AVC Cours LSIO 3
AVC Cours LSIO 3
AVC Cours LSIO 3
Le terme d'AVC regroupe l'ensemble des pathologies vasculaires cérébrales d'origine artérielle
et veineuse, à savoir :
DSC = PAM/R
- phénomène hémodynamique : diminution de la perfusion cérébrale par sténose critique ou occlusion artérielle
entraînant une hypoperfusion focale
altération de la circulation systémique responsable d’une hypoperfusion globale
Le fonctionnement cérébral nécessite un apport sanguin constant en oxygène et en glucose.
En raison de l'absence de réserve en ces deux substrats, toute réduction aiguë du flux artériel
cérébral sera responsable d'une souffrance du parenchyme cérébral situé dans le territoire de
l'artère occluse. L'étendue de la zone ischémiée dépendra de la mise en jeu de systèmes de
suppléances artérielles et de leur qualité. Ainsi, en cas d'infarctus cérébral, il existe :
- une zone centrale, où la nécrose s'installe immédiatement;
- une zone périphérique, dite «zone de
pénombre», où les perturbations
tissulaires sont réversibles si le débit
sanguin cérébral est rétabli
rapidement (premières heures) :
cette zone constitue la cible des
traitements d'urgence de l'ischémie
cérébrale.
Évolution de la zone de
l'ischémie cérébrale en
l'absence de
recanalisation
Il faut agir avant les 4 heures >>> TIME IS BRAIN
SEMIOLOGIE CLINIQUE
A. Infarctus cérébraux
1. AIC carotidiens
Ceux qui concernent l’artère cérébrale moyenne (sylvienne) sont de loin les plus fréquents,
suivis de ceux concernant l’artère cérébrale antérieure.
a. AIC sylviens
On les différencie en AIC superficiel, profond ou total :
➢AIC sylvien superficiel
Symptomatologie controlatérale :
– hémiplégie à prédominance brachiofaciale ; – troubles sensitifs dans le territoire paralysé ; –
hémianopsie latérale homonyme (HLH).
Si l’hémisphère majeur est touché (gauche chez le droitier et la plupart des gauchers) :
– aphasie motrice et non fluente (Broca) si partie antérieure ou aphasie sensorielle et fluente
(Wernicke, aphasies de conduction) si partie postérieure ;
– apraxie : idéomotrice et idéatoire ;
– syndrome de Gerstmann associant acalculie, agraphie, agnosie des doigts et indistinction
gauche/droite.
Si l’hémisphère mineur est touché : syndrome d’Anton-Babinski associant anosognosie
(nonreconnaissancedu trouble), hémiasomatognosie (non-reconnaissance de l’hémicorps
paralysé), négligence spatiale unilatérale.
➢AIC sylvien profond
Hémiplégie massive proportionnelle (atteinte de la capsule interne).
➢AIC sylvien
total Il peut exister :
– une hémiplégie + hémianesthésie massives + HLH ;
– une aphasie globale si hémisphère majeur ;
– la présence fréquente de troubles de conscience initiaux, avec déviation conjuguée de la tête
et des yeux vers la lésion (atteinte de l’aire oculocéphalogyre frontale).
b. AIC cérébral antérieur
On peut observer :
– hémiplégie avec troubles sensitifs, à prédominance
crurale ; – apraxie idéomotrice de la main ; – syndrome
frontal (adynamie).
2. AIC vertébro-basilaires
a. AIC cérébral postérieur
Territoire superficiel
Hémianopsie Latérale Homonyme (HLH) souvent isolée, parfois associée à :
– une alexie, une agnosie visuelle ;
– des troubles de la représentation spatiale et prosopagnosie (physionomies).
Territoire profond
Syndrome thalamique : troubles sensitifs à tous les modes de l’hémicorps controlatéral,
rarement mouvements anormaux de la main.
b. AIC du tronc basilaire
Ils sont dus à l’atteinte des artères perforantes partant du tronc ou des branches d’artères
cérébelleuses.
Ils peuvent être responsables de syndromes alternes (atteinte d’une paire de nerf crânien du
côté de la lésion et de la voie longue (sensitive ou motrice) du côté controlatéral).
Ils peuvent donner les infarctus graves du tronc cérébral qui sont la conséquence d’une
occlusion du tronc basilaire avec possibilité de :
– coma pouvant mener au décès ;
– atteinte motrice bilatérale (parfois des 4 membres) pouvant provoquer un locked-in
syndrome : quadriplégie avec diplégie faciale (la verticalité des yeux est le seul mouvement
possible) et conscience normale.
La multiplication des lacunes peut conduire à un « état lacunaire » responsable d’un syndrome
pseudo-bulbaire associant :
– troubles de phonation et de déglutition, rires et pleurs spasmodiques ; – marche à petits pas ;
– troubles sphinctériens ;
– détérioration des fonctions cognitives.
B. Hémorragies intra parenchymateuses
Les céphalées sont classiquement plus sévères qu’en cas d’AIC et les troubles de la conscience
plus précoces.
En réalité, la symptomatologie clinique ne permet jamais de distinguer une HIP d’un AIC :
l’imagerie cérébrale est indispensable dans tous les cas.
C. ACCIDENTS ISCHÉMIQUES TRANSITOIRES
1 . Définition
L’accident ischémique transitoire (AIT) est un déficit neurologique focal d’origine ischémique
d’installation brutale, entièrement régressif en moins de 1 heure et l’IRM cérébrale étant
normale .
Son diagnostic est difficile du fait de la brièveté du phénomène et dépend de la qualité de
l’interrogatoire.
2 . Symptômes
– cécité monoculaire transitoire (occlusion de l’artère centrale de la rétine, branche de l’ophtalmique )
; – hémiplégie et/ou hémianesthésie ;
– HLH ;
– trouble du langage ;
– trouble de l’équilibre ;
– déficit bilatéral des membres inférieurs (dérobement des jambes), dit drop attack.
NB : Une perte de connaissance, une confusion, une amnésie aiguë, une faiblesse généralisée transitoire ne
correspondent pas à des symptômes évocateurs d’AIT.
3 . Diagnostics différentiels
- migraine
- crise épileptique partielle simple
- Autres : vertige paroxystique bénin, maladie de Ménière, glaucome, hypoglycémie,
lipothymie, hystérie, etc.
EXPLORATIONS PARACLINIQUES
Elles sont de deux types : celles à visée diagnostique, qui permettent de confirmer l’AIC et de
déterminer son territoire, et celles à visée étiologique.
A- Le scanner cérébral :
Il représente l’examen clé devant toute suspicion d’un AVC. Il permet de mettre en évidence
une hyperdensité spontanée en cas d’AVC hémorragique ou une hypodensité
parenchymateuse dans un territoire vasculaire en cas d’AVC ischémique.
Il doit être fait en urgence, sans injection de produit de contraste. Il peut être normal durant les
48 premières heures.
B- L’imagerie par résonance magnétique nucléaire ( IRM) :
Elle est plus sensible que le scanner, permet de dépister des anomalies aux stades très précoces
de l’AVCI. Sa disponibilité et son accessibilité demeurent un frein à son utilisation.
C- Echographie et doppler des vaisseaux du cou, et doppler transcrânien :
Non invasifs, ces examens permettent d’étudier la morphologie de la paroi artérielle, les
vitesses circulatoires des vaisseaux, et grâce au doppler transcrânien, le retentissement
hémodynamique en aval d’une sténose carotidienne.
Elles représentent un outil précieux pour l’enquête étiologique des AIC, ce qui justifie leur
indication en première intention dans la recherche de leur cause.
Elles ont un grand intérêt dans le diagnostic des sténoses carotidiennes athéromateuses, et
des dissections des artères cervicales.
D- Echographie trans-thoracique et trans-oesophagienne :
Le bilan cardiaque doit comporter tout d’abord, une radiographie pulmonaire et un
électrocardiogramme, qui peuvent nous montrer, pour le premier, des anomalies de la
silhouette cardiaque, et pour le deuxième l’existence de troubles du rythme.
L’échographie est très souvent utilisée pour rechercher la source embolique et/ou le
retentissement des FDR.
E- Artériographie :
Elle n’est pas demandée de façon systématique. Elle est surtout indiquée dans les AVC du sujet
jeune, quand les autres explorations restent négatives.
F- Examens biologiques :
Ils sont fonction de l’orientation étiologique.
Mais un bilan minimal est indispensable dans tous las cas : un ionogramme, une glycémie, un
bilan lipidique comprenant le dosage du cholestérol total, des fractions LDL et HDL, et des
triglycérides ; un bilan d’hémostase.
Un bilan métabolique, immunologique, des sérologies syphilitiques et VIH de même qu’une
analyse du LCR seront pratiqués en cas d’AIC du sujet jeune.
CONDUITE DIAGNOSTIQUE
A- Interrogatoire
➢ L’interrogatoire doit préciser : l’âge, le sexe, les facteurs de risque en particulier l’HTA, le
diabète, le tabagisme, une cardiopathie connue, la prise de contraception orale…
Les orientations diagnostiques seront fonction de l’âge essentiellement : les étiologies des
AIC du sujet jeune sont différentes de celles du sujet âgé. Elles dépendront également des
données de l’examen cardiovasculaire, et général.
ETIOLOGIES
Les principales étiologies des AVC ischémiques
PRINCIPES DE LA PEC
L’AVC est l’urgence neurologique la plus fréquente. Le pronostic immédiat (vital) et ultérieur
(fonctionnel) dépend en partie de la rapidité d’une prise en charge appropriée.
Les éléments clés de cette prise en charge sont : 1) l’accès à l’imagerie cérébrale et l’arrivée
le plus vite possible du patient dans une structure de soins ; 2) la réalisation, en parallèle,
des prises en charge diagnostique et thérapeutique, intimement liées.
On distingue deux étapes : la prise en charge à la phase aiguë, et la prise en charge à long
terme ou prévention secondaire. Le meilleur traitement reste bien sûr le traitement
préventif = prévention primaire basée sur le traitement des facteurs de risque.
Il faut tout d’abord distinguer l’AIC d’un hématome intraparenchymateux par la réalisation
d’un scanner sans injection en urgence, si disponible l’IRM est de meilleure sensibilité.
Prise en charge en phase aigue
– kinésithérapie motrice précoce, pour améliorer la perception d’un membre paralysé, prévenir
les attitudes vicieuses et les limitations articulaires ; l’orthophonie ;
Les bénéfices recherchés sont la prévention d’une récidive précoce et la prévention d’une
complication thromboembolique générale.
➢ Aspirine : entre 100 et 300 mg par jour en cas d’AVCI.
➢ Anticoagulants :
L’héparine à doses isocoagulantes est largement utilisée (sous forme d’HBPM) pour prévenir le
risque thromboembolique veineux en cas d’alitement sur déficit d’un membre inférieur.
L’héparine à doses hypocoagulantes est rarement prescrite dans les AVCI, car le bénéfice est
largement contrebalancé par le risque hémorragique (cérébral et systémique). On discute ce
traitement au coup par coup, dans quelques situations particulières :
– AIC en évolution ou progressif
– AIT en salves ou répétitifs
– cardiopathie embolique certaine avec AIT ou AIC limité.
Par contre, elle reste indiquée dans les infarctus cardioemboliques, et dans les dissections
carotidiennes. Mais leur utilisation doit tenir compte des contre-indications :
– Existence de troubles de la vigilance
– Infarctus étendu
– HTA sévère, et chez le sujet âgé.
La thrombolyse est le traitement administré à la phase très précoce de l’AVCI afin de limiter les
lésions ischémiques.
Le risque essentiel de ce traitement est la transformation hémorragique.
PRÉVENTION DES AIC
A. Prévention secondaire
➢ Prise en charge des facteurs de risque, notamment de l’HTA, quel que soit l’âge.
➢ Il n’y a pas d’intérêt au plan neurovasculaire à la prise d’aspirine au long cours en l’absence
de manifestation d’AIT/AIC.
➢ AVK en prévention primaire devant une FA : le bénéfice est largement démontré, mais la
décision varie selon les facteurs de risque ischémiques associés.
➢ Endartériectomie sur sténose carotidienne serrée asymptomatique après RCP.