Démocratie

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démocratie,

les
démocraties.
Comprendre
un régime
Quelles
caractéristiques?
Quels en sont les
piliers?
Chapitre introductif
Abraham Lincoln définit la démocratie comme « le gouvernement du peuple, par
le peuple et pour le peuple ».
Comme dans tout système politique, « le peuple », c'est-à-dire la population des
citoyens regroupée dans le cadre d'un territoire, y est gouverné. La spécificité du
système démocratique est que les gouvernés sont censés être en même
temps des gouvernants, associés aux principales décisions engageant la vie de
la cité. Et c'est parce que le peuple est à la fois sujet (c'est-à-dire soumis au
pouvoir politique) et souverain (détenteur de ce pouvoir) que les systèmes
démocratiques sont supposés agir dans l'intérêt du peuple.
Comment la démocratie
se décline-t-elle sous
plusieurs formes selon
des principes communs?
1.Démocratie : les gouvernés sont aussi les gouvernants

Peuple souverain

Élections

Représentants

Majorité
= intérêt général

La loi exprime la
volonté générale

S’impose à tous

Citoyens
2.Définir la démocratie

Les principes et fondements de la démocratie :


• la liberté des individus ;
• la règle de la majorité ;
• l'existence d'une constitution et d'une juridiction associée (le Conseil
constitutionnel en France) ;
• la séparation des pouvoirs ;
• la consultation régulière du peuple (élection et référendum) ;
• la pluralité des partis politiques ;
• l’indépendance de la justice ;
• la liberté de la presse.

Un système politique peut être qualifié de véritablement démocratique


lorsque son fonctionnement est caractérisé par l'incertitude du résultat du
vote, par l'irréversibilité de ce même résultat et par la répétition à intervalle
régulier du processus électoral. Cette présentation prend en compte la
nécessité du pluralisme politique, d'élections libres et régulières, ce qui
suppose la liberté de presse et d'opinion.
AXE 1. Penser la démocratie :
démocratie directe ou représentative?

La réflexion politique au XVIIIe siècle


La démocratie directe
dans le monde antique
Le monde des cités grecques
Le monde grec au Ve siècle
Citoyens et non-citoyens à Athènes au Ve siècle avant J.-C.

On estime la population totale de la cité à 300 000


individus. Sur les 30 000 citoyens (soit 20 % des
adultes), 3000 à 6000 environ participent
effectivement à la vie politique.
Le fonctionnement de la démocratie athénienne au Ve siècle avant J.-C.

ECCLESIA
Assemblée des citoyens
Tirage 3 000 à 6 000 membres Tirage
au sort au sort
Élection

BOULÈ STRATÈGES HELIÉE


500 membres 10 militaires 6 000 jurés

Le tirage au sort est jugé plus démocratique car il permet d’écarter les risques
de voir les citoyens les plus fortunés s’emparer de la vie politique. Il sauvegarde
la puissance du peuple, prévient les conflits et empêche la corruption.
La participation citoyenne constitue la clé de voûte du régime politique que les
Athéniens appellent dèmokratia. Cette participation repose sur deux axiomes :
la liberté et l'égalité. La liberté concerne le citoyen qui, contrairement à
l'esclave soumis à la nécessité économique et à la violence despotique, peut
participer aux institutions démocratiques (liberté politique) et vivre comme il
l'entend (liberté privée).
Quant à l'égalité, elle est exclusivement politique : les inégalités sociales sont
considérées comme naturelles.
La démocratie athénienne repose sur le concept d'isonomia ou « égalité de
droits politiques » c’est-à-dire l'égale participation de tous à l'exercice du
pouvoir. Quant à l'autre grand concept démocratique, l'isegoria, il assure
l'égalité du droit de parole dans les assemblées politiques.
Un risque dans la démocratie directe : la démagogie

La maîtrise de l'art de parler en public donne un avantage à certains citoyens.


Les réunions peuvent ainsi être dominées par des orateurs ayant reçu une
éducation lettrée réservée aux familles les plus riches.
Les auteurs hostiles à la démocratie, comme Platon, n'ont pas manqué de
souligner l'incompétence des citoyens sur les questions dont ils avaient à
débattre ou leur tendance à prendre des décisions sous l'influence de
démagogues.

Le démagogue est celui dont le discours sort du champ du rationnel pour


s'adresser aux pulsions, aux frustrations du peuple, à ses craintes. Il promet la
satisfaction immédiate des attentes du public ciblé, sans rechercher l'intérêt
général, mais dans le but de gagner des soutiens.
L'argumentation démagogique doit être simple afin de pouvoir être comprise et
reprise par le public auquel elle est adressée. Elle fait appel à la facilité du
raisonnement, voire à la paresse intellectuelle, en proposant des solutions qui
semblent évidentes.
Montesquieu : « le pouvoir arrête le pouvoir »

S'inspirant du régime anglais, Montesquieu


(1689-1755) montre que la séparation des
pouvoirs exécutif et législatif est un des
moyens de lutter contre le despotisme, qu’il
assimile à la monarchie absolue.

Selon Montesquieu, le régime représentatif permet le suffrage restreint qui


accorde le droit de vote aux citoyens les plus éclairés. Ainsi, l'exercice du
pouvoir est confié aux représentants les plus compétents.
À ses yeux, cette forme de gouvernement modéré est préférable à la
démocratie qu'il juge instable et inefficace.
Rousseau : nul ne peut représenter le peuple souverain

« La souveraineté ne peut être représentée […] elle


consiste essentiellement dans la volonté générale, et
la volonté ne se représente point […] Les députés du
peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses
représentants, ils ne sont que ses commissaires […].
Toute loi que le Peuple en personne n’a pas ratifiée
est nulle […]. À l’instant qu’un Peuple se donne des
Représentants, il n’est plus libre. »

Rousseau, Du Contrat social, 1762.

Rousseau (1712-1778) n'est pas favorable à la démocratie représentative : se borner à


voter, c'est, selon lui, disposer d'une souveraineté intermittente. Le gouvernement le
plus juste renvoie nécessairement à la démocratie directe. La vie publique doit donc
s'organiser autour d'assemblées populaires auxquelles tous les citoyens pourraient
participer. Mais en raison de l’étendue du territoire des États, Rousseau accepte un
système représentatif dans lequel le pouvoir des représentants serait strictement
encadré par le mandat impératif et le droit de révocation des élus.
Sieyès : la souveraineté de la Nation suppose un système représentatif

« Dans un pays qui n'est pas une


démocratie (et la France ne saurait
l'être), le peuple ne peut parler, ne peut
agir, que par ses représentants ».

Avec la Révolution de 1789 émerge le principe de la souveraineté nationale,


source du régime représentatif qui s'oppose au principe de la souveraineté
populaire cher à Rousseau. Pour l’abbé Sieyès, la division du corps politique
représente un danger. Seule la nation peut maintenir la cohésion du peuple et
sa souveraineté ne peut être exercée que par des représentants.
Gouvernement représentatif vs démocratie

En 1789, Sieyès oppose le gouvernement représentatif, qu'il contribue à mettre en place,


à la démocratie (qu'il rejette) :

« La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif. Le choix
entre ces deux méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très
grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour
vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc
se borner à se nommer des représentants. [...] Les citoyens qui se nomment des
représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de
volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet
État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays
qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne
peut agir que par ses représentants. »

Opposé à la démocratie directe, Sieyès était également hostile au suffrage universel, lui
préférant le suffrage censitaire. Ce système a prévalu jusqu'en 1848.
Démocratie directe ou
démocratie représentative ?
Benjamin Constant : les rapports entre liberté et institutions démocratiques

Républicain, opposant à Napoléon, Benjamin


Constant est élu député en 1818.
Chef de file de l'opposition libérale, il défend
le régime parlementaire. À ses yeux, le
système représentatif, permet de se
prémunir contre le despotisme, la censure et
la pratique de l’ostracisme.

Benjamin Constant (1767-1830)


Benjamin Constant : le pouvoir ne doit pas empiéter sur la liberté de l’individu

Benjamin Constant se distingue de Montesquieu par sa vision du pouvoir de


l'État. Pour lui, peu importe l'origine ou la nature du pouvoir (monarchie,
république…) du moment qu'il est exercé de façon acceptable : le peuple
reste souverain, sans quoi ce serait le règne de la force, mais son pouvoir
doit s'arrêter là où commence l'individu.
Le bonheur et les besoins de la société ne recouvrent pas nécessairement
ceux des individus : il faut donc conjuguer le pouvoir du peuple avec la
protection de ceux-là. La société ne saurait avoir tous les droits sur
l'individu ; il est des choses sur lesquelles la collectivité et les lois n'ont pas à
s'exprimer, qu'elles n'ont pas le droit d'interdire, et que les individus ont le
droit de faire : c'est ainsi que Constant définit la liberté.

La conception de Benjamin Constant le pousse vers le libéralisme politique,


régime qui s’exprime à travers le système représentatif.
Le libéralisme politique : fixer des limites à l'action de l’État

Le libéralisme politique désigne l'ensemble des thèses qui ont en commun de


fixer des limites à l'action de l’État.
Pour les libéraux des XVIIIe et XIXe siècles, le rôle légitime de l'État est la
protection des libertés individuelles. L'État doit donc se limiter à assurer les
fonctions « régaliennes » de police, justice et de défense.

Historiquement, le libéralisme s'est d’abord construit contre l’absolutisme dès


la fin du XVIIe siècle. Au XIXe siècle, les dérives de la Révolution française et de
l’Empire napoléonien font surgir de nouvelles inquiétudes chez des penseurs
comme Benjamin Constant ou Alexis de Tocqueville, inquiétudes qui portent sur
le fonctionnement de la démocratie et sur le risque que l'égalité de tous ne
vienne menacer la liberté de chacun.
Benjamin Constant : la liberté chez les Anciens et les Modernes

Les Anciens Les Modernes


Sphère publique > sphère privée Sphère privée > sphère publique
La liberté est collective La liberté est individuelle

Liberté de participer • Liberté d’action


à la vie politique • Liberté religieuse
• Liberté d’expression
Individu soumis Individu autonome face
à la communauté à la communauté
Individu souverain en politique Individu représenté en politique
But : le bien commun But : le bonheur

Chez les Grecs, la vie privée n’est pas séparée de la vie sociale, la liberté est
politique et collective. Mais avec l’affirmation de l’individu aux XVIIe-XVIIIe siècles,
l’existence individuelle l’emporte sur la vie en société. Les libertés sont donc celles
qui protègent l’autonomie face à la société et particulièrement face à l’État.
Benjamin Constant : libertés individuelles et libertés politiques

« La liberté individuelle, je le répète, voilà la véritable liberté moderne. La


liberté politique en est la garantie ; la liberté politique est par conséquent
indispensable. Mais demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme
ceux d'autrefois la totalité de leur liberté individuelle à la liberté politique, c'est
le plus sûr moyen de les détacher de l'une, et quand on y serait parvenu, on ne
tarderait pas à leur ravir l'autre. »

La liberté des anciens est caractérisée essentiellement par une forte


participation à la vie publique et politique, ne laissant que peu de place à
l’individu lui-même, tandis que la liberté des modernes accorde la prééminence
aux droits individuels, qui étaient quasi-inexistants dans les systèmes
antérieurs. Toutefois, si ces libertés individuelles paraissent désormais difficiles
à remettre en cause et rendent peu réaliste un retour à la liberté des anciens, il
ne faudrait pas non plus que ces libertés individuelles et le risque de repli sur
soi, conduisent à négliger les libertés politiques, ce qui risquerait de constituer
une menace sérieuse envers ces mêmes libertés.
Benjamin Constant : participer ou être représenté ?
Nous ne pouvons plus jouir de la liberté des anciens, qui se composait de la participation
active et constante au pouvoir collectif. Notre liberté à nous doit se composer de la
jouissance paisible de l'indépendance privée. La part que dans l'antiquité chacun prenait
à la souveraineté nationale n'était point, comme de nos jours, une supposition abstraite.
La volonté de chacun avait une influence réelle ; l'exercice de cette volonté était un plaisir
vif et répété. En conséquence, les anciens étaient disposés à faire beaucoup de sacrifices
pour la conservation de leurs droits politiques et de leur part dans l'administration de
l'État. Chacun sentant avec orgueil tout ce que valait son suffrage, trouvait, dans cette
conscience de son importance personnelle, un ample dédommagement.
Ce dédommagement n'existe plus aujourd'hui pour nous. Perdu dans la multitude,
l'individu n'aperçoit presque jamais l'influence qu'il exerce. Jamais sa volonté ne
s'empreint sur l'ensemble, rien ne constate à ses propres yeux sa coopération. L'exercice
des droits politiques ne nous offre donc plus qu'une partie des jouissances que les
anciens y trouvaient, et en même temps les progrès de la civilisation, la tendance
commerciale de l'époque, la communication des peuples entre eux, ont multiplié et varié
à l'infini les moyens de bonheur particulier. [...]
Le but des anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d'une même
patrie ; c'était là ce qu'ils nommaient liberté. Le but des modernes est la sécurité dans les
jouissances privées ; et ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à
ces jouissances. [...]
Benjamin Constant : « De la liberté des anciens comparée à celle des modernes » (1819)
Benjamin Constant : les rapports entre liberté et institutions démocratiques

« [ chez les anciens] les actions privées sont soumises à une surveillance sévère.
Rien n'est accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions,
ni sous celui de l'industrie, ni surtout sous le rapport de la religion. [...]
Ainsi chez les anciens, l'individu, souverain presque habituellement dans les
affaires publiques, est esclave dans tous ses rapports privés. Comme citoyen, il
décide de la paix et de la guerre ; comme particulier, il est circonscrit, observé,
réprimé dans tous ses mouvements [...]. Chez les modernes, au contraire,
l'individu, indépendant dans la vie privée, n'est, même dans les États les plus
libres, souverain qu'en apparence. Sa souveraineté est restreinte, presque
toujours suspendue ; et si à époques fixes, mais rares [...], il exerce cette
souveraineté, ce n'est jamais que pour l'abdiquer. » (Benjamin Constant, « De la
liberté des anciens comparée à celle des modernes », 1819)

Selon Benjamin Constant, la liberté dans les sociétés anciennes se


caractérise essentiellement par la possibilité offerte aux individus de participer à
l’exercice du pouvoir souverain alors que celle des sociétés modernes se définit
par l’exercice de droits individuels opposables à la puissance publique.
La loi dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (1789)

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi,
l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui
assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits.
Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art. 5. La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société.
Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut
être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.

Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont
droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation.
Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous
les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes
dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction
que celle de leurs vertus et de leurs talents.

Parce qu’elle est l’expression de l’intérêt général, la loi s’impose à tous. C’est
pourquoi la démocratie repose sur l’État de droit.
Une revendication de démocratie directe : le référendum d’initiative citoyenne

En revendiquant la possibilité d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC), les


« Gilets jaunes » renouent avec l’idée de démocratie directe déjà défendue par
Rousseau au XVIIIe siècle.
Démocratie directe Démocratie représentative

Modalités • Vote direct (référendum) • Élection


• Tirage au sort • Compétition politique
• Plus démocratique • Compétence accrue des élus
• Évite les conflits
Avantages • Élimine le risque de corruption
• Contrôle direct par la révocation

• Peu de citoyens • Tous les citoyens n’ont pas les


• Faible participation des citoyens mêmes chances d’exercer une
à la vie politique fonction
• Risque d’incompétence • Pas de mandat impératif
• Risque de démagogie • Professionnalisation
Limites • Exercice ponctuel de la
citoyenneté
• Risque de désintérêt de la part
des citoyens
• Populisme
L'évolution de la démocratie représentative

• Au XIXe siècle domine le parlementarisme. Le vote exprime un rapport de confiance


personnelle envers une personne (généralement un notable).
• À partir du début du XXe siècle, la démocratie représentative évolue vers le
multipartisme, en parallèle avec le développement du suffrage universel. Face aux
partis de notables, les partis de masse permettent l'accès au pouvoir de personnes de
condition modeste. Le vote tend à exprimer une fidélité à une organisation politique
structurée. Mandatés par leur parti, les représentants adoptent une discipline de vote
tournée vers la réalisation d'un programme.
• Aujourd’hui, la démocratie d'opinion consacre la personnalisation du choix électoral.
Elle place l'opinion publique au sommet du système dans la perspective d'un contrôle
continu de l'action publique. L'image et la personnalité du représentant jouent un
rôle plus important que son projet de société. Les partis politiques deviennent des
partis « attrape-tout » caractérisés par un faible recours à l'idéologie et par une
stratégie visant à rechercher l'adhésion électorale la plus large. Les programmes des
partis deviennent indistincts, ce qui se traduit par une atténuation du clivage
gauche/droite.
L'évolution de la démocratie représentative

XIXe siècle : Le vote exprime une confiance personnelle envers les


parlementarisme notables.

Les partis de masse permettent l'accès au pouvoir de


XXe siècle : personnes de condition modeste. Le vote exprime une
multipartisme fidélité à une organisation politique tournée vers la
réalisation d'un programme.

Le choix électoral est de plus en plus déterminé par


XXIe siècle :
l'image du candidat. La personnalité compte davantage
démocratie d'opinion ? que le projet de société.
L’inquiétude de Tocqueville :
de la démocratie à la tyrannie ?
Tocqueville : la démocratie au service des libertés individuelles

Dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1835-1840), le philosophe et


homme politique Alexis de Tocqueville aborde la relation entre démocratie et
liberté. Il montre que la démocratie moderne recherche « l'égalité des
conditions » qui reconnaît à chaque individu, quel que soit son rang social, le
droit de s'élever dans la société. Ce souci égalitariste peut conduire, selon lui, au
despotisme de l'opinion publique.
Tocqueville voit dans la société américaine un modèle où la « passion de
l'égalité » cohabite avec « le désir de liberté ». Malgré sa volonté d'égalitarisme,
la démocratie américaine s'appuie sur une société civile pluraliste, un auto-
gouvernement local, des associations volontaires, la liberté de la presse et un
rôle important du droit. Le sentiment religieux est également un moyen de
limiter l'individualisme démocratique en renforçant le sens de la communauté
et les solidarités.

La conciliation de la démocratie et du libéralisme donne naissance à la


démocratie libérale, système politique dans lequel les mécanismes
démocratiques sont mis au service de la promotion des libertés individuelles.
Tocqueville : la démocratie inéluctable mais menacée

Les deux ouvrages majeurs de Tocqueville, De la démocratie en Amérique


(1835) et L'Ancien régime et la Révolution (1856) traitent d'un seul et même
thème, la question des relations entre démocratie et révolution, abordé dans
une perspective comparative.
Tocqueville constate que la mobilité sociale qui accompagne la démocratie
transforme les relations sociales : dans une société où les emplois sont
déterminés par les compétences, les relations sont débarrassées de la
soumission et du paternalisme, elles deviennent contractuelles (on retrouve
l'héritage des Lumières) et fonctionnelles. Cette évolution étant inéluctable, il
est inutile de la précipiter par une révolution.
Tocqueville met en garde contre le règne de l'opinion publique : il redoute le
« despotisme de la majorité ». En effet, en démocratie il devient plus difficile de
s'opposer à la majorité puisque celle-ci est devenue la source de toute
légitimité. Les sociétés démocratiques sont donc menacées par le conformisme
et les minorités se réfugient dans une « spirale du silence ».
Tocqueville : comment concilier liberté et égalité dans la démocratie ?

Conformisme Mobilité sociale


 « despotisme de la majorité »

« Rapprochement
des conditions »
Individualisme
 repli sur la sphère privée

« Passion de l'égalité »

Despotisme
protecteur de l'État
« Frustration relative »
 conflictualité

La « passion de l'égalité » l'emporte sur le « goût pour la liberté ». Cette dernière


se trouve étouffée par une « servitude réglée, douce et paisible ». C'est bien
l'agrégation des comportements individuels qui conduit au despotisme, et non la
volonté d'un tyran.
Tocqueville : en démocratie, les relations sociales sont plus conflictuelles

Selon Tocqueville, si chaque individu, voulant pleinement exercer sa liberté, ne


se préoccupait que de son intérêt personnel, la démocratie conduirait à
l'anarchie. Mais il ne pense pas que l'excès de liberté soit le risque le plus
menaçant pour une société démocratique. Il redoute par-dessus tout la
« tyrannie de la majorité », car dans la démocratie, les individus ont « une
passion pour l'égalité » et seulement un « goût naturel pour la liberté ».
Le « rapprochement des conditions », dans une société où le statut n'est plus
assigné par la naissance, entraîne une plus grande conflictualité : les individus
revendiquent davantage dans une démocratie fondée sur l'égalité des droits
que dans une société où la position sociale était déterminée par les privilèges.

Le combat pour le suffrage universel illustre cette transformation : alors que


dans la monarchie, chaque sujet acceptait de se soumettre à un ordre politique
« de droit divin », dans la démocratie, le suffrage censitaire apparaît comme
une inégalité entre les citoyens qu'il est possible de corriger par le combat
politique.
Tocqueville : dans la démocratie,
la mobilité sociale fait naître des aspirations égalitaires

La société démocratique se caractérise par la mobilité sociale et la recherche


du bien-être matériel. Pour diverses raisons, certains réussiront mieux que
d'autres. Paradoxalement, l'égalité des conditions conduit à l'inégalité
économique. Si les membres de la société démocratique cherchent à s'enrichir,
c'est aussi pour se différencier socialement. Il y a donc une aspiration égalitaire
(conscience collective) et une aspiration inégalitaire (conscience individuelle).
Les petites inégalités (dues à une différence de degré) apparaissent moins
supportables que les grandes (différence de nature) car elles sont plus faciles à
corriger : la « frustration relative » est une source de conflits sociaux bien plus
forte que la frustration absolue décrite par Marx.
Tocqueville : la démocratie peut entraîner la tyrannie de la majorité

Démocratie

Intérêt général

Majorité Minorité
 opinion  opinion
légitime non légitime

Conformisme Silence

À travers ce mécanisme, l'opinion dominante se renforce d'elle-même.


L'opinion publique est donc définie comme l'opinion qui peut être exprimée en
public sans risquer la sanction sociale de l'isolement.
Tocqueville : la démocratie menacée par l’individualisme

La démocratie est menacée par l'individualisme qui conduit à un repli sur la


sphère privée. Les citoyens préfèrent alors améliorer leurs conditions
matérielles et se désintéressent des affaires publiques. Ils abandonnent alors
leur souveraineté à l’État dont le pouvoir tutélaire, protecteur et bienveillant,
réduit leur liberté.

• Selon Tocqueville, en assurant l’égalité, la démocratie permet à chacun


l’ascension sociale. Toutefois, cela risque de favoriser l’individualisme.

• Parce qu’elle recherche l’intérêt général, la démocratie s’appuie sur le règne


de la majorité qui exprime l’opinion légitime. Cependant, la minorité est alors
tentée d’opter pour le conformisme ou le silence.

• Se repliant sur la sphère privée, les citoyens se désintéressent de la vie


publique et s’en remettent à l’État, acceptant ainsi une forme de despotisme.
Analyse d’extraits de Tocqueville :

1) Qu'est-ce qu'une société démocratique selon Tocqueville ?

2) Quelles sont les tensions qui existent entre égalité et liberté ?


Conséquences ?

3) Quelles sont les inquiétudes de Tocqueville ?

4) Quelles sont les « solutions » proposées par Tocqueville ?


L'évolution de la démocratie représentative

Le gouvernement représentatif a évolué en trois grandes étapes :


• Au XIXe siècle, le Parlement est au centre de la vie démocratique. Le vote exprime un
rapport de confiance personnelle envers un élu, généralement un notable.
• Au début du XXe siècle, avec les progrès du suffrage universel, la démocratie
représentative évolue vers le multipartisme : à côté des partis de notables
apparaissent des partis de masse. Ils permettent l'accès au pouvoir de personnes de
condition modeste. Le vote exprime la fidélité à une organisation politique. Mandatés
par leur parti, les représentants adoptent une discipline de vote tournée vers la
réalisation d'un programme.
• Au tournant du XXIe siècle, la démocratie d'opinion tend à personnaliser le choix
électoral. Avec le règne des experts en communication et des sondages, l'opinion
publique prend une place prépondérante et tend à contrôler en continu l'action des
élus. L'image et la personnalité du candidat jouent un rôle plus important que son
projet de société. Les partis politiques deviennent des partis « attrape-tout »
caractérisés par un faible recours à l'idéologie et par une stratégie visant à rechercher
l'adhésion électorale la plus large. Les programmes des partis deviennent moins
distincts, ce qui se traduit par une atténuation du clivage gauche/droite.
Profession des députés élus en 2017
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Agriculteurs Artisans, Cadres et Prof. Employés Ouvriers
exploitants commerçants prof. intell. intermédiares
, chefs d'entr. sup.
Démocratie : quelle représentativité ?

L'un des enjeux de la démocratie représentative est de savoir si les élus


« représentent » effectivement leurs électeurs, non seulement au sens
politique mais aussi au sens sociologique (à la manière de la représentativité
statistique d'un échantillon dans un sondage) à savoir dans leur diversité, tant
au niveau des revenus, des classes sociales ou des niveaux d'instruction.

À l’Assemblée nationale élue en 2017, 4,6 % seulement des députés sont


employés et aucun n’est ouvrier, alors que ces catégories représentent la moitié
de la population active. À l’inverse, les cadres et professions intellectuelles
supérieures représentent 76 % des élus, soit 4,4 fois plus que leur part dans la
population active.
Le système représentatif est-il réellement démocratique ?

La démocratie représentative repose sur deux piliers : la participation


citoyenne et la désignation de représentants. Selon certains auteurs, le
régime représentatif comporte donc à la fois des traits démocratiques et des
traits non démocratiques (parfois qualifiés d’oligarchiques).
Si l'on considère les citoyens en tant que candidats potentiels aux charges,
l'élection apparaît comme une procédure inégalitaire (aristocratique) car,
contrairement au tirage au sort, elle ne donne pas à tous une chance égale
d'accéder aux fonctions publiques et réserve celles-ci à des individus que
leurs concitoyens jugent supérieurs aux autres.
Toutefois, si l'on envisage les citoyens non plus en tant que gouvernants
potentiels mais en tant que titulaires du droit à conférer les charges,
l'élection peut être considérée comme démocratique car tous ont une égale
possibilité de choisir les gouvernants.
Démocratiser la démocratie ?

Une démocratie qui ne serait qu’une addition de référendums se réduirait


à un face-à-face permanent entre le peuple et le pouvoir et au césarisme
(Pierre Rosanvallon)
Pourquoi la tentation populiste ?

La professionnalisation des gouvernants, conjuguée à la technicisation des problèmes et


des solutions proposées, a pour effet d'éloigner les milieux populaires de la politique.
C'est dans ce contexte qu'émergent, dans la plupart des démocraties, des leaders
populistes tirant argument de cette coupure pour prétendre bousculer le jeu politique.
Le discours populiste repose sur la dénonciation des élites dont il condamne
l'aveuglement, la corruption et l'impuissance. Il met en avant la collusion entre les
privilégiés (de la sphère économique, culturelle, politique...) et entend renverser l'ordre
social en donnant la parole (et le pouvoir) aux plus modestes. Le populisme peut être de
droite ou de gauche, il est volontiers extrémiste, mais il sait parler aux foules en usant
d'arguments simples, voire démagogiques.
Dans le cadre européen, les institutions et les politiques de l'Union européenne sont
ainsi prises pour cibles dans des pays où les politiques mises en œuvre sont jugées
responsables de tous les maux (chômage, dette publique, problèmes liés aux
migrations...). Le populisme se teinte alors volontiers de nationalisme, les gouvernants
étant accusés d'avoir bradé la souveraineté nationale en acceptant le « fédéralisme »
européen.
De l’importance du mode de scrutin

La compétition politique qui préside à la démocratie représentative implique un


accord sur les modalités du combat électoral. Elle exige également que les
vaincus s'inclinent devant les résultats et se soumettent à la loi de la majorité.
Mais cela peut poser problème lorsqu'il y a une distorsion entre le nombre de
voix obtenues dans l’électorat et le nombre de sièges : le mode de scrutin
utilisé lors des élections peut devenir un réel enjeu de la vie démocratique.

Le scrutin proportionnel apparaît plus démocratique en ce qu’il permet de


représenter toutes les sensibilités politiques. Mais il fragmente le paysage
politique et ne permet pas la formation de majorités stables.
À l’inverse, le scrutin majoritaire accorde une « prime au vainqueur » qui
consolide les majorités. Mais une partie des électeurs n’est pas représentée, ce
qui entraîne des frustrations pouvant se traduire par l’abstention ou le choix
d’un vote radical.
La démocratisation du vote en France au XIXe siècle

Seuls les hommes de trente ans payant une contribution


1815 directe de 300 francs ont le droit de vote. Pour être élu,
Restauration il faut avoir 40 ans et payer au moins 1 000 francs de
contributions directes.
Les électeurs les plus imposés peuvent voter deux fois.
1820 Ces mesures cherchent à avantager les grands
Restauration propriétaires fonciers, c’est-à-dire l’aristocratie
conservatrice et légitimiste.
Le cens nécessaire pour être électeur passe de 300 à
1830
200 francs et de 1 000 à 500 francs pour être élu. L’âge
Monarchie de
minimum pour voter est abaissé de 30 à 25 ans et celui
Juillet pour être élu de 40 à 30 ans.

Sont électeurs tous les Français âgés de 21 ans et


1848
jouissant de leurs droits civils et politiques. Le droit
IIe République d’être élu est accordé à tout électeur de plus de 25 ans.

Alors que la démocratie représentative gagne du terrain au cours du


XIXe siècle, on observe un élargissement progressif du suffrage.
Indice de démocratie : les bons et les mauvais élèves du classement
2019
Norvège (1)
Islande (2)
Suède (3)
Nouvelle Zélande (4)
Finlande (5)

France (20)
États-Unis (25)

Tchad (163)
Syrie (164)
Centrafrique (165)
Rép. Dém. Du Congo (166)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Sur une échelle de 0 à 10, la note attribuée à chaque État prend en


compte 60 critères qui évaluent le processus électoral et le pluralisme,
les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation
politique et la culture politique.
Scrutin majoritaire ou scrutin proportionnel ?

Le scrutin majoritaire donne des


majorités plus larges, donc plus
stables. Mais une partie de
l’électorat n’est pas représentée.

Le scrutin proportionnel permet une


représentation plus fidèle des
différentes sensibilités politiques de
l’électorat. Mais les majorités sont
plus fragiles.
Les modes de scrutin en Europe

Scrutin Scrutin
proportionnel majoritaire

Scrutin proportionnel Scrutin majoritaire


Scrutin mixte respectant une Scrutin mixte à
représentation proportionnelle tendance majoritaire
Les démocraties représentatives dans le monde
Tocqueville : la démocratie menacée par le despotisme

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le
monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans
repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent
leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les
autres. […]
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire , qui se charge seul
d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier,
prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour
objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer
irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne
songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique
agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite
leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs
successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de
penser et la peine de vivre ?

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, t. II, IVe partie, Chap. VI (1840)


Tocqueville : comment le peuple abandonne sa souveraineté

« La crainte du désordre et l’amour du bien-être [portent] insensiblement les peuples


démocratiques à augmenter les attributions du gouvernement central, seul pouvoir qui
leur paraisse de lui-même assez fort, assez intelligent, assez stable pour les protéger
contre l’anarchie. »

Alexis de Tocqueville
Référendum : une expression de la démocratie directe ?

Le référendum a pour objet de légitimer une décision politique, par consultation des
personnes concernées (en général le corps électoral, éventuellement élargi aux
résidents.
La pratique de cette méthode liée à la démocratie directe montre un certain nombre de
limites :
- Le référendum est lié à l'agenda politique de ses organisateurs, qui contrôlent son
calendrier ainsi que la formulation de la question posée ;
- Les sujets abordés sont parfois complexes et peuvent nécessiter une certaine
expertise qui n'est pas forcément audible dans un débat aux contours émotionnels ou
lors d'une consultation ouvertement populiste ;
- Le référendum renforce la prise de décision à majorité simple aux dépens des intérêts
des minorités et des individus ;
- le référendum n'est pas une délibération. Les votants n'ont aucun pouvoir d'infléchir
la décision, ils doivent accepter ou rejeter ce qui leur est proposé. Les votants ne
répondent le plus souvent qu'à une seule question, par oui ou par non.

En France, le référendum est reconnu depuis 1958 comme une des modalités
d'expression de la souveraineté nationale. En pratique, l'initiative en revient
exclusivement à l'exécutif (art. 11).
Une poussée du populisme en 1956

Lors des élections législatives de 1956, le candidat


Pierre Poujade s’en prend aux élites : « La France est
atteinte d'une surproduction de gens à diplômes,
polytechniciens, économistes, philosophes et autres
rêveurs qui ont perdu tout contact avec le monde
réel ») ; il appelle les citoyens à se débarrasser de la
classe politique (« Sortez les sortants ») et à faire
des choix guidés par le « bon sens ».

L’intellectuel Roland Barthes dénonce l’imposture


qui, selon lui, se cache derrière l’expression « bon
sens » : « Son rôle est de poser des égalités simples
entre ce qui se voit et ce qui est. »

(Roland BARTHES, Mythologies, 1957)


Populisme : le peuple contre les élites ?

Le populisme désigne une approche politique qui tend à opposer le peuple aux
élites politiques, économiques ou médiatiques.
Cette attitude repose sur le sentiment d'exclusion du pouvoir, qui touche aussi
bien des sensibilités politiques de droite que de gauche. Le populisme se réfère
à un peuple qu'on estime exclu du pouvoir et non écouté par la démocratie
représentative jugée coupée des réalités.
Ce courant de pensée politique peut prendre des aspects démagogiques en
préconisant des solutions simplistes aux problèmes sociaux, économiques et
politiques.

Lors des élections législatives de 1956, le leader populiste Pierre Poujade


appelle les citoyens à se débarrasser de la classe politique (« sortez les
sortants ») et à faire des choix guidés par le « bon sens ». L’intellectuel Roland
Barthes dénonce l’imposture qui se cache derrière l’expression « bon sens » :
« Son rôle est de poser des égalités simples entre ce qui se voit et ce qui est »

(Roland BARTHES, Mythologies, 1957)

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