Aps Et Enfants

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SOMMAIRE

Sommaire ................................................................................................................... 1
Préambule .................................................................................................................. 2
L’activité physique : un puissant levier de développement des enfants ...................... 3
Promouvoir la pratique d’activité physique et lutter contre les comportements
sédentaires des enfants : pourquoi est-il urgent d’agir ? ............................................ 5
Des pratiques influencées par une pluralité de facteurs ? .......................................... 6
Et l’école ? .................................................................................................................. 8
Conclusion .................................................................................................................11
Bibliographie ..............................................................................................................12
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PREAMBULE

La santé, dont les conceptions ont beaucoup évolué, est aujourd’hui définie par l’OMS comme un
« état de complet bien-être qui ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie ou d’infirmité »
(OMS, 1946). Considérée comme une ressource, la santé est dynamique et évolue au gré de facteurs
qui l’influencent plus ou moins positivement ou négativement, que l’on appelle « déterminants de la
santé ». L’identification et l’analyse de ces derniers ont rapidement permis de déduire que nous ne
sommes pas tous égaux vis-à-vis de la santé et que de nombreuses inégalités, socialement produites,
inéquitables et évitables sévissent encore aujourd’hui et ceux, même dans les pays à revenus élevés
comme la France (Centers for Disease Control and Prevention, 2022; Dahlgren & Whitehead, 2006;
InteractionS Pays de la Loire, 2019). Ces inégalités sont d’autant plus problématiques que dès la petite
enfance, on note la présence d’un gradient social, c’est-à-dire des différences d’état de santé entre les
individus selon leur position sociale, notamment la position sociale des parents lorsqu’il s’agit des
enfants (Huchet, 2014; Lopez et al., 2011; Wilkinson & Marmot, 2004).

La construction précoce des inégalités de santé pousse à considérer la période de l’enfance


comme décisive, d’autant plus que c’est lors de celle-ci que les bases de la santé, du bien-être, de
l’apprentissage et de la productivité sont posées, pour toute la vie (Beauregard et al., 2010; OMS,
2019). Lors de cette période charnière, la réponse aux besoins fondamentaux des enfants leur permet
de se développer de manière optimale. A l’inverse, l’absence ou le manque de satisfaction de ces
derniers peut induire un préjudice développemental (Martin-Blachais, 2017). C’est pourquoi la qualité
de la réponse aux besoins fondamentaux des enfants est à questionner, si tôt que des inégalités de
santé apparaissent précocement. D’ailleurs, la réponse adaptée à ces derniers est aujourd’hui
reconnue comme une condition de succès des actions de promotion de la santé et de lutte contre les
inégalités sociales de santé (Poissant et al., 2014; The Lancet, 2016).
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L’ACTIVITE PHYSIQUE : UN PUISSANT LEVIER DE DEVELOPPEMENT DES


ENFANTS

Le saviez-vous ?
L’activité physique (AP) est définie comme « tout mouvement corporel produit par la contraction
des muscles squelettiques entrainant une dépense énergétique supérieure à celle de repos ». Elle est
caractérisée par sa durée, son intensité, sa fréquence et sa modalité de pratique et peut être
effectuée dans le cadre des loisirs, sur le lieu de travail ou de scolarisation, pour se déplacer ou lors
des activités de la vie domestique (le sport n’en représente donc qu’une faible partie). Faire de la
marche, du vélo, du street workout, du hip-hop, le ménage, du skateboard, des jeux actifs pendant
la récréation, une pratique sportive, les enseignements d’Education Physique et Sportive (EPS) en
sont quelques exemples.
L’AP est reconnue pour être un déterminant majeur de la santé, ce qui a amené les sociétés savantes
à établir des recommandations en AP pour un maintien et une amélioration de la santé globale.
L’inactivité physique, est la non-atteinte de ces recommandations.
La sédentarité est définie comme une « situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique
proche de la dépense énergétique de repos en position assise ou allongée ». Elle correspond ainsi au
temps passé en position assise ou allongée dans la journée, hors temps de sommeil ; que ce soit sur
le lieu de travail ou à l’école, lors des déplacements en transports motorisés, ou lors des loisirs,
notamment devant les écrans. Tout comme pour l’AP, il existe des recommandations en termes de
sédentarité.

On peut donc être actif, mais


sédentaire : ce sont deux enjeux de
santé publique distincts !

Parmi les différents moyens de répondre aux besoins fondamentaux des enfants, leur permettre de
pratiquer une activité physique (AP) régulière et de limiter leurs comportements sédentaires apparaît
comme l’un d’entre eux. La pratique d’une AP contribue en effet à la réponse aux besoins
physiologiques et de santé des enfants, décisive pour leur développement. Aujourd’hui, les bénéfices
de l’AP sur la santé sont bien connus : amélioration des capacités cardiorespiratoires, de la
composition corporelle, de certaines fonctions cognitives, des performances académiques et de la
réussite scolaire (Donnelly et al., 2016; Li et al., 2023; Martin-Martinez et al., 2023; Organisation
mondiale de la Santé, 2021; Physical Activity Guidelines Advisory Committee, 2018; Poitras et al., 2016;
Song et al., 2023). L’AP joue un rôle majeur dans la prévention de nombreuses pathologies chroniques
comme le diabète de type 2 ou encore l’obésité et présente également des bénéfices pour la santé
mentale des jeunes, réduisant notamment le risque de dépression et de symptômes dépressifs
(Physical Activity Guidelines Advisory Committee, 2018). Au-delà des bénéfices fonctionnels, physique
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et sanitaires, la pratique d’AP contribue également directement à la réponse aux besoins d’exploration,
de cadre/règles mais également d’estime de soi. En effet, la pratique d’une AP, et tout
particulièrement d’une activité sportive, favorise chez l’enfant l’acquisition du sens de l’engagement,
des règles et du jeu en équipe (CNAPE, 2023).

Concernant la sédentarité, domaine de recherche relativement nouveau, certaines recherches ont mis
en lumière qu’un temps de sédentarité accru, en particulier le temps de loisir passé devant un écran,
est associé à de moins bons résultats sanitaires : moins bonne condition physique, moins bonne santé
cardiométabolique, sensation de bien-être et qualité de vie plus faible et présence de dépression plus
fréquente (Carson et al., 2016; Hoare et al., 2016; Physical Activity Guidelines Advisory Committee,
2018; Suchert et al., 2015). L’utilisation des réseaux sociaux aurait également des effets délétères sur
la durée de sommeil, l’appartenance sociale et la performance scolaire des plus jeunes (Chang et al.,
2018; Sampasa-Kanyinga et al., 2019).

L’ensemble des impacts qu’induisent l’AP et la sédentarité sur notre santé se fait notamment par
l’intermédiaire de la condition physique, qui est définit comme « la capacité permettant d’effectuer
des tâches quotidiennes avec vigueur et vigilance, sans fatigue excessive, avec une énergie suffisante
pour profiter des activités de loisirs et répondre aux situations d’urgence imprévues » (U.S.
Department of Health and Human Services, 1996). La condition physique regroupe à la fois l’endurance
cardiorespiratoire, l’endurance et la force musculaires, la souplesse, l’équilibre, la vitesse, l’agilité, la
coordination et la composition corporelle. La condition physique est un déterminant majeur de santé
chez l’enfant et l’adolescent (Ortega et al., 2008) et un
excellent indicateur de maladies cardiovasculaires, de
cancer et de santé mentale à l’âge adulte (García-
Hermoso et al., 2019; Ortega et al., 2008; Smith et al.,
2014). Chez l’enfant et l’adolescent, l’endurance
cardiorespiratoire est inversement associée à
l’adiposité abdominale et elle est prédictive, tout
comme la force musculaire, d’une bonne santé
cardiovasculaire à l’âge adulte (Cristi-Montero et al.,
2021; Högström et al., 2016; Ortega et al., 2012). Par
ailleurs, l’amélioration de l’endurance
cardiorespiratoire a un impact positif sur l’estime de
soi, l’anxiété, et elle est associée à de meilleures
performances scolaires. En parallèle, la force
musculaire, la souplesse, la vitesse et l’agilité sont
positivement associées à une meilleure santé osseuse
(García-Hermoso et al., 2019; Ortega et al., 2008;
Smith et al., 2014).
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PROMOUVOIR LA PRATIQUE D’ACTIVITE PHYSIQUE ET LUTTER CONTRE LES


COMPORTEMENTS SEDENTAIRES DES ENFANTS : POURQUOI EST-IL URGENT
D’AGIR ?
Les effets positifs de la pratique d’une AP chez les enfants ne sont donc plus à prouver, et leur
identification a poussé les pouvoirs publics à définir des recommandations de pratique.

Chez les enfants âgés de 3 à 4 ans, la pratique de 180 minutes d’AP variées par jour est recommandée,
intégrant à minima 60 minutes d’AP à intensité modérée à élevée. A partir de 5 ans et jusqu’à 17 ans,
il est recommandé de réaliser 60 minutes d’AP d’intensité modérée à élevée par jour, alternant les
activités sollicitant le système cardio-respiratoire et les systèmes musculaires et osseux. Ce qu’il faut
également avoir en tête, c’est qu’une AP limitée vaut mieux qu’aucune AP, les enfants pouvant
commencer par de petites périodes d’AP et en augmenter progressivement la fréquence, l’intensité et
la durée.

L’atteinte de ces recommandations est aujourd’hui encore limitée chez les enfants. En effet, seuls
51% des garçons et 33% des filles âgés de 6 à 17 ans respectent les recommandations d’AP (Verdot et
al., 2020). Ces chiffres sont d’autant plus problématiques qu’on constate une diminution du
pourcentage d’enfants atteignant les recommandations d’AP entre la période 2006-2007 et la
période 2014-2016 (de 74% à 70% pour les garçons âgés de 6 à 10 ans et de 68% à 58% pour les filles
de la même tranche d’âge) (Santé Publique France, 2017).

Aux recommandations d’AP ont été associées des recommandations en matière de lutte contre la
sédentarité, enjeu de santé publique complémentaire mais distinct de celui de l’AP. Pour les 3 à 4 ans,
il est alors recommandé de ne pas rester immobile plus d’une heure d’affilée, de limiter au maximum
la position assise et de ne pas dépasser une heure d’écrans par jour. Chez les 5 à 17 ans, il est indiqué
de fragmenter les temps de sédentarité, en bougeant 3 minutes toutes les heures, ou 1 minute
toutes 20 minutes. Les écrans devraient être limités à une heure par jour jusqu’à 6 ans, deux heures
jusqu’à 11 ans et le plus possible après 11 ans.

Concernant l’atteinte de ces recommandations, deux enquêtes nationales, INCA 3 (menée en 2014-
2015) et ESTEBAN (menée en 2014-2016) ont mesuré le temps d’écran chez les enfants et les
adolescents français. Ces derniers passent en moyenne 3 à 4 heures par jour devant un écran,
estimation variant d’une à deux heures selon l’âge et le sexe (ANSES, 2017; Santé Publique France,
2017). Ces chiffres sont inquiétants, d’autant que le nombre d’enfants regardant moins de 2 heures
par jour les écrans a baissé. En effet, sur la période 2006-2007, 42% des garçons et 47% des filles âgés
de 6 à 10 ans respectaient les recommandations contre 28% et 42% sur la période 2014-2016 (Santé
Publique France, 2017). Parallèlement, les enfants ont également tendance à recourir à des
comportements sédentaires lors de leurs déplacements, notamment pour aller à l’école puisque
l’enquête ESTEBAN a mis en avant que 60% des enfants âgés de 6 à 10 ans avaient recours à un mode
de transport passif (voiture, transports en commun) pour réaliser le trajet domicile-milieu scolaire
(Verdot et al., 2020).
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Au total, deux jeunes sur trois qui présentent un risque sanitaire


préoccupant caractérisé par le dépassement simultané des deux seuils
sanitaires : plus de 2 heures de temps d’écran et moins de 60 minutes d’AP par
jour à intensité modérée à élevée (ANSES, 2020).

DES PRATIQUES INFLUENCEES PAR UNE PLURALITE DE FACTEURS ?


Face à ces constats inquiétants, l’identification et la prise en compte des facteurs influençant
les pratiques des enfants sont une condition préalable à l’engagement d’actions adaptées. Les
pratiques relèvent-elles uniquement d’une question de motivation ? Ou de la responsabilité des
parents ? La problématique n’étant pas nouvelle, plusieurs auteurs se sont déjà essayés à la
modélisation des déterminants de la pratique d’une AP. Au sein des modèles élaborés, plusieurs
facteurs : interpersonnels, liés aux comportements individuels, liés à l’environnement socio-culturel et
aux conditions de vie, sociétaux, législatifs et politiques, influencent les comportements de la
population en matière d’activité physique.

Parmi ces derniers, le genre a une influence notable sur la pratique d’AP des enfants. En effet, les
garçons sont globalement plus actifs que les filles, quel que soit l’âge et donc plus nombreux à
atteindre les recommandations de 60 minutes d’AP par jour que les filles (Santé Publique France,
2017). Par ailleurs, les filles âgées de 3 à 11 ans déclarent éprouver moins de plaisir que les garçons à
être physiquement actives (Renard et al., 2020). Dans le milieu sportif par exemple, la majorité des
licenciés reste des garçons (59% contre 41% pour les filles). Des inégalités restent également marquées
dans les fédérations unisports qui réunissent moins de filles que de garçons, car moins enclines à la
compétition (64% de garçons contre 36% de filles). Les trois fédérations les plus inégalitaires sont le
motocyclisme, le rugby et le cyclisme (Aubert et al., 2022). Concernant les comportements sédentaires,
les garçons semblent consacrer plus de temps que les filles à des activités devant les écrans puisque
seuls 19.3% d’entre eux passent moins de 2 heures par jour devant un écran, contre 26.6% pour les
filles (Verdot et al., 2020).
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L’âge constitue également un facteur d’influence des pratiques d’AP et des comportements
sédentaires. En effet, l’avancée en âge semble limiter les comportements actifs et renforcer les
comportements sédentaires. D’un côté, 70% des garçons et 56% des filles âgés de 6 à 10 ans atteignent
les recommandations d’AP contre seulement 34% des garçons et 20% des filles âgés de 11 à 14 ans ;
puis 40% des garçons et 16% des filles âgés de 15 à 17 ans (Aubert et al., 2022). Du côté des
comportements sédentaires, l’avancée en âge semble également impacter les temps d’écrans des
enfants. Si 35% des 6-10 ans passeraient moins de 2 heures quotidiennes devant un écran, ils ne
seraient que 17% chez les 11-14 ans et 8% chez les 15-17 ans (Santé Publique France, 2017).

Indépendamment du genre et de l’âge, les facteurs sociaux ont également une influence majeure sur
la pratique d’AP et les comportements sédentaires des enfants. En effet, lorsque le niveau socio-
éducatif et économique des parents est plus faible, la durée passée devant un écran, le temps total
passé assis ou allongé, la non-atteinte des recommandations en matière d’AP et le risque d’obésité
sont globalement plus élevés chez les enfants (Renard et al., 2020; Santé Publique France, 2017). En
matière d’AP, l’enquête HBSC a montré que la pratique sportive en club était plus fréquente chez les
filles et les garçons de 11-17 ans dont la personne de référence du foyer avait un niveau scolaire plus
élevé (World Health Organization. Regional Office for Europe., 2020). De manière générale, « les
enfants issus d’un milieu socio-économique défavorisé ont moins de chances de pratiquer un sport
tout au long de leur vie » (Renard et al., 2020). Ils présentent également plus de difficultés dans le
développement de leur sentiment d’auto-efficacité, dans l’acquisition d’aptitudes et dans
l’accessibilité à des infrastructures de pratique (Renard et al., 2020). Des constats similaires sont
identifiables en matière de comportements sédentaires puisque la proportion d’enfants passant plus
de 3 heures par jour devant un écran est inversement associée au niveau d’étude du représentant de
l’enfant, chez les garçons comme chez les filles (Santé Publique France, 2017). Le niveau de sédentarité
est également plus élevé chez les jeunes issus des milieux les moins favorisés (ANSES, 2017).

Outre cette influence socio-économique, le niveau de pratique des parents eux-mêmes influence
directement celui de leurs enfants puisque « les enfants dont les parents sont actifs auraient six fois
plus de probabilité de l’être comparativement à ceux dont les deux parents ne pratiquent pas ou peu »
(Observatoire de la Santé - Province d’Hainaut, 2019).

Si les facteurs interpersonnels et sociaux déterminent en grande partie les pratiques des enfants, les
facteurs environnementaux sont eux aussi à interroger. L’environnement physique, le lieu de
résidence, les opportunités de pratiques disponibles dans l’environnement, l’accessibilité, la
disponibilité, la sécurité et la qualité des espaces et des équipements dédiés s’inscrivent parmi les
déterminants les plus impactant de la pratique d’AP, particulièrement des enfants (Observatoire de la
Santé - Province d’Hainaut, 2019). Il a en effet été démontré l’existence d’un « déploiement inégal des
services et des ressources (équipements d’AP, accessibilité aux équipements d’AP, etc) au détriment
des enfants les plus vulnérables, ayant pour conséquence une accumulation des difficultés pour ces
derniers » (UNICEF, 2016).
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ET L’ECOLE ?
Les chiffres énoncés ci-dessus sont révélateurs de la corrélation entre le niveau d’AP des jeunes
d’âge scolaire et les inégalités sociales et territoriales de santé. L’identification de la pluralité des
facteurs d’influence nous montre que tous les enfants ne sont pas égaux vis-à-vis de l’AP et des
comportements sédentaires et que les actions à mener doivent s’inscrire dans une dynamique globale
agissant sur plusieurs déterminants, et intersectorielle, adaptée spécifiquement à un public d’enfants.
D’ailleurs, les actions ciblant les déterminants sociaux de la santé, l’amélioration des conditions de vie
quotidienne mais aussi celles ciblant le développement du jeune enfant ont été reconnues comme des
stratégies efficaces pour lutter contre les inégalités sociales de santé. La promotion de l’AP et la lutte
contre la sédentarité concernent donc un ensemble large d’acteurs, dont l’école fait partie (UNICEF,
2016).

De plus, le fait d’intervenir dans le cadre scolaire est reconnu comme une stratégie de promotion de
l’AP et de lutte contre la sédentarité prometteuse (Bernal et al., 2023; Simar & Pironom, 2018). En
effet, l’école apparaît comme un acteur privilégié dans la mesure où elle offre le bénéfice d’accueillir
l’ensemble des enfants dès le plus jeune âge, notamment ceux davantage touchés par les inégalités
sociales de santé et ayant moins d’opportunités de pratique à l’extérieur de l’école (Bernal et al., 2021).
Cette caractéristique est primordiale car comme le soulignent
Aubert et al. (2022), les niveaux d’AP, de sédentarité, de
condition physique et de santé des enfants sont conditionnés par
leurs niveaux d’AP et de sédentarité et leurs capacités motrices
depuis leur plus jeune âge (dès la naissance) (Aubert et al., 2022).
Agir sur les comportements dès la naissance et notamment ici,
dès l’entrée à l’école, est un réel enjeu afin d’assurer les
comportements actifs de demain. Le milieu scolaire s’inscrit
également dans les six domaines de recommandations visant à
réduire les inégalités sociales de santé énoncés dans le rapport
Marmot de 2010.

Les actions engagées en faveur de l’AP des élèves et de la lutte contre leurs comportements
sédentaires à l’école doivent s’inscrire dans une approche promotrice de santé qui vise à « conférer
aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-
ci ». Elle s’articule autour de cinq grands axes définis dans la charte d’Ottawa (World Health
Organization, 1986) :

1) Elaboration de politiques favorables à la santé ;


2) Création d’environnements favorables à la santé ;
3) Renforcement de l’action communautaire ;
4) Acquisition d’aptitudes individuelles ;
5) Réorientation des services de santé.

Les études déjà réalisées dans le milieu scolaire mettent en avant la nécessité de développer des
initiatives dans une approche globale, c’est-à-dire en agissant sur plusieurs déterminants à la fois, à
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travers plusieurs axes de la promotion de la santé. Divers leviers, dans la mesure où ils sont combinés,
ont déjà été identifiés pour promouvoir l’AP et lutter contre les comportements sédentaires à l’école
(Bernal et al., 2023; Simar & Pironom, 2018) :

1) Développer le sentiment d’auto-efficacité (voir encadré ci-dessous) des enseignants en les formant et
les accompagnant sur les enjeux de l’AP et de la sédentarité chez les jeunes.
2) Développer l’empowerment (voir encadré ci-dessous) des adolescents et une offre qui leur est
adaptée.
3) Faire bouger les élèves lors des enseignements.
4) Développer l’éducation à la santé lors des situations d’EPS.
5) Adapter les rythmes de l’école pour favoriser les activités extrascolaires.
6) Adapter les environnements physiques et faciliter les pratiques d’AP en dehors de l’EPS.
7) Faciliter l’accès des élèves aux installations et équipements en dehors de l’école.
8) Impliquer les familles et la communauté.

Le saviez-vous ?

Selon Bandura (1977), la notion d’auto-efficacité, issue de la théorisation psychologique de


l’efficacité personnelle, renvoie aux « croyances dans ses propres capacités à organiser et exécuter
les séquences d’action propres à obtenir certains résultats » (Bandura, 1977).

L’empowerment ou pouvoir d’agir désigne « l’autonomisation des individus et des collectifs dans
les décisions qui les concernent, en particulier pour sortir des situations de précarité ou de
pauvreté » (Géoconfluences, 2022).

De nombreuses initiatives de promotion de la santé ont déjà été engagées à l’école, notamment à
travers le parcours éducatif de santé initié en 2013, puis à travers la démarche complémentaire des
« écoles promotrices de santé ». Cette dernière, lancée en 2020, tend à renforcer la coordination de
l’ensemble des actions de promotion de la santé, à améliorer les conditions environnementales de la
scolarité et à favoriser les comportements favorables à la santé des élèves en développant la
prévention dès le plus jeune âge. Il a d’ailleurs été démontré que les écoles s’inscrivant dans une telle
démarche obtiennent des résultats positifs en termes d’amélioration des comportements de santé,
dont l’AP fait partie (Fung et al., 2012).

C’est au sein de cette démarche, ainsi que dans le cadre du programme Génération 2024 et de la
Stratégie Nationale Sport Santé 2019-2024, qu’un nouveau dispositif a été développé afin de lutter
contre l’inactivité physique et les comportements sédentaires des enfants. Ce récent dispositif consiste
en la mise en place de 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) à l’école primaire, lieu où
les enfants passent une grande partie de leur semaine. L’instauration de ces minutes d’APQ
supplémentaires constitue une avancée importante dans la lutte contre la sédentarité chez les enfants
et répond à des enjeux de santé publique et de bien-être. Qu’il s’agisse du parcours éducatif de santé,
des écoles promotrices de santé ou encore des 30 minutes d’APQ, l’ensemble de ces initiatives relèvent
notamment de l’axe « élaborer des politiques favorables à la santé » de la charte d’Ottawa. De
nombreuse initiatives d’aménagement des cours d’écoles ont également été engagées sur l’ensemble
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du territoire français, notamment à travers la démarche de design actif. Cette dernière vise
« l’aménagement de l’espace public et des bâtiments afin d’inciter à l’AP ou sportive, de manière libre
et spontanée, pour toutes et tous » (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, 2021). Ces
aménagements s’inscrivent particulièrement dans l’axe de « création d’environnements favorables à
la santé » de la charte d’Ottawa.

Ces initiatives illustrent une meilleure prise en considération des enjeux en matière d’AP et de
sédentarité chez les enfants par l’école. Mais tout n’est pas acquis et des efforts sont encore
nécessaires, notamment lorsque l’on sait que l’école peine à réduire les inégalités sociales de santé et
que le niveau de condition physique des enfants a baissé ces dernières années (Carré, 2022; Joigneaux,
2009; Marquié-Dubié, 2021; Martin-Blachais, 2017). Pour autant, et comme l’évoque à juste titre le
Professeur François Carré, il est encore temps d’inverser la tendance et de faire de nos enfants les
adultes actifs et non sédentaires de demain.

C’est l’un des défis auquel le projet Alliance tend à répondre, en visant à soutenir à la fois les
enseignants et les enfants dans une démarche globale d’école promotrice de santé autour de
nombreuses thématiques, dont l’AP en constitue une partie (Alliance, 2023). La poursuite des efforts
engagés, à travers des dynamiques intersectorielles, décloisonnées et soutenues par les acteurs
gravitant autour de l’école, notamment les parents, est une condition à la réduction des inégalités
sociales de santé et à la constitution d’une société de demain en bonne santé. Espérons que les
mesures déjà engagées fassent leur effet et soient rapidement complétées par d’autres, orientées
autour des leviers déjà identifiés. En cela réside un grand défi pour la promotion de l’AP et la lutte
contre la sédentarité.
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CONCLUSION
Dans un contexte où l’école peine encore à réduire les inégalités sociales de santé, l’une de ses
missions affichées, la promotion de l’AP et la lutte contre la sédentarité apparaissent comme des
leviers employables pour lutter contre ces inégalités, par une action sur les différents déterminants
de la pratique des enfants et par la réponse à leurs besoins fondamentaux. En cela, la promotion de
l’AP et la lutte contre la sédentarité à l’école apparaissent comme de véritables enjeux de santé
publique.
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