Chapitre 7 - Tumeur Osseuse - 2018 - Guide Pratique D Irm
Chapitre 7 - Tumeur Osseuse - 2018 - Guide Pratique D Irm
Chapitre 7 - Tumeur Osseuse - 2018 - Guide Pratique D Irm
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Tumeur osseuse
POINTS FORTS
Objectifs
j
En cas de tumeur osseuse primitive maligne, l’IRM fait partie du bilan
diagnostique initial et constitue l’examen de première intention dans le
bilan d’extension régionale et locorégionale avant traitement. Lorsqu’une
chimiothérapie est réalisée avant l’exérèse chirurgicale, l’IRM permet
d’évaluer en cours et en fin de chimiothérapie la réponse au traitement.
Enfin, l’IRM est l’examen de référence pour le suivi post-thérapeutique à
la recherche d’une récidive tumorale.
Technique
j
Le bilan local (analyse de la tumeur, extension et rapports aux structures
anatomiques adjacentes) nécessite des coupes frontales et/ou sagittales
T2 en saturation du signal de la graisse, coupes axiales T1, T2 en satura-
tion du signal de la graisse, coupes axiales, frontales et sagittales T1 avec
injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse.
j
Le bilan locorégional nécessite une augmentation du champ d’explo-
ration sur la totalité de l’os concerné par la tumeur. Ce bilan est fait le
plus souvent dans un second temps, après confirmation du diagnostic de
tumeur primitive maligne par une biopsie.
Points d’interprétation
1. Localisation
Diaphysaire, métaphysaire, épiphysaire ou sur plusieurs de ces trois segments.
Intramédullaire.
Corticale.
Sous-périostée.
4. Prise de contraste
La prise de contraste tumorale peut être classée en périphérique, hétérogène,
homogène, septale. Les régions prenant le contraste correspondent aux régions
Tumeur osseuse 131
Encoche endostéale.
On observe une lésion intramédullaire de l’extrémité supérieure de l’humérus
(flèche) présentant une matrice cartilagineuse typique avec des critères d’agressivité :
taille supérieure à 6 cm, amincissement important de la corticale osseuse avec des
encoches endostéales et une interruption focale de la corticale osseuse permettant
une extension de la tumeur dans les parties molles et compliquée d’une fracture
pathologique.
Fracture pathologique.
On observe une fracture transversale de la diaphyse humérale centrée sur une
lésion ostéolytique intramédullaire. On voit bien la réaction périostée unilamellaire
compacte autour de la fracture témoignant d’une lésion bénigne (dysplasie fibreuse).
Lipome intraosseux.
Les lipomes intraosseux sont des lésions à prédominance graisseuse mais pouvant
contenir des images de signal bas en T2 correspondant à des calcifications ou des
images kystiques intralésionnelles. Sur cette image pondérée T1, on observe une
perte de la trabéculation normale de la tête humérale liée à la présence d’une lésion
purement graisseuse bien limitée caractéristique d’un lipome (flèches). Au sein du
lipome, les anomalies focales en hyposignal correspondent à des calcifications. Les
lésions osseuses pouvant contenir de la graisse sont nombreuses : lipome intraosseux,
hémangiome, infarctus médullaire, maladie de Paget, dysplasie fibreuse et fibrome
non ossifiant en voie de régression.
Maladie de Paget.
L’IRM montre ici les signes
caractéristiques de la maladie de Paget
du fémur : augmentation de taille de
l’os, épaississement et raréfaction des
travées osseuses et dédifférenciation
corticomédullaire (flèches). On voit
bien la différence de structure de l’os
spongieux et des corticales en comparant
le fémur touché par la maladie de Paget
avec le tibia qui est épargné par la
maladie.
Niveau liquide-liquide.
On observe une lésion intramédullaire diaphysaire (humérus) (flèche) qui présente
deux composantes de signal différent, mais homogènes, dont l’interface est rectiligne
et perpendiculaire à la force de gravité (l’image est présentée en position anatomique
en respectant le haut et le bas, mais dans l’IRM le bras est à l’horizontale). Cet aspect
est non spécifique et correspond à des sédimentations différentes de produits dérivés
d’une hémorragie intratumorale. Sur les séquences T1, le surnageant peut être
de signal inférieur ou supérieur au sédiment. Sur les séquences T2, le surnageant
est en général en hypersignal et le sédiment de signal intermédiaire.
Ostéochondrome ou exostose.
On observe ici une excroissance osseuse, pédiculée, constituée d’un os identique
à l’os médullaire normal, recouvert par une corticale normale, se prolongeant avec
la corticale de la diaphyse fémorale inférieure (flèche). L’excroissance est recouverte
par une coiffe cartilagineuse dont le signal est identique au cartilage articulaire, ici
en hypersignal T2. Chez l’adulte, elle est en général d’épaisseur inférieure à quelques
millimètres, voire absente.
138 Squelette périphérique
Ostéome ostéoïde.
Sur cette coupe axiale T2 avec saturation du signal de la graisse passant par le tibia,
on observe un épaississement très important de la corticale postéromédiale du
tibia correspondant à une réaction périostée unilamellaire compacte, une image
ronde millimétrique intracorticale correspondant au nidus d’un ostéome ostéoïde,
et une réaction inflammatoire des parties molles et du périoste (flèche). L’image est
suffisamment caractéristique pour poser le diagnostic.
Plasmocytome.
Coupe axiale pondérée en T1 passant au niveau de l’omoplate et montrant une
lésion osseuse en hyposignal T1, homogène, entraînant une déformation des
contours osseux avec formation d’une coque périostée discontinue (flèches). La
tumeur ne laisse pas d’os sain autour d’elle et ses contours polylobés évoquant des
circonvolutions cérébrales sont assez caractéristiques d’un plasmocytome.
Tumeur osseuse 139
Skip métastase.
On observe ici une volumineuse tumeur osseuse primitive de la métaphyse supérieure
du tibia s’étendant dans les parties molles avec des remaniements hémorragiques
et des anomalies focales de signal, rondes, en hyposignal T1, situées à distance de la
lésion primitive (flèches). Il s’agit de métastases locorégionales intraosseuses ou skip
métastases. Noter qu’une de ces métastases, localisée au condyle fémoral latéral,
a « traversé » l’articulation du genou. Les skip métastases sont observées dans environ
20 % des ostéosarcomes, mais aussi dans d’autres tumeurs osseuses primitives, comme
les sarcomes d’Ewing.
140 Squelette périphérique
Stratégie diagnostique
Quel examen d’imagerie ?
j La radiographie simple reste l’examen de première intention dans la recherche
d’une lésion osseuse. Si elle est négative, la poursuite des investigations dépend
de l’évolution de la symptomatologie clinique, du terrain et de la localisation
des douleurs. Par exemple, au niveau du squelette axial ou des os plats, certaines
lésions osseuses ne sont détectées que par le scanner, l’IRM ou la scintigraphie
osseuse. Lorsque la radiographie simple montre une lésion osseuse, la corrélation
des données radiologiques, de l’âge et des antécédents du patient et de la sympto
matologie clinique permet souvent d’évoquer un diagnostic.
j Soit il s’agit d’une lésion certainement bénigne (fibrome non ossifiant, dys-
plasie fibreuse, ostéochondrome, chondrome, kyste osseux simple, angiomes
vertébraux) et on évite la biopsie ; soit il s’agit d’une probable métastase osseuse
et on complète le bilan en fonction de l’état carcinologique du patient et des thé-
rapeutiques envisageables ; soit il s’agit d’une tumeur maligne primitive et l’IRM
est l’examen de première intention avant la biopsie. Enfin, certains diagnostics
sont difficiles et l’étude de la matrice tumorale, l’analyse de la corticale osseuse,
de la réaction périostée ou la recherche d’anomalie des parties molles peuvent
apporter des éléments indispensables au diagnostic. Dans ces cas, on s’aide du
scanner et de l’IRM.
j Dans le suivi sous traitement, l’imagerie a pour but d’évaluer l’efficacité du trai-
tement. Sur les radiographies et le scanner, la diminution de la taille de la tumeur,
sa meilleure limitation et son ossification sont de bons indicateurs d’un traite-
ment efficace. L’IRM donne une idée plus précise du volume tumoral. Surtout, on
cherche des critères d’appréciation directe de l’efficacité du traitement. On a ainsi
proposé la diminution de signal sur les séquences pondérées en T2, traduisant
plus de tissu fibreux dans la lésion, et les modifications de la lésion après injection
de produit de contraste : le tissu nécrotique est directement visible, ne modifiant
pas son signal après injection. Les méthodes d’imagerie fonctionnelle, utilisant
la cinétique du produit de contraste, sont très séduisantes : la partie viable de
la tumeur prend le contraste rapidement (dans les deux premières minutes), les
réactions fibreuses induites par le traitement le prennent de façon retardée.
Comment interpréter ?
Si d’une façon générale, une tumeur bien limitée, de petite taille (< 6 cm) avec
un liséré périphérique en hyposignal T1 et T2 (témoignant d’une condensation
osseuse périphérique), avec un signal homogène en T2, sans prise de contraste
après injection de gadolinium et sans atteinte de la corticale ou des parties molles
est probablement bénigne, ces éléments ne suffisent pas à l’affirmer. Certaines
tumeurs bénignes ont cependant des caractéristiques IRM suffisantes pour poser
le diagnostic. Il s’agit parfois de lésions de découverte fortuite, d’où la nécessité de
connaître leur aspect typique.
entourée d’un liséré en asignal. Elle entraîne une déformation des contours osseux
avec une corticale épaissie et continue.
Kyste osseux solitaire
C’est une tumeur bénigne qui s’observe dans les deux premières décennies au
niveau de la métaphyse des os longs (humérus, fémur, tibia) ou au niveau du
calcanéum. C’est une lésion bien limitée, avec un contenu de signal liquidien sans
prise de contraste. En cas de fracture, le contenu peut devenir hémorragique avec
un niveau liquide-liquide.
Kyste anévrismal
C’est une lésion métaphysaire siégeant aux os longs ou au niveau de l’arc pos-
térieur des vertèbres dorsales. En IRM, c’est une lésion expansible, érodant et
déformant la corticale osseuse, contenant de multiples collections kystiques avec
des niveaux liquide-liquide. Après injection de gadolinium, on observe une prise
de contraste importante.
Les niveaux liquide-liquide ne sont pas spécifiques du kyste anévrismal et
s’observent aussi dans les tumeurs osseuses suivantes : dysplasie fibreuse, kyste
osseux simple, chondroblastome, tumeurs à cellules géantes, ostéosarcome
télangiectasique.
Lipome intraosseux
Au niveau du squelette périphérique, il siège à la métaphyse des os longs, au calca-
néum, aux mains et aux pieds. C’est une lésion bien limitée de contenu principale
ment graisseux sans prise de contraste avec parfois des régions intralésionnelles en
asignal (calcifications) ou kystique.
Tumeur à cellules géantes
Elle siège au niveau des os longs, fréquemment à l’extrémité distale du fémur ou
proximale du tibia, chez les hommes entre 20 et 40 ans. Sa localisation est épi-
physaire ou métaphysoépiphysaire. Elle présente un signal non spécifique (hypo-
signal T1, hypersignal T2 et prise de contraste après injection de gadolinium) et
souvent un caractère agressif avec destruction de la corticale osseuse et extension
articulaire. Le diagnostic est fait par la biopsie. Les récidives sont fréquentes après
traitement chirurgical (curetage et comblement).
2. Tumeurs osseuses malignes primitives
Ostéosarcome
C’est la plus fréquente des tumeurs malignes primitives de l’os après le myélome.
Sa survie a été nettement améliorée avec la chimiothérapie agressive, et on peut
espérer guérir plus de 70 % des patients. La chirurgie conservatrice peut aussi être
pratiquée dans plus de deux tiers des cas, permettant de garder une fonction
144 Squelette périphérique
Lymphome
Le lymphome osseux primitif des os est caractérisé en IRM par des hyposignaux
T1 et T2 témoignant d’une fibrose et d’une sclérose osseuse (ce sont souvent des
tumeurs condensantes sur les radiographies simples). Ce sont des tumeurs très
agressives avec, au moment du diagnostic, une extension dans les parties molles.
Plasmocytome
Il est caractérisé en IRM par la formation d’une coque périostée plus ou moins
discontinue dont les contours convexes en dehors rappellent les circonvolutions
du cortex cérébral. Les plasmocytomes entraînent une soufflure corticale et une
déformation importante des contours osseux. Bien que la corticale soit souvent
discontinue, il n’y a pas d’extension dans les parties molles.
3. Métastases
Elles peuvent prendre toutes les formes. Elles sont le plus souvent diaphysaires ou
métaphysaires et très rarement épiphysaires. Elles peuvent être corticales. Après l’âge
de 40 ans, c’est avec le myélome la lésion osseuse ostéolytique la plus fréquente.
4. Maladie de Paget
Ce n’est pas une tumeur osseuse mais elle peut se transformer en chondrosar-
come ou en ostéosarcome et présente parfois en IRM un aspect pseudotumoral.
L’IRM montre bien les signes caractéristiques de la maladie de Paget : augmenta-
tion de taille de l’os, épaississement et raréfaction des travées osseuses et dédiffé-
renciation corticomédullaire. On peut également observer au niveau épiphysaire
un aspect hétérogène de la moelle osseuse lié à l’alternance de zones condensées
de petites tailles et arrondies avec des régions graisseuses. Sur cet os d’architecture
modifiée, on observe parfois des fractures pathologiques. L’évolution vers un sar-
come osseux doit être suspectée si on observe une destruction de la corticale et
une masse des parties molles.
Compte rendu
Le compte rendu doit :
j confirmer le diagnostic de tumeur osseuse ou proposer les diagnostics diffé-
rentiels (pseudotumeur, infection) ;
j en cas de tumeur :
ü si la lésion présente tous les caractères de bénignité et un aspect typique :
on peut conclure au diagnostic de tumeur bénigne (enchondrome bénin,
ostéochondrome, fibrome non ossifiant, dysplasie fibreuse, îlot condensant
bénin, kyste osseux simple, etc.) ;
ü si la lésion présente au moins un critère d’agressivité : on doit demander un
avis spécialisé en vue d’une éventuelle biopsie.
146 Squelette périphérique
Point clé
Les lésions diaphysaires sont souvent en limite du champ d’exploration.
Ainsi, on peut découvrir une tumeur de la diaphyse fémorale en limite de
champs d’une IRM du genou ou sur les images de localisation. Il est donc
très important de les analyser quand il y a une discordance entre l’impor-
tance des symptômes cliniques et une IRM qui semble normale (ostéosar-
come de la diaphyse fémorale).