DIAGNOSTIC D'une Surdité

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DIAGNOSTIC D’UNE SURDITE

OBJECTIFS

Définir la surdité de transmission

Définir la surdité de perception

Poser le diagnostic positif d’une surdité de transmission et de perception

Décrire cinq principales étiologies d’une surdité de transmission et de


perception

1 GENERALITES
1.1Définition
 Surdité de transmission: se définit comme une baisse de la fonction
auditive liée à un trouble de la transmission sonore du milieu ambiant à
l’organe de perception ou la cochlée. Lésion de l'organe de transmission
(oreille externe ou moyenne)
 Surdité de perception: se définit comme une baisse de la fonction
auditive liée à un trouble de la perception sonore. lésion de l'organe de
transformation du signal et/ou du nerf auditif (oreille interne, nerf auditif)
 Surdité mixte : se définit comme une baisse de la fonction auditive liée à
un trouble de la transmission et la perception sonore.
 Cophose : Atteinte complète de l'audition
 Hypoacousie : Atteinte partielle de l'audition

1.2Intérêt

Epidémiologique : la surdité est un sujet d’actualité, c’est un motif fréquent de


consultation en pratique ORL courante.

Clinique : le diagnostic d’une surdité est clinique et paraclinique.

Diagnostic : la surdité est une urgence diagnostique et thérapeutique chez


l’enfant car elle entraine un retard d’acquisition du langage et un retard
scolaire.
1-3-1 Rappel anatomique

L’oreille est constituée de trois parties : l’oreille externe, l’oreille moyenne et


l’oreille interne.

2. Diagnostic
2.1. Diagnostic positif

Le diagnostic positif repose sur l’interrogatoire, l’examen physique et les


examens paracliniques

2.1.1. Interrogatoire

 Du malade

Identité : nom, prénom, âge, sexe, profession, origine géographique et contact

Antécédents personnels :

Médicaux : en particulier les antécédents otologiques/ Otites récidivantes


Rhinites à répétition, notion d’atopie personnelle, Méningite, HTA, Diabète ?

Traumatiques : traumatismes de l’oreille (gifles, coton tige)


Chirurgicaux : Intervention chirurgicale sur l’oreille, Notion de
barotraumatisme Antécédent de traumatisme crânio-facial
Chez l’enfant : déroulement de la grossesse, prise médicamenteuse, fièvre
maternelle, infection materno fœtale, souffrance fœtale, prématurité, faible
poids de naissance, Apgar bas à la naissance, ventilation assistée prolongée,
anomalies craniofaciales, détection d’un syndrome malformatif associé à la
surdité, ictère. Retard dans l’acquisition du langage, baisse des résultats
scolaires, se trompe dans les commissions.

Antécédents familiaux : consanguinité, Otopathie familiale, surdité familiale,


pathologie génétique

Le mode de vie et habitude du patient : exposition au bruit

Notion de médicaments ototoxiques

 De la maladie

Date de début des signes

Modalités d’installation : brutale ou progressive

Surdité unilatérale ou bilatérale

Degré du handicap social et professionnel, gêne

Signes associés : otalgies, otorrhées, fièvre, déficit neurologique, paralysie


faciale, acouphènes, vertiges, paracousie de willis, autophonie ; sensation de
plénitude d’oreille et des céphalées.
2.1.2. Etat général
Apprécier l’état général et des constantes : température, TA poids, FR, FC
2.1.3. Examen physique
 Examen ORL
PCF : recherche d’une anomalie éventuelle
Examen otologique et vestibulaire :
L’examen est toujours bilatéral pour être comparatif ; il commence par
l’examen de l’oreille saine ou la moins atteinte.
Inspection : du Pavillon (recherche d’une malformation?), méat acoustique
externe (bouchon de cérumen)
Palpation : Région temporale (tuméfaction?), du lobule…
Auscultation : Otoscopie ou oto-microscopie : peut nécessiter un nettoyage du
conduit et va apprécier : le méat acoustique externe : libre? CE? Inflammation?
Masse obstructive?Tympan : aspect, coloration, reliefs osseux, bombé ou
rétracté, perforation? Otorrhée?
Mensurations : pavillon
Recherched’une fistule labyrinthique
Exploration de la perméabilité tubaire
 Manœuvre de Valsalva : souffler énergiquement bouche et narines fermées.
 Manœuvre de Toynbee : déglutir narines et bouche fermées.
 Résultat : tympan mobile ; bruit ressenti dans les oreilles.

 Acoumétrie :
Elle apprécie grossièrement l’acuité auditive en comparant la CA à la CO.
Méthodes variées allant de la voix chuchotée ou au diapason en passant au tic-
tac de la montre.
Nous retiendrons l’examen au diapason. Il permet d’effectuer des épreuves
variées mais deux sont importantes en exploration clinique.
Epreuve de Weber : apprécie la conduction osseuse. Le diapason (512 ou 2048
Hz) vibrant posé sur le front. Le son transmit est normalement perçu dans les
deux oreilles ou au centre du crâne.
Dans la ST, le son est latéralisé du côté atteint ou du côté le plus atteint en cas
de surdité bilatérale.
Dans la SP, le son est latéralisé du côté sain.

Epreuve de Rinne : le pied du diapason vibrant est d’abord posé sur la mastoïde
et lorsque la vibration disparait, on ramène les branches à 2cm en avant du
pore acoustique externe.
Chez le sujet normal, la CA supérieure CO= Rinne est positif. En cas de ST, la CA
est inférieure à la CO, on dit que le Rinne est négatif.
En cas de SP, la CA est égale à la CO, on dit que le Rinne est posif.

 Examen vestibulaire : tests d’équilibre statiques, recherche de nystagmus.

Examen des muqueuses :


 Rhinoscopies antérieure et postérieure, éventuellement complétée par
une Nasofibroscopie à la recherche d’une rhinorrhée, une polypose,
hypertrophie des cornets, déviation septale, une déformation de la
suture ethmoïdovomérienne, végétations adénoïdes
La palpation des points sinusiens de Valleix : douleur ou pas ?
 Examen de la cavité buccale et oropharyngoscopie à la recherche une
anomalie du palais : division vélaire ou vélopalatines, une luette bifide,
apprécie les loges amygdaliennes pour voir s’il n’ya pas une amygdalite
chronique
La laryngoscopie indirecte au miroir laryngé : hypopharynx et larynx
L’examen ORL sera complété par l’examen des autres appareils et
systèmes.

2.2. Bilan paraclinique

2.2.1. Exploration fonctionnelle

 Audiométrie tonale liminaire: c’est une étude de l’audition dans une


ambiance insonorisée (cabine) à l’aide d’appareils étalonnés gradués en
fréquence et intensité.

Cet examen consiste à stimuler chaque oreille par des sons purs de fréquence
et d’intensité variable par voies aérienne et osseuse. Il permet ainsi de
déterminer les seuils subjectifs d’audition et de quantifier la perte auditive
pour chaque oreille.

Résultat de l’ATL en cas surdité de transmission :

 La conduction osseuse est normale


 La conduction aérienne est abaissée
 Ecart entre les deux courbes : le Rinne est ouvert

Résultat de l’ATL en cas surdité de perception :

 La conduction osseuse est abaissée


 La conduction aérienne est abaissée
 Ecart entre les deux courbes : le Rinne est fermé

Résultat de l’ATL en cas surdité mixte :

 La conduction osseuse est abaissée


 La conduction aérienne est abaissée
 Ecart entre les deux courbes : le Rinne est ouvert

Dans la Surdité de Transmission, les deux courbes (CA et CO) sont nettement
séparées: le Rinne ouvert ou négatif avec une CO normale. CO – CA = Négative.

C: SP : CO (abaissée) = CA (abaissée) D: Surdité mixte CO (abaissée) > CA (abaissée)


Classification du déficit auditif :
Les surdités peuvent être classées selon l’importance de la perte auditive en
décibels dB
0 0

10
Audition normale < 20 dB 10

20 20

30 Déficience auditive légère de 21 à 40 30


dB
40 40
Déficience auditive moyenne 1er degré de 41 à 55
50 dB 50

60 60
Déficience auditive moyenne 2ème degré de 56 à 70 dB
70 70
Déficience auditive sévère 1er degré de 71 à 80
80 dB 80
Déficience auditive sévère 2ème degré de 81 à 90
90 dB 90
Déficience auditive profonde 1er degré de 91 à 100
100 dB 100
Déficience auditive profonde 2ème degré de 101 à 110
110 dB 110
Déficience auditive profonde 3ème degré de 111 à119
120 dB 120

Déficience auditive totale - Cophose


130 130

Autres explorations:
 Audiométrie vocale
 Impédancemétrie : l’impédance mesure l'élasticité de la membrane
tympanique altérée dans certaines conditions (otite séreuse,
dysfonctionnement tubaire...). Elle est mesurée par le calcul des
pressions différentielles entre l'oreille moyenne et la pression
atmosphérique).
 L'étude du réflexe stapédien appartient à l'audiométrie tonale
supraliminaire. Elle prend tout son intérêt dans le cadre des surdités de
perception pour distinguer la surdité endocochléaire (réflexe présent) et
rétrocochléaire (réflexe absent).
 PEA, OEA
 Scanner: intérêt en cas de suspicion de tumeur, de cholestéatome,
intérêt pour apprécier les structures anatomiques en préopératoire
 IRM: fondamentale pour le diagnostic du neurinome de l'acoustique
ou d'autres tumeurs de l'angle ponto-cérébelleux.
 Au terme du bilan clinique et paraclinique la surdité de transmission est
confirmée devant :
 Un test de Weber latéralisé du côté de l’oreille malade
 Un test de Rinne négatif
 ATL : courbe osseuse normale tandis que courbe aérienne est abaissée.
 Une diminution ou abolition du reflexe stapédien.

 Surdités de perception est confirmée devant :


- Otoscopie normale, tympanométrie normale.
- Weber latéralisé du côté de l’oreille saine, Rinne positif.
- ATL : courbe de la CO superposée à celle de la CA (accolées ou // à 10dB
près), mais toutes deux abaissées. Rinne audiométrique fermé.

 La surdité mixte est confirmée devant :


ATL : la courbe aérienne ainsi que la courbe osseuse chutent parallèlement à
plus de 10dB (CO abaissée > CA abaissée = Rinne audiométrique ouvert) ou
séparées sur les fréquences graves avec tendance à se réunir sur les fréquences
aigues avec un Rinne audiométrique ouvert sur les graves et fermé sur les
aigues.
2.2. Diagnostic différentiel

 La Surdité psychogène : (simulation, syndrome H)

Le diagnostic repose sur l’incohérence des réponses du sujet à toute épreuve


auditive, mais on ne peut faire un diagnostic différentiel entre simulation
consciente et inconsciente. Les examens neuropsychiatriques deviennent alors
essentiels.

Examen clinique normal, ATL normale, PEA et impédancemétrie normaux.La


répétition de l’ATL donne des résultats discordants.

 Simulation :
- Contexte conflictuel
- Epreuves supraliminaires normales
 Troubles du langage : dyslexie

2.3. Diagnostic étiologique

1. Surdité de transmission
 Atteinte de l’oreille externe
Corps étranger du MAE :

Responsable d’une surdité s’il est obstructif, et se rencontre surtout chez


l’enfant, terrain psychiatrique et l’otoscopie fait le diagnostic,

TTT= son extraction se fait au fauteuil par lavage ou à l’aide de micro-


instruments ou sous AG s’il est enclavé + ATB et des antalgiques.

L’otite externe :
La douleur paroxystique obtenue par la traction du pavillon en arrière ou
la pression sur le tragus en est caractéristique. Elle associe hypoacousie,
otalgie et à l’examen on voit une sténose du conduit, l’apparition d’une
otorrhée. Le traitement fait appel aux antibiotiques, aux antalgiques et
aux anti-inflammatoires, aux antifongiques le cas.
Bouchon de cérumen ou bouchon épidermique

Ce sont des causes les plus fréquentes et banales de surdité de


transmission brutale, survient lorsque l’eau pénètre dans le MAE, le
bouchon gonfle ; obstrue la lumière du MAE et provoque la surdité.
L’otoscopie fait le diagnostic.

TTT= lavage ou aspiration.

Autres causes : malformation congénitale du pavillon et/ou du CAE ;


tumeur de l’OE

 Atteinte de l'oreille moyenne


Otite moyenne aigue :

Inflammation d’origine infectieuse de la muqueuse des cavités de


l’oreille moyenne. L’évolution se fait en 3 stades: stade de
congestion, stade collecté et le stade de perforation en générale
punctiforme dans les quadrants inférieurs

Le traitement passe par une antibiothérapie, antalgique, anti


inflammatoire, la paracentèse à la phase collectée, une
désinfection rhinopharyngée chez l’enfant.

Otite séro-muqueuse

Fréquente avec un tympan dépoli, retracté, infiltré. Des bulles d’air


au sein de l’épanchement peuvent être visibles à travers le tympan

L’audiométrie retrouve une surdité de transmission dont la perte


varie entre 30- 40 dB.

La courbe tympanométrique est aplatie traduisant une diminution


de la compliance du STO

Le traitement de l’OSM fait appel aux corticoïdes,


adénoïdectomie, neurorégulateurs, correction des facteurs de
risque, ATT.

Otite moyenne chronique simple non cholestéatomateuse


Elle est caractérisée par un tympan remanié, épaissi et mat,
parfois inflammatoire, plus ou moins rétracté autour des reliefs
ossiculaires. On recherche une poche de rétraction ou une
perforation tympanique.
Le traitement fait appel à une tympanoplastie après avoir juguler
les phénomènes infectieux et inflammatoires.

Perforation tympanique post-traumatique (gifle, coton


tige, traumatisme cranio-facial, barotraumatisme)

Elle est confirmée à l’otoscopie qui peut objectiver une otorragie.


Elle précise le siège et la taille de la perforation. Cet examen peut
être limité par une otorragie. Une tympanoplastie peut être
nécessaire s’il n’y a pas de cicatrisation.

Autres causes : cholesteatome, otospongiose, fracture du rocher,


fracture de l’os tympanal, malformation de l’OM…

2. Surdité de perception
 Surdité endocochléaire
 surdités brusques : chapitre consacré
- urgence diagnostique thérapeutique
- habituellement unilatérale
- baisse brutale de l’audition sans cause évidente
- surdité isolée ou accompagnée d’acouphènes mais pas de
vertige
- origine virale ou vasculaire
- diagnostic d’élimination
- traitement : corticothérapie, vasodilatateurs et mesures
hygièno diététiques : hospitalisation, repos, éviction du bruit
- A distance, réaliser des PEA pour éliminer un neurinome du
VIII

 traumatismes sonores aigues


- Plusieurs situations peuvent être responsables de
traumatismes acoustiques aigus : musique forte, blasts
(déflagration, armes à feu) et barotraumatismes de plongée.
Ce type de traumatisme sonore entraîne une baisse de
l’acuité auditive, variant d’une simple encoche sur la
fréquence de 4 000 Hz ou 6 000 Hz, unilatérale ou
asymétrique, à la surdité totale. La prise en charge est
assimilée à celle des surdités brusques.

 Presbyacousie
- Atteinte auditive bilatérale, symétrique par vieillissement de
l’oreille interne après 50 ans. Classiquement, le déficit
auditif est isolé, sans acouphènes ni vertiges. Les troubles de
discrimination se traduisent par une atteinte de
l’audiométrie vocale supérieure à ce que laisse prévoir
l’audiométrie tonale.
- Traitement par appareillage si gène sociale importante.
 Surdité d’origine toxique
- Elle est bilatérale, symétrique et définitive : prévention ++++
- Le degré de l’atteinte est variable, pouvant aboutir à une
cophose bilatérale. La présence associée d’acouphènes et
de troubles de l’équilibre est fréquente.
- Les médicaments en causes :
o les antibiotiques de la famille des aminoglycosides
(gentamicine, néomycine, amikacine…);
o les diurétiques de l’anse (furosémide, acide
étacrynique…) ;
o les antimitotiques type cisplatine ;
o les dérivés de la quinine ;
o L’acide acétylsalicylique.
 Autres causes endochochlaires : maladie de ménière, fracture de
l'os temporal, fistule périlymphatique, barotraumatisme, surdité
congénitale , surdité professionnelle

 Surdités rétrocochléaires
 Neurinome de l’acoustique
- Etiologie la plus fréquente des surdités rétrocochléaires
- C’est un schwannome du VIII, tumeur bénigne
- Atteinte unilatérale
- Surdité généralement progressive mais peut être brutale
- L’IRM avec injection de gadolinium est l’examen de
référence pour le diagnostic de neurinome de l’acoustique.
- Traitement : chirurgie
 Autres tumeurs rétrocochléaires : Neurinome du facial,
Méningiome, Cholestéatome du rocher, Gliome : dans
tous les cas, étude morphologique par IRM.

CONCLUSION

La surdité est une préoccupation quotidienne du médecin ORL. Chez l’enfant


c’est une urgence diagnostique et thérapeutique. Le diagnostic est
relativement facile grâce à la clinique, l’acoumétrie et l’audiométrie, mais peut
nécessiter une enquête anamnestique poussée et un bilan radiologique voir
même un acte chirurgical (exploration de caisse).

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