D6 Doublement Exceptionnels Evaluation 2022
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D6 Doublement Exceptionnels Evaluation 2022
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Université du Québec à Trois-Rivières
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All content following this page was uploaded by Line Massé on 20 March 2022.
Rédaction
Line Massé1, Pascale Mercier2, Camille Charest-Girard3, Claire Baudry1, Anne Brault-Labbé4 et Marie-France Nadeau5
1 Professeures, Laboratoire de recherche et d’intervention sur les difficultés d’adaptation psychosociale à l’école
(LaRIDAPE), Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
2 Psychologue et professionnelles en adaptation scolaire, Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries.
3 Psychologue, Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB).
4 Professeure, Département de psychologie, Université de Sherbrooke.
5 Professeure, Département d’enseignement au préscolaire et au primaire, Université de Sherbrooke.
Signature graphique
Nathalie-Ann Roy, conseillère en communication — designer graphique, MDes, Bureau des communications,
CSSMB.
Mise en page
Isabelle Martineau-Crète et Majorie Dubuc, assistantes de recherche, LaRIDAPE, UQTR.
Révision linguistique
Sophie Lejeune.
2022. Vous êtes libre de partager, de copier, de distribuer et d’adapter l’œuvre dans les conditions suivantes :
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licence que l’oeuvre originale (sous les mêmes options Creative Commons).
LaRIDAPE, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières, C. P. 500, Trois-Rivières (Québec),
G9A 5H7.
https://www.uqtr.ca/de/docsynthese_evaluation
ISBN : 978-2-925231-05-9.
Dépôt légal : 1er trimestre 2022; Bibliothèque et Archives Nationales du Québec; Bibliothèque et Archives Canada.
ii
Table des matières
Introduction ................................................................................................................................................................... 1
1. Les principes guidant l’évaluation des élèves doublement exceptionnels ........................................................... 1
1.1. Principe 1 : l’évaluation doivent se baser sur les définitions retenues pour la douance et la double
exceptionnalité ................................................................................................................................................. 2
1.2. Principe 2 : l’évaluation de la double exceptionnalité doit se baser sur le jugement clinique d’un
professionnel qualifié en douance et dans le possible trouble associé ........................................................ 3
1.3. Principe 3 : l’élève doit être considéré dans sa globalité .............................................................................. 3
1.4. Principe 4 : l’élève doit être évalué dans une perspective écosystémique................................................... 3
1.5. Principe 5 : l’évaluation doit permettre de mieux répondre aux besoins des élèves concernés ............... 3
1.6. Principe 6 : l’évaluation doit se baser sur une collecte d’informations variées .......................................... 4
1.7. Principe 7 : l’évaluation doit se baser sur des instruments ayant de bonnes qualités psychométriques .. 5
1.8. Principe 8 : l’évaluation du trouble associé doit s’appuyer sur une approche intra-individuelle .............. 5
2. Les considérations préalables à l’évaluation .......................................................................................................... 5
2.1. Évaluer la présence d’un trouble chez un élève déjà identifié comme doué .............................................. 5
2.2. Évaluer la douance chez un élève ayant un trouble reconnu ...................................................................... 5
2.3. Évaluer la douance et le trouble chez un élève dont ni l’un ni l’autre n’ont déjà été identifiés ............... 6
3. La collecte structurée d’information....................................................................................................................... 6
3.1. L’étude des dossiers de l’élève ........................................................................................................................ 8
3.2. L’entrevue avec les parents ............................................................................................................................. 8
3.3. L’entrevue avec l’élève................................................................................................................................... 10
3.4. L’entrevue avec l’enseignant ou les autres intervenants impliqués auprès de l’élève .............................. 11
3.5. La passation d’instruments normatifs .......................................................................................................... 12
3.6. Les observations et l’évaluation fonctionnelle des comportements ......................................................... 18
3.7. L’étude des productions de l’élève ou de son portfolio ............................................................................. 19
3.8. L’identification dynamique par les activités ................................................................................................ 19
4. Les considérations spécifiques dans l’évaluation d’un trouble en présence d’une possible douance ............. 19
4.1. L’évaluation du TDAH en présence d’une possible douance ................................................................... 20
4.2. L’évaluation du TSA en présence d’une possible douance ........................................................................ 22
4.3. L’évaluation des TSAp en langage écrit ....................................................................................................... 23
5. L’établissement du portrait de l’élève ................................................................................................................... 24
Références .................................................................................................................................................................... 26
iii
Introduction
Ce document s’adresse aux professionnels amenés à dépister ou à évaluer les élèves doublement exceptionnels.
Ces tâches s’avèrent souvent délicates. En effet, la douance peut masquer le trouble associé, le trouble peut
masquer la douance, ou encore, les deux peuvent se masquer l’un l’autre. Lorsqu’un élève est soupçonné
d’être doublement exceptionnel, il importe qu’une évaluation approfondie soit réalisée. Ce document présente
les grandes lignes du dépistage et de l’évaluation de ces élèves, en particulier ceux qui présentent un trouble de
déficit d’attention/hyperactivité (TDAH), un trouble spécifique des apprentissages (TSAp) en langage écrit ou
un trouble du spectre de l’autisme (TSA) associés à la douance.
Intentions de lecture
• Connaître les principes à suivre pour l’évaluation des élèves doublement exceptionnels.
• Énoncer les éléments clés de la collecte d’information et les conditions à mettre en place.
• Préciser les méthodes à utiliser pour l’évaluation d’une double exceptionnalité.
• Cerner les aspects particuliers dont il faut tenir compte lors de l’évaluation d’un trouble
neurodéveloppemental en présence d’une douance possible.
• Identifier les points à considérer afin d’établir le profil de l’élève.
1
1.1. Principe 1 : l’évaluation doivent se baser sur les définitions retenues pour la douance et la double
exceptionnalité
Sachant qu’il n’y a pas de consensus quant à une terminologie et une définition universellement
acceptées de la douance et de la double exceptionnalité, le premier principe précise que les définitions
adoptées devraient guider les éléments évalués, les procédures suivies et les décisions prises (Callahan et al., 2018;
Johnsen, 2011). Le présent document s’appuie sur la définition de la douance de Gagné (2018) et sur celle de la
double exceptionnalité de Foley-Nipcon et Candler (2018).
2
1.2. Principe 2 : l’évaluation de la double exceptionnalité doit se baser sur le jugement clinique d’un
professionnel qualifié en douance et dans le possible trouble associé
Plusieurs activités en lien avec l’identification de la double exceptionnalité ne sont pas réservées aux membres
d’un ordre professionnel en particulier. La détection des indices de la douance ou du trouble peut être réalisée
par tout acteur qui gravite dans l’environnement de l’élève à partir d’observations de ses comportements. Le
dépistage nécessite, quant à lui, un minimum de formation sur le sujet : il inclut la capacité de départager les
élèves probablement atteints d’un trouble non diagnostiqué, ou qui présentent un facteur de risque lié à un
trouble, de ceux qui en sont probablement exempts ou qui ne sont pas à risque, ou encore, de départager ceux
qui sont doués de ceux qui ne le sont pas (pour plus de détails, voir le document D-5 Le dépistage des élèves
doublement exceptionnels). Par contre, l’évaluation diagnostique de la double exceptionnalité doit être réalisée par
un professionnel qui maîtrise à la fois le domaine de la douance et celui de la psychopathologie. Ces qualifications
sont essentielles pour déterminer le profil particulier de l’élève tant sur le plan de ses ressources que de ses
difficultés et pour analyser les interinfluences possibles entre la douance et l’incapacité ou le trouble coexistants.
De plus, le professionnel doit être en mesure de discerner les comportements qui sont liés à la douance de ceux
qui sont liés au trouble (Amend, 2018; Assouline et Whiteman, 2011; Gilman et Peters, 2018; Mullet et Rinn,
2015; Weinfeld et al., 2013).
1.4. Principe 4 : l’élève doit être évalué dans une perspective écosystémique
La trajectoire développementale d’un individu dépend d’une multiplicité de causes et d’influences qui l’affectent
tout au long de sa vie. Ces facteurs sont en interaction constante et leurs influences réciproques peuvent s’avérer
positives et servir de facteurs de protection devant l’adversité, ou encore agir comme facteurs de risque pouvant
mettre en péril son développement. Comme pour les autres élèves ayant des difficultés, il importe d’évaluer
l’élève doublement exceptionnel avec une perspective écosystémique (Foley-Nicpon et Kim, 2018). Ainsi, il est
recommandé de relever les facteurs de risque et de protection liés aux différents systèmes de l’élève (élève lui-
même, milieu scolaire, milieu familial, pairs, etc.). Plus les facteurs de risque sont nombreux, plus le risque de
problèmes d’adaptation augmente. Le poids de ces facteurs diffère selon leur nature, la durée de leur action,
l’âge des individus, leur sexe et leur situation particulière, et, surtout, ils peuvent être atténués par la présence de
facteurs de protection qui font contrepoids.
1.5. Principe 5 : l’évaluation doit permettre de mieux répondre aux besoins des élèves concernés
Selon ce principe, les résultats de l’évaluation doivent orienter les décisions à prendre concernant les élèves
(Alberta Learning, 2002) et ne pas seulement les étiqueter comme doublement exceptionnels. L’évaluation doit
permettre de mieux répondre à leurs besoins et de fournir des indications pour différencier l’enseignement ou
3
pour mettre en place des mesures éducatives plus ciblées ou intensives, et ce, afin de favoriser le développement
de leur potentiel et de soutenir leur rendement scolaire, leur intégration sociale et leur développement personnel.
Le rapport d’évaluation doit faire clairement ressortir les forces de l’élève et ne pas faire ressortir seulement ses
difficultés.
1.6. Principe 6 : l’évaluation doit se baser sur une collecte d’informations variées
Selon ce principe, l’évaluation doit se baser sur une collecte d’informations variées (Assouline et Whiteman,
2011). Pour ce faire, il est recommandé d’adopter une approche multiméthode et multirépondant (McConaughy
et Ritter, 2014; Moon, 2018; Sattler, 2018a; Sattler et Schaffer, 2014).
4
1.7. Principe 7 : l’évaluation doit se baser sur des instruments ayant de bonnes qualités
psychométriques
Les qualités psychométriques des tests utilisés doivent être acceptables pour la population visée (Brodersen et
al., 2018; Callahan et al., 2018; Sattler, 2018a) et les versions les plus récentes des instruments doivent toujours
être employées (Moon, 2018), que ce soit pour l’identification de la douance ou l’évaluation du trouble associé.
1.8. Principe 8 : l’évaluation du trouble associé doit s’appuyer sur une approche intra-individuelle
L’évaluation du trouble associé doit s’appuyer sur une approche intra-individuelle plutôt qu’interindividuelle
afin d’identifier les forces et les difficultés relatives de l’élève et pas seulement ses difficultés par rapport à la
moyenne des autres élèves ou à la norme (Gilman et al., 2013; Webb et al., 2016). Une force ou une faiblesse
relative indique des différences significatives entre les différentes habiletés de l’enfant par rapport à
lui-même, et non par rapport à la moyenne des enfants du même âge.
Il importe de noter que l’écart de capacité-réalisation joue un rôle important dans le diagnostic des enfants
doublement exceptionnels (Gilman et Peters, 2018). Par exemple, si un enfant doué a un QI de 130 (RC = 98),
ses résultats scolaires attendus le situerait également dans les meilleurs de sa classe. Si ses résultats scolaires le
situent dans la moyenne, il s’agit d’un écart de capacité-réalisation. Selon Amend (2018), trouver les talents ou
les difficultés peut devenir ardu lorsque des différences subtiles sont présentes dans les performances (p. ex. :
l’élève lit très lentement, mais sa compréhension en lecture demeure bonne) ou dans les habiletés (p. ex. : l’élève
réussit moins bien seulement à quelques sous-tests du WISC-5).
2.1. Évaluer la présence d’un trouble chez un élève déjà identifié comme doué
Lorsque la présence d’un possible trouble associé chez un élève déjà identifié comme doué est évaluée, différents
facteurs doivent être considérés. Certains enfants doués peuvent compenser si bien leurs difficultés qu’elles
peuvent être reconnues seulement à la fin du primaire ou au secondaire lorsque les exigences scolaires sont plus
élevées. Lors de la référence, l’évaluateur doit identifier les domaines d’habiletés et déterminer comment ils
pourraient affecter le processus d’évaluation. Les méthodes choisies doivent permettre de révéler les
difficultés sans que l’enfant puisse utiliser ses habiletés pour les compenser. L’anamnèse de l’enfant
incluant les observations des enseignants et des parents sur ses comportements et sur ses performances dans les
tâches plus problématiques pourra donner des indications sur la présence d’un trouble.
5
devraient pas seulement être utilisées pour évaluer son potentiel. Un autre exemple : si l’enfant présente un
TDAH et est médicamenté, l’évaluation intellectuelle devrait être réalisée seulement lorsqu’il est sous l’effet de
la médication.
2.3. Évaluer la douance et le trouble chez un élève dont ni l’un ni l’autre n’ont déjà été identifiés
Selon Silverman (2018), les élèves doublement exceptionnels les plus difficiles à dépister sont ceux qui
présentent des résultats globaux dans la moyenne aux tests d’intelligence ou aux tests d’habiletés cognitives ainsi
qu’un rendement scolaire dans la moyenne. Dans certains cas, seules l’observation de leurs comportements (p.
ex. : curiosité intense, profondeur de la réflexion) par leur entourage (enseignants, parents, intervenants
scolaires) et leur histoire développementale (p. ex. : présence d’une précocité) pourront révéler une double
exceptionnalité. Cette dernière situation exige l’utilisation d’un éventail plus grand de méthodes afin qu’à
la fois la douance et le trouble soient identifiés. Il faudra aussi départager si les manifestations
comportementales observées appartiennent au trouble ou si elles sont une manifestation de douance ou de
besoins insatisfaits (p. ex. inattention liée à l’ennui en classe et non à un TDAH ou problèmes d’intégration
sociale non liés au TSA, mais plutôt à un manque d’interactions avec des pairs du même niveau
développemental). Si la douance peut expliquer (et non excuser) les comportements, cela pourra exclure un
diagnostic de trouble et guider l’intervention. Si les symptômes sont bien liés à un trouble, il faudra évaluer leur
niveau d’impact fonctionnel afin de déterminer les interventions possibles.
1 Les informations de cette section sont tirées et adaptées de Massé, Bégin et Nadeau (2020).
6
Tableau 1
Questions pour aider à cerner les besoins de l’élève doublement exceptionnel
Questions pour aider à déterminer les besoins sur le plan du développement du potentiel
• Dans quel(s) domaine(s) ou matière(s) l’élève excelle-t-il?
• L’élève fait-il montre d’un niveau plus élevé de pensée dans ces domaines? Pose-t-il des questions ou émet-il des
commentaires qui démontrent un haut niveau de pensée?
• Quelles sont ses préférences d’apprentissage?
• Quels sont ses modes préférés pour démontrer ses apprentissages? (Types de production)
• L’élève dépasse-t-il les exigences requises pour certains travaux? Précisez.
• Dans quel(s) domaine(s), matières(s) ou sujet(s) l’élève démontre-t-il un intérêt marqué? Des connaissances plus
développées que celles des enfants de son âge?
• Dans quelle activité scolaire ou parascolaire l’élève participe-t-il et performe-t-il de façon plus élevée que les autres
enfants de son âge?
• Quel est le type de productions où il démontre le plus son potentiel?
• Dans quelle mesure ses difficultés/troubles/défis affectent-ils la poursuite de ses intérêts ou le développement de
ses habiletés/talents?
• Quelle est la motivation de l’élève par rapport à l’école? Aux matières scolaires?
• Quels sont les facteurs de risque sur les plans individuel, familial, social ou scolaire qui peuvent nuire à la
réalisation du potentiel de l’élève?
• Quels sont les facteurs de protection ou les ressources sur les plans individuel, familial ou scolaire qui peuvent
favoriser le développement du potentiel de l’élève?
Questions pour aider à déterminer les besoins en lien avec le trouble présenté
• Dans quel(s) domaine(s) ou matière(s) l’élève rencontre-t-il des difficultés?
• Quelle est la nature de ses difficultés?
• Quelles sont ses préférences d’apprentissage?
• Quelles sont les tâches ou les activités d’apprentissage qu’il évite?
• L’élève manifeste-t-il des comportements négatifs ou inattendus lors de certaines tâches ou activités?
• Quelles sont les incongruités sur le plan scolaire (p. ex. : vocabulaire très développé et lecture difficile)?
• Dans quelle mesure ses habiletés compensent-elles ses difficultés/troubles/défis ? Comment utilise-t-il ses
habiletés pour compenser ses difficultés?
• Quels sont les facteurs de risque sur les plans individuel, familial, social ou scolaire qui peuvent expliquer ou
exacerber les difficultés de l’élève?
• Quels sont les facteurs de protection ou les ressources sur les plans individuel, familial ou scolaire qui peuvent
atténuer les difficultés rencontrées par l’élève?
Questions pour aider à déterminer les besoins sur le plan socioaffectif
• Quelles situations posent problème à l’élève ou accentuent ses difficultés?
• Quels sont les comportements de l’élève qui interfèrent avec ses apprentissages? Avec son intégration sociale?
Avec son développement personnel?
• Quelles sont les attitudes de l’élève par rapport à lui-même?
• L’élève émet-il des commentaires dénigrants à son propre égard?
• Comment interagit l’élève avec ses pairs ou avec les adultes? Avec les membres de sa famille?
• L’élève évite-t-il les autres élèves ou ces derniers l’évitent-ils?
• Quelles sont les stratégies adaptatives utilisées par l’élève avec une douance (p. ex. : déni, camouflage, aider les
autres) et avec des difficultés? Sont-elles fonctionnelles ou dysfonctionnelles?
Sources : adapté de Baldwin et al. (2015) et Omdal et al. (2020).
7
La collecte d’informations s’effectue selon des modalités variées qui seront présentées dans les sections
suivantes.
8
• Réaliser l’évaluation fonctionnelle des comportements difficiles vécus à la maison, mais liés à l’école (par
exemple, le refus d’effectuer ses devoirs);
• Apprendre comment les parents perçoivent l’histoire scolaire de leur enfant;
• Identifier des périodes ou des événements/situations qui auraient particulièrement marqué le parcours
développemental de l’enfant jusqu’à ce jour (p. ex., rencontre avec un enseignant en particulier, situation
particulièrement difficile avec un pair, activité qui semble l’avoir transformé ou avoir déclenché chez lui une
passion, situation impliquant une réaction particulièrement négative chez l’enfant, etc.);
• Analyser le système familial et ses répercussions sur les forces et les difficultés de l’élève;
• Estimer les ressources et les motivations de l’élève quant à l’intervention et aux modalités de changement;
• Proposer aux parents de remplir des questionnaires, des échelles d’appréciation ou des grilles d’observation
sur la douance ou sur les difficultés d’adaptation ou sur les troubles neurodéveloppementaux soupçonnés.
Dans de nombreux cas, les parents d’enfants présentant des difficultés d’adaptation ont vécu une mauvaise
expérience avec le personnel de l’école, car la responsabilité des comportements difficiles de l’élève leur est
souvent attribuée (Massé et al., 2016; Sattler et Garro, 2018). Des parents d’enfants doublement exceptionnels
se plaignent aussi que les milieux scolaires se centrent seulement sur les difficultés et ne tiennent pas compte de
la douance de leur enfant ou encore que très peu d’acteurs scolaires s’y connaissent en douance et encore moins
en double exceptionnalité (Brault-Labbé et al., soumis; Dare et Nowicki, 2015; Rubenstein et al., 2015). Il n’est
pas étonnant que plusieurs parents arrivent à l’entrevue avec des sentiments négatifs (frustration, déception,
découragement, inquiétude, culpabilité, colère, impression d’incompétence parentale, dépression, négation du
problème, etc.). D’autres ont l’impression de ne pas être entendus, de se faire juger, de ne pas avoir de crédibilité
aux yeux de l’équipe-école ou d’être perçus comme poussant l’enfant, ce qui peut entraîner une attitude défensive
de leur part envers le milieu scolaire. D’autre part, certains parents d’enfants doués peuvent être perçus par le
personnel scolaire comme particulièrement exigeants envers leur enfant ou le milieu scolaire. Il est important
de porter une attention bienveillante à leurs émotions et de garder une attitude calme et dépourvue de jugement.
Tout au long de cette entrevue, l’évaluateur doit adopter des conduites qui assurent la collaboration ultérieure
des parents. L’encadré 1 répertorie différents outils pouvant être utile lors de l’entrevue.
Encadré 1
Outils pouvant être utiles pour l’entrevue avec les parents
• Questionnaires d’entretien semi-structuré pour établir l’anamnèse
o Outil O-PR-1- Entrevue semi-structurée pour établir l’anamnèse, version imprimable ou interactive
• Échelles d’appréciation ou grilles d’observation des caractéristiques de douance (pour plus de détails sur les
inventaires de caractéristiques pouvant être utilisés avec les parents pour la douance ou la double exceptionnalité,
voir la section 4.2 Les inventaires remplis par les parents du document D-5 Le dépistage des élèves doublement exceptionnels).
• Échelles d’appréciation, questionnaires d’évaluation ou grilles d’observation des difficultés d’adaptation ou des
troubles neurodéveloppementaux.
• Documents pour aider les parents à se préparer à la rencontre
o Outil O-PA-2 Je trace le portrait de mon enfant, version imprimable ou interactive.
o Outil O-PA-3 Questionnaire de préparation à la rencontre du plan d’action, version imprimable ou interactive).
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3.3. L’entrevue avec l’élève
L’entrevue avec l’élève s’avère essentielle non seulement pour évaluer la présence de douance ou d’un trouble,
mais aussi pour obtenir son point de vue sur la situation. Selon les objectifs, l’entrevue peut s’étaler sur plusieurs
rencontres. L’évaluateur doit toutefois éviter d’utiliser un nombre de mesures plus que nécessaire (c’est-à-dire
de surévaluer l’élève). Le tableau 2 présente une synthèse des outils qui peuvent être utiles pour l’entrevue avec
l’élève selon la centration de l’évaluation.
Tableau 2
Outils pouvant être utiles lors de l’entrevue avec l’élève
10
• Observer l’élève (en portant une attention particulière aux manifestations de douance ou du trouble associé
soupçonné).
Rimm et ses collègues (2008) soulignent que les élèves doublement exceptionnels sont spécialement
sensibles à la relation avec l’examinateur et que ce dernier doit y porter une attention particulière. Par ailleurs,
dans le cas d’une hypothèse de TSA, Silverman, Kenworthy et Weinfeld (2014) suggèrent que les difficultés des
élèves ayant un TSA à créer un lien avec les autres personnes et que le déficit de la théorie de l’esprit
(compréhension de la perspective, des émotions, des pensées, des intentions et des désirs des autres) doivent
aussi être pris en compte afin de s’assurer que l’enfant comprend les consignes. Par exemple, il faudrait éviter
d’utiliser des termes vagues ou ambigus et vérifier que l’élève comprend bien les consignes. Aussi, les consignes
courtes et explicites seront à privilégier. Cela vaut également pour les élèves présentant des difficultés
langagières.
3.4. L’entrevue avec l’enseignant ou les autres intervenants impliqués auprès de l’élève
Il importe de consulter les enseignants de l’élève (en particulier l’enseignant titulaire), car ce sont des
informateurs clés quant aux habiletés et talents de l’élève, à son rendement, à sa motivation, à ses relations avec
les pairs, à ses difficultés et à ses comportements. L’évaluateur pourra aussi recueillir des informations sur leur
vision de l’élève et de sa famille, sur l’environnement scolaire et son influence sur les comportements de l’élève
et sur leurs attentes. Les enseignants pourront également donner leur avis sur les besoins de l’élève et sur les
solutions possibles pour améliorer sa situation scolaire. Tout comme avec les parents, il est essentiel d’établir les
bases d’une bonne collaboration avec les enseignants, car cette collaboration apparaît cruciale pour les suites de
l’évaluation et pour l’éventuel plan d’intervention. Il peut être utile de leur fournir un questionnaire sommaire
avant l’entrevue afin qu’ils puissent s’y préparer adéquatement et qu’ils aient le temps de recueillir les
observations ou les données nécessaires pour étayer leurs propos (p. ex. : grilles d’observation, voir le
tableau 3). Il est important de noter que les enseignants, surtout ceux qui œuvrent en adaptation scolaire, sont
moins enclins à recommander un élève pour des services de douance lorsqu’il manifeste des difficultés
comportementales ou émotionnelles (Bianco et Leech, 2010) ou des difficultés d’apprentissage (Minner, 1990).
Tableau 3
Outils pouvant être utiles lors de l’entrevue avec les enseignants
11
Centration d’évaluation Outils
• Grilles d’observation (rapport anecdotique, observation de type
événementiel, observation par échantillon de temps, etc.)
• Formulaires d’évaluation fonctionnelle des comportements
• Questionnaires d’évaluation des difficultés d’adaptation ou des troubles
neurodéveloppementaux
Dans le cas d’un talent particulier (p. ex. : musical ou sportif), l’évaluateur pourrait aussi consulter un expert de
ce champ (entraîneur, professeur spécialiste, etc.) pour obtenir une opinion sur le niveau de talent de l’élève.
Les experts consultés doivent pouvoir évaluer l’écart entre le potentiel de l’élève et son rendement actuel. Ils
doivent aussi baser leur jugement sur des critères rigoureux propres au champ de talents et non donner un
jugement global (Matthews, 2018). Dans le domaine des arts, les experts sont en meilleure position pour juger
du potentiel créatif. L’excentricité des productions peut être distinguée de l’originalité.
Les contacts avec les autres intervenants qui gravitent autour de l’élève à l’école ou dans d’autres milieux de vie
peuvent compléter le portrait de ses comportements, de ses motivations, de ses champs d’intérêt, de ses forces,
de ses relations avec les pairs ou avec les adultes, ainsi que d’autres éléments de sa vie. Ces contacts permettent
également de connaître les ressources sur lesquelles l’élève peut compter pour améliorer sa situation.
12
4) En ce qui concerne spécifiquement les tests d’habiletés cognitives, ils mesurent généralement des
habiletés intellectuelles plus simples comme la mémoire, la compréhension ou les habiletés spatiales.
5) En ce qui concerne spécifiquement les tests de rendement scolaire, ils mesurent les acquis des élèves et
ne sont pas nécessairement un bon indicateur de leur potentiel même s’ils peuvent par ailleurs être utiles
pour juger de la nécessité d’une forme d’accélération scolaire.
Pour l’évaluation des troubles, les instruments conçus pour évaluer des problématiques précises seront à
privilégier lorsqu’une hypothèse très claire du trouble associé est présente alors que les instruments non
spécifiques seront recommandés pour examiner un plus grand nombre de difficultés en même temps (p. ex. :
dans le cas d’ une hypothèse de TDAH, l’instrument Conners-3 sera utilisé alors que, dans le cas d’un possible
diagnostic comorbide non manifeste, l’instrument BASC-3 sera plutôt utilisé). (Pour des considérations
spécifiques à propos de leur utilisation dans le cas possible d’une douance, voir la section 4).
Lors de la passation des instruments de mesure, il faudra s’assurer de mettre en place des conditions de
passation optimale qui tiennent compte des troubles soupçonnés. Les élèves doublement exceptionnels
tendent à ne pas bien performer lors de tests de groupe, de tests chronométrés ou avec une limite de temps ou
de tests qui requièrent de l’écriture (Silverman, 2018). Rimm et ses collègues (2008) recommandent d’évaluer la
douance le matin lorsque l’élève est frais et dispos et est en meilleure condition pour compenser ses difficultés.
Ils conseillent également d’évaluer les difficultés en fin d’après-midi lorsque l’enfant est fatigué et est moins
capable de compenser ses difficultés. L’encadré 2 précise quelques conditions de passation optimale selon le
trouble.
Encadré 2
Conseils pour la passation d’instruments selon le trouble neurodéveloppemental
13
intellectuelles générales, notamment le raisonnement logique, la planification de séquences d’activités, la
résolution de problèmes, l’utilisation de concepts abstraits, la compréhension d’idées complexes, la mémoire de
travail et la vitesse de traitement de l’information (Sattler, 2018b). Bien qu’il existe un débat sur la limite de ces
instruments à capter la nature complexe de l’intelligence et ses différentes dimensions ainsi que sur les biais
culturels possibles, les tests d’intelligence représentent à ce jour les instruments qui se sont révélés les plus fiables
et les plus valides pour mesurer les habiletés intellectuelles (Brodersen et al., 2018; Sattler, 2018a). Toutefois,
cette mesure apparaît moins stable lorsqu’elle est utilisée auprès d’enfants du préscolaire (Hertzog et al., 2018).
Il est alors préférable d’utiliser une échelle développementale comme le Bayley (2006). En plus de pouvoir
confirmer la présence de douance sur le plan intellectuel, ces tests permettent de déterminer la dyssynchronie
ou les rythmes différents de développement intellectuel (Ryser, 2011a). Lorsque c’est possible, il est préférable
d’utiliser un instrument dans la langue maternelle de l’enfant afin de tracer un portrait plus juste de ses capacités
(Matthews et Peters, 2018). Par ailleurs, si l’élève provient de milieux défavorisés (culturellement ou
économiquement) ou s’il est un nouvel immigrant qui ne maîtrise pas suffisamment la langue d’évaluation, il
serait plus indiqué d’utiliser un test d’intelligence culturellement équitable. Ce sont des tests standardisés
mesurant l’intelligence des élèves en mettant l’accent sur des facteurs non verbaux (voir l’encadré 4 pour des
exemples).
Encadré 3
Exemples de tests d’intelligence
Kaufman, A. S. (2008). Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant, 2e éd. (KABC-II). Pearson. (3 à 12 :11 ans)
Weschler, D. (2013). WAIS-IV CND-F : échelle d’intelligence de Weschler pour adultes —Quatrième édition—Version pour
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Exemple d’échelle développementale
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Encadré 4
Exemples de tests d’intelligence culturellement équitables
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14
3.5.1.1. La passation des instruments
D’une part, certaines recommandations émergent des écrits pour une utilisation optimale des tests d’intelligence
avec la population d’élèves doublement exceptionnels (Gilman et Peters, 2018; Rimm et al., 2008; Silverman,
2018) :
a) Mesurer la performance de l’élève en respectant la procédure standardisée afin de pouvoir rapporter les
résultats selon les normes correspondant à son âge;
b) Mesurer également le potentiel de l’élève en utilisant une procédure de testage de limites, c’est-à-dire :
o Continuer après le critère d’arrêt et donner tous les points pour les items réussis;
o Laisser l’élève continuer après la limite de temps dans certaines tâches chronométrées afin de documenter
sa performance avec et sans limites de temps;
o Calculer le score qui équivaut au meilleur item réussi (en s’assurant que ce n’est pas le fruit du hasard)
indépendamment des items précédemment manqués (comme s’il avait réussi tous les items précédents
conçus pour être plus faciles). Par exemple, l’élève réussit les questions 1 à 7, puis échoue les questions 8,
9 et 10 (3 erreurs = critères d’arrêt), puis réussit les questions 11, 12, 13, 14 et 15, puis échoue à nouveau
16, 17, 18. Il obtient 15, même s’il avait échoué des items précédemment.
c) Générer des scores standardisés (a) et des scores non standardisés (b, testage de limites) et rapporter les deux
types de scores dans le rapport.
D’autre part, certains professionnels s’interrogent sur la version des instruments à privilégier selon l’âge des
élèves. Par exemple, pour un adolescent de 16 ans 3 mois qui présente possiblement une douance, serait-on
mieux de l’évaluer avec le WISC conçu pour aller jusqu’à 16 ans et 11 mois ou encore de lui administrer la
batterie adulte pour aller chercher son plein potentiel avec l’échelle qui débute à 16 ans? La question se pose
aussi pour les plus jeunes lorsque l’enfant a 6 ans et consulte pour une douance. Devrait-on administrer l’échelle
pour les enfants qui débute à 6 ans? De façon générale, il est toujours recommandé de prendre l’échelle validée
pour l’âge de la personne, même dans un cas de douance (Sattler et Rapport, 2018). Cependant, en raison de
l’effet plafond de certains sous-tests (Ryser, 2011b), il serait préférable d’utiliser l’échelle des adultes pour le
premier cas et celle qui commence à 6 ans dans le second cas.
Cette section se rapporte spécifiquement à l’utilisation du WISC-V, car c’est l’instrument le plus utilisé dans
la littérature pour l’évaluation de la douance dans le cas d’une double exceptionnalité.
15
Dans le cas des élèves doublement exceptionnels, il est recommandé que l’identification se base non
seulement sur l’échelle globale de quotient intellectuel (EGQI), mais aussi sur l’analyse de l’ensemble de
ses composantes (indices primaires, auxiliaires ou étendus) (Amend, 2018; Budding et Chidenkel, 2012;
Rimm et al., 2008). En effet, l’EGQI est rarement l’indicateur le plus valide du potentiel intellectuel, parce qu’il
effectue la moyenne des forces et des faiblesses de l’élève. Les élèves doublement exceptionnels présentent
souvent des scores plus faibles aux composantes Mémoire de travail et Vitesse de traitement de l’information et cela
peut masquer l’observation des autres habiletés intellectuelles.
16
C) L’utilisation de normes étendues
Un rapport technique sur le WISC-5 (Raiford et al., 2020) propose des normes étendues pour les élèves doués
qui pourraient avoir des incidences sur l’identification des élèves doublement exceptionnels, notamment celles
d’augmenter les probabilités de dépistage de leur douance. En effet, plusieurs enfants doués obtiennent le
maximum possible sur les scores standardisés (c’est-à-dire de 19) pour un ou plusieurs sous-tests, ce qui pourrait
sous-estimer les scores composites et le score global obtenu. L’utilisation de scores étendus pourrait influencer
à la hausse le score global obtenu. Les normes étendues élèvent l’extrémité supérieure à 28 points pour les sous-
tests et à 210 points pour les scores composites. Les scores étendus pour chaque sous-test ainsi que les scores
composites étendus peuvent être dérivés de la même façon que les scores habituels en consultant les tables
fournies à cet effet (voir Raiford et al., 2020). Par contre, tous les sous-tests n’ont pas une grande marge
d’extension dans cette plage, en particulier pour les âges plus avancés. De plus, l’extension de la plage de score
des échelles à 28 n’est pas toujours possible.
Encadré 5
Particularités des profils cognitifs associés à chacun des troubles
17
Encadré 5
• Matrices, Concept en images, Arithmétiques (liés au raisonnement fluide).
Encadré 6
Exemples de tests de créativité
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Torrance, E. P., Khatena, J. et Cunnington, B. F. (n. d). Thinking creatively with sounds and words (TCSW). Scholastic Testing
Service, Inc.
18
clinique est suffisamment précise et appropriée, l’étape suivante consiste à élaborer et à mettre en œuvre un plan
d’action. Lorsque celui-ci génère des résultats positifs sur le comportement de l’élève, son suivi d’implantation
et son impact sont alors assurés. Dans le cas où l’hypothèse clinique s’avère imprécise ou inexacte, le deuxième
niveau de la procédure est enclenché, soit la mise en œuvre d’une procédure complète d’ÉFC. Contrairement
au premier niveau, où la collecte de données s’organisait de façon informelle et moins étendue, l’ÉFC complète
nécessite davantage de ressources et de stratégies de collecte.
La procédure complète de l’ÉFC comprend habituellement les étapes suivantes :
1) Le repérage des problèmes de comportement les plus importants;
2) La définition opérationnelle des comportements;
3) L’observation directe des comportements;
4) L’élaboration d’hypothèses sur la séquence comportementale (antécédents, facteurs liés à l’élève,
comportement, conséquence) et sur la fonction des comportements;
5) L’interprétation des résultats et l’élaboration d’une trajectoire alternative;
6) La planification des interventions;
7) Le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du plan d’action.
(Pour plus de détails sur l’ÉFC ou des exemples de grilles, voir Massé, Bégin et Nadeau, 2020).
4. Les considérations spécifiques dans l’évaluation d’un trouble en présence d’une possible douance
L’évaluation du trouble en présence d’une possible douance requiert une grande attention, car, dans plusieurs
cas, la douance pourrait masquer le trouble (p. ex. : un enfant doué dyslexique qui est capable de mémoriser le
texte lu une fois par l’enseignante ou de déduire les réponses aux questions en regardant les images pourrait bien
réussir un test de lecture). Pour l’évaluation du trouble, il faudra non seulement se fier aux normes des
instruments utilisés pour évaluer les difficultés, mais aussi à ce qui pourrait être attendu en fonction du niveau
de QI de l’enfant (Lovecky, 2018). C’est pourquoi plusieurs experts recommandent, lorsque la douance de
l’enfant est déjà identifiée, de comparer les manifestations comportementales de l’enfant à celles non
19
seulement des pairs de son âge dans la moyenne, mais également à celles des pairs doués (Lovecky,
2018). Aussi, comme pour toute autre évaluation de difficultés, il faudra considérer les comportements de
l’enfant dans différents milieux de vie, utiliser plusieurs méthodes et recourir à plusieurs répondants (Massé et
al., 2020). Voici quelques indications pour chacun des principaux profils d’élèves doublement exceptionnels.
L’outil O-T-4 Grille d’observation des comportements similaires et distincts dans des contextes liés à la douance ou au
trouble de déficit d’attention/hyperactivité?, version imprimable ou interactive, répertorie les principales
manifestations comportementales qui sont similaires et fournit des points de repère pour savoir si la
manifestation est liée à la douance ou plutôt au TDAH. Elle peut être remplie avec les parents, l’enseignant
ou un autre intervenant œuvrant auprès de l’enfant.
20
test (CPT-3) et le Conners (Lovecky, 2018 ; Wood, 2012; Tordjman et al., 2007). Il y a ainsi un fort risque de
faux négatifs liés à l’utilisation de ces échelles. Des études indiquent que les hauts niveaux de déficits liés à
l’inattention et à l’impulsivité seraient de meilleurs indicateurs de la présence d’un TDAH que les déficits liés à
l’hyperactivité, surtout en milieu scolaire, car l’élève doué contrôlerait mieux ces comportements (Rommelse et
al., 2017). La présence de TDAH dans la famille pourra être un bon indicateur, puisque le trouble a un fort
facteur de risque héréditaire (APA, 2015).
Selon Webb et collègues (2016), la présence de manifestations liées au TDAH dans plus d’un environnement
(p. ex., maison et école) ainsi qu’une grande inconsistance dans la réalisation des tâches (p. ex., parfois bien
réussi, parfois non complété alors que capacité), quelle que soit la situation, pourront être d’autres indicateurs
de la présence d’un TDAH.
Enfin, voici quelques questions pour aider les répondants à départager les caractéristiques que relèvent de la
douance de celles qui relèvent du TDAH :
• Les symptômes liés au TDAH sont-ils présents dans au moins deux environnements? (TDAH)
• Une grande inconsistance dans la réalisation des tâches est-elle observée, quelle que soit la situation? (TDAH)
21
• Les comportements de l’enfant se détériorent-ils lorsque la nouveauté de la situation s’estompe? (TDAH)
• Les comportements de l’enfant s’améliorent-ils considérablement lorsque l’environnement est plus
structuré? (TDAH)
• Quand l’enfant est interrompu, a-t-il de la difficulté à se remettre rapidement à la tâche? A-t-il de la difficulté
à faire les transitions entre les tâches? (TDAH)
• L’enfant peut-il s’engager calmement dans des activités solitaires pour une longue période? (Douance)
• Les contacts avec des pairs doués ou du même niveau développemental diminuent-ils les comportements
inappropriés? (Douance)
• L’enrichissement offert ou les mesures d’accélération mises en place diminuent-ils les comportements
inappropriés? (Douance)
• L’élève est-il capable de réaliser les consignes données, de les répéter ou encore de répondre correctement
aux questions posées par l’enseignant même s’il semble inattentif? (Douance)
• L’élève semble-t-il avoir le contrôle sur ses comportements « suractif » lorsque nécessaire? Se calme-t-il
facilement? (Douance)
• L’élève est-il capable de faire plusieurs choses à la fois (par exemple, parler et écrire, écouter et lire)?
(Douance)
• Les comportements inappropriés sont-ils irréguliers et se présentent-ils selon certaines matières ou certaines
façons d’enseigner seulement? (Douance)
22
Il importe également de vérifier les fonctions des comportements afin de distinguer les similarités entre la
douance et le TSA. Les comportements problématiques associés au TSA doivent être persistants et apparaître
dans plusieurs situations différentes.
L’outil O-T-5 Grille d’observation des comportements similaires et distincts dans des contextes liés à la douance ou au
trouble du spectre de l’autisme, version imprimable ou interactive, répertorie les principales manifestations
comportementales qui sont similaires et fournit des points de repère pour savoir si la manifestation est
liée à la douance ou plutôt au TSA. Elle peut être remplie avec les parents, l’enseignant ou un autre
intervenant œuvrant auprès de l’enfant.
Les échelles utilisées habituellement pour dépister le TSA, comme l’ADOS-2, peuvent manquer de sensibilité
(Burger-Veltmeijer et al., 2015; Foley-Nicpon et al., 2017). L’ADI-R semble moins sensible aux filles ayant un
QI élevé (Ratto et al., 2018). Les critères A3 (conversation réciproque) et B (comportements restreints) du
DSM-5 apparaissent particulièrement peu sensibles aux élèves doués sur le plan intellectuel (Foley-Nicpon et
al., 2017). Afin d’améliorer l’évaluation du TSA chez cette population, il est recommandé de combiner l’ADI-
R et l’ADOS-2 (Foley-Nicpon et al., 2017). Bolduc et Poirier (2017) répertorient différents outils de dépistage
ou de diagnostic pour les TSA de haut niveau ou sans déficience intellectuelle. Ces outils sont recommandés
par deux guides canadiens des meilleures pratiques.
Enfin, Webb et ses collègues (2016, p. 149) suggèrent que certaines caractéristiques comportementales
pourraient être incompatibles avec un diagnostic de TSA ou, du moins, qu’elles pourraient contester la justesse
de ce diagnostic :
• Relations relativement normales avec des personnes qui partagent ses intérêts;
• Réactions aux indices non verbaux durant les interactions avec les personnes qui partagent les mêmes
intérêts;
• Connaissances étendues et intérêt intense sur un sujet, sans autres manifestations liées au TSA;
• Confort avec les idées abstraites, les situations non structurées et les activités créatives;
• Discours et sens de l’humour semblables à celui des adultes;
• Compréhension et utilisation de l’humour impliquant la réciprocité sociale plutôt que l’humour à sens
unique, les jeux de mots ou la récitation intégrale d’une blague apprise;
• Bonne conscience personnelle ou introspection et compréhension des impacts de ses comportements sur
les autres;
• Compréhension rapide du sens des métaphores comme « ne t’enfarge pas dans les fleurs du tapis ».
23
d’utiliser des critères intra-individuels pour évaluer les difficultés d’apprentissage, c’est-à-dire de tenir compte
des attentes normales de performance selon le QI de l’élève pour juger de ses difficultés.
Ainsi, la capacité des élèves doués à compenser leurs difficultés d’apprentissage peut faire en sorte qu’ils ont un
rendement scolaire dans la moyenne. Cette capacité compensatoire peut cependant être diminuée lorsque les
apprentissages sont plus complexes, que le rythme d’apprentissage est plus rapide ou lorsque l’enseignement en
grand groupe est prédominant (McKenzie, 2010). Cela fait en sorte que les différences entre leurs performances
peuvent apparaître seulement à la fin du primaire ou au secondaire.
Lorsqu’un test d’intelligence est utilisé, des différences significatives entre les habiletés de raisonnement ou de
traitement de l’information et le rendement dans le domaine du trouble d’apprentissage (par exemple, la lecture
ou l’écriture) ou des différences significatives entre la lecture et les autres domaines d’apprentissage seraient
attendues. Une différence de 1 à 1 ½ écart-type suggère des difficultés, même si les résultats plus faibles
demeurent dans la moyenne (Gilman et al., 2013; Webb et al., 2016).
Il faudra aussi considérer que, comparativement aux jeunes ayant un trouble spécifique d’apprentissage et une
intelligence dans la moyenne, les jeunes doués ayant un trouble spécifique d’apprentissage en lecture/écriture
présentent :
• De meilleures performances en lecture, en orthographe et en habiletés langagières (Berninger et Abbott,
2013);
• Des déficits moins sévères quant à la conscience phonologique et à la mémoire de travail verbale (van
Viersen et al., 2015);
• Plus de difficultés sur le plan comportemental (surtout pour les garçons) en raison de la détresse ressentie
concernant le décalage entre les capacités cognitives élevées et les difficultés d’apprentissage vécues
(Assouline et al., 2014).
24
• Les principaux facteurs de protection sur les plans individuel, familial, social ou scolaire qui devraient être
considérés pour soutenir le bien-être de l’élève, sa réussite éducative et le développement de son potentiel.
Ce portrait du jeune permettra aux adultes qui gravitent autour de lui et à l’élève lui-même de mieux cerner ses
besoins scolaires et personnels. Une meilleure compréhension des besoins permettra d’orienter les interventions
à mettre en place pour soutenir le jeune dans l’expression de son plein potentiel.
25
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