternberg, Competition policy in Switzerland, cahier
DEEP 1998
Damien Neven et Pascal Raess, Politique de la concurrence en Suisse (1996-1998)
Evaluation et perspectives d’évolution, cahier DEEP 1999

Sites Internet

www.admin.ch
www.ofcom.ch
www.allo.ch
www.edipresse.ch
www.archipresse.ch
www.ocde.org
www.swissmedia.ch
www.weko.ch
www.europa.eu.int
www.fifoost.org
www.monsieur-prix.ch
www.reko.admin.ch
www.fedcomcom.ch
www.theeconomist.com

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La concurrence et son effet sur les prix

ANNEXE 1

41
La concurrence et son effet sur les prix

ANNEXE 2

Source: Droit et politique de la concurrence, 2002/5, page 866

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La concurrence et son effet sur les prix

ANNEXE 3

Source : OFCOM 06.03 « Statistique des communications »

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La concurrence et son effet sur les prix

ANNEXE 4

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La concurrence et son effet sur les prix

ANNEXE 5

Source : « L’assurance immobilière en Europe : les limites de la concurrence » Thomas von Ungern-Sternberg, septembre
2002, page 91.

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