Fatigue Des Materiaux 2

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Fatigue des matériaux et des structures 2


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© LAVOISIER, 2008
LAVOISIER
11, rue Lavoisier
75008 Paris

www.hermes-science.com
www.lavoisier.fr

ISBN volume 2 978-2-7462-1712-6


ISBN général 978-2-7462-1710-2

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soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du
Code de la propriété intellectuelle.
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d’identification et sont des marques de leurs détenteurs respectifs.

Printed and bound in England by Antony Rowe Ltd, Chippenham, April 2008.
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Fatigue des matériaux


et des structures 2
fissures courtes, mécanismes et approche locale,
fatigue-corrosion et effet de l’environnement,
chargements d’amplitude variable

sous la direction de
Claude Bathias
André Pineau
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Il a été tiré de cet ouvrage


25 exemplaires hors commerce réservés
aux membres du comité scientifique,
aux auteurs et à l’éditeur
numérotés de 1 à 25
Fatigue des matériaux et des structures 2
sous la direction de Claude Bathias et André Pineau
fait partie de la série MATÉRIAUX ET MÉTALLURGIE
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dirigée par André Pineau

Le traité Mécanique et Ingénierie des Matériaux répond au besoin de


disposer d’un ensemble complet de connaissances et méthodes nécessaires à
la maîtrise de ce domaine.

Conçu volontairement dans un esprit d’échange disciplinaire, le traité MIM


est l’état de l’art dans les domaines suivants retenus par le comité
scientifique:

Géomatériaux
Matériaux de construction
Matériaux et métallurgie
Matériaux fonctionnels
Mécanique des fluides
Méthodes numériques en mécanique
Physique et mécanique des surfaces

Chaque ouvrage présente aussi bien les aspects fondamentaux


qu’expérimentaux. Une classification des différents articles contenus dans
chacun, une bibliographie et un index détaillé orientent le lecteur vers ses
points d’intérêt immédiats : celui-ci dispose ainsi d’un guide pour ses
réflexions ou pour ses choix.

Les savoirs, théories et méthodes rassemblés dans chaque ouvrage ont été
choisis pour leur pertinence dans l’avancée des connaissances ou pour la
qualité des résultats obtenus.
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Liste des auteurs

Claude BATHIAS Jean PETIT


Université Paris X LMPM
Ville d’Avray ENSMA
Futuroscope
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Jean-Marc GENKIN Chasseneuil


Département sciences
et génie des matériaux André PINEAU
MIT Centre des matériaux
Cambridge, Massachusetts ENSMP
États-Unis Evry

Thierry PALIN-LUC Sylvie POMMIER


LAMEF LMT
ENSAM Ecole normale supérieure Cachan
Bordeaux
Christine SARRAZIN-BAUDOUX
Paul C. PARIS LMPM
Département génie mécanique ENSMA
Université de Washington Futuroscope
Saint Louis, Massachusetts Chasseneuil
Etats-Unis
Yves VERREMAN
Régis PELLOUX Département génie mécanique
Département sciences Ecole polytechnique
et génie des matériaux Montréal
MIT Canada
Cambridge, Massachusetts
Etats-Unis
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Table des matières
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Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Paul C. PARIS

Chapitre 7. Propagation des fissures courtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17


Yves VERREMAN
7.1. Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
7.2. Considérations théoriques montrant les limites de la MLER . . . . . . . 19
7.2.1. Propagation des fissures depuis un bord lisse :
diagramme de Kitagawa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
7.2.2. Propagation des fissures depuis un fond d’entaille macroscopique :
diagramme de Frost . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
7.3. Observations expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
7.3.1. Vitesses de propagation des fissures courtes . . . . . . . . . . . . . 23
7.3.2. Fissures microstructurellement courtes . . . . . . . . . . . . . . . . 25
7.3.2.1. Barrières microstructurales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
7.3.2.2. Influence de la taille de grain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
7.3.2.3. Irrégularité de l’évolution du front de fissure . . . . . . . . . 27
7.3.2.4. Transition stade I-stade II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
7.3.3. Fissures mécaniquement courtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
7.3.3.1. Plasticité non confinée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
7.3.3.2. La contrainte T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
7.3.3.3. Influence d’une entaille (concentration de contrainte) . . . . 31
7.4. Rôle de la fermeture dans le comportement des fissures courtes . . . . 34
7.4.1. Fermeture des fissures de fatigue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
7.4.2. Développement de la fermeture des fissures courtes . . . . . . . . 35
7.4.3. Corrélation des vitesses de propagation avec Δ Keff . . . . . . . . . 38
10 Fatigue des matériaux et des structures 2

7.4.4. Fermeture induite par la rugosité des surfaces de rupture . . . . . 38


7.5. Modélisation du comportement des fissures courtes . . . . . . . . . . . . 39
7.5.1. Modélisation des fissures microstructurellement courtes. . . . . . 39
7.5.1.1. Modèle de Hobson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
7.5.1.2. Modèle de Navarro et de los Rios . . . . . . . . . . . . . . . . 42
7.5.1.3. Tendances actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
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7.5.2. Modélisation des fissures mécaniquement courtes . . . . . . . . . 44


7.5.2.1. Approches empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
7.5.2.2. Variation effective du facteur d’intensité de contrainte . . . 46
7.5.2.3. Mécanique élastoplastique de la rupture . . . . . . . . . . . . 47
7.5.2.4. Une nouvelle approche pour la prédiction
de la vie des pièces entaillées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
7.6. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
7.7. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

Chapitre 8. Mécanisme de déformation plastique en pointe de fissure . . . 59


Claude BATHIAS
8.1. Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
8.2. Déformation plastique à fond de fissure de fatigue . . . . . . . . . . . . 60
8.2.1. Aspect théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
8.2.1.1. Rappel de la mécanique de la rupture . . . . . . . . . . . . . . 60
8.2.1.2. Forme et taille de la zone plastifiée . . . . . . . . . . . . . . . 61
8.2.1.3. Mécanisme de la plastification à fond de fissure
de fatigue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
8.2.2. Tentatives expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
8.2.3. Aspect cristallographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
8.3. Aspect microfractographique de la fissure de fatigue . . . . . . . . . . . 71
8.3.1. Faciès fractographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
8.3.2. Mécanismes de la formation des stries . . . . . . . . . . . . . . . . 72
8.4. Modèle fondé sur l’ouverture à fond de fissure. . . . . . . . . . . . . . . 77
8.5. Ecrouissage cyclique à fond de fissure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
8.6. Modèle fondé sur le facteur d’intensité de contrainte efficace . . . . . . 82
8.6.1. Modèle d’Elber . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
8.6.2. Généralisation du modèle d’Elber . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
8.6.3. Interprétation des mécanismes fondamentaux . . . . . . . . . . . . 85
8.6.3.1. Influence du rapport R. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
8.6.3.2. Influence de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
8.6.3.3. Influence des surcharges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
8.7. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
8.8. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Table des matières 11

Chapitre 9. Approche locale de la fissuration par fatigue . . . . . . . . . . . 95


Sylvie POMMIER
9.1. Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
9.2. Plasticité en pointe de fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
9.2.1. Zones plastiques d’Irwin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
9.2.2. Effet de la contrainte T. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
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9.2.3. Rôle des écrouissages du matériau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100


9.3. Plasticité cyclique en pointe de fissure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
9.3.1. Comportement élastoplastique cyclique du matériau . . . . . . . . 103
9.3.2. Contraintes résiduelles et effets d’histoire en fissuration . . . . . . 105
9.3.2.1. Contraintes résiduelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
9.3.2.2. Effet des contraintes résiduelles sur la propagation
des fissures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
9.3.2.3. Effet de fermeture des fissures . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
9.3.2.4. Calcul du seuil d’ouverture Kouv. . . . . . . . . . . . . . . . . 111
9.4. Approche locale pour la fissuration par fatigue. . . . . . . . . . . . . . . 114
9.4.1. Démarche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
9.4.2. Méthode de changement d’échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
9.4.3. Application. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
9.4.4. Extensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
9.5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
9.6. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

Chapitre 10. Fatigue-corrosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125


Régis PELLOUX et Jean-Marc GENKIN
10.1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
10.2. Amorçage des fissures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
10.2.1. Environnement aqueux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
10.2.2. Environnement gazeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
10.3. Fissures courtes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
10.4. Propagation des fissures longues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
10.4.1. Observations expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
10.4.1.1. Facteur d’intensité des contraintes . . . . . . . . . . . . . . . 133
10.4.1.2. Effet de la contrainte moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
10.4.1.3. Effet de la fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
10.4.1.4. Effet d’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
10.4.1.5. Conclusions sur les observations expérimentales . . . . . . 140
10.4.2. Modèles de fatigue corrosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
10.4.2.1. Modèle de dissolution/repassivation . . . . . . . . . . . . . . 141
12 Fatigue des matériaux et des structures 2

10.4.2.2. Modèle de fragilisation par l’hydrogène . . . . . . . . . . . 142


10.4.2.3. Couplage des modèles précédents aux équations
de transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
10.5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
10.6. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
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Chapitre 11. Effet de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149


Jean PETIT et Christine SARRAZIN-BAUDOUX
11.1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
11.2. Effet de l’environnement sur la durée de vie en fatigue . . . . . . . . . 151
11.2.1. Travaux initiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
11.2.2. Mécanismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
11.2.3. Influence de la pression atmosphérique et de la fréquence . . . . 155
11.2.4. Effets conjugués de la microstructure et de l’environnement . . 156
11.2.5. Effets conjugués de la température et de l’environnement . . . . 157
11.2.6. Effet de l’environnement en fatigue gigacyclique . . . . . . . . . 158
11.3. Influence de l’environnement sur les vitesses de fissuration
en fatigue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
11.3.1. Travaux initiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
11.3.2. Propagation de fissures de fatigue sous vide
(environnement inerte de référence) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
11.3.2.1. Stade I intrinsèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
11.3.2.2. Stade II intrinsèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
11.3.2.3. Pseudo-stade I intrinsèque. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
11.3.3. Propagation assistée par l’environnement . . . . . . . . . . . . . . 169
11.3.3.1. Stade II assisté par l’adsorption de vapeur d’eau . . . . . . 171
11.3.3.2. Propagation en stade II assistée par l’hydrogène . . . . . . 173
11.3.4. Chemin de fissuration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
11.3.5. Influence de différents facteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
11.3.5.1. Microstructure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
11.3.5.2. Température . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
11.3.5.3. Fermeture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
11.3.5.4. Fissures courtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
11.3.5.5. Fatigue sous chargement d’amplitude variable . . . . . . . 187
11.3.5.6. Propagation ultralente de fissures de fatigue à 20 KHz. . . 188
11.4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
11.5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Table des matières 13

Chapitre 12. Fatigue sous chargements d’amplitude variable . . . . . . . . 205


Thierry PALIN-LUC
12.1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
12.2. Chargements d’amplitude variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
12.2.1. Pourquoi des essais de fatigue d’amplitude variable ?. . . . . . . 206
12.2.1.1. Limitations de la courbe de Wöhler . . . . . . . . . . . . . . 206
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12.2.1.2. Les chargements de service . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208


12.2.1.3. Le concept d’endommagement par fatigue . . . . . . . . . 209
12.2.2. Caractérisation des signaux et terminologie . . . . . . . . . . . . 211
12.2.2.1. Processus aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
12.2.2.2. Notions de stationnarité et d’ergodicité . . . . . . . . . . . . 212
12.2.2.3. Facteur d’irrégularité, facteur de crête, largeur de bande . 212
12.2.2.4. Densité spectrale de puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
12.2.2.5. Différents types d’essais d’amplitude variable . . . . . . . 213
12.2.3. Des enregistrements en service aux spectres d’essais . . . . . . . 214
12.2.3.1. Représentativité des chargements . . . . . . . . . . . . . . . 214
12.2.3.2. Méthodes de comptage des cycles . . . . . . . . . . . . . . . 215
12.2.3.3. Collectif de charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
12.2.3.4. Réprésentativité d’une séquence d’essais . . . . . . . . . . 221
12.2.3.5. Les séquences standardisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
12.3. Essais de fatigue sous chargements d’amplitude variable . . . . . . . 225
12.3.1. Méthodologie générale des essais de simulation . . . . . . . . . . 225
12.3.2. Moyens expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
12.3.3. Essais par blocs programmés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
12.3.4. Essais d’amplitude variable ou sous spectre . . . . . . . . . . . . 227
12.3.4.1. Séquences de cycles aléatoires programmés . . . . . . . . . 227
12.3.4.2. Séquences standardisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
12.3.4.3. Spécificités des chargements multiaxiaux
non proportionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
12.3.5. Essais sous chargements aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
12.3.5.1. Spectres d’essais spécifiés en DSP . . . . . . . . . . . . . . 228
12.3.5.2. Génération des signaux de chargement . . . . . . . . . . . . 229
12.3.6. Représentation des résultats d’essais . . . . . . . . . . . . . . . . 229
12.3.6.1. Courbe de Gassner ou pseudo courbe de Wöhler . . . . . . 229
12.3.6.2. Documentation d’un essai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
12.3.6.3. Dispersion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
12.4. Facteurs influençant les résultats d’essais sous chargements
d’amplitude variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
12.4.1. Méthode de comptage utilisée pour construire la séquence . . . 232
12.4.2. Nombre de niveaux de chargement . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
12.4.3. Ordre d’application des niveaux de chargement . . . . . . . . . . 233
14 Fatigue des matériaux et des structures 2

12.4.4. Fréquence de chargement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234


12.4.5. Limitation des signaux aux contraintes élevées . . . . . . . . . . 235
12.4.6. Facteur d’irrégularité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
12.4.7. Type de spectre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
12.4.8. « Petits cycles » ou cycles de faible amplitude . . . . . . . . . . 236
12.4.9. Essais accélérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
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12.4.9.1. Problématique et objectifs de ces essais . . . . . . . . . . . 237


12.4.9.2. Augmentation de la fréquence d’essai . . . . . . . . . . . . 237
12.4.9.3. Filtrage des signaux, suppression des « petits cycles » . . 238
12.5. Estimation de la durée de vie sous chargements
d’amplitude variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
12.5.1. Méthodologie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
12.5.2. Spécificités des chargements multiaxiaux . . . . . . . . . . . . . 240
12.5.2.1. Chargements proportionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
12.5.2.2. Chargements non proportionnels . . . . . . . . . . . . . . . 242
12.5.3. Vers une absence de comptage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
12.5.3.1. Principe des méthodes incrémentales . . . . . . . . . . . . . 242
12.5.3.2. Principe des méthodes fréquentielles . . . . . . . . . . . . . 242
12.6. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
12.7. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244

Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249

Sommaire du volume 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253


Préface
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These two volumes are the most comprehensive compilation of up to date


approaches on all facets of the field of Fatigue of Materials and Structures under
repeated loads of various types. The historic methods, as well as, the newest of
approaches and current research are included. Professors Claude Bathias and André
Pineau have selected a group of outstanding experts on the various topics of the field
for each chapter and have themselves contributed chapters in their specialties. These
books are great references for anyone wishing to be up to date on any topic of this
field.

Although fatigue of materials has been studied for over 150 years many
significant approaches were developed after the first one 100 years had past. In the
1950s especially the Coffin-Manson “plastic strain cycling approach” for low cycle
failures and later the beginning of the “damage tolerance approach” through the
fracture mechanics correlation of crack growth rates were suggested. Indeed those
fracture mechanics methods were shown applicable in the late 1950s but were
frequently ignored for many years until the failure of an F-111 aircraft in December
1969 convinced the US Air Force to develop and use damage tolerance methods on
all aircraft. The US Federal Aviation Agency was soon to follow requiring similar
methods of assuring a sufficient crack growth life to permit setting adequate
inspection intervals on critical structural parts. Earlier in the 1960s Westinghouse
and others made use of fatigue crack growth testing to assure sufficient life for
various power generating systems. Since that time many new applications of these
newer methods have been developed. Still more recently Bathias and others have
shown that the “traditional fatigue limit stress” below which failures were regarded
as not occurring have been shown to be not safe for “very high cycle fatigue” of the
order 108 to 1010 to cycles of loading. This is accomplished by ultrasonic testing at
20 to 30 kHz. This field is still rapidly developing but thoroughly covered herein.
Further discussion of the historical aspects are detailed in the Introduction, Chapter 1.
16 Fatigue des matériaux et des structures 2

Each chapter of these volumes is self-contained on the topic of interest there.


Each is also well referenced to provide a thorough background and source for depth
of study of the particular topic. Consequently, the readers can use these books as a
guide to topics of their special interest. In some cases the chapters can be grouped
into similar topics in the same general category but written from different points of
view and with different emphasis. For example in the first volume:
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– 1) Chapters 2, 3, 4, 5 and 9 present the approach of cycles to failure from low


cycle plastic fatigue to very high cycle behavior including the effects of notches,
hardening mechanisms, etc. with many other variables involved and within Chapter
9 fatigue crack growth mechanisms as well;
– 2) Chapters 6, 7, 8, and (again) 9 look at fatigue crack growth from small to
long cracks with various models, laws of growth and mechanisms covered;
– 3) Chapters 10 and 11 are a thorough presentation of environmental effects for
initiation and crack growth including from aggressive environments to vacuum;
– 4) Chapter 12 discusses load interaction effects for a wide variety of structural
application and the counting methods for these various load programs and types.

The second volume contains further new analysis methods, as well as, many
topics associated with critical applications such as high temperature thermal effects,
notch effects, contact effects, etc. as they occur in practice. They fully supplement
the fundamentals of the first volume.

As a veteran of this field allow me to point out the excellence of the work of
some of the outstanding young stars of this field, such as Sylvie Pommier and
Thierry Palin-Luc, who contributed Chapters 9 and 12. Although these volumes will
present the up to date and current state of understanding, this field has many such
outstanding young researchers who will develop new approaches as time passes.
However these volumes stand as a full exposition of the current “state of the art” in
understanding fatigue phenomena.

Paul C. PARIS
Chapitre 7
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Propagation des fissures courtes

7.1. Introduction

De nombreux résultats expérimentaux mettent en évidence que la mécanique


linéaire élastique de la rupture (MLER), telle qu’appliquée aux fissures longues en
plasticité confinée, ne peut plus décrire le comportement de fissures courtes se
propageant à la surface lisse d’un matériau ou à partir du fond d’une entaille. Selon
le matériau, la géométrie et le type de sollicitation, des fissures dont la taille peut
varier de l’échelle du grain à plus d’un millimètre ne vérifient plus la relation
univoque (à R constant) entre la vitesse de propagation da/dN et la variation du
facteur d’intensité de contraintes Δ K. Les trois divergences suivantes sont observées
par rapport aux fissures longues :
– à Δ K donné, les fissures courtes se propagent plus vite que les fissures longues
(par un ordre de grandeur ou même davantage) ;
– les fissures courtes se propagent à des valeurs de Δ K inférieures au seuil de
propagation Δ Kth ;
– leur croissance initiale peut présenter des décélérations : on observe un puits
de vitesse, ou éventuellement, aux faibles niveaux de chargement, la fissure
s’arrête ; elle devient non propageante.

Ces divergences ont des conséquences sur le plan pratique. La plus grande partie
de la durée de vie des pièces en service est consommée dans le régime des fissures
courtes, en particulier dans le domaine des grands nombres de cycles. Les durées de
vie prédites par des méthodes de calcul basées sur la MLER surestimeront donc les

Chapitre rédigé par Yves VERREMAN.


18 Fatigue des matériaux et des structures 2

durées de vie réelles si l’on veut prendre en compte des défauts initiaux de petite
taille. D’autre part, l’amplitude de contrainte au seuil de propagation sera inférieure
à la résistance en fatigue mais aussi à la valeur calculée avec le seuil des fissures
longues, Δ Kth.

Il ne semble pas y avoir d’explication globale quels que soient le matériau, la


géométrie et le type de sollicitation considérés. Les divergences de comportement
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sont attribuées, selon les cas, à une ou plusieurs des conditions suivantes, qui
remettent en question le principe de similitude à la base de la MLER :
– la fissure est de taille comparable à la taille du grain ou à une autre dimension
caractéristique de la microstructure ; sa propagation est très sensible à
l’hétérogénéité de la microstructure ; la mécanique des milieux continus n’est pas
applicable à cette échelle ;
– la condition de plasticité confinée en fond de fissure n’est plus respectée. A
cause d’un niveau de contrainte élevé, proche de la plasticité généralisée, ou d’une
entaille qui cause une concentration de contrainte, la fissure courte peut être
entourée d’une zone plastique de dimension comparable ou supérieure à sa taille ;
– même en régime élastique, les champs de contrainte et de déformation au fond
d’une fissure dont la profondeur tend vers zéro ne sont plus décrits par le terme
singulier en r-1/2 qui définit le facteur K ;
– la fissure courte a un sillage limité et les mécanismes de fermeture n’ont pas
encore pu se développer, notamment la fermeture induite par la déformation
plastique résiduelle sur les lèvres de la fissure.

Les auteurs utilisent une terminologie variée pour distinguer différents types de
fissures courtes. Nous utiliserons ici le terme de fissure « microstructurellement
courte » lorsque la première condition est évoquée et celui de fissure
« mécaniquement courte » pour les trois autres conditions, tant qu’elles relèvent de
considérations mécaniques macroscopiques. Notons aussi d’autres termes utilisés
dans la documentation, par exemple [CLU 92, EVI 98] :
– fissure « physiquement courte » pour évoquer la quatrième condition ;
– « petite fissure » (small crack) au lieu de « fissure courte » (short crack) pour
préciser que la fissure est petite dans les deux dimensions (profondeur et largeur) ;
– fissure « chimiquement courte » lorsque les effets d’environnement sont
amplifiés aux faibles profondeurs de fissure.

Afin de mieux éclairer le lecteur non familier avec le sujet, nous présentons
d’abord quelques considérations théoriques qui mettent en évidence les limites de la
MLER à décrire le comportement des fissures courtes, depuis un bord lisse ou
depuis un fond d’entaille. Nous effectuons ensuite une revue des observations
Propagation des fissures courtes 19

expérimentales et des interprétations rapportées dans la documentation (influence de


la microstructure, influence de la taille de la fissure, influence d’une entaille,
développement de la fermeture). Enfin, nous présentons les principaux modèles qui
sont proposés pour décrire soit le comportement des fissures microstructurellement
courtes, soit celui des fissures mécaniquement courtes.
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7.2. Considérations théoriques montrant les limites de la MLER

7.2.1. Propagation des fissures depuis un bord lisse : diagramme de Kitagawa

Le diagramme représenté à la figure 7.1a, dit « diagramme de Kitagawa »


[KIT 76], illustre de façon simple une limite de la MLER lorsque la longueur de la
fissure est trop petite. Il représente, en échelles logarithmiques, l’amplitude de
contrainte au seuil de propagation en fonction de la profondeur d’une fissure.
D’après la MLER, si le seuil de propagation Δ Kth est une constante du matériau, on
obtient une droite de pente -1/2. Cependant, cette prédiction ne peut être étendue à
des fissures trop courtes puisque l’amplitude de contrainte est nécessairement bornée
par la « limite de fatigue » Δ So du matériau sans défaut (résistance à 5.108 cycles par
exemple). L’intersection des deux droites permet de calculer une première longueur
critique ao :
2
1 Δ K th ⎛ ⎞ [7.1]
a0 = ⎜ ⎟
π Y Δ S0⎝ ⎠

où Y est un facteur de correction sans dimension fonction de la géométrie (Y = 1,12


pour une fissure bande ; Y = 0,728 pour une fissure semi-circulaire). Cette longueur
critique, fonction de Δ Kth et Δ So, est très variable selon le matériau. Par exemple,
elle est inférieure à 10 μm pour un acier allié à haute résistance, tandis qu’elle peut
atteindre le millimètre dans le cas d’un acier doux. Le diagramme de Kitagawa peut
être transformé en un second diagramme (voir figure 7.1b) qui représente plutôt la
décroissance du seuil Δ Kth dans le régime de fissures courtes. Autrement dit, les
fissures courtes se propagent à des valeurs de Δ K inférieures au seuil de propagation
des fissures longues.

La longueur critique, sous laquelle la MLER donne des prédictions non-


conservatrices, est en fait supérieure à ao. Les résultats expérimentaux obtenus par
Kitagawa et de nombreux autres auteurs [TAN 87] se présentent sous la forme d’une
courbe de transition entre les deux droites précédentes et montrent une déviation à la
MLER qui se produit à une profondeur a2 supérieure à ao (voir figure 7.1 ; lignes en
pointillés).
20 Fatigue des matériaux et des structures 2
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SΔ =So Δ C te =

Figure 7.1. Diagramme de Kitagawa-Takahashi. Représentations ;


a) dans le plan Δ S - a, et b) dans le plan Δ K- a

Considérant les deux premières interprétations du comportement « anormal » des


fissures courtes citées en introduction, Taylor [TAY 89] a proposé et vérifié sur
différents matériaux que la valeur de a2 correspond à la plus grande des deux valeurs
suivantes :

a2 = 10 d [7.2a]

a2 = 10 rp [7.2b]

où d est la taille moyenne du grain (ou une autre dimension caractéristique de la


microstructure) et rp est la taille de la zone plastique cyclique au seuil de
propagation :
2
1 Δ K th⎛ ⎞ [7.3]
rp = ⎜ ⎟⎟
3 2π yc⎜ ⎝ σ ⎠

σyc étant la limite d’élasticité cyclique du matériau. L’équation [7.2b] est une
condition de confinement de la plasticité en fond de fissure : la longueur de fissure
doit être un ordre de grandeur plus élevée que rp pour que la plasticité reste confinée
dans la singularité élastique. Cette condition revient aussi à borner le niveau de
contrainte nominale Δ S par rapport à la limite d’élasticité. En effet, l’équation [7.3]
peut se mettre sous la forme :
Propagation des fissures courtes 21

2
rp Y2 Δ S ⎛ ⎞
= ⎜ ⎟⎟
a 3 2 σ yc⎜
⎝ ⎠ [7.4]

Brown [BRO 86] propose par exemple que Δ S ≤ 2 σyc/3 à R = -1.

Murakami [MUR 02] a fait une étude systématique de l’influence de petits


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défauts de profondeur et de géométrie variables sur la résistance à 107 cycles de


différents aciers et de quelques autres métaux. La résistance des aciers au carbone,
1013 et 1046 n’est pas affectée par des défauts moins profonds que 70 μm et 45 μm
respectivement. Les fissures qui s’amorcent deviennent non-propageantes. Dans la
zone de transition entre a1 et a2 (voir figure 7.1a), il a consolidé presque toutes les
données expérimentales avec la relation empirique suivante :

S0 / 2 (en MPa)Δ 1, 43 ( HV 120) ( aire ) − 1/ 6


= [7.5]
+

où HV est la dureté Vickers du matériau et aire (μm) est la racine carrée de l’aire
du défaut projetée sur le plan perpendiculaire à la contrainte appliquée.
L’augmentation correspondante du seuil de propagation est donnée par :

K th (en MPa m)Δ 3,3 ( HV 120) ( aire )1/ 3 = [7.6] +

En échelles logarithmiques, la relation entre Δ Kth et aire est approximativement


linéaire jusqu’à 1 000 μm avec une pente de 1/3.

7.2.2. Propagation des fissures depuis un fond d’entaille macroscopique : diagramme


de Frost

Des résultats expérimentaux, dont nous discuterons plus loin, montrent que les
fissures courtes au fond d’entailles suffisamment sévères se propagent à des vitesses
initialement décroissantes, avant de réaccélérer et rejoindre la tendance des fissures
longues où da/dN est une fonction croissante de Δ K. Cependant, les fissures peuvent
devenir non-propageantes si le niveau de contrainte nominale est trop faible. Il
semble que ce soit Frost [FRO 59] en 1959 qui ait le premier mis en évidence ce
comportement, non prédictible par la MLER puisque Δ K croît toujours avec la
longueur de fissure si l’amplitude de contrainte nominale Δ S reste constante. A
l’aide d’éprouvettes en acier doux entaillées en V et soumises à la flexion rotative
(R= -1), il a montré que des fissures pouvaient s’amorcer mais qu’elles s’arrêtent
ensuite si le rayon de courbure ρ était suffisamment petit (voir figure 7.2 ; kt > 2.5
correspond à ρ < 600 μm).
22 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 7.2. Résistance de pièces entaillées en V en acier doux en fonction du facteur de


concentration de contrainte kt [FRO 59]. Les symboles ouverts représentent la contrainte
nécessaire pour amorcer une fissure et les symboles pleins celle pour qu’il y ait propagation
jusqu’à rupture complète.

Smith et Miller [SMI 78] ont proposé une interprétation théorique simple de ce
résultat expérimental. Considérons la situation d’une entaille de profondeur D
constante. Le facteur de concentration kt reste variable selon le rayon de courbure
choisi en fond d’entaille. La condition d’amorçage d’une fissure s’écrit :

Δ S0 [7.7]
SΔ ≥
kt

et est représentée par l’hyperbole sur la figure 7.2. D’autre part, le facteur d’intensité
de contrainte d’une fissure ayant dépassé le champ de l’entaille tendra rapidement
vers celui d’une fissure de profondeur D+a. Pour avoir rupture complète, cette
fissure devra aussi vérifier la condition de propagation :

Y S π ( DΔ a) K + Kth ≥ Δ ≥ Δ

soit :
Δ K th
SΔ ≥ [7.8]
Y πD
Propagation des fissures courtes 23

si a est négligé devant D. Cette deuxième condition, indépendante de kt, est


représentée par la droite horizontale sur la figure 7.2. Un domaine de fissures non
propageantes est alors mis en évidence si l’entaille est suffisamment sévère, c’est-à-
dire lorsque le facteur de concentration de contrainte excède une certaine valeur :

Y Δ S0⎛ ⎞
kt* = πD [7.9]
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⎜ ⎟
Δ K th ⎝ ⎠

Dans ce domaine, la contrainte nominale est suffisante pour que la fissure puisse
s’amorcer [7.7], mais elle est insuffisante pour qu’il y ait propagation jusqu’à la
rupture complète [7.8].

Notons aussi que, si D est variable alors que kt est constant, la contrainte de
propagation est supérieure à la contrainte d’amorçage lorsque l’entaille n’atteint pas
une certaine profondeur :

D* = kt2 a0 [7.10]

7.3. Observations expérimentales

7.3.1. Vitesses de propagation des fissures courtes

Des divergences entre les vitesses de propagation des fissures courtes et celles
des fissures longues ont été observées pour la première fois par Pearson en 1975
[PEA 75] dans un alliage d’aluminium. Il a trouvé que des fissures de surface de
taille comparable à la taille moyenne de grain se propageaient plus rapidement que
les fissures longues lorsque le paramètre de corrélation était Δ K. Plus tard, ce
phénomène a été rapporté pour différents matériaux et géométries, et ce, même au-
delà de l’échelle de la microstructure. Parfois cependant aucun écart notable entre
les vitesses des fissures longues et celles des fissures courtes n’est observé, comme
par exemple dans un superalliage à base de nickel et dans des aciers trempés et
revenus [LAN 85].

Pour un même matériau, les évolutions des petites fissures en surface présentent
beaucoup de dispersion. Les courbes A à E à la figure 7.3 sont une compilation
schématique de nombreux essais effectués par Lankford [LAN 85] sur la propagation
des fissures à l’échelle de la microstructure dans un alliage d’aluminium : vitesses
de propagation jusqu’à deux ordres de grandeur plus élevées que celles prédites par
24 Fatigue des matériaux et des structures 2

extrapolation des données des fissures longues ; propagation à des valeurs de Δ K


inférieures à Δ Kth ; ralentissement plus ou moins important lorsque la taille de la
fissure est de l’ordre de la profondeur d’un grain superficiel (courbes B-D) ou arrêt
complet de la fissure (courbe A).

Les vitesses moyennes des fissures courtes sont sensibles au niveau de contrainte
appliqué puisque la pente des courbes S-N peut être très faible dans le domaine des
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grandes durées de vie. Le puits de vitesse se réduit à mesure que Δ S augmente et il


finit par disparaître à haut niveau de contrainte [PIN 86].

Δ K , MPa m 1 / 2

Figure 7.3. Vitesses de propagation des fissures microstructurellement courtes


dans l’alliage d’aluminium 7075-T651, comparées à celles des fissures longues,
en fonction de Δ K

Les fissures qui se propagent depuis le fond des entailles présentent des
divergences similaires sur un diagramme da/dN-Δ K (voir figure 7.4) mais les
mécanismes responsables sont différents. L’influence d’une entaille sera abordée au
paragraphe 7.3.4.
Propagation des fissures courtes 25

7.3.2. Fissures microstructurellement courtes

7.3.2.1. Barrières microstructurales


Les petites fissures amorcées à la surface des échantillons lisses se propagent
rapidement et irrégulièrement, avec des variations importantes de leurs vitesses.
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On observe notamment un ou plusieurs ralentissements qui sont souvent reliés à


l’interaction de la fissure avec les joints de grain ou d’autres « barrières
microstructurales » [PED 88], aux déviations de la fissure [GRA 92] et au
changement de mécanisme de propagation [PED 88].

Δ K , MPa m 1 / 2

Figure 7.4. Vitesses de propagation de fissures depuis le fond d’une entaille


en fonction de Δ K, comparées à celles de fissures longues dans un échantillon standard ;
d’après Tanaka et Nakai [TAN 83] ; acier SM41B, R = 0
26 Fatigue des matériaux et des structures 2

Les fissures en stade I qui se propagent le long de bandes de glissement sont


souvent ralenties en approchant un joint de grain à cause de la désorientation
cristallographique du grain adjacent [LAN 85, PED 88]. Beaucoup de fissures
s’arrêtent mais l’une d’entre elles repartira à grande vitesse jusqu’à ce que le
prochain joint de grain soit approché. Le processus peut se répéter plusieurs fois
avant la transition en stade II [EVI 98, ZHA 02]. La vitesse de la fissure croît ensuite
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de façon monotone mais elle ne se comporte pas encore nécessairement comme une
fissure longue (voir paragraphes 7.3.3. et 7.4.2).

Des ralentissements et des arrêts ont été aussi observés sur la surface à l’intérieur
du grain. Ceux-ci ont été attribués à l’interaction entre la fissure et une discontinuité
de la microstructure sous la surface [LUD 03], à la variation de la forme du front de
fissure [PIN 86, TOK 87] et à la déviation de la fissure à l’intérieur du grain
produite par le changement d’orientation des bandes de glissement [GRA 92,
PED 88]. D’un autre côté, des fissures peuvent traverser un joint de grain sans
présenter aucune décélération (voir figure 7.3, courbe E). Le mécanisme de blocage
aux joints de grain est fonction des angles d’inclinaison et de rotation que font les
plans de glissement des grains adjacents avec le plan de la fissure [ZHA 05]. La
fissure passe d’un grain à l’autre seulement là où l’angle de rotation est très faible
[LUD 03].

K.J. Miller [MIL 93] montre comment la résistance en fatigue des échantillons
lisses et des pièces faiblement entaillées est contrôlée par les barrières
microstructurales du matériau. La résistance Δ So (voir figure 7.1a) correspond au
niveau de contrainte nécessaire pour qu’une fissure puisse franchir la plus forte
barrière. Sous ce niveau les fissures pré-existantes deviennent non propageantes et
ne sont donc pas dommageables [MUR 02]. Cependant la longueur a1 à la
figure 7.1(a) peut être supérieure à la taille de grain car les joints de grain peuvent ne
pas être les seules ni les plus fortes barrières ; la distribution d’une deuxième phase
dure peut réduire ou supplanter l’effet de la taille de grain. Dans les aciers ferrito-
perlitiques par exemple, les fissures traversent facilement les joints de grain α
jusqu’à ce qu’elles doivent interagir avec une bande de perlite [DAV 06, MUR 02].

7.3.2.2. Influence de la taille de grain


Les fissures longues dans la région du seuil de propagation progressent moins
vite si la taille de grain augmente à cause de la hausse correspondante du seuil de
propagation [BAI 80]. Mais l’inverse semble se produire en général pour les fissures
microstructurellement courtes. Tokaji et al [TOK 94] mettent en évidence une
augmentation des vitesses de propagation dans le titane pur lorsque la taille de grain
augmente. La différence est attribuée à de moins nombreuses perturbations de la
propagation par les barrières microstructurales. Cette tendance a été rapportée pour
Propagation des fissures courtes 27

d’autres matériaux (Ti-8.6 Al, acier à bas carbone) et elle est prédite par plusieurs
modèles du comportement des fissures courtes qui prennent en compte l’entrave de
la propagation par les joints de grain (voir paragraphe 7.5.1). Cependant, l’évidence
expérimentale n’est pas concluante. Aucun effet de la taille de grain n’a été observé
dans un alliage de titane Ti- 6Al-4V α/ß. Enfin, on a constaté une légère diminution
de la vitesse de propagation lorsque la taille de grain a augmenté de 12 à 130 μm
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dans un alliage d’aluminium 7075-T6 et une diminution plus importante dans l’acier
A533B [JAM 89].

7.3.2.3. Irrégularité de l’évolution du front de fissure


A l’échelle de la microstructure, la fissure est encore loin d’adopter une surface
plane avec un front semi-circulaire ou semi-elliptique bien régulier. En fait, elle peut
être immobile sur une grande partie du front et ne progresser que dans des zones
« faciles » où l’orientation cristallographique est favorable. Le front de fissure est
irrégulier en progressant par exemple alternativement d’un grain en profondeur puis
d’un grain en largeur [RAV 97a]. Cependant, lorsque la fissure s’étendra à travers
un certain nombre de grains, son front adoptera progressivement une forme semi-
circulaire stable [NAD 97, RAV 97a].

Ravichandran [RAV 97b] a suivi la propagation de fissures dans un alliage Ti-


8Al à gros grains (200 μm) par photomicroscopie de la surface, ainsi que par
interférométrie laser en mesurant la complaisance entre deux empreintes Vickers
situées de part et d’autre de la fissure. Le matériau est un alliage α qui ne se déforme
que sur une seule bande de glissement par grain, ce qui produit une forte interaction
de la fissure avec les joints de grain et une fracture très cristallographique. Pourtant
la complaisance de la fissure présente une croissance presque continue, ce qui
témoigne du développement constant de la fissure à différents endroits. Par ailleurs,
l’auteur montre que la grande variabilité des données da/dN-Δ K provient en partie
de l’erreur faite en calculant Δ K avec un rapport a/2c constant. En prenant en compte
l’irrégularité du front de fissure et en pratiquant des régressions polynomiales, il arrive
à réduire la dispersion des données des fissures courtes à celles des fissures longues.

7.3.2.4. Transition stade I-stade II


La progression des fissures microstructurellement courtes à des vitesses élevées
a été associée à la propagation cristallographique en stade I [GRA 92, PED 88]. Des
résultats rapportés par Pedersen [PED 88] le montrent clairement dans un alliage
d’aluminium Al-Mg-Si durci par précipitation et cyclé à R = - 1. Les vitesses de
propagation les plus importantes (jusqu’à 10-7 m/cycle) ont été mesurées pour des
fissures se propageant d’une façon cristallographique le long d’une bande de
glissement persistante, dans des grains orientés pour un glissement simple. Près des
joints de grain, lorsque plusieurs systèmes de glissement sont activés, la propagation
28 Fatigue des matériaux et des structures 2

a changé en un mode non cristallographique (stade II) et le ralentissement de la


progression a été détecté ; la vitesse a diminué d’un à deux ordres de grandeur.
Brown et Hicks [BRO 83] ont rapporté des résultats semblables dans l’alliage de
titane IMI 685. Les fissures courtes cristallographiques se sont propagées plus vite
que les fissures longues lorsque le paramètre de corrélation a été Δ K ; cependant, les
fissures courtes astreintes à se propager de façon non cristallographique ne l’ont fait
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qu’à des vitesses légèrement supérieures à celles des fissures longues.

La transition stade I-stade II a lieu en général aux tous premiers joints de grain
[EVI 98] mais des fissures cristallographiques présentant des interactions marquées
avec la microstructure (ralentissements aux joints de grain, front irrégulier) ont été
observées dans certaines conditions jusqu’à dix fois la taille de grain [RAV 97,
ZHA 02]. Un environnement inerte favorise une « longue » propagation en stade I
tandis qu’une contrainte moyenne de tension peut résulter en une transition stade I-
stade II plus rapide et même à une disparition du stade I [EVI 98, PAT 99]. Comme
pour les fissures longues, la transition aurait lieu à une longueur de fissure telle que
la taille de la zone plastique excède la taille de grain [HAL 99, LAN 85]. Dans ce
cas, la fissure ne se comporte plus comme dans un monocristal. On peut
effectivement concevoir que plusieurs systèmes de glissement doivent être activés
dans des grains adjacents pour que leurs déformations soient compatibles.

Soulignons que, au sens de la fatigue multiaxiale, le terme « stade I » n’est


strictement valide que pour une fissure à l’intérieur des tous premiers grains. La
propagation dans les grains suivants, même si elle est cristallographique, a lieu
globalement en mode I, c’est-à-dire perpendiculairement à la contrainte normale
maximale. Après les premiers grains, il s’instaure plutôt un « pseudo stade I » (stage
I-like) qui devient cette fois un mécanisme plus lent que le stade II [PET 00] et qui
devrait donc laisser sa place à celui-ci. La transition stade I-stade II constitue peut-
être la plus forte barrière microstructurale devant la propagation des fissures. K.J.
Miller [MIL 93] avait noté que c’est cette phase de transition, où la fissure
doit croître en profondeur et en largeur à travers plusieurs grains de tailles et
d’orientations cristallographiques différentes, qui représente la majeure partie de la
durée de vie à bas niveau de contrainte, et qui constitue donc la composante majeure
de la résistance en fatigue d’un matériau.

7.3.3. Fissures mécaniquement courtes

7.3.3.1. Plasticité non confinée


Après avoir traversé quelques grains, les vitesses des fissures se propageant
depuis un bord lisse augmentent de façon monotone avec leur profondeur. Dans
Propagation des fissures courtes 29

certaines études, elles semblent rejoindre la courbe da/dN-Δ K des fissures longues
[NEW 00]. Mais d’autres études montrent qu’elles peuvent être encore supérieures
aux vitesses des fissures longues à la même valeur de Δ K [ESP 95, LUO 04]. A
l’aide d’une technique indirecte exploitant la réponse de jauges de déformation
miniatures, Espinosa a effectué le suivi de fissures semi-elliptiques (0,7 < a/c <1,1)
se propageant entre 100 et 500 μm de profondeur à la surface d’un acier de
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construction offshore [ESP 95, VER 97]. Sur un graphe da/dN - Kmax, les vitesses de
ces fissures à R = 0 et R = -1 apparaissent entre une et deux décades au-dessus de
celles de fissures longues se propageant à bas niveau de contrainte (voir figure 7.5).

Outre les effets de fermeture qui seront abordés au paragraphe 7.4.2, de telles
divergences sont compréhensibles puisque, pour pouvoir appliquer la MLER, la
plasticité doit être confinée en fond de fissure (rp/a << 1) et être complètement
bridée par une région élastique. Or, comme il a été discuté dans le paragraphe 7.2.1,
cette condition n’est plus remplie aux hautes valeurs de contrainte nominale nécessaires
pour faire propager la fissure courte. La fissure est dite « mécaniquement courte ».

Figure 7.5. Vitesses de propagation en fonction de Kmax de fissures semi-elliptiques à la


surface d’échantillons lisses en acier de construction (σyc = 265 MPa) [ESP 95] ; la
profondeur des fissures qui varie entre 100 μm et 500 μm excède la taille de grain qui est de
l’ordre de 30 μm.
30 Fatigue des matériaux et des structures 2

Lankford et al. [LAN 84] et Davidson et Lankford [DAV 86], au moyen de


techniques de diffraction des électrons rétrodiffusés et de stéréo-imagerie, ont trouvé
pour les fissures courtes une valeur de rp/a d’environ l’unité (Smax/σy = 0,8), tandis
que pour les fissures longues, rp/a a été de loin inférieur à l’unité (Smax/σy = 0,2). A
R = 0,1, la taille des zones plastiques monotones et cycliques a été presque la même
pour les fissures courtes, alors que pour les fissures longues, la MLER prédit un
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rapport de 1/4. Dans un article récent, Davidson résume les différences importantes
observées entre fissures courtes et fissures longues [DAV 04]. Il souligne qu’au
voisinage du seuil, le CTOD et la déformation en fond de fissure sont plus élevés
pour les fissures courtes que pour les fissures longues à la même valeur de Δ K, ceci
à cause de l’absence de la triaxialité des contraintes. Alors que les fissures longues
sont en déformation plane, les fissures courtes subissent un état de contrainte à peu
près plan tant qu’elles ne constituent qu’une petite perturbation dans un champ
uniaxial.

Les calculs par éléments finis montrent aussi que les zones plastiques se
développent plus facilement lorsque la fissure est courte, et qu’elles atteignent la
surface libre à charge élevée [CHI 82, ESP 95, RIT 87]. A la même valeur de Δ K, la
zone plastique d’une fissure courte a été huit fois plus grande que celle d’une fissure
longue [RIT 87], et des déformations plastiques plus importantes devant les fissures
courtes ont été rapportées [CHI 82, ESP 95]. La majoration de la déformation
plastique devant les fissures courtes, associée à des niveaux d’ouverture négatifs
(voir paragraphe 7.4.2), permet de concevoir des dommages plus importants et donc
des vitesses de propagation plus élevées. Espinosa [ESP 95] souligne le fait que la
déformation plastique devant les fissures courtes s’étale plus loin que devant les
fissures longues. L’endommagement pourrait donc commencer lorsque les éléments
de matière sont plus loin du fond de fissure. Un modèle de fissuration fondé sur le
cumul du dommage pourrait être une avenue de recherche intéressante.

7.3.3.2. La contrainte T
Un autre type d’idées a été avancé par certains auteurs pour expliquer le
comportement différent des fissures mécaniquement courtes. Même en élasticité
pure, le terme singulier en r-1/2 qui donne origine à K n’est plus suffisant pour décrire
les champs de contrainte et de déformation en fond de fissure. Il est nécessaire de
considérer aussi un second paramètre, la contrainte T, qui correspond au terme
d’ordre supérieur dans le développement de Williams de ces champs [LIN 95] :

K
σij r , ( ) f ij θ ( = ) T 1i 1j θ+ δ[7.11] δ
2π r
Propagation des fissures courtes 31

Ce second terme, qui consiste en une contrainte normale constante de tension ou


de compression dans la direction de la fissure, affecte la distribution de la
déformation plastique autour de la fissure. Ceci est bien mis en évidence en
comparant l’effet d’un chargement uniaxial (T< 0) avec celui d’un chargement
biaxial (T = 0) dans une plaque fissurée de grandes dimensions [RIE 02].

Par ailleurs, des analyses numériques [BLO 90] et des résultats de photoélasticité
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[SMI 88] pour des fissures de surface et des fissures bandes montrent la perte de la
dominance de la singularité en racine carrée des champs des contraintes et des
déformations dans l’intersection de la fissure avec la surface libre. Blom et
Anderson [BLO 90], en élasticité isotrope, montrent que cette situation persiste sous
la surface jusqu’à une profondeur d’environ 2,5 % l’épaisseur. Cette zone peut
contenir une fraction importante du régime des fissures courtes.

7.3.3.3. Influence d’une entaille (concentration de contrainte)


Quand une petite fissure de fatigue se propage depuis le fond d’une entaille, sa
croissance peut être fortement influencée par la déformation plastique causée par
cette entaille. C’est une fissure mécaniquement courte, dont la taille est au delà de
l’échelle de la microstructure, mais qui est initialement entourée par la zone
plastique de l’entaille. Sur un diagramme da/dN-Δ K, on observe les trois divergences
qui ont été énoncées en introduction (voir figure 7.4). Si l’entaille est suffisamment
sévère, la vitesse de propagation peut initialement décroître avant de réaugmenter et
rejoindre les vitesses des fissures longues en plasticité confinée. Cependant, lorsque
le chargement nominal est de trop faible amplitude, la vitesse de propagation
continue à décroître jusqu’à ce que la fissure s’arrête (voir figure 7.4, Δ S = 60 MPa).
On rejoint ici le cas des fissures non-propageantes que Frost avait le premier mis en
évidence (voir paragraphe 7.2.2). Il semble que cet effet d’entaille est d’autant plus
marqué que le rapport R est faible. Verreman et al. [VER 87], qui ont étudié des
joints soudés en acier doux relaxés (entailles en V à très faible rayon de courbure),
n’observent presque aucun effet à R = 0, mais ils trouvent à R = -1 et R = -2, des
divergences par rapport aux fissures longues d’autant plus marquées que R est
négatif. On sait même qu’une fissure peut se propager sur une certaine distance
depuis un fond d’entaille avec un chargement totalement en compression (R = -∝ )
[SUR 91].

De nombreuses configurations géométriques ont été étudiées. Citons-en deux


très différentes l’une de l’autre :
– Shin et Smith [SHI 88] ont sollicité principalement à R = 0,05 des plaques
minces (2 à 3 mm d’épaisseur) de différents matériaux (acier inoxydable 316, acier à
bas carbone, alliage d’aluminium mi-dur), au bord desquelles étaient usinées des
entailles semi-elliptiques toutes profondes de 35 mm mais de rayon de courbure
32 Fatigue des matériaux et des structures 2

variable. A l’aide d’un microscope optique, ils ont observé des fissures bandes
pouvant présenter des comportements anormaux jusqu’à 8 mm de profondeur.
Cependant, aucune décroissance initiale de la vitesse n’est enregistrée dans les
entailles les plus douces, ni lorsque le rapport R est augmenté ;
– Espinosa et Verreman [ESP 95, VER 97] ont sollicité à R = 0 et R = - 1 des
échantillons d’acier doux de grande épaisseur qui permettent d’approcher un état de
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déformation plane. Leur profil est cruciforme où l’entaille est une marche en forme
de L ayant deux rayons de courbure possibles : 0.1 et 3 mm. Le champ d’entaille a
une faible profondeur, de l’ordre du millimètre, mais la majeure partie de la vie
totale est consommée à la traverser. Dans les échantillons à faible rayon de courbure,
ils ont observé des fissures bandes ou des fissures semi-elliptiques allongées se
propageant plus vite que les fissures longues et présentant des décélérations à R = -1
jusqu’à 0,3 mm de profondeur. Les échantillons de rayon de courbure 3 mm ont, en
revanche, un comportement s’approchant plus de celui observé sur bord lisse :
fissure unique à fort rapport a/c, vitesses de propagation élevées mais continuellement
croissantes (voir figure 7.5).

Pour décrire la propagation d’une fissure mécaniquement courte depuis le fond


d’une entaille, Smith et Miller [SMI 78] ont proposé que, lorsque la fissure est
encore à l’intérieur de la zone plastique de l’entaille, sa force motrice est la somme
de deux contributions, l’une de la plasticité de l’entaille, l’autre de la plasticité de la
fissure (voir figure 7.6). La MLER sous-estime la vitesse de propagation car elle ne
prend en compte que la plasticité de la fissure. L’importance relative de chacune des
contributions dépend du niveau de chargement ainsi que de la longueur de la fissure.
La contribution de l’entaille décroît au fur et à mesure que la fissure se propage alors
que celle de la fissure croît comme une fonction puissance de Δ K. Si la contribution
de l’entaille diminue plus vite que la contribution de la fissure n’augmente, la
propagation ralentira, et la fissure deviendra non propageante si, au sortir de la zone
plastique de l’entaille, la plasticité de la fissure est insuffisante (Δ K < Δ Kth).

Cette proposition de Smith et Miller est a priori soutenue par certains résultats
expérimentaux. Leis a trouvé grosso modo une correspondance un pour un entre
l’étendue de la zone plastique et la longueur de transition où les fissures rejoignent
le comportement MLER, pour plusieurs géométries d’entaille, matériaux et niveaux
de chargement, les longueurs de fissure concernées variant de 50 μm à 12 mm
[LEI 82]. Verreman a aussi montré que la longueur de transition des fissures se
propageant au raccordement de joints soudés relaxés augmente avec le niveau de
chargement et se compare bien avec la taille de la zone plastique de l’entaille
[VER 86]. Par contre, d’autres auteurs ont rapporté que l’effet de fissure courte peut
persister au delà de cette zone [SHI 88]. Espinosa et Verreman [ESP 95, VER 97]
ont calculé avec précision par éléments finis 3D l’écoulement plastique autour de
Propagation des fissures courtes 33

leur entaille en forme de L : sa profondeur n’atteint guère plus de 0,1 mm aux plus
hauts niveaux de contrainte, alors qu’ils observent des décélérations de la
propagation jusqu’à 0,3 mm.
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log da/dN, mm/cycle

Figure 7.6. Vitesse de propagation d’une fissure depuis le fond d’une entaille, d’après Smith
et Miller [SMI 78]. La force motrice est la somme des contributions de la plasticité de
l’entaille et de la plasticité de la fissure

La proposition de Smith et Miller est aussi contestable sur le plan théorique.


Sans tenir compte de la nature cyclique de la sollicitation mécanique, la déformation
plastique en fond de fissure ne peut que croître au fur et à mesure qu’elle se propage
depuis un fond d’entaille (à contrainte nominale constante). Si l’on considère le cas
extrême d’une entaille dont la forme s’approche de celle d’une fissure, par exemple
un fin trait de scie, la déformation plastique ne peut que croître avec l’extension de
cette fissure, alors qu’on observe encore dans ce cas une décélération initiale de la
propagation [SHI 88].

On est alors amené à considérer un autre mécanisme : le développement


progressif de la fermeture de la fissure qui entraînera une réduction de l’amplitude
de déformation plastique cyclique en fond de fissure. La plasticité d’entaille joue
certainement un rôle, puisque le niveau de fermeture ne pourra se stabiliser que
lorsque la fissure aura dépassé la zone plastique initiale. Mais la cause de la
décélération de la propagation serait la diminution de l’amplitude de déformation
plastique cyclique en fond de fissure produite par le développement de la fermeture
de la fissure. Les auteurs qui ont mesuré l’évolution du niveau de fermeture en
34 Fatigue des matériaux et des structures 2

parallèle à la propagation s’accordent à dire que la vitesse de propagation minimale


se produit lorsque le niveau de fermeture atteint son maximum.

7.4. Rôle de la fermeture dans le comportement des fissures courtes

7.4.1. Fermeture des fissures de fatigue


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Le concept de fermeture des fissures de fatigue induite par la plasticité a été


introduit par Elber [ELB 70], qui a observé le contact prématuré des lèvres de la
fissure pendant la décharge lorsque la contrainte nominale était encore positive.
Durant la propagation de la fissure, une zone d’étirements plastiques résiduels est
laissée dans son sillage, diminuant ainsi la force motrice de propagation de la
fissure. Faisant l’hypothèse que la fissure de fatigue ne peut se propager que
lorsqu’elle est complètement ouverte, Elber a conclu que dans la relation de Paris,
da/dN = C(Δ K)m, la variation totale du facteur d’intensité de contrainte doit être
remplacée par sa variation effective :

K effΔ K max = K ouv − [7.12]

où Kmax est le facteur d’intensité de contrainte maximal, et Kouv le facteur d’intensité


de contrainte correspondant à la contrainte nominale nécessaire pour ouvrir
totalement la fissure. Elber a trouvé que la fraction effective de l’amplitude du
facteur d’intensité de contrainte :
Δ K eff
U=
ΔK [7.13]

était une fonction linéaire du rapport R :

U 0,5= 0, 4 R + [7.14]

pour les conditions qu’il a étudiées (plaques minces en alliage d’aluminium,


-0,1 < R <0,7). Les vitesses de propagation obtenues à différents rapports R suivent
une même droite dans un graphe log da/dN - log Δ Keff.

Newman [NEW 81] a développé une méthode semi analytique pour calculer la
fermeture induite par la plasticité en fonction de R, du niveau de contrainte nominale
et de la triaxialité des contraintes. La méthode est basée sur un modèle de Dugdale
modifié pour laisser des étirements plastiques résiduels dans le sillage de la fissure.
La fermeture est plus importante en contrainte plane qu’en déformation plane mais
elle disparaît dans tous les cas à R suffisamment élevé (voir figure 7.7). Aussi, le
Propagation des fissures courtes 35

niveau de fermeture diminue lorsque la contrainte nominale augmente, surtout en


état de contrainte plane. Il approche de zéro et devient même négatif lorsque la
plasticité devient généralisée. Ces résultats se comparent bien avec ceux obtenus
dans des études ultérieures [PAN 01].

A l’heure actuelle, la méthode des éléments finis est un outil de plus en plus
utilisé pour modéliser la fermeture induite par la plasticité [SOL 04]. Des problèmes
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plus complexes ont été analysés (par exemple. influence de la géométrie, influence
de la consolidation) mais des progrès restent encore à faire (propagation d’une
fissure semi-elliptique, chargement d’amplitude variable).

Le concept de fermeture et l’utilisation de Δ Keff ont permis d’interpréter, voire de


rationaliser, plusieurs aspects de la propagation des fissures de fatigue : effets du
rapport R et de l’épaisseur, effets des contraintes résiduelles et effets de chargements
d’amplitude variable.

La littérature s’accorde aussi à souligner le rôle important de la fermeture dans le


comportement des fissures mécaniquement courtes. Une fissure courte ayant un
sillage limité, on peut s’attendre à ce que les effets de fermeture soient moins
prononcés que pour une fissure longue. Une force motrice effective plus élevée
conduira alors à une propagation plus rapide et à un seuil apparent plus faible.

7.4.2. Développement de la fermeture des fissures courtes

Espinosa et Verreman [ESP 95, VER 97] ont sollicité à R = 0 et R = - 1 des


échantillons lisses et entaillés en acier doux (voir paragraphe 7.3.3). Ils ont utilisé des
jauges de déformation miniatures pour suivre l’évolution de la fermeture en fonction de
la profondeur de fissure.

Les échantillons entaillés présentent une variation transitoire depuis U = 1 à a =


0 jusqu’à une valeur stabilisée typique d’une fissure longue en plasticité confinée (U
≅ 0.6 à R = 0 et U ≅ 0.3 à R = -1). La profondeur de fissure à stabilisation est de
l’ordre de 0.1 à 0.3 mm. La grande variation de U à R = - 1 explique la décélération
de la fissure qui a été observée.

Dans les échantillons lisses où la contrainte nominale est plus élevée, U reste
toujours égal à 1 à R = 0 et il est toujours supérieur à 0.5 à R = - 1, quelle que soit la
longueur de fissure. Ce comportement est prévisible par calcul (voir figure 7.7). Il
explique que la vitesse de propagation soit un ordre de grandeur plus élevée que
celle des fissures longues en plasticité confinée (voir figure 7.5).
36 Fatigue des matériaux et des structures 2

Contrainte plane
Déformation plane
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a)

b)

Figure 7.7. Effets du niveau des contraintes et du rapport R sur la fermeture induite par la
plasticité en contrainte plane et en déformation plane [NEW 81] ; a) niveau d’ouverture
relatif ; b) fraction effective du cycle en fonction de Smax/σf ; σf = (σy+ σUTS)/2

D’une façon générale, les études disponibles montrent que les fissures courtes
s’ouvrent initialement à des niveaux proches de la charge minimale (des valeurs
négatives à R négatif et proches de zéro à R = 0). Lors de la propagation, il y a une
augmentation progressive du niveau d’ouverture pour arriver à un niveau stabilisé
égal ou inférieur à celui des fissures longues en plasticité confinée. Cette période transitoire,
Propagation des fissures courtes 37

où le niveau d’ouverture augmente et se stabilise, a été observée pour des fissures


courtes se propageant depuis un bord lisse [JAM 89, JON 96, LEE 86] et depuis le
fond d’une fond d’entaille [SAV 94, TAN 83, VER 86]. La figure 7.8 montre
l’évolution du niveau d’ouverture à R = - 1 de fissures allongées se propageant au
raccordement de joints soudés relaxés en acier doux (entaille sévère en forme de V)
[VER 86]. Cette étude montre une relation entre la profondeur de fissure où U se
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stabilise et l’étendue de la zone plastique de l’entaille.

Figure 7.8. Evolution du niveau d’ouverture avec la profondeur d’une fissure


se propageant à partir d’une entaille sévère en V ;
acier doux, R = -1, σyc = 167 MPa [VER 86]
38 Fatigue des matériaux et des structures 2

7.4.3. Corrélation des vitesses de propagation avec Δ Keff

L’utilisation de Δ Keff pour prendre en compte l’effet de la fermeture sur la


propagation des fissures de fatigue a réussi, en général, à éliminer les différences
entre les vitesses des fissures courtes et longues, qu’il s’agisse de fissures courtes se
propageant depuis un bord lisse [NAD 97, RAV 97-b, VER 97] ou se propageant en
fond d’entaille [TAN 83, VER 86, SHI 88]. Les variations de U ou de Souv/Smax
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présentées à la figure 7.8 pour des entailles sévères à R = - 1 ont permis à l’auteur
d’expliquer :
– des vitesses de propagation initiales de plus d’un ordre de grandeur supérieures
à celles des fissures longues au même Δ K ;
– des décroissances de la vitesse de propagation : même si Δ K croît avec la
longueur de fissure, la décroissance de U est suffisamment importante pour entraîner
aussi celle de Δ Keff ;
– l’existence d’une fissure non-propageante au plus bas niveau de contrainte
nominale (Smax = 98 MPa).

De plus, l’effet de fissure courte a été moins prononcé lorsque de plus faibles
variations de U ont été enregistrées à R = 0, et l’inverse s’est produit à R = - 2
[VER 87].

Dans les entailles sévères, le facteur Δ Keff est minimal lorsque le niveau
d’ouverture atteint son maximum ou qu’il s’en approche. Plusieurs auteurs ont
associé ce moment à celui où la vitesse de propagation est minimale [TAN 83,
VER 86, SHI 88, VER 97]. Cet accord démontre le rôle de la fermeture dans le
comportement des fissures courtes. Cependant, l’utilisation du facteur Δ Keff comme
paramètre de corrélation est discutable. Pour des fissures de plus en plus courtes, sa
valeur doit diminuer pour tendre vers zéro à a = 0 ; et la notion de facteur d’intensité
de contrainte n’a théoriquement plus de signification lorsque la plasticité n’est pas
confinée en fond de fissure. Sur le plan expérimental, des divergences ont été
signalées par certains auteurs. Par exemple, Jono et Sugeta [JON 96] ont corrélé
avec Δ Keff les vitesses de propagation des fissures courtes et longues dans un acier
HT80, mais ils ont observé des divergences pour un alliage de titane.

7.4.4. Fermeture induite par la rugosité des surfaces de rupture

D’autres mécanismes de fermeture ont été mis en évidence, notamment la


fermeture induite par la rugosité des surfaces de rupture [SUR 91, WAL 79]. Cette
fermeture se produit dans le cas d’une propagation cristallographique au seuil de
propagation. Des déplacements en mode II empêchent un ré emboîtement parfait des
Propagation des fissures courtes 39

deux surfaces de rupture pendant la décharge, ce qui entraîne un très haut niveau de
fermeture lorsque le COD est petit. Ce mécanisme de fermeture a été identifié
comme étant la cause de l’effet de la taille de grain sur le seuil de propagation.

Pour des fissures longues dans un alliage d’aluminium 7075-T651 sollicité à


R = 0, Lankford et Davidson rapportent que U décroît vers zéro (Kouv → Kmax)
lorsque Δ K décroît vers le seuil. Pour des fissures courtes dans le même alliage, U
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reste à peu près constant autour de 0,4, même aux plus faibles longueurs de fissure
[DAV 04]. Des mesures effectuées au MEB lors d’essais in situ suggèrent de
combiner les fermetures induites par la plasticité et par la rugosité pour appréhender
le comportement des fissures courtes, par exemple [ZHA 97].

7.5. Modélisation du comportement des fissures courtes

7.5.1. Modélisation des fissures microstructurellement courtes

Plusieurs modèles ont été proposés pour décrire la propagation des petites
fissures encore à l’échelle de la microstructure (voir paragraphe 7.3.2), en tenant
compte notamment de l’entrave des joints de grain et des autres barrières
microstructurales.

7.5.1.1. Modèle de Hobson


Pour Hobson et al. [HOB 86] la vitesse de propagation d’une fissure de longueur
quelconque peut être calculée comme la somme de deux termes : le premier
applicable aux fissures courtes prédit le ralentissement de la fissure en approchant la
barrière microstructurale (joint de grain ou autre obstacle métallurgique), tandis que
le deuxième applicable aux fissures longues prédit l’accélération de la fissure. Ces
deux termes sont respectivement :
da
S( )
m
= B1 ( dΔ a) − [7.15]
dN
da
ε( aΔ ) B3
n
= B2 − [7.16]
dN
où B1, B2, B3, m, n et d sont des constantes du matériau, et Δ S et Δε les variations de
contrainte et déformation nominales (Δε se réduisant à Δ S/E en l’absence de
déformation plastique macroscopique). La constante d, qui représente la distance à la
barrière microstructurale, est déterminée empiriquement en représentant les données
expérimentales sur un graphe da/dN-a, puis en extrapolant à zéro une régression
linéaire faite sur les premiers points où la vitesse de propagation est décroissante.
40 Fatigue des matériaux et des structures 2

La figure 7.9 montre les prédictions du modèle selon le niveau de la contrainte


appliquée. La sollicitation doit être suffisamment élevée sinon la fissure s’arrêtera
lorsque a = d. Et à mesure que la sollicitation augmente, la vitesse sera de plus en
plus élevée et présentera des ralentissements moins importants, en accord avec des
données expérimentales. Brown [BRO 86] a utilisé le modèle de Hobson pour
reproduire le diagramme de Kitagawa par une courbe d’iso-vitesse de l’ordre de 10-7
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mm/cycle (voir figure 7.10). De façon plus générale, Brown représente sur le plan
Δ S-a d’autres iso-vitesses plus élevées, et il y distingue différents régimes de
comportement. Le diagramme montre en particulier que, sous chargement
d’amplitude constante, une fissure peut s’amorcer au-dessous de Δ S0, mais qu’elle
devient non propageante comme on l’observe expérimentalement.
microstructure
barrière de la

Figure 7.9. Modèle de Hobson et al. [HOB 86] du comportement des fissures microstructurellement
courtes. Vitesse de propagation en fonction de la longueur de fissure pour trois niveaux de
contrainte appliquée. Dans le domaine 2 intermédiaire, les équations [7.12] et [7.13]
s’ajoutent.

Le modèle de Hobson ne considère seulement qu’une barrière microstructurale,


ou encore que cette barrière est de loin la plus perturbatrice. D’autres modèles
tentent de prendre en compte plusieurs barrières rencontrées par la fissure.

Yates et Grabowski [YAT 90] ont étendu le modèle de Hobson pour décrire la
propagation de la fissure au-delà du premier grain. La fissuration dans le stade I est
caractérisée par l’équation [7.15], exprimée en termes de déformation, mais cette
Propagation des fissures courtes 41

fois d est la distance entre le site d’amorçage et la prochaine barrière. La propagation


des fissures longues (stade II) est décrite par la relation de Paris. Le passage du stade
I au stade II se produit lorsque la vitesse de propagation des fissures longues excède
celle des fissures courtes dans le stade I.
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Figure 7.10. Généralisation du diagramme de Kitagawa [BRO 86]


selon les prédictions du modèle de Hobson et al. [HOB 86]

Grabowski et King [GRA 92] ont développé un modèle applicable à un


superalliage base nickel, le Waspaloy qui présente une rupture à facettes. Selon ce
modèle, la propagation se produit à une vitesse élevée comme dans un monocristal,
mais elle est ralentie par des barrières microstructurales de deux types :
– a) les joints de grain (barrières fortes) qui entravent fortement la propagation
en diminuant la vitesse jusqu’à un niveau minimum ;
– b) des défauts à l’intérieur du grain (barrières faibles) comme des macles de
recuit qui provoquent la déviation de la fissure et le ralentissement de sa propagation
à un niveau intermédiaire.

McDowell a proposé une généralisation du modèle de Hobson à la fatigue


multiaxiale à l’aide du concept de plan critique [DOW 97]. Il ne considère qu’une
barrière microstructurale, mais il distingue trois régimes correspondant aux trois
zones du diagramme de Kitagawa (a < a1, a1 < a < a2 et a > a2 ; voir figure 7.1).
42 Fatigue des matériaux et des structures 2

7.5.1.2. Modèle de Navarro et de los Rios


Le modèle de Navarro et de los Rios [NAV 88] est basé sur l’idéalisation d’une
fissure qui croît le long d’une bande persistante de glissement dont l’extrémité est
bloquée à un joint de grain. La vitesse de propagation est proportionnelle au
déplacement plastique en fond de fissure en mode II, Δ CTSD :
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da 2k 1 − n 2
f =. CTSD
Δ avec CTSD Δ = Sa Δ [7.17]
dN G n

où G est le module de cisaillement, Δ S est la contrainte appliquée, et k = 1 ou k = 1 - ν


selon qu’on considère des dislocations vis ou coin. Le paramètre n est le rapport
entre la longueur de fissure a et la longueur a majorée de l’étendue de la zone
plastique (bande persistante bloquée à un joint de grain). Selon le modèle, la fissure
décélère en se propageant vers le joint de grain jusqu’à ce que n atteigne une valeur
critique pour laquelle la concentration de contrainte dans le grain adjacent y
déclenche une nouvelle bande persistante. Le paramètre n décroît alors brusquement,
la fissure ré-accélère puis sa vitesse recommence à décroître en approchant le
prochain joint de grain.

Figure 7.11. Oscillations du déplacement plastique en fond de fissure et de la vitesse de


propagation selon le modèle de Navarro et de los Rios [NAV 88]
Propagation des fissures courtes 43

La figure 7.11 illustre schématiquement les prédictions du modèle de Navarro et


de los Rios. La vitesse de propagation oscille entre deux enveloppes dont l’écart se
rétrécit rapidement après avoir traversé quelques grains.

Turnbull et de los Rios comparent les données da/dN-a d’un alliage d’aluminium
commercialement pur avec les prédictions des modèles de Navarro-Rios et de
Hobson [TUR 95]. Ils obtiennent de meilleures prédictions des durées de vie avec le
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modèle de Navarro-Rios qui n’a pourtant que deux constantes ajustables au lieu de
quatre pour le modèle d’Hobson. Hussain a aussi fait des comparaisons entre
différentes données expérimentales et les prédictions des modèles de Navarro-Rios
et de Hobson [HUS 97]. Il propose une variante du modèle de Navarro-Rios où les
décélérations/accélérations de la fissure cessent de se produire après 3-4 grains, tel
qu’observé expérimentalement.

Sur la base du modèle de Navarro-Rios, Rodopoulos [ROD 02] propose deux


équations qui prédiraient autant le comportement d’une fissure courte que celui
d’une fissure longue :
– l’une donne l’amplitude de contrainte au seuil de propagation en fonction de la
longueur de fissure ; elle comprend un facteur d’orientation cristallographique pour
tenir compte du nombre croissant de grains traversés par le front de fissure au fur et
à mesure de la propagation ;
– l’autre donne l’amplitude de contrainte à la transition stade I-stade II en
fonction de la longueur de fissure ; cette amplitude est telle que la taille de la zone
plastique cyclique excède deux fois la taille moyenne de grain.

Ces deux équations correspondent à deux courbes décroissantes dans le


diagramme de Kitagawa (la deuxième étant au dessus de la première). Le régime de
propagation en stade I (l’aire comprise entre les deux courbes) se rétrécit lorsque le
rapport limite d’élasticité sur résistance du matériau diminue et lorsque le rapport R
augmente [ROD 04]. Le stade I disparaît complètement à R = 0.5. Les prédictions
sont appuyées par des données obtenues avec un alliage d’aluminium 2024-T351.

7.5.1.3. Tendances actuelles


Le modèle de Navarro et de los Rios est basé sur une description physique des
fissures microstructurellement courtes. Mais la réalité est simplifiée : progression de
la fissure sur une dimension, glissement sur un seul plan par grain, hypothèses pour
calculer le déplacement en fond de fissure. Le modèle ne prend pas en compte
plusieurs aspects tridimensionnels tels que l’influence prépondérante de l’angle de
rotation de la fissure par rapport à l’angle d’inclinaison (voir paragraphe 7.3.2.1) et
l’irrégularité du front de fissure (voir paragraphe 7.3.2.3). Cette évolution ne se
résume pas aux variations d’une seule « longueur » de fissure.
44 Fatigue des matériaux et des structures 2

Plusieurs auteurs développent actuellement des modèles numériques qui essaient


de s’approcher de la complexité physique de la fissuration à l’échelle de la
microstructure. L’utilisation combinée de la méthode des éléments finis et de
la théorie de la plasticité cristalline est l’une des voies empruntées. L’avancée
d’une fissure plane dans un grain d’aluminium ayant différentes orientations
cristallographiques a été étudiée à l’aide d’un modèle bidimensionnel (2 plans de
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glissement conjugués) [POT 04], puis d’un modèle tridimensionnel (12 systèmes de
glissement) [JOH 06]. Ces études mettent en évidence combien la forme et l’étendue
de la zone plastique, les déplacements en fond de fissure et les niveaux d’ouverture
varient en fonction de l’orientation du grain.

Lillbacka [LIL 06] a construit un « polycristal numérique » constitué de deux


grains de structure cubique à faces centrées dans un ensemble de grains de structure
cubique centrée (acier austénito-ferritique). Une fissure s’amorce et se propage sur
un plan de glissement du premier grain austénitique, puis elle bifurque sur un autre
plan dans le deuxième grain. Le résultat des calculs (en deux dimensions) montre
que l’évolution du déplacement en mode II en fond de fissure (Δ CTSD) en fonction
de la longueur de fissure, et donc celle de la vitesse de propagation, est fortement
influencée par la désorientation cristallographique entre les deux grains
austénitiques.

7.5.2. Modélisation des fissures mécaniquement courtes

Beaucoup de fissures microstructurellement courtes sont aussi des fissures


mécaniquement courtes, mais nous portons notre attention ici sur les fissures
mécaniquement courtes dont la taille est au delà de l’échelle de la microstructure.
Dans ce régime, la mécanique des milieux continus s’applique même si la condition
de plasticité confinée n’est pas respectée ou si la fermeture influence de façon
significative la propagation par fatigue. Différentes approches ont été proposées
pour prédire le comportement des fissures mécaniquement courtes.

7.5.2.1. Approches empiriques


Certains auteurs proposent de décrire les vitesses de propagation des fissures
courtes par une relation du type :

da / dN D= S n aΔ [7.18]

où D et n sont des constantes déterminées en ajustant les données expérimentales.


Cette approche, non fondée sur les principes de la mécanique de la rupture, a été
proposée par exemple par Nisitani pour différents aciers [NIS 86]. Alors qu’il
Propagation des fissures courtes 45

devrait être égal à 2 pour une fissure longue en plasticité confinée, l’exposant n varie
de 3 à 8.5 selon les matériaux.

En invoquant que la déformation plastique des grains en surface est plus


importante à cause de l’absence de triaxialité des contraintes, El Haddad et al.
[HAD 79] proposent d’augmenter la longueur réelle de la fissure de la longueur
fictive ao = (1/π)(Δ Kth/Δ So)2. De plus, selon une idée initiale de Haigh et Skelton, ils
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remplacent Δ S par EΔε dans l’expression de Δ K pour obtenir un « facteur d’intensité


de déformation » :

K εΔ E = ε (a Δπ a0 ) + [7.19]

où Δε est l’amplitude de déformation locale en l’absence de fissure. Ce paramètre a


permis d’aligner les données des fissures courtes avec celles des fissures longues
pour des échantillons lisses et des pièces entaillées en acier. Mais un tel alignement
n’a pas été observé par d’autres auteurs. Lankford et al. [LAN 84] ont utilisé Δ Kε
pour corréler des données obtenues avec des échantillons lisses en alliage
d’aluminium. Ce paramètre a permis la corrélation des données obtenues dans l’air
ambiant, mais le contraire s’est produit pour des données obtenues sous vide. Ils ont
conclu que le succès obtenu dans le premier cas n’a été que fortuit.

L’approche de El Haddad n’a guère de signification physique. L’intérêt d’ajouter


la longueur fictive ao à la longueur réelle est de pouvoir modéliser les courbes des
figures 7.1a et 7.1b (diagramme de Kitagawa) par les deux relations suivantes,
respectivement :

SΔ = K th Δ/ π (a a0 ) + [7.20]

KΔ = th Δa /(a a0 )
K + [7.21]

L’approche d’El Haddad permet aussi de rendre compte de vitesses plus élevées
pour les fissures courtes mais son utilisation est discutable pour décrire leur
décélération en fond d’entaille (voir paragraphe 7.3.3.3) Il convient aussi de noter
que le facteur de correction géométrique Y dans l’expression de ao (voir équation
[7.1]) est omis par simplicité ; il n’est pas nécessairement égal à 1.

D’autres auteurs ont proposé des approches similaires à celle de El Haddad, où la


force motrice est non nulle lorsque a → 0 mais se réduit à Δ K lorsque a → ∞ . Par
exemple, Kfouri suggère d’utiliser le paramètre Δσ (πao)1/2 où Δσ est l’amplitude de
contrainte à une distance ao/2 du fond de fissure [KFO 97]. Cette approche s’inspire
du concept de distance critique [TAY 00].
46 Fatigue des matériaux et des structures 2

7.5.2.2. Variation effective du facteur d’intensité de contrainte


L’influence de la fermeture induite par la plasticité étant mise en évidence par de
nombreuses expériences, il est légitime de chercher à modéliser le comportement
des fissures courtes à l’aide d’une relation de Paris-Elber :

da / dN C =( K eff ) mΔ C (U K=) m Δ [7.22]


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où U est la fraction effective du cycle. On peut aussi prédire le seuil des fissures
courtes en introduisant un seuil effectif :

KΔ = eff ,thΔ / U
K [7.23]

Des modèles tels que celui de Newman permettent d’apprécier l’augmentation de


U qui résulte des hauts niveaux de contrainte appliqués dans le régime des fissures
courtes (voir figure 7.7b). Cependant ce type de calcul est en deux dimensions
seulement et il est sensible au facteur de triaxialité des contraintes. De plus, il peut
conduire à des prédictions non conservatrices si, au lieu d’un sillage plastique
d’épaisseur constante, on considère plutôt une variation linéaire du sillage avec la
longueur de fissure [ROS 01]. D’un autre côté en pratique, il peut être acceptable de
prédire la vitesse des fissures courtes en utilisant simplement des données de fissures
longues sans fermeture (U ≅ 1 à R élevé).

Quelques auteurs ont utilisé la méthode des éléments finis en deux dimensions
pour calculer l’évolution du niveau d’ouverture d’une fissure se propageant depuis
un fond d’entaille (voir figure 7.8). Différentes configurations géométriques ont été
étudiées [CLU 92, SAN 02, SUN 90]. Citons par exemple Sun et Sehitoglu qui ont
développé un modèle en contraintes planes pour la propagation d’une fissure à partir
d’entailles latérales sévères (3 ≤ kt ≤ 7 ; 0,4 ≤ Smax/σy ≤ 0,8). Ce modèle permet de
prévoir les conditions qui favorisent la décroissance rapide du facteur U, donc le
ralentissement de la propagation et la possibilité de fissures non-propageantes :
– petite échelle de la pièce (U est fonction de a/D, où D = profondeur de
l’entaille) ;
– kt élevé (profondeur D élevée et rayon de courbure ρ faible) ;
– Smax/σy faible ;
– R de plus en plus négatif.

Dans des conditions opposées, la fissure se propagerait à vitesse croissante


jusqu’à la rupture de la pièce. Les prédictions sont en accord avec des résultats
expérimentaux.
Propagation des fissures courtes 47

7.5.2.3. Mécanique élastoplastique de la rupture


Même s’il prend en compte la fermeture, le paramètre Δ Keff est théoriquement
impropre car la notion de facteur K n’a plus de sens si la plasticité n’est pas confinée
en fond de fissure. Quand la contrainte nominale est de l’ordre de 0.5-0.7 σy, il peut
être encore approprié d’utiliser le facteur K mais en faisant une correction plastique
de premier ordre, comme la correction d’Irwin [ISH 02]. Cependant lorsque la
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contrainte nominale approche σy, la plasticité devient généralisée et il faudrait alors


remplacer K par un paramètre de mécanique élastoplastique de la rupture tel que
l’intégrale J.

Dowling a été le premier à utiliser un paramètre de type Δ J pour corréler le


comportement des fissures courtes sous conditions de plasticité étendue [DOW 77].
Il a rapporté un excellent accord entre le comportement des petites fissures de
surface et celui des fissures longues dans un acier A533B, à l’exception des fissures
de longueur inférieure à 0,18 mm pour lesquelles la mécanique des milieux continus
ne serait plus applicable. Un tel accord n’a cependant pas été vérifié dans des études
ultérieures, par exemple [LEI 82]. Récemment, Laue et Bomas [LAU 06] ont repris
une formulation approximative de J proposée par Dowling et ont tenté de corréler
les vitesses de fissures courtes et longues dans un acier au carbone (1017) avec un
paramètre qui tient compte de la fermeture dans les parties élastique et plastique de J :

Δ Seff 2 1.02 ⎡ ⎤
J effΔ 1.24= Seff+ εp ,eff⎢ .Δa Δ [7.24] ⎥
E n′ ⎢⎣ ⎥

où n’ est l’exposant de consolidation cyclique du matériau. Ils éprouvent cependant


certains problèmes dont une surestimation des vitesses des fissures courtes dans le
domaine des grands nombres de cycles.

D’une façon générale, l’application de J à un chargement cyclique a toujours


soulevé une controverse dans la littérature. Alors que certains auteurs emploient
maintenant Δ J dans le cadre de la fatigue multiaxiale [HOF 06], d’autres contestent
encore son fondement théorique [RIE 02]. Un deuxième paramètre proposé pour
rationaliser le comportement des fissures mécaniquement courtes est le déplacement
plastique cyclique en fond de fissure [PAN 01]. Il est défini par :

CTODΔ δmax δR = − [7.25]

où δmax est l’étirement en fond de fissure à charge maximale et δR est l’étirement


plastique résiduel à charge minimale. Des solutions analytiques ont été obtenues
dans le cadre du modèle de Dugdale [ROS 01]. Le déplacement cyclique Δ CTOD
48 Fatigue des matériaux et des structures 2

est proportionnel à Δ Sn.a avec n élevé, ce qui a été rapproché de l’équation


expérimentale de Nisitani [18]. D’autre part le rapport δR/δmax est aussi élevé que 0,8
à Smax/σy = 0,2 mais il décroît rapidement à R < 0 lorsque la contrainte nominale
augmente.

7.5.2.4. Une nouvelle approche pour la prédiction de la vie des pièces entaillées
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Même si certaines méthodologies ont été mises au point dans des cas particuliers
[NEW 00], l’application de la mécanique de la rupture à la prédiction de la vie
consommée dans le régime des fissures courtes n’est pas chose facile. L’intégration
d’une relation telle que l’équation [2.2] comporte plusieurs inconnues ou incertitudes :
dimensions initiales de la fissure, évolution du facteur de forme a/2c, solutions de K
ou de J en fonction de a, évolution de U en fonction de a, etc.

Pour prédire la durée de vie « d’amorçage » macroscopique à fond d’entaille,


l’ingénieur a plutôt recours à des méthodes traditionnelles basées sur l’amplitude de
contrainte ou de déformation locale. Dans le domaine des grands nombres de cycles,
des formules empiriques (Peterson, Neuber, etc.) sont disponibles pour calculer le
facteur d’entaille kf, c’est-à-dire la réduction de résistance par rapport au matériau
non entaillé. Le facteur kf, qui peut-être largement inférieur à kt, dépend de la
géométrie et du chargement mais aussi du matériau et de la durée de vie. Les
formules sont souvent imprécises [BRA 80].

Plusieurs auteurs ont remis de l’avant le vieux concept de distance ou de volume


critique pour interpréter et prédire la sensibilité à l’effet d’entaille dans diverses
conditions [KAD 02, TAY 00]. Le matériau n’est pas sensible à la contrainte
maximale à fond d’entaille, mais par exemple à la contrainte locale à une certaine
distance du fond d’entaille. Cette « distance critique » rc est fonction du matériau.
Elle peut être déterminée en considérant le cas extrême d’une entaille devenant une
fissure [TAY 00] :
2
1 Δ K th⎛ ⎞ [7.26]
rc = ⎜ ⎟
2π Δ S0 ⎝ ⎠

Cependant, bien qu’il ait été validé expérimentalement, le concept de distance ou


volume critique est un artifice qui ne prend pas en compte directement les
mécanismes d’amorçage et de propagation des fissures courtes à fond d’entaille. De
plus, la distance critique rc dépend de la durée de vie considérée.

L’analyse de la propagation des fissures courtes conduit à une explication plus


rationnelle de l’effet d’entaille. La figure 7.12 compare deux évolutions typiques de
la profondeur de fissure avec le nombre de cycles, enregistrées pour des aciers doux
Propagation des fissures courtes 49

à R = -1 dans le domaine des grands nombres de cycles [LAU 06, VER 97]. Qu’il
s’agisse d’un échantillon lisse ou d’une entaille sévère, la durée de vie
« d’amorçage » macroscopique NI (définie ici pour une profondeur de fissure
aI = 0.5 mm) représente la plus grande partie de la durée de vie. Cependant les
parts relatives de la durée de vie d’amorçage microscopique N0 (fissures
microstructurellement courtes) et de la durée de vie de propagation Np (fissures
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mécaniquement courtes jusqu’à 0.5 mm) sont très différentes. Dans l’échantillon
lisse, la plupart de la vie NI est passée en amorçage et propagation de microfissures
(NI ≅ N0 ; Np ≅ 0) tandis que l’inverse a lieu au fond d’une entaille sévère (NI ≅ Np ;
N0 ≅ 0). Dans le cas général d’une entaille de sévérité quelconque, la durée de vie se
décompose en deux parties non négligeables chacune :

NI N 0= Np + [7.27]

Diviser la courbe S-N d’un échantillon lisse par kt conduira alors à surestimer
l’effet d’entaille. La vie passée à l’amorçage est la même puisque la contrainte
locale vaut kt.S, mais la durée de vie de propagation sera plus longue que dans le cas
de l’échantillon lisse. Il en résulte une vie totale plus longue et donc une courbe S-N
plus haute que celle obtenue en divisant par kt ; d’où un facteur kf inférieur à kt.

0.5
Vie d’amorçage conventionnelle :
NI = N(a I = 0.5 mm)
0.4
Profondeur de fissure a, mm

0.3

entaille sévère
0.2

échantillon
0.1 lisse

0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

Durée de vie relative N/NI

Figure 7.12. Evolution de la profondeur de fissure en fonction de la durée de vie relative


dans le domaine des grands nombres de cycles
50 Fatigue des matériaux et des structures 2

Une étude récente a permis de quantifier le poids relatif de N0 et Np dans la durée


de vie de pièces comportant des entailles en V d’angle constant (par exemple 900)
mais de taille et de rayon variables [VER 06, VER 08]. La vie d’amorçage est
corrélée à la contrainte maximale à fond d’entaille, tandis que la vie de propagation
est corrélée au facteur d’intensité de contrainte du champ singulier de l’entaille.
L’étude montre que la fatigue est contrôlée par l’amorçage (kf ≅ kt) ou par la
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propagation (kf < kt) selon la sévérité de l’entaille (rayon et taille) et les résistances
du matériau à l’amorçage et à la propagation à la durée de vie considérée. Les deux
résistances sont déterminées respectivement par une courbe S-N mesurée sur un
échantillon lisse, et une autre mesurée sur un échantillon comportant une entaille
très sévère (ρ → 0). Cette nouvelle approche basée sur la notion de facteur
d’intensité de contrainte de l’entaille a deux intérêts :
– comprendre l’effet d’entaille en fonction des mécanismes physiques mis en jeu
(amorçage et propagation des fissures courtes) ;
– faire une prédiction globale de la durée de vie passée à fond d’entaille sans
devoir faire une description élastoplastique de la propagation des fissures courtes
(tant que la zone plastique est confinée dans la singularité de l’entaille).

7.6. Conclusion

La propagation des fissures courtes est un sujet important en fatigue car elle
représente souvent la plus grande partie de la durée de vie des pièces en service,
notamment dans le domaine des grands nombres de cycles. De plus la résistance en
fatigue peut être contrôlée par une condition de propagation d’une fissure courte.
Des prédictions fiables de la fatigue nécessitent donc une bonne compréhension du
comportement des fissures courtes et des modélisations appropriées.

A l’étude depuis environ trente ans, le comportement des fissures courtes est
toujours un domaine de recherche très actif. De nombreux résultats expérimentaux
ont été accumulés dans une vaste gamme de conditions et de nouveaux concepts ont
été adoptés par la communauté, comme l’interaction des fissures avec les barrières
microstructurales, ou encore le développement de la fermeture des fissures à fond
d’entaille.

Sur le plan quantitatif cependant, la grande majorité des modèles sont encore
limités à une ou deux dimensions et ne prennent pas en compte la réalité
tridimensionnelle de la propagation des fissures. Plusieurs aspects doivent être
mieux compris, comme l’évolution irrégulière du front de fissure, la transition stade
I-stade II et, à l’échelle du milieu continu, la déformation plastique cyclique autour
du front d’une fissure semi-elliptique.
Propagation des fissures courtes 51

S’il faut considérer la complexité tridimensionnelle de la propagation d’une


fissure pour mieux comprendre son comportement, il faut aussi mettre en place des
outils de calcul simples et sécuritaires pour l’ingénieur en pratique. Par exemple
l’approche basée sur le facteur d’intensité de contrainte de l’entaille permet de faire
une prédiction globale de la durée de vie passée à fond d’entaille.

Enfin l’étude des fissures courtes doit être étendue dans le contexte de la fatigue
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multiaxiale et des chargements d’amplitude variable. Il ne suffit pas « d’extrapoler »


le comportement uniaxial à amplitude constante. Plusieurs défis restent à relever.
L’effet de l’environnement est aussi important. Très peu d’études ont été réalisées à
ce jour sur les fissures chimiquement courtes.

Remerciements
L’auteur remercie le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie
(CRSNG) du Canada pour le soutien financier de ses travaux.

7.7. Bibliographie

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Chapitre 8
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Mécanisme de déformation plastique


en pointe de fissure

8.1. Introduction

Dans les années 1960, c’est-à-dire, cent ans après les premiers travaux de
Wöhler, les progrès de la microscopie tant optique qu’électronique associés au
polissage électrolytique ont permis de révéler l’existence d’une zone plastifiée à
fond de fissure de fatigue. A partir de ce moment, les mécanismes de fissuration ont
pu être compris et des modèles théoriques avancés, afin de compléter des approches
paramétriques dont la plus connue est celle de Paris. Une nouvelle étape importante
a vu le jour avec les moyens de calcul numérique dans les années 1980.

Il convient de noter que les mécanismes de fissuration par fatigue dépendent


outre de la déformation plastique des effets de l’environnement, lesquels ne sont pas
vraiment abordés ici. La connaissance de la zone plastifiée à fond de fissure de
fatigue permet de répondre au moins à trois questions concernant les mécanismes de
propagation de fissure qu’il s’agisse :
– de la morphologie des cassures et des processus de décohésion microscopique ;
– de l’établissement des lois de comportement à partir d’une fatigue
oligocyclique à fond de fissure ;
– de l’influence de l’effet de fermeture de fissure liée à la plasticité, associé à
tous les effets d’histoire et de cumul de dommage en fatigue.

Chapitre rédigé par Claude BATHIAS.


60 Fatigue des matériaux et des structures 2

Le chapitre 8 est fortement lié aux chapitres 6,7 et surtout 9, ce dernier écrit par
Sylvie Pommier, qui aborde le même sujet mais avec une approche plus mécanique
que physique. Nous développons successivement les principaux aspects des mécanismes
de la fissuration par fatigue, en insistant sur le rôle de la déformation plastique, du
point de vue microstructural des arrangements de dislocations et du point de vue
mécanique de l’ouverture du fond de fissure, dans la propagation de la fissure.
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8.2. Déformation plastique à fond de fissure de fatigue

Comme vu au chapitre 6, la croissance de la fissure de fatigue est généralement


exprimée en fonction du facteur d’intensité de contrainte K par une relation
paramétrique proposée initialement par Paris :

da
= C.Δ K m [8.1]
dN
L’inconvénient de cette représentation est que l’influence des paramètres mécaniques
usuels tels que le module d’Young, le coefficient d’écrouissage ou la limite
d’élasticité ne peut pas être mise en évidence facilement.

A l’aide d’approches plus théoriques, on a cherché depuis longtemps à exprimer


la vitesse de fissuration par fatigue en explicitant l’influence de certains paramètres
mécaniques. A l’heure actuelle, les deux tentatives les plus fructueuses s’appuient,
l’une sur la théorie de l’ouverture à fond de fissure (COD) [CLI 67, PEL 70] l’autre
sur l’écrouissage cyclique à fond de fissure [CLI 63].

Dans les deux cas, la connaissance de la zone plastifiée à fond de fissure est utile
mais, évidemment, c’est lorsque l’on considère que la progression de la fissure
dépend d’une fatigue plastique localisée, que la détermination de la forme de la zone
plastifiée et du profil des déformations aboutit le plus directement à une meilleure
compréhension du phénomène.

8.2.1. Aspect théorique

8.2.1.1. Rappel de la mécanique de la rupture


Pour aborder la zone plastifiée en fatigue, le plus simple est de rappeler
brièvement les travaux d’Irwin, sur la formation de la zone plastifiée au bout d’une
fissure, contenue dans une plaque, soumise à une sollicitation monotone de traction
perpendiculaire au plan de la fissure.
Mécanisme de la déformation plastique 61

Dans ce mode de sollicitation (mode I), l’état de contrainte au voisinage immédiat


du prolongement de la fissure est donné par les équations de Westergaard de la forme :

KI θ θ3 ⎛ θ ⎞
σ1 Cos 1= sin sin ⎜ + ⎟ [8.2]
2π r( )2
1/2
2 2⎝ ⎠
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où :
– K = facteur d’intensité de contrainte ;
– θ, r = coordonnées polaires d’un point en avant de la fissure.

En contrainte plane, σ3 est nul et puisque σ2 n’intervient pas, la seule


composante active est σ1 . Pour r = O, on a :

KI
σ1 = [8.3]
2π r( )
1/2

Au cours de la traction, la contrainte σ1 atteindra localement la limite d’élasticité


et il y aura à ce moment-là, plastification à fond de fissure dans une zone, telle que :

K
1 σ y= σ I= 1/2 [8.4]
2π r( )
soit :

K I2
r= [8.5a]
2πσ y2

Irwin définit ainsi le rayon (r) d’une zone plastifiée à fond de fissure, dans le
mode I, et en contrainte plane.

Ce modèle simple prévoit que la section de la zone plastifiée est un cercle. En


fait, la forme et la taille de cette zone dépend de plusieurs paramètres.

8.2.1.2. Forme et taille de la zone plastifiée


La taille de la zone plastifiée dépend essentiellement de l’état de contrainte. En
déformation plane, Irwin propose de majorer la composante σy d’un facteur 1,68. On
aboutit alors à une nouvelle formule :
62 Fatigue des matériaux et des structures 2

KI2
r= [8.5b]
6πσy2

qui montre que la zone plastifiée est plus petite en déformation plane qu’en
contrainte plane. C’est ce que l’on vérifie au cœur et à la surface d’une éprouvette.
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La forme de la zone plastifiée n’est pas aussi simple que celle prévue par cette
approche élémentaire. En réalité, dans le mode I, la zone plastifiée est constituée de
deux ailes qui sont déterminées par le calcul, à l’aide de la méthode des éléments
finis [LEV 71], figure 8.1.

Dans le mode II, la zone plastifiée est allongée dans la direction de propagation
de la fissure, le mode III étant le seul où la forme circulaire est effectivement
rencontrée.

On voit donc que le modèle d’Irwin, très clair pour introduire la notion de
plastification à fond de fissure est mal adapté pour faire une étude précise du
phénomène.

Figure 8.1. Contour de la zone plastifiée à fond de fissure calculé par Rice
pour un solide élastoplastique sans consolidation

Pour ce qui est du mode I, il semble que le modèle le plus crédible proposé à
l’heure actuelle soit celui de Rice [LEV 71]. Les deux ailes de la zone plastifiée
peuvent être déterminées par les coordonnées rx et ry, rx étant la dimension dans la
direction de fissuration et ry celle dans la direction perpendiculaire.
Mécanisme de la déformation plastique 63

En déformation plane, Rice trouve que :

K I2
ry = 0,15
σ y2
[8.6]
2
KI
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rx = 0,036 2
σy

Les dimensions de la zone plastifiée calculées par Rice sont assez voisines de
celles mesurées expérimentalement, comme on le verra plus loin. Toutefois, le
coefficient d’écrouissage, c’est-à-dire l’aptitude du métal à la consolidation, a une
influence sur la forme de la zone plastifiée. Lorsque ce coefficient augmente, les
deux ailes ont tendance à se redresser. La direction moyenne de l’aile par rapport à
la direction de fissuration est de 60° dans le modèle de Rice. Des expériences
montrent qu’elle varie de 44 à 30° lorsque le coefficient d’écrouissage passe de 0,25
à 0,07 [MAI 73]. D’autres facteurs, comme le critère de plasticité choisi ou la
configuration de la fissure peuvent avoir une influence sur la forme de la zone
plastifiée [LAL 77, LAR 73].

Signalons enfin que le calcul (voir figure 8.1), montre que la plastification se
développe principalement de part et d’autre et en avant de la fissure mais, dans une
certaine mesure aussi, en arrière de la fissure.

Partant du modèle proposé par Rice pour un changement monotone nous allons
voir maintenant comment on peut le transposer au cas d’un chargement cyclique.

8.2.1.3. Mécanisme de la plastification à fond de fissure de fatigue


La zone plastifiée à fond de fissure de fatigue sera principalement modifiée par
la fermeture de la fissure à chaque cycle. Même lorsque la contrainte nominale reste
dans le domaine de la traction, il se produit au moment de la fermeture, une
compression locale [RIC 67].

La figure 8.2 montre schématiquement comment se forme la zone plastifiée à


fond de fissure de fatigue. Considérant un chargement en traction répétée de forme
triangulaire, on suppose que, lors de l’ouverture de la fissure il y a plastification
lorsque la limite d’élasticité est atteinte localement et que, lors de la fermeture, c’est
une amplitude de la contrainte égale au double de la limite d’élasticité qui induira
une nouvelle déformation plastique à l’intérieur de la zone plastifiée pendant
l’ouverture de la fissure. On trouve donc en fatigue, une double zone plastifiée. Le
64 Fatigue des matériaux et des structures 2

rayon de la zone plastifiée périphérique est de la forme (Kmax/σy)2 alors que celui de
la zone centrale est en (Δ K/2 σy)2.
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Mécanisme de la déformation plastique 65
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Figure 8.3. Représentation schématique des contraintes et des déformations


à fond de fissure de fatigue. Evolution de la microdureté [BAT 72, BAT 73]

En toute rigueur, l’écrouissage cyclique qui se produit à l’intérieur de la zone


plastifiée centrale s’accompagne d’une variation de la limite d’élasticité σy selon que
l’alliage durcisse ou s’adoucisse. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que le rayon de
la zone plastifiée centrale soit exactement quatre fois plus petit que celui de la zone
périphérique. La déformation plastique à la limite de la zone périphérique et de la
zone centrale εpR, peut être évaluée en considérant que le taux de déformation est
inversement proportionnel à la distance au fond de fissure. On trouve εpR = 3 εe, εe
étant la déformation à la limite d’élasticité.

La déformation monotone au point R est donc assez faible ; compte tenu de ce


que l’on sait de εe on évalue par ce calcul que la déformation plastique de la zone
plastifiée périphérique n’excédera pas 1 %. On peut supposer de plus, que les limites
des deux zones plastifiées sont bien définies parce que les deux états d’écrouissage
du métal y sont différents.

A chaque cycle, la fissure avance d’une quantité da et elle entraîne ainsi la


progression de la zone plastifiée qui se manifeste principalement par une extension
du pourtour de la zone périphérique et ensuite par une augmentation de la
déformation plastique à l’intérieur de cette zone. La zone plastifiée centrale croît de
façon semblable lors de la fermeture de la fissure.

En raison de la forme de la zone plastifiée périphérique, dans un plan


perpendiculaire au plan de la fissure, le métal est soumis à un nombre croissant de
cycles dans le sens des ry croissants. Mais dans le même temps, l’amplitude de la
déformation décroît. La déformation cumulée à l’intérieur de la zone plastifiée
66 Fatigue des matériaux et des structures 2

périphérique doit être par conséquent à peu près uniforme dans une direction
perpendiculaire au plan de la fissure. Il n’en est évidemment pas de même dans la
direction de propagation de la fissure.

En résumé, en avant d’une fissure par fatigue on trouve trois zones :


– une première zone, la plus éloignée du fond de fissure, dans laquelle les
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déformations sont essentiellement élastiques ;


– une deuxième zone, plastifiée lors de l’ouverture de la fissure, dans laquelle les
déformations sont faibles et uniformes ;
– une troisième zone où l’amplitude de la contrainte est de l’ordre de 2 σy. La
plastification se produit sous l’effet de la fermeture de la fissure et les déformations
sont importantes en particulier à proximité immédiate du bout de fissure.

8.2.2. Tentatives expérimentales

L’expérience vérifie assez bien la théorie. Différentes méthodes, attaque


métallographique, mesure de microdureté, diffraction de rayons X, microscopie
électronique, moiré, ont été utilisées pour mettre en évidence la plastification à fond
de fissure. L’existence des deux zones plastifiées est montrée par plusieurs auteurs
[BAT 73, HAH 72] (voir figure 8.4).

Parmi les tentatives expérimentales les plus anciennes il y a lieu de citer les
travaux de Hahn et Rosenfield sur un acier à 3 % de silicium [HAH 72]. A l’aide
d’une attaque métallographique appropriée ils ont pu non seulement déterminer la
forme et les dimensions de la zone plastifiée encadrant la fissure de fatigue mais
aussi évaluer le taux de déformation. Les dimensions de la zone périphérique
mesurées sont voisines des dimensions calculées par Rice. De plus, le nombre de
cycles nécessaires pour décrire la zone plastifiée est en bon accord avec celui prévu
par la loi de Coffin dans le domaine de déformation considérée. Cette observation
montre bien que la propagation de la fissure peut être considérée comme une fatigue
oligocyclique localisée.

L’inconvénient de la méthode de Hahn est qu’elle est spécifique aux aciers au


silicium et qu’elle ne convient pas à d’autres alliages. Par rapport à l’attaque
métallographique, la technique de la microdureté offre deux avantages principaux :
– 1) on peut détecter par microdureté des déformations plastiques locales aussi
petites que le centième dans toutes sortes de matériaux. Cette technique a donc une
portée quasiment générale ;
Mécanisme de la déformation plastique 67

– 2) il est possible d’identifier du même coup, la nature de l’écrouissage :


durcissement ou adoucissement. Un étalonnage des valeurs de la dureté permet de
relier l’évolution de la dureté dans la zone plastifiée à la distribution des
déformations plastiques en bout de fissure.

On a pu par ce procédé, étudier plusieurs alliages [BAT 73, KUD 70] et


déterminer la forme et les dimensions des zones plastifiées. Le bien-fondé de la
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théorie a été vérifié sur plusieurs points : l’existence d’une double zone plastifiée,
l’uniformité de la déformation plastique dans la zone périphérique, la forme et les
dimensions de cette zone.

L’évolution de la microdureté a permis de mettre en évidence, soit un durcissement


du métal (aciers au carbone, aciers austénitiques), soit un adoucissement du métal
(aciers maraging).

Dans tous les cas, la zone périphérique est caractérisée par un palier de dureté.
Des exemples sont donnés dans les figures 8.4, 8.5 et 8.6.
Rayon monotone (µm)

Facteur d'intensité des contraintes maximum ( MPa m )


Figure 8.4. Détermination expérimentale des dimensions de la zone plastifiée
dans un acier 316. La zone plastifiée périphérique ne dépend
que de Kmaxi [BAT 72, BAT 73]
68 Fatigue des matériaux et des structures 2

La principale limitation de la technique par microdureté est dans la taille des


empreintes (de l’ordre de 10 μm) qui limite les mesures du rayon de la zone plastifiée
à une cinquantaine de microns. Les fluctuations de dureté dues à l’orientation et à
l’anisotropie des grains écrouis sont en partie éliminées, en faisant des filiations
parallèles et passant dans des grains différents.

Différentes techniques utilisant les rayons X ont été essayés pour mesurer la
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taille des zones plastifiées et évaluer les déformations. La plus classique consiste à
suivre l’évolution des diagrammes de Debye et Scherrer. La continuité des anneaux
observés sur des diagrammes en retour dépend de la déformation des grains et on
repère la limite de la zone plastifiée par l’apparition de taches discontinues. Ce
procédé exige de prendre de nombreux diagrammes mais il a été expérimenté avec
succès sur des aciers [FEL 56].

Une autre technique est fondée sur l’évolution de diagrammes de Lauë. Lorsque
les grains atteignent un diamètre de l’ordre de 0,1 mm, on peut avoir une idée de la
taille de la zone plastifiée à l’aide d’un seul diagramme [LAT 73]. Pour les alliages à
petits grains, on doit prendre plusieurs clichés et un revenu préalable est nécessaire
pour réarranger la structure de la zone plastifiée et discriminer les taches de Lauë.

Un procédé par moiré a été utilisé par Liu dans un alliage léger et un acier pour
mesurer la zone plastifiée [LIV 69]. D’autres mesures ont été réalisées avec la même
technique par A. Ohta et al. dans un acier microallié où il trouve que la déformation
au voisinage du fond de fissure de fatigue est de l’ordre de 4 % [OHT 77]. Enfin,
D.L. Davidson et J. Lankford utilisent le contraste cristallographique du microscope
à balayage [DAV 76].

8.2.3. Aspect cristallographique

Sur le plan cristallographique, des études ont été menées tant par microscopie
électronique par transmission que par microscopie optique.

Les déformations plastiques sont très différentes dans la zone périphérique et


dans la zone centrale. Dans la première, on observe seulement une augmentation de
la densité des dislocations ce qui est en bon accord avec le faible taux de
déformation prévu par la théorie. Dans la zone centrale, les écheveaux de dislocations
sont remplacés par des configurations typiques des fortes déformations et qui
diffèrent selon l’énergie de défaut d’empilement.

Des cellules de dislocations se forment dans le cuivre [WK 69], l’aluminium


[BRO 72], les aciers au carbone [BAT 72] et même les aciers maraging [BAT 72] et
Mécanisme de la déformation plastique 69

vraisemblablement dans les autres alliages à haute énergie de faute. Dans les aciers
inoxydables austénitiques [BAT 72] à plus faible énergie de faute, la zone centrale
est occupée principalement par des macles mécaniques ou des lamelles de martensite
(voir figures 8.7 et 8.8).
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70 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 8.7. Zones plastifiées sous une cassure dans un acier extra-doux (cellules)
et dans un acier inoxydable 25-20 (macles)

Lorsqu’il y a formation de cellules de dislocations, le diamètre des cellules


augmente avec la distance à la fissure et immédiatement sous la cassure, les cellules
sont arrangées en enchaînement parallèle aux stries. La désorientation des cellules
varie dans le sens inverse de leur taille [DAV 76, LUK 69]. Par exemple, dans un
acier à 0,5 % de carbone, le diamètre des cellules est de l’ordre de 2 à 6 µm
[DAV 76]. Il peut atteindre 20 m dans un acier extra-doux [BAT 72].

J.P. Baïlon et al. [BAI 96] ont mesuré dans du cuivre des cellules de dislocations
à fond de fissure dont le diamètre est de 1 à 10 µm. Ils montrent que pour une même
sollicitation les cellules formées au cours d’une fissuration dans le vide sont plus
petites que dans l’air. Enfin, à partir de la taille des cellules, la déformation plastique
Mécanisme de la déformation plastique 71

est évaluée à moins de 1 % sur la cassure avec sans doute une incertitude due au
gradient de déformation près de la fissure.
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Figure 8.8. Zones plastifiées sous des cassures de fatigue X 1000 :


dans un acier maraging = la structure aciculaire a quasiment disparu
au plus près de la cassure

8.3. Aspect microfractographique de la fissure de fatigue

8.3.1. Faciès fractographiques

La fissure de fatigue s’amorce généralement à la surface du matériau, en un ou


plusieurs foyers, d’où elle croît d’abord en contrainte plane, c’est le stade I de la
fissuration, puis en déformation plane, c’est le stade II au cours duquel la fissure
atteint une dimension macroscopique.

La surface de la cassure présente des lignes dans la direction de propagation qui


divergent à partir de l’amorce de la fissure. Les lignes associées souvent à d’autres
marques concentriques centrées sur l’amorce permettent de localiser à coup sûr
l’origine de la fissuration.
72 Fatigue des matériaux et des structures 2

A l’échelle macroscopique, la fissure de fatigue a un relief généralement régulier


et lisse. Son aspect est mat. Les fissures secondaires sont le plus souvent nombreuses.

A l’échelle microscopique, la fissure de fatigue est principalement transgranulaire.


Elle croît alors avec formation de stries qui est le mécanisme le plus typique de la
fissuration par fatigue, mais ce n’est pas le seul. On donne souvent à tord l’image
excessive de la surface de cassure par fatigue couverte de stries. En fait, les stries ne
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sont pas toujours observables pour plusieurs raisons. Il convient d’abord de noter
que dans certains alliages, les aciers à haute résistance par exemple, les stries sont
mal définies et par conséquent difficilement observables. Il faut ensuite souligner
que pour les vitesses de fissuration les plus élevées des décohésions statiques, telles
que clivages et cupules, se produisent de préférence à la formation des stries.

En réalité, le domaine de vitesse de fissuration pour lequel les plages striées


dominent largement, est compris entre 10-5 mm/c et 10-3 mm/c selon que l’on
observe un acier ou un alliage d’aluminium.

Même à l’intérieur de ce domaine, la formation des stries n’est pas toujours


généralisée et il n’est pas rare de mettre en évidence d’autres mécanismes plus ou
moins développés. Nous citerons pour illustrer la variété des phénomènes le cas de
la fissuration des alliages de cuivre [BAI 96]. P. Neumann a observé dans des
monocristaux de cuivre que pour obtenir une surface de cassure striée il faut que son
plan soit orienté selon un plan cristallographique du type (100). Des observations
semblables ont été faites dans un laiton α polycristallin. Lorsque l’orientation n’est
pas celle-là, le faciès de cassure présente des marches et plus rarement des facettes
intergranulaires. La répartition des faciès est, de plus, fortement influencée par la
valeur du facteur d’intensité de contrainte, la proportion de faciès non strié
augmentant pour les sollicitations décroissantes. Au niveau du seuil de non
fissuration les stries de fatigue sont quasiment inexistantes.

8.3.2. Mécanismes de la formation des stries

Il semble que ce soit Zapffe qui ait découvert le premier l’existence des stries en
1945, par observation au microscope optique, avant que plusieurs chercheurs
décrivent les faciès à stries observés au microscope électronique. Mais ce n’est que
vingt ans plus tard que Pelloux prouve qu’une strie se forme au cours d’un seul
cycle.

En 1961, Forsyth montre l’existence de deux types de stries, des stries ductiles et
des stries fragiles [FOR 61] (voir figures 8.9 et 8.10).
Mécanisme de la déformation plastique 73

On remarque à cette époque qu’un environnement corrosif favorise la formation


des stries fragiles ; toutefois, dans les alliages légers rompus dans l’air humide on
trouve simultanément les deux types de stries. Le mécanisme de formation des stries
sera développé plus loin, mais voyons d’abord quelle est la morphologie des
surfaces de cassure par fatigue.

En bref, cette morphologie est caractérisée par le fait que les stries sont arrangées
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grosso modo perpendiculairement à la direction de fissuration, du moins dans les


aciers au carbone et dans les alliages à forte énergie de faute d’empilement, mais il y
a des écarts notables à cette règle dans les alliages à faible énergie de faute, dans
certains aciers inoxydables austénitiques, par exemple, où le maclage intervient. Il y
a lieu de citer également le cas des fontes nodulaires où l’arrangement des stries est
influencé par la présence des nodules de graphite [MAI 72]. A la vérité, la règle
énoncée ne se vérifie généralement que si l’on considère la propagation locale de la
fissure.

La direction des stries est liée à l’orientation cristallographique des grains. Dans
l’alliage 2 024 comme dans les alliages de cuivre, le plan de rupture est voisin d’un
plan (100) et les stries sont parallèles à une direction (110) [PEL 69]. Les stries de
l’acier inoxydable austénitique ont également un caractère cristallographique très
marqué [BAT 72].

En revanche, il semble que ce caractère soit affaibli dans les aciers au carbone.
En effet, dans les aciers doux, les stries ne changent pas d’orientation au passage
d’un joint de grain [POM 70].

Notons enfin que le profil des stries ductiles est en principe une dent de scie plus
ou moins aplatie : le fond de la strie est souvent marqué par une microfissure. Il
semble bien que dans les alliages cubiques à faces centrées, les flancs de la dent de
scie soient orientés dans des plans (111).

La déformation plastique à fond de fissure a un rôle important dans le processus


de fissuration : la formation des stries et par conséquent, la vitesse de fissuration,
dépendent de la nature des déformations plastiques.

En général, la fissure de fatigue apparaît comme étant transgranulaire et la


déformation plastique qui l’accompagne est très localisée dans une bande de faible
épaisseur. L’étude de la zone plastifiée montre que le faciès de la cassure est lié à la
déformation plastique des couches sous-jacentes. Dans les alliages d’aluminium, les
stries sont associées à des parois de dislocations orientées dans des directions (110)
[BRO 72].
74 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 8.9. Faciès de rupture par fatigue d’un acier inoxydable 25-20 et dans un acier
ferritique (X 5000) [BAT 73]
Mécanisme de la déformation plastique 75
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Figure 8.10. Stries fragiles dans un alliage 7 075 fissuré dans une solution contenant
3,5 % de chlorure de sodium, pour ΔK = 22 MPa÷m. La ligne sombre marquant
chaque strie représente la marche forcée pendant la partie décroissante du cycle de
contrainte [PEL 70].

Dans les aciers au carbone, on trouve également une corrélation entre stries et
parois de dislocations [BAT 72], alors que dans les aciers inoxydables austénitiques
ce sont les macles ou les lamelles de martensite qui sont liées aux stries [BAT 72]
(voir figure 8.11).

Dans le laiton α, les stries sont corrélées à des bandes de déformation constituées
par des empilements de dislocations selon le plan bissecteur des plans de glissement
faciles (111) [NEU 74].

On en conclut que, lorsque la fissure s’ouvre, à chaque cycle, il y a un réarrangement


ultime des dislocations pour accommoder le glissement à fond de fissure, ce
réarrangement ne devenant définitif que lorsque la fissure se sera refermée. Selon le
caractère du glissement, il y a formation d’un sous-joint, d’une macle ou d’une
lamelle de martensite en même temps que formation d’une strie.

Parallèlement, l’espacement entre les stries dépend du caractère du glissement.


De la même façon l’arrangement des stries, c’est-à-dire leur orientation et la croissance
des plages striées, est lié à la déformation plastique et en premier lieu à l’énergie de
faute d’empilement (voir figure 8.12).
76 Fatigue des matériaux et des structures 2
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a) microscopie optique

b) microscopie électronique

Figure 8.11. Cassure de fatigue dans un acier doux après polissage et attaque électrolytique.
Réseau de parois de dislocations perpendiculaires à la direction de propagation
indiquée par la flèche (X 1600 et 2500)

Figure 8.12. Macles mécaniques émergeant à la surface d’une cassure par fatigue
dans un acier inoxydable austénitique 25-20 (1600)
Mécanisme de la déformation plastique 77

8.4. Modèle fondé sur l’ouverture à fond de fissure

L’un des deux principaux modèles théoriques pour exprimer la croissance des
fissures est fondé sur l’ouverture à fond de fissure [CLI 63, CLI 67]. Dans ce
modèle on fait l’hypothèse que la fissure de fatigue progresse par glissement du fond
de fissure dans des directions orientées à 45° par rapport à la direction de
propagation [PEL 69]. Le modèle de formation des stries proposé par Pelloux
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correspond assez bien à cette hypothèse.

Dans ces conditions, si l’on appelle d, l’écartement à fond de fissure et da/dN


l’écartement entre les stries, on a pour des raisons géométriques proportionnalité
entre da/dN et δc. Négligeant la présence de la zone plastifiée périphérique et ne
tenant compte que de la zone plastifiée centrale la plus écrouie, on écrit que
l’écartement cyclique à fond de fissure δc est, en déformation plane :

Δ K2
δc = [8.7]
4 Eσ y

d’où :

da 1 Δ K 2
= [8.8]
dN 8 Eσ y

Cette relation peut s’écrire différemment pour faire apparaître la dimension de la


zone plastifiée. On met alors en évidence que la croissance de la fissure doit être
proportionnelle à la taille de la zone plastifiée :

da 1 Δ K 2 σ y
= x [8.9]
dN 8 σ 2y E

A la différence de la relation de Paris, cette théorie implique que da/dN est une
fonction de Δ K 2 au lieu de Δ K 4.

En pratique, on trouve que la vitesse de propagation de la fissure est une fonction


de la longueur de la fissure, de l’amplitude de la contrainte appliquée, de la
contrainte maximale, de la fréquence, de la température, de l’environnement, de la
géométrie et de l’histoire de la fissuration.

De plus, pour un Δ K donné, la vitesse macroscopique diffère de la vitesse


microscopique d’une quantité qui varie selon le domaine considéré. Pour de faibles
78 Fatigue des matériaux et des structures 2

Δ K, la vitesse microscopique est plus grande que la vitesse macroscopique (voir


figure 8.13). On attribue cet écart à la désorientation locale des stries par rapport à la
direction générale de propagation, à la subdivision des plages striées et surtout à
l’arrêt momentané du front de fissure [BAT 72].
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Figure 8.13. Ecartement des stries dans des aciers austénitiques


et vitesse de fissuration macroscopique [BAT 72, BAT 73]

Il est intéressant de souligner que la loi qui gouverne la vitesse microscopique est
une fonction de (Δ K2) comme prévue par l’équation [8.8], la valeur de l’exposant de
Δ K s’écartant assez peu de sa valeur théorique de 2. En revanche, il n’en est pas de
même pour la vitesse macroscopique, qui répond à une fonction de (Δ K)m dans
laquelle m prend des valeurs comprises entre 2 et 10 pour les aciers [CLA 70] et 3 à
5 pour les alliages légers.

Des tentatives pour corréler m à la ténacité exprimée par le facteur KIC n’ont pas
donné entièrement satisfaction [BRO 72]. En général, on trouve qu’une valeur
élevée de m correspond à une faible valeur de KIC, mais des exceptions telles que les
aciers austénitiques montrent que la propagation des fissures en régime monotone ne
permet pas de prévoir la propagation en régime cyclique.
Mécanisme de la déformation plastique 79

En résumé, il convient de souligner un premier point. Si l’écartement des stries


est bien une fonction de Δ K 2 conformément à la théorie de l’écartement COD, il
n’en est pas de même de la vitesse macroscopique. A l’appui de la théorie de
l’écartement à fond de fissure, on sait que l’écartement des stries varie sans délai
lorsqu’une variation de charge est imposée [MIL 66] ; de plus, l’écartement moyen
des stries est une fonction linéaire du rayon de la zone plastifiée [BAT 72].
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A l’encontre de cette théorie, l’expérience montre que, si da/dN dépend bien du


module d’élasticité, la limite d’élasticité conventionnelle est pratiquement sans
influence pour un type d’alliage donné [BAI 96, DAV 76, NEV 74]. Cette
contradiction apparente montre l’insuffisance du modèle fondé sur le COD.

8.5. Ecrouissage cyclique à fond de fissure

Une autre façon d’exprimer la croissance des fissures de fatigue est de considérer
que la zone en avant du fond de fissure est le siège d’une fatigue oligocyclique
localisée.

McClintock [CLI 63] proposa, en 1963, un modèle de propagation de fissure par


fatigue fondé sur l’accumulation du dommage en avant de la fissure par déformation
plastique d’amplitude croissante.

Il fait l’hypothèse que l’amplitude de la déformation plastique εp à une distance r


du fond de fissure, à l’intérieur de la zone plastifiée de dimension R est donnée par :

⎛R ⎞
ε e ⎜ = 1⎟ε −
p
⎝ r ⎠ [8.10]

L’endommagement qui conduit à un accroissement de fissure élémentaire est


supposé répondre à la relation de Manson-Coffin tel que :


N εp⎛ ⎞
∫O
4 ⎜
εf ⎜⎝
dN =⎟ 1
⎟ [8.11]

Considérant que la dimension P de la zone équivalente endommagée est une


fraction de la zone plastifiée, McClintock trouve :

da 7,5 Δ K 4
= [8.12]
dN 16 εf E 2 σ
2
y ρ
80 Fatigue des matériaux et des structures 2

Antolovich [ANT 75] a complété le modèle de Mc Clintock en utilisant plusieurs


approximations. La première consiste à évaluer la déformation plastique par la
formule :

R [8.13]
=ε e ε
r+ c
p
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εe
dans laquelle c = R . Si on admet, qu’à la limite pour r = 0, on a :
εf

εp = εf [8.14]

La déformation plastique moyenne dans la zone équivalente endommagée


ρ devient :

εe ρ ⎛ R⎞
R log = 1⎜ 0, 7ε e + = [8.15] ε
p
ρ c ⎝ ρ⎠⎟

en supposant ρ/c voisin de 1.

Antolovich pose alors que le rayon R de la zone plastifiée est de la forme :

2+ S
Δ K⎛ ⎞
R= α ⎜ ⎟⎟ [8.16]
σ y ⎜⎝ ⎠

et trouve finalement, en faisant l’hypothèse qu’il y a accroissement de la fissure


lorsque :
1/ β
εp⎛ ⎞
4 N ⎜ Δ 1⎟ = [8.17]
εf ⎜⎝ ⎠

que :

1/ β
da 0,ρ 7 ⎛ 1 ⎞)
2 + S( / β α
= 4 =(i + s ) ⎜ K ⎟Δ [8.18]
N dN E y σ f ⎜⎝ εΔ 1
1/3
ρ ⎠⎟ −

Le modèle proposé par Tomkins [TOM 73] diffère des deux premiers par les
hypothèses de calcul. Il considère que l’endommagement se produit dans deux
Mécanisme de la déformation plastique 81

bandes de longueur R disposées de part et d’autre de la fissure à 45° de la direction


de propagation. Il suppose que l’ouverture de la fissure par cycle est la somme d’un
terme plastique et d’un terme élastique, soit :

Δ εe Δ ε
[8.19]
δ Rd p= ∫ Cdε e + ∫ ε
p

0 0
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avec :

εe
C=
εf

La vitesse de fissuration est alors donnée par la formule :

da δ
= [8.20]
dN 2

En considérant que la loi d’écrouissage du matériau est :

σΔ k =εpn Δ [8.21]

et que la relation de Manson-Coffin est de la forme :

εp N 1/f ( 2 n + 1Δ) Cte = [8.22]

Tomkins démontre la relation générale :

2
da 5⎛
π2 ⎞ ⎡ Δ εp εe Δ εe ⎤ ⎛ ⎞
⎜⎜ = σ a ⎟⎟ ⎢
2
Δ ⎥ ⎜⎜ ⎟⎟ [8.23] +
dN 8 2 2 y⎝ ⎠ ⎢⎣ 2n + 1( σ f 6) ⎥⎦ ⎝ ⎠ ε

qui est rappelée au chapitre 4.

En fatigue plastique, cette relation générale se réduit à :

2 n + 1( 2 )
da π2 k ⎛ Δ εp ⎞
= ⎜⎜ ⎟a [8.24]
dN 8 2 2σ y⎝ 2n + 1( ⎠⎟ )
82 Fatigue des matériaux et des structures 2

En fatigue, à bas niveau de contrainte, la relation générale se simplifie pour donner :

2
da 2
1 ⎛ εe Δπ 3 a⎞ σ
= ⎜ ⎟ [8.25]
dN 48 2 2 y⎜⎝ σ f E ⎠⎟ ε

Les théories de l’endommagement par écrouissage cyclique ont le mérite de faire


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apparaître une explication de l’influence des paramètres métallurgiques. Dans les


équations explicitées [8.13] et [8.25], la vitesse de fissuration est une fonction de σy,
E et εf. Dans la mesure où σy varie généralement à l’inverse de εf on trouverait là une
explication plausible à l’absence apparente d’influence de la limite d’élasticité sur la
fissuration.

8.6. Modèle fondé sur le facteur d’intensité de contrainte efficace

8.6.1. Modèle d’Elber

Elber [ELB 71] a montré qu’une fissure de fatigue dans une tôle d’aluminium
peut se fermer lorsque l’ensemble de l’éprouvette se trouve encore soumis à une
traction. Des contraintes de compression sont créées autour de la fissure lorsque la
charge tend vers zéro [RIC 67]. Il en conclut qu’une fissure de fatigue diffère d’une
fissure mécanique idéale parce qu’elle crée une zone de déformations résiduelles
lors de sa propagation. L’ouverture théorique de la pointe de la fissure (CTOD) se
trouve donc diminuée.

Faisant l’hypothèse qu’une fissure de fatigue ne se propage pas lorsqu’elle est


fermée, il conclut qu’il est erroné de prendre en considération l’amplitude totale du
cycle pour établir la relation de Paris : da/dN = f (Δ K) et propose de remplacer le
facteur d’intensité de contrainte DK de cette relation par un facteur d’intensité de
contrainte effectif : Δ K eff = KM - Kop, où KM est le facteur d’intensité de contrainte
maximal et Kop le facteur d’intensité de contrainte nécessaire pour ouvrir totalement
la pointe de la fissure.

Afin de déterminer Δ Keff, Elber [ELB 71] a enregistré le déplacement d à la


pointe de la fissure en fonction de la contrainte, à l’aide d’un capteur extensomètre
sur des tôles minces en alliage d’aluminium 2024-T3. L’exemple montré figure 8.14
permet de distinguer trois stades définis par Elber qui sont rappelés ci-dessous.

Entre C et D, la relation est également linéaire et la complaisance mesurée est


égale à celle d’une tôle identique contenant une entaille mécanique de la même
longueur que la fissure de fatigue.
Mécanisme de la déformation plastique 83

Entre B et C la courbure d2P/dd2 est négative. Etant donné qu’un comportement


plastique du matériau se traduisait par une courbure positive lors du déchargement,
la seule explication de la courbure négative tient à un changement de configuration
qui accroît la rigidité de l’éprouvette pour des charges décroissantes. Ce changement
de configuration est expliqué par le phénomène de fermeture. La fissure est pleinement
ouverte entre D et C pendant le déchargement, puis se ferme graduellement entre C
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et B et est fermée entre B et A.

Suivant l’emplacement du capteur, la nature du matériau, la dernière partie CD


peut se scinder en deux parties : une partie linéaire plus ou moins grande et une
partie courbe, de courbure également négative, respectivement CD et DE.
Puisqu’une déformation plastique en tension ne peut survenir que lorsque la fissure
est pleinement ouverte, Elber conclut que la courbure BC est due entièrement à
l’ouverture progressive de la fissure, alors que la courbe DE est due à une
déformation plastique à fond de fissure. La détermination des points C permet
d’établir Pop et finalement Kop.

Figure 8.14. Ouverture et fermeture du fond de fissure de fatigue.


Notion de Δ Kefficace
84 Fatigue des matériaux et des structures 2

Elber a effectué des essais où il fait varier les paramètres tels que longueur de
fissure, facteur d’intensité de contrainte et rapport R de façon à observer leur
influence sur l’efficacité de la sollicitation définie par le rapport U :

K max − K op
U= [8.26]
ΔK
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Seul le rapport R paraît avoir une influence significative sur le rapport U. Elber a
trouvé une relation linéaire entre ces deux paramètres s’exprimant par la fonction
U = 0,5 + 0,4 R, avec - 0,1 < R < 0,7, pour l’alliage d’aluminium 2024-T3,
expliquant ainsi l’influence du rapport R sur la vitesse de propagation des fissures de
fatigue dans cet alliage. Notons enfin que les résultats d’Elber sont essentiellement
obtenus dans des conditions de contrainte plane. Des vérifications expérimentales
montrent que U peut varier de 0.4 à 0.75 pour R = 0, selon la géométrie et l’alliage.

La notion de Δ Keff revient à admettre qu’il n’existe pas de singularité en contrainte


en avant de la fissure tant que le fond de celle-ci n’est pas complètement ouvert.

8.6.2. Généralisation du modèle d’Elber

Dans le cas où la fissure se propage dans une configuration de déformation


plane, le problème est sensiblement plus compliqué parce que la zone plastifiée à
fond de fissure est environ trois fois plus grande en surface qu’à cœur. Il en résulte
que les contraintes résiduelles associées à cette déformation plastique sont plus
importantes en surface qu’à cœur.

L’ouverture du fond de fissure est de ce fait plus précoce à cœur qu’en surface.
Lorsque la force appliquée à l’éprouvette augmente, on observe initialement les phases
décrites par Elber, en contrainte plane, jusqu’à l’ouverture au centre de l’éprouvette.
Mais entre ce moment et l’ouverture en surface, il existe, pour le cas de la fissuration
en déformation plane, une phase transitoire au cours de laquelle l’ouverture de la
fissure progresse de l’intérieur vers l’extérieur, en même temps que la fissure change
de configuration (voir figure 8.15). La définition de Δ Keff peut paraître ambiguëe
puisque en toute rigueur celui-ci varie sur le front de la fissure. En première
approximation, on doit calculer Δ Keff à partir de l’ouverture en surface. On observe,
dans ces conditions, que DKeff augmente avec l’épaisseur de l’éprouvette [SCH 77].

Plusieurs auteurs dont Lindley, McEvily, Pineau, Schijve, [LIN 74, EVI 77,
SCH 77], ont montré expérimentalement que le fond de fissure est plus fermé en surface
qu’à cœur en pratiquant des coupes métallographiques ou des dissolutions de la surface.
Mécanisme de la déformation plastique 85

La détection expérimentale de la fermeture ou de l’ouverture de la fissure pose


un certain nombre de difficultés pour bien interpréter les enregistrements. Selon que
l’on utilise une méthode extensométrique mécanique, une méthode électrique ou une
méthode par transmission d’ultra-sons, l’interprétation des résultats conduit à des
conclusions discordantes. Il semble bien que l’ouverture mécanique ne puisse pas
forcément correspondre à l’ouverture « électrique » ou à l’ouverture « acoustique » à
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cause par exemple de la formation d’un film d’oxyde isolant. Il est donc
recommandable de considérer la mesure extensométrique comme référence. Encore
faut-il avoir présent à l’esprit que la mesure d’ouverture en surface donnera une
information précise mais localisée et que la mesure du bâillement de l’entaille
donnera une information moins précise mais plus complète sur l’évolution de
l’ouverture le long du fond de la fissure en déformation plane [BAT 78, BRO 72,
GAR 77, SHI 77].
86 Fatigue des matériaux et des structures 2

augmentation ne peut pas être décrite par l’amplitude de l’ouverture du fond de


fissure mais peut être prise en compte par le concept de Δ Keff. [PET 96]. Un
exemple de courbe de fissuration donnée en fonction de Δ K est présenté dans la
figure 8.16. Ces résultats obtenus sur des alliages d’aluminium, pour des rapports R
compris entre 0 et 0,75, montrent à l’évidence que la croissance de la fissure dépend
du facteur d’intensité effectif.
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Figure 8.16. Influence du rapport R sur la vitesse de fissuration


des alliages d’aluminium

8.6.3.2. Influence de l’environnement


Il est bien connu que certains milieux agressifs humides ou salés accélèrent la
fissuration par fatigue. On s’est longtemps demandé si l’influence de l’environnement
jouait sur l’ouverture du fond de fissure ou sur le facteur d’intensité de contrainte
effectif. Des résultats contradictoires ont été publiés [BAT 78, BUC 74, IRV 75]. En
fait, l’influence de l’environnement sur la fissuration par fatigue dépend de
l’interaction de l’absorption à fond de fissure avec la microstructure, et de la
formation de couche d’oxyde qui peut modifier l’efficacité du cycle. Finalement on
peut dire que pour un même Δ Keff la fissuration dépend de l’environnement
[PET 96]. Le lecteur trouvera un développement de cet aspect dans le chapitre 11.
Mécanisme de la déformation plastique 87

8.6.3.3. Influence des surcharges


Au cours d’un essai de fatigue, lorsque l’on augmente temporairement le facteur
d’intensité de contrainte à partir d’une valeur initiale donnée, on observe d’abord
que la croissance de la fissure pendant la surcharge n’est pas régie par la relation de
Paris ; on observe de plus qu’après avoir retrouvé les conditions du chargement
originel la fissure est considérablement ralentie si la surcharge temporaire était de
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traction. Elle est sensiblement accélérée si la surcharge temporaire était de traction.


Elle est sensiblement accélérée si la surcharge était de compression. Ces perturbations
de la vitesse de fissuration par l’application de surcharges sont très intéressantes
pour l’ingénieur car elles représentent les conditions de service les plus
généralement rencontrées.

Le phénomène typique du ralentissement d’une fissure après une surcharge a été


décrit comme comprenant plusieurs phases (voir figure 5.17) dont une où la vitesse
de fissuration atteint une valeur constante et minimale (da/dN)retard. Cette phase de
ralentissement maximale est encadrée par deux phases transitoires, toutes les deux
limitées par la vitesse en régime établi (da/dN)0. La vitesse minimale n’est pas
atteinte immédiatement après la surcharge sauf après une séquence de plusieurs pics
consécutifs.

Le processus de ralentissement est décrit habituellement à l’aide de deux


paramètres, le nombre de cycles ND affecté par le ralentissement et la longueur de
fissure aD sur laquelle la vitesse est perturbée dès l’application de la charge (voir
figure 8.17).

De nombreuses études ont montré que, pour un matériau donné, le ralentissement


croît avec l’intensité Kpic de la surface, le taux Kpic/K0, le nombre de pics de la
surcharge. A l’inverse, il diminue lorsque le rapport R augmente. Compte tenu du
grand nombre de paramètres qui entrent en jeu, le phénomène est apparemment
complexe et la modélisation qui en a été faite n’est pas satisfaisante à plusieurs
égards [SCH 77].

Les surcharges de faible intensité dont le taux ne dépasse pas 10 % environ


provoquent une désorientation temporaire de la fissure et un ralentissement faible.
Les surcharges plus intenses produisent une déchirure statique du cœur de l’éprouvette
lorsque celle-ci est épaisse de plusieurs millimètres. La fissure reste alors bloquée en
surface par l’importante déformation plastique qui se développe en contrainte plane
(voir figure 8.18). La fissure ainsi perturbée se réamorce à la surface dans les
ligaments limitant la déchirure (voir figure 8.19). Dans ces conditions, le phénomène
de ralentissement après la surcharge dépendra de l’épaisseur de l’éprouvette.
88 Fatigue des matériaux et des structures 2

Wheeler et Willenborg [WHE 70, WIL 71] considèrent que la longueur de fissure
affectée par la surcharge est égale au trajet nécessaire pour que la zone plastifiée à
fond de fissure vienne tangenter celle produite par la surcharge. Cette hypothèse
peut constituer une approximation grossière pour les plaques minces en état de
contrainte plane mais elle est insuffisante en déformation plane.

Des mesures de zones plastifiées ont confirmé que leur dimension dans la
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direction de propagation est de trois à cinq fois inférieure à la dimension maximale,


ce qui laisse penser que le ralentissement n’est vraisemblablement pas lié à un
changement de structure en avant de la fissure [BAT 78].

Figure 8.17. Schéma de principe du phénomène de ralentissement


après surcharge [BAT 78]

Il y a lieu de souligner que l’expérience montre qu’il n’existe pas de relation


unique simple entre la longueur de fissure affectée et le diamètre réel de la zone
plastifiée par la surcharge. Pour chaque taux, chaque valeur de Kpic, chaque
fréquence, on trouve une relation différente entre ces deux dimensions. Autrement
dit, pour un diamètre de zone plastifiée donné, la longueur affectée par le ralentissement
n’est pas toujours la même.

Il apparaît que le ralentissement ne dépend pas exclusivement des modifications


de la microstructure par la surcharge ni de la géométrie de la zone plastifiée
subséquente, mais plutôt des contraintes résiduelles associées aux déformations
Mécanisme de la déformation plastique 89

plastiques [CHA 77]. Il en résulte que le facteur d’intensité de contrainte efficace est
fortement affecté par les contraintes résiduelles qui sont de compression après une
surcharge en traction [SCH 77]. La réduction du facteur d’intensité de contrainte
efficace explique mieux le ralentissement.

Les vérifications expérimentales et les calculs [SCH 77] montrent que la


détermination du facteur d’intensité de contrainte efficace permet de prévoir
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raisonnablement la croissance des fissures après une surcharge dans le cas où la


fissure croît en régime de contrainte plane dans les plaques minces.

a)

b)

Figure 8.18. a) Mécanisme de fissuration après surcharge


dans un alliage 2024 T 351 ; b) zone plastifiée en surface

Dans les plaques épaisses le problème est plus difficile. Selon l’épaisseur de
l’éprouvette, les fortes intensités de surcharge provoquent une déchirure en forme de
croissant et de ce fait, modifient le profil quasi rectiligne du front de fissure ; il est
donc vraisemblable que les variations relatives de Kefficace à cœur et en surface de
90 Fatigue des matériaux et des structures 2

l’éprouvette sont inégales. En effet, après la surcharge, la fissure continue à se


propager dans les ligaments compris entre la déchirure et la surface, alors qu’elle
reste complètement bloquée à cœur.

Immédiatement après une surcharge intense. Kefficace est donc plus faible à cœur
qu’en surface ; après un nombre de cycles suffisant, le front de fissure tend à
reprendre sa forme initiale, Kefficace devenant alors plus grand à cœur qu’en surface ;
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cette inversion peut s’expliquer par l’action conjuguée de l’émoussement de la


fissure au cœur de l’éprouvette par la formation de cupules et à l’existence des
contraintes résiduelles de compression résultant de la plastification à fond de fissure.

Figure 8.19. Modèle de fissuration avant et après surcharge


en condition de déformation plane [BAT 78]

8.7. Conclusion

Dans ce chapitre, on a tenté de montrer les relations entre les mécanismes de


déformation plastique et ceux liés à la propagation de la fissuration. En résumé, il
convient de retenir que :
– les faciès de rupture par fatigue dépendent de la déformation plastique à fond
de fissure, des arrangements de dislocation du maclage, etc. ;
Mécanisme de la déformation plastique 91

– l’espacement des stries de fatigue et l’ouverture du fond de la fissure


dépendent de la taille de la zone plastifiée cyclique ;
– l’efficacité du cycle de fatigue dépend, en partie, de la zone plastifiée. Mais,
elle dépend également de la rugosité de la fissure qui est liée en plus de la
déformation plastique, à la taille de grain.
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Cela étant, la fissuration par fatigue dépend beaucoup de l’environnement et il


semble que sans tenir compte de l’interaction de l’environnement et de la
déformation plastique, on ne puisse pas comprendre pleinement les mécanismes de
la fissuration.

8.8. Bibliographie

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92 Fatigue des matériaux et des structures 2

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Chapitre 9
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Approche locale de la fissuration


par fatigue

9.1. Introduction

Dans les matériaux ductiles, la plasticité localisée à l’extrémité de la fissure peut


être à l’origine d’effets assez spectaculaires. Parmi ceux-ci, l’effet de retard après
une surcharge est sans doute le plus connu. Lorsqu’une surcharge isolée est
appliquée à une fissure, la vitesse de fissuration diminue fortement juste après
l’application de la surcharge. Ce phénomène s’explique qualitativement comme
suit : lors de l’application de la surcharge, le matériau se déforme plastiquement
dans une région confinée à l’extrémité de la fissure tandis que le massif de la pièce
reste élastique.

Ainsi, à la décharge, la majeure partie de la pièce revient à déformation nulle et


impose sa déformation à la région plastifiée en pointe de fissure. Cette zone se
trouve alors en compression et le niveau des contraintes résiduelles de compression
régnant dans cette zone dépend assez fortement du comportement élastoplastique
cyclique du matériau. En tout cas, ces contraintes compressives diminuent ensuite
l’efficacité des cycles appliqués. La vitesse de fissuration par fatigue diminue
fortement après l’application de la surcharge, et cela jusqu’à ce que la fissure se soit
propagée suffisamment pour que son extrémité soit bien en dehors de la zone
plastifiée laissée par la surcharge.

Chapitre rédigé par Sylvie POMMIER.


96 Fatigue des matériaux et des structures 2

D’autres effets, qui seront discutés dans ce chapitre, découlent également de la


capacité du matériau à se déformer plastiquement, tels que des effets de forme
d’éprouvette et de taille de fissure.

On verra dans ce chapitre comment estimer la dimension des zones plastiques et


le niveau des contraintes résiduelles qui y règnent.
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Puis, on montrera comment se manifestent expérimentalement ces contraintes


résiduelles et enfin comment on peut tenir compte de manière plus ou moins
simplifiée de l’effet de la plasticité sur la vitesse de fissuration.

9.2. Plasticité en pointe de fissure

9.2.1. Zones plastiques d’Irwin

La première évaluation de la dimension de la zone perturbée par la plasticité est


due à Irwin [IRW 60]. En mode d’ouverture, ou mode I, les solutions asymptotiques
de la mécanique linéaire élastique de la rupture (MLER) [9.1] à [9.5], permettent de
calculer la contrainte équivalente de cisaillement de Von Mises [9.4] pour une
fissure plane dans un plan orthogonal à l’axe y et dont le front est localement
parallèle à l’axe z.

Les contraintes T, Txz et Tz sont les premiers termes non-singuliers du


développement asymptotique des contraintes en mode d’ouverture. En condition de
déformation plane, Tz est nulle et si le milieu équivalent non fissuré ne subit pas de
cisaillement, Txz est également nulle :

KI θ⎛ θ 3θ ⎞ [9.1]
σxx = cos ⎜1 − sin sin ⎟ + T
2πr 2⎝ 2 2 ⎠

KI θ⎛ θ 3θ ⎞ [9.2]
σ yy = cos ⎜1 + sin sin ⎟
2πr 2⎝ 2 2 ⎠

KI θ θ 3θ [9.3]
σxy = cos sin cos
2πr 2 2 2

σzz = ν( σxx + σ yy ) + Tz , σxz = Txz [9.4]


Approche locale de la fissuration par fatigue 97

3
σeq2 = s:s
2
avec :

Trσ
s= σ− 1
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[9.5]
3

Pour estimer la dimension de la zone plastifiée, on calcule la distance rY au delà


de laquelle la contrainte équivalente de Von Mises issue des champs de la MLER est
inférieure à la limite d’élasticité σY du matériau. Pour ce calcul, seuls les termes
singuliers sont pris en compte. En θ=0, c’est-à-dire sur le plan de la fissure, on
obtient pour rY l’expression [9.6], avec ν=0 en contraintes planes.

2
1 − 2ν( )
2
⎛KI ⎞
rY = ⎜
⎜σ ⎟⎟ [9.6]
2π ⎝ Y ⎠

Si l’on suppose que le comportement du matériau est élastoplastique parfait, la


contrainte équivalente de Von Mises est égale à σY dans toute la zone plastifiée.
Pour calculer la valeur de chacun des termes du tenseur des contraintes, on fait
l’hypothèse que le rapport entre ces termes dans la zone plastique reste le même
qu’en élasticité, soit en θ = 0 :

σ xx = σ yy σzz = 2νσ yy σeq = ( 1 − 2ν) σ yy [9.7]

Ensuite, pour calculer la dimension rp de la zone plastifiée, Irwin [IRW 60], fait
les hypothèses suivantes. Entre r = 0 et r = rY, le matériau est plastifié et la contrainte
normale σyy est bornée et égale à σY/(1-2ν). Par conséquent les efforts se
redistribuent au-delà de r = rY. Entre r = rY et r = rp, cette redistribution permet au
matériau d’atteindre sa limite d’élasticité. Au-delà de rp, le matériau reste élastique,
les champs élastiques sont supposés être identiques à ceux d’une fissure plus longue
que la fissure réelle d’une quantité rY. La redistribution des efforts, illustrée sur la
figure 9.1, permet alors de calculer la dimension de la zone plastifiée [9.8] :

r= ∞ r= ∞
KI KI

r= 0 2πr
dr = rpσ f + ∫
r = rY 2π r − rY(
dr
)
[9.8]
98 Fatigue des matériaux et des structures 2

Ceci permet d’en déduire l’expression de la dimension de la zone plastique


monotone [9.9] qui évolue comme le carré du rapport entre KI et σY :

2
1 − 2ν( ⎛ K I )
2

rp = 2rY = ⎜⎜ ⎟⎟ [9.9]
π ⎝ σY ⎠
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Si une décharge d’amplitude KI est maintenant appliquée depuis ce point,


l’amplitude de contrainte locale à appliquer pour entrer en plasticité lors de la
décharge est égale à 2σY. En appliquant simplement la formule [9.9], on trouve que
la dimension de la zone qui se déforme plastiquement lors de la décharge, également
appelée zone plastique cyclique [9.10] est égale au quart de la dimension de la zone
plastique monotone :
2
1 − 2ν( ⎛ K I ⎞ ) 1
2
rpc = ⎜ ⎟⎟ = rp [9.10]
π ⎜ 2σ
⎝ Y ⎠ 4

a) b)

Figure 9.1. a) Détermination de rY à l’aide de la contrainte équivalente de Von Mises issue


des champs de la MLER ; b) Détermination de la dimension rp de la zone plastique à partir de
la redistribution des contraintes. Contraintes tracées en fonction de la distance à l’extrémité de
la fissure r.

Par comparaison avec des calculs par éléments finis en élasto-plasticité parfaite,
cette méthode simplifiée estime finalement assez bien le niveau de contrainte σyy
Approche locale de la fissuration par fatigue 99

atteint dans la zone plastique, en contrainte plane comme en déformation plane, ainsi
que l’étendue de la zone plastifiée en contrainte plane. En revanche, ce calcul sous
estime la taille réelle de la zone plastifiée en déformation plane. En effet, en
déformation plane, l’étendue de la zone plastifiée est maximale sur un axe incliné à
environ 70° du plan de la fissure et pas en θ = 0.
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9.2.2. Effet de la contrainte T

Dans le cas particulier d’une fissure bidimensionnelle traversante dans un


milieu infini soumis à un chargement biaxial (Sx, Sy) (fissure de Griffith), le facteur
d’intensité des contraintes vaut KI = Sy(πa)1/2 tandis que la contrainte T vaut
T = Sx - Sy.

Plus généralement, en mode I, les contraintes T, Tz et Txz dépendent de la


contrainte normale au plan de la fissure σyy et des contraintes σxx, σxz et σzz
appliquées sur le milieu non-fissuré, ainsi que de la forme et de la dimension de la
fissure.

a) b)

Figure 9.2. Dimension de la zone plastique d’Irwin avec contrainte T adimensionnée par
celle calculée pour T=0 ; a) En fonction du rapport entre la contrainte T et la limite
d’élasticité du matériau σY ; b) En fonction de a, pour σY = 400 MPa, KI =15MPa.m1/2 et pour
une fissure de longueur 2a dans un milieu infini sous chargement uniaxial.

Avec les mêmes hypothèses simplifiées que précédemment, on peut examiner le


rôle de la contrainte T sur la dimension de la zone plastique en pointe de fissure. Un
calcul simple [9.11] en contrainte plane, montre que la dimension de la zone
plastique dépend fortement du rapport entre la contrainte T et la limite d’élasticité
du matériau σY.
100 Fatigue des matériaux et des structures 2

rY T( ) 2 [9.11]
=
rY T = 0( ⎛ T)
2
⎞ ⎛T ⎞ ⎛T ⎞
2

2− ⎜
⎜σ ⎟⎟ + ⎜
⎜ ⎟⎟ 4 − 3⎜
⎜σ ⎟⎟
⎝ Y ⎠ ⎝ σY ⎠ ⎝ Y ⎠

Dans le cas particulier d’une fissure de Griffith, et pour un chargement uniaxial à


l’infini (Sx = 0), la contrainte T se calcule comme suit en fonction du facteur
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d’intensité des contraintes et de la longueur de la fissure : T= - KI (πa)-1/2. Ainsi,


l’expression [9.11] permet de montrer que pour un même facteur d’intensité des
contraintes, la dimension de la zone plastique diminue fortement lorsque la longueur
de la fissure augmente (figure 9.2).

Les termes Tz et Txz jouent un rôle comparable sur la plasticité en pointe de


fissure. Négligeable pour une fissure longue, leur rôle devient important lorsque la
dimension de la fissure diminue.

9.2.3. Rôle des écrouissages du matériau

Les calculs précédents permettent d’estimer la dimension de la zone plastifiée


pour un comportement élastoplastique parfait. Or, en général, les matériaux
présentent de l’écrouissage, ce qui peut modifier significativement la dimension et la
forme de la zone plastique en pointe de fissure.

Afin d’étudier le rôle de l’écrouissage, les champs de contraintes en pointe de


fissure ont été calculés indépendamment par Hutchinson [HUT 68] et Rice et
Rosengren [RIC 68] pour une loi de comportement hypo-élastique (champs HRR).
Le choix d’un comportement hypo-élastique permet de résoudre analytiquement le
problème tout en tenant compte de la non-linéarité du comportement du matériau.

Considérons un matériau élastoplastique suivant une loi de comportement de


Ramberg-Osgood avec un exposant d’écrouissage n en traction uniaxiale. Cette loi
peut être généralisée en multiaxial [9.12] avec une loi hypo-élastique et en
négligeant la déformation élastique devant la déformation plastique :

n− 1
3 1 ⎛σeq ⎞
ε ≈ ε p = α⎜ ⎟ s [9.12]
2 E ⎜⎝ σo ⎟⎠

Pour obtenir les champs de contrainte à l’extrémité de la fissure, la démarche est


différente selon les auteurs. Rice et al. [RIC 68] calculent le degré de la singularité
Approche locale de la fissuration par fatigue 101

par des considérations énergétiques basées sur l’intégrale J, puis déterminent, dans
un second temps, les fonctions angulaires. Les champs asymptotiques de contraintes
en pointe de fissure prennent la forme suivante [9.13]. Le coefficient In ainsi que les
fonctions angulaires sont des fonctions de l’exposant d’écrouissage, solutions
d’équations différentielles complexes. Des solutions tabulées peuvent être trouvées
dans [SHI 83] :
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1 1
⎛ 1 ⎞ n+ 1 ~ ⎛ J ⎞ n+ 1
σ = σo ⎜⎜ ⎟⎟ σ n θ( ⎜) ⎟ [9.13]
⎝ ασoεo I n ⎠ ⎝ r⎠

Ces calculs ont permis de montrer que l’écrouissage du matériau a un effet


important sur la distribution des contraintes autour de l’extrémité de la fissure. Le
champ de contrainte présente en effet une singularité en 1/(1+n) où n est l’exposant
d’écrouissage.

Par ailleurs, Rice et al. [RIC 68] présentent une figure sur laquelle est tracée la
forme de la frontière approximative entre les zones plastiques et élastique en pointe
de fissure (figure 9.3). Il est très net sur cette figure que la forme de la zone plastique
est très fortement dépendante de l’écrouissage. Située à peu près autour de l’axe y en
déformations planes et pour un comportement plastique parfait, cette zone plastique
s’incline vers l’arrière lorsque l’écrouissage du matériau augmente (figure 9.3). Des
calculs numériques par éléments finis ont permis de confirmer ces résultats.

Figure 9.3. Forme de la frontière approximative entre les domaines élastique


et plastique selon l’exposant de la loi de Ramberg-Osgood [RIC 1968]
102 Fatigue des matériaux et des structures 2

Néanmoins, la singularité des contraintes en (J/r) à la puissance 1/(1 + n)


implique que les contraintes sont infinies lorsque r tend vers zéro, ce qui n’est
naturellement pas le cas puisque l’émoussement à l’extrémité de la fissure fait
apparaître une surface libre en r = 0 où, selon le critère de Tresca, la contrainte
principale maximale ne dépasse pas la limite d’élasticité du matériau. Ma et Kuang
[MA 95] ont publié le calcul analytique des champs de contrainte pour un
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comportement hypo-élastique et pour une fissure émoussée dès l’origine. La


contrainte n’est plus singulière à l’extrémité de la fissure et un pic de contrainte
apparaît, à l’intérieur de la zone plastifiée.

Figure 9.4. Rapports entre εxx et εyy ou entre σxx et σyy sur le plan de la fissure à 100 μm et
200 μm de son extrémité, la dimension de la zone plastique d’Irwin étant de l’ordre de 130
μm. Les calculs ont été effectués par éléments finis, avec une loi de comportement
élastoplastique présentant de l’écrouissage isotrope (Re=350 MPa, Rm=700 MPa) et une
taille d’éléments de 10 μm.

Les champs HRR ont été établis pour traiter les problèmes de plasticité étendue
en pointe de fissure pour lesquels il est possible de négliger la déformation élastique
devant la déformation plastique. Ce n’est pas le cas lorsque la déformation plastique
reste confinée, ce qui est le cas en fatigue.

Par exemple, sur la figure 9.4, les contraintes et les déformations calculées par
éléments finis dans la zone plastique sont tracées pour un comportement
élastoplastique parfait en traction simple en fonction du facteur d’intensité des
Approche locale de la fissuration par fatigue 103

contraintes nominal appliqué. Lors de la mise en charge de l’éprouvette, le rapport


entre deux termes des contraintes ou des déformations n’est pas constant.

Ainsi, la distribution des contraintes et des déformations, et pas seulement leur


intensité, dépend du chargement appliqué. Par exemple, tandis que la déformation
εyy augmente, εxx augmente aussi au début, conformément à la mécanique linéaire
élastique de la rupture. Puis, comme la déformation plastique s’effectue sans
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changement de volume, la déformation plastique dans la direction y s’accompagne


d’une contraction dans la direction x.

Ainsi le rapport entre εyy et εxx change t’il de signe lorsque la déformation
plastique augmente. Le même effet est observé pour les contraintes. Ces
changements de trajet, provenant de la compétition entre la compressibilité élastique
du milieu et l’incompressibilité de la déformation plastique, sont non négligeables
en fatigue parce que la déformation élastique n’est pas négligeable devant la
déformation plastique dans la majeure partie de la zone plastique à l’extrémité de la
fissure.

9.3. Plasticité cyclique en pointe de fissure

Une particularité de la fissuration par fatigue par rapport à la fissuration sous


chargement monotone est l’aspect cyclique du chargement. Ceci à deux conséquences
principales.

Premièrement, le matériau situé dans la zone plastique subit une déformation


plastique cyclique. Par conséquent, ce sont les caractéristiques du comportement
plastique cyclique du matériau qui importent plutôt que l’écrouissage observé en
traction monotone.

Deuxièmement, comme la plasticité se développant lors de la charge reste


confinée, il apparaît des contraintes résiduelles lors de la décharge. Ces contraintes
résiduelles sont à l’origine d’effets assez spectaculaires d’histoire du chargement.

9.3.1. Comportement élastoplastique cyclique du matériau

Des essais de traction-compression cyclique permettent de distinguer la composante


cinématique, de la composante effective de l’écrouissage. En effet, si l’on trace la
contrainte en fonction de la déformation plastique (figure 9.5) on constate qu’il
104 Fatigue des matériaux et des structures 2

existe des phases du chargement au cours desquelles la déformation plastique


n’évolue pas. Le matériau se comporte de manière élastique. Son domaine
d’élasticité peut être caractérisé par deux variables, la position de son centre dans
l’espace des contraintes (X) et sa dimension (2R).
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X = 98 MPa

Figure 9.5. a) Illustration, essai de traction-compression en déformation imposée ; b) boucles


d’hystérésis N°1 ; c) boucles N°1 (cercles pleins) et N°20 (cercles vides). Acier inoxydable
316L. Essai à température ambiante et à une vitesse de déformation imposée de 0.001s-1
Approche locale de la fissuration par fatigue 105

Lors du premier cycle, la limite d’élasticité initiale Re se trouve aux alentours de


170 MPa. Le sens de la déformation est inversé pour une déformation plastique
εp = 0.9 %. Lors de la décharge, le matériau reste d’abord dans son domaine
d’élasticité. Puis, pour une contrainte de-113 MPa : une déformation plastique en
retour se produit. Le domaine d’élasticité du matériau s’est donc fortement décalé
vers les contraintes positives, son centre X se situant vers +100 MPa pour εp= 0.9 %.
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Après une excursion en compression à εp = - 0.9 %, X se situe alors vers - 100 MPa.
Cet effet dit « effet Bauschinger » ou « écrouissage cinématique » est couramment
observé dans les matériaux métalliques.

D’autre part, ces essais permettent aussi de suivre l’évolution de la dimension du


domaine d’élasticité. Pour une deformation de εp= 0.9 %, la dimension 2R du
domaine d’élasticité vaut 420 MPa au premier cycle et 550 MPa après vingt cycles.
Ce phénomène est appelé écrouissage effectif ou isotrope du matériau. L’effet
inverse ou adoucissement peut aussi être observé.

Comme des déformations cycliques sont appliquées dans la zone plastique à


l’extrémité d’une fissure, il est important de tenir compte assez correctement des
caractéristiques de l’écrouissage du matériau pour prévoir la déformation plastique
cyclique à l’extrémité d’une fissure [LEM 85].

9.3.2. Contraintes résiduelles et effets d’histoire en fissuration

9.3.2.1. Contraintes résiduelles


Lors de la première ouverture d’une fissure, le matériau se déforme
plastiquement dans une région confinée à l’extrémité de la fissure tandis que le
massif de la pièce reste élastique. Ainsi, à la décharge, la majeure partie de la pièce
revient à déformation nulle et impose sa déformation à la région plastifiée en pointe
de fissure. Cette zone se trouve alors en compression. Ces contraintes résiduelles de
compression se superposent ensuite aux contraintes appliquées et sont ainsi à
l’origine d’effets d’histoire du chargement.

Naturellement le niveau de ces contraintes résiduelles dépend assez


significativement du comportement du matériau. Sur la figure 9.6 sont tracés deux
simulations d’essais de traction-compression pour deux lois de comportements
[CHA 77]. Les deux lois simulent rigoureusement le même résultat en traction
monotone, mais diffèrent fortement en cyclique. En effet, la première inclut un
écrouissage de type cinématique tandis que la seconde présente un écrouissage de
type isotrope.
106 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 9.6. Simulation d’essais de traction-compression avec deux lois matériau, l’une (loi 1)
présentant de l’écrouissage cinématique et l’autre (loi 2) de l’écrouissage isotrope. Les deux
lois se comportent de manière identique en traction uniaxiale monotone. Modèle de
Chaboche [CHA 77].

Ces deux lois ont été utilisées dans un calcul numérique par éléments finis de la
déformation plastique en pointe de fissure. Les calculs ont été effectués en déformation
plane. Pour ces calculs le facteur d’intensité des contraintes nominal maximum était
de 42 MPa.m1/2. Lors de la décharge une zone d’environ 400 μm se trouve soumise à
des contraintes résiduelles compressives. Sur la figure 9.7, l’évolution de la contrainte
σyy est tracée en fonction de la déformation εyy à 62 μm de l’extrémité de la fissure.
Cette figure appelle deux remarques. Premièrement, même à une faible distance de
l’extrémité de la fissure la déformation élastique n’est pas négligeable devant la
déformation plastique. Deuxièmement, le niveau de contrainte résiduelle atteint
après décharge de la pièce dépend fortement du comportement du matériau.

Les profils de contraintes résiduelles après décharge sont tracés sur la figure 9.8.
On constate que si le matériau présente de l’écrouissage de type cinématique (loi 1)
la zone plastifiée est plus étendue mais les contraintes résiduelles dans cette zone
sont plus faibles que pour un écrouissage isotrope (loi 2). Enfin, les contraintes
résiduelles sont nettement multiaxiales. Par exemple, dans toute la zone plastique, le
rapport entre σxx et σyy est proche de 1.

Les contraintes résiduelles dans la zone plastique en pointe de fissure sont donc
dépendantes du comportement du matériau et fortement multiaxiales.
Approche locale de la fissuration par fatigue 107
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Figure 9.7. Simulation numérique, en déformation plane, d’une traction uniaxiale à Kmax=42
MPa.m1/2 suivie d’une décharge complète par éléments finis avec les deux lois de comportement
matériau présentées sur la figure 9.6. Tracés de l’évolution de la contrainte σyy (normale au
plan de la fissure) en fonction de εyy sur le plan de la fissure à 62 μm de son extrémité, c’est-
à-dire à environ un septième de la dimension de la zone plastique.

Figure 9.8. Simulation numérique, en déformation plane, d’une traction uniaxiale à Kmax=42
MPa.m1/2 suivie d’une décharge complète par éléments finis avec les deux lois de comportement
matériau présentées sur la figure 9.6. Tracés des profils de contrainte résiduelle σyy et σxx
pour chacune de ces lois en fonction de la distance à son extrémité.
108 Fatigue des matériaux et des structures 2

9.3.2.2. Effet des contraintes résiduelles sur la propagation des fissures


Ces contraintes résiduelles ont plusieurs effets notables sur la propagation des fissures
de fatigue. On peut citer en particulier l’effet de retard après l’application d’une
surcharge ou l’effet du rapport de charge [ELB 71, FOR 67, SCH 73, WHE 72, WIL 71].

Sur la figure 9.9 est tracée par exemple l’évolution de la longueur de fissures de
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fatigue mesurée lors d’essais sur un acier ferrito-perlitique pour une sollicitation à
amplitude d’effort fixée, sans application de surcharge ou bien après l’application
d’une surcharge unique d’un facteur 1.5 ou d’un facteur 1.8 [HAM 07]. Après
l’application d’une surcharge, la vitesse de fissuration diminue significativement
tant que son extrémité se propage à travers la zone plastique de la surcharge (ici sur
environ 0.5 mm pour une surcharge d’un facteur 1.8). Puis la vitesse augmente
progressivement jusqu’à retrouver le niveau qu’elle aurait eu en l’absence de
surcharge. Dans le cas présent, la fissure doit se propager sur plus de 4 mm après
une surcharge d’un facteur 1.8 pour que l’effet de la surcharge ne soit plus sensible.

100 000 400 000

Figure 9.9. Résultats d’essais de fissuration sur un acier ferrito-perlitique à 0.48 %C.
Eprouvette de type CCT. Amplitude du chargement appliqué Δσ =100 MPa, rapport de
charge R = 0.05. Surcharge isolée de 150 MPa ou de 180 MPa. En trait pleins, simulation
avec le modèle LMT [HAM 07].

Cet effet de retard après une surcharge a été associé très tôt à la plasticité en
pointe de fissure. Les modèles de Wheeler [WHE 72] et Willenborg [WIL 71] lient
Approche locale de la fissuration par fatigue 109

directement la vitesse de fissuration par fatigue à la zone plastique laissée par la


surcharge.

Le modèle de Wheeler, par exemple, consiste à multiplier la vitesse de


propagation après l’application de la surcharge par une fonction retard φ . Ce retard
existe tant que la zone plastique de la fissure reste à l’intérieur de la zone plastique
résiduelle due à la surcharge :
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⎛ da ⎞ ⎛ da ⎞ [9.14]
⎜⎜ ⎟⎟ = φ ⎜⎜ ⎟⎟
⎝ d N ⎠retardé ⎝ d N ⎠non retardé

La fonction retard φ est définie comme suit, en fonction des dimensions


courantes de la fissure ai et de la zone plastique ZPi, et des dimensions de la fissure
asurch et de la zone plastique ZPsurch lors de l’application de la surcharge :

mW
⎛ ZP ⎞
φ = ⎜⎜ i
⎟⎟ [9.15]
⎝ surch
a + ZPsurch( − ai ⎠ )
Le modèle de Willenborg [WIL 71] est également lié à la dimension de la zone
plastique, estimée à l’aide de la méthode d’Irwin, mais applique l’effet retard sur le
facteur d’intensité des contraintes. Ces modèles lient plasticité et effet d’histoire en
fissuration mais n’expliquent cependant pas pourquoi la vitesse de fissuration reste
inférieure à celle observée en l’absence de surcharge bien après que la fissure soit
sortie de la zone plastique laissée par la surcharge.

A peu près à la même époque, Elber [ELB 71] a introduit le concept d’effet de
fermeture des fissures par plasticité. Le principe de cet effet de fermeture est le
suivant. Après l’application d’une surcharge, des contraintes résiduelles de compression
apparaissent dans la zone plastique de la surcharge. Lorsque la fissure se propage à
travers cette zone plastique, ces contraintes résiduelles maintiennent la fissure
fermée pendant une portion du cycle de fatigue. La sollicitation n’est alors efficace
qu’au-delà d’un facteur d’intensité des contraintes seuil Kouv. La vitesse de
propagation des fissures se calcule alors comme suit :

= C Δ K eff( Δ) K eff = K max − K ouv


da m
où [9.16]
dN
110 Fatigue des matériaux et des structures 2

9.3.2.3. Effet de fermeture des fissures


Avec cette approche, pour prévoir la vitesse de fissuration par fatigue, il reste à
déterminer le seuil Kouv d’ouverture de la fissure. Le seuil d’ouverture n’est qu’une
conséquence parmi d’autres du développement d’une zone plastique à l’extrémité de
la fissure.
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Cependant on peut mesurer les variations de ce seuil d’ouverture à l’aide de


moyens d’essais conventionnels tandis que la mesure de la dimension de la zone
plastique reste encore délicate.

On peut, par exemple, placer un capteur d’ouverture de part et d’autre des lèvres
de la fissure et relever la courbe effort-déplacement, puis calculer la rigidité de
l’éprouvette lorsque la fissure est complètement ouverte ou lorsqu’elle est
complètement fermée. L’écart entre le déplacement mesuré et le déplacement
calculé à l’aide de cette rigidité permet de définir un offset (figure 9.10a). Un critère
sur cet offset permet de définir le seuil d’ouverture et son évolution par exemple
après une surcharge. Des résultats d’essais reportés sur la figure 9.10b montrent
ainsi que le seuil d’ouverture se trouve aux alentours de 30 % de Kmax, juste avant la
surcharge, puis augmente fortement 5 000 cycles après la surcharge, avant de
redescendre 10 000 cycles après cette surcharge.

a) b)

Figure 9.10. a) Principe de calcul de l’offset de déplacement ; b) Résultats d’essais, acier


ferrito-perlitique à 0.3 %C, éprouvette CT, avant et après l’application d’une surcharge
Approche locale de la fissuration par fatigue 111

9.3.2.4. Calcul du seuil d’ouverture Kouv


De nombreux modèles ont alors été développés pour déterminer le seuil
d’ouverture de la fissure. Plusieurs stratégies peuvent être distinguées.

Une première famille de modèles a été développée de manière semi-empirique


(preffas, corpus, onera) [FLE 88, NEW 88, NEW 92]. Une ou plusieurs lois
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d’évolution sont définies pour Kouv en fonction de sa valeur courante et du niveau de


facteur d’intensité des contraintes appliqué. Les paramètres de ces lois sont ajustés
expérimentalement à l’aide d’essais de fissuration par fatigue sous chargement
simple ou variable. L’avantage de cette démarche est qu’elle s’adapte bien à
chaque matériau puisqu’on ajuste des coefficients sur des résultats expérimentaux.
L’inconvénient est le coût expérimental et la difficulté d’extrapolation à des cas non
explorés expérimentalement.

a)

b)

c)

Figure 9.11. a) Définition des termes ; b) Calcul de KI(σ) ; c) Calcul de KI(σY)


112 Fatigue des matériaux et des structures 2

Une seconde famille de modèles a été développée de manière semi-numérique,


[DEK 81, NEW 92] en s’appuyant sur le modèle de Dugdale [DUG 60]. Le modèle
de Dugdale [DUG 60] permet de calculer la taille de la zone plastique d’une fissure
dans un matériau parfaitement plastique avec une hypothèse de contraintes planes. Il
a été étendu au cas des déformations planes avec moins de succès. Ce modèle
considère une fissure de longueur fictive a + zp où a est la longueur physique de la
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fissure et zp la taille de sa zone plastique. Pour une fissure traversante dans un milieu
infini soumis à une contrainte σ à l’infini le facteur d’intensité des contraintes
appliqué se calcule comme suit :

K I σ( = ) σ π a + z p( ) [9.17]

Dans la zone plastique, règnent des contraintes de cohésion égales à la contrainte


d’écoulement σY. Le facteur d’intensité des contraintes correspondant se calcule
comme suit :

⎛ ⎛ ⎞⎞
) Y ⎜⎜1 − 2 arcsin⎜⎜ a ⎟⎟ ⎟⎟ π a + z p(
K I σY( = − σ ) [9.18]
⎝ π ⎝ a + z p ⎠⎠
2
π ⎛ K I σ( ⎞)
K I = K I σY( + K I) σ = 0( ⇒ z) p ≈ ⎜
*
⎟⎟ [9.19]
8⎜⎝ σY ⎠

Le facteur d’intensité résultant KI* est calculé par superposition (figure 9.11).
Comme la singularité disparaît à l’extrémité de la fissure, du fait de la plasticité, on
détermine la valeur de zp qui permet d’annuler KI* [9.19]. Pour une fissure
traversante dans un milieu infini, les calculs se mènent aisément et la dimension de
la zone plastique obtenue est très proche de celle d’Irwin. Ensuite, on calcule le
déplacement à une distance zp de l’extrémité de la fissure fictive, c’est-à-dire à
l’extrémité de la fissure réelle, en utilisant le champ de déplacement correspondant
au facteur d’intensité des contraintes appliqué [9.20] :

1 K I2
δ= [9.20]
E σY

Pour calculer maintenant le niveau de fermeture des fissures, on peut discrétiser


la zone plastique en bandelettes de longueur fixée (Strip Yield) qui s’allongent lors
de l’ouverture de la fissure [BUD 78, DEK 81, NEW 92] selon l’équation [9.21].
Chaque bandelette, traitée comme une « éprouvette » de traction uniaxiale se
Approche locale de la fissuration par fatigue 113

déforme élastiquement voire plastiquement lors de la décharge. Cette méthode


permet de calculer les contraintes résiduelles le long des lèvres de la fissure lorsque
celle-ci se propage et d’en déduire Kouv par superposition (figure 9.12) :

r
uy = δ [9.21]
zp
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a) b) c)

Figure 9.12. Méthode des Strip Yield ; a) Zone plastifiée devant l’extrémité de la fissure ;
b) Sillage plastique se formant lors de la propagation de la fissure ;
c) Idem mais après refermeture de la fissure

Cette méthode semi-numérique permet de calculer les effets d’histoire de


chargement pour des chargements variables assez complexes. Elle donne de bons
résultats en contraintes planes (tôles minces d’aluminium, par exemple). En
revanche, en déformation plane, la méthode est mal adaptée du fait de la forte
triaxialité des contraintes dans la zone plastique. Il a cependant été proposé par
Newman et al. de tenir compte de l’effet de la triaxialité à travers un facteur de
confinement α appliqué à la limite d’élasticité en traction des Strip Yield. En outre,
la méthode ne permet pas de tenir compte correctement des effets associés à
l’écrouissage du matériau dont on a vu l’importance sur la forme et la taille de la
zone plastique ainsi que sur le niveau des contraintes résiduelles qui y demeurent.

Finalement, la méthode la plus précise pour calculer les déformations plastiques


en pointe de fissure et le seuil d’ouverture des fissures pour un matériau présentant
un comportement un peu complexe est la méthode des éléments finis [McCL 96,
POM 00, POM 01]. Quelques règles doivent être respectées pour que les calculs
soient acceptables [McCL 1996]. La taille des éléments doit être d’au moins un
dixième de la dimension de la zone plastique cyclique, soit un quarantième de la
zone plastique monotone. Pour établir un sillage plastique stable, il faut propager la
fissure, élément par élément sur au moins 2 à 3 fois la dimension de la zone
plastique monotone. A chaque libération d’éléments, un nombre suffisant de cycles
doit être appliqué pour stabiliser la réponse élastoplastique en pointe de fissure.
114 Fatigue des matériaux et des structures 2

Ainsi, simuler numériquement l’effet d’une surcharge sur le seuil d’ouverture


requiert généralement la simulation de quelques centaines de cycles non-linéaires.
Ainsi, si la méthode des éléments finis est très efficace et validée expérimentalement,
elle reste néanmoins très lourde à mettre en œuvre.

9.4. Approche locale pour la fissuration par fatigue


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La simulation de la fissuration par fatigue avec effet d’histoire requiert donc une
bonne modélisation de la plasticité cyclique en pointe de fissure. La méthode des
éléments finis permet de prendre en compte des lois de comportement élaborées
pour le matériau et de tester des configurations très variées. Cependant, les calculs
par éléments finis restent encore lourds, aussi une démarche de changement
d’échelle a-t-elle été proposée.

9.4.1. Démarche

La démarche employée pour modéliser la propagation des fissures de fatigue en


mode I avec effet d’histoire est la suivante. L’approche locale (calculs très fins par
éléments finis) est employée pour calculer le détail des évolutions des contraintes et
des déformations dans la région en pointe de fissure en tenant compte du comportement
élastoplastique cyclique du matériau.

Puis une méthode de changement d’échelle est appliquée afin d’identifier un


modèle de comportement élastoplastique cyclique de cette région en pointe de
fissure à l’échelle globale. Une fois ce modèle identifié, il n’est plus nécessaire
d’effectuer des calculs par éléments finis, le modèle peut être employé tel quel pour
divers types de chargements.

Le principe du changement d’échelle est simple ; il est basé sur une


approximation de la cinématique à l’extrémité de la fissure. En mode I, le champ de
déplacement en pointe de fissure est supposé se décomposer en une partie élastique
et une partie plastique. Chacune de ces deux parties est supposée être le produit d’un
facteur d’intensité (fonction des conditions aux limites et de la géométrie de la
fissure) et d’un champ de référence (fonction uniquement des coordonnées de
l’espace). Cette seconde approximation permet d’effectuer un changement d’échelle
depuis l’échelle locale, à laquelle sont effectués les calculs fins par éléments finis,
vers l’échelle globale, à laquelle seules les évolutions des deux facteurs d’intensité
sont utiles.
Approche locale de la fissuration par fatigue 115

Si la zone plastique est bien confinée, le facteur d’intensité de la partie élastique


du champ de déplacement reste très proche du facteur d’intensité des contraintes
nominal de la MLER. A l’échelle globale, la plasticité cyclique dans la région en
pointe de fissure peut donc être suivie à travers les variations d’une unique variable
scalaire, le facteur d’intensité de la partie plastique du champ de déplacement, noté ρI.

Les évolutions de ρI calculées par éléments finis permettent d’identifier un


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modèle de comportement élastoplastique cyclique global pour la région en pointe de


fissure, c’est-à-dire un modèle qui permette de calculer dρI/dt en fonction du
chargement appliqué (dKI/dt).

Par ailleurs, on introduit une loi de fissuration qui lie la vitesse de création d’aire
fissurée par unité de longueur de front de fissure (da/dt) à la vitesse (dρI/dt) de
variation du facteur d’intensité de la partie plastique du champ de déplacement.

L’identification de ce modèle nécessite au moins deux essais, un essai de


comportement cyclique du matériau (pour le modèle élastoplastique) et un essai de
fissuration par fatigue à amplitude constante (pour la loi de fissuration).

L’intérêt de cette démarche est de combiner les avantages des approches locales
et globales, à savoir une description fine des effets liés au comportement du matériau,
une campagne d’essai réduite pour l’identification et des temps de calcul réduits lors
des simulations [HAM 07, POM 07].

9.4.2. Méthode de changement d’échelle

La démarche est fondée sur les hypothèses suivantes. Premièrement, on écrit un


modèle incrémental qui donne la vitesse instantanée de fissuration (da/dt). On peut
donc faire l’hypothèse que les déformations élastique et plastique dans la région en
pointe de fissure et l’extension de la fissure sont infinitésimales. Deuxièmement, on
suppose que la déformation plastique en pointe de fissure reste bien confinée. On
pourra donc se placer dans le cadre de la MLER, mais en enrichissant les champs en
pointe de fissure de manière à tenir compte des déformations plastiques cycliques.
Pour cela, on suppose que le champ de déplacement dans un référentiel attaché à
l’extrémité de la fissure peut s’approcher comme suit :

u x , t( ≈ k I ) t u x( ( + ) ρI) ( t ) u ( x )
e c
[9.22]

où kI est le facteur d’intensité de la partie élastique du champ de déplacement, où ue


est la solution du problème élastique pour un facteur d’intensité des contraintes
nominal égal à 1, où ρI est le facteur d’intensité de la partie plastique et où uc est un
116 Fatigue des matériaux et des structures 2

champ complémentaire. Ce champ peut être construit directement à partir des


résultats numériques en utilisant, par exemple, la transformation de Karhunen-
Loève. Mais nous avons pu montrer que le champ de déplacement associé à une
dislocation coin au niveau du plan de la fissure [9.23], [9.24] permettait une
approximation avec moins de 10 % d’erreur lorsque le matériau est isotrope.

)1 κ − 1( log r − 2) Cos 2θ[ ]


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u xc r, θ( = [9.23]
π κ + 1( )

u cy r, θ( = )1 κ + 1( θ − 2Cos) θ Sinθ[ [9.24] ]


π κ + 1( )
Le champ spatial élastique et le champ complémentaire plastique étant connus,
l’approximation [9.22] est effectuée par la méthode des moindres carrés pour chaque
incrément d’un calcul par éléments finis. On trouve que kI est très proche du facteur
d’intensité des contraintes nominal si la zone plastique en pointe de fissure est bien
confinée.

Par ailleurs, l’évolution du facteur d’intensité ρI de la partie plastique est


reportée sur la figure 9.13. Après chaque changement du sens de chargement, il
existe un domaine (noté C) à l’intérieur duquel ρI ne varie pas. Comme ρI est une
mesure de la plasticité à l’échelle globale, ce domaine peut être considéré comme un
domaine d’élasticité pour la région en pointe de fissure. On peut introduire deux
variables internes pour caractériser ce domaine d’élasticité. Par analogie avec la
plasticité des milieux continus, on prendra une variable Xc pour définir la position
du centre de ce domaine et une variable Rc pour définir sa taille.

Fermeture

Figure 9.13. Evolution du facteur d’intensité ρΙ de la partie plastique du champ


de déplacement au cours de la simulation de cycles de charge-décharge par éléments finis
Approche locale de la fissuration par fatigue 117

Par ailleurs, si l’on recharge la région en pointe de fissure au-delà du maximum


précédemment atteint (noté D sur la figure 9.13), la courbe présente un changement
de pente. En effet, au delà du point D, la zone plastique monotone de la fissure
s’accroît. On devra donc introduire deux domaines d’élasticité, l’un pour la zone
plastique cyclique et l’autre pour la zone plastique monotone. Le domaine
d’élasticité de la zone plastique monotone est lui aussi caractérisé par sa position Xm
(le point de fermeture) et par sa taille Rm.
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Les calculs par éléments finis, avec ou sans libération d’éléments, permettent
d’identifier des lois d’évolutions empiriques pour ces variables internes [9.25],
[POM 07] pour chaque matériau :

∂X c ∂X c ∂R c ∂R c ∂X m ∂X m ∂R m ∂R m [9.25]
, , , , , , ,
∂ρI ∂a ∂ρI ∂a ∂ρI ∂a ∂ρI ∂a

Sur la figure 9.14 sont tracées, par exemple, les évolutions de ρI calculées pour
les deux lois de comportement de la figure 9.6 et pour deux cycles de traction-
décharge. On voit nettement l’effet du comportement du matériau sur l’évolution de
ρI. Lorsque le matériau présente un écrouissage de type cinématique (loi 1), de la
plasticité cyclique se produit à chaque cycle, tandis que lorsque l’écrouissage est
isotrope, la bouche est fermée (loi 2).

Figure 9.14. Evolution du facteur d’intensité ρΙ de la partie plastique du champ de déplacement


au cours de la simulation de cycles de charge-décharge pour deux lois matériau, l’une
(loi 1) présentant de l’écrouissage cinématique et l’autre (loi 2) de l’écrouissage isotrope
(figure 9.6).
118 Fatigue des matériaux et des structures 2

A l’issue de la procédure de changement d’échelle discutée ci-dessus, on dispose


donc d’un modèle de comportement élastoplastique cyclique pour la région en
pointe de fissure à l’échelle globale. Pour en déduire un modèle de fissuration par
fatigue, on fait alors l’hypothèse que la vitesse de fissuration da/dt est fonction de
dρΙ /dt. Dans un premier temps, on peut simplement supposer que :

dρI
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da
= α [9.26]
dt dt

où α est une constante à identifier. Cette dernière hypothèse est cohérente avec un
ensemble d’observations antérieures, [CLI 67, LAI 67] qui ont montré que, dans le
régime de Paris, la vitesse de fissuration macroscopique est proportionnelle au pas
de strie, ce pas de strie étant lui-même proportionnel au niveau de déformation
plastique en pointe de fissure. Naturellement cette équation peut être modifiée, par
exemple pour tenir compte d’effets de corrosion qui dépendent également du temps
[RUI 06].

9.4.3. Application

Le modèle a été identifié [HAM 07] pour un acier à 0.48 % de carbone employé
pour la réalisation de roues de train. Le comportement du matériau des roues a été
identifié à l’aide d’essais de traction-compression cycliques sur éprouvettes
cylindriques. On lui a associé un comportement élastoplastique à trois écrouissages
cinématiques non-linéaires et un écrouissage isotrope non-linéaire. La procédure de
changement d’échelle décrite plus haut a alors permis d’identifier le modèle de
plasticité cyclique pour la région en pointe de fissure en s’appuyant sur des calculs
par éléments finis. Enfin, l’équation [9.26] permet de calculer la vitesse de fissuration
par fatigue.

Ce modèle a ensuite été employé pour simuler des essais de fatigue à amplitude
constante et à R = 0 (figure 9.15). Les résultats ont été tracés dans un diagramme de
Paris. On constate que la vitesse de fissuration simulée est une droite dans le
diagramme de Paris, en accord avec les résultats expérimentaux. L’exposant de la loi
de Paris, proche de 3, ne dépend pas de la valeur choisie pour α, mais du modèle de
plasticité cyclique identifié pour la région en pointe de fissure. Enfin, on ajuste le
coefficient α de manière à avoir le meilleur accord possible entre la simulation et un
résultat d’essai de fissuration à R = 0 (figure 9.15).
Approche locale de la fissuration par fatigue 119

a)
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b)

Figure 9.15. a) Essai de fissuration par fatigue à amplitude constante et à R=0 et simulation
pour diverses valeurs de α (voir l’équation [9.26]) ; b) Comparaison essais/simulations pour
des essais par blocs de 100 cycles contenant 1 % ou 10 % de surcharges d’un facteur 1.5. Les
simulations sont en traits pleins.

Une fois le modèle identifié, sur la base d’essais de traction-compression sur


éprouvettes cylindriques et d’un essai de fissuration à amplitude constante, on peut
alors simuler des chargements variables, a priori quelconques. Par exemple, des
essais par blocs ont été simulés et comparés aux résultats expérimentaux sur la
figure 9.15b. Dans ces essais 1 % ou 10 % de surcharges ont été appliquées, dont le
120 Fatigue des matériaux et des structures 2

niveau est 1.5 fois supérieur aux cycles de base. Les surcharges ont été appliquées
au début de blocs de 100 cycles de base. Simulations et expériences sont en bon
accord. D’autres validations ont également été effectuées (figure 9.9).

9.4.4. Extensions
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La méthode a pour avantage principal de permettre d’étudier facilement des


configurations variées, soit au niveau du comportement du matériau, soit au niveau
du type de chargement.

On s’est par exemple attaché à étudier l’effet de la contrainte T par cette méthode
et on a pu montrer que le comportement élastoplastique de la région en pointe de
fissure dépend significativement de cette contrainte T [HAM 05, THI 07]. Il est
alors possible d’inclure l’effet de la contrainte T dans le modèle et de simuler la
propagation des fissures dans des éprouvettes de type CT ou CTT pour lesquelles la
contrainte T est de signe opposé à même valeur de K. Une légère différence de
vitesse de fissuration (un facteur 1.25) est observée dans les essais et reproduite par
le modèle.

Par ailleurs, on peut également étudier, avec cette approche, l’effet de la


température sur la fissuration. Si l’on dispose d’essais de comportement cyclique du
matériau à diverses températures, il est possible d’identifier le modèle pour chacune
de ces températures et ensuite d’interpoler pour simuler des sollicitations anisothermes.
Enfin, la loi de fissuration peut être modifiée afin de tenir compte d’effet de fatigue-
corrosion [RUI 06].

Enfin, la méthode est particulièrement intéressante pour la fissuration en modes


mixtes. En effet, les essais de fissuration en modes mixtes sont encore peu
nombreux et plus encore ceux avec effets d’histoire (fissuration en mode I et
surcharge en mode II) ou avec effets de séquences (une séquence en mode I, suivie
d’une séquence de mode III). La méthode proposée ici peut être étendue assez
facilement aux modes mixtes, du moins en ce qui concerne la modélisation de la
plasticité en pointe de fissure [POM 06].

9.5. Conclusion

Dans les matériaux ductiles, une zone plastique se développe à l’extrémité de la


fissure. Si l’on sollicite cycliquement la pièce, on pourra distinguer la zone plastique
monotone de la zone plastique cyclique dans laquelle de la plasticité se produit à la
charge et à la décharge. La dimension et la forme de la zone plastique dépendent du
Approche locale de la fissuration par fatigue 121

facteur d’intensité des contraintes appliqué, de la limite d’élasticité du matériau, de


sa capacité d’écrouissage et de la contrainte T. Après décharge, des contraintes
résiduelles apparaissent dans la zone plastique, elles sont multiaxiales et dépendent
du comportement du matériau. Ces contraintes résiduelles ont un effet important sur
la propagation des fissures de fatigue et sont notamment à l’origine d’effets
d’histoire du chargement. Aussi est il important de modéliser la plasticité cyclique
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en pointe de fissure.

9.6. Bibliographie

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Chapitre 10
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Fatigue-corrosion

10.1. Introduction

Bien que l’expression « fatigue corrosion » ait été utilisée auparavant par Mc
Adam [MAC 26] en 1926, ce n’est qu’en 1971 que s’est tenue à Storrs, Connecticut,
USA, une conférence internationale [DEV 72] sur la fatigue corrosion pour passer
en revue et analyser ce problème complexe. Une vingtaine d’années plus tard, la
conférence de Kohler [GAN 90], Wisconsin, USA, fait de nouveau le point sur les
avancées en fatigue corrosion et propose de nouvelles directions de recherches.
Certaines des publications passent en revue les théories actuelles, et en soulignent
les faiblesses ou qualités en fonction du matériau considéré. Les comptes-rendus
expérimentaux s’articulent autour des deux grands mécanismes de la fatigue
corrosion, c’est-à-dire la fragilisation par l’hydrogène et la théorie de dissolution/
repassivation.

Ce chapitre sera fondé sur les publications de cette conférence et les avancées
des 10 dernières années. Nous examinerons et discuterons les connaissances
courantes des mécanismes d’amorçage et de propagation de fissure par fatigue
corrosion. Les théories seront présentées avec quelques détails mais une attention
particulière sera portée aux exemples qui illustrent la complexité de la synergie entre
fatigue et corrosion.

La tendance actuelle est à éviter une distinction arbitraire entre amorçage et


propagation des fissures, car il devient évident que les mêmes phénomènes interviennent

Chapitre rédigé par Régis PELLOUX et Jean-Marc GENKIN.


126 Fatigue des matériaux et des structures 2

dans les deux phases. Cependant, du fait de la limite de détectabilité, qui introduit de
facto une longueur de fissure arbitraire, il est agréable de continuer à utiliser
l’ancienne terminologie, en introduisant toutefois le concept de fissures courtes entre
amorçage et propagation.

10.2. Amorçage des fissures


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10.2.1. Environnement aqueux

L’étude de la fatigue-corrosion est motivée par la nécessité d’obtenir des


prédictions de durée de vie fiables. Comme il sera vu dans le prochain paragraphe, la
phase de propagation est déterministique et est décrite de façon satisfaisante par des
lois dites de Paris [PAR 61]. Bien que la phase d’amorçage ne soit pas aussi bien
modélisée, les observations expérimentales abondent et les causes des amorçages en
fatigue corrosion sont maintenant bien identifiées. L’amorçage de la fatigue en
milieu corrosif aqueux peut être classé en trois régimes distincts, celui de la
dissolution active, celui de la passivité électrochimique et enfin celui de la rupture
locale de passivité [DUQ 90, FOR 90].

Le cas de l’amorçage de la fatigue sous condition de passivité électrochimique a


été expliqué par des séquences de rupture/formation d’un film d’oxyde. Le film
d’oxyde est localement fracturé par l’application de contraintes de tension ou
l’émergence de bandes de glissement. Chaque fracture du film résulte en une
dissolution locale du métal donc formation d’une micro entaille. Lorsque cette
entaille atteint des dimensions suffisantes, des fissures de fatigue corrosion
s’amorcent.

Cet endommagement périodique est gouverné par les paramètres mécaniques,


telle la fréquence ou le taux de déformation cyclique, et la formation du film est
reliée à la vitesse de repassivation électrochimique. Il a été ainsi constaté que chaque
cycle de charge est accompagné par une augmentation transitoire du courant de
corrosion [DUQ 90, FOR 90], ce qui correspond justement à l’exposition de
nouvelles surfaces se couvrant d’un film d’oxyde protecteur. Le courant de
corrosion est déterminé par les réactions électrochimiques de la figure 10.14. Si le
courant correspond à l’ablation moyenne d’une couche de métal d’épaisseur
inférieure à une distance atomique, l’amorçage se produira de la même manière
qu’en atmosphère ambiante. Une densité de courant limite est ainsi définie, en
dessous de laquelle l’environnement ne joue plus de rôle. Uhlig [DUQ 69] a pu
vérifier que la limite de fatigue de l’acier 1015 dans une solution à 3 % NaCl
désaérée est la même qu’à l’air mais elle est considérablement plus basse dans une
solution à 3 % NaCl aérée. Dans le premier cas, la vitesse de corrosion est cent fois
Fatigue-corrosion 127

inférieure que dans le second cas. Ce modèle est à rapprocher de la théorie de


dissolution/repassivation pour la propagation des fissures de fatigue corrosion. Il
doit être remarqué que ce modèle ne distingue pas a priori entre amorçage et
propagation.

Il est intéressant de noter que l’amorçage de la fatigue corrosion dans un


matériau polarisé cathodiquement se rapproche du cas de la passivation en ce sens
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qu’un film d’oxyde est aussi formé. Les durées de vie sont augmentées aussi
longtemps que la fragilisation à l’hydrogène n’intervient pas. La figure 10.1 montre
l’effet de la polarisation cathodique sur la durée de vie totale. Le problème de la
fragilisation à l’hydrogène sera abordé en détail lors de l’étude de la propagation des
fissures.

Figure 10.1. Influence de l’application d’un potentiel cathodique sur la durée de vie
d’un acier 4140 (Rc 52) en présence d’une solution 3 % NaCl aérée (141 ksi, 25˚C).
R =-1, [LEE 72]

Sous condition de dissolution active, les bandes de glissement permanentes


(Permanent Slip Bands ou PSB’s) interagissent avec le milieu corrosif et l’on assiste
donc à un renforcement de l’irréversibilité du glissement [DUQ 90]. La distribution
des bandes de glissement est modifiée par la présence de l’environnement. Les
réactions électrochimiques sont exacerbées par la présence de dislocations mobiles
qui sont générées par les interactions entre les phénomènes de glissement et la
surface du matériau. En conséquence, les PSB’s sont anodiques par rapport au
matériau non déformé et se dissolvent de façon préférentielle, ce qui renforce
localement la plasticité, c’est-à-dire le glissement.
128 Fatigue des matériaux et des structures 2

La transition entre la passivation et dissolution active génère des formes de


corrosion variées. Il s’agit des piqûres de corrosion (figure 10.2, [GEN 96]), de la
corrosion sous contrainte (SCC : Stress Corrosion Cracking) ou de la corrosion
intergranulaire. Comme pour la fatigue à l’air, les fissures de fatigue-corrosion
s’amorcent alors sur ces défauts de surface. La réduction des durées de vie due aux
défauts de corrosion a souvent été attribuée à l’effet d’entaille introduit par ces
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défauts de surface. Malheureusement, cette explication n’est pas suffisante pour


déterminer entièrement la cinétique de l’amorçage [COO 70]. La complexité de la
synergie entre fatigue et corrosion est clairement illustrée par la diversité des modes
d’amorçage qui peuvent être générés sur le même matériau.

Figure 10.2. Surface de fracture de l’alliage d’aluminium 2091-T351, maintenu au potentiel


de -660 mV (Calomel) dans une solution de NaCl molaire, 25˚C, Contraintes : 100 MPa,
f=10Hz, R=0.05. La fatigue se propage de haut en bas. Deux piqûres de corrosion ont
amorcé des fissures semi-elliptiques qui ont interagi [GEN 96].

Le mode d’amorçage des fissures de fatigue corrosion est déterminé non


seulement par les propriétés mécaniques et chimiques du matériau mais aussi par les
paramètres du test de fatigue. Ainsi, il a été rapporté que pour un alliage Al-Zn-Mg
[MAG 87] (3.5 % NaCl), une augmentation de la vitesse de déformation imposée
changeait le mode d’amorçage de intergranulaire à transgranulaire. A faible vitesse
de déformation, des fissures de corrosion sous contrainte (intergranulaire) sont
créées tandis qu’à forte vitesse de déformation, l’amorçage se produit dans les
bandes de glissement (transgranulaire).

De même, T. Magnin [REB 90] a montré que l’on pouvait distinguer jusqu’à
trois modes d’amorçage de la fatigue corrosion (3.5 % NaCl) dans un alliage Al-Li-
Cu (8090). Au fur et à mesure que décroît la vitesse de déformation, on passe de la
Fatigue-corrosion 129

dissolution préférentielle des bandes de glissement à la piquration puis à la corrosion


sous contrainte. L’amorçage par piquration se subdivise lui-même en deux régimes :
une piquration modérée dégrade fortement la résistance du matériau à la fatigue,
alors qu’une piquration plus sévère est bénéfique car elle diminue l’acuité d’entaille
au fond de fissure, ce qui réduit le facteur d’intensité de contraintes. Ces deux
exemples doivent mettre en garde contre des conclusions trop rapides sur les modes
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d’amorçage.

Figure 10.3. Coupe d’une éprouvette de l’alliage 7075-T6 montrant un stade I


de fissuration provenant d’une augmentation de l’activité de glissement
à la surface due à l’environnement corrosif (X 500) [COO 70]

A titre d’illustration, il a été observé que la résistance à la fatigue de l’alliage


7075-T6 [LEE 72] est fortement réduite en solution saline. Une analyse fractographique
minutieuse montre une forte augmentation de la densité de fissures de stade I. On
distingue aussi quelques piqûres de corrosion qui ne sont pas associées à ces micro-
fissures. Une coupe métallographique est présentée à la figure 10.3. Il est conclu que
la cause principale de la réduction de durée de vie du 7075-T6, dans les conditions
expérimentales choisies, est l’attaque préférentielle des bandes de glissement et non
la piquration. Pour établir la cinétique de l’amorçage, il est nécessaire de clairement
en identifier la raison.

Les piqûres de corrosion ont reçu une attention particulière du fait de leur
importance dans les applications industrielles. Les premières tentatives de modélisation
considèrent les piqûres comme des fissures traversantes de même profondeur que la
piqûre originelle. Un facteur d’intensité de contraintes est ainsi associé à la piqûre. Il
traduit l’effet d’entaille. La transition entre piqûre et fissure est supposée se produire
130 Fatigue des matériaux et des structures 2

lorsque ce facteur d’intensité est égal au seuil de non-propagation en fatigue des


fissures longues. L’inconvénient du modèle est de supposer que la piqûre introduit
une singularité dans le champ des contraintes alors qu’elle ne joue qu’un rôle
d’entaille. Jusqu’à présent, cette approche n’a pas été modifiée. Les raffinements ont
porté sur la géométrie de la fissure équivalente : la fissure traversante a été
remplacée par une fissure semi-elliptique [NEW 86]. Le seuil de fatigue des fissures
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courtes est maintenant utilisé comme facteur d’intensité de contraintes critique.


Cependant, l’idée fondamentale du modèle n’a pas changé : il s’agit toujours d’une
transition entre fatigue et corrosion qui se produit à Δ K constant. Une avancée
significative a été faite par Kondo [KON 89] lorsqu’il a proposé de considérer la
corrosion par piqûre et la fatigue corrosion dans les aciers comme des processus en
compétition. Le plus rapide gouverne le mode de fracture : si la corrosion est plus
rapide, une piqûre est observée. Si la fatigue est plus rapide, l’amorçage prend place.
La loi de piquration est de la forme :

c = C p t1/3 [10.1]

où c est la profondeur de piqûre et t le temps. Modélisant la piqûre comme une


fissure semi-elliptique, il en calcule le facteur d’intensité de contraintes équivalent.
La loi de piquration (10.1) est ensuite traduite en termes de Δ K :

4
π ⎞ ⎛⎜1.12Δ σ ⎞⎟
2
dc 1 3 − 1⎛
= Cp f ⎜
⎜ Q ⎟⎟ ⎜ Δ K ⎟ [10.2]
dN 3 ⎝ ⎠ ⎝ eq ⎠

où Δσ est la contraintes, f la fréquence de test, Q un facteur géométrique et Δ K le


facteur d’intensité de contraintes. Sur le graphique de la figure 10.4, l’équation
[10.2] est une droite de pente - 4. L’intersection de cette droite avec la courbe de
propagation des fissures courtes définit le point d’amorçage. Le traitement complet
de l’amorçage à partir de la corrosion par piqûre se fera par l’introduction de
variables aléatoires pour tenir compte du caractère stochastique de la corrosion
[HAR 94].

La clé de la compréhension des phénomènes d’amorçage est l’étude approfondie


des différents modes de dégradation et de leur dépendance temporelle. Il est
nécessaire de comparer ces dommages sur une même échelle et c’est pourquoi
l’approche de Kondo permettrait d’améliorer la compréhension des phénomènes
d’amorçage.
Fatigue-corrosion 131
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Figure 10.4. Illustration de la compétition entre fatigue corrosion


et corrosion par piqûres

10.2.2. Environnement gazeux

Il est connu depuis longtemps que la présence d’un environnement gazeux réduit
fortement la durée de vie en fatigue par rapport à la fatigue dans le vide ou dans un
gaz inerte.

Selon certains chercheurs [THO 56], l’environnement gazeux ne ferait que


renforcer l’irréversibilité du glissement par l’intermédiaire d’atomes d’oxygène qui
seraient adsorbés sur les surfaces métalliques fraîchement exposées. Ce mécanisme
pourrait aussi empêcher les faces des fissures naissantes de se ressouder.

Une autre théorie [SHE 66] propose que la formation d’un film d’oxyde
empêche l’échappement des dislocations à la surface libre. Sous le chargement
cyclique, des lacunes et des vides voient le jour et donnent finalement naissance à
des fissures.

La vapeur d’eau est un contributeur majeur dans l’amorçage des fissures dans les
alliages d’aluminium. Le mécanisme est soit un renforcement de l’irréversibilité du
glissement, soit une fragilisation à l’hydrogène.

En conclusion, le mécanisme d’amorçage en milieu gazeux est loin d’être


parfaitement maîtrisé.
132 Fatigue des matériaux et des structures 2

10.3. Fissures courtes

Après formation d’un embryon de fissure, la phase de propagation débute. A ce


stade, il est important de distinguer entre fissures courtes et fissures longues. En
effet, la notion de fissure courte est rendue nécessaire car le principe de similitude,
implicite dans l’usage du facteur d’intensité de contraintes Δ K, ne s’applique pas
aux fissures de longueur inférieure à une valeur critique. Les fissures courtes se
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propagent pour des valeurs du facteur d’intensité de contraintes inférieures au seuil


de fatigue des fissures longues d’une part, et d’autre part leurs vitesses de
propagation sont plus rapides que pour des fissures longues de même Δ K. Il est
difficile de déterminer exactement la longueur critique, mais la notion de fissure
courte est applicable dès qu’un ou plus des critères suivants est applicable :
– la longueur de fissure est du même ordre de grandeur qu’une distance
caractéristique de la microstructure. L’hypothèse de milieu isotrope est mise en
défaut ; les fissures interagissent avec les joints de grain par exemple. Ce
phénomène est observé lorsque la zone plastique est du même ordre de grandeur que
la taille de grain ;
– une fissure est physiquement courte lorsque le sillage plastique dû à la
propagation de la fissure n’est pas assez développé et la fermeture plastique est non
existante. Ce phénomène est observé pour des longueurs de fissure typiquement
inférieures à un millimètre ;
– une fissure est mécaniquement courte lorsque la taille de la zone plastique est
importante par rapport à la taille de la fissure.

Cette notion de fissure courte s’applique à la fatigue à l’air comme à la fatigue


corrosion. Dans le dernier cas, l’effet de l’environnement et des phénomènes de
transport vient compliquer la description du système.

En effet, dans le cas général, l’environnement du fond de fissure est déterminé


par la diffusion, la convection, la migration des espèces chimiques et les réactions
électrochimiques aux interfaces métal/solution.

Dans le cas des fissures courtes, l’environnement n’est pas très différent entre
l’ouverture de la fissure sur l’extérieur et le fond de fissure où le processus de
fatigue corrosion se produit.

Ainsi, l’étape limitant le processus n’est pas la même dans le cas des fissures
longues (limitées par les phénomènes de transport par exemple) et les fissures
courtes (limitées par les phénomènes mécaniques ou les réactions électrochimiques).
Cet effet a été remarqué pour la première fois sur de l’acier 4130 par Gangloff
[GAN 85]. A l’atmosphère ambiante, les fissures courtes (0.1-0.8 mm) et longues
Fatigue-corrosion 133

(50 mm) se propagent en accord avec le facteur d’intensité de contraintes. Lorsque


les mêmes mesures sont reproduites en eau de mer synthétique, les fissures courtes
se propagent de deux à trois ordres de grandeur plus rapidement que les fissures
longues. Cet effet est moindre dans les aciers dont la dureté Rockwell est inférieure
à 30 Rc.

En pratique, la propagation des fissures courtes n’est pas aussi facilement


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prédictible que celle des fissures longues. En ce qui concerne l’aluminium 2024,
Piasick et Willard [PIA 94] ont montré qu’il n’y avait aucun effet de fissure courte
en ce qui concerne les vitesses de propagation. En particulier en eau de mer
synthétique, la similitude est conservée pour les fissures courtes de longueur
supérieure à 100 micromètres. Seul le seuil de fatigue disparaît. Il est suggéré que la
fermeture est le paramètre contrôlant la propagation des fissures courtes de longueur
supérieure à 100 micromètres. Pour des longueurs inférieures à 100 micromètres, les
fissures se propagent de manière intergranulaire contrairement aux fissures longues
qui suivent une voie transgranulaire. Il n’est donc pas étonnant que le principe de
similitude ne s’applique plus car il y a un net changement de mécanisme de
propagation.

10.4. Propagation des fissures longues

10.4.1. Observations expérimentales

Comme il a été brièvement exposé au sujet de l’amorçage, la présence d’un


environnement corrosif résulte toujours en une réduction de la durée de vie observée
dans un environnement inerte, vide ou gaz rare. L’augmentation des vitesses de
fissuration peut atteindre plusieurs ordres de grandeur.

10.4.1.1. Facteur d’intensité des contraintes


Le régime de propagation des fissures de fatigue pour des Δ K proches du seuil
de fatigue est mal connu. Il est supposé que l’environnement pourrait simultanément
diminuer le seuil de fatigue observé en atmosphère ambiante et augmenter les
vitesses de fissuration. Ce phénomène est en effet observé pour les aciers X65 C-Mn
[BAR 85, BOO 84]. Le comportement de l’acier au voisinage du seuil de fatigue est
le même en air humide ou solution saline. Les données expérimentales pour les
alliages d’aluminium sont rares dans le domaine du seuil de fatigue.

Les vitesses de fissuration augmentent fortement pour des Δ K juste supérieurs au


seuil de fissuration. L’exposant de la loi de Paris correspondante est élevé, indiquant
un contrôle du processus de fissuration par la rupture mécanique.
134 Fatigue des matériaux et des structures 2

Le troisième régime concerne les Δ K modérés. L’exposant de la courbe de Paris


y est plus faible. Il est supposé que le processus de fissuration est limité par un
mécanisme chimique peu influencé par une sollicitation mécanique plus élevée.

Finalement, les vitesses de fissuration en environnement corrosif deviennent


similaires à celles mesurées à l’air pour des Δ K proches de KC, le facteur d’intensité
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de contraintes provoquant la rupture finale de l’échantillon.


Vitesse de propagation

Facteur d’intensité de contrainte ( MPa m )

Figure 10.5. Courbes de fissuration à pentes multiples et leurs relations


avec les modes de fracture. D’après Piasick et Gangloff [PIA 90]

Les courbes da/dN-Δ K ne suivent pas en général une loi de Paris unique sur tout
le domaine de Δ K. Localement, une loi de Paris est applicable. Pour les alliages
d’aluminium, Piasick et Gangloff [GAN 23] ont montré que ces changements de
pente correspondaient à des changements dans le mode de fracture (voir figure 10.5).

10.4.1.2. Effet de la contrainte moyenne


La contrainte moyenne est mesurée par le rapport R : KMin/KMax. A faible vitesse
de fissuration, une augmentation de ce rapport résulte généralement en une
augmentation des vitesses de fissuration en environnement inerte comme en
environnement corrosif.
Fatigue-corrosion 135

Dans les conditions de la fatigue corrosion en milieu aqueux, ce phénomène est


expliqué par la fermeture [VOS 80]. Jusqu’à présent, l’effet du rapport R n’a pas été
bien dissocié de l’effet de la contrainte moyenne. Certains modèles de fragilisation
[WEI 69] par l’hydrogène décrivent un effet important de la contrainte moyenne
pour des Δ K supérieurs à KISCC. On ne peut donc pas dissocier pour l’instant entre
réduction du phénomène de fermeture et accélération de la fragilisation à l’hydrogène.
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10.4.1.3. Effet de la fréquence


De manière générale, l’effet de fréquence est fonction du facteur d’intensité de
contraintes appliqué. Dans la région du seuil de fatigue, deux comportements ont été
observés. Soit la vitesse de fissuration augmente avec la fréquence [DAW 26], soit
elle est constante [PIA 28, SPE 27].
da/dN (mm/cycle)

Type 1 Type 2 Type 3

Figure 10.6. Effet de la fréquence sur la propagation des fissures longues

Dans le domaine des Δ K modérés, les comportements sont multiples et sont


illustrés par la figure 10.6. Le comportement de type 1 est rarement observé. Celui
de type 2 est valable pour la plupart des aciers, titanes et alliages d’aluminium. A
titre d’illustration, la figure 10.7 montre le comportement d’un acier inoxydable
[PEL 71].

Le type 3 est caractéristique des matériaux qui possèdent un seuil bien défini de
corrosion sous tension. Au-dessus de ce seuil, la corrosion sous tension est active.
Ce phénomène étant fonction du temps, une diminution de la fréquence se traduit
immédiatement par une augmentation de la vitesse de fissuration par cycle. Cet effet
est illustré à la figure 10.8. Une diminution de fréquence peut aussi résulter en une
136 Fatigue des matériaux et des structures 2

diminution de la vitesse de fissuration en dessous du seuil de corrosion sous-tension.


Ce phénomène est expliqué par une passivation du fond de fissure. Une diminution
de la fréquence se traduit par une diminution de la vitesse de déformation en fond de
fissure. Le film d’oxyde protecteur est donc moins endommagé. Dans le domaine
des facteurs d’intensité de contraintes modérés, où le matériau approche du seuil de
corrosion sous-tension, une augmentation des vitesses de fissuration est observée
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lorsque l’on décroît la fréquence. Un effet de saturation est cependant noté à basse
fréquence.

1 in = 25,4 mm
)

Figure 10.7. Vitesses de fissuration en fatigue corrosion d’un acier 12Ni-5Cr-3Mo


pour diverses fréquences de sollicitation [PEL 71]

10.4.1.4. Effet d’environnement


Les variables caractérisant l’activité des espèces chimiques sont, pour les
environnements gazeux, pression et pureté, pour les électrolytes, le pH, la
composition, le potentiel d’électrode et le débit de la solution. La température est
Fatigue-corrosion 137

aussi un paramètre important pour les deux environnements car beaucoup de


mécanismes chimiques sont thermiquement activés.

(recuit)
cycle sinusoïdal
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1 in = 25.4 mm
Vitesse de fissuration, da/dN (inch par cycles)

Facteur d’intensité de contraintes (MPa m)

Figure 10.8. Effet de la fréquence de test sur les vitesses de fissuration


en fatigue corrosion [DAW 26]

En ce qui concerne les aciers en environnement gazeux, il a été montré que les
aciers type 4340 [JOH, NEL 89] sont susceptibles à la fatigue corrosion dans les gaz
donneurs d’hydrogène (hydrogène et vapeur d’eau). L’addition d’hydrocarbures
insaturés diminue la susceptibilité à la fatigue corrosion car leurs molécules sont des
accepteurs d’atomes d’hydrogène [GAN 90]. Les hydrocarbures saturés n’ont aucun
effet sur le processus. La présence d’impuretés telles que CO ou O2, diminue aussi
la susceptibilité à la fatigue corrosion [JOH, NEL 89]. Il est suggéré que ces atomes
138 Fatigue des matériaux et des structures 2

s’adsorbent préférentiellement sur les surfaces nouvellement créées et déplacent


ainsi les espèces donneuses d’hydrogène.

Pour les alliages d’aluminium, Wei [WEI 80] a montré que les vitesses de
fissuration étaient fonction d’un paramètre caractérisant l’exposition de la pointe de
fissure à l’environnement. Pour la vapeur d’eau, ce paramètre est le produit de la
pression partielle et de la fréquence de test. Bradshaw et Wheeler [BRA 69] ont
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montré que les effets de la fréquence et de la pression partielle de vapeur d’eau


étaient bien interchangeables en testant un alliage Al-Cu-Mg à deux niveaux de
fréquences, 1 et 100 Hz.

vide

Figure 10.9. Effet de l’exposition à l’environnement corrosif sur les vitesses


de fissuration en fatigue-corrosion. Le paramètre de caractérisation est le rapport
de la pression sur la fréquence de test [WEI 80]

Pour les aciers en environnement aqueux, l’application d’un potentiel cathodique


produit des effets mitigés. Si la polarisation cathodique n’est pas trop sévère, les
vitesses de fissuration sont semblables à celles obtenues à l’air. Si la polarisation est
plus importante, alors la durée de vie est réduite [LEE 72]. L’application d’un
potentiel cathodique est équivalente à réduire les ions H3O+ sur le métal, formant
ainsi des atomes d’hydrogène adsorbés qui diffusent dans le matériau et le
fragilisent. En ce qui concerne l’application d’un potentiel anodique, l’amorçage ne
se produit pas pour des densités de courant inférieures à une valeur critique
[DUQ 69]. Ce phénomène a été expliqué au moyen du modèle de rupture/repassivation
du film d’oxyde.
Fatigue-corrosion 139

Les alliages d’aluminium répondent d’une manière similaire. Les potentiels


anodiques dégradent la résistance de l’alliage à la fatigue corrosion. Les
polarisations cathodiques rétablissent les vitesses de fissuration au niveau observé en
atmosphère ambiante. Piasick [PIA 90] a même observé qu’une polarisation
cathodique pouvait stopper la propagation des fissures dans un alliage aluminium-
lithium. Même après réapplication d’un potentiel anodique, il a fallu attendre 76
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heures avant de réamorcer la fatigue. Il a été spéculé que la polarisation cathodique


avait créé un film d’hydroxyde protecteur qu’il fallait endommager pour exposer du
métal frais.

2.75
Longueur de fissure (mm)

2.00

0.50

0 100 000 200 000 300 000 400 000


Nombre de cycles

Figure 10.10. Effet d’une polarisation cathodique sur un alliage aluminium-lithium.


La fissuration est stoppée lors de l’application d’un potentiel cathodique. Il faut attendre
150 000 cycles sous polarisation anodique avant de réamorcer la fatigue corrosion
[GAN 88].

Le pH de la solution influence aussi fortement les vitesses de propagation des


fissures de fatigue corrosion. Ainsi, la figure 10.11 illustre l’effet d’un milieu acide
sur un alliage de titane. Encore une fois, l’effet de la fréquence de test est bien
visible. L’effet du pH est plus important pour des facteurs d’intensité de contraintes
supérieurs au seuil de corrosion sous-tension [DAW 74].
140 Fatigue des matériaux et des structures 2

Recuit

Cycle sinusoïdal

1 in = 25,4 mm
)
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Figure 10.11. Effet du pH de la solution NaCl (0.6M) sur les vitesses de fissuration
en fatigue-corrosion, pour des fréquences de 1 et 10 Hz.
Ti-6Al-6V-2Sn, laminé à chaud

10.4.1.5. Conclusions sur les observations expérimentales


Le facteur d’intensité de contraintes ne peut pas décrire, à lui seul, les
mécanismes dominant les processus mécaniques et chimiques du fond de fissure.
Les analyses et les données expérimentales prouvent que la relation entre da/dN et
Δ K dépend fortement de mécanismes tels que le contact prématuré des surfaces de
fissure, la fissuration multiple ou déviée et finalement de la composition chimique
de l’environnement du fond de fissure qui est fonction du temps et de la géométrie.
Les courbes de propagation sont généralement bien reproductibles quelles que soient
les conditions expérimentales.
Fatigue-corrosion 141

10.4.2. Modèles de fatigue corrosion

Les modèles chimico-mécaniques des mécanismes agissant au fond de fissure et


dans la zone d’endommagement constituent une nouvelle approche de la fatigue
corrosion. On espère ainsi prédire et extrapoler les effets des variables introduites
précédemment et ainsi modifier l’approche de la mécanique de la rupture dont le
principe de similitude fondé sur le seul Δ K a été mis en défaut.
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Ces modèles [GAN 90] prédisent avec succès l’effet de la fréquence de test, du
potentiel d’électrode, de la composition de l’environnement et de l’activité des gaz.
Cependant, ces modèles présentent toujours des incertitudes dues aux mécanismes
d’endommagement du fond de fissure et des mécanismes fondamentaux de la
fragilisation par l’hydrogène. Un modèle pour décrire une zone d’endommagement
en avant de la fissure n’existe pas encore en fatigue corrosion. L’effet de la limite
d’élasticité, du facteur d’intensité de contraintes et de la microstructure ne peut donc
pas être prédit.

10.4.2.1. Modèle de dissolution/repassivation


Ford et Hoar [FOR 78] ont suggéré que l’augmentation de la vitesse de
fissuration en fatigue-corrosion était entièrement due à la quantité de métal dissoute
en fond de fissure. Ce modèle suppose que le métal est dans le domaine de
passivation, c’est-à-dire que sa surface est recouverte d’un film protecteur. Dans le
domaine de passivité, le métal est thermodynamiquement instable. Sa stabilité
apparente n’est due qu’au film d’oxyde. La déformation imposée au fond de fissure
fracture le film d’oxyde. La surface exposée se corrode rapidement pendant que le
film se reforme.

Figure 10.12. Modèle de dissolution/repassivation du film d’oxyde

Chaque cycle de fatigue crée donc un incrément de fissure. Le scénario complet


est présenté à la figure 10.12. Les paramètres importants sont le taux de déformation
et la fréquence.
142 Fatigue des matériaux et des structures 2

10.4.2.2. Modèle de fragilisation par l’hydrogène


La fragilisation par l’hydrogène a longtemps été considérée comme l’un des
phénomènes responsables de la fatigue corrosion. En environnement gazeux, les
espèces chimiques qui peuvent se décomposer en donnant de l’hydrogène fragilisent
les matériaux. Par exemple, la vapeur d’eau dégrade la résistance des alliages
d’aluminium dans des conditions où un électrolyte ne peut pas être formé en fond de
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fissure, ce qui exclut la théorie de rupture/repassivation.

D’autre part, lorsqu’un matériau a été exposé à un environnement contenant de


l’hydrogène et est ensuite testé en environnement inerte, il montre une accélération
de la vitesse de fissuration. Ce phénomène disparaît si l’on applique un traitement
thermique destiné à dégazer le matériau. De plus, le comportement des aciers sous
potentiel cathodique (réduction de l’hydrogène), ne peut s’expliquer que par la
fragilisation par l’hydrogène.

La séquence de la fragilisation à l’hydrogène est expliquée à la figure 10.13.

Figure 10.13. Modèle de la fragilisation des métaux par l’hydrogène

L’hydrogène est absorbé dans le métal et y diffuse. Deux écoles sont présentes.
L’une est fondée sur la production d’hydrogène comme étape limitante. L’autre
Fatigue-corrosion 143

suppose que la diffusion de l’hydrogène est l’étape limitante. Dans ce cas, l’hydrogène
est supposé diffuser par l’intermédiaire des grains, joints de grains ou dislocations
générées au fond de fissure. Malheureusement, ces modèles ne possèdent pas de
critère d’endommagement qui permettrait de relier le facteur d’intensité de
contraintes à la production ou diffusion de l’hydrogène. En ce sens, ils ne peuvent
pas prédire la vitesse de fissuration.
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10.4.2.3. Couplage des modèles précédents aux équations de transport


Le paragraphe précédent a présenté les modes de fracture les plus probables. Il
s’agit maintenant de s’intéresser aux phénomènes de transport qui interviennent le
long de la fissure et qui sont susceptibles d’être l’étape limitante de la fracture.

A titre d’exemple, citons la diffusion de type Knudsen [DUS 62] en


environnement gazeux : lorsque la pression est basse, le transport des molécules de
gaz est contrôlé par les interactions entre les molécules et les surfaces de la fissure
plutôt que par les interactions intermoléculaires. Les pressions partielles en fond de
fissure sont donc atténuées.

Bien entendu, les équations présentées ici ne s’adressent qu’aux phases aqueuses.
Pour plus de détails, nous conseillons au lecteur le livre de J.S. Newman intitulé
Electrochemical Systems [NEW 91]. A la figure 10.14 est schématisée une fissure de
fatigue corrosion. Des réactions électrochimiques s’y produisent, notamment la
dissolution du métal. Des hydroxydes sont aussi formés. Ces ions vont se déplacer
sous un gradient de concentration et un gradient de potentiel j. L’ouverture et la
fermeture périodique de la fissure introduisent des phénomènes de convection qui
participent bien entendu au transport des espèces chimiques.

L’équation de transport est donnée par :

zjF
J j = − D j∇ C j − D j C j ∇ ϕ+ C j V [10.3]
RT

Le premier terme concerne la diffusion, le second l’électromigration (zj est la


charge de l’ion j) et le dernier est un terme de convection.

L’équation de conservation est :

∂C j
= div J + S j [10.4]
∂t
144 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 10.14. Fissure en environnement corrosif. Les réactions électrochimiques se


produisent sur les bords de fissure et surtout en fond de fissure. Les ions migrent sous l’effet
de la diffusion, de la migration (potentiel) et de la convection. La convection est due à
l’ouverture et fermeture de la fissure qui diminue le volume de liquide contenu dans la
fissure.

Enfin, l’électroneutralité est vérifiée en tout point :

∑ zi Ci = 0 [10.5]
i

De plus, les flux ioniques et le courant électrochimique sont reliés par la relation
suivante :

id = ∑ zi J i [10.6]
i

Ces équations s’appliquent en théorie aux solutions diluées, c’est-à-dire que l’on
ne tient pas compte des coefficients d’activité. Le couplage de ces équations avec un
mécanisme de fissuration est censé donner la vitesse de fissuration.

Pour les aciers qui obéissent à la loi de dissolution/repassivation, cette approche


est assez satisfaisante et est en voie d’application dans l’industrie. Pour les alliages
d’aluminium qui obéissent plus volontiers à la fragilisation par l’hydrogène, il est
impossible de trouver la vitesse de fissuration à partir de ces premiers principes.
Fatigue-corrosion 145

10.5. Conclusion

Ce chapitre a ainsi fait brièvement une revue de l’état de l’art en fatigue


corrosion. Les exemples concrets ont montré l’extrême complexité du phénomène.
Faute d’avoir mis au point un modèle global capable d’expliquer les comportements
en fatigue-corrosion à partir des principes fondamentaux, l’ingénieur matériaux doit
encore se résoudre aux programmes d’essais.
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Cependant, le cadre de recherche est désormais bien établi. Les données


expérimentales abondent. Les variables clés sont bien identifiées. Il s’agit
maintenant de mener des tests dans des conditions expérimentales contrôlées et
reproductibles. L’approche analytique qui se développe depuis plusieurs années
permet déjà d’expliquer les résultats expérimentaux en termes d’étape limitante,
qu’elle soit due aux phénomènes de transport, à la dissolution en fond de fissure ou à
la fragilisation par l’hydrogène. Il manque encore un critère d’endommagement qui
permette de relever les équations électrochimiques au facteur d’intensité de contraintes
et à la microstructure.

10.6. Bibliographie

[BAR 85] BARDAL E., Fatigue handbook, dans A.A Naess (dir.), Tapir, p. 291-312, 1985.
[BOO 84] BOOTH G.S., WYLDE J.G., IWASAKI T, « Corrosion fatigue crack propagation and
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[BRA 69] BRADSHAW F.J., WHEELER C., « Influence of gaseous environment and fatigue
frequency on the growth of fatigue cracks in some aluminium alloys », Int. J. fract. mech.,
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[DEV 72] DEVEREUX O.F., « Corrosion fatigue of steels », Corrosion fatigue, dans A.J.
McEvily (dir.), Nace, p. 519-520, 1972.
[DUQ 69] DUQUETTE D.J., UHLIG H.H., « Critical reaction rate for corrosion fatigue of 0.18%
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[FOR 78] FORD F.P., HOAR, « Metal science », Proceedings of Conference on Mechanisms of
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[FOR 90] FORD F.P., « The Crack tip system and its relevance to the prediction of cracking in
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Chapitre 11
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Effet de l’environnement

11.1. Introduction

La résistance à la fatigue des matériaux métalliques de structure peut être


profondément altérée par le milieu environnant liquide ou gazeux. La terminologie
de Fatigue-Corrosion est communément utilisée pour caractériser l’action combinée
d’une sollicitation mécanique cyclique et d’un environnement actif, l’acceptation la
plus courante de ce terme se rapportant à la fatigue en milieu liquide aqueux.
Toutefois, le présent document est quant à lui entièrement dédié à la Fatigue-
Corrosion sous atmosphère gazeuse ce qui inclut tout particulièrement l’air
atmosphérique. Il est en effet fondamental de savoir que l’air ambiant est un média
très actif qui, d’une façon générale, tend à réduire la résistance en fatigue des
métaux, alliages métalliques et composés intermétalliques.

Cet effet néfaste est illustré dans la figure 11.1 où sont comparées les durées de
vie en fatigue d’un alliage Al-4 % Cu alloy sollicité sous contrainte cyclique
alternée à l’air ambiant et sous vide poussé (<10-4 Pa), ce dernier environnement
étant considéré comme une référence sans effet du milieu environnant. A l’air
ambiant le nombre de cycles à la rupture s’avère beaucoup plus faible que sous vide
[BOU 76]. La figure 11.2 montre dans un diagramme bi logarithmique la vitesse de
propagation d’une fissure par fatigue, da/dN, (a étant la longueur de la fissure et N le
nombre de cycles), en fonction de l’amplitude cyclique du facteur d’intensité de
contrainte, Δ K, lors de la fissuration sous sollicitation alternée d’un acier inoxydable
type 304.

Chapitre rédigé par Jean PETIT et Christine SARRAZIN-BAUDOUX.


150 Fatigue des matériaux et des structures 2

170

150 Air
Vide
Contrainte (MPa)

130

110

90
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70

50
104 105 106 107
NNf (cycles)
f
(cycles)

Figure 11.1. Courbe de Whöler à l’air et sous vide


pour un alliage Al-4 % Cu [FOU 71]

La fissuration à l’air s’avère bien plus rapide que sous vide, et le seuil de
propagation sous air plus faible que sous vide. Ces deux exemples illustrent
typiquement l’effet de l’environnement atmosphérique observé sur la plupart des
matériaux métalliques.

Figure 11.2. Vitesse de propagation d’une fissure de fatigue


dans un acier inoxydable type 304 à l’air et sous vide [McE 92]
Effet de l’environnement 151

L’objectif de ce document est de détailler ces effets d’environnement gazeux sur


le comportement en fatigue des métaux et alliages métalliques, en soulignant les
interactions complexes qui existent entre différents facteurs intrinsèques et
extrinsèques.

11.2. Effet de l’environnement sur la durée de vie en fatigue


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11.2.1. Travaux initiaux

Historiquement, les premiers travaux sur divers métaux et alliages (cuivre,


magnésium, plomb, laitons) montrant une tenue en fatigue à l’air inférieure à celle
sous un vide assez grossier (1,3x10-1 Pa) ont été réalisés par Gough et Sopwith dès
1932 [GOU 32] (figure 11.3). Wadsworth et Hutchings [WAD 58] et Broom et
Nicholson [BRO 60] ont, bien plus tard, réalisé des essais sous différentes
atmosphères sèches ou humides comparativement au vide. Ils ont attribué la
réduction de la durée de vie de l’Aluminium sous air à la présence de vapeur d’eau
en notant l’absence d’effet de l’oxygène sec. Ce même effet a, en revanche,
essentiellement été attribué à l’oxygène dans le cas du cuivre.

Figure 11.3. Courbe de Whöler du laiton sous atmosphères gazeuses [GOU 32]

Suite à ces travaux initiaux, de nombreuses recherches ont démontré et analysé le


rôle néfaste d’atmosphères réputées non corrosives comme l’air atmosphérique sur
pratiquement tous les métaux et alliages usuels. Les références qui suivent, sans être
exhaustives, jalonnent la progression des connaissances dans ce domaine :
152 Fatigue des matériaux et des structures 2

– fer et aciers : [GRI 73, SCH 68, WAD 61] ;


– aluminium et alliages : [BEN 64, BOU 75, BRA 66, BRO 60, ENG 68,
HOR 66, HOR 68, JAC 67, SCH 68, SHE 66, WAD 58] ;
– base nickel : [DUQ 71, DUQ 72, LAI 63, WAN 84] ;
– argent : [SMI 71] ;
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– magnésium et alliages : [SCH 68, SUM 68] ;


– alliages de titane : [MEN 96, MEN 99, SCH 68] ;
– or : [GRO 66, WAD 58].

La durée de vie en fatigue peut être décomposée en durée de vie nécessaire à


l’amorçage et en durée de vie en propagation. D’une façon générale, il a très tôt été
montré que la période d’amorçage (dont la définition n’est pas la même pour tous les
auteurs), est beaucoup plus longue sous vide qu’à l’air [BRO 60, GRI 73, WAD 58].

11.2.2. Mécanismes

Pour expliquer l’effet de l’air atmosphérique sur la tenue en fatigue des métaux
et alliages, Thompson et al. [THO 56] furent les premiers à évoquer les mécanismes
d’adsorption chimique pouvant se produire sur une surface fraîchement créée,
induisant une fragilisation du métal par l’oxygène (figure 11.4a).

D’autres auteurs suspectant le rôle de la vapeur d’eau évoquèrent une


fragilisation par l’hydrogène produit par la dissociation de l’eau adsorbée [BRO 60],
[BEN 64]. Shen et al., [SHE 66] (figure 11.4b) avancèrent l’idée que la présence
d’un film d’oxyde favorise l’irréversibilité des glissements et l’accumulation des
dislocations près de la surface promouvant ainsi la formation de microfissures.

Suite à une première hypothèse tentant d’expliquer les durées de vie plus longues
sous vide par un mécanisme de recollement, [THO 56, WAD 58], de nombreux
auteurs raisonnent en comparant le vide à l’air (ce qui présuppose que le comportement à
l’air serait une référence et non l’inverse) ; cependant l’existence de ce type de
mécanisme a été clairement infirmée de longue date [LAI 63, MAR 68].

Des études fines ont, par la suite, été conduites sur monocristaux [GRO 66], et
sur du cuivre, [HUN 88, WAN 84] montrant un développement très comparable des
bandes persistantes de glissement à l’air et sous vide (figure 11.5).
Effet de l’environnement 153
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a)

b)

Figure 11.4. Modèles d’amorçage ; a) par interaction entre oxygène


et bandes de glissement, [LAI 71, THO 56] ; b) par formation de cavités
sous la couche d’oxyde [LAI 71, SHE 66]
154 Fatigue des matériaux et des structures 2
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a) b)

Figure 11.5. Bandes persistantes de glissement dans un monocristal de cuivre


sollicité en fatigue à l’air ; a) et sous vide ; b) [WAN 84]

L’effet de l’environnement se traduit par une apparition bien plus précoce de


fissures en présence d’air. Sous vide, le processus de développement des bandes
persistantes de glissement peut se poursuivre beaucoup plus longtemps et conduire à
un durcissement secondaire important comme cela a été montré sur un acier
inoxydable. Ce comportement permet d’expliquer une prédominance de l’amorçage
au niveau des joints de grain sous vide [MEN 88].

Figure 11.6. Détermination par EBSD de l’orientation des grains au voisinage des bandes
persistantes de glissement dans un acier inoxydable. Définition des angles ; Φ : normale plan
de glissement/axe de chargement ; λ : normale plan de glissement/normale surface ; α :
direction glissement/axe de chargement ; β : direction glissement/normale surface [VIL 06].
Effet de l’environnement 155

La technique EBSD (Electron Back Scattering Diffraction) permet de mieux


identifier les différences d’endommagement entre air et vide. Elle fournit des
informations précises sur l’orientation des grains et des lignes de glissement en
surface. L’exemple d’un acier inoxydable type 316 est donné dans la figure 11.6.
L’endommagement par fatigue à l’air est ainsi montré associé à une déformation
localisée dans les bandes de glissement, tandis que, sous vide, une déformation plus
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homogène favorise un amorçage intergranulaire.

11.2.3. Influence de la pression atmosphérique et de la fréquence

K.U. Snowden [SNO 64] montra le premier sur le plomb (figure 11.7) une
évolution dite en S des courbes de durées de vie en fonction de la pression d’air
selon l’amplitude de sollicitation. Il a défini un seuil de pression critique d’air Pcr au
niveau du point d’inflexion des courbes qui correspond au maximum de sensibilité
aux variations de pression. Des évolutions analogues ont ensuite été observées sur
divers matériaux [HUD 76], précisant que l’effet de la fréquence observé à l’air
[ACH 68, HOR 66, SHE 66], n’existe pas sous vide [COF 72, DUQ 78] et que la
divergence des courbes exprimant le nombre de cycles en fonction du niveau de
contrainte entre air et vide est moins prononcée pour les fortes contraintes et les
faibles durées de vie.

Il ressort de l’ensemble de ces résultats que pour une fréquence donnée, lorsque
la pression du gaz environnant P>>Pcr l’effet de l’environnement est maximum et
insensible aux variations de pression, tandis que lorsque P<<Pcr l’effet de
l’environnement est inexistant comme sous vide. Les variations de pression sont en
revanche très sensibles dans un intervalle de pression d’un ordre de grandeur de part
et d’autre de Pcr. A pression constante, on peut de la même façon définir une
fréquence critique, l’effet de l’environnement devenant négligeable à très haute
fréquence et saturant à très basse fréquence.

Les influences de la pression et de la fréquence sont donc dépendantes. Pour en


rendre compte il est nécessaire de se référer à la fois au temps d’exposition t = 1/2f
(f = fréquence) du matériau au gaz environnant et à la pression P de ce même gaz, ce
qui peut se traduire à l’aide du paramètre d’exposition X = P/2f.

Les seuils de pression critiques sont alors interprétés en termes de théorie


cinétique des gaz, en comparant le nombre de molécules nécessaires pour recouvrir
uniformément les nouvelles surfaces créées au cours d’un demi-cycle, soit 2ns × f où
ns est le nombre de sites par unité de surface et f est la fréquence, à celui des
molécules gazeuses qui heurtent le matériau par unité de surface et de temps, soit :
156 Fatigue des matériaux et des structures 2

N .P
ni = [11.1]
2π MRT

(N nombre d’Avogadro, M masse moléculaire, R constante des gaz parfaits, T


température). Le domaine de sensibilité maximum du matériau aux variations
d’exposition est ainsi défini autour d’une exposition critique, Xcr, qui est une
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caractéristique propre à chaque matériau à une température donnée.

10-4 10-2

Figure 11.7. Durée de vie du plomb en fonction de la pression d’air [SNO 64]

11.2.4. Effets conjugués de la microstructure et de l’environnement

Les effets d’environnement et de microstructures peuvent se conjuguer. Ainsi,


par exemple, les courbes de Wöhler obtenues à l’air et sous vide sur un alliage
d’aluminium-cuivre AU4 sollicité en flexion, respectivement à l’état sous vieilli
(zones de Guinier-Preston) et à l’état de dureté maximum (précipités θ”) [BOU 75],
montrent que l’état sous-vieilli sous vide conduit à la durée de vie la plus longue et
l’état θ” à l’air à la durée de vie la plus courte, l’air réduisant la durée de vie dans les
deux microstructures (figure 11.8).

Il est cependant difficile de donner des règles générales en la matière compte


tenu de la complexité des phénomènes pouvant intervenir. Ces effets doivent donc
être étudiés cas par cas.
Effet de l’environnement 157
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Figure 11.8. Influence de l’atmosphère gazeuse sur la résistance en fatigue


d’un alliage Al-4 %Cu pour deux états microstructuraux : sous-revenu (zones GP),
sur-revenu (précipités θ’’) [BOU 76]

11.2.5. Effets conjugués de la température et de l’environnement

Des effets conjugués de température et d’environnement peuvent conduire à des


comportements surprenants au premier abord. Par exemple, un acier 316L sollicité
sous une déformation plastique cyclique Δεp de l’ordre de 10-3 [MEN 96], présente
sous vide une durée de vie comparable à l’ambiante et à 600 °C (figure 11.9). Mais
une durée de vie maximum 3 fois plus longue est observée à 300 °C. Ce
comportement singulier a été attribué à un durcissement « secondaire », associé à
une morphologie des dislocations dite en « côtes de velours », constituée de bandes
très fines de petites boucles [GER 86]. A l’air, la durée de vie toujours inférieure à
celle sous vide diminue continûment avec la température sans effet particulier à
300 °C, le durcissement secondaire n’apparaissant pas car il ne se produit que pour
des très longues durées de vie qui ne sont atteintes que sous vide.

Cet exemple illustre bien les interactions complexes existant entre microstructure,
environnement atmosphérique et température. Il est donc nécessaire d’avoir une
connaissance précise des différents mécanismes et effets mis en jeu avant toute
modélisation réaliste qui ne devra pas faire l’impasse sur les effets d’environnement,
notamment ceux induits par l’air atmosphérique. On peut aussi dire qu’une
modélisation qui ne prend pas en compte les effets d’environnement ne peut être
validée qu’à partir d’essais conduits en milieu inerte tel que le vide.
158 Fatigue des matériaux et des structures 2

5
2 ,5 0 10
316L
-3
Δ ε /2 = 2 x 1 0 a ir
5 p
2 ,0 0 10 vide
v a cu u m
à rupture
failure

5
1 ,5 0 10
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Cycles to
Nombre de cycles

5
1 ,0 0 10

4
5 ,0 0 10

0
0 ,0 0 10
0 100 200 30 0 40 0 500 600 700

T em p er a tu r e (°C )

Figure 11.9. Influence de la température sur la durée de vie en fatigue oligocyclique


d’un acier inoxydable 316L testé à 1 Hz sous air et sous vide
entre l’ambiante et 600 °C [ALA 97]

11.2.6. Effet de l’environnement en fatigue gigacyclique

Le domaine de la fatigue à très grand nombre de cycles connaît un intérêt


croissant avec la recherche d’une prévision de plus en plus précise des durées de vie
initiale et résiduelle dans la perspective de l’extension de la durée de vie des
structures industrielles. C’est en particulier le cas des pièces tournantes (moteurs,
turbines, roues, etc.) ou bien encore celles des soumises à des vibrations sonores
(décollage d’une fusée, etc.). Il a en particulier été montré que la limite de fatigue
conventionnellement déterminée dans le domaine du million de cycles, n’était plus
valable dans le domaine gigacyclique (109 cycles et plus).

Les courbes de Whöler (contrainte en fonction de la durée de vie) s’avèrent


présenter dans de nombreux métaux et alliages une décroissance de la limite de
fatigue pour les durées de vie au-delà de 107 cycles. Nakajima et al. [NAK 01] ont
proposé des courbes de Whöler dédoublées reliées par un plateau (figure 11.10)
tandis que Murakami [MUR 01] et Bathias [BAT 01] proposent deux droites
inclinées séparées par un plateau sans limite de fatigue explicite. Dans les aciers à
très haute résistance (type acier à roulement), les très longues durées de vie sont
typiquement associées à un amorçage interne et le développement d’une fissure en
Effet de l’environnement 159

œil de poisson [MUR 01]. Les raisons de ce comportement dans les très grandes
durées de vie restent à préciser.

Δσ / 2
2
Limite de fatigue
conventionnelle
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106

N
N
b)
Figure 11.10. Courbe schématique selon Murakami [MUR 01]
et Bathias [BAT 01]

L’environnement atmosphérique joue également un rôle actif sur la durée de vie


en fatigue gigacyclique. Ainsi, Nakajima et al. [NAK 01] ont montré une très nette
influence de l’humidité ambiante sur l’endurance d’un acier au chrome à très haute
résistance (figure 11.11). Les durées de vie sous air sec (5 % d’humidité résiduelle
HR) sont beaucoup plus longues que sous air humide (85 % HR) et le niveau de
contrainte du plateau de transition d’un amorçage superficiel vers un amorçage
interne diminue nettement avec l’augmentation de l’humidité.

Un résultat comparable a été obtenu sur un alliage de titane à 300 °C testé


comparativement à l’air et sous vide. Sous environnement inerte, le plateau de
transition n’existe plus, mais le changement de mode d’amorçage existe toujours. En
conséquence, l’effet de l’environnement sur les fissures amorcées en surface
expliquerait l’existence du plateau, mais la transition d’amorçage surface/cœur
resterait essentiellement liée au niveau de contrainte et à la microstructure.

11.3. Influence de l’environnement sur les vitesses de fissuration en fatigue

11.3.1. Travaux initiaux

L’action spécifique de l’environnement sur les vitesses de propagation des


fissures de fatigue a été mise en évidence en premier par Dahlberg [DAH 65], sur un
acier à haute résistance du type 4340 en montrant une augmentation de la vitesse
d’un facteur 10 sous air humide par rapport à l’air sec.
160 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 11.11. Influence de l’humidité relative (5, 45, 55, et 85 %) sur l’endurance
d’un acier au chrome à très haute résistance : symboles ouvert pour amorçage en surface
et fermés pour amorçage interne [N0K 01]

Les premiers travaux approfondis visant à établir l’influence de la pression de


l’air et les contributions respectives des différents constituants de l’air ont été
réalisés sur des alliages d’Aluminium [BRA 66, HAR 65, ISH 69].

Les résultats de Bradshaw and Wheeler [BRA 66] relatifs à un alliage 5070
(figure 11.12) furent les premiers à montrer l’existence d’un intervalle restreint de
pression partielle de vapeur d’eau dans lequel la vitesse de propagation d’une fissure
de fatigue, pour une amplitude du facteur d’intensité de contrainte Δ K donnée, est
fortement influencée par les variations de cette même pression partielle. Comme
pour les durées de vie en fatigue, la vitesse de fissuration est insensible aux
variations de la pression lorsque cette dernière est beaucoup plus grande ou
beaucoup plus petite que les valeurs correspondant à cet intervalle. Dans la
figure 11.12, l’influence de la longueur de fissure correspond en fait à une influence
du facteur d’intensité de contrainte, les essais étant conduits sous chargement
cyclique d’amplitude constante.

La première étude comparative de la propagation des fissures par fatigue à l’air


et sous vide ayant permis d’établir des lois exprimant la vitesse par cycle da/dN en
fonction de l’amplitude du facteur d’intensité de contrainte Δ K a été réalisée par
Meyn [MEY 68]. Cette courbe historique est présentée dans la figure 11.13.
Effet de l’environnement 163

– l’effet de l’environnement dépend de la géométrie des fissures, notamment de


leur profondeur.

Pour analyser l’effet de l’environnement sur la propagation des fissures de


fatigue, il s’avère nécessaire de procéder selon trois étapes :
– découpler les effets externes à l’aide d’essais adaptés :
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- enceinte atmosphérique permettant d’opérer sous vide et sous environnements


gazeux contrôlés avec analyseur de gaz et hygromètre de haute précision,
- contrôle de la température (haute et basse),
- contrôle rigoureux de l’humidité résiduelle : gaz à pureté contrôlée, point
de rosée imposé par refroidissement, etc. ;
– identifier les mécanismes intrinsèques :
- comportement de référence sous vide avec correction de fermeture,
- influence spécifique de la microstructure,
- influence du niveau de contrainte et du mode de chargement, etc. ;
– identifier et modéliser les effets de l’environnement :
- mécanismes d’assistance de l’environnement à la fissuration,
- effets couplés : fermeture, microstructure, température,
- modélisation phénoménologique et mécanique.

11.3.2. Propagation de fissures de fatigue sous vide (environnement inerte de référence)

Afin de comprendre les effets des différents facteurs, qui peuvent être de nature
intrinsèque (composition chimique, pureté, microstructure) ou de nature extrinsèque
(environnement, température, géométrie des fissures et effets induits dont la
fermeture, condition de chargement dont le rapport de charge), des essais de
référence sous vide poussé sont nécessaires pour servir de référence et pour
découpler les effets qui interagissent entre eux. La confrontation des résultats
obtenus sur divers matériaux, après élimination des effets de fermeture, liés
essentiellement à la ductilité propre du matériau, à la rugosité et au rapport de charge
R, a montré que le comportement « intrinsèque » exprimé en fonction de Δ Keff
pouvait être décrit selon les trois régimes intrinsèques fondamentaux [PET 00a,
PET 03, PET 92] décrits ci-dessous.

11.3.2.1. Stade I intrinsèque


C’est un régime de fissuration rapide, opérationnel dans les matériaux favorisant
une localisation de la déformation d’origine microstructurale (précipitations cisaillables)
ou mécanique (plan de cisaillement maximum orienté favorablement pour la propagation
164 Fatigue des matériaux et des structures 2

initiale des fissures courtes). La propagation s’effectue alors généralement en mode


mixte I + II (voir figure 11.14).

11.3.2.2. Stade II intrinsèque


Ce régime intermédiaire en termes de vitesse de fissuration, est le plus
fréquemment observé sur tous les métaux et alliages (voir figure 11.15). Il
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prédomine notamment dans le domaine conventionnellement dit de Paris (vitesses


moyennes). Au moins deux systèmes de glissement interviennent alternativement en
pointe de fissure [PEL 69].

Le régime de propagation en stade II vérifie une loi exprimant da/dN en fonction


de Δ Keff dérivée par Petit et al. [PET 91, PET 94], à partir des modèles initiaux de
Weertman [WEE 73], de Rice, [RIC 65] et de Mc Clintok, [MC 63]. Elle est de la
forme suivante :

da/dN=A/D*[Δ Keff/E]4 [11.2]

où A est un coefficient numérique, E le module de Young, D* le déplacement


critique cumulé en pointe de fissure provoquant un incrément de fissuration qui est
supposé proportionnel à U l’énergie spécifique de création de surface.

Figure 11.14. Stade I intrinsèque sous vide dans un monocrystal d’alliage Al-Zn-Mg
sous revenu (zones GP cisaillables) orienté pour glissement facile (plan (111)
orienté à 45° selon l’axe de chargement horizontal dans cette figure)

La figure 11.16 montre que cette loi rend compte du comportement intrinsèque
de nombreux alliages d’aluminium, aciers et alliages à base de titane [PET 91]. La
faible dispersion sur l’ensemble des alliages résulte de valeurs de D* dépendant peu
de la nature du matériau et très peu de l’état structural.
Effet de l’environnement 165
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Figure 11.15. Stade II intrinsèque sous vide dans un monocrystal d’alliage Al-Zn-Mg
revenu au pic de dureté (précipitation mixte) et orienté pour glissement facile
(axe de chargement vertical dans cette figure)

10 -5
Ref. Alliages
Ref. Al
Al alloys
Ti6246, 500°C
Marval X12, RT
TiAl, 850°C
10 -6 Ti-6Al-4V, 300°C
Ti-6Al-4V, RT
30NCD16, RT
316, RT
-7
10 E460, RT
da/dN (m/cycle)

10 -8

10 -9

10-10

10-11
10 -6 10 -5 10 -4 10 -3
1/2
Δ Keff/E (m )

Figure 11.16. Stade II intrinsèque dans les alliages métalliques


(référence Alliage d’Aluminium : voir figure 11.19)

La figure 11.17 montre le passage d’une propagation en stade II intrinsèque au


stade I intrinsèque dans un monocristal d’Al-Zn-Mg orienté pour le glissement facile
lorsque l’amplitude du facteur d’intensité de contrainte Δ K devient proche de la
166 Fatigue des matériaux et des structures 2

valeur seuil. Une telle transition peut aussi s’effectuer à l’échelle de chaque grain
dans un polycristal. Ce changement est réversible lorsque Δ K augmente à nouveau
après avoir atteint le seuil. L’amplitude critique de Δ K pour cette transition dépend
donc de l’état microstructural. D’une façon générale, le stade I a ainsi tendance à
devenir prédominant près du seuil.
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Plan (111)

Δσ Δσ

0,5 mm

Seuil

Figure 11.17. Changement de régime de propagation intrinsèque dans un mono cristal Al-Zn-
Mg revenu au pic de dureté et orienté pour le glissement facile : stade II en début de
fissuration près de l’entaille ; stade I à faible Δ K près du seuil ; retour en stade II après seuil
lorsque Δ K augmente au dessus d’une valeur critique.

11.3.2.3. Pseudo-stade I intrinsèque


Ce troisième régime intrinsèque de fissuration correspond à une propagation
cristallographique lente ou retardée à caractère zigzagant (figure 11.18), appelé
pseudo-stade I intrinsèque.

Ce régime est principalement observé aux faibles vitesses de fissuration dans les
polycristaux, lorsque l’état microstructural favorise la localisation de la déformation,
notamment à l’approche du seuil, ou lors de la propagation initiale des fissures
courtes.
Effet de l’environnement 167

a)
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b)

Figure 11.18. Propagation intrinsèque sous vide en pseudo stade I


dans un polycristal Al-Zn-Mg sous revenu (zones GP cisaillables) à faible niveau de Δ K ;
a) observation de la surface ; b) faciès de rupture

Ce régime est en quelque sorte un stade I restreint à l’intérieur de chaque grain,


qui devient opérationnel lorsque la zone plastifiée est d’une taille inférieure à celle
des grains. L’identification de ce régime a particulièrement été faite sur différents
alliages légers (figure 11.19) comparativement au stade II intrinsèque. La propagation
est retardée par des arrêts au niveau des joints de grains qui correspondent au
nombre de cycles nécessaires pour réactiver un système de glissement dans les
grains suivants. La figure 11.20 illustre l’effet de barrière d’un joint de grain dans un
bicristal d’alliage Al-Zn-Mg de haute pureté. La fissure qui s’est développée sous
vide le long d’un plan (111) de la structure CFC du premier cristal atteint et se
bloque au niveau du joint de grain (figure 11.20a). Un système de plan de glissement
(111) d’orientation très différente se développe dans le second cristal avant la
croissance d’une fissure déviée et tiltée (figure 11.20b), comme le montre la surface
finale de rupture (figure 11.20c). La durée du retard dépend fortement de la
désorientation, de la microstructure et du nombre de systèmes de glissement
possibles, comme cela a été montré sur des alliages de Titane [SAR 99].
168 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 11.19. Propagation intrinsèque sous vide en stade II et en pseudo stade I


dans différents alliages légers [PET 92, PET 94, PIA 91]

a b

a) b)

c) c

Figure 11.20. Effet de barrière d’un joint de grain dans un bicristal Al-Zn-Mg
fissuré en fatigue sous vide [PET 06] ; a) et b) blocage de la fissure sur le joint de grain ;
c) faciès de rupture
Effet de l’environnement 169

D’une façon générale, le retard est beaucoup plus accentué sous vide, l’environnement
facilitant le franchissement des joints de grain en favorisant l’activation d’autres
systèmes de glissement. Les bifurcations et branchements accentuent le ralentissement
en écrêtant le facteur d’intensité de contrainte. Il n’existe pas à ce jour de modèle
précis pour rendre compte de ces processus très complexes et typiquement
tridimensionnels.
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Cependant, S. Suresh [SUR 85], a proposé de décrire ce retard en introduisant un


paramètre χ compris entre zéro et un et qui traduit la réduction du facteur d’intensité
de contrainte induite par les effets géométriques de bifurcation et de branchement. Il
suffit alors de remplacer l’amplitude de variation du facteur d’intensité de contrainte
Δ K par χ Δ K dans les lois de propagation.

11.3.3. Propagation assistée par l’environnement

La figure 11.21 présente des courbes effectives de propagation à l’air pour une
sélection d’aciers et d’alliages légers. Contrairement à ce qui a été vu sous vide, il
n’y a clairement pas de rationalisation, en particulier pour les alliages légers.

Comparativement au vide, la propagation à l’air s’avère toujours plus rapide,


cette accélération due à l’environnement étant encore plus marquée près du seuil. La
sensibilité à l’environnement atmosphérique apparaît très dépendante de la nature du
métal de base, des éléments d’alliage et de la microstructure. Il ressort toutefois un
point commun important.

Dans pratiquement tous les cas, un changement de comportement apparaît pour


des vitesses inférieures à 10-8 m/cycle. Ce niveau de vitesse est associé à des valeurs
de Δ K correspondant à des zones plastifiées cycliques de petite dimension et qui
deviennent localisées dans un seul grain ou sous-grain. C’est aussi un niveau de
vitesse en dessous duquel il est généralement admis que la propagation s’effectue
pas à pas et non plus cycle à cycle [DAV 83].

Sur la base des résultats expérimentaux obtenus sur les trois familles d’alliages à
base d’aluminium de fer et de titane, sous vide, à l’air ambiant et sous gaz inerte
contenant des traces de vapeur d’eau bien contrôlées, un modèle descriptif a été
établi par Petit et al. [PET 00a] qui incorpore deux mécanismes complémentaires de
propagation en stade II assistée par l’environnement qui sont décrits schématiquement
en comparaison avec le régime intrinsèque en stade II (voir figure 11.22).
170 Fatigue des matériaux et des structures 2

-5
10
X7075 T7351
7475 T7351
7020 T651
-6 2618 T651
10 30NCD16
E460
METASAFE
316
-7
10 Ti-6Al-4V
da/dN (m/cycle)
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-8
10

-9
10

-10
10

-11
10
-6 -5 -4 -3
10 10 10 10
1/2
Δ Keff/E (m )

Figure 11.21. Courbes de propagation effectives de propagation à l’air pour différents


alliages métalliques
da/dN

Régime contrôlé par


l’adsorption de Vapeur d’eau

Stade II
Régime assisté par intrinsèque
l’Hydrogène

(m=2) Pseudo-
Stade I

(m=4)
Δ Keff / E

Figure 11.22. Illustration schématique des trois régimes de propagation en stade II :


stade II intrinsèque de référence sans effet d’environnement, stade II assisté
par l’adsorption de vapeur d’eau, et stade II assisté par l’hydrogène [PET 00a]
Effet de l’environnement 171
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Figure 11.23. Vitesse critique de propagation (da/dN)cr


pour l’assistance par l’hydrogène [PET 00a]

11.3.3.1. Stade II assisté par l’adsorption de vapeur d’eau


Pour les vitesses de fissuration supérieures à un niveau critique (da/dN)cr, la
fissuration en fatigue est assistée par l’adsorption des molécules de vapeur d’eau sur
les surfaces fraîches en pointe de fissure, le mécanisme d’endommagement restant
contrôlé par la plasticité locale comme sous vide.

La figure 11.23 positionne cette vitesse critique par rapport aux courbes des
régimes de fissuration assistée par l’environnement. Pour décrire la propagation
assistée par l’adsorption de la vapeur d’eau, un modèle a été proposé [PET 00a]
dérivé de celui de la propagation intrinsèque en stade II, et décrit par une relation
similaire à celle donnée précédemment :

da/dN=A/D*[Δ Keff/E]4 [11.3]


172 Fatigue des matériaux et des structures 2

où le déplacement critique cumulé D* est relié au coefficient de couverture θ


(rapport du nombre de sites occupés par des molécules d’eau adsorbées au nombre
de sites initialement disponibles) par la relation suivante :

D* = D0*D1*/ (D1*+θ (D0*- D1*)) [11.4]

où D0* correspond à un environnement inerte (θ = 0) et D1* à un environnement


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conduisant à une adsorption saturante (θ =1). La dépendance de θ vis à vis de la


pression partielle de vapeur d’eau a été décrite en premier lieu par Wei et al.
[WEI 83]. Dans le cas présent où θ est contrôlé par les conditions de transport de la
phase gazeuse jusqu’en pointe de fissure, ces auteurs ont proposé la relation
suivante :

F
θ = SN RT Pot [11.5]
o

où S est la surface fraîche exposée à l’environnement, No le nombre de sites


d’adsorption par unité de surface, R la constante des gaz, T la température, Po la
pression environnante, t le temps, et F le paramètre de Knudsen.

La relation [11.5] correspond au cas d’une propagation cycle par cycle (domaine
de Paris). Mais près du seuil, la fissure avance pas à pas tous les Ns cycles. Hénaff et
al. [HEN 90], ont proposé une reformulation de l’évolution de θ pour une fissure
quasi stationnaire telle que :

1 Po
αSoθ/4F – N V Log (1 – θ) = 4 N RT t [11.6]
s a o

où α est un paramètre de rugosité (rapport de la surface physique sur la surface


géométrique), Va la vitesse moyenne de migration des molécules d’eau, et Ns le
nombre de cycles stationnaires. La vitesse de fissuration n’étant pas analytiquement
intégrable à partir de cette relation, les premières simulations ont été effectuées
numériquement, [HEN 95]. Récemment, une relation analytique approchée a été
établie pour décrire la variation de da/dN en fonction de θ [GAS 06, SAR 00] :

θ= {X2/(X2+9)}2 [11.7]

avec :

X = α (PH2O/2f) Δ Keff2 [11.8]

Un exemple est donné dans la figure 11.24.


Effet de l’environnement 173

Résultats Expérimentaux
Modélisation Stade II intrinsèque
Modélisation Stade II assisté par l'adsorption
-7
10
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-8
da/dN (m/cycle)

10

-9
10

Stade II intrinsèque
Stade II Adsorption
-10
10
-5
10 1/2 0.0001
Δ Keff / E (m )

Figure 11.24. Transition du stade II intrinsèque à vitesse moyenne vers le stade II assisté
par l’adsorption de la vapeur d’eau près du seuil dans un alliage 2022T351. L’influence
de l’adsorption est prise en compte à l’aide de la relation [11.7] [GAS 06]

11.3.3.2. Propagation en stade II assistée par l’hydrogène


Pour les vitesses de fissuration inférieures à la vitesse critique (da/dN)cr (voir
figure 11.23), un mécanisme d’assistance par l’hydrogène (voir figure 11.21) peut
intervenir conformément au modèle proposé initialement par Wei et al. [WEI 83].
Ces auteurs ont décrit le processus selon les étapes suivantes (figure 11.25) :
– 1) transport des molécules actives en pointe de fissure ;
– 2) réaction des molécules d’eau avec la surface fraîchement créée : adsorption
physique ;
– 3) adsorption chimique avec dissociation et pénétration de l’hydrogène
résultant de la dissociation ;
– 4) interaction de l’hydrogène avec les dislocations : diffusion par drainage ;
– 5) piégeage de l’hydrogène sur différents sites microstructuraux selon les
alliages pouvant entraîner une fragilisation.

L’assistance de l’hydrogène à la fissuration par fatigue, à température ambiante


et modérée, résulte essentiellement du quatrième point. Il est clair que le processus
174 Fatigue des matériaux et des structures 2

d’assistance par l’adsorption se doit d’être saturant pour alimenter la production


d’hydrogène. La fragilisation intervient pour des concentrations d’hydrogène élevées
non atteintes à l’ambiante selon le processus décrit avec la vapeur d’eau.
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2 3
1 4 5

Figure 11.25. 1) Transport des molécules d’eau vers la pointe de fissure ; 2) adsorption
physique ; 3) adsorption chimique et dissociation ; 4) pénétration de l’hydrogène ;
5) diffusion par drainage dans la zone plastifiée

Lorsqu’une concentration critique de cet élément provenant de la dissociation


des molécules d’eau adsorbées est atteinte. Le seuil (da/dN)cr dépend de plusieurs
facteurs dont la pression partielle en vapeur d’eau de l’atmosphère environnante, le
rapport de charge R, la fréquence d’essai, la composition chimique et la microstructure
de l’alliage. Une loi décrivant la vitesse de propagation d’une fissure en stade II
assistée par l’hydrogène a été proposée par [PET 00a] :

da/dN=(B/σyH.E)[Δ Keff2 - Δ Keff,th2] [11.9]

où B est un coefficient sans dimension et σyH la limite d’élasticité du matériau


chargé en hydrogène.

L’absence de rôle de l’oxygène atmosphérique à la température ambiante, rôle


souvent évoqué, a été clairement démontrée par Piasick et Gangloff, [PIA 91], dans
le cas d’un alliage léger à la température ambiante et par Sarrazin-Baudoux et al.,
1997, sur des alliages de titane à 300 °C.
Effet de l’environnement 175

En conclusion, la vitesse de propagation d’une fissure en stade II assistée par la


vapeur d’eau atmosphérique peut être décrite en superposant les deux mécanismes,
c’est-à-dire en additionnant les deux contributions [PET 00a] :

da/dN = (A/D1*)[Δ Keff/E]4 + ( B/σyH.E)[Δ Keff2 - Δ Keff,th2] [11.10]

où Δ Keff,th est la valeur effective du seuil de propagation (sans fermeture).


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11.3.4. Chemin de fissuration

Des différences caractéristiques apparaissent au niveau de la morphologie des


surfaces d’une fissure de fatigue lorsqu’elle est rompue sous environnement inerte
comme le vide ou sous environnement actif comme l’air atmosphérique. En ce qui
concerne le stade II de propagation qui est le plus couramment observé pour des
fissures longues, la différence essentielle se trouve au niveau des stries. En effet,
pour les vitesses de fissuration de l’ordre de 10-2 à quelques µm par cycle les
surfaces de rupture en mode I à l’air se caractérisent par la présence de stries dites
ductiles. Différents modèles ont été avancés pour expliquer la formation des stries
ductiles [HER 67, LAI 67, PEL 69], ces modèles ne faisant pas appel à un effet de
l’environnement. Meyn [MEY 68] fut le premier à noter sous vide l’absence de
stries correspondant à une avancée cycle par cycle de la fissure (voir figure 11.26).
L’influence de l’environnement sur la relation liant la distance entre stries à
l’ouverture cyclique en fond de fissure (Δ CTOD) et à la vitesse de fissuration
macroscopique da/dN, a été finement étudiée par Lankford et Davidson [LAN 81],
[DAV 81, DAV 83a, DAV 83b, LAN 83], sur un alliage 7075-T651 et un alliage
issu de la métallurgie des poudres type MA-87. Ces auteurs montrent une
propagation de fissure intermittente sous air et sous vide aux vitesses à 10-7 m/cycle,
chaque incrément de propagation étant précédé d’un émoussement progressif de
l’extrémité de la fissure.

Pour des vitesses de propagation de l’ordre de 10-7 à 10-6 m/cycle, l’espacement


entre les stries ductiles à l’air correspond à une avancée de la fissure tous les cycles
ou tous les deux cycles. Sous vide les stries sont beaucoup moins bien définies, et
leur espacement est corrélé à la taille des cellules de dislocations. L’émoussement de
la pointe de fissure sous air est bien moins important que sous vide.

Pour une vitesse de propagation de 10-9 m/cycle, le nombre de cycles par stries
sous air reste de quelques unités tandis que, sous vide, il devient de l’ordre de 1 000
cycles. Une étude plus récente, réalisée sur des aciers austénitiques par Mc Evily et
al, [McE 92], a confirmé cet effet de l’air ambiant sur l’émoussement. Ces
observations convergent dans le sens d’une réduction sous environnement actif des
déformations cycliques plastiques cumulées nécessaires pour provoquer un incrément
176 Fatigue des matériaux et des structures 2

de fissuration. L’émoussement réduit à l’air correspond à une taille de zone


plastifiée réduite (voir figure 11.27) : Fe [OHT 72], Al–4 %Cu [BOU 76], Fe–3.7Si
[GRI 78], Fer ARMCO [GRI 82]. Le processus de déformation cyclique à l’air
favorisant un amorçage plus précoce et réduisant la déformation plastique accumulée
Al [BOU 74], Cu [VIO 79], Fe, [ALE 79], Cu–7.5 %Al, [SAX 75], Mg, [GRI 78],
ce même type de comportement peut être transposé pour le matériau en pointe de
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fissure.

2µm

Figure 11.26. Surface de rupture d’un alliage 2024T3 testé sous vide (haut de figure)
et à l’air (bas). La flèche indique la direction de la propagation [MEY 68]

Toutefois, la propagation transcristalline sous air comme sous vide peut


intervenir en stade I ou en pseudo-stade I, le mécanisme de propagation à l’échelle
du grain étant identique pour ces deux stades, comme cela a été vu plus haut. La
propagation s’effectue alors selon un plan cristallographique bien orienté pour le
glissement des dislocations.

La figure 11.28a donne l’exemple de la surface de rupture d’une fissure en stade


I sous vide dans un monocristal Al-Zn-Mg qui s’avère extrêmement plan. Pour des
Effet de l’environnement 177

niveaux de contrainte plus élevés, la trace des cellules de dislocation apparaît


(figure 11.28b), indiquant l’activation locale d’un deuxième système de glissement
anticipant un changement de mécanisme en stade II (voir figure 11.29) avec, sous
vide, des stries grossières dont l’espacement correspond à la taille des cellules de
dislocations. La transition du stade I au stade II correspond à celle illustrée sur la
figure 11.17.
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Selon les alliages et leurs microstructures, le vide à toute température ou bien


une atmosphère sèche et froide favorisent fortement l’occurrence de ces deux
régimes de propagation cristallographique, en particulier près du seuil. Le caractère
des surfaces de rupture est très typé selon l’environnement sur les alliages légers et les
alliages de Titane. Les différences sont souvent moins discernables sur les aciers.
Microdureté (Hv)

Distance de la pointe de fissure


Microdureté (Hv)

Distance de la pointe de fissure

Figure 11.27. Variation de la microdureté dans la zone plastifiée à la pointe d’une fissure
de même longueur et soumise à la même contrainte à l’air (cercles pleins)
et sous vide (triangles) dans un alliage léger Al-4 %Cu [BOU 76]
178 Fatigue des matériaux et des structures 2
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a) b)

Figure 11.28. Microfractographie de la surface d’une fissure se propageant sous vide près
du seuil dans un monocristal Al-Zn-Mg revenu au pic de dureté (profil de fissure dans figure
11.17) ; a) stade I (da/dN~ 1.5x10-11 m/cycle, Δ Keff ~ 0.9 MPa√ m ; b) stade I près de la
transistion stadeI/stade II après seuil (da/dN ~ 10-8 m/cycle,Δ Keff ~ 4.2 MPa√ m).

Figure 11.29. Microfractographie de la surface d’une fissure se propageant sous vide


en stade II (da/dN ~ 3.10-8 m/cycle,Δ Keff ~ 6 MPa√ m) dans un monocristal Al-Zn-Mg
revenu au pic de dureté (voir figure 11.17)

11.3.5. Influence de différents facteurs

11.3.5.1. Microstructure
L’influence de la microstructure sur la sensibilité à l’environnement a été mise
en évidence initialement par Wei et al. sur des aciers Maraging [WEI 67] et
Bradshaw et Wheeler [BRA 69] sur des alliages d’aluminium. La sensibilité de
l’effet de l’environnement à l’orientation cristallographique a été montrée sur la
fissuration de monocristaux de cuivre [VIO 79]. L’environnement (air ou vide) peut
Effet de l’environnement 179

conduire à un effet inverse de la microstructure comme l’illustre l’exemple de la


figure 11.30. L’alliage 7075 testé dans un état sous revenu (T351) contenant des
zones GP cisaillables et un état surrevenu contenant des précipités difficilement
cisaillables, montre une meilleure résistance à l’air dans l’état surrevenu ; ce
comportement s’explique par une sensibilité plus grande à l’environnement de l’état
sous revenu ce qui est en accord avec une bien moins bonne tenue en corrosion. Par
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contre, sous vide, l’état sous revenu est bien plus résistant à la fissuration que l’état
surrevenu ; en effet, dans ce cas, la localisation de la déformation génère une
propagation cristallographique très retardée comparativement au régime de stade II
intrinsèque de l’alliage surrevenu.

En conclusion, toute interprétation de l’effet de la microstructure sur la fissuration


se doit de tenir compte de l’effet possible de l’environnement.

videT651
-7 vide T7351
10
airT651
airT7351

-8
10
da/dN (m/cycle)

7075T651 vide
-9
10

-10
10

7075T7351 vide
-11
10
1 10
1/2
Δ K (MPa. m )

Figure 11.30. Effet couplés d’environnement et de microstructure dans l’alliage 7075

11.3.5.2. Température
L’influence de la température sur l’action de l’oxygène, de la vapeur d’eau ou
bien encore de l’hydrogène en fonction de la pression et de la fréquence en dehors
des domaines où interviennent les processus de corrosion et d’oxydation à chaud, a
été peu étudiée [SMI 71, STE 72].

Toutefois des travaux assez récents ont été conduits comparativement à la


température ambiante sur des alliages de Titane à 300 °C et sur des alliages légers à
basse température (-50 °C). Dans les deux cas, l’influence de la pression partielle de
180 Fatigue des matériaux et des structures 2

vapeur d’eau a été mise en évidence, la sensibilité à cette espèce active étant
fortement dépendante à la fois de la température et de la microstructure [GAS 06].

L’alliage de Titane Ti-6Al-4V [SAR 97], assez peu sensible à l’effet de l’air à la
température ambiante, présente un effet très important à 300 °C (voir figure 11.31)
dans le domaine des vitesses de propagation lentes. Le faible effet de l’environnement
pour les vitesses supérieures à 10-8 m/cycle résulte d’une faible accélération induite
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par l’adsorption de la vapeur d’eau à l’air par rapport au stade II intrinsèque sous
vide.

-7
10
100

air
-8
10
da/dN (m/cycle)

-9
10
vide

-10
10

100
-11
10
2 3 4 5 6 7 8 910
1/2
Δ K (MPa m )
eff

Figure 11.31. Vitesse de propagation des fissures dans un alliage de titane TA6V à 300 °C :
sous vide propagation cristallographique retardée en pseudo stade I près du seuil, et à l’air
propagation en stade II accélérée par l’effet d’environnement. L’échelle est indiquée en
microns.

Pour les vitesses inférieures, l’effet de l’environnement se trouve fortement


accentué par un double effet d’environnement et de microstructure. A l’air à 300 °C,
la localisation de la déformation favorise une propagation en stade II assistée par
l’hydrogène qui accélère la propagation et diminue le seuil. Sous vide, cette même
Effet de l’environnement 181

localisation de la déformation favorise un effet inverse de ralentissement de la


propagation en induisant une propagation retardée en pseudo stade I. Ainsi, pour une
même amplitude de sollicitation, la vitesse de fissuration à l’air peut être 500 fois
plus rapide que sous vide. En termes de température relative T/Tf (Tf étant la
température de fusion), une température de 300 °C pour les alliages de Titane
correspond sensiblement à l’ambiante pour les alliages légers, ce qui explique les
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similitudes de comportement observées (voir figure 11.30 (alliage sous revenu) et


figure 11.31).

Un alliage léger Al-Cu-Mg type 2022 T351 testé à -50 °C, température régnant à
haute altitude, montre un changement abrupt de régime de propagation entre l’air
ambiant et l’air sec et froid (figure 11.32) pour une large gamme de vitesses de
propagation entre le seuil et 10-6 m/cycle. Une propagation en pseudo stade I à
caractère cristallographique fortement ralentie (environ 20 fois) analogue à celle
sous vide prévaut sous air sec et froid (très basse pression partielle de vapeur d’eau),
contrairement à une propagation plane en stade II à l’air ambiant. La transition entre
les deux régimes correspond à une exposition de 10-2 Pa.s-1.

Figure 11.32. Surface de rupture par fatigue d’un alliage 2022 T351 :
à gauche à l’air ambiant ; à droite, sous air sec et froid [GAS 06]

En conclusion, on peut souligner la faible influence de la microstructure et de la


température sur le stade II contrairement au fort effet de ces deux facteurs sur le
niveau de contrainte d’apparition et l’amplitude du retard pour le pseudo-stade I.
182 Fatigue des matériaux et des structures 2

11.3.5.3. Fermeture
Si la plasticité contrôle généralement la fermeture dans le domaine de Paris, deux
facteurs essentiels conditionnent la fermeture au voisinage du seuil et le niveau de ce
dernier :
– la rugosité des surfaces de fissuration, liée à la fois à l’état microstructural du
matériau, à l’environnement, à la température, éventuellement à la fréquence ;
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– la présence éventuelle d’une couche d’oxyde et de débris en fond de fissure,


qui dépend également du matériau, du mode de fissuration et de l’environnement.

L’action conjuguée de ces deux facteurs et donc des divers paramètres qui les
déterminent, est la raison de la multiplicité des comportements constatés selon les
matériaux, les conditions mécaniques de sollicitation et le milieu ambiant.

En particulier, comme nous l’avons vu, les états sous-vieillis des alliages
d’Aluminium ou les états lamellaires dans les alliages de Titane engendrent sous
vide une fissuration en pseudo-stade I avec des surfaces cristallographiques présentant
de fortes aspérités ; ceux-ci provoquent une fermeture anticipée qui réduit l’amplitude
effective de la contrainte appliquée. Les effets de fermeture sont donc modifiés par
le changement de mécanisme de fissuration induit par l’environnement.

-6
10

1/2 Δ CTOD
e/2 (m)

-7
10

Air 35Hz
Air 7Hz
Azote 150ppm H2O 35Hz

-8
10
4 6 8 10 30
1/2
Δ K MPam

Figure 11.33. Surépaisseur de la couche d’oxyde près du seuil comparée au Δ CTOD


selon l’environnement et la fréquence dans un acier E460 [BIG 84]
Effet de l’environnement 183

Par ailleurs la remise en contact des lèvres d’une fissure au moment de la


fermeture peut générer la formation d’une couche oxydée par tribo-contact. Cet effet
est généralement plus prononcé lorsque les surface sont planes (stade II) que lorsque
la rugosité est élevée (pseudo-stade I).

La pénétration en sous-couche de l’oxygène sous une atmosphère d’oxygène de


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104 Pa, induite par la fissuration, a été démontrée sur différents alliages par Swanson
et Marcus dès 1978 [SWA 78].

La correspondance entre cette surépaisseur et l’ouverture au niveau du seuil de


propagation a clairement été montrée notamment sur un acier de construction
offshore E460 [BIG 84], comme l’illustre la figure 11.33.

Les courbes de fissuration de ce même acier (voir figure 11.34) montrent un


seuil de fissuration sous air supérieur au seuil sous vide, contrairement à ce que
l’on peut normalement attendre. En éliminant l’effet de fermeture induit par
l’oxydation en opérant à R = 0,7 (voir figure 11.35), les résultats montrent bien une
accélération de la propagation à l’air par rapport au vide et un seuil effectif plus
faible à l’air.

-7
10

10 -8
da/dN (m/cycle)

10 -9

Vide
10
-10 Air
Azote +150ppm H2 O

10 -11
5 6 7 8 9 10 20 30

Δ K (MPam 1/2)

Figure 11.34. Courbes de propagation da/dN-Δ K pour l’acier E460


sous différents environnements à R=0,1 et 35 Hz
184 Fatigue des matériaux et des structures 2

-6
10
Vide

Air
-7
10
Azo te + 150ppm H O
2

-8
10
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op
K

-9
10

-10
10

-11
10
2 4 6 8 10 30

ΔK
Figure 11.35. Courbes de propagation da/dN-Δ K pour l’acier E460
sous différents environnements à R = 0,7 et 35 Hz

Figure 11.36. Mesure SIMS du taux de surépaisseur χ = e/Δ CTOD de la couche oxydée près du
seuil pour 4 états microstructuraux d’un alliage 7075 : T351 sous revenu, T651 revenu au pic
de dureté, T7351 surrevenu, et fortement surrevenu 24H à 200 °C [PET 82, SUR 84]

Sur un alliage léger 7075 [PET 84], il a été montré que ce mécanisme de
fermeture induite par l’oxydation s’avère très sensible à l’état microstructural
(figure 11.36) l’état surrevenu favorisant une propagation en stade II très plan
Effet de l’environnement 185

conduisant à un épaississement maximum, tandis que l’état sousrevenu générant une


surface accidentée présente un épaississement environ 20 fois plus faible. Cet effet
de fermeture induit par l’oxydation est accentué par la température, en particulier sur
les aciers.

11.3.5.4. Fissures courtes


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La propagation plus rapide des fissures courtes intervenant pour des valeurs du
facteur de contrainte inférieures au seuil des fissures longues a été associée, pour
une large part, à l’absence de fermeture ou une fermeture moins importante de ces
fissures. Les travaux peu nombreux sur l’effet de l’environnement atmosphérique,
[LAN 83, PET 90, ZEG 86], montrent une influence de l’environnement au moins
aussi marquée sur les fissures courtes que sur les fissures longues. Toutefois, l’effet
fissure courte est généralement moins marqué sous vide qu’à l’air (voir figure
11.37). La figure 11.38 montre l’exemple de la propagation de fissures physiquement
courtes en profondeur (fissures 2D) dans un acier à haute limite d’élasticité type
E40. La quasi absence d’effet de fissure courte sous vide fait contraste avec l’effet
de fissure courte très marqué observé à l’air. Cet exemple montre que, sous
environnement actif, la propagation assistée par l’hydrogène dans le domaine des
basses vitesses est accompagnée d’une diminution drastique de la fermeture sur près
de 1mm de profondeur, tandis que, sous vide, la fermeture liée à la plasticité se
développe et se stabilise bien plus rapidement (voir figure 11.38).
-8
10 Air, fiss. courte
Vide, fiss. courte
Air, fiss. longue
Vide, fiss. longue

-9
da/dN (m/cycle)

10

-10
10

-11
10
4 5 6 7 8 9 10
1/2
Δ K (MPa.m )

Figure 11.37. Comparaison de la vitesse de propagation des fissures courtes et longues


dans un acier de construction offshore type E460 à l’air et sous vide [PET 99]
186 Fatigue des matériaux et des structures 2

3.5

3
(MPa. )
1/2

2.5
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2
op
K

1.5 Air
Vide
1

0.5
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
a (mm)

Figure 11.38. Evolution du niveau du facteur d’intensité de contrainte pour l’ouverture


en fonction de la profondeur d’une fissure 2D dans un acier E460 [PET 99]

Air, fiss. courte


10
-8 Vide, fis. courte
Air, fiss. longue
vide, fiss. longue

-9
da/dN (m/cycle)

10

-10
10

-11
10
4 5 6 7 8 9 10
1/2
ΔK (MPa.m )
eff

Figure 11.39. Courbes da/dN en fonction de Δ Keff pour des fissures 2D dans un acier E460
(correspond aux courbes de fissuration nominales de la figure 11.37
et aux variations de fermeture de la figure 11.38) [PET 99]
Effet de l’environnement 187

Après correction de fermeture, les vitesses de propagation des fissures courtes et


longues sont identiquement décrites en fonction de Δ Keff (figure 11.39) après
correction de fermeture.

11.3.5.5. Fatigue sous chargement d’amplitude variable


Les études fondamentales ont été généralement développées sur la base
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d’expériences conduites sous amplitude constante de chargement uniaxial.

Cependant la plupart des structures en service connaissent des chargements


complexes d’amplitude variable. Ceux-ci peuvent induire de larges variations dans
les durées de vie, soit en accélérant la vitesse de fissuration, soit en la ralentissant
(cas d’une surcharge).

De nombreuses études ont été réalisées pour caractériser les facteurs influant sur
le comportement en fatigue sous chargement uniaxial d’amplitude variable, ou sous
spectre de charge représentatif des conditions réelles [GEA 92, SUR 83].

Cependant, les effets de l’environnement atmosphérique sur ce type de sollicitation


ont été très peu examinés. L’influence de surcharges isolées ou répétées a cependant
été ponctuellement étudiée, montrant que la réponse sous environnement actif peut
fortement différée de celle sous vide. Buck et al. [BUC 76] furent les premiers à
montrer une propagation plus retardée sous air sec dans un alliage léger 7075-T651.
Ranganathan et al. [RAN 79, RAN 90] ont ensuite montré que le nombre de cycles
de retard engendrés par une simple surcharge dans un alliage léger type 2024T3 est
5 à 10 fois plus court à l’air que sous vide. Cet effet est directement lié à une
propagation accélérée par l’air atmosphérique.

L’influence de l’environnement sur des chargements de type low-high (amplitude


constante selon deux blocs successifs, l’un de basse amplitude, le second
d’amplitude plus élevée) s’avère comparable avec une accentuation du retard sous
vide comparativement à l’air sur les deux mêmes alliages légers.

Koterazawa and Nosho [KOT 92] ont par ailleurs montré que des surcharges
intermittentes après un grand nombre de cycles de sollicitations d’amplitude
constante, induisait des accélérations dont l’amplitude dépendait fortement de
l’environnement. L’accélération la plus faible est observée sous vide et la plus
élevée sous air sec et sous azote contenant des traces d’humidité. Par contre, sous air
humide, une accélération plus réduite que sous air sec est expliquée par la formation
d’une couche d’oxyde qui vient amplifier l’effet de fermeture.
188 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 11.40. Vitesse de propagation d’une fissure de fatigue dans un acier 30NCD16 sous
chargement à R = 0,7 à l’air et sous vide ; a) chargement d’amplitude constante avec un
large effet d’environnement près du seuil ; b) chargement variable avec surcharge périodique
tous les 10 000 cycles sur le niveau moyen (R = 0,78) avec effet d’environnement apparemment
réduit près du seuil [PET 03].

Un dernier exemple peut être donné par l’étude de la propagation des fissures
dans un acier à haute résistance sous un rapport de charge élevé (voir figure 11.40),
simulant les surcharges des éléments d’un rotor d’hélicoptère lors d’un virage
[HEN 92b]. Les différences de retard entre air et vide en fonction de l’amplitude du
facteur d’intensité de contrainte et du nombre de cycles entre les périodes de
surcharge, conduit à des courbes de propagation qui peuvent sembler surprenantes.
Mais ces résultats peuvent s’analyser complètement à partir des courbes de
fissuration près du seuil dans cet alliage.

11.3.5.6. Propagation ultralente de fissures de fatigue à 20 KHz


La résistance à la fissuration par fatigue de composants automobiles en alliages
légers a été récemment étudiée [STA 84] dans la perspective d’une réduction des
masses pour économiser de l’énergie. Ces composants étant soumis à de très grands
nombres de cycles (supérieurs à 109 cycles), l’évaluation de leur résistance à la
fissuration implique l’exploration du domaine des vitesses ultralentes, inférieures à
10-10 m/cycles ce que rendent possible les machines d’essais ultra sonores. Par
Effet de l’environnement 189

ailleurs l’environnement ambiant est connu pour altérer la tenue en fatigue des
alliages d’Aluminium. La figure 11.41 montre les courbes de propagation da/dN en
fonction de Δ K obtenues à 20 KHz sur un alliage 2024T3, sous air, sous air sec et
sous vide [HOL 04]. Le comportement à haute fréquence est en accord avec celui
observé dans les essais conventionnels. Sous air, la pression de vapeur d’eau est
toujours suffisante pour saturer le processus d’assistance de la fissuration conduisant
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à des vitesses de propagation beaucoup plus élevées que sous vide. Sous air sec à
haute fréquence et pour des vitesses de fissuration supérieures à 10-10 m/cycle, l’effet
d’environnement ne se manifeste pas, car la pression partielle d’eau est suffisamment
basse et l’étendue des surfaces fraîches créées à chaque cycle suffisamment grande
pour qu’une couche monoatomique adsorbée n’ait pas le temps de se former.

Figure 11.41. Courbes da/dN-Δ K pour un alliage 2024-T351 à 20 KHz [HOL 04]

Des résultats comparables ont été obtenus à 35Hz [PET 00a], la transition étant
alors entre 10-8 et 10-7 m/cycle, ce qui est en accord avec une fréquence 570 fois plus
basse. Pour des vitesses inférieures, le processus d’adsorption de la vapeur d’eau
devient actif, et au niveau du seuil les conditions requises pour une saturation
190 Fatigue des matériaux et des structures 2

comparable à celle existant à l’air ambiant sont atteintes. Ceci explique que les
seuils sous air ambiant et sous air sec soient identiques. Le comportement à haute
fréquence est donc en plein accord avec le modèle exposé plus haut.

Des travaux récents sur un alliage de Titane type TA6VA [RIT 99] permettent
de comparer le comportement en fissuration à l’air et sous vide à fréquences
conventionnelles (35Hz à 50Hz) et à 1 KHz sur une machine hydraulique spécifique.
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La figure 11.42 présente les résultats obtenus à hautes fréquences avec un rapport de
charge élevé (0.6 à 0.8) limitant ainsi le rôle de la fermeture, et corrigés de fermeture
pour les essais conventionnels. L’extension de l’exploration du domaine de
fissuration aux vitesses ultralentes apporte des informations essentielles.

(
Δ K MPa m1 / 2 )
Figure 11.42. Influence de l’air ambiant comparativement au vide sur la propagation des
fissures de fatigue dans l’alliage Ti-6Al-4V à des fréquences conventionnelles de 35 et 50 Hz,
à une fréquence élevée de 1à 1,15 KHz. Comparaison avec les régimes intrinsèques en
stade II et pseudo-stade I, et le régime de stade II assisté par l’adsorption de vapeur d’eau
[PET 06, RIT 99].

Tout d’abord, pour des sollicitations correspondant à une amplitude de Δ Keff


inférieure à environ 10 MPa√ m, on observe sous vide une transition du stade II
intrinsèque à Δ K moyen, vers le pseudo stade I qui prévaut dans le domaine des
vitesses ultralentes. Cette transition, déjà décrite comme étant associée à la
microstructure de l’alliage pour une fréquence conventionnelle, s’avère ici indépendante
Effet de l’environnement 191

de la fréquence. En second lieu, le seuil effectif à l’air et le seuil intrinsèque sous


vide s’avèrent très proches lorsque l’on atteint des vitesses extrêmement basses
(Δ Kth = 2.6 MPa√ m à l’air et 2.7 MPa√ m sous vide). Une disparition de l’effet
d’environnement sous air à très basse vitesse, ou bien une apparition de l’effet
d’environnement même sous vide poussé peuvent être envisagées. La question reste
ouverte à ce jour. L’absence d’effet de fréquence à l’air montre que la pression
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partielle d’eau dans l’air ambiant est toujours suffisante pour créer une monocouche
adsorbée, comme sur l’alliage léger vu ci-dessus.

11.4. Conclusion

Ce chapitre dédié à l’influence de l’environnement atmosphérique sur la


résistance en fatigue des métaux et alliages métalliques conduit à quelques
conclusions et ouvre des perspectives pour la compréhension des mécanismes mis
en jeu et leur modélisation :
– l’air ambiant constitue un environnement agressif qui engendre une perte
substantielle de résistance en fatigue, se traduisant, à des degrés plus ou moins
élevés selon les matériaux, par une réduction des durées de vie, une accélération de
la propagation des fissures et une diminution du seuil de non fissuration ; en
conséquence, l’air ambiant ne peut pas être considéré en fatigue corrosion comme un
milieu de référence inerte, ce qui cependant est pourtant d’un usage courant ;
– la connaissance des mécanismes tant intrinsèques qu’assistés par l’environnement
est beaucoup plus avancée sur le plan de la propagation des fissures que sur celui de
l’amorçage ;
– les modèles théoriques développés depuis les travaux initiaux de McClintock,
Rice et Weertman pour décrire la propagation des fissures de fatigue ne prennent
généralement pas en compte les effets d’environnement ni ceux induits pas la
fermeture. En conséquence, ils ne doivent être utilisés que pour décrire la
propagation intrinsèque de fissure par fatigue sous environnement inerte et après
correction de fermeture ;
– la vitesse de propagation intrinsèque en stade II (mode I d’ouverture) est
proportionnelle à une valeur spécifique de l’amplitude du facteur d’intensité de
contrainte effectif, soit Δ Keff/E où E est le module d’élasticité ; elle est décrite par
une loi unique pour tous les métaux et alliages métalliques, y compris les composés
intermétalliques ;
– le concept d’environnement inerte est à considérer avec précaution en
particulier dans le domaine des vitesses de propagation lentes et à faible fréquence ;
en effet des traces de vapeur d’eau de quelques ppm peuvent devenir pleinement
actives près du seuil. En conséquence, les essais de référence sous environnement
192 Fatigue des matériaux et des structures 2

inerte se devraient donc d’être réalisés sous un vide poussé (inférieur à 10-7 torr) en
particulier pour les fréquences inférieures à 1 Hz ;
– l’effet néfaste de la vapeur d’eau atmosphérique a été très largement démontré
à la température ambiante et à température modérée dans les métaux et alliages
métalliques tant sur l’amorçage que sur la propagation des fissures. Cet effet n’exclut
pas un possible rôle d’autres gaz, notamment de l’oxygène. L’effet majeur de ce
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dernier élément, plus ou moins accentué selon la température et souvent combiné à


celui de la vapeur d’eau, consiste en la formation d’une couche d’oxyde sur les
surfaces de rupture qui induit un effet additionnel de fermeture notamment près du
seuil. Ce mécanisme se traduit généralement par un ralentissement de la fissuration
tendant à atténuer l’effet de la vapeur d’eau. Sur le plan de l’amorçage, le rôle de
l’oxygène reste très discuté à température ambiante et modérée. Le découplage des
effets respectifs de la vapeur d’eau et de l’oxygène nécessite des essais adaptés
conduits sous gaz ultra secs ;
– pour affiner la compréhension et la description des mécanismes de fissuration
par fatigue assistée par l’environnement, il serait nécessaire d’enrichir les bases de
données expérimentales sous environnements contrôlés en fonction de la température
et avec mesure de fermeture pour la fissuration ;
– l’interaction entre la microstructure et l’environnement gazeux demande à être
étudiée de façon approfondie afin de mieux comprendre et décrire les modes de
propagation notamment autres que le stade II, mais aussi afin d’optimiser les
matériaux en fonction de leur utilisation ;
– une exploration des interactions complexes existant dans le cas de chargements
complexes (surcharges, spectres, modes mixtes) est nécessaire pour évoluer vers une
meilleure compréhension et description de l’endommagement par fatigue des
structures réelles dans leur environnement ;
– la modélisation de la tenue en fatigue assistée ou non par l’environnement,
notamment dans la perspective d’aboutir à des modèles numériques pratiques,
nécessite un effort de recherche accentué faisant appel à de nouveaux outils,
notamment tels que les modèles de zones cohésives, et s’appuyant sur les fondamentaux
de la mécanique.

11.5. Bibliographie

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Effet de l’environnement 203

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Chapitre 12
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Fatigue sous chargements d’amplitude variable

12.1. Introduction

La fatigue des matériaux et des structures est un domaine complexe dans lequel
de multiples facteurs interviennent simultanément avec des couplages plus ou moins
forts. La durée de vie d’une pièce résulte à la fois de sa conception (notamment sa géo-
métrie), sa fabrication (procédé), des caractéristiques et du comportement du matériau
et du chargement au sens large : incluant la température et l’environnement (figure
12.1). Les effets de tous ces facteurs sur la durée de vie des structures sont connus
– au moins qualitativement – mais il est toujours impossible de prévoir de façon fiable
la durabilité des structures sans essais.

Afin d’éviter les défaillances des structures en service liées à la fatigue, les ingé-
nieurs ont mis en place, depuis les premiers problèmes de fatigue connus (Wöhler,
1860), des démarches expérimentales pour tester des éprouvettes et des structures sous
chargements de fatigue. Qu’il s’agisse de certifier la conception d’une structure avant
sa commercialisation ou de valider les prévisions d’une méthodologie de calcul de
durée de vie, il reste aujourd’hui indispensable de réaliser des essais de fatigue dans
des conditions les plus proches possibles de celles que rencontreront le matériau et la
structure au cours de leur utilisation. Prévoir ou estimer la durée de vie des matériaux
et des structures en conditions réelles est un problème complexe et pluridisciplinaire
[SCH 03].

La représentativité des résultats d’essais augmente avec la complexité des struc-


tures testées (figure 12.2). Dans le secteur aéronautique on parle de « pyramide des

Chapitre rédigé par Thierry PALIN -L UC.


206 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.1. Paramètres influençant la durée de vie d’une structure (d’après [BER 02])

essais » pour décrire des essais sur des objets de complexité croissante (de l’éprouvette
de laboratoire à la structure complète grandeur nature en passant par des éprouvettes
technologiques) ; mais ceci se pratique aussi dans la plupart des secteurs industriels
(automobile, ferroviaire notamment). Bien entendu le nombre d’essais est plus impor-
tant sur les structures de la base de la pyramide (car peu onéreux) que sur les essais
sur structures réelles (sommet de la pyramide). De même, les chargements appliqués
doivent être proches des sollicitations réelles (figure 12.3) faute de quoi on risque de
surdimensionner les organes mécaniques [BER 02]. Ce chapitre a pour objectif de
présenter les différentes possibilités actuelles pour déterminer la durée de vie en ser-
vice des matériaux et des structures à l’aide d’essais de simulation. Le lien avec les
méthodes de calcul et de simulation numérique sera également fait dans la dernière
partie de ce chapitre.

12.2. Chargements d’amplitude variable

12.2.1. Pourquoi des essais de fatigue d’amplitude variable

12.2.1.1. Limitations de la courbe de Wöhler


Depuis les problèmes rencontrés par Wöhler sur des essieux de train à la fin du
19ème siècle, il est maintenant communément admis de représenter par une courbe qui
porte son nom (courbe de Wöhler ou courbe S-N 1), la relation expérimentale reliant
l’amplitude de contrainte (ou la contrainte maximale) et le nombre de cycles à rupture
(ou à l’amorçage d’une fissure dont la taille doit être précisée) pour des paramètres

1. Pour stress - number of cycles.


Fatigue sous chargements d’amplitude variable 207
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Figure 12.2. Evolution de la représentativité des essais de fatigue en fonction du réalisme des
pièces testées (d’après [SCH 94a])

Figure 12.3. Evolution de la représentativité des essais en fonction du réalisme des


chargements (d’après [SCH 94a])
208 Fatigue des matériaux et des structures 2

extérieurs fixés tels que : contrainte moyenne ou rapport de charge, environnement,


température, concentration de contrainte, etc. Cette courbe de Wöhler reste intime-
ment liée à la notion de cycle (sinus, triangle, trapèze) et ne peut pas être utilisée pour
représenter la relation liant l’évolution temporelle de la force appliquée en service sur
une structure et la durée de vie de cette dernière.
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12.2.1.2. Les chargements de service

Dans la majorité des cas, les chargements réels appliqués aux structures ne sont
pas cycliques et n’ont pas une amplitude et une valeur moyenne constantes ; ils sont
dits d’amplitude variable ou aléatoires comme l’illustre la figure 12.4. L’étude de la
durée de vie en fatigue d’un matériau ou d’une structure sous sollicitations cycliques
n’est donc pas représentative de la durabilité en environnement réel. Nous verrons
que les moyens d’essais actuels permettent de solliciter les pièces mécaniques par des
chargements enregistrés en service ou par des séquences standardisées représentatives
du service. On parle alors d’essais de simulation.

Figure 12.4. Exemples de chargements d’amplitude variable (d’après [SON 07])


Fatigue sous chargements d’amplitude variable 209

12.2.1.3. Le concept d’endommagement par fatigue


Le premier concept d’endommagement en fatigue sous chargements d’amplitude
variable est sans doute celui proposé par Palmgren en 1924 [PAL 24] et développé
par Miner en 1945 [MIN 45]. L’endommagement créé par ni cycles de contraintes
d’amplitude σa,i est supposé être proportionnel au travail transmis au matériau. Ainsi,
en notant wi le travail transmis au matériau par cycle de chargement, Palmgren et
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Miner calculent l’endommagement di créé après ni cycles comme le rapport du travail


transmis ni wi sur la totalité du travail acceptable par le matériau Ni wi , où Ni est la
durée de vie correspondant à σa,i sur la courbe de Wöhler :

ni wi ni
di = ⇐⇒ di = [12.1]
Ni wi Ni

Figure 12.5. Principe de cumul d’endommagement linéaire selon Palmgren-Miner (exemple


de cycles à contrainte moyenne nulle)

Cette loi très simple suppose que l’endommagement s’accumule linéairement avec
le nombre de cycles. Il a été montré dans la littérature que sous des chargements
d’amplitude variable cette loi peut être mise en défaut notamment lorsqu’il y a des
effets de surcharges dans le domaine de la fatigue oligocyclique suivis de cycles de
faible intensité (dans le domaine des grandes durées de vie) ou inversement. On parle
alors d’effet d’histoire [FAT 98, SCH 03]. Il n’en reste pas moins vrai que la règle
de Miner est utilisée dans l’industrie pour estimer la durée de vie de structures sous
sollicitations de service. Cependant, les lacunes de ce modèle conduisent souvent les
ingénieurs à modifier la loi de cumul d’endommagement ou à prendre des précautions
pour deux raisons essentielles :
210 Fatigue des matériaux et des structures 2

– (i) la courbe de Wöhler du matériau doit être utilisée pour connaître la durée
de vie Ni associée à chaque niveau de contrainte σi . Pour tenir compte de l’effet
d’endommagement des cycles inférieurs à la limite de fatigue plusieurs modèles de
courbe S-N sont utilisés : Miner original, Miner modifié, Miner élémentaire (figure
12.6) ;
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– (ii) la valeur du seuil de l’endommagement total représentatif de la ruine (rupture


ou amorçage de fissure) est souvent prise égale à l’unité alors que de nombreux essais
montrent que cette valeur est très dispersée et généralement inférieure à 1 [BER 02,
SON 07].

Figure 12.6. Différentes modifications usuelles de la courbe de Wöhler (d’après


[BER 02, SCH 03, SON 07])

Comme de très nombreuses lois de cumul d’endommagement en fatigue [FAT 98],


la règle de Miner utilise le concept d’endommagement par cycle (nous reviendrons
sur cela à la fin de ce chapitre). Il sera alors nécessaire d’identifier des cycles dans un
signal aléatoire ; c’est là tout l’objet des méthodes de comptage de cycles. Les grandes
variations de l’endommagement total à rupture (calculé au sens de Miner, figure 12.7)
rendent indispensables les essais de simulation en fatigue. Même si des progrès ont
été réalisés dans les méthodes de calcul de durée de vie depuis la proposition de ce
modèle, aucune n’est vraiment satisfaisante pour des structures industrielles2.

2. Ceci illustre la nécessité de progresser dans les modèles de cumul d’endommagement mais
aussi dans l’ensemble de la méthodologie de prévision de la durée de vie des structures.
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 211
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Figure 12.7. Dispersion de la somme de Miner expérimentale (d’après [BER 02])

12.2.2. Caractérisation des signaux et terminologie

12.2.2.1. Processus aléatoires

Les essais de simulation, encore appelés essais sous spectres de chargement, sont
réalisés afin de se rapprocher autant que possible des sollicitations que rencontrera
réellement la structure au cours de sa vie. Pour les essais sous chargements sinusoi-
daux d’amplitude constante ou d’amplitude variable par blocs, l’évolution temporelle
des efforts ou des moments appliqués est déterministe, c’est-à-dire qu’elle peut être
définie par une relation mathématique explicite.

Dans la réalité, les enregistrements d’efforts ou de déformations sur pièce montrent


le plus souvent que les chargements sont aléatoires ou « stochastiques » : leur évo-
lution temporelle est imprévisible, elle n’est pas définie par une expression mathéma-
tique explicite. Cependant, afin de réaliser des essais de simulation reproductibles, on
suppose souvent que les chargements suivent des processus aléatoires stationnaires.
212 Fatigue des matériaux et des structures 2

12.2.2.2. Notions de stationnarité et d’ergodicité


Un signal (ou processus) aléatoire est dit stationnaire si sa structure de probabi-
lité n’est pas affectée par un changement de l’origine des temps. Ceci revient à dire
que ses propriétés statistiques (moyenne, variance, etc.) sont indépendantes du temps
[BLA 06]. Ainsi, le plus souvent, les chargements utilisés dans les essais de simula-
tion et dans les calculs de durée de vie sous sollicitation d’amplitude variable, sont
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issus d’enregistrements en service jugés représentatifs des chargements que suppor-


tera la structure au cours de sa vie. On recherche alors le nombre de séquences que
supportera la pièce avant sa ruine, chaque séquence représentant un certain nombre de
kilomètres, d’heures de vols ou d’heures de fonctionnement.

Un processus aléatoire est dit ergodique si les moyennes statistiques et tempo-


relles sont identiques, c’est-à-dire si la moyenne calculée sur n échantillons du signal
(c’est-à-dire n réalisations du processus) est identique à sa valeur calculée sur un seul
échantillon3. La propriété d’ergodicité permet donc de remplacer des moyennes d’en-
sembles par des moyennes temporelles estimées à partir d’une réalisation unique du
processus.

Les essais de fatigue sous spectres de chargements sont généralement effectués en


supposant que les signaux sont à la fois ergodiques et stationnaires.

12.2.2.3. Facteur d’irrégularité, facteur de crête, largeur de bande


Le facteur d’irrégularité I d’une séquence aléatoire est défini comme le rapport
[12.2] du nombre de passages par la valeur moyenne N0+ avec une pente positive sur
le nombre moyen de maxima du signal par unité de temps N e :

N0+
I= [12.2]
Ne

Lorsque le facteur d’irrégularité est voisin de 1, chaque extrémum est systémati-


quement suivi d’un passage par zéro, le spectre est alors dit à « bande étroite ». Si le
facteur d’irrégularité est proche de zéro, le spectre est dit à « bande large » : il y a
alors de nombreuses oscillations du signal de part et d’autre de sa valeur moyenne.

Un signal est dit à bande étroite si son facteur d’irrégularité I est proche de 1 (il y
a presque autant de maximums que de cycles), il est dit à bande large si I est voisin
de 0. A titre d’exemple, I = 0, 99 pour le signal de la figure 12.8a alors que I = 0, 74
pour la figure 12.8b. La largeur de bande est aussi parfois quantifiée par le paramètre
(1 − I 2 ).

3. Par exemple, pour une voiture de course, l’enregistrement de la déformation dans une direc-
tion en un point d’un bras de suspension au cours d’un tour de circuit constitue un échantillon
ou encore une réalisation du processus.
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 213

a) b)
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Figure 12.8. Exemple de signaux à bande étroite (a) et à large bande (b) (d’après [PIT 01])

12.2.2.4. Densité spectrale de puissance


La densité spectrale de puissance (DSP) est une décomposition fréquentielle de la
moyenne quadratique du processus [BLA 06].

Il est important de noter que représenter un processus aléatoire par sa seule DSP
est une représentation incomplète. En effet, une DSP ne contient pas d’information sur
la phase, seule la partie réelle est décrite. On ne peut donc pas reconstruire un signal
temporel par sa seule DSP ; il n’y a pas bijection entre une DSP et un signal temporel.

Pour générer un signal temporel à partir d’une DSP il faut donc faire des hypo-
thèses sur la distribution des phases. Par exemple, pour des signaux ergodiques sta-
tionnaires gaussiens, la phase est uniformement distribuée entre −π et +π radians.
L’algorithme géneralement utilisé pour la génération artificielle de signaux temporels
à partir d’une DSP donnée est basé sur la transformée de Fourier rapide (Fast Fou-
rier Transform ou FFT) et sur la méthode de Monte-Carlo pour le tirage de nombres
aléatoires utilisés pour la phase [PRE 94a, WIR 95].

12.2.2.5. Différents types d’essais d’amplitude variable


Les essais de fatigue sous chargements d’amplitude variable peuvent être classés
en deux grandes familles : (i) cumulatif ou séquence de chargement et (ii) chargements
aléatoires ; chacune de ces familles comprenant plusieurs sous groupes illustrés dans
le tableau 12.1. L’évolution croissante des techniques d’asservissement des moyens
d’essais servo-hydrauliques, notamment grâce aux progrès des ordinateurs de pilo-
tage, a permis de développer depuis les années 1970 les essais sous chargements aléa-
toires. Auparavant on se limitait souvent à des essais d’amplitude variable par blocs
ou variable par cycles [GAS 39, GAS 77, GRÉ 81] . Nous analyserons de façon plus
détaillée ces différents essais au paragraphe 12.3.

Il existe aussi des essais de fatigue d’amplitude variable pour lesquels les charge-
ments ne sont pas décrits dans le domaine temporel mais dans le domaine fréquentiel
par leur DSP. Ces essais sont notamment utilisés en aéronautique et dans le domaine
214 Fatigue des matériaux et des structures 2

spatial. On parle alors souvent de fatigue vibratoire mais ce n’est qu’une termino-
logie différente puisqu’il s’agit bien de chargements mécaniques évoluant au cours
du temps et entraînant l’amorçage de fissures de fatigue et leur propagation éventuelle.

Séquence de chargement Chargements aléatoires


Essais programmés Spectres
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Par blocs Par cycles représentatifs réels


- séquence - séquence - aléatoires - directs
conventionnelle (8 niveaux) standardisée - stationnaires - modifiés
- séquence aléatoire

Tableau 12.1. Différents types d’essais d’amplitude variable

12.2.3. Des enregistrements en service aux spectres d’essais

12.2.3.1. Représentativité des chargements


Pour que des essais de simulation soient représentatifs de la réalité, il est néces-
saire de reproduire tous les chargements que supportera la structure au cours de sa vie.
Ceci suppose que l’on a bien identifié les différentes sollicitations ayant un rôle non
négligeable sur la fatigue de l’élément considéré. Il est aussi nécessaire de connaître
les chargements incidentels ou rares pouvant survenir peu de fois durant l’utilisation
normale (montée de trottoir à vive allure, trou d’air, etc.). Cette connaissance des
chargements réels est déterminante dans la qualité d’une démarche d’estimation de
la durée de vie des structures sous sollicitations de fatigue, que ce soit par simula-
tion expérimentale (au banc d’essais) ou par simulation numérique (avec un modèle
d’endommagement en fatigue). De nombreuses défaillances en service sont dues à
des erreurs dans l’estimation des chargements de service [SCH 92]. La figure 12.9
illustre la méthodologie générale de prévision de durée de vie en s’appuyant sur des
essais de simulation. Les parties encadrées en pointillés mettent en évidence les choix
à effectuer dans la démarche de dimensionnement. La qualité des résultats finaux en
dépend.

Pour connaître les chargements de service, il est nécessaire de réaliser des cam-
pagnes d’enregistrement en service des chargements appliqués sur les composants
mécaniques. Divers capteurs (jauges de déformations, accéléromètres, capteurs de
force ou de déplacement, etc.) sont judicieusement placés sur la structure ; les signaux
qu’ils délivrent sont enregistrés et stockés [LEE 05].

Les conditions d’enregistrement doivent être adaptées au contenu fréquentiel des


signaux. La fréquence d’acquisition des signaux doit être largement supérieure au
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 215

double de la fréquence de l’harmonique de plus haut rang présent dans le spectre fré-
quentiel des signaux, un filtrage analogique passe-bas avant numérisation (avec une
fréquence de coupure égale à la moitié de la fréquence d’acquisition) évite les pro-
blèmes de repliement de spectre pouvant survenir lors d’une analyse fréquentielle des
signaux [BLA 06] après leur enregistrement. Dans tous les cas il convient de s’assu-
rer que les conditions d’enregistrement et de numérisation ne conduisent pas à une
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altération des signaux réels.

12.2.3.2. Méthodes de comptage des cycles


12.2.3.2.1. Pourquoi compter des cycles ?
Les premiers essais de fatigue sous chargements d’amplitude variable ont été effec-
tués à Darmstadt (Allemagne) au FhG-LBF (Fraunhofer-Institut für Betriebsfestigkeit)
avec des moyens d’essais ne permettant pas de solliciter les éprouvettes ou les struc-
tures autrement que de façon sinusoidale [GAS 39]. Pour approcher les chargements
réels, les essais étaient alors réalisés en appliquant une succession de blocs de char-
gements sinusoidaux d’amplitudes différentes d’un bloc à l’autre (méthode des blocs
programmés [GAS 39, GRÉ 81]). Par ailleurs les méthodes de calculs de durée de vie
des structures ont, jusqu’à il y a une dizaine d’années, utilisé le concept d’endomma-
gement par cycle de chargement. Aussi a-t-on cherché à reconnaître (ou à extraire) des
cycles dans des signaux aléatoires réels afin de les « simplifier ». Nous verrons briève-
ment à la fin de ce chapitre que les dernières évolutions s’orientent vers des méthodes
incrémentales de calcul de durée de vie (c’est-à-dire sans comptage de cycles), notam-
ment parce-que la notion de cycle sous chargements aléatoires multiaxiaux non pro-
portionnels reste encore mal définie4.

12.2.3.2.2. Différentes techniques de comptage


Les techniques de comptage de cycles sont utilisées pour extraire (c’est-à-dire
reconnaître) des cycles dans une évolution « aléatoire » des contraintes ou des défor-
mations. Ces méthodes ne sont applicables qu’à une variable scalaire car elles ont
initialement été développées pour des chargements simples (traction, flexion, torsion).
Les six principales méthodes de comptages citées dans la littérature sont présentées
ci-après et illustrées sur la figure 12.10.
– Comptage des extréma (peak count) : cette méthode n’utilise que les pics et les
vallées (extréma) du signal [AST 85]. Un cycle de chargement est reconstruit d’après
la succession d’un pic et d’une vallée. Ainsi le cycle de plus grande étendue est celui
constitué du pic le plus haut et de la vallée la plus basse (sans tenir compte de l’instant
où ils apparaissent dans le signal d’origine). L’ensemble des cycles comptés vient des

4. Il n’y a pas de méthode de comptage de cycles reconnue dans la communauté scientifique


pour de tels chargements multiaxiaux, Wang et Brown [WAN 96a, WAN 96b] proposent une
telle méthode comptant sur l’historique des contraintes et des déformations. Dressler et al.
[DRE 92] proposent une méthode comptant sur les efforts appliqués.
216 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.9. Méthodologie générale de prévision de durée de vie en fatigue


(d’après [SCH 92])

pics classés par ordre décroissant et des vallées associées par ordre croissant. Une
variante de cette technique permet d’éviter de compter toutes les petites oscillations :
on ne compte alors que les passages par la moyenne du signal (mean peak count).
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 217

– Comptage des temps de maintien (time count) : cette technique n’utilise pas la
notion de cycle et repose sur l’estimation de la densité de probabilité du signal. L’évè-
nement statistique compté est le nombre de passages du signal à un niveau donné.
L’application de cette méthode ne doit pas se faire après passage en pics et vallées du
signal d’origine. Pour une séquence de durée T , la densité de probabilité d’un niveau
Ai est exprimée par :
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P
j ∆tj

p(Ai ) = lim [12.3]
Ai →0 Ai T
– Comptage des étendues (simple range count) : dans cette technique, l’évènement
compté est l’étendue définie comme la différence entre deux extréma locaux du signal.
Deux cas de figure se présentent : (i) le premier extrémum est une vallée, alors l’éten-
due sera positive, (ii) le premier extrémum est un pic, alors l’étendue sera négative.
Selon les cas on comptera des étendues positives, ou des étendues négatives, ou bien
les deux. Quand les étendues positives (ou négatives) sont comptées, chaque étendue
définit un cycle. Si les étendues positives et négatives sont comptées, alors chaque
étendue définit un demi-cycle.
– Comptage des étendues appariées (range-pair counting) : seuls les pics et les
vallées du signal sont utilisés par cette technique de comptage. Une paire d’étendues
consécutives (un pic suivi d’une vallée et une vallée suivie d’un pic ou inversement)
de même taille et de signe opposés constitue un cycle. Le comptage est effectué si
l’étendue ei+1 est supérieure ou égale à l’étendue ei ; les points formant l’étendue ei
sont alors enlevés de la séquence et le comptage recommence au début.
– Comptage des dépassements de niveau (level crossing counting) : cet algorithme
de comptage dérive de celui des temps de maintien. Deux techniques du nombre
de dépassement de niveau existent [AST 85, GRÉ 88]. Par exemple, selon l’ASTM
[AST 85] le comptage d’un cycle est effectué chaque fois que le signal dépasse un
niveau de référence (la valeur moyenne de la séquence par exemple) avec une pente
positive. Lorsque le signal est sous le niveau de référence, le comptage est fait chaque
fois que le signal dépasse la classe d’amplitude avec une pente négative. L’utilisa-
tion d’un niveau de référence, rend cette technique inadaptée aux chargements dont
la valeur moyenne fluctue de façon importante (engins de levage, pièces de train de
véhicules automobiles lors de changement brusque de direction, freinage, etc.).
– Comptage Rainflow (AFNOR, ASTM) : cette technique issue de la technique
des étendues appariées est aujourd’hui la plus utilisée [AFN 93, AST 85]. Les tech-
niques Rainflow considèrent un cycle par analogie avec l’aire d’une boucle d’hysté-
résis dans un diagramme contrainte déformation. D’après le résultat d’un comptage
avec la méthode Rainflow (ou de la goutte d’eau) on peut retrouver le résultat de la
méthode des extréma, de la méthode des dépassements de niveaux, de la méthode des
étendues et des étendues appariées. Bien que non normalisée, une technique de comp-
tage Rainflow pour les chargements multiaxiaux a également été publiée [DRE 92].
218 Fatigue des matériaux et des structures 2

Pour des chargements (ou des états de contraintes) multiaxiaux non proportionnels
on applique généralement une méthode de comptage donnée sur une variable scalaire
équivalente. Le choix de cette grandeur équivalente (généralement homogène à une
contrainte ou à une déformation) n’est pas encore bien défini. Wang et Brown, par
exemple, utilisent la méthode de comptage Rainflow appliquée à la déformation équi-
valent au sens de Von Mises [WAN 96a, WAN 96b].
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12.2.3.2.3. Discussion comparative


Une méthode de comptage a pour seul objectif de discrétiser le signal temporel
de chargement en évènements statistiques significatifs. Pour utiliser le résultat d’un
comptage dans un essai de simulation (ou bien dans un calcul prédictif de durée de
vie), on a cherché à reconstruire des cycles de contraintes à partir de l’évènement
compté. Par exemple, si on compte des extrema, le plus grand cycle de contrainte
est composé du plus grand extremum suivi du plus petit extremum. Plusieurs auteurs
[GRÉ 88, DOW 83] comparent des étendues cumulées de cycles de chargement
(cumulatifs), reconstruits à partir de telle ou telle méthode de comptage. Par exemple,
sur la figure 12.11, Grégoire [GRÉ 88] compare pour un même chargement enregistré
sur un véhicule automobile les cumulatifs des étendues des cycles extraits par la
méthode des dépassements de niveaux et par la méthode des étendues appariées. Dans
ce cas, le comptage des dépassements de niveaux a permis de reconstruire des cycles
de plus grande amplitude que le comptage des étendues appariées.

Les méthodes qui ne comptent pas le même évènement statistique n’enregistrent


bien évidemment pas le même nombre d’évènements ; la définition du cycle de con-
trainte n’est pas la même. Le cycle de contrainte défini par la méthode Rainflow
fait actuellement l’unanimité (sous chargements proportionnels). C’est pourquoi, les
méthodes de comptage Rainflow sont les plus utilisées dans l’industrie [FLA 94]. Plu-
sieurs algorithmes de comptage ont été proposés sur les bases de la méthode Rainflow,
ils se différencient par leur manière de traiter le résidu (c’est-à-dire les points restant à
la fin de l’application directe de l’algorithme de comptage). Comme le résidu contient
les plus grandes étendues du signal, donc les cycles les plus endommageants, cette dif-
férence peut avoir un effet non négligeable sur la durée de vie simulée au banc d’essai
ou calculée. Si la séquence de chargement commence et finit par le plus grand pic ou
la plus petite vallée, il n’y a pas de résidu et toutes les méthodes Rainflow comptent
les mêmes cycles [AST 85].

Aucune méthode de comptage ne tient compte de l’ordre d’apparition des évè-


nements. Or plusieurs auteurs ([LEM 88, SCH 03] par exemple) et la recommanda-
tion ASTM [AST 85] précisent que l’ordre d’application des cycles peut avoir une
influence sur l’endommagement cumulé pour certains matériaux et sous certaines
conditions de chargement. Cet aspect est surtout remarqué sur les essais au cours des-
quels les niveaux de certains cycles correspondent au domaine de la fatigue oligocy-
clique. Dans ce cas, l’écrouissage cyclique du matériau peut être différent en fonction
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Fatigue sous chargements d’amplitude variable


219
220 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.11. Différence entre les cumulatifs de charge obtenus sur un même signal par la
méthode des étendues appariées (1) et par la méthode des dépassements de niveaux (2)
[GRÉ 88]

de l’ordre d’apparition des niveaux de contrainte. Par contre, dans le domaine de l’en-
durance et de l’endurance limitée l’effet d’histoire reste moins évident [PAL 96].

D’autre part, excepté le comptage des temps de maintien, aucune méthode de


comptage ne tient compte de la forme du cycle de chargement (sinus, triangle, tra-
pèze) car la séquence est réduite à une succession de pics et vallées. En traction,
Mielke [MIE 80] a montré expérimentalement sur des aciers que la forme du cycle
n’a pas d’influence sur la limite de fatigue, mais des essais du CETIM montrent que
cette forme a une légère influence sur la durée de vie en endurance limitée [BRA 92].
Des essais biaxiaux de traction et pression intérieure réalisés sur un acier par Diet-
mann et al. [DIE 89] et Mc Diarmind [MCD 89] montrent que la forme du cycle de
chargement a des effets importants pour les trajets de chargement non proportionnels.
Comme nous le verrons ultérieurement, cette constatation impose donc de prendre des
précautions sur l’asservissement des moyens d’essais sous chargements multiaxiaux
non proportionnels.

12.2.3.3. Collectif de charge


Le résultat d’une méthode de comptage de cycles est souvent représenté graphi-
quement par un diagramme appelé collectif (ou cumulatif) de charge. Ce dernier repré-
sente le niveau de contrainte en fonction du nombre de cycles cumulés (figure 12.12).
La forme du collectif de charge est représentative du type de chargement (autoroute,
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 221

route de montage, chemin avec mauvais pavés, etc.). Il est nécessaire de respecter le
collectif de charge pour se rapprocher des sollicitations rencontrées en service.
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Figure 12.12. Comparaison d’un cumulatif de charge réel (passage de véhicules sur un pont
métallique, trait plein) avec un cumulatif gaussien (pointillés) [RAB 03]

12.2.3.4. Réprésentativité d’une séquence d’essais


La représentativité de l’ensemble des enregistrements en service utilisés pour cons-
truire des spectres de chargements ou des séquences d’essais n’est assurée que si l’on
connaît la part relative (au sens statistique) de chaque type de signaux dans la vie
globale d’une structure. Par exemple pour une voiture : 30 % de route cabossée, 29 %
de route de campagne en bon état, 14 % de route de campagne en mauvais état, 23 %
de ville, 4 % d’autoroute [SCH 90], avec différentes conditions de charges (à vide, à
demi charge, à pleine charge) et pour différentes gammes de vitesses. La connaissance
par retour d’expérience des sollicitations de service reste déterminante dans la fiabilité
que l’on peut attendre d’essais de simulation en fatigue sous chargements d’amplitude
variable.

Si la séquence de chargement est longue (106 cycles et plus) les évènements rares
sont généralement présents (de une à dix fois pour un million de cycles). Par contre
pour des enregistrements en service plus courts que l’on souhaite utiliser pour iden-
tifier expérimentalement les spectres de chargement à appliquer au banc d’essai ou
à prendre en compte dans les calculs de simulation, il est nécessaire de procéder à
222 Fatigue des matériaux et des structures 2

des modifications artificielles. En effet, il faut que les essais de simulation ou bien les
calculs de durée de vie tiennent compte des évènements peu probables [LEE 05]. On
peut par exemple être amené à extrapoler le niveau maximum des signaux les plus
rares (figure 12.13). Il faut cependant veiller à ne pas dépasser des limites physiques
imposées par le fonctionnement du système mécanique ou bien parce qu’au delà une
rupture brutale surviendrait nécessairement.
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Figure 12.13. Modification d’un spectre par extrapolation des évènements les plus rares
[LEE 05]

12.2.3.5. Les séquences standardisées


Les premiers essais de fatigue sous spectres de chargement d’amplitude variable
ont été effectués en Allemagne par Gassner en 1939 avec la technique des blocs pro-
grammés [GAS 39]. Les moyens d’essais de l’époque ne permettaient pas de faire des
essais aléatoires. Les systèmes servo-hydrauliques permettent depuis la fin des années
1960 d’appliquer aux structures des signaux aléatoires. Aussi, pour se rapprocher des
chargements réels de nombreux spectres standards ont été mis au point dans divers
secteurs industriels ; un panorama non exhaustif est donné dans le tableau 12.2 pour
les chargements uniaxiaux et dans le tableau 12.3 pour les chargements multiaxiaux.

Tout ces spectres permettent, par exemple, à plusieurs laboratoires de comparer


la durabilité de composants mécaniques sous les mêmes chargements d’amplitude
variable. Leur utilisation permet aussi de comparer des solutions technologiques. Ces
spectres sont présentés de façon adimensionnée σmax /σmoyen .

Le secteur aéronautique a été le premier à mettre au point des spectres standardisés


(figure 12.14). Twist et Falstaff concernent les efforts de flexion appliqués à des ailes
d’avion respectivement de transport et de combat, sous des chargements représenta-
tifs du service. Une séquence Twist représente 4000 vols, une séquence Falstaff en
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 223

Désignation Année Domaine industriel


Blocs programmés (8 niveaux) 1939 Général
Twist 1973 Aéronautique (aile d’avion de transport)
Gaussien 1974 Général
Falstaff 1975 Aéronautique (avion de chasse)
Mini Twist 1979 Version courte de Twist
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Helix, Felix 1984 Helicoptères


Cold Turbistan 1985 Disque de turbine d’avion tactique
Wisper 1988 Eolienne
Wash 1989 Structures offshore
Wawesta 1990 Laminoir
Carlos 1990 Suspensions automobiles

Tableau 12.2. Liste non exhaustive de séquences standardisées de chargements uniaxiaux


(d’après [BER 02, HEU 05, SON 07])

Désignation Année Domaine industriel


Eurocycle I 1981 Roue de véhicules automobiles
Eurocycle II 1983 Roue de camion
Enstaff 1987 Falstaff et température
Hot turbistan 1989 Turbistan et température
Carlos multi 1994 Carlos multiaxial
Carlos PTM 1997 Pièces de train d’automobile (boîte de vit. manuelle)
Carlos PTA 2002 Pièces de train d’automobile (boîte de vit. automatique)
Carlos TC 2003 Crochet d’attelage de remorque pour automobile

Tableau 12.3. Liste non exhaustive de séquences standardisées


de chargements multiaxiaux (d’après [BER 02, SON 07])

représente 200. Pour les hélicoptères, Hélix et Félix représentent 140 vols de pales de
rotor (respectivement articulé et fixe). Toujours dans le secteur aéronautique, l’effet
de la température intervient dans Enstaff (version de Falstaff incluant les fluctations
de température).

Dans le secteur offshore, le spectre Wash concerne les effets de la houle, du vent
et des courants sur des structures de plates-formes pétrolières (de la mer du Nord ou
subissant des charges analogues).

Les spectres Carlos ont été créés par un consortium de constructeurs automobiles
européens associés au FhG-LBF (Fraunhofer-Institut für Betriebsfestigkeit) et à IABG
224 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.14. Différentes partie de la séquence Hot Turbistan (d’après [HEU 05])

(Industrieanlagen-Betriebsgesellschaft). Ils sont relatifs aux pièces de train avant de


véhicules automobiles. La version uniaxiale [SCH 90] comporte 3 séquences relatives
aux forces verticale, latérale et longitudinale (figure 12.15). La version multiaxiale
[SCH 94b] concerne les efforts appliqués selon 4 directions : longitudinale, verticale
et latérale au contact pneu / route et longitudinale à l’axe de rotation de la roue.

Figure 12.15. Séquences uniaxiales Carlos avec omission des petits cycles [SCH 90]
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 225

12.3. Essais de fatigue sous chargements d’amplitude variable

12.3.1. Méthodologie générale des essais de simulation

Selon les moyens d’essais dont on dispose, et l’objectif que l’on se fixe, ces der-
niers peuvent être plus ou moins complexes. Par ordre de complexité croissante, les
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différentes types d’essais possibles sont :


1) blocs programmés ;
2) séquences de cycles aléatoires programmés ;
3) séquences standardisées ;
4) signaux réels.

Lors des essais d’amplitude variable, la séquence d’essai est reproduite jusqu’à ce
qu’un critère d’arrêt soit atteint (amorçage d’une fissure de taille fixée, perte de raideur
ou rupture de la pièce en plusieurs parties). Il est nécessaire d’appliquer la séquence
au moins 5 à 10 fois pour que l’essai soit qualifié de représentatif [SON 07].

12.3.2. Moyens expérimentaux

Depuis la fin des années 1980, les progrès de l’informatique et des systèmes
numériques de pilotage des moyens d’essais servo-hydrauliques permettent de réali-
ser des essais sous des signaux de chargements très proches des signaux enregistrés en
service. Généralement les moyens d’essais servo-hydrauliques actuels sont pilotés par
des cartes à micro-contrôleur dialoguant avec un ordinateur de type PC. Ce dernier
permet de générer les fichiers d’essais (sinus, blocs programmés, pics et vallées,
signaux réels), de définir les conditions d’essais et d’asservissement (déphasage,
décalage temporels, valeur moyenne, tolérance sur les grandeurs asservies), ainsi que
les limites de sécurité et les seuils d’arrêt d’essai sur les diverses grandeurs surveillées
en temps réel. Enfin, il est possible d’acquérir dans des fichiers numériques les
grandeurs asservies et celles mesurées.

12.3.3. Essais par blocs programmés

La technique des essais par blocs programmés est la plus ancienne ; elle a été
proposée par Ernst Gassner au FhG-LBF à partir de 1939 [GAS 39, GAS 77]. Elle
consiste à reproduire de façon approchée un cumulatif de charge par une succession
de blocs de chargements sinusoïdaux ayant tous la même contrainte moyenne. La
méthode classique comprend 8 niveaux de charges (ou de contrainte) différents. Pour
des raisons techniques pratiques, les blocs sont appliqués par ordre d’amplitude crois-
sante de la plus faible à la plus grande amplitude puis de façon décroissante (figure
12.16).
226 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.16. Cumulatif de charge de la méthode des blocs programmés (d’après [SON 07])

Selon cette méthode d’essais, la distribution usuelle est gaussienne mais il est pos-
sible de simuler des cumulatifs différents en déformant la distribution (figure 12.17).
La forme du cumulatif peut être définie par le facteur ν selon l’équation :

ν
ln Hi = [1 − (Sai /Samax ) ] ln HO [12.4]

Hi représente la fréquence d’apparition cumulée de l’amplitude de contrainte Sai ,


HO la taille du bloc (nombre de cycles comptés), Samax la plus grande amplitude
du spectre. Pour une distribution gaussienne ν = 2, alors que ν tend vers l’infini
lors d’une distribution uniforme (c’est-à-dire un chargement d’amplitude constante)
(tableau 12.4). Les distributions pour lesquelles ν est inférieur à 2 représentent des
chargements qui ne sont pas toujours stationnaires. Ils sont obtenus par superposi-
tion de spectres gaussiens ayant des amplitudes de contraintes maximales différentes
[SCH 92].

ν Type de chargement
∞ amplitude constante
4 pont routier
2 signal gaussien stationnaire
1 chargement typique dû à la rugosité de la route
0,8 chargement typique dû à la houle ou au vent

Tableau 12.4. Différentes valeurs de ν selon le type de chargement


Fatigue sous chargements d’amplitude variable 227
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Figure 12.17. Différentes formes de cumulatifs de charge (d’après [HEU 05])

12.3.4. Essais d’amplitude variable ou sous spectre

12.3.4.1. Séquences de cycles aléatoires programmés


Généralement lors d’essais avec la méthode des blocs programmés, la contrainte
moyenne ne varie pas. Pour faire varier cette dernière, Haibach et al. [HAI 76] ont
proposé de stocker le signal à l’aide d’une matrice de Markov réduite (ou matrice de
transitions). Dans cette matrice carrée (à diagonale nulle), chaque ligne ou colonne
est relative à une classe de contraintes (souvent 32 ou 64). Par exemple du niveau
maximum σmax au niveau minimum σmin . La valeur de la case aij située au dessus
de la diagonale représente la fréquence de transition apparaissant dans le signal pour
passer du minimum σmin,i au maximum σmax,j (et réciproquement pour la case aji
située sous la diagonale. Pour générer un signal d’après une matrice de Markov, la
classe de départ dans la matrice est choisie de façon aléatoire, par exemple la ligne i ;
les fréquences de transition associées se trouvent dans la ligne partielle contenant Tα
éléments (figure 12.18).

12.3.4.2. Séquences standardisées


Dans les séquences standardisées, l’ordre d’apparition des extréma (pics et vallées)
est fixe. Leur tirage au sort a été effectué lors de la création de ces séquences. L’utili-
sation de l’une de ces séquences sur des éprouvettes ou des pièces différentes permet
de comparer aisément les durées de vie obtenues, donc les solutions technologiques
retenues.

12.3.4.3. Spécificités des chargements multiaxiaux non proportionnels


Lors d’essais de fatigue d’amplitude variable sous chargements multiaxiaux
non proportionnels, le trajet de chargement est complexe (le repère principal des
228 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.18. Procédure pour générer un signal d’amplitude variable (pics et vallées)
d’après une matrice de transitions

contraintes tourne par rapport à la matière, les contraintes principales n’évoluent pas
de façon proportionnelle les unes par rapport aux autres). Dans ces conditions, de
nombreux travaux [DIE 89] ont montré que la durée de vie en fatigue dépend de la
forme du trajet de chargement. Aussi pour tester une éprouvette ou une structure
sous ce type de chargement, il est indispensable de veiller à ce que l’evolution
temporelle des différents efforts appliqués reste, tout au long de l’essai, conforme
aux signaux de commande. En effet, certains systèmes de pilotage n’asservissent
pas l’évolution temporelle de chaque effort, mais uniquement la valeur des efforts
appliqués indépendemment du temps. Dans ce cas, les extréma des signaux (pics
et vallées) sont bien respectés mais pas la non proportionnalité du chargement. Il
convient d’être particulièrement vigilant lors d’essais longs ou très longs (plusieurs
semaines d’essais), faute de quoi les résultats ne sont pas représentatifs des conditions
choisies.

12.3.5. Essais sous chargements aléatoires

12.3.5.1. Spectres d’essais spécifiés en DSP


Les chargements de service ne sont pas toujours connus dans le domaine temporel
(c’est-à-dire par des enregistrements de signaux fonction du temps). Par exemple dans
le secteur aérospatial les chargements vibratoires sont souvent connus par leur densité
spectrale de puissance (DSP, voir paragraphe 12.2.2.4) et éventuellement leur spectre
de phase.
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 229

12.3.5.2. Génération des signaux de chargement


Il est possible de réaliser des essais de fatigue en respectant une DSP donnée (voir
paragraphe 12.2.2.4). Deux solutions sont alors possibles (figure 12.19) :
1) préparer avant essai, à l’aide d’un algorithme de reconstruction, une séquence
temporelle de chargement ;
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2) reconstruire en temps réel au cours de l’essai le chargement temporel (à l’aide


d’un générateur de signal aléatoire).

Dans le premier cas, l’essai consiste à répéter une séquence temporelle. On se retrouve
donc dans une configuration analogue à celle d’essais sous séquences standardisées.
Dans le second cas, le chargement temporel évolue en temps réel (il n’y a pas de
répétition de séquence).

Figure 12.19. Génération d’un signal de chargement SX (t) d’après sa DSP [PIT 01]

12.3.6. Représentation des résultats d’essais

12.3.6.1. Courbe de Gassner ou pseudo courbe de Wöhler


Pour réprésenter l’équivalent de la courbe de Wöhler sous chargements réels ou
sous spectre on utilise la courbe de Gassner (figure 12.20) : c’est-à-dire une pseudo
courbe de Wöhler représentant la contrainte maximale du spectre en fonction de la
durée de vie. Une telle courbe dépend donc du spectre de chargement considéré (c’est-
à-dire de la forme du spectre). Comme la courbe de Wöhler, cette courbe dépend aussi
de la pièce testée et de l’environnement.

12.3.6.2. Documentation d’un essai


Pour pouvoir comparer des résultats d’essais de fatigue d’amplitude variable, les
résultats doivent être documentés de façon la plus complète possible. Il est notamment
nécessaire de préciser les éléments suivants.
230 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.20. Principe des essais de simulations sous chargements d’amplitude constante ou
variable [SON 07]

Le spectre d’essai est caractérisé par la longueur de la séquence Ls , son rapport


de contrainte R = σmin /σmax ou rapport de charge R = Fmin /Fmax , son facteur
d’irrégularité I, son facteur de crête, sa matrice Rainflow, sa forme (c’est-à-dire son
cumulatif de charge selon la méthode des dépassements de niveaux et celle des éten-
dues appariées5). La suite des extréma (pics et vallées) du signal est aussi nécessaire
si on veut pouvoir refaire un essai dans les mêmes conditions par exemple.

Enfin, la fréquence d’essai doit être précisée si celle-ci est constante durant la
totalité de l’essai. Par ailleurs il est bien entendu nécessaire d’indiquer le critère d’arrêt
de l’essai et le nombre de séquences lors de cet arrêt, ainsi que l’environnement qui
peut avoir un effet important sur la durée de vie de la structure (air, brouillard salin,
tempéature, etc.).

Il convient également de préciser dans le procés-verbal d’essais, le type d’asser-


vissement réalisé (extréma du signal, fréquence constante ou variable, asservissement
de la forme du signal). Ce dernier point est particulièrement important pour les essais
multiaxiaux.
– Critères d’arrêt de l’essai : les résultats d’essais n’ont de sens que si l’on connaît
la raison pour laquelle l’essai a été arrêté (c’est-à-dire le critère d’arrêt). Les critères
généralement utilisés sont : la perte de raideur de la structure, l’amorçage d’une fissure
de taille donnée ou la rupture complète d’une pièce.

5. La comparaison de la forme des cumulatifs de charge d’un même signal obtenu selon la
méthode des dépassements de niveaux et celle des étendues appariées permet de savoir si la
valeur moyenne du signal fluctue ou non [SON 05].
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 231

– L’environnement dans lequel les essais ont été effectué doit être précisé : tempé-
rature, humidité (en particulier pour les matériaux composites à matrice organique),
environnement corrosif, etc.

Lors d’essais sur des structures à comportement non linéaire (suspension de véhicule
par exemple), il faut indiquer la densité spectrale de puissance (DSP) des signaux.
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Si les chargements sont multiaxiaux, il convient de documenter les DSP de tous les
efforts, en plus des indications précédentes pour chaque effort. On conservera aussi
avantageusement les enregistrements temporels de tous les efforts afin de connaître
précisément le trajet de chargement (figure 12.21). L’asservissement du déphasage
entre chaque effort est indispensable afin de garantir la constance d’une séquence à
l’autre, de la proportionnalité (ou non) du trajet de chargement. L’illustration de la
non proportionnalité de ce dernier peut se faire dans des diagrammes où l’on trace
l’évolution d’une force en fonction d’une autre (figure 12.22).

Certains auteurs indiquent dans la littérature les premiers moments statistiques des
signaux (valeur moyenne, valeur efficace) ou bien une contrainte équivalente. Rete-
nons que ces indications peuvent compléter les précédentes mais ne sont pas suf-
fisantes. Par exemple, des signaux différents peuvent avoir la même valeur efficace
[SON 89].

12.3.6.3. Dispersion des résultats


Les résultats d’essais de la littérature montrent que la durée de vie d’une struc-
ture sous chargement d’amplitude variable est généralement moins dispersée que sous
sollicitations d’amplitude constante [BER 02]. L’explication proposée le plus souvent
considère que les cycles de plus grande amplitude activent de multiples sites d’amor-
çage de fissure ; les cycles de plus faibles amplitude font alors propager les microfis-
sures précédemment amorcées.

La tendance asymptotique de la courbe de Wöhler sous sollicitations d’amplitude


constante ne se retrouve pas sur la courbe de Gassner sous chargement d’amplitude
variable. On retrouve là l’effet des « petits cycles » (voir paragraphe 12.4.8). La dis-
persion des résultats d’essais exprimée en durée de vie est ainsi quasiment constante
en fonction de la durée de vie médiane. Ceci n’est pas le cas en fatigue à amplitude
constante où la dispersion augmente lorsque l’on arrive vers les grandes durées de vies
(106 ou 107 cycles).

12.4. Facteurs influençant les résultats d’essais sous chargements d’amplitude


variable

Les conditions d’essais de simulation sont susceptibles d’influencer la durée de


vie d’une structure par rapport à sa durée de vie en conditions réelles. La maîtrise des
232 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.21. Exemple de documentation d’un essai multiaxial


d’amplitude variable [SON 07]

essais de simulation sous chargements d’amplitude variable passe donc par la connais-
sance de ces diverses influences afin de pouvoir transposer à la pièce réelle les résultats
obtenus au banc d’essai ou bien par simulation numérique. Ces effets sont également
importants à connaître lorsqu’il s’agit de comparer des solutions technologiques tes-
tées dans des conditions qui ne sont pas strictement identiques.

12.4.1. Méthode de comptage utilisée pour construire la séquence

Nous avons vu au pragraphe 12.2.3.2 que diverses méthodes de comptage des


cycles peuvent être utilisées pour transformer un signal aléatoire en cumulatif de
charge. Chaque méthode compte des cycles différents (à la fois en nombre, amplitude
et valeur moyenne). Le Pautremat et al. [LE 94] ont étudié l’effet, sur la propagation
de fissures de fatigue, de 5 méthodes de comptage de cycles. Des essais sous séquences
de chargement gaussiennes avec 3 facteurs d’irrégularité (I = 0, 3 ; 0, 7 et 0, 99) et 5
méthodes de comptage montrent que, pour les séquences à bande large (I = 0, 3 et
0, 7), la durée de vie dépend nettement de la technique de comptage choisie.
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 233
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Figure 12.22. Chargement multiaxial non proportionnel sur un support de moteur


d’automobile (d’après [LIU 04])

12.4.2. Nombre de niveaux de chargement

La méthode des blocs programmés (voir paragraphe 12.3.3) est généralement


appliquée avec 8 niveaux de contrainte différents mais son application est possible
avec un nombre quelconque de paliers [BRA 92, GAS 39, GRÉ 81]. Il en est de même
pour le nombre de niveaux utilisés pour approximer un cumulatif de chargement. Si
le nombre de paliers est réduit, il est nécessaire de s’interroger sur l’effet des blocs
de plus grande amplitude par rapport aux blocs de faible niveau (risque d’effet de
surcharge/sous-charge). Cet effet peut notamment s’avérer important dans les essais
où la durée de la phase de propagation des fissures est non négligeable [BAS 82].

12.4.3. Ordre d’application des niveaux de chargement

L’effet de l’ordre d’application des niveaux de chargement se manifeste surtout


dans la méthode des blocs programmés appliquée avec peu de niveaux de contrainte
différents (4 par exemple au lieu des 8 usuels). Pour des chargements sous spectres
standardisés, ou avec des enregistrements en service, le grand nombre de niveaux de
chargement et le nombre important de répétitions de la séquence avant amorçage de
fissure permet de s’affranchir de l’effet de l’ordre d’application des niveaux. Par contre
pour des blocs programmés à 4 niveaux, certains auteurs [BAS 82] ont constaté que la
durée de vie dépend de l’ordre d’application des blocs (la durée de vie est réduite si les
blocs sont appliqués par niveau décroissant, elle est augmentée dans le cas contraire).
L’effet de l’ordre des niveaux de chargement est également important dans les essais
234 Fatigue des matériaux et des structures 2

de propagation de fissure (figure 12.23) [SCH 03, SCH 91] ou bien lors d’essais à
l’amorçage de fissure lorsque les plus grands cycles de chargement correspondent
au domaine de la fatigue oligocyclique. L’étude de la fatigue des structures sous des
chargements couvrant à la fois la fatigue oligocyclique et la fatigue à grande durée de
vie reste actuellement un sujet de recherche.
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Figure 12.23. Effet de l’ordre d’application des niveaux de chargements sur la propagation de
fissure dans des toles en 2024-T3 [SCH 03]

12.4.4. Fréquence de chargement

Généralement sur les matériaux métalliques la fréquence de chargement n’a pas


d’effet sur la durée de vie à l’amorçage des fissures de fatigue si la fréquence d’es-
sai reste inférieure à environ 250 Hz [BRA 92]. Cependant, cette affirmation doit être
nuancée en fonction du matériau considéré. En effet, notamment sur des métaux duc-
tiles ou semi-ductiles, la température de l’éprouvette ou de la pièce peut augmenter de
plusieurs dizaines de degrés pour une fréquence de sollicitation de l’ordre de 100 Hz
(et même inférieure). Il convient donc de vérifier en cours d’essai (par exemples à
l’aide de thermocouples ou d’une caméra infra-rouge) que la température de la struc-
ture ne s’élève pas de plus de quelques degrés et qu’il n’apparaît pas de phénomène
d’auto-échauffement susceptible de modifier les caractéristiques en fatigue du maté-
riau.
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 235

12.4.5. Limitation des signaux aux contraintes élevées

Le niveau maximum de contrainte atteint lors d’un essai de fatigue d’amplitude


variable est une caractéristique importante de l’essai. En effet, sur des structures
entaillées, les plus grands cycles de chargement peuvent affecter la durée de vie à
cause des contraintes résiduelles et de l’écrouissage induits par la plastification locale
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du matériau en fond d’entaille lors des surcharges. Dans le domaine de la propagation


des fissures, les grands cycles peuvent aussi affecter la courbe de propagation par
effet de surcharge pour la même raison. Il convient donc d’être prudent dans l’extra-
polation des spectres vers les niveaux de contraintes élevés (pour essayer de réduire
la durée des essais de simulation). Il ne faut pas que les phénomènes physiques mis
en jeu lors des essais de simulation soient différents de ceux sous chargement de
service. En particulier, la matériau ne doit pas être sollicité en dehors du domaine de
contraintes - déformations dans lequel il sera cyclé en service (c’est-à-dire le niveau
de déformations plastiques macroscopiques).

12.4.6. Facteur d’irrégularité

Lors d’essais sous chargements à bande étroite, les variations du facteur d’irrégu-
larité, I, affectent peu la durée de vie aussi bien à l’amorçage de fissure que dans la
phase de propagation. Selon Gassner [GAS 76] ceci est vrai tant que le facteur d’irré-
gularité est compris entre 1 et 0, 85. Ceci est confirmé par [LE 94]. Par contre, pour
des signaux à bande large (c’est-à-dire pour de faibles valeurs de I) la durée de vie
dépend notablement du facteur d’irrégularité.

Ceci s’explique à la fois par l’effet moins endommageant des cycles de faible
amplitude (d’autant plus nombreux que I est petit), mais aussi par l’effet de la valeur
moyenne de ces cycles. Cette dernière fluctue en effet de façon importante dans des
signaux à bande large (figure 12.8, paragraphe 12.2.2.3). Ainsi, entre plusieurs signaux
à même valeur efficace, Jacoby [JAC 70] recommande de choisir les signaux à bande
étroite lors d’essais de validation afin de se placer dans une configuration discrimi-
nante (ou sécuritaire).

12.4.7. Type de spectre

La forme du spectre de chargement a une influence trés importante sur la durée de


vie comme l’illustre par exemple la figure 12.24 pour des joints soudés en acier E36.
La figure 12.25 illustre cet effet entre des essais sous spectres rectangulaire (c’est-à-
dire amplitude constante), gaussien ou linéaire. Pour une même contrainte maximale
la durée de vie varie d’un facteur 200. Dans un spectre linéaire, le nombre de cycles
de faible amplitude (donc peu endommageants) beaucoup plus nombreux que dans un
spectre gaussien, explique de telles différences.
236 Fatigue des matériaux et des structures 2

Ceci peut avoir des conséquences importantes pour l’allègement d’une structure.
Par exemple sur la figure 12.25, pour garantir une durée de vie de 108 cycles, la section
résistante d’un arbre supportant une même charge axiale variable, pourra être beau-
coup plus petite sous spectre linéaire (1,9 fois sur cet exemple) que sous chargement
d’amplitude constante. Le choix du spectre (c’est-à-dire sa représentativité par rapport
aux chargements de service) utilisé dans des essais de simulation ou bien dans un cal-
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cul de durée de vie est donc fondamental dans une démarche de dimensionnement en
fatigue sous chargement d’amplitude variable.

Figure 12.24. Effet de la forme du spectre sur la durée de vie de joints soudés en acier E36
(d’après [RAB 03])

12.4.8. « Petits cycles » ou cycles de faible amplitude

Les essais sous spectres contiennent nécessairement un nombre plus ou moins


important de cycles de faible amplitude (ou « petits cycles ») par rapport à la limite de
fatigue du matériau. L’endommagement dû à ces petits cycles semblant négligeable,
au moins dans une certaine mesure, il est tentant de réduire la longueur d’un spectre
en supprimant une partie de ces cycles. Ceci est un des aspects des essais accélérés.

12.4.9. Essais accélérés

Compte-tenu de la durée parfois trés longue (d’un jour à plusieurs semaines) des
essais de fatigue sous chargements d’amplitude variable, les ingénieurs ont cherché
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 237
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Figure 12.25. Influence de la forme du spectre de chargement


sur la durée de vie (d’après [BER 02])

à réduire la durée de ces essais. Plusieurs façons de procéder sont possibles, mais
il convient d’être vigilant sur la représentativité des réductions utilisées. Le retour
d’expérience reste indispensable dans une démarche industrielle prédictive ou de vali-
dation.

12.4.9.1. Problématique et objectifs de ces essais


Lorsque l’on souhaite réduire la durée des essais de fatigue sous chargements
d’amplitude variable, on souhaite également connaître de la façon la plus fiable pos-
sible, la règle de passage permettant de connaître la durée de vie de la structure sous
chargement réel par rapport à la durée de vie (plus courte) obtenue au banc d’essais.
Il est nécessaire que les endommagements mis en jeu soient identiques, les faciès de
rupture des pièces testées doivent être semblables et les matériaux sollicités dans le
même domaine de contraintes et de déformations. De façon simplifié, on peut (figure
12.26) :
– augmenter la fréquence d’essai ;
– modifier le spectre de chargement :
- en augmentant le niveau des plus grands cycles (figure 12.26b) ;
- en supprimant une partie des petits cycles (figure 12.26c) ;
- en sévérisant le spectre (figure 12.26d).

12.4.9.2. Augmentation de la fréquence d’essai


Sous réserve que les phénomènes mis en jeu soient identiques à ceux sous charge-
ment réel, les essais peuvent être réalisés en augmentant la fréquence de chargement,
238 Fatigue des matériaux et des structures 2
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Figure 12.26. Différentes façons de réduire la durée des essais (d’après [BER 02])

en particulier la fréquence des cycles de faible amplitude. La fréquence maximale ne


doit cependant pas excéder la fréquence à partir de laquelle la durée de vie sous char-
gement d’amplitude constante est modifiée. Par ailleurs, si la fonction de transfert de
l’ensemble {banc d’essais, structure testée} est non linéaire, il faut s’assurer que la
précision de l’asservissement n’est pas affectée par l’augmentation de la fréquence
[SON 07].
12.4.9.3. Filtrage des signaux, suppression des « petits cycles »
Afin de réduire la durée des essais sous spectre de chargement, il est maintenant
courant de modifier la forme du spectre en enlevant les cycles de plus faible niveau
(supposés faiblement endommageants). Dans la littérature on rencontre plusieurs
valeurs du seuil de filtrage, les valeurs courantes varient empiriquement entre 30 % et
50 % de la limite de fatigue en traction alternée symétrique [LAG 00, LAG 01]. Pour
des essais de simulation de structures au banc, le seuil de filtrage est parfois appliqué
directement sur les signaux de force6. On peut alors considérer comme seuil 15 % de
la force maximale du spectre [LEE 05].

Récemment Banvillet et al. [BAN 06] ont proposé une technique originale de
réduction de la durée des essais de fatigue multiaxiale sous chargements d’ampli-
tude variable. Elle repose sur le concept d’une amplitude de contrainte seuil, σ ⋆ ,
inférieure à la limite de fatigue conventionnelle et propre à chaque matériau. Selon
cette approche des amplitudes de contraintes inférieures à σ ⋆ n’endommagent pas le
matériau, alors que des cycles d’amplitude supérieure à ce seuil participent à la propa-
gation de l’endommagement mésoscopique si ils sont mélangés à des amplitudes plus

6. Ceci est une règle pratique empirique.


Fatigue sous chargements d’amplitude variable 239

élevées. La limite de fatigue est alors considérée comme une limite de non fissuration
macroscopique, le seuil σ ⋆ est vu comme une limite de non fissuration mésoscopique.
Par l’intermédiaire du travail de déformation fourni au matériau par cycle de charge-
ment, ce seuil est transposable à un état de contraintes multiaxial. Avec cette technique
le nombre de répétition du spectre de chargement est le même avec le signal modifié
qu’avec le signal originel. La durée de l’essai est réduite car la longueur du spectre de
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chargement est plus petite, mais la forme du spectre est modifiée (figure 12.27), sans
choix arbitraire du niveau de filtrage et sans augmentation des contraintes maximales.
Il est par ailleurs intéressant de noter que cette technique n’utilise pas de méthode
de comptage de cycles, son résultat ne dépend donc pas du choix de la technique de
comptage.

Figure 12.27. Exemple de modification de spectre de chargement selon [BAN 06]

12.5. Estimation de la durée de vie sous chargements d’amplitude variable

L’objectif de cette partie n’est pas de présenter les diverses méthodes de calcul de
durée de vie en fatigue multiaxiale sous chargements d’amplitude variable. Un cha-
pitre de cet ouvrage est consacré à ce sujet qui reste encore ouvert puisqu’aujourd’hui
aucune méthode ne fait l’unanimité. Cette partie présente simplement la méthodologie
générale utilisée par bon nombre de méthodes d’estimation de la durée de vie. Le lec-
teur retrouvera ici plusieurs notions préalablement abordées dans le présent chapitre.
240 Fatigue des matériaux et des structures 2

12.5.1. Méthodologie générale

Les méthodes de calcul de durée de vie en fatigue sous chargements multiaxiaux


d’amplitude variable reposent très souvent sur les éléments suivants :
– une méthode de comptage de cycle ;
– un critère de fatigue ;
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– une loi (ou règle) de cumul d’endommagement;


– une courbe de Wöhler (ou courbe S-N).

La méthode de comptage des cycles permet de transformer l’évolution « aléa-


toire » de tous les termes des tenseurs contraintes (et/ou des déformations) en une suc-
cession de différents cycles sinusoïdaux possèdant une valeur moyenne et une ampli-
tude propre.

A l’issue du comptage (Rainflow par exemple), on cherche à calculer l’endomma-


gement généré par chaque cycle i (d’amplitude σa,i et de moyenne σm,i ) . Pour cela, la
méthode la plus simple7 est celle de Palmgreen-Miner [MIN 45, PAL 24]. Son appli-
cation suppose que l’on connaisse par chaque couple (σa,i , σm,i ) le nombre de cycles
associés Ni sur la courbe de Wöhler correspondante. Comme toutes les courbes de
Wöhler ne sont pas connues, un critère de fatigue (Goodman ou Gerber par exemple)
permet de faire une correction de contrainte moyenne. Pour chaque cycle à contrainte
moyenne non nulle, un cycle alterné symétrique équivalent (au sens du critère choisi)
est calculé. L’endommagement généré par chaque cycle est alors, par exemple selon
Miner, di = 1/Ni . L’ensemble de cette méthodologie est illustré par la figure 12.28.

12.5.2. Spécificités des chargements multiaxiaux

La méthodologie illustrée précédemment, se complexifie lorsque l’état de


contraintes est multiaxial (c’est-à-dire quand plusieurs contraintes principales sont
non nulles). Si toutes les contraintes principales évoluent proportionnellement les
unes par rapport aux autres et que le repère des contraintes principales reste fixe par
rapport à la matière, le trajet de chargement est dit proportionnel. Si les contraintes
principales ne sont pas proportionnelles les unes aux autres à chaque instant ou que le
repère principal des contraintes tourne par rapport à la matière, le trajet de chargement
est dit non proportionnel.
12.5.2.1. Chargements proportionnels
Sous chargements proportionnels, le comptage des cycles peut être effectué sur
n’importe quel terme du tenseur des contraintes puisque tous les termes évoluent pro-
portionnellement de façon synchrone. La méthodologie présentée précédemment est

7. De multiples lois de cumul d’endommagement ont été proposées dans la littérature [FAT 98].
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 241
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Figure 12.28. Méthodologie générale de calcul de durée de vie en fatigue sous chargement
d’amplitude variable
242 Fatigue des matériaux et des structures 2

applicable à condition d’utiliser un critère de fatigue multiaxiale (Crossland, Findley,


Papadopoulos, etc.) pour effectuer la correction de contrainte moyenne.

12.5.2.2. Chargements non proportionnels


Pour les chargements non proportionnels la notion de cycle est très difficile à
définir. De nombreux auteurs choisissent alors de compter des cycles par l’intermé-
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diaire d’une variable de comptage. Il s’agit d’un scalaire (une contrainte équivalente,
la contrainte normale à un plan matériel, une quantité énergétique, etc.). Lorsque les
cycles de contraintes (et/ou de déformations sont extraits) l’endommagement élémen-
taire associé est calculé. Chaque méthode de cumul d’endommagement utilise alors
une variable d’endommagement et une règle de cumul de l’endommagement particu-
lière [FAT 98, SCH 03].

12.5.3. Vers une absence de comptage

12.5.3.1. Principe des méthodes incrémentales


Depuis une quinzaine d’années de nouvelles méthodes de calcul de durée de
vie s’affranchissent de toute technique de comptage de cycles. Le principe de ces
méthodes est de suivre au cours du temps l’évolution d’une variable d’endom-
magement (notons-la X). L’evolution de cette variable cumulée entre le début du
Rt
chargement t = 0 et l’instant t courant est donné par : Xc (t) = t=0 dx(t). Ces
méthodes suivent donc l’évolution infinitésimale (ou incrémentale) d’une grandeur
pour en retenir la valeur accumulée. Cette variable peut, par exemple, être la défor-
mation plastique mésoscopique comme dans les méthodes de Papadopoulos [PAP 94]
ou de Morel [MOR 00].

Avec de telles méthodes définir la notion de cycle sous chargements non propor-
tionnels n’est plus nécessaire. Le résultat de la méthode de calcul de durée de vie ne
dépend plus du choix de la technique de comptage. Rappelons que dans la méthodolo-
gie générale décrite précédemment (figure 12.28), comme chaque méthode de comp-
tage compte des cycles différents, le choix de la technique de comptage influence la
durée de vie calculée. Ces raisons font que les recherches actuelles s’orientent vers de
telles approches sans comptage de cycles.

12.5.3.2. Principe des méthodes fréquentielles


Comme nous l’avons vu précédemment, les chargements d’amplitude variable ne
sont parfois pas connus dans le domaine temporel mais seulement dans le domaine
fréquentiel. On ne dispose pas d’enregistrements typiques de l’évolution des charge-
ments en fonction du temps ; seules les densités spectrales de puissance des divers
chargements sont connues et utilisées dans les calculs. On parle alors de méthodes
spectrales de calcul de durée de vie.
Fatigue sous chargements d’amplitude variable 243

Le principe de ces méthodes est d’estimer dans le domaine fréquentiel la variable


d’endommagement utilisée. Ce peut être, par exemple, la contrainte équivalente de
Von Mises σeq,V M [PRE 94b]. Pour remédier à la non sensibilité de cette contrainte
équivalente à la contrainte hydrostatique (dont l’influence est reconnue en fatigue),
Pitoiset a récemment proposé une méthode fréquentielle basée sur le critère de Cross-
land [PIT 00a, PIT 00b]. A l’aide d’outils statistiques de traitement du signal [LAR 91,
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WIR 80] le comptage des cycles peut être effectué de façon approchée dans le domaine
fréquentiel. Les méthodes fréquentielles permettent d’exprimer la durée de vie d’une
pièce à l’aide de la puissance moyenne (au sens du traitement du signal), de la variance
du signal ou d’un moment statistique particulier.

Ces techniques sont des approximations - dans le domaine fréquentiel - de modèles


développés dans le domaine temporel. Elles ne s’appliquent, pour l’instant, que si
l’évolution temporelle de la contrainte équivalente choisie est un phénomène station-
naire à moyenne nulle. Ces méthodes sont basées sur une modélisation (répartition
de Rayleigh) du cumulatif des cycles extraits par la méthode de comptage « Rain-
flow », suivie d’une loi de cumul d’endommagement linéaire (Miner). Elles ont été
développées uniquement pour le domaine des grandes durées de vie. Des travaux de
recherche restent à effectuer pour estimer, dans le domaine fréquentiel, la durée de vie
des structures sous chargements non proportionnels.

12.6. Conclusion

La fatigue des matériaux et des structures sous chargements multiaxiaux d’am-


plitude variable reste un domaine complexe dans lequel de très nombreux facteurs
interagissent (chargement, comportement mécanique du matériau, géométrie de la
structure, état de surface, contraintes résiduelles, température, environnement, etc.).
La prévision de la durée de vie des structures dans des conditions réelles ou repré-
sentatives des conditions de service reste à ce jour impossible sans avoir recours à
l’expérience.

Les essais de simulation en fatigue multiaxiale sous chargements d’amplitude


variable ont fait de notables progrés durant la seconde moitié du vingtième siècle. Il est
aujourd’hui possible de simuler au banc d’essai, des chargements multiaxiaux repré-
sentatifs de la vie d’une structure. Pour que ces essais permettent de valider (ou de
qualifier) le dimensionnement d’une structure avant sa commercialisation et puissent
efficacement enrichir les résultats de simulations numériques il est nécessaire :
– d’avoir analysé au préalable tous les chargements susceptibles de s’appliquer à
la structure étudiée au cours de sa vie ;
– de disposer d’enregistrement en service des chargements représentatifs des char-
gements réels, ou de spectres de chargements standardisés (provenant eux-mêmes de
campagnes d’enregistrement en service pour un secteur industriel donné : off-shore,
automobile, aéronautique, etc.) ;
244 Fatigue des matériaux et des structures 2

– de reproduire les chargements et de les asservir de façon fiable et reproductible ;


– de ne modifier les spectres de chargements, dans le but de réduire la durée des
essais au banc, qu’en se préoccupant de la représentativité des modifications effectuées
et de leur incidence sur la durée de vie expérimentale obtenue par rapport à celle sous
conditions réelles.
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Bien que complexes, longs et onéreux, les essais de fatigue mutiaxiale sous charge-
ments d’amplitude variable présentent de nombreux avantages encore inaccessibles
(ou de façon trés imparfaite) par les calculs :
– localiser les zones d’amorçage des fissures de fatigue en tenant compte des fac-
teurs extérieurs, notamment ceux liés à la géométrie de la pièce, aux procédés de fabri-
cation, aux interactions entre pièces lorsqu’il s’agit d’ensembles mécaniques (train
avant de véhicule automobile, boîte de vitesses, fuselage d’avion, etc.) ;
– tenir compte des effets de surcharge ou de sous-charge ;
– comparer des solutions technologiques (d’assemblages ou de procédés de fabri-
cation par exemples) pour réaliser une même structure de différentes façons ;
– quantifier la dispersion des durées de vie en service de façon représentative par
rapport à la réalité afin d’éviter des surdimensionnements excessifs ;
– optimiser (pour alléger) la conception d’une pièce par rapport à une conception
sous chargements multiaxiaux d’amplitude constante (plus éloignés de la réalité) ;
– valider un dimensionnement dans un but de certification (par exemple dans le
domaine aéronautique).

Une démarche prédictive de dimensionnement en fatigue sous sollicitations d’ampli-


tude variable doit intégrer à la fois les calculs de simulation, les essais de simulation et
le retour d’expérience (notamment par le suivi et l’analyse des défaillances en service).
En effet, pour prévoir la durabilité des matériaux et des structures il faut tenir compte :
de la géométrie des pièces, des procédés de fabrication, des caractéristiques des maté-
riaux et des caractéristiques des chargements (au sens large – mécaniques, thermiques,
environnementaux, etc.) [BER 02, GRÉ 88]. La démonstration de la durabilité d’une
structure mécanique doit donc associer simulations expérimentale et numérique. Les
progrés à venir passeront par une synergie des travaux effectués dans ces domaines.

12.7. Bibliographie

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248 Fatigue des matériaux et des structures 2

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Index
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A comptage des cycles, 215, 219, 232, 240,


243
acier
concentration de contrainte, 18, 31, 42
au carbone, 21, 67, 68, 73, 75
contrainte
doux, 19, 21, 22, 31, 32, 35, 37, 76
plane, 34, 36, 46, 61, 62, 71, 84, 87,
extra-doux, 70
88, 89, 97, 99, 112, 113
inoxydable, 31, 70, 73, 74, 7, 1046,
135, 149, 150, 154, 155, 158
T, 30, 99, 100, 120, 121
aluminium, 23, 24, 27, 31, 34, 39, 43-45,
résiduelles, 35, 84, 88, 90, 95, 96,
53-57, 68, 72, 73, 82, 84, 86, 91, 113,
103, 105-109, 113, 121
128, 131, 133-135, 138, 139, 142, 144,
corrosion sous contrainte, 128, 129
145, 147, 151, 152, 156, 160, 161, 164,
cuivre, 68, 70, 72, 73, 151, 152, 154, 156,
165, 169, 178, , 182, 188 193, 195,
161, 178
196, 198-200, 202
cumulatif
amorçage des fissures, 126, 128, 131
de charge, 220, 221, 225, 226, 230,
arrêt, 24, 78
232, 233
gaussien, 221
B
bande persistante, 42 D
barrières microstructurales, 25, 26, 39,
déformation
41, 50
cyclique, 64, 126, 176
monotone, 65
C
plane, 30, 32, 34, 36, 62, 63, 71, 77,
cellules de dislocations, 68, 70, 175, 177 84, 85, 88, 90, 96, 99, 101, 106,
chargements 107, 112, 113
multiaxiaux, 215, 217, 220, 222, 223, densité spectrale, 213, 228, 231
227, 240, 243, 244 déplacement en fond de fissure, 43
non proportionnels, 220, 227 diagramme de Kitagawa, 19, 20, 40, 41,
proportionnels, 218, 240 43, 45
champs HRR, 100, 102 dimensionnement, 214, 236, 243, 244
250 Fatigue des matériaux et des structures 2

dislocations, 42, 60, 68, 73, 75, 76, 127, 135, 140, 141, 143, 145, 149, 160,
131, 143, 152, 157, 162, 173, 176 165, 169, 186, 188, 191
dispersion, 23, 27, 164, 211, 231, 244 effectif, 82, 86, 191
dissolution, 125-129, 141, 143-145 efficace, 82, 89
ductilité, 163 facteur de concentration de contrainte, 22,
Dugdale, 34, 47, 112, 121 23
fatigue
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E corrosion, 120, 125-128, 130-132,


135-143, 145, 146, 149, 191
écartement à fond de fissure, 77, 79
en milieu corrosif, 126
écrouissage, 79, 60, 63, 65, 67, 81, 82,
sous chargements d’amplitude
100-103, 105, 106, 113, 117, 118, 121
variable 209, 213, 215, 221, 225,
effet
236, 237, 241
d’entaille, 31, 48, 49, 50, 128, 129
fermeture des fissures, 34, 35, 50, 110,
de fermeture, 59, 109, 110, 183, 185,
112
187
fissures
de la contrainte moyenne, 134, 135
chimiquement courtes, 51
de la fréquence, 135, 137, 139, 141,
courtes, 9-12, 17-21, 23, 24, 27, 28,
155
30, 31, 34, 36, 38, 39, 41, 45-48,
ergodicité, 212
50, 51, 126, 130, 132, 133, 164,
Elber, 34, 46, 52, 82-84, 92, 109, 121,
166, 185
122
mécaniquement courtes, 19, 28, 30,
éléments finis, 30, 32, 35, 44, 46, 62, 98,
35, 44, 47, 49
101, 102, 106, 107, 113-118
microstructurellement courtes, 19, 25-
émoussement, 90, 102, 175
27, 39, 40, 43, 44, 49
entaille(s), 17-19, 22-25, 31-33, 37, 38,
non propageantes, 23
46, 48-52, 82, 85, 126, 129, 130, 166,
fond d’entaille, 18, 21, 22, 31, 33, 37, 38,
235
45, 46, 48, 50, 51, 235
environnement, 10-12, 18, 28, 51, 59, 73,
77, 86, 91, 126, 127, 129, 131-134,
H
136-138, 140-144, 149-151, 154-159,
162, 163, 169-172, 175, 177-180, 182, humidité, 159, 160, 163, 187
185, 187-189, 191-193, 199, 203 hydrogène, 125, 127, 131, 135, 137, 138,
essais accélérés, 236 141-145, 152, 170, 171, 173, 174, 179,
180, 185
F
I, J
faciès
de rupture, 74, 90, 167, 168, 193 influence
fractographiques, 71 de la pression, 155, 160, 161, 179
facteur d’intensité de la taille de grain, 26
de(s) contrainte(s), 17, 22, 34, 38, 46, de la température, 158, 179
50, 51, 60, 61, 72, 82, 84, 86, 87, intégrale J, 47, 101
89, 99, 100, 102, 106, 109, 111, Irwin, 47, 60-62, 96, 97, 99, 102, 109,
112, 115, 116, 121, 129, 130, 132- 112, 122
Index 251

joint(s) de grain, 25-28, 39, 41, 42, 73, propagation, 17-19, 21-36, 38-44, 46, 48-
132, 143, 154, 167-169 57, 59, 60, 62, 66, 71, 73, 76-79, 81,
82, 84, 88, 90-93, 108, 109, 113, 114,
L 120-122, 125-127, 130, 132, 133, 135,
139, 140, 145, 147, 149, 150, 152,
laiton(s), 72, 75, 151
159-161, 163-177, 179-181, 183-185,
limite de fatigue, 19, 126, 158, 210, 220,
187-197, 198-203
236, 238, 239
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de(s) fissures, 17, 19, 21, 23-25, 27,


loi de Paris, 118, 133, 134
28, 35, 38, 41, 44, 48, 50, 52, 78,
M 84, 108, 109, 114, 120, 121, 125,
127, 130, 133, 135, 139, 159-161,
macles mécaniques, 69, 76 163, 180, 185, 187, 188, 190-193,
magnésium, 151, 152 199, 203, 232, 233, 235
mécanique
de fissuration, 59, 192 R
élastoplastique de la rupture, 47
relation de Paris, 34, 41, 46, 77, 82, 87
linéaire élastique de la rupture, 17,
repassivation, 125, 126, 138, 141, 142,
96, 103
144
microstructure(s), 18-20, 23, 26-28, 31,
rugosité des surfaces de rupture, 38
39, 44, 52, 53, 86, 88, 93, 121, 132,
rainflow, 217- 219, 230, 240, 243-245
141, 145, 156, 157, 159, 162, 163, 167,
169, 174, 177-181, 190, 192, 194, 199,
S
202
Miner, 206, 209-211, 240, 243, 246 seuil de propagation, 17-21, 26, 38, 43,
Murakami, 21, 54, 158, 159, 198, 199 51, 150, 162, 175, 183
spectres d’essais, 214, 228
O, P stade I, 26-28, 40, 43, 71, 129, 163-171,
173-184, 190-192
ouverture cyclique en fond de fissure, 175
stade II, 26-28, 41, 71, 164-171, 173-175,
passivation, 127, 128, 136, 141
177-181, 183, 184, 190-192
petite(s) fissure(s), 18, 23, 25, 31, 39, 47
stationnarité, 212
piquration, 129, 130
stries, 70, 72, 73, 75, 77-79, 91, 175, 177
piqûres, 128, 129, 131
surcharge(s) , 87-90, 95, 108-110, 114,
de corrosion, 128, 129
119, 120, 187, 188, 192, 209, 233, 235,
plasticité
244
confinée, 17, 18, 31, 35, 36, 44, 45
cyclique, 103, 114, 115, 117, 118,
T
121
non confinée, 28 technique de comptage, 217, 232, 239,
plomb, 151, 155, 156 242
pointe de fissure, 59, 95, 96, 99-103, 105, titane, 26, 28, 38, 139, 152, 159, 161,
106, 108, 113-118, 120, 121, 138, 164, 164, 167, 169, 174, 177, 179, 180-
171-176 182, 190
processus aléatoires, 211 transition stade I-stade II, 28, 43, 50
252 Fatigue des matériaux et des structures 2

V Wöhler, 59, 156, 205, 206, 208- 210, 229,


231, 240
variation effective du facteur d’intensité
de contrainte, 46
Z
vide, 45, 70, 131, 133, 149-152, 154-160,
162-165, 167-169, 171, 175-178, 180- zone
183, 185, 187-190, 192 plastifiée, 59-68, 73, 77, 79, 80, 84,
88, 89, 91, 95, 97, 99, 100, 102,
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W 106, 113, 167, 174, 175, 177


plastique, 18, 20, 28, 30-33, 37, 42-
Wheeler, 88, 93, 108, 109, 123, 138, 145,
44, 50, 97-103, 105-110, 112, 113,
160, 178, 193
115-117, 120, 132, 193
Willenborg, 88, 108, 109, 123
Sommaire du volume 1
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Préface
Paul C. PARIS

Chapitre 1. Introduction à la fatigue : motivation et méthodologie


André PINEAU et Claude BATHIAS
1.1. Introduction à la fatigue des matériaux
1.1.1. Bref historique de la fatigue : son importance technique et scientifique
1.1.2. Définitions
1.1.3. Diagrammes d’endurance
1.2. Mécanismes d’endommagement par fatigue
1.2.1. Généralités
1.2.2. Amorçage des fissures de fatigue
1.2.3. Propagation des fissures de fatigue
1.3. Les moyens d’essai
1.4. Conception mécanique face à la fatigue
1.5. La fatigue des polymères, des élastomères et des composites
1.6. Conclusion
1.7. Bibliographie

Chapitre 2. Estimation des caractéristiques de résistance et d’endurance


en fatigue
Henri-Paul LIEURADE
2.1. Introduction
2.2. Nature et aspect de la dispersion des résultats d’essais de fatigue
254 Fatigue des matériaux et des structures 2

2.3. Application à la détermination de la limite d’endurance


2.4. Méthodes d’estimation de la résistance à la fatigue à N cycles
et de son écart-type
2.4.1. Méthode des « probits »
2.4.1.1. Principe de la méthode
2.4.1.2. Représentation graphique d’une courbe sigmoïde de réponse
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et de résultats d’essais
2.4.1.3. Estimation des paramètres µ et σ
2.4.1.4. Conclusions
2.4.2. Méthode de l’escalier
2.4.2.1. Règles d’exécution de la méthode de l’escalier
2.4.2.2. Utilisation des résultats
2.4.2.3. Précisions de m et s
2.4.2.4. Remarque sur l’application pratique de la méthode de l’escalier
2.4.3. Méthode d’itération
2.4.3.1. Règle d’exécution des essais selon la méthode d’itération
2.4.3.2. Estimation de S(p), amplitude de contrainte pour laquelle
la probabilité de rupture est p
2.4.3.3. Conditions et mode d’emploi de la méthode d’itération
2.4.3.4. Précision de l’estimation
2.4.3.5. Exemple d’application
2.4.4. Méthode des K éprouvettes non rompues
2.4.4.1. Principe de la méthode
2.4.4.2. Propriétés statistiques du résultat
2.4.4.3. Exemple d’application
2.4.5. Choix de la méthode d’essais
2.4.5.1. Méthodes d’estimation approchée
2.4.5.2. Méthodes d’estimation de précision moyenne
2.4.5.3. Méthodes précises d’estimation
2.5. Représentations mathématiques et méthodes de tracé de la courbe de Wöhler
2.5.1. Introduction
2.5.2. Représentations mathématiques de la courbe de Wöhler
2.5.3. Méthodes d’ajustement d’une courbe de Wöhler à des résultats d’essais
2.6. Estimation du nombre de cycles N, pour un niveau d’amplitude
de contrainte donnée
2.6.1. Principe
2.6.2. Mise en œuvre
2.6.3. Application
Sommaire du volume 1 255

2.7. Influence des paramètres mécaniques sur l’endurance


2.7.1. Influence de la contrainte moyenne
2.7.2. Influence de la nature des efforts
2.7.2.1. Traction alternée et flexion plane alternée
2.7.2.2. Traction alternée et flexion rotative
2.7.2.3. Flexion plane alternée et flexion rotative
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2.7.2.4. Torsion alternée et flexion alternée


2.8. Relations entre l’endurance et les caractéristiques mécaniques
(cas des aciers)
2.8.1. Estimations de σD
2.8.2. Estimation des écarts-types
2.8.3. Conclusion
2.9. Bibliographie

Chapitre 3. L’amorçage des fissures de fatigue


Paul RABBE et Louis ANQUEZ
3.1. Introduction
3.2. Mécanismes physiques de l’amorçage
3.2.1. Rappel des trois stades de la ruine par fatigue
3.2.1.1. Définition de l’amorçage
3.2.1.2. Importance relative des stades d’amorçage et de propagation
3.2.2. Influence du niveau de déformation
3.2.2.1. Domaine des très faibles déformations
3.2.2.2. Domaine de l’endurance
3.2.2.3. Domaine des fortes déformations
3.2.2.4. Le stade I de propagation des fissures
3.3. Méthodes d’évaluation de l’amorçage
3.3.1. Etude de l’amorçage sur éprouvettes lisses
3.3.2. Prise en compte de l’effet d’entaille
3.3.2.1. Répartition des contraintes au voisinage d’une entaille
3.3.2.2. Coefficient de réduction de la résistance à la fatigue Kf.
Relation Kt - Kf
3.3.2.3. Méthode fondée sur le coefficient de Neuber
3.3.2.4. Méthode fondée sur le facteur d’intensité de contrainte
3.3.2.5. Méthode fondée sur l’amplitude locale de la déformation
3.4. Méthode pratique de calcul des structures
3.4.1. Préliminaire
3.4.2. Le problème à résoudre
3.4.3. Les paramètres d’amorçage
3.4.4. Courbe de Wöhler maîtresse (kt = 1)
3.4.5. Cumul du dommage (kt = 1)
256 Fatigue des matériaux et des structures 2

3.4.6. Eprouvette de kt > 1. Courbes de correspondance


3.4.7. Utilisation des courbes de correspondance
3.4.8. Construction des courbes de correspondance
3.4.9. Commentaires et conclusion
3.5. Bibliographie
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Chapitre 4. La fatigue plastique oligocyclique


André PINEAU
4.1. Introduction
4.1.1. Domaines d’application de la fatigue plastique oligocyclique
4.1.1.1. Généralités
4.1.1.2. La fatigue oligocyclique comme critère de dimensionnement
des structures
4.1.1.3. La fatigue plastique oligocyclique comme élément
de compréhension de phénomènes mécaniques ou métallurgiques
4.1.2. Description générale des méthodes d’essais : principaux problèmes
4.1.2.1. Généralités
4.1.2.2. Les machines d’essais
4.1.2.3. L’extensométrie : réalisation et amarrage
4.2. Description phénoménologique de la fatigue oligocyclique
4.2.1. Généralités
4.2.2. L’écrouissage cyclique
4.2.3. Relations contraintes-déformations
4.2.4. Résistance à la fatigue
4.2.5. Formulations mathématiques
4.2.5.1. Consolidation cyclique
4.2.5.2. Résistance à la fatigue
4.2.6. Comportement général : effet de séquence et des paramètres contrôlés
4.2.6.1. Loi de cumul de dommage
4.2.6.2. Influence d’une déformation ou d’une contrainte moyenne
4.3. Mécanisme d’accommodation et de fissuration en fatigue oligocyclique
4.3.1. Introduction
4.3.2. Accommodation du matériau
4.3.2.1. Monocristaux
4.3.2.2. Alliages métalliques polycristallins
4.3.3. Description et interprétation sommaire du stade d’accommodation
dans les alliages de construction : cas des aciers
4.3.3.1. Aciers ferritiques
4.3.3.2. Aciers trempés-revenus
4.3.3.3. Aciers austénitiques
4.3.4. Amorçage des fissures en fatigue oligocyclique
Sommaire du volume 1 257

4.3.4.1. Nombre de cycles à l’amorçage


4.3.4.2. Nature des sites d’amorçage
4.3.5. Propagation des fissures en fatigue oligocyclique
4.3.5.1. Mécanisme de propagation des fissures
4.3.5.2. Vitesse de propagation des fissures
4.4. Conclusion
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4.5. Bibliographie

Chapitre 5. La fatigue gigacyclique


Claude BATHIAS
5.1. Introduction sur la durée de vie réelle des machines
5.2. Procédure d’essai
5.2.1. Les machines piézoélectriques
5.2.2. Principe de la fatigue vibratoire
5.2.3. Calcul des longueurs de résonance
5.2.4. Calcul des éprouvettes
5.2.5. Calcul des sonotrodes
5.3. Les systèmes de machines de fatigue piézoélectriques.
5.4. Les courbes SN au-delà de 107 cycles
5.4.1. Allure générale des courbes SN
5.4.2. Le cas des métaux ferreux
5.4.2.1. Présentation des aciers et fontes
5.4.2.2. Résultats expérimentaux et comparaison des résultats obtenus
en fatigue ultrasonique avec ceux obtenus par des méthodes classiques
5.4.3. Le cas des alliages d’aluminium
5.5. Les mécanismes d’amorçage en fatigue gigacyclique
5.5.1. Inclusions non métalliques
5.5.2. Défauts métallurgiques dans la matrice
5.5.3. Microporosités
5.6. Estimation de la résistance à la fatigue
5.6.1. Comparaison entre la méthode de l’escalier, Bastenaire, Wöhler,
Basquin, Stromeyer/linéaire
5.6.2. Diagramme de Kitawaga en fatigue gigacylique
5.6.3. Estimation de la durée de vie à l’amorçage par le modèle de l’ITMA
et la loi de Paris-Hertzberg
5.6.4. Prédiction de la résistance à la fatigue par le modèle de Y. Murakami
5.7. Conclusion
5.8. Bibliographie
258 Fatigue des matériaux et des structures 2

Chapitre 6. Les lois de fissuration par fatigue


Jacques MASOUNAVE, Jean-Paul BAÏLON et John-Ivan DICKSON
6.1. Introduction
6.2. Modèles décrivant la propagation d’une fissure
6.2.1. Modèles phénoménologiques
6.2.2. Les modèles basés sur la théorie des dislocations
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6.2.3. Modèles fondés sur le comportement du matériau en tête de fissure


6.2.4. Modèles fondés sur les propriétés cycliques du matériau
6.2.4.1. Modèles fondés sur les lois de fatigue oligocyclique
6.2.4.2. Modèles basés sur la dissipation d’énergie plastique en tête
de la fissure
6.3. Critique des modèles
6.3.1. Influence des paramètres du comportement cyclique
6.3.2. Relations entre m et C
6.3.3. Influences des paramètres intrinsèques sur la fissuration
6.3.3.1. Influence du module d’Young
6.3.3.2. Influence de la taille du grain
6.3.3.3. Influence de la limite d’élasticité
6.3.3.4. Effet de la ténacité KIC
6.3.4. Influence des paramètres extrinsèques à la fissuration
6.3.4.1. Influence de l’épaisseur de l’éprouvette
6.3.4.2. Influence de la fréquence
6.3.4.3. Effet de la corrosion
6.3.4.4. Effet de la température
6.4. Développements futurs
6.5. Conclusion
6.5.1. Paramètres métallurgiques
6.5.2. Paramètres extrinsèques
6.6. Bibliographie

Index

Sommaire du volume 2
TRAITÉS MIM

MÉCANIQUE ET INGÉNIERIE DES MATÉRIAUX


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(liste des ouvrages au 31 mars 2008)

L’ensemble des traités MIM sera de 80 volumes (dont 43 déjà publiés).

Les noms qui apparaissent en regard de chaque titre correspondent aux coordonnateurs
des ouvrages.

Comité scientifique

■ GÉOMATÉRIAUX
série dirigée par Félix Darve, INPG ENSHMG
■ MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION
série dirigée par Gilles Pijaudier-Cabot, Ecole Centrale de Nantes
■ MATÉRIAUX ET MÉTALLURGIE
série dirigée par André Pineau, Ecole des Mines de Paris
■ MATÉRIAUX FONCTIONNELS
série dirigée par Christian Lexcellent, Université de Franche-Comté
■ MÉCANIQUE DES FLUIDES
■ MÉTHODES NUMÉRIQUES EN MÉCANIQUE
série dirigée par Piotr Breitkopf, Université de Technologie de Compiègne
■ PHYSIQUE ET MÉCANIQUE DES SURFACES
série dirigée par Jamal Takadoum, ENSMM
II Liste des ouvrages du TRAITÉ MIM

Série GÉOMATÉRIAUX
sous la direction de Félix Darve

Sols urbains,
Breysse Denys et Kastner Richard
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Micromécanique des matériaux granulaires,


Cambou Bernard et Jean Michel

Matériaux routiers bitumineux 1 : description et propriétés des constituants,


Corté Jean-François et Di Benedetto Hervé

Mécanique des sols non saturés,


Coussy Olivier et Fleureau Jean-Marie

Géomécanique environnementale, sols pollués et déchets,


Delage Pierre et Schrefler Bernard

Matériaux routiers bitumineux 2 : constitution et propriété thermomécaniques des


mélanges,
Di Benedetto Hervé et Corté Jean-François

Modèles de comportement des sols et des roches Vol.1. Elastoplasticité des sols et
des roches,
Hicher Pierre-Yves et Shao Jian-Fu

Modèles de comportement des sols et des roches Vol.2. Lois incrémentales,


viscoplasticité, endommagement,
Hicher Pierre-Yves et Shao Jian-Fu

Mécanique des milieux granulaires,


Lanier Jack

Géomécanique environnementale, risques naturels et patrimoine,


Schrefler Bernard et Delage Pierre

Reconnaissance des terrains in situ,


Shahrour Isam et Gourvès Roland
Liste des ouvrages du TRAITÉ MIM III

Série MATÉRIAUX ET MÉTALLURGIE


sous la direction d’André Pineau

Corrosion des métaux et alliages : mécanismes et phénomènes,


Béranger Gérard et Mazille Henri

Corrosion et anticorrosion : pratique industrielle,


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Béranger Gérard et Mazille Henri

Métallurgie et mécanique du soudage,


Blondeau Régis

Procédés et applications industrielles du soudage,


Blondeau Régis

Matériaux et processus céramiques,


Boch Philippe

Propriétés et applications des céramiques,


Boch Philippe

Homogénéisation en mécanique des matériaux 1 : matériaux aléatoires élastiques


et milieux périodiques,
Bornert Michel, Bretheau Thierry et Gilormini Pierre

Homogénéisation en mécanique des matériaux 2 : comportements non linéaires


et problèmes ouverts,
Bornert Michel, Bretheau Thierry et Gilormini Pierre,

Métallurgie des poudres,


Bouvard Didier

Matériaux et acoustique 1 : propagation des ondes acoustiques 1,


Bruneau Michel et Potel Catherine

Matériaux et acoustique 2 : propagation des ondes acoustiques 2,


Bruneau Michel et Potel Catherine

Matériaux et acoustique 3 : caractérisation des matériaux, contrôle non destructif et


applications médicales,
Bruneau Michel et Potel Catherine
IV Liste des ouvrages du TRAITÉ MIM

Essais mécaniques et lois de comportement,


François Dominique

Traitements de surfaces en phase vapeur,


Galerie Alain

Oxydation des matériaux métalliques : comportement à haute température,


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Huntz-Aubriot Anne-Marie et Pieraggi Bernard

Mise en forme des alliages métalliques à l’état semi-solide,


Suéry Michel

Série MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION


sous la direction Gilles Pijaudier-Cabot

Comportement du béton au jeune âge,


Acker Paul, Torrenti Jean-Michel et Ulm Franz-Josef

Durabilité des bois,


Dirol Danièle et Deglise Xavier

Comportement structural des bétons armés et précontraints,


Lacroix Roger et Clément Jean-Luc

Propriétés des bétons armés et précontraints,


Lacroix Roger et Clément Jean-Luc

Comportement dynamique des bétons et génie parasismique,


Mazars Jacky et Millard Alain

Comportement mécanique du béton,


Reynouard Jean-Marie et Pijaudier-Cabot Gilles

Série MÉTHODES NUMÉRIQUES EN MÉCANIQUE


sous la direction de Piotr Breitkopf

La méthode des éléments finis,


Breitkopf Piotr
Liste des ouvrages du TRAITÉ MIM V

Modélisation numérique 1 et 2,
Breitkopf Piotr et Knopf-Lenoir Catherine,

Maillage et adaptation,
George Paul-Louis
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Série POLYMÈRES

Mise en œuvre des élastomères 1 et 2,


Cheymol André

Mise en œuvre des matières agroalimentaires 1 et 2,


Colonna Paul et Della Valle Guy

Elaboration, microstructure et comportement des matériaux composites à matrice


polymère,
Renard Jacques

Comportement mécanique des tissés,


Trompette Philippe

Sommaire détaillé de chaque ouvrage du traité MIM sur les sites :


www.lavoisier.fr
www.hermes-science.com
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