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2.1.

INTRODUCTION

La fissuration des ouvrages en béton et en béton armé correspond généralement à


une altération des propriétés mécaniques, ou physiques du matériau. La
connaissance exacte de ce type de désordre doit permettre en outre d'en
comprendre la cause et de définir le type de réparation à envisager. Les fissures
peuvent survenir dans le béton non durci, le béton en phase de durcissement ou le
béton durci. Dans le cas du béton durci, les fissures se forment lorsque les forces
de traction dépassent la résistance à la traction du béton.

Une fissuration non prise en considération lors de la conception de la structure et


donc non contrôlée peut provoquer des effondrements et donc provoquer des
pertes humaines et des dégâts matériels.

2.2. NATURE DE FISSURATION EN BÉTON ARMÉ

Le séisme de Boumerdes a révélé que ce matériau, bien que le plus utilisé dans
l'industrie de la construction en Algérie, reste en grande partie inconnu du point de
vue comportement structural et nécessite une attention particulière de la part des
chercheurs afin de vulgariser sa connaissance aux utilisateurs et mettre fin à
l'archaïsme et à l'empirisme qui lui portent préjudice. En effet, ce séisme a montré
que dans beaucoup de cas, les effondrements ont été précipités par des fissures
préexistantes non traitées.

La fissuration est nuisible au béton armé, matériau de construction le plus


largement utilisé à travers le monde en raison de sa souplesse d'utilisation et de
son adaptation. En service, ce matériau se fissure à cause des charges qu'il
supporte ou des phénomènes physiques qu'il subit, tels que le retrait et les effets
de températures.

La présence de fissures sur une structure en béton armé témoigne généralement


d'un endommagement de cet élément, les causes peuvent être de différentes
natures : mécaniques (application de contraintes non prévues lors du
dimensionnement, choc, etc.), physiques (variations de température) ou chimiques
(réaction des composants du béton avec des agents extérieurs créant un
gonflement du matériau, par exemple les attaques sulfatiques), ou bien encore le
processus de retrait du béton.

Différentes études ont été menées afin de préciser les différents paramètres
décrivant les fissures et leur processus de formation (Gérard et al; 1997). Les
fissures primaires sont crées lors d'un chargement inhabituel du matériau, et les
fissures secondaires (moins importantes) apparaissent dans un second temps et
contribuent à la fermeture partielle de certaine fissures primaires. On peut
distinguer les fissures actives et les fissures passives. Gérard et al appellent
fissures actives celles qui affectent les propriétés mécaniques et de transfert des
efforts du matériau .

Les fissures passives, perturbent essentiellement les propriétés mécaniques du


matériau et ne sont activées que lorsque la structure est mise en charge. Selon la
norme NFP95-103

(AFNOR, 1993), une fissure est dite active quand son ouverture évolue en fonction
des sollicitations de différentes natures (thermique, hydrique, mécanique). Une
fissure est dite passive quand son ouverture ne varie plus de façon sensible même
quand elle est soumise aux diverses sollicitations.

Pour le béton armé, les facteurs « efficacité » et « économie » sont étroitement liés
à toutes les phases de la conception. Ceci implique l'utilisation de ce matériau à
des niveaux de contraintes élevées et par conséquent soumet l'élément de
structure à des risques de fissuration pouvant affecter son esthétique et sa
performance. Cette fissuration étant due au fait que le matériau béton est faible en
traction donc susceptible de se fissurer sous des contraintes élevées ou des
conditions hostiles de l'environnement.

Il est à noter que malgré la présence de l'acier pour reprendre les contraintes de
traction dans les éléments en béton armé, les fissures ne sont pas éliminées. Dans
ce sens, les fissures crées par les charges de flexion sont non seulement
inévitables mais réellement nécessaires pour que les armatures puissent être
utilisées efficacement. Par exemple, avant la formation des fissures de flexion, les
contraintes des aciers ne dépassent pas n fois la contrainte dans le béton

adjacent, avec n :coefficient d'équivalant. n = ; pour le béton courant et les


aciers utilisées dans la pratique n avoisine huit

Ainsi, quand le béton est proche de sa résistance à la traction ou de son module


de rupture qui est de l'ordre de 3,5 Mpa, la contrainte dans les aciers sera 8x3,5
=28 Mpa .

Ce qui est très faible comme contrainte pour que les armatures soient effectives et
donc la conception est économique. Sous les charges de service normales, les
contraintes des aciers sont de l'ordre de 8 à 9 fois cette valeur (pour un acier de
haute adhérence) après fissuration. La plupart des fissures résultent des actions
suivantes agissant sur l'élément en béton:

a- Variation de volume dû au retrait et à la variation de la température.

b- Des contraintes directes dues aux charges appliquées, aux réactions ou aux
effets de continuité; de même que celles dues aux effets de la fatigue crées surtout
par les charges réversibles ainsi que les contraintes créées par les mouvements
différentiels dans les structures.

c-Les contraintes de flexion causées par les moments.


2.3. DIFFÉRENTS TYPES DE FISSURATION

Puisque la fissuration peut compromettre la durabilité du béton en permettant aux


agents agressifs d'y pénétrer, il est pertinent de passer brièvement en revue les
différents types de fissuration.

On peut classer la fissuration du béton en deux catégories [32] :

?1ère catégorie : les fissures causées par les charges externes appliquées à la
structure (action (b) et (c)).

Exemple : fissures dues à la flexion, fissures inclinées dues à l'effort tranchant.

?2ème catégorie : les fissures causées par le retrait et celles causées par les effets
thermiques.

2.3.1. FISSURES INDUITES PAR LES CHARGES EXTERNES

La fissuration peut être provoquée par l'application d'une charge excessive compte
tenu de la résistance du béton, mais, dans ce cas la fissuration est la conséquence
soit d'une erreur de conception, soit d'une réalisation non conforme aux
spécifications du projet. Il est important de se rappeler que, dans les conditions
normales d'utilisation du béton armé, les armatures ainsi que le béton d'enrobage
subissent des efforts de traction. La fissuration de surface est par conséquent,
inévitable, mais, avec une conception structurale et des détails de construction
adéquats, les fissures demeurent très fines et sont à peine perceptible. Les
fissures causées par les contraintes présentent une ouverture maximale à la
surface du béton et une ouverture effilée presque nulle prés des armatures, mais
la différence de largeur peut diminuer avec le temps. La largeur des fissures en
surface augmente avec l'épaisseur de l'enrobage de béton.

Nous noterons que, sur le plant des efforts, il est plus facile d'ouvrir une fissure
existante que d'encrée une nouvelle. Ceci explique pourquoi, sous l'action d'une
charge, chaque nouvelle fissure apparaît à une charge plus élevée que la fissure
précédente. Le nombre total de fissure apparues est déterminé par la dimension
de l'élément en béton et l'espacement entre fissure dépend de la dimension
maximale des granulats utilisés. Puisque, pour des conditions physiques données,
la largeur totale des fissures par unité de longueur de béton demeure constante et
que l'on souhaite que les fissures soient aussi fine que possible,il est souhaitable
d'avoir un nombre élevé de fissures. Pour cette raison, toute entrave à la
fissuration devrait être uniformément répartie sur toute la longueur de l'élément de
béton. La disposition des armatures permet de contrôler la fissuration de retrait,
notamment en réduisant la largeur des fissures individuelles, mais non pas la
largeur totale de l'ensemble des fissures.

Les charges externes conduisent à des fissures de flexion, des fissures de traction
diagonales ou des fissures d'adhérence.
Quand la contrainte de traction dans le béton atteint sa résistance à la traction, des
micro- fissures ou fissures d'interface se forment à l'intérieure de l'élément. Ce
sont des fissures courtes très fines, réparties entre la pâte de ciment et le long des
granulats.

Plusieurs études ont montré qu'il existe, même avant l'application de toute charge,
de très petites fissures à l'interface pâte de ciment-granulat Ces fissures sont
probablement attribuables aux différences inévitables entre les propriétés
mécaniques existant entre les gros granulats et la pâte de ciment hydraté,
couplées au retrait ou aux déformations d'origine thermique. La microfissuration a
été observée, non seulement pour les bétons de résistance normale, mais
également des bétons mûris à l'eau ayant un rapport eau / ciment aussi faible que
0.25, et ce, avant tout chargement. Les fissures présentes dans le béton avant le
chargement sont en grande partie responsables de la faible résistance à la traction
du béton.

Il n'existe pas, à l'heure actuelle, de définition universelle au sujet de l'ouverture


des microfissures, mais une limite supérieure de 0,1mm a été suggérée, ce qui
correspond en fait à la dimension minimale pouvant être détectée à l'oeil nu.

Avec l'augmentation de la charge, ces microfissures demeurent stable jusqu'à


environ 30 % de la charge maximale, après quoi elles commencent à s'allonger, à
s'élargir et à se multiplier. La contrainte totale sous laquelle ces microfissures se
développent est sensible au rapport

eau/ciment de la pâte. Ceci correspond au stade de la propagation des fissures.

Avec l'augmentation de la charge, entre 70 et 90 % de la résistance maximale, les


fissures s'ouvrent à travers le mortier (pâte de ciment et granulat fin) et
s'interconnectent de manière à former un réseau continu de fissurations. Ceci
correspond au stade de la propagation rapide de la fissuration, le niveau de
contrainte à partir duquel la fissuration se propage rapidement est plus élevé pour
les béton à haute résistance que pour les bétons usuels.Cependant, les bétons à
haute résistance présentent une longueur cumulative de microfissures plus petite
que les bétons de résistance normale du fait que les Bétons à Haute Performance
sont moins déformables que les Bétons Ordinaires. Les microfissures peuvent
s'orienter dans n'importe quelle direction, être disposées en forme de réseau ou
avoir une orientation précise (fig.2.1).

Il ressort de ce qui précède que la microfissuration est une particularité du béton.


Rapidement, ces microfissures se développent en macro fissures qui se propagent
vers l'extérieur et peuvent être classifiées de manière simplifiée en fissures d'effort
tranchant et fissures de flexion.
Figure 2.1 : Réseau de fissures de surface [54].

Après développement complet de la première fissure dans un élément en béton


armé, la contrainte dans le béton de la zone fissurée est réduite à zéro et est
redistribuée aux aciers.

La formation de la fissure repousse l'axe neutre vers le haut, réduisant ainsi la


zone de compression (figure 2.2).

Figure 2.2 : Réduction de la zone de compression et redistribution

des contraintes de bétons aux aciers [32]


2.3.2. FISSURES INDUITES PAR LE RETRAIT ET LE CHANGEMENT

DE TEMPÉRATURE

L'importance du retrait dans les structures est liée à la fissuration qui peut s'y
produire.

La fissuration se produit parce que le retrait est empêché et que la résistance à la


traction du matériau fissurable est plus petite que l'effort produit par le retrait. Ces
efforts sont dus au fait que l'évaporation de l'eau ne se produit pas uniformément
dans toute la masse du matériau, mais progressivement, par couches
successives, de la surface vers l'intérieur.

Strictement parlant, le point le plus important est la tendance à la fissuration parce


que l'apparition ou l'absence de fissuration dépend, non seulement de la
contraction potentielle, mais aussi de l'extensibilité du béton, de sa résistance ainsi
que du degré de restriction opposé à la déformation qui peut conduire à la
fissuration. Une diminution de la section des armatures ou un gradient de
contrainte augmente l'extensibilité du béton en ce sens qu'ils permettent de
supporter une déformation bien au-delà de la contrainte maximale correspondante.
Une forte extensibilité du béton est généralement souhaitable puisqu'elle permet
au béton de supporter des variations volumétriques plus importantes.

Un des paramètres les plus importants qui conditionnent la fissuration est le


rapport

eau /ciment du béton, car son augmentation tend à augmenter le retrait et dans le
même temps à diminuer la résistance du béton. Une augmentation du dosage en
ciment augmente aussi le retrait, et donc la tendance à la fissuration, mais l'effet
sur la résistance est positif. Ceci s'applique au retrait de séchage. Par contre, la
présence d'argile dans les granulats conduit à la fois à une augmentation du retrait
et à une fissuration plus importante. L'utilisation d'adjuvants peut influencer la
tendance à la fissuration par le jeu combiné des effets sur le durcissement, le
retrait et le fluage. De façon plus spécifique, les retardateurs de prise peuvent
entraîner plus de retrait sou forme de retrait plastique, et augmentent
probablement, l'extensibilité du béton, ce qui permet de réduire la fissuration. A
L'opposé, si le béton atteint un état rigide trop rapidement, il ne peut encaisser ce
qui aurait été le retrait plastique et, du fait qu'il a une résistance faible, il se fissure.
La température au moment de sa mise en place détermine les dimensions du
béton au moment où il cesse de se déformer de façon plastique (c'est-à-dire sans
perte de continuité). Une baisse ultérieure de la température produira une
contraction potentielle. En conséquence, la mise en place d'un béton par temps
chaud entraîne une forte tendance à la fissuration. De forts gradients de
température ou d'humidité provoquent de fortes contraintes internes et, de ce fait,
entraînent une tendance élevée à la fissuration.
On doit noter, toutefois, que l'importance de la fissuration et l'ouverture minimale à
partir de laquelle une fissure peut être considérée comme signifiante dépendent
des conditions d'exposition du béton dans le milieu environnant.

L'utilisation d'armatures à section plus faible, réparties uniformément sur l'élément,


permet d'augmenter l'extensibilité du béton donc son comportement à la traction et
d'avoir une fissuration plus fine.

Un autre type de fissuration, connu sous le nom de faïençage (figure2.3) qui


correspond à l'apparition de nombreuses fissures très fines qui forment un réseau
hexagonal ou octogonal. Ces fissures sont peut profondes et assez rapprochées.
Mis à part l'aspect esthétique, ces fissures ont peut d'importance. Ce type de
fissuration peut apparaître sur les dalles ou les murs lorsque la zone superficielle
du béton présente une teneur en eau plus élevée qu'à l'intérieur, ainsi qu'une
couche superficielle riche en ciment subira de plus grande contraintes qu'une autre
couche moins riche en ciment et sera donc plus sujette à se faïencer.

Figure 2.3 : Fissuration caractéristique en faïençage causée par la réaction


alcalis silice

dans un mur de soutènement à Ottawa (Ontario) [33].

En plus, un type de détérioration quelque peut différent, se présentant comme des


cloques, peut survenir lorsque de l'eau de ressuage ou de grosses bulles d'air sont
emprisonnées sous la surface du béton par une mince couche de laitance lors des
opérations de finition et de surfaçage. Ces cloques ont un diamètre compris entre
10 et 100 mm et une épaisseur de

2 à 10 mm [2].

Avec le temps, la mince couche de laitance se détache de la surface, laissant une


empreinte peut profonde.
2.3.2.1. FISSURES DE RETRAIT PLASTIQUE

L'importance du retrait dans les structures en béton armé est essentiellement


rattachée à la fissuration. La contraction ou l'accourcissement d'une pièce
provoque des tensions internes qui tendent à s'opposer au changement de
dimension. Cette opposition au changement de dimension est due à des obstacles
internes tels que les agrégats, les armatures et le retrait non uniforme dans
l'élément de béton (plus important près des surfaces que vers l'intérieur où il peut
être négatif, c'est à dire gonflement). Les contraintes de traction qui résultent de
ces obstacles et de ces gradients de déformation peuvent atteindre la résistance
du béton à la traction et donc causent la fissuration du béton.

Les fissures, chemins privilégiés de pénétration des agents agressifs, non


seulement diminuent la capacité d'une structure à supporter la charge admissible,
mais elles peuvent aussi affecter sa durabilité et nuire à sa bonne apparence. La
conception d'ouvrage durable passe donc nécessairement par une maîtrise des
déformations libres, et de leurs éventuels effets mécaniques.

La fissuration peut être évitée seulement si la contrainte induite par la déformation


due au retrait libre, diminuée par le fluage, demeure à tout moment inférieure à la
résistance en traction du béton. Ainsi, l'age a un double effet d'une part, il conduit
à augmenter la résistance du béton, ce qui a pour effet de réduire le risque de
fissuration, mais, d'autre part, le module d'élasticité augmente aussi de sorte que
la contrainte induite par un retrait donné devient plus importante. Un béton
suffisamment mûri subit moins de retrait.

Les fissures de retrait plastique se produisent à la surface du béton peu de temps


après sa mise en place ou lorsqu'il est encore plastique. Elles sont plutôt
discontinues et ne s'étendent pas forcément d'un bord à l'autre de la surface
exposée, parallèles les unes aux autres et perpendiculaires à la direction du
vent [34].

Des fissures de ce type conservent leur forme originale une fois que le béton durci.

O n peut voir apparaître ce phénomène chaque fois que :

- Le béton est trop chaud.

- La température extérieure est trop chaude.

- L a surface du béton est exposée à un vent sec et au soleil chaud.

Si la vitesse d'évaporation de l'eau présente dans le béton est trop grande avant
que l'on ne commence à mûrir le béton normalement, la surface de béton peut se
dessécher suffisamment pour faire apparaître des fissures de retrait.
Donc, plus on ajoute d'eau dans le béton lors de la mise en place, plus le volume
d'évaporation de l'eau sera élevé, ce qui en résulte une augmentation des fissures
de retrait.

Le retrait dû au séchage étant une propriété inévitable du béton, on se sert de


joints de retrait pour éviter la formation de fissures inesthétiques [34].

Les joints de retrait n'empêchent pas la formation de fissures de retrait, mais ils les
contrôlent.

Ainsi l'utilisation d'armatures à section plus faible, réparties uniformément sur


l'élément, permet d'augmenter l'extensibilité du béton donc son comportement à la
traction et d'avoir une fissuration plus fine.

Les fissures causées par le retrait plastique apparaissent surtout sur les surfaces
horizontales et peuvent être largement éliminées en prenant certaines précautions,
elles peuvent apparaître en n'importe quel temps chaque fois que la surface du
béton se dessèche très rapidement par évaporation. De telles fissures
apparaissent lorsque l'eau de surface s'évapore plus rapidement que celle qui
monte à la surface durant le processus naturel de ressuage. Ceci a pour effet de
créer très vite un retrait dû au séchage et des contraintes de tension en surface qui
entraînent l'apparition de petites fissures irrégulière.

La norme Suisse CSA A23.1 requiert l'érection de paravents autour des cotés des
éléments de béton exposés à une évaporation de surface supérieure à 1 kg / par
heure. Certains types de bétons, comme par exemple ceux contenant des
pouzzolanes, peuvent se fissurer lorsque l'évaporation dépasse 0,5 kg / par
heure. Les bétons contenant des fumées de silice, sont particulièrement enclins au
retrait plastique car leur ressuage n'est généralement que de

0,25 kg/ par heure. Lorsque le ressuage est très faible, il est très important de
prendre des mesures préventives pour éviter l'assèchement prématuré de la
surface. Lors de la prise, le ressuage peut s'arrêter complètement et la surface
peut commencer à s'assécher même lorsque que l'évaporation est bien inférieure
à 1kg/ par heure. Dans ce cas, des mesures préventives supplémentaires sont
nécessaires, quel que soit le type de béton.

Les mesures préventives qui suivent peuvent diminuer les risques de fissuration
plastique. Elles peuvent être envisagées lors de la planification d'un bétonnage par
temps chaud ou lorsqu'on fait face au problème durant la mise en place du béton.
Elles sont énumérées dans l'ordre avec lequel elles devraient être appliquées lors
de la mise en place.

- Humidifier les granulats secs et absorbants.

- Diminuer la température du béton en refroidissant les granulats et l'eau de


gâchage. - Mouiller l'infrastructure.
- Eriger des abris pour diminuer la vitesse du vent au-dessus de la surface de
béton. - Eriger des pare-soleil pour diminuer la température du béton.

- Vaporiser de l'eau immédiatement après la mise en place et avant que la finition


ne

commence, en prenant soin d'éviter l'accumulation d'eau qui peut réduire la qualité
de la

pâte de ciment.

- Ajouter des fibres synthétiques dans le béton pour diminuer le risque de


fissuration.

2.4. DISTINCTION ENTRE FISSURATION SOUS CHARGES

ET FISSURATION SOUS DÉFORMATIONS IMPOSÉES

Il est en effet logique que des fissures apparaissent dans toute partie de la
structure où les contraintes résultant des charges atteignent ou dépassent la
résistance à la traction du béton. A l'exception d'éléments de béton armé sollicités
en traction pure, la fissuration des structures en béton armé est en général peu
importante sous l'effet des charges. L'armature requise pour satisfaire aux
exigences de sécurité est normalement suffisante pour limiter l'ouverture des
fissures à des valeurs acceptables, pour autant que les règles constructives
habituelles soient respectées (diamètre, espacement, enrobage et armature
minimale dans les zones peu ou pas sollicitées) et pour autant que le mécanisme
de ruine adopté pour le dimensionnement ne s'écarte pas trop de l'état réel des
sollicitations en service. Ce qui est notamment le cas des structures fléchies pour
lesquelles la théorie de plasticité est appliquée de manière raisonnable en limitant
les redistributions de sollicitations de 10 à 20% au maximum.

Parmi les déformations imposées, il peut être utile de faire la distinction entre :

- Les déformations intrinsèques (retrait thermique, retrait hydrique, fluage), dues à


un phénomène interne à l'élément considéré; dans un tel cas, le risque de
fissuration peut être considérablement réduit - voire éliminé - grâce à une
composition appropriée du béton.

- Les déformations extrinsèques (variations climatiques, tassements différentiels


des appuis ou des fondations), dues à un phénomène externe à l'élément
considéré; dans ce cas, le recours à des bétons améliorés (le béton à hautes
performances) ne s'avère guère efficace pour réduire la fissuration, ces bétons
ayant un comportement moins ductile (module plus élevé, fluage et par
conséquent relaxation plus faibles).

2.5. DIVERSES CAUSES ET PÉRIODE D'APPARITION DES FISSURES


La fissuration qui est un phénomène hasardeux peut être causée par des facteurs
physiques tels que le retrait ou les variations de température ou par des facteurs
mécaniques directement liés au chargement. Une fissuration non prise en
considération lors de la conception de la structure et donc non contrôlée peut
provoquer des effondrements et donc provoquer des pertes humides et des dégâts

La figure 2.4 donne une vue d'ensemble des causes de fissuration du béton frais
et du béton

durci

Figure 2.4 : Causes de fissuration du béton frais et du béton durci [35].

L'apparition de fissures dans les structures en béton est un phénomène courant et


difficilement évitable, les causes d'apparition des fissures sont nombreuses et fort
diverses comme indiqué au tableau 2.1. Cependant il est parfois difficile de
discerner la vraie raison à l'origine de certaines fissures. Il est utile de faire la
distinction entre les fissures suivantes :

? Les fissures précoces: apparaissant sur le béton frais, immédiatement ou


quelques heures seulement après le bétonnage ; cas (a) et (b) du tableau 2.1.

Ces fissures ont des causes générales liées aux variations dimensionnelles du
béton:

- Avant la prise c'est le ressuage

- Pendant la prise c'est le retrait plastique

- Après la prise c'est la contraction thermique

- Et l'auto-dessication (phénomène important seulement à faible rapport E/C).


Ces causes correspondent à des conditions particulières liées aux conditions de
fabrication et de mise en oeuvre qui codéterminent la fissuration. Les principales
sont :

- Pour le ressuage, les obstacles au tassement

- Pour le retrait plastique, c'est plutôt le vent et les températures élevées.

- Et pour la contraction thermique, l'épaisseur des pièces.

Ces fissures sont d'autant plus préjudiciables à la durabilité qu'elles sont précoces
car, se produisant avant que l'armature ne joue pleinement son rôle. Elles sont
alors souvent ouvertes.

? Les fissures d'origine mécanique : apparaissant sur le béton en voie de


durcissement (quelques jours ou semaines après le bétonnage) ou déjà durci
(quelques mois ou années après la construction) ; ces fissure sont la conséquence
de l'apparition de sollicitations excédant la contrainte de déformation du béton ou
sa résistance à la traction ; cas (c) et (d) du tableau 2.1.

? Les fissures d'origine physico-chimique : apparaissant quelques années


après la construction, elles sont la conséquence de phénomènes de gonflement
dus à des réactions chimiques (corrosion des armatures, réaction alcali-granulats)
ou à des effets physiques (gel de l'eau dans les pores du béton) qui peuvent
entraîner une fissuration et un éclatement superficiel du béton d'enrobage ; cas
(e), (f) et (g) du tableau 2.1.

Tableau 2.1 : Tableau résumant les différentes causes et périodes


d'apparition des fissures

et indiquant l'utilité de l'armature passive pour en limiter les conséquences.

Utilité d'une armature


Causes Période d'apparition
passive
a Tassement du béton frais quelques heures aucune
b Retrait plastique aucune
après le bétonnage
Retrait thermique quelques jours après le
oui
bétonnage
endogène quelques jours après le
Retrait oui
Déformations bétonnage
c hydrique
imposées de dessiccation quelques mois ou années oui
Tassement des fondations selon nature du sol oui
Température, variations durant l'utilisation
oui
climatiques
d Charges (poids propre, permanentes, variables) durant l'utilisation oui
e Corrosion de l'armature quelques années aucune
f Réactions chimiques (alcali-granulats)
aucune
après la construction
g Gel - aucune

2.5.1. Les quatre causes générales de fissuration précoce

Le schéma de la figure 2.5 montre quatre sortes de fissures précoces qui peuvent
affecter un ouvrage en béton.

Figure 2.6 : Les quatre principales sortes de fissures précoces susceptibles


d'affecter un ouvrage en béton [52].

A, B, C : fissures par ressuage ou par tassement du béton frais.

D, E, F : fissures par retrait plastique.

G, H : fissures par retrait thermique après prise ou par auto-dessication.

2.5.1.1. LE RESSUAGE

C'est l'exsudation superficielle d'une partie de l'eau de gâchage à la face


supérieure du béton frais. Il se manifeste par l'apparition d'une pellicule d'eau
claire à la surface libre horizontale du béton frais, en relation avec un tassement
progressif du squelette sou l'effet de la pesanteur. Cette déformation verticale de
tassement peut être importante (quelques pour cent) et s'accompagner dans les
cas extrêmes de la création de fissures ouvertes (parfois plusieurs millimètres) au
droit des obstacles qui s'oppose au mouvement de tassement du béton
(armatures, variations locales d'épaisseur de la pièce,....). Le mécanisme du
tassement s'apparente à une percolation de l'eau à travers la suspension
faiblement floculée des grains de ciment. Il s'agit, en fait, d'un tassement
d'ensemble de la phase solide au cours duquel les grains de toutes tailles ne
sédimentent pas individuellement, mais "descendent" à la même
vitesse [36]. Dans le même temps, l'eau interstitielle s'écoule dans le réseau
poreux entre les grains pour venir en surface. Le flux d'eau de ressuage est
stationnaire avant la prise et décroît brusquement au moment du début de prise.
Ceci signifie que le tassement est d'autant plus fort que le début est plus tardif.
C'est, par exemple, le cas si la température ambiante est basse ou si un effet
retardateur (action principale ou secondaire d'un adjuvant) se manifeste.

2.5.1.2. LE RETRAIT PLASTIQUE

Il s'agit d'un retrait d'origine exogène par dessiccation qui se manifeste avant et
pendant la prise. L'hypothèse générale admise [37] est que le retrait plastique est
engendré par la dépression capillaire qui se développe lorsque des ménisques se
forment dans les capillaires des bétons frais.

Un point caractéristique de ce retrait particulier de dessiccation est qu'il se produit


pendant un temps limité. La déformation apparaît dès que la surface exposée est
exempte d'eau de ressuage. En atmosphère calme (vent faible), le début de la
période de retrait plastique coïncide avec le début de prise qui est aussi la fin du
ressuage. En revanche, par vent fort, le flux d'eau évaporée peut être largement
supérieure au flux stationnaire d'eau de ressuage et, dans ces conditions, la
déformation peut commencer à se manifester quelques minutes après la mise en
place. Le retrait plastique est donc piloté, dans une large mesure, par la vitesse de
dessiccation.

La fin de la période de retrait plastique coïncide à peut près avec la fin de prise,
lorsque la déformabilité du béton décroît fortement. L'influence de certains
adjuvants agissant directement sur la vitesse de prise (accélérateurs, retardateurs)
ou indirectement (plastifiants, fluidifiants), ainsi que celle de la température, a pour
conséquence une variation de la valeur du retrait total.

2.5.1.3. LA CONTRACTION THERMIQUE APRÈS PRISE

Cette contraction se manifeste, suivant les éléments de structure considérés, dans


un laps de temps variant de quelques dizaines d'heures à quelques semaines
après la mise en oeuvre

du béton, la durée augmentant avec la taille de la pièce. On conçoit que,


s'agissant d'un matériau en phase de durcissement, les contraintes mises en jeu
seront beaucoup plus élevées pour le retrait plastique.
2.5.1.4. LE RETRAIT PAR AUTO DESSICATION DE BÉTON À HAUTE

PERFORMANCE

Le retrait d'auto dessiccation désigne la contraction, isotherme, observée sur une


éprouvette de béton en cours d'hydratation et protégée de tout échange d'eau
avec le milieu extérieur. Ce retrait augmente lorsque le rapport E/C diminue ; il
dépasse en déformation linéaire après quelques jours de conservation. Ce
retrait provient d'un phénomène "d'auto-dessiccation" de la pâte de ciment au
cours de son hydratation. Cette auto-dessiccation peut être mise en évidence
expérimentalement de façon directe et l'on constate qu'elle augmente fortement
lorsque le rapport E/C diminue. Une conséquence importante est que, si le retrait
par auto-dessiccation est négligeable quand les rapports E/C sont de l'ordre de 0,6
(c'est le cas d'un béton courant dosé à 350 kg de ciment par mètre cube pour un
affaissement de 8 cm mesuré au cône d'Abrams), ce phénomène prend de
l'importance avec les bétons à hautes et très hautes performances quand les
rapports E/C sont de l'ordre de 0,3.

Tableau 2.2: Les causes générales de fissuration précoce, mécanismes,


physiques et

Paramètres impliqués pour les bétons courants

LA PRISE
Quelques heures Quelques jours
AXE DES TEMPS
Causes Ressuage Retrait Plastique Retrait
Mécanismes thermique après

prise
Force de van der Waals entre . dosage en eau
les grains fins
. nature minéralogique des
éléments fins (sable, ciment)

. ions dans la solution interstitielle


du béton frais
Dessiccation par évaporation . dosage en eau

. durée de prise

. rapport surface /
épaisseur

. distance à la face
exposée.
Contraction par Isolation du
refroidissement coffrage
2.6. MOYENS POUR RÉDUIRE LA FISSURATION

Divers moyens permettent de réduire la fissuration - voire de l'empêcher dans


certains cas dont l'efficacité dépend dans une large mesure de la cause et de la
période d'apparition

des fissures (tab 2.1). Ces moyens consistent principalement à effectuer des choix
judicieux lors du projet et à en contrôler la bonne exécution lors de la construction
de l'ouvrage, concernant :

- Le système statique, les liaisons et les joints entre les différentes parties;

- Les armatures passives.

- La composition et la cure du béton.

- Les étapes de construction et les phases de bétonnage.

- La fabrication d'un béton renforcé de fibres.

2.6.1. SYSTÈME STATIQUE ET JOINTS

Le risque de fissuration d'origine mécanique (cas (c) et (d) du tableau 2.1) est
beaucoup plus faible - voire même réduit à zéro dans un système isostatique ou
avec des joints rapprochés, permettant aux déformations imposées de se produire
librement ;cela,quand bien même un système hyperstatique et avec le moins de
joints possibles s'impose dans de nombreux cas pour des raisons de sécurité
(réserves de capacité et comportement ductile à l'approche de la ruine),
d'économie sur les coûts de construction et/ou d'exploitation (joints souvent
difficiles à réaliser, coûteux et source de nombreux ennuis).

2.6.2. ARMATURE PASSIVE

La mise en oeuvre d'une armature passive permet de contrôler la fissuration


d'origine mécanique, c'est-à-dire résultant de déformations imposées (cas (c) du
tableau 2.1) ou de l'effet des charges (cas (d)).

Aussi trivial que cela puisse paraître, il est néanmoins utile de mentionner ou de
rappeler que la mise en oeuvre d'une armature passive - aussi importante soit-elle
- ne constitue pas une mesure permettant d'éviter la fissuration. Elle ne permet
que de limiter l'ouverture des fissures mais n'empêche nullement leur apparition
(au contraire, elle peut même en être l'une des causes lorsque la quantité
d'armature est très élevée!).

L'ouverture des fissures risquant d'apparaître dans une structure en béton est
d'autant plus faible que la quantité d'armature passive est plus importante et que
sa répartition est plus fine. La quantité et la répartition des barres d'armature
(espacement minimal) seront limités en pratique à des valeurs adaptées à la
composition ainsi qu'aux procédés de mise en place et de vibration du béton, de
manière à garantir l'obtention d'un béton durable et d'excellente qualité; en cas de
doute, il est vivement recommandé de procéder à des essais préalables aussi
réalistes que possible.

2.6.3. COMPOSITION ET CURE DU BÉTON

La mise en oeuvre d'armatures passive ne s'avère pratiquement d'aucune utilité


pour limiter la fissuration précoce (cas (a) et (b) du tableau 2.1) ou celle d'origine
physico-chimique (cas (e), (f) et (g)). Outre certaines mesures constructives (tel un
enrobage suffisant), les mesures les plus efficaces dans ces cas-là s'avèrent
celles concernant la composition et la cure du béton. De telles mesures peuvent
également contribuer favorablement à diminuer - voire à éliminer- la fissuration
résultant de déformations imposées intrinsèques en réduisant l'intensité des divers
retraits (cas (c)). Ces mesures comprennent les éléments suivants :

- La réalisation d'un béton peu perméable et résistant aux agressions chimiques


éventuelles grâce à une composition appropriée (choix du type de ciment, dosage
en ciment suffisant, rapport eau/ciment aussi faible que possible par l'emploi
d'adjuvants plastifiant ou réducteur d'eau, composition granulométrique et
consistance adaptées aux moyens de mise en place, ajout de fines ou fillers en
sorte que la quantité de fines dont le diamètre des grains est inférieur à 0,125 mm,
ciment compris, soit au moins égale à 350 kg/m3, ajout éventuel de fumée de
silice, ajout éventuel de fibres, etc.).

- La compacité et la qualité du béton d'enrobage sont finalement fortement


tributaires des conditions de cure. Des mesures de cure insuffisantes ou mises en
oeuvre trop tardive peuvent être à l'origine de fissures précoces et avoir un effet
désastreux sur la qualité du béton d'enrobage et la durabilité de la structure; et
cela, en dépit de tous les efforts éventuellement entrepris pour améliorer la
composition du béton.

- Le maintien du coffrage ou, à défaut, la mise en oeuvre de mesures de cure des


surfaces bétonnées exposées au milieu environnant sont indispensables jusqu'à
ce que le béton d'enrobage offre une imperméabilité et une résistance suffisantes.

Pour être complètement efficaces, les mesures de cure doivent être appliquées
immédiatement après la vibration et le réglage des surfaces bétonnées et doivent
être maintenues durant plusieurs jours. Les durées de cure nécessaires sont
fonction de nombreux paramètres tels que la composition du béton (type et dosage
en ciment, rapport eau sur ciment, ajouts) et les conditions climatiques pendant et
après le bétonnage (température et humidité relative de l'air ambiant) qui
conditionnent le développement de l'hydratation du ciment. Elles sont également
fonction de l'agressivité du milieu environnant auquel sera soumis l'ouvrage une
fois mis en service. Dans ce sens, des recommandations beaucoup plus
complètes et détaillées sont fournies à l'annexe d.12 du Code Modèle [15].
Notons que si la confection de bétons améliorés ou de bétons à hautes
performances, grâce à l'utilisation de ciment à plus haute résistance (à long terme
et/ou initiale), à la réduction du rapport eau/ciment et à divers ajouts (en particulier
de fumée de silice), peut s'avérer favorable et permettre ainsi une réduction de la
durée de cure nécessaire, il n'en est pas de même en ce qui concerne la rapidité
avec laquelle les mesures de cure doivent être mises en oeuvre. Les bétons
courants avec un rapport eau/ciment supérieur à 0,5 sont protégés d'une
dessiccation rapide grâce à l'eau de ressuage. Les bétons améliorés ou à hautes
performances dans lesquels on a réduit le rapport eau/liant à des valeurs
inférieures à 0,5 ne présentent souvent plus de ressuage et deviennent par
conséquent beaucoup plus sensibles à tout retard ou manquement dans
l'application des mesures de cure.

2.6.4. ÉTAPES DE CONSTRUCTION ET PHASES DE BÉTONNAGE

Une planification judicieuse des étapes de construction et des phases successives


de bétonnage peut également avoir un effet favorable permettant de réduire
sensiblement la fissuration, voire de l'éviter complètement dans certains cas.
Chaque nouvelle étape bétonnée contre une étape précédente, qui a déjà effectué
une partie de son retrait, voudrait se raccourcir par rapport à celle-ci, par suite du
retrait thermique puis de la différence de retrait hydrique entre les deux étapes.
Ces raccourcissements entravés, ainsi que les contraintes de traction dans le
béton jeune et le risque d'apparition de fissures qui en résultent, sont d'autant plus
élevés que le béton présente un fort dégagement de chaleur d'hydratation, que
l'intervalle de temps entre les différentes étapes est important, ou que les liaisons
rigides avec des étapes déjà durcies sont nombreuses

2.6.5. FABRICATION D'UN BÉTON RENFORCÉ DE FIBRE

Lorsque les charges appliquées au béton s'approche de la charge de rupture, les


fissures se propagent parfois rapidement. Les fibres noyées dans le béton
permettent d'arrêter le développement de la fissuration. Les barres d'armature en
acier jouent un rôle analogue, car elles agissent comme des fibres de grande
longueur. Les fibres courtes et discontinues ont cependant l'avantage de se
mélanger et de se disperser dans le béton de façon uniforme.

CHAPITRE 3

EFFETS DE LA FISSURATION SUR LA DURABILITÉ DU


BÉTON

3.1. INTRODUCTION
La durabilité d'un matériau traduit la capacité de ce matériau à pouvoir supporter
les conditions auxquelles il est exposé dans le temps et dans l'espace. Dans ce
sens, le matériau béton présente quelques avantages par comparaison aux autres
matériaux usuels tels que l'acier ou le bois.

Cependant, les dégradations de se matériau dans différents types de structures et


sous des environnement variés montrent clairement que le béton armé n'est pas
synonyme de permanence dans la durée. Les problèmes de détérioration de ce
matériau dans les structures sont liés à des facteurs tels que la fissuration, la
mauvaise qualité du matériau béton ou encore la mauvaise qualité d'exécution,
même si les deux derniers facteurs induisent forcément le premier. La fissuration
apparaît donc comme un inconvénient majeur du matériau béton dans le sens où
elle représente des voies de passage à tous les corps étrangers nuisibles, liquides
ou gazeux, vers l'intérieur du béton. Suit par la suite le processus de détérioration
du béton lui même ou des aciers noyés à l'intérieur qui corrodent. Le dépôt de
corrosion, à son tour, fait éclater le béton qui enveloppe les aciers et l'on assiste à
un processus continu de dégradation du matériau béton armé et donc de la
structure.

3.2. LA CLÉ D'UNE BONNE CONCEPTION : DURABILITÉ

L'objectif vis à travers une construction durable est que chaque structure en béton
puisse conserver sa résistance et continuer de remplir sa fonction tout au long de
sa durée de vie utile. Il en résulte que le béton doit être en mesure de résister aux
mécanismes de détérioration auxquels il peut être exposé. On dit d'un tel béton
qu'il a une bonne durabilité.

Il est utile d'ajouter que le concept de durabilité ne signifie pas une durée de vie
infinie, pas plus qu'il ne signifie que le béton doit résister à n'importe quelle
agression. De plus, on constate, ce qui n'était pas toujours le cas auparavant, que,
dans bien des cas, un entretient régulier du béton est nécessaire.

La durabilité du béton est, dans bien des cas, d'une très grande importance. Il n'en
demeure pas moins que, jusqu'à récemment, la technologie du béton a eu comme
principal objectif de parvenir à des résistances mécaniques de plus en plus
élevées. On avait posé comme hypothèse "qu'un béton résistant est un béton
durable", dans de nombreuses conditions d'exposition des structures en béton, la
résistance mécanique et la durabilité doivent ensemble être prises en
considération dès l'étape de conception.

L'expression durabilité du béton est souvent utilisée pour caractériser de façon très
générale la résistance d'un béton face à l'attaque d'un agent agressif, physique ou
chimique .

Les agents agressifs qui attaquent le béton peuvent être classés schématiquement
en deux grandes catégories :
- Les agents externes

- Les agents internes.

Parmi les agents externes, on peut citer les ions chlore, le gaz carbonique, les
sulfates, les cycles de gel dégel, et les abrasifs.

Parmi les agents internes, on retrouve les ions chlore incorporés dans certains
accélérateurs, les alcalis du ciment avec des granulats contenant des silices et
donc potentiellement réactifs.

3.3. CAUSES D'UNE MAUVAISE DURABILITÉ

Une mauvaise durabilité se manifeste par une détérioration qui peut résulter de
facteurs externes ou de phénomènes internes au béton. Les différentes actions
peuvent être physiques, chimiques ou mécaniques. Les dommages d'origine
mécanique sont causés par les chocs, l'abrasion, l'érosion ou la cavitation. Les
causes de dégradation chimique comprennent les réactions alcali-silice et alcali-
carbonate. Les attaques chimiques externes sont principalement causées par la
présence d'ions agressifs tels que les chlorures, les sulfates ou le gaz carbonique
ainsi que par de nombreux liquides et gaz d'origine naturelle ou industrielle. Les
causes physiques de détérioration comprennent les effets d'une température
élevée ou des différences de dilatation thermique des granulats et de la pâte de
ciment durci.

Il convient de noter avant toute chose que la détérioration du béton est rarement
attribuable à une seule cause : le béton peut souvent se comporter de façon
satisfaisante en dépit de certaines déficiences, mais lorsqu'un facteur défavorable
s'ajoute, les désordres apparaîtront.

Pour cette raison, il est quelquefois difficile d'attribuer la détérioration à une cause
particulière mais la qualité du béton au sens le plus large du terme, doit presque
toujours être prise en considération. En effet, à l'exception des sollicitations
mécaniques, tous les effets néfastes associés à la durabilité font intervenir
l'écoulement de fluides (liquide ou gaz) à travers le béton. Il est donc nécessaire
de bien comprendre ce phénomène lorsque la durabilité du béton est en cause.

Une des principales causes de la détérioration de plusieurs structures provient de


l'importance accordée à la résistance à la compression du béton durant la
conception des structures et au peu d'attention accordée aux facteurs
environnementaux auxquels la structure devra faire face tout en remplissant son
rôle structurel. Lorsqu'une structure en béton peut être sujette à une attaque
chimique, une façon simple permet de réduire l'intensité de cette agression
externe : diminuer la porosité et la perméabilité du béton que l'on se propose
d'utiliser de façon à réduire ou ralentir, autant que faire se peut, la pénétration de
l'agent agressif à l'intérieur du béton. Pour offrir la meilleure résistance à des
attaques chimiques externes et même à des attaques physiques, il est essentiel
que le béton soit aussi compact et imperméable que possible. Pour obtenir un tel
résultat, le béton doit avoir un faible rapport E/C ou, comme c'est de plus en plus
le cas, un faible rapport eau /liant. Dans le futur, les BHP seront essentiellement
utilisés, non pas pour leur résistance à la compression, mais plutôt pour leur
meilleure durabilité, puisque le matériau est dense et donc moins poreux. La
diminution du rapport E / C est une condition nécessaire pour obtenir un béton
durable, parce qu'un des paramètres les plus importants qui conditionnent la
fissuration est le rapport eau / ciment du béton, car son augmentation tend à
augmenter le retrait et donc la tendance à la fissuration et par conséquent la
pénétration des agents agressifs qui affectent la durabilité du béton.

D'autres facteurs affectent la durabilité d'un béton, en particulier les détails de


construction. Dans plusieurs structures, des poutres en béton se sont détériorées
par suite de détails de construction qui ont entraîné la concentration d'agents
agressifs en des points spécifiques de la structure. Si la même quantité d'agents
agressifs avait été distribuée uniformément sur toute la structure, elle n'aurait pas
alors affecté la durabilité du béton et de la structure de façon aussi rapide.

Lorsque l'on conçoit une structure en béton, il faut d'abord définir de la façon la
plus précise les conditions environnementales dans lesquelles le béton assurera
sa fonction structurale. Les spécialistes en matériaux pourront alors ajuster la
formulation du béton et sélectionner les bons matériaux de telle sorte que le béton
choisi puisse répondre le mieux possible à ces conditions environnementales.

3.4. ÉCOULEMENT DES FLUIDES DANS LE BÉTON

La pénétration des corps liquides ou gazeux entraîne des réactions chimiques


entre ces corps tels que les sulfates ou les chlorures et certains composés du
ciment hydraté; le produit formé absorbent de l'eau et gonflent en faisant éclater le
béton.

Les trois principaux fluides qui peuvent pénétrer dans le béton et mettre en cause
sa durabilité sont : l'eau pure ou contenant des ions agressifs, le gaz carbonique et
l'oxygène. Ils peuvent se déplacer au travers du béton de différentes façons, mais
tous les mouvements dépendent

principalement de la structure de la pâte de ciment hydraté. Comme nous l'avons


vu précédemment, la durabilité du béton dépend largement de la facilité avec
laquelle les fluides, à la fois liquides et gaz, peuvent pénétrer et se déplacer à
l'intérieur du béton ; c'est ce que l'on appelle communément la perméabilité du
béton. À proprement parler, la perméabilité concerne l'écoulement d'un fluide dans
un milieu poreux. Cependant, le mouvement des différents fluides dans le béton ne
se fait pas seulement par écoulement à travers le réseau poreux, mais aussi par
des mécanismes de diffusion et d'absorption, de telle sorte que, en réalité, nous
sommes plutôt concernés par ce que l'on pourrait appeler la pénétrabilité du béton.
Quoi qu'il en soit, nous utiliserons l'expression couramment acceptée de
perméabilité pour décrire globalement tout mouvement des fluides dans et au
travers du béton, exception faite où, pour des raisons de clarté, il sera nécessaire
d'établir des distinctions entre les différents mécanismes d'écoulement.

3.5. FACTEURS AFFECTANT LA DURABILITÉ

Les principaux facteurs pouvant affecter la durabilité d'un béton sont la fissuration
et la perméabilité car ils permettent aux agents agressifs présents dans l'eau et
l'atmosphère d'attaquer la structure et notamment les armatures. La fissuration
affecte sérieusement la durabilité du béton et donc de la structure, et dans ce
sens, les fissures constituent des points de faiblesse potentielles qui affectent
négativement la durabilité des constructions. Depuis quelques décennies, la
nécessité s'est faite sentir de formuler des bétons adaptés à leur utilisation, et l'on
peut formuler des bétons durables en utilisant des granulats adéquats, en
réduisant la quantité d'eau, en utilisant des adjuvants adéquats et en effectuant
une mise en place, une vibration et une cure soignées. Ceci garantira au béton un
retrait faible, une certaine compacité, et une bonne ouvrabilité. De plus, la
durabilité peut être améliorée par une bonne conception structurale, en utilisant la
technologie de la précontrainte qui diminuerait le risque

de fissuration, source de pénétration des agents extérieures, en disposant


correctement une quantité suffisante d'armatures passives, en prévoyant un
enrobage suffisant afin de protéger les armatures, et enfin en planifiant
judicieusement les étapes de construction. Ceci permet de limiter l'ouverture
d'éventuelles fissures.

3.5.1. PÉNÉTRATION D'EAU

Il existe un autre problème associé à la mesure de la perméabilité à savoir que,


pour un béton de bonne qualité, l'eau ne s'écoule pas à travers le béton. L'eau
pénètre à l'intérieur du béton jusqu'à une certaine profondeur et une relation a été
obtenue par Valenta pour convertir la profondeur de pénétration en coefficient de
perméabilité, K( en mètre par seconde), équivalent à celui obtenu par la loi de
Darcy :

(1)

Où :

- e : profondeur de pénétration de l'eau dans le béton en mètre.

- h : charge hydraulique en mètre.

- t : durée d'application de la pression hydraulique en seconde.


- v : pourcentage du volume de béton occupé par les pores.

La profondeur de pénétration est obtenue, après un laps de temps donné, en


fendant en deux l'éprouvette de béton et en observant la surface de rupture (le
béton humide étant plus foncé). On obtient ainsi la valeur de e dans l'équation de
Valenta indiquée ci-dessus.

Il est aussi possible d'utiliser la profondeur de pénétration de l'eau comme


jugement qualitatif du béton: un béton «imperméable» présentera une profondeur
de moins de 50 mm. Avec moins de 30 mm, le béton pourra être classé comme
«imperméable» sous des conditions agressives.

3.5.2. ÉTANCHÉITÉ À L'EAU

L'étanchéité d'une structure en béton non munie d'un revêtement étanche dépend
de la qualité du béton et dans une très large mesure de la fissuration. Il est
relativement aisé d'obtenir un béton de bonne qualité, suffisamment compact et
étanche (en l'absence de toute fissure), moyennant certaines dispositions
adéquates concernant la composition, la mise en oeuvre et la cure. L'expérience a
montré que l'épaisseur d'éléments plans en

béton armé (dalles, murs, radiers), pour lesquels une étanchéité élevée à l'eau est
requise, ne devrait pas être inférieure à 0,25 à 0,30 m

Par ailleurs, on sait que la fissuration est difficilement évitable dans une structure
en béton. Parmi les fissures possibles, il convient de faire la distinction entre
fissures traversantes et fissures non traversantes (fig.3.1).

Figure 3.1 : Distinction entre fissures traversantes (a) et non traversantes (b).

Les fissures non traversantes résultent par exemple de l'effet de gradients sur
l'épaisseur de la section transversale (retrait ou variation de température non
homogène) ou de sollicitations de flexion. Leur profondeur et leur ouverture sont
en général limitées. Ces fissures n'affectent en principe pas l'étanchéité de
l'élément de structure considéré tant qu'il subsiste une zone de béton non fissurée
et souvent comprimée, d'une épaisseur égale ou supérieure à 50 mm ou au
double du diamètre maximum des granulats

Sous réserve d'un béton de qualité suffisante, ce qui est en général le cas,
l'étanchéité d'une structure en béton ou de l'un de ses éléments est principalement
affectée par la présence éventuelle de fissures traversantes.
Le débit d'infiltration q par mètre linéaire de fissure est donné par la relation
suivante[39] :

(2)

Dans laquelle :

: le coefficient de frottement indépendant de la nature du fluide et permettant de


tenir compte de la rugosité réelle des faces d'une fissure.

W : l'ouverture de fissure mesurable à la surface de l'élément.

Äp :la différence de pression hydrostatique.

: la viscosité dynamique du fluide

h : l'épaisseur de l'élément considéré

Des recherches récentes [39] montrent qu'il semblerait plus approprié d'introduire
dans les relations deprédiction du débit d'infiltration du type de l'équation (2) une
valeur du coefficient de frottement croissant de manière monotone avec l'ouverture
des

fissures w ( = 0 pour w =0,05 mm et = 0,2 pour w = 0,3 mm).

Eu égard aux problèmes d'étanchéité, la qualité d'une structure en béton est donc
grandement tributaire de la valeur limite fixée pour l'ouverture des fissures risquant
d'apparaître et, par conséquent, des quantités d'armature mise en oeuvre.Dans
l'hypothèse

où le coefficient est admis constant, la relation (2) indique en effet que les débits
d'infiltration ou de fuite au travers des fissures augmentent proportionnellement au
cube de leur ouverture.

Dans le cas d'ouvrages ou d'éléments soumis de manière permanente à une


pression d'eau ou à un environnement humide, on peut compter sur un
autocolmatage des fissures si leur ouverture est faible, c'est-à-dire n'excède pas
environ 0,1 à 0,2 mm [40]. Cet autocolmatage est la conséquence de plusieurs
phénomènes (gonflement du béton en milieu humide, accumulation d'éléments fins
inertes, dépôts de chaux et autres sels minéraux) qui progressivement bouchent
les fissures et après quelques jours à quelques semaines rendent la structure
pratiquement étanche.

Il y a lieu d'être beaucoup plus prudent vis-à-vis du risque d'infiltration d'eau à


travers une structure placée dans un environnement généralement sec et soumise
occasionnellement à des venues d'eau. C'est en particulier le cas des dalles de
parking non munies d'une étanchéité ni d'aucun revêtement. Des essais en
laboratoire [39] et des mesures in situ [41] ont montré que dans de telles
conditions des fissures traversantes de seulement 0,1 mm d'ouverture pouvaient
laisser de l'eau s'infiltrer durant quelques

heures, ce qui peut être suffisant pour causer des dommages. Dans ces cas là, il y
aurait donc lieu soit de limiter plus sévèrement encore l'ouverture des fissures
(0,05 à 0,1 mm, solution vraisemblablement très coûteuse, à moins de pouvoir
mettre en oeuvre une précontrainte en désolidarisant par exemple les dalles des
murs s'opposant à tout raccourcissement) soit de recourir à d'autres solutions
(modification du système statique, création de joints, revêtement étanche pontant
les fissures éventuelles).

3.5.3. PÉNÉTRATION DES IONS CHLORE

La fissuration du béton facilite la pénétration des chlorures et favorise donc la


corrosion. Même si tous les bétons armés présentent en service quelques fissures,
celles-ci peuvent être réduite lors du dimensionnement de la structure grâce au
souci du

détail et au respect des règles de l'art. Les fissures dont la largeur dépasse 0,2 à
0,4 mm sont nuisibles. Il est important de mentionner que, même si le béton
précontraint est exempt de fissures, l'acier de précontrainte est plus vulnérable à la
corrosion en raison de sa nature.

Le problème de l'attaque du béton par les chlorures survient habituellement


lorsque des ions chlores pénètrent de l'extérieur.

La pénétration des ions chlore est probablement le phénomène le plus dévastateur


pour les structures en béton armé. Lorsque les ions chlore pénètrent dans la
solution interstitielle, ils réagissent dans un premier temps avec le C3A non hydraté
pour former des monochloroaluminates (3CaO.Al2O3.CaCl2.10H2O), ce qui
représente une modification positive de la microstructure du béton. Toutefois, si la
pénétration des ions chlore se poursuit, ils exercent surtout une action dévastatrice
au sein du béton lorsqu'ils atteignent les armatures d'acier en les corrodant très
rapidement et en exerçant une pression sur le béton agaçant a travers le dépôt de
rouille, ce qui fait gonfler le béton jusqu'à le faire éclater.

En général, cette corrosion développe d'abord un réseau de microfissures autour


de la barre d'armature, réseau qui facilite la pénétration ultérieure d'ions chlore
additionnels et finit par écailler le béton de recouvrement lorsque la poussée due
au gonflement devient excessive (figure3.2). Cet écaillage du béton de
recouvrement expose une nouvelle surface de béton à l'action des ions chlore et
ainsi de suite.

Les chlorures présents dans le béton peuvent provenir de granulats contaminés,


d'eau de mer, d'eau saumâtre ou d'adjuvants contenant des chlorures ou apportés
par les vents marins à proximité de la mer. Aucun de ces matériaux ne devrait être
autorisé dans la fonction de béton armé et les normes limitent généralement de
manière très sévère la teneur en chlorures du béton. Par exemple, la norme
britannique BS 8110 : partie 1, 1985 limite la teneur totale en chlorure d'un béton
armé à 0,40 ? de la masse du ciment. La même limite est recommandée par la
norme européenne ENV 206: 1992. La norme ACI 318-89 (révisée en

1992) ne considère quant à elle que les ions chlores solubles. Sur cette base, la
teneur en ions chlore du béton armé est limitée à 0,15 % de la masse du ciment

La norme Afnor P18-325 limite la teneur en chlorures à:

- 1 % pour les bétons non armés;

- 0,4 % pour les bétons armés;

-0,2 % pour les bétons précontraints.

Dans le fascicule 65A relatif à l'exécution des ouvrages en béton armé et en béton
précontraint :

- 1% pour les bétons non armés;

- 0,65 % pour les bétons armés;

- 0,156 %pour les bétons précontraints par post-traction;

- 0,10 % pour les bétons précontraints par pré traction.

Figure 3.2: Représentation schématique de la corrosion électrochimique

en présence de chlorures

3.6. CORROSION DES ARMATURES


La fissuration excessive du béton, qu'elle soit naturelle ou accidentelle, facilite la
pénétration des agents agressifs, facteurs de corrosion des armatures de béton
armé et précontraint.

De nombreuses recherches effectuées en laboratoire et sur des ouvrages ont


montré que les problèmes de durabilité et en particulier le risque de corrosion des
barres d'armature passive

n'étaient pas influencés de manière significative par la valeur de l'ouverture des


fissures tant que celle-ci demeure inférieure à une valeur de l'ordre de 0,3 et cela,
dans un environnement sec à l'intérieur des bâtiments. Pour les éléments
d'ouvrage exposés aux intempéries ou à un environnement agressif la limite
d'ouverture de fissure qui résulterait en un problème de corrosion est de 0,15 mm
selon ACI code (règlement Américain).

Le processus de corrosion dépend principalement de l'épaisseur et de la qualité du


béton d'enrobage mais ne dépend guère de la fissuration.

Louverture des fissures n'influence que la longueur de la phase d'initiation, c'est-à-


dire la durée à partir de laquelle le processus de corrosion démarre. Mais étant
donné que la durée de cette phase n'est que de 2 à 6 années, elle ne joue
pratiquement aucun rôle en ce qui concerne la durabilité eu égard à la durée de
vie de l'ordre de 30 à 80 ans normalement attendue pour l'ouvrage, voire
davantage dans certains cas.

Une conséquence pratique très importante de ces observations est donc qu'une
limitation très sévère des ouvertures de fissures réalisable en particulier au moyen
d'une augmentation des quantités d'armature ne s'avère pas comme un moyen
efficace pour accroître la durabilité des structures en béton armé; et cela, même
en cas d'environnement particulièrement agressif. En cas d'exigences élevées
concernant la durabilité, ce sont d'autres mesures auxquelles on devra

recourir, telles que:

? La réalisation d'un enrobage suffisant.

? La confection d'un béton particulièrement dense et peut perméable et surtout


résistant aux éventuelles attaques chimiques, grâce à un type de ciment approprié,
à un dosage suffisant, à

un rapport eau / liant aussi faible que possible, à une quantité minimale de fines,
au recours éventuel à un béton avec ajout de fumée de silice ( bétons à hautes
performance),etc..

? Une cure soignée et de durée suffisante.


? Et au besoin, en cas d'agression par des substances chimiques très agressives,
la mise en oeuvre d'une couche étanche à la surface du béton et/ou l'utilisation de
barres d'armature revêtues d'une couche de résine époxy.

C'est en effet l'épaisseur et la qualité du béton d'enrobage protégeant la cage


d'armatures qui constituent les facteurs déterminants pour la durabilité. Les
exigences relatives peuvent être graduées en fonction du type d'ouvrage et de
l'agressivité de son milieu environnant comme indiqué au tableau 3.1

Tableau 3.1: Valeur limites recommandées pour assurer la durabilité des


structures

en béton armé.

Agressif Humide avec Humide sans Sec Environnement

Sels (+gel) gel gel


4 2,5 2 1,5 Enrobage minimum (cm)
C 30 C 25 C 20 C16 CEB Classe minimale de résistance
B 45/35 B35/25 à B40/30 B B SIA
0,50 à 0,40 0,55 0,6 0,65 Rapport max E/C
300 à 350 300 300 270 Dosage minimal en ciment

La corrosion commence sur la surface proche de l'extérieur du fait que le béton


contacte perd son alcalinité en premier et que les sources extérieure de chlorures,
d'humidité et d'oxygène sont proches. Les produits de la corrosion s'entassent et
exercent graduellement une pression sur le béton jusqu'à le faire éclater comme
montré en figure 3.3
Figure 3.3 : Eclatement du béton dû à la corrosion des armatures.

La corrosion des armatures d'acier a été et sera toujours une des causes majeures
de détérioration des structures en béton armé. Les armatures d'acier se corrodent
chaque fois que le béton de recouvrement ne les protège pas suffisamment contre
la rouille. Ce manque de protection peut avoir plusieurs causes, une trop forte
valeur du rapport eau / liant, un mauvais mûrissement ou l'absence totale de
mûrissement, un mauvais positionnement des armatures trop près des coffrages,
la progression des ions chlores, une très forte carbonatation.

Le mécanisme de corrosion de l'acier dans le béton est bien connu: la perte de


passivation de

l'acier lorsque décroît le PH de l'eau interstitielle du béton conduit celui-ci à


s'oxyder et à rouiller. L'oxydation de l'acier ou sa rouille s'accompagne d'une
augmentation de volume

qui commence par générer des microfissures dont le nombre va en augmentant.


Ces premières microfissures rendent la pénétration des agents agressifs encore
plus facile de sorte que
la corrosion s'accélère jusqu'à provoquer finalement l'éclatement de l'enrobage de
béton. Lorsque l'on atteint une telle dégradation, non seulement les armatures
d'acier sont exposées directement à la corrosion, mais une nouvelle surface de
béton, qui était initialement située en profondeur, est exposée directement à
l'action des chlorures.

Encore maintenant, plusieurs auteurs pensent que la corrosion des aciers


d'armatures est un phénomène inévitable, inhérent au béton armé. Pour réduire la
corrosion des armatures d'acier, différentes solutions et agents anticorrosion sont
régulièrement proposés sur le marché et certaines compagnies font la promotion
de la protection intégrale d'une structure en utilisant une protection cathodique très
coûteuse.

En fait, pour résoudre le problème de la corrosion des armatures d'acier, on peut


suivre deux approches[21] :

- On continue d'utiliser un béton très poreux, et il faut alors absolument spécifier


des armatures qui résistent à la corrosion ou un système de protection cathodique
pour protéger

toute la structure. Pour l'auteur [21], un béton qui a une résistance à la


compression inférieure à 30 MPa est un béton qui ne protège pas bien les
armatures d'acier, quel que soit

l'environnement dans lequel il est utilisé, si l'on continue à maintenir les épaisseurs
de recouvrement actuelles. En outre, on sait très bien qu'un tel béton n'offre pas
une protection adéquate face à la carbonatation. En adoptant une telle solution
facile, mais coûteuse à long terme, on oublie les deux causes majeures de la
corrosion des armatures d'acier: une trop forte valeur du rapport eau/liant et de
mauvaises pratiques de mûrissement. Tout béton qui a un rapport eau/liant
supérieur à 50 présente une microstructure très ouverte qui offre de larges
avenues à la pénétration d'agents agressifs quels qu'ils soient;

-La deuxième approche consiste à spécifier un béton imperméable et à bien le


mûrir. Il n'est alors plus nécessaire de faire recours à des armatures résistants à la
corrosion et donc l'acier ordinaire suffit. Des BHP qui ont un rapport eau/liant
compris entre 0,30 et 0,35 sont suffisamment imperméable pour procurer une
bonne protection aux armatures d'acier si l'épaisseur de recouvrement de ces
armatures est suffisante et si la peau du béton a été mûrie de façon adéquate.
L'épaisseur de recouvrement doit être ajustée selon la sévérité de l'environnement,
et peut atteindre jusqu'à 7,5 cm [21], pour s'assurer une duré de vie suffisamment
longue à l'ouvrage.

Évidement, le choix d'un faible rapport eau/liant ne constitue qu'une première


étape pour résoudre le problème de la corrosion de l'acier. Il faut aussi que ce
béton imperméable soit
bien mis en place et bien mûri de façon à protéger efficacement les armatures
d'acier contre la corrosion. Quand la mise en place et le mûrissement sont faits
correctement, il n'est pas nécessaire d'utiliser des armatures à l'épreuve de la
rouille, d'utiliser un adjuvent anticorrosion ni d'envisager une protection
cathodique. Un BHP de faible rapport eau/liant, une mise en place et un
mûrissement adéquats garantissent la protection des armatures contre la
corrosion.

La formulation du béton classique, en particulier son dosage en ciment et son


rapport des teneurs eau-ciment, dépend de l'environnement auquel ce matériau
est exposé

La corrosion des armatures a deux conséquences sur le comportement de


l'ouvrage. Dans un premier temps, les produits de corrosion occupent un volume
plusieurs fois supérieur au volume initial de l'acier, leur formation fissure le béton
(de façon caractéristique, parallèlement à la direction du lit d'armatures), entraîne
son éclatement ou son feuilletage.

La pénétration des agents agressifs en direction de l'acier est donc facilitée, ce qui
se traduit par une augmentation de la vitesse de corrosion. Ensuite, la progression
de la corrosion à l'anode réduit la section effective de l'acier, ce qui réduit par
conséquent sa capacité de résistance.

CHAPITRE 4

MÉTHODES RÉGLEMENTAIRES

DE CONTRÔLE

DE LA FISSURATION

4.1. PRINCIPES GÉNÉRAUX

Il n'est généralement pas exigé de calculer explicitement les ouvertures de fissures


afin de s'assurer qu'elles n'excèdent pas des valeurs limites spécifiées. Un tel
contrôle dont la fiabilité est d'ailleurs problématique, étant donnée l'importante
dispersion des résultats due au grand nombre de facteurs d'influence, dont
certains sont difficilement maîtrisables n'est exigé qu'exceptionnellement. A cet
égard, rappelons que l'objectif primordial du contrôle de la fissuration est d'éviter
l'apparition de fissures isolées, d'ouverture importante et non contrôlée, telles des
fentes ou lézardes. La fissuration est généralement non préjudiciable, par
conséquent acceptable, si elle est répartie, c'est-à-dire s'il apparaît des fissures
plus nombreuses, d'ouvertures contrôlées et n'excédant pas quelques dixièmes de
millimètre.

Pour atteindre cet objectif, les normes contiennent une série de mesures
permettant d'assurer un contrôle indirect ou implicite de la fissuration des
structures en béton. Ces mesures comprennent généralement :

- Des mesures d'ordre constructif et technologique destinées à réduire, voire


supprimer, le risque de fissuration quelle qu'en soit la cause. Comme exemples de
telles mesures citons la composition et une cure appropriées du béton, la
réalisation de joints afin de supprimer l'entrave aux déformations imposées telles
le retrait, la mise en oeuvre d'une précontrainte adéquate, etc.

- La mise en place d'une quantité d'armatures minimale dans toutes les parties
de structures en béton ârmé ou précontraint susceptibles de se fissurer et dans
lesquelles on cherche à éviter l'apparition de fissures isolées et largement
ouvertes, en général préjudiciables au bon comportement de l'ouvrage en service
et à sa durabilité à long terme.

- La limitation des contraintes dans l'acier d'armature, calculées en stade


fissuré sous le cumul des sollicitations déterminantes, ainsi qu'une répartition
appropriée des barres d'armatures (limitation de leur espacement et/ou de leur
diamètre).

4.2. CONTRÔLE SELON LA NORME SUISSE SIA 162

4.2.1. PRINCIPE DE L'ARMATURE MINIMALE

En cas des éléments de structures situés à l'extérieur, exposés aux intempéries et


aux effets du gel ou en contact avec le sol. Comme exemples, citons les façades
de bâtiments, les murs de soutènement, les parois de tunnels, les tabliers et piles
de ponts, les fondations, la norme SIA 162 requiert la mise en place d'une quantité
d'armature minimale dans toute partie de structure en béton armé ou précontraint
dans laquelle les contraintes de traction (en service, sous le cumul des
sollicitations dues aux charges et aux déformations imposées, ou durant les
différentes phases de construction) peuvent être proches ou supérieures à la
résistance à la traction du béton. Cette armature minimale doit être dimensionnée
de manière à pouvoir reprendre sans écouler les sollicitations internes
correspondant à la fissuration du béton et de manière à limiter l'ouverture des
fissures.

Dans le cas des dalles et murs pleins dans celui d'éléments à section en T ou en
caisson, l'aire de la section d'armature minimale est définie comme suit :

(4.1)
relation dans laquelle

fct est la valeur conventionnelle ou de calcul de la résistance à la traction du béton,


définie comme suit dans la norme SIA 162 :

* fct = 2 N/mm2 pour un béton de résistance inférieure à celle correspondant au


type

B 35/25.

* fct = 2,5 N/mm2 pour un béton de type B 35/25 (= classe C 20) ou de résistance
supérieure.

fy est la valeur conventionnelle ou de calcul de la limite élastique limitée à 460


N/mm2 au maximum.

Act est l'aire déterminante de la partie tendue de la section de béton en stade


homogène, définie à la figure 4.1.

est un facteur de majoration tenant compte de l'influence de l'espacement des


barres d'armature s sur la fissuration

s [mm] 100 150 200 250 300


1,0 1,1 1,2 1,3 1,4

est un facteur de réduction tenant compte des effets de la répartition des


contraintes selon le type de sollicitations et de la présence d'états de contraintes
auto-équilibrées sur la force interne de traction correspondant à la fissuration ; ce
facteur est défini à la figure 4.1.

Fig. 4.1 : Définitions de l'aire déterminante Act et du facteur selon la norme


SIA 162.
4.2.2. LIMITATION DES CONTRAINTES DANS L'ARMATURE

La norme SIA 162 requiert une limitation des contraintes dans l'acier calculées en
stade fissuré, ce qui constitue un excellent moyen de limiter indirectement
l'ouverture des fissures .

Dans les deux cas, la norme exige de s'assurer que les contraintes effectives dans
l'armature ne dépassent pas les valeurs maximales indiquées ci-dessous, sous
une

combinaison rare d'actions (cumul du poids propre, des effets de la précontrainte,


des autres charges permanentes et d'une charge variable de courte durée).

Pour les aciers passive

ós,max = 0,95 fy - 100 N/mm2 (4.2.a)

Pour les aciers de précontrainte:

óp,max = 0,90 fpy (4.2.b)

4.2.2.1. CAS OÙ LA FISSURATION EST PEUT PRÉJUDICIABLE

Pour limiter la fissuration, il convient dans la mesure du possible :

- De n'utiliser les gros diamètres que dans les pièces suffisamment épaisses,

- D'éviter les très petits diamètres dans les pièces exposées aux intempéries,

- De prévoir le plus grand nombre de barres compatibles avec une mise en place
correcte

et avec la règle ci-dessus relative aux petits diamètres.

4.2.2.2. CAS OÙ LA FISSURATION EST PRÉJUDICIABLE

La fissuration est considérée comme préjudiciable lorsque les éléments étudiés


sont exposés aux intempéries ou à des condensation, ou peuvent être
alternativement noyés et émergés en eau douce.

On observe les règles suivantes [23] :

? La contrainte de traction des armatures est limitée à la plus basse des deux
valeurs et 110 ( ç )1/2MPa ( ou N / mm2 ), expressions dans lesquelles :

* : désigne la limite élastique des aciers utilisés.


* : la résistance caractéristique à la traction du béton exprimée en MPa .

* ç : coefficient de fissuration qui vaut :

- 1,0 pour les ronds lisses y compris les treillis soudés formés de fils tréfilés lisses.

- 1,6 pour les armatures à haute adhérence, sauf le cas des fils de diamètre
inférieur.

à 6 mm pour lesquels on prend 1,3.

? Le diamètre des armatures les plus proches des parois est au moins égale à 6
mm ;

? Dans le cas des dalles et des voiles faisant au plus 40 cm d'épaisseur,


l'écartement des armatures d'une même nappe est au plus égal à la plus petite
des deux valeurs 25 cm et 2h (h désignant l'épaisseur totale de l'élément).

4.2.2..3. CAS OÙ LA FISSURATION EST TRÈS PRÉJUDICIABLE

La fissuration est considérée comme très préjudiciable lorsque les éléments


étudiés sont exposés à un milieu agressif ou bien doivent assurer une étanchéité.

Dans ce cas on observe les règles suivantes [23] :

? La contrainte de traction des armatures est limitée à la plus basse des deux
valeurs 0,5 fe et 90 (ç ftj )1/2MPa

? Le diamètre des armatures est au moins égales à 8 mm

? Des armatures de peau pour les poutres de grande hauteur, ont une section au
moins égale à 5 cm2par mètre de longueur de parement.

? Lorsque la membrure tendue d'une poutre est constituée de barres de diamètre


supérieur à 20 mm, l'écartement de celles-ci dans le sens horizontal est au plus
égal à 3 fois leur diamètre

? Dans le cas des dalles et des voiles faisant au plus 40 cm d'épaisseur,


l'écartement des armatures d'une même nappe est au plus égal à la plus petite
des deux valeurs 20 cm et 1,5h (h épaisseur totale de l'élément).

4.3. CONTRÔLE SELON LES NORMES EUROPÉENNES

L'Eurocode 2 [16], le Code Modèle CEB-FIP 1990 [15] ou son extension récente
aux bétons à hautes performances [14] ne se différencient, concernant le contrôle
de l'état-limite de
fissuration, que sur des points de détail d'ordre rédactionnel et de certaines règles
d'application. Ces différences ou améliorations résultent principalement du progrès
des

connaissances et de l'évolution des avis des commissions concernées, inhérents à


la chronologie de ces divers documents et à leur durée d'élaboration.

4.3.1. EXIGENCES REQUISES ET MESURES PRÉCONISÉES

Selon l'Eurocode 2 ou le Code Modèle CEB-FIP il convient d'établir, en accord


avec le client ou maître de l'ouvrage, des limites appropriées tenant compte de la
nature de la structure

et de sa destination future. Outre les classes d'exposition (ou conditions


d'environnement), ces normes font intervenir essentiellement la distinction entre
structures en béton armé ou celles en béton précontraint pour graduer les
exigences requises en matière de limitation de l'ouverture des fissures.

4.3.1.1. STRUCTURES EN BÉTON ARMÉ

En règle générale et en l'absence d'exigences particulières concernant par


exemple l'étanchéité, on peut admettre comme satisfaisant de limiter l'ouverture
caractéristique des fissures à la valeur wk = 0,30 mm sous la combinaison
d'actions quasi-permanentes ou fréquentes pour des éléments en béton armé.
Une telle limite satisfait en principe aux exigences normales en matière d'aspect et
de durabilité pour des éléments situés en environnement humide, chimiquement et
physiquement agressif ou non.

Cette limite peut être relevée (valeur limite plus élevée, par exemple wk = 0,4 ou
0,5 mm) pour des éléments en béton armé situés en environnement sec et non
agressif, si cela est acceptable pour d'autres raisons, par exemple l'aspect.

4.3.1.2. STRUCTURES EN BÉTON PRÉCONTRAINT

En raison du risque plus élevé de corrosion des aciers de précontrainte, des


limites plus sévères s'imposent. En l'absence de données plus précises, il est
recommandé de limiter l'ouverture caractéristique des fissures à wk = 0,20 mm
pour les structures en béton précontraint situées en environnement sec et non
agressif.

4.3.2. ARMATURE MINIMALE

Une quantité minimale d'armature est exigée afin d'assurer une fissuration
contrôlée dans toute partie d'une structure ou de l'un de ses éléments soumis à
des contraintes de traction dépassant la résistance à la traction du béton. Ces
contraintes peuvent résulter de toutes combinaisons possibles de charges et de
déformations imposées ou empêchées. A défaut de
méthodes plus rigoureuses, la section d'armature minimale requise dans les zones
tendues peut être estimée au moyen de la relation simplifiée suivante:

(4.3)

Dans laquelle :

fct,ef est la résistance à la traction du béton effective au moment où les fissures sont
supposées se produire; à moins que les fissures n'apparaissent à un âge très
jeune.

ós2 est la contrainte maximale admissible dans l'acier d'armature, immédiatement


après l'apparition des fissures ; cette contrainte, ainsi que l'armature minimale qui
en découle, peut être graduée comme suit :

* ós2 =fyk où fyk est la valeur caractéristique de la limite élastique de l'acier, s'il s'agit
d'éviter l'apparition de larges fissures isolées,

* ós2< fyk selon les valeurs indiquées au tableau 4.2, s'il s'agit de limiter l'ouverture
des fissures à des valeurs spécifiées.

Act, est l'aire de la partie tendue de la section de béton homogène calculée juste
avant l'apparition des fissures.

cest un facteur de réduction tenant compte de la forme de la distribution des


contraintes, dont la valeur est généralement comprise entre 0,4 et 1,0 en fonction
de la nature des sollicitations et de la forme de la section.

- Dans le cas de sections rectangulaires.

c = 1,0 pour la traction pure.

c = 0,4 pour la flexion simple.

- Dans le cas de sections en caisson.

c = 0,9 pour les dalles / la membrure tendue.

c = 0,45 pour les âmes.

est un facteur de réduction permettant de tenir compte de l'effet favorable sur


l'effort de fissuration, sa valeur dépend principalement de l'épaisseur h de
l'élément de structure considéré

= 0,8 pour h 0,3 m;

= 0,5 pour h = 0,8 m;


= 0,98 - 0,6h pour 0,3 < h < 0,8 m.

4.3.3. LIMITATION DES CONTRAINTES DANS L'ARMATURE

En tous les cas il est demandé de limiter, sous les conditions de service, les
contraintes de traction dans les aciers d'armature aux valeurs maximales
suivantes :

- Sous les combinaisons rares de charges:

ós,max = 0.8 fyk (4.4.a)

- Lorsqu'elles résultent essentiellement de l'entrave à des déformations imposées :

ós,max = fyk (4.4.b)

Afin de limiter plus sévèrement la largeur des fissures, conformément aux


exigences requises au paragraphe 4.3.1, il est en principe suffisant de limiter la
contrainte maximale autorisée dans les aciers, en fonction du diamètre et de
l'espacement des barres selon les indications données dans les tableaux 4.1 et
4.2. Pour ce faire, il est nécessaire d'effectuer une distinction selon l'origine des
sollicitations provoquant la fissuration.

4.3.3.1. FISSURATION SOUS DÉFORMATIONS IMPOSÉES

Si la fissuration résulte principalement de l'entrave aux déformations imposées,


seules les indications du tableau 4.1 doivent être respectées. Les valeurs
indiquées dans ce tableau sont valables pour un béton de classe C 30 ou
inférieure. En cas d'utilisation d'un béton de classe supérieure, il est possible de
tenir compte de l'effet bénéfique dû à l'amélioration des propriétés d'adhérence en
augmentant les valeurs des contraintes maximales dans l'armature, de la manière
indiquée ci-après [14]

(4.5)

* ós2,0 est la valeur indiquée dans le tableau 4.2 pour`la contrainte maximale dans
l'acier, établie pour un béton de classe C 30 ou inférieure.

* fctm,0 = 2,8 N/mm2 est la valeur moyenne de la résistance à la traction pour un


béton de classe C 30.

* fctm est la valeur moyenne de la résistance à la traction pour un béton de classe


supérieure à C 30.
Tableau 4.1 : Valeurs maximales des contraintes en fonction du diamètre des
barres

d'armature à haute adhérence, permettant d'assurer une limitation


satisfaisante

des fissures selon le Code Modèle CEB-FIP 90 [15].

Contrainte max. dans l'acier Diamètre max. des barres d'armature 0 [mm] dans le cas de structures en
béton armé (wk 0,3 mm) béton précontraint (wk 0,2 mm)
ós2 [N/mm2]
160 32 25

200 25 16

240 20 12

280 14 8

320 10 6

360 8 5

400 6 4

450 5 -

4.3.3.2. FISSURATION SOUS CHARGES IMPOSÉES

Pour limiter à un niveau acceptable la fissuration des structures en béton soumises


principalement à des charges imposées, il est suffisant de respecter les
dispositions prévues dans l'un des tableaux 4.1 ou 4.2. Il s'agit donc de s'assurer
que soit le diamètre des barres soit leur espacement ne dépassent pas certaines
valeurs maximales indiquées dans ces tableaux en fonction de la contrainte
ós2 dans les aciers.

Lorsqu'elles sont utilisées pour contrôler la fissuration sous charges imposées, les
valeurs indiquées dans le tableau 4.2 sont valables pour des structures où
l'armature est disposée de manière usuelle, c'est-à-dire lorsque le rapport d/h ne
diffère pas trop de la valeur

courante 0,9. Dans le cas contraire, des facteurs correctifs sont définis en fonction
du rapport d/h effectif dans l'Eurocode2 ou dans le Code Modèle.

Tableau 4.2 : Valeurs maximales des contraintes en fonction de l'espacement


des barres

d'armature à haute adhérence, permettant d'assurer une limitation


satisfaisante
des fissures selon le Code Modèle CEB-FTP 90 [15].

Contrainte max. dans l'acier Espacement max. des barres d'armature s [mm] dans le cas de structures en
béton armé (wk 0,3 mm) béton précontraint (wk 0,2 mm)
ós2 [N/mm2]
160 300 200

200 250 150

240 200 100

280 150 50

320 100 -

360 60 -

4.4. CONTRÔLE DE LA FISSURATION DANS LES CALCULS

COURANTS

Les règlements britannique et Français recommandent à ce que l'ouverture


maximale de fissures, en surface ne dépasse pas 0,3 mm. Des fissures
excessivement ouvertes affectent l'apparence d'une structure et peuvent entraîner
la corrosion des aciers surtout dans un environnement agressif.

Cependanth

, il est à noter que le phénomène de la corrosion en béton armé dépend


principalement de l'enrobage en béton et de sa porosité (porosité du béton) . Dans
la pratique, cette limite d'ouverture de fissures est respectée en procédant à la
limitation de la distance maximale entre les barres tendues comme le montre la
figure suivante, prise du règlement

BS 8110
Où : taux de redistribution de moment en

?Si et seulement si h > 750 mm, les barres distribuées sur les faces de coté (le
long de la hauteur) sont nécessaires jusqu'à une profondeur de à partir de la
face tendue ; leur espacement ne doit pas dépasser 250mm. La limite maximale
d'ouverture des fissures est cependant réduite à 0,1mm pour les ouvrages devant
retenir un liquide.

4.4.1. CONTRAINTES DE TRACTION IMPOSÉES PAR LES CONDITIONS


DE

FISSURATION DU BÉTON

La théorie de fissuration permet le calcul de la répartition et de l'ouverture de


fissures de flexion et de traction, supposée normale à la direction de l'armature.

Cette théorie, dans son état actuel, ne concerne pas les fissures obliques d'effort
tranchant, qui peuvent se développer sur la hauteur d'un élément fléchi.

Des formules ont été établies pour les éléments soumis à une traction simple
(tirant) ou pour les armatures tendues , d'une pièce fléchie associée à la section
du béton tendu ayant le même centre de gravité que ces armatures.

On définit le pourcentage de fissuration , comme suit :

Suivant la valeur de deux types de fissuration sont susceptibles de se produire :

- Fissuration systématique ; lors de la mise en traction des armatures, l'effort


transmis au béton est supérieur à son effort de rupture. Les contraintes de traction
sont données par la relation :

-Fissuration accidentelle ; due aux effets du retrait, de variation de température,


etc. Les contraintes de traction admissible sont indépendantes de et pour
valeur :

Où : - est le diamètre nominal, exprimé en mm, de la plus grosse barre tendue.


- : Coefficient de fissuration

Pour les barres lisses.

Pour les barres à haute adhérence.

- Contrainte de traction du béton en bars ( kgf/cm2)

- est un coefficient qui a pour valeur :

1,5.106 si la fissuration est peu nuisible

1.106 si la fissuration est préjudiciable, parce que les éléments sont exposés
aux intempéries, condensation, brouillards salins, etc. ou bien sont des ouvrages à
la mer.

- 0,5.106 si la fissuration est très préjudiciable parce que les éléments sont en
contact avec l'eau ou exposés à un milieu agressif ou bien parce qu'ils doivent
assurer une étanchéité.

Aux valeurs précédentes et on doit ajouter le terme 300 lorsque les


ouvrages sont en milieu constamment humide, sauf lorsqu'il s'agit d'ouvrage à la
mer.

4.4.2. ALLONGEMENT DE L'ACIER SELON LE BAEL

Le BAEL admet que lorsque la fissuration systématique est atteinte, la diminution


de l'allongement de l'acier peut être évaluée par la quantité :

à condition que

: module d'élasticité de l'acier.

: contrainte de l'armature au droit des fissures.

: Contrainte de traction du béton à j jours

: est le rapport de la section d'armatures tendue à une aire de béton tendu

4.4.3. LA FISSURATION CRITIQUE

La charge de fissuration qui vient d'être ainsi définie est celle qui, au stade des
tractions moyennes, provoque les premières fissures superficielles visibles du
béton tendu. Ces fissures ne sont pas forcément graves et préjudiciables à la
tenue de l'ouvrage, comme le montre l'examen des pièces tendues en service qui,
pour la plupart, sont fissurées superficiellement.
Lorsque la charge augmente au-delà de Qf correspondant à la fissuration
superficielle, les fissures s'agrandissent et ce propagent à l'intérieur de la pièce,
vers les armatures. Finalement, elles atteignent celles-ci en un ou plusieurs points,
et même sur tout leur contour. La charge Qcr à partir de laquelle l'armature
commence à se trouve en contact avec le milieu

extérieur par le canal des fissures donne la valeur de la résistance de la pièce à la


fissuration critique.

Cette fissuration sera critique si la pièce est exposée aux intempéries. On peut
craindre en effet que les eaux de ruissellements pénètrent par capillarité dans les
fissures. Les atmosphères corrosives (air marin ou sulfureux) sont également
nocives et peuvent désorganiser rapidement l'ouvrage.

La charge de fissuration critique est donnée par la formule suivante :

Qcr = (B-A) ób + A x 100 ( -

* B : section du béton tendu

* A : section des armatures tendue

* : contrainte dans le béton

* c : étant l'écartement des armatures.

On voit que cette charge varie en sens inverse de l'écartement des aciers, ce qui
est logique. L'allongement du béton étant d'autant plus régulier que l'acier est
mieux divisé et réparti au sein de celui-ci. Donc la formule montre bien l'influence
des nombres de barres de petit diamètre et de leur écartement qui est d'autant
petit que le nombre des barres est élevé.

CHAPITRE 5

ESTIMATION DES OUVERTURES DE FISSURES

5.1. INTRODUCTION

L'importance de la fissuration ainsi que l'ouverture minimale à partir de laquelle


une fissure est considérée comme importante dépendent de la fonction des
éléments structuraux ainsi que des conditions d'exposition du béton.
Selon [2] Reis et al ont proposé des valeurs de largeur de fissure pouvant être
considérées comme acceptables. Ces valeurs, qui constituent un bon guide, sont
les suivantes :
- Éléments intérieurs : 0,35mm.

- Éléments extérieurs utilisés dans des conditions normales d'exposition : 0,25mm.

- Éléments extérieurs exposés à un environnement particulièrement agressif :


0,15mm.

Bien que cela soit variable d'un observateur à l'autre, la largeur de fissure
minimale visible à l'oeil nu est d'environ 0,10 mm. La détermination de l'ouverture
ou largeur des fissures peut se faire avec des appareils grossissants simple.

5.2. ESTIMATION DES OUVERTURES DE FISSURES

La fissuration du béton est un processus hasardeux, hautement aléatoire et


influencé par plusieurs facteurs. A cause de la complexité du problème, les
méthodes actuelles qui permettent de prédire l'ouverture maximale d'une fissure
sont basées essentiellement sur des constatations expérimentales. Donc ces
méthodes ne peuvent que prédire l'ouverture maximale la plus probable ; il restera
toujours des possibilités de fissures isolées pouvant avoir des ouvertures bien au-
delà de celles prédites.

5.2.1. CONSTATATION EXPÉRIMENTALES

Les observations ont montré qu'en général, les fissures prennent naissance en
tant que micro-fissures puis se développent en fissures avec des ouvertures
mesurables. Une fissure devient visible à l'oeil nu à partir d'une ouverture de
l'ordre de 0,1 mm

L'ouverture d'une fissure de flexion, par exemple, diminue d'un maximum à la face
la plus tendue à zéro au niveau de l'axe neutre dans le cas des pièces fléchies.

L'enrobage est un paramètre important dans l'ouverture et l'espacement des


fissures. Des essais faits par Broms ont montré qu'en général, une augmentation
de l'enrobage augmente l'espacement des fissures et augmente aussi leur
ouverture [32].

Une poutre armée avec des aciers rond-lisses développe peut de fissures mais
avec des ouvertures assez larges, pendant qu'une poutre avec des aciers à haute
adhérence développera plus de fissures avec des ouvertures très fines presque
invisibles sous les charges de service. Ceci est surtout dû aux saillies
(déformations à la surface des barres) qui augmentent la résistance au glissement
acier-béton et donc améliore l'adhérence acier-béton, éliminant ainsi les
possibilités de fissures larges . Le deuxième paramètre lié aux aciers et qui a une
influence importante sur l'ouverture des fissures est leur contrainte . Des études
faites par Gergly et Lutz [47] ont confirmé que l'ouverture d'une fissure est
proportionnelle à la contrainte des aciers, ; cette contrainte pouvant être calculée
en ce basant sur une analyse élastique d'une section fissurée. Dans ce sens, les
travaux de Beeby [48] ont montré que l'ouverture d'une fissure est proportionnelle
à la déformation moyenne au niveau où la fissuration est considérée. Une fissure
est ouverte au maximum à la surface de l'élément et se retraicit en profondeur
jusqu'à un minimum au niveau de l'interface acier- béton, ceci justifie l'hypothèse
de non glissement acier-béton et nous permet de déduire que l'ouverture d'une
fissure est aussi fonction de la distance à la barre la plus proche.

5.2.2. ETAT LIMITE D'OUVERTURE DES FISSURES

Les formes et dimensions de chaque élément de structure, ainsi que les


dispositions des armatures, sont généralement conçues de manière à limiter la
probabilité d'apparition des fissures d'une largeur supérieure à celle qui serait
tolérable en raison du rôle et de la situation de l'ouvrage : aspect des parements,
étanchéité des parois, corrosion.

Les principaux paramètres qui interviennent dans la limitation de l'ouverture des


fissures sont:

- Le pourcentage des armatures tendues

- Les diamètres de celle-ci qu'il faut proportionner aux dimensions transversales


des pièces

- Leur répartition et leur contrainte de traction

- L'espacement entre deux fissures.

- L'éclatement du béton au niveau de la fissure.

- L'adhérence acier-béton.

- La section d'enrobage de béton à travers laquelle est transmise la traction de


l'acier vers

le béton.

5.3. THÉORIE DE LA FISSURATION

5.3.1. APPARITIONS SUCCESSIVES DES FISSURES

Aussitôt après l'apparition de la première fissure, les tractions qui se répartissaient


avant fissuration entre le béton et les armatures sont uniquement transmises par
les barres à travers la fissure.

L'allongement de ces barres par rapport au béton met en jeu les efforts de liaison
et la contrainte de traction du béton, nulle sur les lèvres de la fissure, croit
lorsqu'on s'écarte de celle-ci. La distance à laquelle cette contrainte atteint la
résistance à la traction du béton est la distance minimale à laquelle une nouvelle
fissure peut se former au voisinage de la première.

Si deux fissures se sont formées à une distance inférieure au double de la


distance minimale (voir méthodes d'estimation des ouvertures et de l'espacement
de fissures), la contrainte du béton ne pourra pas atteindre, entre ces deux
fissures, une valeur suffisante pour qu'une autre fissure intermédiaire se produise.

Si la résistance à la traction du béton et la contrainte de rupture d'adhérence


étaient parfaitement définies, l'espacement entre les fissures varierait entre une et
deux fois l'espacement minimal et l'espacement moyen (moyenne des
espacements) serait égal à 1,5 fois ce dernier. L'irrégularité naturelle de ces divers
facteurs augmente la possibilité de variation de l'espacement.

5.3.2. FORMULE D'ESTIMATION DES OUVERTURES ET DE L'ESPACEMENT

DE FISSURES

5.3.2.1. MÉTHODE DE BEEBY

Parmi les formules empiriques, on retrouve celle proposée par Beeby [48] (British
Cément Association) et qui est adoptée actuellement dans les règlements
Britannique et Australien, elle est basée sur l'hypothèse que l'ouverture des
fissures, nulle au niveau de l'armature, n'existe que sur le parement du béton, et
que la largeur des fissures ne dépend que des déformation du béton entourant
l'armature :

(5.1)

Où :

Cmin : enrobage minimum des aciers tendus

h : hauteur totale de la section

x : profondeur de l'axe neutre, calculée en se basant sur les hypothèses d'une


section fissurée

acr = distance à partir du point considéré à la surface de la barre la plus proche

= déformation moyenne au niveau où la fissuration est considérée ; cette


déformation est calculée en tenant compte des effets du fluage

(5.2)

Avec :
: déformation au niveau considéré, calculée à partir des hypothèses d'une
section fissurée

et un module d'élasticité à long-terme (fluage).

: largeur de la section de béton au niveau des armatures

: distance de la face de compression au point considéré pour la fissuration


:
section d'acier.

Une valeur négative de indique que la section est non fissurée.

Il est intéressant de voir ci-dessous les cas particuliers d'application de cette


formule :

?1er cas : directement au dessous d'une barre

La distance acr devient égale à l'enrobage Cmin et l'équation devient :

(5.3)

dans ce cas, on voit comment l'ouverture d'une fissure est directement


proportionnelle à l'enrobage des aciers tendus.

?2ème cas : quand acr est assez grand devant Cmin (Cmin est négligeable devant acr).

L'équation devient :

(5.4)

Pour un élément donné, est maximum à la face la plus tendue ; à cet endroit, si
(h-x) est assez petit,les fissures ont moins de chance de dépasser les limites
permises (0,3 mm pour le BAEL). (h-x) représente approximativement la longeur
de la fissure.

Cette expression explique pourquoi une fissuration excessive se


produit très rarement dans les dalles sous les charges de services ; l'épaisseur
des dalles n'excédant pas en général 200 mm, d'où la faible valeur (h-x)
conduisant à une ouverture de fissure assez réduite.

On constate ainsi, que le cas où la fissure est assez loin d'une barre, son
ouverture est proportionnelle à la longueur de cette fissure, (h-x).

La distance moyenne retenue entre les fissures est : et


5.3.2.2. MÉTHODE DE GERGELY-LUTZ

Cette méthode [47] est adoptée par le règlement Américain ACI, elle s'énonce
comme suit :

(5.5).

Avec :

= ; rapport de la distance entre l'axe neutre et la fibre tendue, et l'axe neutre et


le centre de gravité de l'acier (figure 5.1). En général avoisine 1,2.

: contrainte dans l'acier dû à la charge appliquée.

: épaisseur de l'enrobage de la face de tension au centre de la barre la plus


étroite (mm).

: section de symétrique de béton avec l'acier divisée par le nombre de barre.

Figure 5.1 : géométrie des facteurs de la formule de Gergely-Lutz.

Cette expression a été modifiée par le comité ACI 224, elle a présentée sous la
forme suivante :

(5.6).

Les recommandations du règlement Américain concernant les ouvertures


maximales des fissures sont résumées par le tableau ci-dessous :

Condition d'exposition Ouverture de fissure tolérable


Air sec ou présence de membrane protectrice 0,41mm
Humidité, air humide, sol 0,3mm
Eau de mer, proximité d'eau de mer, cycle ; humide-sec 0,15mm
Structures retenant un liquide 0,1mm
5.3.2.6. MÉTHODE DE LOO-CHOWDHURY

Loo et Chowdhury [38] ont proposé la formule suivante :

(5.14)

Avec :

: l'ouverture de fissure, en (mm)

: la contrainte des aciers.

: module d'élasticité de l'acier.

c : l'enrobage en mm

s : l'espacement des barres d'armature tendue, en mm.

: le diamètre des barres d'armature tendue, en mm..

: le pourcentage des armatures principales.

5.3.2.7. OUVERTURE MAXIMALE DES FISSURES

Dans ce qui précède nous avons donné diverses formules permettant d'estimer
l'ouverture probable moyenne des fissures. Aussi bien les observations sur
ouvrages réels que les mesures effectuées lors d'essais en laboratoire mettent en
évidence la difficulté à caractériser l'ouverture des fissures par une valeur
objective et univoque, tant leur largeur peut varier le long d'une même fissure ou
d'une fissure à l'autre. Ces variations étant dues principalement à la nature
aléatoire du phénomène, les fissures étant plus ou moins continues et plus ou
moins ramifiées, ainsi qu'à la variabilité de la résistance du béton à la traction et de
ses propriétés d'adhérence.

Ainsi, l'ouverture maximale des fissures ou l'ouverture caractéristique associée à


un fractile de 95% (si l'on s'exprime de manière plus rigoureuse) peut être déduite
comme suit à partir de la valeur moyenne :

(5.15)

Où le coefficient multiplicateur est usuellement admis égal à


1,5 [15] et [38]. Certaines recherches et certaines publications indiquent que la
valeur de pourrait varier entre 1,3 et 1,7 selon la nature des sollicitations et les
dimensions de l'élément se fissurant [16].
5.4. FACTEURS D'INFLUENCE PRÉPONDÉRANTS

5.4.1. CAS DE DÉFORMATIONS IMPOSÉES EN PHASE DE FORMATION


DES

FISSURES

L'analyse des figures 5.3 à 5.5 permet de tirer les conclusions suivantes
concernant la fissuration résultant de déformations imposées :

- La fissuration est influencée de manière prépondérante par la quantité


d'armatures

(fig.5.3). En première approximation, l'ouverture des fissures est en moyenne


inversement proportionnelle au pourcentage d'armature ou au pourcentage
effectif ef dans le cas d'éléments de forte épaisseur.

- L'ouverture des fissures est également influencée d'une manière importante par
la répartition de l'armature, c'est-à-dire le choix du diamètre ou de l'espacement
des barres

(fig. 5.4).

- Des conditions d'adhérence adaptées à la position des barres et aux conditions


de mise en oeuvre du béton, éventuellement différentes des valeurs moyennes
admises en général, peuvent jouer un rôle important sur l'ouverture des fissures,
bien qu'en réalité il est très difficile d'en tenir compte pour le dimensionnement (fig.
5.5).

-L'ouverture des fissures n'est influencée que dans une faible mesure,
pratiquement négligeable, par la classe de résistance du béton et, par conséquent,
par la valeur de sa résistance à la traction.

Fig.5.3 : Influences du pourcentage d'armature et de la résistance du béton


sur l'ouverture des

fissures : (a) selon la méthode de Jaccoud ; (b) selon la méthode européenne


du Code
Modèle[45].

Fig.5.4 : Influence de diamètre des barres d'armatures sur l'ouverture des


fissures. [45].

Fig.5.5 : Influence des conditions d'adhérence béton-armature sur


l'ouverture

des fissures [45].

5.4.2. CAS DES CHARGES IMPOSÉES EN PHASE DE FISSURATION


STABILISÉE

La figure 5.6 montre en particulier comment évolue l'ouverture moyenne des


fissures pour différents bétons, lorsque la contrainte dans les aciers en état fissuré
ós2 augmente sous charge imposée. On peut constater à partir de cette fissure que
l'évolution de son ouverture moyenne varie linéairement avec l'augmentation de la
contrainte des aciers. Cependant, cette évolution est plus rapide pour des bétons
de faible résistance.

Le premier segment de faible pente, correspondant à la phase de formation des


fissures, et le second segment de pente plus forte correspondant à la phase de
fissuration stabilisée.
Fig.5.6 : Influence de la résistance du béton et de la contrainte

dans l'armature sur l'ouverture des fissures [45].

6.3.1. RÔLE DE FIBRES

Lorsque la charge appliquée au béton s'approche de la charge de rupture, les


fissures se propagent parfois rapidement en ouverture et en longueur. Les fibres
noyées dans le béton permettent de bloquer le développement de cette fissuration
en la couturant (figures 6.3 et 6.4)
Figure 6.3: Fissuration en BHP sans fibres. Figure 6.4 : Fissuration en BHP
avec ajout des

fibres d'acier (couture d'une fissure) [51].

Les barres d'armature en acier jouent un rôle analogue, car elles agissent comme
des fibres de grande longueur. Les fibres courtes et discontinues ont cependant
l'avantage de se mélanger et de se disperser dans le béton de façon uniforme.

Il existe de nombreuses variétés de fibres métalliques qui se différencient par leur


diamètre, leur section (circulaire, carrée), leur limite élastique, leur longueur et leur
mode d'élaboration. Elles peuvent être rectilignes, ondulées, tronqués ou
présenter des élargissements aux extrémités figure (6.5).

Les fibres munies de crochets à chaque extrémité sont celles qui présentent le
plus d'avantages à cause de leur bonne adhérence mécanique. Elles sont
fabriquées en acier étiré à froid, ayant une résistance à la traction minimale de
1100 MPa. Elles se présentent sous forme de petites plaquettes de fibres (30 à 40
fibres), accolées avec un produit soluble dan l'eau, ce qui facilite leur incorporation
dans le béton et le malaxage. Au contacte de l'eau de gâchage, les fibres se
libèrent aléatoirement dans la masse du béton en reprenant leur élancement
unitaire. On obtient ainsi une meilleure homogénéité du matériau.
Ces fibres travaillent par déformation des crochets qui se redressent lors du
glissement de la fibre dans la matrice, figure (6.6). C'est ce type de fibres qui a été
utilisé dans nos essais, figure (6.7).

Figure 6.5 : Différents types de fibres

Figure 6.6 : La fibre à crochets


Figure 6.7 : Les fibres d'acier utilisées dans nos essais.

6.3.2. AVANTAGES DE FIBRES

Les fibres peuvent remplacer le treillis soudé, afin de maîtriser la fissuration de


retrait, parce que les treillis soudés sont souvent utilisés pour éviter le phénomène
de retrait du béton,

Les fibres retardent la microfissuration et améliorent le comportement post-


fissuration en maintenant les différents blocs de béton. Elles empêchent le retrait
au jeune age et s'opposent au faençage (le faïençage correspond à l'apparition de
nombreuses fissures très fines qui forment un réseau hexagonal ou octogonal). Le
retrait du béton peut être diminué de 35 % ou moins si l'on ajoute 1,5 % de fibres
par volume.

Les fibres améliorent la ductilité du béton durci et à un degré moindre la résistance


à la traction.

Les fibres augmentent la résistance au choc du béton.


Les fibres réduisent le fluage, c'est-à-dire la déformation du béton avec le temps
sous une contrainte constante. Par exemple, le fluage en traction d'un béton
renforcé de fibres d'acier peur représenter seulement 50 à 60 % de celui d'un
béton ordinaire et le fluage en compression, 10 à 20 %.

Parmi les fibres les plus utilisées, nous citons les fibres d'acier, de verre, d'amiante
et de polypropylène (tableau 6.1).

Tableau 6.2 : Propriétés physiques et mécaniques de certaines fibres.

Allongement
Diamètre Module d'élasticité Résistance en traction
Fibre Densité
(ìm) (GPa) (GPa)
de rupture (%)
Acier 5-500 7,8 3-4 200 1-3
Verre 9-15 2,6 2-3,5 80 2-3
Polypropylène 7,5 0,9 20,0 5 0,5
Amiante 0,02-20 2,5-3,4 2,3 200 3

Si le module d'élasticité de la fibre est élevé par rapport au module d'élasticité du


béton, les fibres reprennent une part des charges, augmentant ainsi la résistance à
la traction du matériau. L'augmentation du rapport longueur/ diamètre des fibres
accroît habituellement la résistance à la flexion et la ténacité du béton. Les valeurs
de ces rapports sont généralement comprises entre 40 et 100, des fibres de trop
grande longueur ont tendance à former des oursins dans le mélange, créant ainsi
des problèmes d'ouvrabilité.

En règle générale, les fibres sont éparpillées au hasard dans le béton; toutefois, si
on traite le béton pour que les fibres soient alignées dans la direction des
contraintes en service, on obtient de meilleure résistance en traction et en flexion.
Ce procédé est assez compliqué, néanmoins, il commence à se développer en
utilisant les champs magnétiques.

6.3.3. DIVERSES APPLICATIONS

Les nombreuses innovations de la technologie des bétons renforcés de fibres ont


permis d'étendre considérablement la gamme des applications. Nous nous
intéressons dans ce travail uniquement aux applications pour limiter la fissuration,
particulièrement dans les grandes surface de béton.

Tableau 6.3 : Application de divers renforcements de fibres.

Type de fibre Applications


Panneaux préfabriqués, murs, rideaux, toiture en voile mince de béton, enduit pour
Verre
blocs de béton
Acier Éléments de toiture en béton cellulaire, revêtements de chaussée, tablier de pont,
produits réfractaires, tuyaux en béton, pistes d'atterrissage, réservoirs sous pression,
structures résistantes aux explosions, revêtement de tunnel, coques de bateaux,
structures en BHP
Pieux de fondation, pieux précontraints, panneaux de revêtement, matériaux nylon de
Polypropylène
réparation des routes, parois hydrofuge
Voiles, tuyaux, panneaux, matériaux d'isolation thermique et de protection contre le feu,
Amiante
tuyaux d'égout, plaques de toiture plates et ondulées, revêtements de mur

6.4. PROGRAMME EXPÉRIMENTAL

L'étude expérimentale porte principalement sur la mesure :

- Des ouvertures des fissures dans le béton à l'aide d'un « fissuromètre » (figure
6.8).

- De l'espacement et de longueurs des fissures.

- Des charges de première fissuration et de rupture.

- De la flèche à mi-travée et de son évolution au fur et à mesure que les fissures


se développent et entraînant une perte de rigidité de la poutre.
Figure 6.8 : Fissuromètre

Pour cette campagne d'essais, nous avons réalisé quatre séries de trois poutres
chacune; (12 poutres), et des éprouvettes cubiques de (10x10x10) cm pour
évaluer la résistance à la compression du béton à l'age de l'essai.

· Trois poutres en Béton Ordinaire désigné par BO.

· Trois poutres en Béton Ordinaire avec ajout des Fibres d'aciers désigné par BOF.

· Trois poutres en Béton à Haute Performance désigné par BHP.

· Trois poutres en Béton à Haute Performance avec ajout des Fibres d'aciers
désigné par

BHPF.

Toutes les poutres sont des models réduits qui ont les mêmes dimensions 10 x 15
x 110 cm, chargées par une force concentrée appliquée au milieu (flexion à trois
points).

Le ferraillage de chaque série de poutres est composé de 2T10 dans la zone


tendue et 2T8 dans la zone comprimée et des cadres en Ø 6 espacées de 10 cm
(figure 6.9). Le pourcentage d'armatures principales ñ = 1.05 %.

Cadre 6

100

2 T10

2 T8

2T8

??

??

Cadre 6

2T10

10
15

Figure 6.9 : Ferraillage de la poutre

Les sections doivent être sous- armées pour nous permettre d'observer le
développement et l'évolution des fissures sous chargement jusqu'à la rupture. Ceci
nous permettra aussi d'observer l'évolution de la flèche. Pour cela, il est utile de
définir une section sous-armée

Section sous armée

Une section en béton armé est dite sous-armée lorsque la déformation des
aciers atteint la limite élastique et éventuellement la dépasse avec
l'augmentation du moment fléchissant pendant que la déformation du béton
reste inférieure à la valeur de l'écrasement .

Les aciers s'allongent ( ) et donc le béton se fissure pour une telle section. Une
fois les aciers atteignant la limite élastique , les efforts internes deviennent
constant ( ) mais la capacité de résistance au moment continue a augmentée
par le développement

d'un axe neutre qui déplace vers le haut, d'avantage avec le développement de la
hauteur des fissures.

La rupture aura lieu éventuellement par écrasement, quand les fissures auront
suffisamment évoluées en longueur pour réduire la zone comprimée et donc
atteint .

La rupture d'une section sous armée est caractérisée par une déformation
importante des aciers et donc par une fissuration excessive et importante du béton
tendu et par une grande flèche. La ductilité d'une telle poutre, exprimé par les
déformations importantes, sert de signal pour avertir une rupture imminente. Pour
cette raison, il est préférable de considérer des sections sous armées.

Les règlements recommandent l'utilisation des sections sous-armées pour garantir


un calcul économique et surtout pour éviter le cas de rupture soudaine et fragile
donc de rupture dangereuse.

Se référant au schéma suivant, supposant que simultanément avec

h
b

Figure 6.10 : Section balancée.

Figure 6.10 : Section balancée.

En terme d'équation d'équilibre :

, avec

Pour ,

Pour une section de , on obtient le % limité suivant :

doit être inférieur à : 0,054 x 10 x 12,5 = 6,75 cm2 .

En prend : 2T10 = 1,57 cm2 < 6,75 cm2.

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