CD26
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MÉMOIRE
Thème :
Pastoralisme de steppe en Algérie :
Etude systémique et valorisation des ressources
fourragères locales
Messieurs :
2011 - 2012
Remerciements
Je voudrais exprimer ma très vive gratitude et mes sincères remerciements à :
Pour avoir accepté sans hésiter d’apporter leur contribution au jugement de ce travail, ainsi que
leur disponibilité, leurs conseils et orientations et qui m’ont aidé à améliorer d’avantage ce
travail.
Je remercie enfin toutes les personnes qui de prés ou de loin m’ont supporté, encouragé, aidé
dans cette recherche et dans la rédaction de ce mémoire.
2
Liste des tableaux
3
Liste des figures
N° : Titre : Page :
4
Liste des abréviations
AFNOR : Agence Française des normes.
AH : Atriplex halimus.
Ca : Calcium.
CB : Cellulose brute.
Cu : Cuivre.
CUD : Coefficient d’utilisation digestive.
DMO : Digestibilité de la matière organique.
EM : Energie métabolique.
ENA : Extractif non azoté.
Eq.ov : Equivalent ovin.
F.A.O : Food alimentation organization.
F.P.A : Foin pois-avoine.
G.M.Q : Gain moyen quotidien.
GREEDAL : Groupe de recherche et d’études pour le développement durable en Algérie .
ha : Hectares.
HCDS : Haut commissariat au développement de la steppe.
INRA : Institut National de la recherche agronomique.
ITEF : Institut technique des Fourrages.
K : Potassium.
Kcal : Kilocalories.
MAD : Matières azotées digestibles.
MA T : Matières azotées totales.
MF : Matière fraîche.
MG : Matière grasse.
MM : Matière minérale.
MO : Matière organique.
MOD : Matière organique digestible.
MS : Matière sèche.
N : Azote.
Na : Sodium.
NS : Non significatif.
O.M.S : Organisation mondiale de la santé.
OAIC : Office Algérien Interprofessionnel des céréales.
ONS : Office nationale de statistique.
ORSEC : organisation des secours.
P : Phosphore.
P0.75 : Poids métabolique.
PB : Protéines brutes.
PDIE : protéines digestibles dans l’intestin permises par l’énergie.
PDIN : Protéines digestibles dans l’intestin permises par l’azote.
U.F : Unité fourragère.
U.F.L : Unité fourragère lait.
U.F.V : Unité fourragère viande.
UE : Unité d’encombrement.
UEM : Unité d’encombrement mouton.
UGB : Unité gros bovin.
URBT : Unité de recherche sur les ressources biologiques terrestres.
UZ : Unité zootechnique.
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Résumé
La steppe Algérienne constitue le support essentiel de l’activité pastorale. L’espèce ovine
fournit plus de 50% de la viande rouge consommée localement ; seulement cet écosystème
pâturé est engagé depuis des décennies dans un processus de dégradation. Les causes qui y sont à
l’origine sont principalement d’ordre anthropique mais aussi pédoclimatique.
Il ressort dans un premier temps et dans toutes les études menées que les ressources
fourragères steppiques ne couvrent que le quart (1/4) des besoins des animaux. L’espace
steppique et la production pastorale continuent de subir les effets destructurants du marché des
viandes ovines entièrement libre et spéculatif.
Cette pression a été intégrée par l’utilisation massive de l’orge et des concentrés dans
l’alimentation animale. Cette pratique est objectivée par la réduction du procès de production et
la rentabilité.
Dans un deuxième temps, nous avons examiné les aspects de la production animale dans son
interaction avec l’environnement. La méthodologie utilisée est celle de l’approche systémique. Il
s’agit de la notion de système d’élevage. Ce concept nous a permis de caractériser les systèmes
d’élevage steppiques qui sont au nombre de trois :
Une fois modélisé, un intérêt particulier a été accordé au pôle des ressources fourragères et
alimentaires des différents systèmes d’élevage. Il ressort qu’au vu de sa productivité, l’élevage
ovin demeure toujours de type extensif quelque soit le système d’élevage.
L’utilisation des parcours est déterminante seulement avec une intensité différente. Les
meilleurs parcours sont utilisés par les éleveurs qui ont le plus de moyens, c’est-à-dire ceux du
système d’élevage marchand.
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Il apparait aussi que l’activité pastorale dépend de plus en plus de l’agriculture et la
production fourragère, elle-même extensive. L’utilisation de l’orge et du concentré devient une
pratique inéluctable et généralisée.
L’objectif final était donc de proposer une option ou alternative technique permettant
d’atténuer les effets négatifs de la désertification et valoriser certaines ressources alimentaire
jusque là insuffisamment utilisées ou inutilisées.
Trois espèces ont été choisies : Le Cactus inerme, l’Acacia cyanophylla et l’Atriplex
Halimus. Ces fourrages ont été caractérisés pour leur composition chimique, leur valeur
alimentaire leur ingestibilité et digestibilité chez l’animal. Des valeurs énergétiques comprises
entre 0,43 et 0,70 UF/Kg MS, et des valeurs azotées variant entre 47,3 et 130 g MAD/Kg MS
font de ces aliments de bons fourrages alternatifs, une fois raisonnés dans des stratégies
alimentaires pastorales. Il ressort de notre étude que ces fourragers non conventionnels se
complètent dans leurs spécificités. Utilisés seul ou en association, ils permettent d’après une
approche qualitative de satisfaire, sinon d’entretenir des animaux durant une assez longue
période où les plantes herbacées se font rares.
Mots clés : Steppe, Ovins, Système d’élevage, Alimentation, Cactus inerme, Acacia cyanophylla,
Atriplex halimus.
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Sommaire
Introduction ..................................................................... Erreur ! Signet non défini.
1ere PARTIE
PRESENTATION ET ANALYSE SYSTEMIQUE DU
PASTORALISME DE STEPPE
CHAPITRE I : Présentation de la steppe algérienne
1.1.1 Caractéristiques écologiques et socio-économiques de la steppe ............. 15
1.1.1.1. Définition et délimitation ..........................................................................................15
1.1.1.2. Climat et végétation ...................................................................................................15
1.1.1.3 L’élevage dans les hautes plaines steppiques ...........................................................16
1.1.1.4 Ressources en eau .......................................................................................................16
1.1.1.5 Conditions pédologiques ............................................................................................18
1.1.1.6 Eléments socio-économiques......................................................................................18
1.1.1.6.1 Population ...............................................................................................................18
1.1.1.6.2 L’élevage ovin..........................................................................................................18
1.1.1.6.3 Agriculture ..............................................................................................................18
1.1.1.6.4 Autres activités ........................................................................................................18
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CHAPITRE IV : Conduite alimentaire en zones steppiques
1.4.1 Impact du déficit alimentaire sur les animaux .......................................... 32
1.4.1.1 Pénurie alimentaire en fin de la saison d’été............................................................32
1.4.1.2 Pénurie alimentaire en fin de saison d’hiver ............................................................32
1.4.2 La dépendance des conditions naturelles ................................................... 35
1.4.2.1. Cycles migratoires .....................................................................................................35
1.4.2.2 L’Alimentation durant la sécheresse ........................................................................37
2eme PARTIE
VALORISATION DES RESSOURCES
ALIMENTAIRES ALTERNATIVES
(Cactus, Acacia, Atriplex)
CHAPITRE I : Présentation botanique et écologie des espèces
2.1.1 Présentation de l’espèce cactus inerme ...................................................... 54
2.1.1.1 Origine .........................................................................................................................54
2.1.1.2 Classification botanique .............................................................................................54
2.1.1.3 Exigences écologiques .................................................................................................54
2.1.1.4 Répartition des cactus inerme dans le monde ..........................................................56
2.1.1.5 Importance et utilisation du cactus ...........................................................................56
2.1.1.6 Utilisation du cactus par le bétail ..............................................................................56
2.1.1.6.1 Mode de distribution ..............................................................................................57
2.1.1.6.2 Techniques d’exploitation........................................................................................57
2.1.2 Présentation de l’espèce Acacia .................................................................. 57
2.1.2.1 Origine et classification botanique ............................................................................58
2.1.2.2 Exigence écologique ....................................................................................................58
2.1.2.3 Les plantations d’Acacia ............................................................................................59
2.1.2.4 Modes d’exploitation des plantations .......................................................................59
2.1.2.5 Productivité et intérêt fourrager ...............................................................................59
2.1.3 Présentation de l’espèce Atriplex halimus .................................................. 60
2.1.3.1 Origine .........................................................................................................................60
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2.1.3.2 Botanique et systématique des Atriplex ....................................................................60
2.1.3.3 Répartition de L’Atriplex halimus dans le monde et en Algérie .............................60
2.1.3.4 Modes de multiplication .............................................................................................61
2.1.3.5 Production et intérêt fourrager de l’Atriplex ...........................................................61
2.1.3.6 Autres intérêts particulier..........................................................................................62
2.1.3.6.1 Intérêt agronomique ...............................................................................................62
2.1.3.6.2 Intérêt économique ..................................................................................................62
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3eme PARTIE
RESULTATS D’ESSAIS EXPERIMENTAUX
CHAPITRE I : Matériel et méthodes
3.1.1 Matériel et Objectifs expérimentaux .................... Erreur ! Signet non défini.
3.1.1.1 Animaux utilisés
3.1.1.2 Aliments
3.1.1.3 Dispositifs expérimentaux
3.1.1.4 Prélèvements
3.1.2 Méthodes d’analyses chimiques ............................ Erreur ! Signet non défini.
3.1.2.1 Détermination de la matière sèche (M.S)
3.1.2.2 Détermination de la matière minérale (M.M)
3.1.2.3 Détermination de la cellulose brute (C.B)
3.1.2.4 Détermination de la matière grasse (M.G)
3.1.2.5 Détermination de la matière azotée totale (MAT)
3.1.2.6 Détermination des éléments minéraux
3.1.3 Calculs
3.1.3.1 Valeur énergétique
3.1.3.2 Valeur azotée
3.1.3.3 Ingestibilité
3.1.3.4 Digestibilité
3.1.4 Traitements statistiques
INTRODUCTION :
En Algérie et particulièrement dans les zones steppiques, l’alimentation des ovins est basée
essentiellement sur la végétation naturelle, elle-même tributaire de la pluviosité. Les rendements
des fourrages cultivés varient aussi avec cet aléa climatique. Les rendements de la vesce-avoine
ont été divisés par 03 et ceux des autres fourrages par 06 durant les années de fort déficit
pluviométrique (1996 et 1997).
De ce fait les disponibilités fourragères ne couvrent plus les besoins des animaux depuis fort
longtemps. Elles deviennent de plus en plus aléatoires. Trop sollicités, les parcours steppiques
ont été fragilisés et les successions des sècheresses se répercutent sur les productions primaires
des écosystèmes pâturés et sur les changements de la composition floristique.
Des études ont montré une perte de production pastorale équivalente à 236 UF/ha pour une
diminution de 104 mm/an dans les steppes sud algéroises. (NEDJRAOUI 1997 ; ZEGRAR et al
1997 ; AIDOUD 2001).
Malgré l’exode rural et la diversification des revenus extra-agricoles, la pression sur les
parcours continue à croitre. Les parcours n’arrivent plus à subvenir aux besoins fourragers des
animaux (NEDJRAOUI 2001).
Le développement des productions animales à une telle cadence est difficilement envisageable
même si d’énormes progrès ont été réalisés à partir du secteur des viandes blanches et de
l’élevage bovin. Le premier secteur pose toutefois le problème de dépendance des importations,
qu’il s’agisse du matériel génétique ou de l’alimentation et des intrants nécessaires à l’aviculture.
Le second est plutôt orienté vers la production laitière, alors qu’un élevage ovin raisonné peut
promouvoir un éventuel redressement des disponibilités en protéines animales.
En effet, du point de vue zootechnique, les ovins sont sans conteste le cheptel le plus adapté,
notamment à l’espace steppique algérien bien que sa production soit encore insuffisante. Ce
cheptel se trouve cependant confronté au facteur de l’alimentation, à l’insuffisance en production
fourragère et à la dégradation des ressources pastorales des zones steppiques, tributaires des
conditions climatiques, ce qui nécessite le recours à l’utilisation de plus en plus importante de
l’orge comme complément alimentaire.
Par rapport à cette problématique alimentaire qui se pose, notamment en milieu steppique, et
pour proposer les alternatives durables au développement des productions ovines, nous sommes
amenés à aborder cette étude à travers un questionnement qui se veut exhaustif et objectif, pour
pouvoir répondre par la formulation de modèles alimentaires adaptés, qui soient le plus possible
intégrés et endogènes à l’espace steppique.
Ce travail a été construit à partir de la problématique précédente pour apporter des réponses à
toutes ces questions. Notre étude sera articulée autour de deux parties.
La troisième partie s’attachera à une analyse des résultats obtenus et la discussion des essais
qui ont été capitalisé dans ce domaine.
C’est dans ce contexte général que s’inscrit notre travail, mais nous limiterons volontairement
notre contribution à la connaissance de trois aliments qui sont l’Atriplex halimus, l’Acacia
cyanophylla et le cactus inerme.
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1ere PARTIE
14
CHAPITRE I : Présentation de la steppe algérienne
1.1.1 Caractéristiques écologiques et socio-économiques de la steppe
1.1.1.1. Définition et délimitation
Pour délimiter cette région, seul le critère bioclimatique donnant naissance a certains types de
végétations peut-être pris en compte. Bien que désignant une frontière fictive, le critère le plus
couramment utilisé est la pluviométrie. La définition suivante nous parait assez exhaustive :
« La steppe est l’immense zone où, du fait de l’aridité du climat, aucune culture n’est possible
sans irrigation, mais où une végétation permanente permet l’élevage ovin » ; c’est le « pays du
mouton » qui s’étend du sud du tracé de l’isohyète des 400 mm, jusqu'à l’isohyète des 100 mm,
au sud duquel commence le désert saharien (MARA, 1974).
La steppe se caractérise par un climat semi-aride sur sa partie Nord et un climat aride sur sa
frange Sud. Ses traits essentiels sont les suivants :
La végétation steppique est très inégale en valeur tant par sa composition floristique que par
sa vigueur et sa densité. La végétation est souvent caractérisée par la strate dominante soit
graminée, chaméphyte ou crassulescente (PONTANIER et al, 1982). Cette diversification est
déterminée à l’ origine par le climat (plus ou moins aride), la nature des sols et le degré
d’exploitation de la végétation.
Les zones palatables, qui intéressent l’élevage du mouton, sont théoriquement très
importantes (15 Millions d’ha), si l’on exclut les 5 Millions, occupées par les cultures. Toutefois
les potentialités réelles ne représentent qu’environ la moitié de cette superficie en raison d’aires
immenses inutilisées, faute de points d’eau ou trop dégradées. On les a estimés à 6 Millions d’ha
au Nord de l’Atlas saharien, 2 Millions d’ha au Sud de l’Atlas saharien.
La steppe est essentiellement composée d’une strate herbacée assez variée d’espèces vivaces
et éphémères. Trois espèces dominent traditionnellement la flore, à savoir l’alfa (Stipa
tenacissima L.), l’armoise blanche (Artemesia herba, alba L.) et le sparte appelé aussi fausse alfa
(Lygeum spartum). Plus d’une trentaine d’autres espèces y végètent à différentes périodes de
l’année.
L’armoise et l’alfa occupent, à elles seules, prés de 7 millions d’hectares (MARA, 1974),
tandis que le sparte occupe 3 Millions d’hectares. Généralement, de nombreuses espèces
halophiles occupent des sols salins aux alentours des chotts (DJEBAILI, 1984).
Ainsi, la steppe, domaine de végétation, donne des ressources fourragères, éphémères parfois
et consommables sur « pied ». Aucune capitalisation (conservation) fourragère n’est possible.
Cependant, les surfaces de pâturages offrent des diversités alimentaires considérables :
15
De ce fait, les ressources fourragères sont étalées géographiquement sur l’aire steppique et sur
l’ensemble de l’année si les pluviosités sont suffisantes. On aboutit à une spécialisation des
pâturages où chaque type de végétation a son temps d’utilisation, ses qualités, ses insuffisances.
L’éleveur joue avec cette densité dans l’espace et dans le temps, pour la conduite de son
troupeau et pallie ainsi à l’impossibilité de réaliser des réserves par la mobilité, c'est-à-dire par le
nomadisme et la transhumance.
Les régions steppiques constituent les terres de parcours par excellence pour l’espèce ovine.
Ces régions sont soit difficilement exploitables par une agriculture moderne, soit que leur
potentiel fourrager est trop faible pour permettre la survivance d’autres espèces animales,
notamment bovines. La bonne adaptation aux conditions difficiles, fondée sur sa rusticité et sa
frugalité, font du mouton l’unique animal capable de pouvoir tirer profit d’une médiocre
végétation. Relativement sobre, il semble traditionnellement être prédestiné aux régions
déshéritées. Estimé a quelques 18,7 millions de têtes, l’effectif du cheptel ovin ne cesse
d’augmenter depuis les années 1960 (Rapport recensement des élevages en Algérie, 2001).
L’espèce ovine compte 16,4 millions de têtes dont 8,7 millions de brebis (tabl. 1). Les zones
semi arides et arides totalisent plus de 75% de l’effectif ovin et 77% de celui des brebis. Cet
élevage a connu un taux de croissance de 1,7% entre 1980 et 1995. LEHOUEROU (1995)
rapporte un taux de croissance de 2%, mais pour l’ensemble du bétail.
Zones climatiques
Humide Sub-humide Semi-aride Aride
Effectif total 211 (1,3%) 3947 (24,0) 8881 (54,0%) 3405 (21,0)
dont brebis 129 (1,2%) 1918 (22,0) 4769 (55,0%) 1924 (22,0)
Source : statistiques agricoles (MAP, 1999)
Selon DOUH (1993), quelques 11,5 millions de têtes restent concentrées dans la steppe et
géographiquement reparties comme suit :
Selon le H.C.D.S. (1993), la grande concentration du cheptel est répartie sur 8 wilayas, avec les
proportions les plus importantes à Djelfa (22%), Naama (18%), El Bayadh (16%) et Tébessa
(13%). Enfin, notons que l’élevage ovin en steppe est une spéculation essentiellement pastorale
et privative.
L’eau est l’une des préoccupations vitales de l’éleveur de la steppe, car le réseau
hydrographique est de faible importance (BENREBIHA, 1984). Dans la steppe, le réseau
hydrographique peut être représenté par des dispositifs de captage des eaux superficielles et par
l’utilisation des eaux d’infiltration.
16
Les eaux superficielles sont captées par des petits ouvrages à ciel ouvert, notamment :
- Au niveau des piémonts aménagés pour domestiquer les épandages de crues ;
- Dans les lits d’oueds, barrés par de petits barrages, l’eau retenue est canalisée pour
l’irrigation des cultures proches ;
- Dans des citernes (ou R’dirs) construites pour recueillir les eaux de ruissellement. Elles
peuvent contenir de 50 à 60.000 litres.
Concernant les eaux d’infiltration, les sources sont le plus souvent situées au pied des
massifs calcaires des piémonts, ainsi que les sources artésiennes autour des sebkhas. Les puits
permettent l’utilisation des eaux de nappes phréatiques. Les sources et les puits représentent un
capital primordial dans la mesure où ils permettent, outre l’usage domestique, l’abreuvement du
bétail durant toute l’année.
Les oueds sont pour la plupart, secs en été et parcourus par des crues violentes et abondantes
le plus souvent au début et à la fin de l’hiver. En zone aride, des pluies de 10-20mm suffisent à
déclencher les écoulements. On distingue :
- un écoulement en nappe : L’eau s’étale sur les piémonts légèrement inclinés au pied des
montagnes, on parle alors de « l’épandage de crue » qui permet l’irrigation d’une céréaliculture
occasionnelle (piémonts du Hodna, Sud des Aurès),
- un écoulement en ravines : lorsque la pente est trop forte et ne permet pas l’épandage.
L’eau est prisonnière de rainures qui s’accentuent après chaque crue et constitue un facteur
de dégradation des sols. L’érosion hydrique a été mesurée par l’accumulation des alluvions
derrière les barrages réservoirs et par l’étude des débits solides des cours d’eau. En zone aride, la
tranche érodée est de 0,5 à 1,5 mm de sol par an.
Concernant les nappes phréatiques, ce sont d’immenses réservoirs où les eaux d’infiltration
s’accumulent. Les nappes recèlent plusieurs milliards de m3 d’eau, dont une partie, fortement
salée est difficilement utilisable. Les spécialistes estiment que les eaux profondes sont utilisées à
l’extrême limite des possibilités et même souvent au-delà. Les nappes baissent et les frais de
pompage augmentent considérablement. L’amélioration dans le domaine de l’irrigation ne pourra
venir de nouvelles ressources en eau mais de la meilleure utilisation des eaux déjà exploitées.
17
1.1.1.5 Conditions pédologiques
On distingue plusieurs types de sols steppiques dont les caractères généraux sont les suivants :
Les sols steppiques sont soumis à une forte érosion hydrique et éolienne due aux conditions
climatiques et à la forte action anthropique qui diminue le couvert végétal. Prés de 600.000 ha de
terres en zones steppiques sont totalement désertifiées (HADJIAT, 1997).
Les bons sols sont surtout des sols alluviaux. On les rencontre :
- au bord des oueds, ces sols restent très précaires face à l’érosion hydrique ;
- dans les dépressions fermées (dayas). Ce sont des sols profonds fertiles qui accueillent en
priorité les cultures ou du Lygeum spartum ;
- les piémonts sont des sols, beaucoup moins homogènes et moins épais. Les éléments
constitutifs de ces sols sont grossiers.
1.1.1.6.1 Population
Les habitants de la steppe ont pour activité principale l’élevage ovin. La population de la
steppe qui était de 925.708 habitants en 1954, est estimée aujourd’hui à prés de 4 Millions
d’habitants (KACIMI, 1996).
1.1.1.6.3 Agriculture
La céréaliculture aléatoire est l’activité la plus importante après l’élevage. Sa surface est
estimée à 1.000.000 ha, avec une production de 4 qx/ha en moyenne.
18
(5 millions d’hectares) ont été réduites à 2 millions d’hectares en raison de leur exploitation
intensive (NEDRAOUI, 1990 ; KADI HANIFI, 1998).
19
CHAPITRE II : Profil et bilan fourrager
1.2.1 Importance et concentration des élevages en Algérie
Le cheptel algérien des ruminants est estimé pour l’année 2001 entre 3,5 millions d’unités
gros bétail (UGB) (ADEM et FERRAH, 2002) et 5 millions d’UGB selon NEDJRAOUI (2001).
Les effectifs se localisent essentiellement au niveau des zones steppiques (32%), des zones
humides et subhumides (29%), des zones céréalières (23%) et dans les zones sahariennes (13%).
Ce cheptel est constitué en grande partie par les ovins (53%) et les bovins (28%) (Tabl. 3). La
structure des élevages varie selon les zones agro-écologiques. Celle-ci est dominée par l’élevage
bovin (72%) dans la zone tell littoral, par l’association ovins/bovins dans les zones céréalières et
sublittoral, les ovins en zones steppiques (75%) et les camelins en zones saharienne (56%).
Concentration
Zones Structure UGB selon les zones
des animaux
UGB (%) Bovins Ovins Caprins Camelins Equidés
Zone tell Littoral A 1006504 28,9 72 20 3 0 4
Zone humide A1 693436 19,9 77 17 3 0 3
Zone sub humide A2 313068 9,0 61 29 4 0 7
Zone sublittorale 127726 3,7 43 47 4 0 7
Zone céréalière C 802856 23,0 45 44 4 0 6
Sub hum semi aride C1 207561 6,0 38 50 4 0 8
Zone humide C2 595295 17,1 47 42 5 0 6
Zone de pâturage et
1104143 31,7 14 75 6 2 2
parcours
Zone saharienne 444032 12,7 1 27 13 56 3
Algérie 3485261 100,0 37 45 6 8 4
Source : Gredaal, 2003
NEDJRAOUI (2001) remarque aussi que les données révèlent des élevages de taille
relativement réduite. La taille moyenne des élevages bovins ne dépasse pas les 08 sujets par
exploitation. La structure est encore plus atomisée dans le cas des vaches laitières. Des
remarques similaires peuvent être dressées concernant les élevages de moutons et de chèvres
dont la taille moyenne est respectivement de 54 et 15 sujets, une exception est à mettre en
évidence pour le cas des élevages de chameaux dont la taille moyenne est de 31 sujets. Mais le
fait le plus important à mentionner reste la dominance considérable des populations locales qui
représentent 95% de la population animale recensée.
20
Tableau 4. Répartition des superficies fourragères en Algérie en 2001
Structure (%)
Superficies Pacages
Zones Fourrages Prairies Chaumes et
(Hectares) Jachères et
cultivés naturelles pailles
parcours
Littoral tellienne du nord
Zone tell littoral A 2.802.425 4 22 1 29 44
Zone humide A1 1.315.579 5 25 2 26 43
Zone humide A2 1.486.846 4 20 0 31 45
Zone Sublittoral 700.105 7 27 0 6 60
Zone céréalière C 4.642.085 3 28 0 29 40
Z.sb hum et semi ar C1 1.144.954 2 22 0 18 59
Zone humide C2 3.497.130 3 30 0 32 34
Zone des pâturages et
13.156.478 0 7 0 92 1
Parcours
Zones sahariennes 17.647.893 0 0 0 100 0
Algérie 38.948.986 1 8 0 82 9
Source : GREDAAL, 2003
D’après ce tableau, il ressort que la production et la culture des fourrages en Algérie restent
une activité marginale des exploitations agricoles. En effet la proportion des terres réservées aux
cultures fourragères reste faible et ne représentait en 2001 que 1% des superficies globales. Les
principales sources fourragères (jachères, pacages et parcours, chaumes et pailles) se
caractérisent par la faiblesse de leur productivité. La difficulté à développer les cultures
fourragères est fortement liée aux limites imposées par la faiblesse de taille des élevages. Le
potentiel de la production énergétique à l’hectare est rapporté dans le tableau 5 :
Les fourrages cultivés sont composés essentiellement de vesce-avoine qui représente 70% de
la surface cultivée, tandis que 10% est affectée aux céréales, et 1 à 5% aux cultures de la luzerne
et du sorgho (ADDELGUERFI, 1987). D’après SOUDANI (1993), les fourrages cultivés
consommés en sec représentent 92% des apports énergétiques et concernent la vesce-avoine,
l’avoine fourragère et le pois-avoine. Les fourrages cultivés consommés en vert (dominé par
l’orge en vert) fournissent 7,4% des apports énergétiques. Ces fourrages, le plus souvent mal
récoltés et ou mal conservés, donc de faible valeur nutritive, témoignent du caractère extensif de
la production fourragère en Algérie.
21
1.2.3 Evaluation de la production fourragère
En termes d’offre, exprimée en Unités Fourragères (UF), l’Algérie disposait en 2001 de 8
milliards d’UF (GREEDAL, 2003). Selon SOUDANI (1993), cette offre était de 6,6 milliards
d’UF en 1993 tel que rapporté dans le tableau 6.
Ces milliards d’UF produites annuellement sont issues principalement des zones céréalières
(52%) et des parcours steppiques (44%). Les chaumes et les pailles contribuent pour 37% dans
l’offre fourragère globale (GREEDAL, 2003).
Les capacités productives des parcours ont connu ces dernières décennies une régression
particulière. La dégradation du tapis végétal amorcée depuis longtemps, ne cesse de s’accentuer,
réduisant de plus en plus les potentialités végétales (AIDOUD, 1989). Selon BENREBIHA et
BOUABDELLAH (1988), le taux de recouvrement de la végétation ne dépasse pas 25%.
Actuellement, les étendues des terres de parcours steppiques d’Algérie se caractérisent par une
diminution à la fois de leur surface et de leur production potentielle. Selon DOUH (1993), plus
de 80% de la surface totale a atteint un niveau de production inférieur à 50% de son potentiel
écologique productif.
La croissance des effectifs steppiques a eu des conséquences néfastes sur les parcours
pastoraux. Selon ZIAD (2006), le surpâturage constitue l’action la plus dévastatrice sur la
végétation pérenne et le principal facteur de désertification durant les deux dernières décennies.
La capacité de charge de la steppe algérienne n’est plus que de 25%.
22
1.2.4.3 Estimation des besoins alimentaires pour les ovins
Sur la totalité des UF produites sur le territoire national, et selon SOUDANI (1993), la part
destinée aux ovins représente 40% des besoins de toutes les espèces animales confondues.
Taux de
couverture des
Besoins(UF) Offre(UF) Balance
besoins (%)
Zones
Zone tell littoral A 3.019.510.650 1788463916 -1 231 046 734 -40.77
Zone humide A1 2.080.307.550 865736941 -1 214 570 609 -58.38
Zone sub humide A2 939.203.100 922726975 -16 476 125 -1.75
Zone Sublittoral 383.176.500 520112391 136 935 891 35.74
Zone céréalière C 2.408.568.420 2666512614 257 944 194 10.71
Sb hum semi aride C1 622.684.260 784791375 162 107 115 26.03
Zone humide C2 1.785.884.160 1881721239 95 837 079 5.37
Zone des pâturages et
3.312.430.290 2269504538 -1 042 925 752 -31.49
parcours
Zone sahariennes 1.332.096.120 940895345 -391 200 775 -29.37
Total 10.455.781.880 8.185.488.804 -2.260.993.076 -22
Source : GREDAAL (2003)
Pour l’ensemble du territoire national, les besoins sont évalués à 11,34 milliards d’UF et à
10,5 milliards d’UF respectivement par BENREBIHA (1984) et NEDJRAOUI (2001). L’analyse
fourragère pour l’année 2001 a permis de mettre en évidence la persistance d’un déficit fourrager
estimé à 22% en moyenne. L’estimation du bilan fourrager (Tableau 7) montre aussi que les
disponibilités fourragères couvrent les besoins des troupeaux à hauteur de prés de 70% pour les
zones steppiques et sahariennes (68,5% et 70,6%). L’analyse selon les diverses zones
écologiques montre aussi que le déficit est prononcé pour les zones littorales (58%) d’une part et
un excédant énergétique des besoins pour les zones sublittorale et céréalière. BENREBIHA
(1984) affirmait que les ovins ont une part de 4,47 milliards d’UF soit 39,5% des besoins totaux.
MOUHOUS (2005) rapporte que le déficit dans sa région d’étude (LAGHOUAT) est de 15% des
besoins qu’il faudrait couvrir. Cette insuffisance est due à une diminution du potentiel fourrager
des parcours causée par une surexploitation qui est le résultat d’une pression animale importante
sur les parcours.
Le surpâturage engendré par la pression animale élevée est l’une des causes de dégradation
des parcours. L’offre fourragère des parcours étant faible et la charge animale élevée provoquent
une dénudation du couvert végétal des parcours parfois allant vers une dégradation irréversible.
BOUKHOBZA (1982) affirmait que nos parcours steppiques ne pouvaient supporter une charge
supérieure à 8,75 kg/ha (Tableau 8).
La spéculation sur le marché de la viande ovine dont le prix au détail est passé de 0,7
USD/Kg en moyenne en 1977, à prés de 7 USD/Kg, a contribué au développement de cet
élevage.
L’élevage extensif a été favorisé également par les subventions que l’Etat a accordé à
l’aliment concentré introduit durant les années 1970 et qui ne devrait être utilisé au départ que
dans les coopératives d’élevage pour compenser le maigre apport du fourrage naturel disponible
pendant les périodes de disette. Des quantités très importantes d’orge et de maïs sont importées
(tableau 9) et distribuées à très bas prix (24 USD/ql en 1985) pour combler le déficit fourrager.
La consommation de concentré est passée de 750 à 2.060 millions d’U.F. entre 1971 et 1985 (Le
HOUEROU, 1985 ; BOUTONNET, 1989).
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
Orge 482 614 338 0 157 848 259 307 37 103 549
Maïs 383 615 605 998 874 1209 1066 1198 1099 939 1300
Source OAIC in BEDRANI, 1995
De nombreux travaux relatifs à l’étude de la végétation ont permis de faire ressortir les
potentialités pastorales des steppes algériennes qui sont dominées par 4 grands types de
formations végétales (DJEBAILI, 1978 ; URBT, 1974, 1991 ; NEDJRAOUI, 1981 ; AIDOUD,
1989 ; LE HOUEROU, 1998, 2000).
Les steppes à alfa (Stipa tenacissima) : dont l’aire potentielle était de 4 millions d’hectares
présentent une forte amplitude écologique. On les retrouve en effet dans les bioclimats semi
arides. Ces steppes colonisent tous les substrats géologiques de 400 à 1.800 m d’altitude. La
production de l’alfa peut atteindre 10 tonnes MS/ha mais la partie verte, qui est la partie
fourragère, exploitable a une production de 1000 à 500 kg MS/ha. L’alfa présente une faible
valeur fourragère de 0,3 à 0,5 UF/kg MS. Cependant, les inflorescences sont très appétées (0,7
UF/kg MS). La productivité pastorale moyenne de ce type de steppe varie de 60 à 150 UF/ha
selon le recouvrement et le cortège floristique (AIDOUD et NEDJRAOUI, 1992). Les nappes
alfatières subissent, au même titre que les autres espèces pérennes, le tribu d’un long processus
de dégradation qui a abouti, à certains endroits, à sa complète disparition.
Les steppes à armoise blanche (Artemisia herba alba) : recouvrent 3 millions d’hectares et
sont situées dans les étages arides supérieur et moyen, à hiver frais et froid, avec des
précipitations variant de 100 à 300 mm. Ce type de steppe s’étale sur les zones d’épandage dans
24
les dépressions et sur les glacis encroûtés avec une pellicule de glaçage en surface. La production
primaire varie de 500 à 4.500 kg MS/ha avec une production annuelle totale de 1.000 kg MS/ha.
La production annuelle consommable est de 500 kg MS/ha, soit une productivité pastorale
moyenne de 150 à 200 UF/ha (DJEBAILI et al, 1989). L’armoise ayant une valeur fourragère
moyenne de 0,65 UF/kg MS, les steppes à armoise blanche sont souvent considérées comme les
meilleurs parcours utilisés pendant toute l’année et en particulier en mauvaises saisons, en été et
en hiver où elles constituent des réserves importantes. L’armoise est une espèce bien adaptée à la
sécheresse et à la pression animale, en particulier ovine. Le type de faciès dégradé correspond à
celui de Perganum harmala dans les zones de campement et autour des points d’eau.
Les steppes à psamophytes : sont liées à la texture sableuse des horizons de surface et aux
apports d’origine éolienne. Ces formations sont inégalement réparties et occupent une surface
estimée à 200.000 hectares. Elles suivent les couloirs d’ensablement et se répartissent également
dans les dépressions constituées par les chotts. Elles sont plus fréquentes en zones aride et
présaharienne. Ces formations psamophytes sont généralement des steppes graminéennes à
Aristida pungens et Thymellaea microphyla ou encore des steppes arbustives à rétama raetam et
leurs valeurs pastorales varient de 200 à 250 UF/ha.
Les steppes à halophytes : Ces steppes couvrent environ 1 million d’hectares. La nature des
sols, leur concentration et leur variation dans l’espace vont créer une zonation particulière de la
végétation halophile très appétée autour des dépressions salées. Les espèces les plus répandues
dans ces formations sont : Atriplex halimus, Atriplex glauca, Suaeda fruticosa, Frankenia
thymifolia, Salsola sieberi et Salsola vermiculata. Ce type de steppe est très recherché par les
pasteurs et sa valeur pastorale est d’environ 300 UF/ha.
Conclusion partielle
Il ressort de ce chapitre que la production fourragère revêt un caractère extensif et qu’il
existe un déficit énergétique global à satisfaire même si les superficies sont en constante
augmentation. On peut déduire par anticipation que le secteur de l’élevage en Algérie reste une
activité marginalisée, menée d’une manière assez archaïque et caractérisée par une faible
productivité. En effet les statistiques font apparaître que la production en équivalent par brebis
reproductrice, plafonne entre 10 et 12 kg de viande par an et que la productivité numérique se
situe 0,6 et 0,8 agneau sevré par an et par brebis reproductrice. L’écart entre l’objectif technique
et l’objectif physiologique est important. L’acheminement de la production ovine vers une
intensification passerait obligatoirement par des disponibilités fourragères plus maîtrisées. En
25
effet au niveau de tous les étages bioclimatiques, on note un déficit en termes d’énergie. Les
chiffres sont plus éloquents dans les zones du sud, steppiques et présahariennes qui sont
considérées comme étant le domaine des petits ruminants.
26
CHAPITRE III : Les déterminants de la dégradation des parcours
Les deux facteurs tendant à maintenir la production pastorale dans la crise qu’elle traverse
sont :
- une exploitation extensive et à faible productivité,
- l’état actuel de dégradation des terres des parcours, aboutissant à une aggravation
continue du surpâturage et par conséquent, à la saturation des pâturages fréquentés.
1.3.1 La steppisation
Selon DJEBAILI (1984, 1987), la steppisation se caractérise sur le plan géobotanique par un
changement de nature de la végétation qui se traduit sous un climat et sur substrat géologique
déterminé par :
Il ressort que les causes de la steppisation sont d’origine climatique et anthropozoïque. Ces
actions conjuguées ont conduit à une artificialisation et donc à un déséquilibre de cet
écosystème.
L’évolution de la végétation des hauts plateaux algéro-tunisiens depuis des temps historiques
peut être schématisée comme suit (LE HOUEROU, 1985).
Forêts primitives
à Pinus halepensis et Juniperus phoenicea
ou Tetraclinis articulata
Matorrals dégradés
a Rosmarinus officinalis
Et Stipa tenacissima
Steppes
à Stipa tenacissima et Artemisia campestris
ou Artemisia herba alba
Steppes
à Artemisia campestris ou à Artemisia herba alba
27
Comme le montre le schéma, la végétation des zones arides est en voie de régression depuis
quelques décades (1930 environ). Le phénomène de steppisation ancien glissait de plus en plus
vers le processus de désertification ou désertisation.
1.3.2 La désertification
Intervenant les unes sur les autres, elles sont à la fois causes et conséquences de
l’appauvrissement de la flore, de la forme et de la désolation accentuée du paysage. Par leur
interaction, ils participent pour une bonne part au façonnement des formes sociales et du niveau
de la production ainsi qu’au mode de vie.
Quelles sont les causes et/ou les facteurs qui interviennent dans le processus ?
- Les touffes trop ligneuses, une fois brûlées, régénèrent et les jeunes pousses sont alors
consommées par les moutons.
- Le berger se trouvant sur les pâturages en hiver, incinère des touffes d’alfa pour n’obtenir
qu’un feu éphémère.
- Il arrive que ces feux se propagent sous l’effet des vents très fréquents. Ainsi, des
centaines d’hectares sont dévastés.
- Le sol découvert est soumis à l’érosion éolienne intense précipite ces aires à la
désertification.
1.3.3.4 La céréaliculture
C’est une spéculation qui n’est pas nouvelle ; l’Algérie était le grenier de Rome affirme-t-on
« Il s’est probablement agi d’une agriculture «minière » dont l’érosion a sans doute été la
principale raison du déclin ». Guidé par la logique pastorale et contraint de satisfaire ses besoins
en grains de plus en plus élevés, le pasteur s’est fait aussi céréaliculteur. En effet selon les
spécialistes, 1 million d’ha de céréaliculture est localisé dans la steppe. Les cultures céréalières
qui, autrefois se localisaient sur des sols les plus propices (piémonts, bas-fonds), connaissent
aujourd’hui, un débordement et ont gagné les sols les plus minces. Depuis, la dégradation
généralisée succède aux dégradations localisées du couvert végétal et des parcours
(MONTCHAUSSE, 1972). La céréaliculture devient toujours plus aléatoire et empiète sur les
terrains de parcours « Le résultat est patent, l’emblavage suit le défrichement et l’érosion, la
maigre récolte (rendement inférieur à 4 quintaux), le sol dénudé devient rapidement la proie du
vent ».
Les problèmes du foncier et la dégradation des ressources naturelles. Depuis 1975, date de la
promulgation du code pastoral, toutes les terres de parcours steppiques et présahariens s’étalant
entre les isohyètes 100 et 400mm sont devenues propriété de l’Etat de la gestion de ces terres
relève des communes. La loi portant accession à la propriété foncière agricole de 1983 a été
appliquée aux terres de parcours et « quiconque met en valeur une terre de parcours pourra
prétendre à en être propriétaire ». La loi de 1990 portant orientation foncière réduit l’espace des
terres « à vocation pastorale » aux steppes comprises entre les isohyètes 100 et 300mm,
(NEDJRAOUI 1997 ZEGRAR et al, 1997) permettant les défrichements sur la frange 300-400
mm. De ce fait, et pour répondre aux besoins alimentaires induits par la croissance
démographique et l’augmentation du cheptel, on assiste à une exploitation anarchique des terres
pastorales et à l’extension des cultures céréalières à rendements très faibles (2 à 5 qx/ha) sur des
sols fragiles. Les techniques de labour au cover-crop utilisées par les agropasteurs ont une action
très érosives qui détériore l’horizon superficiel et le stérilise le plus souvent de manière
irréversible. Ces phénomènes provoquent une destruction des espèces pérennes et une forte
réduction de la végétation annuelle. On a assisté à une perte des surfaces pastorales au profit des
surfaces défrichées et labourées et très souvent abandonnées.
1.3.3.5 Le surpâturage
29
quantité de matière végétale prélevée et l’accroissement annuel. Lorsque cette différence
s’annule, on est à la charge d’équilibre, lorsqu’elle est négative, il y a sous-pâturage.
L’impact sur la végétation est énorme et se traduit sur le plan qualitatif par une diminution
de la richesse floristique et donc de la biodiversité. Sur le plan quantitatif le surpâturage
provoque une diminution du couvert végétal pérenne et de la phytomasse et donc une
dégradation des formations végétales. LE HOUEROU (1985) souligne que la capacité de charge
de la steppe n’est plus que de 25%. De nombreuses études montrent une importante régression
du couvert végétal supérieure à 50% et une diminution sérieuse de la production des écosystèmes
steppiques passant de 120 à 150 UF/ha/an en 1978 à 30 UF/ha/an pour les parcours dégradés et
60 à 100 UF/ha/an pour les parcours palatables (AIDOUD et NEDJRAOUI, 1992 ; ZEGRAR et
al, 1997). L’intensité du surpâturage a été évaluée à partir de la charge potentielle du parcours et
de la charge effective par NEDJRAOUI (Tableau 10).
En 1968, les parcours steppiques nourrissaient 7.890 103 équivalents ovins, ce qui donnait
une charge de 1,9 ha/eq ovin, et la steppe offrait 1,6 milliards d’UF donc pour une charge
pastorale de 1 mouton/4 hectares. Donc à cette période la steppe était déjà surpâturée et la charge
effective était deux fois plus élevée que la charge potentielle. Malgré les avertissements lancés
par les pastoralistes de l’époque, la situation s’est en fait aggravée. En effet en 1996, les parcours
se sont fortement dégradés et la production fourragère est équivalente à 0,533 milliards d’UF,
cette estimation est une moyenne qui tient compte des espèces annuelles et de la variabilité de la
pluviosité. La charge pastorale potentielle serait d’environ 8 ha/eq-ovin. Or l’effectif du cheptel
correspond à 19.170 103 eq-ovins et la charge réelle des parcours est de 0,78 hectares pour 1 eq-
ovin. L’effectif du cheptel serait donc 10 fois supérieur à la charge réelle des parcours. Cet état
des choses ne peut être possible que par la complémentation à l’aide de concentrés.
30
Les causes de surpâturage tiennent :
- à la surcharge et à l’absence de rotation,
- à la structure des troupeaux,
- aux méthodes d’élevage,
- à la disette en immobilisant le cheptel,
- à la sédentarisation.
Conclusion partielle
La steppe est engagée inéluctablement dans un long et lent processus de désertification.
Tous les facteurs de dégradation sont d’origine anthropique et climatique ceci donne
l’impression que tous les éleveurs s’associent dans la privatisation de l’intérêt et se socialisent
dans la destruction du support principal de leur activité. En effet, l’élevage basé jadis sur des
règles coutumières collectives, est passé à des pratiques d’élevage régies par un individualisme
qui est en progression constante. La concurrence pour les pâturages est rude et la meilleure
forme d’appropriation se fait par l’utilisation intensive de ceux-ci. Ce constat soulève une
interrogation majeure dont les prémices sont déjà apparues. L’artificialisation de l’élevage ovin
en zone steppique est une réalité car on s’oriente de plus en plus d’un élevage nomade ou semi
nomade vers un élevage de type sédentaire. L’utilisation de la complémentation (en orge)
devient une pratique courante et donne déjà une idée sur le niveau des prix actuels et futurs de la
viande ovine locale que même l’importation n’arrive pas à limiter ou à atténuer.
31
CHAPITRE IV : Conduite alimentaire en zones steppiques
L’examen du bilan fourrager montre le déficit au niveau des zones des pâturages et parcours
ainsi qu’au niveau des zones sahariennes. Ces dernières intéressent l’espèce ovine. Le déficit est
important et il est l’ordre de 70%. La pénurie alimentaire dans l’espace steppique est réelle et les
éleveurs essaient d’y pallier de différentes manières :
- par la complémentation,
- par les transhumances.
La juxtaposition de la courbe des besoins des brebis et celle de l’offre fourragère naturelle
des pâturages, laisse apparaître des périodes d’insuffisance alimentaire qui se situent en fin de
saisons d’été et d’hiver.
Alors que les brebis sont en fin de gestation, donc à une période ou les besoins sont élevés,
l’offre alimentaire est à son niveau le plus bas, le recours à la complémentation est
incontournable. En effet la pratique du steaming-up est obligatoire afin d’éviter la
compromission du poids à la naissance des agneaux et même la production laitière totale et par le
sevrage des nouveaux nés provenant des agnelages d’automne.
Pour les troupeaux nomades, certains continuent à pratiquer la transhumance vers le nord
afin d’éviter la chaleur et les parcours desséchés et lignifiés des pâturages steppiques, outre
l’aspect économique de l’achaba, l’aspect technique c’est-à-dire la recherche de l’alimentation
sur chaumes à la fin des moissons est toujours pratiqué par les éleveurs. Ainsi, les animaux
bénéficient d’une suralimentation en fin de gestation (steaming-up naturel).
Risques et inconvénients : Durant l’agnelage l’automne, si les pluies sont tardives et l’agnelage
trop précoce (Septembre par exemple) il faudra apporter aux brebis une complémentation élevée
pour faire face aux besoins de fin de gestation et même de début de lactation. Si l’agnelage est
trop tardif (fin novembre), l’offre des fourrages aura déjà baissé ; en outre les froids de décembre
risquent de causer des pertes chez les jeunes agneaux. Cet agnelage, même s’effectuant en
octobre, présente cependant l’inconvénient de ne pas faire face aux forts besoins alimentaires en
hiver. L’insuffisance de la quantité et la qualité des fourrages implique alors l’apport d’une
complémentation.
Le scénario est le même pour les femelles en fin de gestation, en fin d’hiver, où l’offre des
pâturages est à son minimum en raison du repos végétatif des plantes. La difficulté d’ajuster
l’apport alimentaire et les besoins des femelles gestantes se pose avec acuité. Ainsi sans l’apport
d’une complémentation, la vigueur des agneaux à la naissance et le taux de productivité
numérique seront compromis. Ces périodes saisonnières de pénurie alimentaire qualifiées de
période de soudure sont une contrainte forte et mettent dans l’obligation les pasteurs à procéder à
la complémentation des animaux reproducteurs.
32
En ce qui concerne les animaux non reproducteurs, la relation au marché est de plus en plus
importante. En effet la demande croissante de grains et de fourrages, non pas en tant
qu’alimentation d’appoint, tend à se généraliser puisqu’on s’écarte de plus en plus des logiques
pastorales pour se rapprocher de la logique marchande. L’irrégularité et l’insuffisance des pluies
dans l’espace et dans le temps impose cette complémentation et la production fourragère du
Nord se trouve de plus en plus sollicitée malgré son caractère extensif.
L’agnelage de printemps peut se réaliser en février, mars, avril au plus tard. Il permet de
faire coïncider exactement le maximum des besoins des brebis avec celle du maximum de l’offre
fourragère. Il présente donc à priori moins de risque que le précédent. Il permet aussi de réaliser
la lutte en fin d’automne favorisant ainsi une excellente préparation alimentaire des animaux
reproducteurs (flushing naturel). On peut remarquer que dans les deux cas, agnelage d’automne,
comme agnelage de printemps, la lutte intervient à des périodes propices, lors des années
normales.
Risques et inconvénients : Dans le cas de l’agnelage très précoce (fin janvier, début février) il y a
risque de mortalité des agneaux par le froid. Cet inconvénient peut être réduit en abritant les
nouveaux nés durant la nuit. D’autre part les besoins de fin de gestation et début lactation ne
seront pas couvert et la nécessité d’apporter une complémentation s’impose (steaming up). Dans
le cas de l’agnelage plus tardif (fin mars, avril), il y a compromission du sevrage qui a lieu en
juillet-août, c’est-à-dire à une période ou les pâturages ont une production très réduite et de
mauvaise qualité, si bien que les agneaux risquent de ne pas être finis et devront alors être gardés
jusqu’au printemps de l’année suivante, ce qui est contraire aux objectifs de rajeunissement des
produits et tendra à alourdir les charges liées à l’alimentation.
L’influence du milieu steppique se traduit par l’offre variable des fourrages au cours de
l’année. Il est difficile de tracer avec exactitude une courbe d’offre des fourrages. En effet,
chaque formation végétale présente un développement à des époques différentes. De plus
l’évolution de la valeur nutritive des plantes est assez marquée au cours de l’année, s’ajoutant
aux variations quantitatives.
Cependant pour tracer l’ébauche de la courbe, on peut tenir compte des points suivants :
33
Ces observation sont confirmées d’ailleurs la complémentation s’apporte en deux fractions
durant les périodes allant du 15 juillet au 30 septembre (fin été) et du 15 novembre au 15 février ;
fin mars (Fig. 2).
On peut se faire une idée de la fragilité des potentialités des ressources naturelles de la
steppe en considérant la répartition décadaire entre bonnes, moyennes et mauvaises années
(HAMLAOUI, 1985).
Une bonne année est la résultante d’un printemps humide suivi d’un automne et d’un
printemps humides ;
Une année moyenne est caractérisée par un printemps humide ;
Une année mauvaise est causée par un printemps sec ;
Une année de disette ou catastrophique résulte de la succession de trois saisons
anormalement sèches et se présente avec une périodicité mal connue.
Cependant, cette courbe valable pour les troupeaux sédentaires de la steppe, doit être
complétée, dans le cas des troupeaux nomades et transhumants par l’apport alimentaire que
34
représente le pâturage sur chaumes lors de l’achaba, durant les mois de juillet, août, septembre. Il
est vrai que ce mode de conduite ne se réalise pas tous les ans et que, lorsque l’année est
favorable, l’achaba ne se réalise pas.
Marquée par des conditions naturelles hostiles, la steppe offre à l’homme des possibilités
d’utilisation peu variées et peu intensives.
La recherche de l’eau
La quête de l’herbe.
1er cas : Automne pluvieux et printemps pluvieux donnent le cycle alimentaire complet et
fournissent toutes les espèces palatables. Les troupeaux nomadisent peu ou pas du tout. Les
déplacements effectués ne franchissant jamais le Tell lorsque, dans les bas fonds , les animaux
nomadisent en juillet, août et septembre dans les chaumes des hautes plaines et de la frange
méridionale du Tell.
a) D’octobre à décembre, les pluies provoquent la constitution d’un tapis végétal bas en
herbes jeunes, réunissant l’ensemble des espèces palatables.
b) Janvier à avril mars, la sécheresse sévissant, la poussée printanière ne se fait pas. Les
animaux restent dans l’armoise en mars-avril. En mai, la disette fourragère s’installe,
après un pâturage exagéré du tapis végétal. Les animaux remontent rapidement vers le
nord ; le mouvement de nomadisme commence d’ailleurs fin février début mars. Les
réserves septentrionales ne suffisent pas cependant pour nourrir le cheptel nomadisant.
L’éleveur vend alors une partie de son troupeau et reste sur les champs du nord jusqu’en
septembre.
Les pluies débutent à la mi-septembre. Les animaux sont venus tôt dans le Nord et y ont passé
l’été non sans avoir éprouvé quelques pertes. Avec les pluies de septembre, le parcours renaît et
l’alimentation des animaux est assurée dès le début d’octobre. Ainsi les nomades reprennent le
cycle normal de leurs pérégrinations.
Durant les années anormalement sèches, la pénurie alimentaire n’est pas simplement une
famine saisonnière. Elle se manifeste tous les 6 à 10 ans par une véritable hécatombe décimant
des troupeaux entiers et faisant chuter les éleveurs au bas de l’échelle sociale. Ces disettes
sévères apparaissent lorsque durant deux ou plusieurs années successives, la zone steppique ne
reçoit pas les habituelles pluies d’automne et d’hiver. L’impact de la sécheresse ne relève pas du
seul phénomène naturel mais aussi d’un marché, autant sinon plus éprouvant, et de l’inaptitude
des producteurs à faire face à l’un comme à l’autre. Le taux de mortalité (26,2%, tableau 11) ne
mesure que l’un des aspects et l’intensité du facteur naturel et par là l’affectation du taux de
croissance ultérieur du cheptel qui est fortement accentuée par des faits socio-économiques. Ces
derniers englobent la totalité des formes de décapitalisation. En effet, les ventes massives, à
faible prix, qui marquent cette période, sont à enregistrer comme autant de pertes, préjudiciables
au rythme de reconstitution des troupeaux.
36
Tableau 11. Taux de mortalité selon les catégories de têtes
Agneaux sevrés
Catégories Jeunes non
antenais Brebis Béliers Total
d’animaux sevrés
moutons
Il en ressort que la mortalité aurait touché le tiers du cheptel (26,2%) durant la disette de
1970-71 (EL KENZ, 1969), la mortalité du croît aurait été ainsi deux fois plus élevée que celle
qui a affecté le reste du cheptel. L’incidence de ces 73,3 % de mortalité du croît sur l’ensemble
de l’économie pastorale est à la mesure de ces propres termes : si la mortalité n’affecte que
13.6% des brebis, les reproductrices potentielles, appelées à renouveler les capacités de
reproduction du cheptel sont par contre décimées à 73,3% de leur effectif. L’effet d’une telle
mortalité sera de maintenir le rythme de reconstitution du cheptel à un niveau aussi bas que
durable.
L’effectif des jeunes (antenais, antenaises, agneaux et agnelles sevrés, moutons) semblerait
être moins touché par la mortalité que les effectifs adultes reproducteurs (6,9% contre 13,6%
pour les brebis et 20,3% pour les béliers). Cela peut paraître normal dans la mesure où les mise-
bas, puis l’allaitement, affaiblissent considérablement les brebis au point de pousser les éleveurs
à pratiquer le non allaitement volontaire pour les sauvegarder.
Le taux de mortalité, plus élevé parmi les béliers (20,3%) découlerait vraisemblablement
d’une alimentation inégalement répartie au détriment de cette catégorie de bêtes dont l’effectif
est plus aisément renouvelable par sélection des agneaux. Une telle répartition des ressources
alimentaires peut également s’expliquer du fait des moindres besoins ultérieurs en géniteurs dont
il faut alors réajuster l’effectif à celui des reproductrices restantes, après la sécheresse. En effet,
la fonction de géniteur en période de disette sévère devient caduque au regard de l’état des
reproductrices, les béliers perdent alors de leur utilité et par là perdant l’avantage des régimes
préférentiels.
La mortalité importante des jeunes non sevrés (73,3%) souligne avant tout autre chose,
l’insuffisance de l’alimentation des brebis mères. Les objectifs de l’alimentation n’ont visé qu’à
la sauvegarde du cheptel jeune et adulte, c’est-à-dire à veiller au plus à la couverture des besoins
d’entretien. Le croît étant littéralement sacrifié (non allaitement volontaire ou vente de la brebis
suitée), lorsque l’extrême faiblesse des brebis porteuses ne provoque pas l’avortement. En fait
toute bête qui échappe à la mortalité est appropriée par le marché et la décapitalisation des uns a
pour corollaire l’accroissement de capital des autres.
Durant ces calamités pastorales, aux ressources naturelles des parcours se substituent les
produits végétaux issus de l’agriculture, facteur de survie plus que facteur de production. Aussi
l’absence ou le défaut de l’esprit de prévision des éleveurs sont non fondés pour deux raisons
essentielles :
37
2) Il faut reconnaître que de telles immobilisations de ressources économiques, lors même
quelles seraient techniquement réalisables, ne se rentabiliseraient qu’en cas de disette.
Cela renvoie également au nomadisme et à l’exploitation pastorale des parcours par les
éleveurs qui s’en contentent en période courante, sans en assumer la reproduction eux
égard au statut domanial des parcours.
Les moyens mis en œuvre par les institutions et organismes concernés pour lutter contre la
sécheresse, se concentrent sur l’approvisionnement des régions steppiques, en orge et fourrages
principalement. La quasi totalité des approvisionnements a été consommée ; à cela il faut ajouter
qu’une proportion appréciable de cheptel (30% environ), avait déjà été vendue, soit décimée,
avant même l’intervention des secours conséquents. Ces deux constats manifestent l’insuffisance
des approvisionnements et par là l’indigence de la production nationale à pourvoir aux besoins
du cheptel.
La spéculation a pleinement dominé le marché au point où sur les 714.926 quintaux d’orge
achetés dans le cadre de la lutte contre la disette, les quantités vendues a prix réduit
(subventionnée) s’élevant à 176.506 quintaux soit 24,6% seulement du volume global.
Ce retard ne pouvant que diminuer l’efficacité d’une telle mesure, 60% des ventes des bêtes
ayant déjà été effectuées à cette période : une réduction plus opportune des prix de l’orge et du
fourrage aurait certainement réduit de façon considérable les ventes de bêtes à vil prix.
A la livraison d’orge, il faut ajouter celle du fourrage dont les conditions sont à peu prés
analogues, puisque 43% du total des volumes vendus le furent à prix réduit (subventionné)
contre environ 25% seulement pour l’orge.
Il faut toutefois faire observer que la lutte contre la mortalité des bêtes, grâce au fourrage, a
très vite cédé le pas au recours à l’orge en décelant par là l’engraissement en vue d’un meilleur
rapport au marché. Cette pratique généralisée de l’embouche alors que certaine la réduise à une
simple alimentation, soit de complémentation soit de survie du cheptel, c’est une pratique du pire
et traduit toute la crise du pastoralisme que la sécheresse ne fait que révéler : en cas de
sécheresse, les moyens de lutte contre la disette n’étant que de vendre des bêtes pour
s’approvisionner en aliments du bétail.
Le marché, plus que la mortalité devient un grand obstacle et transforme les éleveurs en
emboucheurs et en commerçants.
38
La sécheresse apparaît comme une période qui déclenche un processus socio-économique
fort complexe. En effet elle pousse les gros éleveurs à pratiquer l’accumulation du cheptel, en
vue de s’aménager les plus grandes possibilités de survie.
En d’autre terme la commercialisation des adultes (brebis), sans référence aux cours (prix)
emboîte le pas à l’épuisement des effectifs des autres animaux (antenais, moutons, agneaux)
difficilement renouvelables à cause de la mortalité du croît.
En fait une décapitalisation en découle due à deux raisons essentielles : les éleveurs ont été
contraint de commercialiser du fait de la sécheresse d’une part, et du fait de la spéculation du
marché (47,3%).
Le volume des brebis commercialisées non pas en tant que marchandise à livrer à la
consommation mais pour renforcer l’accumulation qui est la seule rentabilisation au moment de
la sécheresse. Considérées comme des pertes la marché à presque agit aussi sévèrement que les
mortalités des brebis (52,7%).
La rareté des ressources végétales naturelles, due à leur surexploitation (et la permanence de
cette rareté), ouvre désormais le pastoralisme au marché de grains et fourrages.
En effet le rapport au marché de grains et au marché ovin est tel qu’il aurait tendance à
reposer sur un calcul de type nouveau intégrant les coûts de production et de profit. Ce serait ce
type de calcul qui pousse au prolongement de la simple complémentation par l’embouche,
l’engraissement et donc une logique de production ouverte sur le marché.
39
CHAPITRE V : Caractérisation des systèmes d’élevage en zones steppiques
Le secteur de l’élevage dans le monde entier a été classé en trois grandes catégories (SERE et
STEINFELD, 1996) en fonction de son degré d’intégration avec les cultures végétales et de
dépendance avec la terre. Il s’agit :
Afin d’éviter une analyse trop générale et par conséquent superficielle, d’emblée nous
élaguons volontairement les deux derniers systèmes d’élevage et nous focaliserons notre
investigation sur les systèmes d’élevage pastoraux qui constituent l’objet de notre travail.
Aussi dans un souci d’ordre méthodologique nous tenons à préciser l’utilisation de l’approche
systémique dans le domaine des productions animales qui a conduit à la notion des systèmes
d’élevage.
Cette notion à été fortement utilisée comme outil de base par lequel ont été abordées les
recherches de développement en production animale. Selon YEROU (1998), les concepts de
l’analyse et de la modélisation systémique ont inspiré de nombreux travaux sur les systèmes
d’élevage notamment ceux de GIBON (1981), DEDIEU (1984), LHOSTE (1984), LANDAIS
(1990). Les concepts et les méthodes concernant l’étude des systèmes d’élevage se sont
construits très progressivement au cours des 10 à 15 dernières années (BERANGE et VISSAC,
1992).
1.5.1.1 Définitions
Le concept de système d’élevage est composé de deux mots : système et élevage dont chacun
est utilisé dans plusieurs sens différents. De ce fait, le concept de système d’élevage mérite d’être
précisé.
Selon VALLERAND (1988), le terme élevage consiste en l’action d’élever des animaux
domestiques. Par ailleurs, l’étude de l’élevage ne peut s’effectuer si les responsables et les
bénéficiaires de cette activité, l’acteur, c’est -à-dire l’éleveur sont évacués.
Le mot système quant-à lui fait obligatoirement référence à une manière d’interroger et de
représenter une réalité qui inclue explicitement les objectifs de l’observateur. Ainsi, à partir
d’une même réalité, il est possible selon VALLERAND (1988), de définir et représenter
plusieurs systèmes assez différents selon les objectifs du travail engagé (recherche,
développement et aménagement). C’est pourquoi la littérature rapporte plusieurs définitions de
ce concept.
Pour LHOSTE (1984), un système d’élevage est l’ensemble des techniques et des pratiques
mises en œuvre par une communauté pour faire exploiter, dans un espace donné, des ressources
végétales par des animaux, dans des conditions compatibles avec ses objectifs et avec les
contraintes du milieu. De cette manière, la notion de système d’élevage peut s’appliquer à
différents niveaux d’échelle, elle est pertinente au niveau de l’exploitation, elle le reste au niveau
de la communauté rurale et pour des ensembles plus vastes.
40
LANDAIS (1987), pour sa part, définit un système d’élevage comme un ensemble d’éléments
en interaction dynamique, organisés par l’homme en vue de valoriser des ressources par
l’intermédiaire d’animaux domestiques. Il s’agit ainsi d’un système piloté et le pilote (l’éleveur)
qui entretient sur le système un certain projet dont la cohérence est variable et pour la réalisation
duquel il se fixe des objectifs à la fois plus ponctuels et plus précis.
Des définitions présentées ci-dessus, on peut extraire trois éléments qui constituent les pôles
du système d’élevage :
- l’homme,
- l’animal,
- les ressources.
Ressources Animal
L’homme
Pour LANDAIS (1987), le système d’élevage naît d’un projet humain qui en délimite
l’extension en mettant en relation les éléments qui le composent. L’homme est considéré à la fois
en tant que décideur et en tant qu’acteur intervenant sur le réel. Ceci amène LHOSTE (1984) à
dire que l’homme est plus qu’un pôle, il est le chef d’orchestre.
Les hommes mettent en œuvre des actions techniques appelées pratiques afin de concrétiser
leur projet d’élevage. Les pratiques se définissent comme étant la façon dont un opérateur met en
œuvre une opération technique. Tandis que les techniques peuvent être décrites indépendamment
de l’agriculteur ou de l’éleveur qui les met en œuvre, il n’en est pas de même pour les pratiques.
JORDAN et MOULIN (1988), indiquent que les pratiques sont des actions observables par
lesquelles l’homme met en place et intervient sur les autres éléments du système : les animaux et
les ressources ; au niveau desquels se déroule le processus productif.
Selon OSTY (1974), la plus petite entité sur laquelle l’éleveur peut agir est l’animal. En ce
sens, l’animal est l’atome du zootechnicien. Pour LANDAIS (1987) l’animal domestique
constitue l’élément central et caractéristique du système d’élevage. C’est ce pôle et ses
spécificités qui font du concept de système d’élevage un outil pertinent. Toutefois, au niveau de
ce pôle, JORDAN et MOULIN (1988), signalent l’existence des ensembles de tailles variées
selon les critères de regroupement choisis. Ces ensembles d’animaux correspondent à différents
niveaux d’organisation du milieu et à différents domaines de la zootechnie.
41
1.5.1.2.3 Le pôle ressources : un ensemble d’éléments très divers
Selon LANDAIS (1987), les ressources utilisées par le système d’élevage dans le processus
de production sont de nature très variée : informations, moyens financiers, bien matériels, etc.
Cet auteur distingue ainsi deux types de ressources : les facteurs et les conditions de production.
Les bâtiments d’élevage, les moyens financiers, la main d’œuvre sont des éléments appartenant à
la catégorie des conditions de production qui contribuent à mettre l’animal en situation de
produire, en lui assurant un environnement favorable. Les facteurs de production sont constitués
par les ressources alimentaires y compris l’eau de boisson. Par ailleurs selon LANDAIS (1990),
le terme de territoire d’un troupeau est constitué de l’ensemble des lieux qu’il fréquente
habituellement. Il ne peut, par conséquent, être reconnu qu’à partir de l’analyse des
déplacements du troupeau.
Pour HENIN et al. (1960), les facteurs de production constituent les éléments susceptibles de
modifier un phénomène et qui entrent dans la composition de ses effets, alors que les conditions
de production sont les éléments susceptibles de modifier l’influence des facteurs.
Diverses représentations graphiques des systèmes d’élevage ont été proposées. Les meilleures
d’entre elles sont clairement finalisées et mettent en évidence un aspect particulier de la structure
ou du fonctionnement de ces systèmes ; tandis que les plus mauvaises constituent un
enchevêtrement inexplicable de flèches qui symbolisent des relations entre des objets mal définis
(LANDAIS, 1987).
Partant de là, LHOSTE (1984, Fig. 4) propose un modèle particulier à propos des systèmes
d’élevage d’Afrique intertropicale selon la figure suivante :
TERRITOIRE TROUPEAU
Ressources fourragères Espèces – races
eau, cultures… Santé - reproduction
Exploitation et
ELEVEUR valorisation
Ethnie – Famille
Besoins - Revenus
Temps
ELEVEUR
Ethnie – Famille
Association, groupe..
Niveau de décision
Besoins, projet..
Statut
Temps Temps
SYSTEME FOURRAGER
TERRITOIRE FLUX MATIERE ORGANIQUE TROUPEAU
Structure COMPORTEMENT ALIMENTAIRE Animaux/Espèces/race
Production primaire SPECIAL l Effectifs/composition
Utilisation par l’animal Productivité
Evolutions
quantitatives / Saisons
Evolutions
quantitatives / Années
43
Ces dernières constituent les terres de parcours par excellence dans lesquelles se posent les vrais
problèmes liés au pastoralisme.
Notre souci dans ce chapitre c’est d’essayer de saisir les variations les plus importantes du
processus d’élaboration des productions piloté par l’éleveur au niveau de la steppe.
Etant donné que les pâturages sont exploités en commun et que le climat est une donnée
naturelle qui agit de manière uniforme, on définira nos systèmes de production par rapport à la
propriété du cheptel. Ce critère central peut être complété par les autres moyens de production
susceptibles de nous aider à fournir un diagnostic différencié, c’est à dire à mieux circonscrire
les systèmes de production.
Sur cette base de jugement, des progrès ont été réalisés dans l’identification des systèmes de
production, car complétés (outre la propriété du cheptel), par l’organisation de la production, les
modalités d’alimentation, de reproduction, l’utilisation des parcours, l’évolution des
performances zootechnique et la relation au marché.
A l’origine, appelés improprement types d’élevage, ces systèmes ont été catégorisés par
CHELLIG (1984) comme suit :
Regroupe les éleveurs possédant des cheptels dépassant les 400 têtes, exploitant au
maximum et d’une manière abusive les unités fourragères gratuites des parcours et des
aménagements à usages collectifs (pâturages, points d’eau). Ils disposent de moyens matériels
importants qui leur permettent une mobilité permanente (nomadisme et transhumance) et par
conséquent l’exploitation de vastes étendues de l’espace pastoral (EL KENZ, 1979 ;
BERCHICHE et al. 1993 ; BEDRANI, 1996). Les effets de ce système se traduisent par un
laminage des charges d’alimentation du cheptel (BOUKHOBZA, 1982), car c’est un système
entièrement tourné vers le marché puisque la plus grande partie du croît y est destinée.
YEROU (1998) note, pour ce système d’élevage extensif de rente, que l’alimentation
supplémentaire est utilisée durant toute l’année. En bonne année, la quantité distribuée est faible
et représente 20% des UFL totales (réparties à raison de 78% d’orge, 9% de concentré de
commerce et 13% de paille), elle devient importante en mauvaise année et touche généralement
toutes les catégories d’animaux.
44
Ces éleveurs utilisent les parcours d’octobre à mai, soit huit mois et les chaumes de juillet à
septembre, soit les quatre mois restants. Les gros éleveurs s’approprient les meilleurs pâturages
non accessibles à la majorité des petits éleveurs. Aussi ils n’ont plus besoin de faire traverser de
longues distances à leur troupeau pour les abreuver puisque l’eau est amenée sur place à l’aide
de citernes. Certains pâturages sont littéralement verrouillés aux petits éleveurs car les éoliennes
ont été volontairement sabotées ou bien les puits asséchés à l’aide de motopompes.
L’abreuvement pose le même problème que l’alimentation, durant la période hivernale, les
éleveurs ne s’en préoccupent pas ou peu, mais les difficultés augmentent avec la saison d’été
durant laquelle les besoins augmentent ainsi que les fréquences d’abreuvement. Les troupeaux
sont parfois obligés de se déplacer sur 20 Km pour s’abreuver. Le coût de l’abreuvement est
élevé, il varie de 500 à 700 DA par citerne de 3.000 litres sur une distance de 10 Km (YEROU,
1998). Le problème d’abreuvement du cheptel est tel qu’il s’est traduit par l’émergence de
vendeurs d’eau. Ce sont d’anciens éleveurs qui ont délaissé l’activité d’élevage pour se recycler
dans le commerce de l’eau, mais aussi des aliments du bétail.
C’est un système ouvert au progrès technique, les gros éleveurs recourent plus volontiers
que les éleveurs moins aisés aux services vétérinaires : 40% de leurs effectifs consultent le
vétérinaire contre 28% pour les éleveurs moyens et 23% seulement pour les petits éleveurs (EL
KENZ, 1978). Au sein des gros éleveurs, la mobilité du cheptel est un frein aux consultations du
vétérinaire. En effet, les sédentaires consultent pour 40% de leur effectif, les semi-nomades pour
35% alors que les nomades ne le font que pour 23% d’entre-eux.
Tableau 12. Paramètre de reproduction des brebis selon les différents systèmes d’élevage
(YEROU, 1998)
Système de
Système agro Système de Production
production Différence
pastoral familial
marchand
Taux de fertilité 81,3% 86,2% 74,5% NS
Ces résultats traduisent les pratiques alimentaires et la stratégie d’ajustement entre l’état de
l’offre et la demande en ressources. Les gros et moyens éleveurs accordent beaucoup
d’importance à l’état corporel des brebis reproductrices qui reçoivent une complémentation assez
importante durant une bonne partie de l’année sinon en phases importante du cycle d’élevage
(période de lutte, fin de gestation).
45
Ce système traduit souvent un mode de faire-valoir indirect car le propriétaire est souvent
sédentaire et réside en ville, son rôle se limite à la prospection des marchés et au contrôle des
troupeaux. La fréquentation annuelle des marchés est de 23 fois pour les gros éleveurs alors que
les moyens éleveurs 8 fois et 4 fois pour les bergers éleveurs (BOUKHOBZA, 1982).
Le cheptel important détenu par les propriétaires absentéistes est impossible à confier à une
seule famille, la productivité moyenne du troupeau est compensée par un croît démesuré du
cheptel détenu, d’où le phénomène de thésaurisation. Les raisons de ce choix sont simples au
regard du caractère gratuit de l’exploitation des parcours, des aménagements à usage collectif et
la pratique systématique de la complémentation. Ces élevages sont destinés à la production de
viande. Ce système réunit donc deux activités économiques : production et commercialisation
(maquignonnage).
Ces familles pratiquent l’agriculture afin de satisfaire leurs besoins insuffisamment couverts
par l’élevage. Cette agriculture représente de 36 % à 50 % de leur revenu global.
Les troupeaux, de petite taille, sont alimentés principalement par les sous produits agricoles
(pailles et chaumes) associés aux parcours.
Les terres emblavées proviennent soit des défrichements des parcours, soit de la location à
d’autres éleveurs.
La gestion du troupeau est nettement plus rationnelle lorsque les agro-pasteurs sont
employés en association avec les gros éleveurs, car ils sont contraints de se déplacer, et par
conséquent, d’exploiter de meilleurs pâturages. Ces familles constituent une véritable réserve de
bergers pour les gros éleveurs.
46
Appelé aussi système de production de subsistance, ce dernier résulte de la décomposition
du pastoralisme du fait que le revenu procuré par l’élevage est devenu insuffisant. Pour certains
exploitants, la situation est irréversible et c’est le prélude à la sédentarisation résultant d’un
processus de paupérisation (BOUKHOBZA, 1982 ; BERCHICHE et al., 1993).
La décapitalisation, concept utilisé par le même auteur (BOUKHOBZA) et qui se traduit par
la perte des bêtes (par vente ou par mortalité) permet de visualiser ce processus qui débouche sur
la ruine.
Enfin chez les gros éleveurs, le fractionnement des troupeaux à l’occasion des diverses
successions, rendent les indivisaires plus sensibles à la décapitalisation en les faisant passer dans
des classes inférieures, étant donné aussi la taille moyenne des familles (nombre de personnes)
qui est de 11,4 personnes.
Appelé ainsi pour la simple raison que la famille constitue la force de travail exclusive qui
exploite le troupeau. Ce système rappelle celui qui dominait à la période pré-coloniale dans la
mesure où il s’agit d’un mode de faire valoir direct. Sa mobilité interdit aussi à la famille de
bénéficier d’un revenu extérieur. Actuellement, il représente le système de production le plus
courant sur la steppe. L’objectif de ces exploitations familiales est de réaliser un produit maximal
susceptible d’assurer l’existence et la sécurité du groupe familial. La pratique de la céréaliculture
est rare.
Étant donné que l’élevage constitue la seule production, les éleveurs sont contraints de
commercialiser leur principal produit : mouton et l’excédent de la laine qui n’a pas été utilisé à
des fins domestiques (flidj, tapis…). L’organisation de la production est basée essentiellement
sur le nomadisme (imposant au troupeau une perte de poids). On retrouve toujours le double
courant de migration (Achaba et Azaba). Les itinéraires sont toujours ceux ont été utilisés avant
le « verrouillage » du Tell. Le mode de faire-valoir direct induit tout de même la participation
des enfants à la production. Le niveau des forces productives est faible dans la mesure où la
conduite du troupeau est archaïque, cette dernière s’accompagne par un cortège de problèmes
réduisant énormément la productivité numérique du troupeau (nombre d’agneaux sevrés pour
100 brebis mises à la lutte).
47
laine n’est pas exploitée, car elle perd ses qualités textiles (trop jarreuse) et par conséquent une
mauvaise aptitude au feutrage, donc cette perte constitue un manque à gagner.
Économiquement, les dépenses qui devraient être consenties pour maintenir un état sanitaire
rationnel du troupeau sont compensées (si ce n’est plus), par les pertes d’animaux occasionnées
par les maladies. En effet, les bêtes morbides ne peuvent être commercialisées du fait de leur
éloignement du marché.
MONTCHAUSSE (1973) note dans cet ordre d’idée que le tissu de solidarité, ourdi
ancestralement, s’est effiloché, sans être remplacé par d’autres types de solidarité authentiques ;
les règles coutumières se sont effritées pour se faire substituer à un individualisme générateur
d’anarchie. On note une importante régression du nomadisme qui ne subsiste que de façon
sporadique. Les transhumances de grande envergure ne font déplacer que 5% de la population
steppique. La population anciennement nomade ne s’est pas sédentarisée totalement, mais elle
est devenue semi-sédentaire, les déplacements sont plus restreints (10 à 15 Km) (KHALDOUN,
1995 ; YEROU, 1998). Les pasteurs ont modifié leur système de production en associant
céréaliculture et élevage.
La tribu disloquée libère une main d’œuvre oisive importante. Les classes sociales existantes
déjà se sont affermies. En effet la concentration du troupeau laisse apparaitre que la classe des
gros éleveurs se renforce car moins de 11% des éleveurs concentrent 70% du cheptel et 89% des
éleveurs ne possèdent que 30% du cheptel.
Sur la base des inégalités économiques, et du rôle joué dans le procès de production,
(NEDJRAOUI, 2001) fait ressortir 03 grandes classes d’éleveurs : Le petit propriétaire (80% des
éleveurs) ; le grand propriétaire (5% des éleveurs), le propriétaire moyen (15% des éleveurs).
Le salariat et le paiement en nature sont aujourd’hui les formes de rétribution les plus courantes
dans les contrats entre bergers et gros éleveurs.
Les contraintes du milieu devenues très difficiles et très dures et ces inégalités économiques
ont contraint les uns à quêter une autre activité dans les centres urbains, et les autres à offrir leurs
services aux grands éleveurs.
48
Selon le dossier steppe (1984), il y aurait environ 20.000 bergers dont 1/10ème employés hors
de la steppe. Ils constituent la catégorie socio-économique la plus démunie et la plus exploitée.
KHALDOUN (1995) souligne que 60% des troupeaux existants sont gérés de façon indirecte
donc confiés à des bergers. C’est une tendance qui se renforce parallèlement à la concentration
des effectifs chez les gros éleveurs. Le nombre de bergers est proportionnel à la taille des
troupeaux donc les bergers sont proportionnellement plus nombreux à être responsables de la
gestion des gros troupeaux. Cette disponibilité en main d’œuvre est d’un soutien considérable.
Pratiquement tous les bergers sont nomades et la nécessité d’utiliser les ressources discontinues
dans le temps et dans l’espace pour produire au moindre coût, rend le recours aux bergers,
obligatoire grâce à l’inclémence du milieu, à l’accumulation d’expériences pratiques et à la
faculté d’adaptation à l’inclémence du milieu (HAMLAOUI, 1985).
De la typologie, dressée sur la base des inégalités économiques, on peut distinguer une
troisième catégorie représentée par les éleveurs moyens et petits. Le mode de faire valoir direct
caractérise ces deux sous-catégories socio-économiques.
Appartenant au système de production familial et étant donné l’effectif d’animaux détenus par
les exploitations, on peut rencontrer deux types d’évolutions et qui concernent les éleveurs se
situant aux extrémités de la fourchette (100 à 400 têtes), ces catégories sont en phase de
transition, soit vers une catégorie supérieure ou inférieure, leur évolution vers l’enrichissement
ou vers la paupérisation fait qu’elles sont appelées à disparaitre en tant que telles
- Les plus aptes à accéder au système supérieur sont ceux qui possèdent le cheptel le plus
important un cheptel relativement élevé et bénéficiant de conditions de plus favorables,
ils auront la possibilité de passer à la reproduction élargie, signalons enfin, que la
sécheresse constitue une épreuve essentielle de ce passage de ce système au suivant. En
effet, la caractéristique périodique (tous les 10 ans) constitue un obstacle parfois
insurmontable
- Les exploitants les moins favorisés Les exploitants les moins favorisés sont ceux qui se
situent à l’autre extrême qui n’arrivent même pas à la reproduction simple. Une
ouverture de plus prononcée vers le marché, due à l’augmentation du nombre de
personnes à charge l’exploitation familiale dont la moyenne se situe à 7,86 personnes
par famille. Il s’en suit une décapitalisation (vente des animaux du troupeau de base) et/
ou le recours au revenu extérieur en mettant leur force de travail à la disposition des
gros éleveurs. Ces familles constituent une véritable réserve de bergers pour les gros
éleveurs. Pour les cas qui sont à ce stade, la situation est irréversible. Pour certains, c’est
le prélude à la sédentarisation résultant d’un processus de paupérisation.
Le système de production marchand regroupe des catégories sociales bien distinctes se situant
aux deux extrémités de la hiérarchisation sociale. Les gros propriétaires (ou maoualas) et les
bergers, mais non antagonistes. La tendance qui se dégage de ce système, due à sa position
privilégiée de cumul d’activités économiques est donc renforcée par sa situation de capitalisation
du cheptel. Il cause le taux de capitalisation le plus élevé (20,5%) et il est peu sensible à la
sécheresse (3,1%) de décapitalisation. Il peut s’organiser facilement en cas de disette par :
l’utilisation de camions pour la commercialisation des animaux le licenciement des bergers
salariés et l’embouche rapide à l’orge (provenant des marchés).
Pour faire face aux modifications du contexte économique les éleveurs ont progressivement
modifié leur systèmes d’élevage. En effet les modulations annelles et saisonnières des prix (0,7
USD à 7 USD en 20 ans) et une demande soutenue des viandes ont incité les éleveurs à
49
s’engager dans la production d’animaux de boucherie, d’engraissement. L’embouche n’étant
valable que pour les agneaux nés en automne qui seront finis durant le printemps de l’année
suivante.
Cette démarche ou cette tendance du passage de l’élevage des parcours appauvris à l’élevage
de bergerie s’est accompagnée par la substitution progressive de la « race » ou groupe racial
Hamra ou Daghma par la Rembi et Ouled Djellal. Ces dernières ont une meilleure conformation
et une aptitude à l’engraissement plus facile.
Seulement les « races » de substitution sont plus exigeantes en alimentation leurs besoins plus
élevés impose une distribution plus importante de l’orge qui compose dorénavant un segment du
calendrier fourrager autant important que les parcours.
En effet ces aliments (orge et concentré) sont utilisés toute l’année chez les éleveurs, sans
distinction des systèmes d’élevage. Néanmoins, il n’y a que les quantités distribuées qui
changent en fonction des moyens d’accès à la complémentation. 80 à 82 % des éleveurs
affirment pratiquer la complémentation (MOUHOUS 2007 ; BENSOUIAH, 2003). Celle – ci est
pratiquée toutes les saisons ; elle est importante en automne et en hiver. Elle s’élèverait à 1kg
d’orge/tête/ jour. Les parcours assurant la couverture de 66 % des besoins en UF prélevées
gratuitement, l’orge cultivée en sec par les agro-pasteurs couvrent 19 % des besoins et les 15 %
restants sont achetées.
Au moment des pénuries alimentaires c’est le prix bas de l’orge subventionné (24 USD le
quintal en 1985) qui a permis d’artificialisé les systèmes d’alimentation des moutons. La
consommation de concentré est passée de 750 à 2060 millions d’UF entre 1971 et 1985
(LEHOUEROU, 1985 ; BOUTONNET, 1989).
Pour certains spécialistes, l’orge importée est perçue comme une cause majeure de
surexploitation des parcours et un prélude à la sédentarisation. Le constat à faire est que la plus
grande part des parcours steppiques se trouve soit dégradés soit dans un état avancé de
dégradation. Les statistiques officielles nous montrent que la part des parcours steppiques
relativement bons s’élève à 15% (Tableau 13).
L’évaluation de la dégradation des parcours permet d’expliquer en partie les changements des
systèmes de production en bouleversant les modes de vie traditionnels. Les systèmes d’élevages
changent fortement en raison de l’intervention de l’État et la facilité d’octroi des prêts bancaires
ont permis de tamponnes les effets désastreux des sécheresses.
Pour ces motifs cumulés, la thésaurisation des effectifs est devenue systématique et l’effet
pervers s’est fait sentir directement sur l’état des parcours. Étant donné les termes de l’échange
entre le concentre subventionné et le prix de l’ovin sur pied, un élevage spéculatif s’est
développé. La subvention excessive a eu des effets pervers tant du point de vue de l’exploitation
que du côté de le conservation des pâturages que celui du consommateur.
50
Aujourd’hui, le processus de sédentarisation n’est plus perçu comme un pas vers la
paupérisation car il a un lien direct avec les pratiques d’élevage. En effet les transhumances,
vers le nord et le sud, étaient considérées, comme des conditions essentielles de l’équilibre agro-
pastoral. Outre la nécessité socio-économique, le caractère technique pose la migration comme
un facteur déterminant de la protection pastorale.
Dans le cadre de la complémentarité spatiale l’élevage ovin s’est vu ampute des ressources
alimentaires de ces espaces déterminants dans le logique de production traditionnelle.
L’extension de la céréaliculture en zone steppique s’est imposée par elle-même puis décrétée
officiellement par les autorités compétentes entre les isohyètes 300 mm à 400 mm de pluie. Le
recours à cette dernière n’est pourtant qu’un palliatif et ne soulage de l’effet pénurie fourragère,
qu’en contribuant à l’évolution de ses causes de dégradation.
Le délaissement progressif de la race hamra et son remplacement par des races (Ouled Djellal
et Rembi) plus lourdes et l’engraissement à base d’orge et concentré expliquent en partie
l’amélioration du poids moyen des carcasses qui est passé de 13,1 kg en 1964/69 à 15,2 kg en
1982/87, enfin à 22 kg en 2002/2003 (Tableau 14).
Cette forme d’exploitation intensive n’est viable que par l’existence d’excédents agricoles.
L’intensification du procès de production devant être plus adaptée à la réalité steppique et
s’incliner vers l’utilisation du patrimoine végétal steppique.
L’intensification ne signifie pas en effet, au sans bien compris du terme, recours tendant à
l’exclusive aux produits agricoles mais accroissement de la productivité et utilisation optimum
des facteurs de production et donc des ressources actuelles et potentielles dont essentiellement
les parcours.
A ce sujet, il faut établir une distinction entre production animale et production de viande, ces
deux procès figurant dans la triptyque du processus global de production = production végétale,
production animale et production de viande.
Production animale et production de viande sont étroitement liées mais renvoient en fait à des
niveaux de production différents ; l’accroissement de la productivité animale augmente la
production de viande mais sans en accroître la productivité.
Comme le montre le tableau 14, la production de viande ovine a presque doublé en 20 ans
alors que le poids des carcasses produites par brebis et le nombre d’agneaux par brebis ont
diminué respectivement de 24% et de 25%.
51
Tableau 14. Performances techniques du troupeau ovin
1964/69 1982/87
Nombre total de brebis (millions) 3,9 9,8
Production de viande ovine (milliers de T) 44 83
Agneaux produits / brebis/an 0,85 0,56 (-25%)
Poids moyens des carcasses (kg) 13,1 15,2
Poids de carcasse produite par brebis 11,2 8,5 (-24%)
Source : Revue Statistiques, MA (1989)
Conclusion partielle
Le caractère extensif de la production pastorale justifie sa faible production de viande. La
pression exercée par la demande en progression linéaire, traduit nettement son indigence à
approvisionner le marché national. Le recours à l’importation permanente et massive de la
viande ovine peut être considéré comme une reconnaissance explicite des pouvoir publics. La
fragilité des systèmes d’élevages existants, basés sur l’utilisation de la flore naturelle, dans
l’espace et le temps pour pallier à l’impossibilité de réaliser des réserves fourragères. La mobilité
reste un atout majeur de cette économie de cueillette mais projette les éleveurs dans une situation
catastrophique au moment des sécheresses. Ces dernières prennent la forme de calamité et la
catastrophe gagne l’espace public que parfois un plan ORSEC n’arrive pas à atténuer.
Cette classification se fonde sur une logique qui ne fait que traduire la domination de
l’économie du marché à tous les niveaux d’activité. A la place de la propriété familiale indivise,
s’est progressivement substituée la propriété individuelle, la production collective et domestique
a été remplacée par les rapports marchands et la fréquentation au marché de plus en plus
renforcée.
52
2eme PARTIE
53
CHAPITRE I : Présentation botanique et écologie des espèces
2.1.1 Présentation de l’espèce cactus inerme
2.1.1.1 Origine
L’Opuntia ficus indica est un cactus d’origine mexicaine. Il a été introduit en Espagne par
les conquistadores et plus tard au 16ème siècle au Nord et au Sud de l’Afrique et au-delà de tout
le bassin méditerranéen. La culture d’Opuntia est utilisée contre la dégradation des sols dans les
zones arides, comme fourrage de soudure et pour ses fruits.
Le cactus est une plante de la famille des Cactacées, plante succulente épineuse. Le genre
Opuntia appartient à la famille des cactacées (schéma 1) qui sont des angiospermes dialypétales
caliciformes (CRETE, 1965). L’Opuntia constitue une source fourragère mais il faut savoir
qu’aucun Cactus inerme n’est toutefois entièrement dépourvu d’épines (LECQ et RIVIERE,
1900).
Les variétés inermes sont souvent domestiquées et cultivées sur des surfaces limitées. Les
plants issus du semis sont épineux la première année et les aiguillons disparaissent à partir de la
deuxième année. Les variétés épineuses sont les plus répandues car elles résistent à la destruction
par le bétail. Il existe aussi plusieurs variétés intermédiaires entre la forme épineuse et celle
inerme. Cette variabilité entre espèces et variétés est due à l’hybridation naturelle résultant de
l’influence des conditions pédoclimatiques diverses des régions de culture de cactus.
Le cactus est un arbre qui est répandu dans des régions à climat aride et semi-aride. Son
extension est limitée surtout par les basses températures hivernales. Le seuil de tolérance est de
-10°C. Au Mexique, on le retrouve sur des sites à 1800-2200 m, de 16-18°C. Les sols préférés
par le figuier de barbarie sont les sols légers, sablonneux, limoneux et organiques (0,1-1,8%).
Pour plusieurs espèces le pH du sol est un facteur limitant. La majorité des espèces d’Opuntia
préfèrent des sols légèrement acides, mais l’espèce Opuntia .ficus indica est rencontrée même
sur des sols calcaires. Grâce à sa très bonne utilisation de l’eau, le cactus inerne peut cependant
se contenter d’une pluviométrie inférieure à 200 mm (POUDEVIGNE, 1988). L’humidité et le
manque d’aération favorisent la pourriture des racines.
Sa plantation est effectuée à partir de Février-Mars, dans les régions du sud et en fin de
printemps dans d’autres régions, les nouvelles plantations sont établies à partir de grandes
boutures de tiges constituées de 4 à 5 cladodes. Ces dernières sont récoltées et séchées pendant
quelques jours avant d’être plantées dans le sol. La partie basale est placée horizontalement avec
une légère inclinaison afin d’augmenter la surface de contact avec le sol, la formation des racines
aura lieu après 15 jours.
54
Embranchement : PHANEROGAMES
Ordre : Cactoidées
55
2.1.1.4 Répartition des cactus inerme dans le monde
Grâce à sa résistance aux conditions de vie les plus dures, tel que les rigueurs du climat
(ROSE, 1958) et il ne demande pas une pluviométrie abondante, on peut le trouver un peu
partout dans le monde, mais c’est surtout en Amérique du Nord et du Sud qu’il est plus présent
par rapport aux autres espèces.
En Afrique du Nord, le Cactus inerme est planté depuis des siècles par le secteur
traditionnel, il est utilisé par les agriculteurs pour constituer des haies autours de leurs champs.
Le fruit est récolté pour la consommation familiale et parfois pour la vente sur le marché local
(KHOURI, 1980). Le HOUEROU (1996) rapporte qu’au début de 1960 plus de 10.000 ha ont été
plantés en Tunisie avec l’aide de diverses organisations internationales, telles que la F.A.O. De
nombreux projets de plantation ont été effectués par la suite pour atteindre entre les années 1970
et 1975 une superficie de 5.000 ha.
En Algérie, BARBERA (1995) signale la présence du cactus inerme dans les régions
côtières (Teniet-Elhad, Annaba) et dans l’intérieur (Tebessa, Batna). Il est utilisé comme
fourrage et brise-vent ou comme haies autour des fermes et des petits villages. Selon KHOURI
(1986), les premières plantations du Cactus inerme à des fins fourragères ont été effectuées à
Zeriba près de Bouira
La culture de cactus connaît actuellement un regain d’intérêt dans plusieurs pays en raison
de sa contribution dans la mise en valeur des terres marginales et des zones arides et semi-arides.
Son adaptation à divers climats et sols, ainsi que ses multiples utilisations et son impact sur les
recettes des producteurs et des éleveurs.
Dans certains pays tels que l’Italie, l’Espagne, le Mexique ou Israël, la culture du cactus est
pratiquée de façon intensive et moderne avec des programmes de recherche développement pour
la production de fruit ou de fourrage et même pour des usages industriels. Outre son utilisation
pour la production maraîchère des jeunes raquettes qui sont consommées comme légume, celle-
ci s’étend à l’apiculture, la médecine, la fabrication de produits cosmétiques et la production
industrielle, mais aussi à l’alimentation du bétail.
Les Opuntias sont cultivés comme culture fourragère dans beaucoup de pays dans le but
d’assurer un stock d’aliments en cas de situations critiques de sécheresse. Leur grande efficience
d’utilisation de l’eau les qualifie d’espèces fourragères idéales dans les régions semi-arides, ou la
plupart des cultures fourragères sont peu rentables et difficiles à réussir. L’alimentation des ovins
à base du cactus inerme pose de sérieux problèmes, aussi cette plante ne permet pas seule, de
maintenir le poids des animaux. Un ovin consomme jusqu'à 5 Kg de cactus en vert par jour, donc
400 à 500 g de MS soit entre 0,035 et 0,01 UF, ce qui est nettement insuffisant pour couvrir ses
besoins, selon MONJAUZE et LE HOUEROU (1996).
56
2.1.1.6.1 Mode de distribution
Les raquettes du cactus sont consommables par les herbivores domestiques sous différentes
formes :
- En hachage : Une meilleure utilisation donc une plus grande gestion, pour des raquettes
hachées la taille idéale des cubes est de 30x30 mm2, sous cette forme le gaspillage est
réduit au minimum.
- En Farine : Sous cette forme la farine du cactus est non seulement mieux ingérée, mais
aussi plus facile à stocker.
- En ensilage : Un ensilage de bonne qualité peut être fabriqué à partir du cactus par
hachage des raquettes mélangées avec de l’avoine, du foin de luzerne ou avec une autre
source fibreuse à raison de 84% pour le cactus et 16% pour la source fibreuse, avec
l’addition de 2% de mélasse.
Les raquettes sont utilisées par les animaux selon deux cas :
- En alimentation normale des animaux : La ration journalière peut comporter jusqu'à une
quantité maximale de cactus de l’ordre de 10 à 12 % du poids de l’animal, en plus du
concentré ou foin et des condiments minéraux.
Une ration à base de cactus inerme, de pailles et de feuillage d’Atriplex permet aux ovins de
traverser des périodes de pénuries alimentaires.
Embranchement : Dicotylédones
Classe : Angiospermes
Ordre : Fabales
Famille : Mimosaceae
Genre : Acacia
Espèces : Acacia cyanophylla
Acacia ligulata
Acacia Salicina
D’origine australienne, introduit en Algérie au début des années 1870 avec d’autres acacias :
Acacia pendula, Acacia pycnantha, Acacia melanoxylon, Acacia calamifolia (Le HOUEROU et
PONTANIER, 1987). Cette espèce peut être introduite dans toutes les zones ou il n’y a pas de
risque de gelée. Elle se développe sur toutes sortes de sols, mais préfère les sables profonds. Elle
convient surtout pour le reboisement de protection (Le HOUEROU, 1980 ; MECHERGUI,
1983 ; Le HOUEROU et PONTANIER, 1987). Le feuillage, très apprécié par le bétail, possède
une valeur de 0,3 UF/Kg de M.S (DELAHAYE, 1980).
Cette espèce a donné satisfaction dans les zones à hiver tempéré et doux, là où la pluviosité
moyenne annuelle est supérieure à 200-250 mm/an. Par ailleurs, la plantation d’Acacia
cyanophylla au dessous de cet isohyète est beaucoup plus tolérante à la sécheresse
(LEHOUEROU et PONTANIER, 1987).
58
2.1.2.3 Les plantations d’Acacia
Les plantations d’Acacia sont utilisées comme réserve fourragère sur pied (feuillage et
gousse), principalement pour la sauvegarde du cheptel pendant les périodes de soudure hivernale
où l’herbe est rare pendant les années de sécheresse. La production de ces arbustes constitue un
excellent complément sur le plan de la nutrition animale.
D’autre part, des expérimentations ont été menées en Tunisie afin de déterminer le rôle
potentiel que peut jouer l’Acacia dans le calendrier fourrager caractéristique des petits ruminants.
Les résultats obtenus ont démontré que la contribution de cette espèce à la ration des animaux est
importance. En effet, cette contribution à été évaluée à 48% en moyenne en automne, 40% en
été, 19% en hiver et seulement 6% au printemps et ce dans le cas d’un pacage direct d’un cheptel
composé d’ovins, dans une plantation d’Acacia en présence d’une végétation herbacée (LE
FLOCH, 1988).
Le feuillage de l’Acacia cyanophylla est bien appété par l’ensemble du bétail domestique
particulièrement caprin et ovin. Cet arbuste peut être exploité, à partir de la 3éme année, par deux
méthodes principales :
- Par pacage direct : Le pacage direct est possible au cours d’une période de 3 mois, du
début de novembre à fin janvier. Toutefois et dans la pratique, une charge animale
moyenne de 20 à 30 petits ruminants/ha peut être appliquée pendant une durée limitée à
une dizaine de jours et ce jusqu'à défoliation des arbustes (MARRAKCHI, 1991).
- Par taille de rabattement : Il est possible de recourir à la biomasse foliaire des arbustes
par la pratique d’une taille de rabattement, tous les deux ans. Généralement, cette taille
de rabattement est réalisée au cours du mois de janvier. Il s’est avéré que la coupe à un
effet significatif sur l’évolution des paramètres physiologiques et morphologiques de
l’arbuste augmentant ainsi la production de la biomasse foliaire verte et tendre
appétable par les animaux. Les branches coupées peuvent être laissées sur place pour
être broutées ou transportées à la bergerie pour alimenter le bétail pendant la nuit, il
semble que le fanage des rameaux durant 2 à 3 jours avant le passage des animaux
réduit le taux de tanins contenus dans le feuillage, ce qui augmente l’appétibilité de
cette espèce chez les petits ruminants.
59
Acacia cyanophylla (type longifolia)
Acacia cyanophylla (type latifolia)
2.1.3.1 Origine
L’Atriplex halimus est une espèce spontanée à l’intérieur d’une aire relativement vaste
appelée localement «G’taf ». C’est un arbuste très ramifié pouvant atteindre trois mètres de haut,
avec des feuilles alternes, charnues, à limbe entier. C’est une espèce halophyte, appartenant à la
famille des chenopodiacées, englobant les pays du Nord de l’Afrique et du Proche et Moyen
Orient.
Le genre Atriplex est une plante arbustive, de la famille des chénopodiacées, ordre
chénopodiales, il comprend 417 espèces (FRANCLET et LE HOUEROU, 1971). En Afrique du
Nord, le genre Atriplex comprend 15 espèces spontanées et 2 espèces naturalisées, soit 7 espèces
vivaces, 1 bisannuelle et 9 annuelles (LE HOUEROU et PONTANIER, 1988). Une cinquantaine
d’espèces présentent un intérêt fourrager reconnu, dont une dizaine a fait l’objet d’essais plus ou
moins suivis ou de plantations d’exploitation en Tunisie, et dans les pays voisins.
Parmi les espèces les plus vulgarisées, 5 seulement présentent un réel intérêt pratique :
Selon FRANCLET et LE HOUEROU (1971), les Atriplex se rencontrent dans toutes les
parties du monde, de l’Alaska à la Patagonie, de la Bretagne à la Sibérie et de la Norvège à
l’Afrique du Sud. Ce genre est particulièrement diversifie en Australie.
En Algérie, l’Atriplex est spontané dans les étages bioclimatiques semi-arides et arides.
Selon les statistiques du ministère de l’agriculture (1974) les nappes d’Atriplex en association
avec les solanacées couvrent une superficie de 100.000 ha. Les plus grandes superficies se
trouvent entre les isohyètes 100 et 400 mm/an, ce qui correspond aux zones dites steppiques
(Batna, Biskra, Boussaâda, Djelfa, Saida, Tebessa et Tiaret).
60
Depuis plusieurs années, la culture d’Atriplex se développe grâce à l’introduction d’espèce
étrangère (Atriplex nummularia) et sa culture. Les essais qui ont été effectués dans le cadre du
« barrage vert », montrent que les Atriplex peuvent avoir aussi un rôle dans la fixation des dunes
et la mise en valeur des sols dégradés et salés.
Les Atriplex peuvent être multipliées par diverses méthodes : par graine, par bouture ou par
éclats de souches.
Le semis est la méthode de multiplication la plus simple. Les graines devront être
préalablement traitées en raison de la présence de chlorure de sodium et d’autres substances
hydrosolubles dans les valves fructifiées de la germination (KOLLER et al. in P.N.U.D., 1971).
La levée de cette inhibition, est obtenue par trempage des graines dans l’eau pendant quelques
heures (26 et 30 heures) tout en la changeant de façon à éliminer les substances inhibitrices qui
diffusent les pièces périanthaires dans l’eau de trempage (KOLLER et al. in P.N.U.D., 1971).
Pour le semis pratiqué en pépinière, les plants semés au printemps peuvent être transplantés en
automne et ceux semés en automne peuvent l’être au printemps.
Le bouturage est utilisé en cas de rareté des graines. Pour une bonne réussite, les boutures
doivent porter des feuilles des bourgeons apicaux et des bourgeons latéraux. Les meilleures
boutures sont celles prélevées sur les plantes âgées d’un an.
La méthode par éclats de souche donne des résultats aléatoires, la qualité est assez réduite.
Les souches peuvent être soit préparées en pépinière et transplantées en automne en motte, soit
installées directement au champ (MEZHOUD, 1993). L’Atriplex halimus comme de nombreuses
espèces vivaces des pourtours arides et semi-arides est souvent surpâturé. Ceci entraîne une
réduction sensible de la production des tiges florales et de la semence. Par conséquent, la
reproduction par semis devient très insuffisante pour la restitution de la couverture végétale, de
plus la germination chez cette espèce requiert un ensemble de conditions (humidité, température,
etc.).
En Algérie, dans la région de Chellala, RODIN et BARNES (1970) ont mesuré une
production fourragère d’Atriplex halimus de 2.000 à 5.000 Kg de MS/ha/an. Au niveau de la
région du Hodna, LE HOUEROU (1971) estime qu’elle varie entre 12.000 et 15.000 Kg/ha/an.
Par ailleurs, l’étude faite par DOUH (1993), révèle les résultats suivants :
Dans les régions arides les Atriplex présentent un très grand intérêt fourrager en raison :
61
- De leur rusticité élevée à la sécheresse,
- De leur excellent rendement pour des faibles doses d’eau,
- De leur faculté de tolérer des salures élevées.
Les Atriplex semblent être actuellement les plantes les mieux adaptées pour stabiliser et
augmenter la production fourragère en climat aride. Elles sont susceptibles de mettre en valeur
les terres où la végétation naturelle est profondément dégradée et la production agricole est très
irrégulière ou encore des terres chargées en sels sur lesquelles peu d’espèces peuvent se
développer. Leur production fourragère bien qu’ayant un maximum en fin de printemps peut être
exploitée dans certains milieux presque toute l’année (FORMENT, 1972). L’utilisation des
Atriplex s’avère intéressante en période de disette quand les autres plantes deviennent rares sur
les parcours, surtout entre le milieu de l’été et le début d’hiver. L’exploitation et le pacage se
font 2 à 3 ans après la plantation (AZZOUZ, 1995).
En Algérie des essais réalisés sur le cordon dunaire dans la région de Djelfa et Boussaâda
avec plusieurs espèces d’Atriplex semblent avoir donné des résultats satisfaisants. Le cordon
dunaire situé en zones steppiques, s’étale sur plus de 60 km. Sa largeur varie de 4 à 16 km
(TOUMI, 1993).
FRANCLET et LEHOUEROU (1971) sont arrivés à affirmer qu’en Afrique du Nord, les
Atriplex sont particulièrement indiqués pour la fixation des marnes souvent gypseuse et érodée
en bad-lands qui couvrent d’énormes surfaces et posent toujours des problèmes difficiles à
résoudre en zones arides.
A court terme, avec des frais d’installation minimes et des techniques d’implantation et
d’utilisation simple,
Les Atriplex constituent une source de revenu intéressante et à la portée de la population :
Les Atriplex sont parmi les arbustes les mieux adaptés aux régions arides et aux sols
pauvres. Ils permettent de remettre en état de nombreux pâturages à flores et à sols dégradés.
62
D’autre part la couverture d’Atriplex accroît considérablement la perméabilité des sols et
l’augmentation de drainage dans les horizons superficiels d’une façon considérable et permet la
reconstitution d’un tapis végétal herbacé.
Les zones salées peuvent être exploitées par des plantations d’Atriplex tel que l’Atriplex
halimus particulièrement résistant à la salinité. Les Atriplex peuvent désaliner les sols ; Selon
SARSON (1970) la teneur en NaCl atteint 20 % de la MS pour l’Atriplex nummularia. Il
convient ainsi d’utiliser et d’introduire les Atriplex dans les régions agricoles menacées par la
salinité. Il est donc possible d’extraire d’un hectare 1100 Kg de NaCl en année de culture.
(FRANCLET et LEHOUEROU, 1971).
63
CHAPITRE II : Composition chimique, valeur alimentaire et
utilisation dans les systèmes pastoraux
Comme toutes les espèces végétales destinées à l’alimentation des animaux, la quantité
d’éléments nutritifs (énergie, protéines, vitamines, minéraux) fixés par l’animal dépend du
plusieurs facteurs :
- L’utilisation métabolique des éléments digérés qui est surtout fonction de l’animal et de
son stade physique.
Premier groupe caractérisé par une teneur élevée en MAT (de 15 à 25% de la
MS) et une teneur faible en CB (10 à 20% de la MS), ce groupe est constitué par
Atriplex angulata, A. glauca, A. Halimus, A. nummularia, Medicago arborea.
Un deuxième groupe caractérisé par une teneur moyenne de MAT (13 à 15% de
la MS) et une teneur relativement élevée en CB (20 à 25% de la MS), constitué
par les acacias.
Un troisième groupe représenté par les Opuntia ficus-indica (cactus inerme) est
caractérisé par des faibles teneurs en MAT (3 à 6% de MS) et CB (10 à 12% de
la MS)
64
Tableau 15. Composition chimique moyenne d’arbustes fourragers en Tunisie, en % de MS
(NEFZAOUI et CHERMITI, 2002)
MS MO CB MAT P Ca K Na
O.F.I. inermis 10,24 69,71 9,42 6,18 0,07 7,94 2,95 0,03
(Raquette 1 an)
8,65 76,81 9,23 3,11 0,06 5,70 1,40 0,02
O.F.I.I
(Raquette 2 ans)
10,50 75,46 9,53 3,3 0,06 6,01 1,14 0,02
O.F.I.I
(Raquette 3ans)
15,85 71,26 10,98 1,68 0,04 7,60 0,35 0,02
O.F.I.
Acacia cyanophylla 39,79 91,73 23,60 15,33 - - - -
Le cactus inerme voit sa composition chimique varier selon l’âge de la raquette. C’est ainsi que
la teneur en MAT, bien qu’étant faible pour les jeunes raquettes, l’est davantage pour les
raquettes de 2 et 3 ans. Parallèlement la teneur en MS augmente sensiblement avec l’âge de la
raquette.
La teneur en CB, toujours faible et oscillant autour de 10 % de la MS varie très peu selon l’âge.
Il est évident que ces changements se traduisent par des variations considérables au niveau de la
valeur nutritionnelle des arbustes. De plus, les époques d’exploitations qu’autorise la biologie du
végétal ne correspondent pas toujours aux périodes où la valeur nutritive est maximale.
65
Pour ce qui est de la composition chimique du cactus inerme, de nombreux résultats ont été
publiés mais tous ne sont pas interprétables ou mêmes comparables, par défaut de certaines
précisions tel que l’âge du matériel analysé. Nous avons rapporté au tableau quelques uns de ces
résultats.
LECQ et RIVIERE (1900) trouvent que la composition chimique de cactus inerme n’est pas
nulle du point de vue nutritif et elle se rapproche sensiblement de celle de la carotte ordinaire,
par contre LE HOUEROU (1965) trouve qu’elle se rapproche de celle de la betterave fourragère.
NEFZAOUI et BENSALEM (1995), ont constaté que le cactus inerme présente la plus faible
teneur en différents éléments nutritifs (fig. 7) et cela en le comparant avec la paille et l’Atriplex.
66
Tableau 16. Composition Chimique des raquettes d’Opuntia ficus – indica inermis
MS
(% EAU Composition chimique en % de la MS
poids (%
Auteurs
Brute) poids
Brute) MO MG CB MAT ENA MM Ca P K Na Mg
-
- 93,8 - 1,9 10,5 6,8 62,6 18,2 - - - - CURASSON (1952)
B.MAYMONE et MALOSSINI
- 93,3 - 1,28 13,41 9,56 49,9 25,85 - - - - -
(1961) (1)
- - - 2,0 13,25 7,87 56,7 17,6 - - - - - A. MON JAUZE (1964) (1)
M. THERIEZ (1978), Y.B. SILVA
8,5 ± 2,2 - 77,9±3,2 - 13,2±1,7 5,6±2,9 - - 5,23 0,7 - - - (1985), B. MAYMONE et
MALOSSINI (1959) (2)
G. CORDIER (1947),
11,5 - - 1,3 12,4 4,2 62,5 - - - - - - A. EL HAMROUNI et M. SARSON
(1974) (3)
6,7 - - 1,3 13,4 9,6 49,8 25,9 2,81 0,28 - - - GÔHL (1982)
8,88 - - 1,9 6,45 6,93 69,5 15,22 5,32 0,21 - 0,05 - POUDEVIGNE (1988)
10,24 - 96,71 - 9,42 - - - 7,94 0,07 2,95 0,03 - NEFZAOUI et CHERMITI (1991)
RIVIERE (1991)
10,6 - - 2,3 19,1 10,6 46,8 21,2 2,81 0,28 5,3 - 1,37
(raquette turgescente)
- 85-90 - - - 5-12 - - 4,2 0,08-0,18 2,3 - 1,4 FELKER (1995)
(1),(2),(3) : Cités respectivement par MONJAUZE et LE HOUEROU (1966), et ALIBES et TISSERAND (1990) et LE HOUEROU (1980)
67
2.2.2.1 Teneur en eau
La teneur en eau des aliments n’a généralement pas en elle-même d’effet d’encombrement
dans le rumen, toutefois dans le cas des fourrages verts récoltés au stade de pâturage, elle
présente une liaison négative avec la matière sèche volontairement ingérée (DEMARQUILLY in
JARRIGE, 1980).
Le Cactus est une plante reconnue par son taux d’humidité très élevée qui en fait une source
importante d’eau pour l’animal (FACHOWSKY et YAMI, 1985). C’est ainsi que l’Opuntia
permet de maintenir les animaux sans eau très longtemps. Dans une expérience conduite en
Afrique du Sud, pendant 525 jours, des moutons n’ont reçu, selon CURASSON (1952), comme
unique source d’eau que des raquettes de cactus inerme.
Par ailleurs la richesse des raquettes en eau (environ 85-90%, selon FELKER, 1995) leur
procure une faible teneur en matière sèche (environ 6,7 % selon GÔHL, 1982). Cette eau est
stockée dans le parenchyme comme c’est le cas pour les autres plantes grasses (JARRIGE et al,
1995).
Cette teneur en eau du cactus comme chez d’autres végétaux et très sensible aux facteurs
externes. Elle est généralement maximale dans les jeunes repousses des différents cycles de
végétation et diminue avec l’âge (JARRIGE et al, 1995 ; POUDEVIGNE, 1988).
La teneur en MS des raquettes varie du simple au triple (parfois plus) dans des raquettes de
même âge (MONJAUZE et LE HOUEROU, 1966), cette variation est en relation avec la période
de récolte, les raquettes récoltées d’août à octobre présentent une teneur en MS sensiblement
double de celles prélevées au printemps.
Des analyses chimiques sur des raquettes d’Opuntia récoltées en automne dans la commune
de Boulhaf Dyr (wilaya de Tebessa) effectuées par BOUNAB (1999), donnent les résultats
suivants : une teneur en eau très élevée et qui est en moyenne de 88,5% et 91,2% respectivement
pour les raquettes sub-terminales et terminales et une très faible teneur en matière sèche 11,48%
pour les première et 8,82% pour les secondes (tableau 17).
Sur le plan alimentaire, la teneur des végétaux en éléments minéraux est souvent influencée
par la nature du sol, c’est le cas par exemple du calcium, de l’iode, de molybdène (JARRIGE,
1980).
68
Tableau 17. Composition chimique des raquettes d’Opuntia Ficus-indica inermis, évolution avec l’âge (BOUNAB, 1999)
Eau MS % de la MS Mg/Kg de MS
Age des (% (%
Répétitions
raquettes poids poids
MO MM MAT MG CB Ca P K Mg Na Cu Mn
brut) brut)
2,80
RS 88,28 11,72 71,59 28,41 1,44 4,61 18,8 7,07 0,088 0,15 0,019 14,89 Trace
Arbuste I 2,11
RT 92,01 7,99 68,97 31,03 6,12 4,29 12,2 7,03 0,115 0,40 0,014 14,89 Trace
RS 89,44 10,56 72,48 27,52 2,72 7,42 15,6 8,20 0,04 0,32 2,80 0,014 14,89 Trace
Arbuste II
RT 90,79 9,21 70,53 29,47 1,52 1,52 11,8 7,27 0,113 0,19 2,29 0,025 14,89 Trace
RS 88,02 11,98 68,99 31,01 3,95 3,95 14,8 7,96 0,049 0,37 3,05 0,0084 12,16 Trace
Arbuste III
RT 92,06 7,94 71,06 28,94 2,23 2,23 11,8 7,29 0,071 0,12 1,90 0,0084 17,62 Trace
RS 88,31 11,69 71,40 28,60 2,18 2,18 15,33 6,67 0,052 0,34 2,47 0,014 12,16 Trace
Arbuste IV
RT 89,84 10,16 65,08 34,92 1,42 1,42 13,6 8,44 0,066 0,25 2,77 0,0084 17,62 Trace
RS 88,51 11,48 71,11 28,88 4,54 4,54 16,13 7,50 0,057 0,29 2,78 0,014 13,52 Trace
Moyenne
RT 91,17 8,82 68,91 31,09 2,36 2,36 12,35 7,51 0,09 0,24 2,26 0,014 16,25 Trace
RS : Raquettes sub-terminales, RT : raquettes terminales
69
L’Opuntia est riche en matière minérale qui est de l’ordre du tiers de la matière sèche.
NEFZAOUI et BENSALEM (1995), FLACHOWSKY et YAMI (1985) et NEFZAOUI et al
(1995), avancent que les cendres brutes forment environ 20% du poids de la matière sèche. Cette
richesse en substances minérales (essentiellement en potassium) et en mucilage confère aux
raquettes d’Opuntia des propriétés laxatives ; à cet effet si leur part dans la ration dépasse 50%,
les animaux subissent des diarrhées (NEFZAOUI et CHERMITI ,1991)
NEFZAOUI et BENSALEM (1995), ajoutent que le Cactus est très riche en calcium (5% à
7% de la MS), il présente donc un rapport Ca/P très élevé. Cette richesse en Ca ainsi qu’en Mg
excède pendant toute l’année les besoins minima des bovins (CURASSON, 1952), en outre
FELKER (1995), a montré que le Cactus présente un pourcentage faible en certains éléments et
que sa consommation par les animaux nécessite une complémentation en éléments minéraux qui
se trouvent a l’état de trace.
L’efficacité protidique est fonction du taux d’azote de la ration, elle augmente avec ce
facteur jusqu'à une valeur optimum à partir de laquelle elle décroît (JACQUOT et al, 1964) les
raquettes d’opuntia sont pauvres en matière azotées totales, elles ne renferment que 2% à 4% de
la MS, ceci est confirmé par NEFZAOUI et BENSALEM (1995), qui trouvent une valeur de
4,6% et 5,87%. Ce déficit en azote nécessite, selon FELKER (1995), une complémentation pour
subvenir aux besoins de l’animal, qui peut être assurée, selon CURASSON(1952), par
l’adjonction à la ration, d’une certaine quantité de foin de légumineuses, de luzerne par exemple
et qui permet d’obtenir des résultats intéressants.
Les matières grasses ou lipides ont dans l’organisme des rôles multiples ; un rôle
énergétique (1g de lipide fournit 9,3 calories), et contribuent à former les graisses de réserve
(RISSE, 1969).
L’Opuntia comme presque tous les aliments du bétail est pauvre en lipides ; ceux-ci représentent
un taux d’environ 1,3% de la MS (MONJAUZE et LE HOUEROU 1966, LE HOUEROU 1980).
La teneur en lipides décroît cependant de façon importante et régulière avec l’âge des raquettes
(CORDIER cité par MONJAUZE et LE HOUEROU, 1966) et ajoutent que les teneurs en MG de
la plante entière diminuent au cours de la croissance, en même temps que la teneur en azote à
laquelle elle se trouve donc liée. JARRIGE et al (1995) trouvent également que la teneur en MG
d’un fourrage diminue au cours de la sénescence, mais qu’elle varie aussi avec l’état nutritionnel
des plantes, répondant positivement à la fertilisation azotée. Toutefois, des données du PNUD
(1971) rapportent que les plus fortes teneurs du Cactus en lipides sont enregistrées au début de la
fructification « Septembre-Octobre ».
70
2.2.2.5 Teneur en Cellulose Brute
La cellulose brute est capitale dans l’alimentation animale, car elle joue un rôle de lest, elle
fournit de l’énergie (acide butyrique), un rôle anticétogène (Acide propionique) et enfin, elle
participe dans l’élaboration des graisses de réserve et des lipides du lait (Acide acétique) (RISSE,
1966). La teneur du Cactus en CB est de 9,42% de MS (NEFZAOUI et CHERMITI, 1991), ou
un peu plus élevée 12% à 16% de MS (NEFZAOUI et BENSALEM, 1995 ; BOUNAB, 1999).
De fait, beaucoup d’auteurs s’accordent sur ce que le Cactus présente une faible teneur en
CB (BENSALEM et al, 1996). Selon MONJAUZE et LE HOUEROU (1966), la teneur en CB
présente peu de variation dans les raquettes brutes et dans la matière sèche, mais elle augmente
de façon importante et régulière avec l’âge de la plante. Elle peut être également influencée par
les facteurs agro-climatiques, en particulier les températures élevées (JARRIGE et al ,1995).
Toutefois, il est connu depuis longtemps que le Cactus est riche en glucides solubles et en
vitamines surtout les vitamines A et C (MONJAUZE et LE HOUEROU, 1996 ; ITEF, 1978 ;
FELKER, 1995 ; NEFZAOUI et al, 1995 et LE HOUEROU, 1996), ainsi qu’en extractif non
azoté (POUDEVIGNE, 1968).
La teneur en extractif non azoté est relativement constante dans la matière sèche
(MONJAUZE et LE HOUEROU, 1966), alors que les résultats de CORDIER (cité par
MONJAUZE et LE HOUEROU, 1966), montrent qu’elle décroît de façon importante et
régulière avec l’âge des raquettes.
Toujours dans le tableau 2, on trouve le taux de cellulose brute ainsi que celui des autres
constituants (BOUNAB, 1999) varie avec l’âge des raquettes sub-terminales et terminales.
71
Figure 8 : Variation de la composition chimique du cactus inerme selon l’àge de
la raquette (NEFZAOUI et CHERMITI, 1991)
2.2.4 Ingestibilité
La quantité d’aliment volontairement ingérée est un facteur extrêmement important très
souvent limitant dans le cas de fourrages, de la quantité d’énergie et d’éléments nutritifs que le
ruminant peut tirer de sa ration lorsqu’il en dispose à volonté (JARRIGE, 1980).
MONJAUZE et LE HOUEROU (1966), signalent que l’ensemble des auteurs sont d’accord
sur la bonne acceptation du Cactus par le bétail. Par ailleurs, sa richesse en eau permet, selon
POUDEVIGNE (1988), de couvrir les besoin d’un mouton en eau sans procéder à son
abreuvement ; ceci n’est cependant vrai que théoriquement, en pratique, les moutons ne peuvent
tout d’abord être nourris uniquement de cactus, car cela provoquerait de grave troubles digestifs
(fortes diarrhées). En outre, l’animal ne pourrait jamais ingérer des quantités suffisantes de
cactus pour couvrir tous les besoins en eau sans qu’il n’y ait diarrhée.
Selon, l’I.N.R.A (1978), la valeur d’encombrement du cactus varie de 3 unités pour les
raquettes de l’année à 3,9 unités d’encombrement pour les raquettes âgées.
LE HOUEROU (1996), signale que l’effet laxatif apparaît lorsque la quantité de cactus
consommée dépasse les 10% du poids vif des animaux. Cet effet varie selon MONJAUZE et LE
HOUEROU (1966), avec l’âge des raquettes, l’état physiologique de la plante, la saison, la
richesse du sol, l’aptitude des animaux à les consommer, la composition de la ration et aussi les
habitudes alimentaires des animaux.
Pour éviter tout risque possible, NEFZAOUI et CHERMITI (1991), proposent que la part du
cactus dans la ration ne dépasse pas les 50% ou bien faire un apport en matière sèche
sensiblement équivalent à celui de la ration de cactus. THERIEZ cité par MONJAUZE et Le
HOUEROU (1966).
72
2.2.5 Digestibilité
La digestibilité dépend, d’après NEFZAOUI et CHERMITI (1991), directement de la nature
chimique de l’arbuste, de la quantité ingérée et de la ration complémentaire.
Méthodes de
MS MO MAT MM MG CB ENA Auteurs
mesure
In vivo (ovin) - 64 56 - 74 13 76 Wilson, 1911(1)
Woodward et al
In vivo (bovin) 62 67 72 38 66 43 72
1915 (2)
In vivo (ovin) - - 44 - 72 40 78 Morrisson, 1957(1)
In vivo (ovin) 65±5 72±7 70±5 30±3 - 50±5 75±5 Le Houerou, 1996
(1),(2),(3) : Cités respectivement par MONJAUZE et LE HOUEROU (1966). FELKER (1995) et ALIBES et
TISSERAND (1990).
Tableau 19 : Effet de l’âge sur la digestibilité des constituants des raquettes d’Opuntia
Ficus-indica (en %).
Raquettes de l’année - 72 42 - - 13 -
INRA (1978)
Raquettes âgées - 48 0 - - - -
Raquettes terminales 73 - 28 - - - -
INRAT (2)
Raquettes sub-terminales 48 - 0 - - - -
(1),(2) : Cités respectivement par MONJAUZE et LE HOUEROU (1966) et NEFZAOUI et CHERMITI (1991).
La valeur nutritive du cactus est très faible et ne suffit même pas à constituer une ration
d’entretien ; mais des moutons en bonne santé peuvent certainement survivre jusqu’à 8 mois
avec un régime composé uniquement d’Opuntia (GÔHL, 1982), avec un appoint de fourrage sec,
l’alimentation en Cactus peut, selon LE HOUEROU (1965), se poursuivre indéfiniment.
FELKER (1995) rapporte que malgré sa pauvreté en protéines brutes (5,3%) par rapport aux
foins d’herbe (5,7%) et la luzerne (16,8%), le Cactus possède une valeur en énergie digestible
(environ 2610 Kcal/Kg MS à 2640 Kcal/Kg MS). LE HOUEROU (1996) trouve également que
la valeur énergétique du cactus varie entre 900 et 1000 Kcal/Kg MS pour l’énergie nette, et entre
2000 et 3000 Kcal/Kg MS pour l’énergie métabolisable. En outre, NEFZAOUI et al (1995),
estiment que la richesse du Cactus en glucides fait de lui une bonne source d’énergie facilement
fermentescible.
74
Selon LE HOUEROU (1965), la valeur énergétique des raquettes diminue avec l’âge comme
suite :
La teneur en matière azotée digestible (MAD) ; qui est généralement liée de façon très
étroite à la teneur en matière azotée totale (DEMARQUILLY et al, 1981) est très faible et varie,
selon RIVIERE (1991), entre 61 et 48 g/Kg MS respectivement pour les raquettes turgescentes et
flétries.
Cette faible teneur en MAD, diminue encore fortement avec l’âge des raquettes jusqu’à une
valeur presque nulle pour les raquettes âgées (ITEF, 1978).
Les valeurs énergétique (UF, UFL et UFV) et azotées (MAD, PDIN et PDIE) ainsi que leurs
variations avec l’âge des raquettes sont groupées dans le tableau 20. En définitive, la valeur
énergétique de l’aliment frais dépend surtout de sa teneur en MS, donc du stade physiologique de
la plante au moment de la récolte, par contre, la teneur en protides serait d’autant meilleure que
le sol est plus fertile, et le fourrage serait beaucoup plus déséquilibré sur le sol pauvre que dans
les bonnes terres ou celles ayant reçu une fumure. La meilleure valeur alimentaire s’obtient avec
des raquettes de 02 ou 03 ans et récoltées en été ou la teneur en eau est la moins forte ; la valeur
énergétique peut atteindre alors 0,12 UF par Kg, c'est-à-dire presque celle de la luzerne. Pour des
raquettes plus jeunes ou plus riches en eau, ou en contraire plus âgées, donc plus lignifiées, cette
valeur peut être plus faible de moitié.
75
Tableau 20 : Valeur nutritive des raquettes d’Opuntia Ficus-indica inermis, variation avec l’age
Raquettes de
L’année 3,62 2,49 2,05 - 0,71 0,66 21 30 60 INRA (1978)
Raquettes 3,77 3,77 1,38 - 0,44 0,34 0 16 39 (2)
âgées
(1), (2) : cités respectivement par MONJAUZE et LE HOUEROU (1966) et ALIBES et TISSERAND (1990).
76
Conclusion
Le Cactus est l’exemple typique d’espèce parfaitement convenable pour la mise en valeur
des zones arides et semi-arides. Sa culture est peu exigeante en investissement, mais elle peut
contribuer à améliorer le revenu des agriculteurs par sa production fruitière ou fourragère. En
plus, sur le plan environnemental, le cactus est d’une grande utilité pour la lutte contre l’érosion,
la valorisation des terres.
Ainsi, la culture du cactus peut contribuer au développement agricole dans les zones arides
et semi-arides en Méditerranée, qui été jusqu'à maintenant largement basé sur l’élevage ovin.
77
2.2.7 Analyse chimique des parties vertes, de l’acacia cyanophylla
En raison de la fluctuation des résultats selon la provenance de l’échantillon, les conditions
de sa conservation et le stade physiologique de la plante, ou peut considérer qu’un Kg de MS de
la phytomasse disponible fournit en moyenne 0,4 UF. La composition chimique des feuilles et
brindilles varie en fonction de la variété, des conditions climatiques, des époques de prélèvement
de la proportion de bois, de l’âge des plantations, etc.
La composition chimique diffère entre les feuilles vertes et les feuilles séchées. La matière
sèche est d’environ 28 à 56% dans les feuilles vertes et brindilles tendres, elle augmente avec les
feuilles séchées. La matière organique est d’environ 91 à 92%.
Pour la matière azotée totale, elle est un peu élevée, de 11 à 21,2%.pour la matière grasse,
un peu faible, de 3,5 à 4,5 %.
Selon le tableau 21, on peut dire que les feuilles et rameaux ont une composition chimique
moyenne voisine de celle du foin : 28 à 56% de MS, 91,6 à 92,1% de MO, 11 à 21,2% de MAT,
19,2 à 21,6% de CB et 3,5 à 4,5% de MG.
Tableau 21. Composition chimique des feuilles et brindilles d’Acacia cyanopylla (LE
HOUEROU, 1980).
Les teneurs en eau, selon FELKER (1995), pour les feuilles et brindilles d’Acacia
cyanophylla varient énormément, de 44 à 72% ; toutefois (LE HOUEROU (1980) et SAADANI
(1998) ont fait apparaître un taux d’humidité moyen de 60%. Le tableau suivant présente les
résultats de certains auteurs.
78
Tableau 22. Teneur moyenne en humidité des feuilles et brindilles d’acacia Cyanophylla.
Teneur en % Sources
57,70 LE HOUEROU ,1980
60,50 NEFZAOUI et CHERMITI,1991
60,21 BENBOUBAKER ,1994
Les Acacia sont caractérisées par une teneur en MAT pouvant atteindre 21% de la MS, de ce
fait, elles jouent un rôle important dans la complémentation des rations pauvres en protéines (LE
HOUEROU et PONTANIER, 1987).
Teneur CB en % de MS Sources
24,10 LE HOUEROU,1980
23,60 NEFZAOUI et CHERMITI,1991
23,60 BENBOUBAKER ,1994
MO CB MAT
Avril 40,00 88,8 28,4 13,0
Juin 30,20 91,2 24,0 14,1
Août 33,60 90,8 23,6 10,4
Septembre 38,20 88,1 26,8 11,1
Les arbustes présentent l’avantage de continuer à fournir du fourrage vert riche en MAT,
c’est le cas d’Acacia cyanophylla qui conserve des teneurs azotées élevées au moment ou
l’arbuste est en stade de fructification et accuse une légère diminution au stade floraison. Ces
variations restent plus au moins élevées pour la MO, MAT et CB.
L’ingestion du fourrage est étroitement liée au poids vif de l’animal. L’ingestibilité de feuillages
d’acacia cyanophylla et de 1,148 kg de MS/animal/jour.
Chez les petits ruminants, des essais ont été faits sur la digestibilité « in vitro », dans des
zones écologiques diverses, de la MS des arbres et arbustes à usage multiple (AUM), des
pourcentages oscillants entre 59 et 70% ; 40,9 et 68,2% ; 39,2 et 64,9% ont pu être obtenus
respectivement pour la MS, la CB et les PB (ADEGBOLA, 1989). Pour l’Acacia cyanophylla, la
digestibilité (in vivo) varie de 30 à 60% (NEFZAOUI et CHERMITI, 1991).
79
Tableau 25. Digestibilité de l’espèce acacia cyanophylla (NEFZAOUI et CHERMITI 1991)
Digestibilité (en %)
MS MO MAT Auteurs Méthode
49 ECONOMIDES et al, 1974
33 IDRISSI et TAZI, 1987
47 IDRISSI et TAZI, 1987
55 51 DUMANCIC et
LEHOUEROU, 1981
37 27 44 SAADANI, 1988
32 25 40 SAADANI, 1988
31 21 34 SAADANI, 1988 IN VITRO
31 20 32 SAADANI, 1988
32 NEFZAOUI et CHERMITI,
45 1989
L’application des équations relatives aux fourrages classiques tels que le fourrage vert et le
foin de légumineuses donne une valeur énergétique de 0,5 à 0,7 UFL/Kg de MS (NEFZAOUI et
CHERMITI, 1991).
Selon (DALI, 1994) le feuillage d’Acacia Cyanophylla, très apprécié par le bétail, possède
une valeur de 0,3 UF/Kg de MS.
Les matières azotées des feuilles et brindilles d’Acacia cyanophylla sont de 120 g/Kg de MS
(DUMANCIC et LE HOUEROU cité par LE HOUEROU et PONTANIER (1987).
Les facteurs qui influent sur la qualité des arbustes fourragers, surtout de l’azote dans
l’utilisation peut parfois poser de sérieux problèmes à cause d’une forte teneur en composés anti-
nutritionnels (tanins) et anti-métaboliques (mimosine) (OUIM et al cités par NEFZAOUI et
CHERMITI, 1991).
En général les Atriplex sont peu consommés à l’état frais mais très bien ingérés après fanage
(LEHOUEROU et al, 1982). Les Atriplex ayant un coefficient de digestibilité de 60,3% pour la
MS et 51% pour la MO (CORREAL et al, 1989).
Composition en % de la MS
Espéces Période MS Sources
MO CB MAT P Ca K Na
(%)
Atriplex
- 30,56 74,60 11,89 18,77 0,44 1,66 2,47 3,33
Halimus NEFZAOUI
Atriplex et
- 27,44 86,80 20,79 18,36 - - - -
Canescens CHERMITI
Atriplex 1991
- 27,53 75,10 10,58 20,40 0,31 1,49 2,45 4,84
Nummularia
Avril 18,1 79,1 14,6 19,6 - - - -
SAADANI
Atriplex Juin 23,3 79,1 14,2 17,6 - - - - et
nummularia GHEZAL
Août 28,2 76,8 20,5 17,8 - - - - 1989
Septem 28,5 76,0 21,6 19,7 - - - -
La composition chimique varie selon l’espèce, l’âge et le stade végétatif de la plante. Selon
COOK (1972), LE HOUEROU (1980) les Atriplex sont généralement riches en protéines et en
minéraux, mais par contre, pauvres en énergie. CORREALE (1990), de sa part a prouvé
l’importance de cet arbuste fourrager et sa richesse en matières azotées et en minéraux selon le
tableau 27 :
81
Tableau 27. Composition chimique de quelques espèces de la famille des chénopodiacées
Eléments PB en % CB en % MM en %
Atriplex nummularia 21,30 09,50 27,80
L’espèce Atriplex Halimus fait partie aussi d’un groupe caractérisé par la faiblesse en
cellulose brute et sa richesse en cendres. Des études effectuées par NEFZAOUI (1989) montrent
que la composition chimique des Atriplex varie au cours de l’année d’une façon considérable.
Cette variation concerne essentiellement les teneurs en MS, MAT, CB et MM la teneur en MAT
passe 27% de la MS.
Figure 9. Evolution des teneurs en MAT des Atriplex (Atriplex Halimus et Atriplex
nummularia) au cours de l’année.
Deux paramètres sont importants dans la valeur alimentaire d’une plante, l’appétence propre
à l’animal et l’appétibilité propre à l’espèce (BLACH, 1954). DEMARQUILLY et WISS (1970)
définissent la valeur alimentaire d’une plante comme étant le produit de sa valeur nutritive par
son ingestibilité, laquelle exprime la quantité de matière végétale ingérée. NEFZAOUI et
VANBELLE (1991) la définissent comme étant la quantité de matière organique digestible
ingérée.
Vu leur disponibilité durant toute l’année, l’animal utilise ces arbustes fourragers pour se
nourrir, mais des rations composées uniquement d’Atriplex peuvent causer des troubles à cause
de la salure, d’où la nécessité de recourir à une alimentation mixte composée habituellement
d’Atriplex (source azotée) et de cactus (source énergétique).
82
Du point de vue valeur alimentaire, ces deux espèces sont complémentaires les unes des
autres. FROMENT (1972) a démontré que les fortes teneurs en cendres durant la période estivale
sont parfois un facteur défavorable à l’appétibilité et la digestibilité surtout si les conditions
d’abreuvement sont difficiles et les eaux sont riches en sels minéraux.
Selon AOUISSAT (1992) « la valeur fourragère des espèces d’Atriplex est basse par rapport
à la végétation annuelle, mais celle-ci est satisfaisante pour un arbuste qui se développe quand
les espèces annuelles ne peuvent survivre ». Cette valeur est déterminée en fonction de la
disponibilité des autres espèces disponibles sur parcours au cours de l’année et dépend de leurs
natures et de leur stade de végétation. Cette valeur pastorale, exprimée en unité fourragère (UF)
représente la valeur énergétique de la matière sèche ingérée par les animaux (DAGET et
POISSONET, 1972).
Les steppes à halophytes telles que les Atriplex sont considérées, d’après LE HOUEROU et
FRANCLET (1971), comme étant des pâturages de qualité médiocre fréquentés principalement
par les moutons, les chèvres et les dromadaires et selon les expériences relatives à la
comparaison de l’appétibilité de certains Atriplex plantés en Tunisie, on remarque que l’Atriplex
Halimus est plus appété que l’Atriplex nummularia. Ce pendant ce dernier est recherché par le
bétail. Les préférences des animaux différent et varient dans le temps (AOUISSAT, 1992).
La valeur énergétique se définit comme étant la quantité d’énergie apportée par un aliment
estimée en énergie nette, généralement par référence à l’orge (unité fourragère) ou en énergie
métabolisable (LAROUSSE AGRICOLE, 1981).
Les arbustes d’Atriplex présentent des valeurs variant de 0,5 à 0,6 UF/Kg MS. Les Atriplex
sont des plantes étonnamment rustiques, riches en protéines (DELAHAYE, 1980). Ces fourrages
produisent 2.000 à 3.000 Kg MS/ha, soit 1.000 à 1.800 UF/ha, sous une pluviométrie de 200 à
300 mm.
L’utilisation des Atriplex s’avère intéressante en période de disette quand les autres plantes
sont rares dans le pâturage, surtout entre le milieu de l’été et le début d’hiver. L’exploitation et le
pacage se font 2 à 3 ans après la plantation (ANONYME, 1978). Un mouton peut consommer 2
Kg MS/j et parfois plus (LE HOUEROU, 1983).
Cette espèce ne perd pas son feuillage, NEFZAOUI et CHERMITI (1991) ont indiqué que
les Atriplex essentiellement halimus et nummularia ont une valeur énergétique de 0,60 à 0,8
UFL/Kg de MS et 20 à 25% de matière azotée totale, leur utilisation doit tenir compte de leur
richesse excessive en sels. Plusieurs facteurs rendent la production fourragère variable d’une
région à une autre, tels que les conditions climatiques, édaphiques et l’état des touffes (KINET et
al, 1998).
Une nappe d’Atriplex produit entre 800 à 1.200 UF/ha/an et elle peut être utilisée dans
l’alimentation des animaux par pâturage direct. La valeur énergétique des fourrages d’Atriplex
varie entre 0,5 à 0,6 UF/ Kg MS.
83
2.2.8.3.2 Valeur azotée
Sous des précipitations annuelles de 200 à 400 mm, l’Atriplex halimus compte avec
l’Atriplex nummularia, parmi les espèces les plus intéressantes, produisant de 2.000 à 4.000 Kg
MS/ha/an de fourrage riche en protéines (Le HOUEROU, 1992), cependant la teneur importante
en Na CI du fourrage augmente la consommation en eau des animaux et diminue son appétence.
Ils peuvent à terme limiter l’exploitation d’Atriplex halimus en tant que plante fourragère
dans les régions ou l’accès à l’eau est difficile. Une forte teneur en oxalate potentiellement
toxique en fortes concentrations pour les animaux est également de nature à limiter l’utilisation
intensive de cette plante dans la ration fourragère et aussi un apport en vitamines et en minéraux
(CHATWANI et TURUK, 2002).
Les taux élevés en protéines et en sels minéraux permettent d’utiliser l’Atriplex halimus
comme réserve fourragère en été et en automne et comble la carence en fourrage qui se
manifeste avant la croissance printanière des espèces fourragères herbacées dans ces régions.
Les rendements en fourrage mesuré dans les zones arides de l’Afrique du nord est de l’ordre
de 2000 à 5000 Kg de matière sèche par ha/an soit 100 à 2500 UF, ce qui correspond à une
production de 5 à10 fois élevées que celle des meilleurs parcours soumis aux mêmes conditions
de milieu (LE HOUEROU et FRANCLET ,1971).
Les animaux susceptibles de consommer les Atriplex sont principalement les moutons, ceux
de sebkhas sont habitués à ne consommer que des plantes salées et une sélection adaptative
pourrait vraisemblablement être pratiquée dans le but d’isoler des animaux supportant mieux de
hautes teneurs en sel (LE HOUEROU et FRANCLET, 1971). L’ingestibilité est définie comme
étant la quantité d’aliments consommés par un animal. CORDIER in ANONYME (1971) a
trouvé que l’ingestibilité des feuilles et des jeunes rameaux de l’Atriplex nummularia est de
l’ordre de 3,5 à 4 Kg par jour, cela n’a provoqué aucun signe de perturbation de la croissance de
l’animal ; selon le même auteur, la fenaison semble être un paramètre très important, dans la
bonne ingestibilité des arbustes d’Atriplex.
SARSON (1970) a constaté que les plantes sucrées sont mieux ingérées par l’animal que les
plantes amères. VINCO (1976) a trouvé que la prise d’eau de boisson salée n’influe pas sur
l’ingestibilité de l’Atriplex nummularia parce que l’animal développe lui-même son système
d’adaptation au sel.
Une alimentation à base d’Atriplex avec certaine proportion de chlorure de sodium dans l’eau de
boisson influe négativement l’ingestibilité chez l’animal (PEIRCE, 1960).
84
TOMAS et al. (1973) étudient les effets de la boisson d’eau sur l’ingestibilité ; ils ont
constaté que les moutons qui s’abreuvent d’une eau contenant 1% de chlorure de sodium ne
souffrent d’aucun effet de maladie ; 1,5% est nuisible à tous.
WILSON et DUDZINSKI (1966) ont trouvé que l’ingestibilité des éléments nutritifs est très
appréciée par les dromadaires ainsi que les moutons contrairement aux bovins. Pour être bien
ingérées, les Atriplex doivent être complémentées par d’autres plantes. La distribution de 40% de
Cactus, 30% d’Atriplex et 30% d’Acacia dans les régions ou l’eau manque énormément, s’avère
nécessaire. Non seulement pour l’entretien des animaux pour la production animale ; du point de
vue alimentaire, les Atriplex et les Opuntia compensent mutuellement leur insuffisance.
En tout les cas la part d’Atriplex spp ne doit pas dépasser 25 à 30% du régime du mouton (AL
AICH, 1991).
Les chèvres se révèlent aussi bonnes consommatrices que les moutons. Elles attaquent
volontiers les grosses branches et les écorces nues. On pourrait interdire aux chèvres d’accéder
directement aux arbustes et ne les nourrir qu’en râtelier.
Cependant des essais ont montré que les brebis conduites exclusivement sur les parcelles
d’Atriplex halimus et Atriplex nummularia n’ont pas perdu de poids (NEFZAOUI et
CHERMITI, 1991).
Les Atriplex ont en général une digestibilité de la MS élevée ; l’Atriplex halimus a une
digestibilité de 70 à 85% pour les prélèvements effectués entre novembre et mars. Certains
auteurs confirment que la notion de la digestibilité est le principal frein à une meilleure
connaissance de valorisation des arbustes par les animaux.
Alors que NEFZAOUI et CHERMITI (1991), voyant que les digestibilités ont été mesurées
souvent par des méthodes in-sacco ou in-vitro, qui sont rapides, par contre elles sont loin de
correspondre à la réalité, alors que les données qu’elles représentent sont insuffisantes. La
digestibilité in-vitro de la MS des arbres et arbustes à usages multiples chez les petits ruminants,
les résultats sont compris entre 59 et 70% ; 40,9 et 68,2% ; 39,2 et 64,9% ont pu être obtenus
respectivement pour la MS, CB et les PB (ADEGBOLA, 1985).
Conclusion partielle
L’Algérie possède des potentialités non négligeables d’Atriplex, qu’il serait utile de protéger
contre les formes de dégradation qui aboutiraient à la régression de leurs superficies ou de leur
disparition. Cette espèce est considérée de bonne valeur fourragère,si les deux conditions de base
sont réunies, à savoir l’appétibilité et son ingestion volontaire par les petits ruminants d’une part,
et d’autre part sa valeur nutritive déterminée par la composition chimique et la digestibilité. Des
observations ont montré qu’avant une consommation normale, de longues périodes d’adaptation
sont nécessaires.
85
3eme PARTIE
RESULTATS D’ESSAIS EXPERIMENTAUX
86
CHAPITRE I : Matériel et méthodes
3.1.1 Matériel et Objectifs expérimentaux
18 essais de digestibilité, utilisant les différents aliments étudiés, ont été réalisés pour élaborer
une base de données que nous avons exploitée pour fournir les résultats présentés dans ce travail.
Essais Nombre
FPA+Atriplex+Cactus 2
FPA+Acacia+Cactus 4
FPA+Acacia 2
FPA+Atriplex 4
FPA+Cactus 1
Atriplex+Cactus 3
Atriplex 1
Acacia 1
Des béliers adultes de race Ouled Djellal, élevés en ferme expérimentale, sains et vermifugés,
âgés de 4 à 5 ans, pesant entre 45 et 50 Kg PV ont été utilisés dans les essais de digestibilité.
3.1.1.2 Aliments
Les aliments testés ont été le foin de pois avoine, le cactus inerme, l’atriplex et l’acacia. Le foin
de pois avoine a été semé et récolté en ferme expérimentale, par nos soins. Les autres aliments
(Cactus, atriplex, acacia) ont été récoltés à différentes périodes dans la Wilaya de Mostaganem,
selon le calendrier des expérimentations, généralement en février/mars. Le cactus a été distribué
sous différentes formes, en vert, après fenaison de 24h, coupé en dés. L’atriplex ainsi que les
feuilles et brindilles d’acacia ont été distribuées en vert.
Dans chaque essai, 4 à 6 béliers ont été utilisés. Les animaux ont été placés dans des cages à
digestibilité et soumis à une période d’adaptation et d’accoutumance à l’aliment de 15 jours,
suivie d’une phase de mesures de l’ingestibilité de 10 jours. Durant cette phase les aliments
distribués et refusés ont été contrôlés. Durant les 5 derniers jours de cette phase, la digestibilité
de l’aliment a été contrôlée. Les fèces ont été récoltés et mesurés quotidiennement.
3.1.1.4 Prélèvements
Des prélèvements de 100 g ont été effectués à partir des aliments utilisés dans les essais. Ces
prélèvements ont été séchés, broyés et conservés jusqu’à analyses. Les refus alimentaires ont été
prélevés quotidiennement, séchés, conservés et échantillonnés pour analyses. Les fèces ont été
prélevées quotidiennement durant la phase de mesures, séchés et conservés. Des échantillons
moyens ont été constitués pour analyses.
87
3.1.2 Méthodes d’analyses chimiques
La teneur en matière sèche des aliments, des refus et des fèces a été déterminée par
dessiccation en étuve (105°C jusqu'à poids constant, selon AFNOR, 1985).
Les matières minérales ont été déterminées après incinération des échantillons d’aliments,
des refus et des fèces dans un four à Morf (550°C, 5h).
La cellulose brute a été déterminée selon la méthode «De WEENDE », les matières
cellulosiques constituent le résidu organique obtenu après deux hydrolyses successives, la
première en milieu acide H2SO4(12,5 g/l, 30 mn), la deuxième en milieu basique NaOH (25 g/l,
30 mn). A la fin de ce traitement, en obtient une grande partie de cellulose vraie, une partie de la
lignine, des résidus d’hémicellulose, ainsi qu’une quantité de la matière minérale insoluble.
Après incinération du résidu organique (550°C, 5h), la différence entre les deux pesées
représente la cellulose brute (AFNOR, 1985).
Les matières grasses ont été déterminées selon la méthode du SOXHLET, Système HT2
(AFNOR, 1985). Les échantillons ont été soumis à deux opérations successives :
L’azote total des aliments, des refus et des fèces est dosé selon la méthode de KJELDHAL.
Les échantillons ont été minéralisés dans l’acide sulfurique concentré en présence d’un
catalyseur. Le minéralisât a été ensuite dilué (à 100 ml) et des fractions aliquotes ont été
distillées en présence de lessive de soude qui transforme l’azote organique en azote ammoniacal.
L’azote ammoniacal libéré par la lessive de soude est ensuite fixé dans une solution d’acide
borique en présence d’un indicateur (vert de bromocrésol et rouge de méthyl). Le titrage se fait
par l’acide sulfurique (N/50).
Le P, K, Na et Ca sont obtenus par la méthode dite sèche, qui consiste à une calcination de
0,5g de l’échantillon broyé, auquel on ajoute 5ml d’HCl.
On sèche encore, on laisse bouillir avec 5ml d’eau pendant 5 minutes et à la fin, on
transvase dans des fioles de 100 ml, puis on mesure l’absorbance de la solution au
spectrophotomètre à 450 nm (AFNOR, 1985).
88
K, Ca, Na = n x d x v / 103 x P(g/100g d’échantillon)
n : teneur en mg de l’élément
d : facteur de dilution
v : volume en ml de l’extraction
P : poids en (g) de l’échantillon
v1 : volume1
v2 : volume 2
v : volume de la prise d’essai
P : poids de l’échantillon
3.1.3 Calculs
3.1.3.1 Valeur énergétique
Pour calculer la valeur énergétique on a utilisé la formule de LEHMANN- BREIREM (INRA,
1978).
UF/Kg de MS= (2,36 MOD-1,20 MOND)/1650
UF= unités fourragères
où MOD= matière organique digestible (en g/Kg de MS) ;
et MOND= matière organique non digestible (en g/Kg de MS) ;
MOD= MO X COD
MOND= MO-MOD
Dans ce système la valeur azotée d’un aliment s’exprime par la teneur en matière azotée
digestible (MAD). Cette teneur en MAD (g/Kg de MS) est obtenue à partir de l’azote totale selon
la formule suivante (GAUTHIER, 1991)
MAT = N x 6,25
MAD = MAT x DMAT
3.1.3.3 Ingestibilité
Elle est déterminée par animal et par période pour l’ensemble de la ration.
Les résultat sont exprimés en M.S et ramenés au poids métabolique (P0, 75) pour une
meilleure comparaison des régimes.
89
3.1.3.4 Digestibilité apparente
La digestibilité des aliments représente la proportion des divers constituants d’un aliment qui
sont retenus par l’organisme et indique le degré d’utilisation des aliments. Elle est déterminée
par le coefficient d’utilisation digestive (CUD) selon la formule suivante :
Qi - Qf
CUD = x 100
Qi
Les CUD sont déterminés pour la MS, MO, CB, MG et la M.A.T de l’ensemble de la ration.
90
CHAPITRE II : Résultats et discussions
3.2.1 Composition physico-chimique des aliments expérimentaux
Aliments
F T
FPA Cactus Atriplex Acacia
Constituants
(n=19) (n=8) (n=9) (n=5)
* *
MM (g/100 g MS) 9,02 26,78 23,45 15,45
(1,74) (3,67) (7,36) (1,54)
* *
90,98 a 73,22 b 76,55 b 84,10 ab
MO (g/100 g MS) (6,16) (3,55) (7,36) (8,92) * *
D’après ce tableau, il ressort que le taux de matière sèche des aliments (fourrages)
expérimentaux varie de 10% pour le cactus jusqu'à 57% environ pour l’acacia cyanophylla. On
notera que la différence est significative entre le cactus d’une part et lés Atriplex et l’acacia
d’autre part. Alors que la différence des teneurs en MS des deux derniers fourrages est
significative.
91
Nous soulignons que l’aliment F.P.A. possède la plus forte teneur en MS (83,86%) en raison
de son mode de conservation (en sec) et se situe à l’extrême opposé à celui du cactus.
La teneur en MS du Cactus est sensiblement la même que celle rapportée par la littérature
néanmoins elle varie d’une manière assez importante (85% à 90%) selon l’âge des raquettes et le
mode de distribution (fanées, sèches ou ensilées) (BOUNAB, 1999 , FELKER, 1995 ; GOHL,
1982 ; NEFZAOUI et CHERMITI, 1989 ; INRAT).
La teneur moyenne en MS de l’Atriplex (43,96%) est située entre les valeurs citées par les
auteurs de la bibliographie retenue, en effet elle oscille entre 32% (CIHEAM, 1990) et 83%
(CHERMITI et NEFZAOUI 1989). Ceci est probablement dù à la saison de récolte. En effet, il
est établi que d’une manière générale, la composition physico-chimique des arbustes varie
considérablement au cours de l’année. Cette variation concerne essentiellement les teneurs en
matière sèche, en matière azotée totale, en cellulose brute et en matières minérales.
On juge l’encombrement de la ration par les quantités de matière sèche apportées par la
ration, d’où l’intérêt nutritionnel et fourrager des Atriplex. Ces derniers constituent des stocks sur
pieds et ceci est un avantage certain car dans ces espaces steppiques aucune capitalisation
(conservation) des fourrages n’est possible en raison de la rareté des plantes et de la mobilité des
éleveurs.
Le deuxième avantage des Atriplex, c’est que cette espèce peut être exploitée toute l’année
et surtout en période de disette lorsque les autres plantes deviennent rares sur les parcours
notamment durant l’été et le début de l’hiver. Ces deux saisons coïncident exactement avec les
besoins élevés des brebis durant leur cycle de reproduction (flushing et steaming up).
La préservation, l’intensification et la gestion optimale des pâturages feront que les éleveurs
disposeront d’un calendrier fourrager naturel qui répondra durablement à l’amélioration de la
production pastorale en s’acheminant vers un double agnelage par année.
Les différences dans les teneurs en matière sèche entre ces fourrages sont dues aux
caractéristiques spécifiques des feuilles (caduques, persistantes) à l’époque de récolte, à l’âge des
organes, au mode de présentation, à la durée et voie de conservation.
En ce qui concerne l’Acacia cyanophylla, la matière sèche de notre échantillon 56,83% est
en accord et se situe dans l’intervalle (42,3% à 56,3%) rapporté par LE HOUEROU (1980) dans
son expérimentation en Libye et ceci pour les feuilles et brindilles distribuées en vert. Le
pourcentage de matière sèche peut chuter jusqu’à 28% si l’aliment est séché avant la distribution.
Plus récemment, FELKER (1995) souligne que la teneur en eau des feuilles et brindilles
d’Acacia cyanophylla varie énormément de 44 à 72%. La teneur en eau de notre échantillon est
de 43,17% est proche de celle citée par FELKER (1995). Toutefois (NEFZAOUI et CHERMITI,
1991 ; BENBOUBAKER, 1994) ont fait apparaître un taux d’humidité moyen de 60%. Cet écart
peut s’expliquer par les conditions objectives de l’expérimentation. En effet la composition
chimique varie en fonction de la variété, les conditions climatiques, l’époque de prélèvement, la
proportion de bois, l’âge des plantations, etc. On notera enfin que selon notre indiciation, il n’y a
pas de différence significative entre le pourcentage de matière sèche de l’Atriplex (43,96%) et
celui de l’acacia (56,83%).
Il est rare que les moutons trouvent sur l’exploitation des aliments assez riches en matières
minérales. Celles-ci sont indispensables à la formation du squelette et en proportion plus faible, à
la constitution de tous les tissus du corps et leur bon fonctionnement. Le squelette constitue une
réserve, des carences légères peuvent passer inaperçues, mais leur absence (ou déséquilibre)
entraîne rapidement une baisse de production et de reproduction.
D’après le tableau 28, il ressort que le cactus inerme contient la teneur en cendres (26,7%) la
plus élevée relativement aux autres aliments expérimentaux. Cette valeur reste proche de celles
citées par BOUNAB (1999) d’une part (respectivement 28,88% pour les raquettes Sub-
terminales et 31,09% de MM pour les raquettes terminales) et légèrement supérieure à celles (15
à 26%) rapportées par MONJAUZE et LEHOUEROU (1966), ALIBES et TISSERAND (1990)
et LEHOUEROU (1980). La teneur en MM des cactus est proche de celle de l’atriplex (23,45%)
mais la différence est statistiquement significative. Comparé à la bibliographie, le résultat obtenu
est en adéquation avec ceux publiés par LEHOUEROU (1980) et rapportés dans le tableau 27
pour différentes espèces d’atriplex. La teneur en ce constituant de l’acacia cyanophylla
(15,45%) est conforme aux valeurs rapportées par SAADANE et GHEZAL (1989) et ceci pour
différents époques de récoltes (tableau 24). Concernant l’aliment témoin (le FPA), sa teneur en
MM est la plus faible (9%).
La matière organique est le composant essentiel de la matière sèche des aliments. Elle est
composée de glucides, lipides, protides, de matières azotées non protidiques et de vitamines. Le
pourcentage de matière organique des différents aliments varie de 73% (cactus) à 92% (F.P.A).
Le cactus inerme et l’Atriplex ne présentent pas de différence significative car les taux de
MO sont assez proches, respectivement 73,22% et 76,55%. De nombreux travaux ont rapporté
des valeurs sur la M.O des cactus mais ne sont pas tous comparables par défaut de précisions tel
que l’âge, l’espèce, le type de raquettes utilisées. Néanmoins notre taux de MO du Cactus
(73,22%) est en accord avec ceux rapportés par NEFZAOUI et CHERMIT (2002) dont l’âge et
l’espèce des raquettes sont précisés en l’occurrence 71,26% ; 74,46% et 76,81% pour les
93
raquettes âgées de un an, deux ans et trois ans. Notre résultat est assez comparable à ceux trouvés
par BOUNAB (1999) et qui est de 71,11%.
Pour ce qui est de la teneur en MO de l’Atriplex halimus , notre valeur est très proche de
celle citée par NEFZAOUI et CHERMITI (1991) qui est de 74,60%. Elle demeure proche de
celle des espèces Atriplex canescens et l’Atriplex nummularia rapporté dans le tableau. On
remarquera à cet effet que le taux de matière organique diminue avec l’âge de la plante.
Enfin la teneur en M.O (84,10%) de l’acacia cyanophylla est voisine de celles trouvées par
SAADANI et GHEZAL (1989) et varient de 88 à 91% mais restent inférieurs à celle rapportée
par NEFZAOUI et CHERMITI (1991) et qui est de 91,73%. La teneur en M.O de l’acacia est
significativement différente des autres valeurs des aliments étudiés.
Pour ce constituant, la teneur des différents aliments expérimentaux varie du simple au triple
(6% à 18%). Le test de Student montre que la teneur en MAT du FPA (6,65%) et du cactus
inerme (6,45%) sont les mêmes et donc la différence n’est pas significative. La pauvreté en
protéines (2,4%) du cactus est confirmée par tous les auteurs cités (NEFZAOUI, 2001 ;
MORTET, 2001 ; NEFZAOUI et BENSALEM, 1995), cette différence peut être attribuée à l’âge
des raquettes, au mode de distribution et à la durée de fenaison. Celle ci devient plus éloquente
lorsque le teneur en protéines est ramenée à la matière sèche, toutefois LE HOUEROU (1996),
signale que le cactus peut s’enrichir en azote avec une fertilisation qui améliore sa teneur au
double voire même le triple.
La pauvreté du taux d’azote du cactus inerme distribué seul, affecte l’efficacité protidique de
la ration. Selon FELKER (1995) et CURASSON (1952), le cactus nécessite un ajout alimentaire
provenant d’une autre source protidique tel qu’un foin de luzerne ou de légumineuse. Selon nos
résultats, l’association du cactus avec l’Atriplex ou l’acacia, plus riches en azote et présents sur
place, peut pallier à la situation et obtenir des rations pouvant couvrir au minimum les besoins
des animaux reproducteurs car cela constitue l’objectif convoité en période de disette.
Les Atriplex et l’acacia sont plus riches en MAT respectivement 17,19% et 13,24%, ils
représentent le triple et le double des taux du foin de pois avoine et du cactus inerme. Néanmoins
la différence entre la teneur en MAT des deux premiers fourrages est significative. Ces valeurs
en MAT se situent dans l’intervalle rapporté par LE HOUEROU (1980) c’est-à-dire entre 11 et
21,2% de protéine totales et confirmées par NEFZAOUI et CHERMITI (1991),
BENBOUBAKER (1994), MOKADDEM (1997) et BEKKA (2002).
D’une manière générale, les arbustes présentent l’avantage de fournir un fourrage riche en
MAT selon SAADANI et GHEZAL (1989). Cette richesse est maintenue même s’il y a une
légère fluctuation des MAT durant les stades physiologiques successifs. En effet les arbustes
présentent l’avantage de constituer un stock de protéines brutes en fournissant du fourrage vert
durant toute l’année.
94
de floraison. La concentration en tanins est à signaler car ils constituent un sérieux facteur
antinutritionnel et anti- métabolique à cause de la présence de mimosine.
Elles se rencontrent dans toutes les cellules animales et surtout dans le lait de brebis qui est
1,5 fois à 2 fois plus riche que le lait de vache. Ce sont des substances énergétiques qui dégagent
quatre fois plus de calories que les glucides. Ces graisses constituent des réserves en
s’accumulant autour des organes des muscles et sous la peau.
Le taux des matières grasses des aliments étudiés varie de 2,3% à 3,7%. Bien que les valeurs
soient proches les unes des autres, les différences sont statistiquement significatives. Elles sont
comparables à celles rapportées par la bibliographie ; cette pauvreté en lipides est confirmée par
les résultats de MONJAUZE et LEHOUEROU (1966), LE HOUEROU (1980). En effet tous les
aliments du bétail sont pauvres en lipides et leur teneur en matières grasses décroît avec l’âge de
la plante de façon importante et régulière (CORDIER cité par MONJAUZE et LE HOUEROU,
1966).
Le taux de matières grasses du cactus inerme est de 3,30% et se situent dans l’intervalle des
moyennes de l’étude faite par BOUNAB (1999), c'est-à-dire 2,36% à 4,54% alors que la teneur
en MG des feuilles et brindilles de l’acacia (3,68%) est proche des valeurs rapportées par
LEHOUEROU ( ) dans les essais réalisés en Tunisie (3,5%) et en Libye (4,5% et 4%) de MG.
Ce constituant ne représente pas un facteur majeur dans l’alimentation des ruminants. En effet le
déficit en matière grasse n’est pas à craindre car les besoins de l’animal sont minimes et les
aliments habituels apportent une quantité suffisante de lipides pour peu que la ration comprenne
un minimum de bon foin ou d’herbe verte (CRAPLET et THIBIER, 1980). Toutefois il ne faut
pas oublier la curieuse possibilité de certaines races d’accumuler des graisses dans la queue ou à
la pointe des ichions, ce sont des réserves énergétiques facilement mobilisables en cas de
sécheresse ou de régime en accordéon (succession de période de faste alimentaire et de période
de déficit fourrager).
La teneur en cellulose brute des feuilles et brindilles d’acacia est de 25,21%. Cette teneur est
supérieure à celles du cactus et de l’Atriplex avec respectivement 10,9% et 13,89% mais reste
inférieur à celle du foin de pois avoine avec 34,75%. A cet effet la cellulose brute varie environ
de 11% à 35% ce qui représente une variation du simple au triple pour les aliments expérimentés.
Les expériences réalisées en Tunisie par NEFZAOUI et CHERMITI (1991, 2002), sont proches
de nos résultats et confirment que la teneur des raquettes varient très peu avec l’âge et oscillent
entre 9,23% et 10,98%. Ces valeurs restent toutefois inférieures à celles rapportées par
BOUNAB (1991).
En raison de la faible teneur en C.B du cactus inerme et sa faible oscillation avec l’âge donc
de la faiblesse d’encombrement, la littérature recommande son incorporation dans une ration à
hauteur de 50% avec un foin de légumineuse. Toutefois sa richesse en glucides cytoplasmiques
fait de cet aliment un important fournisseur d’énergie facilement fermentescible à bon marché,
disponible sur pied et mobilisable lorsque la nécessité se fait sentir. Ces constituants placent le
cactus inerme en même niveau que les betteraves ou la mélasse (richesse en saccharose) qui
devancent les aliments d’origine végétale et quelques jeunes graminées.
95
La teneur en cellulose brute des feuilles et brindilles d’acacia (notre échantillon) est de
25,21%, elle reste significativement différente de celles des aliments étudiés, toutefois elle reste
en accord avec les valeurs citées par NEFZAOUI et CHERMITI (2002) et LE HOUEROU
(1980) et qui sont respectivement de 23,6%, 19,2% à 24,1%. Ces teneurs en cellulose brute des
feuilles et brindilles de l’acacia sont voisines de celles d’un foin de médiocre qualité et peuvent
être considérées comme un véritable aliment de lest chez les ruminants.
En ce qui concerne l’Atriplex, sa teneur en cellulose brute est de 13,89%, elle est supérieure
à celle du cactus inerme (10,9%) mais dont la différence n’est pas significative, par ailleurs elle
reste inférieure à celles du foin de pois avoine et de l’Acacia cyanophylla. La teneur en C.B de
l’Atriplex étudié est la même que la moyenne des Atriplex rapportée par CORREALE (1990).
Elle reste aussi proche des teneurs en CB rapportées par NEFZAOUI et CHERMITI (1991),
GHEZAL (1989), et qui sont respectivement de 11,89% ; 10,58% et 14,6%, 14,2%.
Le cactus et l’Atriplex halimus sont les aliments les mieux pourvus en Calcium avec
respectivement 5,09% de MS et 3,06% de MS. L’acacia et le FPA sont respectivement moins
riches. L’aliment témoin(FPA) reste le fourrage le plus pauvre en éléments minéraux. La
richesse en Ca de ces fourrages est déterminante car le calcium représente à lui seul 1,3 à 1,8%
du poids vif de l’animal. La teneur en calcium du cactus est en accord avec les chiffres rapporté
dans le tableau 16, mais reste inférieurs à ceux rapporté par NEFZAOUI et CHERMITI (2002)
(tab-15) et BOUNAB 1999 (tableau 17). En ce qui concerne l’atriplex, notre résultat (3,06%) est
supérieur à celui rapporté par NEFZAOUI et CHERMITI (1991) ainsi que celui publié par le
CIHEAM (1990) et qui sont respectivement 1,66% et 1,6%. Enfin, pour l’acacia cyanophylla, le
calcium représente 1,15% de MS. Cette valeur reste inférieure à celles rapportées par LE
HOUEROU en 1990 dans ses essais et qui sont 1,77% de la MS (Tunisie) et 1,41% de MS ;
1,59% de MS (Libye).
La présence du phosphore dans l’aliment est primordiale aussi car il représente 0,8% à1% du
poids vif. Les aliments expérimentaux les plus riches en phosphore sont l’atriplex halimus et
l’acacia cyanophylla. La couverture des besoins de l’animal peut se faire par une
complémentation minérale de la ration. La pierre à lécher est la plus usitée chez les éleveurs
algériens. Elle renferme aussi les Oligoéléments nécessaires à l’animal.
Les Atriplex sont caractérisés par leur richesse en sodium (4,20%). Les résultats montrent
que le cactus est l’aliment le moins pourvu en sodium (0,06%), alors que les teneurs en sodium
du F.P.A (0,56%) et de l’acacia (0,26%) sont proches. Les valeurs en sodium rapportées par
NEFZAOUI et CHERMITI (2002) oscillent entre 2,32% et 4,84% pour différentes espèces
d’Atriplex. Pour ce qui est du taux de sodium du cactus inerme, notre résultat (0,05%) rejoint
96
pratiquement ceux cités par POUDEVIGNE (1988), NEFZAOUI et CHERMITI (1991), qui sont
respectivement 0,05% et 0,03%. NEFZAOUI et CHERMITI (2002) ont montré que le taux de
sodium varie très peu avec l’âge des raquettes (Tableau 15).
En ce qui concerne le potassium, les taux des aliments expérimentés varient de 1,15% à
3,89% et les différences sont significatives pour les quatre aliments. Les différences vont du
simple (1,15%) pour le cactus, au triple 3,89% pour l’Atriplex. Pour le cactus le taux de
potassium (1,15%) est proche de celui rapporté par NEFZAOUI et CHERMITI (2002) et qui est
de 1,14% pour les raquettes de 2 ans, mais reste inférieur à ceux avancés par RIVIERE et
FELKER et qui sont respectivement de 5,3% et 2,3% (Tableau 16). Toutefois notre résultat reste
assez élevé par rapport à ceux ramenés par BOUNAB (1999) (Tableau 17).
D’une manière générale les besoins en minéraux sont de l’ordre de quelques grammes par
jour. Cependant leur couverture est difficile à réaliser a partir des aliments ordinaires dont la
richesse est le reflet du sol.
En effet chez l’adulte la rétention digestive n’est que de 30% environ. Les besoins en sel
sont pour un mouton à l’entretien (0,1g/kg PV) et sa couverture n’est pas à craindre car les
aliments expérimentés en sont suffisamment pourvus. Sa couverture est déterminante car le sel
contribue au bon fonctionnement du tube digestif, à l’absorption des éléments nutritifs. Il entre
dans la construction des liquides internes, du squelette et du lait.
Pour ce qui est du potassium, il a de multiples rôles dans l’organisme notamment une action
diurétique. Il entre dans la composition du suint et le mouton n’en manque généralement pas. Il
faut plutôt surveiller les excès qui provoquent une élimination du sel et gênent l’utilisation du
calcium et du phosphore.
0,38 34,11
Foin de pois avoine (0,116) (11,54)
0,47 47,27
Cactus inerme (0,03) (0,90)
97
3.2.2.1 Valeurs énergétiques des aliments
La valeur nutritive du cactus est faible (0,45UF) et dans ce cas il est difficile d’envisager
l’alimentation des animaux en période de déficit alimentaire prolongée.
Cette valeur est inférieure à celle publiée par LE HOUEROU (1965), et proche de celle
rapportée par BOUNAB (1999). La comparaison est difficile à faire car l’essai ne précise pas le
mode d’utilisation du cactus (frais, fané ou séché) ou l’âge des raquettes.
La valeur énergétique observée de cet aliment est de 0,47 UF/kg MS. Elle est inférieure à
celles citées par CORDIER (1947). Elle évolue entre 1 an de 0,71/UF pour passer par un
maximum de 0,78 UF à 4 ans puis rechute à 0,59 UF une année plus tard. Alors que les résultats
obtenus par LE HOUEROU (1965), montrent que la valeur énergétique des raquettes décroît de
façon importante avec l’âge entre 1 an (0,6 UF/Kg MS) à 4 ans (0,2 UF/Kg MS). Cette tendance
a été aussi observée dans les publications de L’INRA en 1978 mais dans le nouveau système
d’alimentation qui précise que la valeur énergétique passe de 0,71 UFL à 0,44 UFL et de 0,66
UFV à 0,34 UFV par Kilogramme de matière sèche et ceci respectivement pour les raquettes de
l’année et celle des raquettes plus âgées. Dans ce contexte les mêmes remarques ont été
rapportées par MONJAUZE et LE HOUEROU (1966), et ALIBES et TISSERAND (1990)
concernant les travaux de THERIEZ (1978), SILVA (1985), MAYMONE et MALOSSINI
(1959), présentés dans le tableau 20.
L’application des équations relatives aux fourrages tels que le fourrage vert le foin de
légumineuse donnent une valeur énergétique de 0,76 UF/Kg MS. Cette dernière correspond à la
même valeur que celle trouvée par NEFZAOUI et CHERMITI (1991) mais constitue le double
de celle citée par DALI (1994).
Les feuilles et brindilles d’acacia sont très appréciées par le bétail. Le feuillage d’acacia
présente l’avantage de constituer une réserve sur pied riche en protéines brutes pouvant
compléter et valoriser le cactus inerme.
SAADANI (1989) classe les acacias dans le deuxième groupe des arbustes fourragers. Il est
caractérisé par une teneur élevée en MAT pouvant atteindre 15% de MS et 25% de CB. Enfin, il
est utile de signaler que le facteur limitant des acacias comme aliment des herbivores, provient
des substances inhibitrices de la digestibilité. En effet à l’heure actuelle le rôle des tannins dans
la digestion constitue un centre d’intérêt pour les initiés en la matière.
98
3.2.2.1.3 Valeur énergétique de l’Atriplex Halimus
La quantité d’énergie observée pour l’Atriplex halimus est de 0,70 UF/kg MS. Ce chiffre
n’est pas très différent de ceux rapportés par DELAHAYE (1980), NEFZAOUI et CHERMITI
(1995) et qui sont respectivement de 0,5 UF à 0,6 UF/Kg MS et 0,6 UF à 0,80 UF/Kg MS.
Cette espèce cumule beaucoup d’avantages dans le domaine de l’alimentation des ruminants
à savoir :
La valeur énergétique de l’Atriplex halimus est qualifiée de moyenne mais les spécialistes
soulignent son importance fourragère en attirant l’attention sur sa teneur élevée en azote. Enfin
sa richesse en sel, peut être plutôt interprétée comme un avantage car le NaCl par sa saveur est
un condiment qui permet l’absorption d’autres composés minéraux moins appréciés par les
animaux (Mg) ainsi que l’ingestion des fourrages moins appétants surtout lorsque l’offre
fourragère est à son minima (Eté, Hiver)
La teneur en matière azotée digestible est faible 47,3 g de MAD/kg MS et se situe dans
l’intervalle rapporté par RIVIERE (1991), (48 g à 61g/Kg MS) et ceux cités par MONJAUZE et
LEHOUEROU (1996) dans le tableau 20, qui oscillent entre 0 et 43 g MAD/Kg MS.
Cette valeur devient insignifiante pour les raquettes âgées car la digestibilité diminue
brusquement entre 6 et 24 mois et devient pratiquement nulle au delà de 3 ans.
En fait la quantité de MAD/Kg MS n’est que le reflet de la teneur en MAT qui est faible
pour les jeunes raquettes, elle l’est d’avantage pour les raquettes âgées de 2 et 3 ans. Avant de
chercher à nourrir l’animal, il est peut être souhaitable d’améliorer la teneur en protéines brutes
des cladodes par l’apport de fumier. En effet, la qualité en MAT du cactus n’est parfois que le
reflet de la qualité du sol.
99
Sa richesse en glucides solubles, en vitamines et en eau font du cactus un aliment d’appoint
de soudure et de sauvegarde pour les petits ruminants et ainsi compense son défaut de pauvreté
en MAD.
Associé à une source protidique, son utilisation peut être très utile dans des systèmes
d’élevage en zones difficiles (steppe ou montagnes).
La meilleure valeur alimentaire est obtenue avec des raquettes de 24 ou 36 mois et récoltées
en été ou fanées car la teneur en eau est moindre. Moyennement riche en énergie, le cactus est
recommandé comme un complément de fourrage habituel ou non conventionnel.
La teneur en matière azotée digestible apportée par l’acacia cyanophylla obtenue est
intéressante (77,1 g/Kg MS). Cette dernière se situe dans l’intervalle cité par la revue CIHEAM
(entre 45 g/Kg MS et 105 g/Kg MS), respectivement pour les rameaux et feuilles distribués en
vert. Néanmoins, elle reste inférieure au niveau cité par DUMANCIC et LEHOUEROU (1981)
et qui est de 120 g/Kg MS. Cet écart peut être expliqué par les fluctuations saisonnières de
l’espèce et le niveau des substances inhibitrices de la digestibilité.
Ce fourrage non conventionnel constitue une réserve sur pied, mobilisable en toute saison.
Les valeurs alimentaires complémentaires avec celles Atriplex permettront en théorie d’entretenir
des animaux et même d’assurer des productions (laitière, gestation)
Nos résultats mettent en évidence la richesse absolue et relative des Atriplex en matières
azotées digestibles (129,9 g MAD/Kg MS). Cette valeur représente environ trois fois la valeur
obtenue chez les cactus (47,3 g MAD/Kg MS) et deux fois chez l’acacia (77,1 g MAD/Kg MS).
Cette valeur est comparable à celles des tables du CIHEAM (1990), soit 136 g MAD/Kg MS.
Ces espèces sont très appétibles et très recherchées par le bétail surtout en fin été et en début
hiver lorsque les herbacées sont desséchées et rares.
Ces plantes sont résistantes au surpâturage, ne perdent pas leur feuillage et leur place dans le
calendrier alimentaires (toutes les saisons) font d’elles un fourrage qui a retenu l’attention des
experts. D’ailleurs le H.C.D.S a réalisé des milliers d’hectares de plantation d’Atriplex halimus
cette dernière étant plus appétible que l’espèce Atriplex nummularia.
Les Atriplex peuvent être distribués en association avec le Cactus et l’Acacia. Sur le plan
nutritionnel, l’Atriplex et le Cactus compensent mutuellement leurs insuffisances.
100
3.2.3 L’ingestibilité des aliments expérimentaux
L’ingestibilité est définie comme étant la quantité d’aliment consommée par animal et par
jour, lorsque celui-ci est distribué seul et à volonté. Elle est déterminée après une période
d’accoutumance, les résultats sont exprimés en MS/tête/jour et ramenés au poids métabolique
(P0.75) afin de pouvoir comparer l’ingestibilité entre différentes espèces se nourrissant du même
aliment, fourrages ou sous produit.
90,80 5,26
Cactus Inerme (50,0) (2,0)
Atriplex halimus
867,10 53,86
(76,8) (13,1)
Il ressort du tableau que l’aliment témoin est le plus consommé (F.P.A) par rapport à
l’Atriplex et l’Acacia qui ont une ingestiblité voisine.
On remarque aussi que l’ingestiblité du Cactus est trop faible (91 g MS/tête/jour). Ceci
provient de la faible teneur en MS des raquettes (10,20%) surtout par celles récoltées dans
l’année (raquettes terminales) et fraichement distribuées, le long séjour des raquettes dans le
rumen et le mucilage limite son ingestion à 400 ou 500 g MS/tête/jour.
S’il est reconnu que l’ingestion volontaire d’un fourrage est liée à son poids vif, elle dépend
aussi fortement de l’espèce végétale offerte et du mode de sa distribution (seule ou combinée à
d’autres espèces) et du système alimentaire adopté, espèces distribuées seules + pâturage ou
espèces combinées + pâturage et selon la qualité de ce dernier (LE HOUEROU et PONTANIER,
1987).
Par contre la forte quantité d’eau contenue dans les raquettes peut assurer une grande partie
des besoins de l’animal et diminuer ainsi les fréquences d’abreuvement surtout dans les régions
arides et semi-arides (LE HOUEROU et PONTANIER, 1987).
Pour éviter les conséquences d’une ration encombrante (Météorisation et diarrhées) une
association à un foin ou paille peut corriger la faible teneur en M.S, d’ailleurs NEFZAOUI et
CHERMITI, (1991) propose que la part du Cactus dans la ration ne dépasse pas 50% ou bien
faire un apport en MS équivalent à celui de la ration de Cactus (cactus séché).
101
Cette quantité ingérée est un facteur limitant de la quantité d’énergie et d’élément nutritif
que le mouton peut tirer de sa ration lorsqu’il en dispose à volonté.
Une simple dessiccation (POUDEVIGNE, 1988) permet d’éviter ces troubles digestifs mais
la valeur nutritive du produit (raquettes) va considérablement baisser (perte de glucides et de
MAT) et son acceptabilité pourrait diminuer à cause du goût.
La valeur d’encombrement idéale pour les ovins se situe entre 1,2 (jeunes) et 1,6 (adultes)
alors que celle du cactus varie de 3 à 3,9 unités pour les raquettes de l’année. (LE HOUEROU
1966).
En ce qui concerne l’ingestiblité des jeunes feuilles et rameaux de l’atriplex halimus, elle est
appréciable 867,10g MS/tête/jour= 2 Kg MF soit 53,86 g MS/Kg P0.75. L’ingestiblité de ce
fourrage varie selon son mode de conservation 64,3g MS/Kg P0.75 ; 53,7g MS/Kg P0.75 et 70,4 g
MS/Kg P0.75pour l’ensilage.
Le taux élevé en sels présent dans les parties comestibles des plantes contraint les animaux
qui s’en nourrissent à s’abreuver souvent et les quantités d’eau absorbées peuvent atteindre 11
l/tête (LE HOUEROU 1991). Ce phénomène est plus évident dans le cas où parmi les
composants du régime, on trouverait l’atriplex halimus. La grande quantité d’eau consommée est
due à la nécessité d’éliminer par les urines, les grandes quantités de sels accumulées. Wilson
(1966) a estimé que pour chaque gramme de NaCl ingéré, il faut 70 à 74 ml d’eau de boisson.
Distribué en association, l’atriplex augmente l’ingestiblité des foins ou pailles moins appréciés
pour l’animal ; le sel de l’atriplex relève leur saveur et joue plutôt le rôle d’un condiment.
La quantité ingérée de matière sèche des feuilles et brindilles d’Acacia cyanophylla est de 820,20
g MS/j soit environ 50 g MS/Kg P0.75. Cette quantité est inférieure à celle rapportée par
LEHOUEROU et PONTANIER(1987) qui est de 134,5 g MS/Kg P0.75 après 48h de séchage.
Notre valeur (50g MS/Kg P0.75) est proche de l’ingestibilité citée par LEHOUEROU et
PONTANIER (1987) qui est de 66,6 g MS/Kg P0.75 , l’ingestibilité semble doublée après 48h de
séchage. Elle est la même que celle citée par NACEF (1994) qui est de 50,69 g MS/Kg P0.75.
Ceci peut être expliqué par l’effet d’astringence et l’amertume des tanins qui réduisent la
prise alimentaire chez l’animal. NEFZAOUI et VANBELLE (1991) affirment que le feuillage de
l’acacia contient 4,5% de tanins. A noter que ce taux de tanins est relativement élevé
comparativement aux autres aliments du bétail (Féverole à fleur blanche : 0,51% de MS ;
102
Sorgho : 0,2 à 2,0 ; gland de Quercus suber : 1,68 % de MS…). Toutefois la tolérance des
ruminants aux tanins oscille entre 0,6% et 5% de MS (HAWKING cité par NACEF et al, 1994).
La tolérance des animaux aux tanins varie d’une espèce animale à une autre. Les caprins
sont plus tolérants aux tanins d’acacia cyanophylla que les ovins (SAADANI et GHEZAL,
1989). Selon CORREALE et al (1989) l’ingestiblité de feuillages d’acacia cyanophylla est de
1148 g de MS/t/j.
La digestibilité d’un aliment dépend directement de sa nature chimique. Il est très difficile
de comparer les résultats avec les données déjà publiées car elles rapportent rarement le stade
physiologique du végétal, alors que NEFZAOUI et CHERMITI (1991) ont montré que ce facteur
agit considérablement sur la composition chimique et donc sur la digestibilité. La digestibilité de
la MS ou de la MO des arbustes varie dans une large mesure de 30 à 85%.
D’une manière générale, nos résultats concernant la digestibilité de la MS, MO, CB pour les
aliments expérimentés s’inscrivent dans cet intervalle.
Il ressort du tableau que la digestibilité de la MS du cactus est la plus élevée. Parmi les
aliments expérimentés, elle représente 70,37%.Cette valeur est proche de celle publiée par
l’INRAT rapporté par NEFZAOUI et CHERMITI (1991) et qui est 73% pour les raquettes
terminales alors qu’elle est beaucoup plus faible pour les raquettes sub-terminales 48%.
Notre valeur concorde avec celle rapportée par LEHOUEROU (1966) et reste très proche de
celles rapportées et publiées par ALIBES et TISSERAND (1990) (Tabl.18). ANDREW et
WEISSE(1981) et CURASSON (1952) notent que le cactus possède un pourcentage de matière
digestible élevée (61,5%).
La MO des raquettes du cactus est aussi un constituant très digestible (68,52%) ; elle est
élevée et compatible avec les chiffres rapportées par la bibliographie et consignés dans les
tableaux 18 et 19. En effet la digestibilité de la MO varie de 48% à 79%.
Concernant le CUD des MAT, notre résultat 79,95% pour le cactus semble être concordant par
rapport aux résultats cités respectivement par MONJAUZE et LEHOUEROU (1966), FELKER
(1995) et ALIBES et TISSERAND (1990), alors que NEFZAOUI et CHERMITI (1991) notent
que la digestibilité des MAT est faible pour les jeunes raquettes (28%) et nulle pour les raquettes
âgées. Les mêmes résultats ont été publiés par l’INRA 1978 (Tabl.19)
.
3.2.4.2 Digestibilité de l’espèce Acacia cyanophylla
103
Tableau : Digestibilité (en %) des aliments expérimentés
Aliments Constituants
MS MO CB MAT MG
Cactus
70,37 68,52 76,44 79,95 84,66
(9,0) (8,4) (7,5) (12,2) (15,1)
La digestibilité moyenne à médiocre peut s’expliquer par le fait que les feuilles et brindilles
d’acacia cyanophylla renferment des facteurs antinutritionnels, ils sont représentés par les acides
phénoliques, les flavonoïdes et les tanins. Selon LARBIER et LECLERQ (1992), ces substances
présentent de forts effets bactéricides et bactériostatiques qui diminuent l’activité microbienne
dans le rumen. Mc GINTY cité par Mc LEOD (1974) a noté chez les ruminants une diminution
du CUD de la MS du sorgho, à cause de sa richesse en tanins. Les effets antinutritionnels des
tanins sont plus perceptibles sur les protéines. En effet, cette fraction de composés phénoliques
végétaux est caractérisée par leur aptitude à complexer les protéines, et l’augmentation de l’azote
fécal reste le principal effet dépressif des tanins.
Les tanins sont parmi les facteurs antinutritionnels qui peuvent avoir pour conséquences une
diminution du poids chez la plupart des animaux (GONTZEA et al 1968).
Le CUD des MAT, obtenu dans notre expérimentation est de 47,45%. Il se situe dans
l’intervalle rapporté par la publication du CIHEAM (1990) qui varie de 33% à 60,5%,
respectivement pour les rameaux et feuilles distribuées en vert. ADEGBOLA (1985) rapporte un
CUD des MAT variant entre 39,2 et 64,9% alors que pour DUMANCIC et LEHOUEROU
(1981), le CUD des MAT serait de 51%.
104
Selon le mois de récolte il est de 32% pour Septembre ; 34% Août; 40% pour Mai et 44%
pour le mois d’Avril. Les données publiées précisent que la méthode utilisée est l’estimation de
la digestibilité « in vitro » mais ne rapporte pas les organes distribués. Selon OUIM et al cités par
NEFZAOUI et CHERMITI (1991), l’utilisation de l’acacia cyanophylla est tributaire de sa
teneur (forte) en composés antinutritionnels (tanin) et anti-métaboliques (mimosine).Cette
dernière constitue un frein à l’utilisation des arbres et arbustes fourragers dans la mesure où les
méthodes d’estimation « in vitro » et « in sacco » sont rapides mais restent peu fiables et
éloignées de la réalité.
Le CUD est très voisin de celui cité par DUMANCIC et LE HOUEROU (1980) et qui est de
51% , par contre il est nettement supérieur à ceux cités par SAADANI (1988), estimés selon la
méthode « in vitro », et qui varient de 20 à 27%, selon les mois de récolte.
Les effets des tanins observés sur les petits ruminants sont multiples et fonction du niveau des
tanins. On peut en citer pour les ovins :
- Une perte de poids, fèces molles avec une large quantité de mucus et altération du foie,
- Une réduction de l’Ingestion de 12% de la ration,
- Une réduction de la digestibilité des MAT de 28% à 5% de la ration,
La digestibilité de la MS est élevée, elle est de 60,76%. Cette valeur est inférieure à celle
rapportée pour les Atriplex en général et qui varie de 70% à 80% pour les prélèvements effectués
entre le mois de Novembre et Mars, elle semble se situer dans l’intervalle publié par
ADEGBOLA 1985 et qui varie de 59 à 70%.
Notre résultat est par contre proche de la digestibilité de l’Atriplex nummularia (57,4%)
(CIHEAM 1990). La digestibilité de l’Atriplex halimus rapporté pour la MO (59,8%) est voisine
avec celle que nous avons trouvé (59,64%). Celle de l’Atriplex nummularia est en parfait accord
(56,5%) avec notre valeur.
La même référence rapporte une égalité parfaite pour la digestibilité des MAT avec notre
résultat et qui sont respectivement 74% et 74,05%. Celle de l’Atriplex nummularia rapportée par
la même source (CIHEAM 1990) leur est voisine 75,8%.
Enfin la digestibilité de la CB obtenue est d’environ 50%, elle est en adéquation avec celle
rapportée par ADEGBOLA (1985) et qui varie de 40,9% à 68,2% pour les arbres et arbustes
fourragers, estimée par la méthode « in vitro ».
105
Conclusion générale
Il ressort de cette partie que les arbres et arbustes fourragers constituent traditionnellement
une source d’alimentation pour les herbivores en l’occurrence les ruminants. En effet leur
utilisation est séculaire mais ils demeurent encore mal connus sur le plan scientifique.
Des investigations partielles jusqu’à l’heure actuelle, il ressort que leurs constituants
physico-chimiques, sont complémentaires et ne peuvent être valorisés que dans une association
intelligente.
L’association du cactus, des acacias et des Atriplex dans un système d’élevage donné
peuvent fournir des rations équilibrées pour nourrir des animaux à faibles besoins voire même en
production pour cela, ces fourrages font d’objet d’un regain d’intérêt pour les éleveurs surtout
durant les périodes de disettes ou les saisons de faible disponibilité alimentaire (été, hiver).
Le principal souci étant de laminer les charges d’alimentation car durant ces périodes
critiques, la spéculation gagne même les foins et les pailles qui proviennent d’une production
fourragère, elle même extensive.
Ces espèces fourragères non conventionnelles peuvent représenter des avantages techniques
et économiques pour les régions caractérisées par un climat aride ou semi aride.
Traditionnellement, l’éleveur procède à une adéquation entre les ressources fourragères
naturelles et les besoins alimentaires des animaux. En d’autres termes, il essaie d’ajuster la
biologie du végétal au stade physiologique de l’animal. A cet effet faire correspondre les plus
hauts niveaux des besoins de l’animal à la plus haute valeur nutritive du végétal.
Pour tirer avantage du troupeau, les accouplements, les saisons de naissances et de lactation
sont synchronisées avec les périodes d’abondance alimentaire. Cette stratégie permet de
comprimer les charges alimentaires et donc d’améliorer les résultats de gestion. Les
répercussions positives du niveau alimentaire pendant la lutte et la fin de gestation sont établies ;
en fait la réalisation du flushing et d’un steaming up naturels évitera les charges onéreuses liées à
la complémentation en orge. En année anormale, cette articulation se trouve rompue et le recours
aux arbres et arbustes fourragers spontanés ou cultivés, est susceptible d’augmenter
confortablement en quantité et qualité la biomasse végétale.
Cette richesse renouvelable procure une biomasse sur pied régulière tout au long de l’année
moins soumise aux variations saisonnières et annuelles des herbacés. Globalement des milliers
d’hectares de plantation (d’acacia, de cactus et d’Atriplex) ont été réalisé successivement dans le
cadre du barrage vert, de la ceinture verte et des programmes initiés par le H.C.D.S.
A l’origine cet investissement avait une autre finalité, aujourd’hui il peut être utilisé en
alimentation animale.
Ces résultats partiels doivent être confortés par des études sur l’association des fourrages
expérimentaux pour évaluer les effets des rations sur les performances des animaux.
106
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114
ANNEXES
1) Analyse de la MS :
Dans une capsule en porcelaine sèche et tare, nous introduisons 1 à 5 g de l’échantillon à
analyser et le tout est porté dans une étuve réglée à 105° C ± 2° C pendant 24 heures. Après
refroidissement dans un dessiccateur, l’échantillon est pesé puis repris à l’étuve pendant 1 heure,
après quoi, nous procédons à une nouvelle pesée.
La teneur en matière sèche est donnée par la formule suivante :
2) Analyse de la MAT :
Nous minéralisons le produit par 20 ml d’acide sulfurique en présence d’un catalyseur. Le
matras est porté sur le support d’attaque et le chauffage se poursuit jusqu’à décoloration du
liquide après obtention d’une coloration verte stable.
Après refroidissement, nous ajoutons peu à peu 200 ml d’eau distillée.
La distillation consiste à transvaser le contenu du matras dans l’appareil distillatoire. En
présence d’un indicateur (acide borique). Nous pesons dans le ballon 50ml de lessive de soude.
La troisième étape est la titration avec acide sulfurique jusqu’à l’obtention de la couleur
initiale de l’indicateur.
La teneur en matière azotée totale est donnée par la formule suivante :
3) Analyse de la CB :
On prend 1 g de l’échantillon, on le traite successivement par les dilutions bouillantes
d’acide sulfurique et de la soude à concentration déterminée. Les résidus séparés par filtration
après 4 à 5 lavages avec de l’eau bouillante. Une fois séché et pesé, l’échantillon est incinéré
dans le four à moufle à 500° C durant 5 heures, puis pesé. La différence de poids entre les deux
pesées, représente la CB.
A-B
CB (% M.S) = x 100
C x MS
115
4) Analyse de la MG :
A-B
MG (% M.S) = x 100
C x M.S
n.d.v
P.K.Ca.Na =
10-4 x P
(g /100 g d’échantillon)
n : Teneur en mg de l’élément.
d : Facteur de dilution.
v : Volume en ml de l’extraction.
P : Poids en g de l’échantillon
Pour dosage de MS
V1 : Volume 1
V2 : Volume 2
V : Volume de prise d’essai
116
P : Poids de l’échantillon
6) Analyse de la M.M :
Le résidu qui a servi à la détermination de la MS est porté au four à moufle qui est
réchauffé progressivement afin d’obtenir un résidu du blanc au gris clair.
La teneur en matière minérale est donnée par la formule suivante :
A x 100
M.M (% MS) =
B x M.S
117
% 50
1
400
% 5
% 25 100
3
% 70
400 100
118
Summary
The Algerian steppe is the backbone of the pastoral activity. The sheep provides over 50% of red
meat consumed locally; however, this grazed ecosystem it was for decades engaged in a process of
degradation. The causes that are at the origin of degradation are primarily anthropogenic, but also
edaphic and climatic.
It appears at first and in all studies that steppic forage resources cover only one-quarter (1/4) the
needs of animals. Space steppe and pastoral production continue to suffer the destructuring effects of the
sheep meat market entirely free and speculative.
This pressure has been appear by the massive use of barley and concentrates in animal feed. This
practice is objectified by the reduction of the production process and profitability.
In a second step, we examined aspects of animal production in its interaction with the environment.
The methodology used is that of the systemic approach. This is the concept of culture system. This
concept has enabled us to characterize the steppe farming systems which are three:
- Livestock Merchant System: This system focuses on maximum animal in the herd (400 head or
more), also called cash extensive system, farmers are better equipped to operate a permanent and
intensive courses. Breeders merchants account for about 5% of the pastoral population. This system is
totally market-oriented.
- System of agro-pastoral farming: the operators of this system practiced in addition to extensive
cereal farming. Herd size is reduced (less than 100 animals). They represent 25% of the population do
not practice pastoral nomadism in bad years.
- System of Breeder: characterized by a direct method of claim, is the system's oldest and most
common on the steppe. The breeders of this system represent 70% of the pastoral herd size is between
100 and 400 heads. It is a system based on the steppe nomads and transhumance. Herd management is
still relatively closed to archaic technicality.
Once modeled, a particular interest was given to the center of fodder resources and food of
different farming systems. It appears that in view of productivity, sheep farming is still extensive type
regardless of the farming system.
The use of critical path is only with a different intensity. The best courses are used by breeders who
have more means, i-e those in the commercial farming system.
It also appears that pastoral activity depends more on agriculture and forage production, itself
extensive. The use of barley and concentrate becomes inevitable and widespread practice.
The final objective was to propose an option or alternative technique to mitigate the negative
effects of desertification and promote certain food resources previously unused or underused.
Three species were chosen: the spineless cactus, Acacia cyanophylla and Atriplex halimus. These
forages were characterized for their chemical composition, their nutritional intake and their digestibility
in the animal. Energy values between 0.43 and 0.70 FU / kg DM (fodder unit/kg dry matter) and crude
protein values ranging between 47.3 and 130 g NM / kg DM (nitrogenous matter/kg dry matter) of these
foods are good alternative feed once reasoned strategies in pastoral food . It appears from our study that
these non-conventional fodders complement each other in their specificities. Used alone or in
combination, they can post a qualitative approach to satisfy, if not to keep animals for a long enough
period when herbaceous plants are scarce.
Keywords: Steppe, Sheep, breeding systems, Food, spineless cactus, Acacia cyanophylla, Atriplex
halimus.
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