Manie Et Dépression. Comprendre Et Soigner Le Trouble Bipolaire-2007
Manie Et Dépression. Comprendre Et Soigner Le Trouble Bipolaire-2007
Manie Et Dépression. Comprendre Et Soigner Le Trouble Bipolaire-2007
MANIE
ET DÉPRESSION
Comprendre et soigner
les troubles bipolaires
© ODILE JACOB, 2007, JANVIER 2011
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-9918-8
Êtes-vous bipolaire ?
Avez-vous des périodes d’exaltation irrépressible où
tout devient possible, facile, où le sommeil n’est plus néces-
saire, où votre énergie est décuplée, votre parole déliée, où
vous pouvez dépenser votre argent ou même celui que vous
n’avez pas sans culpabilité, où tous les interdits, sociaux,
relationnels, sexuels, automobiles sont abolis ?
Avez-vous des hauts et des bas, des périodes d’eupho-
rie et de bonheur, mais aussi des périodes de blues, de
cafard, de déprime ?
Reconnaître
le trouble bipolaire
Ce qui caractérise
le trouble bipolaire
La psychose intermittente
de Charles VI
De nombreux spécialistes ont essayé d’interpréter la psy-
chose intermittente de Charles VI 1. L’histoire clinique est
évocatrice : alternance d’épisodes psychotiques (fureur
maniaque ou mélancolie avec incurie) et d’intervalles luci-
des ; origine génétique probable avec de nombreux cas fami-
liaux de psychose, en particulier chez Henri VI de Lancastre.
Il ne fait guère de doute qu’il s’agissait d’une pathologie du
spectre bipolaire maniaco-dépressif, comme différents auteurs
l’ont précisé depuis un siècle.
Charles VI « le fol » (1368-1422), succède à son père
Charles V « le sage » en 1380. À 12 ans, il est sacré roi de
France à Reims. Grand et beau jeune homme, « bon et géné-
reux, ouvert et attentif, à l’aise dans les contacts humains,
affable et sympathique, il était infatigable : femmes, tournois,
chasses, guerres, exercices, on pourrait dire aussi qu’il était
hyperactif, sinon hypomaniaque, insomniaque, impatient,
impulsif… C’était un « court dormeur » (il donnait des
audiences la nuit). Sa première crise psychotique survient bru-
talement le 5 août 1392 à midi dans la forêt du Mans. En proie
à une soudaine folie furieuse, une frénésie destructrice, il tue
quatre personnes et son frère Louis d’Orléans échappe de peu
à sa fureur. De 1392 jusqu’à sa mort en 1422, il fera quarante-
trois épisodes soit d’excitation pendant lesquels Charles VI
« pris de fureur frappe, court, hurle », suivie d’un état de
prostration, soit d’accès mélancoliques avec stupeur, incurie,
refus d’alimentation et désir de mort. Entre ces épisodes, la
Un dérèglement de l’humeur :
des hauts et des bas
1. Un concept est plus qu’un mot malgré son utilisation à tort et à travers par les publi-
citaires pour la promotion commerciale de leurs produits. Un concept n’est pas une
marchandise. Un concept, c’est un modèle théorique et une représentation de la réalité
permettant des études scientifiques et sa validation empirique. Par exemple, les fonc-
tions psychologiques telles que la mémoire, l’attention, les sensations, les émotions, les
cognitions (conscientes), la personnalité sont des concepts essentiels de la psychologie.
38 • MANIE ET DÉPRESSION
L’humeur
selon l’école de Sainte-Anne
Les dérèglements de l’humeur (Jean Delay, 1946)
Jean Delay définissait ainsi l’humeur : « … cette disposition
affective fondamentale, riche de toutes les instances émo-
tionnelles et instinctives, qui donne à chacun de nos états
d’âme une tonalité agréable ou désagréable, oscillant entre
les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. L’humeur
est à la sphère thymique qui englobe toutes les affections ce
qu’est la conscience à la sphère noétique qui englobe toutes
les représentations. La base de la vie affective est faite d’une
échelle d’humeurs comme la base de la vie représentative
d’une échelle de consciences… »
Figure 1.
De la manie à la dépression
➤ La manie1
Le diagnostic de manie
La manie a été abondamment décrite au début du
e
XIX siècle, notamment par Philippe Pinel et Jean-Étienne
Esquirol (voir encadré, page 53). On méconnaît générale-
ment l’excellente et contemporaine dissertation sur la manie
par J. R. J. Dubuisson (1812). La célèbre étude psychiatri-
que de Henri Ey (1954) a repris cette riche et ancienne litté-
rature en commençant par cette déclaration : « Le tableau
clinique de la manie est tellement simple que c’est celui que
l’on apprend le premier aux débutants. » Il s’agit en effet du
trouble mental aigu le plus typique et le plus anciennement
reconnu, car c’est une des causes majeures d’agitation. Dans
les pays sous-développés, c’est cette urgence psychiatrique
qui remplit les rares structures de soins, comme avait pu le
constater dès 1900 le grand psychiatre allemand Kraepelin
au cours de son voyage d’étude à Java.
Il s’agit d’une période bien délimitée d’exaltation de
l’humeur qui devient euphorique et expansive et souvent
agressive et hyperréactive. L’épisode maniaque est générale-
ment d’installation rapide sinon brutale, commençant parfois
➤ L’hypomanie
L’hypomanie est une forme atténuée de manie, parfois
difficile à reconnaître en tant qu’épisode pathologique.
L’épisode hypomaniaque se définit comme une période
pendant laquelle l’humeur est anormalement élevée, eupho-
rique ou irritable. Par convention, fixée par les chercheurs,
UN DÉRÈGLEMENT DE L’HUMEUR : DES HAUTS ET DES BAS • 57
➤ La dépression bipolaire
La dépression est un épisode pathologique d’abaisse-
ment de l’humeur qui devient triste, douloureuse, que l’on
qualifie de dysphorie, en opposition à l’euphorie du registre
maniaque, avec habituellement perte de l’estime de soi, sen-
timent de culpabilité et/ou de honte injustifiée, ralentisse-
ment psychomoteur et de toutes les fonctions vitales, perte
d’énergie, d’intérêt et de l’aptitude au plaisir. Cet état est
maintenant bien connu du grand public. L’état de dépression
bipolaire est le même que l’état de dépression dit unipolaire.
Manie et hypomanie représentent le critère majeur de
bipolarité dans les troubles de l’humeur. Elles sont indispen-
sables pour faire ce diagnostic de trouble bipolaire. Néan-
moins, pour la majorité des patients bipolaires, le problème
majeur est représenté par le vécu dépressif. Selon Jules
Angst (1998) : la dépression bipolaire est au moins dix fois
plus fréquente que la manie ; et, selon Hirschfeld (2000),
plus d’un tiers des états dépressifs venant en consultation
pour chercher un traitement sont des dépressions bipolaires.
Une large et longue étude conduite par Judd et son équipe
de San Diego révèle que sur une période de dix ans, les
malades étant évalués chaque semaine, les patients bipolai-
res passent plus de 50 % de leur temps avec des symptômes
dépressifs, et la grande majorité de leurs épisodes pathologi-
ques sont de nature dépressive plutôt que du type maniaque.
Il s’agit du problème le plus difficile en matière de
troubles bipolaires. En effet, les dépressions bipolaires sem-
blent peu différentes dans leur présentation clinique de la
dépression unipolaire. Elles ont les mêmes symptômes. Il
peut même y avoir intrication des symptômes de la série
dépressive et des symptômes de la série maniaque. Enfin, les
médicaments antidépresseurs peuvent aggraver les troubles
UN DÉRÈGLEMENT DE L’HUMEUR : DES HAUTS ET DES BAS • 61
La dépression pseudo-unipolaire
(Akiskal, 1983, 1995)
Lorsqu’un patient présente un état dépressif majeur pour
la première fois de sa vie, il convient toujours de rechercher
les antécédents personnels et familiaux dans le domaine des
troubles de l’humeur. On a décrit toute une série d’indices
permettant de suspecter la nature bipolaire d’une dépression.
Quand le trouble de l’humeur commence tôt dans la vie, dans
l’enfance ou à l’adolescence, avant 25 ans, quand il y a de
nombreux cas similaires chez les apparentés de premier et
deuxième degré et sur plusieurs générations, on doit fortement
suspecter la nature bipolaire de la dépression. De même, si le
début correspond à un accouchement, ou si la dépression se
caractérise par l’hypersomnie et le ralentissement moteur.
Enfin, lorsque le traitement antidépresseur provoque un virage
de l’humeur vers un état maniaque ou hypomaniaque, la pro-
babilité qu’il s’agisse d’un trouble bipolaire est pratiquement
de 100 % (on parle alors d’un type BP III).
UN DÉRÈGLEMENT DE L’HUMEUR : DES HAUTS ET DES BAS • 65
➤ Alcoolisme et toxicomanie
Selon l’enquête épidémiologique ECA (Epidemiologi-
cal Catchment Area) portant sur cinq sites à travers les États-
Unis, le trouble bipolaire type I est associé à un alcoolisme
dans la moitié des cas, à une toxicomanie dans 41 %. Ces
patients sont souvent ce qu’on appelle des chercheurs de
sensations, avec en particulier abus de substances à action
psychotrope. On peut aussi concevoir qu’ils cherchent ainsi
une automédication pour atténuer leurs symptômes. Les
UN DÉRÈGLEMENT DE L’HUMEUR : DES HAUTS ET DES BAS • 71
➤ Troubles anxieux
L’anxiété pathologique, pratiquement dans toutes ses
formes, se retrouve fréquemment chez les bipolaires. Par
exemple, ce qu’on appelle maintenant le TAG (trouble
anxieux généralisé) est associé dans 42,4 % des cas. Ici, la
pensée est occupée en permanence par les soucis, une antici-
pation de difficultés et de catastrophes avec des ruminations
anxieuses. Notons encore la phobie sociale, c’est-à-dire la
peur de parler, de manger, de prendre la parole en public,
confinant la personne à une vie isolée, ce qui concerne près
de la moitié des bipolaires, essentiellement pendant les pha-
ses dépressives ou entre les épisodes, ce qui fait contraste
avec la désinhibition maniaque. Il existe aussi ce qu’on
appelle désormais le trouble panique avec répétition de
grandes crises d’angoisse au cours desquelles la personne a
peur d’une mort imminente, ou de perdre la raison et le
contrôle d’elle-même. Cela concernerait un tiers environ
des bipolaires. L’agoraphobie ou peur des grands espaces
72 • MANIE ET DÉPRESSION
➤ Trouble d’hyperactivité
avec déficit de l’attention (THADA)
Les enfants que l’on appelait autrefois enfants turbu-
lents, instables et hyperkinétiques constituent désormais une
UN DÉRÈGLEMENT DE L’HUMEUR : DES HAUTS ET DES BAS • 73
Un dérèglement
de toutes les fonctions
neuropsychiques
courbe de l'idéation
courbe de la volonté
courbe de l'affectivité
4 6 5 7 2 1
2 3 5 6 8 1
Psychomotricité : accélération
et ralentissement des mouvements
➤ L’agitation maniaque
La manie est le prototype des états d’agitation. Cette
agitation peut semer un désordre considérable dans l’envi-
ronnement. Elle oblige souvent à des mesures de restriction
de liberté et de limitation des mouvements. Par exemple, en
Afrique, il était habituel de mettre les agités « au bois »,
c’est-à-dire qu’on entravait la personne incontrôlable en
immobilisant ses jambes dans une immense et lourde pièce
de bois où l’on a pratiqué deux ouvertures pour les che-
villes. Depuis très longtemps sont connus l’usage des fers,
des anneaux et, bien entendu, la camisole de force. Les
livres d’histoire de la psychiatrie sont remplis de ces images
d’aliénés immobilisés.
Le geste libérateur de Pussin et Pinel délivrant les alié-
nés de leurs chaînes à Bicêtre a été immortalisé, en particu-
lier dans le tableau de Tony Robert Fleury (au musée de
l’Assistance publique de Paris) et celui de A. Muller (à
l’Académie de médecine de Paris). La fixation « quatre
points » au lit des malades est restée longtemps pratiquée.
On peut encore l’observer lorsque l’équipe soignante est en
sous-effectif. Conolly et d’autres philanthropes ont été célé-
brés pour leur philosophie du no restreint. La découverte
des médicaments psychotropes à partir de 1952, neurolepti-
ques et tranquillisants, a permis de limiter le recours à
l’immobilisation physique. Mais on a aussi reproché à ces
80 • MANIE ET DÉPRESSION
➤ Le ralentissement dépressif
En ce qui concerne la dépression, plusieurs écoles de
pensée l’assimilent à un ralentissement, aussi bien moteur que
psychique. Pour Widlocher et ses élèves de l’école de la
Salpêtrière : « La dépression, c’est le ralentissement ; le ralen-
tissement, c’est la dépression. » Ce modèle théorique est illus-
tré de façon très convaincante par l’inhibition psychomotrice
et le ralentissement au cours de la dépression mélancolique.
Ce ralentissement peut atteindre le degré de la stupeur mélan-
colique avec immobilisation complète de toutes les fonctions,
le malade se présentant alors « comme une statue de la dou-
leur ». À l’inverse, dès l’introduction en médecine mentale
des médicaments antidépresseurs, tels que l’imipramine et les
autres tricycliques, on a pu observer chez certains malades
après quelques jours d’administration de ces médicaments,
une levée de l’inhibition psychomotrice avec retour d’une
UN DÉRÈGLEMENT DE TOUTES LES FONCTIONS NEUROPSYCHIQUES • 81
➤ La dépression agitée
Si l’inhibition et le ralentissement sont très évocateurs
d’un état dépressif, on peut voir aussi des formes de dépres-
sion avec agitation, allant d’une simple fébrilité anxieuse au
degré extrême de la grande agitation, auquel cas le diagnos-
tic peut errer.
Critères de spécification
des caractéristiques catatoniques
(observables au cours d’un épisode dépressif
majeur maniaque ou mixte)
Tableau clinique dominé par au moins deux des éléments
suivants :
1 – immobilité motrice se traduisant par une catalepsie (y
compris une flexibilité cireuse) ou un état de stupeur,
2 – activité motrice excessive (apparemment sans but et
non influencée par les stimuli externes),
3 – négativisme extrême (résistance sans motif apparent à
toutes les consignes ou maintien d’une posture rigide résis-
tant à toute tentative de mobilisation) ou mutisme,
4 – mouvements volontaires bizarres se manifestant par
l’adoption de postures (maintien volontaire de postures
inappropriées ou bizarres), de mouvements stéréotypés,
d’un maniérisme ou d’une mimique grimaçante prononcée,
5 – écholalie ou échopraxie.
DSM-IV-TR, 2000
UN DÉRÈGLEMENT DE TOUTES LES FONCTIONS NEUROPSYCHIQUES • 83
L’hyperacuité sensorielle
Un trouble de l’attention
avec dérèglement du système
inhibition/désinhibition
➤ Un trouble de l’attention
L’attention est une fonction essentielle de l’esprit.
C’est la condition majeure de l’accomplissement d’une
tâche et de l’achèvement d’une entreprise. C’est la condition
d’une profitable adaptation à l’école et aux apprentissages.
Il s’agit de la focalisation sur un type d’activité ou de
modalité sensorielle : on est attentif à la leçon ou au propos
UN DÉRÈGLEMENT DE TOUTES LES FONCTIONS NEUROPSYCHIQUES • 89
➤ Un dérèglement
du système inhibition/désinhibition
L’inhibition dont l’étymologie signifie « arrêter un
bateau en ramant en sens inverse », s’oppose à l’activation
et à l’excitation. C’est un mécanisme central actif de sup-
pression, adaptatif. Sa mise en place est lente ; elle est cen-
trée sur l’objet ; elle est dépendante du but fixé. L’hyper-
éveil, l’attention, la focalisation vont normalement de pair,
mais, dans le trouble thymique, cette concentration explose.
Dans la manie, il y a une distractibilité, l’attention étant
trop facilement attirée par des stimuli extérieurs sans impor-
tance ou insignifiants, avec vagabondage d’un objet à
l’autre. Dans l’état dépressif au contraire, il y a fermeture au
monde extérieur avec un trouble de l’attention par indiffé-
rence, insensibilité aux stimuli extérieurs.
90 • MANIE ET DÉPRESSION
➤ Un trouble de la vigilance :
léthargie dépressive-hyperéveil maniaque
Les déprimés bipolaires, et plus spécialement les
patients en rémission pendant l’intercrise mais conservant
quelques symptômes séquellaires, se plaignent souvent de se
sentir endormis, dans le cirage, n’arrivant pas à émerger des
brumes, à l’opposé les hypomanes. Les hypomanes ont une
hyperacuité sensorielle, une sensibilité accrue au monde
environnant. Ils remarquent les moindres détails, les moin-
dres changements de ce qui les entoure. Ils ont une hyper-
sensibilité à la présence de l’autre, à leurs mimiques, au ton
de leur voix, à leurs propos.
92 • MANIE ET DÉPRESSION
Impulsivité
g – laisse souvent échapper la réponse à une question qui
n’est pas encore entièrement posée,
h – a souvent du mal à attendre son tour,
i – interrompt souvent les autres ou impose sa présence
(par exemple fait irruption dans les conversations ou dans
les jeux).
B : Certains de ces symptômes d’hyperactivité-impulsivité
ou d’inattention ayant provoqué une gêne fonctionnelle
étaient présents avant l’âge de 7 ans.
C : Présence d’un certain degré de gêne fonctionnelle liée aux
symptômes dans deux, ou plus, types d’environnement diffé-
rents (par exemple à l’école – ou au travail – et à la maison).
D : On doit mettre clairement en évidence une altération cli-
niquement significative du fonctionnement social, scolaire ou
professionnel.
E : Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au
cours d’un trouble envahissant du développement, d’une
schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne
sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (par
exemple trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissocia-
tif ou trouble de la personnalité).
DSM-IV-TR, 2000
➤ Un trouble de la décision ?
Berthoz (2003) fait de la décision un mécanisme exis-
tant à tous les étages du système nerveux, depuis le simple
neurone jusqu’au plus haut niveau de l’encéphale. C’est une
propriété fondamentale du système nerveux. Par ailleurs,
l’émotion est un instrument de préparation de l’action, outil
pour la décision. En fait, il y a deux grandes catégories de
décision : implicite et explicite. La décision suppose un
temps d’arrêt, comme une suspension dans la durée, une
pause musicale, précédant l’action proprement dite. L’action
arrêtée correspond à une « période réfractaire psychologi-
que » avec remise à zéro des systèmes de commande. On
peut voir dans l’impulsivité et la vivacité bipolaires, une
modification du système décisionnel, avec des courts-
circuits expliquant le passage à l’acte inapproprié.
Un dérèglement
des cycles chronobiologiques
et du rythme veille-sommeil
(les cycles rapides)
➤ Impudeur et dénudation
Quand, dans les populations « primitives et exoti-
ques », on demandait ce qu’est un « fou » ou un malade
mental, il était souvent répondu « celui qui va nu ». En effet,
la dénudation est une transgression sociale. Elle devient
licite dans certaines circonstances rituelles, festives ou dans
les rapports d’intimité. La nudité en souligne le caractère
UN DÉRÈGLEMENT DE TOUTES LES FONCTIONS NEUROPSYCHIQUES • 101
➤ Achats inconsidérés
Les femmes sont spécialement exposées à ces accès de
dépenses impulsives qui font le bonheur des boutiques de
mode. On va acquérir, et parfois même voler des vêtements,
des chaussures, des marques ou des dégriffés, dont on n’a
pas vraiment le besoin ni même l’usage. Les hommes ne
sont pas à l’abri de ces impulsions et de ces frénésies
d’achat portant plutôt vers des véhicules automobiles.
➤ Promiscuité sexuelle
L’excitation maniaque est souvent du registre érotique.
Elle préside à une libération sexuelle, une augmentation de
la libido, des expériences et des aventures sexuelles. Dans le
contexte actuel, ces lâchages font courir un risque certain de
maladies sexuellement transmissibles car les rapports sont
rarement protégés chez ces patients.
1. Folie alternée
α α α α
β β β
α α α α α α α
β β β β β
β β β β β
4. Folie circulaire
α α α α α
β β β β β
α : accès maniaques
β : accès mélancoliques
Nombre d’épisodes
Critères de spécification
des cycles rapides
Peut s’appliquer aux troubles bipolaires I ou aux troubles
bipolaires II.
Au cours des 12 derniers mois au moins quatre épisodes
thymiques répondaient aux critères d’épisode : dépressif
majeur, maniaque, mixte ou hypomaniaque.
NB : Les épisodes sont délimités par la survenue d’une
rémission complète ou partielle d’au moins 2 mois ou par le
virage à un épisode de polarité opposée (par exemple, épi-
sode dépressif majeur vers épisode maniaque).
Plus de quatre épisodes par an. 13 à 20 % des troubles bipo-
laires ; début d’emblée 20 %, ultérieur 80 % ; prédominance
féminine ; fréquence du début de la PMD par la dépression.
(DSM-IV, APA 1994-CIM-10, OMS, 1993)
Le rôle du stress
et des événements de vie
Prédisposition Prédisposition
génétique
Réponse
(1)
compensatoire
conditionnée
Hypomanie
(5)
Manie
Euthymie
Dépression
Dysphories Dépression Récurrences Seuil
mineures (2) complète similaires abaissé (6)
(3) (4) et cyclicité
(7)
Stress
➤ Le rôle du stress
dans l’évolution du trouble bipolaire
Le stress est devenu une notion populaire en France. Il
s’agissait d’un mot courant de la langue anglaise désignant
les états de tension psychologique. C’est aussi un concept de
la physique des solides. Ce mot d’origine latine et française
120 • MANIE ET DÉPRESSION
L’intercrise :
la lucidité retrouvée
Le contrat d’Ulysse :
la lucidité retrouvée
pour les rejoindre. L’homme aux mille ruses prit alors les
précautions indiquées par la magicienne pour échapper au
charme fatal tout en écoutant les sublimes voix. Avant
d’ordonner à ses compagnons de se boucher les oreilles avec
de la cire molle, il leur demanda de le lier solidement au mât
de son navire et de ne point desserrer les nœuds même à sa
demande expresse. Ils surent suivre ses instructions, car, en
présence des Sirènes, quand Ulysse leur signifia l’ordre par
un mouvement des sourcils de le détacher, ils resserrèrent ses
liens. Et le rapide navire passa sans encombre… (L’Odyssée,
Homère, Chant XII).
En médecine, l’appellation « contrat d’Ulysse » a été propo-
sée par un centre de bioéthique aux États-Unis (Hastings
Center, 1982). Elle a été reprise par A. Fageot-Largeault
(1987) à propos des malades psychiatriques et de leur capa-
cité à donner un consentement aux soins. Au cours d’une
acutisation de leurs troubles, certains malades peuvent refu-
ser des traitements, dont ils reconnaîtront la justification plus
tard, quand ils iront mieux, ou bien et dont ils peuvent accep-
ter la perspective en cas de rechute. La situation rappelle
celle d’Ulysse face aux Sirènes. Le patient bipolaire est par-
ticulièrement concerné par ce type de situation lorsqu’il a
une expérience, une conscience et une éducation sanitaire
suffisantes de sa maladie et de la répétition des épisodes thy-
miques. En période d’intercrise, il peut alors donner préven-
tivement des consignes afin d’éviter ou de limiter les consé-
quences négatives de son comportement pathologique lors
d’un nouvel accès.
Ces consignes peuvent concerner l’entourage familial et
l’équipe soignante : retrait du carnet de chèques et des clefs
de la voiture, aide et assistance à un conjoint, un enfant
mineur ou un ascendant âgé, hospitalisation à la demande
d’un tiers, consentement aux soins, désignation d’un man-
dataire ou d’une personne de confiance, etc. D’autres déci-
sionsimportantes sont parfois prises au cours d’un intervalle
126 • MANIE ET DÉPRESSION
— alcoolisme et toxicomanie ;
— psychose aiguë et chronique (schizophrénie) ;
— démence présénile, état confusionnel chez le sujet âgé ;
— syndrome psycho-organique.
6 – Symptômes particuliers
— dépression : insomnie sévère, négligence de soi, troubles
mnésiques, perte de poids, ralentissement (parole), abatte-
ment, indifférence, perte d’intérêt, agitation, retrait social,
désespoir et pessimisme, idées et délire d’inutilité ;
— idées suicidaires, alcoolisme avec complications médicale
et cérébrale.
7 – Circonstances de tentative de suicide
— précautions pour ne pas être découvert ;
— préparation soigneuse, mise en ordre des affaires, testa-
ment, lettre d’adieux… ;
— moyen violent à haute létalité.
8 – Facteurs génétiques et psychobiologiques
— dysrégulation sérotoninergique (LCR = 5-HIAA bas,
HVA bas, MHPG bas) ;
— DST positif, tests à la fenfluramine et au glucose positifs ;
— charge génétique suicidaire élevée.
(M.-L. Bourgeois, F. Facy, F. Rouillon et al., 1997)
C H A P I T R E 6
Écarts et incartades
(Chaos, désordres, infractions,
agressions et transgressions)
Le chaos et le désordre
➤ L’expérience émotionnelle
de l’espace maniaque
Ce titre est emprunté à l’ouvrage de Pierre Kaufmann1.
Dans la clinique de la pathologie maniaco-dépressive, on
peut décrire deux types de perturbation de l’occupation et du
vécu de l’espace :
• Le maniaque, dans son expansivité, va envahir tout
l’espace. Il disperse ses affaires généralement dans un désor-
dre croissant. La chambre du maniaque est encombrée de
vêtements, de livres, de courriers, de nourritures et souvent
aussi de ses productions artistiques, de ses peintures, ainsi
que de ses écrits, de ses poèmes ou des nombreuses lettres
qu’il ne manque pas d’écrire. À cet envahissement désor-
donné de l’espace correspond une discontinuité de l’activité,
le maniaque ne finissant jamais les innombrables tâches
qu’il entreprend. Sollicité par de nombreuses impulsions et
distrait par les personnes et les objets qui l’entourent, il
commence tout et recommence sans jamais accomplir, ce
n’est pas un achiever (quelqu’un accomplissant complète-
ment une tâche ou un exploit, un exécutant stable). Par
contre, si un certain contrôle est conservé, l’hypomanie peut
apporter l’imagination, la sensibilité, l’énergie, la rapidité
et l’intensité dans le domaine de la création. On sort alors
du pathologique. On verra plus loin des périodes d’intense
productivité artistique, comme par exemple chez Robert
Schumann. Il s’agit de hausse de l’humeur où il y a encore
cohérence, contrôle, respect des cadres et des règles.
• À l’inverse, le déprimé peut aussi générer un désordre
important, mais il s’agit alors d’un désordre dépressif, pas-
➤ Incivilités et inconvenances
Les incivilités ne sont pas définies par des lois. Elles
sont du domaine des usages et des conventions sociales.
Elles sont définies par le dictionnaire (Petit Robert, 2003),
comme un ensemble de désordres et d’inconduites qui ne
relèvent pas du code pénal – nuisances sonores, dégrada-
tions, manque de respect, attitude agressive, bousculade –,
qui constituent des manquements aux règles élémentaires de
la vie en société. Ces incivilités sont fréquentes chez le
maniaque et leur apparition signale le changement de com-
142 • MANIE ET DÉPRESSION
➤ Mythomanie bipolaire
Les bipolaires en phase hypomaniaque peuvent avoir
une inventivité affabulatrice riche et crédible, au moins pen-
dant un certain temps. La mythomanie (Dupré, 1905) est
cette compulsion à raconter des histoires mensongères, des-
tinées à embellir la réalité, à positiver son histoire person-
nelle et son image de marque. Elle peut être interprétée
comme une façon de modifier une réalité pénible, insuppor-
table, humiliante ; mais aussi, dans la PMD, elle peut appor-
ter la créativité et le plaisir du romanesque. Du ludisme
contrôlé on passe alors à un registre pathologique. Les
experts judiciaires devraient savoir en tenir compte.
ÉCARTS ET INCARTADES • 143
➤ Harcèlements
Le harcèlement est à la mode. Il est défini par trois lois
dans les pays anglo-saxons et pour l’instant deux lois seule-
ment en France (1994 : harcèlement sexuel ; 2002 : harcèle-
ment moral). Plusieurs ouvrages très médiatisés ont popula-
risé ce concept, dont l’incontournable livre de Marie-France
Hirigoyen (que de nombreuses personnes croyant s’y recon-
naître présentent lors des consultations), véritable incitation
aux demandes de réparation et à la quérulence. L’impulsi-
vité bipolaire expose les patients à être pris dans ces imbro-
glios relationnels, comme harceleur ou harcelé.
ÉCARTS ET INCARTADES • 145
➤ Le problème du divorce
Le divorce est devenu une banalité sociale que traduit
sa fréquence actuelle : un tiers des couples mariés divorcent,
alors que les mariages sont en nombre régulièrement
146 • MANIE ET DÉPRESSION
pour des épisodes qui se sont avérés être des manies à présenta-
tion agressive et délirante, ou des états mixtes ou des manies
euphoriques exhibitionnistes.
À sept reprises, les épisodes aigus ont commencé par une rééva-
luation de sa situation existentielle, sociale et surtout maritale. À
chaque fois, elle récrimine et commence une procédure de
divorce. Il s’agit des prémices annonçant la rechute, véritable
signal symptôme inaugural. Elle porte plainte contre son mari
qu’elle accuse de harcèlement moral, de la réduire en esclavage,
elle qui doit tout lui faire : cuisine, entretien de son vestiaire, cor-
respondance, secrétariat et conduite automobile…
La conscience du trouble et l’autocritique en phase aiguë sont
quasi nulles. Aussi doit-elle être hospitalisée sous contrainte
(HDT). Quand la manie se développe, il y a agitation, perte des
conventions sociales, dénudation avec hypergénésie, et parfois
véritable fureur maniaque. Par contre, elle a conscience de ses
épisodes dépressifs d’intensité modérée se traduisant par un repli
et une aboulie. Elle reproche d’ailleurs à son mari de n’être pas
gêné par ce calme familial et conjugal, dû à la dépression dont
personne ne se préoccupe…
Notons qu’il s’agit d’une femme jolie, charmante et séduisante.
Lors d’une hospitalisation sous contrainte, elle arrive à convain-
cre le médecin psychiatre de sa normalité mentale et de la tyran-
nie du mari. À sa grande satisfaction le psychiatre va lever la
mesure d’internement. Elle quitte aussitôt le service hospitalier et
sort de l’établissement en volant une des ambulances…
Entre les épisodes, cette dame est active, heureuse, et offre avec
son mari un exemple envié de bonheur conjugal partagé. Le
conjoint, la famille et l’équipe soignante connaissent bien mainte-
nant la signification annonciatrice d’épisode maniaque de ces
demandes en divorce.
148 • MANIE ET DÉPRESSION
Critères diagnostiques
de la personnalité antisociale
A : Mode général de mépris et de transgression des droits
d’autrui qui survient vers l’âge de 15 ans, comme en témoi-
gnent au moins trois des manifestations suivantes :
1 – incapacité de se conformer aux normes sociales qui
déterminent les comportements légaux, comme l’indique la
répétition de comportements passibles d’arrestation,
2 – tendance à tromper pour le profit ou par plaisir, indi-
quée par des mensonges répétés, l’utilisation de pseudony-
mes ou des escroqueries,
3 – impulsivité ou incapacité à planifier à l’avance,
4 – irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de
bagarres ou d’agressions,
5 – mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui,
6 – irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité
répétée d’assumer un emploi stable ou d’honorer des obli-
gations financières,
7 – absence de remords, indiquée par le fait d’être indiffé-
rent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé
autrui.
B : Âge au moins égal à 18 ans.
C : Manifestations d’un trouble des conduites débutant avant
l’âge de 15 ans.
D : Les comportements antisociaux ne surviennent pas exclu-
sivement pendant l’évolution d’une schizophrénie ou d’un
épisode maniaque.
ÉCARTS ET INCARTADES • 153
Dangerosité psychiatrique
et dangerosité criminelle
Prodigalité épisodique
Crise mystique
et vocation religieuse
La créativité bipolaire :
études systématiques récentes
La British Study
(Kay Jamison)
➤ Robert Schumann :
Florestan et Eusébius (1810-1856)
On évoquera pour terminer Robert Schumann le proto-
type du génie romantique tourmenté. La famille est riche en
pathologie mentale : le père, libraire, traducteur et éditeur de
Byron et Walter Scott, souffrait de troubles mentaux : instable,
anxieux, ambitieux, il ne se remit jamais complètement d’un
épisode dépressif. Il présentait, comme plus tard son fils, des
épisodes de grande énergie et de productivité (il écrivit sept
romans en l’espace d’un an et demi). La mère a présenté elle
aussi plusieurs épisodes dépressifs. Schumann était le dernier
d’une fratrie de cinq, une sœur mourut par suicide, comme un
cousin médecin. Un des fils de Schumann passa trente et un
ans dans un asile psychiatrique, un autre devint morphinomane.
Schumann était hyperémotif, gentil, idéaliste, généreux.
Il aimait le champagne et les cigares, la musique et la poé-
sie, il dépensait sans compter. Son premier accès psychoti-
que, à 18 ans, lui donna l’impression de perdre la raison et
d’être mort. L’année suivante, il était en pleine ébullition et
tellement « plein de musique » qu’il lui était impossible de
l’écrire tant l’inspiration était foisonnante.
Il finit par épouser Clara Wieck, malgré l’opposition du
père, en raison de la prodigalité et des abus d’alcool de Robert.
Le mariage eut lieu en 1840 et, cette année-là, dans une
ambiance d’hypomanie créatrice il composa cent trente lieder.
Le processus créateur chez Schumann est typiquement
bipolaire, la composition des œuvres est cyclique, avec des
LA MALADIE DES CRÉATEURS ET DES GÉNIES • 171
147 138
127 137
077 108
057 106
053 102
051 101
049 098
048 095
045 094 136
043 093 128
042 092 121
040 091 119
039 086 117
036 085 144 116
035 082 130 113
034 079 129 112 143
033 078 125 111 134
031 076 097 110 133
030 120 075 096 109 148 132
032 029 064 077 084 115 074 090 107 147 131
021 028 027 054 060 080 081 073 089 105 140 126
022 017 018 023 026 052 047 058 065 071 070 088 104 139 123
010 011 014 012 016 020 025 038 044 050 056 061 063 068 069 087 103 135 118
005 009 009 013 006 015 019 024 037 041 046 055 059 062 056 067 083 100 122 114
'33 '34 '35 '36 '37 '38 '39 '40 '41 '42 '43 '44 '45 '46 '47 '48 '49 '50 '51 '52 '53 '54 '55 '56
Le spectre bipolaire
De la synthèse kraepelinienne
à la dissection des troubles bipolaires
De la maladie maniaco-dépressive
aux différents types du spectre bipolaire
D MD Md mD md
cycles rapides
manies secondaires
manies dysphoriques
états mixtes
les tempéraments (H. S. Akiskal)
LE SPECTRE BIPOLAIRE • 181
Manie
a BIPOLAIRE I
Hypomanie
Euthymie
Dépression mineure
Dépression majeure
Manie
b BIPOLAIRE II
Hypomanie
Euthymie
Dépression mineure
Dépression majeure
Manie
c CYCLOTHYMIE
Hypomanie
Euthymie
Dépression mineure
Dépression majeure
Manie
f ÉTAT MIXTE NON
Hypomanie PSYCHOTIQUE
Euthymie
Dépression mineure
Dépression majeure
Manie
d SCHIZOAFFECTIF
Hypomanie TYPE BIPOLAIRE
Euthymie
Dépression mineure
Dépression majeure
Manie
e SCHIZOAFFECTIF
Hypomanie TYPE DÉPRESSIF
Euthymie
Dépression mineure
Dépression majeure
Temps
Hypomanie/Dépression mineure
Manie/Dépression majeure
Symptômes psychotiques
Type I et type II :
le noyau dur des troubles bipolaires
Critères diagnostiques
d’un trouble bipolaire II (DSM-IV-TR, 2000)
A : Présence d’un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs.
B : Présence d’au moins un épisode hypomaniaque.
C : Il n’a jamais existé d’épisode maniaque ou mixte.
➤ Cyclothymie
Ce terme est trompeur car il est souvent utilisé à tort
comme synonyme de trouble bipolaire en général. Il y a
maintenant une définition particulière : oscillation de
l’humeur avec des épisodes d’intensité moindre qu’une manie
franche ou une dépression majeure. Il y a donc des perturba-
tions thymiques avec des symptômes du type hypomanie ou
subdépression mineure. Par contre, il s’agit d’une affection de
longue durée, durant des années, au moins deux ans. La
limite d’une part avec des oscillations de l’humeur non patho-
logiques et d’autre part une maladie maniaco-dépressive pro-
prement dite est difficile. Par ailleurs on estime que 15 à
50 % des troubles cyclothymiques se transforment en trouble
maniaco-dépressif complet. On peut dire que la cyclothymie
ainsi définie pourrait être assimilée à la personnalité même du
patient. On verra d’ailleurs plus loin la définition de ce qui est
appelé tempérament cyclothymique par Akiskal à la suite de
Kraepelin. Dans les classifications internationales antérieures,
la cyclothymie était rangée dans le cadre d’une personnalité
pathologique (axe II).
PERSONNALITÉ
TEMPÉRAMENT CARACTÈRE
Psychobiologie Psychodevelopmental
Constitution Histoire personnelle – éducation
génétique milieu – culture
Figure 10.
➤ Le tempérament cyclothymique
d’après H. S. Akiskal
La limite avec la cyclothymie proprement dite est
extrêmement floue. On trouvera ci-après les critères de ce
tempérament proposés par H. S. Akiskal.
190 • MANIE ET DÉPRESSION
Le tempérament cyclothymique
d’après H. S. Akiskal
1 – Début précoce indéterminé (< 21 ans).
2 – Cycles courts intermittents avec euthymie peu fréquente.
3 – Troubles biphasiques caractérisés par des oscillations
brutales d’une phase à l’autre avec manifestation subjective
et comportementale.
4 – Manifestations subjectives :
a – léthargie alternant avec eutonie,
b – pessimisme et ruminations alternant avec optimisme
et attitudes insouciantes,
c – confusion mentale alternant avec une pensée aiguë et
créative,
d – estime de soi incertaine, oscillant entre une faible
confiance en soi et une confiance excessive mégalo-
maniaque.
5 – Manifestations comportementales (de meilleure valeur
diagnostique) :
a – hypersomnie alternant avec besoin réduit de sommeil,
b – repli introversif alternant avec une recherche sociale
désinhibée,
c – restriction de la production verbale alternant avec
logorrhée,
d – pleurs inexpliqués alternant avec des plaisanteries et
facéties excessives,
e – irrégularité qualitative et quantitative marquée dans la
productivité, associée à des horaires inhabituellement éle-
vés de travail.
LE SPECTRE BIPOLAIRE • 191
➤ Le tempérament hyperthymique
selon H. S. Akiskal
« Le matin je m’éveille en chantant
Et le soir je me couche en dansant. »
Guy BÉART
Le tempérament hyperthymique
selon H. S. Akiskal
1 – Début précoce indéterminé (< 21 ans).
2 – Traits hypomaniaques « subsyndromiques » intermittents
avec euthymie rare.
3 – Courts dormeurs habituels (> 6 heures, même les
week-ends).
4 – Usage excessif du déni.
5 – Traits de personnalité hypomaniaques (« schneiderien ») :
a – irritable, gai, trop optimiste ou exubérant,
b – naïf, trop confiant, assuré, vantard, emphatique, ou
mégalomane,
c – vigoureux, entreprenant, imprévoyant, prodigue,
impulsif,
d – bavard,
e – chaleureux, avide de contact, extraverti,
f – intrusif, se mêlant de tout,
g – désinhibé, avide de sensations, avec promiscuité.
➤ Le tempérament irritable
d’après H. S. Akiskal
On sait depuis déjà longtemps que les états dépressifs
peuvent se présenter essentiellement sous le masque d’une
irritabilité, avec hyperréactivité aux contrariétés, et irascibi-
lité. Les Anglais parlent de « dépression hostile » qui,
lorsqu’on sait les reconnaître et les rattacher à leur origine
dépressive, représenteraient 20 % des formes de dépression.
Dans le cadre du « spectre bipolaire », Akiskal et Mallya
(1987) ont décrit le tempérament irritable (voir tableau ci-
194 • MANIE ET DÉPRESSION
Le tempérament irritable
selon H. S. Akiskal et Mallya
1 – Début précoce indéterminé (< 21 ans).
2 – Habituellement d’humeur changeante (« moody ») – irri-
table et colérique – avec euthymie peu fréquente.
3 – Tendance à ruminer, broyer du noir (« to brood »).
4 – Hypercritique et plaintif.
5 – Mauvaises plaisanteries (« ill-humored joking »).
6 – Obstructionnisme.
7 – Agitation dysphorique.
8 – Impulsivité.
9 – Ne remplit pas les critères de personnalité antisociale,
de troubles déficitaires de l’attention résiduelle, ou de trou-
bles épileptiques.
LE SPECTRE BIPOLAIRE • 195
Épidémiologie.
Le trouble bipolaire : une affection fréquente
— DSM-IV-TR 2000, BP I : 0,4 % à 1,6 %.
— BP II : 0,5 %.
— Cyclothymie : 0,4 % à 1 %.
— Enquête ECA : 1,2 %.
— Weissmann, 1996, Kessler, 1997, Angst, 1998, 3 % à 6 %.
— Cohorte de Zurich, Angst, 1998, manie et hypomanie :
DSM-IV : 5,5 %.
— Hypomanie brève récurrente : 2,8 %.
— MDQ (Hirschfeld et al., 2003) : 3,7 %.
➤ L’enquête MDQ
(Hirschfeld et al., 2003)
Hirschfeld et al. ont validé un questionnaire de troubles
de l’humeur, ou MDQ (2003) dont on trouvera la traduction
en annexe. À l’aide de cet instrument, ils ont pu par un entre-
tien téléphonique obtenir des informations chiffrées. Le MDQ
196 • MANIE ET DÉPRESSION
Manie
Maladie
dépressive
Trouble de
Schizophrénie personnalité
(modèle américain)
Schizophrénie
(modèle anglais) Névrose
SCHIZOPHRÉNIE
AXE II
Personnalité
pathologique
SCHIZOAFFECTIF Cluster B :
DÉPRESSION - borderline
MANIE - narcissique
Unipolaire BP VI - histrionique
BP III BPII BP I - antisociale
BP IV
BP V
HYPOMANIE
Subthreshold
Tempéraments BP
L’enfant
L’adolescent
L’adulte
La personne âgée
Évolution et devenir
des troubles bipolaires
➤ Facteurs précipitants
Pour Kraepelin, l’apparition d’épisodes thymiques
semblait indépendante des influences extérieures. Les
recherches plus récentes montrent que des événements de
vie stressants sont en fait à l’origine des rechutes. Toutefois,
ces événements de vie sont souvent déclenchés par le
comportement inapproprié, inconsidéré ou provocateur du
patient lui-même. L’événement est alors le premier symp-
tôme de l’épisode. Les événements précipitants jouent un
rôle majeur au début des premiers épisodes, mais moins par
la suite, lorsque s’installerait un véritable cercle vicieux de
la bipolarité. Il y a une véritable hypersensibilité et hyper-
réactivité aux événements. Ces événements de vie ne sont
pas spécifiques du trouble bipolaire : deuils, changements de
vie, de profession, déménagement, maladie, aléas de la vie
amoureuse.
ÉVOLUTION ET DEVENIR DES TROUBLES BIPOLAIRES • 219
➤ Les épisodes
Les épisodes sont habituellement répétitifs. Il est
exceptionnel que les patients ne présentent qu’un seul épi-
sode. En moyenne, on estime que les malades vont présenter
3 à 10 épisodes durant leur vie. Après un épisode maniaque,
le DSM-IV-TR (2000) donne même un chiffre de probabi-
lité de récidive à 90 %.
La stabilité du diagnostic
1. Rybakowski, 1999.
C H A P I T R E 1 1
Origines et causes
Génétique
L’imagerie cérébrale
➤ Neuro-imagerie fonctionnelle
Le débit sanguin cérébral est augmenté à gauche (cor-
tex orbito-frontal et cortex cingulaire antérieur) chez les
patients ayant présenté un état maniaque après arrêt du
lithium.
En utilisant le procédé classique de reconnaissance des
émotions exprimées par des visages, on a pu montrer que
des patients maniaques présentent une hyperactivation de
ORIGINES ET CAUSES • 229
Neuropsychologie et neurométrie
Bipolarité secondaire
et affection organique
Les ressources
de la plasticité cérébrale
Les bipolaires
ne sont pas fous
(Conscience et acceptation des troubles)
Connaissance et acceptation
de la maladie
Observance, engagement
et alliance thérapeutique
➤ La relation médecin-malade
Le grand psychiatre français Pierre Janet, il y a plus
d’un siècle, avait insisté sur le « rapport » entre malade et
thérapeute. Freud et ses élèves ont ensuite popularisé les
notions de « transfert » (investissement affectif à l’endroit
du thérapeute) et « contre-transfert » (mouvement inverse
d’investissement affectif du thérapeute à l’endroit du
patient) en psychothérapie.
Au milieu du XXe siècle, le médecin et psychanalyste
hongrois Michaël Balint, immigré en Grande-Bretagne, a éla-
244 • MANIE ET DÉPRESSION
Doit-on annoncer
sa bipolarité ?
Coming-out (affichage)
ou dissimulation ?
Trouver un confident,
une personne de confiance
Soigner
la maladie bipolaire
Les thymorégulateurs
(Méta-analyse de Bauer et Mc Bride, 2004)
Manie Dépression
Traitement Lithium Lithium
aigu Valproate
Olanzapine
Lithium Lithium
Prophylaxie
Lamotrigine Lamotrigine
Le lithium
Découvert au début du XIXe siècle, ce métal alcalin, qui
est le plus léger de la série des cations, est ubiquitaire en
SOIGNER LA MALADIE BIPOLAIRE • 261
LE VALPROATE
L’acide valproïque a bénéficié récemment d’une impor-
tante promotion commerciale. Les doses moyennes des pres-
criptions se situent autour de 450 à 1 500 mg par jour. Pour
assurer que le patient reçoit une dose utile, il convient de
mesurer le taux plasmatique qui doit se situer entre 50 et
120 nanogrammes par litre. Il est souvent bien toléré mais
non dépourvu d’effets secondaires : prise de poids, sédation,
altération cognitive, nausées, diarrhées, tremblements. On
peut voir aussi des pertes de cheveux (qui imposent une
supplémentation par le zinc ou le sélénium).
L’acide valproïque présente aussi des effets secondai-
res et des complications plus graves : il peut être à l’origine
de pancréatite, hépatite, de maladies ovariennes kystiques et
hyperandrogénie, de maladies endocriniennes et de raré-
faction des éléments figurés du sang, avec le risque tératogé-
nique, c’est-à-dire de malformation du futur bébé en cas de
grossesse par non-fermeture du tube neural. Tout cela doit
mettre en garde le clinicien concernant ce traitement chez
les filles prépubères, et les femmes en période d’activité
génitale, de la puberté à la ménopause.
Le mode d’action est là encore assez mystérieux : blocage
des canaux sodium, action sur les circuits sérotoninergiques ?
LA CARBAMAZÉPINE
Sous sa forme d’origine ce traitement impose une prise
de sang régulière pour limiter le taux plasmatique entre 4 et
12 mµg/ml. Il y a d’assez nombreuses incompatibilités
d’association avec d’autres médicaments, en particulier psy-
chotropes, neuroleptiques, acide valproïque, antidépresseurs,
ISRS, lamotrigine. Il comporte aussi de nombreux effets
indésirables, aux niveaux cutané, sanguin, gastro-intestinal,
etc. L’oxcarbazépine serait d’un maniement plus facile, ne
nécessitant pas de contrôle sanguin régulier.
266 • MANIE ET DÉPRESSION
LA LAMOTRIGINE
Plusieurs études montrent l’intérêt antidépresseur et
thymorégulateur de ce produit antiépileptique quant à son
effet préventif et thérapeutique. La dose efficace se situe en
psychiatrie entre 50 et 200 mg par jour, doses atteintes par
paliers très progressifs sur deux mois en raison du risque
d’apparition de complications cutanées dont certaines peu-
vent être graves.
TOPIRAMATE
Ce TRAC présente surtout un intérêt en association,
venant renforcer l’action d’un ou plusieurs autres thymorégu-
lateurs. Il est le seul produit qui, dans la moitié des cas, fait
perdre du poids aux patients, ce qui est généralement apprécié.
GABAPENTINE
Analogue synthétique du GABA, il peut avoir en asso-
ciation un effet bénéfique sur l’humeur et l’anxiété. Les
doses utiles se situent entre 600 et 1 800 mg par jour. Il peut
être prescrit en association avec d’autres thymorégulateurs.
Neuroleptiques classiques
et antipsychotiques « atypiques »
Dans un premier temps, les neuroleptiques classiques
ont été largement employés dans le traitement de l’excita-
tion maniaque et des troubles psychotiques. Ce type de
traitement reste assez largement utilisé en Europe dans les
manies aiguës. Pour les états d’agitation et pour les épisodes
psychotiques aigus, dont la définition reste floue, on remar-
quera que tous les neuroleptiques classiques ont en France
l’autorisation de mise sur le marché (l’AMM) pour ce type
d’indication. Mais la manie aiguë est-elle toujours psycho-
tique ? Ou seulement lorsque sont clairement discernables
idées délirantes et hallucinations formées ?
Il y a encore peu de temps, plus de la moitié des
patients bipolaires, après leur sortie de l’hôpital psychiatri-
que, recevaient encore au long cours des injections de neuro-
leptiques à action prolongée (neuroleptique retard) avec une
injection toutes les deux ou quatre semaines, probablement
en raison de troubles persistants du comportement et de non-
adhérence à la prise en charge thérapeutique.
Les nouveaux médicaments antipsychotiques dits atypi-
ques tendent actuellement à remplacer les neuroleptiques
classiques : clozapine, amisulpride, rispéridone, olanzapine,
aripiprazole, etc., ils ont tous l’ambition d’être thymorégula-
teurs, à doses importantes en phase aiguë et à doses réduites
pour la maintenance. Mais ils n’ont pas de forme retard sauf
en ce qui concerne la rispéridone.
Par définition tous les neuroleptiques sont indiqués dans
les états psychotiques, comme signifie leur appellation en
langue anglaise (antipsychotics). Aussi, en période aiguë, si
l’on considère que l’état maniaque correspond à un état psy-
chotique aigu, il est légitime de prescrire un neuroleptique,
qu’il soit classique ou atypique. Parmi les classiques, ont été
268 • MANIE ET DÉPRESSION
Les psychothérapies
➤ Psychothérapie et psycho-éducation
Les ressources pharmacologiques sont largement popu-
larisées par l’industrie pharmaceutique. Aussi doit-on insis-
ter sur l’approche psycho-sociale. Il y a encore beaucoup à
faire pour convaincre la communauté, les patients et même
les soignants en général, de l’existence et de la gravité des
troubles bipolaires, pour faire connaître la clinique de ces
troubles, en particulier la dépression du type II. Il s’agit de
faire accepter aux patients, aux familles et à la collectivité,
la réalité de cette pathologie polymorphe et handicapante, en
tant que maladie proprement dite et non comme une réaction
ou un conflit intrapsychique ou interpersonnel (qui peut
néanmoins exister et se surajouter à la vulnérabilité bipo-
laire). Donc faire accepter ce diagnostic et engager les
patients dans un processus thérapeutique continu.
Et la psychanalyse ?
➤ La sorcière métapsychologique
et les troubles bipolaires
Tôt dans l’histoire du mouvement, les psychanalystes
ont proposé une interprétation de la manie et de la dépression
(Freud, Abraham, Ferenczi, Klein, Winnicott et leurs élèves).
La mélancolie était conçue comme un deuil sans objet (exté-
rieur), comme la réaction à une perte réelle ou symbolique.
Parfois il y avait un mouvement inverse de déni, de maîtrise
et de triomphe. La manie était donc conçue comme une
« défense psychique » à fonction contre-dépressive. Un
ouvrage récent de Athanassiou (1996) est consacré, comme il
est usuel, à un cas unique de psychanalyse d’un enfant de
3 ans et demi emmené en consultation pour des crises de
« rage soudaines et de courte durée », après de légères frustra-
tions. En quelques séances, ses crises ont disparu, remplacées
par des explosions de « rage maniaque inattaquable » pendant
les séances de thérapie. Celles-ci vont se poursuivre pendant
quatre ans à raison de deux séances par semaine. Dans l’intro-
duction, il est rappelé par l’auteur qu’il ne peut y avoir de
« preuve » scientifique en matière de psychanalyse, pas de
fiabilité, pas de validation, pas de reproductibilité. L’expé-
rience psychanalytique est unique et non reproductible.
Dans cette grille d’interprétation, la défense maniaque
est universelle, normale, tout comme l’aptitude à déprimer qui
est un « privilège » (Winnicott). Défense contre la dépression
(inversement certains ont proposé que la dépression serait une
protection contre la déperdition maniaque), s’agit-il de manie
normale et de dépression normale, potentialités humaines uni-
verselles ? Pour autant existe-t-il une continuité avec les accès
thymiques intenses de gravité psychiatrique ? S’agit-il simple-
ment d’une amplification excessive sur un même axe dimen-
sionnel ? Ou s’agit-il d’une comparaison métaphorique ?
280 • MANIE ET DÉPRESSION
➤ Quelle psychanalyse
pour les maniaco-dépressifs ?
Il ne s’agira sûrement pas d’une cure type sur le divan,
dans une ambiance de silence interprétatif. Il peut y avoir
des thérapies d’inspiration ou d’orientation psychanalytique
(PIP ou POP). Tout patient peut avoir à résoudre des pro-
blèmes d’histoire personnelle difficile, des antécédents de
pertes, d’abus ou de traumatismes précoces, de « choix
d’objet », d’identification et d’images parentales problémati-
ques, de défenses archaïques ou névrotiques. Il y a aussi
dans le présent et le futur à concevoir sa vie, ses projets, sa
vie relationnelle, en fonction de l’hypothèque maniaco-
dépressive.
Quoi qu’il en soit, un patient souffrant de troubles
bipolaires doit d’abord et avant tout connaître et accepter sa
maladie bipolaire et la soigner comme telle. Tout médecin
se doit, en vertu de l’éthique, de la déontologie et des bon-
nes pratiques médicales, d’établir un diagnostic correct et
décider du meilleur traitement en fonction des recommanda-
tions des conférences de consensus. Par ailleurs, il peut se
présenter des difficultés et des problèmes pouvant être des
indications de prise en charge psychodynamique, prise en
charge pouvant être aménagée en fonction de la vulnéra-
bilité bipolaire. Le psychanalyste doit accepter la réalité
de cette pathologie et non encourager le client à la nier.
(voir vignette ci-dessous). La meilleure formule est sûre-
ment celle qui associe un médecin psychiatre engagé en
biopsychiatrie et psychopharmacologie, et un psychothéra-
peute encourageant cette cothérapie. Cela suppose un parte-
nariat, une cohabitation et, idéalement, des échanges régu-
liers entre ces deux praticiens.
SOIGNER LA MALADIE BIPOLAIRE • 281
Quand et comment
hospitaliser ?
➤ Cliniques privées
Dans ces établissements, les patients entrent et sortent
librement. Toutefois l’administration et l’équipe soignante
sont tenues de protéger le malade de veiller à sa sécurité, de
l’empêcher de commettre des actes répréhensibles ou por-
tant atteinte à son intégrité et à sa vie. Il s’agit donc là d’une
contrainte paradoxale. Cela suppose une acceptation au
moins partielle et une coopération du patient. Générale-
ment, les états dépressifs posent moins de problèmes que les
maniaques agités et/ou en état de fureur, sauf en ce qui
concerne le risque suicidaire.
284 • MANIE ET DÉPRESSION
Modalités d’hospitalisation
HL : hospitalisation libre
C’est avec le libre consentement du patient que celui-ci est
hospitalisé.
Il est libre de circuler et de quitter l’établissement comme il
l’entend. On lui demande généralement de se conformer aux
règles et modes d’organisation de la structure de soins qui
sont généralement formalisés. Ces unités d’hospitalisation
doivent aussi afficher la charte des droits du patient. S’il sort
contre avis médical, le patient doit signer une décharge de
responsabilité au bureau des admissions. On doit signaler ici
un paradoxe juridique et une contradiction : le patient doit
être protégé contre lui-même afin d’éviter tout comportement
qui puisse lui être préjudiciable : instruments dangereux,
médicaments et drogue. Il doit aussi être protégé contre tout
comportement suicidaire. C’est pourquoi un certain nombre
de HL sont transformées en cas de risque et par précaution
en HDT. Le patient sera alors mis en unité fermée
HO : hospitalisation d’office
Cette hospitalisation forcée est réservée aux personnes dont
le comportement perturbe de façon grave l’ordre public ou la
286 • MANIE ET DÉPRESSION
CDHP
Dans chaque hôpital psychiatrique il existe une commission
départementale des hospitalisations psychiatrique (CDHP)
jugeant des cas litigieux.
– La SJ prononcée
par le juge peut
se prolonger
jusqu’à l’ouverture
de la tutelle.
– Conservation – Incapacité civile – Perte de la capacité
des droits civils partielle : autonomie civile : actes
et civiques. possible pour les postérieurs
– Protection actes conservatoires, à l’ouverture nuls
par la possibilité possibilités d’action de droit, actes passés
d’action en nullité en nullité pouvant être annulés
ou en réduction et en réduction. (la nullité
pour excès. – Perte partielle éventuellement
Conséquences
certificat médical
attestant que l’état
antérieur a cessé.
– Par radiation
par le procureur
de la République.
Aucune – Par le moyen de
communication l’état civil mention
Publicité
désigner de tutelle.
un mandataire.
– Le juge peut
désigner un
mandataire spécial.
290 • MANIE ET DÉPRESSION
2. Si vous avez répondu OUI à plus d’une des questions OUI NON
ci-dessus, est-ce que plusieurs de ces comportements ont ❑ ❑
duré pendant la même période de temps ?
3. Dans quelle mesure cela vous a-t-il empêché de
travailler, d’avoir une vie familiale, vous a causé des
problèmes d’argent ou légaux, entraîné dans des
disputes ou des bagarres ?
Entourez une seule réponse :
❑ Pas de problème ❑ Problème mineur
❑ Problème moyen ❑ Problème sérieux
4. Est-ce que l’un ou plusieurs de vos proches parents OUI NON
(c’est-à-dire enfant, frère, sœur, parent, grand-parent, ❑ ❑
tantes ou oncles) souffre(nt) de maladie maniaco-
dépressive ou de trouble bipolaire ?
5. Est-ce qu’un professionnel de la santé vous a OUI NON
jamais dit que vous souffriez d’une maladie maniaco- ❑ ❑
dépressive ou d’un trouble bipolaire ?
Merci de compléter ce questionnaire. Veuillez rendre ce formulaire à
votre médecin.
➤ Gamian
« Le petit château » C/O Paolo Lucio Morselli
1067, rue Louis-Blériot – 78530 Buc
Tél. : 01 39 56 34 13 – Fax : 01 39 56 38 20
www.gamian-europe.org
[email protected]
➤ ARGOS
Association d’aide aux personnes atteintes de troubles bipolaires
(maniaco-dépressifs) et à leur entourage.
Maison des associations du XIIIe arrondissement,
BP 30 – 11, rue Caillaux – 75013 Paris
Téléphone répondeur : 01 69 24 22 90
www.argos.2001.free.fr
[email protected]
➤ France Dépression
Association française contre la dépression
et de la maladie maniaco-dépressive
4, rue Vigée-Lebrun – 75015 Paris
Tél. : 01 40 61 05 66
302 • MANIE ET DÉPRESSION
➤ UNAFAM
Union nationale des amis et familles des malades mentaux
8, rue de Montyon – 75006 Paris
www.unafam.org
➤ Similes francophone
39, rue Malibran – 1050 Bruxelles – Belgique
www.similes.org
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310 • MANIE ET DÉPRESSION
Introduction ............................................................................ 9
CHAPITRE PREMIER
RECONNAÎTRE LE TROUBLE BIPOLAIRE
CHAPITRE 2
UN DÉRÈGLEMENT DE L’HUMEUR :
DES HAUTS ET DES BAS
CHAPITRE 3
UN DÉRÈGLEMENT
DE TOUTES LES FONCTIONS NEUROPSYCHIQUES
CHAPITRE 4
UN TROUBLE INTERMITTENT CYCLIQUE
ET PÉRIODIQUE
CHAPITRE 5
LES COMPORTEMENTS SUICIDAIRES
CHAPITRE 6
ÉCARTS ET INCARTADES
(CHAOS, DÉSORDRES, INFRACTIONS, AGRESSIONS ET TRANSGRESSIONS)
CHAPITRE 7
LA MALADIE DES CRÉATEURS ET DES GÉNIES :
LE TEMPÉRAMENT ARTISTIQUE
CHAPITRE 8
LE SPECTRE BIPOLAIRE
CHAPITRE 9
BIPOLARITÉ À TOUS LES ÂGES
CHAPITRE 10
ÉVOLUTION ET DEVENIR DES TROUBLES BIPOLAIRES
CHAPITRE 11
ORIGINES ET CAUSES
Génétique ................................................................................224
L’imagerie cérébrale ..............................................................226
Les volumes régionaux du cortex cérébral (228) – Neuro-imagerie
fonctionnelle (228).
Neuropsychologie et neurométrie ..........................................230
Bipolarité secondaire et affection organique .........................232
Les ressources de la plasticité cérébrale ................................233
TABLE • 319
CHAPITRE 12
LES BIPOLAIRES NE SONT PAS FOUS
(CONSCIENCE ET ACCEPTATION DES TROUBLES)
CHAPITRE 13
DOIT-ON ANNONCER SA BIPOLARITÉ ?
CHAPITRE 14
SOIGNER LA MALADIE BIPOLAIRE
Et la psychanalyse ? ...............................................................276
La sorcière métapsychologique et les troubles bipolaires (279) –
Quelle psychanalyse pour les maniaco-dépressifs ? (280).
Quand et comment hospitaliser ? ...........................................282
Hôpitaux psychiatrique (HP) (282) – Cliniques privées (283).
Les mesures de protection ......................................................286
CHAPITRE 15
FAITES VOTRE DIAGNOSTIC VOUS-MÊME
Conclusion ..............................................................................299
Bibliographie ..........................................................................303