Corrsujet 19

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Lycée Louis-Le-Grand, Paris

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Problème no 19 : Algèbre linéaire matricielle

Correction du problème 1 – (Trigonalisation des algèbres nipotentes, d’après X 1996)

Partie I – Questions préliminaires

1. Soit r l’ordre de nilpotence de A, et t un élément de A. En posant pour tout i ∈ [[1, r]], ti = t, on a, par
nilpotence de A :
tr = tr ◦ · · · ◦ t1 = 0.

Ainsi, t est nilpotent, d’indice de nilpotence inférieur ou égal à r .


2. Tout d’abord, il s’agit bien d’une sous-algèbre. En effet, elle contient 0 et est clairement stable par combinaison
linéaire et produit (ces opérations laissant stables l’ensemble des matrices strictement triangulaires supérieures)
Soit f1 , . . . , fn des éléments de T . On a alors

MatB (fn ◦ · · · ◦ f1 ) = MatB (fn ) · · · MatB (f1 ).

Or, les matrices MatB (fi ) sont strictement triangulaires supérieures. En notant Tn,k l’ensemble des matrices
triangulaires supéieures dont les k premières diagonales sont nulles, on sait, d’après le cours, que Tn,k1 · Tn,k2 ⊂
Tn,k1 +k2 . Ainsi, en particulier, le produit de n matrices strictement triangulaires supérieures (donc des éléments
de Tn,1 ) est dans Tn,n = {0}.
On en déduit que MatB (fn ◦ · · · ◦ f1 ) = 0, puis que fn ◦ · · · ◦ f1 = 0. Ainsi, T est une sous-algèbre nilpotente.
Ce qui précède nous assure que l’ordre de nilpotence de T est majoré par n. Par ailleurs, en considérant J la
matrice de Jordan constituée de 0 partout sauf sur la diagonale juste au-dessus de la diagonale principale, un
calcul fait en cours nous assure que J n−1 6= 0 et J n = 0. Ainsi, J est nilpotente, d’indice exactement n. Cet
exemple montre que T est au moins d’ordre de nilpotence n.
Par conséquent, l’ordre de nilpotence de T est exactement n .
3. Soit S l’ensemble des endomorphismes de l’espace E représentés dans la même base B par une matrice
strictement triangulaire inférieure . Il s’agit, pour les mêmes raisons, d’une sous-algèbre nilpotente.
La seule matrice à la fois strictement triangulaire supérieure et strictement triangulaire inférieure étant la
matrice nulle, on a bien T ∩ S = {0} .

4. Soit A l’ensemble des endomorphismes dont la matrice dans la base B est de la forme λK , où K est la
matrice dont tous les coefficients sont nuls, à part un 1 en position (1, n). Cette matrice vérifie K 2 = 0, et A est
clairement non vide et stable par combinaison linéaire et produit. De plus, A est clairement nilpotente (d’ordre
de nilpotence égal à 2), et non nulle, ni égale à T (puisque la matrice de Jordan par exemple n’est pas de la
forme λK, lorsque n > 3).

Partie II – Le cas de la dimension 2


Dans cette partie, E est un espace vectoriel sur E de dimension 2.
1. Soit t un endomorphisme nilpotent non nul de E, et r son indice de nilpotence.
(a) t ne peut pas être un automorphisme, sinon tr serait également bijective, ce qui contredit tr = 0.
Ainsi, par caractérisation des automorphismes en dimension finie, t ne peut être ni injective, ni surjective .

1
(b) En particulier, t n’étant pas injective, Ker(t) n’est pas nul, donc dim(Ker(t)) > 1. De plus, t est non
nul, donc Ker(t) 6= E, donc dim(Ker(t)) 6 1. Ainsi dim(Ker(t)) = 1 , et d’après le théorème du rang,
dim(Im(t)) = rg(t) = dim(E) − dim(Ker(t)) = 1.
(c) • Analyse. Une telle base B = (b1 , b2 ) doit vérifier t(b1 ) = 0 et t(b2 ) = b1 6= 0. Ainsi, en particulier,
b2 6∈ Ker(t).
• Synthèse. Soit b2 non nul dans E \ Ker(t) (ce qui est possible du fait du calcul des dimensions). Si on
montre comme on a fait dans le cours que t est nilpotente d’indice 2, on peut poser b1 = t(b2 ), qui
sera un élément du noyau. Cela ne semble pas être la philosophie de l’énoncé. On va donc se débrouiller
sans ce résultat. Par définition de b2 , Vect(b2 ) ∩ Ker(t) = {0}, et du fait des dimensions, on a donc
E = Vect(b2 ) ⊕ Ker(t). Soit alors t(b2 ) = λb2 + k la décomposition de t(b2 ) dans cette somme. On
montre alors sans peine par récurrence que pour tout m ∈ N∗ , t(bm m
2 ) = λ b2 + λ
m−1
k. Ainsi, si λ 6= 0,
la composante λm b2 sur le premier facteur de la somme directe est non nulle, donc tm (b2 ) 6= 0. Cela
contredit la nilpotence de t. Ainsi, λ = 0, et t(b2 ) ∈ Ker(t).
On pose donc b1 = f (b2 ). Comme b2 6∈ Ker(t), b1 6= 0, donc forme à lui seul une famille libre. Comme
b2 6∈ Vect(b1 ) = Ker(t), B = (b1 , b2 ) est une famille libre, donc une base
! de E.
0 1
On a par construction t(b1 ) = 0 et t(b2 ) = b1 , donc MatB (t) = .
0 0
!
0 0
Un calcul direct amène MatB (t)2 = , donc t est nilpotente d’indice r = 2 .
0 0
2. Soit A une sous-algèbre commutative nilpotente
! non nulle de L(E). Soit t0 un élément non nul de A, et
0 1
B = (b1 , b2 ) telle que MatB (t0 ) = .
0 0
(a) Soit t ∈ A. On a alors
t0 ◦ t(b1 ) = t ◦ t0 (b1 ) = t(0) = 0.
Ainsi, t(b1 ) ∈ Ker(t0 ) = Vect(b1 ). On en déduit que t(b1 ) et b1 sont colinéaires.
Ainsi, il existe λ tels que t(b1 ) = λb1 . En itérant, pour tout m ∈ N∗ , tm (b1 ) = λm b1 . Si λ 6= 0, cela contredit
la nilpotence de T . Ainsi, λ = 0, donc t(b1 ) = 0 .
(b) Si t est non nul, son noyau est de dimension 1, et la question précédente montre que b1 en est un élément.
Donc Ker(t) = Vect(b1 ). Par ailleurs, l’argument donné dans la question 1(c) montre ! que t(b2 ) ∈ Ker(t).
0 a
Ainsin il existe un scalaire a tel que t(b2 ) = ab1 . On en déduit que MatB (t) = = aMatB (t0 ), donc
0 0
t = at0 . Ainsi, A ⊂ Vect(t0 ). L’autre inclusion est évidente, puisque A est un sous-espace vectoriel de L(E)
contenant t0 .
Ainsi, A = Vect(t0 ) .
3. On ne suppose plus que A est commutative. L’argument de la question 1(c) (ou l’argument du cours) reste
valable, et nous assure que tout élément de A est nilpotent d’indice 2. On a alors, avec les données précédentes,
puisque t + t0 ∈ A (A étant un espace vectoriel)

0 = (t + t0 )2 = t2 + t ◦ t0 + t0 ◦ t + t20 = t ◦ t0 + t0 ◦ t.

Ainsi, t ◦ t0 = −t0 ◦ t.
On peut alors remplacer dans l’argument de 2(a) l’égalité de commutation par cette dernière égalité. Le signe
qui s’ajoute ne perturbe pas le raisonnement.
Ainsi, le résultat reste vrai même si l’algèbre n’est pas supposée commutative .
Le résultat obtenu nous assure que de fait, l’algèbre obtenue sera bien commutative. On vient en fait de montrer
qu’il n’existe pas dans L(E) de sous-algèbre nilpotente non commutative (en dimension 2).

Partie III – Trigonalisation des endomorphismes nilpotents


Dans cette partie, E est de dimension n > 0. On considère un endomorphisme T nilpotent non nul de E, et on note
r son indice de nilpotence. On pose E1 = Im(t) ∩ Ker(t).

2
1. • Puisque t est non nul, Ker(t) est un sous-espace vectoriel strict de E, donc E1 aussi. Ainsi, E1 6= E
• Puisque t est non nul, Im(t) 6= 0. De plus, {0} = Im(tr ) = T r−1(Im(t)) = Im(t̃r−1 ), où t̃ est l’endomorphisme
induit par t sur le sous-espace (trivialement stable) Im(t). Ainsi, t̃r−1 étant l’endomorphisme nul d’un espace
non nul, elle n’est pas une bijection, donc t̃ non plus. Par caractérisation des automorphismes en dimension
finie, t̃ n’est pas injective, donc

{0} 6= Ker(t̃) = Ker(t) ∩ Im(t) = E1

2. E1 = Im(t) si et seulement si Ker(t) ⊂ Im(t), si et seulement si t2 = 0. Comme t 6= 0, cette dernière égalité


équivaut à r = 2 .
3. (a) Par définition de E3 , Im(t) ⊕ E3 = E. Par définition de E1 , E1 ⊕ E2 = Im(t). Par associativité de la somme
(et du caractère direct), E1 ⊕ E2 ⊕ E3 = E .
(b) Soit B une base de E adaptée à la décomposition E = E1 ⊕ E2 ⊕ E3 . Notons B1 , B2 et B3 les 3 bases
associées de E1 , E2 et E3 . On considère le découpage par blocs sur les lignes et sur les colonnes associée à
cette partition de B : ainsi, les différents blocs Ti,j ont un nombre de lignes égal à dim(E1 ) si i = 1, dim(E2 )
si i = 2, et dim(E3 ) si i = 3. Et de même pour les colonnes.
• Pour tout bi de B1 , bi ∈ E1 = Im(t) ∩ Ker(t), T (bi ) est nul, donc la colonne correspondante est nulle.
Ainsi, les 3 blocs de la première colonne sont nuls, cette première colonne correspondant au groupement
des vecteurs de B1 .
• Pour tout bi ∈ B2 ∪ B3 , t(bi ) ∈ Im(t) = E2 ⊕ E3 . Ainsi, t(bi ) se décompose uniquement sur B1 et B2 , et
les coordonnées sur B1 sont nulles. Cela correspond à la nullité des blocs A3,2 et A3,3 (avec l’indexation
que vous imaginez).
 
0 T1,2 T1,3
Ainsi, la matrice de t relativement à la base B est bien de la forme MatB (t) = 0 T2,2 T2,3  .
 

0 0 0
(c) D’après les règles du produit matriciel par blocs, et le fait que les coefficients diagonaux d’un produit de
deux matrices triangulaires supérieures sont égaux aux produit des coefficients diagonaux correspondants,
on obtient la description suivantepar blocs :
 
0 ∗ ∗
0 = MatB (tr ) = (MatB (t))r = 0 T2,2 r
∗ ,
 

0 0 0

où ∗ désigne un bloc quelconque.


r
Ainsi, T2,2 = 0. On en déduit que T2,2 est nilpotente, d’indice au plus égal à r.
4. On raisonne par récurrence forte sur n ∈ N Pour n = 1, il n’y a pas grand chose à démontrer, un endomorphisme
ayant une matrice scalaire (a) : il ne peut être nilpotent que si a = 0. Le cas n = 2 découle de la partie II.
Soit n tel que la propriété soit vraie sur tout espace vectoriel E de dimension strictement inférieure à n, et soit
t un endomorphisme nilpotent. On reprend la base et la décomposition en blocs de la question précédente. La
matrice T2,2 définit sur E2 un endomorphisme u dont la matrice dans B2 est T2,2 . Comme T2,2 est nilpotente,
u l’est également. Ainsi, par hypothèse de récurrence (puisque dim(E2 ) ∈ [[1, n − 1]] d’après la question 1), il
existe une base B2′ de E2 telle que MatB2′ (u) soit strictement triangulaire supérieure. Soit B ′ la base obtenue
par juxtaposition de B1 , B2′ et B3 , et T ′ la matrice de t dans cette base, de blocs Ti,j
′ ′
. Le bloc T2,2 correspond
′ ′ ′
alors à la matrice de u dans la base B2 , soit T2,2 = MatB2′ (u). Ainsi, T2,2 est strictement triangulaire inférieure,
et d’après les autres blocs, on en déduit que T ′ est strictement triangulaire supérieure.
Ainsi, d’après l’axiome de récurrence, pour tout t endomorphisme nilpotent d’un espace de dimension finie, il
existe une base B ′ de E telle que MatB′ (t) soit strictement triangulaire supérieure .
5. Soit T = MatB′ (t). Puisque T ∈ Tn++ = Tn,1 , on a d’après le cours, T k ∈ Tn,k , et donc en particulier, T n = 0.
Ainsi, tn = 0, donc r 6 n. C’est un résultat qu’on avait démontré de façon différente en exemple de cours, en
considérant une famille libre formée des tk (x) où x ∈ E \ Ker(tr−1 ).

3
6. On commence par déterminer l’image et le noyau. On a intérêt à trouver un système générateur le plus simple
possible de l’image, afin de simplifier les calculs. On précède donc par pivot (double) sur les colonnes :
     
−1 1 1 0 −1 0 0 0 −1 0 0 0
−3 2 3 1 −3 −1 0 1
  −3 1 0 −1
Im   = Im   = Im 
   

 2 −1 −1 0 2 1 1 0 2 0 1 1
−2 1 1 0 −2 −1 −1 0 −2 0 −1 −1
   
1 0 0 0 1 0 0 0
3 1 0 0 0 1 0 0
= Im   = Im 
   
−2 0 1 0 0 0 1 0

2 0 −1 0 0 0 −1 0

Ainsi, en notant (e1 , e2 , e3 , e4 ) la base canonique, une base de l’image est (e1 , e2 , e3 − e4 ).
En particulier, t est de rang 3, donc son noyau est de dimension 1. Or, on a une relation simple sur les colonnes
 
0
1
de T : C2 − C3 + C4 = 0. Ainsi, Ker(T ) = Vect   = Vect(e2 − e3 + e4 ).
 
−1
1
Ce vecteur est bien dans Im(T ) (c’est la différence des deux derniers vecteurs de la base de Im(T )). Ainsi,
Ker(t) ⊂ Im(t), donc
E1 = Ker(t) ∩ Im(t) = Vect(e2 − e3 + e4 ) .
     
0 0 1
1  1  0 
Les vecteurs   et   sont non colinéaires, donc forment une famille libre. Par ailleurs, le vecteur  
     
0 −1 0 
0 1 0
   
0 0
1  1 
n’est pas dans Vect   ,   (par examen de la première coordonnée). Ainsi, (e2 − e3 + e4 , e1 , e2 ) est
   
0 −1
0 1
une famille libre de vecteurs de Im(t). Cet espace étant de dimension 3, il s’agit d’une base de Im(t).
Ainsi, un supplémentaire de E1 dans Im(t) est (par exemple) E2 = Vect(e1 , e2 ) .
Enfin, on remarque que (e1 , e2 , e3 − e4 , e4 ) est échelonnée : la matrice dans la base canonique de cette famille
est triangulaire inférieure à coefficients diagonaux non nuls. Il s’agit d’une base de E. Les 3 premiers de ces
vecteurs formant une base de Im(t), on en déduit un supplémentaire de cet espace :

E3 = Vect(e4 ) .

On considère donc la base B ′ = (e2 − e3 + e4 , e1 , e2 , e4 ) = (b′1 , b′2 , b′3 , b′4 ). On a :


• t(e2 − e3 + e4 ) = 0 (c’est un vecteur du noyau)
• t(e1 ) = −e1 − 3e2 + 2e3 − 2e4 = −2(e2 − e3 + e4 ) − e1 − e2 = −2′ b1 − b′2 − b′3
• t(e2 ) = e1 + 2e2 − e3 + e4 = (e2 − e3 + e4 ) + e1 + e2 = b′1 + b′2 + b′3
• t(e4 ) = e2 = b′3 .
Ainsi,
 
0 −2 1 0
0 −1 1 0
MatB′ (t) = 
 

0 −1 1 1
0 0 0 0
!
−1 1
On fait de même sur la matrice du milieu T ′ = , représentant, dans E2 , un endomorphisme t′ ,
−1 1
relativement à la base (b′2 , b′3 ). On a alors facilement Im(t′ ) = Vect(b′2 , b′3 ) = Ker(t′ ). Ainsi, on pose b2 = b′2 + b′3 .

4
Il n’y a pas de supplémentaire à prendre dans Im(t′ ), et un supplémentaire dans E2 est Vect(b′2 ). Ainsi, on pose
b3 = b′2 . On a alors : !
′ 0 1
Mat(b2 ,b3 ) (t ) = .
0 0

On pose enfin B = (b′1 , b2 , b3 , b′4 ) = (e2 − e3 + e4 , e1 + e2 , e1 , e4 ) . On a dans cette base :

 
0 −2 1 0
0 0 −1 0
MatB (t) = 
 

0 0 0 1
0 0 0 0

Partie IV – Trigonalisation d’une sous-algèbre nilpotente de L(E)

1. (a) Supposons que I(A) = E, et soit F un sous-espace vectoriel strict de E. Si pour tout u ∈ A, Im(u) ⊂ F ,
leur somme aussi, ce qui contredit I(A) = E. Ainsi, il existe u ∈ A tel que Im(u) 6⊂ F .
(b) On suppose toujours I(A) = E. On construit par récurrence une suite (un )n∈N telle que pour tout k ∈ N∗ ,
u1 ◦ u2 ◦ · · · ◦ uk 6= 0.
On initialise en se donnant u1 non nul dans A, ce qui existe pas construction.
Soit k ∈ N∗ , on suppose que u1 ◦ u2 ◦ · · · ◦ uk 6= 0. On a donc Ker(u1 ◦ · · · ◦ uk ) 6= E. D’après la question
précédente, il existe uk+1 ∈ A tel que Im(uk+1 ) 6⊂ Ker(u1 ◦ · · · ◦ uk ). Ainsi, il existe y ∈ E tel que
uk+1 (y) 6∈ Ker(u1 ◦ · · · ◦ uk ), donc u1 ◦ · · · ◦ uk ◦ uk+1 (y) 6= 0. Ainsi, u1 ◦ · · · ◦ uk+1 6= 0.
D’après l’axiome de récurrence, notre suite (un )n∈N est construite, et contredit la nilpotence de A. Ainsi,
I(A) 6= E
2. • D’après ce qui précède, E1 = I(A) ∩ K(A) 6= E
• Supposons I(A) ∩ K(A) = {0}. Comme dans la question précdente, on peut alors construire une suite
infinie donc les composées successives sont non nulles. En effet, on considère u1 non nulle dans A. Alors
Im(u1 ) ⊂ I(A), donc Im(u1 ) ∩ K(A) = {0}. On en déduit l’existence de u2 ∈ A tel que Im(u1 ) 6⊂ Ker(u2 )
(sinon, Im(u1 ) est inclus dans K(A), et l’intersection ne peut pas être {0} puisque Im(u1 ) 6= {0}). Ainsi,
u2 ◦ u1 6= 0. Plus généralement, si uk ◦ · · · ◦ u1 6= 0, alors Im(uk ◦ · · · ◦ u1 ) est non nul et inclus dans Im(uk )
donc dans I(A). Par le même argument, il existe donc uk+1 tel que Im(uk ◦ · · · ◦ u1 ) 6⊂ Ker(uk+1 ), donc
uk+1 ◦ uk ◦ . . . u1 6= 0.
Par axiome de récurrence, on obtient une suite infinie d’éléments de A dont les composées sont non nulles,
ce qui contredit la nilpotence de A. Ainsi, I(A) ∩ K(A) 6= {0}
3. Si E1 = I(A), alors, pour tout (u, v) ∈ A2 ,

Im(u) ⊂ I(A) = E1 = I(A) ∩ K(A) ⊂ K(A) ⊂ Ker(v).

Ainsi, v ◦ u = 0. Ainsi, r 6 2. Puisque A est non nulle, r = 2 .


Réciproquement, si r = 2, soit u ∈ A. On a alors, pour tout v ∈ A, v ◦ u = 0, donc Im(u) ⊂ Ker(v). Cette
inclusion étant vérifiée pour tout v de A, on en déduit Im(u) ⊂ K(A). Puisque ceci est vrai pour tout u de A,
et puisque K(A) est un sous-espace vectoriel de E (donc stable par somme), on en déduit que I(A) ⊂ K(A) .
4. Soit t ∈ A et T sa matrice dans la base B. Notons (Ti,j )16i,j63 sa représentation par blocs associée à la partition
de la base B en B1 , B2 et B3 .
• Soit b ∈ B1 . Alors b ∈ K(A) ⊂ Ker(t), donc t(b) = 0. Ainsi, la colonne correspondante de la matrice T est
nulle. Cela donne Ti,1 = 0, pour i ∈ [[1, 3]].
• Soit b ∈ B2 ∪ B3 . Alors t(b) ∈ Im(t) ⊂ I(A). Comme B1 ∪ B2 est une base de I(A), la décomposition de t(b)
dans la base B ne fait intervenir que ces vecteurs, et les coordonnées sur la base B3 sont nulles. Ainsi, les
coordonnées sur B3 des colonnes correspondantes de T sont nulles. On obtient donc T3,2 = 0 et T3,3 = 0.

5
Ainsi, on a bien la représentation suivante de T :
 
0 T1,2 T1,3
MatB (t) = T = 0 T2,2 T2,3  .
 

0 0 0

De plus, t est niloptente, d’indice inférieur à r, donc tr = 0, soit T r = 0. Or, les règles de produit des matrices
triangulaires nous assurent, comme dans la partie III, que
 
0 ∗ ∗
T r = 0 T2,2r
∗ .
 

0 0 0

L’égalité T r assure donc T2,2


r
= 0. On en déduit que T2,2 est nilpotente d’indice au plus r.
5. (a) • Pour commencer, puisque A est non vide, A2,2 est non vide, et de façon évidente, A2,2 ⊂ E2 .
• Soit s1 et s2 dans A2,2 , et λ ∈ K. Il existe t1 et t2 dans A tels que les matrices T1 et T2 aient une
représentation par blocs tels que (T1 )2,2 soit la matrice de s1 dans la base B2 et (T2 )2,2 soit la matrice de
s2 dans la base B2 . Alors T1 + λT2 est la matrice de t1 + λt2 ∈ A et son bloc central est (T1 )2,2 + λ(T2 )2,2 ,
représentant dans la base B2 l’endomorphisme s1 + λs2 . Ainsi, s1 + λs2 ∈ A2,2 . On en déduit que A2,2
est un sous-espace vectoriel de E2 .
• Le même argument montre que si s1 est « associé » à t1 (par la construction ci-dessus) et s2 associé à
t2 , alors s1 ◦ s2 est associé à t1 ◦ t2 ∈ A (puisque A est une algèbre). Donc s1 ◦ s2 ∈ A2,2 .
Ainsi, A2,2 est une sous-algèbre de L(E2 ) .
Soit r l’ordre de nilpotence de A, et s1 , . . . , sr des éléments de A2,2 associés à des éléments t1 , . . . , tr de A.
Par itération de l’argument précédent montrant la stabilité de A2,2 par produit, le produit s1 ◦ · · · ◦ sr est
associé à t1 ◦· · ·◦tr . Or cette dernière composée est nulle (car A est nilpotente d’ordre r), donc s1 ◦· · ·◦sr = 0.
On en déduit que A2,2 est nilpotente.
(b) Si A2,2 = {0}, alors pour tout t ∈ A, T2,2 = 0, donc T = MatB (t) est strictement triangulaire supérieure par
blocs. Comme il s’agit d’une description par blocs de type (3, 3), on en déduit, d’après les règles de produit
des matrices triangulaires, que T 3 = 0, donc t3 = 0. Ainsi, r 6 3. Comme on a supposé r > 3, on a donc
r=3.
(c) Réciproquement, supposons A2,2 6= {0}, et soit s ∈ A2,2 non nul, et t ∈ A associé. Il existe donc x ∈ E2 tel
que s(x) 6= 0, donc t(x) 6∈ E1 . Ainsi, t(x) 6∈ I(A) ∩ K(A). Or, t(x) ∈ I(A), donc t(x) 6∈ K(A). Il existe donc
u ∈ A tel que t 6∈ Ker(u), donc u ◦ t(x) 6= 0.
Par ailleurs, x ∈ E2 ⊂ I(A), par conséquent, il existe v1 , . . . , vk dans A et y1 , . . . , yk dans E tels que
k
X
x= vi (yi ).
i=1

On en déduit que !
k
X k
X
0 6= u ◦ t(x) = u ◦ t vi (yi ) = u ◦ t ◦ vi (yi ).
i=1 i=1

Ceci n’est possible que si l’un des vecteurs u ◦ t ◦ vi (yi ) est non nul, ce qui nécessite u ◦ t ◦ vi 6= 0. Ainsi, il
existe v ∈ A tel que u ◦ t ◦ v 6= 0. On en déduit que r > 3 .
(d) On procède comme dans la partie III, par récurrence sur n, le résultat étant acquis pour n = 1 (trivial) et
n = 2 (partie I). Soit alors n > 3, telle que la propriété soit vraie pour toute algèbre nilpotente non nulle
sur un espace de dimension strictement inférieure à n, et soit A une algèbre nilpotente non nulle d’indice r.
Si r = 1, A = {0} et il n’y a rien à montrer. Si r = 2, E1 = I(A), donc E2 = {0} ! et le bloc T2,2 est vide.
0 ∗
Plus précisément, la matrice T s’écrit alors à l’aide de 4 blocs sous la forme et est donc strictement
0 0
triangulaire supérieure. Si r > 3, on considère la construction de la question IV-4, et l’algèbre A2,2 . Si r = 3,
cette algèbre est nulle, donc pour tout t ∈ A, T2,2 = 0, donc T est strictement triangulaire supérieure. Sinon,

6
on applique l’hypothèse de récurrence à A2,2 , ce qu’on peut faire puisque 1 6 dim E2 < n, d’après 1(b) et
3, et puisque A2,2 est non nulle. On construit alors la nouvelle base comme dans la partie III.
Ainsi, toute algèbre nilpotente non nulle admet une base de trigonalisation stricte commune.
(e) En particulier, puisque pour toute matrice T de Tn++ , T n = 0, on en déduit que r 6 n .
6. L’hypothèse r > 4 nous assure que A2,2 est non nulle.
Soit t1 , . . . , tk des éléments de A, et soit Tℓ la matrice associée à tℓ relativement à la base B trouvée précé-

demment, dont les blocs seront notés Ti,j (sans ambiguïté possible sur la notation en exposant de l’indice, car
aucune exponentiation n’est en jeu dans cette question). On a alors
    
k k
0 ∗ ∗ 0 T1,2 T1,3 0 ∗ ∗
1 k−1 k k =  1 k 1 k−1 k 
T1 · · · Tk−1 Tk = 0 T2,2 · · · T2,2 ∗ 0 T2,2 T2,3  0 T2,2 · · · T2,2 T2,2 · · · T2,2 T2,3 
 

0 0 0 0 0 0 0 0 0
De même, en faisant le produit dans l’autre sens :
    
1 1 1 2 k
0 T1,2 T1,3 0 ∗ ∗ 0 T1,2 T2,2 · · · T2,2 ∗
1
T1 T2 · · · Tk = 0 T2,2 1  2 k 1 k
T2,3 0 T 2,2 · · T2,2
· ∗ = 0 T2,2 · · · T2,2 ∗
   

0 0 0 0 0 0 0 0 0
En remettant ensemble ces deux descriptions (au rang k − 1), on peut déterminer le dernier coefficient :
 k−1
 
1 2 k k
0 T1,2 T2,2 · · · T2,2 ∗ 0 T1,2 T1,3
1 k−1 1 k−2 k−1   k k 
T1 · · · Tk−1 Tk = 0 T2,2 · · · T2,2 T2,2 · · · T2,2 T2,3  0 T2,2 T2,3


0 0 0 0 0 0
 k−1 k

1 2 k 1 2
0 T1,2 T2,2 · · · T2,2 T1,2 T2,2 · · · T2,2 T2,3
1 k 1 k−1 k
= 0 T2,2 · · · T2,2 T2,2 · · · T2,2 T2,3  .
 

0 0 0

Soit alors t1 , . . . , tr−1 dans A tels que t1 ◦ · · · ◦ tr−1 6= 0 (ce qui est possible par définition de l’indice de
nilpotence). On a alors T1 · · · Tr−1 6= 0, donc l’un au moins des blocs de la description ci-dessus (avec k = r − 1)
2 r−2
est non nul. Cela impose en particulier que T2,2 · · · T2,2 6= 0 (remarquez que cela a du sens puisque r > 4).
Cela définit donc r − 3 éléments de A2,2 donc le produit est non nul. Ainsi, en notant r′ l’ordre de nilpotence
de A2,2 , on obtient r′ > r − 2 .

Réciproquement, on peut reprendre l’argument de la question 5(c), en remplaçant s par une composition
s1 ◦ · · · ◦ sr′ −1 non nulle. Si t1 , . . . , tr′ −1 sont associés dans A, cet argument s’adapte bien pour montrer qu’il
existe u et v deux éléments de A tels que u ◦ t1 ◦ · · · ◦ tr′ −1 ◦ u soit non nul. Ainsi, r′ + 1 < r, donc r′ 6 r − 2 .
Les deux inégalités amènent r′ = r − 2 .
7. (a) Soit t ∈ A. On note T la matrice de t dans la base B, avec sa description par blocs (Ti,j ). Soit s l’endomor-
phisme de E2 défini par le bloc T2,2 .
Soit y ∈ s(I(A2,3 )), et x ∈ I(A2,3 ) tel que y = s(x). Il existe donc des applications linéaires uℓ ∈ A2,3 ⊂
L(E3 , E2 ), et des éléments xℓ de E3 , pour ℓ ∈ [[1, k]], tels que
k
X
x= uk (xk ).
ℓ=1

Il vient donc :
k
X
y= s ◦ uk (xk ).
ℓ=1
Soit t1 , . . . , tk des éléments de A associés aux u1 , . . . , uk , et Tℓ la matrice associée à tℓ , dont les blocs seront
ℓ k
notés Ti,j . La matrice de s ◦ uk ∈ L(E3 , E2 ), relativement aux bases B3 et B2 , est alors T2,2 T2,3 , qui, d’après
la description de la question 6 des matrices T , correspond à (T Tk )2,3 , donc au bloc en position (2, 3) associé
Xk
à l’application linéaire t ◦ tk de A. Ainsi, par définition, s ◦ uk ∈ A2,3 , et donc s ◦ uk (xk ) ∈ I(A2,3 ).
ℓ=1

On a bien montré que s(I(A2,3 )) ⊂ I(A2,3 ) .

7
(b) Soit u ∈ A2,3 ⊂ L(E3 , E2 ). Alors, par définition Im(u) ⊂ E2 . En sommant ces images, il vient I(A2,3 ) ⊂ E2 .
On note pour k ∈ N∗ , et Z ⊂ E, on note I k (Z) la somme des images des composées u1 ◦ · · · ◦ uk , où les
ui sont des éléments de Z. On va montrer, par récurrence sur k ∈ N, que pour tout x ∈ E2 , et tout k ∈ N,
x ∈ I k (Acal2,2 ) + I(A2,3 )
L’initialisation, pour k = 1, se fait en remarquant que x ∈ I(A). Ainsi, il existe des éléments t1 , . . . , tk de
A et x1 , . . . , xk de E tels que
Xk
x= ti (xi ).
i=1

En décomposant xi = xi,1 + xi,2 + xi,3 dans E1 ⊕ E2 ⊕ E3 , et en remarquant que x est égal à son projeté
sur E2 dans la somme directe E1 ⊕ E2 ⊕ E2 , on obtient donc :
k
X
x= ti2,1 (xi,1 ) + ti2,2 (xi,2 ) + ti2,3 (xi,3 ),
i=1

où ti2,j est l’application de Ej dans E2 définie par t. Par définition de E1 , il vient donc :

k
X
x= ti2,2 (xi,2 ) + ti2,3 (xi,3 ) ∈ I(A2,2 ) + I(A2,3 ).
i=1

Supposons maintenant le résultat acquis pour une valeur k ∈ N (pour tout x ∈ E2 ). On a vu que

x ∈ I(A2,2 ) + I(A2,3 ).

Il suffit donc de montrer que I(A2,2 ) ⊂ I k+1 (A2,2 ) + I(A2,3 ).


Par stabilité par somme, il suffit de vérifier que pour tout s ∈ A2,2 , et tout y ∈ E2 , s(y) ∈ I k+1 (A2,2 ) +
I(A2,3 ). Or, par hypothèse de récurrence, y ∈ I k (A2,2 ) + I(A2,3 ), donc

s(y) ∈ s I k (A2,2 ) + s (I(A2,3 )) ⊂ I k+1 (A2,2 ) + I(A2,2 ),




d’après la question 7(a).


Ainsi, d’après l’axiome de récurrence, pour tout x ∈ E2 , et tout k ∈ N∗ , x ∈ I k (A2,2 ) + I(A2,3 ). Or,
A2,2 étant nilpotente d’indice r − 2, I r−2 (A2,2 ) = 0, donc finalement, en prenant k = r − 2, on obtient
x ∈ I(A2,3 ). Ainsi, E2 ⊂ I(A2,3 ).
La double-inclusion amène I(A2,3 ) = E2 .
8. On suppose A nilpotente. Soit t un élément de A tel que T2,3 = 0. On note T sa matrice.
(a) Pour tout s ∈ A, de matrice S dont les blocs sont (Si,j ), on a ST = T S, soit, par un calcul explicite, en
utilisant l’hypothèse T2,3 = 0,
   
O T1,2 S2,2 T1,2 S2,3 0 S1,2 T2,2 0
 0 T2,2 S2,2 T2,2 S2,3  = 0 S2,2 T2,2 0
   

0 0 0 0 0 0

En particulier, T1,2 S2,3 = 0 et T2,2 S2,3 = 0. On note t1,2 et t2,2 les applications linéaires de L(E2 , E1 ) et de
L(E2 , E2 ) associées à T1,2 et T2,2 . Les inégalités précédentes se traduisent par le fait que pour tout s ∈ A2,3 ,
Im(s) ⊂ Ker(t1,2 ) et Im(s) ⊂ Ker(t2,2 ). Par stabilité par somme, il en découle :

I(A2,3 ) ⊂ Ker(t1,2 ) et I(A2,3 ) ⊂ Ker(t2,2 ).

La question précédente amène alors E2 ⊂ Ker(t1,2 ) et E2 ⊂ Ker(t2,2 ), soit t1,2 = 0 et t2,2 = 0. On a donc
montré que T1,2 = 0 et T2,2 = 0 .
(b) En revanche, T1,3 peut ne pas être nul. On donne l’exemple dans le cadre matriciel, vous transcrirez facilement
par des applications linéaires.
Il suffit de considérer l’algèbre A = {aJ + bJ 2 + cJ 3 , (a, b, c) ∈ K} dans M4 (K), où J est la matrice de
Jordan (nilpotente d’indice 4). Cette algèbre est nilpotente d’indice 4.

8
On vérifie sans peine que K(A) = Vect(e1 ), I(A) = Vect(e1 , e2 , e3 ). Ainsi, on peut prendre E1 = Vect(e1 ),
E2 = Vect(e2 , e3 ) et E3 = Vect(e4 ). La base canonique est donc déjà adaptée.
Considérons maintenant la matrice J 3 , qui vérifie bien T2,3 = 0, ainsi que T2,2 = 0 et T1,2 = 0. En revanche,
T1,3 = (1). Ainsi, on n’a pas toujours T1,3 = 0 .

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