Démocratie
Démocratie
Démocratie
les
démocraties.
Comprendre
un régime
Quelles
caractéristiques?
Quels en sont les
piliers?
Chapitre introductif
Abraham Lincoln définit la démocratie comme « le gouvernement du peuple, par
le peuple et pour le peuple ».
Comme dans tout système politique, « le peuple », c'est-à-dire la population des
citoyens regroupée dans le cadre d'un territoire, y est gouverné. La spécificité du
système démocratique est que les gouvernés sont censés être en même
temps des gouvernants, associés aux principales décisions engageant la vie de
la cité. Et c'est parce que le peuple est à la fois sujet (c'est-à-dire soumis au
pouvoir politique) et souverain (détenteur de ce pouvoir) que les systèmes
démocratiques sont supposés agir dans l'intérêt du peuple.
Comment la démocratie
se décline-t-elle sous
plusieurs formes selon
des principes communs?
1.Démocratie : les gouvernés sont aussi les gouvernants
Peuple souverain
Élections
Représentants
Majorité
= intérêt général
La loi exprime la
volonté générale
S’impose à tous
Citoyens
2.Définir la démocratie
ECCLESIA
Assemblée des citoyens
Tirage 3 000 à 6 000 membres Tirage
au sort au sort
Élection
Le tirage au sort est jugé plus démocratique car il permet d’écarter les risques
de voir les citoyens les plus fortunés s’emparer de la vie politique. Il sauvegarde
la puissance du peuple, prévient les conflits et empêche la corruption.
La participation citoyenne constitue la clé de voûte du régime politique que les
Athéniens appellent dèmokratia. Cette participation repose sur deux axiomes :
la liberté et l'égalité. La liberté concerne le citoyen qui, contrairement à
l'esclave soumis à la nécessité économique et à la violence despotique, peut
participer aux institutions démocratiques (liberté politique) et vivre comme il
l'entend (liberté privée).
Quant à l'égalité, elle est exclusivement politique : les inégalités sociales sont
considérées comme naturelles.
La démocratie athénienne repose sur le concept d'isonomia ou « égalité de
droits politiques » c’est-à-dire l'égale participation de tous à l'exercice du
pouvoir. Quant à l'autre grand concept démocratique, l'isegoria, il assure
l'égalité du droit de parole dans les assemblées politiques.
Un risque dans la démocratie directe : la démagogie
« La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif. Le choix
entre ces deux méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très
grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour
vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc
se borner à se nommer des représentants. [...] Les citoyens qui se nomment des
représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de
volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet
État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays
qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne
peut agir que par ses représentants. »
Opposé à la démocratie directe, Sieyès était également hostile au suffrage universel, lui
préférant le suffrage censitaire. Ce système a prévalu jusqu'en 1848.
Démocratie directe ou
démocratie représentative ?
Benjamin Constant : les rapports entre liberté et institutions démocratiques
Chez les Grecs, la vie privée n’est pas séparée de la vie sociale, la liberté est
politique et collective. Mais avec l’affirmation de l’individu aux XVIIe-XVIIIe siècles,
l’existence individuelle l’emporte sur la vie en société. Les libertés sont donc celles
qui protègent l’autonomie face à la société et particulièrement face à l’État.
Benjamin Constant : libertés individuelles et libertés politiques
« [ chez les anciens] les actions privées sont soumises à une surveillance sévère.
Rien n'est accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions,
ni sous celui de l'industrie, ni surtout sous le rapport de la religion. [...]
Ainsi chez les anciens, l'individu, souverain presque habituellement dans les
affaires publiques, est esclave dans tous ses rapports privés. Comme citoyen, il
décide de la paix et de la guerre ; comme particulier, il est circonscrit, observé,
réprimé dans tous ses mouvements [...]. Chez les modernes, au contraire,
l'individu, indépendant dans la vie privée, n'est, même dans les États les plus
libres, souverain qu'en apparence. Sa souveraineté est restreinte, presque
toujours suspendue ; et si à époques fixes, mais rares [...], il exerce cette
souveraineté, ce n'est jamais que pour l'abdiquer. » (Benjamin Constant, « De la
liberté des anciens comparée à celle des modernes », 1819)
Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi,
l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui
assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits.
Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Art. 5. La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société.
Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut
être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont
droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation.
Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous
les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes
dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction
que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Parce qu’elle est l’expression de l’intérêt général, la loi s’impose à tous. C’est
pourquoi la démocratie repose sur l’État de droit.
Une revendication de démocratie directe : le référendum d’initiative citoyenne
« Rapprochement
des conditions »
Individualisme
repli sur la sphère privée
« Passion de l'égalité »
Despotisme
protecteur de l'État
« Frustration relative »
conflictualité
Démocratie
Intérêt général
Majorité Minorité
opinion opinion
légitime non légitime
Conformisme Silence
France (20)
États-Unis (25)
Tchad (163)
Syrie (164)
Centrafrique (165)
Rép. Dém. Du Congo (166)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Scrutin Scrutin
proportionnel majoritaire
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le
monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans
repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent
leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les
autres. […]
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire , qui se charge seul
d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier,
prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour
objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer
irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne
songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique
agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite
leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs
successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de
penser et la peine de vivre ?
Alexis de Tocqueville
Référendum : une expression de la démocratie directe ?
Le référendum a pour objet de légitimer une décision politique, par consultation des
personnes concernées (en général le corps électoral, éventuellement élargi aux
résidents.
La pratique de cette méthode liée à la démocratie directe montre un certain nombre de
limites :
- Le référendum est lié à l'agenda politique de ses organisateurs, qui contrôlent son
calendrier ainsi que la formulation de la question posée ;
- Les sujets abordés sont parfois complexes et peuvent nécessiter une certaine
expertise qui n'est pas forcément audible dans un débat aux contours émotionnels ou
lors d'une consultation ouvertement populiste ;
- Le référendum renforce la prise de décision à majorité simple aux dépens des intérêts
des minorités et des individus ;
- le référendum n'est pas une délibération. Les votants n'ont aucun pouvoir d'infléchir
la décision, ils doivent accepter ou rejeter ce qui leur est proposé. Les votants ne
répondent le plus souvent qu'à une seule question, par oui ou par non.
En France, le référendum est reconnu depuis 1958 comme une des modalités
d'expression de la souveraineté nationale. En pratique, l'initiative en revient
exclusivement à l'exécutif (art. 11).
Une poussée du populisme en 1956
Le populisme désigne une approche politique qui tend à opposer le peuple aux
élites politiques, économiques ou médiatiques.
Cette attitude repose sur le sentiment d'exclusion du pouvoir, qui touche aussi
bien des sensibilités politiques de droite que de gauche. Le populisme se réfère
à un peuple qu'on estime exclu du pouvoir et non écouté par la démocratie
représentative jugée coupée des réalités.
Ce courant de pensée politique peut prendre des aspects démagogiques en
préconisant des solutions simplistes aux problèmes sociaux, économiques et
politiques.