Colle À Bois
Colle À Bois
Colle À Bois
Par A. VILLIÈRE
INSPECTEUR DES EAUX ET FORÉTS
CHEF DE SECTION AU LABORATOIRE CENTRAL D'ESSAIS DES BOIS
LA COLLE CAURITE ET SON UTILISATION
DANS LES INDUSTRIES DU BOIS
COLLES A BOIS
/NH2
CO2 + Z NH3 - g- CO2
\NH'
/NH2 /NH2
CO2 + H2 0
O
\ NH* \NH2
NH2 N = CH2
O^ }- H CHO CO^ + H2 0
NH2 NH2
NH2 NH2
I I
CO CO
I I
— N—CH2 —N—CH2
général, soit appliqué au préalable sur une des faces des pièces
à coller; durcisseur dont l'action est plus ou moins rapide et
qui répond suivant les cas (collages à froid ou à chaud) à des
besoins différents.
Le durcisseur n'est donc autre chose qu'un mélange de pro-
duits qui interviennent dans la polymérisation de la Caurite.
Ils permettent d'accélérer la polymérisation dans des conditions
de température où elle n'a spontanément qu'une vitesse trop
faible. On sait également que dans certains cas, l'emploi de ces
substances a pour effet de fournir des polymères moins élevés
que ceux obtenus par une transformation purement thermique.
Les divers durcisseurs employés, caractérisés commerciale-
ment par leur couleur (jaune, rose, brun, etc...) ont des compo-
sitions qui ne sont connues actuellement que des fabricants eux-
mêmes. Toutefois nous pouvons avoir une idée générale de leur
nature en nous reportant aux divers produits employés dans
d'autres utilisations de ces résines urée-formol (matières moulées,
vernis, etc...). Il est en effet indiqué, dans certains articles
publiés sur ces derniers produits, que pour obtenir un rapide
accroissement de viscosité, suivi presque aussitôt d'un durcis-
sement total de la résine urée-formol, il est en général nécessaire
d'ajouter certains corps qui, sous l'action de la chaleur, déve-
loppent une acidité suffisante; ces accélérateurs peuvent être
constitués par des sels d'acides forts ou de bases faibles vola-
tiles : sels d'ammonium, hexaméthylène tétramine; acides orga-
niques. Certains composés organiques de minéraux chlorés ou
bromés donnent également les mêmes effets.
D'autres corps, au contraire des précédents, retardent la
vitesse de prise; ce sont en général des produits alcalins tels
que ammoniac, chaux, carbonate de soude.
Enfin des recherches ont été entreprises sur la manière dont
ces durcisseurs agissent sur la polymérisation de la résine;
mais à l'heure actuelle si quelques résultats ont pu être obtenus,
on ne peut toutefois, dans l'état actuel de nos connaissances
sur ces questions, se faire encore une idée bien nette de ces
phénomènes.
deux autres facteurs sur lesquels nous pouvons agir pour faci-
liter la polymérisation : la température et la pression.
Ces deux facteurs physiques ont également une grande impor-
tance dans l'emploi des durcisseurs; ils se combinent d'ailleurs
avec un facteur plus secondaire : le temps de serrage.
Des études théoriques ont été également entreprises pour
l'étude de ces facteurs; température (étude des probabilités de
propagation et d'interruption des chaînes dans la polymérisa-
tion), et pression.
La température, d'une manière générale, accélère la vitesse
de polymérisation de la résine urée-formol, mais il semble, d'après
les études faites, que le degré de polymérisation varie, au contraire,
en sens inverse. Ce degré, en effet, diminue quand la température
augmente. Les actions combinées de la température et d'un dur-
cisseur déterminé, permettent de faire des collages dans toutes
les conditions. Dans le cas des collages à froid, par exemple, les
temps de serrage dépendent de la température à laquelle on
opère; ils varient en sens inverse de la température, c'est-à-dire
que plus la température est élevée et plus le temps de serrage
est faible pour obtenir un bon collage.
La pression a enfin une assez grosse influence sur la polymé-
risation de la résine considérée; il semble que les variations de
volume résultant de la polymérisation ne peuvent suffire à expli-
quer le fait que de très fortes pressions augmentent beaucoup la
vitesse de transformation. Des pressions très élevées permettent
d'obtenir des polymérisations irréalisables dans les conditions
ordinaires à même température et on pourrait peut-être éviter,
dans certains cas, l'emploi des hautes températures ou l'emploi
des catalyseurs. Mais, quoi qu'il en soit, dans le cas des résines
urée-formol utilisées en tant qu'adhésif, la question pression est
assez limitée; nous verrons, en effet, que les pressions qui ren-
trent en jeu pratiquement atteignent au maximum 15 kg/cm 2
danslecog,puiqartdesuil n'm-
ploient que des presses à vis dans le cas des collages à froid.
En résumé donc, les colles formol-urée sont constituées par
un condensat visqueux d'une part, et d'un agent durcisseur
que l'on incorpore au moment de l'emploi. Il se produit une
polymérisation de la résine, une insolubilisation de la colle entre
ANN. FOREST. - T. VIII. - FASC. 2. 15
218 LA COLLE CAURITE ET SON UTILISATION
I. - COLLAGES A FROID.
est étendu sur l'une des faces des bois à coller. Après mise en
contact de ces bois le tout est porté sous presse comme dans le
cas des colles ordinaires. La pression maximum doit être établie
au plus tard 20 à 45 minutes, suivant le durcisseur, à la tempéra-
ture de 200 après que les deux faces auront été mises en contact.
2° L'autre procédé consiste à enduire l'une des faces avec le
durcisseur liquide à l'aide de pinceaux ou d'éponges et la laisser -
sécher environ 1/2 heure; sur l'autre face, la Caurite est éten-
due et après quelques minutes de séchage on joint les deux par-
ties et l'on met sous presse.
Ce dernier procédé est plus délicat à utiliser, la quantité de
DANS LES INDUSTRIES DU BOIS 223
ESSAIS DE LABORATOIRE
SUR LES COLLAGES A FROID
24
---- - - 13 -- - 10- -i
t
i I J
ti
• 39
moyenne, les essais ayant été faits sur plusieurs dizaines d'é-
prouvettes; les écarts obtenus dans les diverses éprouvettes
provenant en grande partie de la structure même du bois qui
varie évidemment d'une éprouvette à l'autre. Toutefois, des
anomalies de collage ont été constatées, anomalies qui, parfois,
paraissent assez bizarres et qui ne peuvent, à notre avis, s'ex-
pliquer que par des variations de viscosité de la colle et de l'humi-
dité atmosphérique. Des recherches ultérieures seront entre-
prises sur l'influence de ces deux facteurs qui pourrait expliquer
les faits décevants constatés aussi bien au laboratoire que dans
l'industrie; nous avons déjà fait remarquer sa ce sujet que cer-
taines industries où le collage doit avoir un rendement de Ioo %,
opèrent toujours dans les mêmes conditions de température et
d'humidité de l'atmosphère et avec une viscosité bien détermi-
née de la colle.
IO jours 6 heures
Résultats généraux.
RÉSISTANCE
TENUE TENUE
à la traction
à l'eau à l'eau
perpendiculaire
froide bouillante
kg/cm'
Moyenne
(I) De nombreux échantillons, laissés plus de deux mois dans l'eau froide, n'ont présenté
aucune trace de décollement.
RÉSISTANCfi
TENUE TENUE
à la traction I
à l'eau à l'eau
perpendiculaire
froide bouillante
kg/cm'
RÉSISTANCE
à la traction
REMARQUES
perpendiculaire
kg/cm'
Résistance à la traction
perpendiculaire
kg/cm 2
R$SISTANCE
SOLUTION pH
à la traction RUPTURE
ayant servi à l'imprégnation préalable de ces perpendi-
culaire dans
des surfaces à coller solutions
kg/cm'
8 minutes
ESSAIS DE LABORATOIRE
SUR LES COLLAGES A CHAUD
E14
Les essais, conduits suivant la méthode normalisée (cf. Norme
AFNOR B 5-32) permettent de mesurer la résistance au cisaille-
DANS LES INDUSTRIES DU BOIS 237
Résultats généraux.
Moyenne
(r) De nombreuses éprouvettes, laissées dans l'eau froide durant deux mois, n'ont présenté
aucune trace de décollement.
RÉSISTANCE
au cisaillement REMARQUES
kg/cm'
RÉGLAGE
minimum RÉGLAGE LARGE
de
l'écartement des cylindres
des cylindres
Mélange :
Caurite 750 parties
Farine de bois 20 —
Fécule de pomme de terre 15
Eau 185
Durcisseur brun. 20 —
6 24
6,5 — 7 25
7 20,5
7,5 — 8 II
9 0
Puis ces mélanges ont été laissés à l'air libre à une température
ambiante de 150 et nous avons noté le nombre d'heures néces-
saire à une prise complète du mélange. Nous n'étions pas, dans
ce cas, dans les conditions normales du collage, mais cette expé-
rience a pu nous donner l'ordre de grandeur de la vitesse de
prise de la colle placée dans les mêmes conditions, la charge
introduite étant la seule variable. Les résultats suivants ont
été obtenus :
Temps pour obtenir
une prise complète
6,5 8 à Io heures
(suivant les charges)
7 9 à 12 heures
9 mélange non pris
au bout de 2 jours
7,5 — 8 Io min. 3 1 ,5
8,5 Io min. 33
6 min. 24
9 j Io min. 35
« Sulfate de chaux »,
« Zinsser »,
« Terre B. S. D.
Les essais ont été faits sur plaquettes de hêtre comme dans
les essais précédemment signalés dans les collages à froid avec
la colle Caurite pure. Les résultats suivants ont été obtenus
(moyenne sur 5 éprouvettes — Presse à vis).
Résistance
à la traction
Charge utilisée perpendiculaire Remarques
kg/cm 2
QUANTITÉ
QUANTITÉ DE CHARGE POUR CENT DE CAURITE
d'eau NATURE
pour cent
de de la charge
Caurite 3o 50 6o 8o 100 15o
Terre colloïdale
du Rhône-Poulenc
26
(25,5)
26
r
//V
/
(24)
P g le S. 300
Argile 2 5'5 2 5 24 5 ^/^
Terre B. S. 24
r7
/3 v/r V. V
Io Sulfate de chaux 25,5 25,5 o
2 )
K. N. O. 20
MAf
fA1/ /
Zinsser z 5)
4V
V4V4VAV
rose 4
r fer or
Jurai 23, ^6
V
Terre
R colloïdale 24 ( 85 22
20
nc
du Rhône-Poulenc (24)
Argile S. 300 Iô
(1 7)
(71 8)
I]
( 78 )
(22)
I] ^/
//
( 16) /
/
/
eM
20 Sulfate de chaux
.■^
^5
^A i
K.N.O.
5
' (I2)4
19
/V(11^
^6i 5
V4I Sy
^^^
2
Jurai
( 1 7) ( 1 5) 13)
•
D'autres essais ont également été entrepris en augmentant
la quantité d'eau, c'est-à-dire 30, 40, 50 % etc. de Caurite, nous
254 LA COLLE CAURITE ET SON UTILISATION
ne donnons ici que les résultats obtenus avec une seule des
charges minérales employées; ces chiffres étant intéressants au
point de vue théorique, mais peu utilisables en pratique, vu la
trop forte quantité de charges introduite qui a une action ulté-
rieure nuisible sur les outils.
Voici les résultats que nous avons obtenus avec la « Terre
colloïdale Rhône-Poulenc ».
QUANTITÉ
QUANTITÉ NATURE de charge pour cent de Caurite
d'eau pour cent ^
de la charge --
de Caurite
I00 150
50 - ( 21
(22)
60 — 1 3,5
70 — 10,5
I00 — 8
Charges
Décollement à l'eau bouillante
au bout de
Dans certains cas spéciaux où les bois collés n'ont pas à être
travaillés, on peut augmenter sensiblement la proportion des
charges en tenant compte, pour chacune de ces dernières, de
258 LA COLLE CAURITE ET SON UTILISATION
Caséine 18 parties
Eau bouillante 55
Durcisseur mousse liquide 20
Eau froide 27
Colle Caurite 150 —
Farine de bois 20
• s
I.,, , r1 1
1 '' 1 .. 0 te
•• i' .'' /rn
tes
" Numidi1
des p/acayeY
Coupe
T os de caoutchouc
Cyfivre supp/ nenta,ro
I. — RÉSULTATS GÉNÉRAUX.
RÉSISTANCE AU CISAILLEMENT
kg/cm'
— _.---s..
Moyenne
Mélange Caurite-Mousse
(1) La moyenne donnée ne correspond pas à la moyenne des extrêmes, la majorité des résultats
étant pour a) entre 16 et 22 et pour b) entre 20 et 25.
I 16,5 19
2 18,5 20
3 19 22
RÉSISTANCE
au cisaillement REMARQUES
kg/cm%
Caséine 18 parties
Eau bouillante 55 —
Durcisseur mousse 20
Eau froide 27 —
Colle Caurite 150
Farine de bois Io —
1 4, 9, 5, 3 parties de caséine
nous avons eu, avec tous ces mélanges, une belle mousse donnant,
en l'utilisant de suite, de très bons collages, mais la durée de
maintien de cette mousse a été très variable suivant les cas.
Avec 3 et 5 parties la mousse tombait relativement vite; au
contraire à partir de 9 parties de caséine la mousse obtenue pou-
vait être utilisable dans la pratique.
270 LA COLLE CAURITE ET SON UTILISATION
Caséine 9 parties
Eau bouillante 55
Durcisseur mousse . . 20 —
Eau froide 27 —
Colle Caurite 15o —
Farine de bois Io —
Nous avons fait avec cette formule des essais (résistance méca-
nique, essai à l'eau) identiques à ceux donnés précédemment
avec la formule à 18 parties de caséine. Nous les résumerons dans
le tableau suivant :
_
RÉSISTANCE MÉCANIQUE
RÉSISTANCE A L' EAU FROIDE
Cisaillement latéral (kg/cm')
Moyenne
TABLEAU
DANS LES INDUSTRIES DU BOIS 27 1
— _______...^___— __^^ _I
MINUTES
Intervalle de temps 1
entre l'encollage et j
la mise sous presse. s' s0' 20' 30'
Influence de la proportion
2.
des divers composants autres que la caséine.
Caséine 9 parties
Eau bouillante 55
Durcisseur mousse 20 —
Eau froide 27 —
Colle Caurite 150 —
Farine de bois Io —
DANS LES INDUSTRIES DU BOIS 273
doit en général satisfaire les utilisateurs. Il leur appartient de
rechercher dans des limites assez étroites cependant, les légères
modifications de composition qui peuvent leur donner, au point
de vue économique, tout en assurant un bon collage, les meil-
leurs résultats.
Diverses influences peuvent, en effet, jouer sur lesquelles
nous pensons faire des essais ultérieurs et qui placent chaque
usager dans un cas particulier; signalons entre autres : le mode
de battage du mélange qui peut varier énormément et qui
donnera une mousse plus ou moins volumineuse et plus ou moins
consistante; l'état de la caséine, cette dernière n'étant pas tou-
jours identique à elle-même suivant sa provenance et pouvant
ainsi influencer le résultat final; enfin, l'état même de la colle
Caurite en solution (viscosité en particulier), influence que nous
avons déjà signalée à plusieurs reprises.
Toutefois, il ne faut pas chercher l'impossible et transformer
une opération industrielle en un travail de laboratoire. D'une
manière générale, les résultats obtenus industriellement avec
les formules données ci-dessus sont excellents et économiques,
mais nous tenions à signaler ces divers points, car quelquefois
il arrive qu'un mélange établi toujours dans les mêmes condi-
tions de préparation donne des résultats médiocres ou incom-
préhensibles.
Caséine I partie
Eau totale 50 parties
Durcisseur mousse I2 —
C RÉSISTANCE
aug/cmement
TENUE TENUE
Moyenne
19-20 Aucun décollement Variable
après immersion de 40' à r h. 30
de ro jours
276 LA COLLE CAURITE ET SON U TILISATION
2. Avec la Terre B. S.
Caséine i partie
Eau totale 6o parties
Durcisseur mousse . . I2 —
Colle Caurite loo - —
Terre B. S. (farine de bois) . 20 —
i
RÉSISTANCE TENUE
TENUE
au cisaillement
kg/cm' à l'eau froide à l'eau bouillante
Moyenne
20 - 22 Aucun décollement Variable
après immersion de i h. à 3 h.
de ro jours
CONCLUSIONS