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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

CENTRE UNIVERSITAIRE DE KASUMBALESA

FACULTE DE DROIT

INTRODUCTION AU DROIT
DESTINE AUX ETUDIANTS
L1 DE

ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023


1 Maître Jean CHALWE

INTRODUCTION GENERALE
1. Importance du cours
Ce cours de droit économique est d’une importance capitale pour tout
futur juriste. A
la base de tout, il y a des besoins : toute l’économie et tous les
mécanismes économiques reposent sur la simple constatation que
chaque homme éprouve des besoins et des services. Ce qui est vrai au
niveau de chaque personne est aussi vrai de l’ensemble de la population.
L’interventionnisme de l’Etat Congolais dans l’organisation et le
fonctionnement de
notre économie a été pendant longtemps prédominant.
Et dans le cadre de notre cours, nous parlerons de
l’interventionnisme classique (l’autorégulation) et l’interventionnisme
moderne (la régulation et le libéralisme du secteur économique : cas des
Télécommunications ou TIC)
L’importance de ce cours consiste donc, à ouvrir aux étudiants en Droit
l’essentiel des
mécanismes économiques fondamentaux pour permettre une
compréhension du monde moderne où l’économie par son dynamisme
tend à prendre une place prépondérante dans les objets et les problèmes
de la vie en société.
Et consiste également à assurer le maximum de bien être à la population,
c’est-à-dire
d’assurer au mieux l’utilisation des biens qui restent limités par rapport
aux besoins.

2. Objectif du cours

2.1. Objectif général du cours


Assurer aux étudiant en Droit, une formation dans des
questions de droit économique,
2 Maître Jean CHALWE

laquelle leur permettra non seulement d’appréhender les problèmes


complexes d’ordre juridique, mais aussi de leur fournir des conseils
utiles à partager avec les décideurs du monde économique.

2.2. Objectifs spécifiques


A l’issue de ce cours l’étudiant devra être capable de :
1. Faire face aux enjeux de la libéralisation du secteur
économique et de la concurrence ;
2. De s’adapter aux grands enjeux du futur dans un
monde dominé par la mondialisation économique et
financière et en proie à des fréquentes mutations
notamment économiques ;

3. Trouver satisfaction sur le plan de leurs activités


professionnelles futures, la formation ainsi acquise
étant sensée répondre au mieux aux besoins des
métiers d’aujourd’hui et de demain ;
4. Maitriser les enjeux et les règles de la régulation qui
est le modèle de l’économie moderne.

I. LE CADRE GENERAL DES ACTIVITES ECONOMIQUES

1.1 NOTIONS DE BASE

1.1.1 Les grandes fonctions économiques

Les grandes fonctions économiques – la production, la répartition des


revenus, la
consommation, l'épargne et l'investissement constituent le cœur de
l'étude de l'économie politique.
3 Maître Jean CHALWE

Les grandes fonctions économiques ou principes sont les actes


effectués par les
agents économiques ; les deux premières ; consommation et
production, sont à la base de l’échange ; les deux autres,
investissement et répartition, garantissent des équilibres. Si la pensée
économique a évolué, la place primordiale de la consommation a été
soulignée du XVIII° siècle (Adam Smith) au
XX° siècle (John Maynard Keynes)

1.1.2 La consommation
1.1.2.1 Définitions

Il existe plusieurs définitions de la consommation :

 consommer est l'acte d'utiliser un bien ou un service à des fins

individuelles ou collectives (définition de la Comptabilité


nationale) ;
 la consommation est la destruction immédiate ou progressive de

biens ou de services dans le but de satisfaire des besoins.

1.2. Les formes de la consommation

On distingue habituellement la consommation finale de la


consommation intermédiaire.
 la consommation finale est le fait des ménages pour satisfaire

leurs besoins. Elle est détruite immédiatement ou


progressivement lors de l'acte de consommation.
 la consommation est intermédiaire lorsqu'elle existe à un

moment du cycle de production, les biens consommés sont


détruits ou transformés et entrent dans la composition du produit
fabriqué.
4 Maître Jean CHALWE

Les biens consommés par les ménages sont classés selon


des critères de durabilité,
de matérialité et d'origine marchande ou non. On classe également les
consommations selon leur caractère individuel ou collectif. La
consommation est individuelle lorsque l'usage d'un bien par un individu
exclut un autre individu du même usage en même temps. La
consommation est collective lorsqu'un bien ou un service peuvent être
consommés par plusieurs personnes en même temps.

1.3. Les déterminants de la consommation

Le consommateur choisit en fonction de son revenu et des


prix du marché ce qui lui
est le plus utile d'acheter. Ses choix découlent de l'utilité du bien ou du
service consommé.

La consommation dépend de la demande :


acquisition de biens et de services
marchands ou non marchands pour satisfaire les besoins.

Pour répondre aux besoins, la demande rencontre une


contrainte : le niveau de
revenu des agents, imposants, des choix notamment entre la
consommation courante et l’achat de biens durables. L’importance de
l’acte de consommer donne lieu à la fois à des analyses
macroéconomique et micro économiques.

La macroéconomie a pour objet l'étude globale de


l'économie à partir de grands
agrégats (somme des grandeurs économiques de même nature en
valeur ou en volume) comme la consommation, la production, l'emploi,
5 Maître Jean CHALWE

le revenu, l'investissement, l'inflation, revenu national, le taux de


chômage, etc.

La microéconomie (ou micro-économie) est la branche de


l'économie qui modélise le
comportement des agents économiques (consommateurs, ménages,
entreprises, etc.) et leurs interactions notamment sur les marchés.

1.4 La production

Terme le plus utilisé du vocabulaire économique, la notion


de production n’a pourtant
pas une définition univoque, sans ambigüité.

Depuis, l’ambiguïté est liée au fait que la production n’est


pas une création sui
generis, mais le résultat de la combinaison de facteurs des éléments
constitutifs, dans des conditions précises, pour obtenir un bien ou un
service correspondant à un besoin.

C'est un processus de création de bien et de service ou


des unités nouvelles en
combinant des facteurs de production. Il y en a trois: le capital, le
travail et les ressources naturelles.

La production se compose d'une production marchande et


non marchande. La
production marchande comprend les biens et services échangeaient
sur le marché à un prix couvrant au minimum leurs coûts de
production. Elle est constituée d'un secteur privé marchand (toutes les
entreprises privées quelques soient leurs formes). La production
marchande est également constituée d'un secteur public marchand.
L'état intervient. La production non marchande, par convention il
n'existe pas de bien non marchand. Il n'existe que des services non
6 Maître Jean CHALWE

marchands. Il s'agit d'une production de service fournit gratuitement ou


quasi-gratuitement par des administrations publiques et privées.

1.5 Les agrégats de la production :

Un agrégat est une grandeur synthétique mesurant le


résultat de l'activité
économique. Le principal agrégat est le PIB.

La valeur ajoutée c'est la richesse crée par l'entreprise. La


valeur ajoutée est le niveau
de richesse que l'entreprise créée, financièrement c'est l'excédent
d'argent que l'entreprise perçoit par rapport à son cout de production.

En transformant une richesse, un individu serait capable


d'en payer un prix supérieur
à son état initial. C'est en quelque sorte le passage d'un état A (en
général brut) à un état B (transformé) qui donne à la même matière
première une plus grande valeur.

Pour calculer :
VA= Prod.- Conso. Intermédiaire ou en compta VA= chiffre d'affaire –
Charges externe. L'intérêt de cette notion Valeur Ajouté c'est que l'on
mesure la richesse crée par une entreprise mais aussi la richesse crée
par la nation. La somme des valeurs ajoutées constituent le P.I.B.

La définition de la valeur ajoutée au niveau macro-économique


correspond au Produit Intérieur Brut (PIB). Un pays aussi peut être vu
comme un acteur économique qui peut donc créer à son tour de la
valeur.
7 Maître Jean CHALWE

En conséquence la valeur ajoutée d'un pays est applée le Produit


Intérieur Brut (P.I.B.), il correspond à la somme des valeurs
ajoutées crées par ses entreprises.

P.I.B = somme des VA + TVA + droit de douane sur les produits


importés – subvention à l'exportation.

1.6 L’investissement

L'investissement est l'action d'investir, c'est-à-dire d'acquérir de


nouveaux
moyens de production, d'améliorer leur rendement ou de placer des
capitaux dans une activité économique, dans une entreprise, etc.
Le moteur de l'investissement est la perspective d'en retirer un profit.
En effet,
investir consiste à engager une importante dépense aujourd'hui afin
d'obtenir un bénéfice dans le futur. La décision relative à un
investissement est prise en comparant les profits espérés avec le taux
d'intérêt d'un placement financier.
Dans une entreprise, la distinction entre investissements et charges est
basée sur le
fait que l'investissement modifie durablement le cycle d'exploitation et
permet sa croissance, tandis que la charge est "consommée" dans
celui-ci.
On distingue les investissements matériels (machines, bâtiments, etc.)
des
investissements immatériels (brevets, licences,
logiciels, innovation, etc.). Les investissements
peuvent être également classés selon leurs objectifs :
 remplacement d'un matériel obsolète ;
8 Maître Jean CHALWE

 augmentation des capacités de production ;


 modernisation afin d'accroître la productivité ;
 investissement stratégique pour développer l'entreprise (ex

acquisition d'une autre société) ;  investissement financier.

1.7 La répartition des revenus

Toute production engendre des revenus. La valeur ajoutée


rémunère les agents
économiques qui ont participé à l’activité de production en apportant le
capital et le travail.

Les revenus du travail rémunèrent les salariés et se


composent des salaires et des
cotisations sociales.

Les revenus mixtes rémunèrent les entrepreneurs


individuels qui apportent travail et
capital. Tous ces revenus correspondent aux revenus primaires.

Puis l’Etat assure une redistribution verticale par le biais


des impôts, et la sécurité
sociale assure la protection sociale contre les risques sociaux par le
biais des cotisations sociales.

Les prélèvements obligatoires regroupent les impôts, les


taxes et les cotisations
perçues par les administrations publiques. Il faut différencier
assurance et assistance. L’assurance implique que l’on a contribué au
financement pour pouvoir ensuite recevoir éventuellement des
prestations ; l’assistance est une aide apportée aux plus défavorisés.
9 Maître Jean CHALWE

D’autres types de répartition des revenus :

On parle d’assurance maladie, vieillesse, chômage. . . Le


RSA (revenu de solidarité
active), les bourses relèvent de l’assistance.

La redistribution horizontale correspond à une logique


d’assurance, elle transfère
des revenus de certains groupes sociaux à d’autres groupes sociaux.

La redistribution verticale correspond à une logique


d’assistance, elle transfère des
revenus des groupes sociaux les plus riches vers les groupes sociaux
les plus pauvres.

1.8 L’épargne

1.8.1 Définition

L'épargne correspond à la partie du revenu disponible qui


n'est pas consacrée à la
consommation immédiate.

1.8.2. Les motifs de l'épargne :

 pour disposer de liquidités afin d'acquérir immédiatement un bien


ou un service ;
 pour se protéger contre divers risques (maladie, accidents,
chômage, vieillesse, inflation) ;
 pour constituer ou accroître un patrimoine pour soi-même, dans

une optique de placement, pour le transmettre à ses héritiers.


10 Maître Jean CHALWE

2. LES DIFFERENTES FORMES D’ORGANISATION


ECONOMIQUE ET SOCIALE

2.1 Notion de système

Ensemble abstrait dont les éléments sont coordonnés par


une loi, une théorie. Devant
la diversité des organisations économiques et sociales la recherche
doit isoler quelques systèmes.
Il convient donc de distinguer les systèmes de
l’organisation (ou régime économique).
1945 à1960 ; les travaux de l’école structuraliste (Claude
Levistrauss, Jean Piaget)
dans les années 1960 ont permis de fixer une définition univoque : un
système est une représentation abstraite, un modèle permettant une
description et une compréhension d’ensembles économiques réels.
Tout système est donc un équilibre cohérent reposant sur
des composantes
structurelles, les institutions, les moyens techniques, les
comportements et les psychologies économiques et sociaux.

2.2 Le système capitaliste

Système économique basé sur la propriété privée des


moyens de production et
structuré en vue de maximiser les profits. Le capitalisme présuppose la
liberté de commerce et l'existence d'un marché d'acheteurs et de
vendeurs de biens. Synonyme: économie de marché.
Un système combinant l'initiative privée, la libre entreprise,
la décentralisation des
décisions et la recherche du profit monétaire, en tant que pivots des
décisions économiques.
Le libre jeu du marché et la non-intervention de l'Etat, le
rôle de l'intérêt individuel
11 Maître Jean CHALWE

dans le comportement de l'agent économique en sont les principes


essentiels.
1. Le capitalisme est caractérisé par ces 2
aspects essentiels :
Propriété privée des moyens de production = capital (c'est-à-dire la
machine, usine...) qui intervient dans le travail pour transformer les
produits. Cette propriété est privée et non publique, il peut s'agir
d'entreprise individuelle ou de société dont les s pour A
(développement avec le capitalisme) caractéristique car à la base de la
construction des grandes entreprises.
2. Des marchés et des prix libres.

2.2.1 Les fondements du capitalisme :

Le système capitaliste repose sur des fondements :

 d’une part juridique, qui définissent les droits des citoyens et la

liberté d'entreprise et individuelle ;


 d'autre part idéologiques, dont les bases sont le libéralisme qui

se traduit par l'individualisme et les lois du marché ;


 enfin économiques, exprimées par les lois naturelles régissant

l’économie et le rôle moteur du profit.

Cette distribution des pouvoirs, implique un régime juridique approprié


au minimum
un droit positif qui attribue la libre disposition de soi et des choses. Le
droit contractuel prend alors une place centrale : contrat de travail,
contrat commercial, contrat de prêt, contrat de location etc.
Deux mécanismes assurent l’allocation des ressources et la
régulation du
12 Maître Jean CHALWE

système sur les marchés : les prix permettent d’ajuster l’offre et la


demande, la concurrence, mécanisme autorégulateur des prix. La
sanction en est le profit, objectif du système capitaliste.

2.2.2 Système collectiviste

Le collectivisme économique est un mode d'organisation sociale


fondé sur la mise en commun des moyens de production. Par
extension, il désigne un système qui admet une intervention d'un
organisme dans le domaine économique pour organiser sa
planification et sa gestion au profit de l’Etat ou groupements plus
restreints : coopératives ouvrières, communautés villageoises,
cantonales, etc.

Dans le collectivisme, les moyens de production


appartiennent donc à tous. Le
collectivisme met en avant la solidarité mais il ne s'oppose pas à
l'individualisme en tant que droit de chaque individu à exister et à être
libre. Les entreprises sont donc des entreprises d’Etat.

2.2.3 Les fondements du collectivisme :

 la propriété étatique des moyens de production ;


 contrats « administrés et encadrés » : attribution centralisée ;
 un État omniprésent ;
 le collectivisme économique est considéré par ses partisans

comme un moyen d’atteindre la justice sociale et un idéal


égalitaire.
13 Maître Jean CHALWE

3. Rapport entre droit et économie

Avec, en effet, un même régime juridique, on peut


rencontrer des systèmes
économiques fondamentalement différents. L’évolution que le monde
occidental a connu du XIXème au XXIème siècle le montre à suffisance.
Juristes et économistes congolais sont restés longtemps
insensibles à ce courant,
croyant que le vent psychologique puis mathématique qui a drainé la
pensée économique contemporaine faisait totalement abstraction de
ce que l’on pourrait appeler l’économie institutionnelle.
Il faut également considérer les mécanismes par
lesquels l’économie s’adapte
aux évolutions du système juridique, qui participe également de
son environnement.

II. LA NOTION DE DROIT ECONOMIQUE

La notion même de droit économique est controversée et


pose le problème de son
opportunité ce qui explique le nombre de ses caractères et de ses
objectifs ainsi que la spécificité de ses sources.

2.1 : Opportunité d’un droit économique


Les premières réflexions doctrinales qui sont à l’origine du
droit économique ont porté
sur les conditions dans lesquelles certains secteurs de l’économie
peuvent être incorporés dans l’ordre juridique.

Cette prise en considération juridique des questions


d’ordre économique, manifeste
14 Maître Jean CHALWE

un incontestable élargissement de la sphère juridique, ou comme on


dit aujourd’hui de l’état de droit.
La difficulté d’insérer dans les catégories juridiques
classiques les mécanismes
destinés à règlementer les activités économiques et à organiser les
interventions des pouvoir publics sur le marché ainsi que la stratégie
du développement économique a conduit à la mise en place d’un droit
appliqué à l’économique, ou droit économique.

2.1.1. Inadaptation du système juridique classique


Le système juridique classique repose sur une conception
dualiste du droit et met en
exergue, d’une part, le droit public et d’autre part, le droit privé. Apparu
bien avant l’avènement de la société industrielle, cette conception
connait des limites. Car elle n’a pu prévoir les grandes mutations de la
vie économique qu’allaient engendrer à un rythme croissant la course
à l’industrialisation et l’aspiration au développement économique et
social.

2.1.2 Limites du droit public classique


Le droit public réglemente l’organisation et le
fonctionnement de l’Etat et des
collectivités publiques mais aussi les relations entre les pouvoirs
publics et les personnes privées.
Ce sont des questions d’intérêt général qui se trouvent au
cœur du droit public. Les
pouvoirs publics ont précisément pour mission de veiller à la protection
de cet intérêt. Il ne leur appartient donc pas de s’ingérer dans les
relations des personnes privées entre elles si ce n’est uniquement par
l’organisation d’une justice capable de résoudre les conflits.
Dans le même sens, l’Etat n’hésite pas à s’associer avec
les opérateurs économiques
15 Maître Jean CHALWE

privés pour créer des entreprises à capitaux mixtes.

2.1.3 Limites du droit privé classique


Le droit privé, pour sa part, se préoccupe des intérêts
privés, régit les personnes
privées ainsi que les rapports qui s’établissent entre elles.
Basé sur les notions de liberté et d’autonomie de la volonté
le droit privé a été conçu
pour une économie atomistique ,c’est-à-dire celle où foisonnent
d’innombrables entreprises individuelles dans un marché auto
régulateur et dans un contexte où la compétition concurrentielle se
déroule entre des opérateurs économiques de taille moyenne de telle
sorte qu’aucun operateur à lui tout seul n’est capable de dominer le
marché, de perturber l’équilibre de ce marché ou d’exercer une
influence sensible sur ce marché.
C’est dans ce contexte qui est né le droit de la concurrence
(ordonnance législative
n°41-63 du 24 février 1950), appelé à se développer pour mieux
réprimer les pratiques anticoncurrentielles individuelles et collectives).

C’est aussi dans cette atmosphère que se développe


progressivement un véritable
droit de la protection des consommateurs.
Pour conclure, le système économique congolais a subi au
cours de son évolution
une réduction du nombre de pouvoirs de décisions économiques
appartenant au secteur privé et une augmentation des centres de
décision publics. L’économie reste cependant tripolaire (privée,
publique et mixte) autours de laquelle tournoie un dynamique des
P.M.E sous équipées d’hommes, en capitaux et particulièrement
exposée aux efforts du progrès technique et de la concurrence des
grandes entreprises.
16 Maître Jean CHALWE

2.2 Essai de définition du droit économique


2.2.1 Définition du concept Droit
Le Droit peut se définir comme : l’ensemble des règles
sanctionnées par l’autorité
extérieure qui régissent les relations des hommes vivant en
société, tout en leur donnant en même temps le pouvoir de faire
les actes nécessaires en vue d’obtenir la satisfaction de leurs
intérêts matériels ou moraux. Dans cette définition se dégagent les
notions ci-après :
1. De droit objectif : l’ensemble des règles qui régissent les
relations des hommes vivant en société.
2. De droit subjectif : tout en leur donnant le pouvoir de faire les
actes nécessaires en vue d’obtenir la satisfaction de leurs
intérêts matériels ou moraux.
3. Caractère obligatoire : l’ensemble des règles sanctionnées par
une autorité extérieure.

2.2.2 Définition du concept économie


Selon Adam Smith, ‘économie est une science de la
richesse. Economie, le terme
richesse a une signification particulière, il se réfère aux biens qui
satisfont les besoins humains. Mais tous les biens qui satisfont les
besoins humains ne sont pas des richesses. Par exemple, l’air et la
lumière solaire sont indispensables, mais ne sont des richesses.
Aussi, on peut considérer l’économie comme la science de
consommation des richesses. Pour Lionnell Robbins, l’économie est la
science qui étudie le comportement humain comme une relation entre
fins et rareté des biens à usage alternatif.
Droit récemment crée, le droit économique est une
discipline jeune qui est né à la
17 Maître Jean CHALWE

Faculté de Droit de l’Université de Nice vers les années 1960 sous


l’initiative du professeur Gérard FARJAT qui a redécouvert une école
de pensée jadis propre à l’Europe de l’Est notamment à l’Allemagne et
avant ça à l’URSS1.

Le Droit économique comporte l’avantage de couvrir un


champ d’application circoncis
à l’intervention de l’Etat et il englobe divers textes inspirés par le souci
commun d’organiser harmonieusement la vie économique de la nation.
Cependant, depuis sa création le droit économique
apparait plus comme étant une
aventure intellectuelle, puisque se réduisant à une théorie soutenue et
démocratisée par une poignée d’auteurs, plutôt qu’en une branche
nouvelle et autonome du Droit.
C’est ainsi qu’au jour d’aujourd’hui une interminable
controverse doctrinale trône sur
la question de savoir si d’abord le Droit économique est une branche
autonome du Droit et même si l’on peut conclure en son émancipation
scientifique du Droit des affaires dont on lui a toujours attribué l’origine.
A la lecture de sa recherche portant sur le droit
économique, G. FARJAT, précise
que le droit économique serait le droit de la concentration ou de la
collectivisation des biens de production et de l’organisation de
l’économie par des pouvoirs publics ou privés2.
Professeur KALUNGA TSHIKALA Victor, le droit
économique est la branche du droit
Public dont les règles régissent les interventions de l’Etat en matière
économique.3
D’apparition récente par rapport au droit commercial, le
droit économique a la
1 Cours de droit économique tiré de https://www.cours-gratuit.com
2 G. FARJAT, Droit économique, Paris, P.U.F., 1971, p.443.
3 V. KALUNGA TSHIKALA, Droit des affaires, droit commercial général de l’héritage colonial aux acquis de l’OHADA,
volume 1, Ed. CRESA, Lubumbashi, 2013, p.25.
18 Maître Jean CHALWE

prétention de l’englober en ce que ses règles concourent non


seulement à la régulation des activités économiques des particuliers
(objet même du droit commercial) mais aussi à l’activité économique
de l’Etat en tant que planificateur des activités économiques,
producteur et pourvoyeur des biens et services renchérit le même
auteur.
En analysant cette définition, l’auteur rattache le droit
économique au droit public, il
limite le premier aux interventions de l’Etat en matière économique. Or,
l’intervention de l’Etat doit se faire sentir sur le marché pour une
régulation efficiente. De puissantes firmes en position dominante,
écrasent de petites entreprises et notamment par le procédé des
coalitions illicites, faussent le jeu de la concurrence et sacrifient les
intérêts des consommateurs.
Le Professeur LOMENDJA VANDA dans le cours de droit
économique estime que
cette discipline est apparue vers les années 1980 comme une
émanation du droit des Affaires, c’est une nouvelle approche du droit
liée à la prise en charge par l’Etat de l’Economie réglemente les
institutions chargées de l’organisation de l’économie. 4

Il y a lieu pour nous de retenir en définitive que le Droit


économique est l’ensemble
des règles tendant à attirer un équilibre entre les intérêts
particuliers des agents économiques privés ou publics et l’intérêt
économique général.5

2.2.3 Sources du droit économique

On ne prendra en compte que des sources formelles du


droit. On se limitera ici au
4 LOMENDJA VANDA, Séminaire de cours de Droit Economique, DEA/DES, UNILU, 2017-2018.
5 IDEM
19 Maître Jean CHALWE

droit interne sans perdre de vue qu’en droit international, existe


d’autres sources, notamment celles émanant des accords de
l’organisation mondiale de commerce (O.M.C) ou du droit
communautaire

Au niveau externe, les sources formelles sont : la


constitution, la loi, les règlements,
la jurisprudence, les principes généraux de Droit et la doctrine.

2.2.3.1 La constitution

Une Constitution est un ensemble de textes fixant les


règles juridiques fondamentales
d’organisation et de fonctionnement d’un Etat et de ses institutions
ainsi que les droits et les libertés de ses citoyens. Elle ne comporte
que peu de dispositions à caractère économique. Les articles d'une
Constitution ont une valeur juridique supérieure à celle des lois et des
décrets.

Une Constitution peut être écrite (comme en France ou aux


Etats-Unis) ou non (comme au Royaume-Uni, où c'est la coutume qui
prévaut).

Ainsi, la constitution de la République Démocratique du


Congo du 18 février 2006
telle que modifiée par la loi n°11 /002 du 20 janvier 2011 dispose, dans
son article 34, que l’Etat encourage et veille à la sécurisation des
investissements. Dans le même ordre d’idées, l’article 35 oblige l’Etat
à garantir le droit à l’initiative privée tant aux nationaux qu’aux
étrangers, d’encourager l’exercice du petit commerce de l’art et de
l’artisanat par les congolais et de veiller à la protection et à la
promotion de l’expertise et de compétences nationales.

2.2.3.2 La loi
20 Maître Jean CHALWE

Au sens large, une "loi" est une disposition normative et


abstraite posant une règle
juridique d'application obligatoire. Au sens formel, la loi est une
disposition prise par une délibération du Parlement par opposition au
"règlement" qui est émis par une des autorités administratives
auxquelles les lois constitutionnelles ont conféré un pouvoir
réglementaire.

De nombreuses lois en R.D.C ont trait l’organisation et au


fonctionnement de
l’économie. N’est pas possible d’en faire un examen exhaustif.
Quelques exemples pourront cependant nous donner une indication
sur l’ampleur de la législation économique.

2.2.3.3 Les règlements

Les règlements sont, les règles ou dispositions de portée


générale prises par
certaines autorités administratives en exécution des lois ou dans le
domaine de leur compétence. En République Démocratique du Congo,
le président de la République agit par voie d’ordonnance, le premier
Ministre par décret, les Ministres par arrêté, etc.

En raison de la dynamique des affaires, les règlements


sont des outils efficaces dans
le maintien de l’ordre public économique du fait qu’ils peuvent être pris
rapidement comparativement aux lois.

2.2.3.4 La jurisprudence

La jurisprudence est l’ensemble des décisions judiciaires


rendues par les Cours et Tribunaux pour la solution d'une situation
juridique donnée. Dans le cadre de ce cours, relevant du domaine de
l’interventionnisme étatique en matière économique. On peut convenir
avec le professeur Buabua Wa kayembe que la jurisprudence
21 Maître Jean CHALWE

congolaise en matière économique est très pauvre. Ceci serait dû à la


méconnaissance par les citoyens de leurs droits, la méfiance vis-à-vis
des tribunaux ou encoure la mainmise de l’Etat sur l’appareil judiciaire.

2.2.3.5 Les principes généraux de Droit

Ce sont des règles qui ne résultent d'aucun texte écrit


ayant valeur juridique, mais
auxquelles le Conseil d’Etat reconnaît valeur législative et même
constitutionnelle.

Pour nous aider à comprendre ce qu’est un principe de


droit, on peut se référer à Benoit Frydeman et Guy Haarcher qui
soulignent qu’un système juridique ne se compose pas seulement des
règles ponctuelles, qui imposent dans des conditions précises tel ou tel
comportement. Il repose, avant tout, sur une constitution (par exemple,
le principe de l’égalité devant la loi, soit dégagé progressivement par la
jurisprudence (principe de continuité de service public) le principe du
respect des droits de la défense, le principe de liberté.

2.2.3.6 La doctrine

Elle désigne l’ensemble des publications (traités manuels,


thèses, commentaires de
jurisprudence consacrés à la science juridique et par extension
l’ensemble des auteurs. Désigne d'une manière globale, les travaux
contenant les opinions exprimées par des juristes, comme étant le
résultat d'une réflexion portant sur une règle ou sur une situation.

La doctrine joue un rôle essentiel dans la connaissance du


droit et commentant
chaque texte, en lui-même, en le confrontant à la réalité sociale et
surtout en confrontant aux autres textes.
22 Maître Jean CHALWE

Aussi, en droit de la concurrence, l’analyse économique


n’a pas seulement droit de
cité, mais apparaît comme une composante de la légitimité de la règle
de droit.

III. LA CONCEPTION LARGE DU DROIT ECONOMIQUE

3.1 Caractéristique du droit économique

La contestation de l’autonomie du droit économique ne


l’empêche pas de présenter
certaines caractéristiques propres à savoir : le caractère opérationnel,
le caractère instrumentiste, la mobilité du droit économique,
l’empirisme du droit économique et la flexibilité.

3.1.1 La mobilité du droit économique

La règle du droit économique est mobile parce qu’elle est


l’instrument de la mise en
œuvre de la politique économique de l’Etat. La vie économique étant
dynamique, elle implique l’adaptation, sans cesse, des règles.

3.1.2 L’empirisme du droit économique

Les règles du droit économique sont élaborées en se


basant sur l’expérience et
l’analyse des faits. Ceci découle du fait que l’empirisme joue un rôle
fondamental en économie, cette science étant la source matérielle ou
substantielle du droit économique.

3.1.3 La flexibilité du droit économique

Les règles du droit économique sont appelées à régir une


multitude de situations de
23 Maître Jean CHALWE

telle sorte que l’utilisation des concepts rigides seraient totalement


inadaptés. On a alors recours à ce qu’on appelle concept plastique à
contenu variable (plasticité et malléabilité).

Il faut noter enfin que le droit économique, dans sa


conception étroite, vise les
mesures autoritaires de l’organisation de l’économie. Dans cette
concurrence, le domaine du droit économique concerne : les prix, la
concurrence, la planification, les nationalisations, le contrôle de
change, la fiscalité, la douane, l’investissement.

C’est donc une discipline qui couvre un vaste champ


s’application car aucun,
pratiquement aspect de la vie économique ne lui échappe (production,
distribution, consommation, régulation).

3.2 Autonomie du droit économique


Aujourd’hui ; L’Etat voit à son tour des dresser devant lui la
toute-puissance du
marché et le juriste contemporain se trouve plongé dans l’étude des
rapports entre la puissance de l’Etat et la puissance du marché.
Manifestement, le droit économique est revêtu d’un aspect
interdisciplinaire non
négligeable : il entremêle, en effet, des principes juridiques et des
principes économiques, des règles proches du droit public et des
règles proches du droit privé. Une interférence existe
indiscutablement entre le droit économique et les autres
branches juridiques. Aussi conteste-ton au droit économique la
qualité d’une branche juridique autonome.
En vérité, aucune branche du droit n’est parfaitement
autonome. Et l’on peut se
24 Maître Jean CHALWE

demander si la summa division qui crée le clivage droit public droit


privé ne procède pas dans une certaine mesure d’un simple souci de
commodité.
Le droit public emprunte fréquemment les techniques du
droit privé de même, le droit
privé recourt à des procédés propres au droit public.
Le droit économique concerne des nombreux secteurs
où les catégories
juridiques classiques sont impuissantes à satisfaire les
justiciables (production, concurrence, consommation, régulation,
télécommunication, informatique, cyber net, marketing, E-
business ou E-commerce, TIC) il utilise par ailleurs des méthodes
originales et se sert d’institutions qui, parfois n’hésitent pas à prendre
l’allure d’une juridiction (arbitrage).

Dans le même ordre d’idée, il est exact qu’il n’existe


aucune magistrature
économique et aucune juridiction spéciale du droit économique il
n’en demeure pas moins qu’outre le recours à l’arbitrage pour le
règlement des conflits, le droit économique s’est accompagné d’un
bouleversement des habitudes en matières procédurales. Car le droit
économique implique un accroissement du rôle de
l’administration (transactions, amendes administrative, fermeture
d’établissement) et de son pouvoir discrétionnaire notamment dans
l’octroi des avantages inhérents au système d’économie concertée ou
contractuelle.

3.3 Evolution du droit économique et domaine d’application

3.3.1 Evolution
25 Maître Jean CHALWE

La doctrine juridique congolaise n’a pas encore élaboré


une théorie du droit
économique qui soit communément accepté de tous les auteurs, les
études et quelques manuels du droit commercial et du droit des
affaires ne sont pas toujours construits sur cette notion, et s’ils les
sont, ils en donnent qu’une définition approximative.

Il est vrai que le droit économique en tant que


discipline académique a été
introduit dans le programme d’enseignement depuis 1976, le souci
qui animait les défenseurs de l’époque était l’idéologie :
Zaïrianisation, radicalisation (la radicalisation est le processus
par lequel une personne devient plus extrême dans son point de
vue ou ses idées, référence à la racine) et rétrocession (céder à
quelqu’un, vendre quelque chose à un tiers ) que soutenait toute la
politique économique. Dans les systèmes juridiques étrangers
desquels émane le droit congolais dans son ensemble, le débat
autour du droit économique date des années 1930.

Plus intéressant encore, le Droit économique dans ses


systèmes brise chaque jour
les barrières nationales pour conquérir les espaces plus importants et
c’est au nom de la mondialisation des échanges. Au cœur du droit
économique il y a le rapport qu’entretiennent le droit et l’économie.

En effet, Le droit économique est une discipline qui est


jeune. Certains auteurs ont
même pu dire que c’est une discipline qui n’est pas encore sortie de sa
« crise d’adolescence».

Paradoxalement le droit économique a essaimé à


l’international de manière plus
26 Maître Jean CHALWE

simple. On le trouve aujourd’hui partout, en particulier en Afrique


(tout ce qui relève du droit OHADA). Aussi en Amérique du nord
et également en Asie et G. Farjat a enseigné aussi au Cambodge.

3.3.2 Domaine d’application

Ce point est assez difficile à aborder et cela résulte de la


difficulté que le droit
économique a eue pour percer sur la scène économique.

Quelques courants (Claude CHAMPAUD et Jean


PAYUSSOT) de pensée se sont
évertués à chercher à définir le domaine d’application du droit
économique. On a au moins deux courants majeurs : ceux qui
estiment que le droit économique n’a pas de domaine propre et ceux
qui affirme l’existence d’un domaine particulier.

Pour ces courants, le droit économique n’a pas de


domaine spécifique parce qu’en
réalité la concentration de l’économie a des conséquences dans tous
les domaines du droit et on ne peut donc pas limiter l’économie à un
domaine particulier.

Pour certains auteurs le droit économique serait le


prolongement du droit commercial
avec tout ce qui constitue les sciences de gestion de l’entreprise
(comptabilité, fiscalité, gouvernance d’entreprise). Il s’agit là d’une
notion à la fois très vaste et très vague.

D’ailleurs G. Farjat confessait qu’il ne savait toujours pas


ce qu’était le droit
économique mais qu’il savait comment ça marche. Mais alors l’on se
pose la question de savoir le droit économique étudie quoi
concrètement de différent au droit des affaires pour s’en démarquer ?
27 Maître Jean CHALWE

Gérard FARJAT à chercher à élever cette discipline en une


nouvelle branche du droit
:

Premièrement, le droit économique étudié met en


évidence l’intervention de
l’Etat. Déjà le simple fait d’affirmer cela est dérangeant dans un
contexte d’économie de marché parce que le modèle libéral et
ultra libéral nie l’intervention de l’Etat en dehors de sa sphère
régalienne6.

Peut également spécifier le droit économique c’est le


domaine du droit de la
régulation qui se confond avec le droit lui-même. La régulation
est une limite imposée dans l’exercice des pouvoir conçu comme
un rééquilibrage des rapports de force. D’autres estiment que le
droit de la régulation économique s’identifie par les secteurs sur
lesquels il s’exerce, en ce que ceux-ci doivent être construits et
maintenus dans un équilibre entre un principe de concurrence et
d’autres principes. La tâche de régulation étant le plus souvent
confiée à une autorité sectorielle de régulation7.

On est face à une recomposition du rôle de l’Etat, on passe


d’un Etat faiseur de règles
à l’Etat arbitre d’une régulation. On est passé de la réglementation à la
régulation. C’est un domaine nouveau et inconnu du droit des affaires
tel que circonscrit dans ce travail. C’est ainsi qu’il a d’ailleurs était
promulgué un nouvel acte uniforme en droit de l’OHADA qui consacre
la médiation comme mode parallèle à l’action en justice pour résoudre
les conflits.

6 www.cours-de-droit.net/cours-de-droit-economique visité le 14 février 2O18 à 15h


7 www.cours-de-droit.net/cours-de-droit-economique visité le 14 février 2O18 à 15h
28 Maître Jean CHALWE

Dans la mesure où l’objet du droit économique est


complexe, c’est dans la même
mesure que son champ d’application est vaste.
Le champ d’application du droit économique englobe
des dispositions
législatives et réglementaires qui ont pour objet de protéger les
consommateurs, les particuliers, contre l’exploitation dont ils
sont souvent victimes de la part des commerçants soit en raison
de l’application des prix illicites, soit en raison de la publicité
mensongère, soit encore en raison de la mauvaise qualité des
produits offerts à la vente.

Pratiquement, l’intervention de l’Etat s’effectue dans


tous les
domaines « nationalisation, planification économique,
intervention de la solidarité sociale par l’étatisation de la
mutualité.

De manière générale, on peut définir les Etats-


providence comme « des
ensembles des pratiques sociales et d’actions stratégiques
destinées à résoudre les problèmes spécifiques, historiquement
situées d’harmonisation entre la production de la richesse et sa
distribution.

V. LA PLACE DU DROIT ECONOMIQUE DANS L’ORDRE


JURIDIQUE

Le droit d’inspiration romano-germanique s’est constitué


autour de deux grandes
subdivisions : le droit public et le droit privé. Pour situer la place du
droit économique dans l’ordre juridique constitué par la summadivisio,
il convient de rappeler brièvement l’architecture de la summadivisio ,
29 Maître Jean CHALWE

de discuter la place qu’occupe le droit économique , de dégager les


caractéristiques du droit économique et finalement de tirer les
conséquences du caractère interdisciplinaire du droit économique.

5.1 L’architecture de la summadivisio

Avant de dénombrer les disciplines faisant partie du droit


public ou privé, il est
essentiel de rappeler brièvement l’origine de la summadivisio et son
importance

5.1.1 L’origine de la summadivisio


Si on en croit au professeur Jean-LouisThireau(41), la
distinction entre droit public et
droit privé, est relativement récente lorsqu’on prend en considération le
caractère tranché qu’on lui donne aujourd’hui.
Pourtant, les expressions jus privatum et jus publicum
étaient connues des Romains. Chez Cicéron par exemple, le droit
public était le droit établi par les autorités de la cité même lorsqu’il
concernait les rapports entre particuliers. La notion de droit public
traduisait l’idée selon laquelle tout ce qui concernait l’organisation
politique et administrative présentait un caractère spécifique, était
diffuse et ne s’exprimait pas au travers la notion de jus publicum.
Les époques postérieures sont marquées par des
discussions sur la nature de la
distinction entre droit public et droit privé. Certains y croient une
division selon l’objet (droit public=droit de la chose publique, droit
privé= droit de la chose privée) ; d’autres font prévaloir la nature des
intérêts en cause.
30 Maître Jean CHALWE

Avec l’émergence de l’Etat moderne, la volonté du Roi


n’est plus confondue au
pouvoir. C’est le juriste français Charles du moulin (1500-1566). Qui a
fait de subdivision Droit Public/Droit privé la summadivisio.

5.1.2 L’importance de la summadivisio


« Le droit », comme le soulignent Boris Starcle Henri
Roland et Laurent Boyer, « ne
se ramène pas un pêle-mêle de textes et de décisions dispersés dans
les codes de législation et les recueils de jurisprudence.
Au plan académique, la distinction entre Droit Privé et Droit
public, est essentielle
dans la mesure où elle permet d’orienter les programmes de cours en
fonction des tâches que les étudiants auront à exécuter à l’issue de
leurs études universitaires.
Pour terminer, « la division du droit en droit privé et droit
public n’a pas qu’une valeur
scientifique, elle a aussi une partie pratique » à cause de la dualité de
l’ordre juridique.

5.1.2 La summadivisio (droit privé/droit public)

La summadivisio du droit conduit à distinguer le droit public


et le droit privé.

5.1.2.1 Le droit public


Le droit public concerne les rapports dans lesquels les
personnes publiques sont
intéressées (44). Le droit public se subdivise en droit international
public et droit public interne. Le droit international public est l’ensemble
des règles régissant les rapports entre les Etats souverains.

Quant au droit public interne, comprend, tout d’abord, les règles de


l’organisation de
31 Maître Jean CHALWE

l’Etat (droit constitutionnel), le droit administratif que régit


principalement les rapports des particuliers avec les autorités
administratives, c’est-à-dire, l’Etat, les collectivités territoriales, etc.
On peut également intégrer le droit fiscal dans le droit public. Cette
partie du droit
pose le règles selon lesquelles sont calculés et perçus divers impôts et
taxes que l’Etat peut imposer aux personnes physiques et aux
entreprises.

5.1.2.2 Le droit privé


Le droit privé comprend les règles s’appliquant aux rapports des
particuliers entre
eux. C’est rapports résultent des obligations qui naissent des contrats
(accords de volonté susceptible de produire des effets juridiques), des
délits (dommage illicites, intentionnels ou non qui engagent la
responsabilité), quasi-contrats (engagements volontaires de quelqu’un
profitant à une autre personne, par exemple, la gestion d’affaires, le
paiement de l’indu) quasi-délit (faits dommageables non intentionnels).
Le droit privé se subdivise en plus autres branches, à savoir :
- Droit civil ;
- Droit commercial (droit artisanal, droits intellectuels, droits
bancaires, droit de la concurrence) ;
- Droit rural ;
- Droit social ;
- Procédure civile ;
- Droit international privé ;
- Droit de la consommation, …
32 Maître Jean CHALWE

5.1.2. 3 Droit Economique et disciplines connexes


Le droit économique, dans sa conception étroite, vise les mesures
autoritaires de
l’organisation de l’économie. Dans cette occurrence, le domaine du
droit économique concerne : le prix, la concurrence, la planification, les
nationalisations, le contrôle de change, la fiscalité, la douane,
l’investissement, la régulation.

5.2. Modalités d’intervention de l’Etat sur le marché

L'intervention de l'Etat peut consister à édicter les normes


de portée générale (section1). Dans une autre occurrence, l'Etat peut
se faire entrepreneur (section2).

L’Etat peut intervenir de diverses manières dans la vie économique. Il


peut soit édicter
les dispositions d’ordre général dans l’espoir d’influer sur le marché,
c’est la voie réglementaire. L’Etat peut également mener des actions
concrètes sur le marché.

5.2.1 Intervention par voie règlementaire

L’Etat peut édicter, par voie législative ou réglementaire des normes


tendant à régir
l’économie, l’Etat peut agir d’une manière unilatérale en matière des
prix, dans la réglementation du change, l’accès au marché, des biens
et services, fixer les normes de qualité.

5.2.2 L’action de l’Etat sur marché

L’action de l’Etat peut être directe ou indirecte

a. Actions directes
33 Maître Jean CHALWE

Les interventions directes sont celles qui ont un impact direct et


mesurable sur les
activités productives, de distribution du bien et services. Les
interventions directes peuvent consister notamment en :
- L’augmentation des taux des impôts et des
droits de douane ;
- La création de nouveaux impôts ;

- La fixation des prix des biens et services ;

- La rédaction ou l’augmentation des coûts de la

création d’une entreprise b. Actions indirectes

Les interventions indirectes sont des mesures prises par l’Etat, mais
n’ayant pas une
incidence directe sur les marché. Peuvent être considérées comme
des actions indirectes :
- Stabilisation de l’économie ;

- La sécurité des biens et des personnes ;

- L’amélioration des infrastructures ‘routes, ponts,


télécommunications, aéroports, etc.
- La qualité de service de santé, etc.

- de la qualité de service de la communication.

5.2.3 L’entreprenariat

L'Etat n'a pas pour vocation de fournir les biens et services marchands
dans une
économie. Pour paraphraser François Féral, le concept même d'Etat-
gendarme suggère que sa fonction de maintien de l'ordre soit
dominante, si ce n'est exclusive, mais également qu'elle soit finalisée
et encadrée. Le droit pénal dans l'administration des affaires est donc
essentiel, car c'est le premier instrument de sa fonction administrative
34 Maître Jean CHALWE

de police. Comme on le voit, l'appareil administratif de l'Etat-


gendarme est sécuritaire. Il y a donc une conception minimale autour
de trois objectifs de la police générale qui sont la sécurité, la
tranquillité et la salubrité, contenu du concept " ordre public ".

5.3 DOMAINE DE L'INTERVENTION DE L'ETAT

5.3.1 La règlementation économique du marché

La réglementation économique régissant le marché le


considère comme une
institution comportant une multitude de textes dont les principales ont
trait à la police économique du marché, à la réglementation des prix, à
la concurrence, à la protection des consommateurs, à la
réglementation de change, et à la planification.

5.3.1.1 La police économique du marché


Selon l'article 2 de l'ordonnance n° 44-398 du 24 novembre
1952 portant sur les
marchés publics, l'Administrateur du territoire pourra, dans les localités
qu'il détermine, créer un ou plusieurs marchés publics et en fixer le ou
les emplacements. Il fixe, de la même manière, les jours et les heures
auxquels les marchés sont autorisés (alinéa 2 de l'article 2).
Le gouverneur de province est également compétent pur
réglementer l'établissement
d'emplacements permanents qui peuvent être prévus à certains
marchés. A cet effet, il fixera, pour ces derniers les tarifs maxima de
location, le montant à percevoir sera annuellement fixé pour chaque
marché par l'Administrateur du Territoire (Cfr. Article 3 de
l'ordonnance précitée).
L'Administrateur du Territoire veille également au maintien
de l'ordre sur le marché, à
35 Maître Jean CHALWE

la liberté et à la régularité des transactions. Dans cette occurrence, il


peut prendre des règlements de marché dont il fixe l'entrée en vigueur
(Article 4 de l'ordonnance précitée).
Dans le même ordre d'idées, l'Exécutif peut prendre des
mesures de police pour la
sécurité des consommateurs. Ainsi, le Gouverneur général pouvait
déterminer les conditions de composition, de qualité et de
dénomination auxquelles, doivent satisfaire toutes marchandise pour
pouvoir être vendue ou offerte ou exposée en vente(Article 1èr du
décret du 1èr avril 1959 sur la sauvegarde du pouvoir d'achat des
consommateurs).
Les autorités administratives disposent également le
pouvoir de police sur la publicité. Aux termes du décret du précité ; le
Gouverneur général peut interdire certaines publicités fallacieuses de
nature à répandre des préjugés favorables non fondés à la
consommation des boissons alcooliques. D'autres restrictions
découlent de l'Arrêté départemental 04/DIP/004/90 portant dispositions
réglementaires en matière de publicité.
Il est à noter que la transparence est une condition sine
qua non du fonctionnement
efficient du marché, l'Arrêté ministériel du 24 janvier 1963 sur
l'affichage des prix, fait obligation à tout commerçant ou gérant de
commerce d'afficher d'une manière visible et non équivoque, le prix de
vente au détail de tous les objets donnés et marchandises qu'il expose
ou présente de quelque manière que ce soit en vue de la vente (Cfr.
Article 1èr)

5.3.1.2 La règlementation des prix


La réglementation des prix est apparue très tôt dans la
législation coloniale. L'objectif
36 Maître Jean CHALWE

inavoué des colonisateurs a été entre autres choses de maintenir des


prix des denrées alimentaires agricoles et des salaires très bas de
manière à procurer le maximum de profit à la colonie et aux
compagnies.
A l'accession du pays à la souveraineté internationale, les
pouvoirs publics
interviennent dès 1961. En effet, le décret-loi du 20 mars 1961 sur le
prix abroge l'ordonnance législative n° 41-251 du 1 èr août 1949 sur le
contrôle des prix.
Ce texte institue un contrôle à priori des prix, cela veut dire
que la mise sur le marché
d'un produit neuf ou d'occasion, est conditionnée par l'obtention d'une
décision de l'autorité attitrée, c'est-à-dire, le Gouverneur de Province
ou son délégué.
Avec l'ordonnance-loi n) 83-026 du 12 septembre 1983, le
contrôle à priori des prix,
est supprimé. En effet, l'article 2 dudit décret dispose que " les prix de
vente des produits et services sont librement fixés par ceux qui en font
l'offre en se conformant aux dispositions du présent décretloi et ses
mesures d'exécution, mais doivent, après qu'ils aient été fixés, être
communiqués, avec tout le dossier y afférent au Ministre ayant
l'économie nationale dans ses attributions pour un contrôle à
posteriori.
Une certaine opinion soutient qu'à partir de ce moment-là
est intervenue la
libéralisation des prix en République Démocratique du Congo.
En définitive, l'on doit noter que même dans les pays
développés, la tendance de
revenir au contrôle des prix est forte. En raison du fait que celui-ci
demeure populaire aux yeux de l'opinion. En droit congolais, le décret
n° 08/10 du 07 mai 2008 portant création, organisation et
37 Maître Jean CHALWE

fonctionnement de fonds de régulation économique, ne fait


qu'accréditer cette tendance.

5.3.1.3 La concurrence
La concurrence au sens courant correspond à une situation de
marché dans laquelle plusieurs vendeurs ou acheteurs d'un
même produit se confrontent. La concurrence est une
compétition, une rivalité entre des personnes, des entreprises,
etc., qui ont le même objectif, qui recherchent le même avantage.
Même dans une économie dominée par le dirigisme, il existe toujours
une place
résiduelle pour le marché et, par conséquent, pour la concurrence. Le
droit de la concurrence ou ce qu'il en est, est un instrument de
maintien de l'ordre public économique tout comme les autres
instruments, en l’occurrence, le contrôle des prix et l’équilibre sur le
marché.
On a vu que l'économie de la R.D.C. est dominée par une
longue tradition dirigiste. Aussi le droit de la concurrence ou les règles
du droit de la concurrence, sont des instruments du maintien de l'ordre
public économique.
Généralement, les règles du droit de la concurrence, sont catégorisées
en deux
ensembles, celles qui ont pour objet de protéger les concurrents et
celles qui sont destinées à protéger les marchés.

5.3.1.4 La protection des concurrents


En droit congolais, la protection des concurrents est
assurée par l'ordonnance-loi n° 41/63 du 24 février 1950 et par la loi
n°18/020 du 09 juillet 2018 relative à la répression de la concurrence
déloyale pour la première et à la liberté des prix et à la concurrence
pour la deuxième. Ce texte réprime tout acte de concurrence déloyale,
38 Maître Jean CHALWE

autrement dit, tout acte contraire aux usages honnêtes en matière


industrielle ou commerciale. L'acte qui peut être posé par un
commerçant, un industriel, (producteur ou un artisan doit porter
atteinte au crédit d'un concurrent ou lui enlever la clientèle ou, d'une
manière générale, porter atteinte à sa capacité de concurrence. L'acte
concerné peut consister en une violation d'un texte légal,
réglementaire ou d'une pratique ou usage de commerce. L'ordonnance
législative précitée énumère à titre exemplatif quelques actes de
concurrence déloyale : la confusion (personne, établissement
produits), le dénigrement, l'imitation, etc.
L'action en concurrence déloyale est portée devant le tribunal de
commerce du
défendeur. Le droit congolais de la concurrence pose une question
fondamentale. Elle se rapporte à la qualification de l'acte de
concurrence déloyale. Une interprétation extensive de l'ordonnance
législative peut conduire à limiter sensiblement la concurrence qu'elle
est censée protéger.
Pour résoudre cette épineuse question, certaines législations ont opté
pour l'institution
d'une commission ayant pour mission d'actualiser la liste des pratiques
constitutives de la concurrence déloyale. Des efforts ont été entrepris
également dans le sens de donner une définition plus restrictive de
l'acte de concurrence déloyale. Ainsi, selon la directive 2005/29/CE du
parlement européen et du conseil du 11/05/2005 relative aux pratiques
commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis de consommateurs, "
une pratique commerciale est déloyale si elle est contraire aux
exigence de la diligence professionnelle et si elle altère ou est
susceptible d'altérer de manière substantielle, le comportement
économique, par rapport au produit, du consommateur moyen
qu'elle, touche ou auquel elle s'adresse, ou du membre moyen du
39 Maître Jean CHALWE

groupe lorsqu’une pratique commerciale est ciblée vers un


groupe particulier des consommateurs " l'acte de concurrence
déloyale est apprécié non plus en fonction du concurrent préjudicié
mais de l'effet qu'il produit chez le consommateur.

Le Droit congolais en matière de prix se résume au Décret-loi du


20 mars 1961 tel que modifié et complété par l’Ordonnance-loi
n°83-026 du 12 septembre 1983 qui porte les dispositions
relatives aux prix, particulièrement sur la transparence et la
loyauté des prix dont l’adaptation s’avère nécessaire au regard de
l’évolution institutionnelle du pays.
En matière de concurrence, il se résume à l’Ordonnance-loi n°41-
63 du 24 février 1950 portant sur la concurrence déloyale ainsi
qu’à l’arrêté départemental du 15 juin 1987 portant création et
fonctionnement de la commission de la concurrence.
L’ordonnance-loi n°41-63 du 24 février 1950 fut élaborée dans une
optique strictement répressive et ne comporte que cinq articles
d’une brièveté incompatible avec l’évolution dans le domaine de
prix et de concurrence.
Par ailleurs, les dispositions de l’ordonnance sus-évoquée
n’abordent nullement les pratiques anticoncurrentielles, les
pratiques restrictives de la liberté des prix et de la concurrence.
Et pourtant, la liberté des prix reste la forme principale de la
concurrence. Le prix reste aussi l’instrument par lequel certains
intervenants restreignent la concurrence sur le marché. Le
marché doit être protégé sans nuire à l’émergence de grands
groupes industriels et commerciaux. Les questions touchant aux
concentrations économiques ainsi que les pratiques
anticoncurrentielles ne peuvent demeurer non régies par la loi.
40 Maître Jean CHALWE

Elles doivent de ce point de vue, faire l’objet des règles et des


procédures légales précises.

C’est ainsi que la nouvelle loi n°18/020 du 09 juillet 2018 relative à


la liberté des prix et à la concurrence trouve son fondement
constitutionnel dans les articles 122 point 8 ainsi que 202 points
27 et 36 de la constitution tend à répondre à ces préoccupations.
Il s’agit de faire émerger un marché économique moderne dans
lequel la liberté des prix et la concurrence sont de mise, tout en
assurant la protection de l’intérêt général.

Elle vise à établir des règles claires, à préciser les procédures en


la matière et à gérer le contentieux.
Du point de vue de la régulation, l’option levée dans le cadre de
cette loi est d’avoir une commission de la concurrence, placée
sous la tutelle du Ministre ayant l’Economie nationale dans ses
attributions.
Elle a pour objet de fixer les règles applicables à liberté des prix
et d’organiser la libre concurrence. Elle définit les dispositions de
protection de la concurrence afin de stimuler l’efficience des
relations commerciales. Elle vise à assurer la transparence, la
régularité et la loyauté des prix ainsi que la lutte contre les
pratiques restrictives et la hausse illicite des prix. Elle s’exerce
dans le cadre de la liberté de prix et de la libre concurrence
conformément aux règles fixées par la présente loi.
La liberté de prix donne le droit à toute personne exerçant une
activité économique ou commerciale de fixer le prix de son bien
ou service dans les conditions prévues par la présente loi.
La liberté de concurrence implique le droit pour toute personne
d’exercer une activité économique ou commerciale de son choix
41 Maître Jean CHALWE

aux conditions qu’elle juge compétitive, qu’elle fixe librement


sous réserve des restrictions légales.
Son exercice ne doit porter atteinte ni à la protection de la
propriété industrielle et intellectuelle, ni aux droits légitimes des
tiers.
Au sens de la présente loi, on attend par :
1. abus de position dominante : le fait pour une entreprise ou un
groupe d’entreprises d’occuper une position sur un marché ou
une partie substantielle de celui-ci, afin de tirer profit de sa
position ;
2. concurrence déloyale : recours aux procédés contraires à la loi
et aux usages de commerce de nature à causer un préjudice ou
simplement un trouble commercial aux concurrents ;
3. dénigrement : le fait de tenir directement ou indirectement un
propos tendant à jeter le discrédit sur la personne ou sur les
produits du concurrent ;
4. fixation des prix : le fait pour un opérateur économique de
déterminer la valeur marchande d’un bien ou d’un service ;
5. monopole de fait : situation économique dans laquelle le jeu de
la libre concurrence n’existe pas en raison de l’extrême
puissance d’une entreprise ou un groupe d’entreprise qui domine
et dicte ses conditions dans le marché ;
6. monopole légal : droit exclusif d’exploitation d’un service, d’un

produit ou d’un titre établi en vertu d’une loi ;

7. position dominante : le fait pour une entreprise ou un groupe


d’entreprise d’occuper une situation de monopole de fait ou légal
ou de disposer d’un avantage concurrentiel tel qu’il a le pouvoir
de faire obstacle au maintien de la concurrence effective sur le
42 Maître Jean CHALWE

marché, en raison de sa force économique, financière ou


technologique ;
8. pratique anticoncurrentielle : toute pratique qui aurait pour
effet d’empêcher, de fausser ou de restreindre de manière
sensible l’exercice de la concurrence au niveau du marché
intérieur ;
9. personne publique : pouvoir central, provinces et Entités

Territoriales Décentralisées ainsi que les organismes crées par


ces personnes aux fins d’intervention en matière économique ;
10. prix illicite : prix supérieur au prix fixé conformément aux

dispositions de la présente loi et à leurs mesures d’application


ou prix supérieur au prix réglementé ;
11. produit
: toute denrée et marchandise offertes aux
consommateurs ;
12. produit d’occasion : tout bien ou service qui, à un stade
quelconque de la production ou de la distribution, est devenu
propriété d’un consommateur, par acte de négoce ou par tout
acte à titre onéreux ou à titre gratuit ainsi que tous produits qui,
par suite de dommages matériels, ont subi une dépréciation de
leur valeur marchande ;
13. service : toute prestation à l’exclusion de celles fournies en
exécution d’un contrat de louage de services ou
d’apprentissage ;
14. vente avec boule de neige : offre des marchandises à titre
gratuit ou à un prix réduit sous condition, pour l’acheteur, de
recueillir des commandes semblables passées par de nouveaux
clients ;
15. vente à perte : vente d’un produit en l’état à un prix inférieur à
son coût d’achat ;
43 Maître Jean CHALWE

16. vente à prime : vente dont la particularité réside dans le fait que
l’acquéreur d’un bien se verra offrir des cadeaux
complémentaires pour le remercier de son acte d’achat ;
17. bien : en droit, un bien est toute chose qui est susceptible

d’appropriation ou d’une propriété publique ou privée, en


économie, un bien est tout objet apte à satisfaire un besoin. La
rareté : le bien économique est rare, car la quantité disponible
est inférieure aux besoins exprimés.
Le besoin est illimité, difficile d’attendre sa satiété.

Les prix des biens et services sont librement fixés par ceux qui
en font l’offre.
Ils ne sont pas soumis à homologation préalable mais doivent,
après qu’ils aient été fixés, être communiqués, avec le dossier
y afférent, au Ministre ayant l’Economie nationale dans ses
attributions, pour un contrôle a posteriori.

Le Ministre détermine les modalités de calcul et de fixation des


prix ainsi que la marge bénéficiaire maximale autorisée aux
commerçants autres que les professions libérales.

Tout vendeur de produit ou tout presta ire de services, à


l’exception des prestations offertes par l’exercice d’une
profession libérale, est tenu d’informer le consommateur du
prix par voie de maquettage, d’étiquetage ou par tout autre
procédé approprié.
Tout producteur, grossiste, importateur ou prestataire des
services est tenu de communiquer à tout revendeur son
barème de prix et ses conditions générales de vente (c’est la
transparence et la loyauté des prix).
44 Maître Jean CHALWE

Est interdit toute détention d’un stock de produits quelques


dans l’intention d’en provoquer la pénurie.

5.3.1.4 De la pratique de prix illicites

La pratique de prix illicites est interdite.


Constituent les actes infractionnels de la pratique de prix
illicites :
1. toute vente de produits, prestation de service, offre,
propositions de vente de produits ou de prestation de
services faites ou contractées à un prix illicite ;
2. tout achat et offre d’achat de produits ou toute demande de
prestations de services faits ou contractés à un prix illicite ;
3. toute vente ou offre de vente et tout achat ou offre d’achat
comportant, sous quelque forme que ce soit, une prestation
occulte ;
4. toute prestation de services, offre de services comportant,
sous quelque forme que ce soit, une rémunération occulte
etc.

5.3.1.5 La protection du marché


En doctrine, on a coutume de distinguer les pratiques
anticoncurrentielles
individuelles (1) et les pratiques anticoncurrentielles collectives (2).

Section 2 Les pratiques anticoncurrentielles individuelles

Il n'existe pas dans notre droit positif une réglementation coordonnée


concernant les
pratiques anticonstitutionnelles individuelle. En droit comparé, on
considère comme constitutif des pratiques anticonstitutionnelles
individuelles : les ventes à perte, le refus de vente, les ventes
45 Maître Jean CHALWE

subordonnées, les ventes par procédé de boule de neige, les ventes


ou achats assortis des conditions discriminatoires, les prix minimaux
imposés, les pratiques de dumping et les ventes ou offres de vente
avec primes.
Néanmoins, en droit congolais, certaines pratiques, pouvant entrer
dans l'une ou l'autre
catégorie, sont réprimées. Ainsi, les ventes ou offres de vente et les
achats ou d'achat comportant, sous quelques formes que ce soit, une
prestation occulte (Article63 du décret du 20 mars 1961 telle que
modifié par l'ordonnance-loi n° 83-026 du 12 septembre 1983).
De même, sont également prohibées les prestations de services, les
offres de
prestations services comportant sous quelques formes que ce soit une
rémunération occulte (Article64) ; les ventes ou offres de vente et les
offres d'achat comportant la livraison de produits inférieurs en quantité
ou en qualité à ceux facturés ou à facturer, retenus ou proposés ainsi
que les achats sciemment contractés. (Article 65) ; les prestations de
services, les offres de prestations de services comportant la fourniture
des travaux et de services inférieurs en importance ou qualité ou ceux
retenus ou proposés pour le calcul des prix de ces prestations, offres
ou demandes de services ainsi, que les prestations de services(Article
66) ; les ventes ou offres de vente de produits et les prestations ou
offres de prestations de services subordonnés à l’échange d’autres
produits ou services, hormis celles qui visent la satisfaction des
besoins personnels ou familiaux (Article 66).

5.4 Les pratiques anticoncurrentielles collectives

Les pratiques anticonstitutionnelles collectives sont réprimées en droit


congolais par
46 Maître Jean CHALWE

l'arrêté départemental n° DENI/CAB/06/013/87 du 26 mars 1987


portant création et fonctionnement de la commission de la concurrence
et par la loi N° 18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et
à la concurrence.

Tout opérateur économique est tenu de respecter les règles du


libre jeu de la concurrence afin qu’elle soit saine et loyale.
Toute pratique tendant à faire obstacle, sous diverses formes, à
l’évolution positive des lois du marché constitue une infraction.
Sont nuls les accords, conventions ou clauses contractuelles se
rapportant aux pratiques anticoncurrentielles.
Les pratiques visées par ces textes sont :
- Les ententes
- L'abus de position dominante
- Le contrôle de concentration

5.4.1 Les ententes


Une entente est un accord implicite ou explicite, limité ou
global entre deux ou
plusieurs entreprises ou groupes d'entreprises qui, tout en conservant
leur personnalité juridique harmonisent leurs politiques pour réduire la
concurrence dans une branche d'activité.
En droit congolais, l'article 4 de l'arrêté départemental et
l’article 30 de la loi N°18/020
précités, donnent mission à la commission de la concurrence de
rechercher, d'examiner et, le cas échéant, de sanctionner les
restrictions à la concurrence découlant notamment :
- Des accords tels que les ententes et les prix imposés par les
fabricants aux revendeurs;
47 Maître Jean CHALWE

- Les pratiques concertées ou les recommandations du même


genre, cas des ententes consensuelles ;
- Les engagements verticaux tels que les accords d'échange
économique entre entreprises de stade économiques différents.
Dans un autre registre, il convient de signaler que les
ententes sur les prix, sont
sanctionnées par décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix tel et par la
loi N° 18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la
concurrence.
- Ceux qui, par des moyens frauduleux quelconques, ayant opéré
ou tenté d'opérer, maintenu ou tenté de maintenir la hausse ou
la baisse du prix des produits ;
- Ceux, qui, même sans l'emploi des moyens frauduleux, auront
volontairement opéré, maintenu ou tenté de maintenir sur le
marché national la hausse ou la baisse anormale des produits,
soit par des interdictions ou des conventions ayant pour objet la
détermination des prix minima ou maxima par des restrictions à
la production et à la libre circulation des produits.
- Ceux qui, même sans l’emploi des moyens frauduleux, auront
volontairement opéré, maintenu ou tenté de maintenir sur le
marché national hausse ou la baisse anormale des produits, soit
par des interdictions ou des conventions ayant pour objet la
détermination des prix minima ou maxima.
Les ententes sont généralement considérées comme les
infractions les plus graves
en droit de la concurrence parce qu'elles sont perçues comme une
expression d'une réglementation privée des prix.
48 Maître Jean CHALWE

Sont prohibées, les ententes anticoncurrentielles, lorsqu’elles


tendent notamment à :
1. limiter l’accès au marché à d’autres acteurs économiques et

le libre jeu de la concurrence ;


2. se répartir les marchés et les sources
d’approvisionnements ;
3. empêcher la fixation des prix par le libre jeu du marché en
favorisant artificiellement la hausse ou baisse des prix ;
4. entraver la production, les débouchés, les investissements
ou le progrès technique.

5.4.2 L'abus de position dominante

La loi N° 18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la


concurrence
définit l’abus de position dominante comme étant le fait pour une
entreprise ou un groupe d’entreprises d’occuper une position sur un
marché ou une partie substantielle de celui-ci, afin de tirer profit de sa
position.
La cour de justice de la communauté Européenne définit la position
dominante
comme une position de puissance économique détenue par une
entreprise qui lui confère le pouvoir de faire obstacle au maintien d'une
concurrence effective sur le marché, en lui fournissant la possibilité
des comportements indépendants dans une mesure appréciable vis-à-
vis de ses concurrents, de ses clients et finalement des
consommateurs.
Etablir la position dominante peut, dans certaines situations paraitre
très difficile. On
49 Maître Jean CHALWE

considère généralement qu’une entreprise en situation de monopole


est en position dominante tout comme une entreprise détenant une
part importante du marché.
En soi, la position dominante n’est pas répréhensible,
mais c’est plutôt l’abus. Certaines pratiques sont interdites à une
entreprise en position dominante parce qu’elle est de nature à avoir
une incidence sur le marché. L’arrêté départemental sus évoqué a cité
à titre exemplatif les prix excessifs, les conditions inappropriées et
l’extension d’influences peut résulter, notamment ; du refus de vente,
des ventes liées, ventes discriminatoires.

Les abus de position dominante sur le marché intérieur sont


constitués notamment de pratiques ci-après :
1. refus de vente ;

2. la vente subordonnée ;

3. les conditions discriminatoires de vente ;

4. la rupture abusive des relations commerciales établies.

5.4.3 De la concurrence déloyale


Sont constitutifs de la concurrence déloyale les actes ci-après :
1. dénigrement ;
2. la désorganisation de l’entreprise rivale par des procédés
commerciaux illégitimes ;
3. l’utilisation illégitime de la réputation d’autrui ;

4. la vente avec prime ;

5. la vente avec boule de neige.

5.4.4Le contrôle de concentration

5.4.4.1 Définition de concentration


50 Maître Jean CHALWE

La concentration économique est l'opération juridique résultant


généralement
d'une entente conclue entre deux ou plusieurs entreprises ou
entre des groupes d'entreprises qui, soit par voie de fusion, soit
par le jeu du contrôle qu'exercent certains de leurs dirigeants,
soit encore par des prises de participations dans leur capital
respectif ou par la création d'une entreprise ou d'un groupement
commun ou de toute autre manière, parviennent à contrôler tout
ou partie de l'ensemble de ces entreprises et donc les activités
économiques qu'elles exercent, par le transfert de propriété ou de
jouissance sur tout ou partie de biens, droits et obligations d’une
entreprise, par la création d’une entreprise commune.

Parfois, certaines entreprises se groupent pour diminuer leurs


coûts de
fabrication afin de mieux faire face à la concurrence nationale et
internationale. Certains groupent dominent ainsi un marché. Ce
phénomène appelé concentration, car il « concentre » l'activité
économique entre un petit nombre d'entreprises.

Les opérations de concentration économique des entreprises et


groupes d’entreprises par fusion, création d’entité ou par des
contrats spécifiques sont licites à l’exception de celles qui se
rapportent aux pratiques anticoncurrentielles.

On distingue deux types de concentration : la concentration


verticale et la concentration horizontale.

5.4.4.1.1 La concentration verticale

C’est la réunion d’entreprises complémentaires : l’une produit la matière


première de
51 Maître Jean CHALWE

l’autre. Cette concentration assure une certaine sécurité.


Regroupement d'entreprise à différents stades du processus
d'élaboration d'un produit. La concentration commerciale verticale est
l'union de deux ou plusieurs entreprises dédiées au même secteur,
mais situées dans des phases de production différentes.

Par exemple, la concentration verticale dans la production de produits


pétroliers, est
réalisée lorsque la même compagnie possède les puits d'extraction du
pétrole, les raffineries de pétrole, les compagnies de transports des
produits pétroliers bruts et raffinés et le réseau de distribution. Une
entreprise qui produit des chaussures, une autre qui s'occupe du
transport des chaussures et enfin un magasin de chaussures. La
concentration verticale serait une certaine union entre ces trois
sociétés.

5.4.4.1.2 La concentration horizontale

Est le regroupement d'entreprises qui fabriquent le même


type de produits. Regroupement d'entreprises ayant une activité
semblable ; on remplace la concurrence par la collaboration. La
nouvelle entreprise est plus forte sur le marché. Le but est de contrôler
un pourcentage significatif des ventes des produits. Cela donne de la
puissance pour négocier les prix d'achat les plus favorables face à ses
fournisseurs (dont le groupement représente un gros client). Mais
aussi cela permet d'imposer des prix de vente favorables face à ses
clients, dont le groupement est un gros fournisseur souvent
indispensable.

 la fusion : création d’une nouvelle société par la mise

en commun des moyens de deux entreprises de


dimensions comparables.
52 Maître Jean CHALWE

 l’absorption : une entreprise de dimension


importante en absorbe une autre plus petite qui
disparaît.

La prise de contrôle ou de participation : une entreprise s’approprie


une partie du capital d’une autre société : si la participation dépasse
50% c’est-à-dire qu’elle est majoritaire, on parle de prise de contrôle ;
sinon, on parle de prise de participation. Dans le cas de la prise de
contrôle, la société majoritaire est appelée société-mère et la société
contrôlée est sa filiale.

 le conglomérat : association d’entreprises


n’appartenant pas à la même branche et dont le lien
économique n’est pas apparent. Juridiquement
indépendantes, ces entreprises sont liées par des
participations financières.
 la société holding : conglomérat réalisé par
l’intermédiaire d’une société de participation.
C’est une société financière sans activité industrielle ou commerciale
dont l’objectif est la prise de contrôle.

 le cartel : plusieurs entreprises d’un même secteur

d’activité s’allient et constituent des ententes pour


poursuivre un but commun (fixation du prix,
production régulée…). Le cartel le plus célèbre est
celui des pays pétroliers (OPEP).
 le trust : forme de concentration la plus complexe :

fusion ou absorption, mais les entreprises perdent


leur identité juridique. L’objectif est de constituer des
monopoles.
53 Maître Jean CHALWE

 la multinationale : Une firme multinationale est une

société qui dispose de filiales ou des activités sur au


moins deux pays distincts. la société mère détient
plus de 50 % du capital d'autres sociétés.

Ainsi, le but de la concentration horizontale est bien souvent de


réduire ou diminuer la concurrence, ou encore de répartir les coûts
sur une plus grande quantité de produits.

5.4.4.1.3Du contrôle et de la régulation de la concurrence

Le contrôle et la régulation de la concurrence relèvent de la


compétence d’un organisme public dénommé Commission de la
concurrence.

Celle-ci statue sur base des requêtes afférentes aux


pratiques anticoncurrentielles et à celles de la concurrence
déloyale.

Les modalités d’organisation et de fonctionnement de la


commission de la concurrence sont fixées par décret du premier
ministre délibéré en conseil des ministres, sur proposition du
Ministre ayant l’Economie nationale dans ses attributions.

VI. MESURES DE LIBERATION ECONOMIQUE

L’interventionnisme de l’état congolais dans l’organisation et le


fonctionnement de notre
économie a été pendant longtemps prédominant. La maitrise du
domaine et du cadre de l’interventionnisme qui, pour des raisons
diverses, s’achemine dans la voie de libéralisme est conditionnée par
54 Maître Jean CHALWE

un bref aperçu de l’interventionnisme en République Démocratique du


Congo lequel va épingler les faits majeurs justifiant quelque peu les
orientations servies actuellement par les instances politiques.
En vue de se conformer aux exigences du marché, des
assouplissements ont été
apportés à certains dispositifs de maintien de l’ordre publique
économique (modification du décret – loi du 20 mars 1961 sur les prix
par l’ordonnance –loi n° 83-026 du 12 septembre 1983 portant
modification du décret-loi du 20 mars 1961). Dans la même optique, il
convient de citer l’arrêté départemental DEMI /CAB/06/013/87 portant
création et fonctionnement de la Commission de la concurrence.
Cette initiative traduit une volonté de la part des autorités de laisser au
marché jouer de plus en plus son rôle de régulation. Mais dans les
faits, il faut rendre à l’évidence que sont ces mesures de privatisation
des entreprises qui ont marqué la détermination des autorités
congolaises d’évoluer progressivement vers l’économie du marché et
de marquer une pause de la politique d’indépendance économique.
Aussi, nous semble-t-il plus indiqué de consacrer cette section à la
privatisation quitte
à revenir par la suite aux autres aspects de la libéralisation. La
problématique des privatisations en R.D.C peut être entendue de
manière efficiente si l’on rappelle au premier abord les considérations
générales sur les privatisations avant d’en venir, à proprement parler,
à la mise en œuvre de la privatisation en république démocratique du
Congo.

6.1 Considération générale sur la privatisation

L’idée de la privatisation est ancienne ; elle a été évoquée par Adam


Smith dans la
richesse des nations (1776).
55 Maître Jean CHALWE

Actuellement, on peut définir la privatisation comme le fait de confier au


secteur privé
des activités gérées en régie directe par une personne morale de droit
public, soit l’action de transférer un secteur privé le capital
d’entreprises appartenant à la puissance publique et qui, très souvent,
avaient fait l’objet d’une nationalisation. La nationalisation est une
technique qui s’oppose à la privatisation, elle consiste à l’acquisition
d’entreprises privées par le secteur public.
On peut démontrer plusieurs formes de privatisation : la concession, la
privatisation
de la gestion, l’ouverture du capital et la vente d’une entreprise
publique. La concession de service public est le modèle de gestion par
lequel une personne publique confie par contrat la gestion d’un service
public à un tiers qui se rémunère à ses risques, grâce à l’exploitation
du service. Il existe plusieurs formes de concessions parmi lesquelles :
La privatisation de la gestion signifie la modification du mode de
gestion par le passage d’une gestion directe à une gestion déléguée
confiée en tout ou en partie à un opérateur privé. La nature juridique
de la privatisation est le mandat.

La gestion autonome d’une entreprise est une


restructuration de la gestion de
certaines entreprises à caractère industriel et commercial. L’état garde
le caractère public de l’entreprise, mais laisse celle-ci fonctionner
selon les méthodes de droit privé en l’accordant à celleci une large
marge de manœuvre, notamment, la sécurisation de la carrière des
dirigeants, les possibilités de créer des filiales.
La vente d’une entreprise est un acte par lequel l’Etat
aliène une entreprise publique
au profit des intérêts privés. Les privatisations en R.D.C alors la
république du ZAIRE sont à placer dans un mouvement global de
56 Maître Jean CHALWE

désengagement de l’Etat dans les activités économique amorcées aux


Etats-Unis par les gouvernements Ronald Reagan et Margaret
Thatcher en Grande-Bretagne.
Ce mouvement devrait atteindre la République
Démocratique du Congo à partir de 1977 comme le relate le
professeur Massamba« déplorant que l’économat du peuple ait fait
faillite du peuple » les gouvernements proclamaient dès 1977 qu’il
n’est plus question que l’Etat soit charcutier, boulanger, épicier et
boutiquier. La privatisation en R.D.C s’est faite en plusieurs vagues et
selon les diverses modalités.

6.1.1 La protection des consommateurs


Les pouvoirs publics sont amenés, dans certains cas, à
intervenir dans l’économie
pour protéger les consommateurs. Dans le système libéral, les
échanges se font entre les producteurs et les consommateurs à
travers les marchés. Il existe deux catégories principales de
consommateurs. Les consommateurs intermédiaires et les
consommateurs finaux. Ces derniers sont des agents économiques
qui emploient un bien ou un service pour satisfaire un besoin final.
L’un des principes qui soutient le droit commun, est
l’égalité entre les contractants. Mais avec le développement du
capitalisme, est né un déséquilibre entre les producteurs (les
professionnels) et les consommateurs. Il existe une asymétrie
d’information entre les producteurs et les consommateurs. Les
premières sont mieux informées sur les caractéristiques des produits
qu’ils vendent. En plus, il dispose d’un pouvoir économique qui leur
permet de soutenir une action en juste, le cas échéant, et de supporter
les coûts du procès.
57 Maître Jean CHALWE

En droit positif congolais, il n’existe pas à proprement


parler un véritable droit de la
consommation, c’est-à-dire, un corps de règles cohérent avec pour
objectif de protéger les intérêts des consommateurs. Néanmoins, les
consommateurs peuvent recourir à des règles éparses contenues
dans de nombreux texte. S’agissant de la protection de la santé et de
la sécurité, il y a lieu de citer : l’ordonnance n° 41-398 sur la police de
marchés public l’ordonnance n° 74/453 du 31 décembre 1952 sur la
protection et la salubrité des denrées alimentaires.

Les préoccupations liées à la protection des intérêts


économiques des
consommateurs, sont protégées par le décret du 1er avril 1959 sur la
sauvegarde du pouvoir l‘achat de consommateurs. Les
consommateurs victimes des dommages, peuvent recourir au droit
commun, notamment, l’article 253 du code civil congolais livre III «
toute faute quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage,
oblige celui par la faute duquel, il est arrivé à le réparer »
Quant au droit de représentation, il est assuré par de
nombreuses associations de
consommateurs. La constitution du 18 février 2006 reconnait aux
congolais le droit d’association.
En droit de télécom, les consommateurs sont protégés par
la loi n° 20/017 du 25
novembre 2020 relative aux télécommunications et aux TIC et le
décret n°23/13 du 03 mars 2023 portant création, organisation et
fonctionnement de l’Autorité de Régulation des Postes, des
Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la
Communication du Congo, ARPTIC en sigle.

6.1.2 L’Etat entrepreneur


58 Maître Jean CHALWE

Lorsque l’initiative privée n’est pas à même de répondre au


besoin d’intérêt général,
les pouvoirs publics peuvent intervenir directement sur le marché pour
maintenir l’ordre public économique.
Nous avons vu que l’Etat congolais a cherché à uniformiser
le régime juridique des
structures économiques paraétatiques héritées de la colonisation à
travers la loi-cadre n°78-002 du 6 janvier 1978 portant dispositions
générales applicables aux entreprises publique. Suite au constat
d’échec, une réforme a été engagée en 2008 par la publication d’un
package de 4 lois.
Dorénavant, les entreprises publiques sont catégorisées en services
publics, établissements publics et sociétés commerciales.

6.1.2.1 Les services publics


Un service public se définit aux termes de la loi n°08/007
du 7 juillet 2008 portant
dispositions générales relatives à la transformation des entreprises
publiques comme « tout organisme ou tout activité d’intérêt
général relevant de l’administration publique (article 3.3) »
Les services publics sont dirigés par un directeur général
assisté d’un directeur
général adjoint ou de deux directeurs généraux adjoints. Les statuts de
chaque service public déterminent le pouvoir hiérarchique auquel il
est attaché.

6.1.2.2 Les établissements publics


Un établissement public est toute personne morale de droit
public créé par l’Etat en
vue de remplir mission de service public (article 2 al. 1 de la loi
n°08/009du 7 juillet 2008 portant dispositions générales applicables
59 Maître Jean CHALWE

aux établissements publics) la liste des établissements publics a été


publics a été publiée par le décret n° 09/12 du 24 avril 2009.
Les établissements publics jouissent d’une autonomie de
gestion et dispose d’un
patrimoine propre (article 3 de la loi n°08/009). Les structures d’un
établissement sont constituées par : le conseil d’administration, la
direction générale et le collège des commissaires aux comptes. Le
conseil d’administration est l’organe de conception, d’orientation, de
contrôle et de décision de l’établissement public.
Il définit la politique générale, arrête le budget et approuve
les états financiers (article 7 de la loi précitée). Les membres du
conseil d’administration sont désignés par ordonnance présidentielle.
Leur nombre est fixé en fonction des missions spécifiques de chaque
établissement. Il est tenu compte dans leur désignation de la
représentation des principaux partenaires et services publics
intéressés. En aucun cas, le nombre d’administrateurs ne peut
dépasser cinq (le président y compris).
La direction générale est animée par un directeur général
et un Directeur général
adjoint, nommés, relevés de leur fonction et, le cas échéant, révoqués
par ordonnance du Président de la République. La Direction générale
exécute les décisions du conseil d’administration et assure la gestion
courante de l’établissement public. Elle exécute le budget, élabore les
états financiers de l’établissement public et dirige l’ensemble de ses
services. Elle représente l’établissement public auprès des tiers.
A cet effet, elle a tous les pouvoirs nécessaires pour
assurer la bonne marche de
l’établissement public vis-à-vis des tiers. Les commissaires aux
comptes constituent un collège chargé du contrôle les opérations
financières d’un établissement public. Ils sont nommés par le décret du
60 Maître Jean CHALWE

premier délibéré en conseil des Ministres. Les commissaires aux


comptes doivent justifier de connaissances techniques et
professionnelles éprouvées.
La loi confère aux commissaires aux comptes des pouvoirs
étendus. Ils ont mandat
de vérifier les livres, la caisse, le portefeuille et les valeurs de
l’établissement, de contrôler la régularité et la sincérité des états
financiers ainsi que l’exactitude des informations données sur les
comptes de l’établissement dans les rapports du conseil d’administratif
(article 16…)

6.1.2.3 Les sociétés commerciales


La transformation de certaines entreprises publiques en
sociétés commerciales est
justifiée par l’option prise par les instances nationales de poursuivre la
politique de libéralisation de l’économie nationale et, par conséquent,
l’encouragement de l’initiative privée.
Dans le cadre de la réforme des entreprises publiques
initiées en 2008, les
entreprises publiques du secteur marchand ont été transformées en
sociétés commerciales soumises au droit commun. Seulement à
l’heure actuelle, l’Etat est l’actionnaire unique contrairement aux
dispositions subséquentes sur les sociétés commerciales (droit
OHADA).
L’Etat-puissance publique est une autorité de régulation
comprenant le pouvoir
central, la province et l’entité territoriale décentralisée (cfr article 8 de
la loi n°08/007 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales relatives
à la transformation des entreprises publiques) en dépit du fait que les
61 Maître Jean CHALWE

entreprises publiques transformées en sociétés commerciales ne


disposent plus des prérogatives de puissance publique, celles-ci
peuvent accomplir des missions des services publics. L’article 6 de la
loi n°08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives
à la transformation publique précise que les entreprises commerciales,
dérivées des entreprises publiques, peuvent être soumises à des
sujétions de service public. Une convention signée entre et l’Etat-
entreprise commerciale définit les obligations particulières assumées
par l’entreprise et les contreparties financières ou autres qui lui sont
garanties à cet effet par l’Etat. L’Etat garde ainsi la possibilité
d’intervenir dans l’économie par le biais des sociétés commerciales.
Entité décentralisée : est un établissement public chargé
de gérer un service public (Université, hôpitaux publics, musées
nationaux, régions)

6.2 Cadre de l’intervention de l’Etat

L’interventionnisme de l’Etat sur le marché requiert la mise


sur pied d’un appareil
administratif spécialisé. Avec l’avènement de l’Etat-régulateur, les
structures mises en place depuis l’Etat-gendarme jusqu’à l’Etat-
providence, ont perduré avec les institutions spécifiques générées par
l’Etat-régulateur. Partant, il est essentiel de rappeler le cadre
traditionnel de l’interventionnisme de l’Etat avant de devoir examiner le
nouveau cadre de l’interventionnisme propre à l’Etat-régulateur.

6.2.1 Le cadre traditionnel de l’interventionnisme de l’Etat

Les trois pouvoirs constitutifs de l’Etat participent de


manière générale à la régulation
62 Maître Jean CHALWE

de l’économie avec des fortunes diverses. Le pouvoir législatif et le


pouvoir judiciaire interviennent d’une façon marginale dans l’économie
qui, du reste, compte tenu de sa dynamique demeure le domaine
privilégié du pouvoir exécutif.

6.2.2 L’intervention du pouvoir législatif dans l’économie


La constitution confère au pouvoir législatif la compétence
de fixer les règles
concernant les finances publiques (Article 122.3), le commerce, le
régime de la propriété, des droits et des obligations civiles et
commerciales (Article 122.8), l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toute nature, le régime d’émission de
la monnaie (Article 122.10) ; les emprunts et engagements financiers
de l’Etat (Article 122.11).
Le parlement peut exercer un contrôle indirect sur
l’économie en usant du pouvoir de
contrôle sur le gouvernent, les entreprises publiques, les
établissements et les services publics (article 138 de la constitution).

6.2.3 L’intervention du pouvoir judiciaire


Le pouvoir judiciaire intervient dans le maintien de l’ordre
public économique en
réprimant les infractions commises en matière économique. En
matière économique, les sanctions pénales prononcées par les
tribunaux, sont de nature diverse : «elles vont des sanctions
classiques, mort, emprisonnement, amandes, confiscation d’objets
illicites, transaction) à toute une gamme de peines complémentaires et
mesure de sécurité (interdiction d’exercice, fermeture temporaire et
63 Maître Jean CHALWE

définitive de l’établissement, publication du jugement de condamnation


par voie d’affichage et mass media…).
Le décret de 1961 sur les prix, tel que modifié à ce jour,
prévoit en son article 22 de
sanctionner les auteurs d’infraction qualifiée de prix illicite :
- De payer une somme correspondant au bénéfice indûment
réalisé ou à la hausse illicite des prix ;
- De prononcer la fermeture de l’établissement pour une durée
n’excédant pas six mois. Toute infraction aux dispositions d’un
jugement prononçant la fermeture, est punie d’une servitude
pénale de trois mois à un an et d’une amande de 10.000 à
100.000 francs congolais.
- Ordonner que la décision de condamnation soit publiée
intégralement ou par extraits aux frais du condamné dans les
journaux qu’il désigne.

Notons avec le professeur KITOPI KIMPINDE que les


sanctions en droit économique
sont dérogatoires du droit commun. Ainsi, les sanctions s’appliquent
aussi bien aux personnes morales qu’aux personnes physiques avec
l’acceptation de la responsabilité de fait d’autrui.

6.2.4 L’intervention du pouvoir exécutif


Nous avons déjà stigmatisé le fait que le règlement reste le
cadre approprié de la
gouvernance économique en raison de la dynamique des activités
économiques. C’est le pouvoir exécutif qui doit veiller d’une manière
générale au maintien de l’ordre public économique de la même
manière qu’il a en charge le maintien de l’ordre public tout cours.
Ainsi, les autorités administratives sont habilitées à prendre
des mesures de police
64 Maître Jean CHALWE

visant le maintien de l’ordre public économique.


Des responsabilités incombent aux différentes autorités en
matière économique à
tous les niveaux de pyramide administrative.
En tant qu’autorité administrative, le Président de la
République intervient de manière
indirecte dans l’économie. Ainsi, Le Président nomme les
responsables des services et établissements publics (article 81.5 de la
constitution), les mandataires de l’Etat dans les entreprises et
organismes publics à l’exception des commissaires aux comptes. Le
Président de la République assure également la tutelle de certains
organismes, en l’occurrence, l’autorité de régulation de la Poste et des
Télécommunications.
Tout compte fait, c’est au Premier Ministre que revient
véritablement l’exercice du
pouvoir réglementaire. En effet, aux termes de l’article 92 de la
constitution «le Premier Ministre assure l’exécution des lois et dispose
du pouvoir règlementaire sous réserve des prérogatives dévolues au
président de la république… ». À ce titre, de nombreux textes ont été
pris par le Premier Ministre pour l’exécution des lois en matière
économique.
S’agissant des Ministres, il est généralement reconnu que
ceux-ci ne disposent pas
individuellement des compétences règlementaires sauf celles qui leur
sont dévolues expressément par des textes.
En droit congolais, certains Ministres disposent, en matière
économique, des
attributions importantes permettant à l’Etat d’intervenir dans
l’économie. Il s’agit particulièrement de ceux ayant en charge
l’économie nationale, l’industrie, le commerce et le plan.
Le Ministre de l’économie dispose des prérogatives
importantes en matière de
65 Maître Jean CHALWE

gouvernance et de police économique. La lecture de l’ordonnance


n°15/015 du 21 mars 1915 fixant les attributions des Ministres
montrent que celui-ci a en charge notamment :
- La politique et la règlementation du marché intérieur pour le
contrôle et le suivi a priori des prix des produits locaux de base
et pour le contrôle a posteriori pour les produits importés, et des
tarifs de prestation de service ;

- La politique, la législation et la réglementation de la concurrence


sur toute l’étendue du territoire national ;
- L’encadrement des activités économiques.
Le Ministre qui a en charge le commerce dans ses
attributions, peut intervenir dans
les activités économiques de manière efficiente. Il est ainsi habilité
selon les termes n°15/015 du 21 mars 2015 fixant les attributions des
ministres de prendre les mesures susceptibles de contribuer à la
restauration de la compétitivité extérieure des produits congolais
exportables notamment en identifiant toutes les entraves structurelles,
administratives, financières, tarifaires ou humaines. Dans le même
ordre d’idées, le Ministre ayant le commerce dans ses attributions en
collaboration avec le Ministre ayant en charge l’économie nationale, a
compétence en matière de politique générale des importations, des
exportations et de réexportation. Le rôle du ministre de l’industrie est
également capital en matière économique, celle-ci a, en charge,
notamment :
- La promotion, l’encadrement technique de l’industrie nationale ;
- La mise en valeur de l’espace productif national et la promotion
d’un environnement favorable aux affaires en collaboration avec
le Ministre de l’économie.
66 Maître Jean CHALWE

L’impact du ministre du plan dans le domaine économique


a été évoqué lorsqu’il s’agit
d’étudier la planification comme mode d’intervention des pouvoirs
publics en matière économique. Nous nous contenterons simplement
d’indiquer, à ce niveau, que le Ministre du plan assure également le
suivi des projets ministériels, notamment, dans le cadre de la
promotion des investissements publics.
Certaines interventions de l’Etat en matière économique
peuvent exiger le concours
de plusieurs ministères. Des comités interministériels sont souvent
institués de manière à maximiser les chances de succès de l’action
gouvernementale.
En dehors du gouvernement, d’autres structures et
organes ont reçu mandat de
réguler certains secteurs de la vie économique, tel est le cas de la
Banque Centrale du Congo (encadrement du crédit et contrôle de
change et de nombreux services et établissements publics ; Cour des
comptes ; Direction Générale des Douanes et Accises (D.G.D.A°.) ;
Direction Générale des impôts (D.G.I.), Agence Nationale pour la
protection des Investissements (ANAPI).

6.3 LE NOUVEAU CADRE DE L’INTERVENTIONNISME


De plus en plus, L’Etat renonce aux techniques
traditionnelles de maintien de l’ordre
public économique calquées sur celles de l’ordre public. Dans la prise
des décisions, l’Etat tient dorénavant compte de l’économie et n’agit
plus unilatéralement, elle procède, par voie de négociation et
consultation avec la société civile. Dans le même ordre d’idées, l’Etat
confie le contrôle des certaines activités économiques à des organes
67 Maître Jean CHALWE

qualifiés d’autorité administrative indépendante censée assurer une


nouvelle forme de gouvernance économique par la régulation.

6.3.1 La régulation comme nouveau cadre de l’interventionnisme


étatique
La régulation en tant que technique d’intervention de l’Etat
dans l’économie est la
conséquence de la crise de l’Etat-providence.

6.3.1.1 Le nouveau cadre de Régulation


Le droit congolais, à l’image des autres systèmes
juridiques, met progressivement en
place des autorités administratives chargées de réguler l’économie,
mais en raison du fait que cellesci n’ont pas encore une expérience
éprouvée, il est important de rappeler succinctement la notion
d’autorité administrative indépendante en droit comparé.

6.3.1.1. 1 L’autorité administrative indépendante


L’idée de mettre sur pied des autorités administratives est
née du constat qu’il était
impossible que l’Etat ne puisse intervenir dans l’économie. Il fallait
donc éviter que celle-ci ne se trouve dans une situation de conflit
d’intérêt, c’est-à-dire, à la fois joueur et arbitre. Un autre élément
entrant en ligne de compte, est la nécessité de recourir aux personnes
disposant une expertise avérée et d’un degré d’indépendance suffisant
vis-à-vis des autorités politiques ou de toute hiérarchie.

6.3.1.1.2 L’avènement des autorités administratives indépendantes


en droit congolais.

De plus en plus, le cadre institutionnel congolais se dote de


structures aux
68 Maître Jean CHALWE

caractéristiques similaires aux autorités administratives


indépendantes.

Selon toute vraisemblance, c’est avec la publication du


package de 3 lois sur Poste,
les Télécommunications et la loi n°014/2002 portant création de
l’autorité de régulation la poste et télécommunication toutes du 16
octobre 2002 (cfr journal officiel, n° spécial du 23 janvier 2003). Les
deux dernières ont été modifiées par la loi N° 20/017 du 25 novembre
2020 relative aux Télécommunications et aux Technologies de
l’Information et de la Communication (cfr journal officiel, n° spécial du
22 septembre 2021)

Les causes, à la base de cette mutation, ont été explicitées


par le législateur dans le
texte sus-indiqué. Elles se rapportent notamment : la dissociation des
activités de la Poste et Télécommunications ; la séparation de
fonctions de régulation et d’exploitation, la démonopolisation,
l’obligation de fournir le service et la nécessité de s’adapter à la
mondialisation de l’économie.

La nécessité de séparer les fonctions de régulation et


d’exploitation, a pour but
d’éviter que l’Etat, ses démembrements ou les entreprises sous sa
tutelle ne soient à la fois juge et partie. La démonopolisation vise
l’amélioration de la qualité de service et diminution des couts.
Les secteurs de la Poste et des Télécommunications sont
régis par les lois que voici :
 la loi n° 012/2002 du 16 octobre 2002 sur la poste, service postal

universel est compris comme « offre de services postaux de


base, de qualité fournie à la clientèle, de manière pérennante en
69 Maître Jean CHALWE

tout point du territoire national à des prix abordables (article


3.2) ;
 la loi n° 014/2002 du 16 octobre 2002 portant création de

l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications ;


 La loi n°20/017 du 25 novembre 2020 relative aux
Télécommunications et aux Technologies de l’Information et de
la Communication ;
 le décret n°23/13 du 03 mars 2023 portant création, organisation

et fonctionnement de l’Autorité de Régulation des Postes, des


Télécommunications et des Technologies de l’Information et de
la Communication du Congo, ARPTIC en sigle.

6.3.11.3 Mission

L’Autorité de Régulation de la Poste et des


Télécommunication du Congo est une
personne morale de droit publique dotée de la personnalité civile
(Article 2). L’Autorité de Régulation relève du président de la
République. Elle a son siège à Kinshasa. (la personnalité civile permet
au service d’acquérir un patrimoine qu’il peut ensuite gérer. Ce
patrimoine lui servira ainsi d’exercer ses attributions)

Il ne nous semble pas opportun, dans le cadre limité de ce


cours, d’étudier en
profondeur les structures et les attributions dévolues à l’autorité de
Régulation de la Poste et de Télécommunications.

Nous nous contenterons simplement d’indiquer que celle-ci


est constituée un Collège
70 Maître Jean CHALWE

et d’une Administration. Le Collège est constitué de 7 membres dont


un Président, Vice-président et cinq conseillers. En vue d’assurer tant
soi peu l’indépendance de l’ARPTC, la législation a diversifié les
personnalités chargées de la nomination de membres de l’ARPTC.
Ainsi, le Président de la République, tandis que les cinq autres
membres sont nommés par le Président, mais sur proposition du
parlement (2 membres) et trois par le Ministres ayant les postes et
télécommunications dans ses attributions.

Concernant les tâches (les attributions ou missions) dévolues à


l’autorité de la
régulation, elles consistent, d’une manière succincte à l’exercice des
prérogatives généralement reconnues à toute structure administrative
de contrôle (veiller au respect des lois, règlements et convictions en
matière des Télécommunications ou TIC ; assurer l’interconnexion des
différents opérateurs sur le réseau et gérer les ressources rares
(fréquences et numéros), homologuer les équipements des
télécommunications (TIC), élaborer et gérer le plan national de
numération ; assurer la continuité du service et protéger l’intérêt
général maintenir la concurrence loyale et trancher les litiges.
Cependant, toute décision de l’AR revêt un caractère obligatoire.

Les organes de régulations de tous ces pays ont pour caractéristique


de jouir d’une
large autonomie par rapport aux pouvoir publics ainsi que cela est
souhaité par l’Union Internationale des Télécommunications, en sigle,
U.I.T. et l’Union Postale Universelle, en sigle, U.PU. qui, tout en
soutenant la nécessité de réglementation et de régulation, préfèrent la
privatisation du secteur pour atteindre, par le biais de la concurrence,
un effort d’amélioration des services et de stabilisation de leur coût.
71 Maître Jean CHALWE

L’UIT et UPU ainsi que toutes les régulations visent le service


universel, c'est-à-dire
le droit de chaque citoyen, habitant les zones rurales, urbaines ou
isolées au bénéfice du service de la téléphonie vocale et de
services postaux à un coût raisonnable.8

CONCLUSION

Tout au long de cet enseignement, il nous a été donné


d’observer que l’intervention
de l’Etat dans les activités économiques est une donnée permanente
de l’histoire qui s’est manifestée à toutes les époques et dans toute
société ayant une structure politique complexe ou rudimentaire, car
tout pouvoir est associé au phénomène de richesse.
L’Etat n’est plus omniscient ni omnipotent, c’est la
naissance du concept de l’Etat-
partenaire. L’action de l’Etat peut consister également à entreprendre
des activités économiques sur le marché seul ou en partenariat avec
d’autres opérateurs.
La recherche de l’indépendance économique, a été une
préoccupation majeure des
autorités congolaises dès l’accession du pays à la souveraineté
internationale. Mais c’est à partir de la promulgation de la loi
particulière sur le commerce que ce processus a vraiment démarré.
8 Loi n° 014 du 16 octobre 2002 portant création de l’Autorité de régulation de la poste et des
télécommunications
72 Maître Jean CHALWE

Désormais, certaines activités commerciales étaient


réservées aux Congolais (le
commerce d’import-export, le commerce de détail, les actes qualifiés
de commerciaux par la loi)
En dépit de l’évolution de notre économie dans la voie de
la libéralisation,
l’intervention de l’Etat, est encore d’actualité même si l’emprise n’est
plus la même. Dans l’action de l’Etat est encore perceptible les
techniques de maintien de l’ordre public économique du passé :
Réglementation des prix, la concurrence, la protection des
consommateurs, l’investissement, etc.
Dans le même ordre d’idées, l’Etat continue à être
entrepreneur avec la différence
que des réformes en cours tendent à contraindre les entreprises
publiques d’exercer les activités commerciales dans les mêmes
conditions que les particuliers. La régulation est devenue le mode
actuel d’intervention de l’Etat dans toute indépendance et dans une
économie ou secteur libéral et compétitif.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

A. Ouvrage

1. BAECHLER Jean, le capitalisme. Tome 1, les origines,


Gallimard, Paris, 1995.
2. BEGG Davide, FICHER STANLEY et BORNBUSH
RUDIGER, Macroéconomie,
2èmeED. Dunod, Paris, 2002.
73 Maître Jean CHALWE

3. BOLLEE Sylvain et LAITHIER Yves-Marie et Peres Cecile


(sous la dir.), L’efficacité
économique en droit, Economica, Paris, 2010.
P.27.
4. BUABUA WA KAYEMBE, Cours de droit économique,
Université protestante au Congo, année académique 2014-
2015.
5. Cliquennois Martine, Droit public économique, Ellipses,
paris 2001.
6. Cornu Gérard, (sous la dir.), vocabulaire juridique,
quadrige/PUF, 7eme édition, Paris, 2005.
7. DE LAVERGNEE Nicolas BREJON, Traité d’économie
politique, Paris1995.L
- Droit des services publics, PUF, Paris, 1991
- Droit public économique, PUF, 2eme édition
augmentée, paris, 1994.
8. FéralFrançois ; Approche dialectique du droit de
l’organisation administrative. L’appareil de l’état face à la
société civile, Le Harmattan et Le Harmattan, Inc.,
Paris,Montréal, 2000.
9. KALOMBO BONGALA, Le droit congolais de la
concurrence à l’ère de la mondialisation. Contribution à
l’étude du cadre normatif et institutionnel Thèse de
doctorat, UNILU, année académique 2013-2014
KITOPI KIMPINDE (A), Cours de droit économique, Unilu,
année académique 20142015.
10. LukombeNghenda, le droit des entreprises publiques, né
de la réforme du 7 juillet 2008, publication des facultés de
droit des universités du Congo ; Kinshasa, 2009.
11. MASCHERIAKOFF Alain-Serge,
74 Maître Jean CHALWE

12. MASSEMBA MAKELA R., Droit économique congolais,


bruyant-Academia et Droit des Idées Nouvelles, Col.«
Bibliothèque de droit africain « Kinshasa, 2006.
13. OMOMBO(A), Pour une croissance durable en République
Démocratique du Congo.
Une approche méthodologique CEDI, Kinshasa, 2000.
14. SILEME AHMED et ALBERTINUI Jean-Marie (Sous la
direction de), Lexique d’économie, 10eme édition, Paris,
2008.
15. SILMEM AHMED, L’économie politique Bases
méthodologiques et problèmes fondamentaux, 5eme
édition, Armand Colin, Paris, 2009.

B. Notes de cours

1. Droit économique, KALOMBO BONGALA, Professeur associé


2015-2016

C. Loi
Loi n° 014 du 16 octobre 2002 portant création de l’Autorité de
régulation de la poste et des télécommunications.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE....................................................................1
75 Maître Jean CHALWE

1. Importance du cours...........................................................................1
2. Objectif du cours..................................................................................1
2.1. Objectif général du cours.............................................................1
2.2. Objectifs spécifiques.....................................................................2
I. LE CADRE GENERAL DES ACTIVITES ECONOMIQUES...............2
1.1 NOTIONS DE BASE...........................................................................2
1.1.1 Les grandes fonctions économiques......................................2
1.1.2 La consommation........................................................................3
1.4 La production..................................................................................5
1.6 L’investissement..............................................................................7
2. LES DIFFERENTES FORMES D’ORGANISATION
ECONOMIQUE ET SOCIALE................................................................10
2.1 Notion de système.........................................................................10
2.2 Le système capitaliste..................................................................10
2.2.2 Système collectiviste.................................................................12
3. Rapport entre droit et économie....................................................13
II. LA NOTION DE DROIT ECONOMIQUE............................................13
2.1.2 Limites du droit public classique.............................................14
2.1.3 Limites du droit privé classique...............................................15
2.2 Essai de définition du droit économique..................................16
3.1 Caractéristique du droit économique.........................................22
3.3 Evolution du droit économique et domaine d’application.25
V. LA PLACE DU DROIT ECONOMIQUE DANS L’ORDRE
JURIDIQUE...............................................................................................29
5.1.2 L’importance de la summadivisio..........................................30
5.1.2 La summadivisio (droit privé/droit public)..........................31
5.1.2. 3 Droit Economique et disciplines connexes.......................32
5.2. Modalités d’intervention de l’Etat sur le marché..................32
5.2.1 Intervention par voie règlementaire......................................33
76 Maître Jean CHALWE

5.2.2 L’action de l’Etat sur marché..................................................33


5.2.3 L’entreprenariat............................................................................34
5.3 DOMAINE DE L'INTERVENTION DE L'ETAT................................34
5.3.1 La règlementation économique du marché...........................34
5.3.1.4 La protection des concurrents............................................38
5.3.1.5 La protection du marché.......................................................45
Section 2 Les pratiques anticoncurrentielles individuelles.........45
5.4 Les pratiques anticoncurrentielles collectives........................46
6.1 Considération générale sur la privatisation.................................55
6.3.1.1 Le nouveau cadre de Régulation...........................................68
CONCLUSION.............................................................................................72
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.................................................................73

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