Business 2294
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Business 2294
« Il faut de
l’agilité pour
accompagner Stratégie
Comment composer
sociales » Management
Laurent Treluyer,
DSI et métiers
DSI de la Cnaf
à la table commune
de la digitalisation
Technologie
Comment
les IA génératives
vont transformer
les bases
de connaissances
+6000
participants
+5000
m2 d’animation
+100 É S ,
interventions
NC E R N
O
TOUS C OBILISÉS.
TO U S M
L’ESPACE CHAMPERRET
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éditorial
l’entretien
16 Laurent Treluyer,
DSi de la Cnaf
« Il faut un système
d’information agile
pour accompagner
les réformes sociales »
talents
25 mouvements du mois
26 portrait
Clément Chartaud,
CTO de Leetchi
« Les réussites de l’IT
se voient particulièrement
bien dans une start-up »
27 ressources
28 décryptage
Le travail en mode hybride
s’ancre durablement
enquêtes
38 Les IA génératives
vont transfomer
le knowledge dossier opinions
management
42 Quelle stratégie
52 DSI et métiers 68 Informatique spatiale : quand
à la table commune le monde réel fusionne avec
adopter face la réalité virtuelle antoine
à la balkanisation de la digitalisation Gourévitch et martin Barthel
du cloud ? 56 Les directions financières
attendent toujours parole de DSI
radar 58
plus de leur DSi
maturité numérique : la DRH 69 Un peu plus près du terrain
47 En France on n’a pas de doit transformer l’essai Thomas Chejfec
pétrole mais on veut des ia 60 Le juridique, parent pauvre
48 start-up de la transformation numérique 70 libre antenne
62 DSi et marketing unis
48 Tracklab
49 Mindflow pour l’expérience client
50 Five Nines 63 La « Com » apprend
à fonctionner avec la DSi
51 r&d 64 La R&D main dans la main avec Abonnez-vous
51 Une informatique moins la DSi, au nom de l’innovation simplement
énergivore grâce à des en scannant
tourbillons magnétiques 66 agenda ce code QR
franceapi.fr
tendances express
QUaNTiQUE
800
C’est le facteur de
gain sur les erreurs
rencontrées par ses
systèmes quantiques
à base d’ions piégés
que leur constructeur
Quantinuum a atteint avec
le concours de microsoft.
Leur technique a consisté à
agréger 30 qubits physiques
pour constituer 4 qubits
logiques qui ont démontré
une fiabilité largement
accrue. Si la technique est
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tendances analyses
Des coûts
de développement
et des délais réduits…
D’autre part, les LLM rendent
le développement d’un
chatbot bien plus rapide
et moins coûteux, car ils
ne nécessitent pas de longues
phases d’identification des
intentions et d’apprentissage.
« On les crée en quelques
jours au lieu de plusieurs
mois », annonce ainsi
Sarah Martineau, CEO
d’Ideta, éditeur d’une suite
multicanale et multi-IA
de chatbots et callbots.
De plus, les réponses
s’avèrent plus pertinentes,
plus personnalisées et ne
se limitent pas au scope de
l’entreprise. « Notre chatbot
répond à des questions qui
concernent la réglementation
L
’IA générative, ce encore en termes de séries de petites questions dont les réponses sont puisées
n’est pas un buzz fiabilité, de contrôle, de coût revenant à leur faire remplir à l’extérieur », indique Flavien
comme on en a vu et de performances. Les des formulaires. « L’IA Douetteau, cofondateur
d’autres ces dernières témoignages de nombreuses générative va nous permettre d’Ublo, éditeur d’un outil
années, c’est une révolution », entreprises ont permis de repenser le dialogue, qui de gestion locative. Enfin,
a déclaré Damien Nuyttens, d’esquisser les solutions. se réduira à deux ou trois les IA génératives permettent
directeur expérience clients Le premier domaine grosses questions. Quand il une personnalisation
et opérations chez Edenred d’application des LLM manquera des informations, accrue de la relation, que
France, pour lancer l’une concerne sans surprise les l’IA les demandera », explique ce soit avec un chatbot,
des conférences plénières chatbots et autres voicebots,
du salon All4customer. qui n’ont déjà plus grand-
Dédié à la relation client chose à voir avec leurs Grégoire Perret,
sous toutes ses formes, ancêtres basés sur des DSI hooost
cet événement qui prend algorithmes classiques
« Quand on a découvert
le relais du salon Stratégie de traitement du langage
Clients, a confirmé naturel. Stelliant, cabinet
ChatGPT, on y a vu le
l’explosion des usages d’expertise spécialisé dans moyen d’étendre le
des IA génératives basés l’assurance, avait renoncé périmètre des réponses
sur les LLM. Il a aussi à déployer des agents de notre chatbot Léonard
ébauché les réponses aux conversationnels car ils à toutes nos FAQ et autres
questions qu’ils posent auraient posé aux clients des documentations. »
L
a référence à français, offreurs comme encore plus sombres pour les fournisseurs au motif
une souveraineté utilisateurs. Ils considéraient l’Europe du numérique ? » que leurs exigences ne
numérique était comme acquis le fait que les Le point d’interrogation seraient pas conformes au
explicite dans mécanismes de protection est sans doute de trop, car droit européen. Comment
les versions antérieures contre les lois d’extra- ce concept de souveraineté comprendre autrement
de l’EUCS (European territorialité – en particulier numérique n’est absolument la secrétaire d’État au
Cybersecurity Certification américaines –, tels que pas partagé sur le continent. Numérique Marina Ferrari
Scheme for Cloud Services). définis dans la dernière Et ce n’est pas parce que la quand elle dit vouloir
Y figuraient par exemple des version 3.2 du référentiel France a plusieurs fois voulu « obtenir un point de sortie
exigences d’ordre juridique français SecNumCloud ramener ce thème sur le garantissant soit l’inscription
sur la composition du capital porté par l’Anssi, seraient devant des discussions, que d’une clause d’immunité
du provider, qui devait être transposés dans EUCS. cet avis fait école. dans le schéma EUCS, soit
à majorité européenne. Plusieurs d’entre eux sont Alors certes, une lettre (…) la possibilité d’additionner
Elle disparaît désormais, donc montés au créneau, ouverte de protestation de manière juridiquement
même dans la classification à commencer par Guillaume contre cette version d’EUCS fiable et solide une clause
la plus élevée. C’est la Poupard, ex-directeur de a été publiée par 18 sociétés d’immunité au niveau
consécration d’une approche l’Anssi et désormais DGA dont Airbus, OVHCloud, national en sus du schéma
exclusivement technique, de Docapost dont la filiale Orange, Capgemini, Sopra EUCS du niveau le plus élevé,
portée par de nombreux NumSpot se veut un acteur Steria, Dassault Systèmes et au niveau européen. » Nous
pays comme les Pays- clé du cloud souverain à la même l’opérateur allemand saurons bientôt si les meubles
Bas ou l’Allemagne, et les française, s’appuyant en cela Deutsche Telekom. Certes – et les apparences – sont
recommandations de l’Enisa. sur SecNumCloud. Il a publié le Cigref est aussi monté au sauvés alors que les élections
C’est un véritable coup une tribune sur LinkedIn créneau. Mais en réalité, le européennes approchent à
de massue pour les acteurs intitulée « Vers des jours pessimisme est de mise chez grands pas. FRANÇOIS JEANNE
L’Enisa se réfère strictement Je pense que les ministères C’en est donc fini de la
à des critères techniques en charge de la sûreté de souveraineté numérique
pour définir les niveaux l’État ou de la Défense à la française ?
de certification, y compris pourront continuer d’avoir
le plus élevé. Ce faisant, ce type d’exigences dans Non pas du tout. mais il va
elle affirme en quelque sorte leurs appels d’offres. mais falloir que les entreprises et
que la politique n’a rien à l’État ne pourra plus imposer EUCS, il sera difficile de les leurs DSi soient ambitieuses
voir dans l’affaire. Or, parler sa vision de la souveraineté attaquer. Et par exemple, lors de la rédaction de leurs
de souveraineté numérique numérique à certaines l’actuelle plainte déposée contrats, en exigeant des
comme le font beaucoup les entreprises privées. Si contre le Health Data Hub protections que n’offriront
dirigeants français, c’est avoir ces dernières décident de par des acteurs français du pas les hyperscalers en
une vision politique. mais les travailler avec un hyperscaler cloud, au motif qu’il a décidé standard. Ce sera difficile,
autres pays n’en veulent pas. américain estampillé de mettre les données mais pas impossible.
P
roposé par la Commission le relatif à l’Enisa (Agence de l’Union euro- 90 % de l’écosystème,
18 avril 2023, ce texte vient en péenne pour la cybersécurité) et à la certi- alors que les GAFAM captent
réponse aux États membres qui, fication de cybersécurité des technologies l’essentiel du marché.
dès 2022, avaient réclamé des de l’information et des communications,
mesures aux fins d’améliorer la résistance couramment nommé « Cybersecurity Act » #IA
de l’UE face à l’augmentation significative ou « CSA », entré en vigueur le 27 juin 2019.
du nombre d’attaques et de menaces pour Cette réglementation traite particuliè- Le 13 mars 2024, le
les environnements numériques natio- rement des fournisseurs de services de Parlement a voté l’adoption
naux. Il s’appuie notamment sur la straté- sécurité gérés en externe pour de nom- de la législation sur
gie de cybersécurité de l’UE et celle pour breux secteurs d’activités. Or ces acteurs l’intelligence artificielle dite IA
l’union de la sécurité, présentées dès 2020. sont la cible d’attaques afin d’accéder aux Act, à laquelle était consacré
L’accord prévoit trois grandes mesures. environnements sensibles de leurs clients. notre article du mois de
Premièrement, un système européen L’amendement envisagé prévoit qu’ils janvier. Pour rappel, ce
d’alerte sera mis en place. Il utilisera, entre pourront s’adresser à des systèmes euro- texte établit des obligations
autres technologies, l’intelligence arti- péens de certification, qui permettront par de documentation,
ficielle pour détecter les cybermenaces la suite d’établir un cadre pour la désigna- d’information et de
et incidents en temps réel. Ce système tion des fournisseurs de confiance prévus prévention, en particulier
prendra la forme de centres d’opérations pour la réserve de cybersécurité. pour l’utilisation des
de sécurité (SOC) nationaux et transfron- À cet égard, une Académie des compé- algorithmes classés « à haut
taliers répartis dans les différents pays de tences en matière de cybersécurité propo- risque », parmi lesquels
l’UE, avec lesquels les entreprises seront sée par la Commission devrait voir le jour les systèmes d’IA pour le
amenées à coopérer en tant que de besoin. sous la forme d’une plateforme en ligne en recrutement de candidats.
Deuxièmement, un mécanisme d’ur- vue d’assurer un pôle de main d’œuvre de Le règlement n’entrera
gence face à des incidents importants professionnels qualifiés dans la cybersé- néanmoins pleinement
et majeurs prévoit de faire intervenir les curité en Europe. Les acteurs privés seront en vigueur qu’en 2026.
acteurs privés. Ainsi d’une part, des tests invités à contribuer aux côtés des entités
de préparation et de détection des vul- publiques, dans une optique de coordina- #RGPD
nérabilités seront réalisés dans les entre- tion de l’enseignement et du financement
prises opérant dans des secteurs jugés entre les établissements universitaires, de Un arrêt important a été
critiques tels que la santé, l’énergie et la formation et les entreprises de sécurité. rendu par la CJUE le 14
finance. D’autre part, une « réserve de À la suite de cet accord politique, il reste mars dernier sur le droit à
cybersécurité » impliquera l’intervention au Parlement européen et au Conseil à don- l’effacement. Saisie par les
de prestataires de confiance fournissant ner leur approbation formelle, avant que le juridictions hongroises d’une
des services de réponse aux incidents et texte soit publié et entre en vigueur. n question en interprétation
prêts à intervenir à la demande de tout du RGPD, la Cour retient
organe national ou européen, voire d’en- que les autorités de contrôle
tités d’États tiers associés au programme. nationales, en France la Cnil,
Troisièmement, un mécanisme d’exa-
Helena peuvent ordonner d’office
men a posteriori permettra d’améliorer les Gavrilov, l’effacement de données
systèmes face aux incidents majeurs ren- PRD avocats personnelles ayant fait
contrés. l’objet d’un traitement illicite,
Le texte proposé par la Commission et sans qu’une demande de la
le Parlement européens vise également la personne concernée n’ait à
modification du Règlement (UE) 2019/881 être présentée au préalable.
Il faut un système
d’information agile
pour accompagner
les réformes sociales
Vous avez été nommé DSI de la Cnaf le 1er paie à distance et absorber le flux des appels au
septembre dernier. Docteur en médecine, SAMU, qui ont été multipliés par dix, en montant
vous avez fait l’essentiel de votre parcours de nouveaux plateaux téléphoniques. Pour ren-
professionnel à la tête de DSI du secteur de forcer le maintien à domicile, l’AP-HP a développé
la santé. En quoi cette double compétence Covidom, une application qui permettait aux
vous a servi dans vos différentes fonctions ? patients porteurs ou suspectés du Covid-19 sans
signe de gravité de bénéficier d’un suivi à distance.
Dans les années 90, médecin installé, j’ai travaillé J’ai aussi dirigé le projet Sidep qui permettait
aux Urgences médicales de Paris. Amené à gérer un d’envoyer les résultats des tests sur le mobile des
groupe de praticiens, j’ai commencé à m’intéresser patients. Développé en cinq semaines en mode
à l’organisation des services médicaux. J’ai passé agile pour être opérationnel au moment du décon-
un master de management médical à l’ESCP puis, finement, le 11 mai 2020, le dispositif concernait
à partir de 2000, j’ai rejoint les sociétés de conseil quelque 4 400 laboratoires d’analyses, puis a été
Deloitte et IBM. Les processus hospitaliers étant étendu aux pharmacies.
de plus en plus numérisés, j’ai abordé le système Je ne suis pas geek. Je n’ai jamais fait de l’infor-
d’information sous cet angle organisationnel. En matique pour l’informatique. Le numérique doit
montant en compétences sur la partie technique être mis au service des praticiens, d’une organisa-
et architecture, j’ai appris le métier de DSI. tion. En rejoignant la Cnaf en septembre dernier, je
J’ai commencé dans ce rôle à Gustave Roussy, le fais un pas de côté dans mon parcours, en alliant
plus gros centre européen de lutte contre le can- les dimensions santé et sociale, mais toujours au
cer. J’ai vécu les problématiques d’une « petite » sein du secteur public.
DSI d’une quarantaine de personnes, très orientée
sur le soin et la recherche clinique. Chargé de mis- Comment est organisée la DSI de la Cnaf ?
sion au ministère de la Santé, je m’initie ensuite à
la politique publique de santé en travaillant sur le Par rapport à mes expériences précédentes, je
développement de la télémédecine ou de systèmes change véritablement de métier à la Cnaf. Alors
d’information dédiés à la radiologie. que je gérais jusqu’à présent des contrats avec des
À l’Agence Régionale de Santé (ARS) Île-de- éditeurs de logiciels, je gère aujourd’hui des déve-
France, j’ai décliné les mêmes thématiques mais à loppements spécifiques. La Cnaf a en effet la par-
un niveau régional, sous l’autorité de Claude Évin. ticularité de développer ses produits logiciels. Elle
En 2015, je suis devenu DSI de l’AP-HP. Il s’agit cette est la seule à exercer ce métier qui consiste à ver-
fois d’une DSI de plus grande envergure. J’interviens ser des prestations financières aux bénéficiaires
sur de grands programmes comme la mise en place des allocations familiales, de l’APL ou du RSA, ou
d’un dossier patient informatisé commun aux 39 encore l’allocation aux adultes handicapés (AAH).
hôpitaux, ou la constitution du plus important Tout l’enjeu consiste à faire en sorte que ces allo-
entrepôt européen de données de santé. cations – une trentaine au total – soient versées au
Lors de la crise sanitaire, il a fallu produire la « juste droit et dans les délais attendus ».
à partir des informations dont la sphère publique coup de traitements en mode batch, opérationnels
dispose déjà. On pourra réaliser des campagnes pendant la nuit.
proactives en leur indiquant « d’après vos revenus,
vous pouvez bénéficier du RSA ou de la Prime d’ac- Le schéma directeur porte aussi sur une évolution
tivité ». Cela vise aussi à faciliter les démarches des de l’environnement de travail des agents dans les
bénéficiaires actuels. Les règles de droit sont assez Caf. Quelles sont les améliorations envisagées ?
complexes et des erreurs sont possibles lors de la
déclaration. L’agent en Caf doit aujourd’hui passer d’une fenêtre
Un intérimaire a, par exemple, des revenus très à une autre pour avoir une vue d’ensemble du dos-
fluctuants d’un mois sur l’autre. Associé à la mise sier d’un allocataire. Nous déployons actuellement
en place du montant net social sur tous les bul- un outil qui lui permettra d’avoir cette vision à 360°
letins de paie des usagers depuis janvier 2024, le sur l’intégralité des allocations. Une personne en
pré-remplissage des déclarations en ligne des usa- situation de handicap peut, par exemple, perce-
gers à compter de 2025 simplifiera la démarche et voir une aide au logement et des allocations fami-
la justesse des déclarations. liales. L’agent visualisera l’ensemble des courriers
Un autre chantier porte sur la réforme de France envoyés, l’historique des interactions avec l’alloca-
Travail. La loi sur le plein emploi prévoit que tout taire. Cela lui permettra de lui dire où en est préci-
bénéficiaire du RSA sera automatiquement inscrit à sément l’état d’avancement de son dossier.
France Travail afin de favoriser son retour vers l’em- Le ministère de la Fonction publique a récem-
ploi. D’autres annonces ont été faites récemment ment communiqué sur les expérimentations en
sur la petite enfance ou les dispositifs d’accompa- cours autour de l’IA générative. L’IA peut amélio-
gnement à la parentalité. Autant de réformes qui rer l’information apportée aux usagers et réduire
imposent de nouvelles règles de gestion et donc des le temps de réponse. Il faut pour cela cadrer les
changements des systèmes d’information. usages et s’assurer que le recours à l’IA n’entraîne
Un volet du schéma directeur porte sur l’évo- pas des réponses « incorrectes ».
lution de nos SI afin de les rendre plus efficients, Les modèles d’IA doivent être entraînés et ali-
agiles et performants. Nous nous appuyons sur des mentés par un ensemble de données connues
frameworks pour ne pas avoir à redévelopper par et fiables. Et la transparence doit s’opérer à tous
nous-mêmes des outils disponibles sur le marché. les stades, au niveau de la donnée, du moteur, du
Pour autant, nous ne pouvons nous affranchir de rendu. Il faut à tout prix éviter l’effet boîte noire.
l’existant et de notre dette technique. Une charte éthique est, par ailleurs, en cours d’éla-
Si tout le front-office est développé en nouvelles boration.
technologies web, ce n’est pas encore le cas du La Cnaf s’adresse à une partie de la population
back-office. Une partie de notre patrimoine infor- française particulièrement en difficulté. Nous
mationnel est basé sur du Cobol. Il s’agit aussi de devons mettre en place tous les garde-fous pos-
tendre vers l’événementiel et un traitement de l’in- sibles pour éviter les biais discriminatoires. L’IA
formation au fil de l’eau. La Cnaf fait encore beau- générative ne doit pas non plus accentuer la frac-
101
atteindre 84 ou 85 %. L’effort de simplification a distance pendant la crise sanitaire.
aussi ses limites. Certains formulaires restent À partir de là, la Cnaf réfléchit depuis deux à
compliqués car la demande qu’ils traitent est com- trois ans aux prochaines étapes de sa stratégie de
plexe. Nous travaillons à toutes les étapes du par- « move to cloud ». Un recours plus intense au cloud caisses
cours de l’allocataire pour lui faciliter la vie. Il s’agit peut nous faire gagner en agilité et en souplesse, en et 3 000 points
aussi de lui proposer une alternative systématique complémentarité de nos deux datacenters exis- d’accueil
au numérique en passant par un plateau télépho- tants. Nous irons sans précipitation, mais sans Plus d’un milliard
nique ou un accueil physique. Nos caisses d’alloca- peur non plus. Dans le stade actuel de réflexion, il de visites sur
tions familiales sont dotées de PC en libre-service s’agit de savoir quelles ressources sont éligibles et le site caf.fr
et des agents sont disponibles pour aider les allo- quelle architecture technique retenir. La montée
cataires qui le souhaitent à saisir leurs déclarations
en ligne.
en puissance dans le cloud doit être bien maîtri-
sée. Elle introduit de nouveaux métiers au sein de 800
Chaque nouveau projet est pensé multica- la DSI et, avec le paiement à l’usage, change aussi
collaborateurs
nal « by design ». Les bénéficiaires d’allocations les équilibres budgétaires. C’est une autre façon de
familiales ont accès aux aides quels que soient le consommer l’informatique.
à la DSI, répartis
sur 11 sites
canal utilisé et leur agilité numérique. Le taux de La question de la protection des données sen-
dématérialisation dépend du profil de l’allocataire
type. Les démarches sur les aides au logement,
qui concernent beaucoup les étudiants, sont ainsi
sibles dans le cloud n’est, quant à elle, pas propre
à la fonction publique ; elle concerne tout autant
les entreprises privées. Au-delà de la doctrine du
760 M€
dématérialisées à près de 90 %. cloud au centre, nous faisons un travail de veille Budget
Pour autant, la fracture numérique ne se double réglementaire pour anticiper de nouvelles exi- du schéma
pas nécessairement d’une fracture génération- gences comme la directive européenne NIS 2. directeur
nelle. Certains seniors ont une appétence plus Membre du conseil d’administration du Cigref, je des systèmes
forte au numérique que bien des jeunes. Au regard coanime avec Vincent Niebel, DSI d’EDF, le groupe d’information
des aides que nous versons pour les familles ou la de travail dédié aux données sensibles. (période 2023-2027)
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talents
L
e monde de l’entreprise, il le découvre pôle nearshore de développeurs en Europe de techniques
lors d’un stage chez Air France en 2007. l’Est. Il apprend aussi à connaître le monde des
J’ai besoin de comprendre
Il y comprend aussi que ce ne sont ni investisseurs et des tours de table.
comment fonctionne
la physique ni la chimie – thèmes du Mais elow met la clé sous la porte, et se pose
les systèmes dans leur
DUT qu’il suit alors – qui le passionnent, mais la question d’une destination qui corresponde
entièreté, sur toute la
bien l’informatique. Une réorientation rapide encore mieux à ses aspirations. « Je voulais
chaîne de valeur. C’est
et passionnante plus tard, voilà Clément retourner dans le monde du B to C, si possible
une des raisons qui m’ont
Chartaud titulaire d’une licence Pro CMSII. une marque connue pour laquelle je sois fier
poussé à travailler sur des
Son premier emploi l’amène dans une filiale de travailler. » Ce sera Leetchi.com, le spécia-
plateformes internet et sur
des 3 Suisses, créée en mode start-up pour liste de la cagnotte en ligne. Plus tout à fait une
du fullstack dès mes débuts.
concurrencer les pure players du e-commerce. start-up, puisqu’elle a plus de dix ans, mais
« J’ai besoin de bien comprendre les processus avec une taille de 60 personnes qui permet Des rencontres
dans leur ensemble. Chez 2xmoinscher.com, de préserver ce sens de la réussite collective marquantes
j’ai pu découvrir le métier de développeur qu’il recherche. « Je suis arrivé comme
J’ai toujours pu compter
fullstack qui répondait à cette attente », se CTO en plein projet de découpage du
sur de véritables mentors,
rappelle-t-il. SI historique, qui avait évolué pour
à la fois sur le plan technique
Il enchaîne dans le tourisme, chez le supporter deux activités, celle de
et sur le plan managérial,
spécialiste du voyage Marmara qui veut Leetchi.com et celle de sa société
ou pour comprendre les
se doter d’une plateforme B to C. La PME sœur Mangopay, spécialiste du
ressorts de la croissance des
est rachetée l’année suivante par le géant paiement en ligne. » Ses prédé-
entreprises où je travaillais.
du secteur TUI. « La période qui a suivi a cesseurs ayant échoué, il reprend
été très formatrice pour moi. Comme le le dossier en misant sur les équipes Un projet qui
groupe a procédé à des acquisitions régu- internes. « Nous sommes aujourd’hui
lièrement, il y a eu plusieurs fusions de SI une quinzaine, un quart des
vous a marqué
à mener, jusqu’à la constitution d’une effectifs. Autant dire que nos La façon dont nous avons
plateforme groupe globale. » réussites ou nos échecs se mené à bien la refonte du
En 2019, le gros du travail voient bien », sourit-il. SI qui supportait jusqu’ici
est achevé et les perspec- Un constat qui vaut les activités de Leetchi.com
tives à la fois techniques et pour la plupart des et de Mangopay, spécialiste
managériales ne sont plus si start-up. Et dans la du paiement en ligne.
attrayantes. Il rejoint alors sienne, peut-être, dans Un gros challenge humain
une « vraie » start-up. Chez le futur ? « Pourquoi pas, et technique, qui nous
elow, il continue sa pro- mais je ne me lancerai que permet de repartir
gression dans un rôle sur un projet qui me tient à aujourd’hui sur des bases
de co-CTO avec la res- cœur et qui correspond à saines et pérennes.
ponsabilité de mon- mes valeurs. »
ter puis de gérer un FRANÇOIS JEANNE
Un livre que vous
avez apprécié
récemment
Ma vie sans gravité
PaRCOURS de Thomas Pesquet.
Je trouve son parcours
Depuis 2021 2009-2012 FORmaTiON très inspirant, notamment
CTO de Leetchi.com Développeur fullstack Licence Pro CmSii (2009), dans l’opiniâtreté qu’il a
2019 -2021 pour 2xmoinscher.com complétée par un master en pu montrer pour réaliser
CTO adjoint d’elow (Groupe 3 Suisses) informatique, développement un rêve immense, et se
2012- 2019 Lead dev En 2008 d’applications et retrouver un jour dans
fullstack puis directeur Stage de développeur sécurité (2021), obtenus ce rôle de commandant
du développement chez airbus Helicopters à l’Université de Reims de la station spatiale
de l’architecture pour En 2007 Stage d’analyste Champagne-ardenne.
internationale.
le groupe TUi. chez air France
EmPLOi
FORmaTiON LiVRE
P
lus de quatre ans après le des sondés peuvent choisir les jours déçoivent quelque peu
premier confinement et la télé-travaillés et ceux en présentiel. En termes d’environnement de tra-
généralisation du télétravail, vail, le domicile reste le lieu idéal pour
comment la collaboration Des managers qui s’en servent la majorité des répondants que ce soit
à distance a-t-elle infusé dans nos pour attirer les talents en termes d’efficacité, de créativité ou
entreprises ? Pour le savoir, le cabi- L’accueil est encore plus favorable de concentration. Pour renforcer son
net de conseil Julhiet Sterwen a ques- côté managers. Seuls 4 % des cadres attractivité, le bureau doit jouer sur
tionné, lors de son enquête annuelle interrogés estiment que le travail à sa dimension sociale (47 % des répon-
menée avec l’Ifop, un échantillon distance a un impact négatif sur leur dants) mais aussi – surprise – sur un
représentatif de quelque mille sala- propre productivité et plus de la moi- matériel mieux adapté (39 %). Un cri-
riés sur les changements intervenus tié (53 %) fait de l’hybridation un critère tère en hausse de huit points en un an.
en termes d’organisation, de manage- déterminant pour attirer les talents. La question de l’outillage est d’ail-
ment ou d’environnement de travail. Cette statistique va à l’encontre d’un leurs cruciale. Si 82 % des collabora-
Ce baromètre de la « phygital work- discours ambiant qui plaiderait pour teurs se déclarent équipés de solu-
place » consacre l’implémentation un retour progressif au bureau. tions collaboratives et 87 % indiquent
jugée « réussie » du modèle hybride. Il y a toutefois des revers à la avoir été accompagnés lors de la prise
84 % des répondants, soit onze points médaille. Ainsi, l’hybridation s’ac- en main, les résultats ne sont pas tou-
de plus en un an, constatent son compagne d’une surcharge électro- jours au rendez-vous. Par exemple,
35 % des répondants ne voient pas de
gain de productivité.
En termes d’environnement de travail, le domicile Pour Julhiet Sterwen, cette dispa-
reste le lieu idéal pour la majorité des répondants rité entre la disponibilité des outils et
leur efficacité perçue met en lumière
un défi majeur : optimiser le potentiel
impact positif sur leur vie en termes nique. 45 % des collaborateurs voient des solutions de travail collaboratif.
d’équilibre vie privée / vie profession- leur nombre de mails augmenter et L’arrivée de l’IA générative renforce
nelle. Pour 54 % des collaborateurs, plus de la moitié (52 %) estime que la encore cette nécessaire adoption.
il leur permet d’aménager plus faci- fréquence accrue des réunions, per- 40 % des répondants affirment déjà
lement leurs journées. Cette flexibi- mise par la visioconférence, impacte disposer d’outils d’IA, mais seuls 18 %
lité a toutefois des limites. Seuls 14 % leur productivité. Face à ces dérives, y voient une utilité quotidienne. n
I
l ne faut pas mettre la charrue des clients, d’autres auto-gérés, se sou-
avant les bœufs. » Bruno Catteau, vient-il. L’avantage c’est qu’on peut aller
le DSI de Lucca, prévient ceux de crescendo avec ces outils, par exemple en
ses confrères qui seraient ten- utilisant des robots pour systématiser la
tés par l’aventure du bug bounty pour démarche. À chaque problème détecté, on
valider la résistance de leurs solutions. corrige et on recommence. »
« Nous n’avons eu recours aux services de Le niveau de sécurité monte alors
YesWeHack qu’à l’issue d’un processus de progressivement puisque, comme le
renforcement de la sécurité de nos solu- rappelle le DSI, « les hackers rentrent par
tions. Le bug bounty, c’est le sommet de la le point le plus facile à attaquer, comme
pyramide, pas sa base. » dans une maison où ils vont essayer la
Créé au début des années 2000, Lucca fenêtre si la porte est blindée. » L’exercice
a d’abord proposé ses logiciels en mode se poursuit avec un épisode plus long,
on-premise, ce qui laissait de fait ses mené sur trois semaines par un spécia-
clients responsables de la protection des liste en chair et en os. De nouvelles failles
données qu’ils manipulaient. Le déve- apparaissent. Mais avec le temps et la
loppement d’une offre en mode SaaS a multiplication des campagnes, elles se
changé la donne. « En tant qu’hébergeur raréfient. « Est arrivé le moment où nous
de données, nous sommes désormais en ne trouvions plus rien. C’est là que nous difficultés à les traiter rapidement. » La
première ligne ». Le cloud provider retenu avons fait appel au bug bounty. » bonne stratégie consiste ensuite à élargir
par l’éditeur est certes tenu de sécuriser ce périmètre en fonction de la capacité
les accès à ses machines virtuelles ou à Des primes à verser de traitement des failles remontées.
son gestionnaire de ressources, mais en cas d’attaque réussie
c’est bien Lucca qui doit éviter les intru- C’était en 2023 et, une nouvelle fois, le Un exercice grisant ?
sions qui passeraient par ses applica- DSI procède avec méthode. « Il faut bien Bruno Catteau le reconnaît volontiers,
tions web. comprendre le fonctionnement de ce ser- l’exercice est un peu grisant pour des res-
vice, sinon la facture peut vite s’envoler. ponsables de la cybersécurité, car il per-
L’éditeur responsable Au début, on ne sait vraiment pas où on met de mesurer la qualité de la stratégie
des données en mode SaaS va et ce que les hackers vont trouver », pré- mise en place. Mais il faut garder la tête
L’éditeur va alors faire monter en puis- vient-il. Le principe est désormais bien froide et s’organiser pour corriger rapide-
sance une équipe cyber. Quelques connu : les hackers regroupés au sein ment les failles trouvées. Il faut aussi les
années plus tard, l’obtention de la cer- d’une plateforme communautaire – ici exclure du périmètre des attaques des
tification ISO 27001 vient couronner YesWeHack – sont rémunérés à la faille autres hackers qui, de toutes façons, ne
cette première étape. Celle-ci repose trouvée, avec une échelle de primes qui seront pas rémunérés puisqu’elles ont
sur une analyse globale des risques à varient selon leur criticité, de 50 à 2 000 € déjà fait l’objet d’une rétribution pour
traiter et une liste de réponses à leur dans le cas de Lucca. En amont, il est ceux qui les ont découvertes. Sur ce point,
apporter. Parmi celles-ci, Bruno Catteau important de bien définir le périmètre l’apport de la plateforme, qui encaisse
et son collaborateur en charge de la d’action des hackers, en choisissant tout de même la moitié des primes, est
sécurité informatique choisissent rapi- notamment les types d’attaques à tester. essentielle selon le responsable de Lucca.
dement de mettre en œuvre des pen- « Sinon, on risque d’être submergé par le « YesWeHack se charge notamment d’ar-
tests. « Certains étaient commandés par nombre de failles trouvées et d’avoir des bitrer lorsque plusieurs hackers arrivent
en même temps ou presque sur le même
problème. La plateforme dispose de la
chronologie des opérations et peut donc
La correction doit se déclencher rapidement et désigner le bénéficiaire de la prime sans
aboutir en moins de 48h pour les failles critiques que nous ayons à intervenir. »
40 K€
veauté. Un forum est ainsi disponible intègre non seulement la correction des
pour échanger plus directement avec la failles trouvées, mais aussi l’analyse des
communauté de hackers. Lorsque, fina- logs récents. Ceux-ci constituent alors la
lement, une attaque est validée, la cor- preuve que la porte d’entrée ne laisse plus de budget
rection doit se déclencher rapidement et passer d’intrus. Par ailleurs, les pentests (primes aux hackers
aboutir en moins de 48h pour les failles qui continuent de se dérouler, notam- découvreurs de faille)
critiques, selon les bonnes pratiques de ment à la demande de certains clients,
l’ISO 27001. Cela impose aux équipes voire de certains prospects, montrent
produits de s’organiser pour pouvoir les des progrès sensibles et continus.
traiter de façon prioritaire. Aujourd’hui, les 140 collaborateurs de
la DSI sont totalement impliqués dans la L’ENTREPRiSE
150 failles détectées, recherche de la sécurité maximale, grâce
dont deux critiques notamment à la mise en place d’une Activité
En un an de bug bounty, 150 failles ont méthode DevSecOps depuis plusieurs Édition de logiciels
été révélées, dont deux critiques. Le années. « C’est vrai que nous voyons un Effectif
montant total des primes versées a peu le risque partout et dès les développe-
630 collaborateurs
atteint 40 000 €. Une somme que l’on ments. Mais en matière de sécurité, c’est
peut qualifier de modique au vu de la bien connu, il vaut mieux être parano », CA
sérénité apportée ? « Il n’y a pas de débats conclut Bruno Catteau. FRANÇOIS JEANNE 42,5 m€ (2023)
L
e 5 septembre 2023, Veolia lançait Techniquement, et même si les utilisa-
son ChatGPT interne à destina- teurs peuvent échanger sur le chat Veolia
tion de ses 213 000 collaborateurs. avec GPT 3.5 et GPT 4 en langage natu-
Baptisé Secure GPT, ce chatbot rel comme ils auraient pu le faire avec
livré en express visait à offrir une solution ChatGPT, toutes les requêtes sont en fait
maîtrisée aux collaborateurs du groupe traitées par une solution open source qui
pour que ceux-ci n’utilisent pas des ser- assure l’orchestration de ces demandes
vices grand public en courant le risque de et l’interrogation du LLM. Fouad Maach,
divulguer des données confidentielles. Ce à la tête de l’architecture et de l’indus-
fut aussi un galop d’essai pour les équipes trialisation chez Veolia Group IS&T, livre
de Veolia Group IS&T qui ont pu monter quelques détails sur la plateforme tech-
en compétences sur cette technologie et nique mise en œuvre dans le cadre de ce
se préparer à créer des applications d’IA projet : « Pour la première version de l’ap-
générative pour les opérations. plication, nous nous sommes appuyés sur
Au moment de son ouverture, l’inter- le framework d’orchestration LangChain
face web proposait trois premiers ser- qui vient ajouter une couche d’abstraction
vices : un chat conversationnel « géné- entre le front, la couche d’orchestration et
raliste » comparable à ChatGPT ; un les LLM que l’on va consommer. Ce choix mité permet d’extraire les documents per-
service de RAG (Retrieval automated nous a permis de nous plugger par la suite tinents. Enfin, la partie “prompt template”
generation) baptisé Q&A PDF qui per- à plusieurs d’entre eux et d’orchestrer tous vise à spécifier dans quel format la réponse
met une recherche sur des documents les échanges. Ce sont quelques paramètres va être délivrée. »
Veolia ; enfin, un service de traduction à modifier. » Veolia utilise Azure OpenAI Les architectes ont choisi d’exploi-
en 95 langues proposé aux collaborateurs sur une instance privée, une architec- ter Chroma DB et LangChain sur une
pour que ceux-ci ne soient plus tentés de ture qui donne accès à GPT 3.5 et à GPT 4. architecture conteneurisée et portée par
faire des couper/coller de leurs textes sur « Enfin, pour le service Q&A PDF, nous Google Cloud Run. Cela permet à l’utilisa-
Google Traduction et autres Deepl, avec avons choisi la base vectorielle Chroma teur d’interroger les LLM de son choix avec
des fuites potentielles. DB », ajoute Fouad Maach. son jeu de données avant que ce dernier
Ce service de RAG Q&A PDF offre ainsi soit détruit en fin de session. « Ces don-
Une première version développée la capacité à tout collaborateur Veolia nées ne sont pas stockées et les questions
en trois mois seulement d’interroger les documents qu’il sou- et les réponses ne sont pas loggées. Nous
Il n’aura fallu que trois mois pour en arri- haite, qu’il s’agisse de documents publics avons souhaité garantir leur non-persis-
ver là. Après avoir mené une réflexion sur ou internes et dans un contexte sécurisé. tance et empêcher leur traçabilité car il
les usages internes de l’IA générative au L’objectif est d’étendre les connaissances peut s’agir de documents confidentiels. »
sein de Veolia lors du premier semestre, du LLM sans devoir le ré-entraîner avec L’application en elle-même est hébergée
son déploiement a été lancé en mai. ces données. « Plutôt que de faire une sur Google Cloud Platform, mais sollicite
L’application a été développée en juin/ recherche par mots-clés, cette recherche des LLM exécutés sur Azure OpenAI et
juillet, puis ouverte en août auprès de 200 sémantique s’appuie sur la proximité des sur Amazon Bedrock grâce à LangChain
collaborateurs pour la phase de test. Le vecteurs de la question posée et ceux des qui porte le workflow depuis le prompt
5 septembre, elle était accessible auprès documents stockés sous forme vectorielle, rédigé par l’utilisateur.
de tous les collaborateurs de Veolia. explique le spécialiste. Ce calcul de proxi-
Une architecture qui a résisté
à la montée à l’échelle
« Cette architecture permettra à tous les
Ce chatbot livré en express visait à offrir une collaborateurs d’interroger directement
solution maîtrisée aux collaborateurs du groupe des bases de données de type juridique,
Groupe V33
repeint sa logistique
aux couleurs de l’omnicanalité
Le fabricant de peintures et de produits pour bois s’est doté
avec Reflex d’un nouveau logiciel de gestion d’entrepôt.
Destiné à faciliter le développement de son activité
e-commerce, il lui a aussi permis de gagner en productivité.
A
uparavant, quand la direction logistique est celle d’un prestataire, un
commerciale nous présentait WMS répondant au besoin était déjà en
un nouveau cahier des charges, place et l’est resté.
nous étions toujours inquiets
de savoir dans quelle mesure nous allions Combiner standards et respect
pouvoir répondre et dans quel délai », des réglementations locales
confie Frédéric Dubois, le responsable Pour déployer Reflex, une analyse fonc-
logistique du fabricant de peintures et de tionnelle a d’abord été menée afin de
produits pour bois Groupe V33. De fait, créer un « core model » qui harmonise les
assurée via un WMS en place depuis une processus de distribution omnicanale
quinzaine d’années, la gestion des stocks entre les différents entrepôts et facilite,
et des commandes reposait à 80 % sur ensuite, la mise en place du WMS. « Pour
des développements spécifiques, ce qui ne pas retomber dans les mêmes travers
rendait compliquées les évolutions, voire qu’avec la solution précédente, nous nous
les limitait. En 2019, quand l’industriel se sommes efforcés de rester sur les proces-
fixe comme objectif de développer son sus standard de Reflex, quitte à revoir ce
activité e-commerce, il devient même que nous avions envisagé, explique le
impossible d’adapter ses flux logistiques responsable. À chaque fois, c’était d’ail-
pour intégrer ce nouveau canal de dis- leurs un défi pour analyser ce que nous Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la
tribution, le conduisant à se mettre en perdrions à opter pour un processus Croatie et la Hongrie. Quant à l’entrepôt
quête d’une nouvelle solution, tandis standards plutôt que pour la solution anglais, qui gère 600 références et traite
que la décision est également prise de se optimale que nous avions imaginée », 30 commandes par jour sur la Grande-
doter de SAP pour la partie administra- souligne-t-il. Bretagne et l’Irlande, il a basculé en 2023.
tion des ventes. Il a néanmoins aussi fallu tenir
Après avoir soumis un cahier des compte des spécificités des différents Prendre du temps
charges à trois fournisseurs, Groupe V33 entrepôts, comme celles liées à la légis- pour la formation
retient finalement Reflex, le logiciel de lation en vigueur dans chaque pays Pour accompagner ce déploiement,
gestion d’entrepôt d’Hardis Group. « Il concerné. L’analyse fonctionnelle a donc une équipe d’utilisateurs clés, créée
répondait à 98 % à nos besoins en termes été réalisée en écoutant et en associant pour l’occasion, s’est chargée de la for-
de flux, indique Frédéric Dubois. De plus, les différentes plateformes logistiques. mation du personnel des entrepôts fran-
sa roadmap sur cinq à sept ans corres- « Impliquer leurs responsables d’entre- çais. Frédéric Dubois, en tant que chef de
pondait bien, aussi, à la direction que pôt, d’exploitation et chefs d’équipe était projet métier, s’occupera ultérieurement
nous souhaitions nous-mêmes prendre », indispensable pour valider la direction de la Pologne et de l’Angleterre. « Nous
précise-t-il. prise. Depuis le siège social, on ne sait pas avons décidé de prendre notre temps
Le groupe dispose de trois marques tout », remarque Frédéric Dubois. pour la formation, indique ce dernier.
grand public (V33, Libéron et Hypnotik) Le déploiement s’est lui effectué en L’objectif était d’avoir dès le lancement de
et deux destinées aux professionnels trois temps, en commençant par les la solution un niveau d’efficience de 80 %,
(Cecil Professionnel et Plastor), soit près deux entrepôts situés en France, en donc très élevé, plutôt que redescendre à
de 15 000 références distribuées dans 2021. Ils gèrent environ 600 commandes 30 % et devoir remonter progressivement.
une trentaine de pays via les enseignes et 20 000 lignes par jour. Ils approvi- Il nous aura ainsi fallu moins de huit
de bricolage et autres distributeurs, ou sionnent les trois autres dépôts et livrent, jours pour retrouver la même produc-
directement aux artisans et particuliers. entre autres, les clients français, suisses, tivité avec le WMS qu’avec l’ancien sys-
Le réseau logistique s’appuie sur cinq belges, espagnols, portugais ainsi qu’une tème », se souvient-il.
entrepôts : deux en France, les autres en partie des Italiens. La filiale polonaise a Outre sa connexion à SAP pour les pro-
Pologne, en Grande-Bretagne et en Italie. suivi en 2022. Elle gère 1 200 références cessus de réception de produits et de
Dans ce dernier pays, où la plateforme et 100 commandes par jour, livrant la commandes, le WMS est couplé à un
5
module assurant la gestion des matières logistique. La performance s’est aussi plateformes
dangereuses, proposé également par améliorée pour les commandes en gros logistiques
Hardis Group. Environ 30 % du volume volumes, chacune pouvant aujourd’hui en Europe
de commandes traitées est, en effet, sou- être répartie sur plusieurs opérateurs.
mis à différentes réglementations qui les
régissent strictement. Reflex est égale-
ment connecté à Exlabel, la solution de
Une préparation de plusieurs tonnes de
produits qui aurait pris auparavant deux
jours peut dorénavant être réalisée en
15 000
gestion des étiquettes et des documents quatre heures.
références produits
de transport de l’éditeur TDI Group.
Suez IWS élargit le rôle par l’ERP, mais les factures peuvent être
affichées sur l’extranet. »
E
n 2013, alors que les chantiers Ippon Technologies est alors sélec- des documents réglementaires, le por-
de désamiantage se multiplient tionné après appel d’offre et se met à tail s’est progressivement transformé et
en France, Suez IWS décide de l’œuvre pour répondre à ce premier porte désormais les processus métiers.
lancer un portail pour simpli- besoin. Le socle technique de cet extra- Toute l’application a finalement été bas-
fier la tâche des entreprises qui doivent net repose sur le portail open source culée dans le cloud Microsoft Azure
se débarrasser de ces déchets dange- Liferay, avec des développements menés en 2023 dans le cadre de la stratégie
reux. Spécialisée dans le recyclage et la en Java pour le volet back-office et move-to-cloud de Suez. Cette migration
valorisation de ce type de déchets, IWS JQuery pour le frontal. a demandé beaucoup de travail de pré-
(Industrial Waste Specialities) lance un paration, mais s’est effectuée sans ani-
projet d’extranet pour dématérialiser les Onze modules développés croche : « Elle s’est déroulée en temps, en
documents obligatoires associés à ces en complément heure et dans les budgets, ce qui mérite
manipulations très codifiées. « Il s’agis- Depuis, l’extranet n’a cessé d’évoluer d’être souligné », ajoute la DSI.
sait de dématérialiser le volet administra- et compte désormais onze modules. Le travail continue avec Ippon
tif du processus avec une saisie en ligne « Chaque année, nous travaillons avec Technologies sur les futurs modules. En
des fiches d’identification de déchets et Ippon Technologies afin d’en développer 2024, l’extranet devra aussi se mettre en
des bons pour leur suivi », explique Abigaïl un nouveau. L’objectif est de proposer un conformité avec la future réglementa-
Rochard, DSI depuis peu chez Suez IWS. accès à cette plateforme à tous les clients tion NIS 2. ALAIN CLAPAUD
L’ENTREPRiSE
Abigaïl Rochard,
directrice des systèmes d’information de Suez IWS Activité
« Chaque année, nous travaillons avec Recyclage et valorisation
Ippon Technologies afin de développer des déchets dangereux
un nouveau module. L’objectif est de Effectif
proposer un accès à cette plateforme 800 collaborateurs environ
à tous les clients de Suez IWS. » CA (2022)
213,4 m€
Les IA génératives
vont transformer
le knowledge 2 Aide à la gestion
du cycle de vie
management Knowledge
manager
À
usage interne ou des-
tinées aux clients, les
bases de connaissances
regroupent des infor-
Les six points d’impact
mations sur les produits, services des IA génératives
et processus de l’entreprise. Elles sur les bases de connaissance
prennent la forme de collections
d’articles aux contenus potentiel-
lement riches, créés et mis à jour
selon des processus essentielle-
ment manuels à partir de multi-
ples sources. Ces articles sont pré-
sentés aux utilisateurs internes génératives vont avoir un impact Assister voire
ou aux clients via une naviga- profond sur toutes les étapes du automatiser la rédaction
tion arborescente, un moteur de cycle de vie de ces bases. Dans Mais avant d’en arriver là, plu-
recherche ou un chatbot. Cette l’hypothèse la plus radicale, sieurs étapes auront été fran-
description n’a guère changé celles-ci pourraient même pure- chies. Tout d’abord, une IA géné-
depuis plus de dix ans. Mais les IA ment et simplement disparaître. rative permet dès aujourd’hui
Base de connaissances 4
articles plus synthétiques,
moins pédagogiques (car lus Génération
seulement par les ia) de réponses
synthétiques et adaptées
5 au contexte
3
Utilisateur
Interrogation (client ou
plus performante que collaborateur)
les moteurs classiques
SVP solutions engineering EMEA vent déceptifs. « Les IA génératives encore le média (chat, site e-com-
chez Salesforce, tout en spécifiant apportent d’emblée une meilleure merce, e-mail, voix…). Elle module
qu’une supervision humaine reste connaissance et compréhension alors le ton et le style de la réponse,
nécessaire. À terme, les IA généra- du monde et du contexte, tout en sa longueur, le niveau de détails ou
tives pourraient même suggérer traitant des formulations alam- les termes (plus ou moins tech-
la création de nouveaux articles biquées », explique Pierre-Eric niques). « Une IA générative sait
– voire les créer – en analysant Marchandet. Finalement, elles se par exemple très bien vulgariser
des données externes à l’entre- montrent plus fiables pour identi- un document technique », affirme
prise. « Ce pourrait être le cas par fier les intentions et donc, dans le Killian Vermersch.
exemple lorsqu’une nouvelle règle- cas d’une base de connaissances,
mentation émerge », cite Pierre- pour aiguiller vers les bons Vers la fin des bases
Eric Marchandet. articles. De surcroît, cette effica- de connaissances
cité est conservée sur des volumes traditionnelles…
Une alternative aux de données très importants. Au-delà de la gestion des ques-
moteurs de recherche tions et des réponses, les IA
Depuis les années 2000, la Des réponses plus génératives pourraient menacer
recherche dans les bases de pertinentes et contextuelles l’existence même des bases de
connaissances repose au pire sur Les IA génératives font bien mieux connaissances, du moins dans
de simples mots-clés, au mieux qu’orienter l’utilisateur vers une leur forme actuelle. Un LLM
sur des algorithmes syntaxiques et liste d’articles. Elles peuvent en serait alors entraîné en mode fine
sémantiques ou sur des IA prédic- effet construire une réponse tuning sur les multiples docu-
tives à base de deep learning. Dans ciblée et synthétique, notamment ments et sources de données à
ce dernier cas, il faut fournir un grâce à leur capacité à identifier partir desquels étaient jusqu’alors
corpus d’exemples énorme pour les superpositions entre articles. manuellement rédigés les articles.
identifier des intentions. Et mal- « Au lieu d’afficher une liste de dix Dès lors, ceux-ci représente-
gré cela, les moteurs de recherche articles, l’IA n’en sélectionne que raient une étape intermédiaire
et autres chatbots restent sou- deux qu’elle agrège et résume », superflue. Ainsi, selon Patrick
donne en exemple Pierre-Eric Séguéla, président de Synapse
Marchandet. L’IA peut en outre Développement, « il serait théori-
Les IA auront un effet adapter la réponse au contexte, quement possible de se contenter
comme l’âge et le profil de l’utili- de vérifier les documents sources
d’amplification des bonnes sateur (technicien, marketing…), sans avoir besoin de les agréger
comme des mauvaises pratiques son niveau d’expertise, le pays ou dans des collections d’articles qui
Quelle stratégie
adopter face
à la balkanisation
du cloud ?
À
l’heure où le cloud Cartographie mondiale
triomphe et devient la
plateforme vers laquelle
de la protection des données
toutes les entreprises
tendent, jamais nous n’avons été 5%
aussi éloignés de la vision des Législation 15 %
années 2010, celle d’un cloud glo- Législation à l’étude
bal où les entreprises pourraient 9%
Pas de législation
héberger 100 % de leurs données 71 %
Pas de données
et de leurs applications. Les révé-
lations d’Edward Snowden sur
le programme d’écoutes Prism
et les règles d’extraterritoria-
lité contenues dans le Cloud Act l’on ajoute à cela les spécificités de TAD (United Nations Conference
américain, notamment, ont clai- certains marchés, la Chine conti- on Trade and Development)
rement démontré qu’il n’est pas nentale par exemple, la vision montrent que 137 des 194 pays
possible d’accorder sa confiance à anglo-saxonne du cloud « one size membres de l’institution dis-
un GAFAM pour stocker les don- fits all » a clairement volé en éclats. posent maintenant d’une législa-
nées les plus confidentielles. Si Les chiffres avancés par l’UNC- tion sur la protection et la confi-
dentialité des données. L’Europe
est particulièrement en pointe
dans ce domaine, comme l’ex-
plique Tony Baudot, avocat senior
manager chez Deloitte Legal : « Le
Didier Descombes, paysage réglementaire est très
responsable de l’activité cloud complexe. Depuis des années,
transformation chez Deloitte les États légifèrent sur l’héberge-
« Nous sommes persuadés qu’il ne faut pas ment des données, qu’elles soient
opposer sécurité et croissance, contrôle personnelles, industrielles, médi-
et innovation. Un cloud de confiance cales... pour répondre aux risques
adaptable va aider l’entreprise à faire de la opérationnels, légaux et sécuri-
croissance, mais de manière responsable. » taires. » En France, l’Anssi a publié
son référentiel SecNumcloud 3.2
et il n’existe pas de référentiel propres besoins et à ses propres Jamais nous n’avons été aussi
commun européen. Le C5 alle- risques. »
mand et l’ENS espagnol sont en éloignés de la vision des années
effet considérés comme beaucoup Des risques de 2010, celle d’un cloud global
plus permissifs que le référen- différentes natures
tiel français qui, contrairement à Les entreprises s’exposent à un
ses voisins, n’est pas ouvert aux risque légal en cas de non-confor- de move-to-cloud qui est équili-
clouds « made in USA ». « L’agenda mité de leurs infrastructures, brée. Pour les données qui ne sont
de transformation des entreprises mais aussi de transfert de don- pas sensibles, c’est-à-dire classi-
n’est pas synchronisé avec les nou- nées non toléré par le Cloud Act. fiées C1 (usage interne) et dans cer-
velles exigences réglementaires. La À cela s’ajoutent les risques cyber, tains cas C2 (diffusion restreinte),
vision de Deloitte est de prioriser voire ceux de réputation. On se nous pouvons aller dans le cloud
la transformation cloud. Il faut souvient du mini-scandale des public. Ces données peuvent en
y aller étape par étape, avec une données des centrales nucléaires effet faire l’objet d’échanges inter-
approche guidée par les risques. stockées par EDF chez AWS, donc nationaux et être hébergées en
Alors que les nouvelles réglemen- sur des infrastructures non qua- dehors de l’Europe. En revanche,
tations européennes telles que lifiées SecNumcloud. Martine pour des données sensibles, il est
NIS 2 et DORA arrivent, il faut Gouriet, directrice des usages hors de question que nous allions
que chaque entreprise adapte sa numériques chez EDF explique ce dans un cloud public, et en par-
transformation par rapport à ses choix : « Nous avons une stratégie ticulier chez un hébergeur amé-
de la réglementation du cloud par les risques : « Le seul moyen de conjointes avec des experts de la
sans rogner sur ses promesses concilier toutes ces contraintes est conformité, des architectes cloud,
(innovation, performance, agilité) de raisonner par une analyse des des experts de la data et d’autres
nécessite d’avoir une approche risques dès la phase d’étude d’op- en cybersécurité.
stratégique. « Certaines entreprises portunité de ces projets complexes. De son côté, Deloitte a travaillé
internationales ont mis en place Il faut définir à quel besoin on veut sur un framework pour mesurer
des centres d’excellence cloud répondre et quels sont les risques la maturité de l’entreprise ou de
visant à concevoir les standards assujettis à ce besoin : la dépen- l’entité publique vis-à-vis de cette
d’architecture et à accompagner dance technologique à un acteur, notion de cloud de confiance.
leurs entités internationales dans la conformité, etc. » Dès lors, Didier Descombes détaille cette
la mise en œuvre et le contrôle opé- l’entreprise va prendre ses déci- approche : « Ce framework porte
rationnel de leurs clouds (super- sions afin de mitiger les risques sur quatre dimensions et un fil
vision des contrôles de sécurité, en fonction de sa stratégie et des conducteur, la sécurité. Le pre-
gestion financière, gestion de risques résiduels qu’elle va juger mier axe porte sur les opéra-
l’empreinte carbone…). Ce sont ces acceptables. « Cela pourra l’ame- tions. Nous analysons les écosys-
mêmes centres d’excellence qui ner à aller sur un cloud souverain, tèmes et modes de gouvernance,
sont aujourd’hui impliqués dans ou chez un hyperscaler, mais alors tant le cloud constitue souvent
les projets de mise en œuvre de avec une série de contraintes de le backbone de la transforma-
l’IA générative pour un passage à sécurité spécifiques. Elle aura aussi tion digitale. Il y a des flux dyna-
l’échelle… » la possibilité d’opter pour une miques, des interactions en temps
Pour Benoît Micaud, à la tête approche hybride alliant ces deux réel et il faut évaluer les risques
du conseil en cybersécurité chez types d’acteurs. » Pour assister les induits par chaque interaction. »
Devoteam Cyber Trust France, DSI dans leur choix, la société Le deuxième point, la donnée,
il est indispensable de raisonner de conseil mise sur des équipes est celui par lequel les entreprises
Cet appel fait suite à l’AAP sur l’application pratique économiques. Les solutions
« Communs numériques et l’intégration de l’IA dans devront s’intégrer aisément dans
pour l’intelligence artificielle l’ensemble des secteurs les outils et processus existants,
générative », clôturé le 24 économiques. en démontrant une amélioration
octobre 2023, qui se concentrait L’objectif est d’inciter les acteurs tangible des méthodes de travail
sur le développement de à proposer des projets qui grâce à l’IA générative. On n’en
briques technologiques tirent parti d’une IA générative attendait pas moins.
pour stimuler l’innovation. pour répondre à des besoins Les projets sélectionnés
Piloté par le secrétariat général spécifiques centrés sur des cas bénéficieront d’un soutien
Thierry pour l’investissement pour d’usage précis, soit dans un financier sous forme de
Derouet le compte du Premier ministre secteur vertical, soit en tant subventions et d’avances
Directeur et mis en œuvre par l’Agence que fonction transversale dans remboursables, avec une
de la rédaction de la transition écologique l’entreprise. allocation favorisant la recherche
(Ademe), l’Agence nationale Une attention particulière, nous industrielle et le développement
de la recherche (ANR), la Banque dit-on, sera portée à la capacité expérimental. Les candidats sont
publique d’investissement qu’auront ces projets de permettre invités à soumettre leur dossier
(Bpifrance) et la Caisse des la réplicabilité technologique, avant le 2 juillet. Le cahier des
dépôts et consignations, ce facilitant ainsi le partage de charges est notamment disponible
nouveau programme se focalise solutions entre différents acteurs sur le site de Bpifrance. n
E
La solution n agroalimentaire, les nelles, Fadel Bennani a eu l’idée de des bases complémentaires sont
regroupe entreprises doivent s’assu- lancer un « réseau de conformité » en cours, pour enrichir toujours
les exigences rer que leurs fournisseurs à destination de l’écosystème pro- plus la plateforme qui référence
pour les et les produits achetés sont fessionnel de l’agroalimentaire. actuellement environ 10 000
acheteurs conformes aux exigences atten- « Dans un monde où les marchés fournisseurs à travers le monde.
et vérifie,
dues, par rapport à leur cahier deviennent de plus en plus exi- Comment ? Par des recherches
à partir des
informations des charges, mais aussi en termes geants, et où les chaînes d’appro- complémentaires, des recoupe-
transmises de qualité, de réglementation, visionnement sont fréquemment ments, ainsi que l’intégration de
ou collectées, de responsabilité sociétale, etc. rompues (guerre en Ukraine, technologies d’IA chargées de
qu’elles Qu’il s’agisse des distributeurs pandémie de Covid, événements gérer la qualité des données : for-
sont bien ou des industriels qui les appro- climatiques, etc.), il me semblait mat, structure, exactitude, fraî-
respectées visionnent, ces entreprises sont crucial et urgent d’instaurer de la cheur, etc. Du côté des clients,
par les donc amenées à collecter et à trai- confiance au cœur de la relation Tracklab revendique aujourd’hui
fournisseurs. ter de multiples données (certifi- client-fournisseur », explique-t-il. une trentaine de références, en
cations, fiches techniques, attes- Proposée par sa start-up Tracklab, France pour les deux tiers et dans
tations, analyses de laboratoire, cofondée en 2022 avec Nicolas cinq autres pays : Belgique, Pays-
informations de sécurité, labels, Henry, cette plateforme à voca- Bas, Italie, Espagne, États-Unis.
etc.), pour ensuite les partager sur tion mondiale met à disposition Fadel Bennani espère multiplier
le marché, en toute transparence. des acheteurs, chez les distribu- ce nombre par trois cette année,
Pour cela, la plupart utilisent des teurs et les industriels, un large et dépasser le million voire appro-
processus manuels. Seulement, éventail de données provenant cher les deux millions d’euros de
du fait du grand nombre de four- de diverses sources : bases de chiffre d’affaires en 2025.
nisseurs et d’organismes tiers, données administratives ou spé- THIERRY PARISOT
T
Exemple rois ans après sa création, Palo Alto Cortex, poursuit-il. Mais développement de la prochaine
d’orchestration la start-up Mindflow leur réponse n’était pas suffisam- évolution de l’IA générative : les
d’agents IA vient de boucler une pre- ment performante ni adaptée aux Large Action Models (LAM). « En
autonomes mière levée de fonds, de grandes organisations. » plus de comprendre des objectifs
pour l’analyse 5 M€, qu’elle considère comme Pour décharger les équipes humains complexes exprimés en
d’un incident de
une étape clé dans son ambition techniques des tâches répétitives, langage naturel, ces modèles per-
cybersécurité.
de révolutionner les tâches IT auxquelles elles consacreraient un mettront de construire des agents
grâce à l’automatisation et à l’IA. tiers de leur temps, la plateforme d’IA autonomes, capables d’exé-
Son objectif : soulager les équipes de Mindflow met en œuvre des cuter des tâches spécifiques, sous
techniques en charge notamment technologies d’automatisation et supervision humaine, pour une
des questions de cybersécurité, d’IA, en connexion avec les outils délégation presque complète et une
dans un marché confronté à une utilisés par leurs membres. Cette efficacité opérationnelle décuplée »,
pénurie de talents, à une multi- combinaison permet d’analyser explique Paul-Arthur Jonville. Sur
plication des outils et à une aug- chaque événement pour suggérer cette base, Mindflow espère dou-
mentation des incidents. « Sur ou réaliser automatiquement les bler son activité sur les douze pro-
les quelques centaines ou milliers actions correctives nécessaires. chains mois, en étoffant les projets
d’alertes que reçoivent chaque « Grâce à l’approche no-code, qui actuels et en décrochant de nou-
année les grandes entreprises, envi- ne nécessite aucune compétence en veaux clients, pour atteindre les
ron la moitié ne sont pas traitées, codage, nous sommes aujourd’hui 2 M€ de chiffre d’affaires en 2025.
faute de ressources disponibles », capables d’intégrer environ 600 THIERRY PARISOT
E
Guard9s a n 2019, Five Nines est flots de données sur des analystes chissement. L’analyse peut ensuite
été présenté créée pour répondre aux qui doivent traiter des monceaux la compléter avec des informations
aux RSSI lors besoins de sécurisation de tickets par jour… de qualification de l’incident, de tri,
des Assises du cloud. L’ESN se mue et relatives à la résolution de l’inci-
de la sécurité rapidement en MSSP en proposant Un SOAR lancé en 2022 dent. Enfin, le rapport d’incident est
2023. Ce SOAR des services managés à ses clients, Lorsqu’il rejoint Five Nines en envoyé automatiquement au client.
est proposé
comme la mise en œuvre d’EDR, 2022, il convainc le CEO de lancer L’autre grand intérêt du SOAR est de
aux clients
de NDR et de MDR, en s’appuyant le développement d’un orchestra- réaliser une remédiation à l’échelle
des offres de
services MSSP sur un SOC de nouvelle généra- teur de type SOAR (Security de manière programmatique. Si un
de Five Nines, tion. Le point commun à tous ces Orchestration, Automation and ransomware frappe un poste, on
ainsi qu’aux services ? La priorité donnée à l’au- Response). « Nous sommes par- pousse le hash du fichier infecté sur
entreprises tomatisation et à l’orchestration tis d’une posture assez simple : 40 000 postes automatiquement. »
intéressées de ces processus de sécurité. « Le appliquer à la cybersécurité les Charles Amr Ibrahim estime que,
seulement constat était assez simple, explique principes de l’informatique de pro- outre sa simplicité d’usage et ses
par le logiciel. aujourd’hui Charles Amr Ibrahim, duction qui permettent d’atteindre capacités d’automatisation, le
son CTO. Les équipes opération- 99,999 % de disponibilité. Nous SOAR peut aussi être la source de
nelles cyber ont beaucoup de mal allions entrer en concurrence avec métriques permettant aux RSSI de
à interagir avec les multiples outils des éditeurs comme Palo Alto ou justifier des ROI auprès des DSI et
de sécurité. Cela leur demande Splunk, c’était un peu ambitieux, des dirigeants, un enjeu particu-
énormément de temps de gérer mais ce projet était à visée interne lièrement important dans le cadre
de multiples interfaces. » Pour le au début. » Tous les workflows des projets de cybersécurité.
responsable, l’efficience n’est pas opérationnels de la soixantaine ALAIN CLAPAUD
F
ace à la consommation d’éner- lon magnétique », décrit Olivier Boulle, 1 000 fois plus faible qu’avec un ordi-
gie croissante des ordinateurs, chercheur au laboratoire Spintec de nateur actuel », complète-t-il. En effet,
notamment depuis que l’on Grenoble (CEA, CNRS, UGA, G-INP). l’utilisation des skyrmions pourraient
entraîne des modèles basés Or ces anomalies magnétiques sont mettre fin à la nécessité d’avoir une
sur des réseaux de neurones artificiels, remarquablement stables, ce qui fait architecture séparée entre mémoire
des chercheurs réfléchissent à d’autres d’elles des candidates pour stocker de et processeur, entraînant un gain en
manières de stocker et traiter l’infor- l’information dans le temps. Pour le performance ainsi qu’une meilleure
mation. Dans leur viseur, les skyr- codage, l’absence de skyrmions consti- efficacité. Ce qui pourrait intéresser un
mions constituent des candidats pro- tue un 0, sa présence un 1. panel d’applications où des apprentis-
metteurs. Deux publications ont fait Les skyrmions ont plusieurs atouts. sages locaux à faible consommation
état d’avancées importantes permet- Ils sont suffisamment petits (entre 10 électrique sont recherchés : dans les
tant de les utiliser comme dispositif de nanomètres et 1 micron de diamètre) objets connectés (comme les disposi-
mémoire : des scientifiques viennent pour permettre une densité d’infor- tifs de santé), les dispositifs embarqués
de montrer que les skyrmions peuvent mation importante, proche et poten- ou le spatial.
être lus et créés électriquement, ainsi tiellement meilleure que celle per- Cependant, ces applications ne sont
que déplacés à une vitesse suffisante mise par les technologies actuelles. Et en mesure d’utiliser les skyrmions
pour les rendre exploitables dans un « en 2015, nous avons montré qu’il était dans leur état de développement
traitement numérique. possible de les stabiliser à température actuel. Il reste à réaliser une POC où
On appelle skyrmions les « endroits » ambiante », raconte le chercheur, alors toutes les avancées prendraient place :
dans un matériau magnétique (comme que précédemment ce n’était possible un dispositif pour à la fois écrire, lire,
le fer ou le cobalt) où l’aimantation qu’aux alentours de 11 K (kelvin). manipuler et déplacer l’information.
se retourne et s’enroule. « On peut Depuis, les chercheurs se sont pen- « C’est ce qu’il manque encore pour
voir cela comme une petite bulle de chés sur d’autres défis à relever avant nous rapprocher d’une phase d’indus-
quelques nanomètres de diamètre dont d’en faire des candidats envisageables trialisation », prévient Olivier Boulle.
l’aimantation ressemble à un tourbil- à un niveau industriel et commer- CHARLOTTE MAUGER
DSI
et métiers
à la table commune
de la digitalisation
52 mai 2024 www.itforbusiness.fr
F
ini le temps du chacun semblent infinies avec l’IA et les
pour soi, avec des DSI peu data notamment, les dangers aussi
enclines au dialogue avec avec l’explosion de la cybercrimi-
les métiers et ces derniers nalité. Dans ce monde incertain, la
tentés de les contourner avec de la communion entre métiers et DSI,
shadow IT. Aujourd’hui, les enjeux et leur présence commune aux
liés à la digitalisation sont considé- grandes tables des Comex et des
rables pour tous dans l’entreprise : Codir, sont devenues des garanties
compétitivité à préserver, nou- pour bien orienter les décisions.
veaux business models à explorer,
paradigmes totalement inédits Dossier réalisé par
avec la révolution à venir de l’extra- XAVIER BISEUL, FRANÇOIS JEANNE
financier, etc. Et si les opportunités et STÉPHANE MORACCHINI
I
l y a trente ans, le DSI, qui s’appelait encore
directeur informatique, restait dans sa tour
d’ivoire. Il en sortait une fois par an, au moment
de l’élaboration des budgets, pour demander
aux autres directions quels étaient leurs besoins. Et
gare alors à celle qui ne répondait pas en temps et en
heure, ou n’était pas dans les petits papiers du DSI.
C’était la grande époque des correspondants infor-
matiques…
Il y a vingt-cinq ans, le même DSI apprenait à par-
ler qualité de service et retour sur investissement,
en réponse aux attentes de ses « clients internes »,
comme Itil lui suggérait de les appeler.
Il y a un peu plus de vingt ans, apparaissaient le
cloud computing et, dans la foulée, les premières
applications en mode SaaS. Une révolution dans les
rapports entre DSI et métiers, ces derniers n’étant
plus obligés de passer par l’informatique pour ache-
ter des licences et faire déployer leurs applications sur
les postes de travail ou des serveurs. Parallèlement
s’organisait une autre révolution, celle des méthodes
agiles, préfigurant des développements par itérations
avec une collaboration renforcée entre métiers et
informaticiens.
C’était sans compter sur la lenteur de l’évolution
des habitudes et des organisations. Car en mars
2011, chez 01 Informatique, dans sa nouvelle formule
01 Business & Technologies – là aussi un symbole de
mutation –, notre couverture se parait d’un titre à la
résonance ambiguë : « DSI et métiers, le duo gagnant ».
Une preuve en creux que l’évidence restait encore à
démontrer et que le rapprochement ne faisait, pour
certains, que commencer.
exemple chez Manutan. « Les métiers aussi peuvent
Des doubles compétences, prendre la main sur l’innovation digitale. J’ai entraîné
côté DSI comme côté métiers mes collègues de la DSI sur des salons où l’on ne parlait
Et aujourd’hui ? La génération de DSI qui est aux que de facturation électronique ! », se rappelle ainsi sa
manettes a grandi avec Internet puis le cloud, a eu à directrice financière pour la France Évelyne Mercier,
gérer la shadow IT, s’est refait une – bonne – image au qui y voit aussi un effet de bord positif sur la marque
moment de la pandémie et, surtout, se trouve être le employeur : « L’excellence en matière digitale permet
point d’entrée incontournable pour accéder aux tech- aux métiers de mieux recruter et de fidéliser des pro-
nologies digitales dont toute fils intéressants, car l’entreprise renvoie une image de
l’entreprise attend monts et modernité. »
merveilles. En face, les direc-
tions métiers ont aussi bougé. Le maître-mot de tout cela ? L’hybridation.
Que ce soit la direction finan- Réciproquement, les DSI ont compris la nécessité de
cière ou la DRH, et même mieux s’adresser aux métiers et ont fait émerger dans
la direction de la commu- leurs équipes des experts par grands domaines. Le
nication et celle du marke- maître-mot de tout cela ? L’hybridation. Et celle-ci va
ting, plutôt réputées francs- parfois bien au-delà de la spécialisation de quelques
tireurs en matière d IT, toutes collaborateurs qui joueront le rôle d’interface ou de
ont commencé à monter en traducteur. Dans certaines entreprises, par exemple
gamme sur les sujets digitaux. une grande banque de la place parisienne, c’est un
Christian Laveau, Résultat, on y croise toujours mode d’évolution de carrière proposé à ceux qui le
administrateur de la plus de profils à double com- souhaitent : après un cycle de trois ans au départe-
DFCG et président du pétence. Cela les prépare à ment IT, il est possible d’enchaîner sur un autre cycle
groupe Transformation devenir des product owners dans une direction métier puis de revenir… ou non.
digitale de l’association
naturels dans une relation L’occasion de regarder la relation DSI/métier sous un
« Les DSI sont avec la DSI qui se construit autre angle, et d’ajouter une corde à son arc.
forcément mes de plus en plus sur des pra- Sans doute les plus anciens regardent-ils ce type
amis, c’est une tiques agiles passées désor- d’expérience avec suspicion, persuadés qu’ils sont
nécessité. » mais à l’échelle. C’est le cas par que le savoir technique d’un DSI ou de n’importe quel
La synergie entre les financiers de l’entreprise et leur DSI est toujours plus forte, à mesure
que la digitalisation aide à la transformation des business models. Et ce n’est sans doute pas
fini, alors que la révolution de la RSE démarre... et que l’IA promet de nouveaux bouleversements
dans les processus de décision.
attendent toujours
l’IA. « Une grande proportion de nos adhérents a déjà
commencé des travaux exploratoires avec ces techno-
logies, mais la mise en route opérationnelle n’est pas
L
es directions financières s’intéressent-elles et Maghreb écrit que, face aux incertitudes géopoli-
aux technologies numériques et donc à leur tiques et économiques qui caractérisent le moment,
DSI ? Clairement oui. Preuve en est la taille du la digitalisation de la fonction finances fait partie de
groupe d’échanges dédié à la transformation leurs moyens de résilience privilégiés. Une résilience
digitale de la DFCG. « Nous nous y retrouvons à envi- qui repose sur l’agilité accrue des équipes, laquelle se
ron 300. C’est le plus important en nombre », calcule renforce d’abord par l’évolution des organisations (63 %
Christian Laveau, président du groupe et par ailleurs de citations), suivie de près par l’activation des leviers
administrateur de cette association qui rassemble technologiques (57 %) et la transformation des pra-
directeurs financiers et contrôleurs de gestion. tiques de pilotage (52 %).
Il faut dire que les sujets de discussion ne manquent Ces pratiques de pilotage sont bouleversées par la
pas avec, par exemple, le gros dossier actuel de la fac- conjoncture, qui fragilise les méthodes de costing, à
turation électronique, qui reste néanmoins « sur le ter- cause de l’évolution des prix des matières premières
rain somme toute classique de la dématérialisation », comme des comportements des consommateurs,
selon Christian Laveau. Il y a également le renouvelle- notamment avec l’inflation. Mais elles bénéficient
ment des « outils de production » de la direction finan- heureusement des progrès en matière d’applications
cière, au premier rang desquels on trouve naturelle- analytiques. La maîtrise des data, aujourd’hui plus faci-
ment les ERP, ainsi que les EPM pour le pilotage de la lement centralisées grâce aux infrastructures cloud,
performance. est alors un élément essentiel pour des prévisions
plus rapides, capables d’intégrer de nouvelles règles de
La RSE va demander calcul. Mais il va aussi falloir de nouvelles compétences
de l’agilité et à la direction financière, capables non seulement de
de la coopération tirer parti de ces capacités d’analyse, mais aussi de
Avec ses besoins afférents en matière de reporting extra- garder l’œil de l’expert sur les anomalies et les alertes
financier, et dans l’optique notamment de la future déclenchées.
directive CSRD, la thématique de la RSE est sans doute « Il est probable que des profils technos vont faire leur
plus exigeante. « C’est plus profond, plus prégnant, car apparition dans les DAF, prédit Christian Laveau. Ils
nous explorons de nouveaux horizons. Ce n’est pas un auront une orientation data plus prononcée. Nous com-
projet informatique classique, il va falloir rester agile ». mençons d’ailleurs à voir des modules dédiés dans les
Le groupe d’échanges de la DFCG travaille aussi formations initiales les plus recherchées, à l’Edhec par
beaucoup sur la gestion des risques, à commencer par exemple, en partenariat avec Mines de Paris. »
le risque cyber. Les ETI et les PME sont plus particu- Ces nouveaux professionnels vont aussi nourrir
lièrement actives ici, les grands comptes ayant investi une collaboration au quotidien avec la DSI, dans une
depuis plus longtemps sur leur cybersécurité, même relation de pair à pair qui se côtoient de plus en plus
si cela ne les protège pas de tout. Mais il y a d’autres souvent dans les Codir et les Comex. « Il n’y a que dans
les plus petites entreprises que subsiste encore un lien de
subordination avec des financiers qui gardent l’informa-
La maîtrise des data devient tique dans leur périmètre de responsabilité. »
un élément essentiel pour des prévisions Dans les plus importantes, qui ont les moyens de
plus rapides, capables d’intégrer recruter un DSI de haut niveau, l’heure est plutôt à
l’intégration de compétences mutuelles sur les nom-
de nouvelles règles de calcul. breux projets à mener en commun. C’est notamment
le cas chez Manutan, dont la directrice financière pour méthodes agiles. Ce sont de véritables process owners,
la France, Évelyne Mercier, confirme : « Nous avons et bien sûr des interlocuteurs privilégiés pour la DSI ». De
mutuellement renforcé nos compétences vis-à-vis de quoi se parler d’égal à égal et les yeux dans les yeux ?
nos partenaires dans l’entreprise. La DSI a mis en place Christian Laveau ne dit pas autre chose en conclusion :
des experts par domaines. De notre côté, à la direction « Le DSI, on ne s’en moque pas, on ne l’adule pas non
financière, nous avons recruté des profils qui, en plus de plus. C’est un partenaire, de plus en plus présent, avec
notre métier, connaissent aussi les problématiques de lequel nous avons appris à parler ».
data et de flux. Nos experts digitaux sont rompus aux FRANÇOIS JEANNE
57 % 38 % 46 % 31 % 45 %
79 % 65 % 31 % 16 % 8%
Dans l’étude menée par PwC France & Maghreb auprès des directions financières à l’automne 2023, le panel confirme
qu’il attend beaucoup de la digitalisation de la fonction, à commencer par plus d’agilité et d’efficacité opérationnelle. Les
processus transactionnels comme les décisionnels sont concernés. Et si la technologie continue de fasciner – notamment
les promesses de l’IA –, l’évolution des compétences internes à la DAF est perçue comme toute aussi prometteuse. Enfin,
l’étude note que bien que les directions financières aient de plus en plus souvent recours au cloud pour leur propre SI (65 %),
elles sont très peu à avoir mis en place une surveillance des coûts de type FinOps (12 %). Le cordonnier mal chaussé ?
Après avoir comblé son retard dans la dématérialisation de ses processus depuis la crise sanitaire,
la fonction RH fait face à une nouvelle vague autrement plus importante, celle de l’intelligence
artificielle. Impactée à plus d’un titre, elle est particulièrement attendue sur le sujet.
Maturité
numérique :
la DRH doit
transformer l’essai
L
e DSI et le DRH partiront-ils bientôt en
vacances ensemble ? Depuis la crise sanitaire
durant laquelle ils ont dû mettre en place le
télétravail généralisé, ils sont devenus insé-
parables. Cataloguée comme peu technophile voire
franchement technophobe, la fonction RH a rattrapé
son retard à marche forcée. Comme dans d’autres
nombreux domaines, la pandémie a servi de déto-
nateur : du jour au lendemain, la DRH s’est aperçue
qu’elle ne pouvait pas, en étant à distance, sortir la
paie, faire passer des entretiens d’embauche ou signer
des contrats de travail. Et la Covid a ainsi permis de
dématérialiser les processus RH qui ne l’étaient pas
encore. Termignon, directeur de l’activité Work & Rewards
Au-delà des fonctions régaliennes que sont la paie chez WTW. L’accès aux données personnelles doit être
et la gestion administrative du personnel, le SIRH simple et intuitif. De manière proactive, le collabora-
s’est étendu aux solutions teur se voit proposer des parcours de carrière. Certaines
de gestion des talents, dans entreprises ont même déployé leur propre LinkedIn, un
une approche best of breed. mini marché de l’emploi interne. »
« En fonction de l’urgence du Cet accès à l’information s’étend désormais aux
moment, la DRH a sélectionné travailleurs dits de la première ligne, salués lors des
des modules de recrutement périodes de confinement : les techniciens itinérants,
ou de formation sans cohé- les vendeurs en magasin ou les ouvriers en usine qui,
rence d’ensemble, observe faute de poste de travail dédié, étaient les oubliés de
Mohamed Zaghou, directeur la transformation numérique. L’information RH leur
marketing produit chez Cegid. vient via des bornes et des ordinateurs en libre-service
Elle se retrouve aujourd’hui ou maintenant plus souvent sur leur smartphone. « Il
avec des systèmes hétérogènes convient avant tout de couvrir des besoins RH simples
Mohamed Zaghou, qu’il convient de rationaliser. » ou de se conformer à des contraintes légales et admi-
directeur marketing nistratives comme la gestion des temps et des activi-
produit chez Cegid L’expérience tés », complète Mohamed Zaghou.
« En fonction collaborateur, un En revanche, ces cols bleus ne sont pas éligibles au
de l’urgence du facteur d’attractivité travail en mode hybride qui consiste à alterner jours
moment, la DRH Alors que des tensions per- en présentiel et jours télétravaillés. Pour sa mise en
sistent sur le marché de l’em- place, Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de
a complété son
ploi, il s’agit aussi de proposer l’ANDRH, l’Association nationale des DRH, et DRH du
SIRH en retenant une expérience collaborateur groupe Afnor, a travaillé étroitement avec la DSI pour
des modules de qualité pour attirer et rete- organiser le travail à distance et équiper les salles de
de recrutement nir les talents. « L’époque où il réunion « hybrides » en solutions de visioconférence.
ou de formation fallait naviguer sur un intranet « Cette nouvelle organisation du travail induit un ren-
sans cohérence pour accéder à l’information forcement de la protection des données sensibles avec
d’ensemble. » RH est révolue, estime Laurent des réseaux Wi-Fi différents et le recours à un VPN. »
Se vivant trop souvent comme une fonction support, la direction juridique peine à assurer
sa propre transformation numérique. L’IA lui offre l’opportunité de rattraper son retard
et de se rapprocher de la DSI dont elle partage un grand nombre de problématiques.
Le juridique,
parent pauvre
de la transformation
numérique
L
es experts interrogés pour ce dossier sont
sans appel : le juridique fait figure de parent
pauvre du paysage numérique en entreprise.
« Le juriste d’entreprise a le syndrome du méde-
cin de famille, illustre Amélie de Braux, senior corpo-
rate counsel EMEA de Proofpoint et vice-présidente
de la Factory du Cercle Montesquieu, un groupe de
travail dédié à l’innovation. Il soigne tout le monde
sauf lui. Le nez dans le guidon, le directeur juridique ne
prend pas le temps de réfléchir à sa propre transforma- La DSI, un partenaire incontournable
tion numérique. » À un niveau personnel, les directeurs juridiques ont
À l’instar de ce qu’ont vécu certaines DSI il y a développé plus ou moins d’appétence pour le digital.
quelques années, la direction juridique se cantonne Amélie de Braux mise toutefois sur un effet généra-
souvent dans un rôle de fonction support. « Elle tionnel qui devrait produire ses effets d’ici quelques
accompagne la DSI dans les négociations et la contrac- années. « En 2024, un directeur juridique, devant justi-
tualisation avec les fournisseurs, poursuit Amélie de fier d’au moins quinze ans d’expérience, a au minimum
Braux. Elle participe ainsi à l’effort de transformation 35 ou 40 ans. Il n’est pas né dans le digital. »
numérique de l’entreprise, mais de manière indirecte. » À défaut d’être des digital natives, les juristes d’en-
La crise sanitaire a pourtant fait ressortir le besoin treprise ont tout à gagner à se rapprocher de l’IT.
de digital. Dans l’urgence, la « La DSI constitue le cercle d’influence le plus proche
fonction juridique a dû géné- de la direction juridique, observe Grégoire Miot,
raliser la signature électro- business enablement & product management chez
nique pour continuer à signer Wolters Kluwer et président de l’European Legal Tech
des contrats à distance tout en Association (ELTA). Nous conseillons aux juristes d’en-
faisant émerger de nouveaux treprise de parler à leur DSI, ils ont tout un écosystème
cas d’usage liés à la dématé- numérique à leur portée. »
rialisation des processus juri- Selon lui, le DSI doit être le partenaire et le sponsor
diques. Mais depuis, l’effet des chantiers de la direction juridique. À l’inverse, s’il
Covid s’est tassé. n’est pas dans la boucle, il peut les freiner. De son côté,
Parmi les 500 adhérents du Amélie de Braux constate que toutes les directions
Cercle Montesquieu, associa- juridiques n’ont pas le réflexe de demander de l’aide
Amélie de Braux, tion de directions juridiques, au DSI. « Avec le recours aux solutions des legaltechs en
senior corporate counsel la maturité numérique de mode SaaS, elles ont aussi pris l’habitude de la court-
EMEA de Proofpoint
ces dernières reste très hété- circuiter. Elle n’intervient qu’en fin de parcours, pour
et vice-présidente
rogène. « Elle dépend du type valider le choix et s’assurer que la solution retenue res-
d L ctory du
Cercle Montesquieu d’entreprise, mais aussi du pecte notamment la politique de sécurité. »
profil du directeur juridique,
« Le juriste constate Amélie de Braux. Le Prévention des risques et conformité,
d’entreprise a cursus de formation initiale ne un terrain de jeu commun
le syndrome du prépare pas à la transforma- À partir du moment où la direction juridique tra-
médecin de famille, tion numérique. Ce n’est pas vaille d’égal à égal avec les autres directions, le rapport
il soigne tout le sur les bancs de la fac de droit n’est pas le même, observe-t-elle, même si « certains
monde sauf lui. » que le sujet est évoqué. » directeurs juridiques savent mieux se vendre en interne
que d’autres. » Il s’agit aussi de prouver que les ser- charte éthique ou à mettre en place des garde-fous
vices juridiques ne sont pas qu’un centre de coûts. juridiques pour préserver la propriété intellectuelle
« Comment gagner en crédibilité sur le terrain du ou le droit à l’image. Elle doit également s’approprier
digital et débloquer des budgets si on ne démontre l’IA générative pour son propre compte. Pour Grégoire
pas une forme d’intérêt en présentant des projets Miot, les gains sont évidents : « Un assistant intelligent
réussis ? » peut réduire de 10 à 30 % les tâches à faible valeur ajou-
Selon la juriste, la fonction juridique a des synergies tée, qu’il s’agisse de rédiger
à rechercher avec la DSI. « Les deux directions parlent automatiquement des accords
un langage spécifique, même si ce n’est pas le même. de confidentialité types ou de
Elles partagent le sentiment de ne pas être com- suivre le circuit de validation
prises quand elles s’expriment. » Des sujets communs de la signature d’un contrat. »
peuvent aussi les rapprocher. La DSI et la direction Contraintes dans leurs recru-
juridique œuvrent de concert sur le terrain de la pré- tements, les directions juri-
vention des risques quand il s’agit d’élaborer un plan diques ont tout intérêt à
de reprise d’activité (PRA) ou de monter un dossier de automatiser ces tâches plutôt
souscription à un contrat d’assurance cyber. que de les confier à de jeunes
Les hommes du droit sont également associés à juristes surqualifiés.
l’élaboration d’un scénario de crise cyber. « En termes L’intérêt est tel qu’une forme Grégoire Miot,
de cyberattaques, l’expérience a démontré que plus une de « shadow AI » s’est créée.
business enablement
direction juridique est impliquée à haut niveau, moins « Par curiosité, la plupart des
& dct management
la gestion de crise est douloureuse, constate Amélie de juristes ont essayé ChatGPT ou chez Wolters Kluwer
Braux. Elle doit notamment discuter avec l’assureur un équivalent dans un contexte et président de la
cyber, les prestataires, les forces de l’ordre, la justice, la professionnel pour rédiger European Legal Tech
Cnil ou son équivalent dans le pays concerné. » un document ou le synthéti- Association (ELTA)
ser, en contradiction avec les « Un assistant
La « shadow AI » gagne les juristes consignes de sécurité internes », intelligent peut
L’enjeu réglementaire rapproche aussi les deux direc- note Grégoire Miot. Un comble
réduire de 10 à 30 %
tions. « Avec le RGPD, la DSI et la direction juridique ont pour des professionnels du
collaboré intensément pendant les deux ans de la mise droit ! À la DSI de leur propo-
les tâches à faible
en conformité. Puis le quotidien a repris le dessus ». ser une alternative avec, pour valeur ajoutée,
Selon Amélie de Braux, l’AI Act doit être « l’opportu- commencer, la mise à disposi- comme rédiger
nité de collaborer à nouveau et de créer des synergies tion d’un ChatGPT privatif et des accords de
durables. » À ceci près que la direction juridique ne sécurisé. confidentialité
doit pas se contenter d’aider la DSI à élaborer une XAVIER BISEUL types. »
DSI et marketing
unis pour
l’expérience client
U
ne relation enfin mature ? L’époque où les
métiers du marketing et de la relation client
profitaient des solutions SaaS proposées
par des start-up pour mener leur vie loin du
regard de DSI perçues comme des empêcheuses de
tourner en rond semble révolue. certaines entreprises, il reste cependant du chemin
En premier lieu, dans tous les secteurs, sur fond à accomplir. Le métier n’a pas toujours la main sur le
d’enjeux technologiques de plus en plus cruciaux, le choix des outils pour analyser, visualiser, manipuler
mode agile est souvent venu instaurer une relation ou activer la donnée, alors que cela devrait être de sa
plus collaborative, grâce à laquelle la DSI acquiert une compétence. Parfois, en dépit de l’existence d’un data
bonne compréhension de la problématique liée au lake ou d’un data warehouse mis en place par la DSI,
client, lui permettant d’être vraiment force de propo- le métier ne dispose pas forcément des outils (dataviz,
sition, d’aider à réaliser des arbitrages plus intelligents customer data platform…) pour exploiter de manière
en termes de solution comme de délai ou de coût de autonome la donnée. Parfois aussi, certaines infor-
réalisation. mations dont il voudrait disposer ne sont pas stockées
« Se réorganiser en tribus mixant IT et métier dans ces référentiels. C’est encore souvent le cas pour
est essentiel, souligne Sophie Heller, chief opera- les données de navigation sur le site e-commerce de la
ting officer de BNP Paribas marque, par exemple.
CPBS (Commercial, Personal Côté expérience client, la nécessité de proposer
Banking & Services). Cela des parcours innovants intégrant différents services
permet à l’IT d’apporter beau- de l’entreprise ou de partenaires ne laisse pas d’autre
coup de valeur au métier. Mais choix que de travailler en bonne intelligence. « L’IT
pour les deux, c’est un véritable joue un rôle primordial dans la réalisation de ces par-
changement de paradigme, cours, mais elle doit aussi intervenir en amont dans le
admet-elle. Le travail en mode choix des partenaires, sur la base d’une grille de défi-
agile oblige à réfléchir de nition commune avec le métier. Ce dernier juge de la
manière différente, dans une pertinence de la réponse fonctionnelle, et l’IT des sujets
logique produit plus que projet, liés à l’architecture, à la cybersécurité, à la protection
où l’accent est mis sur le béné- des données, etc. », défend Sophie Heller. Alors que les
Sophie Heller, fice escompté pour le client ou applications numériques sont de plus en plus conver-
chief operating officer l’entreprise et non plus sur les sationnelles et transactionnelles, et que les canaux
de BNP Paribas CPBS simples dimensions de délai et d’interaction se diversifient, offrir un parcours omni-
« Quel que soit le de coût de réalisation. C’est une canal fluide et assurant la confidentialité de la donnée
besoin fonctionnel évolution culturelle qui prend client fait notamment partie des sujets sur lesquels la
du métier, il y a du temps », constate-t-elle. DSI est attendue.
une prise de Côté marketing, la montée Enfin, alors que l’expérience client devient de plus
conscience, côté en compétences du métier sur en plus différenciante, ses principes doivent trouver
IT comme métier, le sujet de la donnée est géné- leur traduction en termes d’architecture pour se décli-
ralement venue stabiliser le ner facilement à l’échelle. « En la matière, beaucoup de
qu’on ne peut faire
terrain d’intervention de cha- travail en commun se révèle nécessaire pour s’assurer
bien qu’ensemble. cun : la DSI est ainsi attendue de faire les bons choix, indique Sophie Heller. Mais par-
Il n’y a pas, d’un sur les problématiques les plus tager notre vision du futur avec les architectes groupe
côté, le métier qui techniques de data enginee- est également essentiel pour qu’ils la comprennent et
souhaiterait innover ring, tandis que le métier s’est puissent en tirer des conséquences en termes d’évolu-
et, de l’autre, une enrichi de profils de data ana- tion d’architecture », conclut-elle.
IT qui refuserait. » lysts et de data scientists. Dans STÉPHANE MORACCHINI
avec la DSI
état d’esprit et ce même positionnement. »
Les sujets de rapprochement ne manquent d’ail-
leurs pas. D’un côté, pour aider les DSI à mieux com-
muniquer et à se départir de leur jargon technique.
De l’autre, pour maintenir les sites web au top de l’état
L
a direction de la communication, c’est un monde de l’art, côté ergonomie comme côté technique, et
à part dans l’entreprise et notamment dans les notamment cyber, pour gérer les flux entrants et sor-
relations avec la DSI. Elle joue personnel, avec tants de données, avec des degrés de confidentialité
ses outils, ses fournisseurs, ses méthodes de variables, ou pour produire des contenus en masse
fonctionnement. » L’avis est tranché, mais il émane d’un avec une productivité accrue et pourquoi pas avec
spécialiste de la communication... au service des DSI l’aide de l’IA générative... Il pourrait même y avoir de
et de leur marketing interne comme externe. Il recon- l’inquiétude sur ce dernier point, les « petites mains »
naît d’ailleurs qu’il n’a pas de statistiques globales sur de la « dircom » pouvant craindre d’être menacées
le sujet, mais plutôt un ressenti général. dans leur emploi. « C’est vrai que l’IAG dans la commu-
Son propos est en partie confirmé par Yann Cormant, nication va nous aider notamment dans la production
responsable du pôle Marque, Communication Interne de contenus. Mais je pense qu’il faudra toujours de l’hu-
et Digitale chez Icade, également administrateur de main pour relire et valider. C’est une révolution utile et
l’Association nationale des communicants. « Il est inévitable, il faut l’adopter avec confiance et anticipa-
vrai que dans certaines entreprises, la direction de la tion », préfère espérer Yann Cormant.
communication a tendance à bypasser sa DSI dont FRANÇOIS JEANNE
À la fois foncière tertiaire après que des agences la DSI, vers l’interne
et promoteur, Icade compte de design aient répondu à comme vers l’extérieur,
environ 1 100 collaborateurs une consultation, pour juger avec des objectifs de
et une direction de la de la qualité technique et valorisation de la marque
communication très notamment cyber de leurs employeur pour faciliter
sollicitée par ses métiers. propositions. « Elle nous ses recrutements.
Son responsable du pôle aide à sécuriser un rythme « Nous les aidons également
Marque, Communication de production soutenu, à mettre en valeur
Interne et Digitale, avec une release toutes certains projets réussis,
Yann Cormant, use d’un les trois semaines environ. par exemple récemment
vocabulaire que ne renierait à l’état de l’art en matière Mais les product owners sont une expérimentation
pas un DSI pour parler d’accessibilité et pour bien dans mon département, réussie de remplacement
de ses projets, par exemple valoriser notre image. » à la communication. » des badges d’accès dans
en matière de sites internet : Il apprécie ces échanges L’échange de « bons les immeubles de bureaux
« Nous sommes dans des de pair à pair avec une procédés » fonctionne par des smartphones. » Et là,
processus d’amélioration DSI qui intervient au aussi dans le sens inverse, c’est bien toute l’entreprise
continue de ces sites, en bon moment dans les pour répondre aux besoins qui profite de cet éclairage.
méthode agile, pour rester processus, par exemple de communication de
Sur le plan opérationnel, la DSI est un allié de poids pour des départements
de R&D toujours à la recherche d’accélérateurs de leurs processus. Mais l’innovation
n’est pas pour autant son pré carré. Une direction dédiée reste souvent en place
pour « gouverner » son absorption dans l’entreprise.
La R&D Ceci étant, il est important selon lui que les autres
parties prenantes, à savoir la R&D – une direction très
importante dans la plupart des grandes entreprises
de l’innovation
no-centrées de la DSI notamment, et de lui rappeler
qu’il faut du recul sur les plans sociétal, sociologique,
juridique, financier ou encore environnemental. « Les
informaticiens sont parfois un peu trop juges et par-
ties sur les bienfaits du digital, ajoute-il, non sans une
L
a DSI est un acteur important de l’innova- petite pique : L’Europe est largement compétitive en
tion, au même titre que d’autres directions matière d’innovation... sauf sur les technologies de l’in-
dont celle de la R&D ». Marc Giget sait de quoi formation. »
il parle, cela fait 16 ans qu’il a fondé le club Mais ces dernières restent évidemment incontour-
de Paris des directeurs de l’innovation qu’il dirige nables. D’ailleurs, Béatrice Perron, digital leader à la
aujourd’hui. Il est également membre de l’Académie direction R&D des Laboratoires Servier, n’imagine
des Technologies. De son poste d’observation privilé- même pas d’avancer sans un partenariat de tous les
gié, il a pu constater ces dernières années la montée instants avec sa DSI : « C’est obligatoire de bâtir avec la
en puissance des DSI sur les sujets d’innovation. Elle DSI. C’est une telle opportunité de changer en profon-
est logique, selon lui, dans la mesure où une propor- deur l’entreprise qu’il est impossible de passer à côté.
tion importante d’entre eux utilisent des technologies Travailler ensemble, c’est créer de l’intelligence collec-
digitales, comme le cloud, la data ou plus récemment tive au service du bien commun : les patients.
l’IA. « La plupart de nos adhérents ont d’ailleurs mis en FRANÇOIS JEANNE
place des digital factories ou des labs. »
TÉmOiN Béatrice Perron, digital leader à la direction R&D des Laboratoires Servier
La R&D de Servier joue la synergie avec sa DSI
La R&D occupe une place « Cela permet des échanges Côté transformation,
centrale dans le secteur approfondis avec la DDSI, les synergies portent sur la
pharmaceutique. Chez mais c’est elle qui peut convergence des données
Servier, cette direction nous faire monter en de quelque 200 sources vers
de 2 200 personnes puissance, une fois les la Google Data Platform, la
a engagé dès 2020 une phases d’expérimentation mise en place d’une couche
grande transformation passées. » analytique pour les exploiter,
pour réduire les temps Celle-ci prend la main et bien sûr les premiers
de mise à disposition sur les sujets techniques, use cases avec l’IA. « Nous
des médicaments sur comme l’évolution des avons des projets en cours
le marché et améliorer Béatrice Perron, executive digital workplaces, la gestion sur la génération de molécules
la proportion de ceux qui director global head of des infrastructures lors virtuelles, ou d’autres sur
parviennent au bout de ce R&D operations et digital de la fusion de plusieurs la production de certains
long processus. « La DDSI leader à la R&D. Travailler équipes sur un site unique documents réglementaires
(Direction digitale et système en synergie est la clé. » – comme cela a été le cas avec l’IA générative. » De
d’information) et la R&D sont La particularité de la R&D, pour le centre de R&D de quoi espérer des avancées
partenaires et ce n’est pas c’est bien sûr de rassembler Paris-Saclay –, ou encore la pour le traitement des
qu’une expression, explique des profils scientifiques. politique de cybersécurité. maladies rares par exemple.
Du 14 au 16 mai Du 22 au 25 mai
Monaco, Grimaldi Forum Paris, Parc des Expositions de la Porte de Versailles
Ready For IT Vivatech
Déjà la cinquième édition du rendez-vous monégasque Après une édition 2023 de tous les records, avec
créé par DG Consultants, « inventeurs » du format one-to- 150 000 visiteurs qui en ont fait, selon ses organisateurs,
one il y a plus de vingt ans avec les Assises de la Sécurité. le salon le plus important du monde pour parler innovation
Ready For It propose ici aussi aux décideurs porteurs technologique, Vivatech revient un peu plus tôt cette
de projets et à de potentiels acheteurs « invités » (DSI, année, dès la fin mai. Qui remplacera Elon Musk dans
RSSI, CTO, directeur innovation, etc.) des rencontres le rôle du speaker star pour attirer les foules ? Suspense...
pré-organisées avec les fournisseurs de solutions vivatechnology.com/
« partenaires » de la transition et de la sécurité numériques.
ready-for-it.com
A LA DEMANDE IT for Business vous apporte son expertise pour créer et gérer l’information
provenant de la DSI, mais aussi en y ajoutant des articles dédiés à votre
entreprise et à votre marché ainsi que des retours d’expérience inspirants.
spatiale : quand
partenaire collaboratif hors de nos écrans, tout comme
l’intelligence artificielle générative l’est déjà sur ceux-ci.
Un levier puissant de transformation de nos méthodes de
le monde réel
travail capable de générer des gains de productivité et de
créativité encore insoupçonnés.
Mais cette technologie ne peut pas, à elle seule, accom-
U
ne stratégie d’entreprise gagnante repose sur la stratégie : les process opérationnels ; l’innovation ; la for-
capacité à s’approprier les nouvelles technolo- mation ; le travail collaboratif à distance ; et le divertis-
gies, à identifier les cas d’usage les plus promet- sement. Certains ont déjà fait leur preuve. L’apprentissage
teurs, à lancer rapidement des projets de faisa- et le développement des compétences se font ainsi plus
bilité et à réussir son déploiement à l’échelle. Dans cette rapidement et plus efficacement. Les personnes qui se for-
course de plus en plus soutenue, impossible aujourd’hui ment à travers le spatial computing apprennent quatre fois
d’ignorer l’informatique spatiale. En fusionnant le monde plus vite que les autres et sont 40 % plus confiantes dans
numérique et le monde physique, cette innovation ouvre leurs capacités. L’IA générative, combinée avec les repré-
un champ d’interactions inédites entre les personnes, les sentations en 3D, stimule la créativité et accélère les pro-
machines, les objets et leur environnement en s’appuyant cess d’itération, de prototypage et de développement. Les
sur les technologies de réalité étendue (réalité virtuelle, entreprises qui l’expérimentent se dotent donc d’un atout
augmentée et mixte) et les capteurs. stratégique non seulement puissant, mais transformateur.
Comme l’avaient imaginé les auteurs de science-fiction, Une démarche audacieuse pour gagner demain ! n
l’informatique spatiale permet de ne plus être « devant »
un contenu, mais « dans » un contenu. En identifiant leur
position dans l’espace, les objets virtuels s’intègrent et
interagissent avec le monde réel. Si son potentiel dessine
des frontières encore inconnues, nous sommes déjà entrés
dans cette nouvelle ère de l’informatique. Après la pandé-
mie, le buzz autour du métavers a fait entrevoir un espace
dans lequel des utilisateurs, via leurs avatars, peuvent
vivre des expériences dans des univers virtuels différents.
Le secteur du divertissement s’est déjà saisi des opportu-
nités offertes par les technologies de la réalité étendue.
Dans la grande consommation, des groupes comme les
spécialistes de l’ameublement Ikea et Crate & Barrel, l’op-
ticien américain Warby Parker, ou encore Nike utilisent
déjà la réalité augmentée pour enrichir l’expérience client.
Nos dernières analyses estiment à 138 Md$ le marché de
l’informatique spatiale (dont 74 Md$ sur le segment B to B),
porté par une croissance annuelle de 38 % d’ici 2030.
Restée longtemps en sommeil, cette innovation bénéfi-
cie aujourd’hui d’avancées déterminantes pour son adop-
tion par les entreprises. Son agenda s’accélère. Les géants
de la tech lancent, l’un après l’autre, leurs dispositifs sur le
marché. En janvier 2023, le casque virtuel développé par la
près du terrain
jets arriveront, d’être à même de raccrocher une techno
du SI à quelque chose de tangible et d’opérationnel. Et cela
s’entretient. Le parcours d’intégration n’est pas une fin en
soi. C’est le début d’une histoire. Tout le monde côté SI se
doit d’entretenir une routine de « parcours d’intégration »
récurrente, pour se rappeler pourquoi, pour quoi et pour
qui nous travaillons en back-office.
Des couples doivent se former, des affinités se créer,
L
a vie de l’entreprise impose, à plusieurs moments pour entretenir au final non pas l’esprit d’une DSI efficace,
de son évolution, de passer un palier, de franchir mais celui d’une entreprise performante, où le lien bien
une marche. Franchir cette marche – un change- trop souvent distendu entre les filiales opérationnelles et
ment de stratégie, une forte croissance organique le siège doit faire place à une communication adaptée,
ou externe… – induit forcément des changements dans la fluide, permanente.
gouvernance, les organisations, la comitologie, les rôles et Autre vecteur d’intégration IT/métier, la méthode agile
responsabilités. doit s’imposer dans les méthodes projet. Bien trop souvent
Arrivé à certains stades et après plusieurs évolutions, encore, les projets sont gérés avec des cycles en V, dont on
il arrive que les fondamentaux du métier se perdent : de connaît les travers, d’autant plus qu’ils sont longs. L’agilité
nouvelles têtes entrent, qui n’ont pas la maturité métier permet au contraire une vérification permanente de la
nécessaire à la compréhension de l’entreprise d’hier, bonne adéquation entre le besoin terrain et la solution
même si elles sont recrutées pour la maturité de demain. développée.
Cet écart entre « vision du futur » et « racines du passé » Pour devenir plus efficace, une DSI doit donc se trans-
peut, s’il est mal anticipé ou géré, occasionner des chocs former en fusionnant des compétences techniques et
culturels entre collaborateurs. une profonde compréhension des enjeux métier. Il est
C’est vrai pour n’importe quel métier, mais encore plus essentiel d’aligner constamment les initiatives technolo-
pour la DSI. Quand l’organisation de celle-ci et sa maturité giques avec les objectifs stratégiques de l’entreprise, tout
évoluent, quand elle se professionnalise, il faut impéra- en maintenant une communication fluide et directe avec
tivement ne pas perdre le lien terrain, qui est un vecteur tous les niveaux opérationnels. Cela assure non seulement
d’efficacité essentiel. la pertinence des solutions informatiques déployées, mais
En effet, un bon informaticien est non seulement celui renforce également la cohésion et la performance globale
qui est techniquement bon dans son domaine, mais aussi de l’entreprise. n
celui qui a su embrasser les enjeux des personnes pour qui
il travaille, finalement. Développer une solution, fournir
des accès réseau : il est impératif de capter le besoin métier
de la façon la plus précise. À la base, l’informatique est, il
faut le rappeler, un moyen. Ce n’est pas un caprice techno-
logique que l’on met en place. Ce n’est pas pour la beauté
du geste ou sous prétexte qu’elle est moderne qu’on déve-
loppe une solution. Parfois, les meilleures d’entre elles
pour le métier sont d’une grande banalité technologique :
rien qui permette à sa DSI de renvoyer une quelconque
image de modernité. En matière d’IA par exemple, ce n’est
pas un concours à celui qui en fera, mais bien à celui qui
utilisera la technologie de la façon la plus efficace possible
pour répondre au besoin du terrain.
Et bien comprendre celui-ci, c’est assez facile à faire,
finalement, dans le cadre de projets où les chefs de pro-
jet IT et métier vont travailler en symbiose et échanger en
profondeur. Mais ce n’est qu’occasionnel et cela ne suf-
fit pas. Pour que cela fonctionne, il faut que cet échange
soit inscrit dans l’ADN de la relation DSI/métier. Pour être
plus clair, il faut réellement couper les barrières de site,
de métier, et faire se rencontrer les personnes. Instaurer
Un pour tous !
Dans cet immense gâchis du
dossier Atos, voici qu’apparaît une
petite lueur de bon sens avec la
potentielle prise de participation
de Bercy dans la division Big Data
& Sécurité. Et pourquoi pas plus ?
N’est-ce pas le moment pour
l’État, tirant les leçons du passé,
de se doter d’un véritable cloud
de confiance accessible à tous
les acteurs référencés comme
OIV (opérateurs d’importance
vitale), puis de l’étendre à des ETI
et PME avides de souveraineté.
Une véritable infrastructure
d’État, gérée par des hommes
du métier. Et que l’on cesse ainsi
de chercher à découper Atos
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