La justice
A) La justice
1. Définition
Le terme latin « justicia » peut être traduit par « conformité avec le droit » ou encore « sentiment d’équité ». La
justice est donc la conformité aux lois, afin de protéger les individus des injustices qu’ils subissent dans leurs
rapports aux autres. Pour les définir, il faut bien faire la distinction entre le droit et la justice comme ensemble
d’institutions (les palais de justice, les tribunaux) et le droit et la justice en tant que normes.
droit juste
légal légitime
Conforme à la loi conforme à un idéal
Mais suffit-il de se conformer à la loi pour être juste ?
La justice n’est-elle pas d’abord une vertu humaine, la volonté de respecter autrui et son bien ?
Pour garantir la sécurité ne devons-nous pas nécessairement liberté les libertés ?
Argument : Chez Locke, dans Le Deuxième traité sur le gouvernement civil , la justice existe dans l’état
de nature. L’état de nature, c’est l’état chaotique et anarchique (absence de pouvoir supérieur) dans
lequel vivent les hommes avant l’État civil (État avec des règles et un pouvoir supérieur). La justice est
existante par nature, car dans l’État de nature, le but est de survivre et par conséquent de garder la paix.
Alors que dans l’État de nature tout le monde est son propre juge, dans l’État civil, les hommes
abandonnent ce droit pour les donner à un seul et unique juge et souverain.
Les lois permettent de régler un monde qui est à l’origine chaotique. Elles permettent d’ordonner la société. Ici,
la justice est l’ordre qui assure l’unité et le bonheur de la cité.
Argument : Socrate était le maître de Platon. Cependant, il est accusé de corrompre la jeunesse
athénienne et de ne pas reconnaître le même Dieu que la cité. Il finit par être condamné à mort. Pour
Platon, sa mort est le fruit d’une injustice. Criton propose d’évader Socrate de prison mais il refuse. On
se questionne alors : Les lois sont-elles justes ? Pourquoi faut-il obéir aux lois ? Faut-il accepter ce qui
semble être injuste ?
Ce que tu dois retenir de ce texte :
- Être juste, c’est respecter les lois. Donc puisque Socrate s’enfuit, il commet une injustice. Il donne
plusieurs raisons de respecter les lois :
- Transgresser les lois revient à remettre en question l’harmonie, l’ordre de la société. Le respect des
lois est la seule garantie de l’ordre social.
B) Ne devons nous pas douter de la justice ?
1. Le doute
Les hommes obéissent aux lois par calcul d’intérêt plutôt que par respect de la justice. C’est la peur des sanctions
qui poussent les hommes à oébir, sans cette peur il est probable que les hommes commettraient plus d’actes
injustes que justes.
Argument : Platon, La république : Il essaie de savoir si la notion de justice a une réalité ou pas. Pour
cela il présente l’histoire du berger de Gyès, qui après un orage à découvert un cheval de bronze dans un
affaissement de terrain. En ouvrant les portes, il découvre un squelette de géant avec un bague en or ; il
la prend et l’enfile ; il remarque qu’à chaque fois qu’il la tourne, il devait invisible. Il se rendit alors au
palais, séduisit la reine et complota pour tuer le roi et s’emparer du trône.
Ici, l’invisibilité c’est la possibilité d’agir en toute impunité, ainsi toutes personnes dans ce cas
commettra des injustices.
La loi est générale par définition. Or, chaque cas est toujours particulier par définition. Ceci peut donner lieu à un
problème selon Aristote. En effet, il peut y avoir des cas dont les caractéristiques secondaires font qu’une
application stricte de la loi mènerait à commettre une injustice.
Exemple : tuer est condamné par la loi, mais on ne peut appliquer cette loi pareillement dans le
cas d’un meurtre avec préméditation et dans le cas de la légitime défense.
Le sort de l’homme qui commet des injustices est meilleur que celui de l’homme intègre qui respecte les lois.
Glaucon qui raconte l’histoire de Gyès explique que la société et ses individus font un meilleur sort à
celui qui dissimule ses actes et qui est injustes plutôt qu’à l’intègre. L’intégrité, le respect et la justice
sont donc rarement profitables à l’individu.
La justice semble condamner si on laisse le règne de l’injustice se mettre en place, la vie sociale deviendra
impossible, mais on perdra toutes nos liebrtés et droits.
C) Comment sauver la justice
1. La preuve de l’existence d’une forme de justice
Argument : Platon, La République : plusieurs arguments :
- Tout groupe humain respecte des principes de justice : même dans les groupes injustes, il existe un
règle juste => exemple : bandits qui se partagent le butin de manière égale.
- On ne commet jamais d’injustice impunément : Même s’il n’est pas puni par la loi, il se sent
coupable car il a conscience d’avoir mal agit, c’est sa conscience (le moi) qui l’accuse. Il y a donc
une exigence morale chez chacun. = « sentiment du juste » C’est ce sentiment qui nous permet de
fonder les lois et de leur donner une légitimité.
2. Comment incarner ce sentiment du juste dans une loi ?
Le sentiment du juste est de l’ordre des l’affects, il varie en fonction des sujets, alors que la loi doit incarnée une
justice générale qui s’applique à tous. Il y a donc des moyens indispensables :
- La nécessité de l’éducation du citoyen : on l’a vu avec Kant pour qui c’est une condition
fondamentale de l’accès à l’éducation, et chez Rousseau pour que l’homme ait une compréhension
de l’intérêt général afin de bien déliberer.
- La nécessité de pouvoir faire évoluer les lois : le pouvoir législatif doit être attentif à l’évolution de
la société et donc le besoin de les faire évoluer. On peut souhaiter une participation importante du
citoyen à condition qu’il soit éclairé car sinon ce sont les opinions et non la raison qui triomphent.
Arguments en plus :
Argument :Du contrat social, Rousseau insiste bien sur le fait que lorsque les lois sont le produit de la
volonté générale (intérêt général du peuple qui agit de façon désintéressée), elles sont nécessairement
justes et infaillibles.
Freud a écrit dans Le Malaise dans la civilisation que les hommes sont assez forts pour supporter de
nombreuses souffrances mais ce qu’ils supportent sans doute le moins c’est l’injustice. Pour lui,
d’ailleurs cette injustice est constitutive de la majeure partie de nos névroses.
Pour assurer la justice sociale, Rawls nous invite pourtant à approuver certaines inégalités dans la
mesure où elles ont, malgré tout, un avantage pour l’ensemble de la société. Si la richesse d’une
minorité permet de créer des infrastructures publiques (sportives ou médicales, par exemple) la fortune
de quelques-uns est un bien pour tous. Mais ce principe de différence ne doit entrer en application
qu’une fois que le principe de la plus grande équité est réalisé.