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Cours M2 SIE 2023-2024.

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Université Oran 2/Mohamed Ben Ahmed

Institut de Maintenance et de Sécurité Industrielle


Département : Sécurité Industrielle & Environnement
Filière : Sécurité Industrielle et Environnement
(Promo Master 2)
Sécurité Biologique, Chimique, Nucléaire et
Radioactive (SBCNR)

Par Pr Ch. HEBBAR

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1 Introduction
Depuis longtemps, les grandes entreprises ont mis en place leur référentielle sécurité en utilisant
le concept du système de management et les principes d’amélioration continue. Un système de
management de la santé et de la sécurité au travail (SMSST) est une partie du système de
management global de l'entreprise. Tous les citoyens ont droit au travail. Le droit à la protection,
à la sécurité et à l'hygiène dans le travail, est garanti par la loi. Le travail est un besoin vital
pour le bien être de l'homme et l'amélioration de ses conditions de vie, le développement et
l'épanouissement de la société. C’est un facteur de production de l’économie ; Il est fourni par
des employés en échange d’un salaire. A côté des bienfaits du travail, il existe beaucoup de
risques et dangers qui peuvent causer d'importants dégâts touchant la santé et la sécurité des
travailleurs, le fonctionnement de l'entreprise et l'équilibre de l'environnement. Pour que le
responsable de l'entreprise assure la sécurité (chimique, biologique, nucléaire et radioactive) et
protège la santé de ses salariés et améliore la performance de son activité, il doit mener une
politique de prévention des risques professionnels (chimique, nucléaire, radiologique et
biologique) basés sur une bonne organisation.

Chapitre 1 : Droits et Obligations de l’employé et Obligations de l’employeur


1.1 Obligations de l’Employeur
1.1.1 Obligations de l’employeur
En matière de protection de la santé au travail, Il doit assurer aux travailleurs :

1. L'hygiène et la sécurité au travail

La sécurité renvoie à de multiples aspects (prévention technique, respect d'un minimum de


consignes, formation du personnel, organisation du travail, qualité des relations). Lors de son
travail, le personnel de laboratoire s'expose à des dangers chimiques, physiques, biologiques et
radiologiques, ...

2. Médecine du travail

La médecine du travail, obligation de l'organisme employeur, s'exerce sur les lieux mêmes de
l'organisme employeur qui doit prendre en charge la totalité des frais de son exercice ; douée
d’une double mission qui est préventive essentiellement et curative accessoirement.
L’organisme employeur est tenu :

✓ Soit de créer un service de médecine du travail au sein de chaque organisme employeur


qui emploi un effectif important ;

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✓ Soit de créer et de participer à la création d'un service inter-organismes de médecine du
travail sur une base territoriale ;
✓ Soit d'établir une convention avec le secteur sanitaire ;
✓ Soit d'établir une convention avec toute structure compétente en médecine du travail ou
tout médecin habilité.

Le médecin du travail est le conseiller de l'organisme employeur, il dispose du libre accès à


tous les lieux de travail. Il peut faire effectuer des examens complémentaires ou avoir recours
à un spécialiste. Il participe aussi aux travaux des organes légalement constitués au sein de
l'organisme employeur pour toutes les questions relatives à l’hygiène, à la sécurité et à la
médecine du travail.

3. L'instruction, l'information et la formation relatives aux risques professionnels

L'instruction, l'information et la formation des travailleurs visent à expliquer aux travailleurs et


à les sensibiliser sur les risques professionnels et les mesures de prévention à prendre pour les
éviter et éviter tout accident.

La formation est dispensée par des organismes de prévention et des établissements de formation
ou d'études compétents en la matière. La formation à la sécurité a pour objet :

✓ de doter les travailleurs des connaissances en matière de PRP et les dispositions à


prendre en cas d'accident de travail ou de sinistre.
✓ de préparer les travailleurs sur la conduite à tenir en cas d'un accident de travail ou d'une
intoxication sur les lieux de travail.

Les travailleurs, les membres des commissions paritaires d'hygiène et de sécurité bénéficient
d'une instruction, d'information et de formation dans le domaine de la prévention des risques
professionnels. Une formation pratique et appropriée en matière de sécurité doit être distribuée
aux :

✓ Travailleurs nouvellement recrutés.


✓ Travailleurs changeant de postes, méthodes et de moyens de travail ;
✓ Travailleurs de retour d'une convalescence due à un accident ou maladie
professionnelle.
✓ Travailleurs assurant des missions de secourisme.

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4. Un Règlement intérieur

Chaque organisme employeur occupant Vingt travailleurs et plus est tenu d'élaborer un
règlement intérieur qui fixe obligatoirement les règles relatives à l'organisation technique du
travail, à l'hygiène, à la sécurité et à la discipline.

1.2 Droits et obligations de l’Employé

1.2.1. Les droits de l’employé

✓ à l'hygiène, la sécurité et la médecine du travail ;


✓ à une rémunération ;
✓ au respect de son intégrité physique et morale et de sa dignité ;
✓ au repos légaux et congés ;
✓ à l'instruction, l'information et la formation relatives aux risques professionnels ;
✓ à une durée de travail fixée à 40H/semaine.

Remarque :

✓ Les travailleurs affectés à des travaux pénibles, dangereux ou impliquant de contraintes


particulières sur le plan physique peuvent bénéficier d'une réduction de la durée légale
de travail et des congés annuels supplémentaires.
✓ Un congé supplémentaire non inférieur à 10 jours par année de travail est accordé aux
travailleurs exerçant dans les wilayas du sud.

1.2.2 Obligations de l’employé

✓ D’effectuer un travail satisfaisant ;


✓ De participer à l’augmentation de la production du site industriel ;
✓ D'observer les mesures d'hygiène et de sécurité établies par l'organisme employeur en
conformité avec la législation et la réglementation du travail en vigueur ;
✓ D’accepter les contrôles médicaux internes et externes que l'employeur peut engager
dans le cadre de la médecine du travail ;
✓ De participer aux actions de formation, et de l'amélioration de l'hygiène et de la sécurité
;
✓ De respecter strictement les règles et les consignes relatives à l'hygiène et à la sécurité
du travail, faute de quoi il est passible à des sanctions disciplinaires prévues par le
règlement intérieur de son organisme employeur.
✓ De respecter le règlement intérieur.
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Chapitre 2 : Risque Biologique et Sécurité biologique

2.1Définitions

2.1.1 Définition de l’Agent biologique

Les agents biologiques sont des êtres vivants microscopiques, invisibles à l’œil nu, présents
chez tous les êtres vivants et dans l’environnement. Ils sont indispensables à la vie dont la
plupart sont inoffensifs pour l’homme mais certains peuvent être à l’origine de pathologies et
sont donc responsables de maladies infectieuses.

2.1.2 Définition du Risque biologique

Selon la CE, le risque biologique est le résultat d'une exposition à des micro-organismes
susceptibles de provoquer une infection, une allergie ou une intoxication. Il est essentiellement
lié à la manipulation de produits biologiques et des cultures contaminées par des agents
infectieux : bactéries, champignon, parasites, prions, virus dont ceux responsables de fièvres
hémorragiques. Les risques biologiques sont des infections ayant pour origine des
microorganismes pathogènes (bactéries, virus et parasites) rencontrés en milieu professionnel
(Margossian, 2006). Plus de 15% des travailleurs se déclarent exposés à des agents biologiques
dans le cadre de leur activité, ce qui représente plus de 2,6 millions de travailleurs (INRS, 2008).

En milieu de travail, le risque biologique concerne de multiples activités :

✓ L’agriculture (élevage) et les abattoirs


✓ L’industrie agroalimentaire
✓ Métiers de l’environnement : laboratoires biologiques, bactériologiques, toxicologiques
et laboratoires de fabrication de vaccins de sérum contre les animaux venins (traitement
des déchets, égouts et station d’épuration des eaux usées).
✓ Métiers de la santé : médecins cliniciens, les chirurgiens, les chirurgiens-dentistes, les
médecins phtisiologues, les sages-femmes, les accoucheuses, le personnel de laboratoire
et des salles de soins.

Pour l’homme, ce risque infectieux dépendra :

✓ du pouvoir pathogène de l’agent infectieux


✓ de l’importance de la contamination (charge infectieuse X volume de l’inoculum)
✓ de l’état des défenses immunitaires du manipulateur

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Exemples :

-Hépatites, la rage : Maladie Professionnelle d’origine virale.

-Le charbon (Anthrax), la tuberculose : Maladie Professionnelle d’origine bactérienne.

-Mycose cutanée (orteils, cuir chevelu) : Maladie Professionnelle d’origine mycélienne.

-Hépatite amibienne et les parasitoses : Maladie Professionnelle d’origine parasitaire.

2.2 Classification des agents biologiques

Les agents biologiques sont classés en 4 groupes en fonction du risque d’infection qu’ils
présentent, selon la gravité, le traitement et la contagiosité. Les agents biologiques des groupes
2, 3 et 4 sont considérés comme agents pathogènes : Bactéries ; Champignons ; Virus ; Parasites
et Prions.

2.2.1 Bactéries

Ce sont des microorganismes unicellulaires sans noyau (dont le génome est constitué d'ADN)
avec un seul chromosome et des plasmides. Les symptômes d'une infection bactérienne sont
similaires à ceux observés lors d'une infection virale (éruption cutanée, toux, écoulement nasal,
larmoiement, fatigue, nausée, fièvre et douleurs musculaires). Les infections bactériennes sont
traitées par antibiotiques. Exemple : Le charbon, la tuberculose

2.2.2 Virus

Ce sont des particules microscopiques infectieuses possédant un seul type d'acide nucléique
(ADN ou ARN) qui ne peuvent se répliquer qu'en pénétrant dans une cellule et en utilisant sa
machinerie cellulaire, les dénaturer et les détruire en introduisant leurs propres gènes. Ils sont
éliminés par les urines, les selles et la salive. Les ATB n’ont pas d’effets sur eux. Exemple :
Les hépatites, la rage, les kérato-conjonctivites virales, constituent les Maladies
Professionnelles d’origine virale.

2.2.3 Champignons microscopiques

Ce sont des microorganismes végétaux pouvant être composés d'une cellule (par exemple les
levures) ou de plusieurs cellules (par exemple moisissures).

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2.2.4 Parasites

Ce sont des microorganismes vivant à l'intérieur et aux dépens d'un organisme d’une autre
espèce Exemple : poux, ténias

Les parasitoses occupent une place très importante parmi les problèmes de santé publique,
surtout dans pays du tiers monde.

Exemple :

-Près d’un milliard d’individus sont atteints d’ascaridiose

-L’amibiase frappe environ 10% de la population du globe

L’importance des affections parasitaires est due au faite qu’elles peuvent entrainer une
pathogénicité pouvant se compliquer d’accidents graves voire mortels (amibiases, bilharzioses).

2.2.5 Prions

Ce sont des particules protéiques responsables de maladies dégénératives du système nerveux


central chez l'homme et les animaux. Exemple : Maladie de la vache folle.

2.3 Classification des agents biologiques

Quatre groupes de risques : du plus faible au plus important (tab. 1) :

Groupe 1 : L’agent biologique n’est pas susceptible de provoquer une maladie chez l’homme.

Groupe 2 : L’agent biologique peut provoquer une maladie chez l’homme et constituer un
danger pour les travailleurs. Sa propagation dans la collectivité est improbable ; il existe
généralement une prophylaxie ou un traitement efficace. Exemple : Virus de la grippe.

Groupe 3 : L’agent biologique peut provoquer une maladie grave chez l’homme et constituer
un danger sérieux pour les travailleurs. Il peut présenter un risque de propagation dans la
collectivité, mais il existe plus au moins une prophylaxie ou un traitement efficace. Exemple :
Virus d’Immunodéficience Humaine (VIH).

Groupe 4 : L’agent biologique provoque des maladies graves chez l’homme et constitue un
danger sérieux pour les travailleurs : il peut présenter un risque élevé de propagation dans la
collectivité ; il n’existe généralement ni prophylaxie ni de traitement efficace. Ce groupe ne
contient ni bactéries, ni parasites, mais uniquement des virus. Exemple : Variole

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Tableau. 1 - Classification des microorganismes selon leur niveau de risque.

Groupe Pathogène pour Risques Traitement Prophylaxie


manipulateur communauté
1 Non Non / /
2 Modéré Faible Oui Oui
3 Grave Modéré ± ±
4 Grave Grave endémicité 0 0

2.4 Chaîne de transmission des agents biologiques à l’Homme

Les agents biologiques se transmettent à l’Homme en suivant une chaîne de transmission,


constituée de 5 maillons :

2.4.1 Réservoir d’agents biologiques : C’est le lieu dans lequel s’accumulent et prolifèrent les
agents biologiques. Le réservoir peut être vivant (peau, appareil respiratoire, salive sang) ou
inanimé (le sol : agent du tétanos, l’eau : virus de l’hépatite A) ou un objet contaminé (seringue
abandonnée).

2.4.2 Portes de sortie : Là, les agents biologiques sortent du réservoir.

2.4.3 Transmission : En milieu professionnel, la transmission peut se faire par voie aérienne
(inhalation), par contact avec la peau ou les muqueuses, par inoculation (accident, morsure ou
piqûre d’insecte) ou par voie digestive.

2.4.4 Portes d’entrée : Les portes d’entrée sont liées aux différents modes de transmission : -
voie respiratoire pour la transmission aérienne, -voie cutanée ou muqueuses ; -voie sanguine
lors d’une piqûre ou d’une blessure ; -voie digestive en portant les mains ou un objet à la bouche.

2.4.5 Hôte potentiel : En milieu professionnel, il s’agit du travailleur, qui pourra être contaminé
et pourra développer une maladie si l’exposition est suffisamment importante et s’il n’a pas été
protégé.

2.4.6 Modes de contamination

Les principales sources de contamination sont le sang et les produits biologiques contaminés.
On distingue les voies suivantes :

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✓ Voie cutanée ou percutanée : soit par piqûre lors de l’utilisation d’aiguille pour
injections ou par coupure avec le matériel tranchant, soit à la suite de projection de sang
ou autre liquide biologique sur une peau lésée du soignant.
✓ Voie respiratoire ou aérienne à partir des aérosols.
✓ Voie conjonctivale, par projection de matériel contaminé dans l’œil.
✓ Voie orale (ou par ingestion) qui résulte du non-respect de certaines règles élémentaires
dans les établissements de santé (pipetage à la bouche dans le laboratoire, alimentation
ou tabagisme dans les lieux de travail), mais aussi du port des mains souillées à la
bouche.

2.5 Types de risques biologiques

On distingue quatre types de risques pouvant résulter d’une exposition à des agents biologiques
: infectieux, immuno-allergiques, toxiniques et cancérogènes.

2.5.1 Risques infectieux

Les infections sont dues à la pénétration et à la multiplication d’un microorganisme dans le


corps. Selon l’agent biologique en cause, les principales répercussions sur la santé sont très
variables dans : -leur localisation (lésion cutanée, pneumonie, ictère ou jaunisse), -leur gravité
(simple fièvre, complications cardiaques ou pulmonaires pouvant entrainer la mort) ou, -leur
temps d’apparition (quel que heures, jours ou mois). Nous ne sommes pas tous égaux face au
risque infectieux, on peut développer une infection après une contamination ou en cas de baisse
de l’immunité (VIH, grossesse, traitement après greffe d’organe).

2.5.2 Risques immuno-allergiques

Les allergies (ou les réactions d’hypersensibilité) sont dues à une défense immunitaire trop
importante. Ces réactions sont dues à la présence dans l’organisme d’un allergène pouvant
provenir d’un agent biologique. Le seuil de déclenchement de ces effets est très variable d’un
individu à un autre, et pour un même individu au cours du temps.

Exemples : Rhinite, asthme.

2.5.3 Risques toxiniques

Une intoxication est un ensemble de troubles résultant de l’action exercée sur l’organisme par
une ou plusieurs toxines issues d’agents biologiques. En milieu professionnel, tout salarié peut
être exposé à des mycotoxines ou des endotoxines. Les mycotoxines sont produites par des

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moisissures dans certaines conditions de température et d’humidité. Certaines mycotoxines
peuvent entrainer directement des cancers. Les endotoxines sont des composants de la paroi des
bactéries (Gram négatif), libérées lors de la division cellulaire et lors de la mort des bactéries.
Leurs effets sont complexes : -fièvre passagère accompagnée de courbatures ressemblant à un
début d’état grippal. -atteinte broncho-pulmonaire pouvant devenir chronique (évolution
possible vers une insuffisance respiratoire). -manifestations digestives (nausée, diarrhée)
rattachées à une exposition massive par inhalation en particulier dans le traitement des eaux
usées et des déchets.

2.5.4 Risques cancérogènes

Un cancer est une tumeur maline formée par la multiplication désordonnée des cellules.
Certaines infections lorsqu’elles sont chroniques peuvent devenir cancérogènes. Par exemple
les infections chroniques par les hépatites B et C évoluent vers un cancer du foie. La liste
européenne des produits classés CMR ne contient pas d’agents biologiques mais le Centre
International de Recherche sur le Cancer (CIRC) définit cinq catégories de cancérogènes :
Groupe 1 : l’agent biologique est cancérogène pour l’homme Exemple : Virus de l’Hépatite B
ou C

Groupe 2 A : l’agent est probablement cancérogène pour l’homme Exemple : Infection à


Clonorchis sinensis (ver plat parasite des mammifères). Chez l'homme, il est à l'origine de la
distomatose hépatique.

Groupe 2 B : l’agent peut être cancérogène pour l’homme Exemple : VIH

Groupe 3 : l’agent est inclassable quant à sa cancérogènicité pour l’homme. Exemple : Toxines
de Fusarium.

Groupe 4 : l’agent n’est probablement pas cancérogène pour l’homme. 2.6 Principales
infections dues aux agents biologiques

2.6.1 Principales infections bactériennes

Les principales infections bactériennes, contractées en milieu de soins sont la tuberculose, les
fièvres typhoïdes et paratyphoïdes, la brucellose et la listériose.

2.6.1.1 Tuberculose : Certaines études montrent que l’incidence de la tuberculose est quatre
fois plus importante chez le personnel de soins travaillant dans un hôpital et cinq fois plus

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importante chez le personnel de soins travaillant dans un hôpital de phtisiologie que chez la
population générale.

2.6.1.2 Brucellose : Elle est due aux bactéries du genre Brucella ; elle touche environ 5000
personnes par an. Des cas de brucelloses professionnelles ont été décrits chez les personnels de
laboratoire de bactériologie.

2.6.1.3 Fièvre typhoïde et paratyphoïde : La transmission au personnel du laboratoire peut se


faire par les selles, les urines, la bile et le sang contenant une charge infectieuse élevée, suite à
une ingestion accidentelle, mains sales portées à la bouche, pipetage buccal ou à une inoculation
parentérale.

2.6.1.4 Listériose : La bactérie peut être isolée dans les sécrétions vaginales, mais aussi dans
les selles de patients porteurs asymptomatiques, là encore des mesures prophylactiques
particulières seront prises pour les femmes enceintes (port de gants, blouses).

2.6.2 Principales infections virales

Les professionnels de la santé sont confrontés aux risques de contamination virale par
l’intermédiaire du sang et des liquides biologiques, notamment l’hépatite B, C et le VIH. 2.6.2.1
Les hépatites virales Ces hépatites sont des maladies professionnelles.

1. Hépatite virale A : Elle est due à un virus à ARN appartenant à la famille des entérovirus.
C’est un virus très résistant à la température ambiante et aux agents chimiques habituels.
L’incidence de ’hépatite A est variable d’une région à l’autre et beaucoup plus élevée dans les
pays en voie de développement,

2. Hépatite virale B : La transmission de l’hépatite B peut se faire par voie parentérale, parfois
fœtomaternelle, aussi par voie orale (ou le risque soit très inférieur). L’exposition au virus de
l’hépatite B (VHB) est un risque sérieux dans les professions de santé que dans la population
générale.

3. Hépatite virale C : Le risque de contamination par le virus de l’hépatite C (VHC) doit être
envisagé, auprès de tout AES, le nombre de personnes infectées par le VHC et le taux de
transmission après accident sont plus importants que pour le VIH.

4. Hépatite virale E : C’est une maladie à transmission oro-fécale, un risque transfusionnel très
faible est maintenant reconnu. Des études ont décrit des cas de contamination professionnelle
pour les membres du personnel de santé.

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5. Hépatite virale F : encore mal individualisée. 2.6.2.2 Le virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) On estime que 35 millions de personnes sont contaminées par le VIH dans le
monde et c’est en Afrique que la situation est la plus grave. En milieu de travail, le risque de
transmission est limité aux cas de piqûres ou coupures accidentelles avec du matériel souillé
(agents de nettoyage et d’entretien ramassant des seringues abandonnées).

A l’échelle mondiale, 286 cas d’infection à VIH d’origines professionnelles ont été cumulés en
fin 1997. Le nombre de cas le plus important a été observé dans les zones à haut risque.

2.7 Éléments clés de la gestion du Risque Biologique (EAP)

La gestion du risque biologique se base sur trois éléments clés :

2.7.1 Evaluation du Risque Biologique

Le risque est l'association de la probabilité et des conséquences d'un événement indésirable lié
à un danger ou une menace spécifique.

Probabilité R = f (P, C) Conséquences Eventualité qu'un événement gravité d'un événement


survienne

2.7.2 Atténuation du Risque Biologique

La réussite de l’atténuation du risque biologique se fait par différents moyens, à savoir :

2.7.2.1 Elimination : modifications des postes de travail, des équipements, des matériels, des
installations de production susceptibles de réduire ou d’éviter l’exposition à des dangers.

2.7.2.2 Contrôles administratifs :

✓ Politiques, normes et directives utilisées pour endiguer les risques.


✓ Pour le personnel : formation, compétence, santé, vaccination
✓ Diffusion de l’information,
✓ Sécurité des infrastructures,
✓ Plan d'urgence et Programme d’audit.

2.7.2.3 Contrôles techniques : Maintenance, Calibration et Contrôles des équipements

2.7.2.4 Pratiques et procédures :

✓ inventaire de produits dangereux


✓ bonnes pratiques de labo

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✓ désinfection et décontamination
✓ gestion des déchets
✓ utilisation des EPI
✓ modes de transport des agents biologiques et toxines

2.7.2.5 Équipements individuels de protection : Dispositifs portés par l’employé pour se


protéger des dangers au laboratoire.

2.7.3 Mesure de la Performance

Pour savoir si :

- l’évaluation est satisfaisante ;


- les mesures d'atténuation fonctionnent ;
- le programme est viable et durable.
Trois éléments doivent être réunis :

-Contrôle : processus, procédures, structures et responsabilités pour la gestion du risque


biologique.

-Assurance : processus de vérification, Systématique du système au moyen d’audit et


d’inspection.

-Amélioration : fixer et atteindre des buts en matière de gestion du risque fondés sur les
feedback internes et externes.

2.8 Prévention du risque biologique

Tout employeur a l’obligation de mettre en place une démarche de prévention adaptée aux
agents biologiques. Celle-ci est fondée sur le principe de rupture de la chaîne de transmission
de l’agent biologique à l’homme, à un ou plusieurs niveaux :

1. La source de l’infection (le réservoir) ;

2. Le mode de transmission ;

3. Le salarié potentiellement exposé (procédures de travail et hygiène individuelle) ;

4. l’évaluation des risques, c’est-à-dire identifier les dangers liés aux différentes activités ; et
5. Définir les concepts clés, les enjeux.

Exemple : Conduite à tenir autour d'un cas de tuberculose en établissement de santé :

-Obligation de vaccination par le BCG pour le professionnel de santé

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-Fiche technique : Masques

-Fiche technique : Mesures préventives

-Fiche technique : Modalités de suivi du personnel contact

-Fiche technique : Modalités de suivi des patients contacts

-Fiche technique : Modalités du comptage tuberculeux

2.9 Sécurité biologique

2.9.1 Sécurité

La sécurité signifie l’absence des accidents ou de risques inacceptables.

L’accident est une manifestation du risque qui est susceptible d’engendrer des dommages sur
des personnes, des installations et/ou de l’environnement.

La sécurité est la protection préventive du salarié contre les risques d’accident du travail, ainsi
que la tendance à pérenniser le travailleur contre perte de son travail, en rendant moins
fréquentes les causes de rupture de contrat de travail. La sécurité et avant tout une affaire de
comportement individuel, à tous les niveaux en commençant par les responsables.

La sécurité au travail partage avec la sécurité industrielle des aspects communs dans le sens où
elles font toutes les deux références à des notions telles que le risque, le danger, la prévention,
la protection mais aussi la responsabilité et l’assurance. Elle est de l’ordre de la protection et de
la prévention des accidents et des maladies dans le monde professionnel. De plus, la sécurité au
travail est intimement liée à une situation de travail qui permet de décrire le travail à réaliser,
les missions à remplir en termes de tâches et d’activités. La situation de travail permet de décrire
également le poste de travail et son environnement professionnel.

La sécurité industrielle est l’ensemble des méthodes ayant pour objet de supprimer, ou du moins
minimiser, les conséquences des défaillances ou des incidents, dont un dispositif ou une
installation peuvent être l’objet, conséquences qui ont un effet destructif sur le personnel, le
matériel ou l’environnement.

La sécurité des systèmes est définie comme l’absence de risques inacceptables. Cette définition
repose sur la notion de risque et la sécurité des systèmes n’est atteignable que par le biais d’un
processus de réduction du risque.

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2.9.2 Sécurité biologique

La sécurité biologique (Biosafety) consiste dans la mise en œuvre d’un certain nombre de
principes, de techniques et de pratiques de confinement visant à prévenir le risque accidentel
d’exposition du personnel à des agents pathogènes ou à des toxines, ou encore de libération de
telles substances. La sécurité biologique vise donc à :

✓ Protéger la population et l’environnement ;


✓ Protéger le personnel ;
✓ Maîtriser l'urgence en cas d’accidents ou de problèmes.

La sûreté biologique (Biosecurity) consiste dans la mise en place d’un certain nombre de
mesures d’ordre administratif et de gestion du personnel, en vue de réduire le risque de perte,
de vol, d’utilisation à mauvaise instruction, de détournement ou de libération délibérée d’agents
ou de toxines. Elle vise la protection, le contrôle et la responsabilisation pour le matériel
biologique précieux dans les laboratoires, afin d'en réserver l'accès et d'éviter les pertes, vols,
utilisations abusives, détournement ou disséminations délibérées. Les procédures et pratiques
utilisées pour la sécurité et la sûreté biologiques visent à contenir les agents biologiques dans
des endroits précis.

→→→ La sécurité biologique vise à protéger les êtres humains et l’environnement des effets
des agents biologiques alors que la sûreté biologique consiste à protéger les agents biologiques
contre ceux qui voudraient les utiliser dans l’intention de nuire.

La planification et la mise en œuvre d’un plan de sécurité biologique des laboratoires doivent
être adaptées à la nature de chaque établissement, aux types de recherches et de diagnostics
effectués, et à l’environnement local. Pour cela, il est nécessaire :

✓ d’inclure des directeurs scientifiques, des chercheurs principaux, des employés de


laboratoire, des administrateurs, des agents de sécurité, du personnel de sûreté et
d’entretien et des organismes d’application de la loi.
✓ de communiquer en temps opportun les cas de vol, de perte ou de rejet des agents
pathogènes à l’agent responsable. Ce dernier assure leur transfert et leur transport aux
personnes autorisées à avoir accès.

Le plan de sécurité biologique des laboratoires doit porter sur les facteurs suivants : -Protection
matérielle ; -Pertinence et fiabilité du personnel ; -Responsabilisation relative aux agents
pathogènes ; -Intervention en cas d’incident ou d’urgence.

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1. Protection matérielle

L’évaluation des risques liée à la protection matérielle doit inclure tous les niveaux de l’examen
de la sécurité biologique des laboratoires : sûreté du périmètre, sûreté de l’établissement, sûreté
des laboratoires et sûreté propre aux agents pathogènes, et on doit y souligner les procédures
visant à protéger l’endroit, par exemple, accès par carte, claviers numériques, verrous de
sécurité, etc. Tous les laboratoires doivent adopter des pratiques de biosécurité dans le but de
réduire les possibilités d’entrée non autorisée sur les lieux, dans les endroits réservés aux
animaux et à l’entreposage ainsi que l’enlèvement non autorisé de matières infectieuses de
l’établissement.

2. Pertinence et fiabilité du personnel

La vérification des références et des autorisations de sécurité peut être exigée avant que l’accès
aux installations soit autorisé aux employés. L’utilisation d’insignes d’identité avec photo pour
les employés et d’insignes temporaires pour les visiteurs accompagnés, peuvent permettre
d’identifier les personnes à autorisation d’entrer dans les zones réglementées.

L’accès aux installations réservées aux agents pathogènes et à l’entreposage est limité aux
utilisateurs et aux personnes légitimes seulement.

3. Responsabilisation relative aux agents pathogènes

Les procédures de responsabilisation relatives aux agents pathogènes doivent comporter les
exigences relatives à l’inventaire en ce qui concerne : -l’étiquetage approprié, -le contrôle de la
possession interne, -l’inactivation et l’élimination des cultures après utilisation ainsi que -les
transferts à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement et -la mise régulière des inventaires à
jour. La tenue des dossiers doit comprendre : -les inventaires d’agents pathogènes, -le nom des
personnes qui ont accès aux agents pathogènes ainsi qu’aux endroits où ils sont entreposés ou
utilisés, et -les documents de transfert. En outre, il doit exister une méthode de notification pour
permettre de définir, de signaler et d’apporter des mesures correctives aux problèmes en matière
de sûreté, c’est-à-dire signaler les divergences contenues dans les inventaires, les défectuosités
du matériel, les manquements à la sûreté, le rejet des agents pathogènes.

4. Intervention en cas d’incidents ou d’urgence en matière de biosécurité

Il est nécessaire de mettre au point un protocole de déclaration et d’enquêtes sur les incidents
de sûreté, par exemple les matières infectieuses manquantes ou entrée non autorisées. Il doit
exister un mécanisme pour le signalement et l’expulsion des personnes non autorisées.
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Les plans d’intervention en cas d’incidents ou d’urgence en matière de sécurité biologique des
laboratoires doivent comporter des mesures d’intervention en cas :

✓ d’événements intentionnels (alertes à la bombe),


✓ d’événements non intentionnels (rejets accidentels)
✓ ou d’événements naturels (pannes électriques, phénomènes météorologiques violents)

Remarque : Il est nécessaire d’offrir une formation à tout le personnel concerné.

17
Chapitre 2 : Le Risque Chimique et la Sécurité Chimique
2.1 Définition du produit chimique
Tout élément ou composé chimique, seul ou mélangé, tel qu'il se présente à l'état
naturel ou qu'il résulte d'une activité professionnelle, qu'il soit ou non produit
intentionnellement et qu'il soit ou non commercialisé.

Les substances, produits ou préparations dangereuses sont des produits qui, à


l'occasion de leur fabrication, de leur manutention, de leur transport ou de leur emploi,
peuvent former ou dégager des gaz, des vapeurs, des brouillards, des fumées, des poussières
ou des fibres aux propriétés notamment corrosives, nocives, toxiques, inflammables ou
explosibles susceptibles de porter atteinte à la santé des personnes ou de l'environnement en
milieu de travail (fig. 1).

Fig.1 – Pictogrammes des produits dangereux.

Les substances : Eléments chimiques purs, tels qu'ils se présentent à l'état naturel, ou
tel qu'ils sont obtenus par tout procédé de production.

Les préparations : Mélanges, ou solutions, composés de deux ou plusieurs substances


différentes.

18
Les emballages des substances, produits ou préparations dangereuses doivent être
solides, étanches et appropriés.

Remarque : Les quantités de substances, produits ou préparations dangereuses, utilisées pour


les besoins de production sur les lieux de travail seront limitées aux quantités
quotidiennement nécessaires.

2.1.1 Sources d’information sur les produits chimiques :


Les principales sources d9information sur les produits chimiques sont : L9étiquetage et
la Fiche de Données de Sécurité (FDS)

2.1.1.1 Etiquetage des produits chimiques


L9étiquette (fig. 2) porte les indications suivantes :

- Le ou les noms des substances


- Les noms, adresse et téléphone du fabricant ou de l9importateur
- Les symboles et indications de danger
- Les phrases indiquant les risques particuliers (phrases R**, devenues mentions H***)
- Les phrases indiquant les conseils de prudence (phrases S**, devenues P***).

19
Fig. 2 – Etiquetage des produits chimiques.

2.1.1.2 Fiche des données de sécurité (FDS)

La Fiche de Données de Sécurité est un document de synthèse et d9informations sur


l9utilisation, les précautions d9emplois et les risques présentés par un produit chimique. La
composition des FDS est régie par le règlement européen REACH. Ces fiches sont composées
de 16 points réglementaires obligatoires, à savoir (fig. 3):

1. Identification de la substance/mélange et de la société/l9entreprise.


2. Identification des dangers.
3. Composition/information sur les composants.
4. Premiers secours.
5. Mesures de lutte contre l9incendie.
6. Mesures à prendre en cas de dispersion accidentelle.
7. Manipulation et stockage.
8. Contrôles de l9exposition/protection individuelle.
9. Propriétés physiques et chimiques.
10. Stabilité et réactivité.
11. Informations toxicologiques.
12. Informations écologiques.
13. Considérations relatives à l9élimination.
14. Considérations relatives au transport.
15. Informations relatives à la réglementation.
16. Autres informations, y compris les informations concernant la préparation et la mise à jour
de la FDS.

20
Fig. 3 – Fiche de données de Sécurité des produits dangereux.

Comparaison des FDS


1. Système général harmonisé de classification et d9étiquetage des produits chimiques (SGH), Nations
Unies, 2005, première édition révisée.

2. ISO 11014-1 :2003 PROJET Fiches de données de sécurité pour les produits chimiques.
3. American National Standard for Hazardous Industrial Chemicals-MSDS Preparation (ANSI Z-400.1-
2004).

4. U.S. DOL, OSHA, 29 CFR 1910.1200, HAZCOM.

21
22
23
24
25
2.1.2 Classement des produits dangereux

26
2.1.3 Substances CMR
Les produits « CMR » font partie d'une famille de produits particulière car très
dangereux, et font l'objet d'une classification, d9une identification, et une prévention, très
précises.
C : Cancérogène. M : Mutagène. R : Reprotoxique (ou toxique pour la reproduction).

2.1.4 Impact des produits chimiques

Les produits chimiques présentent plusieurs impacts :

2.1.4.1 Impacts sur la santé


Cancérogénicité
Mutagénicité
Reprotoxicité
Perturbation endocrinienne
Neurotoxicité

2.1.4.2 Impacts environnementaux


Pollution des ressources, en particulier, H 2O & O2
Réchauffement climatique
Appauvrissement de la couche d9ozone
Perte de biodiversité

2.1.4.3 Impacts économiques


-Impact sur les exportations des pays les moins avancés, des pays en développement et des
économies en transition.
-Dépenses croissantes pour faire face aux impacts par exemple les cyclones, inondations,
maladies
-Augmentation des coûts de production-prix des produits chimiques toujours à la hausse,
cercle vicieux, travailleurs toujours malades.

27
2.2 Définition du risque chimique
Le risque chimique est omniprésent dans de nombreuses activités anthropiques
(l9industrie chimique, la pétrochimie, l9agriculture, la métallurgie&), il est susceptible d9engendrer
des conséquences néfastes pour l9homme et l9écosystème. C9est celui qu9engendre l9utilisation, la
manipulation et/ou le stockage des produits chimiques.

C9est l9ensemble des situations dangereuses ayant pour origine des produits
chimiques. Il découle de la présence ou de la manipulation de produits chimiques utilisés dans
les industries et qui sont souvent des agents pathogènes (Margossian, 2006).

Exemple : Un salarié sur trois, est exposé à un risque chimique. La plupart des entreprises
utilise des produits chimiques qui peuvent comporter plusieurs risques :
-Pour la santé : maladies
-Pour la sécurité : incendie-explosion
-Pour l9environnement : pollution
-Pour l9économie : coûts accrus

Le risque chimique, lié à la nature du produit, se manifeste par des atteintes à la santé de
manière aiguë telle que les lésions, brulures, irritations, intoxication&ou chronique sur le long
terme pour aboutir à des pathologies (cancer, ...). Les propriétés physicochimiques
(inflammabilité, explosivité, toxicité, réaction dangereuse) des substances utilisées, manipulées
ou stockées révèlent le danger auquel l9exposition représente des situations dangereuses
susceptibles d9être l9origine du risque chimique.

Le risque chimique est également la cause principale des accidents industriels majeurs
qui se produisent dans les usines de fabrication, de stockage et de transport de matières
dangereuses, par exemple : la catastrophe écologique de SEVESO, 1976 ; l9accident de Bhopal,
1984, l9explosion de AZF, Toulouse 2001 et Skikda, 2004. La présence de produits chimiques
aggrave les accidents en cas de dysfonctionnement des équipements dans les activités
industrielles.

2.3 Classification du risque chimique


Le risque chimique s9explique par la présence des produits chimiques toxiques ou
inflammables.

2.3.1 Risque d’intoxication par leur action sur les tissus vivants

Les produits chimiques dangereux peuvent altérer plus ou moins gravement la santé.
La gravité des effets des produits chimiques sur la santé dépend de plusieurs paramètres
caractéristiques du produit chimique concerné (toxicité, nature physique&) voies de
pénétration dans l9organisme (respiratoire, cutanée ou digestive) mode d9exposition (niveau,
fréquence, durée&) état de santé et autres expositions de la personne concernée (physiologie,

28
prise de médicaments, consommation d9alcool ou de tabac, expositions
environnementales&).

Les voies de pénétration d9un produit dangereux dans le corps humain sont
directement liées à l9état physique du produit. Les produits chimiques pénètrent dans le corps
par trois voies principales (cutanée, pulmonaire et orale), passent dans le sang ou ils sont
véhiculés par différents organes où ils se concentrent dans les organes sous la forme
métabolisée avant d9être éliminés (fig. 4).

2.3.1.1 Voie digestive

L9absorption de produits chimiques par la voie digestive peut se présenter sous deux
formes :
-une forme accidentelle par l9ingestion d9une quantité importante de produit,
-une forme chronique par l9ingestion répétée de faibles doses.

2.3.1.2 Voie respiratoire

Les poussières, les vapeurs et les fumées constituent le type le plus répandu de
particules en suspension dans l9air, dans un lieu de travail. Les voies respiratoires sont donc
particulièrement exposées à ces particules pouvant avoir des effets très divers sur les
poumons ou sur d9autres organes du corps.
Exemple : Un adulte au repos respire environ 45 litres d9air par minute. Au cours d9une activité
soutenue, il respire 20 litres et plus.

Les poussières sous forme de grosses particules (de 0,1 à 0,01 mm) sont piégées au
niveau des voies respiratoires supérieures, alors que les plus fines (0,005mm et moins)
atteignent sans difficulté les alvéoles pulmonaires.

Les vapeurs et fumées traversent la paroi pulmonaire et se retrouvent dans le circuit


sanguin. Certaines d9entre elles ont la capacité de provoquer des lésions plus ou moins graves
sur les muqueuses respiratoires (vapeurs d9acide sulfurique, par exemple).

2.3.1.3 Voie cutanée

La peau constitue une bonne enveloppe protectrice, malheureusement soumise à de


multiples agressions. Les problèmes peuvent commencer lorsque des produits sont en contact
avec elle. Certains l8irritent, d9autres détruisent les tissus et d9autres encore traversent cette
barrière que constitue notre peau.

29
Selon la nature et la réactivité du produit chimique absorbé, l9intoxication se manifeste
de deux façons différentes : accidentelle ou chronique. En milieu professionnel, l9intoxication
accidentelle est considérée comme un accident du travail et réparé comme tel.

-Une intoxication accidentelle est produite par l9absorption ou le contact d9une


substance très agressive et en quantité importante. Au bout de quelques minutes, le produit
chimique agit au point d9impact du corps avec destruction des cellules.
Exemples : Les brulures chimiques par projection d9acides et de bases concentrés.

Fig. 4 - Voies de pénétration des produits chimiques dans le corps humain.

-Une intoxication chronique est due à l9absorption de petites quantités de produits


toxiques pendant des durées plus ou moins longues. Les intoxications chroniques sont à
l9origine de pathologies variées dont les plus connues sont les maladies professionnelles.
Exemples : Pneumoconioses ; Ostéolyse et nécrose du squelette ; Eczémas, dermatoses,
cancers.

Remarque : Un même produit, peut développer, suivant le cas et en fonction des quantités
absorbées :
- Une intoxication accidentelle, action brutale par contact 8avec la peau) ou absorption (par
voies orale et respiratoire) de grandes quantités de substances toxiques ;
- Une pathologie ou une maladie professionnelle après plusieurs jours, mois ou années
d9absorptions quotidiennes de petites quantités de substances toxiques ou nocives.

2.3.2 Risque d’incendie-explosion


Il s9agit de réactions exothermiques souvent accidentelles et se produisent chaque fois
avec des produits incompatibles. Le risque incendie-explosion a pour origine des réactions
chimiques dangereuses, la combustion étant l9une d9elles.

30
Le terme de danger regroupe trois concepts fondamentaux :

-Phénomène dangereux défini comme étant source potentielle de dommage,


-Situation dangereuse définie comme étant la situation dans laquelle les personnes, les biens
ou l9environnement sont exposés à un ou plusieurs phénomènes dangereux,

-Evénement dommageable défini comme étant l9événement déclencheur qui fait passer de la
situation au dommage.

2.3.2.1 Risque Incendie

Un incendie est un feu violent et destructeur pour les activités humaines ou la nature.
L'incendie est une réaction de combustion non maîtrisée dans le temps et l'espace.

L9incendie est un phénomène de combustion qui peut dégénérer rapidement. Il est


souvent dévastateur car il peut entraîner de nombreuses victimes et des dégâts importants
avec des coûts élevés, particulièrement dans les installations industrielles, les entrepôts et les
établissements recevant du public (ERP). Tout est réduit en fumée en un temps très court ;
c9est l9accident le plus redouté.

Les origines d9incendies peuvent être nombreuses : réactions chimiques dangereuses,


incompatibilités de produits, explosifs, emballement thermique, fuite de gaz, électricité
(surtension, appareils défectueux), malveillance, imprudence, ignorance&.

L9incendie et l9explosion sont la conséquence d9une réaction dangereuse, la


combustion. Les conséquences d9un incendie sur l9homme sont de deux types :

2.3.2.1.1 Effets Directs

Il s9agit de la brûlure, provoquée par les flammes ou les matériaux en ignition, ou de


l9intoxication, provoquée par les gaz résultants de la combustion. Deux types de risques :
risque d9anoxie et risque toxique.

1. Risque d’anoxie

L9air est composé principalement d9azote et d9oxygène dans des proportions très
précises. La diminution du taux d9oxygène, due à une augmentation du taux d9un autre
composé, entraîne le risque d9ANOXIE. La zone sûre est composée dans une fourchette allant
de 19 à 23% d9oxygène (O2).
- de 19 à 23% d902 : Niveau normal d9oxygène
- De 16 à 19% d902 : Difficultés respiratoires, nausées, vomissements, vertiges
- De 12 à 16% d902 : Perte de connaissance

31
- < à 12% d902 : Perte de connaissance immédiate entraînant la mort.

2. Risque toxique

Le risque toxique, le plus dangereux pour les populations, est dû généralement à une
perte de confinement (la rupture d9une canalisation, le déchirement d9un réservoir) d9un
produit toxique gazeux à température et pression ambiantes par exemple (l9ammoniac) ou
d9un produit toxique volatil (l9acide chlorhydrique) qui peuvent laisser s9échapper un nuage
toxique qui va se propager dans l9air pour se diluer. Il peut aussi être formé à la suite de la
réaction entre des matières incompatibles dans un procédé découlant d9une perte de contrôle
ou de l9introduction accidentelle d9une matière indésirable dans un procédé. L9inhalation de
ce gaz peut provoquer des problèmes de santé plus ou moins graves, du simple picotement
des yeux ou de la gorge à l9asphyxie ou l9Sdème pulmonaire. Nous citerons la toxicité de
certains produits chimiques :

- Ammoniac : Irritation des muqueuses oculaires et respiratoires, détresse respiratoire,


brûlures cutanées&
- Chlore : Irritation des muqueuses, brûlures, nausées, arrêt respiratoire.
- Dioxyde de carbone : Difficultés respiratoires, perte de connaissance&
- Monoxyde de carbone : Il se fixe sur l9hémoglobine à la place de l9oxygène. Deux types
de toxicité : Chronique (maux de tête, vertiges, asthénie) et Aiguë (paralysie, coma,
décès).
- Hydrogène sulfuré : Irritation oculaire, vertiges, nausées, perte de connaissance.

2.3.2.1.2 Effets Indirects : Allant de la destruction des biens des particuliers à la perte d9outils
de production qui ont, la plupart du temps, des répercutions économiques, écologiques ou
historiques (patrimoine).

2.3.2.2 Combustion

La combustion est une réaction chimique qui se produit entre deux corps un
combustible et un comburant et s9accompagne d9un dégageant de chaleur. Elle peut être lente
(cas de la rouille) ou vive avec apparition de flamme. Cette dernière est instantanée, el le
provoque un échauffement des produits et les décompose en partie avec une augmentation
de fortes pressions de gaz et de vapeurs entraînant l9explosion.

La combustion ne peut avoir lieu que si ces trois éléments sont réunis simultanément
: Un comburant, Un combustible et Une source d9inflammation ou source de chaleur ou
énergie d9activation.

32
2.3.2.2.1 Comburants

Le comburant le plus courant est l’oxygène de l’air. L9oxygène est un comburant


d9autant plus puissant que sa concentration est plus élevée dans le mélange gazeux.
L9oxygène liquide a un pouvoir comburant considérable. Les corps combustibles poreux ou
adsorbants imprégnés d9oxygène liquide sont des explosifs extrêmement puissants.

L9azote est un gaz inerte et ne participe pas à la combustion, aussi l9un des moyens
pour éteindre un feu va consister à priver le feu d9oxygène à l9aide de la mousse, un gaz inerte
(CO2, N2, &) ou de la vapeur d9eau.

Certains corps chimiques contenant ou non de l9oxygène sont des comburants car ils
réagissent violemment avec les matières combustibles et organiques, par exemple :

- L9acide nitrique, le peroxyde d9hydrogène (ou eau oxygénée) concentrés enflamment


la plupart des matières organiques ;
- Les matières organiques imprégnées de chlorate de sodium sec peuvent facilement
s9enflammer sous l9effet d9un frottement, d9un choc où d9une élévation de
température ;
- Le fer brûle dans le chlore humide et chaud (T > 120°) ;
- Le fluor est un comburant plus actif que l9oxygène et enflamme la plupart des produits.

2.3.2.2.2 Combustibles (ou substances inflammables)

La grande majorité des produits organiques contenant du carbone et de l9hydrogène


sont combustibles. Plusieurs produits minéraux : l9hydrogène, l9oxyde de carbone,
l9ammoniac, l9hydrogène sulfuré, l9acide cyanhydrique, le sulfure de carbone sont également
combustibles même s9ils ne renferment pas toujours du carbone et de l9hydrogène. Les
principaux produits formés lors des combustions sont la vapeur d9eau et le gaz carbonique.

Les produits azotés dégagent en plus des oxydes d9azote et les produits soufrés de
l9anhydride sulfureux. La combustion des produits naturels (charbon, dérivés du pétrole,
alcools) dégage de la chaleur, de la vapeur d9eau et du gaz carbonique.

La combustion ne peut se produire qu9aux conditions suivantes :

- Le combustible se trouve en phase gazeuse. Il n9existe que peu de corps susceptibles


de brûler à l9état solide (phosphore, sodium) ;
- Le combustible et le comburant doivent être dans des proportions convenables.

De nature très variée, les combustibles peuvent se trouver sous forme :


- de gaz ou de vapeurs : hydrogène, hydrocarbures gazeux, H 2S, &
- de gaz liquéfiés : propane, ammoniac, &
- de liquides, de gouttelettes, d9aérosols : alcools, cétones, aldéhydes, hydrocarbures
liquides, soufre liquide, solvants

33
- de poussières : polystyrène, polyéthylène, soufre, farine ainsi que certains métaux
(sodium, fer, aluminium, magnésium).

2.3.2.2.3 Energie d'activation : Energie nécessaire au démarrage de la combustion, se


traduisant par une élévation de température.

La condition nécessaire à la combustion « Atmosphère Explosive » : le mélange avec


l9air, dans les conditions atmosphériques de substances inflammables sous forme de gaz,
vapeurs, brouillards ou poussières dans lequel, après inflammation, la combustion se propage
à l9ensemble du mélange non brûlé.

Il existe quatre classes de feux :


Classe A : Feux de solides : Incendie causé par des matériaux combustibles tels que : les
végétaux, le bois, Papiers, plastiques
Classe B : Feux de liquides ou de solides liquéfiables : Incendie causé par : les liquides
particulièrement inflammables (Ethylène), les liquides inflammables miscibles à l9eau (es
alcools, les éthers) et les liquides inflammables :
Classe C : Feux de gaz : Hydrocarbures gazeux (méthane, éthane, propane, butane), Acétylène
et l9Hydrogène.
Classe D : Feux de métaux : Incendie causé par des métaux combustibles : Aluminium,
Magnésium, Sodium, Potassium.

L9extinction est pratiquée par plusieurs types d9extincteurs : Extincteur à eau,


Extincteur à mousse, Extincteur à poudre et Extincteur à gaz. Elle est réussite par différents
moyens, tels que :

Le refroidissement : avec de l9eau par exemple


L’étouffement :
- En formant une couche isolante (mousse, poudre).
- En abaissant le taux d9oxygène afin de rendre le feu impossible (gaz inerte)
- En recouvrant la matière enflammée (sable).

L’inhibition : L9agent extincteur vient agir au cSur de la flamme et interrompre les


réactions de la combustion.

Le transfert : Le feu va être « transféré » à une matière plus facile à éteindre.

2.3.2.3 Risque d’explosion

Le phénomène d9explosion correspond en fait à une brutale libération d9énergie (fig.


5). La violence de l9explosion est essentiellement fonction de la qualité d9énergie libérée et de
la cinétique du processus de libération.

34
Fig. 5 - L’hexagone de l’explosion.

2.3.2.3.1 Présence d’oxygène

Lorsque la teneur en oxygène dans le nuage est inférieure à une valeur critique,
l'explosion ne peut pas se développer. La Concentration Limite en Oxygène (CLO) est de l'ordre
de 10% pour la plupart des poussières organiques. En effet l'ajout d'un gaz inerte avec l'air
abaisse la teneur en oxygène de l'atmosphère, et de ce fait rend la combustion du mélange
air -poussière impossible. Les gaz inertes les plus employés sont l'azote (N2), le dioxyde de
carbone (CO 2) et la vapeur d'eau.

2.3.2.3.2 Poussières combustibles

Pour exploser, les poussières doivent être des poussières combustibles, c'est-à-dire
qu'elles puissent réagir avec l'oxygène de l'air en dégageant de la chaleur, par exemple : le
bois, le charbon, les matières plastiques et des métaux. Le sable est un exemple de poussière
incombustible. La puissance de combustion développée par la poussière dépend de sa
granulométrie et de son humidité.

2.3.2.3.3 Mise en suspension (gaz, poussières, aérosols)

Pour que l9explosion puisse se développer : il faut que les particules de poussières
doivent être maintenues en suspension un temps suffisant.

35
La stabilité d'un nuage (sa capacité à rester en suspension dans l'air), est caractérisée
par le pouvoir de re-suspension. Ce dernier dépend de :

-la densité du nuage de poussières (concentration de la poussière dans l'air) ;


-la masse, la forme et la taille des particules ;
-des conditions ambiantes (humidité relative et température).

2.3.2.3.3 Domaine d'explosivité - Concentration de poussière

Pour qu'un nuage de poussières soit un nuage explosible, la concentration de


poussières dans l'air doit être située entre deux valeurs : la LIE (Limite [C] Inférieure
d'Explosion) et la LSE (limite [C] Supérieure d'Explosion)/ (fig. 6).

Fig. 6 - Domaine d'explosivité.

Zone 1 : Mélange air-combustible gazeux trop pauvre en gaz, la combustion est impossible
- L9air (21% O2, 79% N2) encombre le milieu réactionnel et gêne les rencontres entre
molécules d9oxygène et du combustible.
- La quantité de chaleur dégagée par la réaction amorcée en un point est insoumise dans
volume inerte entourant ce point. La combustion s9arrête.

Zone 2 : Mélange air-combustible gazeux en proportions convenables, la combustion peut


se développer : Le domaine d'explosivité se situe entre ces deux valeurs de concentration.

LSE (Limite supérieure d’explosivité) : concentration maximale au-dessous de laquelle le


mélange peut être enflammé, ou encore, c9est la limite au-dessus de laquelle l9onde explosive
ne se propage pas, le gaz et les vapeurs brûlent sans exploser.

36
LIE (Limite inférieure d’explosivité) : concentration minimale au-dessus de laquelle le
mélange peut être enflammé.

Zone 3 : Mélange air-combustible trop riche en gaz, la combustion est impossible


-Le combustible encombre le milieu réactionnel
-La chaleur dégagée est insuffisante pour propager la combustion.

Exemple de limites d’explosivités


Un mélange composé de Méthane et d9air, comprenant au minimum 5% de Méthane
et au maximum 14% de Méthane, est susceptible de propager la flamme.

-5% correspond à la L.I.I du Méthane dans l9air ou la Limite inférieure d9explosivité LIE.
-14% correspond à la L.S.I ou Limite supérieure d9explosivité LSE du Méthane dans l9air.

2.3.2.3.4 Source d'inflammation

Une énergie suffisante est nécessaire pour permettre l'allumage d'un nuage explosible.
Les paramètres caractéristiques des phénomènes d9inflammation sont :

-Température d'auto-inflammation (TAI)


-Energie minimale d'inflammation (EMI).

Lorsqu9un mélange inflammable n9est pas porté à sa température d9auto inflammation,


une énergie d9activation est nécessaire pour démarrer la combustion.

Les explosions peuvent être classées en fonction de la vitesse de l'onde qu'elles


engendrent. On parle de :
-déflagration lorsque le front de décomposition se déplace à une vitesse inférieure à la vitesse
du son dans le milieu local,
-détonation lorsque le front de flamme dépasse la vitesse du son des gaz brûlés, ce qui
engendre une onde de choc. C'est ce qui se produit lors de l'utilisation d'un détonateur ou
d'un explosif brisant, le front de décomposition peut se propager à des vitesses qui dépassent
10 km/s.

37
L9énergie libérée peut avoir différentes origines :

2.3.2.3.1 Explosion due à une réaction chimique

Réaction entre deux composés chimiques réactifs entre eux avec une vitesse de
réaction très rapide et une énergie libérée très importante. Le système déclenche lui-même
le processus d9explosion, les causes de la réaction peuvent être :
-Mise en présence accidentelle
-Présence d9impuretés dans une cuve de stockage,
-Une canalisation&

2.3.2.3.2 Explosion due à une cause physique


Le système reçoit un apport d9énergie de l9extérieur. Le système est stable ou stabilisé
dans les conditions normales d9utilisation. L9instabilité peut être due à un point chaud, un
choc&

2.3.2.3.3 Explosion nucléaire

La désintégration de noyaux atomiques lourds en éléments plus légers a lieu en


libérant une énergie considérable.

2.3.3 Risques dus aux réactions chimiques dangereuses

Certaines réactions chimiques sont dites dangereuses car elles sont accompagnées par
la formation des substances dangereuses, toxiques ou inflammables. La plupart des sinistres
industriels survenus dans les usines ont pour origine de telles réactions. Ce sont :
-soit des réactions secondaires qui peuvent accompagner des synthèses mal contrôlées,
-soit des mélanges imprévisibles (par suite de fuites par exemple) de substances
incompatibles,
-ou des réactions de décomposition spontanée de produits peu stables ou explosifs.

Le risque principal de ces réactions dangereuses est la formation et la libération :

-De substances toxiques (acide cyanhydrique, oxydes de chlore, vapeurs nitreuses) ;


-De substances inflammables (acétylène, hydrogène) ;
-Des substances à la fois toxiques et inflammables (hydrogène sulfuré, ammoniac).
-Par leurs caractères imprévisibles, ces réactions dangereuses sont à l9origine de nombreux
accidents graves (explosions, projections de liquides, émanations gazeuses).

38
2.4 Sécurité Chimique

Les règles générales de sécurité et sûreté ont pour objet de faire connaître aux
entreprises un certain nombre de dispositions prises dans l9intérêt de tous les manipulateurs
leur voisinage.

Toute personne au travail dans un laboratoire, qui ne tient pas compte des règles de
sécurité, court un risque élevé dont les conséquences pour elle-même et ses collègues
peuvent être catastrophiques.

2.4.1 Principales règles de sécurité


2.4.1.1 Prévention

Les règles de la prévention des accidents débutent par une bonne connaissance du
travail à effectuer, respect de l'affichage de sécurité, avoir un bon comportement au
laboratoire, l9exercice d9une protection personnelle efficace, étiquetage, entreposage et
élimination correcte des produits chimiques.

1/ Connaissance du travail à effectuer

Il faut rechercher le maximum d'informations sur les produits utilisés, le matériel


employé et sur les techniques et les réactions chimiques mises en Suvre. En cas de doute sur
les risques associés à une manipulation, on doit procéder à une recherche bibliographique ou
solliciter les conseils d'une personne compétente dans la matière.

2/ Affichage de sécurité

Chacun des travailleurs doit localiser :


-localiser certains numéros d'appel téléphoniques utiles ;
-connaître l'emplacement et le mode de fonctionnement des extincteurs et de la douche
d'urgence, des bains oculaires, de la couverture ignifugée, de la trousse de premiers soins et
du disjoncteur général ;
-connaître l'emplacement des sorties d'urgence et des dispositifs d'alarmes.

3/Comportement au laboratoire

Les accidents de laboratoire sont fréquemment provoqués par l'exécution trop rapide
des opérations. Au laboratoire :
-il faut être attentif et éviter tout comportement irréfléchi ; de plus, il faut avoir connaissance
du travail réalisé par ses collègues.

39
-Il faut exclure la préparation, la consommation et la conservation de nourriture et de boissons
dans le laboratoire, afin d'éviter leur contamination accidentelle par des produits toxiques, et
ni fumer au voisinage fréquent de substances inflammables.

-Bien fermer les tiroirs et les portes d9armoires pour éviter les chutes ou les glissades
accidentelles.
-garder les allées libres.

4/Protection personnelle
* Protection oculaire : Au laboratoire, on doit toujours porter des lunettes de sécurité.
* Blouse : Elle doit être en coton résistant, à bouton pression, assez longue.
* Gants : Le port de gants en latex peut être recommandé pour la manipulation de produits
corrosifs ; produits très toxiques par voie cutanée ; et non pour l(utilisation d9un bec bunsen.

5/ Étiquetage
Les flacons et récipients contenant des produits chimiques doivent être étiquetés pour
faciliter leur identification. Dans le cas de produits préparés, la date de fabrication et le nom
du produit doivent être indiqués.

6/ Protection de l’environnement et élimination des déchets


-Ne pas jeter la verrerie dans la poubelle à papier ; une caisse est prévue à cet effet.
-Eliminer les petites quantités de substances solubles dans l'eau et peu toxiques dans l'égout
de l'évier, en faisant circuler l'eau. Pour autres déchets chimiques (solutions d9EDTA, plomb et
mercure), on doit disposer de récipients résistants, en plastique ou en métal, pour les
entreposer avant de les éliminer.

Exemples :
1. Une solution de pH compris entre 0 et 6 doit être basifiée par une solution de soude.
2. Une solution de pH compris entre 8 et 14 doit être acidifiée par de l'acide chlorhydrique.
3. Une solution de di brome est détruite par une solution de soude ou de thiosulfate de
sodium.
4. Eliminer les copeaux de magnésium restant par ajout d'une solution légèrement acide

7/ Travail solitaire et appareils fonctionnant entre 12h et 14h


On ne doit jamais travailler seul au laboratoire. Les plaques électriques ou chauffe-
ballons et les réfrigérants ne peuvent être laissés en opération entre 12h et 14h qu'avec une
permission exceptionnelle du responsable du laboratoire.

40
2.4.1.2 Intervention

Malgré le respect des mesures préventives, il peut arriver que des produits soient
renversés sur le sol ou projetés sur des personnes.

A/ Renversement sur le sol


-Lorsque le sol ou la paillasse de travail sont contaminés par un produit peu toxique ou peu volatil,
on nettoie en employant du papier absorbant.

-Pour les acides, on neutralise préalablement avec du phosphate de sodium ou avec une solution
d'hydrogénocarbonate de sodium, puis rincer l'espace affecté avec de l'eau, puis assécher.

-Lorsque la substance répandue est volatile, inflammable ou toxique et que la quantité renversée
est importante, on doit éteindre les brûleurs, couper le courant des appareils électriques et quitter
le laboratoire.
Exemple : Les amines aromatiques, les dérivés nitrés, les hydrazines, les éthers.

B/ Projection sur une personne


-Si des projections d'une substance atteignent une personne et que des éclaboussures s'étendent
sur une grande partie du corps, on doit utiliser immédiatement la douche de sécurité (eau froide)
et retirer aussitôt que possible les vêtements contaminés. On doit s'assurer de ne pas contaminer
spécialement le visage et les yeux. Il ne faut jamais se servir de neutralisants chimiques, de crèmes
ou de lotions. Aussitôt que possible, on doit consulter un médecin.

-Si l9affection n9affecte qu9une petite surface de la peau, on doit rincer abondamment à l'eau
froide, puis à l'eau savonneuse ; retirer les bijoux qui nuisent à l'élimination des produits chimiques
pendant le nettoyage. Sinon, consulter un médecin.

-Dans le cas de projections dans les yeux, laver immédiatement l'Sil ouvert (surtout la muqueuse
des paupières) avec de l'eau pendant au moins quinze minutes. Sinon, consulter un
ophtalmologue.

C/ Marche à suivre en cas d'accident

La première action à faire en cas d'accident grave est de protéger la victime et, s'il persiste
un risque (électrocution, incendie, asphyxie), tenter d'éliminer le danger (interruption du courant
électrique, utilisation de l'extincteur). Il faut ensuite appeler de l9aide.

41
2.4.2 Risques inhérents aux produits chimiques
2.4.2.1 Dangers des produits chimiques
*Cas d’Intoxication, brûlure, irritation
Certains produits chimiques présentent un risque d'intoxication, de brûlure ou
d'irritation, soit par action immédiate, soit après une exposition prolongée ou répétée. Ils
peuvent alors affecter l'organe ou les tissus (l'Sil, la peau, muqueuse), un organe éloigné (le
foie, les poumons) ou l'organisme tout entier, en entraînant alors des maladies très graves (le
cancer). Leur pénétration dans l'organisme s'effectue par inhalation, absorption cutanée ou
ingestion.
* Précautions générales
-Lire attentivement tous les renseignements de l'étiquette du récipient contenant un produit
chimique.
-Eviter d'inhaler les vapeurs des solvants organiques et travailler sous hotte.
-Eviter tout contact des produits avec la peau et les yeux.
-Ne jamais pipeter avec la bouche.
-Travailler sur de petites quantités de produits.
-Ne jamais chauffer au bec bunsen un composé organique ou inflammable.
-Se laver les mains avec du savon et de l'eau après avoir manipulé des produits chimiques.

2.4.2.2 Symboles de danger

Lire sur l9étiquette, les informations relatives aux risques inhérents à cette substance
ou associés à sa manipulation, soit des conseils de prudence ou de premiers soins.

2.4.2.3 Substituer un produit par un autre

Dans certains cas, il est possible de substituer un produit par un autre, par exemple :
Produits Cible Produits de remplacements
toxiques
Benzène Moelle, cellules Cyclohexane (éventuellement du toluène
sanguines quand le cyclohexane ne convient pas)
Toluène, xylène Systèmes nerveux Cyclohexane
Chloroforme, Reins, foie Dichlorométhane
Tétrachlorure
de carbone
Méthanol Nerf optique Ethanol

42
2.4.3 Risques associés aux manipulations

Certaines manipulations, conduites de façon incorrecte, peuvent provoquer des


accidents qui surviennent soit au moment de l'utilisation d'appareils, soit au cours de
réactions chimiques, soit encore pendant le traitement d'un mélange réactionnel.

2.4.3.1 Montage d'appareils

Les pièces d'un montage (ballon, erlenmeyer, bécher, réacteur, réfrigérant, raccords,
burette, électrodes & lors d9une filtration, d9un dosage ou d9une synthèse chimique) doivent
être en bon état et fixées solidement à l'aide de pinces

2.4.3.2 Réactions chimiques

Certaines réactions chimiques (le sodium, le potassium) sont dangereuses, soit parce
qu'elles exigent la manipulation de substances explosives ou pouvant réagir de façon brutale,
soit parce qu'elles conduisent à la formation de telles substances. La raison pour laquelle il
faut utiliser de petites quantités lors des manipulations.

La protection des travailleurs contre le risque chimique est assurée par :

-la surveillance médicale des travailleurs exposés aux substances, produits ou préparations
dangereuses ;
-les examens médicaux d'embauchage et périodiques obligatoires ;
-le remplacement du poste de travail n'entraînant pas l'exposition aux substances, produits
ou préparations dangereuses pour la santé de l'enfant à naître ou du nourrisson pour les
travailleuses en état de grossesse ou d'allaitement ;
-la surveillance médicale particulière pour les apprentis ;
-l'information et la formation des travailleurs aux risques liés à la manipulation des produits,
substances, ou préparations dangereuses, et des mesures à prendre pour se protéger ;
-la tenue à jour du registre d'hygiène et de sécurité et de médecine du travail, ainsi que le
fichier de ces substances, produits ou préparations dangereuses utilisés.

43
Chapitre 3 : Risque Nucléaire et Radioactif
Introduction

Depuis leur apparition sur terre, les êtres vivants (animaux, végétaux, être humain)
sont exposés d9une manière continue ou discontinue aux différents types de rayonnements
solaires, c9est-à-dire à la lumière visible provenant du soleil, laquelle s9accompagne de
rayonnements invisibles connus sous le nom de rayonnements ultraviolets et infrarouges. Ces
rayonnements sont des ondes électromagnétiques comme le sont aussi les ondes radio, les
rayons X et les rayons gamma (Arnaud, 2001).

La radioactivité est un phénomène naturel. L9air, les plantes, l9eau, les roches, les
matériaux de construction,& contiennent des substances radioactives. Elle peut être
artificielle rencontrée dans l9Industrie, dans les essais et accidents nucléaires et l9exposition
due à l9activité médicale.

Une exposition trop intense, ou supérieure à la dose annuelle permise peut avoir des
conséquences très graves sur l9individu : des brûlures, la cécité, le cancer, et même la mort.
On dit qu9une substance est radioactive lorsque ses noyaux se désintègrent spontanément en
émettant des rayonnements. De tels noyaux instables sont appelés radionucléides. Environ 16
% de l9électricité totale produite dans le monde est d9origine nucléaire.

3.1 Historique sur les rayonnements


En 1895, Wilhelm Conrad Roentgen, physicien allemand, découvre un rayonnement,
qu9il nomme rayons X et qui peut être utilisé pour voir à l9intérieur du corps humain. Il est
mort d9un cancer de l9intestin en 1923. Cette découverte annonce l9utilisation médicale de la
radiation. Roentgen reçoit le premier prix Nobel de physique en 1901 en reconnaissance des
services extraordinaires qu9il a rendu à l9humanité.

Une année après la découverte de Roentgen, Henri Becquerel, un scientifique français,


place des plaques photographiques dans un tiroir avec des fragments d9un minerai contenant
de l9uranium. Quand il les développe, il constate à sa grande surprise qu9elles ont été irradiées.
Ce phénomène est appelé radioactivité. Henri Becquerel a lui-même subi les effets les plus
néfastes des rayonnements, à savoir les effets sur les tissus vivants. Une fiole de radium qu9il
avait mise dans sa poche a endommagé sa peau.

Peu après, une jeune chimiste, Marie Skłodowska-Curie, poursuit la recherche et est
la première à forger le terme radioactivité. En 1898, elle et son mari Pierre Curie découvrent
que l9uranium émet des rayonnements en se transformant mystérieusement en d9autres
éléments. Marie Curie partage le prix Nobel de physique en 1903 avec Pierre Curie et Henri
Becquerel. Elle est la première femme à recevoir le prix Nobel une seconde fois en 1911 pour
ses découvertes en chimie des radiations et est décédée d9une maladie du sang en 1934.

44
Wilhelm C. Roentgen (1845-1923) Marie Curie (1867-1934) Henri Becquerel (1852-1908).

3.2 Rayonnement ionisant


Le rayonnement est l9énergie émise par un atome lorsqu9il passe d9un état d9énergie
plus élevé à un état d9énergie moins élevé. Le rayonnement naturel se trouve dans le sol, les
roches, les aliments, l9air et le corps humain. Il représente environ les trois quart de notre
exposition annuelle au rayonnement.

Un atome est constitué d9un noyau de neutrons (sans charge électrique) et de protons
chargés positivement entouré d9un nuage d9électrons chargés négativement. Dans un atome
de charge électrique neutre, le nombre d9électrons est égal au nombre de protons et
représente le numéro atomique de l9élément (fig. 1).

Fig. 1 – L’atome.
Le Rayonnement ionisant est un ensemble d9émissions rayonnantes qui ont la
propriété d9ioniser les molécules qui constituent le corps humain et de causer des troubles et
des dysfonctionnements. En Algérie, la législation s9est doté décret présidentiel n°05-117 du
11.04.2005 relatif aux mesures de protection contre les rayonnements ionisants.

L9application de ces directives sur les expositions médicales ne pourra être réalisée que
par l9implication de tous les acteurs concernés, et en particulier des radiologues,
radiothérapeutes, médecins du travail et les médecins dentistes, dans un effort de respecter

45
les mesures de protection contre les expositions aux rayonnements ionisants, tout en
respectant l9objectif essentiel thérapeutique et/ou diagnostique.

La dangerosité des rayonnements ionisants pour la santé humaine est parfaitement


établie pour les fortes doses, principalement lorsqu9elles sont délivrées à fort débit de dose,
et concernent les effets déterministes, liés à la mort cellulaire et survenant au-delà d9un seuil
supérieur à 100 ou 200 mGy et les effets tardifs ou aléatoires résultant de l9effet mutagène
des rayonnements ionisants dont la seule forme avérée chez l9homme est l9induction de
cancers (Bonardel, 2014).

Le principal agent de contamination par irradiation est donc le rayonnement gamma


et éventuellement les rayons X de fréquences élevées, proches des rayons gamma. La plupart
des atteintes sont graves et peuvent conduire, à plus ou moins longue échéance, à la mort.
Les personnes exposées de par leur profession aux rayonnements ionisants bénéficient d9une
surveillance médicale renforcée (SMR) et d9une carte de suivi médical (Arrêté du 10.11.2015
relatif à la surveillance médicale des travailleurs exposés aux rayonnements ionisants).

3.2.1 Types d’émissions des rayonnements ionisants

Grâce aux travaux de Pierre et Marie Curie, de Becquerel et de Rutherford, il a été


établi que le rayonnement de radioactivité, émis par les substances radioactives naturelles,
renferme trois catégories de radiation, notées radiations alpha, bêta et gamma (α, β et γ).
Elles se distinguent par leurs pouvoirs d9ionisation, responsables de leurs pouvoirs de
pénétration différents (fig. 2).

Fig.2 - Capacité de pénétration de différents types de rayonnement ionisant.

Les rayonnements ionisants sont composés de deux catégories d9émissions :

46
1-Une émission de particules solides, comme les noyaux d’Hélium :
●Rayonnement alpha (composé de deux protons chargés positivement et de deux neutrons),
surtout utilisé en radiothérapie, ayant un pouvoir de pénétration très faible, de quelques
centimètres dans l9air et de quelques μm dans les tissus vivants.

Lorsque des substances nucléaires émettant du rayonnement alpha sont absorbées


dans le corps, l9énergie du rayonnement alpha est complètement absorbée dans les tissus
corporels. Pour cette raison, le rayonnement alpha est seulement un danger interne.
Exemple : Une substance nucléaire qui subit une désintégration alpha est le radon 222, qui se
désintègre en polonium 218.

●Rayonnement beta (composées d9électrons chargés négativement), utilisé pour la


production des rayons X en radioscopie et de pouvoir de pénétration de quelques mètres dans
l9air et de quelques millimètres dans le corps humain.

Les substances nucléaires qui émettent du rayonnement bêta peuvent aussi être
dangereuses si elles sont absorbées par le corps.
Exemple : Le tritium est un exemple de substance nucléaire qui produit des émissions bêta
(hydrogène 3) et qui se désintègre en hélium 3.

●Neutrons (émis par un noyau instable issu d9une fission atomique ou d9une fusion nucléaire),
rencontrés dans la plupart des émissions radioactives, de pouvoir de pénétration de quelques
mètres à plusieurs centaines de mètres dans l9air et de quelques millimètres dans le corps
humain.

2-Une émission de rayonnements électromagnétiques, possédant des énergies très élevées,


il s9agit :
●des rayons X
Les rayons X de longueur d9onde comprise de 0,01 à 10 nm (Bard et al., 2003),
traversent les tissus des êtres vivants de même que d9autres matériaux, ils donnent lieu à
d9importantes applications en médecine. Ils sont assez puissants pour pouvoir traverser en
partie le corps humain (Avril et al., 2002).

Ils sont utilisés pour la stérilisation des instruments chirurgicaux, principalement pour
la radiologie médicale. Ils peuvent traverser plusieurs dizaines de cm de tissus vivants et ne
sont partiellement arrêtés que par les matières minérales comme les os, d9où leurs
applications en médecine (radioscopie, radiographie).
●des rayons gamma ()

Les rayons gamma sont produits par radioactivité, ils peuvent exciter les noyaux des
atomes et provoquer des réactions nucléaires (Aurango et al., 2006). Les rayons gamma, de
longueur d9onde comprise entre 0,0001 à 0,01nm (Bard et al., 2003), sont émis par des noyaux

47
énergétiques. Ce type de rayonnement, très pénétrant, est émis à profit pour réduire les
cellules cancéreuses, donc ils sont capables d9être concentrés sur une cible vivante et de la
détruire (Avril et al., 2002). Ils sont de fréquence et d9énergie beaucoup plus élevées et plus
pénétrants, donc plus dangereux et responsables d9atteintes humaines graves.

3.2.2 Mode d’irradiation

L9irradiation des salariés par ces rayonnements peut se faire par :

1/ irradiation externe, où la source radioactive se trouve à l9extérieur de l9organisme et les


radiations atteignent le premier organe qui est donc la peau.
2/ irradiation interne, où la source radioactive se trouve à l9intérieur de l9organisme, soit au
niveau de la peau par dépôt cutané de radioéléments, soit au niveau des différents organes
après absorption de substances radioactives par voies :
-respiratoire (gaz, poussière),
-orale (solides et liquides), ou
-cutanée suivie de passage dans le sang.

3/contamination : est la présence significative de substances radioactives dans le corps. La


prévention contre elle repose sur :
-le confinement des sources,
-la propreté radiologique,
-le port de protections individuelles adaptées.

Les cas les plus graves d9exposition aux rayonnements se produisent lorsqu9un
travailleur :
-ne respecte pas les procédures d9exploitation spécifiques ;
-n9utilise pas d9équipement de détection des rayonnements ;
-reste à proximité de l9assemblage de source en position non blindée ; ou encore
-lorsque l9assemblage de source tombe entre les mains d9une personne non autorisée.

Si le travailleur manipule incorrectement l9assemblage de source ou si l9assemblage est


en possession de membres du public, les débits de dose peuvent être suffisamment élevés
pour provoquer des surexpositions localisées en l9espace de quelques secondes ou de
quelques minutes, et entraîner de graves blessures, voir la mort.

3.2.3 Sources des rayonnements ionisants


Plus de 80% de notre exposition provient de sources naturelles et seulement 20% de
sources artificielles, principalement d9applications médicales utilisant les rayonnements
ionisants.

48
3.2.3.1 Sources naturelles
1/Sources cosmiques
La dose efficace moyenne annuelle par personne est d8environ 2,4 mSv et varie
d8environ 1 à plus de 10 mSv selon le lieu d8habitation. Les bâtiments peuvent retenir un gaz
radioactif spécifique, le radon, ou encore les matériaux du bâtiment lui-même peuvent
contenir des radionucléides qui augmentent l9exposition aux rayonnements ionisants.

Les rayons cosmiques représentent la principale source naturelle d9exposition externe


aux rayonnements ionisants. La majorité de ces rayons proviennent de l9espace interstellaire
lointain ; certains sont émis par le soleil lors d9éruptions solaires. Ils irradient directement la
Terre et entrent en interaction avec l9atmosphère, produisant différents types de
rayonnement et de substances radioactives.

Les personnes habitant au niveau de la mer reçoivent en moyenne une dose efficace
annuelle d9environ 0,3 mSv en provenance des sources cosmiques de rayonnement, ce qui
représente environ 10 à 15 % de leur dose totale provenant de sources naturelles. Les
personnes vivant au-dessus de 2km reçoivent plusieurs fois cette dose. A bord des avions, les
passagers peuvent être exposés à des doses encore plus élevées puisque l9exposition au
rayonnement cosmique dépend non seulement de l9altitude mais aussi de la durée du vol.
Exemple :
-à une altitude de croisière, la dose efficace moyenne est de 0,03 à 0,08 mSv
pour un vol de 10H. Ce qui
-un vol aller-retour New York-Paris expose une personne à environ 0,05 mSv. correspond

à peu près à une dose efficace qu9un patient reçoit pendant une radiographie pulmonaire de
routine.
-Les personnes qui prennent souvent l9avion (pilotes et personnel de cabine) reçoivent en
moyenne environ 2 à 3 mSv par an.

2/Sources terrestres
Sol : Cette exposition externe varie considérablement d9un endroit à un autre. Par exemple,
sur la côte du Kerala au sud-ouest de l9Inde, une bande de terre fortement peuplée de 55
kilomètres contient des sables riches en thorium, et les habitants y reçoivent en moyenne 3,8
mSv par an.

Gaz radon : Le radon 222 est un radionucléide sous forme de gaz qui émane normalement du
sol. Il est produit par la série de désintégration de l9uranium238 présent dans les roches et le
sol de la Terre. Le radon est donc une des causes principales de cancer du poumon chez les
fumeurs et les non-fumeurs ;

49
Le radon est présent partout dans l9atmosphère et peut s9infiltrer directement dans les
bâtiments par les caves et les planchers. La concentration mondiale moyenne de radon à
l9intérieur des bâtiments est d9environ 50 Bq/m3. Le radon est la source principale
d9exposition aux rayonnements dans les mines souterraines de tous types. La dose efficace
annuelle moyenne est d9environ 2,4 mSv pour un mineur de charbon et environ 3 mSv pour
les autres mineurs. Dans l9industrie nucléaire, la dose efficace annuelle moyenne pour un
travailleur est d9environ 1 mSv, due principalement à l9exposition au radon lors de l8extraction
d9uranium.

3/Sources dans les aliments

Par exemple, le poisson et les crustacés contiennent des niveaux relativement élevés
de plomb210 et de polonium210, par conséquent les gros consommateurs de fruits de mer
sont susceptibles de recevoir des doses plus élevées que la population en général.

3.2.3.2 Sources artificielles


Les sources de rayonnement artificielles sont bien contrôlées par des mesures de
radioprotection.

Les matières radioactives sont mondialement utilisées pour des applications


médicales, industrielles en agronomie et dans la recherche.

1/Applications médicales

En médecine, la radioactivité est utilisée pour poser des diagnostics (radiographie,


radiologie, la médecine nucléaire, scanner, scintigraphie), pour la stérilisation du matériel
médical et également dans des buts thérapeutiques, principalement la radiothérapie externe
ou interne.

Fig.3 – Applications médicales.

La radiographie diagnostique consiste en l9analyse d9images obtenues au moyen de


rayons X, comme la radiographie ordinaire (p.ex. la radiographie thoracique ou dentaire), la

50
radioscopie (p.ex. lors d9un repas baryté ou d9un lavement baryté) et la tomodensitométrie
(TDM).

La médecine nucléaire consiste à introduire des substances radioactives non scellées


(solubles) dans le corps, principalement pour obtenir des images qui fournissent des
renseignements sur la structure ou la fonction d9un organe, et plus rarement pour traiter
certaines maladies, comme l9hyperthyroïdie et le cancer de la thyroïde. En général, un
radionucléide est modifié pour former un produit radio-pharmaceutique habituellement
administré par voie intraveineuse ou orale. Ce produit se disperse ensuite dans l9organisme
en fonction de ses caractéristiques physiques ou chimiques, rendant la détection par imagerie
possible.

La radiothérapie fait appel au rayonnement pour soigner le cancer et certaines


tumeurs bénignes. La radiothérapie externe est le traitement du patient au moyen d9une
source de rayonnement située à l9extérieure de son corps (ou télé-thérapie). Ce traitement
utilise un appareil contenant une source très radioactive (cobalt-60). Le traitement appelé
curiethérapie, peut également être administré en plaçant des sources radioactives
métalliques, que ce soit temporairement ou définitivement, dans l9organisme du patient (fig.
4).

Fig.4 – Radiothérapie et Curiethérapie.

La médecine nucléaire est une spécialité médicale où des spécialistes utilisent de


petites quantités de substances radioactives (appelées des produits radio pharmaceutiques
ou des traceurs radioactifs), pour diagnostiquer et traiter des maladies. Les risques que
présentent les substances radioactives utilisées dans ces interventions sont très faibles
relativement aux avantages qu9ils procurent ; elles produisent de légères réactions allergiques.

L9utilisation de substances radioactives offre aux médecins un moyen sécuritaire de


diagnostiquer des problèmes de santé sans avoir recours à la chirurgie ou à d9autres
interventions plus complexes. Les produits radio pharmaceutiques sont aussi utilisés pour
traiter certaines maladies, comme l9hyperthyroïdie (glande thyroïde hyperactive), ou certains
cancers.

La médecine nucléaire s9applique aux enfants et aux bébés sans faire preuve d9effets
indésirables. Toute femme enceinte, qui pourrait l9être ou qui allaite doit en aviser son
51
médecin ou technologue avant toute intervention en médecine nucléaire afin que des
mesures soient prises pour protéger la femme et son bébé.
Tab. 1 – Doses spécifique pour les examens radiologiques.
Exposition aux
Examens d’imagerie médicale rayonnements
Radiographie (1 image) 0,1 mSv
Examen de glande thyroïde en 0,14 mSv
médecine nucléaire
Radiographie dentaire complète 0,4 mSv
Mammographie (4 perspectives) 0,7 mSv
Examen des poumons en médecine 2 mSv
nucléaire
Examen des os en médecine nucléaire 4,2 mSv
Scintigraphie de perfusion 10 mSv
myocardique (Tc-99m)
Tomodensitogramme de l9abdomen 10 mSv
Plusieurs tomographies (18F FDG) 14 mSv
Traitement contre le cancer 50 000 mSv
(rayonnement reçu par la tumeur)

2/Applications nucléaires et industrielles

Les applications industrielles sont présentées par la production d9énergie nucléaire


(électricité nucléaire), la production des radio-isotopes (par réacteur nucléaire ou par
cyclotron) et la radiographie industrielle (utilisant des sources d9iridium 192 ou de cobalt 60).
On peut citer :

* Gammagraphie industrielle : C9est une méthode non destructive qui permet de détecter la
présence de défauts dans les matériaux en examinant la structure de soudures. Deux types de
rayonnements sont utilisés en gammagraphie industrielle : les rayons X et les rayonnements
gamma (l9iridium 192, le cobalt 60 et le sélénium 75).

* Radiographie X : où la source de photons est remplacée par un générateur de rayons X. Ce


type de technologie est utilisé pour l'inspection des bagages dans les aéroports.

* Neutrographie : Elle peut être effectuée grâce à un faisceau neutronique issu d9un réacteur,
d'un accélérateur d'ions ou d9une source. Elle est utilisée pour le contrôle des matériaux
hydrogénés.

* Radio-conservation des denrées alimentaires.

52
3/Applications en Agronomie

L9irradiation des denrées alimentaires permet de détruire les micro-organismes et


d9éliminer des insectes nuisibles (sans que les aliments ne deviennent radioactifs) ou de
retarder la germination d9une série de végétaux comme les pommes de terre, les oignons ou
l9ail. Les denrées alimentaires irradiées ne présentent aucun risque pour le consommateur et
ne sont pas radioactives.

4/Applications de Recherches
De nombreuses activités de recherche utilisent également les matières radioactives
(traçage, datage).

Fig. 5 - Types de rayonnements utilisés dans diverses applications.

3.2.3.3 Accidents liés aux utilisations des rayonnements ionisants

En revanche, on peut avoir des accidents liés à certaines utilisations médicales du


rayonnement (radiothérapie, radiologie et médecine nucléaire) qui exigent l9administration
de doses élevées aux patients (Surexposition). Lorsque ces interventions ne sont pas
exécutées correctement, elles peuvent provoquer de graves dommages, voire des décès. Aux
patients, s9ajoutent aussi les médecins et les autres membres du personnel travaillant à
proximité qui peuvent être touchés. L8erreur humaine est le plus souvent la cause de ces
accidents, comme par exemple l9administration de doses inexactes en raison d9erreurs dans
le plan de traitement, l9utilisation inappropriée de l9équipement et l9exposition du mauvais
organe, même parfois du mauvais patient. En revanche, la sous-exposition peut avoir de
graves conséquences lorsque les patients reçoivent une dose de rayonnement insuffisante
pour traiter une maladie mettant en péril la vie d9une personne.

Les accidents au niveau des centrales nucléaires constituent une autre source
artificielle d9exposition de la population. Un des plus célèbres accidents est celui de
Tchernobyl, survenu le 26 avril 1986. Les deux explosions ayant survenus au niveau de l9unité
4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, ont créé un nuage radioactif qui a atteint des pays
53
aussi lointains que la Suède, la Finlande, la Pologne, les Pays-Bas, la Grande Bretagne, la Grèce,
l9Israël, la Turquie et beaucoup d9autres régions de la terre. Il existe également des accidents
radiologiques, des accidents dus au transport aérien d9armes nucléaires ainsi que les
retombées des tirs atmosphériques (essais nucléaires atmosphériques) (Bouchera et Geryes,
2005).

Exemple : La France a réalisé 210 essais nucléaires au Sahara algérien et en la Polynésie


française de 1960 à 1996. Un terrain d9une superficie de 108000 kilomètres carrés sera affecté
à la défense nationale pour y réaliser les premières expérimentations nucléaires françaises. Le
Centre Saharien d'Expérimentations Militaires (CSEM) sera construit à une cinquantaine de
kilomètres au sud de Reggane, oasis localisée au sud du grand erg occidental, à 700 km au sud
de Colomb Béchar. La base-vie où résidait le personnel affecté aux expérimentations était
située à l9est de Reggane dans la zone dite de Reggane-plateau.

Le dispositif d9indemnisation des victimes d9essais nucléaires actuellement en vigueur


résulte de la loi n° 2010-2 du 5 janvier 2010, dite « loi Morin », modifiée par la loi n° 2017-256
du 28 février 2017, dite « Loi EROM ». Le bénéfice de l9indemnisation est accordé aux
personnes ayant résidé ou séjourné dans la partie du Sahara algérien concerné.

Un accident radiologique est une exposition à des rayonnements ionisants, supérieure


à la dose admissible par le public. Les accidents radiologiques ou nucléaires sont restés assez
confidentiels, à l9exception des plus célèbres d9entre eux :
-Three Miles Islands aux Etats Unies (1979),
-Tchernobyl en Ukraine (1986),
-Goiânia au Brésil (1987) et dernièrement,
-Fukushima au Japon (2011).

Ces accidents peuvent se produire lors de manipulations ou lors du transport


d9appareils générateurs de rayonnements ionisants. Les accidents peuvent survenir :

a. Lors du transport, car des sources radioactives intenses sont quotidiennement transportées
par route, rail, bateau, voir avion (aiguilles à usage médical contenant de l9iridium 192 par
exemple) ;
b. Lors d9utilisations médicales ou industrielles de radioéléments, tels que les appareils de
contrôle des soudures (gammagraphes, les gammadensimètres) ;
c. En cas de dysfonctionnement grave sur une installation nucléaire industrielle et
particulièrement sur une centrale électronucléaire.

L9exemple le plus grave d9un tel accident est celui survenu dans le complexe de
Tchernobyl en Ukraine (1986).

54
Exemple 1 : Centrale nucléaire de Tchernobyl 26 avril 1986

Cet accident s9est produit alors que les opérateurs procédaient à un essai électrique.
Cet essai consistait à vérifier qu9en cas de coupure du secteur, l9énergie cinétique du rotor du
turboalternateur pouvait être utilisée pour alimenter les pompes de refroidissement du cSur,
le temps que les groupes électrogènes de secours prennent le relais.
32 personnes meurent sur le coup.
De très nombreuses personnes irradiées décèdent par la suite.
70 tonnes de produits radioactifs sont éparpillées autour de la Centrale. En outre, 50 tonnes
de gaz et de poussières radioactives forment un immense nuage.

*Causes de l'accident de Tchernobyl

Les équipes d9exploitation ont violé plusieurs consignes de sécurité :


– Conduite prolongée du réacteur à basse puissance,
– Pilotage manuel prolongé,
– Invalidation d9alarmes,
– Déconnection des systèmes d9arrêt d9urgence,
– Isolement du système de refroidissement de secours,
– Remontée excessive des barres de contrôle,
– Mise en route simultanée de toutes les pompes.

L9accident a eu lieu en raison d9un ensemble de défaillances au niveau de la conception


du réacteur et de négligences de la part des opérateurs: les systèmes de sécurité avaient
été désactivés et le réacteur fonctionnait dans des conditions inadéquates et instables, une
situation qui a permis une montée en puissance incontrôlable.

*Ampleur de l’accident de Tchernobyl

L9accident de Tchernobyl est l9accident le plus grave de l9histoire de l9industrie


nucléaire. En effet, l9explosion survenue dans l9un des réacteurs de la centrale nucléaire
et les incendies consécutifs qui ont duré pendant 10 jours se sont traduits par le rejet dans
l9environnement de quantités énormes de substances radioactives et par la formation
d9un nuage radioactif répandu sur une bonne partie de l9Europe.

Depuis l9accident, quelque 600 000 personnes ont participé aux diverses opérations
d9urgence, de confinement, d9assainissement et de remise en état du site, bien qu9une petite
partie d9entre elles seulement ait été exposée à des niveaux de radiation dangereux.

Ceux qui ont reçu les plus fortes doses de radiation sont les membres des équipes
d9intervention, d9urgence et du personnel de la centrale qui se trouvaient sur le site durant
les 1er jours de l9accident (1000 personnes).

55
Actuellement, plus de 05 millions de personnes résident dans des régions considérées
comme contaminées par les substances radioactives émises lors de l9accident de Tchernobyl.

Au nord de l9Afrique ; le nuage toxique radioactif de Tchernobyl a commencé à affecter


la Tunisie et l9est de l9Algérie en date du 30 avril au 1er mai 1986. Le taux de contamination
radioactif était équivalant à celui enregistré en Italie et dans l9est de la France.

Exemple 2 : Accident à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi

Après le grand séisme de magnitude 9 et le tsunami qui ont frappé la côte Est du Japon
le 11.03.2011, les graves dommages subis par la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi ont
provoqué le rejet de substances radioactives dans l9environnement.

*Environ 85000 personnes vivant dans un rayon de 20 km autour du site de la centrale


nucléaire et dans des régions avoisinantes ont été évacuées par précaution, entre le 11 et le
15 mars, tandis que les personnes vivant à une distance de 20 à 30 km de la centrale ont été
confinées dans leurs propres habitations.

Plus tard, en avril 2011, l9évacuation de 10 000 autres personnes vivant plus au nord-ouest de
la centrale a été recommandée en raison des niveaux élevés de radionucléides relevés au sol.

3.2.4 Principaux dangers des radiations ionisantes

Le 20ème siècle a également connu un développement important de recherche sur les


effets des rayonnements ionisants chez l9homme et sur l9environnement. L9étude la plus
importante évaluant les effets des rayonnements sur des populations exposées concerne les
86 500 survivants des bombardements atomiques d9Hiroshima et de Nagasaki survenus en
1945 à la fin de la Seconde Guerre Mondiale appelés communément les survivants des
bombardements atomiques.

3.2.4.1 Effets sur l’Homme

Les effets des rayonnements ionisants sur l9organisme humain sont des lésions
cellulaires (inhibition de la mitose, prolifération de cellules malignes, altération des
chromosomes : ADN) ; des lésions cutanées (brulures, ulcérations, radiodermites) ; des
atteintes oculaires (cataractes et conjonctivites) et une altération du sang : diminution des
globules rouges et blancs, leucémies possibles pour les fortes doses d9irradiation.

D9une façon générale, on distingue deux types d9effets sur l9Homme :

•Effets déterministes, dus à de fortes doses d9irradiation, apparaissent au-dessus d9un certain
niveau d9irradiation et de façon précoce après celle-ci (quelques heures à quelques semaines).

56
Ils engendrent l9apparition de divers maux (malaises, nausées, vomissements, brûlures de la
peau, fièvre). Au-dessus d9un certain niveau, l9issue fatale est certaine ;

•Effets aléatoires, engendrés par de faibles doses d9irradiation, n9apparaissent pas


systématiquement chez toutes les personnes irradiées : leur probabilité d9apparition chez un
individu irradié est d9autant plus faible que le niveau d9irradiation est faible. Ces effets se
manifestent longtemps après l9irradiation (plusieurs années) : ce sont principalement
l9induction de cancers et, à un degré moindre, l9apparition d9anomalies génétiques.

La gravité des effets produits sur l9organisme dépend :


-des quantités de radiations reçues ;
-de la durée d9exposition ;
-de la nature et des caractéristiques des radioéléments ;
-de la distance séparant le salarié de la source.

Fig. - Unités utilisées en radioprotection.

1. Effets létaux
Les effets létaux des radiations ionisantes seraient les seuls possibles pendant les 15
premiers jours de la grossesse (loi du tout ou rien).

2. Effets malformatifs
Ils sont variés, mais atteignent essentiellement le mais aussi le système osseux, la peau
et les organes sexuels. La période la plus dangereuse est entre le 9 ème et le 42ème jour de la

57
grossesse, mais un effet malformatif peut exister jusqu'à la fin de l'organogenèse (Processus
de formation des organes d'un fStus humain entre de la 5 ème semaine jusqu'à la 8ème à partir
des trois feuillets embryonnaires fondamentaux).

Doses dangereuses

La dose de rayonnement absorbée s'exprime en Gray (Gy) (équivalent de 100 rad).


L'irradiation naturelle externe est de l'ordre de 1 à 1,25 Gy/an, plus importante dans
les contrées granitiques.
L'irradiation médicale calculée d'après une moyenne standard d'examen est de 0,50
mGy/an.
L'irradiation domestique est de l'ordre de 0,01 à 0,02 mGy/an.
L'irradiation de retombée d'explosion nucléaire estimée de 0,02 à 0,03 mGy/an a
diminué depuis la cessation des essais atomiques.

3. Effets Carcinogènes

Une augmentation des leucémies chez les enfants irradiés in utero existe. Le risque
relatif passe de 1,24 pour les enfants ayant reçu de 10 à 290 mGy à 2,18 pour ceux ayant reçu
de 300 à 590 mGy, et à 4,78 au-delà. Cette carcinogenèse induite est plus importante si
l'irradiation a eu lieu avant le 6e mois.

4. Risques chez des parents irradies avant la grossesse

La fertilité est affectée par l'irradiation surtout chez l'homme. Le risque de


transmission de mutation à la descendance paraît extrêmement faible et n'a pas été démontré
chez l'homme et chez la femme. Dans la descendance des sujets irradiés à Hiroshima et
Nagasaki, il est noté une légère augmentation de risque de cancers de l'enfance mais
l'incidence n'est pas chiffrée.

Les conséquences d9une exposition aux rayonnements varient selon plusieurs


facteurs :
- la dose reçue (et donc la durée d9exposition) ;
- la nature du rayonnement (alpha, beta, gamma, neutrons) ;
- l9importance de la zone du corps atteinte ;
- la nature des organes concernés et ;
- le type d9irradiation (externe ou interne par contamination).

58
3.2.4.2 Effets sur l’Environnement

Les études ont révélé qu9une dose théorique comprise entre 1 et 10 Gy ne devrait pas
causer d9effets sur les populations animales et végétales. Les grandes plantes sont plus
radiosensibles que les petites. Les doses mortelles sont comprises entre 6 et 10 Gy pour les
petits mammifères et environ 2,5 Gy pour les plus gros. Certains insectes, bactéries et virus
sont capables de tolérer des doses pouvant dépasser 1 000 Gy.

Fig. - Doses mortelles aiguës pour certains animaux et plantes.

3.2.5 Radioprotection

La radioprotection est l9ensemble des mesures mises en Suvre pour se protéger des
effets néfastes reconnus ou potentiels des rayonnements ionisants (Bonardel, 2014).
Appliquée à la médecine nucléaire, elle concerne en premier lieu les patients, puis les
personnels exposés professionnellement et s9étend également au public et à l9environnement.
Les lois de radioprotection en Algérie sont régies par le décret présidentiel n° 05-117 du
11.04.2005.

Afin d9éviter ou réduire ces risques, la radioprotection s9appuie sur trois grands
principes : justification, optimisation et limitation des doses de rayonnements. Pour appliquer
ses principes, la radioprotection met en Suvre des moyens réglementaires et techniques
spécifiquement adaptés à trois catégories de population : le public, les patients et les
travailleurs.

3.2.5.1 La justification des activités

La justification des activités comportant un risque d9exposition à des rayonnements


ionisants. Les avantages de la justification notamment en matière sanitaire, sociale,
économique ou scientifique, rapportés aux risques inhérents à cette exposition.
Toute activité non justifiée est interdite.

59
Lorsque plusieurs techniques permettent d9obtenir le même résultat, le choix se portera sur
celle qui est la moins « dosante » en rayonnements ionisants et dont le bilan, en termes de
risques, est le plus favorable.

3.2.5.2 L’optimisation des expositions des populations et des individus à ces


rayonnements au niveau le plus faible possible.

Afin d9optimiser les expositions, on peut agir à la fois sur :

• la source de rayonnements : par la réduction de l9intensité de la source, utilisation d9écrans,


d9enceintes de confinement, de containers de protection absorbant les rayonnements
ionisants, et d9autres systèmes de sécurité (sas, ventilations&) ;
• les conditions de travail des hommes : par l9éloignement maximum des sources de
rayonnements, temps d9exposition minimum, utilisation de vêtements et accessoires de
protection et suivi de protocoles d9intervention réduisant l9exposition externe et évitant la
contamination radioactive de la peau ou la contamination interne par inhalation ou
ingestion& ;
• les conditions d’exposition des patients : par la mise en place de procédures radio
diagnostiques et radio thérapeutiques optimisées et d9une assurance de qualité des
appareillages&

3.2.5.3 la limitation des doses d’exposition individuelle à ces rayonnements


Pour le public, la limite de la dose efficace, par exemple, est fixée à 1 mSv/an.
Pour les travailleurs, cette limite est fixée à 20 mSv/an.

Exemples de doses de rayonnement :

Lorsque l9exposition est à finalité médicale, le principe de limitation des doses ne


s9applique pas pour les patients : seuls sont pris en compte les principes de justification et
d9optimisation.

60
Aucune femme enceinte et aucune femme en période d9allaitement ne peut être
affectée à un poste qui ferait d9elle, une personne professionnellement exposée.

Le contrôle du respect de ces limitations implique une surveillance régulière de la


radioactivité de l9environnement et une surveillance dosimétrique individuelle des travailleurs
exploitant des sources de rayonnements ionisants.

La surveillance de l9environnement s9appuie sur des réseaux de stations de mesures


pour l9air, les eaux, les sols, certains végétaux, animaux et denrées alimentaires, réparties sur
l9ensemble du territoire national.

La surveillance des travailleurs repose notamment sur l9analyse régulière des


dosimètres personnels qu9ils ont obligation de porter dans l9exercice de leurs fonctions.

En radiologie, des niveaux de dose de référence, propres à chaque type d9examen, sont
recommandés comme indicateurs pour l9optimisation. En radiothérapie, des doses élevées
sont prescrites de façon spécifique pour chaque traitement de tumeur, tout en limitant
l9irradiation des tissus sains.

3.2.5.4 Règles de la radioprotection

La protection contre le risque d9irradiation repose sur trois paramètres majeurs :


Distance, Ecran et le Temps d9exposition :
1. Temps : Moins on passe de temps près d9une source de rayonnement, moins la dose de
rayonnement reçue est importante.

2. Distance : L9intensité du rayonnement diminue considérablement à mesure que l9on


s9éloigne de la source radioactive.

3. Blindage (ou écran) : Plus le matériau de protection qui sépare une personne de la source
est épais, moins la quantité de rayonnement reçue sera importante.
Exemple : Paravent, verre et blouse plombés, des gants

61
3.3 Rayonnements non ionisants (RNI)

Les rayonnements non ionisants sont des émissions électromagnétiques variées qui
peuvent présenter des risques professionnels aux salariés exposés.

Le rayonnement électromagnétique est une onde obtenue par la réunion de deux


champs, électrique et magnétique, placés perpendiculairement l9un par rapport à l9autre et se
propageant en ligne droite formant un rayon, suivant un mouvement sinusoïdal. L9homme est
exposé aux rayonnements de la lumière visible provenant du Soleil, laquelle s9accompagne de
rayonnements invisibles connus sous le nom de rayonnements ultraviolets et infrarouges.

Les rayonnements non ionisants se divisent en :


–Rayonnement optique : comprend le rayonnement ultraviolet, la lumière visible et
l9Infrarouge.
–Ondes hertziennes : englobent les micro-ondes, ondes radar, télé et radio.
Exemples : GPS, les téléphones cellulaires, les téléphones sans fil, les dispositifs d9ouverture
de portes de garage.

3.3.1 Lumière visible

La lumière visible fait partie de la vie et permet la vision, de tout ce qui nous entoure.
C'est-à-dire les rayonnements que voit l9Sil humain, ce qui correspond à la gamme des
couleurs de l9arc en ciel (Géraut, 2014). Elle Comprend les couleurs rouge, orange, jaune, vert,
bleu, indigo et violet (dans l9ordre décroissant de leur longueur d9onde) (Mcquarrie et al.,
1992). C9est le rayonnement qui émet le maximum d9énergie. Il représente 46% de l9énergie
totale émise par le soleil (Zemmouri, 2018).

62
Normalement, elle ne porte pas atteinte à l9organisme humain. Cependant, la lumière
intense due à des amplitudes très élevées des ondes électromagnétiques peut présenter
quelques risques tant pour la peau (photosensibilisation cancer) que pour les yeux
(conjonctivites suivies de cataractes et éventuellement des lésions rétiniennes).

Seule une partie du rayonnement solaire parvient à la surface de la terre grâce à la


filtration par l9ozone stratosphérique. La couche d9ozone agit comme un bouclier protecteur,
en arrêtant les radiations ionisantes et les rayonnements de très courtes longueurs d9onde.

3.3.2 Rayonnements ultraviolets (uv)

Ce sont des rayonnements émis naturellement par le soleil et artificiellement dans les
lampes fluorescentes. Les rayonnements ultraviolets ne sont pas utilisés dans la stérilisation
d9un environnement ou d9un objet mais pour la décontamination ; ils vont agir au niveau de
la peau, induisant notamment un érythème et pigmentation (Marguery, 2001).

Les rayons UV sont une composante du spectre électromagnétique qui regroupe les
longueurs d'onde dans l'intervalle de 100 à 400nm ; ils sont subdivisés en trois régions
spectrales : UVC à propriétés photochimiques et germicides (100 à 280 nm), UVB à effet
érythémateux (280 à 320 nm) et UVA à effet bronzant (320 à 400 nm) (Avril et al., 2002). Le
rayonnement UV représente 5% de l9énergie totale émise par le soleil (Zemmouri, 2018).

Les UVA sont les rayonnements UV les plus représentés (90 à 95% des radiations UV
atteignant la terre sont des UVA) et sont considérés comme les rayons du vieillissement
(Baliga et Katiyar, 2006).

Le rayonnement UVB représente approximativement 5% du rayonnement UV solaire


émis et est principalement responsable de diverses affections d9ordre dermatologique dont
les cancers cutanés. Les rayons UVB peuvent pénétrer à l9intérieur de l9épiderme et peuvent
provoquer des effets biologiques directs et indirects défavorables, ainsi que l9induction d9un
stress oxydant. On les rend également responsables d9altérations de l9ADN (cancers cutanés)
et du vieillissement prématuré. Une exposition excessive au rayonnement UVB provoque une
diminution du taux d9enzymes anti-oxydantes, celles-ci ayant pour but de protéger la peau du
stress oxydant (Baliga et Katiyar, 2006). Les radiations UVB sont responsables du bronzage.

Les UVC sont particulièrement redoutables mais ils n9atteignent pas la surface de la
terre car ils sont totalement arrêtés par la couche d9ozone (Hunter et al., 2008). Ils agissent
sur les cellules vivantes de l9organisme pour y déclencher des réactions chimiques complexes
qui peuvent donner naissance à des détériorations et des mutations cellulaires.

63
3.3.2.1 Effets bénéfiques du soleil

Le soleil constitue la principale source de rayonnement solaire auquel est soumis l9être
humain. Sans le soleil la vie sur terre serait impensable : pas de photosynthèse, pas de
réchauffement et pas de lumière.

Les fortes doses du rayonnement solaire pour les humanistes sont connues pour
entraîner des effets déterministes (brûlures) mais également cancérogenèses à long terme
(mélanome), alors que les faibles doses sont non seulement inoffensives mais nécessaires à la
santé et au-delà, à la vie sur terre (Bonardel, 2014). La partie ultraviolette du rayonnement
solaire est la plus énergétique, provoque chez l9être vivant des effets bénéfiques comme la
synthèse de la vitamine D et le traitement de plusieurs maladies (OMS, 2016).

3.3.2.2 Effet calorique

L9action calorique est secondaire aux IR, qui représentent 49 % du rayonnement


solaire. La transpiration assure la régulation de la température, mais, en cas d9une exposition
trop importante, il existe un risque d9insolation puis de coups de chaleur, particulièrement
chez l9enfant et la personne âgée (Zemmouri, 2018).

3.3.2.3 Stimulation du moral et sensation de bien être

Le soleil a des effets psychologiques ; il peut se montrer comme un excellent


traitement de la Dépression saisonnière qui touche le plus souvent les femmes (86%) vers la
trentaine.

La lumière visible émise par le soleil (ou par des lampes particulières utilisées pour des
séances de luminothérapie) joue un rôle dans la production de la mélatonine. La mélatonine
est une hormone sécrétée par l9hypophyse, glande qui se trouve dans le cerveau et qui régule
les rythmes de l9alternance veille/sommeil. L9altération des rythmes de l9alternance
veille/sommeil et de la variation normale de la température corporelle serait l9élément
essentiel à l9origine des dépressions saisonnières.

3.3.2.4 Effet pigmentogène

En plus de la pigmentation mélanique constitutive (couleur naturelle de la peau), la


pigmentation mélanique acquise (couleur de la peau obtenue par le bronzage) procure une
photo protection facultative. Phénomène d9adaptation correspondant à une synthèse accrue
de mélanines. La pigmentation acquise comprend elle-même deux types de pigmentation.

3.3.2.5 Effet thérapeutique

Le soleil a un effet bénéfique assez bien connu aujourd9hui sur l9amélioration des
manifestations cliniques de certaines pathologies, essentiellement cutanées. Les effets

64
immunosuppresseurs des rayonnements UV participent à la diminution de l9hyperréactivité
immunologique qui est à l9origine de la dermatite atopique.

L9exposition solaire isolée, progressive et raisonnable pourra être envisagée pour le


traitement du vitiligo de l9enfant. Chez l9adulte, cette héliothérapie sera associée, sur les
conseils du dermatologue, à la prise de psoralènes. En cas de réponse favorable durant l9été,
objectivé par une ébauche de repigmentation.

Le soleil a aussi une action bénéfique très importante chez la grande majorité des
patients atteints de psoriasis. Il existe des cas de « psoriasis photosensible » qui sont au
contraire aggravés par l9exposition solaire (Dubertret, 2005).

La lumière visible du soleil, améliore aussi les signes cliniques liés à l9acné.

3.3.2.6 Rôle dans la synthèse de la vitamine D

La vitamine D (Vit D) est une vitamine liposoluble synthétisée par l9organisme à partir
d9un dérivé du cholestérol. Dans notre organisme, la Vit D existe sous deux formes : La Vit D2
présente dans les végétaux (champignons, levures) et la Vit D3 présente dans des denrées
alimentaires d9origine animale (l9huile de foie de morue, les poissons, le jaune d9Suf)
(Guilland, 2015).

La vitamine D agit sur de nombreux paramètres biologiques, fonctions et phénomènes


physiopathologiques. Elle intervient sur le métabolisme osseux (croissance et minéralisation
osseuse) via une action endocrine, mais a également un rôle extra-osseux via une action
autocrine (rôle musculaire, immuno-modulateur, cardiaque, infectieux) (Lafouissi, 2016).

3.3.3 Rayonnements infrarouges (IR)

La longueur d9onde des rayonnements IR est comprise de 800 à 5000 nm. Toute surface
chaude émet un rayonnement IR, qu9elle soit naturelle (volcans, soleil) ou artificielle (fours,
étuves, métaux et verres fondus). Plus la surface est chaude, plus l9émission des IR est grande.
Etant absorbés par les structures liquides, ils vont agiter les molécules d9eau et produire de la
chaleur. Ils représentent 49% de l9énergie totale du soleil (Zemmouri, 2018).

Ils sont responsables des brulures thermiques destructrices des cellules de l9épiderme
et du derme non prises comme maladie professionnelle) et des yeux (lésions de la cornée, de
la rétine et du cristallin) prises en charge comme maladie professionnelle.

65
3.3.4 Rayons lasers (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation)

Ce sont des rayonnements électromagnétiques, visibles ou non qui ne conduisent pas


à des maladies professionnelles. On distingue quatre classes de rayons lasers :
-Lasers de classes 1 et 2 ne représentent pas de risques graves ; ils éblouissent les yeux tout
au plus ;
-Lasers de classe 3 et 4 très puissants et très dangereux, responsables de lésions oculaires et
des brûlures de la peau.

3.3.5 Ondes électromagnétiques

Ce sont des rayonnements électromagnétiques de faible énergie tels que les


rayonnements radio électromagnétiques, couramment utilisés pour la télétransmission de
son et d9images (radio, TV), dans la recherche scientifique et médicale et pour les fours à
microondes.

Les ondes radio et les ondes radar sont produites par des courants électriques de
haute fréquence. Le radar est un système qui utilise les ondes radio pour détecter et
déterminer la distance et/ou la vitesse d'objets tels que les avions, bateaux, ou encore la pluie
(Attix, 2004). Les Micro-ondes (de longueur d9onde comprise de 1 mm à 1 m), permettent de
déterminer la position ainsi que la distance d9un objet (radar) ; elles sont aussi mises à profit
pour explorer le mouvement rotationnel des molécules (Mcquarrie et al., 1992). Les Ondes
radio (de longueur d9onde comprise de 1 m à plus de 100 km). C9est le domaine le plus vaste
du spectre électromagnétique (Guenel et al., 2003).

L9Agence fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) a pour mission la protection efficace


de la population, des travailleurs du secteur et de l'environnement contre les dangers des
rayonnements ionisants. Elle veille au contrôle de la sûreté et de la sécurité des transports de
matières radioactives.

3.4 Transport de Matières radioactives

Ce transport (national et international) est effectué par des firmes spécialisées qui
disposent du matériel requis, du personnel formé et qualifié, et des autorisations de transport
délivrées par l9AFCN.
Exemple : En Europe, plus de 2,5 millions de colis de matières radioactives sont transportés
chaque année.

Le transport aérien est surtout utilisé pour le transport sur longue distance de produits
radio-pharmaceutiques à courte durée de vie (ils doivent être utilisés dans les heures qui
suivent leur production).

66
Le chemin de fer est prioritairement utilisé pour les colis lourds et encombrants.

•Le certificat TMD doit être délivré par l’employeur.

Fig. Exemple d’un certificat TMD délivré par l’employeur.

3.4.1 Risques liés au transport des matières radioactives


Indépendamment du risque particulier lié au vol d9un colis contenant une matière
radioactive lors du transport, les risques sont représentés par la perte de confinement dû à la
détérioration de l9emballage lors de l9accident.
3.4.1.1 Risque d’Irradiation : c9est l9exposition du personnel ou des travailleurs aux
rayonnements de la matière radioactive.

3.4.1.2 Risque de Contamination : c9est le transfert de particules radioactives qui peut induire
une irradiation des personnes soit :
- Interne, en cas d9ingestion, d9inhalation ou percutanée (plaies) ;
- Externe, en cas de dépôt sur la peau ou sur le sol.
Elle peut résulter soit d9une décontamination insuffisante de la surface du colis, soit d9une
fuite de produits radioactifs.

3.4.1.3 Risque de criticité : des conditions particulières de masse et de géométrie des matières
peuvent amorcer une réaction en chaîne.

67
3.4.1.4 Risque chimique : Certains colis peuvent présenter des risques de pollution chimique.

3.5 Conditions de gestion des déchets radioactifs


3.5.1 Les Obligations
La gestion des déchets radioactifs s9effectue selon les normes, les modalités et les
conditions déterminées par le commissariat à l9énergie atomique.
L9exploitant d9une installation doit assurer l9ensemble des opérations de gestion des déchets
radioactifs, à l9exception du stockage définitif qui doit être pris en charge par le commissariat
à l9énergie atomique.

Le rejet dans l9environnement de matière radioactive est soumis à autorisation


préalable du commissariat à l9énergie atomique, après étude d9impact radiologique, selon une
procédure définie conjointement avec les services compétents du ministère chargé de
l9environnement.

Les opérations de gestion des déchets radioactifs produits par les installations
nucléaires sont subordonnées à l9obtention d9une autorisation délivrée par le commissariat à
l9énergie atomique sur la base d9un cahier des charges.

3.5.2 Mesures techniques

Le producteur doit présenter les déchets radioactifs pour la collecte conformément


aux exigences de tri, aux critères radiologiques et de signalisation. La signalisation doit faciliter
l9identification des déchets même après leur évacuation vers un site de stockage.

Les conteneurs destinés à recueillir les déchets radioactifs ainsi que leur sacs de
transport doivent être manutentionnés et signalés de façon indélébile, et de manière à
informer de l9origine du déchet, du radioélément, de son activité, de la date de production,
du débit d9équivalent de dose au contact ainsi que de tout risque associé chimique ou
biologique.

Le producteur ou l9exploitant doit veiller à ce que les déchets radioactifs produits par
son installation en attente de traitement ou d9évacuation, soient entreposés dans des
infrastructures répondant aux exigences de sûreté radiologique et de protection physique.
Durant l9entreposage, les déchets conditionnés doivent être séparés de ceux qui n9ont pas fait
l9objet d9un traitement.

3.5.3 Déchets radioactifs solides et liquides

Les déchets radioactifs solides et liquides sont recueillis dans des récipients appropriés,
puis traités de manière à éviter tout risque de dispersion de la radioactivité.

68
Leur évacuation est interdite dans les eaux de surface, les égouts.

Les boues radioactives obtenues après séchage éventuel seront traitées et


conditionnés comme des déchets radioactifs solides.

Les déchets radioactifs liquides et solides non évacués, sont conservés dans des
récipients solides appropriés et entreposés dans des locaux conformes aux exigences de
sécurité de sorte à éviter toute dispersion des substances radioactives.

Si ces déchets sont susceptibles de dégager un effluent radioactif gazeux, le local doit
être ventilé de manière à assurer le respect des limites.

3.5.4 Exigences de sûreté radiologique

Les locaux et les sites où sont entreposés les déchets radioactifs doivent satisfaire aux
exigences prévues par la réglementation.

Un programme d9assurance qualité doit être élaboré par le producteur de déchets, de


manière à garantir le respect des mesures prises pour satisfaire aux exigences de sûreté. Il doit
être approuvé par le commissariat à l9énergie atomique qui contrôle son application et doit
comporter la définition des qualifications du personnel, des procédures de travail, les moyens
utilisés et la conservation des données.
Le producteur (ou l9exploitant) doit disposer d9un registre d9inventaire des déchets radioactifs
tenu à jour et mis à la disposition des agents chargés du contrôle.

Ce registre doit contenir les informations retraçant :

- l9origine des déchets, le numéro du colis, leur nature physico-chimique, leur activité et la
date d9entreposage ;
- la quantité des déchets radioactifs générés et entreposés ;
- les rejets gazeux autorisés dans l9atmosphère ;
- les rejets autorisés dans les voies ou évacués à des fins de traitement ;
- les rejets autorisés dans les sites appropriés ;
- les volumes évacués sur les lieux de dépôts spéciaux ;
- tout incident survenu lors des opérations de gestion de ces déchets.

L9exploitant doit élaborer un rapport annuel, adressé au commissariat de l9énergie


atomique, sur l9état des déchets radioactifs qu9il gère. Ce rapport doit faire ressortir la nature
des radioéléments, leur activité totale et spécifique, leur nature physico-chimique, les
quantités entreposées rejetées ou évacuées.

69
3.6 Sureté et Sécurité nucléaire

Le risque nucléaire provient de la survenue d9accidents, conduisant à un rejet


d9éléments radioactifs à l9extérieur des conteneurs et enceintes prévus pour les contenir.

Le risque nucléaire majeur est un événement accidentel se produisant sur une


installation nucléaire, et pouvant entraîner des conséquences graves pour le personnel, les
populations avoisinantes, les biens et l9environnement. La fusion du cSur du réacteur d9une
centrale nucléaire est considérée comme l9accident nucléaire majeur.

La sûreté nucléaire et la sécurité nucléaire sont les deux faces de la même pièce, qui
constituent la base fondamentale de l9utilisation de l9énergie nucléaire dans le monde et ayant
les mêmes objectifs :
- la maitrise des risques ;
- la protection de la vie humaine ;
- la préservation de la santé et l9environnement.

La sureté et la sécurité nucléaires restent des questions pertinentes non seulement


pour les pays développant un programme nucléaire, comme cela a été démontré par les
accidents nucléaires précédents, mais également pour les pays développant des applications
utilisant des sources radioactives dans les domaines : médical, industriel, agricole, de
recherche.

3.6.1 Définition de la Sécurité nucléaire

La sécurité nucléaire comprend toutes les dispositions techniques et


organisationnelles qui doivent être prises pour permettre d'éviter et de détecter le vol, le
sabotage, l'accès par des personnes non habilitées, le détournement et tout acte de
malveillance. Ces actes peuvent viser tant les matières radioactives, que les infrastructures
associées et leur transport.

L'objectif consiste donc à protéger la population, les travailleurs et l'environnement


contre tout risque radiologique résultant par exemple de la dispersion de matières nucléaires
par sabotage ou d9un attentat terroriste commis contre une de ces installations.

La sécurité nucléaire comprend la prévention, la détection et l9intervention suite à la


suppression non autorisée, au sabotage, à l9accès non autorisé, au transfert illégal ou à tout
autre acte malveillant impliquant des matières nucléaires ou radiologiques ou leurs
installations.

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3.6.2 Définition de la Sûreté nucléaire

La sûreté nucléaire comprend l'ensemble des mesures techniques et


organisationnelles qui sont prises à tous les stades de la conception, de la construction, du
fonctionnement et du démantèlement des installations nucléaires, et du transport de
matières radioactives, prises en vue de protéger la population, les travailleurs et
l'environnement contre les dangers des rayonnements ionisants, et d'éviter ainsi les incidents
et accidents ou d'en limiter les conséquences si malgré tout, ils devaient arriver.

La sûreté nucléaire englobe donc la prévention et la protection contre des accidents


impliquant des matières ou des installations susceptibles d9engendrer un risque radiologique.

Les quatre fonctions de la démonstration sûreté nucléaire :

- contrôler et maîtriser à tout instant la puissance des réacteurs ;


- refroidir le combustible en fonction de l9énergie produite grâce aux systèmes prévus
en redondance pour pallier les défaillances ;
- confiner les produits radioactifs derrière trois barrières successives ;
- protéger les personnes et l9environnement contre les rayonnements ionisants.

Conclusion

La sécurité est une priorité de toute activité industrielle. Toute entreprise quel que soit
sa taille et son secteur d9activité doit respecter ses obligations en matière de santé et de
sécurité au travail. La bonne gestion consiste à garantir la santé, la sécurité et le bien-être de
l'ensemble du personnel en réduisant les risques, et à garantir la protection contre les
accidents. L9état doit aussi jouer un rôle déterminant dans la prise en compte des risques
majeurs dans les politiques publiques.

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