Encore Une Autre Version de L'intro
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Encore Une Autre Version de L'intro
B.P. 1534
www.ucc.ac.cd
1. Introduction générale
1
Art. 23 de la Constitution de la République Démocratique du Congo.
2
Exposé des motifs, Loi du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de presse.
3
Idem.
2
particulièrement du passage au Web 2.0, fort illustré avec le développement des réseaux
sociaux numériques (tels que Facebook, Instagram, Twitter, pour ne citer que les plus utilisés)
qui viennent remettre la question de la liberté d’expression et de la presse plus que jamais à
l’ordre du jour.
Si à l’époque du Web 1.0 (version du web statique centré sur la distribution des
informations), la presse, notamment les journalistes, détenait encore le monopole de la
production de l’information d’actualité sur des sites web, et pour un public qui va à la
recherche de celle-ci, les plateformes sociales numériques ont brouillé cette logique ou
encore cette hiérarchie. Le web 2.0 ou participatif a fait entrer le public, « ancien lecteur »4
ou ancien téléspectateur parmi les acteurs de la production et la diffusion de l’information. A
partir de cet instant, où un utilisateur quelconque, auteur d’un compte sur une plateforme
comme Facebook ou Instagram, a maintenant le pouvoir d’exposer librement son
opinion/jugement sur l’actualité fournie par des professionnels ou sur le travail de ces
derniers, voire les contredire, de publier des images exclusives d’un évènement dont cet
utilisateur a été témoin, sous réserve d’aucune restriction, la liberté d’expression et de la
presse révèle aujourd’hui des lacunes que les lois et codes qui fixent les modalités de leur
exercice depuis bon nombre d’années n’avaient prévu.
1.1.2. Problématique
4
H. M. BADAU, « Les enjeux éthiques de la communication de l’information d’actualité sur les blogs et
réseaux sociaux », in Revue française en sciences de l’information et de la communication, no.12 (2018),
https://journals.openedition.org/rfsic/3527#bodyftn21 consulté le 09/10/2021.
5
Idem.
3
Les réseaux sociaux numériques sont devenus aujourd’hui un lieu majeur d’échanges
d’information. En 2020, environ 3 millions de congolais y ont accès pour s’informer, faire
des réservations, effectuer des achats en ligne et communiquer6. De plus, ces nouveaux
addicts des médias sociaux ont trouvé l’espace par excellence où il est possible de s’informer
et se divertir dans le même temps. Là, l’utilisateur reçoit, d’une manière instantanée, une
multitude de contenus sélectionnés selon les préférences de leur actions observées sur ces
plateformes, les fréquences d’interaction sur une page, un type de contenu ou de recherche
sur un sujet. Et il lui suffit juste de scroller passivement afin de passer d’une information à
une autre. Ce nouveau rapport du public avec l’information va être à la base d’une rupture
avec les sites web sur lesquels les médias d’informations en ligne ou pure-players classiques
diffusaient principalement les nouvelles d’actualités. H. M. BADAU explique que « ce
mouvement entraîne un changement de paradigme : le public n’est plus à la recherche de
l’information, celle-ci part à la recherche du public. Le public, qui avait un comportement
proactif dans sa relation avec l’information, en la recherchant sur différents sites, a
désormais un comportement passif : il lui suffit de passer du temps sur ses comptes des
réseaux sociaux et l’information vient à lui »7. De ce fait, les sites web d’informations
générales vont rejoindre le contexte très complexe des plateformes sociales numériques et
associer des stratégies de marketing digital à la pratique journalistique afin que leurs
informations atteignent le public ciblé. Cette nouvelle logique dans l’exercice du journalisme,
dans le traitement de l’information a vite créé un terrain favorable à la circulation fausses
nouvelles dites « fake-news » en provenance de nombreux comptes d’utilisateurs quelques
anonymes ou piratés, des créateurs de contenus numériques avec des grands titres
sensationnels, animés par la soif de la viralité, et « le public touché est extrêmement vaste et
tout le monde ne dispose pas d’une capacité à traiter judicieusement »8 cette masse
d’informations reçues.
6
Digital 2020 : The Democratic Republic of the Congo,
https://datareportal.com/reports/digital-2020-democratic-republic-of-the-congo consulté le 11/10/2021.
7
H. M. BADAU, « Les enjeux éthiques de la communication de l’information d’actualité sur les blogs et
réseaux sociaux », in Revue française en sciences de l’information et de la communication, no.12 (2018),
https://journals.openedition.org/rfsic/3527#bodyftn21 consulté le 09/10/2021.
8
DURBECQ, Clémence. « Fake news » à l’ère numérique : un nouveau défi pour le droit de la presse ? Faculté
de droit et de criminologie, Université catholique de Louvain, 2018, p.1.
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:15911 consulté le 09/10/2021.
4
C’est dans ce nouveau contexte que sont également nées plusieurs pages numériques,
particulièrement à Kinshasa, qui s’identifient comme des médias d’actualité urbaine et de
divertissement sur les plateformes comme Facebook ou Instagram. La plupart d’entre eux
peuvent être considérés ou agissent comme des magazines, ou des médias dédiés qui couvrent
généralement l’actualité des personnalités publiques (artistes musiciens congolais, les
politiques ou encore d’autres célébrités du pays ou de l’étranger), les derniers buzz,
tendances, scoops sur la vie de ces personnalités, et des faits divers. Dans ce registre, on peut
prendre le cas des médias tels que Mboté.cd, Talents2Kin ou Voilà Night. Ces médias
numériques, qui s’adressent à un public compris entre la génération Y et Z (principaux
consommateurs des réseaux sociaux), ont choisi d’exercer le journalisme sur un terrain qui
leur offre les possibilités de faire du sensationnel, de l’humour, de publier des vidéos brutes
ou exclusifs, soit des concerts, soit des coulisses d’un tournage de clip vidéo, ou encore de la
vie familiale des célébrités. Certes, ces médias qui font du people (un monde caractérisé par
le scoop, le buzz, le choc, tenant même du monde des célébrités), ont un traitement de
l’information moins stricte que les pure-players classiques. Cependant, cette liberté
d’expression qui leur est permis s’avère être un terrain glissant, surtout à l’ère des réseaux
sociaux numériques. Evoluant sur cet espace soumis à aucune régulation ou à une faible
règlementation, les pratiques journalistiques de ces médias sont facilement portés à
outrepasser les limites imposées par la loi ou les codes d’éthique et de déontologie du
journalisme.
Dans cette volonté de faire du sensationnel, un média comme Mboté.cd par exemple,
suivi par plus de 300 000 abonnés sur Instagram et plus d’un million sur sa page Facebook,
reprend souvent des citations, soit des extraits de déclarations d’une personnalité publique
congolais, énoncés dans un langage qui porte parfois à confusion, avec une source pas
clairement identifiée ou carrément sans aucune source. Ces phrases qu’auraient prononcées
une quelconque célébrité, reprises sur des photo-montage, sont généralement incomplètes, ou
encore plus construites de façon à susciter de vives réactions des abonnés (likes,
commentaires, partages) que d’informer utilement, d’amener ces derniers à la bonne
compréhension de l’information, à la vérité. Ce qui porte, pour la plupart de publications, à la
confusion, l’information diffusée est facilement sortie du contexte dans lequel elle a été émise
à la source, et peut de ce fait être susceptible de passer pour une information erronée.
5
Le marché fort concurrentiel sur les réseaux sociaux, la course à la recherche de
l’exclusivité à tout prix, amène aussi ces médias à publier certains aspects de la vie privée des
personnalités congolaises, violant ainsi la limite de l’intimité de ces dernières imposée par
leurs libertés et leurs droits garantis par les articles 31 de la Constitution et 11 du code
d’éthique et déontologie des journalistes congolais. Toujours dans cette même perspective de
recherche malsaine de plus de visibilité pour leurs informations, ces médias numériques sont
parfois portés à laisser passer, à travers leurs publications, des propos de nature à diffamer, à
nuire à la dignité d’une tierce personne, et qui, pouvait facilement être évités à cause de leur
teneur moins pertinente. Mais publiées dans l’objectif de faire grimper les statistiques, les
informations de ce genre ouvrent la voie à des abus de la liberté d’expression très marquée
dans des centaines de commentaires, en réactions à ces publications, où l’on peut retrouver
des incitations à la haine, des injures de tout genre, des discours tribalistes ou sexistes, etc. De
plus, ces écarts de comportement venant des abonnés, la page ne sait ni les éviter, ni les
rappeler à l’ordre à cause de l’accès libre et ouvert aux commentaires sur Facebook ou
Instagram et le grand nombre de réactions générées.
L’ampleur des dégâts que peuvent provoquées les informations peu éthiques de ces
médias numériques n’est pas non plus négligeable, car elles sont en partie à la base de
nombreuses polémiques, d’incompréhension ou encore d’amplification de mauvaises
relations qui existent déjà entre certains musiciens congolais.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons observer que l'ambiguïté posée par les
contenus de ces médias numériques kinois ne facilite pas leur classification dans une
typologie des médias, voire amène à remettre en cause l’identité même de média qu’ils
s’attribuent.
1.2. Hypothèses
6
En première approche, les médias numériques dont il sera question dans le présent
travail peuvent diffuser tout type d’informations, d’abord dans un but de publier seulement,
nourrir leurs pages sur les réseaux sociaux et, dans le cas d’une information alléchante,
celle-ci peut également générer beaucoup d’interactions en termes de likes, commentaires et
partages. En d’autres termes, les informations diffusées cadrent non seulement avec le secteur
d’activité de ces médias numériques – pour le cas précis, l’actualité people congolaise – mais
ces derniers vont également à la recherche de toute image ou vidéo susceptibles d’attirer du
monde sur leurs pages.
En seconde approche, ces médias numériques utilisent un langage chargé pour diffuser
leurs informations. Ils ont souvent recours à certaines terminologies empreintes d’une
grammaire familier au digital, dans le but d’attirer une catégorie de personnes,
particulièrement les addicts aux réseaux sociaux numériques.
Pour ce faire, les médias usent d’un langage chargé, c’est-à-dire, ils utilisent une
certaine terminologie pour persuader le public d’une certaine manière, pour avoir la réaction
voulu par eux. Cet aspect nous mène à recourir en deuxième lieu à la théorie des actes du
langage développés par John Langshaw AUSTIN, complétée par la suite avec les fonctions
du langage de Roman JACKOBSON et Emile BENVENISTE. Elle aura pour but d’expliquer
7
les fonctions de langage utilisé dans les textes sur les visuels ou les légendes des contenus
publiés par les médias numériques kinois sur lesquels la présente étude portera.
Concernant les techniques de recherche qui ont été appliqué dans cette étude, nous
avons eu recours à : (A ajouter)
9
F. DEPELTAU, La démarche d'une recherche en sciences humaines : de la question de départ à la
communication des résultats, Presses Université Laval, Québec, 2000, p.293.
8
Night. Notre étude se basera sur les publications de ces médias sur leurs pages Instagram et
Facebook, dans une période située entre le 1er janvier et le 1er août 2021.
1.7. Division du travail (Être bref)
Le présent travail sera divisé en trois grands chapitres. Le premier chapitre posera les
cadres conceptuels, méthodologiques et théoriques de notre étude. Concernant les concepts
clés à définir et à développer, il s'agira dans ce chapitre des termes suivant :
− Média : sans nous limiter à la définition de ce concept, nous verrons également les
différentes évolutions terminologiques du mot "média", les caractéristiques d'un
média en tant qu'entreprise ou organe de presse, les types de média selon leurs
objectifs et leurs supports ou techniques de diffusion tels que développés par Marshall
MAC LUHAN et F. BALLE. Nous passerons également en revue l’évolution des
médias du point de général, et en République Démocratique du Congo en particulier.
Nous finirons le développement de ce premier concept par un aperçu de la régulation
et l’auto-régulation des médias et la règlementation des réseaux sociaux en RDC.
− Médias d’information en ligne : ce deuxième concept nous conduira d’abord à
clarifier la notion de pure-player en tant qu’entreprise « tout en ligne » et site web
d’informations générales en ligne. Ensuite interviendra une brève histoire des médias
d’informations en ligne, et l’introduction de la presse en ligne en RDC.
− Information : après avoir passé en revue les approches définitionnelles du terme
« information » selon différents auteurs, nous nous pencherons sur l’information
journalistique, les étapes de sa production et de sa diffusion, l’éthique de
l’information, la valeur de l’information à l’ère des NTIC, et la différence entre
l’information journalistique et la création de contenu pour les réseaux sociaux.
Le cadre théorique sur lequel portera également le premier chapitre sera celui de
l’Agenda Setting et celle des actes du langage. Concernant la théorie de l’Agenda Setting, les
américains D. SHAW et MAC COMBS décrivent la fonction des médias qui exercent un effet
important sur la formation de l’opinion publique en imposant un calendrier de certains
événements et une hiérarchie des sujets. Cette section du premier chapitre sera consacré à
décrire les principes de ladite théorie, après avoir passé en revue ses origines et les contextes
dans lesquels le concept d’ « Agenda Setting » est né. La théorie des actes de langage, nous y
9
verrons les principes de l’acte du langage développés par ses différents auteurs, notamment
J.L. AUSTIN, R. JACKOBSON et E. BENVENISTE.
Le deuxième chapitre portera, lui, sur le cadre d’étude. Il s’agira d’abord de présenter
un état des lieux de la liberté de presse à l’ère des réseaux sociaux numériques, les magazines
en ligne de façon générale, entre autres ceux qui pullulent les réseaux sociaux numériques
depuis quelques années. Ensuite, nous ferons une entrée en matière des trois médias
numériques kinois qui nous intéresseront dans le présent travail, notamment Mboté.cd,
Talents2Kin et Voilà Night. Ces entreprises seront largement présentées, avant de tracer les
tableaux des publications de chacune d’elles, qui feront principalement l’objet de nos
analyses.
Chapitre premier
10
I.0. Introduction
I.1. APPROCHES CONCEPTUELLES
(Introduction)
I.1.1. MEDIA
Rémy RIEFFEL pense que les médias, au pluriel, « doivent être conçus dans un
premier temps comme un ensemble de techniques de production et de transmission de
message à l'aide d'un canal, d'un support (journal papier, ondes hertziennes, câble, etc.) vers
un terminal (récepteur, écran) ainsi que comme le produit proprement dit de cette technique
(journaux, livres, émissions) ; dans un second temps comme une organisation économique,
sociale et symbolique (avec ses modalités de fonctionnement, ses acteurs sociaux multiples)
qui traite ces messages et qui donne lieu à des usages variés. Ils présentent, par conséquent
10
« Média » dans Dictionnaire Larousse,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/m%C3%A9dia/50085#definition, consulté le 06 octobre 2021 à
12 :34'.
11
C-J. BERTRAND, Les médias aux Etats-Unis, Paris, éd. PUF « que sais-je ? », 1997, p. 6.
11
une dimension technique (matériels) et une dimension sociale (représentations) qui évolue en
fonction du temps, de l'espace et des groupes sociaux qui s'en servent »12.
Il faut tout de même souligner qu’avant d’avoir affaire à cette polysémie que renferme
aujourd’hui le terme « média », on parlait déjà des « mass media » dès les années 1950 en
Amérique du Nord. Ces deux mots désignaient ensemble « toutes les techniques permettant
d’atteindre simultanément une audience étendue, diverse, et dispersé »13. Dans ce registre, on
pouvait citer le cinéma, la télévision et la presse. Dans les années comprises entre 1960 et
1970, le mot « média » s’est popularisé grâce au professeur canadien Marshall MC LUHAN.
12
R. RIEFFEL, Que sont les médias ? Pratiques, identités, influences, Gallimard, Paris, 2005.
13
F. BALLE, Médias et Sociétés (12è Ed.), Montchrestien, Paris, 2005, p.27.
12
Cette considération du média selon MC LUHAN distingue le médium de son contenu
qu’il qualifie d’un « autre médium ». Pour reprendre l’exemple de l’auteur : le médium d’un
télégramme est l’imprimé, celui de l’imprimé est l’écrit, celui de l’écrit est la parole et celui
de la parole un processus de pensée non verbal. Mac Luhan, souligne aussi que les médias,
par leur rapidité à étendre une information, la traitent, la transportent, cela grâce aux avancées
technologiques (train, avion, télévision, internet).14
Dans le cadre du présent travail, l’acception du terme média que nous choisirons est
celle de Rémy RIEFFEL qui la considère comme une organisation économique, sociale et
symbolique qui traite les informations, en lui donnant lieu à des usages variés.
Certes, « média » est à ce jour employé pour exprimer à la fois les moyens d’expression
et les institutions auxquelles elles donnent naissance, par leur utilisation. F. BALLE va
néanmoins saisir la différence que proposent tous les médias (par rapport à l’étendue de leur
audience et les messages acheminées), en dressant un inventaire des médias à la fois complet
et pertinent.15 Il va distinguer trois familles des médias : les médias de autonomes, les médias
de diffusion et les médias de communication.
− Médias autonomes : dans cette famille, on peut citer les livres, les journaux, les
affiches, etc. Ce sont là des supports portant des messages et qui ne nécessitent pas de
raccordement à un réseau quelconque. Certains parmi eux, à l’instar du disque audio
ou vidéo requiert un équipement tel le magnétoscope pour leur lecture.
− Médias de diffusion : il s’agit dans cette famille, des médias qui permettent
l’émission et le relais d’informations. Ces médias ont évolué depuis la transmission
sans fil, avec les ondes hertziennes qui permettaient d’acheminer des programmes de
télévision, et de 1975 à ce jour, avec l’arrivée des câbles, des satellites, la télévision
numérique terrestre (TNT), et Internet.
− Médias de communication : permettent l’interaction ou l’interactivité. Elles
comprennent les moyens de télécommunication qui permettent de mettre en relation,
14
M. MC LUHAN, Pour comprendre les médias, Edition Mame/Seuil, Paris, 1968.
15
F. BALLE, Médias et Sociétés (12è Ed.), Montchrestien, Paris, 2005, p.28-29.
13
« à distance et à double sens »16, deux personnes ou deux groupes, ou encore, une
personne ou un groupe d’un côté, et une machine offrant plusieurs programmes et
services, de l’autre. Le téléphone, créé en 1876, est considéré comme un ancêtre dans
cette famille des médias
I.1.1.3.2. Médias chauds et médias froids
Un média est dit chaud lorsqu’il « prolonge un seul sens et lui donne une haute
définition »17. L’auteur fait allusion, pour parler de la haute définition dont il est question ici,
à la grande quantité de données (informations) portées par les médias chauds. Dans cette
catégorie, on peut citer la radio, le cinéma qui ont la capacité de transmettre beaucoup
d’informations et ne nécessitent qu’une faible participation du récepteur.
Au contraire, un média est dit froid lorsqu’il implique plusieurs sens et ne comprend
que peu d’informations, qui encourage la participation de son audience. Julien Damon ajoute
l’exemple de la télévision et la parole qui « livrent des messages incomplets qui laissent place
à l’interaction »18. Aujourd’hui, nos smartphones, les plateformes numériques comme
Facebook ou Instagram peuvent être considérées comme étant des médias chauds, au regard
des masses d’informations qui y sont quotidiennement fournies partout dans le monde. Et au
niveau de l’internaute qui reçoit des informations découpées, il est toujours appelé à les
compléter.
16
Idem, p.30.
17
M. MC LUHAN, Pour comprendre les médias, Edition Mame/Seuil, Paris, 1968.
18
J. DAMON, Les 100 penseurs de la société, PUF, Paris, 2016, p.147-148.
14
Elle est la plus ancienne à avoir vu le jour dans la chronologie des médias. Son histoire
est d’abord précédée par deux grandes inventions du 15ème siècle : la poste, d’une part, qui
servait à recevoir et à diffuser les nouvelles et l’imprimerie, d’autre part, qui dupliquait ces
dernières.
En France, dicté pendant le siècle des Lumières par la monarchie absolue, plusieurs
journaux spécialisées ont vu le jour. Les commentaires ou analyses politiques furent interdit à
la presse jusque dans les années 1770. L’information « conviait le public à admirer, non à
réfléchir »20 jusqu’au cours du 18ème siècle, lorsque la presse littéraire et les gens des lettres
devinrent peu à peu autonome et critique.
19
R. LE CHAMPOIN & C. LETEINTURIER (dir.), Médias, Information et Communication, Ellipses, Paris,
2009, p.37-38.
20
Ibidem.
15
Dans le Nord des États-Unis, les journaux se sont multipliés depuis longtemps. Après
l'indépendance, le 1er amendement de la Constitution de 1787 interdit au Congrès de voter
des lois qui limiteraient la liberté de la presse.
I.1.1.4.2. La Radio
Hélène ECK suggère dans un chapitre consacré à la Radio des années 1920 aux années
2000 , plusieurs significations qui peuvent renvoyer au terme « radio » : « il désigne à la
fois : une technique de transmission effectuée par voie hertzienne, appelée au début du 20ème
siècle TSH (téléphonie ou télégraphie sans fil) ; la diffusion univoque de messages à
destination d’un public anonyme (la radiodiffusion proprement dite) ; les entreprises
publiques et/ou privées responsables dans un cadre plus ou moins libéral de la production et
la diffusion des émissions (station et programme de radio) ; un objet domestique (récepteur,
poste de radio) ; et une pratique culturelle (l’écoute de la radio) »21.
A partir des années 1920, la perspective d’une radiotéléphonie, vue comme « moyen
possible de diffusion des messages à destination d’un vaste public » se propagea davantage
sous l’influence de la retransmission du « combat du siècle » opposant le français Georges
Carpentier à l’Américain Jack Dempsey en 1921, et les succès de la diffusion d’émissions en
France. Mais pendant que les hommes d’affaires voyaient en cette radiotéléphonie une
opportunité de marché de masse, les amateurs de cette nouvelle technique devaient être
confrontés à une police des ondes qui limitait la liberté de pouvoir expérimenter les matériels,
compte tenu de la rareté des fréquences. Les autorités politiques, eux, s’interrogeaient sur la
conciliation les avantages de la radiotéléphonie les principes du libéralisme.
21
Ibidem
16
désireuse d’étendre ses opérations commerciales dans l’industrie de la radio en Pennsylvanie.
Elle va émettra une heure tous les soirs pour soutenir les ventes de postes récepteurs. En
France, le poste de la Tour Eiffel émet pour la première fois le 24 décembre 1921. Avec la
structuration d’une offre plus adaptée au grand public qui ne souhaite pas « bricoler » son
poste, mais simplement écouter ce qu’il reçoit, les années 1930 voient se mettre en place une
offre de programmes qui s’enrichit et se stabilise. La musique, les retransmissions sportives
et les soaps opéras font leur apparition. Ces derniers, sponsorisés aux États-Unis par des
marques en quête de notoriété où les marchands de produits d’entretien se taillent la part du
lion, créent une habitude d’écoute qui donne la sensation à l’auditeur d’avoir rendez-vous
avec son programme, d’être devenu un fidèle des aventures d’Amos et Andy ou, en France,
de la famille Duraton, feuilleton diffusé sur Radio Cité à partir de 1937.22
Aux Etats Unis, la radio connait son heure de gloire en 1938 avec le célèbre canular
radiodiffusé d’Orson Welles, qui mit l'Amérique en panique. Avec le transistor et la
modulation de fréquence (FM), le succès de la radio devient planétaire. Malgré l'arrivée du
numérique, la radio reste populaire, particulièrement en France, ou elle est une source
d'information privilégiée.
I.1.1.4.3. La Télévision
L’ingénieur électricien anglais, Willoughby Smith peut être considéré comme un des
précurseurs de l’invention de la télévision avec la photoconductivité du sélénium en 1873.
Vers la fin du 19ème siècle et dès le début du 20ème, en 1909, le physicien allemand Ferdinand
Braun fait partie des lauréats du Prix Nobel de physique pour ses contributions au
développement de la Télégraphie Sans Fil (TSF), notamment avec une invention
déterminante dans l’histoire de la Télévision qu’est le tube cathodique. Vers la fin des années
1940 apparaît la télévision par câble, présentée comme « un moyen de retransmission
d’émissions de télévision mal reçues pour des raisons topographiques »23. A cette époque, les
foyers avaient accès à une bonne qualité de réception grâce à des antennes installées sur une
colline et une liberté de choix de programmes qu’ils désiraient, moyennant un abonnement.
22
L. BONCHAMP, Invention et histoire de la radio,
https://www.histoire-pour-tous.fr/inventions/746-invention-de-la-radio.html consulté le 25/10/2021.
23
C. KATUBADI, Notes de cours de Technologies de l’Information et de la Communication, Master 1 (LMD),
UCC, 2020-2021.
17
I.1.1.5. Evolution des médias en RDC (La presse congolaise)
I.1.1.5.1. La presse missionnaire (1891-1911)
Avant l’arrivée des missionnaires, le Tam-tam, les cornes, les griots, alors instruments
de musique, servaient également de moyens de communication et transmission des messages.
18
I.1.1.5.2. La Presse coloniale (1911 à 1956)
La récolte des informations se faisait au moyen des écoutes des bulletins d'informations
des radios étrangères, en anglais et en français. Après l'installation de la ligne ferroviaire, on
installa la ligne téléphonique. En 1930 intervient l’installation de la première agence
d'informations, PRESCOLBEL – remplacée par l’agence BELGA en 1945 – qui était au
service du journal LE SOIR de Bruxelles.
Au début de cette période, les premiers journaux autochtones ont vu le jour avec les
journalistes comme Jean-Jacques KANDE, Denis SAKOMBI, Justin NZEZA, Muissa
CAMUS, Philippe KANZA... Cette période marqua un tournant décisif dans l'histoire du
journalisme en RDC.
− Première génération : des origines au début des années 70. Cette période a vu
émerger les premiers éditorialistes et reporters congolais ;
− Deuxième génération : de 1970 à 1975, plus précisément à la naissance de
l'UPC (Union de la presse congolaise) en 1971 jusqu'en 1980, c'est la génération des grands
journalistes et d’Horizon des journaux spécialisés ;
− Troisième génération : de 1980 à ce jour : un journalisme amateur en quête du
sensationnel, et mauvaise gestion des organes de presse.
19
I.1.1.6. La régulation et l’auto-régulation de la presse en RDC24
I.1.1.6.1. Les organes de régulation
L’instance de régulation des médias a été formellement créée en 2004 et a porté d’abord
le nom de Haute Autorité des Médias, HAM, conformément à l’article 155 de la Constitution
de transition. La HAM était l’une des cinq institutions d’appui à la démocratie avec la
Commission Électorale Indépendante (CEI), 1a Commission Vérité et Réconciliation (CVR),
l’Observatoire National des Droits de l’Homme (ONDH) et la Commission de l’Éthique et de
la Lutte contre la Corruption (CELC). L’existence effective de la HAM a été consacrée par la
Loi N°04/017 du 30 juillet 2004 définissant son organisation, ses attributions et son
fonctionnement.
24
J. PUNGI ANA-U’MBERHA et alii, L’audiovisuel public en RD Congo. Une étude de l’observatoire des
Médias Congolais (OMEC) Avec l’appui de Open Society Intiative for Southern Africa (OSISA), Kinshasa,
MédiasPaul, 2015, pp. 40-46, cité par P. NZINGA, Notes de cours de Production et Réalisation Audiovisuelle,
Master 1 JIC, UCC, 2019-2020, p.25.
20
Bien qu’ayant à sa tête un professionnel des médias issu de la Société civile, la HAM
était dominée par des animateurs nommés par les seigneurs de guerre.
Dans l’exposé des motifs de la loi créant le CSAC, le législateur reconnait que la HAM
a joué le rôle de la première instance de régulation ayant fonctionné en RDC, avant d’ajouter
aussitôt que la HAM « a souffert, dans sa substance, de nombreuses interférences des
opérateurs politiques l’empêchant d’accomplir sa mission ». Pourtant, comme il sera
démontré plus loin le CSAC souffre de la même maladie, dans la mesure où sa troisième
mission qui est de « veiller à l’accès équitable des partis politiques, des associations et de
toute autre personne aux moyens officiels d’information et de communication demeure
encore un horizon inaccessible »25.
Alors qu’il est déjà opérationnel depuis septembre 2011 à Kinshasa, qui en abrite le
siège, le CSAC ne s’est pas encore déployé dans les provinces pour réaliser sa mission sur
toute l’étendue du territoire national. L’absence criante de l’Autorité de régulation est de ce
fait source d’anarchie dans les provinces.
25
Le Baromètre des médias africains, RDC 2012, p. 19 où ce problème est évoqué au point 1.8. Les panélistes
lui ont attribué la note 1.7. Sur 5 soit 3,4/10.
21
reprises au chapitre 2 de la loi organique, section 2, article 9 que nous reproduisons in
extenso ci-dessous pour une meilleure compréhension.
22
− Amener les organisations professionnelles à faire observer le code d’éthique et de
déontologie par les professionnels des médias ;
− Encourager l’implantation des médias dans les milieux ruraux : la radiodiffusion
sonore, la télévision la presse écrite, les nouvelles technologies de l’information et de
la communication et l’Internet ;
− Encourager les médias à assurer la formation continue, le recyclage et le
professionnalisme de leurs membres ;
− Veiller à la valorisation de la culture nationale à travers les médias ;
− Prendre des décisions et/ou des directives applicables à tout intervenant sur les
médias, notamment en période électorale ;
− Veiller au respect des normes sur la publicité et le sondage d’opinions ;
− Prendre toutes les mesures nécessaires en vue de protéger les enfants des effets
néfastes et pervers de l’Internet ;
− Déposer son rapport périodique et annuel à l’Assemblée nationale et au Sénat.
La création de l’instance de régulation des médias (la HAM puis le CSAC) a soulevé
une polémique sur la nécessité ou non d’un ministère ayant l’information les médias ou la
communication dans ses attributions.
Cette polémique n’avait Pas lieu d’être, si on s’en tient aux dispositifs pertinents de la
constitution titre III, consacré à l’organisation et à l’exercice du pouvoir, en son chapitre
deux, relatif aux provinces et plus spécifiquement la Section 2 sur la répartition des
compétences entre le pouvoir central et les provinces. Ces dispositions légales permettent au
gouvernement de créer un ministère chargé des médias et de la communication.
26
Plan directeur du Ministère de la communication et des médias, 2009, pp. 89-92.
23
développement des médias en RDC. Dans les faits, avec la création de la HAM puis du
CSAC, les attributions confiées à ce ministère, notamment en matière de régulation ont été
soit vidées soit dédoublées, dans ce dernier cas, c’est la source de bien de confusions à ce
jour.
En son temps, le président de la HAM avait déploré cette confusion : « les attributions
de la HAM sont spécifiées dans la résolution du Dialogue inter congolais de Sun City.
Malheureusement le décret présidentiel sur les attributions du ministère de l’information et
de la presse n’a pas respecté les dispositions de cette résolution. Certaines prérogatives de la
HAM ont ainsi été confiées à ce ministère »27. Ou, inversement, des prérogatives attribuées
jadis à ce ministère sont devenues celles de l’instance de régulation.
27
F. BAKU, « Régulation des médias dans les Grands lacs : défendre la liberté de la presse ou discipliner les
acteurs des médias ? » Interview de Modeste MUTINGA, dans Cahiers des médias pour la paix, Novembre
2005, p. 34, cité par P. NZINGA, Notes de cours de Production et Réalisation Audiovisuelle, Master 1 JIC,
UCC, 2019-2020, p.28.
24
− Définir les principes d’interconnexion et de tarification des services publics des postes
et télécommunications ;
− Édicter les normes techniques des équipements et terminaux et procéder aux
homologations requises par la loi ;
− Gérer et contrôler le spectre des fréquences, assigner les fréquences nécessaires au
fonctionnement de toute station de radiodiffusion sonore et de télévision ;
− Assurer la continuité du service et protéger l’intérêt général ;
− Suggérer toutes modifications législatives ou réglementaires qui lui paraissent
nécessaires à l’évolution des secteurs des postes et télécommunications et au
développement de la concurrence ;
− Protéger sur le marché des postes et télécommunications, les intérêts des
consommateurs et des opérateurs en veillant à l’existence et à la promotion d’une
concurrence effective et loyale et prendre toutes les mesures nécessaires à l’effet de
rétablir la concurrence au profit des consommateurs ;
− Concourir à la désignation de l’opérateur autorisé, en dehors de l’exploitant public, à
l’effet d’installer et d’exploiter une partie du réseau de référence ;
− Définir et édicter les normes d’installation de toute station de radiodiffusion sonore et
de télévision pour la réception collective ou la réception aux fins de redistribution :
− Donner, à titre exceptionnel, l’autorisation à l’exploitant d’un réseau indépendant de
transmettre ou de recevoir, même gratuitement, des correspondances privées, des
signaux ou des communications quelconques pour le compte ou au profit des tiers ;
− Donner au ministre, concurremment avec l’exploitant public, l’avis préalable pour
autoriser un exploitant concessionnaire du service public des télécommunications
d’écouler ses propres trafics interurbains et de posséder ses propres voies de sortie à
l’international, sous diverses conditions fixées par la loi ;
− Veiller à ce que les fonds du service universel soient utilisés pour assurer la prestation
d’un service universel dans le domaine postal et des télécommunications ;
− S’assurer que les citoyens bénéficient des services fournis à l’aide de nouvelles
technologies de l’information et de la communication.
25
au nouvel environnement. Elle fait, du reste, partie du nouveau cadre légal et réglementaire
en préparation.
La création de l’OMEC par les professionnels des médias cadre avec l’esprit et la lettre
de la Déclaration de Windhoek qui avait milité en faveur de l’élaboration et de la promotion
dans chaque pays africain des réglementations non gouvernementales et des codes
déontologiques permettant de mieux défendre la profession journalistique et d’assurer sa
crédibilité.
Dans les faits, l’OMEC, qui n’a pas le pouvoir de sanction, publie généralement un
communiqué de rappel à l’ordre lorsqu’il constate, par saisine ou auto-saisine, des
manquements dans le chef d’un journaliste. Les cas de récidive avérée sont transmis à la
Commission de discipline et d’éthique professionnelle pour des sanctions éventuelles, étant
entendu que l’UNPC, qui octroie la carte de presse, est seule habilitée à la retirer au détenteur
fautif.
Toutefois, il faut reconnaitre les efforts louables déployés par l’OMEC pour assurer une
autorégulation proactive, notamment à travers de nombreux ateliers et séminaires, dont
certains ont donné lieu à des publications de référence, notamment : Le Guide pratique du
26
journaliste en période électorale, Kinshasa, Médiaspaul, (avec l’appui de I’UNESCO pour la
première édition en 2005, et d’OSISA pour la seconde édition de 2012) ; le Code de bonne
conduite consensuelle, Kinshasa, OMEC, octobre 2006 (avec l’appui de I’UNESCO), Le
Manuel de Monitoring en période électorale, Kinshasa, Médiaspaul, décembre 2013 (avec
l’appui du Programme Interbailleurs Médias en RDC).
Le terme de pure player est né avec l’apparition du digital. Celui-ci étant emprunté à
l’anglais, la Commission générale de terminologie et de néologie a publié en 2014 le terme
français équivalent : “tout en ligne”.
Donc est un pure player toute entreprise qui exerce son activité exclusivement en ligne
sur Internet. Comme activité on entend aussi bien de la vente (e-commerce, places de
marché…) que des éditeurs de contenu pur (blog, presse).
28
E. ANIZON & O. TESQUET, « Les “pure players” ou le pari de la presse en ligne », in Télérama’, article
publié le 8/11/2011,
https://www.telerama.fr/medias/les-pure-players-ou-le-pari-de-la-presse-en-ligne,74902.php consulté le
16/09/2021.
27
I.1.2.3. Histoire des médias d’information en ligne
La vraie genèse de l’information en ligne date, accrochez-vous, des années 80. En effet,
avec un ordinateur et un accès au service CompuServe (premier fournisseur d’accès à un
service en ligne), dans le cadre d’un projet expérimental (Associated Press Experiment), il
était possible de lire des articles en ligne en juillet 80. Ce projet s’est terminé en 82, bien
avant qu’il ait pu se démocratiser et pour cause l’Internet ne l’était évidemment pas à ce
moment.29
C’est à la fin des années 2000 que sont apparus les premiers pure players, c’est-à-dire
les éditions en version numériques uniquement. En France par exemple, Mediapart a été créé
en 2008, Rue89 en 2007, et Bakchich en 2006, dont les créateurs étaient tous issus d’anciens
médias plus classiques respectivement Le Monde, le Nouvel Observateur et le Canard
Enchainé. Les modèles économiques étaient divers pour ses pure players : abonnement pour
Médiapart, gratuit et financé par la publicité pour Rue 89. Ce dernier et Backchich se sont
essayés à des versions papier avec un succès modeste et une durée éphémère du reste.
Les médias plus classiques ont aussi au cours des années 2000 vraiment développé
leurs sites Web, allant même jusqu’à proposer une version PDF de leur journal ou magazine.
Ils ont dans un premier temps seulement numérisé leurs articles papier avant de s’affranchir
du papier et de profiter pleinement de ce que pouvait leur offrir le numérique en termes de
réactivité, de temporalité et de dynamisme. The Guardian, a été le premier journal britannique
29
KERMARREC, A.M, Une (très) brève histoire des médias en ligne,
https://www.mediego.com/fr/blog/breve-histoire-medias-en-ligne/ consulté le 13/10/2021.
30
EVENO, P., Histoire Française de la presse en ligne, Flammarion, Paris, 2012, p.34.
28
à privilégier son service en ligne qui exploitait vraiment les vertus de l’Internet et s’éloignait
du modèle de publication « une fois par jour ».31
Dès 2010, les statistiques ont montré que plus de personnes, les jeunes en particulier,
consultaient leurs news en ligne que sur les versions papier. À compter de ce moment, la
fréquentation en ligne n’a cessé d’augmenter.
31
KERMARREC, A.M, Une (très) brève histoire des médias en ligne,
https://www.mediego.com/fr/blog/breve-histoire-medias-en-ligne/ consulté le 18/10/2021.
32
Sortie officielle des Médias en ligne en RDC – MILRDC,
http://www.mediaspaul.cd/index.php/homepage/actualites/251-sortie-officielle-des-medias-en-ligne-en-rdc-milr
dc
29
I.1.3. INFORMATION
Dans son sens étymologique, le terme « information » signifie « donner une forme,
mettre en forme, former l’esprit, le caractère par l’intermédiaire de l’apprentissage »33. De
ce point de vue, nous pouvons dire que l’information sous-entend l’idée de prendre un fait
dans une société quelconque, lui donner une forme qui la rend plus accessible au public pour
lequel il est diffusé. Pour ce faire, l’acteur émetteur de l’information doit apprendre et
maitriser les codes socio-culturels de son public ainsi que ceux du métier de producteur
d’information. Dans cette même optique, A. FALCONI et F.-X. BUDIM’BANI parle de
« modeler un contenu de manière à ce qu’il soit perceptible par le sens ; et en même temps le
processus et le résultat de cette action »34. L’émetteur joue donc un rôle plutôt déterminant,
c’est lui qui façonne son information et sa perception dépend du sens qu’il aura donné à
celle-ci.
Le concept d’information est un terme polysémique, d’autant plus qu’il a été exploité
tant par de nombreux auteurs que dans plusieurs disciplines.
Les psychologues pensent que l’information met en concert plusieurs facteurs, pas
seulement humaines, afin d’avoir une signification : « Ensemble des données significatives et
concertantes, pouvant être transmises par un signal ou une combinaison des signaux ayant
pour but une adaptation »35.
En communication sociale, l’information est le résultat d’une série d’opérations, de
modifications et destinée à être transmise : « l’information recouvre à la fois la récolte,
l’élaboration et la diffusion des nouvelles et autres éléments constitutifs des messages
échangés par les différents systèmes d’information, leur mise en forme (verbale) et le contenu
même de ces messages »36.
Cette étude reposera sur l’information journalistique dont le sens adhère en partie à la
dernière définition. Il s’agira d’une information qui est le résultat d’une collecte, d’un
traitement (rigoureux) et d’une diffusion par un canal numérique.
33
WILLET, G., La communication modélisée. Une introduction aux concepts, aux modèles et aux théories,
Ottawa, Renouveau Pédagogique, 1992, p.158.
34
A. FALCONI, et F-X. BUDIM’BANI, Lexique des médias, internet, multimédia, Kinshasa, Médiaspaul, 2009,
p.89.
35
WILLET, G., La communication modélisée. Une introduction aux concepts, aux modèles et aux théories,
Ottawa, Renouveau Pédagogique, 1992, p.158.
36
Ibid., p.159.
30
I.1.3.1. La valeur de l’information à l’ère des réseaux sociaux numériques
Selon l’enquête menée par A. CARASCO sur l’utilisation des réseaux sociaux par les
jeunes, « il existe un risque de confusion sur la valeur de l’information, quand un mensonge
est mis au même niveau qu’un travail journalistique répondant à des règles éthiques et à une
exigence de qualité »38. Un jeune internaute qui n’accède à l’actualité que par des
recommandations ne perçoit pas non plus la hiérarchie de l’information opérée par les
différents médias
Confronté au flot d’informations circulant sur les réseaux sociaux, notre cerveau a
tendance à sélectionner celles qui confirment nos « propres croyances » ou qui sont
massivement partagées. Pour le sociologue Gérald Bronner, ces biais cognitifs piègent notre
raisonnement face à des thèses complotistes ou de fausses informations.
A l'encontre des travaux sur les effets limités et indirects des médias, on assiste à un
retour aux hypothèses sur les effets directs de ceux -ci. Le concept d'agenda setting a été
proposé par Maxwell MCCOMBS et Donald SHAW en 1972. Il désigne la façon dont les
37
A. CARASCO, « Réseaux sociaux, réseaux d’infos ? », in La Croix, article publié le 05/03/2019.
https://www.la-croix.com/Famille/Parents-et-enfants/Reseaux-sociaux-reseaux-dinfos-2019-03-05-1201006690
consulté le 26/10/2021.
38
Idem.
39
WATHI, « ‘Avec l’arrivée des réseaux sociaux, beaucoup de journalistes ont dit que les réseaux sont une
menace pour notre métier’, Sinatou Saka, journaliste’, article publié le 9/07/2021.
https://www.wathi.org/avec-larrivee-des-reseaux-sociaux-beaucoup-de-journalistes-ont-dit-que-les-reseaux-soci
aux-sont-une-menace-pour-notre-metier/ consulté le 26/10/2021.
31
préoccupations des citoyens sont structurées par les médias. Selon McComb et SHAW : « Il
existe dans les domaines politiques, économiques, et sociaux des choses que les citoyens ne
maitrisent pas. Ils ont donc, besoin des médias pour s'informer »40. Partant du principe que
les médias n'accordent pas une importance égale à tous les sujets, on en arrive qu'ils orientent
l'attention du public sur certains sujets que sur d’autres. Ainsi, les médias peuvent contribuer
à influencer le public en mettant en évidence tel événement plutôt que tel autre, tel enjeu
social plutôt que tel autre, une façon pour eux d'orienter son attention. Les auteurs résument
ainsi leur théorie : « la presse ne réussit peut-être pas, la plupart du temps, à dire aux gens ce
qu'il faut penser, mais elle est extrêmement efficace pour dire à ses lecteurs, auditeurs, et
téléspectateurs à quoi ils doivent penser »41. L'effet le plus important de la communication de
masse serait sa faculté d'organiser mentalement le monde à notre place.
40
KATZ et alii cités par J. LOHISSE, La communication : de la transmission à la relation, De Boeck
Université, Bruxelles, 2009, p.53.
41
Ibidem, p.54.
32
du jour ou de l'agenda a été formulée théoriquement par deux études qui soulignent cette
fonction qui serait remplie presqu'à notre insu par les grands organes d'information.42
Allant dans la ligne de White qui qualifie les journalistes de Gatekeeper ou portiers de
l'information puisqu'ils opèrent un filtrage sévère dans le flot des faits portés à leur
connaissance et qu'ils transforment et informent, M. Mc Combs et D. Shaw (dans The
Agenda Setting fonction of mass media) soulignent le rôle joué par les médias dans
l'établissement, pour l'opinion publique des sujets de controverses. « Non seulement ils
sélectionnent les thèmes de discussion, mais ils en établissent l'ordre des priorités »
Ainsi la fonction d'ordre du jour ou agenda setting invite à comprendre que c'est la
presse qui détermine moins ce qu'il faut penser. La presse ne vise pas à inculquer aux gens
des idées à reproduire mais à les envoyer à certaines préoccupations. On peut ainsi distinguer
trois agendas : celui des médias, celui des citoyens et celui de ces groupes tient pour
important. Comme on le voit, ces études reviennent d'une certaine manière sur les effets de
médias. 43
En parlant des études sur les élections présidentielles américaines de 1968, Mc Combs
et D. Shaw révélèrent que parmi les électeurs résidents, on relevait des corrélations
importantes entre les questions mises en exergue par les médias et les questions faisant la
préoccupation principale des électeurs pour ces élections. Ce qui a conduit Daniel
BOUGNOUX à connaitre que « les médias dominants imposent leurs modèles de visibilité ;
ils s'opposent aux opinions qui n'entrent pas dans les clichés ready made de l'image et de la
narration ».
42
P. NTONDA, Notes de cours de Théories de la Communication, Licence 2 (LMD), UCC, 2017-2018.
43
Ibidem.
33
I.2.2. Théorie de l’acte du langage
La théorie des actes et de langage, est une théorie développée par J.L. Austin et Searle,
toute fois le mérite est remis à Austin dans son livre quand dire c’est faire où il développe et
donne les objectifs de cette théorie.
En règle générale, l’analyse du langage pose qu’il convient d’étudier les relations entre
trois éléments : les sons ou/et les mots, les états d’esprit du locuteur et les états du monde.
Déjà Aristote écrivait : les sons émis par la voix sont symboles des états de l’âme, et les mots
écrits les symboles des mots émis par la voix. Et de même que l’écriture n’est pas la même
chez tous les hommes, les mots parlés ne sont pas non plus les mêmes, bien que les états de
l’âme dont ces expressions sont les signes immédiats soient identiques chez tous, comme sont
identiques aussi les choses dont ces états sont les images46.
Le langage est ainsi censé être le porteur d’une pensée, qui est elle-même l’image de
l’état du monde. On pense ainsi une sorte de correspondance entre le monde et des
représentations de deux statuts différents (mentale et linguistique), dont le caractère
représentatif garantit précisément le caractère signifiant. Si l’on prend l’état du monde où le
ciel est bleu, la pensée que le ciel est bleu a le contenu qu’elle a (porte sur l’état du monde)
parce qu’elle correspond, d’une manière « formelle » ou idéale, à l’état du monde ; et
44
B. AMBROISE, « J. L. Austin : de la philosophie du langage ordinaire à la conception de la parole comme
action », in S. Plaud, éd., lecture de la philosophie analytique, Paris : Ellipses, 2011, p. 179-196
45
M. Sbisà & K. TURNER, eds., Pragmatic of Speech Action, Berlin: Mouton De Gryyler, 2013, p.20.
46
ARISTOTE, De l’interprétation, 1, 16a 3-10 (trad. Fr. de J. Tricot, Paris, Vrin, 2004).
34
l’énoncé « ciel est bleu » a la signification qu’il a (dit que le ciel est bleu) parce qu’il est en
correspondance avec la pensée et, par son moyen, avec le monde. Le langage parle donc du
monde parce qu’il le représente.
Austin parle des énoncés d’acte en ce que sa réussite correspond à la réalisation d’une
action qui a des conditions spécifiques de réalisation. Ce type d’énoncé, Austin le qualifie des
« énoncés performatifs », ces énoncés se distinguent tout d’abord en ce qu’ils semblent
réalisés ce dont ils parlent. Austin dira que ces énoncés font ce qu’ils disent faire sachant
qu’il insistera toujours sur le fait qu’ils indiquent ce qu’ils font (au moyen des marqueurs
linguistiques, par exemple des « verbes performatifs explicite », tels « promettre, ordonner,
prier etc. », mais qu’ils ne décrivent pas : un énoncé de promesse ne décrit qu’il est en train
de promettre, il est l’effectuation même de la promesse. Ce n’est donc pas en raison de leur
signification que les énoncés performatifs agissent, mais en fonction de leurs conditions
d’usage, les conditions de félicité, qui forment autant « rituel ». AUSTIN ne cessera en effet
d’y insister : le propre des énoncés performatifs est de produire certains effets de manière
conventionnelle, comme autant de rituels sociaux. C’est donc en fonction d’une convention
que certains énoncés font quelques choses47. Or Austin n’arrête pas son analyse au niveau des
énoncés performatifs ; il généralise leur propriété pragmatique qui leur permet de faire des
choses selon certaines conditions de félicité48.
Non content d’avoir montré que l’affirmation est un acte de parole qui a des conditions
pragmatiques, Austin va expliciter le caractère d’acte de parole et déterminé au moins trois
façons pour la parole de faire des choses :
a. L’acte locutoire est celui qui est accompli lorsqu’un énoncé réussit à dire quelque
chose, c’est-à-dire à avoir un sens et une référence. En effet, selon Austin, il n’y a pas de
signification en soi ; bien plutôt un énoncé ne gagne un sens déterminé qu’à être inscrit dans
une activité donnée, orienté par certains objectifs. Abstraitement, un énoncé n’a qu’une
signification générale, relativement indéterminé et c’est son utilisation contextuelle, selon
47
M. SBISA & K. TURNER, eds., op. cit., p. 25.
48
D. VERNANT., « chap. II : Genèse du concept d’assertion », in Du discours à l’action, Paris, PUF, 1197, et
Discours et Vérité, Paris, Vrin, 2009.
35
certaines conventions, qui le dote d’un sens précis en lui donnant une référence précise : une
« référence historique »49.
b. L’acte illocutoire, qui est l’acte qui correspond à la dimension performative de
l’énoncé : c’est l’acte qui est fait en disant quelque chose au moyen de l’acte locutoire et qui
ne correspond plus à une réalisation sémantique. C’est l’acte effectué en ce deuxième et
nouveau sens que l’ai appelé : acte « illocutoire » : il s’agit d’un acte effectué en disant
quelque chose, par opposition de l’acte de dire quelque chose. Je nomme l’acte réalisé une
illocution et me référerai à la doctrine des différents types des fonctions du langage en
question ici comme la doctrine des « valeurs/forces illocutoires ». Il est identifié par la
fonction qu’il sert à remplier promesse, affirmation, etc50.
c. L’acte perlocutoire, qui est l’obtention de certains effets par le fait de dire quelque
chose51. Il est en effet l’acte réalisé au moyen de l’usage du langage ; mais c’est l’acte qui lui
est consécutif, sans le suivre nécessairement. Toutefois, cet acte n’est pas dans une relation
interne avec son effet, mais dans une simple relation externe ou contingence : le fait que je
rassure mon amie en promettant de faire la vaisselle ne s’en suit pas nécessairement. En
disant la même chose, je pourrai très bien l’effrayer, la faire rire, l’amener à douter de mon
état mental etc. car les conséquences obtenues dépendent non pas d’une normative interne à
l’acte, mais des circonstances extérieures en l’occurrence, de la psychologie de ma
campagne, de nos rapports, de notre histoire, etc52.
Cette théorie est aussi abordée par Roman JAKOBSON et Emile BENVENISTE.
JACOBSON estime que toute communication verbale comporte six éléments ainsi que
six fonctions liées à ces éléments.
49
J. L. AUSTIN, « The Meaning of A Word », in Philosophical Papers, Oxford: Oxford University Press, 1962,
p. 55-75; trad. Fr d’A-L. HACKER & L. AUBERT, « la signification d’un mot », in Ecrits philosophique, Paris,
Seuil, 1994, p. 22-44.
50
J. L. AUSTIN., How To Do Things With Words, Oxfort : Oxford University Press, 1975 ; trad. Fr. De G.
LANE (à partir du texte angalis de 1962), Quand dire c’est faire, Paris: Seuil, p. 113
51
J. L. AUSTIN op.cit p. 129.
52
S. CAVELL, « Performative and Passionate Utterance », in Philosophy the Day After Tomorrow, Cambridge,
Mass. : Harvard University Press, 2006, p. 155-191.
36
En ce qui s’agit des éléments nous avons53 :
− Fonction référentielle (ou dénotative) : le message est centré sur le référent, le sujet
même du message. Le langage décrit le monde ; il s’agit bien souvent de la fonction
primordiale du langage.
− Fonction expressive (ou émotive) : le message est centré sur l’émetteur.
− Fonction conative : le message est centré sur le destinataire. Il peut s’agir d’un
message performatif : le message peut faire naître un certain comportement chez
l’interlocuteur.
− Fonction métalinguistique : le message est centré sur le langage. Le langage sert à
parler de lui-même, les usagers habituels de la fonction métalinguistique du langage
sont, par exemple, les linguistes. D’autres signes appartiennent cette fonction comme
« je veux dire… », « c’est-à-dire », « en d’autres termes… » etc.
− Fonction phatique : le message cherche à établir ou à maintenir le contact. « Allô ? »,
« n’est-ce pas ? ».
53
F.X. BUDIMBANI, Science de l’Information et de la Communication, cour de premier graduat, UCC, 2017.
37
− Fonction poétique : le message est centré sur lui-même, sur sa forme esthétique. Le
langage joue sur son propre code.
c. Le schéma de Jacobson
38
I.2.2.2. Les actes de langage selon Emile BENVENISTE
Emile BENVENISTE est plus connu pour ses recherches dans le domaine de l’analyse
de discours, il a mis en évidence l’existence d’un appareil formel de l’énonciation, constitué
par l’ensemble des termes déictiques, pronoms personnels et démonstratifs, que toutes les
langues possèdent. Il oppose ainsi par exemple les pronoms personnels je/tu, correspondant
respectivement au locuteur et au destinateur, au pronom il de la troisième personne, qu’il
appelle non-personnel.54
− Les traces de l’émetteur : l’émetteur produit l’énoncé. Dans notre travail, il s’agit de
l’analyse des titres des vidéos des chaînes YouTube, nous allons repérer les marques
de la 1ére personne, des pronoms, les déterminants verbaux (à l’impératif), les
déterminants possessifs ;
54
D. BOUGNOUX, la théorie de communication, Paris, le Repère, 1991, p.42
39
− Les traces du récepteur : celui qui reçoit l’énoncé. Ici, ces sont les marques de la 2è
personne qui sont repérés, des pronoms (tu, te, toi, vous), déterminants verbales (-e,
-ez à l’impératif), des déterminants possessifs (ton, ta, tes, votre, vos…)
− Le pronom « on » qui est toujours intéressant à relever et à étudier. Il peut avoir
plusieurs valeurs, telles qu’une valeur indéfinie, dans le cas où ne peut pas l’identifier
; une valeur qui peut signifier tout le monde, les humains en général (ex : dans les
proverbes) ; une valeur de substitut de l’émetteur (je, nous) ou du récepteur (toi,
vous), qu’on veut éviter de designer.
I.2.2.3. Application de la théorie
La théorie de l’acte du langage nous permettra, dans ce travail, de faire ressortir les
fonctions de langage compris dans les publications des médias numériques kinois que nous
comptons analyser, dans le but de comprendre leur portée sur les réactions des internautes.
55
L. BARDIN, L’analyse de contenu, les Editions PUF, Paris, 1977, p.13-14.
56
Idem.
40
Les deux guerres mondiales ont donné lieu à un nouveau type d’analyse basée sur
l’étude de la propagande. Harold LASSWELL va donner un statut scientifique à l’analyse de
contenu, grâce à ses analyses de presse et de la propagande en 1915 et la parution de
l’ouvrage Propaganda technique in the World War (1927). LASSWELL va se pencher sur
une psychologie comportementale objective, dans une époque où le behaviorisme règne dans
les sciences psychologiques aux Etats-Unis, pour « décrire le comportement comme une
réponse à un stimulus et cela de la manière la plus rigoureuse possible ».
Entre 1940 et 1950, les recherches de plus en plus nombreuses dans le domaine des
sciences politiques ont joué un rôle majeur dans le développement de l’analyse de contenu.
Dans ce contexte de la Seconde Guerre Mondiale, la technique d’analyse de contenu,
appliquée à des journaux et périodiques soupçonnés de propagande nazie, a servi à plusieurs
études empiriques menées par des analystes américains pendant cette période. Pour ce faire,
on compte des procédés tels que l’analyse lexicale des mots clés de la politique et propagande
nazie, l’analyse de favorabilité/défavorabilité, etc.57 Dès lors, l’intérêt porté à l’analyse de
contenu s’accroît de plus en plus et plusieurs chercheurs, à part LASWELL, se sont
spécialisés dans ce sens. Le domaine d’application de l’analyse de contenu s’est par la même
occasion différencié, reparti en deux approches : celui de la critique littéraire d’un côté, et
celui sur la personnalité de l’autre.
A la fin des années 40-50, B. BERLSON, dont les règles d’analyse ont marqué cette
période du point de vue méthodologique, va définir l’analyse de contenu comme étant « une
technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu
manifeste de la communication »58 Cette célèbre définition contribuera à fonder
épistémologiquement l’analyse de contenu.
Au début des années 1960, Roland Barthes introduit la notion d’analyse de contenu
dans le domaine de l’image publicitaire, de la photographie et de la mode. Avec le
développement en France de l’analyse conversationnelle, le discours politique sera encore un
objet d’étude privilégié, entre les années 70-80. Après un colloque organisé en 1981, le
politique cesse d’être le centre obligé de l’analyse de contenu.
57
Idem
58
B. BERELSON, Content analysis in Communication Research, Glencoe, The Free Press, 1952, cité par L.
BARDIN, L’analyse de contenu, Les Editions PUF, Paris, 1977, p.17.
41
Depuis 1990, l’analyse de contenu vise à démontrer (à dénoncer) les mécanismes
idéologiques. Elle est devenue une méthode à la croisée de nombreuses disciplines. La
plupart des auteurs situent l’analyse de contenu à la croisée de plusieurs disciplines.
Les frontières et les distinctions entre les approches sont mouvantes et peuvent différer
d’un auteur à l’autre. On peut donc distinguer59 :
59
D. TEBANGASA, Notes de cours de Méthodes d’investigation en Sciences Sociales. PowerPoint, Licence 2
(LMD), UCC, 2020-2021.
60
Idem.
42
− Les analyses catégorielles : Ici, on calcule les fréquences d’apparition de certains
items regroupés en catégories thématiques ou expressives.
− Les analyses des évolutions : permettent d’apprécier la connotation positive, négative
ou neutre des termes ou des jugements formulés par le locuteur.
− Les analyses formelles : on y approche les formes et les enchaînements du discours.
− Les analyses de l’expression : on étudie des caractéristiques de l’expression
(vocabulaire, ordre des mots, longueur des phrases…) information sur les
représentations et l’idéologie du locuteur.
− Les analyses de l’énonciation : c’est la dynamique de l’expression qui est prise en
compte : ordre des séquences, rythme, répétitions…
− Les analyses structurales : l’agencement révèle les aspects sous-jacents du message.
− L’analyse des co-occurrences : on repère et on analyse la présence simultanée de
deux ou plusieurs items (mots).
− L’analyse des oppositions structurales : on vise la mise au jour des principes
organisateurs.
I.3.1.4. Les étapes de l’analyse de contenu
Ces étapes ne sont pas forcément communes à tous les types d’analyse. On se réfère ici
principalement au modèle de l’analyse dite catégorielle, la première à avoir été mise au point
et la plus généralisable.
a. La préanalyse consiste à effectuer des choix pertinents dans le stock des documents.
b. La catégorisation vise à appliquer aux textes retenus un traitement permettant
d’accéder à une signification non immédiatement visible. Une manière de réduire la
multitude des mots, des expressions qui composent le corpus à élaborer des catégories, c’est
expliquer la compréhension intérieure que l’on a du contenu sémantique global.
43
c. Le codage et unités de comptage permet de mettre dans une même catégorie les
unités d’enregistrement. Ces unités peuvent être le mot, le thème, l’objet ou le référent, le
personnage = acteur ou actant, événement. Le codage se fait en fonction de 3 unités :
l’enregistrement, d’énumération : quand on doit procéder à la quantification, on calcule la
fréquence des mots (Attention les deux unités ont tendance à se confondre), de contexte = les
circonstances qui donnent sens au mot
d. L’interprétation, c’est l’étape de la lecture interprétative des résultats étroitement liée
l’évaluation du système de catégorisation mise en place. C’est aussi la connaissance du
contexte d’énonciation des documents.
44
Conclusion partielle
45
Chapitre deuxième
61
Qu'est-ce que la liberté d’opinion ? https://www.vie-publique.fr/fiches/23871-quest-ce-que-la-liberte-dopinion
consulté le 27/10/2021.
46
propre blog, etc. Aujourd’hui, en RDC, nous pouvons dire que l’Internet est en effet le seul
support possible de libre expression pour les citoyens.
62
INADES, Liberté de la presse et démocratie en Afrique, Inades Documentation, Abidjan, 1996, p.7-8.
47
II.1.2.1. Les médias et la loi
Pour les pays africains qui héritent du droit romain, la liberté de la presse (ou
disons la liberté d’expression) figurent dans les constitutions comme des « forces morales »
sans une portée légale. Les pays qui suivent le droit coutumier, quant à eux, légalisent la
presse, ses droits et ses obligations.
Aucune catégorie des pays que nous voyons ne garantit le droit d’accès aux
informations. Il y existe par contre des lois de restriction aux rapports publics, par exemple.
D’une manière générale, dans les deux formes de droit, la loi contraignait les
journalistes africains de révéler les sources confidentielles sauf le secret de confidences.
Certains métiers, en l’occurrence les médecins, les avocats, les hommes d’Eglise, sont
pourtant exemptés par le privilège de taire les confessions de leurs sources. Nombre de pays
africains de droit coutumier, comme le Nigeria, parviennent tout de même à obtenir gain de
cause en vertu d’une disposition relative à la liberté d’expression. Mais dans le cas des
sources d’intérêt judiciaire, les journalistes sont forcés de les révéler.
63
P.K. FOGAM, Médias et la Loi, dans WORLD PRESS FREEDOM COMMITEE, Manuel pour les
journalistes africains : avec la participation d’Eminents Journalistes Africains, Virginie, 2000, p.67-76.
48
La loi protège les droits d’auteur dans les pays africains. Mais aucune
disposition n’est prévue pour les informations d’auteur relatives aux faits, aux événements
d’actualité. Le style d’écriture journalistique relève du droit d’auteur.
3° L’utilisation d’une fausse identité ou des moyens frauduleux pour avoir accès à une
information est proscrite.
64
J. IGBINEDION, Ethique et Crédibilité, dans Ibid. p.47-49.
49
Pius NDJAWE renforce en disant qu’« une parfaite maîtrise des techniques
professionnelles autant dans la recherche, la collecte, le traitement et la diffusion de
l’information peut être un puissant moyen sinon de protection, du moins de défense en cas de
nécessité. La communauté des professionnels et les organisations de défense des droits
humains ne peuvent vraiment se mobiliser pour un journaliste en difficulté que si celui-ci
leur a rendu la tâche facile en faisant preuve de professionnalisme. »65. Les journalistes
subissent régulièrement des pressions auxquels il nécessite de répondre par un comportement
professionnel irréprochable, pour se défendre.
Mbote.cd, dit aussi « Mboté », est un média de la société MBOTE AFRICA SARL créé
le 1er novembre 2017. Depuis son lancement, Mboté est membre de l'association des Médias
d'information en ligne en RDC (MILRDC).
Il se décrit comme un site web divertissement congolais qui se résume en trois concepts
: buzz, tendances, culture jeune, lesquels constituent aussi la ligne éditoriale du média. A près
de cinq années d’existence, Mbote.cd a déjà pris ses marques, comme en témoignent ces
chiffres dans les réseaux sociaux : plus de 2 millions d’interactions chaque semaine provenant
d’un compte Instagram suivi par près de 350 milles personnes et de plus d’1 million
d’abonnés sur Facebook. MBOTE.CD, c’est aussi en moyenne 600 milles visiteurs le mois, ce
qui lui vaut une place dans le top 5 des médias en ligne les plus visités au pays.
65
P. NJAWE, Les Risques du Métier dans Ibid., p.57-58.
50