Et Williams: Tbltieommunications La

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IB tbltieommunications et la presse

par Francis Williams

Unesco, paris
la transmission des informations
Graphiques par le Nederlandse Stichting voor Statistiek (Institut néerlandais de
statistiques).

Achev6 d’imprimer le 25 septembre 1953, sur les presses de l’Imprimerie Chantenay,


pour l’Organisation des Nations Unies pour l’&ducation,la science et la culture,19, avenue
Kléber, Paris-I&. M.C. 53 D.14 F.
notice sur l’auteur

Francis Williams est bien connu pour ses articles, ses livres et ses causeries
à la radio. Avant la deuxième guerre mondiale, il était rédacteur en chef du
Daily Herald, de Londres, qui sous sa direction fut le premier journal du monde
à atteindre un tirage de 2 millions d’exemplaires. Pendant la guerre, il fut
appelé au Ministère britannique de l’information, et les services qu’il rendit,
c o m m e chef des divisions des nouvelles, de la photographie et de la censure
de presse, lui valurent d’être n o m m é complandeur de l’Ordre de l’Empire
britannique (C.B.E.).L e gouvernement des Etats-Unislui a accordé également
la Medal of Freedom avec palme d’argent, notamment pour la façon dont il
avait organisé au ajour J D, le service des informations relatives aux débar-
quements en Europe.
A la Conférence de San Francisco, en 1945, il était premier conseiller de
presse de la délégation du Royaume-Uni;il fut ensuite n o m m é conseiller du
premier ministre en matière d’opinion publique.
M. Williams a présidé le comité technique international chargé de guider
l’organisation des Nations Unies au sujet de la création d’un Département de
l’information, puis il a représenté la Grande-Bretagne au sein de la Sous-
Commission d e la liberté de l’informatio? et de la presse.
I1 a été principal correspondant aux Etats-Unis de I’Obseruer, de Londres,
et publie régulièrement dans le News Chronicle,de Londres,des articles d’actua-
lité politique. I1 a fait partie, en 1951-1952,du conseil des gouverneurs de la
British Broadcasting Corporation.
Parmi ses livres, publiés a u Royaume-Uni et aux États-Unis et traduits
en de nombreuses langues européennes ainsi qu’en japonais, figure une étude
très connue sur les relations entre les gouvernements et la presse, intitulée
Press, Parliament and People.
avant-propos

Ainsi que Francis Williams le hit observer dès le début de son étude, << Ifinfor-
mation n’intéresse pas seulement ceux qui ont pour métier de rassembler et
de diffuser les nouvelles :elle intéresse tous les h o m m e s et tous les pays >>.
Elle représente une des préoccupations majeures de l’organisation des Nations

Unies et de l’Unesco, qui, avec le concours des milieux professionnels, essayent
d’améliorer la qualité et d’accroître le volume des informations parvenant
au public. Ce sont surtout les moyens matériels de transmission des nouvelles
que l’Unesco s’est efforcée de perfectionner et de développer. A une époque
oùla science offre des possibilités infinies de communications rapides et c o m -
plètes, il est difficile d’admettre que de vastes régions soient si mal renseignées
sur le reste du monde, et le monde si mal informé d’elles.
En 1949,la Conférence télégraphique et téléphonique internationale,réunie
à Paris par l’Union internationale des télécommunications, a examiné diverses
propositions tendant à faciliter la transmission des messages de presse. Cette
conférence a montré que, pour pouvoir remédier efficacement à la situation
actuelle, il fallait étudier plus minutieusement le système des tarifs et des
priorités, ainsi que d’autres aspects techniques de l’acheminement des messages
de presse.
L’Unesco a chargé M. Williams d’une étude d’ensemble sur ce problème
complexe. Si elle l’a fait, et si elle publie aujourd’hui l’étude en question, c’est
pour soumettre a u public, aux-milieux professionnels de la presse et aux
gouvernements les données essentielles du problème, en y joignant les avis et
recommandations d’un observateur particulièrement qualifié et qui possède
une expérience approfondie des communications de presse. L a notice qui figure
à la page précédente rappelle les qualifications de M. Williams en matière
d’information; il convient d’ajouter que l’auteur assume l’entière responsa-
bilité de toute son étude, y compris les opinions et recommandations qu’elle
contient.
L e présent rapport a été établi expressément en vue des mesures que pour-
rait prendre la prochaine Conférence télégraphique et téléphonique interna-
tionale. On espère que sa publication facilitera radoption par cette conférence
de dispositions propres à développer l’emploi des télécommunications pour la
libre circulation des informations.
table des matieres

INTRODUCTION

Z’intBrêt universel de l’information . . . . . . 11

P R E M I È R E PARTIE

I. Historique . . . . . . . . . . . . 19
II. Esquisse du problème :les besoins et les ressources . . 29
III. Les réseaux de tékommunications du monde . . . . 31
IV . Organisation internationale . . . . . . . . 38

DEUXIPME PARTIE

Y. Les agences mondiales d’information . . .. . . 45


VI. Les agences nationales d’information . . .. . . 53
VII. Les besoins de la presse . . . . . .. . = 60
VIII. Les tarifs de transmission . . . . .. . . 67
IX. Les lignes en location . . . . . .. . . 73
x. Les émissions d’information à destinations multiples . . 81
XI. Les services télautographiques et phototélégraphiques . . 85

T R O I S I ~ M EPARTIE

XII . Conclusions et recommandations . . . . . . . 93

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . 105
INDEX . . . . . . . . . . . . . 107

ILLUSTRATIONS

Carte :Principaux réseaux de câbles sous-marins . . . . 24-25


Graphiques :Liaisons radio entre points fixes . . . . . 36-37
Transmissions à destinations multiples . . . 44-45
Agences nationales d’information . . . . . 56-51
Inégalité des tarifs de presse . . . . 72-73
introduction I’int6rêt universel
de l’information

Pour qu’il y ait compréhension entre les hommes, d’un pays à l’autre, il faut
qu’ils se connaissent les uns les autres. I1 faut en outre que les informations
qu’ils reçoivent les uns sur les autres soient suivies et cohérentes; il faut
qu’un flux ininterrompu de messages traverse les frontières, d’un bout à
l’autre des continents,et cela non pas seulement dans les moments de difficulté
internationale, de tension o u d’hostilité déclarée.
Cette connaissance réciproque, bien entendu, ne suffira pas à préserver la
paix mondiale et l’ordre international,Mais, sans elle, la paix et l’ordre seront
plus difficiles encore à maintenir, dans un monde aussi complexe que le nôtre
et qui va en se rétrécissant.Sans une telle connaissance,l’homme vit en étranger
au milieu de ses semblables.
L’information n’intéresse donc pas seulement ceux qui ont pour métier
de rassembler et de diffuser les nouvelles, elle intéresse tous les h o m m e s et
tous les pays. Les moyens matériels qui permettent d’envoyer des mots au-delà
des frontières présentent un intérêt professionnel capital pour les journalistes,
les commentateurs de la radio,les rédacteurs en chef, les éditeurs,les reporters
et les correspondants spéciaux;mais ils ont également un intérêt international,
au sens le plus strict du terme :s’ils sont insuffisants, s’il y a dans le m o n d e
des régions où ils n’assurent pas de façon satisfaisante la diffusion des nou-
velles, s’ils sont techniquement en retard, lents ou coûteux, c’est la compré-
hension internationale elle-même qui en souffrira.
L a présente étude porte précisément sur les moyens matériels qui per-
mettent l’échange des informations. L e sujet est aussi vieux que la civilisation.
Sous une forme o u sous une autre,l’effort des h o m m e s pour réduireles distances
qui les séparent remonte jusqu’à l’aube de l’histoire.
Sans doute, cet effort incessantimplique-t-ilbien autre chose que l’existence
de moyens matériels :il implique aussi la compétence, l’intégrité et le bon
sens chez ceux qui rassemblent et diffusent les nouvelles; il implique que les
Etats et les peuples autorisent le compte rendu objectif des événements qui
se passent sur leur territoire, et la transmission de ces reportages au-delà de
leurs frontières; il implique que les Etats et les peuples soient également
disposés à laisser entrer et circuler librement sur leur territoire les informations
venues de l’extérieur et émanant de nombreuses sources; il implique enfin
que les ressources en papier journal soient suffisantes pour permettre l’impres-
sion et la publication des informations reçues.
Mais aucune de ces conditions ne suffira vraiment si les moyens matériels
sont inexistants, ou s’ils n’existent pas a u degré et sous la forme qu’exige
la civilisation moderne. I1 ne suffit pas qu’on ait les moyens de transmettre
rapidement les nouvelles entre les grandes capitales et les pays industrielle-
ment les plus développés.11 faut également pouvoir assurer des échanges d’in-
formations rapides et bilatéraux avec des régions moins développées du point
de vue économique, industriel o u politique, car la connaissance des événe-
ments et des mouvements d’opinion particuliers à ces régions est de plus en plus
nécessaire si l’on veut comprendre pleinement les possibilités de notre époque et
les problèmes qui s’y posent, et il est non moins important de mettre les popula-
tions de ces régionsau courant de ce que fait et de ce que pense le reste du monde.
Les moyens de transmission des informations doivent être suffisamment
développés et d’un prix de revient suffisamment bas pour qu’on puisse faire,
connaître au-delà des frontières non seulement les événements dramatiques,
émouvants ou tragiques, mais aussi leur genèse. I1 faut que, grâce à eux, des
gens qui vivent loin des grands centres politiques du globe, mais peuvent
subir le contrecoup de ce qui s’y passe, arrivent à voir les événements dans
une juste perspective et à s’en faire une idée non point partielle et déformée,
mais aussi exacte et aussi complète que le permettent les circonstances et le
jugement humain.
Si ces conditions n e sont pas remplies, si les moyens de transmission sont
d’un emploi trop difficile et trop coûteux, on ne communiquera que les nou-
velles les plus émouvantes, les plus surprenantes ou les plus dramatiques.
Les télécommunications pourront alors apparaître non c o m m e des auxiliaires,
mais c o m m e des ennemis de la compréhension internationale :ne recevoir que
les nouvelles sensationnelles peut être pire que de rester purement et simple-
ment dans l’ignorance.
Les télécommunications sont précisément le sujet de la présente enquête.
L a Convention internationale des télécommunications (1947)englobe sous ce
m o t << toute transmission,émission ou réception de signes, de signaux, d’écrits,
d’îmages, de sons ou de renseignements de toute nature, par fil, radio-électri-
cité, optique ou autres systèmes électromagnétiquesD. Ces systèmes et pro-
cédés doivent souvent paraître a u non-initié bien compliqués et d’un emploi
difficile. Ils n’en continuent pas moins toute une série de moyens de transmis-
sion où figurent les signaux de feu de colline à colline, l’appel des tam-tams
dans la forêt, les estafettes à cheval, les messages en canot, les pigeons voya-
geurs, la dépêche qu’emporte la malle-poste ou le train, bref, de tous ces
moyens par lesquels des groupes humains ont, dès le début de la vie sociale,
voulu satisfaire leur continuel besoin de communiquer rapidement les uns avec
les autres.
C e qui d’ailleurs nous intéresse ici, ce ne sont pas les télécommunications
considérées en tant qu’instrument de communication entre les gouvernements,
ni en tant que m o y e n de transmettre,entre h o m m e s d’affaires, des informations
commerciales et financières, ni non plus c o m m e ,le m o y e n qu’ont les parti-
culiers d’échanger entre eux des messages personnels, si importants et si
nécessaires que tous ces emplois puissent être à la civilisation. Nous ne nous
occuperons que des télécommunications au service de la presse, laquelle est
elle-même au service du public et ne peut prétendre - et ne
ment - qu’en son n o m à ces ressources et à ces droits.
Pour remplir leur rôle à l’égard de la presse, les moyens
cation doivent être de nature à répondre, d’une part, aux besoins variés de
ffèrent entre eux par leur format,le m o m e n t de leur publication,
puissance financière et leur organisation,et qui desservent des
territoires présentant entre eux d’immenses différences quant à leur développe-
ment économique et politique, d’autre part au niveau intellectuel et aux
goûts plus ou moins complexes de leurs populations. Les journaux ont notam-
ment besoin d’une transmission rapide et peu coûteuse des informations, en
provenance tant de l’intérieur que de l’extérieur. Dans la présente enquête,
ce sont les services chargés de transmettre les nouvelles par-delà les frontières
dont nous nous occuperons surtout, encore que les services de transmission
à l’intérieur des frontières nationales ne doivent pas, étant donné la nature
m ê m e de cette étude, être entièrement négligés. Les nouvelles expédiées à
travers les frontières peuvent être distribuées par les agences mondiales
d’information, lesquelles assurent à des milliers d’abonnés un service inter-
continental m i n i m u m d’informations, ou bien elles peuvent être envoyées
aux journaux par leurs propres correspondants. Au reste, dans un nombre
de cas élevé et qui va croissant rapidement, il faut entendre par x infor-
mation D ou <<nouveller> non sedement la transmission de mots écrits ou
parlés, par téléphone, par télégraphe, par câble ou par radio - qu’ils soient
transmis directement par la voix, ou par des signes tels que les points et les
traits de l’alphabet Morse - ou encore par téléscripteur, mais aussi la trans-
mission rapide, par fil on par radio, de photographies ayant une valeur parti-
culière ou universelle v u leur sens et leur pittoresque. Qu’il soit destiné aux
hommes politiques et à ceux qui suivent les affaires internationales, ou au
grand public pour l’informer rapidement et le distraire, le journal que vous
trouvez à votre porte ou que vous achetez au kiosque, de grand ou de petit
format, illustré ou non, est un messager du monde extérieur. I1 est le produit
final d’un système perfectionné, complexe et hautement spécialisé, destiné à
centraliser les informations, et à chaque stade duquel - -
ou peu s’en faut
les télécommunications ont une extrême importance.
Pour informer utilement ses lecteurs, le rédacteur en chef d’un journal
doit pouvoir être sûr de connaître dans le minimum de temps tout événement
survenu dans le pays ou à 1,étranger et propre à intéresser sa clientèle. Son rôle,
pour reprendre les termes de John Delane, célèbre rédacteur en chef du Times,
de Londres, est << de se renseigner le plus rapidement et le plus exactement
possible sur les événements du moment, et de faire aussitôt de ces nouvelles,
en les révélant, la propriété commune de la nation n. Instrument de l’intérêt
public,il sert une cause qui par sa nature même, pyur citer à nouveau Delane,
Q vit de révélations... s’adressant chaque jour, indéfiniment, à cette force
qu’est l’opinion publique éclairée - anticipant si possible sur la marche des
événements - debout sur la brèche entre le présent et l’avenir et portant ses
regards jusqu’à l’horizon du monde...>>.
Or, à notre époque, seuls de bons services de télécommunication permettent
de procéder à ce tour d’horizon. Pour que dans tous les pays les journaux
puissent servir c o m m e ils le doivent l’intérêt public, il leur faut un afflux
quotidien d’informations, non seulement sur leur pays ou s w les territoires
qu’ils desservent, mais encore sur tout ce qu’il y a d’important dans les événe-
vents ou la politique de tous les pays.
Pour une bonne partie de ces nouvelles,les journaux dépendent des agences
mondiales d’information, lesquelles dépendent elles-mêmes à un degré tout
particulier des télécommunications. Pour jouer effectivement le rôle qu’on
attend d’elles, les agences doivent avoir des correspondants en tous les points
du globe. D a n s chaque grande capitale,elles doivent entretenir un bureau avec
un personnel nombreux, parfaitement capable et expérimenté, employé en
permanence; et elles doivent également avoir des correspondants travaillant
p o w elles pendant la totalité ou pendant une partie de leur temps, postés de
manière à pouvoir les informer de tout fait ou événement important survenu
en un lieu quelconque du globe, si éloigné soit-il,et à disposer des moyens de
télécommunication nécessaires pour leur transmettre sans délai ce qu’ils ont
B dire. Lorsqu’elles ont reçu ces nouvelles, les agences d’information doivent
être elles-mêmesen mesure de les retransmettre sans perdre de temps à chacun
des journaux qui, dans leur pays ou à l’étranges, sont abonnés à leur service
. d’informations; là encore, c’est aux télécommunications qu’elles ont à faire
appel. Si les réseaux de télécommunications sont insuffisants, les aouvelles
envoyées par les agences mondiales arriveront en quantité insuffisante; et s’il
est beaucoup plus facile o u moins coGteux de transmettre des nouvelles au
départ de certains pays que de certains autres, ces pays auront plus de chances
d’être favorisés dans la distribution des informations tandis qne les autres
seront relativement d6favorisés.
En tant qu’organismes chargés de transmettre ces faits au jour le jour, ce
fonds d’informations dont un journal doit disposer, quelle que soit sa couleur
politique o u le genre de lecteurs auquel il s’adresse, s’il veut jouer convenable-
ment son rôle, les agences mondiales d’information ont une place toute parti- .13
culière B tenir dans le systhme complexe de l’information mondiale. Mais il
n’importe pas moins que les systèmes de télécommunications soient d’une
nature telle et fonctionnent à un rythme tel qu’ils permettent à autant de
journaux que possible d’avoir leurs propres correspondants,tout au moins dans
les centres les plus importants de l’information mondiale.
En général, les agences mondiales d’information s’efforcent d’atteindre un
haut d e g é d’objectivité. L e genre m ê m e de leur activité appelle une telle
politique, car les très nombreux journaux qu’elles desservent ont les besoins
les plus divers et les opinions les plus diverses. Les journaux ne doivent pas
seulement apporter des informations à leurs lecteurs, ils doivent aussi les
interpréter. Dans la mesure où ils le peuvent, ils doivent situer tout événement
- qu’il se passe dans le pays ou à l’étranger - dans un contexte qui le rende
intelligible à des gens qui n’ont pas une connaissance directe des gouvernements
ou des peuples dont il s’agit, qui sont plus ou moins au courant des affaires
internationales et s’y intéressent à des degrés divers. Mais,si objectif que puisse
être le reporter, il n’est pas souhaitable que les événements d’un pays soient
v u s dans le reste du m o n d e par les yeux d’un seul, ni m ê m e par deux ou trois
reporters d’agences concurrentes. En matière de reportage, et bien plus encore
en matière d’interprétation des nouvelles, c’est dans le nombre qu’est la
meilleure garantie.
Pour satisfaire des lecteurs qui, vu l’usage des bulletins radiodiffusés,
connaîtront vraisemblablement l’essentiel des nouvelles internationales avant
m ê m e qu’on ait eu le temps de les imprimer, un journal doit pouvoir présenter
les informations accompagnées de commentaires explicatifs. Mais, pour
expliquer, il faut un plus grand nombre de mots que pour relater simplement
les faits. Un journal qui entend suivre cette voie et ainsi vraiment jouer son
rôle doit compter avec les tarifs des télécommunications. Et cela est tout
particulièrement vrai des journaux de caractère sérieux, dont le tirage est
relativement faible.
L e correspondant étranger d’un journal est l’ambassadeur de ses lecteurs.
C’est principalement par ses yeux que la majorité d’entre eux verront le pays
auprès duquel il est accrédité; et c’est par lea mots mêmes qu’il emploiera que
la plupart se représenterontle peuple de ce pays et sa politique. Si,en raison du
prix élevé des messages par câble ou par radio,le correspondant est contraint
de réduire au strict minimum le nombre des mots qu’il envoie ou de ne faire
connaître et de ne commenter que les,événements les plus dramatiques ou les
plus sensationnels, ses lecteurs se feront de ce pays une image déformée.
Un journal ne peut plus, c o m m e il le pouvait autrefois,informer convenable-
ment ses lecteurs en se contentant d’entretenir un ou deux correspondants dans
les principaux centres politiques du monde. Rares étaient les journaux qui,
avant juin 1950,avaient un correspondant à demeure en Corée; bien peu y
avaient jamais envoyé un correspondant spécial, ne fût-ce que pour un séjour
temporaire. Pourtant le caractère,la politique et l’ambition des gouvernements
de la Corée du Nord et de la Corée du Sud devaient bientôt se révéler de toute
première importance à des millions de gens, dans le monde entier.
Bien entendu, le nombre des correspondants étrangers d’un journal, à nn
m o m e n t donné, et les endroits où il les envoie dépendront toujours de nom-
breux facteurs. Nul journal n’a les moyens d’entretenir partout des corres-
pondants, pour le cas ob un événement survenant dans quelque pays éloigné
pourrait tout à coup appeler les commentaires d’un habile interprète.D u moins
faut-il que le manque de télécommunications, leur insuffisance ou leur coût
élevé ne constituenz pas un obstacle supplémentaire à la transmission des
nouvelles, au départ de pays qui, habituellement calmes, peuvent devenir le
théâtre d’événements importants; ces facteurs économiques ne doivent pas
non plus empêcher les journaux de compléter par les services d’un correspon-
1.4 dant spécial ceux des correspondants d’agence résidant en cette région.
Walter Gifford, ancien président de !’American Telephone and Telegraph
Company, qui a été ambassadeur des Etats-Unis à Londres de 1950 à 1952,
a dit un jour que le rôle de sa société était à son avis de faire en sorte qu’il fût
aussi rapide et aussi facile de parler de N e w York à San Francisco, à 4.500kilo-
mètres de distance, que d’échanger quelques mots avec un voisin, de l’autre
côté de la rue, Quiconque connaît les services téléphoniques des fitats-Unis
peut témoigner des progrès qui ont Bté réalisés vers cet admirable objectif.
Mais, à l’échelle internationale, cet idéal est plus difficile à atteindre. E t
pourtant, si l’on veut amener tous les êtres humains - hommes et femmes -
à se sentir membres d’une seule et m ê m e communauté internationale et à leur
enseigner à se comporter en conséquence,l’idéal que représentent des échanges
de pensée rapides et faciles est une simple nécessité, surtout dans le domaine
de l’information.
L a présente enquête a pour but de montrer à quel point le développement
de l’information internationale dépend des télécommunications interna-
tionales, et d’examiner dans quelle mesure on peut dire qu’existent les moyens
nécessaires pour rassembler les informations et e n assurer une diffusion aussi
large que possible.

15
premiere partie
I, historique

Pour examiner dans une juste perspective les problèmes de télécommunication


et de presse qui nous occupent dans cette étude, il nous faut les replacer dans
leur cadre historique. Les progrès de la presse moderne sont indissolublement
liés à ceux des télécommunications :dans leur histoire, l’invention de la télé-
graphie électrique ne le cède en importance qu’à celle de la presse à imprimer;
la découverte et l’exploitation des moyens de transmission radio-électriques
ne sont pas moins capitales que l’invention de la linotype et de la presse
rotative.
Ce n’est pas un hasard si, m ê m e dans les pays industrialisés, les journaux
n’ont commencé à atteindre les masses qu’après l’invention du télégraphe
en 1837.En 1850 encore,année où fut inauguré le premier câble Calais-Douvres,
le tirage global des quotidiens de Londres n’atteignait pas 70.000 exemplaires
(dont 60 yo environ pour le Times),bien que la presse britannique fût très
en avance sur celle de la plupart des autres pays. Ce n’est pas un hasard non
plus si, dans le monde actuel, les pays où le pourcentage d’analphabètes est le
plus élevé -75-85 yo pour l’Afrique, 65-75 % %
pour l’Asie et 40-50 pour
l’Amérique du Sud - sont les plus mal pourvus en ce qui concerne les télé-’
communications,et si les régions oh ce nombre est le plus faible sont celles où
les télécommunications sont très développées, par exemple l’Europe (5-10yo)
et l’Amérique du Nord (10-15”/u)1,
Historiquement, l’augmentation du nombre des lecteurs de journaux est
allée de pair avec les progrès des télécommunications. L e développement des
communications télégraphiques n’a pas seulement permis à la presse de pré-
senter les événements mondiaux avec une rapidité propre à stimuler l’intérêt
et l’imagination de lecteurs peu sensibles aux qualités de mesure et de pondé-
ration des dépêches de l’époque précédente, acheminées par la poste et traitant
souvent, par nécessité, d’événements vieux de plusieurs jours, de plusieurs
semaines ou m ê m e de plusieurs mois; il a aussi contribué à précipiter la trans-
formation radicale du style des journaux. L e directeur du Times,Mowbray
Morris, fut,dès l’origine, l’un des plus implacables adversaires du télégramme
de presse, en partie, sans doute, paar disposition naturellement conservatrice,
mais aussi parce qu’il reconnaissait le danger que le nouveau système allait
probablement faire courir au Times,en facilitant l’accès d’autres journaux aux
sources d’informations étrangères qui jusqu’alors avaient fait, pour une
bonne part, la force de ce journal. Cela ne l’empêcha d’ailleurs pas d’écrire
en 1869 à T.A.Trollope, frère aîné du romancier et correspondantintermittent
du Times en Italie, une lettre attirant son attention sur le fait que K pour le
correspondant de presse le télégramme a remplacé la lettre et a imposé un
nouveau style et une façon nouvelle de traiter des événements publics D.
L’histoire des télécommunications internationales et celle de la presse sont
inséparables. Les progrès réalisés dans l’un de ces domaines ont constamment
fait sentir leurs effets dans l’autre, et il faut qu’ilcontinue d’en être ainsi si

1. Ces taux d’analphabétisme concernent les habitants âg& de dix ans et plus et sont
fournis par les rapports nationaux sur l’analphabétisme recueillis par la Division
de statistique de l’Unesco. 3.9

Yon veut éclairer l’opinion. Dès les premiers développements des télécommu-
nications, les organes d’information ont utilisé les lignes télégraphiques ou
les câbles et, c o m m e le public est devenu plus avide de nouvelles à mesure que
celles-cidevenaient plus abondantes,le besoin de transmettre plus rapidement
et à meilleur compte les informations de l’étranger a suscité à son tour de
nouveaux progrès de la télégraphie terrestre, de la télégraphie sous-marineet,
de nos jours, des radiocommunications.
I1 importe de ne jamais perdre de vue, lorsqu’on examine l’ktat actuel des
communications de presse, l’influence constante et toujours puissante que les
journaux et les moyens de transmission ont exercée les uns sur les autres, ni
l’association fondamentale qui existe entre eux et qui a profité aux uns et aux
autres, m ê m e lorsqu’elle était le plus contestée,voire combattue. Ni les gouver-
nements, ni les réseaux de télécommupications, ni la presse elle-même ne
sauraient méconnaître sans danger la leçon de cette interdépendance. Les
télécommunications et la presse ne peuvent se développer séparément.
Bien que les dirigeants des réseaux de télécommunicationspuissent, SOUS un
certain angle, considérer la presse c o m m e un simple client parmi tant d’autres
- un client qui n’est d’ailleurs pas toujours celui dont ils tirent les plus gros
bénéfices - elle occupe, à bon droit, une position particulière à reur égard. L a
presse assure un service d’intérêt public auquel les réseaux de télécommuni-
cations eux-mêmes doivent accorder aussi la première place s’ils veulent être
fidèles à leurs objectifs historiques et remplir les obligations résultant pour eux
de la position centrale qu’ils occupent dans l’évolution technique de la civili-
sation mondiale. C’est pourquoi, si les exigences de la presse semblent parfois
importunes à ceux qui s’occupent de télécommunications, ou si la presse leur
paraft méconnaître les difficultés économiques et techniques qui se posent
chaque jour à eux, ils doivent se rappeler que ces exigences ont, à maintes
reprises, dans le passé, suscité des progrès qui, sans elles, auraient peut-être
été moins rapides ou ne se seraient jamais réalisés.
D e son côté,la presse ne saurait sans danger méconnaître la nature essentielle
de cette associationque l’histoire luiimpose.Les réseaux de télécommunications
sont plus que des serviteurs techniques de la presse; ils ne constituent pas
simplement un des multiples auxiliaires matériels sur lesquels elle s’appuie. Ils
sont au service d’intérêts nationaux et internationaux qui coïncident partielle-
ment, mais ne se confondent pas entièrement, avec ceux de la presse elle-
m ê m e ; ils impliquent envers la civilisation des obligations particulières qu’il
faut respecter. S’il est vrai que les progrès de la presse ont influé sur le dévelop-
pement des télécommunications, ce développement a eu sur le progrès et sur
la nature de la presse un effet non seulement direct, mais aussi indirect, en
raison de l’action qu’ils ont exercée sur la structure sociale et sur l’atmosphère
intellectuelle du monde moderne. Leur association n’est pas et ne saurait être
de caractère exclusif;elle n’est pas de celles où les besoins d’un des partenaires
passent, c o m m e de plein droit, avant ceux de l’autre. Leur alliance a été
fructueuse et elle le restera dans la mesure où chacun des deux partenaires
reconnaîtra les besoins et les responsabilités de l’autre ainsi que l’obligation de
collaborer avec lui.
Les liens spéciaux qui unissent la presse et les réseaux de télécommunications
n’ont pas été reconnus sans difficulté et, m ê m e de nos jours, ils ne sont pas
pleinement admis à tous les égards. Ces relations se sont développées lentement’
.et c’est en se référant aux circonstances historiques de leur développement que
l’on peut définir, pour le moment, de la manière la plus valable, et orienter
pour l’avenir, dans le sens le plus fécond, l’évolution des rapports entre la
presse et les télécommunications.
Ce regard vers le passé présente une importance particulière lorsqu’on exa-
mine les relations entre les réseaux de télécommunications et les agences
20 mondiales d’information, qui - ne serait-ceque pour des raisons économiques
- sont, en effet, appelées à être dans l’avenir, c o m m e elles l’ont été de plus
en plus depuis un siècle, les principaux organes de transmission des informa-
tions à travers le monde (même s’il y a intérêt à créer des conditions matérielles
permettant aux différents journaux de recevoir de leurs correspondants un
volume croissant de nouvelles).
L e développement des premières agences mondiales d’information,l’agence
Havas, de Paris, l’agence Wolff, de Berlin,et l’agence Reuter, de Londres, est
parallèle à celui des communications télégraphiques. L a plus ancienne, l’agence
Havas, fut créée en 1835,deux ans seulement avant l’invention du cc télégraphe
électromagnétique >>; elle avait pour objet de recueillir et de traduire des
extraits des principaux journaux européens qu’elle recevait par la poste, et de
les distribuer à la presse parisienne. Cinq ans plus tard, en 1840,Charles Havas
avait des correspondants particuliers dans la plupart des capitales européennes,
et il avait organisé un service de pigeons voyageurs pour transmettre ses infor-
mations aux journaux de Bruxelles et de Londres aussi bien qu’à ceux de Paris.
Mais le télégraphe, c dont le ffuide électrique - disait à l’époque, dans une
annonce,la Compagnie britannique du Great Western Railway - voyage à la
vitesse de 300.000 kilomètres à la seconde >>, devait bientôt faire disparaître
les services de pigeons voyageurs. En m ê m e temps, il allait donner un essor
considérable à l’agence Havas elle-même,permettre l’apparition d’entreprises
rivales ou alliées et susciter le développement des agences mondiales d’infor-
mation qui allait donner à l’époque un de ses traits les plus caractéristiques.
Grâce à << cet intéressant et très extraordinaire appareil - affirmait la
compagnie Great Western Railway - il est possible d’envoyer et de recevoir
instantanément des dépêches dont le secret est garanti n. Ceux qui avaient
conscience de l’intérêt que le public portait aux événements de Grande-
Bretagne et de I’étranger ne tardèrent pas à voir les possibilités latentes de ce
nouveau moyen de transmission.
L a création de l’agence Wolff de Berlin, la deuxième des trois plus anciennes
agences européennes d’information,fut une conséquence dpecte de l’ouverture
a u public, en octobre 1849,de la ligne télégraphique de 1’Etat prussien reliant
Beriin à Aix-la-Chapelle.L a troisième,l’agence Reuter, de Londres,fut fondée
deux ans plus tard, après que Thomas Russel Crampton eut réussi, pour la
première fois, à poser un câble sous-marin entre Douvres et Calais,: Julius
Reuter eut alors, c o m m e tout au long de sa remarqnable carrière, l’instinct de
<c suivre le câble >>. C’est en se fiant à cet instinct qu’il parvint à une réussite
mondiale. Une ère nouvelle venait de s’ouvrir, au cours de laquelle il allait
devenir possible de faire le tour de la terre beaucoup plus vite que le Puck de
Shakespeare,qui se vantait d’y parvenir en quarante minutes ;et le développe-
ment des reportages internationaux allait, en peu de temps, transformer de
façon radicale l’idée que les gens ordinaires se faisaient du monde où ils vivaient.
Ce remarquable progrès des moyens de transmission ne trouva pas tout
d’abord une faveuT sans réserve auprès des journaux << en place >> :ni eux,niles
nouvelles entreprises télégraphiques ne comprirent immédiatement toute
l’importance qu’ils allaient avoir les uns pour les autres.
cc. Je-ne m e fie guère au télégraphe et je préférerais qu’il n’eût jamais été
inventé >> écrivait, encore en 1853,le directeur du Times,Mowbray Morris, a u
correspondant de ce journal à Berlin. Neuf ans plus tôt, cependant, le Times
avait reconnu que cette <c puissance extraordinaire >> lui avait permis de publier
la nouvelle de la naissance du second fils de la reine Victoria quarante minutes
sedement après l’heureux événement.
Cette << puissance extraordinaire n présentait un inconvénient :elle coûtait,
a u débul,un prix presque prohibitif, pour des messages de presse ordinaires;
et les premières compagnies télégraphiques, qui avaient tendance à considérer
la presse c o m m e gênante et, parfois, à voir en elle une rivale, refusaient délibé-
rément d’abaisser leurs tarifs. L a taxe par m o t était si élevée que la plupart 2I:
des journaux ne pouvaient songer à publier des dépêches (< exclusives n. En
outre, les compagnies,profitant de leur mainmise sur les moyens matériels de
transmission,s’efforçèrent de mettre la main également sur les sources d’infor-
mation.
Lia lutte que les journaux et les agences mondiales d’information en voie
d’expansion eurent à soutenir pour obtenir le droit d’utiliser le nouveau sys-
tème à leurs propres fins,c’est-à-direpour diffuser des informations en toute
indépendance, constitue l’un des aspects caractéristiques de cette période
initiale.
Les compagnies télégraphiques soutenaient que les dépêches de presse
K n’étaient pas rémunératrices >>, argument qui allait constamment reparaître
SQUS des formes diverses tout a u cours des relations entre les télécommunica-
tions et la presse. Plusieurs de ces compagnies allèrent m ê m e jusqu’à refuser
de transmettre les messages envoyés à leurs journaux par des correspondants
particuliers. Elles essayèrent, en revanche, de mettre à profit leur monopole des
moyens de transmission pour obliger les journaux à se contenter d’informations
recueillies par elles et distribuées à un prix forfaitaire, comprenant à la fois
la collecte des nouvelles, leur rédaction et leur transmission.
Les grands journaux furent assez puissants pour résister à cette pression.
Les raisons de leur résistance qui, m ê m e si les compagnies télégraphiques
ont renoncé depuis longtemps à mettre la main sur les sources d’information,
conservent une valeur d’argument en faveur de communicationsrapides et peu
coûteuses à travers le monde sont bien exprimées dans la réponse de Mowbray
Morris à une proposition de la société berlinoise Telegraphische Anstalt ,
(agence télégraphique).
Le premier devoir de ceux qui ont à diriger un journal est, écrivait-il,
<< d’obtenir des informations authentiques de tous les points du monde ...et ils
engagent à cette fin des correspondants chargés de leur fournir ces in€ormations.
Ces h o m m e s sont naturellement responsables des nouvelles qu’ils transmettent,
et c’est cette responsabilité qui constitue la principale garantie de leurs
employeurs s. Le système proposé par la Telegraphische Anstalt serait, écri-
vait-il, << en contradiction complète avec ce principe et substituerait à la
responsabilité personnelle d’un h o m m e engagé spécialement au service d’un
journal donné, la complète irresponsabilité qui résulte nécessairement de la
structure m ê m e de l’institution en question >>. I1 ajoutait (et nous ne pouvons
aujourd’hui encore qu’applaudir à ses paroles) : N Nous aimerions mieux
ignorer certains faits que les apprendre de cette façon. D
Tous les journaux, que ce fiit sur le continent européen ou au Royaume-
Uni (où se trouvaient alors la plupart des journaux particulièrement puissants
du point de vue commercial), ne pouvaient pas se permettre de repousser aussi
sommairement les tentatives de ce genre. C’est ainsi que les journaux britan-
niques de province durent très longtemps se contenter, pour la quasi-totalité
de leurs nouvelles internationaleset nationales, des informations que les compa-
gnies télégraphiques elles-mêmesvoulaient bien leur fournir. Ce fut la révolte
de la presse contre ce monopole de l’information qui entraîna la disparition
des réseaux télégraphiques privés du Royaume-Uni et la reprise obligatoire de
leurs services par l’administration postale.
Sous la direction de T.E.Taylor, du Manchester Guardian,l’Association of
Proprietors of Daily Provincial Newspapers lança, en 1868, une attaque
virulente contre << la gestion despotique et arbitraire >> des compagnies télé-
graphiques. Affirmant que les journaux eux-mêmes étaient et devaient être
mieux placés que les compagnies télégraphiques pour juger des besoins du
public, l’association annonça son intention de fonder un groupement coopératif
de presse en vue de recueillir, de rédiger, de mettre au point et de distribuer
des informations. En m ê m e temps, la presse incita le public à réclamer avec
22 tant d’insistance et de vigueur une enquête sur la gestion des compagnies télé-
, graphiques que le gouvernement de l’époque fut obligé de constituer un
comité spécial de la Chambre des communes pour enquêter sur les tarifs
élevés et sur l’extrême lenteur des services assurés par ces compagnies. C e
comité devait aussi examiner, à la lumière de ses constatations, s’il n’y avait
pas lieu de nationaliser les services télégraphiques,selon l’exemple déjà donné
par la Belgique et la Suisse.
Un an plus tard, le réseau télégraphique interne de Grande-Bretagne fut
racheté par l’administration postale pour près de 8 millions de livres sterling,
le Parlement ayant stipulé que l’administration postale devrait gérer lee
services télégraphiques sans toutefois s’occuper de recueillir des informations.
L e nouvel organisme coopératiffondé par les journaux de province se chargea
de recueillir et de distribuer les informations, ce qui était précédemment le
monopole des compagnies télégraphiques. Cette agence, connue sous le n o m
de Press Association, adressa en février 1870 sa première dépêche à tous les
journaux du pays abonnés à son service. C’est ainsi que fut fondée, en réponse
directe à la politique d’exclusivité précédemment suivie par les compagnies
télégraphiques, l’une des principales agences nationales d‘information à
caractère corporatif.
L a tentative des compagnies télégraphiques européennes pour monopoliser
les avantages résultant de leur mainmise sur les moyens de transmission
rapide ne fut pas le seul obstacle à l’établissement de relations satisfaisantes
entre la presse et le nouveau système de communications. Les gouvernements
s’efforcèrent aussi, à maintes reprises, de mettre la main sur les systèmes de
communications, que ce fût pour exercer une censure ou pour faire pression
sur les journaux qui osaient s’exprimer de manière franche et indépendante.
C’est ainsi que, pendant la guerre de Crimée (18541856)’le correspondant
du Times,W.H. Russel, fit certaines révélations sensationnellessur la mauvaise
administration de l’armée britannique, l’approvisionnement insuffisant des
troupes et l’état scandaleux des hôpitaux militaires. A l’instigation d’un gou-
vernement embarrassé, on interdit la trans+ssion des messages adressés au
Times,sur la ligne de télégraphe Balaklava-Bucarest,construite par 1’English
Submarine C o m p a n y en vertu d’une conventionpassée entre les gouvernements
britannique et français, qui en devinrent seuls propriétaires.
Pour se rendre compte de la difficulté que présentaient alors les c o m m u -
nications et que l’interdiction d’utiliser la ligne Balaklava-Bucarest venait
encore d’aggraver considérablement,il suffit de lire la lettre adressée au rédac-
teur en chef du Times,John Delane, où Russel expose qu’ << il lui serait parti-
culièrement utile >> d’avoir un vapeur à sa disposition. I1 avait précédemment
envoyé au directeur du Times,Mowbray morris, des renseignements détaillés
sur l’acheminement des dépêches par voie télégraphique<< de Varna d Bucarest,
puis à Cronstadt, et de Ià jusqu’en Angleterre (en soixante-dix heures) >>.
Dans sa lettre à Delane,il ajoute :<< Je suis convaincu que nous pourrions faire
merveille s’il &ait possible d’établir une liaison entre Balaklava et Varna. Je
suis certain qu’un télégramme pourrait être en toute sécurité acheminé de
Crimée à Londres en cent heures au plus. >> A défaut de ce système, il insiste
sur l’immense avantage qu’il pourrait retirer d’un vapeur. K Prenez, par
exemple, la bataille d’Inkerman, qui a eu lieu le 5 novembre. L’action était
terminée à deux heures. A quatre heures j’aurais pu être sur un vapeur à
destination de Varna et, selon toute probabilité, j’aurais pu atteindre cette
( ville le lendemain (c’est-à-direle 6 novembre) vers deux ou trois heures, après

avoir eu le temps de rédiger, pendant la traversée,un bon compte rendu de la


bataille. A six ou sept heures du soir au plus tard, m a dépêche aurait été en
route pour Bucarest...x
Mais si la guerre de Crimée fournit un exemple, entre bien d’autres, ‘dea
efforts déployés pour faire du télégraphe une arme politique 2employer contre
Iqs journaux qui n’étaient pas d’accord avec les autorités du moment, elle 23
contribua également B modifier l’attitude des compagnies télégraphiques à
l’égard de la presse.
L’accroissement du volume des dépêches de presse, provoqué par la guerre,
finit par convaincre ces compagnies que les messages de presse méritaient
d’être encouragés. Elles commencèrent alors à s’intéresser aux dépêches des
correspondants,a u lieu de leur appliquer des tarifs exorbitants ou de les refuser
systhmatiquement. Dès lors, la coopération commença à se développer entre
la presse et le télégraphe.
Le cours des événements souligna la nécessité de cette coopération. En une
dizaine d’années, la révolte des Cipayes (1857)’la guerre de Sécession (1861-
1865) et la guerre franco-prussienne (1870-1871)’sans compter un grand
nombre d’événements inTemationaux moins clramatiques mais à peine moins
importants, montrèrent qu’il fallait améliorer les moyens de transmission mis
à la disposition de la presse, si l’on voulait que l’opinion publique pût se tenir
au courant de l’actualité et exercer en temps opportun une influence sur la
politique des gouvernements.
Les tarifs étaient encore élevés. C’est ainsi que le Times,qui était alors le
journal le plus puissant (du point de vue financier) et le plus influent du
monde, et dont les relations avec les nouveaux services télégraphiques pré-
-
sentent,de ce fait,un intérêt particulier, dépensa 5.000livres sterling s o m m e
énorme pour l’époque - en frais de télégrammes pour ses comptes rendus
de la révolte des Cipayes. Mais cela lui permit de publier certaines dépêches
de Russel d’où il ressortait que beaucoup d’histoires de viol et de mutilation
dignait l’opinion publique britannique étaient dénuées de fondement.
Selon la Saturday Review,le Times fournit a à l’opinion publique anglaise le
moyen d’éviter une erreur dangereuse et indigne d’elle >>, donnant ainsi dès
cette date un exemple d u rôle que les télécommunications doivent jouer dans
l’éducation d’une opinion publique vigoureuse et bien informée.
D e l’autre côté de l’Atlantique, le télégraphe exerçait sur le développement
des services d’information une influence comparable à celle qu’il avait en
Europe. A mesure que le télégraphe remplaçait le pittoresque a Pony-Express>>
du bon vieux temps et permettait d’établir des communications rapides entre
des localités autrefois isolées, les services d’information des journaux améri-
cains se développaient à vive allure. Mais, c o m m e en Europe, les tarifs télé-
graphiques restaient élevés. En mai 1848, six journaux de N e w York fondèrent
la New York Associated Press, afin de partager le coût global des informations
reçues à New York; le précédent que constituait la création de cette agence
coopérative d’information devait avoir une grande influence sur l’histoire
ultérieure de la presse.
Les lignes télégraphiques s’allongeaient à la surface de la terre, immédiate-
ment suivies par les journaux et par les agences d’information qui désiraient
profiter des possibilités qui leur étaient ainsi offertes pour donner aux divers
pays du monde des nouvelles les uns des autres.
L’intérêt commercial et la demande croissante d’informations mondiales
rendaient souhaitables l’établissement de liaisons non seulement entre les
pays d’un m ê m e continent mais aussi à travers les océans, et la multiplication
des échanges d’informations entre le Nouveau Monde et l’Ancien.
En 1856, Charles Bright, l’ingénieur britannique qui avait posé le premier
câble sous-marinentre l’&cosse et l’Irlande, et Cyrus Field, célèbre spécialiste
américain de la pose des câbles, fondèrent l’Atlantic Telegraph Company.
En août 1858, après deux échecs, ils réussirent à opérer a u milieu de l’Atlan-
tique la jonction de deux câbles venant respectivement de l’est et de l’ouest.
La reine Victoria et le président Buchanan échangkrent, à cette occasion, des
messages enthousiastes et, peu après, le premier câblogramme de presse qui
traversa l’Atlantique fut expédié de Londres. I1 annonqait que la révolte des
24 Cipayes était presque complètement réprimée et que l’Empire chinois allait
GRAPHIQUE 1

Ce livre étant publiB en français et en anglais, les graphiques ont été préparés de façon
à être utilisés dans les deux éditions. C’est pourquoi les légendes sont rédigées dans
les deux langues.
MAJOR OCEAN CABLE SYSTEMS
PRINCIPAUX RCSEAUX DE CABLES SOUS-MARINS
British Commonweallh
France
U.S.A.

Double line = 2 or m o r e cables


Double ligne = 2 ou plus d e 2 câbles
__
_. -- - -
probablement s’ouvrir au commerce, en vertu d’un accord en voie de négo-
ciation. Sept cent trente messages furent transmis au cours de la première
semaine, puis, à la suite d’une panne de courant,le câble cessa de fonctionner.
Avant que les longs préparatifs qu’exigeait une nouvelle tentative ne fussent
achevés, la guerre de Sécession interrompit les travaux et montra en m ê m e
temps, de faqon frappante, combien la presse avait désormais besoin de moyens
de transmission rapide. N’ayant pas de câble à leur disposition,les journaux
européens durent faire appel à toutes les ressources de leur ingéniosité pour
réduire les retards inévitables et donner rapidement à un public de plus en
plus exigeant les dernières nouvelles d’une guerre qui suscitait l’intérêt le
plus vif et remuait les passions de toutes sortes de lecteurs.
Les dépêches des correspondants de presse auprès des forces nordistes et
des forces confédérées, impatiemment attendues par les lecteurs de toute
l’Europe, depuis Londres, Paris et Berlin jusqu’à Saint-Pétersbourg,devaient
- être acheminées par bateau.
Afin de réduire les délais d’acheminement,les journaux,les agences d’infor-
mation et les compagnies télégraphiques de France et de Grande-Bretagne
affrétèrent des vapeurs rapides, chargés d’aller à la rencontre des paquebots
en haute mer, de recueillir les dépêches d’Amérique jetées par-dessus bord
dans des cylindres de bois scellés et de filer sur le port le plus proche, d’où
ces dépêches pouvaient être transmises par télégraphe aux grands centres
de presse. Au début, ces vapeurs rencontraient les paquebots dans la Manche.
Mais l’intérêt du public allant croissant, les journaux redoublèrent d’efforts
et d’ingéniosité pour gagner du temps. Afin de tirer parti des facilités
qu’offrait le câble sous-marin entre l’Irlande et I’~cosse,les compagnies
télégraphiques affrétèrent à Cork des bâtiments légers qui devaient aller au-
devant des paquebots d’Amérique au large de Queenstown.
Julius Reuter fut le premier à pratiquer l’intervention directe en fournis-
sant, pour la transmission des informations, des installations qu’il devait
ultérieurement développer et rendre plus stables; en effet, il obtint secrète-
ment l’autorisation d’installer une ligne télégraphique d’une centaine de
kilomètres entre Cork et le petit port de Crookhaven, situé à l’extréniité sud-
ouest de l’Irlande. Partant de ce port, ses vedettes allaient très loin des côtes
à la rencontre des paquebots d’Amérique, recueillaient les étuis à dépêches,
qui étaient enduits de phosphore afin de rester visibles la nuit, et regagnaient
au plus vite la nouvelle station télégraphique. Grâce à ces prodigieux efforts,
il réduisit encore de huit heures le laps de temps entre l’expédition et la publi-
cation des dépêches des correspondants de guerre. L a vitesse était manifeste-
ment en train de devenir l’un des facteurs dominants de l’information inter-
nationale.
Les moyens techniques dont on disposait pour répondre à ce souci de vitesse
étaient encore très imparfaits. Cependant,ils ne cessaient de s’améliorer, grâce
notamment à la presse, qui, stimulée elle-même par les exigences du public,
poussait inlassablement les gouvernements et les compagnies télégraphiques
à étendre toujours davantage le réseau des télécommunications.
C’est vers la fin de la guerre de Sécession que fut terminée l’installation de
la première ligne télégraphiqueterrestre reliant Londres à l’Inde,par la Russie,
Constantinople et le golfe Persique. On avait précédemment amélioré la longue
ligne terrestre de Paris à Marseille, qui se prolongeait ensuite à travers la
Méditerranée, ce qui avait permis de réduire les tarifs de 25 yo.Mais les taux
restaient élevés, et les retards étaient fréquents. M ê m e après 1864, date
d’achèvement de la liaison terrestre avec l’Inde, la transmission des télé-
grammes de B o m b a y à Londres demandait normalement de sept à dix jours,
et, par mauvais temps, les délais pouvaient atteindre quinze et m ê m e vingt-
cinq jours.
Vers cette époque,les abonnés des journaux manifestaient un tel désir d’être 25.
informés plus rapidement, que l’agence Reuter, une des trois plus anciennes
agences européennes d’information, intervint elle-même dans le domaine des
télécommunications internationales, témoignant ainsi de l’intér2t croissant
que la presse portait aux problèmes de transmission des informations. L’agence
Wolff, de Berlin, avait déjà des intérêts financiers dans le réseau télégraphique
allemand. Lorsque la liaison terrestre avec l’Inde fut terminée, Julius Reuter
entra en pourparlers avec IC roi de Hanovre et obtint l’autorisation de poser
un câble jusqu’à l’île de Norderney en Frise orientale, au large de la côte
septentrionale de l’Allemagne, étant entendu que le gouvernement hanovrien
relierait ce câble aux nouvelles lignes terrestres qu’il allait établir à l’usage
exclusif de l’agence Reuter en direction de Hanovre, puis de cette ville à
Hambourg, Brême et Cassel. L’agence Reuter se trouva ainsi reliée à la ligne
télégraphique terrestre de l’Inde et put s’assurer un monopole de fait sur le
moyen de transmission le plus rapide entre Londres et l’Orient.
L e câble de Norderney entra en service le 31 décembre 1866.Ultérieurement,
Reuter en perdit l’usage exclusif, à la suite de l’intervention politique du
gouvernement prussien; et quatre ans plus tard, a u m o m e n t où le réseau
télégraphique intérieur de Grande-Bretagnefut pris en charge par l’administra-
tion postale, il accepta de vendre ce câble au gouvernement britannique
(moyennant un profit de 573.000 livres sterling). L’installation de ce câble
et les avantages qui en résultèrent n’en avaient pas moins contribué, selon les I

termes de l’histoire officielle de l’agence Reuter, Reuters Century, à jeter les


bases de l’<<empire de Reuter >>. Ce fut le début d’une expansion qui permit
à l’agence Reuter de devenir et de demeurer, pendant de longues années, la
principale agence d’informations internationalespour toute la région comprise
entre B o m b a y et Yokohama et pour la majeure partie du Moyen-Orient.
I1 est peu d’exemples plus frappants de l’intérêt que présente, pour une agence
mondiale d’information, la possession de moyens de transmission rapide, et
du rôle que les réseaux de télécommunicationsjouent dans le développement
de l’information mondial e.
Entre-temps,la guerre de Sécession ayant pris finy on essaya de nouveau
de poser un câble à travers l’Atlantique. En 1865,le câblier Great Eastern
déroula un câble sur les deux tiers de la distance entre la Grande-Bretagne
et Terre-Neuve,mais le câble se rompit. L’année suivante, une nouvelle tenta-
tive fut couronnée de succès. Parti de Valentia, au large de la côte sud-ouest
de l’Irlande, le Great Eastern réussit à poser un câble jusqu’à Hearts Content
(Terre-Neuve). En outre, il put récupérer et réparer le câble qui s’était r o m p u
’année précédente, de telle sorte que l’Europe et le continent américain se
rouvèrent reliés par deux câbles télégraphiques. D e nouveau, après les
messages officiels de congratulations, l’une des première
d’un continent à l’autre par câble sous-marinfut un t
taxé au taux de 2 livres sterling le m o t et annonçant la paix de Prague, qui
mettait fin à la guerre entre la Prusse et l’Autriche.
P e u après la mise en service du câble, un accord fut conclu entre les agences
d’information des deux continents. Reuter et Havas s’engagèrent conjointe-
ment à fournir des informations mondiales à la N e w York Associated Press.
Wolff avait 8té vivement irrité de l’incursion faite par Reuter en territoire
allemand, grâce à l’installation du câble de Norderney; et il avait riposté e n
fondant la Continental Telegraph Company, après avoir obtenu du gouverne-
ment prussien que toutes les informations politiques de son agence soient
considérées c o m m e des dépêches officielles et bénéficient, sur toutes les lignes
de l’etat, d’un droit de priorité sur les télégrammes de presse de l’agence
Reuter o u d’autres correspondants de presse. Lors de l’arrangement conclu
entre les agences Reuter, Havas et N e w York Associated Press, il refusa d’y
souscrire et signa un accord séparé aveu la Western Associated Press, de
26 Chicago.
Cependant les câbles se multipliaient, favorisant ainsi le développement de
l’information mondiale. Après ses succès dans l’Atlantique, le Great Eastern
posa en 1869 le premier câble sous-marin vers l’Inde. L e câble fut prolongé
vers l’est jusqu’à Singapour, puis jusqu’en Chine et finalement jusqu’au
Japon, moins de vingt ans après que le commandant Perry eut pénétré dans
le port de Tokyo avec son escadre de quatre vaisseaux américains et ouvert le
Japon àl’Occident,Suivant de près,une fois de plus,l’installation des nouveaux
câbles, les représentants de l’agence Reuter vinrent ouvrir des bureaux à
Singapour, à Hong-kong, à Yokohama et à Nagasaki.
Entre-temps, les agences Havas, Reuter, Wolff et N e w York Associated
Press, profitant de l’extension prise par le réseau mondial des télécommunica-
tions, conclurent un accord mettant fin à leur rivalité et convinrent solennelle-
ment de se partager le monde. Leurs << zones d’intérêts >) respectives furent
définies c o m m e suit : pour l’agence Havas, la France, la Suisse, l’Italie,
l’Espagne, le Portugal, l%gypte (conjointement avec l’agence Reuter), 1’Amé-
rique ceqtrale et l’Amérique du Sud; pour l’agence Reuter, l’Empire britan-
nique, 1’Egypte (conjointement avec l’agence Havas), la Turquie et l’Extrême-
Orient; pour l’agence Wolff, l’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays
Sca?dinaves, les Balkans et la Russie;.pour la N e w York Associated Press,
les Etats-Unis.Dans leurs zones respectives, ces agences stimulèrent le progrès
des télécommunications, élargissant au fur et à mesure leur champ d’action,
et elles finirent par s’assyer, grâce à l’exploitation des moyens de transmission,
un monopole de fait sur I’informatiop. Ce monopole ne disparut qu’après la
première guerre mondiale, devant l’implacable hostilité de l’bssociated Press
of America; mais cette hostilité devait en fin de compte avoir d’heureuses
conséquences pour les journaux de tous les pays et pour les agences elles-mêmes.
L a campagne de SAssociated Press contre tous accords donnant à une agence
l’exclusivité des informations relatives à une certaine partie du m o n d e fut
menée par son directeur général Kent Cooper, vigoureusement soutenu par la
puissance grandissante de la pressé américaine.
Mais n’anticipons pas. A l’époque dont il s’agit ici,le mode de distribution
des informations mondiales dans le cadre des accords conclus entre agences
d’information dépendait encore essentiellement du progrès des télécommuni-
cations. En 1873, le câble sous-marinparti de Java atteignit Port Darwin. Sa
mise en service fut suivie par la conclusion, entre l’agence Reuter et l’Associa-
tion des propriétaires de journaux d’Australie, d’un accord aux termes duquel
l’agence Reuter devait alimenter en nouvelles mondiales la totalité de la pLvesse
australienne et néo-zélandaise.L e coût de transmission des dépêches de Londres
à Port Darwin était de 1 livre sterling par mot, avec un minimum de 20 livres
par message. L’année suivante, on acheva la pose du premier câble Europe-
Brésil, qui provoqua aussitôt un accroissement considérable du volume des
informations transmises et l’ouverture, à Rio de Janeiro, d’unbureau c o m m u n
des agences Havas et Reuter.
Quand on étudie l’histoire de cet extraordinaire développement des télé-
communications, on retrouve partout le m ê m e processus. En quelque lieu que
parviennent les lignes télégraphiques ou les câbles, les organes d’information
les suivent. L e développement des agences mondiales d’information et l’expan-
sion de la presse dans tous les principaux pays, l’un après l’autre, l’intérêt
croissant du public pour les événements de l’étrangw et sa connaissance
croissante de l’histoire contemporaine, tous ces faits sont inextricablement
liés au progrès des t6lécommunications. L e correspondant à l’étranger, qu’il
fût au service d’une agence mondiale d’information ou d’un journal particu-
lier, allait où le câble le conduisait. Les informations n’ont de valeur, au moins
à l’échelle mondiale, qu’à partir du moment où il devient possible de les trans-
mettre rapidement.
Grâce à l’extension du réseau télégraphique, toujours suivie de près par 27
l’arrivée des journalistes, les grands centres de population du monde entier
commencèrent d’être rapidement informés d‘une actualité étrangsre dont ils
n’avaient, dans certains cas, jamais entendu parler, ou dont ils n’avaient e u
jusqu’alors qu’une connaissance rudimentaire. Ce n’est pas tout. Le télégraphe
et le &ble permirent aux habitants de vastes régions de l’Amérique du Nord,
de l’Amérique du Sud, de l’Asie et de l’Océanie, séparés des grands centres
mondiaux d’information par des milliers de kilomètres de terres ou de mers,
de Re tenir au courant d’événements qui allaient exercer une influence aussi
forte sur leur existence que sur l’ensemble du monde.
I1 a paru utile de passer en revue les luttes et les réalisations de ces premières
années, parce qu’elles illustrent parfaitement les liens profonds qui unissent
les té18communications et la presse. L e m ê m e processus devait continuer de se
manifester à la fin du X I X ~siècle, et a u début du X X ~ siècle. I1 allait recevoir
une impulsion nouvelle à la suite de l’envoi, en 1897, du premier message
radiodiffusé;les progrès techniques de la presse, l’augmentation considérable
du nombre des lecteurs de journaux et le développement de nouveaux moyens
d’information mondiale tels que la radiodiffusion allaient lui donner une
complexité toujours plus grande.
Mais le thème central devait en rester le m ê m e , et la leçon qui se dégageait
de tous les événements de ces premières années ne devait rien perdre de sa
pertinence. I1 n’est ni nécessaire ni possible de retracer en détail, dans la pré-
sente étude, ces transformations plus récentes. Néanmoins, l’évolution des
télécommunications et de la presse depuis l’invention du << télégraphe électro-
magnétique n jusqu’à nos jours, les répercussions de ces progrès parallèles
sur le style des journaux, sur le nombre toujours croissant de leurs lecteurs, sur
l’éducation des h o m m e s et des femmes dont ils contribuèrent, dans de nom-
breux pays, à élargir l’horizon, enfin sur le climat de l’opinion mondiale
devraient trouver un jour leur historien.
Nous nous sommes cependant sugsamment étendus sur ce sujet pour
montrer que, dès le début,les événements eux-mêmes ont pleinement démontré
l’interddpendance des télécommunications et de la presse, et pour faire com-
prendre aussi que les problèmes - moins graves qu’autrefois,mais encore très
importants - qui continuent à se poser, dans ce domaine, aux gouverne-
ments et aux peuples peuvent être résolus, c o m m e le furent ceux que rencon-
trèrent les pionniers du développement de l’information mondiale.
C’est l’importance et la nature de ces problèmes actuels que nous devons

28
II, esquisse du problème :
les besoins et les ressources

Les rapports étroits qui existent entre le développement des télécommunica- ~

tions et celui de la presse apparaissent clairement à quiconque examine, m ê m e


très superficiellement,leur évolution parallèle depuis l’époque où l’on installa
les premières lignes télégraphiques terrestres et sous-marineset où le journal
moderne fit son apparition.
Cependant, pour juger de la situation actuelle et pour essayer de voir dans
quelle mesure les services de télécommunication permettent à la presse de
remplir, sur le double plan mondial et national, sa mission essentielle
l’information du public - il importe de distinguer, dans ces rapports réci-
-
proques, un certain nombre d’éléments.
Les réseaux actuels de télécommunicationsdoivent être envisagés d’un point
de vue différent selon qu’ils intéressent :a) les agences mondiales d’information
desservant les journaux et les stations de radio de toutes les parties du monde;
a) les agences nationales d’information desservant les journaux d’un pays
particulier ; c) des quotidiens isolés. Bien qu’en matière de télécommunications
les besoins de ces trois catégories d’organes d’information coincident en grande
partie, ils n e sont pas identiques et il est indispensable de les distinguer.
En outre, il est évident qu’il faut examiner séparément, d’une part, le cas
des pays avancés où les moyens de télécommunication suffisent à tous les
besoins normaux - ou y suffiraient si l’on y apportait quelques petites amélio-
rations - et, d’autre part, celui des régions qui, bien que représentant une
partie considérable de la surface de la terre et de la population mondiale, ne
disposent pas encore des installations nécessaires pour assurer une transmission
satisfaisante des nouvelles.
Enfin nous ne devons pas oublier que le problème de la transmissiondes nou-
velles est bilatéral. I1 s’agit en effet de déterminer non seulement dans quelle
mesure les services actuels de télécommunicationsontcapables d’assurerladiffu-
sion de nouvelles complètes dans toutesles régions du monde, àpartir des princi-
paux centres d’information, mais aussi dans quelle mesure ils permettent à ces
centres de recevoir des nouvelles de tousles coins du monde où un événement im-
portant se produit ou peut se produire. L e problème de l’information présente
toujoursdeuxaspects :celui de la collectedes nouvelles et celuideleurdistribution.

Lorsqu’on examine ces deux aspects du problème, il importe aussi de tenir
compte non seulement de ce qui serait souhaitable dans un monde idéal, mais
aussi de ce qui est pratique et réalisable dans le monde actuel, dont les res-
sources économiques,techniques et financières doivent suffire à tant de besoins
rivaux. I1 se peut que le développement de l’information suive celui des lignes
télégraphiques, ou plus exactement celui des lignes télégraphiques et de la
radio. Mais on ne saurait,en bonne économie,établir ces liaisons trop longtemps
avant que le développement politique, économique et social n’appelle une
extension des télécommunications,m ê m e si ce développement doit être stimulé
et facilité par la création de nouveaux moyens de télécommunication.
I1 est possible et utile d’indiquer sur la carte du monde les zones encore
dépourvues de moyens de télécommunication. I1 est possible et important
d’examiner - -
nous le ferons plus loin dans quelle mesure ces zones, oh les
moyens de télécommunication sont rares ou inexistants, où en conséquence 24
les nouvelles du reste du monde ne pénètrent guère et où la presse est embryon-
naire, corncident avec les zones où la proportion d’illettrés est forte et l’évolu-
tion sociale attardée. Mais, pour tirer de ces constatations des conclusions
valables, nous ne devons pas négliger d’autres considérations qui concernent
tant les télécommunications que la presse.
C e n’est pas par hasard que le progrès parallèle des télécommunications
et de la presse s’accompagne toujours d’un relèvement notable du niveau
d‘intelligence et d’instruction des habitants. Ces deux moyens d’information
comptent parmi les principaux outils de la civilisation moderne. Encore
faut-ilque leur emploi réponde à un besoin préexistant. I1 serait vain d’espérer
que les réseaux de télécommunications puissent fonctionner, en dépit des
conditions économiques et sociales, dans des regions dont le développement
est encore loin d’être parfait. Les réseaux de télécommunicationsne sauraient
fonctionner dans le vide. Leur développement doit répondre a u volume du
trafic qu’ils sont vraisemblablement appelés à assurer, en tel lieu donné et
à tel moment particulier. Qu’ils soient propriété privée et exploités en tant
que tels (co,mme c’est le cas aux &tats-Unis), ou que ce soient au contraire des
réseaux d’Etat (comme dans la plupart des autres pays) ils doivent se déve-
lopper dans les limites d’un certainbudget et l’exploitation doit en être rentable.
La manière dont les agences mondiales et nationales d’information, dont les
journaux et les entreprises de radiodiffusion s’acquitteront de cette double
tâche - assurer un service public et maintenir leur gestion financière sur des
bases saines - déterminera le développement des réseaux existants
créahion de nouveaux réseaux; elle déterminera également l’erzsembl
rapports entre la presse et les réseaux de télécommunications. Lorsq
journaux demandent une extension des moyens de télécommunication ou
une réduction des tarifs de transmission,il convient d’examiner ces demandes
non seulement du point de vue de l’intérêt public, mais aussi en tenant compte
des facteurs économiques et budgétaires qui régissent. la presse elle-même.
Cette mise en garde est nécessaire car il est possible d’invoquer en faveur
d’une extension des télécommunications et d’une diminution de leurs tarifs
-
des arguments d’intérêt public qui paraissent et sont effectivement -
sants qu’ils risquent de faire oublier les réalités budgétaires dont il faut
dant tenir pleinement compte lorsqu’il s’agit de formule
d’un caractère pratique. Si pénétré et si soucieux qu
public, on doit reconnaître que c’est exactement ce
la presse a présenté certaines demandes de réduction générale des tarifs appli-
cables à ses dépêches télégraphiques et radiotélégraphiques.
L a Déclaration universelle des droits de l’homme affirme nettement le
droit de tout individu à la liberté d’opinion, <<ce qui implique le droit de
chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les
informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit >> (art. 19)
L’exercice d’untel droit implique que l’on dispose des moyens techniques néces-
saires pour transmettre et recevoir les informations,et notamment les nouvelles
d’actualité, qui représentent parmi elles un élément des plus importants. O r
une grande partie de la population du monde n’a pas de tels moyens à sa dispo-
sition. Cette situation impose tant à la presse qu’aux services de télécommu-
nication une lourde responsabilité. Mais ils ne sont pas seuls à l’assumer, et
ils n e sauraient y faire face à eux seuls. Ils la partagent avec tous les pays qui
ont souscrit à la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Parmi les difficultés qui restent à surmonter dans les régions jnsuffisamment
développées,beaucoup ne pourront être résolues que si tous les Etats acceptent
d’accomplir en c o m m u n une tâche qui,par sa nature, dépasse de loin la compB-
tence professionnelle et les possibilités budgétaires des organismes de presse
et de télécommunication, m ê m e si le concours que ces organismes peuvent
30 et doivent y apporter est considérable.
III, les rtseaux de telecommunications du monde

Les services de télécommunication auxquels les journaux et les agences d’infor-


mation doivent avoir recours c o m m e tous les autres usagers constituent un
ensemble complexe :ils varient quant à leur régime de propriété, à leur degré
de perfectionnement technologique et à leur adaptation aux besoins actuels
du monde.
On y trouve trois grands réseaux reliés entre eux :un réseau international
de câbles sous-marins de grande longueur; un réseau composé des lignes télé-
graphiques et téléphoniques de nombreux pays, permettant par leur inter-
connexion des liaisons internationales;enfin un réseau international des radio-
communications, y compris des communications entre points fixes par voies
’radiotéléphoniquesou radiotélégraphiques, et des radiotransmissions omni-
directionnelles largement utilisées aujourd’hui par les grandes agences pour
leurs communiqués à destinations multiples.
Pour examiner les problèmes que fait naître le besoin d’assurer aux moindres
frais entre les différentes régions du monde l’échange rapide et toujours plus
large des informations,il convient de tenir compte des rapports entre ces trois
réseaux, de la mesure dans laquelle ils peuvent fonctionner c o m m e un système
mondial unifié de télécommunications et des possibilités de perfectionnement
technique qu’offre chacun d’eux.
I1 y a à peine un peu plus de cent ans que les câbles internationaux ont
commencé à se multiplier 1. Depuis lors d’immenses capitaux ont été investis
dans leur installation. Ni ces immobilisations de capitaux ni l’importance
stratégique qui s’attache en temps de guerre aux câbles, en tant que moyen
de transmettre directement des communications assurées du secret, n e doivent
échapper à quiconque s’efforce d’apprécier le rôle que les câbles continueront
à jouer à l’avenir dans l’ensemble mondial des télécommunications. Mais, entre
les câbles déjà posés, il existe de grandes différences, que l’on considère leur
ancienneté ou leur utilisation possible.
Certains des câbles internationaux qui ont été posés peu après 1860 fonc-
tionnent encore aujourd’hui. On peut citer parmi eux le câble Lowestoft-
Norderney qui, c o m m e il a été dit plus haut, a permis à l’agence Reuter de
jeter les bases de son service d’informations mondiales (<< world news empire >).
Parmi les câbles posés dans les dernières années du X I X ~siècle -
au cours
desquelles le système s’est développé particulièrement -
beaucoup sont
aujourd’hui encore en usage constant;la vitesse de transmissionque ces câbles
permettent d’atteindre est d’ailleurs assez faible, selon les normes actuelles,
puisqu’elle ne dépasse pas e n moyenne quarante à soixante mots par minute.
Mais les derniers câbles mis en service, à savoir le câble Römö-Oostmahorn,
qui est la propriété c o m m u n e du Danemark et des Pays-Bas,et le câble de la
Great Northern Telegraph Company, qui relie Weybourne (Royaume-Uni) et
F a n œ (Danemark), n’ont été posés qu’en 1950;et beaucoup d’autres, parmi
lesquels il en est d’anglo-français, d’anglo-allemands et d’anglo-néerlandais,
ont été posés depuis 1945.
Ces câbles de date récente permettent d’assurer à une vitesse élevée la

1. Voir la carte << Principaux réseaux de câbles sous-marins>>, entre p. 24 et 25. 31


transmission d’un gros volume de communications. Le câble Römö-Oostma-
horn, par exemple, comprend trente-six voies téléphoniques, ce qui donne
environ vingt-quatrefois ce nombre de voies télégraphiques,:e le câble W e y -
bourne-Fanœ comprend vingt-quatre voies de télégraphie harmonique, alors
que la plupart des anciens câbles n’avaient qu’une voie de télégraphie par
courant continu.
Quatorze administrations nationales et treize agences privées de télécom-
munications ont investi des capitaux dans les câbles internationaux et parti-
cipent à leur fonctionnement; précisons que ne sont pas comptés c o m m e
a câbles internationaux a les innombrables câbles de tel ou tel réseau intérieur C.

placé sous le contrôle d’une administration détepinée. L a predominance


appartient au Commonwealth britannique et aux Etats-Unis d’Amérique.
Depuis mai 1948 le réseau du Commonwealth britannique fonctionne sous
l’autorité centrale du Commonwealth Telecommunications Board, lequel
exerce également son contrôle dans le cadre du Commonwealth sur les télé-
communications par radio. Les gouvernements du Royaume-Uni, du Canada,
de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande,de l’Union Sud-Africaine,de l’Inde,
de Ceylan et de la Rhodésie du Sud sont membres de ce conseil, et, dans ces
divers pays les stations de transmission par câble (et par radio)’qui assurent la
liaison entre eux sont placées sous l’autorité d’un organisme national. Au
Royaume-Uni, cette transformation de biens privés en biens publics a eu pour
effet de donner à l’organisme national intéressé l’autorité sur les câbles sous-
marins constituant le réseau de la Cable and Wireless Ltd. et s’étendant sur
153.000 milles marins dans l’océan Atlantique (Nord et Sud), l’océan Pacifique,
l’océan Indien, la Méditerranée et la mer Rouge. Devenue service officiel, la
Cable and Wireless Ltd. continue, en tant que partie intégrante de cet orga-
nisme, à assurer le fonctionnement des câbles en question et celui des stations
qui dépendent de son réseau, tant à I’étranger qu’au Royaume-Uni (exception
faite de celles qui se trouvent sur le territoire d’autres membres du C o m m o n -
wealth Telecommunications Board). L’administration des postes, faisant
elle aussi partie de l’organisme national, assure, à ce titre, le fonctionnement
des câbles qui relient la Grande-Bretagnea u Continent.
Bien que nous n’ayons à nous occuper pour le moment que du réseau de
câbles servant aux liaisons internationales, il convient d’ajouter, pour plus de
précision, que l’organisme national susmentionné s’est également vu attribuer
la propriété du réseau britannique de radio utilisé pour les communications
internationales et complétant le réseau de câbles auquel il est étroitement relié.
Les stations de ce réseau sont sous l’autorité.de l’administration des postes au
Royaume-Uni et de la Cable and Wireless Ltd. dans les autres pays (exception
faite de ceux qui sont membres du Commonwealth Telecommunications
Board).
L e réseau de câbles internationaux des États-Unis est le second du monde.
se trouve pour la plus grande partie aux mains des entreprises privées.
rmi les principales compagnies,il faut citer tout d’abord la Western Union;
assure le fonctionnement de quatorze câbles sous-marins s’étendant sur
une longueur totale de 30.000 milles marins; huit de ces câbles relient les
&tats-Unis à la Grande-Bretagne(cinq d’entre eux ayant été loués au Royaume-
Uni pour une période qui ne prendra fin qu’en 2010); deux autres aboutissent
aux Açores et les quatre derniers aux Antilles. Après la Western Union vient
l’International Telephone and Telegraph Company (I. T. &T.) dont l’activité
s’exerce par l’intermédiaire de deux sociétés dont elle est entièrement pro-
priétaire :l’une, la Commercial Cable Company, assure le fonctionnement de
six câbles, d’une longueur totale de 22.000,milles marins, qui relient New York
5 l’Europe par les Ar,ores, la Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve; l’autre, All
American Cables and Radio Inc., en fait fonctionner cinq, dont la longueur
32 totale est de 24.000 milles et qui relient les €?tats-Unis à l’Amérique du Sud,
à l’Amérique centrale et aux Antilles.La I. T. &T. a également, aux côtés de
la Cable and Wireless Ltd. et de la Grande Compagnie des télégraphes du Nord
(Danemark), une participation dans la Commercial Pacific Cable Company,
qui assure les liaisons entre San Francisco et Honolulu, G u a m et Manille.
Indépendamment des groupes britanniques et américains, les principales
sociétés privées qui assurent des liaisons par câble sont la Compagnie franqaise
des câbles télégraphiques, par les soins de laquelle la France est reliée aux
atats-Unis,au Canada et au Rpyaume-Uni; la Grande Compagnie des télé-
graphes du Nord (déjà mentionnée), qui possède, d’une part, un réseau euro-
péen assurant la liaison entre la Norvège, le Royaume-Uni,la Suède, le Dane-
mark, la France,la Finlande et l’U.R.S.S. et, d’autre part,un réseau d’Extrême-
Orient comprenant des câbles qui relient Vladivostock a u Japon et le Japon
à la Chine; et enfin 1’Italcable Servizi Cableografici, Radiotelegrafici e Radio-
elettrici Societa per Azione (Rome), dont les câbles relient l’Italie à l’Espagne,
a u Portugal et, à travers l’Atlantique Sud, à l’Argentine, à l’Uruguay et a u
Brésil.
Sur les quelque quatre cent soixante câbles qui se trouvent mentionnés dans
la liste de l’Union internationale des télécommunications c o m m e permettant,
sous l’autorité d’administrations nationales ou d’agences privées, d’assurer la
transmission des nouvelles dans le monde entier, quarante-huit seulement
des plus modernes permettent la téléphonie o u la télégraphie harmonique.
Les quatre cent douze autres, patmi lesquels figurent tous les câbles transatlan-
tiques, ne permettent que la télégraphie par courant continu et ne comprennent
généralement qu’une seule voie.
I1n7ya pas de câbles internationaux équipés pour le fac-similé,autrement dit
la transmission et la reproduction à l’extrémité réceptrice de dessins o u de
documents manuscrits, dactylographiés o u imprimés. Ce procédé, cependant,
dont on s’efforce actuellement de développer l’emploi sur les réseaux terrestres
de télégraphie et de radio semble appelé à devenir un procédé complètement
automatique exigeant peu de main-d’œuvre et donnant la possibilité d’accroître
considérablement le volume et la rapidité des transmissions, qu’il s’agisse
d’informations de presse ou d’autres communications.
L e réseau mondial de câbles fait lui-même partie intégrante d’un réseau
mondial plus étendu encore, celui des lignes télégraphiques.
Indépendamment des câbles océaniques, la liste de l’Union internationale
des télécommunications énumère quelque sept cents voies télégraphiques
internationales qui franchissent les frontières terrestres ou maritimes de
différents pays. En comptant les territoires coloniaux et non autonomes, on
peut dire que ces voies télégraphiques assurent la liaison entre plus de cent
trente pays, dont certains, c o m m e Haïti, l’Arabie Saoudite, la Tripolitaine
ou le territoire de Tanganyika, ne sont reliés au monde extérieur que par une
seule de ces voies, alors que le Royaume-Uni dispose de trente-trois voies, la
France de vingt-trois,la Belgique de dix-neuf,etl’Italie de dix-huit.
Sur ces sept cents lignes télégraphiques internationales,trente-sixseulement
sont du type moderne Telex1; ce sont généralement, c o m m e on pouvait s’y
attendre, celles qui relient entre elles les capitales ou autres grandes villes.
On compte dans le réseau télégraphique international plus de soixante voies
sur lesquellesles transmissions se font encore en morse, méthode qui, en raison
de sa lenteur, a été presque complètement abandonnée pour les liaisons inté-
rieures par les pays qui possèdent des r6ceaux de télécommunications déjà
développés.
Les voies télégraphiques internationales relient entre eux les réseaux inté-
rieurs qui, dans les pays où les échanges d’informations sont très développés,

1. Le système Telex fonctionne de façon analogue à un standard téléphonique. Les


abonnés peuvent se relier par teléphone au téléscripteur du bureau central. 33
3
relèvent en général de services officiels des postes et télégraphes. Les &tats-
Unis cependant constituent à cet égard une remarquable exception. Quant aux
voies téléphoniques, il est moins fréquent - en dehors de l’Europe tout au
moins - qu’elles soient placées sous l’autorité d’un service officiel.
Si l’on examine les choses en fonction des besoins de la presse et de la néces-
sit4 d’assurer sur le plan internationalla collecte et la diffusion de la plus grande
quantité d’informations possible concernant tous les peuples, on peut dire que
la valeur des liaisons télégraphiques internationales dépend non seulement de
leur vitesse de transmission et de leurs qualités techniques, mais aussi de
l’étendue et du degré de perfectionnement des réseaux nationaux qu’elles
alimentent et par lesquels elles sont elles-mêmesalimentées.
D u point de vue de la presse, on ne peut pas d’autre part séparer les services
télégraphiques des services téléphoniques, qui, à l’intérieur de chaque pays,
sont souvent utilisés largement par les correspondantslocaux pour transmettre
les informations aux bureaux des journaux et des agences. Sur le plan inter-
national, les appels téléphoniques à heures fixes constituent l’un des princi-
paux moyens qu’emploient les journaux et les agences d’information pour
communiquer avec leurs correspondants à l’étranger et, notamment, avec ceux
d’entre eux qui se trouvent dans les grandes villes.
En outre, ce sont les voies téléphoniques nationales et internati0
lesquelles la transmission se fait par fil à l’intérieur des continents et par radio
à travers les mers) que l’on utilise le plus pour la transmission des photogra-
phies, p.arce que c’est ainsi que l’on obtient les meilleures reproductions.
Les lignes des réseaux intérieurs font donc partie intégrante du système ’

international de télégraphie et de téléphonie,mais, entre les réseaux des pays .


les plus avancés et ceux des pays les moins évolués,il existe de grandes diffé-
rences de qualités et d’étendue,les vitesses de transmission variant également
beaucoup d’un réseau à l’autre.
Aux &tats-Unis, la Western Union C o m p a n y ne se borne pas à assurer le
fonctionnement de câbles internationaux; depuis sa constitution en 1851,
elle a également établi un réseau national unifié,de,télégraphie intérieure en
acquérant,tant par achat que par location ou par reprise d’actions, la gestion
de plus de cinq cents sociétés de télégraphie. Elle jouit d’un monopole régle-
menté selon les dispositions du Communications Act et est soumise, en ce qui
concerne les tarifs services qu’elle assure, aux règlements de la Federal
Communications ssion. Bien que société privée, elle fonctionne donc
en fait c o m m e un service public, analogue aux administrations officielles dont
dépendent habituellement dans les autres pays les services de télé
intérieure.
Elle dispose b cet effet de plus de 1.600.000kilomètres de lignes aéri
de près de 600.000kilomètres de câbles, aériens ou souterrains. L a réception
se fait habituellement sur téléscripteur ou sur bande perforée, mais le fac-
similé commence également à se développer.
Exerqant SUr,le6services télégraphiques intéri es &tats-Unis un mono-
pole réglementé, la Western Union est, avec le Bell Telephone System, pro-
priétaire de la plupart des lignes qui forment les réseaux de téléscripteurs
utilisés par les principales agences d’information des &tats-Unis, réseaux qui
l’emportent en étendue sur ceux de toute autre région du monde.
Sur le plan international, les lignes de la Western Union sont reliées non
seulement à son propre ,é?eau de câbles mais aussi à ceux des différentes
sociét6s qui assurent aux Etats-Unis l’envoi et la réception de messages par
câble ou par radiotélégraphe. Les messages qui s’échangent d’un pays à I’aulre
sont rassemblés et distribués par les soins de la Western Union c o m m e ils le
sont ailleurs par les administrations nationales des services télégraphiques.
L’American Telephone and Telegraph Company, qui est le principal organe
actif du Bell Telephone System, a fait œuvre de précurseur en ce qui concerne
les services radiotéléphoniques internationaux et c’est par elle qu’a été établi
en 1927, entre N e w York et Londres, le premier service radiotéléphonique
transatlantique. Elle jouit maintenant dùn monopole presque complet sur
les services internationaux de radiotéléphonie qui partent des gtats-Unis,et
elk assure,à partir de N e w York, de Miami et de San Francisco,le fonctionne-
ment de cinquante-septcircuits qui se relient aux services de téléphonie et de
radiotéléphonie de quatre-vingt-sixautres pays et font entrer en jeu trente
millions d’appareils téléphoniques.
Si les États-Unis ont développé plus largement que tout autre pays leurs
télécommunicationsintérieures, et surtout leur réseau téléphonique intérieur,
le Royaume-Uni et les principaux pays d’Europe occidentale ont des réseaux
intérieurs de télécommunications qui, dans l’ensemble, leur sont presque
comparables. Chacun fait partie d’un système largement unifié sur le plan
européen et sur le plan mondial.
En raison de sa situation géographique et du rôle de premier plan qu7ila
joué au X I X siècle
~ dans le développement des liaisons par câbles,le Royaume-
Uni constitue aujourd’hui encore le principal centre européen, par l’inter-
médiaire duquel sont en grande partie rassemblées et distribuées les informa-
tions d’intérêt mondial émanant des agences américaines et de l’agence Reuter.
D’autre part, le réseau de voies télégraphiques et téléphoniquesqui le dessert
1 relie entre eux et avec Londres ses villes et ses villages.
L’administration des postes du Royaume-Uni avait, dès 1869, sous son
autorité le réseau télégraphique intérieur, et y a fait entrer dtérieurement
les services téléphoniques intérieurs, les liaisons télégraphiques avec l’Europe
et les liaisons téléphoniques avec les différentes régions du monde; lors de
l’institution du Commonwealth Telecommunications Board, elle a assumé
en outre la responsabilité de tous les services de télécommunication avec
l’étranger existant a u Royaume-Uni,exception faite de ceux qui sont assurés
par les compagnies télégraphiques étrangères autorisées à exercer leus activité
au Royaume-Uni, à savoir :la Grande Compagnie des télégraphes du Nord
(société danoise), la Compagnie française des ,câbles télégraphiques, la
Western Union et la Commercial Cable Company (Etats-Unis).
Pour les transmissions télégraphiques internationales,l’administration des
postes du Royaume-Uni dispose actuellement de circuits radio, des câbles qui
aboutissent en Europe et du réseau de câbles de la Cable and Wireless Ltd.
L e volume total de messages télégrapbiques échangés,avec l’étranger, au cours
de l’année qui s’est terminée le 31 mars 1951, atteignait un chiffre plus de deux
fois supérieur ?i celui d’avant guerre.
I1 existe également des services phototélégraphiques entte le Royaume-Uni
et la plupart des,pays d’Europe et du Commonwealth, les Etats-Unis,l’Argen-
tine, le Erésil, 1’Egypte et Israël. Enfin le Royaume-Uni est relié par les voies
téléphoniques internationales aux différents pays d’Europe et à soixante-
quinze pays situés en dehors d’Europe.
En France, les réseaux télégraphiques et téléphoniques qui avaient été
gravement endommagés pendant la guerre sont maintenant reconstruits. L e
pays est desservi par un excellent réseau de t6lécommunicationset notamment
par un important système de téléscripteurs qui permet de rassembler et de
distribuer rapidement les nouvelles dans toute l’étendue du pays, et qui, en se
reliant aux voies télégraphiques et téléphoniques internationales, permet la
liaison avec les autres pays d’Europe et d’outre-mer. Ce type de réseau
intérieur largement développé et relié aux voies télégraphiques et télépho-
niques internationales se retrouve, à quelques variantes près, non seulement
dans les autres pays d’Europe occidentale, mais dans tous les pays industria-
lisés.
Dans tous ces pays on continue à apporter aux réseaux intérieurs de télé-
communications des perfectionnements techniques grâce auxquels les liaisons 35
s’améliorcront encore; mais d’ores et déjà les besoins essentiels de la presse et
des autres usagers se trouvent dans une large mesure satisfaits.
-
I1 n’en est pas de m ê m e on le verra lors de l’examen détaillé des besoins
de la presse - dans de nombreux pays d’Asie, du Moyen-Orient et du conti-
nent africain -l’Union Sud-Africainemise à part.
Dans de telles régions,le développement des moyens de liaison télégraphique
et téléphonique est nécessairement lié à l’accroissement du trafic, qu’il ne
peut, pour des raisons économiques,devancer de trop loin. L’expérience montre
cependant que l’établissement de telles liaisons, par lui-même, stimule le pro-
grès économique et social et ne doit pas être considéré seulement c o m m e une
façon de répondre aux besoins actuels, mais aussi c o m m e une entreprise
d’avenir.
Si vaste qu’il soit, le réseau télégraphique et téléphonique international
ne pourra pas desservir efficacement toute l’étendue du globe tant que la diffé-
rence de qualité entre les systèmes intérieurs des pays les moins développés
et ceux des pays plus évolués n’aura pas quelque peu diminué. Les faits exposés
plus haut montrent d’ailleurs que certaines voies télégraphiques internationales
auraient elles-mêmesgrand besoin d’être améliorées.
L a radio constitue le troisième élément.important de l’organisation mondiale
des télécommunications;elle supprime nombre de problèmes que posaient les
liaisons par câble ou par fil, notamment celui de l’investissement, [dèsl’origine,
d’importants capitaux dans des installations destinées à se démoder; mais,
alors que, dans l’enthousiasme suscité peu après 1920 par les premiers progrès
de la radio, on avait pensé voir son emploi se développer de façon illimitée, on
constate maintenant que ce développement se trouvera nécessairement
restreint par le nombre limité des fréquences du spectre.
En comptant les territoires coloniaux et autres territoires non autonomes,
on peut dire que cent quatre-vingts pays environ se trouvent aujourd’hui
reliés les uns aux autres par des voies radiotélégraphiques entre points fixes,
les voies radiotéléphoniques entre points fixes assurant de leur côt6 la liaison
entre cent dix pays l. Parfois ces services de communication par radio relèvent
d’administrations officielles et parfois de sociétés privées. Si les progrès les
plus importants qui ont été réalisés dans le domaine de la radio sont de date
relativement récente, la concentration des réseaux dans ce domaine est très
analogue à celle qui existe dans les systèmes plus anciens de transmission par
câble et par fil.
En matière de communicatio internationales par radio, c o m m e c’était
âbles internationaux, les premières places reviennent aux
rique et au Commonwealth britannique. L e réseau interna-
tional des Etats-Unis, y compris les circuits qui dépendent de territoires
américains d’outre-mer, comprend au total cent cinquante-huit voies radio- ,
télégraphiques et soixante-trois voies radiotéléphoniques. Quant au réseau
c o m m u n aux différents pays du Commonwealth et placé sous l’autorité du
Commonwealth Telecommunications Board, il comprend cent cinquante-deux
voies radiotélégraphiques et cent trente-sixvoies radiotéléphoniques. N e sont
pas comprises danspes chiffres les voies de communication intérieure par radio,
utilisées soit aux Etats-Unis, soit dans le Royaume-Uni.
C’est à la France et aux territoires de l’Unionfrançaise que revient, avec cent
quarante-huitvoies de radiotélégraphie et vingt-septvoies de radiotéléphonie,
la troisième place; l’U.R.S.S. possède trente et une voies de radiotélégraphie
et deux voies de radiotéléphonie qui relient Moscou à N e w York et à Londres.
Bien que deux ou trois pays, constituant d’importants centres d’échange
d’informations,conservent dans le domaine des communications internationales
par radio la prépondérance qui leur revenait déjà dans celui des transmissions

36 1. Voir le graphique a Liaisons radio entre points fixes )>, entre p. 36 et 37.
GRAPHIQUE 2
POINT-TO-POINTRADIO CHAN N ELS
LIAISONS RADIO ENTRE POINTS FIXES
I 5 radio-telegraph a n d radio-telephone channels
5 circuits radiotélégraphiques et radiotéléphoniques

,-
' d,
I-

i 4

~ ~ .
..
..
..
.. . ~. . .~ .. ~~ .. . .. .
télégraphiques internationales par câble et par fil,le développement de la radio
a bouleversé la carte générale des moyens de communication. Ses effets ont été
particulièrement sensibles dans de nombreuses régions qui n’avaient autrefois
que des possibilités de liaison extrêmement réduites avec le reste du monde.
Les exemples ci-dessous montreront comment, du poiqt de vue des télé-
communications, la situation d’un grand nombre de pays, notamment dans le
Moyen-Orient et dans les deux Amériques, s’est trouvée modifiée par le
développement de la radio, et quels progrès on a pu alors réaliser en ce qui
concerne la collecte des nouvelles et leur distribution.
Dans le Moyen-Orient, il y a quelques années, 1’Égypte n’&ait reliée a u
reste du monde que par trois voies télégraphiques internationales. Elle est
maintenant desservie par trente-trois liaisons radiotélégraphiques et radio-
téléphoniques internationales. L’Iran et Israël disposent chacun de douze
voies radiotélégraphiques et radiotéléphoniques, alors qu’ils ne possédaient
jadis que deux voies télégraphiques. L e Liban possède maintenant trente voies
de télécommunication au lieu de trois, et l’Arabie Saoudite quatorze au lieu
d’une seule.
Parmi les pays d’Amérique,la Colombie possède maintenant,pour la liaison
avec l’étranger, trente-neuf voies radiotélégraphiques et radiotéléphoniques

au lieu de deux voies de transmission par fil; Costa Rica possède trente-neuf
voies de télécommunication au lieu de deux; la République Dominicaine
treize au lieu de trois,I’Équateur dix-sept au lieu de deux,le Salvador treize
au lieu de trois, et le Guatemala trente-troisau lieu de trois; Haïti, qui n’avait
auparavant aucune liaison télégraphique avec l’extérieur, est maintenant
desservi par sept voies radiotélégraphiques et radiotéléphoniques; le Pérou
et le Venezuela, qui ne possédaient que trois voies télégraphiques pour c o m m u -
niquer avec le reste du monde, disposent maintenant chacun de trente-sept
voies radiotélégraphiques et radiotéléphoniques; enfin le Nicaragua possède
dix-sept voies de télécommunication au lieu de trois.
En faisant ainsi le compte des nombreuses voies de télécommunication
existantes - voies de transmission par câble, par fil télégraphique ou télé-
phonique, par radiotélégraphie ou radiotéléphonie -on s’aperçoit cependant
qu’il reste encore bien des pays qui n’ont avec le monde extérieur que des
moyens de liaison extrêmement réduits. L’Union Birmane, par exemple, ne
dispose que de deux voies pour la transmission à l’étranger des nouvelles
d’actualité ou d’autres informations; l’Albanie n’en possède que trois ;
l’Érythrée en a une, la Jordanie trois, le Liberia deux, la Libye quatre et le
Paraguay six.
Si au système classique sur lequel repose le réseau de télécommnnications
mondiales - savoir la transmission entre points fixes faite par câble, par fil
ou par radio -est venu s’ajouter celui des émissions d’information à destina-
tions multiples par le moyen de larges faisceaux d’ondes couvrant une zone de
plusieurs milliers de kilomètres carrés, le problème n’en demeure pas moins
grave. Si, en effet, ces émissions ont le précieux avantage de permettre la
diffusion des nouvelles dans de nombreuses régions du monde, elles ne
permettent pas de résoudre l’autre aspect du problème, à savoir la question
de la collecte des informations de toute provenance.
Nous avons v u au début du présent chapitre que l’efficacité des télécommu-
nications internationales a pour condition une coordination étroite entre les
trois éléments qui composent leur ensemble. Les difficultés et anomalies
qu’entraîne inévitablement le fonctionnement d’un immense réseau, formé
d’élément divers et relevant de nombreuses administrations nationales ou
privées, ne pourront de m ê m e être supprimées que grâce à la collaboration
internationale.
L e mécanisme nécessaire à une telle collaboration existe : c’est l”rJni~n
internationale des télécommunications (u.I.T.). I1 semble donc qu’il y ait 37
intérêt à étudier les fonctions et les attributions de 1’U.I.T. avant de chercher
à déterminer par un examen plus détaillé dans quelle mesure les télécommuni-
cations mondiales peuvent permettre de répondre aux besoins internationaux
de l’information et quels sont les problèmes d’ordre technique ou financier
qui restent encore à résoudre.

IV, organisation internationale

Les télécommunications n’auraient qu’une existence réduite et fragmentaire


si elles devaient s’arrêter aux frontièresnationales;aussi les rouages permanents
de la coopération internationale ont-ils des origines beaucoup plus lointaines
dans ce domaine que dans la plupart de ceux où s’exerce l’action des Nations
Unies, et l’organisme qui préside à cette coopération est-il un de ceux qui
comptent le plus d’Etats membres.
Sous sa forme actuelle, l’Union internationale des télécommunications
(u.I.T) est l’une des institutions spécialisées des Nations Unies et tient ses
pouvoirs d’une convention approuvée en 1947 à Atlantic City par une confé-
rence de plénipotentiaires.
Mais elle descend en ligne directe et ininterrompue de l’Union télégraphique
internationale, qui se constitua d’abord à l’échelle européenne, en 1865, et
qui fut, par conséquent, l’un des premiers organismes de collaboration inter-
nationale,en m ê m e temps que l’undes pIus efficaces.
C’est la convention de 1865, par laquelle vingt pays d’Europe constituèrent
l’Union télégraphique internationale, qyi réglementa pour la première fois
le fonctionnement des services télégraphiques internationaux. En 1885, de
nouvelles clauses, concernant la téléphonie internationale,y furent ajoutées,
et en 1906 fut signée, au sujet de la radiotélégraphie maritime,une convention
qui devait être revisée et complétée en 1912, puis élargie en 1927 de faqon à
s’appliquer à tous les services de radiotélégraphie. Les deux conventions rela-
tives à la télégraphie et à la radiotélégraphie furent fondues en 1932, à Madrid,
en une seule Convention internationale des télécommunications et c’est à
l’occasion de l’entrée en vigueur de cet instrument que 1’~unionprit son n o m
actuel.
L a convention signée en 1947 à Atlantic City précise et définit à nouveau
l’objet de 1’u.I.T. Selon cette convention le but de l’union est de <c maintenir
et étendre la coopérationinternationalepour l’améliorationet l’emploi rationnel
des télécommunications de toutes sortes D, de favoriser par tous les moyens
possibles << le développement de moyens techniques et leur exploitation la
38 plus efficace a et d’cc harmoniser les efforts des nations vers ces fins communes na
L’union est chargée en particulier de favoriser la collaboration internationale
en vue d’établir des tarifs aussi bas que possible, dans la mesure où ce sera
compatible avec un service de bonne qualité et avec une gestion financière
indépendante et saine des télécommunications.
L’union est également chargée d’une tâche qui prend chaque jour plus
d‘importance, celle de procéder à l’attribution des fréquences du spectre et à
l’enregistrement des assignations de fréquences de façon à éviter les brouillages.
C’est à cette fin qu’il existe un Comité international d’enregistrement des
fréquences, lequel fait partie intégrante<del’union.
L’u.I.T. a maintenant pris un caractère véritablement mondial et compte a u
total plus de quatre-vingtsmembres. Son organe suprême est la conférence de
plénipotentiaires qui se réunit normalement tous les cinq ans. Des conférences
administratives ont lieu plus fréquemment. Les organismes permanents de
l’union ont leur siège à Genève et comprennent le conseil d’administration,
qui se réunit normalement une fois par an,le Comité international d’enregistre-
ment des fréquences (I.F.R.E.)’ le Comité consultatif international télégra-
phique (c.c.I.T.), le Comité consultatif international téléphonique (c.c.I.F.) et
le Comité consultatif international des radiocommunications (c.c.I.R.). L’u.I.T.
s’intéresse donc à tous les moyens de télécommunication et elle a un rôle capital
à jouer à l’égard de chacun d’eux.
L a convention d’Atlantic City stipule que les États membres ne sont pas
seuls à pouvoir porter certaines questions devant la conférence de plénipo-
tentiaires, mais que les sociétés, associations ou particuliers peuvent être
autorisés par l’assemblée plénière ou par les comités à présenter des pétitions
ou à soumettre des résolutions à condition que ces pétitions ou résolutions
soient contresignées ou appuyées par le président de la délégation du pays
intéressé. L a presse et les autres usagers ont donc la possibilité de faire étudier
à fond, du point de vue international, tout problème important relatif aux
télécommunications; en pratique, cependant,les recommandationsont plus de
chances d’aboutir à des résultats pratiques si elles bénéficient du patronage
direct des délégations nationales.
En dépit de la rivalité qui caractérisa les rapports des premières compagnies
’ télégraphiques avec la presse, 1’U.I.T. reconnut de bonne heure la nécessité
d’accorder aux messages de presse un régime spécial. Cette question fut soulevée
pour la première fois en 1875,lors de la Conférence télégraphique de Saint-
Pétersbourg. Les délégations de la Belgique, de la France, de l’Allemagne, des
Pays-Bas,de la Suisse et du (Royaume-Unifirent en effet savoir à cette confé-
rence qu’en vertu d’arrangements conclus entre les administrations française
et britannique des télégraphes la presse pouvait, moyennant le paiement d’une
redevance annuelle, disposer pendant les heures de nuit de certaines lignes
télégraphiques entre Paris et Londres. Ce système de location de voies télé-
graphiques à tarif réduit pour la transmission des messages de presse pendant
la nuit, en dehors des heures de pointe, fut accueilli avec faveur.
En 1896,lors de la Conférence télégraphiquede Budapest,la France, arguant
de l’intérêt général que présentait la transmission fréquente de messages de
presse, proposa d’appliquer aux messages de presse ordinaires des tarifs infé-
rieurs de 50 yoaux tarifs normaux. Tout en approuvant en principe cette pro-
position, le Royaume-Uni demanda l’ajournement de la décision aux fins de
nouvel examen. C’est en 1903 seulement que l’application aux messages de
presse d’un tarif inférieur de 50 yo au tarif ordinaire fit l’objet d’un vœu;
encore ce vœu était-ilformulé avec un certain nombre de réserves et ne fut-il
adopté qu’à une faible majorité (14voix contre 10, avec 4 abstentions). Les
clauses restrictives stipulaient notamment que les télégrammes de presse ne
pourraient être acceptés qu’à certaines heures de la journée et ne seraient
transmis qu’entre 18 heures et 9 heures.
En proposant la résolution en question, le délégué de la France prononça
‘I

des paroles qui sont encore aujourd’hui aussi pertinentes qu’alors, si l’on
envisage les problèmes posés par la transmission des messages de presse.
En demandant, dit-il,qu’un tarif réduit fût appliqué à la preme, la France
restait fidèle aux traditions libérales qui avaient toujours été les siennes;
elle estimait en effet que l’institution d’un tarif spécial pour les messages de
presse se justifiait par l’importance que la presse avait acquise et par le fait
qu’une telle mesure, en lui permettant de s’acquitter plus efficacement de sa
noble mission, contribuerait à l’éducation de l’opinion publique et à la diffu-
sion des idées.
Depuis lors, la question des télégrammes de presse a été fréquemment
réexaminée par les conférences de h.I.T., et le Règlement télégraphique
revisé, adopté en 1949 par la Conférence télégraphique et téléphonique inter-
nationale de Paris, contient cinq articles à ce sujet. Ces articles définissent
ce qu’on entend par << télégrammes de presse n, indiquent comment ces télé-
grammes doivent être traités et déclarent que les taxes terminales et de transit
applicables aux télégrammes de presse ordinaires sont inférieures de 50 yo
dans le régime européen, et de 66 2/3 yo dans les autres relations, à celles des
télégrammes privés ordinaires;il y est dit également que pour un télégramme
de presse urgent la taxe à percevoir par mot est la m ê m e que pour un télé-
gramme privé ordinaire sur le m ê m e parcours. Toutefois, aucune des disposi-
tions visant les télégrammes de presse n’est obligatoire, exception faite de
celles qui concernent l’acceptation de ces télégrammes en transit.
L a tâche de 1’U.I.T. consiste, bien entendu, 2 réglementer toutes les télé-
communications internationales, et non pas seulement celles qui intéressent
la presse. Bien que, c o m m e il a été dit plus haut, les associations de la presse
puissent, si elles le jugent bon, présenter des recommandations à la conférence
de plénipotentiaires, 1’U.I.T. ne possède aucun organisme ou comité spéciale-
ment chargé de suivre les problèmes de télécommunication qui intéressent
spécialement la presse ou de formuler des recommandations à leur sujet.
Pour ce qui est des communications télégraphiques internationales en
général, et notamment de celles qui intéressent la presse, les règlements télé- .
graphiques internationaux qui ont été mis au point sous la direction et le
contrôle de l’U.I.T. exigent des administrations intéressées qu’elles établissent
un nombxe suffisant de voies directes et qu’elles en assurent l’entretien et le
bon fonctionnement. Ces règlements indiquent également comment doivent
être calculées les taxes telégraphiques internationales. Celles-ci comprennent
les taxes terminales perçues par les administrations du pays d’origine ou de
destination et les taxes de transit perçues par les administrations (et exploita-
tions privées) intermédiaires.
En Europe, ob 1’u.I.T. exerce depuis plus longtemps qu’ailleurs ses fonctions
de coordination internationale des télécommunications, taxes terminales et
taxes de transit n e peuvent dépasser un certain plafond. P e u avant la guerre,
en 1938, lors de la Conférence télégraphique et téléphonique du Caire on
s’efforça de parvenir à un accord beaucoup plus large qui aurait permis d’unifier
dans tous les pays membres de l’union les taxes par m o t applicables aux télé-
grammes en langage clair et en langage secret. Mais on n’arriva pas à s’entendre
sur un tarif unifié à appliquer aux télégrammes en provenance ou à destination
de pays extra-européens,et c’est seulement lors de la Conférence télégraphique
et téléphonique internationale de Paris en 1949 qu’un tarif unifié devint appli-
cable dans le monde entier aux télégrammes en langage clair et en langage
secret.
L’unité monétaire employée pour la composition des tarifs télégraphiques
et téléphoniques internationaux et pour l’établissement des comptes entre les
administrations des divers pays est <<lefranc-or à 100 centimes, d’un poids
de 10131 gramme et d’un titre de 0,900>>. Cette unité a été adoptée à une
époque où l’étalon-or était encore couramment utilisé. Elle n’a plus mainte-
naBt qu’une valeur fictive, ce qui, de l’avis de plusieurs pays, entraîne de
nombreuses anomalies. En effet, dans la situation complexe qui résulte du
contrôle des changes et de la fixation du cours des monnaies,le prix de 10/31
gramme d’or fin dans une monnaie nationale déterminée peut n’avoir qu’un
rapport purement arbitraire avec le prix de ce m ê m e poids d’or fin dans une
autre monnaie. Mais ce problème est lié à la complète anarchie qui règne
actuellement dans le domaine des taux de change international, et il ne pourra
être résolu qu’avec le problème plus général de la stabilisation des changes;
~’U.I.T.ne saurait à elle seule y apporter une solution.
Indépendamment des fonctions de coordination et de réglementation des
télécommunications internationales, ~’u.I.T. a contribué de façon notable au
perfectionnement technique des divers moyens de télécommunication, et il
se peut qu’elle joue à cet égard, dans l’avenir, un rôle plus important encore.
L a rapidité et l’exactitude des transmissions internationales ne peuvent
être assurées que si les services de télécommunication fonctionnent de manière
satisfaisante dans tous les pays de transit, et pour cela les membres de ~’u.I.T.
ont été invités à tenir dûment compte des recommandations formulées par le
Comité consultatif international télégraphique (c.c.I.T.).
Dans le domaine de la téléphonie internationale, où le bon fonctionnement
des services exige que la qualité de la transmission soit également satisfaisante
sur toutes les sections du circuit, ~’u.I.T.,agissant par l’intermédiaire du Comité
consultatif international téléphonique (c.c.I.F.)’ a joué et continue à jouer un
rôle plus important encore. L e C.C.I.F. est chargé d’assurer la normalisation
nécessaire à la bonne marche des services internationaux et il poursuit dans
son propre laboratoire d’importantes recherches techniques sur cette question
et sur des problèmes analogues. I1 a, en outre, été le principal artisan d’une
heureuse réforme des systèmes de commutation, visant à faciliter l’insertion
des services téléphoniques d’Europe dans un réseau continental.
Suivant les instructions que le conseil d’administration leur a données lors
de sa réunion de juin 1952,les trois comités consultatifs de ~’u.I.T. -le c.G.I.T.,
-
le C.C.I.F. et le C.C.I.R. s’occupent maintenant d’un programme qui sera
peut-être de la plus haute importance pour le développement des communi-
cations dans le Moyen-Orient et dans l’Asie du Sud, amélioration qui serait
de nature à faciliter considérablement la circulation des informations mondiales.
I1 s’agit d’un plan complet de raccordement des pays du Moyen-Orient et
de l’Asie du Sud aux grandes lignes de télécommunication internationales
d’Europe et du bassin Méditerranéen, au moyen de lignes métalliques ou de
relais par radio. Les études qui se poursuivent actuellement sous la direction
d’une commission du c.c.I.F., la Commission mixte du programme général
d’interconnexion, visent à mettre au point un plan dont la réalisation donnera
dans les régions intéressées un nouvel essor a u développement des télé-
communications grâce à la combinaison des systèmes existants et de systèmes
nouveaux en un réseau internationalrépondant aux besoins accrus des services
télégraphiques et téléphoniques,à ceux de l’aviation civile et à ceux de la
météorologie, et permettant de relayer des émissions radiophoniques.
L’U.1.T. aide également l’administration de l’assistance technique 2 recruter,
pour l’application du programme élargi d’assistance technique des Nations
Unies, des spécialistes des divers moyens de télécommunication. On prépare
actuellement dans le cadre de ce programme des plans de réorganisation et
d’amélioration des systèmes de télécommunications existants, ou de création
de nouveaux réseaux de télécommunications (pour les transmissions par fil,
la radiodiffusion ou les liaisons radio entre points fixes ou au moyen de stations
mobiles) dans les pays insuffisamment développés qui ont besoin d’être aidés.
En ce qui concerne la transmission des nouvelles en général, la dernière
conférence de plénipotentiaires de 1’U.I.T.’ tenue à Buenos Aires en octobre-
décembre 1952, faisant sien le K noble principe de la libre transmission des 41
informations B, recommanda c aux membres et membres associés de l’union
de faciliter la libre transmission des informations par les services de télé-
communication D.
I1 ressort de ce bref exposé sur l’histoire, la compétence et le champ d’action
de l’Union internationale des télécommunications que, dans ce domaine a u
moins, les progrès ne risquent pas d’être ralentis par l’absence des rouages
nécessaires au développement de la coopération et de la coordination inter-
nationales. L’u.I.T. repose sur des bases suffisamment solides et compte à son
actif assez de réalisations pratiques pour pouvoir fournir aux administrations
ou services de télécommunication toutes les facilités nécessaires à un examen
approfondi de tous les problèmes relatifs aux communications de presse qui
sont d’intérêt public.
Les rouages internationaux existent. I1importe de s’en servir de telle manière
qu’aucun obstacle surmontable ne vienne gêner les échanges d’informations
entre les différents peuples du monde.
En ce qui concerne ces échanges, on peut distinguer dans le domaine de la
presse trois groupes principaux -celui des agences mondiales d’information,
celui des agences nationales d’information et celui des journaux (journaux
uotidiens et journaux du dimanche) - dont l’importance, l’influence et les
ssources financières varient considérablement d’une région à l’autre. I1 ne
apporté de véritable solution au problème du développement de la
ion internationale que s’il est pleinement tenu compte des besoins
groupes en matière de télécommunications.

I
deuxième partie
GRAPHIQUE 3
,
MULTIPLE ADDRESS TRANSMISSION
TRA NSMl SSI O N ,f
A DESTINATION MULTIPLE Y’
,-@
/’

Operation of a global news service

Fonctionnement d’un service 5 ‘


,
d‘informafion mondial
2

1
i
/

lyl---

Shaded area represents approximafe eff

La partie ombrke represente


a zone approximative d e réception efficace
-
..
\
v, les agences mondiales d’information

11 existe dans le monde environ soixante-quinzeagences d’information d’impor-


tance notable. Sur ce nombre, soixante-neufs’occupent surtout de distribuer
des nouvelles sur le territoire de leur propre pays et six d’en transmettreau-delà
des frontières. Ces six dernières, qui sont concentrées en quatre groupes natio-
naux, sont les suivantes :
Commonwealth britannique : Reuter;
France : agence France-Presse(A.F.P.);
Union des républiques socialistes soviétiques :Tass;
États-Unis d’Amérique : T h e Associated Press (A.P.) ; United Press Asso-
ciations (U.P.); International News Service (I.N.s.).
I1 s’agit là de grandes agences, véritablement mondiales, qui recueillent des
nouvelles dans le monde entier et en assurentla distribution,sur une très grande
échelle, à des abonnés de nombreux pays.

Reuter, qui commença à fonctionner à Londres en 1851, était d’abord une


entreprise privée appartenant à Julius Reuter. Elle se transforma ultérieure-
ment en une société à responsabilité limitée; en 1925,cette société fut rachetée
par la Press Association, agence coopérative d’information appartenant à des
quotidiens et hebdomadaires britanniques de province; en 1941,la moitié des
actions détenues par la Press Association fut acquise par la Newspaper Pro-
prietors’ Association, qui représentait des journaux de Londres. Sitôt après la
fin de la deuxième guerre mondiale, Reuter devenait un trust international,
aux mains de cinq groupes du Commonwealth :la Press Association et la
N e w s paper Proprietors’ Association (Royaume-Uni), l’bustralian Associated
Press (A.A.P.), la New Zealand Press Association (N.z.P.A.) et le Press Trust
of India (P.T.I.). L’A.A.P., la N.Z.P.A. et le P.T.I. sont des agences coopératives
appartenant aux journaux de leurs pays respectifs.
Dans le Royaume-Uni,Reuter travaille en c o m m u n avec la Press Association,
les deux agences partageant le m ê m e bureau central à Londres, mais Reuter
s’occupe principalement des nouvelles du Commonwealth britannique et de
l’étranger, alors que la Press Association distribue les nouvelles intérieures
qu’elle envoie par téléscripteur aux abonnés de Londres et des provinces ainsi
F ’ à ceux d’Irlande. L e service mondial de Reuter est adressé aux journaux
de Londres directement et aux journaux de province par l‘intermédiaire de la
Press Association.
En dehors du Royaume-Uni,l’agence Reuter a passé des accords d’échange
avec trente-quatre agences, de trente-deux pays, notamment avec ~’A.F.P.,
Tass et 1’A.P.Dans le Commonwealth britannique, elle échange des nouvelles
avec ~’A.A.P. et la N.z.P.A., qui à elles deux couvrent l’Asie du Sud-Est et le
Pacifique Sud, ainsi qu’avec le P.T.I., l’dssociated Press of Pakistan,la South
African Press Association et la Canadian Press, qui couvrent respectivement
l’Inde, le Pakistan,l’Afrique du Sud et le Canada. L’agence Reuter possède à
l’étranger quarante bureaux et un grand nombre de correspondants; elle a des
représentants dans toutes les grandes capitales.
Pour centraliser et distribuer ses informations, Reuter se sert de la radio,
de lignes télégraphiqueslouées et des liaisons commerciales ordinaires par radio , 45
et par câble. Elle a fait œuvre de pionnier en mettant au,point le systbme
d’émissions d’in€ormation à destinations multiples (c’est là un progrès qui, en
raison de l’importance qu’il présente pour la transmission des nouvelles dans
le monde, sera exposé en détail à la fin du présent chapitre). En règle générale,
les services nationaux d’informations auxquels Reuter est abonné sont adressés
à ses correspondants attitrés pour chacun des pays intéressés, et ceux-ci
choisissent les nouvelles qui feront l’objet d’une diffusion générale,

L’agence France-Presse(A.F.P.) est à la fois agence nationale et agence inter-


nationale. Fondée en 1944, elle fonctionne actuellement c o m m e un établisse-
ment public tout en assurant son service dans les mêmes conditions que le
faisait avant la guerre l’agence Havas, fondée en 1835, dont elle a pris la suite.
L e gouvernement français n o m m e le directeur général de l’agence, mais lui
laisse le soin de pourvoir les autres postes. U n projet de loi en instance devant
l’Assemblée nationale vise à donner à ~’A.F.P.un statut de complète autonomie.
L’agence tire ses ressources du produit des abonnements et provisoirement da
crédits votés chaque année par l’Assemblée nationale.
L’agence France-Presse a- quinze bureaux en France et soixante-trois à
l’étranger. Son réseau de téléscripteurs relie le bureau central de Paris aux
quotidiens de la capitale et de la province, ainsi qu’à huit autres capitales euro-
péennes. Les liaisons se font principalement par fil, mais aussi par radio.
L’A.F.P. emploie actuellement à titre d’essai un nouveau type de radiotéléscrip-
teur, connu sous le n o m de c système Coquelet )>, qui paraît devoir présenter
des avantages considérables. Outre son réseau européen, ~’A.F.P.est reliée par
radiotéléscripteurs avec les fitats-Unis,le Canada, l’Amérique du Sud, le
Mexique et l’Afrique du Nord; elle utilise le morse pour transmettre les nou-
velles en Europe centrale et orientale, dans le Moyen-Orient et l’Extrême-
Orient et en Afriuue du Sud.
I

Les nouvelles mondiales constituent environ 40 % du service quotidien de


~’A.F.P. Outre qu’elle dessert la France et ses territoires d’outre-mer,l’agence a
passé des accords d’échange avec trente agences, de vingt-sept pays, dont
l’AZ., Reuter et Tass.

L’agence Tass, c o m m e ~’A.F.P.et les trois agences ambricaines A.P., I.N.S. et


u.P., est à la fois agence nationale et agence mondiale. Fondée en 1918, Tass est
un organisme d’gtat et la seule agence qui recueille et transmette des nouvelles
en U.R.S.S. Tass a des bureaux ou des correspondants dans tout le pays et des
représentants dans les principaux centres d’information du monde. Elle a
conclu des accords, parfois sans caractère officiel, en vue d’échanger des
nouvelles intérieures, avec plusieurs agences mondiales c o m m e Reuter,
A.F.P., A.P. et U.P.
Tass est la principale source d’information des agences nationales des pays
qui sont politiquement associés à l’U.R.S.S.:N e w China (Hsin-Hua) News
Agency (N.c.N.A.) ; Allgemeine Deutsche Nachrichtendienst (A.D.N.) en Répu-
blique démocratique d’Allemagne; Ceska Tiskova Kancelar, à Prague; Agence
télégraphique albanaise, à Tirana; Magyar Tavirati Iroda, à Budapest;
Bulgarski Telegrafitscheka Agentzia,à Sofia;Agentie de InformatiiTelegrafice,
à Bucarest; et Polska Agencja Prasowa,à Varsovie. Tass a maintenant l’exclu-
sivité de la distribution des nouvelles mondiales sur le continent chinois, par
l’intermédiaire de l’agence N.C.N.A. En outre,elle fournit des informations iì des
agences de pays qui n’appartiennent pas au groupe communiste, c o m m e Pars
(Iran), Kantorberita Antara (Indonésie), K y o d o News Service (Japon) et
Bakhtar (Afghanistan).
Pour la centralisation des nouvelles,Tass emploie surtout les voies commer-
ciales ordinaires de télécommunication. Pour leur diffusion, elle a recours
principalement à la radio, que complètent dans certaines zones les liaisons de
téléscripteurs. Tass a des émissions régulières qui sont écoutées par la plupart
des agences, autorisées par contrat B les recevoir. En tant qu’agence soviétique
officielle, elle est largement citée,

La plus ancienne des trois agences américaines, 1’Associated Press, a été créée
en 1848,lors de la fondation de la N e w York Associated Press. C e n’est cepen-
dant qu’en 1892 que ~’A.P.a pris sa forme actuelle, qui est celle d’une agence
coopérative d’ampleur natior)ale, propriété des journaux américains membres
de cette coopérative. Aux Etats-Unis, 1’A.P. possède trente-yuatre bureaux
principaux et dispose de correspondants en soixante-sept autres points du
territoire. Pour distribuer les informations, elle utilise 563.000 kilomètres de
lignes télégraphiques louées et un vaste réseau de phototélégraphie. C o m m e
c’est aussi le cas pour 1’u.p. et 1’I.N.S.’ la plupart des nouvelles en provenance
d7Europe,d’Amérique latine et du Canada sont acheminées par l’intermédiaire
du siège central de ~’A.P., à N e w York, et celles qui viennent du Pacifique
par son bureau de San Francisco. L’agence A.P. possède cinquante et un
bureaux à l’étranger et a passé des accords d’échange avec neuf agences, de
neuf pays, notamment Reuter et 1’A.P.P.
La majeure partie des nouvelles reçues ou transmises par 1’A.P. sont ache-
minées par câble o u par radio depuis Londres - qui est, d’ailleurs, le centre
de télécommunication où passent le plus de nouvelles mondiales; en effet, en
dehors d’énormes installations de radio, il n’y a pas moins de dix-huit câbles
transatlantiques qui y aboutissent. L e bureau de Londres de 1’A.P. est relie
au réseau de lignes télégraphiques louées par l’agence en Europe; ce réseau
couvre douze pays a u moins. C o m m e ~’u.P., ~’A.P.utilise beaucoup les liaisons
par câble.
Pour profiter du tarif spécial d’un penny par mot, qui est appliqué dans le
Commonwealth britannique aux messages de presse,les deux agences expédient
parfois de Londres à Montréal les nouvelles qui sont ensuite acheminées vers
N e w York.
Cependant, la moitié des nouvelles expédiées de Londres à N e w York par
~’A.P. passent par une voie de radiotéléscripteur louée à l’administration
britannique des postes. Les émissions sont reçues et enregistrées par le poste
d’écoute de 1’A.P.’ à North Castle, près de N e w York, qui capte les nouvelles
provenant de maintes parties du monde. Un poste d’écoute analogue situé à
San Francisco capte les nouvelles de la région du Pacifique.
L’A.P. envoie ses informations à l’étranger sur des lignes qui lui sont
louées, et par des émissions de radio. Elle se sert des lignes louées POUX
l’Europe occidentale, et de la radio pour l’Europe orientale, le Moyen-Orient,
l’Asie, la plupart des pays d’Amérique latine et la région du Pacifique.

Fondée en 1907 sous forme d’entreprise privée, l’agence United Press a quatre-
vingt-unbureaux sur le territoire des fitats-Unis et son siège à N e w York.
Elle utilise plus de 483.000 kilomètres de lignes en location pour desservir ses
clients des États-Unis. Elle a soixante-huitbureaux en dehors des Etats-Unis
et du Canada et est liée par des accords d’échange avec quatorze agences
d’information, de douze pays. Elle est,propriétaire de l’agence British United
Press, qui dessert le Canada et les Etats-Unis. Un autre service de l’u.~.,
Ocean Press, fournit quotidiennement des informations transmises par radio
à quelque deux cents navires en mer.
Les bureaux de l’agence U.P. B l’étranger sont reliés entre eux par un vaste
réseau de radiocommunications et de lignes en location. Les nouvelles sont
envoyées de N e w York à Londres par radiotéléscripteur, puis distribuées
dans toute l’Europe sur un réseau de téléscripteurs en location qui représente
au total 249.000 kilomètres de lignes. Les informations à destination du Moyen-
Orient, de l’Inde et de l’Afrique sont transmises en morse par radio depuis 47
Londres, et celles qui sont destinées à l’Amérique latine depuis N e w York,
Les nouvelles destinées à l’Extrême-Orient et au Pacifique sont radiodif-
fusées en partie depuis N e w York et en partie depuis San Francisco.

Fondée en 1909 c o m m e agence nationale à l’usage des journaux du groupe


Hearst, l’International N e w s Service, aux environs de 1930, a étendu son
activité au monde entier, et depuis 1945 son service étranger se développe
rapidement. Cette agence a trente-quatrebureaux aux États-Unis et compte
à l’étranger vingt et un bureau? et quelque cinq mille correspondants, attitrés
ou non. Sur le territoire des Etats-Unis, elle utilise 273.000 kilomètres de
lignes en location. Elle a passé des accords d’échange avec trois agences, de
trois pays.
L a plupart des nouvelles recueillies dans le m o n d e par 1’I.N.s. sont aché-
minées par les voies commerciales, mais elle a plus largement recours à la radio
qu’à la transmission par câble. Les émissions par radiotéléscripteur dirigées
vers l’Europe, l’Amérique centrale,l’Amérique du Sud, ainsi que les émissions
en morse destinées à l’Amérique latine, sont faites à N e w York. L a région du
Pacifique est desservie depuis San Francisco par radiotéléscripteur et par des
émissions e n morse.

A elles six, les agences que nous venons de décrire alimentent en informations
la grande majorité des @tats et territoires du m o n d e entier. En fait, d’après
une enquête récente de l’Unesco l, elles desservent jusqu’à 144 &tats et terri-
toires, comptant ensemble 2.382.397.000 habitants, soit 98’7 yo de la popula-
tion du globe. Cet énorme total se décompose ainsi :
L’A.P., 1’u.P.’ 1’I.N.S. Reuter et 1’A.F.P. desservent ensemble 38 @tats ou
territoires d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud, d’Asie
et d’Europe, possédant ensemble une population de 977.703.000 habitants
(40,4 yo de la population du globe).
Tass dessert 11 &tats ou territoires d’Asie et d’Europe, plus l’U.R.S.S.
proprement dite; ce groupe possède au total 745.396.000 habitants (30’9 %
de la population du globe).
L’A.P.,l’u.~., 1’I.N.S. Reuter, ~’A.F.P.et Tass desservent ensemble 7 États
ou territoires d’Asie et d’Europe, qui comptent au total 199.441.000 habitants
(8’3 yo de la population du globe).
L’A.P.,l’u.~.,~’I.N.s.desservent ensemble 21 États ou territoires d’Amérique
du Nord, d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Océanie, comptant au total
192.542.000 habitants (8 yo de la population du globe).
L’A.P., k P . , 1’I.N.S. et Reuter desservent ensemble 24 &tats ou territoires
d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Europe et
d’Océanie, soit 96.267.000 habitants (4 % de la population du globe).
Reuter et ~’A.F.P., individuellement ou ensemble, desservent 38 États o u
territoires d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud,d’Asie, d’Eu-
rope et d’Océanie soit 124.294.000 habitants (5’2 yode la population du globe).
L’A.P.,1’u.P., 1’I.N.S. et ~’A.F.P.desservent ensemble 5 @,tats et territoires
d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, soit 46.754.000 habitants (1’9 yo de
la population du globe).
I1 reste 54 États ou territoires d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Asie,
d’Europe et d’Océanie, qui ne sont desservis par aucune agence mondiale;
ils comptent ensemble 32.578.000 habitants (1’3 yo de la population du globe).
L a primauté internationale en matière de télécommunications s’est, bien
entendu, accompagnée de la suprématie en matière de centralisation et de
diffusion des informations mondiales; c’est la leçon m ê m e qui se dégage du
chapitre sur l’historique des communications. On peut observer en passant

48 1. Voir Les agences tlllgraphiques d‘information, Unesco, 1953.


que les quatre principaux pays qu’intéresse l’activité des agences mondiales
d’information, c’est-à-direle Royaume-Uni,la France, l’U.R.S.S. et les &tats-
Unis, sont également parmi les premiers pour la production et la distribution
des films d’informationl.
Une telle situation, qui peut historiquement apparaître c o m m e inévitable,
étant donné l’étroite parenté de la presse et des télécommunications,ne va
cependant pas sans soulever de graves problèmes. A première vue, elle semble
se traduire pratiquement par le fait qu’une grande partie de la population
mondiale ne peut se faire une idée des événements internationaux que par les
yeux des Britanniques, des Français, des Russes ou des Américains.
Aucune mesure concevable de développement des télécommunications o u de
réduction de leurs tarifs ne semble pouvoir modifier cet état de choses. Un ser-
vice mondial d’informations représente des frais d’exploitation si élevés -et
tellement plus considérables que le coût des té16communications -qu’un
budget c o m m e celui-làpeut être fourni seulementpar les agences qui s’ap@uient
sur une presse nationale puissante et très développée, qui disposent de res-
sources considérables sur les plans technique, professionnel et financier, et
comptent un nombre élevé et fixe d’abonnés, à moins qu’elles ne soient géné-
reusement subventionnées par l’&tat.
Cependant, il est possible et souhaitable que des agences nationales solides
subsistent et se développent, et qu’elles aient des correspondants dans les
principaux centres d’information étrangers pour compléter les services d’infor-
mations des agences mondiales. I1 est également souhaitable que le développe-
ment des télécommunications et de divers autres moyens permette à chaque
journal, m ê m e d’importance relativement restreinte, d’entretenir à I’étranger
un plus grand nombre de correspondants particuliers, que ce soit à titre per-
manent dans les grands centres ou c o m m e correspondants spéciaux dans les
régions présentant un intérêt particulier.
Pendant quelque temps encore, la plus grande partie des informations
mondiales dépendra, semble-t-il,en qualité et en volume, des six grandes
agences actuelles. Pour ce qui est de la centralisation et de la distribution à
grande échelle des informations essentieues, le problème des télécommuniea-
tions est avant tout celui des besoins de ces six agences. Bien entendu,les jour-
naux et les services de radio y sont également intéressés, étant donné qu’ils
reçoivent et utilisent les informations des agences mondiales.
L’argument tiré du danger que représente la suprématie ‘des <<quatre
grands,, dans le domaine des agences d’information, a certes beaucoup de
force et peut être opposé à tout projet de développement des télécommuni-
cations qui serait de nature & renforcer leur position actuelle; cependant, il
n’a pas, en pratique, autant de valeur qu’en théorie. Sans méconnaître le
danger inhérent à un tel état de choses, du moins faut-ilfaire entrer en ligne
de compte un certain nombre de facteurs pour l’apprécier à sa juste valeur.
Les six grandes agences, nous l’avons vu, sont toutes liées par une série
complexe d’accords, notamment d’accords d’échange, entre elles et avec des
agences nationales de toutes les régions du monde. Chacune des agences
mondiales reçoit donc une partie de ses informations par les services nationaux
de divers pays, sans compter celles que lui envoient ses propres correspondants
dans les grandes d e s étrangères. Ainsi les informations mondiales des six
grandes agences kmanent de communautés et de nationalités aussi nombreuses
que différentes.
_Aureste, à moins d’être liée à un gouvernement autoritaire par des obli-
gations politiques auxquelles elle ne peut se soustraire - situation que sa
clientèle internationale et indépendante peut connaître et dont elle peut
tenir compte pour le parti à tirer de ses dépêches - une agence mondiale

1. Voir La presse jiZmée dans le monde, Unesco, 1952, p. 17, 18 et 24-26. 49


4
d’information est par la nature m ê m e de ses services tenue de tout faire pour
arriver à l’impartialité dans la relation des événements.
Fournissant des informations de base à des milliers d’abonnés (journaux
ou services radiophoniques) de toutes races, de toutes nationalités, de toutes
croyances politiques, sociales et religieuses, et dans de multiples pays, les
agences d’information indépendantesdoivent rechercher l’objectivité dans leurs
comptes rendus si elles veulent garder leurs clients et éviter la critique. I1 serait
excessif sans doute de prétendre que chacune y réussit parfaitement; mais
lorsqu’elles échouent, c o m m e il arrive de tout ce qui est humain, c’est le rôle
et le devoir de leurs clients de leur en demander strictement compte.
atant donné les conditions écopomiques qui prévalent à notre époque, la
seule vraie garantie de l’honnêteté et de l’objectivité des informationsfournies
par les agences mondiales résidera non dans une imprudente multiplication
de ces organismes, mais dans la distribution la plus large possible de leurs
nouvelles à un m a x i m u m d’abonnés vigilants, et dans les liens qui les uniront
au plus grand nombre possible d’agences nationales. A supposer qu’elles
disposent des services de télécommunication voulus, les agences mondiales
peuvent devenir, ce que d’ailleurs elles sont déjà dans une certaine mesure,
non seulement 13s simples collecteurs et distributeurs des nouvelles fournies
par leurs propres correspondants,mais de grands centres de triage des informa-
tions de toute origine, où elles peuvent puiser de quoi satisfaire aux besoins de
multiples nations.
Peut-êtreavec le temps se rapprocheront-ellesdavantage encore de cet idéal.
Peut-être verrons-nous s’élargir la notion d’organisation internationale pour
donner naissance à celle de propriété internationale; peut-être l’exemple
donné par Reuter a u sein du Commonwealth britannique sera-t-ilrepris en
plus grand, pour aboutir à la constitution de groupements beaucoup plus
considérables; de la sorte, les agences nationales appartenant à des journaux
pourraient finalement devenir de véritables associées des agences mondiales,
qui leur fournissent déjà des nouvelles et qui leur doivent une partie de leurs
informations. Cette évolution serait conforme à bien des tendances interna-
tionales de notre Bpoque.
Mais de telles considérations ne valent que pour l’avenir. Pour le présent,
et dans la mesure où il s’agit des moyens de recueillir la matière d’un service
vraiment complet d’informations mondiales de base et d’en assurer la diffusion,
c’est manifestement dans leurs rapports avec ce petit nombre d’agences
mondiales qu’il convient de considérer les services de télécommunication.
Chacune des agences mondiales est le centre d’un réseau de télécommunica-
tions fortement organisé sur lequel passe le double flot des nouvelles reçues et
distribuées par l’agence. Si leurs méthodes présentent quelques différences, les
moyens qu’elles mettent en oeuvre sont très voisins. Cette similitude cependant
disparaît en ce qui concerne l’emploi du système des émissions à destinations
multiples, que certaines agences utilisent plus largement que d’autres. C e
système a une telle importance dans l’histoire de la transmission des nouvelles ,

mondiales et a causé une telle révolution dans certains services, notamment


ceux de l’agence Reuter, que son évolution mérite d’&tre relatée en détail.
Sans lui, en effet, Reuter aurait eu la plus grande peine à subsister en tant
qu’agence mondiale en raison des difficultés de la situation économique après
la première guerre mondiale. D e même, ~’A.P. et 1’u.p.’ qui antérieurement
fonctionnaient essentiellement en tant qu’agences nationales chargées de
rassembler des nouvelles du monde entier mais non d’en assurer la diffusion
internationale,n’auraient pu devenir des agences mondiales.
Pendant la première guerre mondiale, les gouvernements de différents pays
européens belligérants s’étaient servis, à des fins de propagande, d’un système
de transmission simultanée par radiotélégraphie à destination d’un grand
nombre de points d’écoute. L’agence allemande Transocean fut la première
B l’utiliser en 1915. Mais, sitôt après la guerre, les stations d’émissions omni-
directionnelles qui avaient été créées pour les besoins de propagande demeu-
rèrent à peu près inactives.
Dès 1920 cependant, Reuter utilisait la radio pour accélérer la réception
et la distribution des nouvelles commerciales qui constituaient une partie
de son service à l’intention des banquiers, agents de change ou courtiers,
h o m m e s d’affaires en général, et périodiques commerciaux. L e nouveau service
était dirigé par Cecil Fleetwood-May, actuellement directeur des bureaux
européens de l’agence,et devait donner naissance au service d’écoute mondiale
que Reuter assure actuellement c o m m e ~’A.P.et l’u.~.
Bien que le premier message radio transatlantique ait été envoyé par Marconi
dès 1901 et que le New York Herald et ~’A.P.aient créé des services radio
pour recevoir des nouvelles des navires en mer et leur en envoyer, aucune
agence d’information n’avait encore tenté d’utiliser en grand ce nouveau mode
de communication. L’extension que devàit prendre plus tard le système des
émissions à destinations multiples est un exemple intéressant de la faqon dont
la technique des télé,communicationspeut être radicalement transformée par
la coopération d’un groupe d’agences d’information favorables à la politique
des accords d’échange.
Outre Reuter, nombre d’agences européennes avaient intérêt à ce que des
services commerciaux rapides fussent créés. Les membres de 1’AlJiance euro-
péenne des agences d’information, laquelle avait été créée postérieurement
à 1919, pour examiner des problèmes d’intérêt c o m m u n et développer la
pratique des accords d’échange, décidèrent de soumettre aux services de
communication de leurs pays respectifs des propositions tendant à ce que les
postes émetteurs omnidirectionnelsalors inactifs fussent utilisés pour l’échange
d’informations commerciales et financières entre les agences. L’emploi ,des
stations à ces fins se révéla bientôt judicieux, et en 1923 les grandes agences
européennes mettaient au point en c o m m u n un système d’émissions à destina-
tions multiples pour la diffusion d’informations internationales,système limité
d’abord à un service de nouvelles financières et commerciales transmises en
langage secret.
Le service commercial de Reuter devint bientôt le plus important d’Europe,
puis fut étendu à d’autres parties du monde; après quoi l’agence entreprit de
mettre au point un service d’émissions radio omnidirectionnel pour la diffusion
d’informations générales dans le monde entier.
L’exploitation des puissants émetteurs du temps de guerre avait d’abord
coûté très cher, si cher m ê m e que leur emploi n’était rentable que pour des
services en langage secret analogues au service commercial. A la station
émettrice construite à Rugby, par l’administration britannique des postes
pour le compte de l’Amirauté,et que Reuter fut le premier à utiliser lorsqu’il
décida d’étendre son service commercial au-delà de l’Europe, il fallait, entre
autres frais, acquitter un droit minimum de 5 livres sterling pour le chauffage
de l’émetteur, quelle que fût la brièveté du message à expédier; il arrivait
fréquemment que Reuter eût à payer cette s o m m e pour transmettre à des
abonnés du service commercial des messages de deux mots seulement, conte-
nant des informations urgentes sur les fluctuations de prix.
En novembre 1929, l’administration britannique des postes offrit à Reuter
l’usage à plein temps d’un émetteur plus petit, mais très puissant, situé à
Leafield près d’Oxford. Son exploitation était bien moins onéreuse que celle
de la station de Rugby, et il apparut bientôt que l’on pouvait considérablement
réduire les frais généraux en l’employant aussi bien pour la transmission en
clair de nouvelles d’intérêt général que pour celle des nouvelles commerciales
en code.
En décembre 1929, le premier service permanent d’informations générales
était radiodiffusé par Reuter à destination de l’Europe, et par l’agence Havas
à destination de l’Amérique du Sud et de l’Extrême-Orient. En l’espace de
dix ans, le service commercial radiodiffusé de Reuter était devenu un service
d’informations générales, connu sous le nom de Globereuter, et bientôt 90
de toutes les nouvelles distribuées par Reuter étaient transmises de cette façon.
Ces événements, et d’autres encore, apportèrent un tel bouleversement dans
le service d’informations mondiales de Reuter, qu’il est difficile de comparer
exactement et valablement ce qu’il était auparavant et ce qu’il est devenu
ensuite. On en a cependant une idée d’après le nombre total de mots t61égra-
phiés à l’étranger par Reuter : il est passé de 115.000 par mois, en 1938, à
6.200.000 par mois, en 1951.
L e service Globereuter est actuellement transmis sur sept faisceaux d’ondes
qui, à eux tous, desservent le monde entier à l’exception de certaines zones
relativement peu étendues d’Amérique centrale et des antipodes I. L’Extrême-
Orient est une zone de frange pour la réception directe,mais un relais installé
à Singapour permet de tourner la hifficutté. Les nouvelles parviennent au
Canada par des lignes terrestres qui assurent le relais avec le principal poste
récepteur d’Amérique du Nord, celui de New York.
L e service Globereuter, qui en réalité est constitué d’un certain nombre de
services distincts transmis sur différentes longueurs d’ondes, et dans plusieurs
directions, à savoir le Globereuter oriental, le Globereuter africain, etc., est
préparé au siège de l’agence à Londres par un personnel de rédaction réparti
en plusieurs bureaux régionaux, chargés chacun d’un faisceau ou d’une zone
géographique. Les émetteurs sont loués à l’administration britannique des
postes; la plupart se trouvent à Leafield, mais sont commandés directement
et sans relais depuis les bureaux de rédaction régionaux de Reuter, à Londres.
Les opérateurs chargés de chacun des faisceaux se tiennent auprès des rédac-
teurs et tapent les textes,une fois terminés,sur des claviers analogues à ceux
de la machine à écrire; il en sort un ruban de papier perforé qui est ensuite
introduit dans un appareil de transmission automatique; celui-ci émet des
signaux qu’une ligne terrestre transmet de Londres à Leafield où’ilssont
diffusés sur les antennes de l’émetteur de cette station.
Trois systèmes de transmission sont utilisés :Hellschreiber, R.T.T.(Radio
téléscripteur ou Radio télétype) et Morse, bien que ce dernier n e soit plus
utilisé que sur une seule liaison, celle d’Amérique du Sud, ainsi que pour un
court service résumé, sur le faisceau africain, à l’intention de petits postes de
réception d’Afrique orientale et occidentale.
L a réception est soumise aux conditions et règlements locaux. Dans certains
cas, elle est organisée par l’intermédiaire de l’administration des télégraphes,
ou de grandes stations réceptrices privées. D a n s d’autres, elle se fait directe-
ment sur des récepteurs <<particuliers>>installés dans une petite salle de
l’agence ou des bureaux du journal.
Primitivement, le service Reuter destiné à l’Europe était inclus dans le
Globereuter; actuellement il est transmis sur un réseau de téléscripteurs en
location qui relie Londres à dix-huit capitales européennes. En décidant
d’employer un réseau de téléscripteurs loués pour ses communications avec
l’Europe, Reuter suivait l’exemple de 1’A.P. et de l’u.p., c o m m e cehs-ci avaient
autrefois suivi l’exemple de Reuter en utilisant les émissions à destinations
multiples, bien que dans des proportions moindres. Les agences américaines,
qui avaient une longue expérience de l’emploi des communications par lignes
en location sur le territoire de leurs pays, apprécièrent les grands avantages du
réseau de téléscripteurs qui permettait des communications dans les deux sens.
Moins engagées que Reuter dans l’emploi des émiss ions radio omnidirection-
nelles, elles saisirent rapidement l’occasion de créer un vaste réseau européen
de téléscripteurs peu après la deuxième guerre mondiale.

52 1. Voir le graphique c Transmissions P destinations multiples n, entre p. 4-4et 4,5.


Jusque-là,la création de réseaux de téléscripteurs continentaux à I’échelle
américaine avait été retardée par des difficultés tenant à l’existence des fron-
tières nationales, au raccordement avec des réseaux nationaux différents et
à la nécessité de passer avec eux des accords tarifaires,tous problèmes inconnus
aux &tats-Unis. Aujourd’hui, on travaille à résoudre ces difficultés.
L e développement ultérieur des réseaux continentaux de ce genre, qui
peuvent être composés en partie de lignes terrestres et en partie de liaisons
radio, doit permettre une extension plus grande encore des services mondiaux
d’information, car, par rapport aux émissions omnidirectionnelles, ils pré-
sentent deux grands avantages : ils permettent d’acheminer beaucoup plus
directement les services de nouvelles de façon à répondre aux besoins de tels
o u tels abonnés et ils peuvent servir dans les deux sens, si bien que les informa-
tions peuvent être reçues et expédiées par les m ê m e s voies.
Nous étudierons dans un chapitre ultérieur les possibilites qui sont offertes
dans ce domaine. D’après ce qui précède, on voit que toutes les agences m o n -
diales de presse sont tributaires, pour l’efficacité de leurs services d‘e centrali-
sation et de distribution des informations, d’un ensemble complexe de moyens
de télécommunication,notamment des lignes et émetteurs de radio en locatiofi
et des services commerciaux normaux offerts par un grand nombre de réseaux
internationauxde télécommunications. C’est de l’intégration de tous ces moyens
que dépendent les progrès en matière de centralisation et de diffusion des infor-
mations mondiales.

VI, les agences nationales d’information

Pour assurer un service de nouvelles à la fois complet et bien équilibré, les six
agences mondiales d’information doivent, nous l’avons vu dans le chapitre
prhcédent,passer des accords d’échange avec les agences nationales. Par agence
nationale, il faut entendre toute agence qui recueille et transmet les nouvelles
du pays et dans certains cas distribue les nouvelles internationales qu’elle
reçoit d’une agence mondiale. Les services d’information qui diffusent unique:
ment les nouvelles de sourcegouvernementalen’entrent pas dans cette catégorie.
Bien que les agences mondiales transmettent directement des nouvelles
par radio ou sur des lignes en location, à quelques abonnés, elles doivent;
compter, dans une large mesure, sur les agences nationales pour atteindre
le monde entier, ces dernières assurant la distribution de leurs services. Cette
dépendance s’accusera vraisemblablement à mesure que se multiplieront les
accords internationaux.
L’existence d’agences nationales d’information, solidement établies- et
possédant de bons services de télécommunication, est donc indispensable à la
circulation mondiale de l’information. Dans les régions dépourvues d’agences
nationales, il se peut qu’un ou deux abonnés reçoivent des nouvelles inter-
nationales d’une ou plusieurs agences mondiales, mais il est rare que ces nou-
velles aillent beaucoup plus loin que leur point de réception. Sans agence de
distribution, il est difficile de leur donner une diffusion suffisante,pour que tous
ceux qui lisent o u pourraient lire les journaux soient renseignés sur ce qui se
passe à l’étranger et en comprennent l’importance.
En outre, s’il n’existe aucune agence
- nationale d’information,les événements
intérieurs risquent de n’être signalés au m o n d e que de faç0
partielle. Les agences mondiales ne peuvent distribuer q u
qu’elles reçoivent. Elles choisissent soigneusement leurs correspondants
attitrés, mais il n’est pas bon que les événements d’un pays quelconque soient
présentés au reste du monde uniquement par un ou deux hommes gui n’ont
ni les m ê m e s moyens de recoupement et d’évaluation qu’une agence nationale,
ni une connaissance aussi suivie des événements extérieurs à la capitale.
L’absence d’agence nationale ne compromet pas seulement le reportage
international des événements et des opinions; il tend encore à rendre difficile
l’échange des nouvelles à l’intérieur m ê m e du territoire national. L e plus sou-
vent, en effet, un tel échange peut seulement être assuré par une agence natio-
nale qui reçoit des nouvelles de tous les centres et leur en fournit à son tour,
grâce à ses relations avec les divers journaux qui, s’il s’agit
coopérative,sont directement associés à son fonctionnement.
D e plus, les agences d’information ont généralement été fondées pour
répondre aux besoins de quotidiens déjà existants;les avantages qu’elles offrent
sont particulièrement propres à susciter l’apparition de nouveaux journaux.
U n e telle expansion de la presse dans les régions insu5samment développhes
peut amener le grand public à mieux connaître et à mieux comprendre les ,
Bvénements, ce gui est du plus grand intérêt pour la formation civique.
Dans tous les pays où les journaux ont de nombreux lecteurs,l’organisation
des agences nationales est aujourd’hui très avancée. Ces agences se sont déve-
loppées, d’année en année,pour répondre aux besoins du public et ont constam-
ment tiré parti des facilités nouvelles que leur offraient les progrès te
réalisés dans le domaine des télécommunications.
Sans m ê m e parler des territoires non autonomes et sous tutelle d’
d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie et d’Océanie,où,si l’on excepte quelques
régions,la presse ne dispose que de moyens lamentablement réduits, quarante-
cinq &tats environ sont encore dépourvus de tout? agence nationale d’infor-
mation l. Certains de ces Etats, tels que l’agypte,l’Ethiopie,le Mexique, Cuba,
la Colombie,le Pérou,l’Irak et la Thaïlande,sont très peuplés;d’autres, c o m m e
l’Andorre et Bahrein, n’ont qu’une population réduite.
On dispose de données statistiques sur l’analphabétisme dans quarante-
eux de ces pays 2. Dans onze d’entre eux, la proportion d’analphabètes est
mprise entre 90 et 100 %; %
elle se situe entre 80 et 89 dans trois autres:
entre 60 et 79 yo dans dix autres et entre 40 et 59 yo dans sept autres. S
seulement ont un taux d’analphabétisme inférieur à 20 yo.
Cette étroite corrélation entre l’analphabétisme et l’insuffisance des r
sources en matière de presse, notamment l’absence de toute agence nation
d’information est significative. C’est là un des facteurs dont il faudra tenir
compte si l’on élabore un programme d’action, tendant à faire respecter
l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, sur la liberté
d’être informé et d’exprimer ses opinions.

1. Voir le graphique << Agences nationales d’information n, entre p. 56 et 57.


2. Rapports sur l’analphabétisme dans les divers pays, préparés par la Division de
54: statistique de l’Unesco.
Aucune agence nationale d’information ne saurait cependant vivre et
prospérer sans un bon réseau intérieur de télécommunications. Pour être
pleinement efficace, une telle agence doit disposer d’un réseau de téléscripteurs
fonctionnant par fil ou par radio et permettant des échanges réciproques entre
elle et les journaux qu’elle dessert. Pour voir dans quelle mesure cette condi-
tion est remplie, le mieux sera d’étudier les téléscripteurs dont disposent les
régions où la presse est très développée.
Aux lh.ats-Unis,où l’on compte trois agences mondiales d’information qui
sont en m ê m e temps des agences nationales, et où 1.773 quotidiens ont à eux
tous un tirage supérieur à 54 millions d’exemplaires, chaque grand centre
d’information est relié à des réseaux de téléscripteurs à fonctionnement rapide.
Dès le debut de notre siècle, l’bssociated Press avait en location près de
50.000 kilomètres de lignes, chiffre très élevé pour l’époque et qui montre
combien l’existence d’une agence coopérative d’information avait stimulé la

circulation des nouvelles. Cette m ê m e agence en possède actuellement dix fois
plus et le kilométrage total des lignes qu’elle loue a presque doublé depuis
vingt-cinq ans. Elle possède, en outre, un vaste réseau phototélégraphique,qui
lui permet d’envoyer une moyenne quotidienne de 45 photos environ à ses
abonnés, disséminés dans presque tout le pays.
L’United Press utilise un réseau de téléscripteurs analogue et elle est reliée
par un double câble interurbain à tous les grands centres d’information de
l’Atlantique a u Mississippi. D e ce double câbleinterurbain,les nouvelles passent
sur des circuits régionaux. L e bureau de N e w York en assure la retransmission
aux abonnés de la Nouvelle-Angleterre et de l'bat de N e w York, le bureau
d’Atlanta aux abonnés du Sud et le bureau de Chicago à ceux de la côte du
Pacifique et de la région nord-ouest.
L a troisième des agences d’information des &tats-Unis d’Amérique, l’Inter-
national N e w s Service, dispose de près de 300.000 kilomètres de câbles en
location.
Ensemble, ces réseaux de presse,dont la locationrapporteà la Western Union
Telegraph Company et à quelques autres propriétaires privés une s o m m e
d’environ 450.000 dollars par an,relient aux centres d’informations nationales
et mondiales presque tous lesjournaux du pays, m ê m e ceux dont la circulation
est limitée et le tirage extrêmement réduit. Seule leur action unificatrice a
permis à une population d’origine ethnique très diverse et disséminée sur
d’immenses étendues de parvenir à une certaine communauté d’attitude devant
les problèmes nationaux et internationaux.
Au Royaume-Uni, où 121 quotidiens tirent ensemble à quelque 31 miUions
d’exemplaires et où les lecteurs de journaux sont plus nombreux que dans
n’importe quel autre pays, presque tous les quotidiens du matin et du soir,
ainsi que tous les journaux du dimanche, sont desservis par la Press Associa-
tion, grâce a u réseau de téléscripteurs qu’elle loue à l’administration des postes.
C’est seulement à une date assez récente que les réseaux de téléscripteurs
ont pris cette extension. Jusqu’en 1920, les nouveIIes de la Press Association
étaient distribuées sous forme de télégrammes de presse, mais, à cettedate, pour
accélérer son service et en accroîtrela régularité, cette agence organisa, sur des
lignes en location, des transmissions automatiques en morse par bande perforée
(système Creed-Wheatstone). Ce système permettait d’atteindre une vitesse de
140 mots à la minute, hien que la vitesse moyenne fût inférieure à ce chiffre.
Cinq ans plus tard, la P.A. inaugura un service londonien de téléscripteurs
à l’intention des journaux de la capitale. Ces journaux sont maintenant
desservis par trois voies, dont deux réservées aux informations générales et
une aux nouvelles sportives.
Mais c’est en 1949 seulement que l’actuel réseau de téléscripteurs à voies
multiples desservant toutes les villes du pays autres que la capitale a été
organisé et doté d’un système qui permet, en cas de panne de l’une des chaînes
principales, d’acheminer les messages par un autre itinéraire. Ce nouveau
réseau comprend six lignes distinctes pour téléscripteurs; il permet de trans-
mettre les dépêches à une vitesse m a x i m u m de 400 mots à la minute et assure
aux nouvelles une diffusion prompte et sûre, m ê m e aux heures de pointe et si
rapide que soit la succession des événements.
Outre la Press Association, dont le réseau de téléscripteurs étend presque
partout ses ramifications, deux autres agences, 1’Exchange Telegraph Com-
pany et la British United Press (filiale de l’United Press des gtats-Unis)
assurent des services d’informations par t616scripteurs aux journaux de
Londres et à beaucoup des grands journaux de province. (L’Exchange Tele-
graph dispose dans la seule région de Londres de plus de 15.000 kilomètres de
lignes téléphoniques et télégraphiques privées.)
Bien qu’ils soien: plus étendus que la plupart des autres, les réseaux de
téléscripteurs des Etats-Unis d’Amérique et du Royaume-Uni sont suivis de
près par tous ceux des régions où la presse est très développée.
Des réseaux analogues relient les agences nationales et les quotidiens de
France, de Belgique, d’Italie, du Danemark, de Suède et de la plupart des pays
d’Europe occidentale. Les journaux du Canada, d’Australie, de la Nouvelle-
Zélande, du Japon, de l’union Sud-Africaine,de l’Inde, de la République
fédérale d’Allemagne et, dans une certaine mesure, du Pakistan sont également
reliés par téléscripteurs.
I1 est vrai cependant que les grands pays du monde n’utilisent pas tous dans
une aussi large mesure les réseaux de téléscripteurs; cela est diî en partie au
fait que les distances à couvrir sont considérables,et en partie à la destruction
de certains moyens de communication pendant la guerre. C’est ainsi que, pour
la distribution intérieure des nouvelles, l’U.R.S.S. utilise la radio - soit
sur Hellschreiber, soit en phonie à la cadence de dictée - beaucoup plus que
ne le font la plupart des autres grandes nations du monde. Elle se sert aussi,
toutefois,de téléscripteurs et du télégraphe ordinaire. En Allemagne, o n se sert
beaucoup pour la distribution intérieure des nouvelles, d’émissions radio-
phoniques à destinations multiples analogues à celles dont nous avons déjà
parlé à propos des communications internationales.
L’expérience récente montre toutefois que ce sont en général les réseaux de
téléscripteurs qui assurent la meilleure liaison entre agences nationales et
journaux abonnés. On peut m ê m e dire sans exagération que l’importance du
réseau de téléscripteurs d’un pays donné constitue un indice assez sûr du stade
de développement qu’il a atteint dans la collecte et la diffusion des nouvelles
intérieures; elle permet de voir dans pelle mesure la presse y est matérielle-
de remplir pleinement et efficacement sa mission en faisant
uvelles du pays et du monde entier.
I1 est évident que bien des pays du monde, si on leur applique ce critère,
paraissent encore dépourvus des moyens de télécommunication qui pourraient
seuls leur permettre de bien organiser la distribution intérieure des nouvelles.
Sans m ê m e parler des territoires non autonomes et sous tutelle, dans la
plupart desquels les télécommunicationsintérieures de tous genres sont encore
très insuffisantes et où l’orga,~sationde la presse est des plus rudimentaires,
il y a au moins vingt-huit Etats fortement peuplés qui sont dépourvus de
téléscripteurs o u dont le réseau est trop restreint pour assurer la diffusion
intégrale des nouvelles, m ê m e dans les grosses agglomérations. Huit de ces
&tats sont situés en Europe, et neuf en Amérique (du Nord et du Sud).
L e taux d’analphabétisme est de 90 à 100 % dans cinq d’entre eux, de 60
%
à 79 dans onze autres, de 40 à 59 yo dans sept autres et de 20 à 39 % dans
trois autres 1.

1. Rapports sur I’analphabétisme dans les divers pays, préparés par la Division de
56 statistique de l’Unesco.
GRAPHIQUE 4
NATIONAL NE WS AGENCIES
AGENCES NATIONALES D’INFORMATION

Stales with national telegraphic agencies


Pays ob fonctionnent des agences
télégraphiques d’information

- - _- .__ - - ___
L
I
- I _____
States without national telegraphic news agencie
Pays ob ne fonctionnent pas d’agences
télégraphiques d’information
I Non-self-governing territories
Territoires non autonomes
1-1
U
t O n e million persons
U n million de personnes

. .. . ... . .. .. .~ .~ .. .
. .
. .
. .,._ . -. .. . .
L a liste des pays dépourvus de tout réseau de téléscripteurs coincide, dans
une certaine mesure, avec celle des nations qui ne possèdent pas d’agence
nationale d’information, mais elle est loin d’être rigoureusement identique.
La comparaison.semble indiquer que, dans une quarantaine de pays, soit par
suite de l’absence d’agence nationale d’information, soit e n raison de l’insuffi-
sance des télécommunications,la presse est encore loin du degré de développe-
ment qui, d’après l’expérience générale, semble nécessaire pour assurer des
échanges suffisants d’informations, tant sur le plan national que sur le plan
international.
Quelques rapprochements entre pays dont la population totale est compa-
rable illustreront l’extrême diversité qui subsiste dans le monde moderne et
montreront un étroit rapport entre cette diversité et l’existence ou l‘absence
de moyens suffisants dertélécommunication.
L a Belgique, qui a une population de 8.736.000 habitants l, dont 16 %dans
des villes de plus de 50.000 âmes, possède 49 quotidiens desservis par une
agence nationale d’information, l’agence Belga, dont la chaîne de téléscripteurs
s’étend à tout le pays et assure l’obtention et la diffusion rapides des nouvelles,
tant régionales que nationales. Huit agences étrangères,dont Reuter et ~’A.F.P.,
ont des accords d’échange avec l’agence Belga, et deux autres agences mon-
diales,1’A.P. et ~’u.P., assurent à la presse belge un service direct d’informations.
L a Grèce, au contraire, qui a une population de 7.600.000 habitants, dont
14 % dans des villes de plus de 50.000 âmes, et qui possède 68 quotidiens
(trois d’entre eux seulement tirent à plus de 50.000 exemplaires) ne dispose
d’aucun réseau de téléscripteurs. I1 existe bien une agence nationale, l’Agence
d’Athènes, qui a conclu des accords d’échange notamment avec Reuter et
~’A.F.P., mais cette agence est gravement handicapée, pour la réception et la
diffusion des nouvelles de l’étranger, par le manque de matériel. Seuls, quel-
ques-uns des principaux journaux d’Athènes et de Salonique sont équipés
pour recevoir un service à peu près satisfaisant de nouvelles internationales et
intérieures.
Prenons maintenant deux pays du Moyen-Orient, 1’Égypte et l’Iran.
L’Égypte a une population de 20.729.000 habitants, dont 14 % dans des villes
de plus de 50.000âmes; celle de l’Iran est évaluée à 19.140.000 habitants, dont
13 yo dans des villes de 50.000 âmes. L a superficie des deux territoires est à
peu près la même.
L’Egypte, qui possède 50 quotidiens, reçoit ses informations d’Égypte
m ê m e , du Moyen-Orient et du reste du monde. Elles lui sont fournies par
Reuter, ~’A.F.P., l’A.P., 1’u.p. et d’autres agences. Elle reçoit, en outre, de
l’Agence arabe -d’information,un service spécial de nouvelles du monde musul-
man.
Des circuits de téléscripteurs sont exploités par toutes les grandes agences
étrangères et assurent la diffusion des nouvelles dans les principaux centres.
L’Iran, en revanche, avec ses 20 quotidiens, paraissant pour la plupart dans
la capitale, Téhéran, et avec son agence nationale d’information, l’agence
Pars, qui appartient à l’Etat, ne possède aucun réseau de téléscripteurs. L e ,

résultat est que le pays, dans son ensemble, ne reçoit qu’une quantité négli-
geable de nouvelles internationales.
.
En Asie, le Japon, qui a 85.800.000 habitants, possède 186 quotidiens
atteignant ensemble un tirage journalier de 30.218.000 exemplaires. Ces jour-
naux sont desservis par trois agences nationales d’information, à savoir :
l’agence Kyodo, la Jiji Press (qui ont toutes deux des accords avec plusieurs
agences d’information étrangères et nationales) et la Radiopress, spécialisée

1. Les statistiques de population sont celles qui ont été établies par le Bureau de
statistique des Nations Unies et publiées dans son rapport Population and Vital
Statistics, de janvier 1953. .57
dans Yécoute des émissions officielles étrangères. En outre, le Japon reçoit
directement les services de plusieurs agences d’information mondiales et
nationales. Plusieurs réseaux de télégraphie par fi1 et par radio sont exclusive-
ment utilisés par les agences d’information qui travaillent dans le pays, et les
principaux journaux sont dotés de téléscripteurs et d’un équipement photo-
télégraphiqué.
L e Pakistan, dont la population est de 75.842.000 habitants,a 34 quotidiens
qui représentent ensemble un tirage de 120.000 exemplaires seulement
qu’il possède maintenant une agence nationale d’information, l’Asso
Press of Pakistan, qui a récemment mis en service un certain nombre de lignes
de téléscripteurs, son réseau de tél6communications est extrêmement rdduit,
et les services télégraphiques, quand ils existent, sont lents, en particulier
’ dans les régions rurales. Cette insuffisance des moyens de transmission explique
en grande partie le faible tirage des journaux.
Comparons maintenant le Canada, avec ses 14.430.000 habitants disséminés
sur un vaste territoire de 9.600.000 kmz qui oppose de sérieux obstacles au
développement d’un système efficace de télécommunications, et l’Union
Birmane, où 18.859.000 habitants vivent sur un territoire,dont la superficie
n’égale m ê m e pas le quatorzième de la superficie du Canada.
L e Canada possède 93 quotidiens d‘information générale, qui font presque
tous partie de l’agence coopérative Canadian Press. Bien que la première
agence coopérative d’information ait été créée au Canada dès 1907,le manque
de téléscripteurs assurantla liaison entre tous les journaux du pays a longtemps
empêché d’organiser un service purement national. Fait significatif, c’est en
1917 seulement, lorsqu’une subvention gouvernementale de 50.000 dollars,
par an (renouveléejusyu’en 1924) permit de relier entre elles les quatre régions
du Canada où paraissent presque tous les journ que la,Canadian Press
devint une agence véritablement nationale. Cette nce exploite maintenant
un réseau de téléscripteurs que lui loue la société Canadian Pacific Communi-
cations et qui traverse tout le continent, de Terre-Neuve à l’est jusqu’en
Colombie britannique à l’ouest, avec des ramifications vers le nord et le sud.
C e réseau de téléscripteurs permet à la Canadian Press d’échanger des nouvelles
avec les principaux centres de peuplement du pays et d’assurer à presque tous
les journaux un service complet de nouvelles du pays et du monde. Ses quelque
250 téléscripteurs peuvent au besoin transmettre près de 5 millions de mots en
vingt-quatre heures. ,
L’Union Birmane, de son côté, possède également une agence nationale
coopérative, mais le B u r m a Press Syndicate n’est pas équipé de téléscripteurs.
Les 16journaux de Rangoon qli;sont abonnés au service de l’agence le reçoivent
donc sous la forme d’un bulletin quotidien ronédgraphié de 10.000 mots.
Quant au reste du pays, il ne reçoit de nouvelles qu’avec un certain retard et de
f2qon irrégulière.
Comparons maintenant la Nouvelle-Zélande, pays peu étendu, mais où la
presse est très développée (population :1.995.000 habitants) et la Thallande:
pays moins développé, mais qui compte 19.192.000 habitants.
Les 43 quotidiens néo-zélandais sont desservis par une agence nationale
d’information, la N e w Zealand Press Association, qui distribue des nouvelles
du p a p et de l’étranger sur un vaste réseau de téléscripteurs en location. Cette
agence utilise également un service public très développ8 de télécommunica-
tion : télégraphe, téléphone, radiotélégraphie et câbles. Les 43 journaux,
paraissant dans 35 centres, ont ensemble un tirage quotidien moyen de
368 exemplaires pour 1.000 habitants.
Pour desservir une population plus de neuf fois supérieurc à celle de la
Nouvelle-Zélande,la Thallande possède, elle aussi, 43 quotidiens, mais ils
paraissent tous dans la capitale, Bangkok; aucun d’eux ne tire à plus de
15.000 exemplaires par jour, et leur tirage quotidien est, en moyenne, de
4 exemplaires pour 1.000 habitants. I1 n’existe aucun réseau de t&scripteurs,
et les communications avec l’intérieur sont si mauvaises qu’elles ne permettent
pas d’assurer la distribution régulière des nouvelles.
L e continent africain présente des contrastes tout aussi frappants. L’Union
Sud-Africaine (12.912.000 habitants) possède 19 quotidiens desservis par une
puissante agence nationale, la South African Press Association (s.A.P.A.).
Cette agence utilise un réseau intérieur de téléscripteurs qui relie Johannesburg
aux bureaux de trois centres et à sept autres villes, dont deux en Rhodésie
du Sud. L a S.A.P.A. dispose de vastes ressources qui lui permettent d’assurer
la liaison entre l’Afrique du Sud et les principaux centres mondiaux d’informa-
tion.
Sur le m ê m e continent, YÉthiopie, dont la population est plus forte (15 mil-
lions d’habitants) et la superficie inférieure,possède un seul bulletin quotidien
d’information et cinq hebdomadaires, et sa presse est totalement dépourvue
de téléscripteurs.
C’est au continent américain que nous emprunterons notre dernière ‘compa-
raison, plus frappante encore à certains égards :il s’agit d’Hafti et de Costa
Rica. Haïti, dont la population est de 3.112.000 habitants,ne reçoit de l’étran-
ger aucun service régulier de nouvelles. N o n seulement elle n’a pas d’agence
nationale d’information, mais elle est dépourvue de tout réseau intérieur de
télécommunications, téléscripteurs ou autres. Ses six quotidiens tirent B
25.000 exemplaires,soit 6 pour 1.000 habitants.
Costa Rica, qui compte 838.000 habitants, possède 5 quotidiens tirant B
80.000exemplaires, soit 94 pour 1.000 habitants. Ce pays, qui a des téléscrip-
teurs, la télégraphie, la radiotélégraphie et le téléphone, reçoit des nouvelles
du monde grâce aux émissions radio faites de N e w York par ~’A.P.,l’u.~.et
~‘I.N.s.
Les exemples qui précèdent montrent quelles étonnantes disparités
subsistent,malgré tous les progrès récents, dans le domaine des télécommuni-
cations et dans les méthodes de distribution des nouvelles mondiales.
Grâce au réseau de télécommunications internationales qui relie presque
tous les pays du monde, grâce aussi aux perfectionnements que les émissions
radiophoniques à destinations multiples ont permis d’apporter à la distribution
des nouvelles, il est maintenant possible - nous l’avons vu - d’envoyer, à
partir des principaux centres mondiaux d’information,des nouvelles du monde
dans presque tous les coins de la planète. Malgré tout, dans de vastes régions
et de nombreux pays, l’absence de réseaux intérieurs de télécommunications
permettant aux agences nationales ou autres de recueillir et de diffuser les
nouvelles de fagon à la fois rapide et efficace rend difficile l’instauration d’un
véritable échange mondial d’informations. Un tel échange est pourtant indis-
pensable si l’on veut que les peuples apprennent à se connaître et à se com-
prendre.

5c!,
viil les besoins de la presse

a L e premier devoir d’un journal est de dire ce qui se passe. Ce sont les infor-
mations qui constituent l’essentiel d’un journal; tout le reste n’est qu’acces-
soire. D
Ainsi s’exprimait récemment Erwin D. Canham, rédacteur en chef du
Christian Science Monitor, de Boston, lors d’une conférence internationale de
la presse qui s’èst tenue à Paris.
D e son côté,le rédacteur en chef de la Neue Zürcher Zeitung, W i
lliBretscher,
comparant les différentes fonctions d’un journal à sa tâche essentielle d’infor-
mation objective, déclarait :
x L a Neue Zürcher Zeitung publie beaucoup d’informations à l’état brut,
telles qu’elles lui sont fournies par les agences mondiales d’information. Mais
nous comptons surtout sur nos propres correspondants, établis dans tous
les centres d’information importants et accessibles. Ces correspondants ont
pour tâche de signaler les événements passagers en les replaçant toujours dans
leur contexte, ce contexte qui donne d’abord à l’événement particulier sa
valeur d’information et qui permet au lecteur d’en saisir la portée. D
C o m m e son rôle est à la fois de << dire ce qui se passe >> et d’en faire saisir
la portée au lecteur, un journal doit toujours être en mesure de compléter par
les dépêches de ses propres correspondants les informations de base qu’il
reçoit des agences nationales et mondiales.
En ce qui concerne la centralisation des nouvelles internationales, le rôle
du journal n’est pas identique à celui de l’agence d’information. D e même, les
télécommunications lui posent des problèmes différents.
Pour la transmission des informations à ses principaux bureaux de rédaction
et pour Ja distribution de ces informations,l’agence d’information peut et doit
recourir dans une très large mesure aux installations télégraphiques et radio-
télégraphiques qu’elle loue. Naturellement, elle utilise aussi, pour la transmis-
sion d’une grande partie des nouvelles qu’elle repoit de ses correspondants dans
les diverses parties du monde, les services commerciaux ordinaires de télé-
communication.
Bien que le journal puisse être également relié à quelques centres particu-
lièrement importants par des installations télégraphiques et radiotélégra-
-
phíques en location,il fait plus grand usage et même, dans la grande majorité
des cas, un usage presque exclusif - des services commerciaux ordinaires de
communication par câble et par radio.
Quand il s’agit des relations des journaux avec leurs correspondants parti-
culiers, le problème des télécommunicationsporte donc au premier chef sur la
possibilité de transmettre des télégrammes de presse et sur le coût de ces
télégrammes.
Les réponses à une enquête effectuée récemment par l’Institut international
de la pressel auprès des rédacteurs en chef d’un certain nombre de pays

1. L’amélioration de l’information, 1952. L’Institut international de la presse a été


fondé en 1950 par des r6dacteurs en chef de quinze pays, à la suggestion de l’Ame-
rican Society of Newspaper Editors. I1 a établi son siège B Zurich avec l’aide finan-
’6O cière des fondations Ford et Rockefeller.
montrent que, pour beaucoup de journaux, la place relative accordée au3
nouvelles des divers pays, dépend dans une large mesure du coût des télé-
grammes de presse.
L e rédacteur en chef du Sorö Amstidende (Slagelse, Danemark) déclare que
d’après ses collaborateurs et lui, on pourrait améliorer la compréhension
internationale en donnant plus de détails sur les travaux des Nations Unies.
I1 avait espéré avoir un correspondant à plein temps a u siège de l’organisation
des Nations Unies, mais il n’a pu le faire à cause du coût prohibitif des télé-
communications.
L e Dagbreek en Sondagnuus (UnionSud-Africaine)estime, d’après sa propre
expérience, que pour faire une plus grande place aux nouvelles internationales
il importe avant tout d’obtenir << une réduction considérable des tarifs télé-
graphiques et radiotélégraphiques internationaux appliqués aux dépêches
que les correspondants accrédités envoient à leurs journaux,). << Les tarifs
actuels, déclare le rédacteur en chef,laissent à trop peu de journaux la possi-
bilité de recevoir par télégraphie des informations de leurs propres corres-
pondants. >>
Des opinions analogues ont été exprimées aux Pays-Bas et en Norvège.
Selon le rédacteur en chef du journal d’Amsterdam De Volkskrant,la réduc-
tion des tarifs télégraphiques, notamment pour les dépêches expédiées de
N e w York et de Washington, constitue à l’heure actuelle un des besoins les
plus urgents de la presse; il déclare qu’en raison des tarifs en vigueur <<les
. grands journaux dépendent trop des agences mondiales pour la transmission
des nouvelles n.
L e rédacteur en chef de l’Aftenposten,d’Oslo, est d’avis que, pour améliorer
la diffusion des nouvelles mondiales, il faut notamment << obtenir pour les
dépêches de presse des tarifs aussi bas et un régime préférentiel aussi favorable
que possible sur toutes les voies de transmission, afin d’assurer l’acheminement
rapide de ces dépêches >>.
En France, le rédacteur en chef du Parisien libéré écrit que le problème de
l’amélioration des nouvelles internationales est d’ordre économique, et que
<< le coût extraordinairement élevé des câblogrammes >) en constitue un élément
très important.
Au Royaume-Uni, l’observer,de Londres, qui ne se borne pas à utiliser les
reportages de ses correspondants particuliers, mais qui assure, en outre, par
abonnement à d’importants journaux de nombreux pays un service d’articles
de fond sur les événements de l’étranger, déclare qu’il pourrait << absorber
plus de nouvelles en provenance de << régions en marge >>, c o m m e l’Asie du
Sud-Est,si les tarifs de câbles étaient moins chers et si les dépenses qu’entratne
l’entretien de correspondants étaient moindres >>.
En Inde, on met l’accent sur les difficultés auxquelles les régions insuffisam-
ment développées se heurtent de leur côté - celui de la réception des nou-
velles- en raison du coût élevé des télégrammes.
<<Les pays insuffisamment développés, déclare le rédacteur en chef du
National Herald, de Lucknow, ne possèdent en propre aucun moyen de trans-
. mettre leurs informations ni m ê m e de les réunir. Ils doivent recourir, dans une
large mesure, à l’étranger. >> I1 insiste sur la nécessité d’un meilleur équilibre
des ressources, en matière d’informations, entre les pays évolués et les pays
insuffisamment développés.
L’enquête de l’Institut international de la presse avait pour but de réunir
des renseignements sur les mesures propres à << favoriser la compréhension
entre les peuples par la libre diffusion des informations >>. L’institut, qui a eu
à sa disposition les réponses de 248 rédacteurs en chef de 41 pays, est arrivé
à la conclusion suivante : << D e nombreux directeurs de journaux de Grande-
Bretagne, d’Europe continentale, d’Amérique du Sud et de la région du Paci-
fique s’inquiètent des difficultés économiques,à l’exclusion, parfois, des autres 61
problèmes. A cet égard, leurs principales préoccupations concernent la pénurie
et la cherté du papier-journal,ainsi que les tarifs excessifs des télécommuni-
cations. Ces deux problèmes ont obligé de nombreux rédacteurs en chef à
réduire consid6rablementla place qu’ils accordent aux informations de l’étran-
ger. n
L’institut déclare ensuite que les tarifs élevés des câbles constituent,en Europe
et en Amérique du Sud, un des problèmes les plus sérieux qui se posent à la
presse. <c Les directeurs de journaux déclarent qu’il est inutile d’améliorer
le reportage étranger s’ils ne peuvent se permettre de payer le coût d’un câble
direct avec Washington, Tokyo, Paris ou d’autres centres. >>
Beaucoup de personnes estiment donc, dans les milieux journalistiques
autorisés, que les tarifs actuellement appliqués aux télégrammes de presse
sont un des plus graves obstacles qui s’opposent à la libre circulation des
informations.
I1 ne faut pas oublier cependant que ces tarifs, quel que soit l’intérêt qu’il
y aurait par ailleurs à les abaisser, sont établis en fonction de la situation
budgétaire des services de télécommunication. On ne peut demander que ces
services subventionnentun groupe d’usagers, m ê m e très important, aux dépens
des autres; et la presse mondiale, qui, dans sa grande majorité, est à juste
titre hostile à toute forme de subventi , ne desire pas bénéficier d’une assis-
tance spéciale de cette nature.
L a question de savoir si une réduction générale des tarifs de presse serait
possible est étroitement liée à une autre, celle de savoir si cette réduction
entrainerait une augmentation assez forte du trafic des télégrammes de presse
pour que le service à tarif réduit soit rentable.
L’expérience du Commonwealth britannique, où les dépêches de presse
sont taxées un penny par mot 1’ est intéressante à cet égard,m ê m e si elle n’est
pas absolument concluante. Ce taux uniforme est appliqué entre tous les
territoires du Commonwealth britannique, quelle que soit la nationalité du
correspondant qui expédie le télégramme, quel gue soit le propriétaire du
journal qui en est l’ultime destinataire.
Ce tarif, qui est entré en vigueur le ler octobre 1941, était en grande partie
destiné à intensifier au maximum, pendant la guerre, l’échange de nouvelles
entre les pays du Commonwealth. Il a cependant continué d’être appliqué apr&s
1945 (bien qu’ilsoit actuellement menacé); auparavant,une série de réductions
avaient déjà abouti en avril 1939 à l’établissement pour le Commonwealth
d’un taux uniforme de 2 1/4pence par mot. A cette époque, les informations
transmises par la société Cable and Wireless Ltd. (fondée en 1929 pour opérer
la fusion du réseau de câbles privé et du service de radiocommunication entre
points fixes appartenant à l’administration postale britannique) à l’intérieur
du Commonwealth représentaientenviron 11 millions de mots par an.
Lors de la Conférence impériale de la presse organisée en juin 1939 par
L’Empire Press Union, sir Edward Wilshaw, président de la société Cable and
Wireless Ltd., déclara que le volume des dépêches de presse devrait augmenter
de 48 yo pour que le nouveau tarif de 2 114 pence par m o t fût rentable. I1
ajouta qu’en mai 1939, un mois après l’entrée en vigueur du nouveau tarif,
le trafic n’avait augmenté que de 7,64 yo par rapport B celui du mois de jan-
vier précédent qui représentait une valeur moyenne. Les détàils fournis par
sir Edward Wilshaw sur les frais d’exploitation constituent des exemples inté-
ressants, mais ne correspondent plus à la situation actuelle.
Selon sir Edward Wilshaw, les recettes d’exploitation totales de la sociét6
Cable and Wireless Ltd. se situaient, à ce stade de son développement,entre
4.500.000 et 5 millions de livres sterling par an, dont 135.000 livres sterling pour
le trafic de presse entre les pays du Commonwealth. I1 ajouta qu’à moins d’être

1. Un penny vaut 1,17 cent des lkats-Unis,soit 4francs français environ.


compensée par l’augmentation du volume des dépêches de presse, l’adoption
du taux de 2 1 /4pence réduirait de 40.000 livres sterling environ les sommes
encaissées chaque année par la Cable and Wireless Ltd. au titre des dépêches
de presse.
Sir Edward Wilshaw déclara qu’il était impossible, pour des raisons d’ordre
économique, d’opérer une nouvelle réduction et d’adopter le taux d’un penny
par mot, réclamé par l’Empire Press Union. Ce taux n’en fut pas moins mis en
application en 1941, en grande partie sur l’initiative de M. Brendan Bracken
(aujourd’huilord Bracken) qui était alors ministre de l’information.
Il est difficile de se faire une idée précise des conséquences de cet abaisse-
ment du tarif. I1 est généralement admis qu’il s’accompagna d’une augmenta-
tion considérable du volume des dépêches de presse transmises entre les
centres du Commonwealth; mais il se trouva coïncider avec un développement
des reportages de guerre qui se serait produit dans tous les cas. D’autre part,
ce tarif entra en vigueur au moment où l’agence Reuter se mit à faire plus
largement usage des faisceaux d’ondes dirigées pour ses émissions d’informa-
tion à destinations multiples, ce qui a détourné du réseau de la Cable and
Wireless Ltd. une bonne partie des dépêches de presse qui étaient précédem-
ment transmises par elle.
Malgré cela, en 1945, les dépêches de presse expédiées, rien que de Londres,
par la société Cable and Wireless Ltd.représentaient 2 millions de mots par
semaine. L a fin de la guerre allait naturellement entraîner un fléchissement :
le nombre de mots expédiés de Londres était de 30.101.266en 1946,26.035.076
en 19487, 30.885.432 en 1948 (augmentation due aux Jeux olympiques de
Londres et aux matches de cricket Angleterre-Australie en Angleterre),
26.182.407en 1949,23.976.223 en 1950.
En 1951, cependant,le volume des dépêches expédiées de Londres semblait
s’être stabilisé aux environs de 500.000 mots par semaine (soit 26 millions de
mots par an), et il s’est maintenu à ce niveau. L e volume des dépêches expédiées
au cours d’une m ê m e semaine est rarement supérieur à ce chiffre.
Si ce n’est que le quart du trafic m a x i m u m constaté pendant la guerre, cela
n’en représente pas moins une augmentation de 136 yopar rapport aux chiffres
cités en 1939 par sir Edward Wilshaw, qui déclarait alors que seule une aug-
mentation de 48 yo au-dessusdu niveau de 11 millions de mots par an pourrait
justifier le taux de 2 1/LE pence. Il est difficile de savoir dans quelle mesure cet
accroissement,non de 48 yomais de près de trois fois ce pourcentage, compense
la réduction au taux d’un penny et permet de l’appliquer dans des conditions
économiquement satisfaisantes. I1 existe, en fait, à cet égard des divergences
de vues considérables entre la société Cable and Wireless Ltd. et les entreprises
de presse qui utilisent ses services.
I1 semble toutefois certain que l’adoption d’un tarif plus faible a permis
d’intensifier considérablement la circulation des informations sur le vaste
territoire desservi par ce réseau.
Les effets de ce tari€ auraient d’ailleurs été plus nets encore sans les pertur-
bations atmosphériques répétées qui gênent les émissions radio de la Cable
and Wireless Ltd. à destination de l’Australie. Cette voie, dont le trafic normal
est en grande partie constitué par des dépêches de presse, est particulièrement
sujette à des perturbationsionosphériques qui provoquent des évanouissements
intenses et de longue durée. Au cours de l’automne 1950,en raison d’une recru-
descence d’activité des taches solaires,il s’écoula fréquemment de vingt-quatre
à trente heures entre le dépôt des dépêches de presse à Londres et leur réception
en Australie, alors que le délai moyen de transmission est de trente à cinquante
minutes. Des retards comparables, mais moins graves, ont été enregistrés
pendant l’hiver 1951-1952. On remédie maintenant B cette situation par
l’emploi de stations-relaisautomatiques situées à L a Barbade, à Colombo, à Nai-
robi et à Perth. L a construction d’autres relais, qui permettraient d’éliminer 63
entièrement les difficultés atmosphériqucs, a été ralentie par la pénurie
de certaines matières premières. Ces retards ont obligé la presse àtransmettre
une grande partie de ses dépêches au tarif c urgent >> au lieu du tarif ordinaire.
Si l’on tient compte de ces facteurs limitatifs,l’accroissement du trafic doit
dtre considéré c o m m e extrêmement significatif. D’autres faits tendent égale-
ment à montrer que le taux d’un penny par m o t a radicalement modifié la
transmission des,dépêches de presse à l’intérieur du Commonwealth.
Suivant les recommandations de la Conférence des télécommunications du ’
Commonwealth, les réseaux de câbles et de radiocommunications du C o m m o n -
wealth sont devenus propriété publique en 1945, chacun des gouvernements
du Commonwealth prenant en charge les services de son pays. Un Conseil des
télécommunications du Commonwealth (Commonwealth Telecommunications
Board) a été créé en vue de développer l’ensemble du réseau de télécommuni-
cations du Commonwealth et de l’Empire britannique.
C o m m e plusieurs autres pays du Commonwealth, le Canada est membre de
ce conseil; et cela confère un intérêt particulier à la déclaration que le ministre
canadien des transports,M.Lionel Chevrier, a faite lors de la Conférenceimpé-
riale de la presse tenue en 1950 à Québec, a u sujet des conséquences qu’avait
eues l’adoption du tarif d’un penny par mot. Cette déclaration confirme
entièrement l’impression qui se dégage des statistiques relatives a u volume des
télégrammes de presse expédiés de Londres, et donne à penser que le tarif
réduit aurait eu des effets encore plus nets si les facteurs limitatifs déjà men-
tionnés n’étaient pas intervenus.
La comparaison du trafic de 1938 avec celui de 1949,a déclaré M.Chevrier,
montre de manière concluante que l’abaissement des tarifs appliqués à la
presse a donné une vive impulsion à la diffusion des informations à travers le
Commonwealth. L e volume des dépêches de presse expédiées du Canada àtous
les pays du Commonwealth a été, en 1949, supérieur de 735 %B celui de 1938,
tandis que le volume des dépêches reçues par le Canada de tous le
Commonwealth a augmenté de 250 y’ pendant la m ê m e période. N
Devant des chiffres aussi frappants, on ne peut guère douter qu
possible de réduire les tarifs de presse dans le m o n d e entier, cela augmenterait
sensiblement les échanges d’informations entre les différents pays et permettrait
aux journaux de donner à leurs lecteurs des informations internationales plu
abondantes et plus détaillées,c o m m e la plupart des rédacteurs en chef estiment
qu’il faudrait le faire.
Bien que le volume des dépêches expédiées o u reçues par le Canada ait forte-
ugmenté à la suite de l’application du taux d’un penny par mot, M.Che-
soutenu qu’à ce tarif,la transmission n’est << absolument pas rentable>>.
Cette opinion est partagée par la plupart des chefs responsables des services
de télécommunication du Commonwealth, et une vive pression s’exerce B
l’heure actuelle en faveur d’un relèvement du tarif, peut-être au taux de
1 112 penny par mot.
U n e étude détaillée de la façon dont on calcule le coût des dépêches de presse
jetterait un peu plus de lumière sur cette question. Elle serait d’ungrand intérêt
non seulement pour le maintien du tarif de presse du Commonwealth, mais aussi
pour une revision éventuelle des tarifs de presse dans le monde entier.
Il est évident qu’une réduction des tarifs de presse ne se justifie, du point de
vue économique, que si la diminution des recettes par m o t est compensée par
une augmentation considérable du volume du trafic. Mais quel est donc le
pourcentage nécessaire, puisque, selon certains, le taux d’un penny, malgré
l‘immense accroissement du trafic qu’ila provoqué, reste con traire aux prin-
cipes d’une saine économic?
D e nombreux spécialistes de la presse, qui estiment qu’une réduction des
tarifs serait codorme à l’intérêt public sans empêcher l’exploitation d’être
64 rentable, soutiennent que dans le calcul des tarifs actuels on fait souvent la
part trop belle à l’amortissement des capitaux investis autrefois dans l’installa-
tion des câbles. Ils disent aussi qu’une grande partie des dépêches de presse
peut être transmise à meilleur compte par radio et qu’il convientpar conséquent
de fixer le tarif sur cette base.
Répondant à M. Chevrier, lors de la conférence dont il a déjà été question,
le rédacteur e n chef de Reuter, M. Walton Cole, a contesté que le taux d’un
penny par m o t appliqué dans le Commonwealth fût contraire aux principes
d’une saine économie. A son avis, il faut tenir compte des progrès techniques
réalisés en matière d’exploitation et d’équipement. << Si le tarif de presse ne paie
pas, a ajouté M.Cole,c’est à cause de la façon dont il est actuellementappliqué...
Lorsqu’on soutient que le tarif de presse ne paie pas, on se fonde sur le montant
considérable des investissements. B
Pour prouver qu’en de nombreux cas les tarifs de presse sont calculés sur
une base qui perdrait toute validité si l’on employait des méthodes modernes,
M. Cole a signalé que l’agence Reuter exploite entre New York et Londres une
liaison par radio dont les frais sont bien inférieurs a u tarif de 4 112 cents par
mot, appliqué sur les voies commerciales. M. Cole a également soutenu que si la
Commonwealth Press Union était autorisée à organiser elle-même un service
de télécommunication pour la transmission des dépêches de presse dans le
Commonwealth, elle pourrait, a u prix d’un effort de coordination, non seule-
ment maintenir le tarif actuel, mais encore parvenir à une réduction.
Convaincus, eux aussi, que le développement du trafic de presse était
entravé par l’importance des sommes que les services de télécommunication
avaient investies dans les câbles sous-marinset dans les lignes terrestres, un
certain nombre de journaux des atats-Unis prirent, en 1929, l’initiative de
fonder la société Press Wireless Inc.
En 1936, cette société, qui exploitait un réseau de télécommunications
exclusivement destiné aux besoins de la presse, possédait six voies radio-
télégraphiques internationales en pleine activité. En 1950, elle en avait dix-sept
et son réseau continue de se développer. Elle assure non seulement des liaisons
entre points fixes, mais aussi un vaste service d’émissions par ondes dirigées
à destinations multiples, selon un procédé qu’elle a contribué à mettre au point
avec l’agence Reuter et l’administration postale britannique. Ce réseau a été
considérablement élargi depuis la guerre.
L’histoire de la société Press Wireless montre assez clairement que, s’il est
acheminé par radio, le trafic de presse peut être pleinement rentable, m ê m e
lorsqu’il est séparé du trafic commercial plus rémunérateur. Mais il ne faudrait
pas forcer les leçons de cette expérience. Dans tout le domaine des télécommu-
nications internationales, les transmissions sans fil sont sans aucun doute
appelées à jouer dans l’avenir un rôle de plus en plus important. Mais il serait
peu judicieux de prétendre abaisser le prix des communications de presse en
faisant porter tous les efforts sur la radio.
D’abord, on ne saurait refuser de prendre en considérationles fortes s o m m e s
investies autrefois dans les réseaux de communications par fil; aucune industrie
ne peut rompre entièrement avec son passé. En second lieu, le développement
des services radio-électriquesdestinés à la presse OU à d’autres usages dépend
de plus en plus de l’espace disponible dans le spectre des fréquences. L e spectre
est déjà encombré et le problème de la répartition des fréquences entre ayants
droit nationaux et internationaux revêt une complexité croissante.
Qu’il s’agisse de la transmission internationale des nouvelles B des milliers
de kilomètres de distance o u de l’émission de signaux de navigation destinés
à des navires peu éloignés des côtes, chaque utilisation des ondes hertziennes
exige l’assignation d’une bande dans le spectre des fréquences. Bien que toutes
les parties de ce spectre ne soient pas d’une égale utilité et qu’elles ne soient pas
également recherchées, chacune d’elles fait l’objet de demandes assez n o m -
breuses pour créer des problèmes de répartition et d’attribution. 65
5
D e plus, les ondes à haute fréquence (de 4 à 27,5 mégacycles) qui servent
aux télécommunications à moyenne et 2 longue distance sont les plus recher-
chées, car elles sont également nécessaires pour la radiodiffusion à longue
distance et à destination des pays tropicaux.
Ce qui complique encore la question, c’est que les possibilités d’utilisation
du spectre des hautes fréquences doivent être mesurées d’après le nombre des
liaisons radio-électriques possibles, plutôt que d’après celui des fréquences
elles-mêmes,étant donné qu’il faut en généralplus d’une fréquence pour chaque
liaison. Ce fait est souligné dans une é officielleconsacrée aux problèmes
des télécommunications :le rapport ad u président T r u m a n en mars 1951
par le President’s Communication Policy Board.
L e nombre des voies qu’il est possible de découper dans le spectre des fré-
quences dépend de l’usage qu’on en veut faire (radiotélégraphie,radiotélépho-
nie, etc.), de la situation géographique des émetteurs et des récepteurs, de
l’heure, de la saison, de la phase du cycle des tachessolaires,du nombre de voies
exploitées et de nombreux autres facteurs.
Pour assurer un service ininterrompu de vingt-quatre heures par jour,
m m e l’exige la transmission internationale des informations, il peut être
cessaire, par exemple, d’employer cinq fréquences o u plus pour une seule
liaison dans une sede direction. M ê m e lorsque les conditions sont favorables,
aison de cet ordre exige, dans un seul sens, une moyenne trois
d’ondes à haute fréquence. C o m m e ces communications supposent
ent,en pratique,un double courant d’échanges, elles exigentl’établis-
ne liaison dans les deux sens, autrement &it l’attribution de six
fréquences (deux fois trois).
Compte tenu des autres facteurs techniques en raison desquels les fréquences
les plus recherchées sont celles qui se situent au-dessous de 8 mégacycles, le
nombre de liaisons à longue distance qu’il est possible de faire fonctionner
vingt-quatre heures est en grande partie déterminé par celui des bandes dispo-
nibles entre 6 et 8 mégacycles. L’importance des demandes relatives à cette
portion du spectre des fréquences ressort du fait que le nombre des usagers
inscrits sur la liste de Yu.I.T., pour les fréquences comprises entre 4 et 10 méga-
cycles, est passé de 1.698 en 1929 à 21.456 en 1949. L e nombre réel des bandes
séparées et distinctes dans une portion quelconque du spectre des fréquences
n’est pas fixe; en fait, il s’est beaucoup accru grâce a
matériel et des techniques,qui a permis d’employerdes v
sans que le service eût trop à en souffrir. I1 ne se
soit possible de pousser beaucoup plus loin les progrès déjà réalisés à cet égard.
Un meilleur aménagement du spectre permettrait probablement de tirer un
plus grand parti des fréquences disponibles;et ce problème faitl’objet des soins
constants du Comité international d’enregistrement des fréquences. I1 est
également incontestable que l’on pourrait, c o m m e l’a déclaré le President’s
Communication Policy Board, N mieux organiser l’utilisation en c o m m u n de
certaines fréquences, intensifier l’exploitation de chaque fréquence et écono-
miser davantage les kilocycles alloués à chaque usager,,. Mais quoi que l‘on
parvienne à faire dans cette direction, il n’en reste pas moins que N contraire-
ment à l’opinion du profane, le spectre actuellement utilisable n’offre pas un
nombre illimité de bandes >) (même source). En fait, le nombre des bandes est
si limité, et il est si difficile de concilier les demandes croissantes de la radio-
diffusion, de la té16vision, de 1,aviation et des services de télécommunication
que la répartition des bandes de fréquences dont sont convenus, en 1947, les
participants à la Conférenceinternationale d’Atlantic City est encore loin d’être
pleinement appliquée.
Quoi qu’en pense le grand public, il reste vrai que la terre et la mer sont
beaucoup moins encombrées que l’air. C7est là un fait capital qu’il ne faut
66 jamais perdre de vue lorsqu’on examine les problèmes de télécommunication.
M d m e si 1’011pouvait n e pas tenir compte de la situation économique de
l’industrie des télécommunications et des sommes considérables qu’eue a
investies dans les réseaux télégraphiques et dans les câbles internationaux,il
serait donc peu judicieux de rechercher dans le seul domaine des radiocommu-
nications une solution a u problème que pose la transmission à bon marché
des communications internationales de presse; et ce ne serait pas non plus
conforme aux progrès actuels de la technique.
En 1946 encore, les faits semblaientjustifier en grande partie l’opinion émise
par deux observateurs américains, Llewellyn White et Robert D. Leigh, dans
une brève mais remarquable étude intitulée Peoples Speaking to Peoples1 :
<t L e fait est que les câbles deviennent rapidement des vestiges d’un autre
âge... Ils mettent aujourd’hui obstacle au développement d’un service peu
coûteux et universel, obstacle qu’il conviendrait d’éliminer dans tout pro-
gramme rationnel d’après guerre. ) )
Les récents progrès techniques des câbles sous-marinset des lignes terrestres
ont restreint la validité de cette assertion, ainsi que nous le verrons dans un
chapitre ultérieur. En fait, il semble maintenant probable que beaucoup des
progrès les plus notables, dans le sens d’une transmission rapide et peu coûteuse
des nouvelles, se réaliseront dans le domaine des communications par fil.
Dans ces conditions,toute saine politique concernantl’avenir des communi- ~

cations de presse devrait reposer sur une étroite association a u sein de laquelle
les radiocommunications et les communications par fil joueraient un rôle
également capital.
C’est dans le cadre d’une telle association que nous devons nous demander
s’il est possible et souhaitable d’unifier le tarif de presse dans le m o n d e entier,
et essayer de remédier aux anomalies souvent étonnantes que présentent les
tarifs de presse actuellement appliqués par les réseaux mondiaux de télé-
communications.

VIII, les tarifs de transmission

\
I1 ressort clairement de ce qui précède, que les principaux moyens de télé-
communication utilisés pour recueillir et distribuer les nouvelles dans le monde
entier appartiennent à quatre grandes catégories.
En premier lieu, il y a les services ordinaires de câbles, de télégraphie et de
radio, qui transmettent des messages à tant par mot. A tous les échelons -
1. A Report on,International M a s s Communication from the Commission on Freedom
of the Press, University of Chicago Press, 1946. 67
agences mondiales d’information, agences nationales et journaux -la presse
est obligée d’avoir constamment recours à eux pour s’acquitter de ses devoirs
envers le public.
En deuxième lieu viennent les circuits internationaux en location entre
points fixes, qui, par fil o u par radio, assurent dans les deux sens l’achemine-
ment des dépêches. Ils présentent une importance particulière pour les agence6
mondiales d’information, mais ils sont également utilisés dans une certaine
mesure par les journaux. C’est surtout par leur intermédiaire que les agences
nationales et les journaux des pays relativement avancés reqoivent leurs infor-
mations des agences mondiales.
En troisième lieu vient le système des émissions de radio à destinations mul-
tiples. Ce système,qui permet de donner aux nouvelles une large diffusion, est
surtout employé par les agences mondiales d’information.Mais il n’est pas moins
important pour leurs clients -agences nationales ou journaux -
surtout
dans les régions peu développées où les télécommunications sont insuffisantes.
Enfin,il y a les réseaux intérieurs d’appareils téléscripteurs et autres. Ces
réseaux présentent une importance capitale pour les agences nationales d’infor-
mation, auxquelles ils permettent de centraliser les nouvelles intérieures et de
distribuer dans le pays les informations d’origine nationale et étrangère. I1 est
presque impossible à une agence nationale de fonctionner convenablement si
telle ne dispose pas d’un réseau de ce genre.
D a n s quelle mesure ces quatre systèmes, dans leur état actuel, donnent-ils
satisfaction à la presse? Nous allons les passer en revue dans l’ordre où ils
.figurent ci-dessus.
Ceux de la première catégorie (services ordinaires de câbles, de télégraphie
et de radio) doivent être jugés d’après trois critères.
Ils doivent d’abord être assez bon marché pour que tous les correspondants
puissent les utiliser régulièrement :non seulement ceux des puissantes agences
mondiales,mais aussi ceux des journaux;il arrive en effet que certains organes,
en dépit de l’influence considérable qu’ils exercent, n’aient qu’un tirage res-
treint et de faiblesressources financières.Les tarifs doivent permettre d’envoyer
non seulement de brefs télégrammes rapportant l’essentiel des événements
dramatiques ou sensationnels, mais aussi
documentation générale.
Ces tarifs devraient aussi être suffisamm
les échanges internationaux d’information :en fait, il est si coûteux d’expédier
des messages de presse à partir de certaines régions,.que celles-cisont plus ou
moins abandonnées par les journalistes, ou font l’objet de dépêches bien plus
rares et plus succinctes que si l’unique règle en la matière était la valeur intrin-
sèque des informations.
Enfin ces moyens doivent être rapides et sûrs, à l’ab
enlèvent parfois presque toute valeur aux télégrammes de presse : pour
tous les messages de presse en effet,il existe une heure limite, celle à laquelle
paraît le journal auquel ils sont adressés.
Aujourd’hui encore, beaucoup de services internationaux de télécommuni-
cations ne satisfont pas à toutes ces conditions; certains d’entre eux ne répon-
dent m ê m e à aucune d’entre elles.
-
Les tarifs appliqués aux télégrammes de presse par fil ou par radio -
varient énormément d’un pays à l’autrel. Ils semblent souvent n’avoir aucun
rapport, o u presque, avec le montant réel des frais d’exploitation, tout a u
moins avec les frais d’un service bien organisé. D e plus, leur disparité est
.souvent stupéfiante, m ê m e lorsqu’il s’agit de communications entre deux
bureaux donnés :il arrive en effet que sur une m ê m e ligne, il en coûte deux fois
plus pour envoyer des informations dans un sens que dans l’autre. On le voit
\

1. Voir le graphique cc Inégalité des tarifs de presse;,, entre p. 72 et 73.


d’après les tarifs (par mot), appliqués entre les quatre principaux centres
mondiaux d’information - Londres,N e w York, Paris et Moscou :

--- -
Londres N e w York, 2,04 cents1; N e w York Londres, 5,54 cents.
Londres Paris, 1,75 cent ; Paris-Londres,2,91 cents.
-
Londres Moscou, 3,50 cents; Moscou Londres, 8,75 cents.
Ce ne sont là que trois exemples frappants d’une discordance si fréquente
qu’on en est venu à la considérer c o m m e normale en matière de télécommu-
nications. I1 en est de m ê m e pour les échanges entre Londres et la Suisse :de - -
Londres en Suisse,le tarif est de 1,75 cent par mot; de Suisse à Londres, il est
de 4,37 cents par mot. En Europe encore, mais cette fois dans le Sud-Est,
l’envoi d’un message de presse de Grèce à Londres coûte 8,75 cents le mot, et
2,91 cents de Londres en Grèce.
I1estdifficilede donnerà de telles anomaliesune explicationsatisfaisante.fitant
donné que,dans les deux sens,les mêmes systèmes servent, par des opérations
identiques, à la transmission des messages,ou bien le tarif appliqué dans un sens
est trop faible par rapport aux frais d’exploitation, o u bien c’est l’autre qui est
trop élevé :ils ne sauraient être justifiés l’un et l’autre. Aux yeux des usagers,
l’existence de tels écarts ne peut qu’infirmer la validité du système de calcul des
prix de revient sur lequel reposent les tarifs internationaux de presse et autres.
I1 est essentiel, dans l’intérêt de la compréhension internationale, que les
événements survenant dans les régions qui sont, ou risquent de devenir, le
théâtre d’importantes trans€ormations d70rdrepolitique, social et économique,
soient relatés de façon détaillée et digne de foi. L e Moyen-Orient est une de ces
régions. O r les tarifs télégraphiques (ce terme désignant, selon l’usage courant
dans la presse, tous les messages internationaux envoyés par fil ou par radio)
appliqués aux dépêches à destination et en provenance des pays du Moyen-
Orient varient énormément d’un pays à l’autre et selon le sens dans lequel ces
dépêches sont transmises; de plus, ils sont souvent si élevés qu’ils interdisent
absolument tout service régulier et complet de documentation. La gravité de
cette situation est illustrée par le tableau ci-après. Nous avons choisi Londres
parce que cette d e est le centre de diffusion de la plupart des informations
transmises par les principales agences mondiales a u sujet du Moyen-Orient.
De plus, la presse britannique ‘portetraditionnellement un vif intérêt à tout
ce qui se passe dans cette partie du monde, si bien que le trafic direct entre le
Moyen-Orient et Londres est plus intense qu’entre cette région et tout autre
centre. Les tarifs indiqués sont ceux qui étaient en vigueur en août 1952. Dans
certains cas, des augmentations sont à prévoir dans un proche avenir.

Tarif (par mot) des messages de presse


Pays ordinaires urgents
De Londres Pour Londres De Londres Pour Londres
. cents cents cents cents
Iran . . . . . . 3,50 10,50 17,50 52,20
Syrie et Liban . . . 3,50 9,91 10,50 29,57
Turqnie. . . . . 3,50 9,77 7 19,54
Soudan. . . . . 4,37 6,27 12,83 18,96
Irak . . . . . 4,67 4,67 17,510 17,50
agypte . . . . . 2,91 3,79 9,33 11,52
Aden. . . . . . 1,17 1,60 7,OO 6,29
Chypre . . . . . 1,17 1,17 5,83 12,39
Israël . . . . . 1,17 1,17 7 8,75
Jordanie . . . . 1,17 1,17 5,83 7

1. TOUB les tarifs sont indiqués, dans ce chapitre, en cents des États-Unis.Un cent
vaut 3,50 francs français. 6~9
O n voit d’après ce tableau qu’il est infiniment plus cher, dans la plupart des
cas, d’envoyer les articles sur les événements du Moyen-Orient à Londres, d’où
l’on peut leur donner une très large diffusion dans le reste du monde, que
d’envoyer des nouvelles de Londres au Moyen-Orient; il est pourtant essentiel
d’assurer un échange d’informations entre le Moyen-Orient et les principaux
centres de diffusion.
Rien ne semble justifier cette discordance, m ê m e si, c o m m e nous l’avons
déjà dit, on en trouve ailleurs d’autres exemples. En Irak, où dans l’ensemble
les conditions de service sont analogues à celles que l’on trouve dans les pays
voisins, le tarif des messages de presse ordinaires et urgents est le m ê m e dans
les deux directions. O r en Iran, pays limitrophe de l’Irak, le tarif des télé-
grammes de presse à destination de I’étranger est trois fois plus élevé que celui
des télégrammes en provenance de l’étranger. E t pour aggraver encore cette
confusion, on paie 1’17 cent de moins par m o t pour envoyer des informations
en Iran qu’en Irak, et 5,83 cents deplus pour en envoyer d’Iran que d’Irak.
L e tarif iranien est en fait deux fois plus élevé que le tarif irakien.
Si c’était la seule anomalie, ce serait déjà assez grave. Mais notre tableau
indique en outre que, pour envoyer d essages à partir de l’un des quatre
pays du Moyen-Orient qui figurent e de la liste (Iran, Liban, Syrie et
Turquie) il faut payer huit à neuf fois plus qu’à partir d’un bureau situé dans
un des autres pays, pourtant voisins,qui figurent dans le reste du tableau.
Un tel défaut d’unité produit inévitablement un déséquilibre dans I’appro-
visionnement de la presse en nouvelles mondiales, particulièrement en ce qui
concerne les articles de documentation générale. En outre, en imposant un
tarif aussi élevé pour les messages de presse provenant, par exemple, de l’Iran?
on interdit pratiquement à la plupart des journaux de s’informer directement
de ce qui se passe dans ce pays. Ce n’est pas l’effet du hasard si en 1950,année
normale, il n’y avait en Iran, au total, que cinq correspondants permanents de
la presse étrangère, dont deux seulement représentaient des journau x parti- .
culiers :le DuiZy Express et le Daily Telegraph’,de Londres. E t pourtant, si
l’actualité iranienne n’était pas encore assez dramatique pour faire l’objet de
gros titres en première page, il n’en était pas moins important - l’avenir
devait le prouver - que le monde fût régulièrement informé de 1’évolution
de l’opinion dans ce pays.
le Moyen-Orient,ils sont cepen-
pays, ainsi que le montrent les

Pays ordinaires urgents


De Londres Pour Londres De Londres Pour Londres

CongoBeIge. . . . 4,96 14,58 - 44,19


Afghanistan. . . . 534 21,29 16,33 42,70
Brésil. . . . . . ,7 15,02 21 64,17
Pérou . . . . . 7 14 22,17 63,73

En général, les tarifs appliqués aux messages de presse expédiés d’Amérique


Centrale et d’Amérique du Sud à destination de Londres sont si élevés qu’ils
opposent un obstacle majeur au travail d’information. Cette difficulté est
toutefois compensée dans une certaine mesure par le fait qu’en général ces
tarifs sont assez modérés pour les messages à destination de N e w York, qui
70 est l’autre grand centre mondial de distribution de l’information. L e tarif entre
le Pérou et N e w York, par exemple, est inférieur a u quart du tarif entre le
Pérou et Londres; des différences de cet ordre sont loin d’être rares.
Les tarifs d’expédition des messages de presse sont souvent sans rapport
avec les distances :c’est ainsi que les messages de presse ordinaires entre le
Venezuela et Londres sont taxés 27’27 cents le mot, alors qu’en Guyane
britannique, dont le territoire est voisin, la taxe n’est que de 1,17 cent. S’il
suffit de franchir une frontière et de faire quelques kilomètres pour payer
vingt-quatrefois moins, il est difficile de trouver quelque logique dans l’étahlis-
sement des tarifs internationaux de télécommunication. La question dont il
s’agit, celle de l’échange internationaldes informations, est pourtant d’impor-
tance capitale pour le public.
L’existence de tarifs spéciaux pour les messages de presse échangés entre
certains pays particuliers - par exemple le tarif fixe de 1 penny en vigueur
dans le Commonwealth britannique et les tarifs préférentiels appliqués entre
les territoires français - ne fait que )souligner l’illogisme et le désordre qui
semblent présider a u calcul de nombreuses taxes de communication.
L e premier des deux tableaux ci-dessous indique les tarifs appliqués aux
télégrammes de presse expédiés de divers points du Commonwealth britannique
à Londres et à Paris, soit à des distances presque identiques. L e deuxième met
e n regard, de façon analogue, les tarifs en vigueur dans certains centres de la
France d’outre-merpour les messages à destination des deux m ê m e s capitales.

Tarif (par mot) des messages de presse


Origine
Pour Londres Pour Paris
cents cents
Singapour . . . . . . . . 1,14 €9,14
Johannesburg . . . . . . . 1,14 , 13,14
Montréal . . . . . . . . 1,14 9,14
Somalie britannique. . . . . . . 1,14 4,86
Antilles (Sainte-Lucie). . . . . . 1,14 4,a6

Tarif (par mot) des messages de presse


Origine Pour Londres Pour Paris Pour Londres
via Paris
cents cents cents
Tunis. . . . . . 4,67 0,12 3,03
Alger . . . . . 4,67 0,12 3,03
Dakar . . . . . 15,17 4,97 7,87
Rabat . . . . . a,i7 3,21 6,12
Saigon . . . . . 9,05 3,79 6,71

En outre, l’ensemble des tarifs internationaux de presse, tel qu’il s’est établi
progressivement,est si incohérentque les frais d’envoi d’un message entre deux
d e s données peuvent être très différents selon l’itinéraire emprunté. C’est c-
ainsi qu’au Japon, point de départ*de toutes les dépêches envoyées par les
correspondants de guerre auprès des forces des Nations Unies en Corée (ces
dépêches sont relayées de Corée au Japon par les soins des autorités militaires),
le tarif des messages de presse ordinaires à destination de Londres est de
15,47 cents le mot; celui des messages urgents est de 56,29 cents le mot. A
destination de N e w York, la taxe est de 10,50 cents pour les messages de presse
ordinaires, soit 5’25 cents de moins par mot, et 16,041 cents pour les messages
urgents, soit $0’25 cents de moins par mot. Mais, si les télégrammes envoyés
du Japon à Londres sont acheminés par Hong-kong, les messages ordinaires 71
ne coûtent que 7’58 cents par mot, soit 7’87 cents de moins par m o t que si
l’on emploie la voie directe, et 2’91 cents de moins par mot qucles messages
à destination de New York. Quant au tarif urgent, il est de 26’62 cents
-
par mot, soit 29’75 cents de moins que par voie directe, tout en restant
supérieur de 10,50 cents par m o t au tarif Japon N e w York.
Ces exemples montrent bien l’incohérence qui règne dans les tarifs des télé-
communications de presse et le complet illogisme qui ressort de toute compa-
raison entre eux, et on pourrait les multiplier à l’infini. Cet ensemble de tarifs
s’est constitué au cours des années par juxtaposition d’un grand nombre de
tarifs locaux et indépendants, dont chacun était peut-être justifié pour une
région donnée et à un stade donné du progrès technique, mais le résultat final
n’est pas seulement dénué de toute logique interne :ïl paraît en outre ne pré-
senter que de lointains rapports avec les réalités actuelles techniques et autres.
Certains pays européens restent fidèles à des accords qui remontent a u temps
de l’Union télégraphique internationale et qui réglementent le partage des
taxes terminales et de transit frappant les messages internationaux ainsi que
le montant m a x i m u m des taxes terminales applicables à ces messages. Cepen-
dant, m ê m e dans ces pays, la pratique actuelle témoigne de graves discor-
dances. De plus, on applique pour les dépêches envoyées directement par
radio - c’est-à-direen évitant toute opération de transit - les mêmes tarifs
que pour les communications par fil, pour lesquelles il faut parfois recourir à
un grand nombre d’intermédiaires et verser à chacun un certain pourcentage
de la taxe totale.
On reconnaît généralement qu’il est souhaitable de normaliser les tarifs des
transmissions par fil et par radio. Dans un réseau international complètement
unifié, ces deux moyens de télécommunication doivent être interchangeables.
C’est seulement ainsi que l’on peut tirer pleinement parti de l’un et de l’autre.
Bien que les installations radiophoniques coûtent beaucoup moins cher que
l’établissement de lignes, le développement de la radio est limité par le petit
nombre des fréquences disponibles et par les perturbations atmosphériques
qui rendent parfois la réception impossible. D’’autrepart, les perfectionnements
récemment apportés aux lignes, en particulier l’emploi plus fréquent des câbles
coaxiaux et des relais sous-marins,font prévoir une énorme extension du
réseau de lignes disponibles dans le monde. C’est uniquement lorsque les lignes
et les circuits radiophoniques se combinent et s’intègrent en un bon service
de télécommunication que les messages peuvent, en cas de besoin, être déroutés
d’un système sur l’autre, de façon à réduire la surcharge, et emprunter les voies
qui restent disponibles quand d’autres sont dérangées.
L a solution qui consisterait, pour résoudre le problème des tarifs élevés, à
transmettre tous les messages de presse par le moyen le moins coûteux, c’est-à-
dire par radio, ne tient compte ni de l’état actuel du réseau mondial des télé-
communications,ni des exigences de l’avenir; mais la coordination indispen-
sable des deux moyens de transmission suppose évidemment l’unification des
tarifs appliqués par l’un et l’autre,.puisqu’il risque d’être souvent nécessaire,
pour le bon fonctionnement du sermce, de les substituer l’un à l’autre.
Jusqu’à présent toutefois, il y a lieu de se demander si cette coordination
entre les câbles et la radio n’a pas entraîné l’alignement de tous les tarifs sur
ceux du moyen de communication le plus coíìtcux,et dans certains cas le moins
satisfaisant. L e câble est souvent, à l’heure actuelle, le moyen le plus cher de
transmettre à grande distance les messages de presse internationaux. Mais il
n’en sera peut-être pas toujours ainsi. Les améliorations que l’onapporte à la
technique des câbles finiront peut-être par en rendre l’emploi moins coûteux
que celui de la radio. Ce qui est discutable, c’est la mesure dans laquelle ces
progrès pourront, vu la structure actuelle des tarifs, contribuer à abaisser le
prix des communications internationales.L’adoption des transmissions radio-
phoniques, bien moins coûteuses que les anciens câbles, ne semble pas avoir
GRAPHIQUE 5
DISPARITIES IN PRESS RATES.. . INCGALITE DES TARIFS DE PRESSE...
/--
--
1
.

On identical two-way routes , ”


Dans les deux directions

,erword
parmof
toujours fait baisser le coût des services de télécommunication autant qu’elle
aurait dû. L’expérience de la sociétb Press Wireless Ltd. paraît montrer que
toute reduction de tarif se heurte à la vive résistance de certains des intéressés,
dont l’attitude en face du problème reste, c o m m e au temps des anciens réseaux
de câbles, dominée par des considérations de prix de revient.
L a Press Wireless Ltd. fut créée sur l’initiative d’un certain nombre de
journaux américains qui, mécontents des services et des tarifs de nombreuses
compagnies commerciales de transmission, décidèrent de résoudre le problème
en mettant sur pied des agences à eux. Mais, vu la nécessité de ménager les
fréquences disponibles dans le domaine des ondes courtes, la Federal Radio
Commission - qui précéda la Federal Communications Commission - exigea
la fusion des diverses agences en une seule.
Dans leur rapport intitulé Peoples Speaking to Peoples, Llewellyn White
et Robert D.Leigh déclarent :<< L’apparition de cette nouvelle agence eut sur
les tarifs appliqués aux messages de presse une influence presque immédiate :
en très peu de temps, les tarifs diminuèrent de 50 à 80 y-,; et les anciennes
agences durent améliorer la qualité de leurs services pour ne pas se laisser dis-
tancer, à cet égard aussi, par leurs concurrents. >>
D’une part, le taux élevé des tarifs en vigueur dans de nombreux pays dont
les événements et les mouvements d’opinion mériteraient de retenir davantage
l’attention de la presse si l’on veut améliorer la compréhension internationale,
et, d’autre part, les anomalies étonnantes que présentent les tarifs internatio-
naux, portent gravement atteinte à des intérêts publics que la presse et les
télécommunications devraient s’efforcer de servir.
Avant de rechercher jusqu’à quel point il est possible de remédier à cette
situation, nous allons examiner dans quelle mesure des obstacles analogues
compromettent, à d’autres égards, le bon fonctionnement d’un réseau de
télécommunications de presse. I1 est évident, en effet, qu’aucun élément du
système mondial de télécommunications ne peut être étudié isolément et
qu’aucune réforme ne saurait être efficace si les exigences et les possibilités
de chacun de ces déments ne sont pas parfaitement connues.

IX. les lignes en location

L e coût élevé de la transmission des messages par les voies commerciales ordi-
naires est de nature à compromettre - et compromet en fait -l’équilibre
qui devrait régner dans l’échange des nouvelles entre les divers pays du
monde.
Ainsi qu’il ressort des commentaires déjà cités, émanant de rédacteurs en 73
chef de divers pays, du fait de ces taux élevés, de nombreux journaux sont
dans l’impossibilité d’entretenir eux-mêmes des correspondants permanents
dans les centres d’information importants;ils ne peuvent non plus envoyer des
correspondants spéciaux, aussi souvent qu’ils le souhaiteraient et que l’intérêt
du public l’exigerait, suivre sur place des événements d’actualité particulikre-
ment intéressants.
Les grandes agences, m ê m e les plus riches et les mieux soutenues par leurs
abonnés et leurs affiliés de la presse, subissent aussi partiellement le contre-
coup de ces tarifs. Toutes les agences d’information doivent travailler avec un
budget déterminé. E t il est presque impossible, quand il s’agit d’un service
d’informations couvrant le monde entier, que ce budget ne se trouve pas de
temps à autre dangereusement menacé :l’importance prise soudain en un point
du monde par tel ou tel événement peut suffire à déséquilibrer le budget le plus
soigneusement élaboré et à produire des déficits que comblera seule ensuite
une politique d’effacement. Dans ces conditions, la mesure la plus simple et
la plus efficace consiste à réduire les reportages au départ des régions où les
tarifs télégraphiques sont particulièrement élevés; on est alors généralement
tenté de faire porter les économies sur les messages qui, tout en traitant de
questions générales très importantes, sont d’un intérêt secondaire du point
de vue de l’actualité, et on leur préfère de courtes dépêches donnant des nou-
velles avérées. Lorsque les tarifs sont véritablement prohibitifs, c o m m e il
arrive souvent selon les commentaires déjà cités,cette tentation devient presque
irrésistible. L e coût des messages sera également pris en considération par les
correspondants eux-mêmes. Chacun d’eux sait fort bien qu’il ne doit pas, sans
raison valable, dépasser le budget qui lui a été affecté. Mais il sait aussi qu’il
doit rendre compte à tout prix des événements importants et sûrs. Quand les
tarifs sont élevés, les correspondants sont donc constamment tentés de ne pas
utiliser- simplement parce que cela coûterait trop cher - la documentation
qui viendrait enrichir et éclairer les informations. Dans certains cas, il serait
souhaitable, pour améliorer la compréhension internationale, de citer les
commentaires des journaux locaux, de rapporter des avis autorisés exprimés
au cours d’interviews, o u de situer convenablement les faits dans leur contexte
politique, économique et social. Un bon correspondant le sait. Mais, si chaque
m o t qu’iltransmet doit revenir à près de cinquante francs françaisou à 15 cents,
il n’ose entamer pareillement son budget. I1 n’ignore pas, au reste, que si une
documentation générale de ce genre peut à longue échéance prendre une impor-
tance considérable, il est peu probable que sur le moment on en sentele besoin,
alors que tout retard apporté à l’envoi des nouvelles m ê m e s serait fâcheux.
Ainsi le taux élevé des tarifs télégraphiques tend à forcer les journaux %
présenter au lecteur moyen une image du monde plus o u moins déformée. D’une
part, en effet, de nombreux journaux ne pourront entretenir à l’étranger assez
de correspondants pour faire bénéficier leurs lecteurs d’un ‘service d’informa-
tions assuré exclusivement par leurs soins; d’autre part, les agences d’informa-
tion (même les plus puissantes) et leurs correspondants seront presque néces-
sairement amenés à faire porter leur effort sur la transmission des grandes
nouvelles mondiales à sensation, au lieu de rapporter des faits ou des états
d‘esprit qui ont, sur le moment, un intérêt secondaire,mais peuvent présenter
une importance essentielle pour l’intelligence des événements.
L a disproportion entre les tarifs télégraphiques appliqués dans les différents
pays influe donc presque inévitablement sur l’information mondiale considérée
dans son ensemble.
Pour que les échanges d’informations se développent à plein sur le plan
international,il faut non seulement que toutes les sources deviennent facile-
ment accessibles,mais aussi que disparaissent dans toute la mesure du possible
les obstacles qui empêchent une redistribution rapide, efficace et économique
74 des informations d’un pays à l’autre.
Dans les pays très développés et fortement peuplés, où la presse repose sur
des bases solides,l’expérience montre que le meilleur moyen d’y parvenir est
la constitution d’un réseau international de téléscripteurs composé soit d’un
ensemble de lignes, soit d’une combinaison de lignes et de liaisons par radio
entre points fixes.
L’efficacité’du système tient à ce qu’il permet des contacts directs entre
l’organisme distributeur et le destinataire et que, la transmission pouvant
s’effectuer dans les deux sens, l’un et l’autre sont en mesure d’envoyer et de
recevoir des informations, ce qui permet de véritables échanges.
Un service d’émissions d’information à destinations multiples, assuré par
un large faisceau, est nécessairement le m ê m e pour tous les destinataires.
Les services transmis sur des lignes directes de téléscripteurs peuvent, au
contraire, être adaptés aux besoins exprimés par les différents journaux. Les
abonnés qui reçoivent ces services peuvent eux-mêmesc répliquer ?> à l’agence
d’information, Chaque directeur de journal peut ainsi demander un complé-
ment d’information sur tel ou tel point. I1 arrive, en effet, que, pour servir
les intérêts de ses lecteurs, un directeur ait besoin, touchant certain point
particulier, d’indications plus détaillées que celles du service général de l’agence;
il peut, par exemple, souhaiter avoir un compte rendu complet -et non pas
un simple résumé - de tel ou tel discours d’un h o m m e #Etat.
Pour le demander, il peut se servir des lignes m ê m e s sur lesquelles il reçoit
les nouvelles et avoir ainsi en quelques minutes ce cp’il lui faut.
L e réseau international de téléscripteurs reliant directement au siège de la
grande agence o u à son organisme régional de distribution ses divers abonnés
- journaux et agences nationales - constitue un des moyens pratiques les
plus efficaces de parer au danger des informations produites en grande série,
danger que beaucoup jugent inséparable de la concentration des services
mondiaux d’information en peu de mains.
Ce système permet aux agences de presse nationales et aux directeurs de
journaux d’assurer un plus juste équilibre dans la présentation des nouvelles
mondiales; il donne en m ê m e temps aux grandes agences la facilité de puiser
à de nombreuses sources nationales différentes pour composer leurs services
de nouvelles.
C’est ce qui explique le rapide développement en Europe de ces sortes de
réseaux parmi les agences d’information, depuis la guerre; l’exemple avait été
donné par les agences américaines, qui utilisaient de longue date des réseaux
transcontinentaux; le système est maintenant couramment employé par
toutes. La location des lignes nécessaires à la constitution d’un vaste réseau
européen est très coûteuse. Elle oblige parfois l’agence intéressée à augmenter
de 140.000 dollars par an le budget qui lui suffirait pour desservir une région
de m ê m e étendue avec des émissions à destinations multiples. Mais,aux yeux
des agences et de leurs abonnés, la supériorité des services qui peuvent être
ainsi assurés justifie amplement ces frais supplémentaires.Les réseaux de télés-
cripteurs en location se sont développés beaucoup plus tard en Europe qu’aux
Etats-Unis,au Canada et m ê m e dans l’Inde où, malgré le moindre développe-
ment de la presse, existait dès 1940 un réseau de téléscripteurs utilisé par
Reuter, qui fut ensuite repris par le Press Trust of India et s’étend maintenant
sur près de 40.000 kilomètres. Ce retard de l’Europe n’a pas été dû à l’insuffi-
sance des moyens matériels, mais aux difficultés soulevées par les questions
de frontières nationales, par les connexions à établir entre les différents réseaux
et par les accords tarifaires.
Certaines de ces difficultés subsistent aujourd’hui encore; elles empêchent
que se généralise davantage, sur le continent européen,l‘emploi des réseaux de
téléscripteursen location,et elles pourront, si elles ne sont pas résolues,retarder
l’extension du système à d’autres régions.
Exception faite de l’Espagne, du Portugal,de la Yougoslavie et de la Grèce, 75
où l’on trouve une situation particulière, du fait de l‘insuffisance des lignes
existantes, de la distance au reste du réseau européen, et des dépenses qu’il
faudrait faire pour les y relier, les pays d’Europe occidentale disposent de
moyens matériels suffisants pour que les réseaux internationaux de téléscrip-
teurs puissent s’étendre encore et que la presse puisse faire usage de lignes en
location à des fins de plus en plus variées.
Mais cette nouvelle extension qui,en matière d’informationsinternationales,
offrirait de si nombreux avantages,se trouve entravée par un certain nombre
d’anomalies qui appelleraient tout particulièrement les soins des administra-
tions de télécommunication.
U n e de ces anomalies réside dans les taxes que perçoivent les administra-
tions pour la location de leurs lignes; entre ces taxes il y a des différences
comparables - encore qu’inférieures - à celles que l’on constate dans les
tarifs appliqués aux télégrammes de presse.
L’importance de ces différences a retenu l’attention de la Conférence tech-
nique européenne des agences d’information lors de la réunion qu’elle a tenue
en 1952 et à laquelle ont participé les agences de quinze pays d’Europe, à
savoir : A.F.P., France; A.N.I., Portugal; A.N.P., Pays-Bas; A.N.S.A., Italie;
A.P.A., Autriche; A.T.s., Suisse; Belga, Belgique; D.P.A., République fédérale
d’Allemagne; I.N.A., Eire; N.T.B., Norvège; Reuter, Royaume-Uni; Ritzaus,
Danemark; F.N.B., Finlande; Tanjug, Yougoslavie; T.T., Suède.
Les délégués avaient devant eux un document établi par Cecil Fleetwood-
May, directeur général de Reuter en Europe, où celui-ciinsistait sur l’urgence
d’une démarche c o m m u n e auprès du Comité consultatif international télé-
graphique de h.I.T., relativement au danger de laisser les administrations
télégraphiques profiter du monopole dont elles jouissent pour appliquer des
tarifs élevés aux agences qui leur louent des lignes. Presque toctes les agences
représentées à la conférence - tout en reconnaissant que les différences entre
les taxes fixées par les diverses administrationspour la location de leurs lignes
s’expliquent parfois partiellement par la nature m ê m e de ces lignes, par le
caractère des régions qu’elles traversent,par le prix de la vie ou par les facteurs
qui dans chaque pays influent sur l’ensemble des prix - exprimèrent l’opinion
que ces taxes étaient le plus souvent fixées de façon purement arbitraire. L a
conférence n o m m a donc pour étudier de plus près la question un comité
cil Fleetwood-May,de Reuter, de M.Siegfried Frey,directeur
ce télégraphique suisse (A.T.s.), de M. Maurice Nègre,
directeur général de l’agence France-Presse (A.F.P.), du comte Riccardi,
vice-président de YAgenaia Nazionale Stampa Associata (A.N.S.A.), et du
colonel Olof Sundell, directeur général de Tidningarnas Telegrambyra (T.T.),
L’importance des écarts qui existent dans les taux de location ressort de
la liste ci-après,qui fut soumise àla conférence;elle montre, au moyen d’indices,
quelle est pour neuf pays européens la variation des taux les plus bas appli-
cables à la presse pour la location d’une ligne de téléscripteur Duplex de
300 kilomètres (l’indice 1 correspond au taux pratiqué par la Norvège, qui
applique le tarif le plus bas) : Norvège, 1;Danemark, 1,05; France, 1,23;
Suède, 1,25 ; Pays-Bas,1,50; Royaume-Uni, 1,52; Allemagne, 1,79;Belgique,
2,82; Suisse, 3,43.
L e taux élevé de la Suisse est du m ê m e ordre que celui qui est appliqué en
Ggypte, où l’indice est de 3,37. L’indice de l’Inde ne dépasse pas 1,35. En ce qui
concerne les Jhats-Unis, il est difficile de donner un chiffre qui ~- puisse être
comparé aux précédents, car, selon le système américain,les taux de location
ne sont pas lessmêmes aux différentesheures de la journée; mais,m ê m e pendant
les heures de pointe, les taux de location pratiqués aux $kats-Unis demeurent,
semble-t-il, inférieurs à ceux qu’appliquent la plupart des pays d’Europe.
Si les variations considérables qui apparaissent d’un pays à l’autre dans les
76 taux de location des lignes sont déjà difficiles àjustifier, les anomalies sont plus
frappantes encore en ce qui concerne les réseaux internationaux de télé-
scripteurs.
Elles résultent de ce qu’en Europe il y a discordance entre les tarifs nationaux
et les tarifs internationaux de location des lignes de téléscripteurs. C’est
maintenant par ces lignes que s’effectue normalement l’échange des informa-
’ tions en Europe occidentale. Mais, du fait que les tarifs télégraphiques inter-
nationaux sont établis sur la base d’un franc-or à la valeur purement fictive,
et pour d’autres raisons encore, il peut arriver - et il arrive en fait -qu’à
tel taux de location par kilomètre, appliqué 5 une ligne de téléscripteur entre
deux points situés à l’intérieur d’un m ê m e pays, se substitue,entre ces m ê m e s
points, un taux beaucoup plus élevé si, en reliant électriquement la ligne en
question à une autre ligne qui franchit la frontière, on lui donne le caractère
de << ligne internationale>>.
U n e agence peut, par exemple, louer a u taux intérieur une ligne de télé-
scripteur reliant Paris à Marseille. Mais si, pour répondre aux désirs des inté-
ressés, cette ligne est reliée à une autre ligne aboutissant à Madrid, elle devient
immédiatement c internationale>) et, conformément aux accords télégra-
phiques internationaux en vigueur, c’est le taux international qui lui, sera
appliqué d’un bout à l’autre depuis Paris. Inversement, une agence utilisant
de Paris à Madrid une ligne internationale passant par Marseille ne peut pas,
aux termes des règlements télégraphiques actuels, être autorisée à utiliser
cette ligne pour distribuer des copies de ses messages à un journal abonné de
Marseille, car ce serait faire servir une ligne internationale à des communica-
tions intérieures.
L a situation se trouve encore compliquéepar le fait que la valeur du franc-or
exprimée dans les monnaies nationales découle de décisions arbitraires et peut
m ê m e varier à l’intérieur d’un m ê m e pays ainsi que dans les divers secteurs
d’une m ê m e administration télégraphique. L’administration suédoise, à cet
égard, jouit sur le plan international d’une excellente réputation pour la
compréhension qu’elle apporte à l’examen des problèmes de la presse et des
tarifs qui lui sont appliqués; c’est l’une des administrations européennes qui
pratiquent les taux de location les plus bas pour les lignes intérieures de télé-
scripteurs. Néanmoins, sëlon l’agence nationale Tidningarnas Telegrambyra,
qui est reliée par téléscripteur à d’autres agences des pays scandinaves, les
tarifs appliqués en Suède B la location des lignes internationales sont parfois
calculés sur la base du franc-orà la parité de 1,50 couronne suédoise et parfois
calculés sur une valeur du franc-orde 1,69227couronne suédoise.
Dans toutes les administrations télégraphiques d’Europe, on constate des
anomalies aussi frappantes ou plus frappantes encore.
Pour supprimer l’anomalie que constitue l’application, à un m ê m e tronçon
de ligne, d’un taux découlant tantôt du tarif national et tantôt d u tarif inter-
national, le mieux serait, semble-t-il,que chaque administration fixe selon
une sage économie les taxes afférentes à l’usage des lignes comprises entre ses
frontières sans qu’il soit question de faire jouer le tarif international. Les taxes
afférentes aux transmissions internationalesseraient ainsi perçues par chacune
des administrations intéressées; ce système serait inapplicable aux communi-
cations par télégraphe ou téléphone ordinaires; mais rien, a priori, ne
s’oppose à ce qu’il soit adopté pour les lignes en location, dont le cas est tout à
fait différent. Sa mise en vigueur aboutirait à réduire considérablement le coût
des transmissions internationales. Et pour chaque administration cependant
le rendement de ces transmissions serait encore normal, attendu qu’elle per-
cevrait les mêmes sommes qu’elle juge satisfaisantes quand les lignes sont
louées pour des communications intérieures.
Ce système est, en fait, déjà utilisé par l’administration britannique. Pour
la location d’une ligne reliant le Royaume-Uniau Continent, elle applique son
tarif intérieur jusqu’au milieu de la Manche, l’administration de 1,autre pays 77
étant censée percevoir les taxes afférentes à son propre tronçon de ligne. Rien,
. semble-t-il,ne saurait s’opposer à l’adoption générale de cette méthode.
Bien que dans le domaine de la presse ce soient surtout les agences mondiales
qui se servent de lignes et circuits radio en location, elles ne sont pas seules à
en faire usage. Les services d’information radiophoniques sont, eux aussi,
obligés de louer de tels circuits pour rendre compte de certains événements
particuliers, et Ià encore toutes sortes d’anomalies peuvent être constatées.
L e rôle des services d’information radiophoniques ne consiste pas seulement
à radiodiffuser les bulletins d’information qui leur sont communiqués par les
agences ou télégraphiés par leurs correspondants,mais aussi à faire faire par
ces derniers de vivants reportages radiodiffusés concernant les événements
importants. Souvent d’ailleurs le prix de revient de ces reportages se trouve
artificiellement grossi du fait que le temps minimum pour lequel les circuits
sont loués est trop long et qu’il vient s’y ajouter un <<tempsd’essai D obliga-
toire, qui entre également en ligne de compte pour le paiement des taxes.
C’est ainsi que, pour la transmission par radio d’informations provenant
de Delhi,le calcul des taxes de location se fait sur la base d’un temps minimum
de quinze minutes, auquel vient s’ajouter un temps d’essai de vingt minutes.
I1 en résulte que, pour envoyer de Delhi e n Europe un court message parlé, il
faut compter 224 dollars, ce qui interdit pratiquement - sauf dans des
circonstances très spéciales - l’emploi de.la radio pour les
directs en provenance de l’Inde.
Pour les émissions d’information réalisées en Europe, le te
imposé est normalement de quinze minutes et est comp+s avec le temps de
transmission dans le calcul du prix à payer. Mais aux Etats-Unis un circuit
radio peut être loué pour dix minutes seulement, sans temps d’essai obliga-
toire. Si,cependant, pour une émission d’information par radio émanant des
fitats-Unis,les lignes téléphoniques intérieures doivent être employées pour
la liaison avec la station de radiodiffusion, le temps minimum de location est
fixé à une heure, les taxes à payer variant en fonction de la distance. Pour des
informations transmises en Europe de Washington ces taxes représentent
34 dollars par heure. Elles s’élèvent à 150 dollars par heure a u départ de
Chicago et à 400 dollars par heure au départ de San Francisco.
fitant donné que les transmissions par radio exigeant l’emploi de telles lignes
sont rarement appelées à durer plus de quinze minutes, il y a là un g
de temps et d’argent arbitrairement imposé.
C e système qui consiste à imposer un temps minimum de transmiss
un temps d’essai bien supérieur à ce qui serait nécessaire, n’a pas seulement
pour effet d’augmenter le prix de revient des reportages radiophoniques;
souvent il provoque un embouteillageinutile et parfaitement artificiel des voies
de télécommunication,d’où peuvent résulter de sérieux retards dans la trans-
mission des messages de presse normaux.
C’est ainsi que,pendant les Jeux olympiques d’Helsinki, en 1952, et pendant
la Conférence de ~’o.T.A.N. à Lisbonne, les dispositions en question se sont
traduites par une compétition considérablement plus vive autour des moyens
de télécommunication,et que, lors de la Conférence de Moscou, en 1946, elles
ont provoqué des retards sérieux dans l’envoi de la <<copien destinée aux
journaux, celle-ciétant obligée d’attendre parce que les voies de transmission
étaient monopolisées par les services d’information radiophoniques, qui avaient
dû les louer d’avance et pour beaucoup plus de temps qu’il n’en fallait effective-
ment.
Independamment des disparités et des anomalies qui se constatent dans la
structure des tarifs, d’importantes questions de principe restent 2 examiner.
Conformément aux règlements télégraphique et téléphonique actuels,
toute ligne louée par plusieurs usagers est soumise, en tant que << ligne com-
18 m u n e >> à un tarif nettement supérieur a u tarif ordinaire.
L e but de cette disposition est d’empêcher les organisations qui prennent
en location des lignes privées de réaliser des bénéfices en les sous-louant,et
de faire ainsi concurrence aux services télégraphiques réguliers. On a vu, en
effet, des maisons de courtage bénéficiant d’une ligne privée entre deux centres
commerciaux importants se livrer à l’exploitation commerciale de cette ligne
en y assurant un service pour d’autres maisons de courtage.
Les règles qui tendent à empêcher de telles pratiques sont parfaitement
justifiées. Mais, en les appliquant i la presse c o m m e le font actuellement de
nombreuses administrations, on fait tort au public international, qui aurait
tout à gagner à la multiplication d’accords d’échange entre les agences.
Selon les règlements actuels, une agence mondiale est parfaitement libre de
prendre en location au taux normal une ligne de téléscripteur qui lui permettra
de servir ses clients contre rémunération. Mais la situation change immédiate-
ment si, pour participer a u mouvement dont il a été déjà parlé, en vue
de la constitution de << coopératives d’information D travaillant sur le plan
régional ou international, cette agence mondiale vient à envisager de passer
avec différentes agences nationales un accord prévoyant, entre autres choses,
la location en c o m m u n d’un réseau de téléscripteurs qui pourra être utilis6
par tous les signataires de l’accord. Le problème se posera encore différemment
pour des agences nationales qui relèvent de pays voisins liés par la similitude
de leurs intérêts politiques et économiques :ces pays ayant intérêt à échanger
la plus grande quantité possible d’informations, les agences recourront volon-
tiers à des accords de travail en commun. Dans un cas c o m m e dans l’autre,
les lignes louées en c o m m u n pour servir un admirable dessein se verraient
appliquer un tarif très supérieur au tarif ordinaire, au point que l’entreprise
pourrait m ê m e se révéler financièrement impossible. On ne peut cependant pas
soutenir que les administrations télégraphiques auraient à supporter des
dépenses plus élevées que si les mêmes lignes étaient louées par un seul usager.
Ce n’est d’ailleurs pas là le seul exemple de règles qui, normalement destinées
à assurer dans certaines circonstances une protection légitime aux services
télégraphiques, peuvent, lorsqu’on les applique strictement à la presse, consti-
tuer parfois un sérieux obstacle à la pleine diffusion des grandes nouvelles
internationales.
I1 est, par exemple, très souhaitable que dans tous les pays les journaux
reçoivent des comptes rendus suffisamment détaillés des conférences interna-
tionales. Récemment cependant,lors de la Conférence de ~’o.T.A.N.à Lisbonne,
deux agences qui s’étaient entendues pour louer à tour de rôle une ligne en
location, de façon à pouvoir transmettre sur la conférence des informations
plus complètes qu’elles ne l’auraient fait autrement, se virent appliquer des
tarifs si élevés que l’entreprise leur apparut c o m m e exagérément dispendieuse :
un service d’information ainsi organisé faisait considérer la ligne utilisée c o m m e
appartenant à la catégorie des << lignes communes D.
L’application de ce principe ne fait pas seulement obstacle aux efforts que
déploient les agences d’information pour assurer au grand public le service de
reportage qui mériterait le plus d’encouragements;elle entrave aussi très sérieu-
sement le développement d’un système dont les journaux pourraient, en se
groupant, retirer de grands avantages.
Le coût élevé des télégrammes, qui empêche les journaux d’avoir leurs
propres correspondants,est 8 la source de difficultés que 1,011pourrait partielle-
ment résoudre si, dans chaque pays, en agissant par exemple par I’interm6-
diaire des organisations syndicales ou professionnelles, ces journaux passaient
entre eux des accords prévoyant la location, pour un certain nombre d’heures
chaque jour, d’un circuit que tous pourraient utiliser. Cette méthode convien-
drait notamment pour rendre compte des réunions importantes de l’O.N.U.,
ou d’autres organisations internationales. Mais elle ne pourra être effective-
ment appliquée que le jour où les lignes seront dans tous les cas louées à des 79
taux modérés, l’application de tels taux n’étant plus restreinte,c o m m e actuelle.
ment, aux lignes à un seul usager.
C e système aurait encore un autre avantage lorsqu’une transmission inter-
nationale implique l’emploi d’une liaison radio sujette au fading. I1 n’appar-
tient pas aux administrations télégraphiques ordinaires d’apprécier l’impor-
tance et l’urgence des messages de presse à transmettre et elles ne sont d’ail-
leurs pas compétentes pour le faire. Elles n e peuvent que les transmettre dans
l’ordre où ils leur ont été remis. Mais si, c o m m e cela arrive sur le faisceau radio
qui dessert l’Australie à partir de Londres, une liaison radio se trouve gênée
par le fading pendant un laps de temps souvent long, l’absence de tout ordre
de priorité pour les messages de presse peut, si modérés que soient les tarifs
télégraphiques,avoir pour effet d’annuler complètement cet avantage.
D e telles difficultés pourraient dans certains cas être surmontées si les asso-
ciations nationales de presse s’entendaient pour louer en c o m m u n une ligne
o u un circuit radio et pour organiser entre directions de journaux un service
c o m m u n chargé d’assurer la transmission des informations selon un ordre de
priorité déterminé. Cela s’est fait, d’ailleurs, sur une grande échelle, a u temps
des débarquements du <<Jour J >) en Europe; le Ministère britannique de
l’information et le Grand Quartier Gknéral du corps expéditionnaire (s.H.A.E.F.)
avaient établi à Londres un service de ce genre pour la transmission de toutes
les dépêches émanant des correspondants de guerre. Sans ce service les nouvelles
n’auraient jamais p u être retransmises au m ê m e rythme. L e système pourrait
fort bien être appliqué, en temps dé paix, sur une moindre échelle, à de n o m -
breux services d’information. On a d’ailleurs discuté de son adoption lors de
la dernière Conférence des organisations de presse du British Commonwealth,
à un m o m e n t où il était question d’un relèvement des tarifs applicables à la.
presse dans le cadre du British Commonwealth, et l’Union des organisations
de presse du Commonwealth a n o m m é un comité chargé d’examiner les
possibilités d’application d’une telle méthode.
L’intérêt d’arrangements de ce genre mériterait de retenir plus longuement
l’attention des organisations de presse nationales, dont les membres ne peuvent
actuellement, avec leurs propres correspondants, fournir à leurs lecteurs les
services d’informations commentées de l’étranger, qui seraient nécessaires
pour compléter les nouvelles essentielles distribuées par les agences mondiales
d’information,
Mais l’application d’un tel système demeurera impossible tant que des
modifications notables n’auront pas été apportées aux règlements en vigueur
quant à l’usage des lignes en location.
x. les tmissions d’information
8 destinations multiples

C’est grâce aux réseaux internationaux.de téléscripteurs que les échanges de


nouvelles entre les pays très peuplés et qui ont atteint un haut degré de déve-
loppement économique peuvent s’effectuer de la façon la plus complète et la
plus satisfaisante. Dans bien des parties du globe, néanmoins, les moyens
techniques nécessaires à la création de tels réseaux n’existent pas encore et il
est peu probable que la situation s’améliore sensiblement dans un avenir assez
proche.
On peut toutefois espérer voir s’accomplir certains progrès dans ce domaine.
L a Commission mixte du programme général d’interconnexion du Comité
consultatif international téléphonique (c.c.I.F.) vient d’entreprendre, pour le
compte de ~’u.I.T., une étude sur les meilleurs moyens de relier les pays du
Moyen-Orient et de l’Asie méridionale aux principales lignes internationales
de télécommunication existant en Europe et dans le bassin méditerranéen.
Si ce projet bénéficie des concours suasants sur le plan financier c o m m e sur le
plan technique, de vastes régions viendront s’ajouter à celles où les téIécom-
munications peuvent se développer.
D’autre part, les progrès techniques réalisés actuellement dans l’emploi des
câbles coaxiaux et dans les méthodes de transmission peuvent entraîner
d’importantes transformations du système de télécommunications en accrois-
sant dans d’immenses proportions le nombre des voies ouvertes aux transmis-
sions de tous genres.
Alors que sur les anciennes lignes télégraphiques et téléphoniques,le nombre
des voies était strictement limité, un câble d’un nouveau type à deux paires de
fils coaxiaux, quoique de dimensions infërieures, comporte 960 voies télépho-
niques et vingt-quatrefois plus de voies télégraphiques. En fait,le nombre des
voies permettant des transmissions internationales rapides, efficaces et rela-
tivement peu coûteuses qui pourraient être ainsi mises en usage est, du point
d e vue technique, à peu près illimité.
Ces progrès techniques, ainsi que l’emploi de relais sous-marins capables
d’accroître considérablement la capacité de transmission des câbles trans-
océaniques, laissent prévoir un développement des télécommunications mon-
diales qui pourrait égaler et m ê m e dépasser en ampleur celui qui suivit l’inven-
-
tion du câble électromagnétique,puis de la radio découvertes qui ont changé
la face du monde au siècle dernier.
Pour formuler de telles prévisions, il n’est pas nécessaire d’imaginer que des
techniques nouvelles et révolutionnaires soient mises au point; il suffit que se
poursuive l’évolution actuelle des conceptions et des techniques, qu’un spécia-
liste des télécommunications a comparée aux progrès réalisés dans le domaine
de l’aérodynamique. Selon ce spécialiste,l’utilisation de la télégraphie harmo-
nique, des câbles coaxiaux et des relais munis d’amplificateurs annonce une
transformation comparable à celle que doit entraîner l’invention du moteur à
réaction. Mais les conséquences pratiques de ces progrès et des améliorations
techniques apportées à la transmission en fac-similé ne sont pas encore sen-
sibles.
Dans bien des cas, en fait, les effets des récentes découvertes commencent
seulement à se manifester, notamment en ce qui concerne les communications

6
internationales à longue distance, B mesure qu’on répare et qu’on modernise
les câbles endommagés pendant les hostilités et qu’on en pose de nouveaux.
Aussi, la capacité de transmission pourra-t-elles’accroître davantage encore
à l’avenir,grâce à l’emploi des techniques modernes.
C o m m e les réparations de câbles et la pose ‘de câbles nouveaux sont des
ophations onéreuses, on sera amené à les échelonner sur une plus longue
période à notre époque de hausse des prix. Néanmoins,il est probable qu’avant
longtemps la capacité totale de transmission par câble égalera, et m ê m e
dépassera, le volume de la demande actuelle. Et l’on peut espérer qu’en fin
de compte les échanges internationaux de nouvelles pourront être assurés
si aisément et à si bon compte qu’on parviendra à satisfaire les besoins toujours
croissants de l’information.
Des progrès comparables et m ê m e plus importants encore s’accomplissent
actuellement en matière de techniques radiophoniques, grâce notamment au
développement des émissions de radio transmises par téléscripteur, c’est-à-dire
aux reseaux de radiotéléscripteurs qui sont aussi rapides et efficaces que les
téléscripteurs à fil pour les transmissions à sens unique, mais moins onéreux
s’il s’agit de transmissions à longue distance.
Nombre des nouvelles techniques de télécommunication actuellement mises
au point péuvent s’appliquer indifféremment aux transmissions par fil ou par
radio. I1 semble certain que le système mondial de télécommunicationss’orien-
tera vers une coordination des deux modes de transmission, les liaisons
s’effectuant tantôt par fil et tantôt par radio.
Sans doute, toutefois, les transmissions à destinations multiples, faites au
moyen de larges faisceaux couvrant de vastes étendues resteront-ellespendant
quelque temps - et peut-être m ê m e toujours dans certains cas -le moyen
le mieux approprié et le plus rentable d’échanger des informations avec de
nombreux pays relativement peu développés. O r il est d’un intérêt vital pour
le monde entier que la liaison entre ces régions et les principaux centres d’infor-
mation du globe soit régulièrement assurée. Aussi importe-t-ilque l’on dispose
des moyens nécessaires pour assurer la transmission et la réception de ces
émissions et que la mise en œuvre de ces moyens ne soit pas entravée par des
restrictions inutiles.
En fait, les moyens matériels existant dans ce domaine sont à l’heure actuelle
encore &.&A;d’après un récent rapport de 1’U.I.T.’ les communications radio-
phoniques à destinations multiples ne sont jusqu’ici possibles que dans quatorze
pays-
Qui plus est, l’étendue des facilités offertesainsi que le mode de calcul et le
niveau des prix varient dans des proportions considérables d’un pays à l’autre.
Nous avons déjà parlé de l’importance des services assurés à cet égard par
l’administration britannique des postes, qui a fait œuvre de pionnier dans ce
domaine et qui loue à l’agence Reuter du matériel permettant d’émettre sept
faisceaux Globereuter capables de couvrir la quasi-totalité du globe. Aux
fitats-Unis d’Amérique, les sociétés Mackay Radio, Press Wireless, Radio
Corporation of America et Tropical Radio Telegraph Company offrent les
moyens d’effectuer des émissions omnidirectionnelles; les tarifs sont établis
d’après la durée de l’émission. Les principales agences d’information améri-
caines utilisent largement ces services - un peu moins largement, toutefois,
que n e le fait Reuter - et si en 1946 les auteurs du livre Peoples Speaking
to Peoples pouvaient les accuser de ne pas faire face aux responsabilités
nouvelles qui leur incombaient dans domaine, cette critique semble aujour-
d’hui sans grand fondement.
Dans ce rapport, Llewellyn White et Robert D.Leigh faisaient la déclara-
tion suivante :<< En ce qui concerne les associations de presse, nous estimons
que l’on peut évaluer leur bonne foi d’après la mesure dans laquelle elles se
montrent prêtes à utiliser les émissions d’information à destinations multiples
aussi largement que le fait depuis quatre ans l’agence Reuter, laquelle n’est
pas moins désireuse qu’elles d’échapper à toute ingérence gouvernementale.
I1 nous semble difficile de concilier les promesses de YA.P. et de 1’u.p.au peuple
américain avec le fait que, trois mois après avoir proposé d’assurer, dans le
monde entier, des transmissions à destinations multiples au tarif d‘un tiers
de cent le mot, la Mackay Radio Company n’avait encore reçu aucune
demande. D
Bien que ces critiques ne soient plus fondées dans le cas des grandes agences
américaines d’information, nous les avons citées parce qu’elles expriment bien
l’idée que la distribution des nouvelles devait s’inspirer du sentiment de
l’intérêt général. A cet effet, il est indispensable que les principales agences
d’information se montrent prêtes à distribuer des nouvelles dans toutes les
parties du monde, sans tenir compte de l’importance des bénéfices qu’elles
pourront obtenir. Dans le cadre de leurs responsabilités envers le public, elles
ne peuvent montrer de préférence ou faire preuve d’exclusivisme.
Le m ê m e principe s’applique aux services de télécommunication et il convient
de ne pas l’oublier en étudiant les possibFtés qu’ils peuvent offrir aux usagers.
En dehors du Royaume-Uni et des Etats-Unis d’Amérique, la France est
le pays où les émissions d’information à destinations multiples ont pris le plus
grand développement. Expéditeurs et destinataires doivent obtenir une auto-
risation du Ministère français des postes, télégraphes et téléphones; pour les
émissions de brève durée le prix est calculé en fonction du nombre de mots, de
la puissance de l’appareil de transmission et du nombre de destinataires,
tandis que pour les émissions de longue durée on se fonde sur la durée de
transmission.
Aux Pays-Bas,les services d’information disposent également de moyens
suffisants dans ce domaine; les émissions sont assurées exclusivement par le
Ministère des postes, télégraphes et téléphones, dont les tarifs sont établis
d’après la durée et la vitesse (nombre de mots par minute). I1 existe aussi dans
la République fédérale d’Allemagne un système très développé d’émissions
à destinations multiples.
Les quatre autres pays européens où fonctionnent des services de ce genre
sont la Pologne, où les tarifs (à tant le mot) sont plus élevés si l’émission
s’adresse à plus de cinq destinataires; le Portugal, où les prix sont calculés
d’après le nombre total des mots transmis chaque mois; enfin, la Belgique et
la Suisse,où il n’existe pas de barème fixe, les tarifs étant calculés selon chaque
cas d’espèce. En Italie, l’$kat n’organise pas d’émissions à destinations mul-
tiples, mais une agence d’information a été autorisée à s’en charger, sous
réserve de verser à l’administration un certain pourcentage du montant des
recettes brutes.
L’Autriche, le Danemark, la Grèce et la Suède n’assurent pas d’émissions
à destinations multiples, mais elles possèdent des services de réception. En
Espagne, la création d’un service de ce genre est à l’étude. Dans les autres pays
européens ayant répondu 2 l’enquête de 1’u.I.T. (fianie, Finlande, Hongrie,
Irlande, Islande, Luxembourg, Norvège, Tchécoslovaquie et Turquie) on ne
peut ni émettre ni recevoir des nouvelles par ce système.
En dehors de l’Europe et des &ats-Unis d’Amérique, trente-cinqpays ont
fait parvenir des renseignements à 1’U.I.T.; sept d’entre eux seulement ont I

autorisé l’organisation de services d’émission et de réception :ce sont l’Argen-


tine (où les tarifs sont établis d’après la durée de l’émission), la Chine, la
Malaisie (où les tarifs sont établis en tenarft compte du prix de location du
matériel et de la durée de l’émission), l’Egypte, l’Indonésie (où les tarifs
sont établis en tenant compte à la fois de la durée et de la vitesse des émissions),
le Paraguay et le Viet-nam.
L’Australie ne possède actuellement aucun service d’émission, mais serait
disposée à en autoriser la création. Bien qu’il n’existe pas de service d’émission 83
a u Pakistan,les agences A.P. et U.P. ont été autorisées à recevoir des messages
et à en distribuer le texte à leurs abonnés dans ce pays.
I1 apparaît ainsi qu’en dépit de la valeur qu’il présente sur le plan inter-
national, le système des émissions à destinations multiples n’est pas encore
universellement accepté. Là où existent des services de ce genre, le barème *

des prix peut varier dans des proportions considérables. Parfois les agences
d’information sont autorisées à en organiser sous licence; dans d’autres cas, ce
droit est réservé à I’atat.
I1 en va de m ê m e pour les services de réception. Dans certains pays, les
agences d’information officielles ou les journaux sont autorisés à recevoir
directement des émissions d‘information à destinations multiples. Ailleurs, ce
droit est réservé à l’administration. Les tarifs sont aussi très variables. En
Autriche, ils sont de 5 schillings pour cent mots, avec un plafond de 150 schil-
Lings pour plus de 5.000 mots; pour les dépêches provenant des pays non
européens les tarifs sont doublés. En France, les télégrammes à destinations
multiples coûtent le m ê m e prix que les radiotélégrammesordinaires. Aux Pays-
Bas, les destinataires (qui doivent avoir reçu une autorisation spéciale) font un
versement forfaitaire de 500 florins par an; en Grèce, les destinataires -
agences d’information et journaux - paient aussi un prix forfaitaire
(500.000drachmes); en Suède, la taxe de réception s’élève à 5.000 couronnes
par an; au Portugal, il existe un système d’abonnement mensuel, les tarifs
étant calculés en fonction du nombre des mots reçus.
Dans les pays non européens, les règlements et les tarifs sont encore plus
variables. En outre, dans bien des régions, on ne trouve aucun service de
réception ou de distribution -et cette situation résulte, semble-t-il,dans cer-
tains cas, d’une politique systématique. Ailleurs, les autorités imposent au
fonctionnement de ces services des restrictions qui en diminuent considérable-
ment la valeur.
Citons à ce propos une intéressante déclaration de Cecil Fleetwood-May,
directeur de l’agence Reuter pour l’Europe et l’un de ceux qui ont f?it œuvre
de pionnier dans le domaine des émissions à destinations multiples. Evoquant
les efforts déployés par l’agence Reuter pour fonder le service Globereuter
d’émissions d’information mondiales, il s’exprime en ces termes :<< Lorsqu’au
n o m de l’agence Reuter j’ai essayé de faire servir la radiotélégraphie à destina-
tions multiples à la diffusion des nouvelles, m a tâche principale a consisté à
lutter, dans un pays après l’autre, contre les restrictions artificielles imposées
à la libre réception des informations. Les administrations télégraphiques
s’efforçaient, en effet, de maintenir en vigueur des tarifs et des li9tations qui
se justifiaient lorsque, conformément aux méthodes anciennes et moins rapides,
on transmettait les informations de presse sur des circuits entre points fixes
par câble ou par radio. >>
D e façon générale, les principales agences mondiales d’information ont
réussi,en dépit de difficultés considérables et au prix de beaucoup d’efforts,
à surmonter un grand nombre des obstacles qui s’opposaient à la réception
des émissions à destinations multiples. Toutefois, certains de ces obstacles
subsistent encore.
Pour illustrer le caractère artificiel qua présente, dans une large mesure,
l’opposition rencontrée, et pour montrer qu’elle n e se fonde sur aucun principe
de saine gestion financière,nous citerons l’exemple suivant. Dans certains pays
où le système des émissions à destinations multiples est aujourd’hui admis,
il est arrivé récemment qu’on ait rBclamé une s o m m e plus élevée à une agence
d’information sous prétexte qu’elle n’avait qu’un seul abonné, et que, de ce
fait, elle n e remplissait pas les conditions requises; il lui était donc demandé
de payer davantage pour transmettre ses in€ormations à un seul abonné qu’à
plusieurs.
Pour que le réseau d’émissions à destinations multiples puisse continuer à
se développer,il faut que les moyens de recevoir librement ces émissions soient
fournis à un public sans cesse plus étendu.
D e tels services peuvent être assurés soit par les agences mondiales o u
nationales d’information, soit par les journaux abonnés eux-mêmes. Ils le sont
effectivement déjà dans certains cas. Mais bien souvent, la réception des
émissions est encore interdite par les administrations des télécommunications
ou n’est autorisée que sous réserve du paiement de taxes qui entravent l’utili-
sation de ces facilités par ceux qui en ont le plus besoin.
Tous les membres de 1’U.I.T. devraient done, semble-t-il,étudier sérieusement
la possibilité d’améliorer cet état de choses.
La délégation américaine à la Conférence télégraphique et téléphonique
internationaletenue en 1949 a posé un premier jalon dans cette ?oie en faisant
figurer a u procès-verbal une déclaration selon laquelle les Etats-Unis n e
feraient pas usage des restrictions permises par les règlements à la réception
des dépêches de presse par radio, D a n s un appendice auxdits règlements,
elle a, en outre, exprimé l’espoir que les autres administrations suivraient son
exemple.
Malheureusement, cet espoir a été, en général, &çu, et tant qu’il en sera
ainsi de sérieux obstacles continueront à limiter l’usage d’un système de
distribution des nouvelles qui pourrait contribuer puissamment à l’information
du public et a u développement de la compréhension internationale.

XI, les services tdautographiques


et photottlegraphiqués

En dernière analyse, tous les systèmes de diffusion internationale des informa-


tions, qu’ils’agisse des liaisons entre points fixes par fi1 o u par radio,des réseaux
internationaux de téléscripteurs ou des émissions à destinations multiples, ne
peuvent fonctionner parfaitement que si la région réceptrice est dotée de bons
services de communication.
Lorsqu’un pays ne dispose que de moyens insuffisants pour la diffusion des
informations sur son territoire, les nouvelles étrangères provenant des princi-
paux centres mondiaux ne peuvent atteindre qu’un assez petit nombre de
villes et ne parviennent jamais jusqu’à la masse.
En revanche, dans les pays où la presse est très développée, et particulière-
ment dans presque toute l’Europe et l’Amérique du Nord, ces services de
diffusion sont parvenus à un haut degré de perfectionnement. D e s réseaux
nationaux de téléscripteurs et, dans certains cas, de phototélégraphie relient
non seulement toutes les grandes villes, mais encore toutes les localites qui
possèdent un émetteur de radio ou un journal. 85
Dans ces conditions, les nouvelles reçues par un centre principal de distri-
bution peuvent être diffusées presque simultanément dans tous les coins du

pays. Tous les éléments de la population se trouvent donc, en ce qui concerne
les informations d’origine nationale et‘étrangère, sur un pied d’égalité.
M ê m e dans des régions où la presse n’est pas encore parvenue au m ê m e degré
de perfectionnement matériel et de compétence professionnelle,des services de
télécommunication analogues, hie? que moins développés, permettent une
diffusion rapide des nouvelles. En Egypte et en Inde, par exemple, les infor-
mations de l’agence principale peuvent être distribuées par téléscripteurs
aux abonnés dans un rayon assez étendu.
Toutefois, ces conditions sont loin d’exister partout; et il incombe aux ser-
vices de télécommunication de remédier à l’extrême disparité des moyens
matériels, disparité qui met obstacle à un échange généralisé des .nouvelles
dans le monde.
Dans cette tâche, la radio a un rôle important à jouer. Dans beaucoup de
régions où les frais d’installation des lignes sont prohibitifs, des réseaux de
radiodiffusionpeuvent être mis sur pied moyennant une dépense qui,a u regard
de l’intérêt public qu’elle présente, n’est pas excessive.
L e programme d’assistance technique des Nations Unies, à l’application
duquel participe maintenant l’Union internationale des télécommunications,
pourrait être d’un immense secours à cet égard, à condition que les administra-
tions nationales comprennent suffisamment l’intérêt de ces questions.
D’immenses progrès techniques ont déjà été réalisés dans le domaine des
télécommunications, et d’autres suivront probablement à un rythme de plus
en plus rapide. L’état actuel de la technique permet une transformation révo-
lutionnaire des moyens dont on dispose pour développer dans maintes régions
la compréhension internationale,pourvu que l’on veuille utiliser ces moyens.
Dans bien des cas, on se heurte moins à l’insuffisance des moyens matériels
et techniques qu’à certaines attitudes d’esprit qui procèdent fréquemment de
méthodes ou de pratiques périmées et qui opposent une vive résistance aux
transformations et au progrès, m ê m e lorsque les avantages que l’on peut en
retirer sont Bvidents.
Si, par exemple, les tarifs télégraphiques appliqués aux messages de presse
dans beaucoup de pays du Moyen-Orient et d’autres région% sont si élevés,
cela est dû, semble-t-il,à l’esprit routinier de l‘administration tout autant qu’à
la vétusté o u à l’insuffisance du matériel. Les tarifs élevés ne sont pas profi-
tables, car ils restreignent trop le volume du trafic. On prétend souvent qu’il
est impossible de les abaisser puisque, m ê m e à leur niveau actuel,ils n’assurent
encore qu’un revenu trop faible. Mais l’expérience des autres pays montre
que la réduction des taxes de télécommunication a invariablement pour effet
d’accroître le volume du trafic dans des proportions telles que les revenus
montent en flèche. En ce qui concerne plus spécialement le trafic de presse,
, cette expérience montre que, lorsque les tarifs sont élevés, le service est de

mauvaise qualité; lorsqu’ils sont modérés, le trafic est abondant et le service


généralement bon.
Un tel état d’esprit ultra-conservateur a pour effet non seulement de main-
tenir les tarifs des télécommunications à un niveau inutilement élevé, mais
encore d’entraver le progrès. On a vu dans le passé des cas où les capitaux
-
investis -et aussi,pourrait-ondire, la mentalité impliquée dans les réseaux
de câbles ont empêché de tirer pleinement parti des possibilités qu’offrait le
progrès technique des communications par radio. Ceci ne semble plus vrai
aujourd’hui des grandes sociétés de télécommunication, publiques ou privées.
Les communications par radio et par fil sont, en général, de mieux en mieux
coordonnées, et leur intégration en un service unique permet de mettre à
profit leurs avantagesrespectifs.Toutefois,dans le domaine de la radiodiffusion,
86 le plein développement de la modulation de fréquence(MF)a presque certaine-
ment été retardé par l’opposition de groupements qui avaient des intérêts dans
l’ancien système de modulation d’amplitude (MA).
L e développement des émissions télautographiques risque de se heurter à
une obstruction analogue. En ce cas, ce n e sont pas seulement les services de
télécommunication cantonnés dans les anciennes techniques qui opposent de
la résistance,mais aussi certains groupes de journaux.
Un système d’émissions télautographiques permettant de transmettre par
radio un texte ou des photographies, ou les deux à la fois, avait été mis au
point par Austin C. Cooley dès 1926; quelques années plus tard, John V. L.
Hogan et W.S.H. Finch réussissaient à faire des émissions télautographiques
d’une haute qualité technique. En 1937, six émetteurs des $kats-Unis avaient
déjà reçu l’autorisation de diffuser pendant les heures de nuit, à titre d’essai,
des informations et autres textes imprimés. En 1948,la Federal Communica-
tions Commission autorisa les émissions télautographiques régulières et
l’exploitation commerciale de ce système.
A l’heure actuelle,il est parfaitement possible à des émetteurs MF de diffuser
un journal télautographe qu’enregistrent des récepteurs particuliers. On utilise
à cette fin des enregistreurs rattachés o u incorporés, c o m m e des tourne-
disques, à des postes récepteurs MF ordinaires. Pour recevoir un tel journal,
il suffit au ((lecteur x d’accorder son récepteur sur la fréquence de l’émetteur
télautographe. L e texte m u s é (c’est par exemple une page d’informations
illustrées de photographies) se trouve immédiatement reproduit, dans le
récepteur, sur une bande de papier qui a subi au préalable une préparation
chimique et qui se déroule sous une tête enregistreuse; le journal est donc
directement et instantanément transmis par radio jusqu’au domicile des
. lecteurs.
L’appareil Hogan, dont on pourrait entreprendre immédiatement la pro-
duction commerciale si la demande était suffisante,imprime jusqu’à 500 mots
par minute. Un système plus perfectionné, mis au point à titre d’essai par la
Radio Corporation of America et connu sous le nom d’Ultrafax, utilise un
émetteur de télévision au lieu d’un émetteur MF c o m m e l’appareil Hogan.
L’Ultrafax a déjà dépassé de loin les 500 mots à la minute et battu tous les
précédents records de vitesse :a u cours d’une démonstration expérimentale
faite en 1948 à Washington, à la Bibliothèque du Congrès, les 1.047 pages du
roman Autant en emporte le vent ont été reproduites par 1’Ultrafax en deux
minutes vingt et une secondes.
I1 est probable que les techniques télautographiquesseront unjour adaptées
aux trans+ssions par fil à grande distance et permettront des communications
plus rapides. Si quelques câbles installés sur le territoire de la République
fédérale d’Allemagne les mettent déjà en ceuvre, aucun réseau international
de câbles ou de télégraphe ne les a encore adoptées. Jusqu’à présent, elles n e
sont guère exploitées commercialement, dans leur pays d’origine, que pour
assurer, sur de faibles distances, la liaison de bureau à bureau ainsi que la
collecte et la distribution des télégrammes par la Western Union. Depuis la
guerre, celle-ci a installé dans les bureaux de ses clients plus de deux mille
postes desk-fax pour la transmission des télégrammes jusqu’à son bureau
le plus proche. Ces postes sont entièrement automatiques :il suffit a u client de
déposer son message dans l’appareil et de presser sur un bouton. ~

L e domaine dans lequel la télautographie est appelée à avoir les effets les
plus révolutionnaires est celui de la transmission directe des journaux jusqu’au
domicile des lecteurs. Ce genre d’émission est toutefois limité par le fait que la
télautographie exige l’emploi d’émetteurs MF ou d’émetteurs de télévision
utilisant de très hautes fréquences, dont la portée est réduite.
Cela n’aurait pas grande importance dans les régions pourvues d’un nombre
de stations suffisant pour les desservir assez complètement, notamment aux
États-Unisoïì ont eu lieu presque tous les travaux de mise au point du système. 87
\
Mais, m ê m e aux &.ats-Unis,la télautographie n’a pas trouvé jusqu’ici suffi-
samment d’appuis commerciaux pour que son emploi puisse se généraliser.
L’avantage qu’offre le journal télautographe d’être immédiatement fourni

sur des bases commerciales. Néanmoins, divers journaux

guère réalisable. Mais il pourrait le devenir le jour où la demande serait su


samment forte.
Cependant, il semble qu’il y aurait intérêt à examiner attentivement les
:
à domicile ne sera peut-être pas un attrait suffisant pour le grand public dans
les régions où la presse est très développée et ne réussira pas à le détourner des
journaux ordinaires,c o m m e il le faudrait pour que le système pût se généraliser
- dont le New York
Times,le Philadelphia Bulletin,le Philadelphia Inquirer, le Baltimore News-Post
et le Miami Herald
télautographique.
- ont organisé des démonstrations de transmission

Tant qu’on n e disposera pas d’une chaîne de stations ME’ou de télévisio


capables de relayer de l’une à l’autre la transmission de pages imprimées, 1
journal télautographe international dont rêvent certains pionniers ne para*
d-
possibilités de ce système dans les régions où la presse est encore peu dévelop-
pée, car son emploi permettrait peut-être de donner aux journaux une large
diffusion qui exigerait sans cela l’investissement de capitaux considérables
dans l’installation d’imprimeries ; encore faudrait-il,pour ce faire, résoudre le
problème que pose le prix élevé des récepteurs. On pourrait y parvenir en
installant dans les régions qui n’ont pas de journaux des récepteurs collectifs
appartenant à des coopératives. En ce S; concerne les émetteurs, le matériel
MF est bien moins coûteux que celui qu’exigent les émissions ordinaires MA.
i
i

D’autre part, en raison de la portée Iimitée des ondes ultra-courtesutilisées, les


risques de brouillage d’un poste par un autre sont infiniment moindres qu’avec
la modulation d’amplitude.
.

L’heure des réalisations de ce genre n’est pas encore venue. Mais il importe
de veiller à ce qu’aucune difficulté évitable ne vienne entraver les progrès
possibles.
L’urgente necessité d’&miner les obstacles qui restreignent la transmission
des informations mondiales ne doit pas faire perdre de vue la ]nécessité de
développer les moyens de transmettre des illustrations dans le monde entier
par radio et par télégraphe; et la télautographie semble pouvoir répondre en
partie à cette nécessité.
Les illustrations constituent une langue internationale. Les services photo-
graphiques du MinistTy of Information de Grande-Bretagne et de l’Office of
W a r Information des Etats-Unis ont constaté pendant la guerre que l’illustra-
tion permet d’éveiller, à I’égard des autres peuples, l’intérêt de populations
illettrées et semi-illettréesque la chose écrite ne peut guère atteindre. D e plus,
ainsi qu’en témoigne de plus en plus la pratique des journaux modernes,I’illus-
tration complète très utilement le texte, m ê m e pour les plus évolués des
lecteurs de journaux, car elIe leur donne le sentiment de participer directement
à I’événement,ce que le simple articletélégraphiéne fait qu’exceptionnellement.
Pour la photographie c o m m e pour les téléscripteurs, I’équipement des
divers pays varie du tout au tout suivant leur stade d’évolution. En outre,bien
que ceux où la presse et les agences d’information sont puissamment organisés
disposent de moyens suffisants pour la transmission intérieure des photogra-
phies, les services internationaux de phototélégraphie, m ê m e entre les grandes
villes du monde, sont encore assez peu développés.
Cela s’explique en partie par des causes extérieures au domaine des télé-
communications. I1 serait possible d’adapter à la phototélégraphie et à la
télautographie les réseaux européens de téléscripteurs utilisés par les grandes
agences; mais, en fait, les photographies sont généralement transmises en
Europe par les lignes téléphoniques publiques, moyennant une taxe propor-
88 tionnelle à la durée d’utilisation de la ligne. C’est que la pénurie de papier
journal, en restreignant le nombre de pages des journaux, a réduit à un te1
point la demande de photographies que la location de lignes exclusivement
réservées à la transmission des illustrations ne serait pas rentable.
Tant que durera cette pénurie, la presse ne pourra, dans beaucoup de pays,
utiliser que très peu de photographies, et la demande de voies permanentes
risque de demeurer faible. I1 n’en est pas moins nécessaire de pouvoir trans-
mettre les photographies présentant un int6rêt particulier ou dont le besoin
est urgent.
Au stade actuel du développement de la presse et des télécommunications,
on pourrait croire que ces installations << pour cas d’urgence D existent déjà.
Or ce n’est nullement le cas. Selon un rapport publié en 1952 par l’Union
internationale des télécommunications, treize pays européens possèdent un
service phototélégraphique; vingt-trois autres en ont organisé un pour leurs
relations extra-européennes. I
Les installations disponibles à Londres et à N e w York, les deux principaux
centres mondiaux de télécommunication, sont bien plus importantes que celles
qui existent ailleurs. Londres est relié par des services phototélégraphiques non
seulement aux divers pays d’Europe mais encore à quipze pays extra-euro-
péens :tous ceux du Commonwe?lth britannique, les Etats-Unis,I’Égypte,
Israël et un certain nombre d’Etats sud-américains. Aux /@tats-Unis, la
Mackay Radio and Telegraph Company assure un service phototélégraphique
vers le Brésil, l’Inde et 1sraël;la société Press Wireless fait de m ê m e pour la
France,l’Allemagne,l’Italie, la Suisse,le Royaume-Uni et l’U.R.S.S.; enfin la
Radio Corporation of America exploite un vaste réseau yui dessert dix-neuf
pays, dont l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, le Brésil, la Corée, I’Égypte,
la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, la Nouvelle-Zélande,les Philippines, le
Portugal,le Royaume-Uni,la Suède et la Suisse.
Quant à l’administration française, elle assure des liaisons phototélégra-
phiques non seulement avec l’Europe,mais encore avec l’Argentine, l’Egypte,
les États-Unis et Israël. Toutefois, l’unique service qui permette d’envoyer
des photos à Moscou et d’en recevoir est celui de la société Press Wireless,
de New York.
Si l’on excepte les installations dont disposent les principaux centres de télé-
communication et d‘information, la plupart des services phototélégraphiques
sont relativement restreints et leur champ d’action limité, sauf pour 1’Argen-
tine, qui est reliée aux @tats-Unis, à l’Europe et a u Brésil.
Sur les soixante-neufpays passés en revue dans le rapport de l’Union inter-
nationale des télécommunications, il y en a plus de trente qui n’ont aucun
appareil émetteur ou récepteur de phototélégraphie. Si l’on considère tous les
pays du monde, la proportion est bien plus forte encore.
Les obstacles qui limitentl’échange d’informations sous forme d’illustrations
sont encore, on le voit, très graves, bien plus graves m ê m e que ceux qui gênent
l’échange d’informations écrites. En dépit des immenses progrès techniques
déjà accomplis par les télécommunications,et de ceux, encore plus importants,
que l’on peut des aujourd’huiprévoir, l’échange d’informations entre les peuples
est encore loin de présenter l’ampleur et de jouir de la liberté que les exigences
de la compréhension internationalerendent de plus en plus nécessaires.

89
troisieme partie
XII, conclusions et recommandations

Nous avons dit au début de cette étude, que la libre circulation des nouvelles
d’un pays àl’autre était une question dont l’importance sur le plan international
dépassait de loin l’intérêt professionnel des h o m m e s dont le métier est de
rassembler et de diffuser les informations. Si les peuples se connaissent mal, la
paix et la compréhension sont plus difficiles à réaliser, dans un m o n d e dont la
complexité s’accroît tandis qu’il va se rétrécissant. Sans nouvelle les uns des
autres,les h o m m e s vivent en étrangers parmi leurs frères.
D e par sa nature, une étude c o m m e celle-ciest inévitablement et à maints
égards sujette à revision. L e domaine des télécommunications est si vaste,
les administrations et institutions qui y interviennent sont si nombreuses, et
les problèmes qu’on y rencontre diffèrent tellement entre eux dans le détail,
tout en ayant une base commune, que toute tentative de revue d’ensemble
doit inévitablement se révéler incomplète et partiale. S’agissant d’une activité
humaine si complexe et d’une telle envergure, il est difficile de rassembler
toute la documentation qui serait nécessaire pour que l’étude fût objective et
complète. Cependant, m ê m e si ceux de nos lecteurs qui ont directement à
résoudre des problèmes de télécommunication estiment que nous n’avons pas
rendu entièrement compte des raisons qui expliquent telles anomalies, telles
discordances et telles insuffisances, ils ne sauraient contester la validité de
l’ensemble de notre exposé.
Ce tableau, remarquablement favorable à maints Bgards, fait ressortir la
haute compétence technique et le sens des responsabilités dont témoignent
ceux qui dirigent aujourd’hui les entreprises de télécommunication. Mais les
circonstances, l’histoire et divers autres facteurs, économiques par exemple,
font qu’inévitabIement il y reste des lacunes et des taches. Ainsi, y voit-on
que les administrations n’ont pas toujours suivi le rythme des progrès tech-
niques, ni l’évolution des besoins publics. D e tels retards dans le temps ne
sont pas exceptionnels : on les retrouve dans toutes les grandes entreprises
humaines; mais dans le domaine de l’information ils peuvent avoir des consé-
quences d’une importance toute particulikre.
Les conclusions et les recommandatioas présentées dans ce chapitre sont
de caractère strictementpersonnel,bien qu’elles soient le fruit de longs échanges
de vues entre l’auteur et nombre d’opérateurs ou de journalistes faisant
régulièrement usage des moyens de télécommunication.Tous les lecteurs sans
doute ne s’accorderont pas à reconnaître c o m m e également valables toutes les
assertions énoncées ci-après.
On ne saurait nier cependant, à m o n avis, devant tous les indices que nous
avons accumulés, qu’il importe de revoir à fond certains des principes et bon
nombre des pratiques qui caractérisent actuellement les télécommunications
de presse. U n e telle revision ne peut donner de résultats que si, d’abord, les
services de presse,les services de télécommunicationet les autorités apprécient à
leur juste valeur les intérêts essentiels en cause :à savoir, ceux du public. Dans
les nombreux cas où des reformes sont particulièrement urgentes, ce souci
de l’intérêt général doit passer avant toutesles considérationspurement hudgé-
taires et commerciales,si légitime et nécessaire qu’il soit de tenir compte de ces
considérationset des limites qu’elles imposent àla recherchede solutions idéales. 93
D e l’immense et complexe ensemble que constituent les services interna-
tionaux de télécommunication,ceux qu’utilise la presse ne représentent qu’un
secteur limité. Bien que le voIume total des messages ,depresse qui se trans-
mettent par fil et par radio,par télégraphe et par téléphone,par les réseaux de
téléscripteurset par les émissions à destinationsmultiples soit quantitativement
énorme, qu’il augmente sans cesse et qu’il doive croître encore, il ne représente
qu’une portion relativement faible du trafic total qui est assuré par les services
mondiaux de télécommunication.
D u point de vue de l’intérêt général, cependant, c’est là une des activités
primordiales des spécialistes des télécommunications, et voilà longtemps déjà
que les administrations représentées au sein de la première Union télégraphique
internationale l’ont reconnu. Les efforts qui se poursuivent depuis un siècle
et davantage pour améliorer les télécommunications servent autant la liberté
de la presse que tous les assauts lancés contre la censure.
Dans ces efforts pour élargir les contacts entre les peuples, la presse et les
services de télécommunication ont fait maintes fois alliance,non d’ailleurs sans
que cette alliance fût parfois troublée par des malentendus. Tantôt des exi-
gences de la presse ou des initiatives prises par elle ont suscité, dans le domaine
des méthodes et des techniques de télécommunication, des perfectionnements
qui, sans cela, n’auraient peut-êtrevu le jour que longtemps après; tantôt des
découvertes techniques ou des initiatives de grande portée prises par les admi-
nistrations des télécommunications ont permis à la presse de jouir plus large-
ment de ses libertés.
Cette alliance entre les services de télécommunication et la presse est fondée
non seulement sur une communauté d’intérêt - en tant que fournisseurs
-
et usagers d’un m ê m e m o d e de transmission mais encore sur quelque chose
de plus important :le fait qu’ils exercent en c o m m u n une fonction d’intérêt
public qui est d’importance capitale pour notre civilisation.
Dans la plupart des pays, les entreprises de presse sont communément aux
mains de particuliers; pour beaucoup de leurs opérations par conséquent elles
se règlent sur les m ê m e s considérations de profit et d’équilibre financier que
toutes les autres entreprises commerciales.
L a m ê m e constatation vaut pour un certain nombre d’importants services
de télécommunication qui sont des entreprises privées. M ê m e ceux - de plus
en plus nombreux - qui sont des services publics fonctionnent selon les prin-
cipes de rentabilité et d’équilibre budgétaire, dont il importe de tenir compte
dans l’organisation des .diverses activités et la détermination des tarifs. I1
reste néanmoins que c’est la véritable fonction publique exercée par la presse
et les télécommunications qui doit l’emporter sur des intérêts purement
commerciaux, ce qu’eues reconnaissent d’ailleurs pleinement. E t c’est I’accep-
tation de cette responsabilité qui leur vaut la position dont elles jouissent sur
le plan national et sur le plan international.
Cette responsabilité leur confère certaines obligations; elles ont àjuger de ce
qui est souhaitable et de ce qui est possible en se réglant sur des considérations
qui vont bien au-delà de considérations budgktaires.
L’extension et l’amélioration des services de télécommunication qu’emploie
la presse, visant à rendre plus intense et plus libre la circulation de l’information,
dépendent dans une large mesure de l‘acceptation par les intéressés de ce genre
de normes non commerciales.
Dans le domaine des échangeß internationaux d’informations, la responsa-
bilité que confère aux journaux le concept m ê m e de presse libre leur impose de
développer au m a x i m u m leurs contacts avec les autres pays, @me si l’entretien
de correspondants à I’étranger les entraine à des dépenses qui seraient impos-
sibles à légitimer sur le plan proprement commercial et en ne tenant compte
que de profits pécuniaires. L e concept de liberté de la presse se fonde non sur
94 l’idée que les organes de presse auraient droit à un statut privilégié, mais sur
le droit effectif qu’a chaque citoyen de recevoir tous les éléments d’information
nécessaires pour pouvoir juger en toute indépendance des affaires qui l’inté-
ressent, et sur le droit qui en découle pour les journaux d’avoir toutes facilités
de répondre à ce besoin; mais ils ne peuvent revendiquer ce droit qu’à la condi-
tion d’accepter des obligations supérieures 2 celles que comporte la nécessité
purement commerciale de vendre un nombre rémunérateur d’exemplaires.
Pour s’acquitter des responsabilitésqui leur sont ainsi conférées,les journaux
ont le devoir d’offrir au public la relation sincère et complète des événements,
m ê m e lorsqu’ils pourraient augmenter leurs bénéfices en réalisant des écono-
mies sur les services d’informations mondiales, parce que ces services ne leur
paraîtraient pas d’un rapport immédiat en ce qui concerne le tirage et le profit
pécuniaire. Les journaux certes doivent faire leurs frais. Mais ils doivent aussi
être disposés à inscrire à leur budget général les frais d’un service public
d’informations mondiales qui risque d’être, relativement bien moins profitable
qu’un service d’informations nationales et de features. Ils doivent également
accepter l’obligation de donner à leurs lecteurs, dans les limites de la place
dont ils disposent, un tableau impartial et objectif de l’actualité mondiale,
m ê m e lorsqu’il leur paraît plus avantageux, pour l’immédiat, de se cantonner
dans le dramatique et le sensationnel.
Si la presse est disposée à assumer de telles obligations dans toute la mesure
de ses possibilités, alors - mais alors seulement - elle est fondée à réclamer
des facilités particulières pour la transmission des nouvelles. Et, si elle est
prête à utiliser les moyens permettant une transmission moins coûteuse, en
concevant essentiellement son activité c o m m e un c service public >>’elle est
vraiment justifiée à présenter cette demande.
Quant aux agences mondiales d’information, cette conception de leur respon-
sabilité envers le public leur impose une obligation particulière : celle de
transmettre les nouvelles en provenance et à destination des pays moins déve-
loppés - dont il y a relativement moins de profit à attendre - c o m m e elles
le font pour les pays qui ont une presse importante et représentent pour elles
des bénéfices considérables. L’accomplissement de cette mission semble exiger
une application bien plus libérale du principe selon lequel, pour recevoir un
service complet d’informations,un journal doit payer des droits proportionnels
à son tirage :dans les régions insuffisamment développées, il faudrait assurer
à de nombreux petits journaux un tel service pendant un certain temps, sans
en attendre de bénéfice, ou m ê m e en acceptant d’y perdre pour réaliser un
véritable échange des nouvelles mondiales.
C’est seulement si les agences mondiales d’information se montrent disposées
à servir ainsi l’intérêt public qu’elles pourront demander aux administrations
des télécommunications d’envisager dans le m ê m e esprit les problèmes posés
par la transmission mondiale des informations vers des régions au développe-
ment économique extrêmement variable.
Si les journaux et les agences d’information ont sur ce point des responsa-
bilités envers le public, il en est de m ê m e des services de télécommunication,
et cela d’autant plus qu’ils constituent très souvent des monopoles publics.
I1 est évident que le trafic de presse ne doit pas être subventionné aux dépens
des autres usagers des télécommunications :ses recettes doivent couvrir ses
dépenses. Mais on ne doit pas automatiquement lui demander de rapporter
autant que les autres catégories de trafic; de m ê m e , il ne doit pas être d’emblée
soumis à des règlements c o m m e ceux qui gouvernent l’usage en c o m m u n de
lignes louées, règlements q+ peuvent se justifier dans d’autres cas, mais sont
contraires à l’intérêt du public lorsqu’il s’agit de messages d’information.
Voici longtemps d’ailleurs que l’on souligne la nature particdière du trafic
de la presse. Elle avait été reconnue dès les premières délibérations des membres
européens de l’Union télégraphique internationale, quand ils envisagèrent
l’établissement d’un tarif de presse fixé à la moitié du tarif ordinaire. Plus tard, 95
lors de la conférence tenue en 1903 par l’union, le délégué de la France insista
à nouveau sur ce point en déclarant qu’un tarif réduit pour les messages de
presse se justifiait par les avantages qu’il entraînerait pour <c l’éducahion de
l’opinion et la diffusion des idées progressistes n. Les m ê m e s considérations
ont inspiré l’application à la presse du tarif uniforme dit penny rate sur le
réseau de télécommunications du Commonwealth britannique.
C’est sur cette base et à la lumière de ces principes déjà anciens qu’il y a lieu
d’aborder à nouveau le problème des télécommunications et de la presse.
L a question,nous l’avons déjà indiqué, Se subdivise en deux parties princi-
pales.
En premier lieu viennent les problèmes que pose le caractère relativement
périmé des moyens de télécommunication - ou leur absence - dans diverses
régions du monde.
En deuxième lieu, ceux qui découlent du taux élevé des tarifs, des règlements
restrictifs et des anomalies que présente la structure des réseaux de télécom-
munications dans les pays plus évolués.
L à où l’échange des informations mondiales est limité par l’absence ou la
vétusté de l’équipement, la solution ne peut guère dépendre que du développe-
ment d’ensemble des télécommunications.
Nous avons montré qu’il existe encore de nombreuse régions où l’absence
de bons services intérieurs de télécommunicationconstituele principal obstacle
b un échange équilibré des nouvelles. Dans ces régions,les agences nationales
d’information ne peuvent être encore pleinement efficaces; or les agences
nationales constituent un chaînon essentiel au bon fonctionnement d’un réseau
mondial.
L e rôle que joue aujourd’hui l’Union internationale des télécommunications
dans le cadre du programme d’assistance technique des Nations Unies marque
le début d’une nouvelle tentative pour résoudre cet immense problème. Mais
les crédits lui sont sévèrement comptés. Par exemple, la s o m m e affectée, au
titre de l’assistance technique, aux travaux entrepris en 1952 dans le domaine
des télécommunicationsne s’est élevée qu’à 1 yo du montant total du compte
spécial, étant entendu qu’elle ne pouvait être inférieure a u m i n i m u m
-
200,000dollars.
€’äide que 1’u.I.T.a entrepris de fournir revêt diverses formes :enquêtes,
missions d’experts chargés de proposer la réorganisation - totale ou partielle
- des administrations responsables des télécommunications, établissement
des plans de nouveaux réseaux de lignes ou de liaisons radio-électriques,et
mise sur pied de centres de formation pour le personnel des télécommunic
tions. Elle institue des bourses d’études et de perfectionnement, convoque d
conférences techniques et des stages d’études, et ouvre des centres de form
tion.
Les divers problèmes que pose le développement des télécommunications
obligent à recourir à des techniciens;il importe donc que les administrationset
exploitations privées acceptent de déléguer les spécialistes nécessaires, m ê m e
si elles doivent souffrir pendant quelque temps de leur absence.
Sans compter les travaux qui pourront être accomplis grâce à l’assistance
technique, il faudra investir des capitaux considérables avant que les services
intérieurs de télécommunication des pays insuffisamment développés soient
en mesure d’assurer d’une façon absolument satisfaisante l’échange des nou-
velles.
La part qui reviendra aux télécommunications dans ces investissements
destinés à la reconstruction sociale et économique dépendra essentiellement
de la mesure dans laquelle le public appréciera l’urgence du problème et le
caractère essentiel du rôle qu’elles ont àjouer dans tout effort d’ensemble visant
à développer la compréhension internationale, à créer des services de presse
96 suffisants et à réduire l’analphabétisme. La presse elle-m8me peut jouer un
rôle de premier plan en amenant l’opinion publique, dans le m o n d e entier, à
prendre conscience de cette nécessité.
Toutefois, m ê m e si les autorités et le public dans tous les pays la compre-
naient parfaitement, il serait encore improbable - étant donné la conjoncture
mondiale actuelle - qu’on puisse trouver les énormes capitaux indispensables
à l’exécution de tous les travaux requis, à moins d’échelonner les emprunts
sur une période relativement longue.
II est d‘autant plus nécessaire de développer au m a x i m u m les services
radio-électriquesd’information à destinations multiples, capables d’atteindre
toutes les régions de la terre et d’être reçus en un grand nombre de points dans
toutes les directions. Dans beaucoup de zones, de tels services internationaux,
complétés si possible par des émissions à destinations multiples communiquant
les nouvelles d’origine nationale à partir d’un émetteur national principal,
permettraient seuls une diffusion générale des informations, irréalisable
autrement.
I1 importe que toutes ces émissions d’information puissent être exploitées
librement par les plus petits journaux des régions les plus reculées. Ces derniers
en effet ont un rôle important à jouer en faveur de la compréhension interna-
tionale’ du développement de l’instruction générale et de la connaissance des
affaires publiques dans les régions qui sont actuellement insuffisamment
évoluées du point de vue économique o u politique, mais qui, dans un proche
avenir, peuvent connaître un essor considérable ou d’importants mouvements
d’opinion. L a plupart de ces journaux n’ont aucun autre m o y e n de s’informer
de ce qui se passe hors de la région très limitée où ils sont distribués; il ont
donc le plus grand besoin d’une aide qui leur permette de devenir des organes
d’information et d’opinion sûrs et conscients, capables d’exercer une influence
réelle, sur le plan social et éducatif, dans les collectivités qu’ils desservent.
D a n s la majorité des cas, ces journaux n e peuvent consacrer qu’une très
faible s o m m e à l’abonnement aux services d’informations qui leur sont offerts.
Si l’on veut qu’ils deviennent des organes d’information indépendants,il faut
les libérer de l’obligation d’utiliser exclusivement les services plus o u moins
officiels pour savoir ce qui se passe à l’extérieur. Ils posent aux grandes agences

mondiales un problème important pour la réalisation m ê m e du principe du
libre et large échange d’informations impartiales que prônent celles-ci.
D a n s beaucoup de régions, les agences n’auraient pas grand profit à offrir
un service sommaire des principales informations mondiales, qui est à peu près
tout ce que ces journaux pourraient utiliser. Mais un résumé des nouvelles .
essentielles du jour pourrait être établi sous le patronage c o m m u n des princi-
pales agences- Reuter, Associated Press, United Press, International N e w s
Service, agence France-Presseet l’agence Tass,sil’on pouvait obtenir l’accord
de cette dernière- et offert sous la forme d’un service public international
à un prix en rapport avec les ressources des petits journaux des pays insuffi-
samment évolués,qui n’ont pas les moyens de s’assurer un service indépendant
de nouvelles étrangères; ce serait, dans la presse de ces pays, une révolution
d’une immense portée éducative et sociale.
Qu’une telle initiative collective soit possible, ou que la meilleure solution
du problème consiste plutôt à développer davantage les services de chaque
agence à destination des régions insuffisamment évoluées,. les entreprises
nationales et internationales de télécommunicationdoivent être prêtes à jouer
le r81e qui leur incombe. Tout service de ce genre doit comporter essentielle-
ment la possibilité, pour chaque journal, de capter directement les émissions
d’information, puisqu’il vise à supprimer les difficultés qui entravent jusqu’à
présent la distribution des nouvelles à l’échelle nationale.
Mais, nous l’avons vu, les administrations qui actuellement sont disposées
à permettre matériellement la transmission d’émissions d’information à
destinations multiples sont relativement rares. D e plus, la réception directe de 9%
ces émissions par chacun des destinataires est souvent défendue; en d’autres
cas, c’est le montant élevé des droits de réception qui interdit aux petits jour-
naux, par raison financière, de les utiliser.
Sur le plan technique, rien n’empêche les journaux, m ê m e les plus petits, de
capter les services nationaux d’information, car l’équipement nécessaire est
peu coûteux. Certains des services actuels - Globereuter et autres émissions
dirigées - sont déjà, en réalité,reçus de cette faqon. Mais, dans beaucoup de
régions où de telles facilites de réception seraient le plus nécessaires, les règle-
ments imposés par les administrations locales empêchent de les adopter.
Aux termes de l’accord international conclu à la Conférence des télécommu-
nications des Bermudes (décembre 1945), puis renouvelé et élargi à la Confé-
rence de Londres en août 1949,les gouvernementsdes &tats-Unis, du Royaume-
Uni et du Canada sont convenus de << permettre dans leurs territoires respectifs
la réception^ privée de ces émissions (émissions radio-électriquesde presse à .
destinations multiples) au moyen soit des postes récepteurs appartenant aux
intéressés, soit d’autres installations privées D.
Toutefois ce principe, dont l’importance est capitale pour le développement
des émissions d’information à destinations multiples, est encore loin d’être
généralement admis. M ê m e à la Conférence des Bermudes, l’Australie, la
Nouvelle-Zélande,l’Union Sud-Africaine,l’Inde et le Royaume-Uni - en ce
-
qui concerne ses territoires coloniaux n’ont envisagé d’autoriser la réception
de ces émissions que par les administrations des télégraphes uniquement et
ont insisté pour conserver tous pouvoirs discrétionnaires << quant à l’octroi
à des particuliers du permis de capter ces émissions au moyen de leur
tions propres ou d’autres installations privées D.
L a transmission et la réception des émissions d’information à destinations
multiples sont régies par le Règlement télégraphique international établi lors
de la Conférence télégraphique et téléphonique internationale tenue à Paris
en 1949 (cham XXIV, art. 81). Mais les administrations demeurent entièrement
, I

libres d’organiser ou d%’autoriserces services c o m m e elles le jugent bon. Pour


ce qui est de la réception, l’administration nationale a également le pouvoir
d’autoriser ou non les destinataires à capter ces émissions. Le m ê m e article
prévoit d’autre part que les destinataires K peuvent être grevés par l’adminis-
tration de leur pays, en dehors des charges prévues pour l’établissement et
l’exploitation de stations privées réceptrices, d’une taxe de réception dont le
montant et les modalités sont minés par cette administration B.
Ces charges et ces taxes so êmement variables, c o m m e d’ailleurs les
pratiques suivies au sujet du permis de récepti on.
L’attitúde adoptée par les administrations en ce qui concerne la transmission
et la réception des émissions à destinations multiples semble être souvent
dictée par le souci de maintenir les tarifs appliqués pour la transmission des
messages de presse sur les lignes et les circuits radio-électriquesentre points
fixes,et de limiter la concurrence faite à ces modes plus anciens de transmission
des messages, m ê m e si la généralisation des nouvelles méthodes doit en être
paralysée. L e refus d’autoriser la réception directe est, dans certains cas, dicté
aussi, sans aucun doute, par le dé ’exercer une sorte de censure sur les
nouvelles.
restrictions doivent être levées si l’on veut que le système
des émissions à destinations multiples puisse atteindre son plein développe-
ment, et plus particulièrement si l’on veut que ce système - qui seul en est
capable - apporte régulièrement les informations du monde entier aux popu-
lations de pays arriérés S; ne disposent pas des organismes de presse ou des
télécommunications permettant la distribution des nouvelles.
Seul le principe de la liberté totale d’accès à l’information,grâce à la réception
directe des émissions par les journaux et les agences - principe dont, aux
98 Bermudes, les &tats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont accepté l’applica-
tion à leur territoire - peut permettre d’aplanir les obstacles qui s’opposent
à la diffusion mondiale de l’information. Sur le plan international,la politique
en matière de presse et de télécommunication doit avoir pour objectif pri-
mordial son adoption universelle.
U n e des tâches les plus importantes qui restent à accomplir dans le domaine
des télécommunicationsconsiste à encourager l’adoption des moyens modernes
permettant de résoudre les difficultés matérielles qui font obstacle à l’échange
mondial des informations. C’est d’après leur empressement à entreprendre
cette tâche, qu’on jugera de la sincérité des organismes de presse et de télé-
communication lorsqu’ils affirment se préoccuper de l’intérêt du public de tous
les pays.
Mais, nous l’avons dit, ces difficultés n e tiennent pas seulement au manque
d’installations matérielles. M ê m e lorsque ces dernières existent et sont satis-
faisantes, divers empêchements viennent restreindre 1’8tendue de l’information
mondiale.
Parmi ces empêchements, les plus sérieux sont le coût élevé des messages de
presse à destination et en provenance de certaines régions du monde, notam-
m e n t du Moyen-Orient o u de certains pays d’Amérique latine et d’Asie, et
les graves anomalies que présentent les tarifs demandés pour des services
semblables; beaucoup de ces anomalies se traduisent par d’importantes diffé-
rences dans les frais d’expédition des messages entre les deux m ê m e s points,
selon qu’ils sont envoyés dans un sens ou dans l’autre.
L’article 75 du Règlement télégraphique international de 1949 stipule
que <c les taxes terminales et de transit applicables aux télégrammes de presse
ordinaires sont celles des télégrammes privés ordinaires, réduites de 50
dans le régime européen et de 66 213 % dans les autres relations m, et que la
taxe par mot à percevoir pour un télégramme de presse urgent est la m ê m e
que pour un m o t de télégramme privé ordinaire pour le m ê m e parcours.
Si 1’011considère la distribution des nouvelles d’un point de vue purement
commercial, il est incontestable que ces tarifs représentent pour la presse
des avantages non négligeables,avantages d’ailleurs justifiés par le volume du
trafic de presse et par le fait que la plus grosse partie de ce trafic est acheminée
en dehors des heures de pointe du trafic privé et commercial.
Mais - et cet argument a déjà été présenté - l’intérêt général, qui est en
jeu lorsqu’il s’agit de la diffusion des informations mondiales, exige que l’on
applique ici d’autres normes que les normes commerciales, et en particulier
que 1,011s’efforce d’établir des tarifs internationaux de presse qui ne menacent
pas d’imposer à ces informations une structure arbitraire, sans aucun rapport
avec la valeur intrinsèque qu’elles présentent.
Pour sortir de l’imbroglio que constituent actuellement les tarifs interna-
tionaux de presse, le meilleur moyen pourrait bien être celui dont l’opportunité
et le caractère pratique ont été reconnus au sein du réseau de t61écommunica-
tions du Commonwealth britannique. C e réseau est le plus vaste et le plus
hétérogène de tous les réseaux internationaux, étant donné qu’il englobe,
d’une part, des pays très avancés où la presse et les télécommunications ont
atteint leur maturité et, d’autre part, des colonies et territoires non autonomes
où elles sont encore à l’état embryonnaee.
Un tarif de presse universel, fixé à un taux assez faible, par exemple à un
penny le mot c o m m e dans le Commonwealth britannique ou à tout autre taux
comparable, qui pourrait être déterminé par voie d’accord international,
constituerait un encouragement d’une portée immense pour la circulation
mondiale de l’information.
On ne peut encore se prononcer sur le caractère économique ou non d’un tel
tarif, m ê m e dans le cadre du Commonwealth. I1 faudrait pour cela procéder
à une analyse bien plus poussée et faire appel à toutes les données qu’on peut dès
à présent recueillir dans le Commonwealth; 99
7**
A la Conférence des télécommunications des Bermudes (1945)’ où les fitats-
Unis, le Royaume-Uni et les autres pays du Commonwealth britannique
étaient représentés, la délégation du Royaume-Uni a proposé l’adoption
générale du taux d’un penny (penny rate).Mais cette proposition a été repoussée
par la délégation des atats-unis,pour la raison qu’une entreprise indépendante
de télécommunication de presse telle que la société Press Wireless (Etats-Unis)
ne pouvait fonctionner avec un tarif aussi faible,lequel impliquait fatalement
que le trafic de presse fût subventionné grâce aux recettes tirées des autres
catégories de trafic.
Cependant, l’adoption du penny rate a provoqué une augmentation considé-
rable du trafic de presse dans le Commonwealth et, par voie de conséquence,
l’augmentation des recettes tirées de ce trafic; m ê m e si l’on ne tient pas compte
du fait qu’en soi un tel accroissement a servi l’intérêt général,il ne semble donc
pas que l’argument des Etats-Unis soit nécessairement valable.
En 1950, au cours de la VIP Conférence impériale de la presse, qui s’est
tenue au Canada, W.A.Cole, rédacteur en chef de l’agence Reuter, a proposé
de fagon instante que, si le penny rate était menacé, le Commonwealth Press
Union, qui groupe les journaux de quelque quatorze pays (des mieux équipés
aux moins bien pourvus en matière de presse) demandât elle-mêmel’autorisa-
tion d’exploiter son service de télécommunication à elle. Se fondant sur sa
grande expérience des communications internationales de presse, il a affirmé
qu’à son avis une coopérative de télécommunication n’acheminant que du
trafic de presse pourrait fonctionner en appliquant le penny rate et m ê m e à un
taux moindre.
En tout cas, si on laisse de côté pÓur le m o m e n t l’objectif ultime qui est
d’arriver à un tarif de presse universel, il est bien évident que les discordances
et les anomalies que présente I’édifice actuel des tarifs doivent être corrigées
d’urgence. Il serait donc extrêmement utile que l’Union internationale des
télécommunications envisageât la constitution d’un comité consultatif mixte
au sein duquel seraient représentées,avec l’U.I.T. elle-même,les organisations
internationales de presse, les principales agences mondiales et les agences ou les
journaux de pays dont la presse serait déjà plus ou moins développée; il aurait
pour mission d’examiner dans son ensemble la question des services de télé-
communication de presse en fonction des intérêts du public de tous les pays.
Ce comité pourrait avoir un statut comparable à celui des autres comités
consultatifs déjà créés par 1’U.I.T. pour les questions de radiotéléphonie et de
radiotélégraphie.
Sa première tâche serait de passer attentivement en revue les méthodes
d’acheminement du tracc de presse, en vue de soumettre B I’étude des confé-
rences administratives,compétentes de ~’U.I.T.(par exemple à la Conférence 1

télégraphique et téléphonique internationale) les moyens propres à réduire


l’énorme écart quisépare les tarifs les plus élevésdes tarifs les plus bas appliqués
actuellement dans le régime international,et à unifier les taxes pour les trans-
missions effectuées entre deux mêmes points dans un sens et dans l’autre.
A plus lointaine échéance, le comité pourrait demander au British C o m m o n -
wealth Telecommunications Board de lui communiquer toutes ’les .données
pertinentes en vue d’examiner à fond les répercussions qu’aurait l’application
du penny rate :u) sur le volume du trafic de presse; b) sur les frais d’achemine-
ment de ce trafic. I1 pourrait ensuite rechercher dans quelle mesure l’expérience
acquise dans le Commonwealth britannique est susceptible de généralisation,
et indiquer dans un rapport jusqu’à quel point ce précédent pourrait fournir
la base de propositions concernant l’institution d’un tarif de presse international
universel, à présenter à l’examen dè la conférence administrative et de la
conférence de plénipotentiaires de ~’U.I.T.
Toutefois, nous l’avons déjà vu, les importantes discordances qu’on relève
dans les tarifs appliqués aux télégrammes et radiotélégrammes de presse ne
sont pas les seuls obstacles à un plus large échange des informations, encore
qu’ils soient parmi les plus sérieux. Ce qu’il faut également, et sans tarder, c’est
reviser les tarifs etsles méthodes applicables aux voies en location et cela
en considerant particulièrement : u) les différences considérables que pré-
sentent les tarifs appliqués par des pays voisins dans le régime européen;
6)les anomalies que provoque la pratique consistant à fixer des tarifs différents
pour des voies identiques, selon qu’elles sont louées pour des transmissions
intérieures o u qu’elles font partie d’un circuit international; c) les facteurs
qui empêchent les agences d’information et les journaux d’utiliser sous forme
coopérative les voies en location, soit dans le cadre d‘un service permanent
d’échange d’informations,soit pour faciliter le reportage d’événements d’impor-
tance internationaleen tirant parti des règlements actuels concernantles lignes
partagées.
Enfin,il est nécessaire d’examiner à nouveau les installations dont disposent
actuellement les services internationaux de phototélégraphie, pour voir dans
quelle mesure des perfectionnements techniques ou des réformes administra-
tives pourraient amener une unification des tarifs et le développement de ces
installations. I
11 faut espérer vivement que les administrations des télécommunications,,
qu’intéresse le plus directement la location de réseaux internationaux de
téléscripteurs en Europe, se pencheront spontanément sur les problèmes qui
se posent en ce domaine. Elles devraient le faire, autant que possible, en liaison
avec le comité chargé par la Conférence technique européenne des agences.
d’information d’examiner la question.
L à encore,un comité consultatif de ~‘V.I.T.,doté du statut et des attributions
que nous avons déjà suggérés, pourrait être extrêmement utile. L a constitu-
tion d’un tel comité, au sein duquel la presse et les entreprises de té16commu-
nication conjugueraient en permanence leurs efforts pour améliorer de toutes
les faqons possibles les échanges d’informations sur le plan international,
serait la preuve concrète que les deux parties sont sincèrement disposées à
servir l’intérêt général dans un domaine d’importance aussi capitale.
D e tels efforts pourraient découler des résultats pratiques d’une immense
valeur. I1 faut donc espérer que ~’u.I.T., qui travaille depuis longtemps et avec
succès en faveur de la coopération internationale,acceptera de prendre l’íni-
tiative nécessaire dans ce sens.
Les progrès accomplis depuis un siècle dans le domaine de la presse et des
t6lécommunicationsont eu une importance énorme pour l’histoire de la civili-
sation. L’action qui des deux côtés peut s’exercer, aujourd’hui c o m m e dans
l’avenir, en faveur de l’instruction et de la compréhension internationaleserait
si profondément utile que la constitution d’un organisme permanent chargé
de travailler en coopération à la solution des problèmes communs s’impose
de façon urgente. ,

Ces problèmes d’ailleurs n’intéressent pas seulement ces deux ordres d’acti-
vités :ils constituent c o m m e une phase essentielle du progrès de l’humanité
et, à ce titre, intéressent tous les h o m m e s et toutes les nations. Leur solution
sera un facteur primordial de paix et de prospérité pour la communauté imter-
nationale.

101
recommandations

Qu’il m e soit permis, à la lumière des faits qui ont été rapportés et étudiés
plus haut, de formuler maintenant quelques suggestions.
1. &ant donné la nécessité urgente qu7ily a de fournir aux peuples des
régions insuffisamment développées un service général et indépendant
d’informations concernant les grands événements mondiaux, les agences
mondiales d’information, les administrations et entreprises privées de
télécommunication et 17Uni0~ internationale des télécommunications
pourraient dès maintenant envisager les mesures suivantes :
u) L a conclusion d‘un accord entre les principaux services d’informa-
tion du monde, en vue d‘examiner la possibilité d‘assurer soit
séparément soit en c o m m u n , à l’intention des journaux des régions
où les services d’information sont actuellement tout à fait restreints
Òu inexistants, des émissions à destinations multiples donnant le
résumé des principales nouvelles ; ces émissions, que recevraient
directement les journaux isolés et de faible tirage, n’auraient pas
de caractère proprement lucratif, et l’abonnement que l’on d e m a n -
derait à ces journaux de payer, pendant les premiers temps, serait
uniquement fonction du prix de revient et proportionnel àleur tirage;
b) L‘acceptation, par les administrations des télécommunications,
d‘une part de responsabilité dans la réalisation de ce service public :
à cette fin,elles loueraient des émetteurs le meilleur marché possible,
sans prétendre en retirer de bénéfices, pour les émissions en c o m m u n
à destinations multiples vers les régions mal équipées dans le domaine
de 17information, et autoriseraient les journaux intéressés à les
recevoir directement.
2. VU.la nécessité d’étendre la distribution des nouvelles nationales et
mondiales, par les émissions à destinations multiples, dans de nom-
breuses régions qui,sans entrer dansla catégorieprécédente,ne sauraient
être mieux desservies que par les agences d’information agissant selon
leurs méthodes habituelles et dans le cadre des émissions dirigées
actuelles, les membres de l’u.1.~pourraient
. être invités à étudier les
mesures àprendre :
u) Pour accroître le nombre des installations qui assurent actuellement
la transmission de ces services;
b) Pour ramener les droits de réception actuellement perçus à un taux ’
compatible avec le coût réel de la réception;
c) Pour promouvoir l’adoption d’un accord international général
analogue à l’accord des Bermudes conclu entre les lhats-Unis, le
R o y a u m e - U n i et le Canada, autorisant la réception privée des
radiocommunications de presse à destinations multiples sur leur
territoire, soit au m o y e n de postes récepteurs appartenant au journal
intéressé, soit au m o y e n d‘autres installations privées.
3. Les membres de ~’u.I.T.pourraient être invités à envisager les mesures
à prendre pour faire adopter par le plus grand nombre de pays possible
la déclaration des gtats-Unis d‘Amérique (publiée en appendice au
Règlement télégraphique international) par laquelle ce pays exprimait
l’espoir que les administrations des télécommunications ne se prévau-
draient pas de la faculté qui leur est accordée par ce Règlement pour
restreindre la réception des radiocommunications de presse.
4. Considérant l’urgence qu’il y a de réduire les obstacles qui s’opposent
à la circulation de l’information ainsi qu’à la relation circonstanciée
des faits et des opinions, obstacles dus au tau-? éleyé de
appliqués aux télégrammes et radiogrades d e presse en provenance
et à destination de certaines régions importantes (notamment du
Moyen-Orient, de l’Amérique du Sud et de certains pays d‘Asie); et
Lies-que l’on relève dans
, les membres de ~’u.I.T. pourraient
être instamment invités à étudier la constitution d‘un comité consultatif
permanent chargé d‘étudier la question des télécommunications de
presse et de faire rapport sur ce sujet.
Ce comité consultatif aurait le m ê m e statut que les autres comités
consultatifs déjà créés par l’U.I.T. I1 comprendrait, à côté des m e m b r e s
de ~’u.I.T. dont la présence serait jugée nécessaire, des représentants
des agences mondiales d’informatiòn et des journaux de différents pays,
les mieux pourvus en matière de presse c o m m e les moins bien pourvus.
I1 soumettrait directement ses rapports aux conférences administra-
tives compétentes de 1’U.I.T. et, au besoin, à la conférence de plénipo-
tentiaires.
5. Ce comité consultatif aurait d’abord une mission de caractère perma-
nent :rechercher les meilleurs moyens d’assurer aux informations mon-
diales le maximum de possibilités de télétransmission; il serait d’autre
part chargé de certaines tâches particulières, et notamment d‘examiner
sans retard les méthodes selon lesquelles est écoulé le trafic de presse,
ainsi que les frais qui en résultent,cela en vue de :
u) Recommander les meilleurs moyens propres à réduire I’écart -
actuellement très important - qui sépare les tarifs de presse
les plus élevés des tarifs les plus faibles, dans le régime interna-
tional;
6) Unifier les taxes perçues pour la transmission d’un message entre
deux m ê m e s points dans un sens et dans l’autre. L e comité tiendrait
compte tout particulièrement des précédents qui tendent à prouver
qu’une baisse des tarifs entraîne un accroissement du trafic de
presse et, par suite, u n e augmentation des recettes totales d e cette
provenance.
6. Entre autres efforts pour faire baisser les tarifs internationaux de
presse, le comité consultatif pourrait demander au British Common-
wealth Telecommunications Board de l’aider à analyser d e façon
détaiuée les répercussions qu’a eues l’application du penny rate dans
le Commonwealth :u) sur le volume du trafic de presse, b) sur les frais
d’acheminement.
L’objet de cette analyse serait de déterminer la véritable base écono-
mique d e ce tarif et de découvrir jusqu’à quel point l’expérience faite 103
I par le Commonwealth Telecommunications Board serait susceptible
iI d e généralisation et propre à fournir la base de propositions à soumettre
b à la conférence administrative compétente de ~‘u.I.T. touchant l’insti-
\$ tution d‘un tarif de presse universel et modique.
“7. Considérant l’importance que présentent de bons réseaux de téléscrip-
teurs pour l’échange des nouvelles dans les régions suffisamment
développées, les administrations européennes des télécommunications
pourraient être invitées à examiner avec le comité consultatif :
U) Les causes des variations importantes que font apparaître les tarifs
appliqués aux lignes en location dans des pays voisins faisant partie
du système européen o u appartenant à d’autres régions, et cela en
vue d’unifier davantage ces tarifs ;
b) Les anomalies que provoque la pratique consistant à établir des
tarifs différents pour des voies identiques,selon qu’elles sont utilisées
pour la distribution nationale ou internationale des nouvelles, et
cela en vue de corriger ces anomalies. Pour cet examen, les admi-
nistrations pourraient faire appel a u concours du comité spécial
de la Conférence technique européenne des agences de presse.
8. Considérant les avantages qu’il y aurait à développer au m a x i m u m
la coopération et les échanges entre les agences mondiales et les agences
nationales, ainsi qu’à assurer par le plus grand nombre possible
d’agences le reportage des grands événements de portée internationale:
les administrations des télécommunications pourraient être invitées
à envisager, avec le comité consultatif dont la création est proposée, la
revision des règlements actuels qui concernent les lignes partagées4
Ces règlements empêchent les agences nationales et mondiales d‘infor-
mation d’organiser sur,une base coopérative des réseaux permanents de
télécommunications; ils5aterdisent aussi aux agences OU aux journaux
de louer en c o m m u n des voies spéciales en vue d’assurer économique-
ment le reportage d e certains événements importants.
9. L e comité consultatif pourrait être invité à analyser les obstacles Y;
empêchent les organismes de radiodiffusion d‘assurer des reportages en
direct :en effet, ces organismes sont fréquemment obligés de louer à
l’avance les voies nécessaires pour une durée inutilement longue, et
parfois aussi pour : m e durée supplémentaire, à titre d’essais. L e
comité pourrait en outre étudier, sur des cas concrets, les effets de telles
pratiques, qui réduisent sans nécessité le nombre de voies disponibles
pour le trafic de presse ordinaire.
10.Considérant l’importance croissante que présente l’illustration, e n
tant que m o y e n d‘information internationale, et considérant que
beaucoup de photographies ont, sur les textes imprimés, l’avantage
de retenir l’attention de tous, le comité consultatifpourrait être invité
à étudier et à préciser dans un rapport la situation actuelle des voies
internationales de phototélégraphie, en vue :
a) D’améliorer les installations qui sont encore insuffisantes;
b) D’uniformiser les tarifs appliqués en matière de transmission par
phototélégraphie.

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phone Company, 32, 33. Morris, Mowbray, 19,21-23.
Irak, 54,69,70. Moscou, 36, 69,89.
Iran,25,37,46,57,69,70;presse, 57. Moyen-Orient, 26, 36, 37,41,46: 47,
Irish N e w s Agency (I.N.A. -agence 57,69,70,81,86,99,103.
d’information irlandaise), 76.
Irlande, 24,25, 45,76,83. National Herald, L U C ~ O T 61V.,
Islande, 83. Nations-Unies, 38, 61; programme
Israël, 35, 37,69,89. d’assistance technique, 41, 86, 96.
Italcable Servizi Cableografici, Ra- Nègre, Maurice, 76.
diotelegrafici e Radioelettrici So- Neue Zürcher Zeitung, 60.
cieta per Azione, 33. N e w China (Hsin-hua) N e w s Agency
Italie, 19,27,33, 56,76, 83,89. (N.c.N.A.), 46.
Newspaper Proprietors’ Association
Japon, 26, 27,33, 46,56, 57, 58,62, (Royaume-Uni), 45.
71,72,89;presse, 57. New York, 15, 24, 32, 35,36,47,48.
Java, 27. 52, 55, 69-72,89.
Jiji Press (agence d’information japo- N e w York Associated Press, 24, 26,
naise), 57. 27,47.
Johannesburg (tarif des messages de New York Herald, 51.
presse), 71. N e w York Times,88.
New Zealand Press Association Régions insuffisamment développées,
(N.z.P.A.), $5, 58. 29,30,36,41,56,57,61,88,95-99.
Nicaragua, 37. Règlements télégraphiques et télé-
-
Norsk Telegrambyra (N.T.B. agence phoniques revises (Paris, 1949),40,
d’information norvégienne), 76. 78-81,84, 85, 98-100,102.
Norvège, 33,61,76,83. République Dominicaine, 37.
Nouvelle-Zélande, 27, 32, 56, 58, 89. Réseaux de téléscripteurs, 45-48,52,
53, 55-59,68,75,76,79,81,85,86,
Observer, Londres, 61. 101, 104.
Océan :Atlantique (câbles et messages Reuter, 21, 26,27, 31, 35, 45-48,57,
de presse), 24-26,32, 33, 51; - 63, 65, 75, 76, 82-84,100.
Indien, 32; - Pacifique, 32, 47, Reuter, Julius, 21, 25, 26, 45.
48, 55, 61. Rhodésie du Sud, 32, 59.
Ocean Press (service de l’u,~.),47. Riccardi, comte, 76.
Océanie, 28,32,48,54,61. Ritzaus (agence d’information da-
noise), 76.
Pakistan,45,56,58,84;presse, 58. Roumanie, 23, 46.
Paraguay, 3’7,83. Royaume-Uni, 19, 22-26,31-36,39,
Paris, 21,25,40,46,62,69,71,77. 45,49,55,56,61,69,70,76,77,83,
Pars (agence d’information iranienne), 89, 98-100,102;presse, 22-24,45,
46,57. 55, 56, 70; administration des
Pays-Bas,27,31,39,61,76,83,84,. postes, 23,26,32,35,
Peoples Speaking to Peoples, 61,73,82. 62,65,77,82.
Pérou, 37, 54,70, 71. Russel, W.H., 23, 24.
PhiZadeZphio Bulletin, 88.
Philadelphia Inquirer, 88. Saigon (tarif des messages de presse),
Philippines, 33, 89. 71.
Phototélégraphie et télautographie, Salvador, 37.
34,35,47,55, 58, 85-89,101,104. San Francisco, 15, 33, 35, 47,48,78.
Pologne, 46, 83. Saturday Review, Londres, 24.
Polska Agencja Prasowa (P.A.P. - Scandinavie, 27, 77.
agence d’information polonaise), 46. Service résumé des principales infor-
Portugal, 27,33, 75,83, 84,89. mations mondiales, 97, 102.
Press Association, 23, 45, 55, 56. Services : d’informations radiopho-
Press Trust of India (P.T.I.), 4h5, 75. niques, 78-80;-télégraphiques et
Press Wireless Ltd, Inc., 65, 73,82, téléphoniques, 19-26,31-37,55-58,
89, 100, 67, 68, 77, 81, 82.
Priorité des messages de presse, 26,80. Singapour, 27, 52, 71.
Somalie britannique, 71.
Rabat (tarif des messages de presse), Sorö Amstidende, Danemark, 61.
71. Soudan (tarif des messages de presse),
Radiocommunications, 28,31, 32,34- 69.
37, 50-53,56, 63-69,72, 79, 80, South African Press Association
82-86,104. (s.A.P.A.), 45, 59.
Radio Corporation of America, 82, SuBde, 33, 56,76,77,83,84,89.
87,89. Suisse, 23,27,39,69,76,83,89.
Radiopress (agence d’information ja- Sundell, colonel Olof, 76.
ponaise), 57. Syrie, 69, 70.
Recommandations, 102-104: service
résumé des principales informa- Tanganyika, 33.
tions mondiales, 102; volume du Tanjug (agence d‘information you-
trafic de presse, 103; tarifs des goslave), 76.
messages de presse, 103, 104; Tarif :de location des circuits radio,
comité consultatif permanent de 78-80,104;-de location des lignes
110 ~’u.I.T.,103, 104. de téléscripteurs, 76-80,101, 104;
-des messages de presse,14,21425, conférencesadministratives, 39,85:
27,30,39-41,51,60-65,67-74,76- 98, 100, 103;
80,86,95,96,99-104;-du C o m - 30 Organismes permanents :Co-
monwealth britannique (un penny mité consultatif international des
par mot), 47,62-65,71,80,96,99, radiocommunications (c.c.I.R.), 39,
100,103. 41;Comité consultatifinternational
Tass, 45-48,97. télégraphique (c,c.I.T.), 39,41;Co-
Taylor, T.E., 22. mité consultatif international télé-
Tchécoslovaquie, 46, 83. phonique (c.c.I.F.), 39,41; Comité
Télautographie (fac-similé), 33, 34, international d’enregistrement des
81,87,88. fréquences (I.F.R.B.), 39, 66;C o m -
Telegraphische Anstalt (agence d’in- mission mixte duprogramme général
formation berlinoise), 22. d’interconnexion du c.c.I.F., 41,81;
Thaïlande, 54,58,59;presse, 58,59. Conseil d’administration, 39,41.
The Times, Londres, 13,19,21,23,24. Union des républiques socialistes so-
Tidningarnas Telegrambyra (T.T. - viétiques, 25,27,33,36,45-49,56,
agence d’information suédoise), 76, 89.
77. Union Sud-Africaine, 32, 36, 45, 56,
Transocean (agence d’information al- 59,71, 98;presse, 59.
lemande), 50. Union télégraphique internationale,
Tripolitaine, 33. 38,72,94.
Trollope, T.A., 19. United Press Associations (u.P.), 45-
Tropical Radio Telegraph Company, 48,50-52,55-57,59,83,84,97.
82. Uruguay, 33.
Tunis (tarif des messages de presse),
71. Venezuela, 37, 71.
Turquie, 25,27, 69,70, 83. Viet-nam,83.
Volume du trafic de presse, 62-65,86,
Ultrafax, 87. 95,99,100,103.
Unesco (Organisation des Nations
Unies pour l’éducation, la science Western Associated Press, Chicago,
et la culture), 19,48,49,54. 26.
Union Birmane, 37,58;presse, 58. Western Union Telegraph Company,
Union française, 36, 46, 71. 32, 34, 35, 55, 87.
Union internationale des télécommu- White, Llewellyn, 67, 73, 82.
nications (u.I.T.), 33,37-42,66,81- Wilshaw, Sir Edward, 62, 63,
83, 85, 89, 95, 96, 98, 100-103: Wolff (agence d’information alle-
lo Assemblée plénière, 39; mande), 21, 26, 27.
20 Conférences : conférence de
plénipotentiaires, 38-41,100, 103; Yougoslavie, 75.

111
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