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MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

Union-Discipline-Travail
SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Institut Universitaire
d'Abidjan

INTRODUCTION
À LA
METHODOLOGIE
DE LA RECHERCHE
(Licence 1)

SUPPORT DE COURS
Chargé de Cours : Dr BONGBA

1
Introduction à la méthodologie de recherche
PLAN INDICATIF DU COURS

INTRODUCTION

CHAPITRE I: QU’EST-CE QUE FAIRE DE LA RECHERCHE ?

I. APPROCHE EPISTEMOLOGIQUE

II. CONNAISSANCES SAVANTES ET CONNAISSANCES ORDINAIRES

III. LES 4 CARACTERISTIQUES DES CONNAISSANCES A PRODUIRE

CHAPITRE II: DU PREALABLE AUX ASPECTS THEORIQUES DU

MÉMOIRE

I. DU CHOIX DU THEME AU SUJET

II. LE CHOIX DU DIRECTEUR DE MEMOIRE

III. DEMARCHE ARGUMENTATIVE

CHAPITRE III : ASPECTS METHODOLOGIQUES DU MEMOIRE

I. TERRAIN DE RECHERCHE

II. ECHANTILLONNAGE ET TAILLE DE L’ECHANTILLON

III. TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES

IV. METHODES D’ANALYSE

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

2
Introduction à la méthodologie de recherche
 
OBJECTIFS DU COURS
Ce cours vise, de façon générale, à initier les étudiants aux principaux concepts et
fondements théoriques permettant l’étude des phénomènes des sciences humaines
et sociales en général et les phénomènes des sciences de la communication en
particulier.

- De façon pragmatique, l’étudiant à la fin du module sera à mesure de :


Appréhender les bases des différentes approches de la recherche en Sciences
de l’Information et de la Communication,
- Connaître les étapes de la construction de la pensée communicationnelle,

Cerner les différentes étapes de la démarche méthodologique dans la 
rédaction d’un Travail d’Etude et de Recherche (Mémoire de fin de cycle).

3
Introduction à la méthodologie de recherche
INTRODUCTION

La recherche scientifique est un processus dynamique ou une démarche rationnelle


qui permet d’examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre, et d’obtenir des
réponses précises à partir d’investigations. Ce processus se caractérise par le fait
qu’il est systématique et rigoureux et conduit à l’acquisition de nouvelles
connaissances. Les fonctions de la recherche sont de décrire, d’expliquer, de
comprendre, de contrôler, de prédire des faits, des phénomènes et des conduites. La
rigueur scientifique est guidée par la notion d’objectivité, c’est-à-dire que le
chercheur ne traite que des faits, à l’intérieur d’un canevas défini par la
communauté scientifique. Les modes de fonctionnement de la recherche se sont
modifiés avec la seconde guerre mondiale. En effet, la recherche ne se fait plus en
équipe restreinte composée d’un patron, d’un assistant et de quelques étudiants.

Elle est passée d’une organisation artisanale à une organisation industrielle. Dès
lors, l’apprentissage des règles de la recherche ne peut plus se faire par
transmission individuelle à l’intérieur de l’activité de recherche. Le nombre de
collaborateurs d’une équipe s’est agrandi et le rythme de production s’est accéléré
de telles manières que l’on estime maintenant que les futurs chercheurs doivent
connaître les règles de la recherche avant de commencer à en faire.

En conséquence, pour que les règles de la recherche scientifique soient


transmissibles et connues par la masse des chercheurs, il a fallu les codifier: ainsi
apparut la méthodologie. Donc, la méthodologie de la recherche comme objet
d’enseignement, est récente et son origine montre en même temps sa nature : Elle
est une codification des pratiques considérées comme valides par les chercheurs
séniors d’un domaine de recherche. Autrement dit, elle est un recueil des règles de
jeu que les adversaires acceptent de respecter dans les discussions et les
contestations par lesquelles la recherche scientifique se développe ; le discours sur
les méthodes est une codification des codes de la recherche scientifique pour fin
d’apprentissage et d’arbitrage.

Si la méthodologie répond à un souci de codification des règles, elle ne peut figer la


recherche scientifique. La méthodologie doit progresser au même rythme que la
recherche si on veut que l’ensemble des chercheurs d’une discipline puissent faire autre
chose que de mimer, après coup, ce que l’élite des chercheurs se donne le droit de faire.
En effet les progrès des connaissances, les sauts significatifs du savoir,
sont liés à des changements dans l’utilisation des instruments, de nouvelles

4
Introduction à la méthodologie de recherche
définitions de critères pour l’identification des phénomènes et des techniques
utilisées dans l’analyse des données, etc.

La méthodologie devient alors une discipline qui s’établit elle-même comme objet
d’observation, d’analyse, de réflexion et de contestation. La méthodologie ne reste
pas un code stable, elle est sujette à des remaniements. Comme le droit évolue en
fonction des changements sociaux, la méthodologie évolue en fonction des objets et
des pratiques dominantes de recherche. Ce sont le polymorphisme et la dynamique
des objets et des pratiques de recherche qui donnent à la codification des méthodes
sa complexité et, parfois même, ses apparentes contradictions (Van der Maren,
1996).

Le mémoire est un ouvrage scientifique destiné à être soutenu devant un jury. Son
élaboration ne peut se faire sans une approche et une démarche organique,
systémique et méthodique. En d’autres termes, la réussite du mémoire présuppose
le choix d’une démarche rigoureuse, de procédures et de règles scientifiques
imposées par l’objet de la recherche et le domaine qui l’intègre.

Le dictionnaire Lalande définit la méthodologie comme étant la subdivision de la logique


ayant pour projet des méthodes et plus spécialement celles des méthodes spécifiques.
Comme concept, le mot méthodologie comporte deux membres : d'abord une racine
d'origine grecque "methodos" signifiant voie, chemin; et un suffixe "logos" signifiant
étude, recherche, pensée. La méthodologie est donc l'ensemble des procédés et
démarches raisonnées visant à atteindre l'objectivité scientifique.

La méthodologie comporte deux dimensions étroitement liées, d'une part, les


méthodes et d'autres part les techniques. Les méthodes ont trait aux principes, à la
réflexion et aux conditions stratégiques de recherche. Les techniques quant à elles,
ont trait aux moyens et aux conditions pratiques d'investigation. Il faut considérer
que les uns ne vont pas sans les autres.

C'est l'ensemble de ces deux notions qui définit la portée de la méthodologie.

La recherche est la condition fondamentale du savoir. Nous lançons cette assertion


dans la mesure où la recherche crée, entretien et développe le savoir; La recherche est
une activité heuristique, elle est questionnement, découverte et réponse à un problème.
Nous estimons qu'il y a recherche parce qu'il y a problème et qu'il y a problème parce
qu'il y a ignorance. L’objectif du cours est donc d’initier les étudiants aux lois
méthodologiques qui autorisent et sous-tendent la préparation, la rédaction

5
Introduction à la méthodologie de recherche
et la soutenance d’un mémoire de Master. Il s’agira pour nous, non pas de donner
le contenu exhaustif de ces règles méthodologiques, mais de proposer un exposé
sur celles dont on ne peut s’affranchir, c’est-à-dire celles qui sont nécessaires dans
l’absolu à l’élaboration du mémoire et plus spécifiquement, du mémoire de Master
en Sciences de la Communication.

6
Introduction à la méthodologie de la recherche
CHAPITRE I : QU'EST-CE QUE "FAIRE DE LA RECHERCHE"?

S'inscrire en Master ou en Thèse revient, pour les étudiants, à entrer dans un


univers nouveau, et il n'est pas sûr que tous le saisissent vraiment. "Faire de la
recherche", cela consiste en quoi, finalement? Les parents ou amis de l'étudiant
peuvent bien imaginer un savant en blouse blanche entouré de ses microscopes,
mais pour les Sciences Humaines et Sociales, l'image ne convient pas.

I. APPROCHE EPISTEMOLOGIQUE

L’épistémologie est une réflexion philosophique sur la nature, les méthodes et les
concepts de la science. Elle s’exprime à travers un débat qui porte sur la nature, les
méthodes et les concepts d’une science (Ex : les Sciences de l’Information et de la
Communication). Ce débat porte notamment sur :
 
La nature normative de la science (réflexion qui porte sur ce que devrait être,
Dans l’idéal, la science ou une discipline).
-La nature analytique (étude de ce qu’est, concrètement, la science ou une
discipline).

L’épistémologie met en lumière les concepts, les théories, les méthodes et les types
de raisonnement ou la procédure. Elle explique la structure et l'évolution des
sciences.
L'épistémologie ne peut être séparée de l'histoire des sciences. Elle étudie les
ruptures et les transformations qui ont permis aux sciences d’atteindre leur forme
présente. Pour l’exemple, deux questions fondamentales se posent.

La première concerne d’emblée l’unification des sciences. Cette perspective interroge


la possibilité d’unifier des sciences distinctes (physiques, biologiques et humaines).
La question est alors de savoir si ces sciences distinctes peuvent utiliser les mêmes
concepts et méthodes ?

Quant à l’autre, elle pose la question de la construction continue ou discontinue


des savoirs scientifiques. La question qui ressort est la suivante : les sciences se
construisent-elles de manière continue par accumulation de connaissances, ou bien
de manière discontinue à travers des crises et des ruptures entre des paradigmes
ou des conceptions scientifiques radicalement différentes (Kuhn)?

7
Introduction à la méthodologie de la recherche
L'épistémologie a donc pour objet d'étude la science et, est analytique et réflexive.
Elle constitue en ce sens une démarche du second degré examinant une activité
première.

Si cette présentation liminaire semble nécessaire, il faut cependant comprendre que


l’épistémologie c’est « l’étude de la construction des connaissances valables »
(Piaget). C’est l’étude de la manière dont les sciences peuvent produire des
connaissances particulières ayant une valeur ‘’scientifique’’.

A partir de cette approche définitionnelle, on peut comprendre que tout chercheur,


même débutant et même chercheur provisoire (le temps de son mémoire), est
supposé lui aussi produire des ‘’connaissances nouvelles et valables’’, et ceci
correspond à un certain nombre de procédés pour y parvenir.

En outre, le chercheur, ce » dernier doit sans cesse être capable d’expliquer la manière
dont il a produit ces connaissances. Il va devoir pour cela répondre à de nombreuses
questions lui demandant de justifier ce qu’il avance. Il faut donc qu’il adopte
progressivement une certaine attitude à l’égard de ce qu’il avance et des moyens qu’il a
utilisés pour y parvenir. C’est l’art de la démonstration scientifique.

Nous touchons là la première caractéristique du chercheur, qui le différencie


d’autres experts ou professionnels. Il mène en permanence un travail de réflexion
sur sa propre démarche (on appelle cela la ‘’réflexivité’’) et peut à tout moment dire
où il en est et quelle méthode il utilise.

II. CONNAISSANCES SAVANTES ET CONNAISSANCES ORDINAIRES

Faire de la recherche, c'est donc produire des connaissances "scientifiques". Mais


dire cela, surtout en SHS, c'est supposer que l'on sait vraiment ce que veut dire
"scientifique", et que l'on serait capable de bien délimiter la frontière entre
"connaissances savantes" (ce que disent les chercheurs) et "connaissances
ordinaires" (ce que chaque individu peut savoir). Ce peut être vrai dans les sciences
de la nature (on regarde l'horizon, la terre paraît plate mais la science nous dit
qu'elle est ronde et c'est admis comme une vérité). Mais dans les SHS, cela peut-il
être la même chose?

Il faut admettre que dans les SHS aussi, des "connaissances savantes" sont possibles.
Comme en physique, la perception immédiate donne également des indications
illusoires (par exemple, on pense que "l'opinion" est favorable à tel projet,

8
Introduction à la méthodologie de la recherche
mais une enquête bien construite peut démontrer le contraire). De plus, d’avantage
que dans les sciences de la nature, les faits peuvent être contaminés par des
croyances et des idéologies (par exemple, je peux croire, par idéologie, que la société
est contraignante ou libre, pacifique ou traversée par des conflits…).

Le chercheur en SHS a donc à construire, au-delà des apparences et des croyances,


des notions et des procédés de recherche qui vont lui permettre de s'écarter des
représentations (opinions) toutes faites. C'est d'autant plus nécessaire pour lui qu'il
n'a pas d'instrument spécifique (microscope, télescope…) dont il serait le seul à
disposer, contrairement à son collègue des sciences de la nature.

Pour Bourdieu, "le fait est conquis contre l'illusion du savoir immédiat" lorsque l’on
s’engage dans la recherche. Cette "conquête" va permettre de produire des
connaissances ayant des caractéristiques précises différentes des autres. Est-ce
que cela signifie pour autant que le chercheur est le seul détenteur de la "vérité" et
que ses connaissances sont supérieures aux autres?

On l'a longtemps cru (ce qu'on appelle le "scientisme", qui est la foi inébranlable
dans la supériorité de la Science). Mais aujourd'hui on dira plutôt qu'il n'y a pas
d'opposition complète et brutale entre les deux types de connaissances. Pourquoi ?

La connaissance "ordinaire" peut d'abord être fondée sur une sagesse, accumulée
depuis longtemps, qui a sa valeur propre et qui est transmise de génération en
génération (le vieux paysan, le sage…). D'autre part, certaines pratiques
intéressantes et même parfois efficaces sont indémontrables en l'état actuel de la
"science" officielle, en médecine, c'est l'exemple de l'homéopathie.

Enfin, l'expérience pratique peut être précieuse, même si elle n'est pas fondée sur
des dispositifs de recherche rigoureux, dans des sciences comme la psychologie, la
gestion, le droit. La médecine en est un bon exemple.

Plutôt que de les opposer, il faut donc dire que connaissances "scientifiques", celles
du chercheur et connaissances "ordinaires", celles du praticien ou du sage ont des
caractéristiques différentes et que dans de nombreux contextes elles seront
complémentaires. Reste que ces connaissances "ordinaires", que le chercheur ne
peut donc négliger, ont trois limites fortes :

9
Introduction à la méthodologie de la recherche

Elles sont beaucoup liées à la personne de celui qui les détient (le "tradi-
praticien" des pratiques africaines ou chinoises, le  cadre d'expérience,
 l'artisan expérimenté, etc.) et donc peu communicables ;


Elles sont fondées sur les contextes au sein desquels elles ont été produites,
 et donc difficilement généralisables;


Elles sont donc dépendantes de la confiance qu'on veut bien accorder  à celui
qui les détient, et non pas de procédures objectives et vérifiables.

A l'inverse, les connaissances scientifiques sont communicables et valables en


dehors de leur milieu d'origine. Elles prétendent (dans une certaine mesure pour les
SHS) à la généralité, l'universalité. Quelle que soit leur nationalité, les physiciens
ou les chimistes peuvent échanger leurs résultats et découvrir des lois valables
partout…

III. LES 4 CARACTERISTIQUES DES CONNAISSANCES A PRODUIRE

Chaque discipline, et même chaque laboratoire, chaque enseignant, peut avoir une
manière particulière d'exprimer ce que sont des connaissances "scientifiques",
issues de la recherche. Ces questions ont suscité des débats infinis depuis
longtemps, tout au long de l'histoire des sciences. Mais il y a un tronc commun que
nous voudrions énoncer maintenant autour de quatre éléments.
 
 Avoir un certain état d'esprit
 
 Partir des faits observables
 
 Viser des lois ou au moins des régularités ou des extensions
 
Remettre en cause les acquis.

10
Introduction à la méthodologie de la recherche
Points importants à retenir :


La recherche scientifique est similaire à une recherche de pétrole en 
plein désert. Il faut creuser et creuser avant d’atteindre l’objet désiré.
 
 La recherche a pour but de démontrer que le chercheur :
1) est apte à poursuivre des travaux de recherches façon autonome
2) qu’il peut apporter une contribution originale à la connaissance, à
l'interprétation ou au développement scientifique, technologique ou
artistique dans un domaine du savoir. La thèse doit en outre permettre
d’apprécier dans quelle mesure le chercheur:

maîtrise la méthodologie
 de la recherche relative à son domaine du
 savoir (SIC);

a développé une connaissance approfondie
 de la documentation
 pertinente et récente au sujet traité ;

démontre une réelle capacité de rendre compte par écrit de sa
recherche, d’une façon claire et cohérente,
 et selon les normes
 appropriées à son domaine de recherche.

est apte à justifier son travail et à le « défendre
 » oralement devant un
jury composé d’ « experts » de la discipline

Pour aller plus loin :

- Courbet, Didier (2017). Comment rédiger un projet de recherche (thèse de


doctorat, mémoire de master…) ? Institut de Recherche en Sciences de
l’Information et de la Communication IRSIC/IMSIC, Aix-Marseille Université,
juin 2017, version 3.
- Yann Bertacchini (215).Traité d’initiation à l’usage de l’Apprenti-Chercheur en
Sciences Humaines & Sociales, Collection Les ETIC (Ecrits en Tic) Association
Territoires & Territorialités. Institut International d’Intelligence Territoriale -
3IT-ISBN : 2-9519320-4-9 : EAN : 978295193204

Exercice d’autoévaluation

- 1. Répertoriez dans un tableau les critères de recevabilité d’une recherche


scientifique de ce qui ne l’est pas.

Caractéristiques d’une Caractéristiques d’une production


recherche scientifique non scientifique

- 2. Décrivez l’attitude d’un bon chercheur.

11
Introduction à la méthodologie de la recherche
CHAPITRE II : DU MEMOIRE DE CHERCHE : DES PREALABLES A
l’ELABORATION AUX ASPECTS THÉORIQUES DU MÉMOIRE

Le mémoire de recherche dans le milieu académique (universitaire) est la production


scientifique qui sanctionne généralement la fin d’une activité de recherche scientifique.
Il s’impose alors, un ensemble de critères liminaires à respecter avant toute volonté
défendre ce travail d’étude et de recherche devant un quelconque jury.

I. LES PREALABLES A LA REDACTION DU MEMOIRE

Avant toute démarche administrative, l’étudiant doit déterminer le thème de sa


recherche, trouver un Directeur de Mémoire et identifier le corpus qui servira de
base à son analyse.

1. Les règles de base dans le choix d’un sujet

Le choix d’un bon sujet doit obéir à quatre règles essentielles selon Umberto Eco.


Que le sujet corresponde aux intérêts du candidat (qu'il soit lié au type
d'examens qu'il a passés, à ses lectures, à son univers politique, culturel ou
religieux) ;
- Que les sources dont il a besoin soient accessibles, c'est-à-dire à la portée
matérielle du candidat ;
- Que les sources dont il a besoin soient utilisables, c'est-à-dire à la portée
culturelle du candidat ;
- Que le cadre méthodologique de la recherche soit à la portée méthodologique
du candidat.

Mais certains facteurs peuvent s’ajouter à ces éléments prédéfinis par Umberto
Eco :

- Le domaine et la spécialité dans lesquels est inscrit l’étudiant ;


- L’originalité du sujet ;
- Y a-t-il un spécialiste en la matière ?
- Sa pertinence du point de vue scientifique ;

La faisabilité de la recherche
 sur le sujet (Ex : Sujet sur la vie sociale des
ours blanc de l’Alaska).
 
La passion pour le sujet

12
Introduction à la méthodologie de la recherche
Mais en définitive, le choix du sujet, mieux, de sa formulation définitive est fait en
accord avec le Directeur du Mémoire.

2. Le choix du directeur de mémoire

Le choix du Directeur de Mémoire est conditionné par l’habilitation de celui-ci à


diriger un Mémoire de Master (Professeur de Rang Magistral (Titulaire et Maître de
Conférences) et Maître-assistant), de ses compétences quant à l’évaluation des travaux
dans le domaine de recherche de l’étudiant, de sa disponibilité (Enseignant-Chercheur
permanent non vacataire ou missionnaire) et de son intérêt pour le sujet.

Le rôle du Directeur est d’orienter, de guider l’étudiant, de répondre aux questions


multiples et diverses qui se posent à ce dernier, le conseiller et évaluer ses travaux.
Il est le seul habilité à autoriser la soutenance du mémoire.

III. DEMONTRER OU ARGUMENTER ? DE LA NECESSITE D’UNE DEMARCHE


ARGUMENTATIVE

La recherche en Sciences Humaines et Sociales suit une démarche analogue à celle


du chercheur de pétrole. Ce n’est pas en forant n’importe où que celui-ci trouvera
ce qu’il cherche (Luc Van Campenhoudt, Raymond Quivy, 2011 :7).

En effet, tout T.E.R se distingue par la méthodologie qui le sous-tend, au-delà du


temps (relativement assez long) imparti à sa réalisation. C'est la réalité de l’objet, il
faut la prendre en considération. Cette situation implique que le chercheur (ici
l’étudiant) ait une bonne vision d'ensemble de la démarche empruntée et des
diverses étapes qu'il est appelé à franchir. Cela implique de la planification, de
l’action et si le besoin s’en ressent un réajustement du plan. C’est ce qu’il convient
de nommer « la démarche argumentative ou cadre théorico-méthodologique ».

Ainsi, la démarche argumentative qui s’appréhende comme une façon rationnelle de


progresser vers un but consiste-elle ici à justifier le sujet du mémoire, à clarifier les
différentes notions ou les concepts qu’il implique, faire le point de la revue de la
littérature, à en dégager la problématique, les hypothèses, les objectifs, à situer le
cadre de référence théorique et à décrire le terrain de recherche et ses déterminants
méthodologiques (population de l’étude, technique d’échantillonnage, échantillon,
techniques de collecte de données, méthodes d’analyses...).

13
Introduction à la méthodologie de la recherche
III.1. Objet de recherche

C'est ce sur quoi porte la recherche, il peut être réel ou irréel ; dur ou mou ;
physique ou non physique. L'objet de recherche obéit à des exigences de cohérence,
cohérence référentielle de l'objet (l'objet doit refléter la réalité), d'exhaustivité (clarté
descriptive de l'objet) et de simplicité (clarté constructive et déconstructive de
l'objet) d'où les trois exigences. Ce peut être un des concept(s) précis, une/des
notion(s) moins bien défini(s), ou un ensemble de concepts, une théorie, un
phénomène, un système… que l’on veut soit :


décrire (dans la recherche exploratoire /descriptive ou corrélationnelle ou «
 ex post facto »),

expliquer (dans la recherche explicative où on cherche à mieux comprendre
les déterminants,
 les liens causaux « causes/effets » et/ou processus
 impliqués)

mieux comprendre (par exemple dans la recherche compréhensive
 où on
recherche la signification et le sens des phénomènes)

Toutefois, il est préférable de partir du principe que le lecteur ne connaît pas votre
thématique (objet) et les enjeux qui lui sont liés.

III.2. La justification du choix du sujet

Il s’agit pour l’étudiant d’éclairer le lecteur sur les raisons, c’est-à-dire les facteurs
rationnels ou irrationnels qui justifient le choix du sujet. Ces facteurs rationnels
peuvent être d’ordre économique, scientifique, politique…

Ils sont à distinguer des motivations (facteurs irrationnels) qui, elles, sont personnelles,
oscillent entre le rationnel et l’extra-rationnel et ne sont soumises à aucune validité.
C’est cette réalité que décrit Alex Mucchielli (p7) lorsqu’il affirme que
« pour que l’on passe à l’action, pour que l’on fasse quelque chose, il faut que notre
conduite ait un sens, même si celui-ci ne nous apparaît pas, même s’il demeure
caché par tous ces mécanismes cachés ».

III.3. L’approche notionnelle ou conceptuelle

L’approche notionnelle ou conceptuelle, qui consiste à définir les notions (termes sans
sémantique particulière) ou les concepts (termes dont le sens est tributaire d’une
théorie) à l’œuvre dans le sujet, participe de la clarification de l’objet de recherche. Elle
concerne uniquement les mots clés du sujet. L’étudiant devra, toujours dans la

14
Introduction à la méthodologie de la recherche
perspective d’une démarche argumentée, distinguer les différentes acceptions des
mots devant être définis, privilégier celles qu’il retient dans le cadre de son analyse
et en donner les raisons.

III.4. Revue critique de la littérature

III.4.1. Définition

Partant du principe qu’on est jamais réellement le premier a abordé un problème de


recherche, il est nécessaire, voire vital, pour l’apprenti chercheur ou le chercheur
qu’il adopte une posture qui démontre de sa capacité à prendre du recul et analyser
l’état des savoirs sur son sujet. Dans ces conditions donc, celui qui entreprend la
réalisation d'un mémoire, par exemple, doit faire « l’état de l’art ». (Jean-Pierre
Fragnière, 2016). Cela veut dire que ce dernier s'engage dans une démarche à deux
dimensions.

D'une part, il doit prendre connaissance des travaux qui ont été réalisés sur le
thème spécifique qui fait l’objet de son mémoire (recherche). D'autre part, il doit
s'efforcer de mettre la main sur des ouvrages de synthèse qui font le point sur les
grandes questions qui encadrent la problématique retenue.

En pratique, l’expression « revue de littérature » recouvre donc au moins deux


choses distinctes mais reliées entre elles :


En amont de la rédaction du projet de Thèse ou du mémoire, un travail de
recherche bibliographique, de lecture, d’analyse de ce qui  a été lu, de
 catégorisation, de détermination de la méthodologie à suivre;

Dans le cadre de la rédaction du document final (thèse ou mémoire),
l’écriture d’une partie limitée en taille mais essentielle sur la littérature,
aboutissant à des hypothèses (démarche hypothético-déductive) ou

propositions (étude de cas).

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient maintenant de s’interroger sur le


sens même de la revue de littérature dans toute démarche de recherche.

15
Introduction à la méthodologie de la recherche
III.4.2. La démarche pour une revue de littérature

La meilleure définition de ce qu’est un problème scientifique (la fameuse question


de recherche qui doit orienter le travail) est la plus simple : [...] la connaissance
commence par la tension entre savoir et non-savoir : pas de problème sans
savoir – pas de problème sans non-savoir. (Popper, 1979, p. 76 ; voir Dumez,
2010, p. 9).

Un problème scientifique a la forme d’une tension entre savoir et non-savoir. Il se


situe aux frontières de la connaissance, sur cette ligne qui en marque la limite,
l’objectif de la recherche étant de déplacer cette ligne pour agrandir (un peu) la
sphère du savoir. Situer la question de recherche en deçà de la frontière, traduit la
réfection de quelque chose qui a déjà été fait, et l’apport du travail est nul. Être très
au-delà, risque de transformer le mémoire en un essai et non pas une recherche.
C’est bien à la frontière qu’il faut situer sa démarche et il convient de s’interroger
un instant sur cette métaphore.

Première remarque, le départ se fait très loin de cette frontière.

Lorsqu’on se lance dans un sujet de recherche, le non-savoir subjectif (celui du


chercheur lui-même) est immense. « Il ne sait pas le quart de la moitié du centième
de ce qui a déjà été écrit sur le sujet qu’il a choisi d’investiguer. » Le premier objectif
de la revue de littérature est d’essayer de prendre la mesure de cette immensité de
son propre non-savoir.

Seconde remarque, la frontière du savoir objectif et collectif est quant à elle


inconnue, pour au moins trois raisons. Pour comprendre la première, il faut faire
un effort de réflexion. Afin de savoir où se situe la frontière de la connaissance avec
précision, il faudrait pouvoir prendre une vue aérienne du territoire du savoir et du
non-savoir. Une revue de la littérature est une tentative de détermination de la
frontière entre savoir et non-savoir, à la manière de ces explorateurs qui, tel George
Vancouver, s’attaquaient à une partie encore inconnue de la terre, sans carte et
cherchant précisément à établir cette carte. Un travail de recherche établit dans un
même mouvement la frontière de la connaissance et la déplace. La deuxième raison
qui fait que nous ne savons pas où se situent les limites du savoir est que nous
croyons savoir des choses, que l’objet de la démarche de recherche est précisément
de remettre en cause. Les revues scientifiques sont pleines d’idées, de théories, de
concepts, d’hypothèses, qui se présentent comme du savoir solide et qui n’en sont

16
Introduction à la méthodologie de la recherche
évidemment pas : tout savoir scientifique est provisoire et doit être un jour ou l’autre
remis en cause. Sans parler des théories admises et qui sont carrément fausses. D’où la
dimension critique de la revue de littérature : il faut déterminer quel savoir peut être
tenu comme solide pour le moment (quelqu’un le remettra en cause, mais plus tard), et
où se situent les points de fragilité actuels auxquels il faut consacrer ses efforts. La
troisième raison est inverse : nous croyons ignorer des choses, et elles sont pourtant
déjà connues. Ceci est notamment dû à la spécialisation de la démarche scientifique et
au fait que nous nous situons dans le cadre d’une discipline. La spécialisation de la
recherche est nécessaire, utile, et en même temps dommageable
: nous ignorons souvent ce qui se passe dans les disciplines scientifiques voisines
ou plus éloignées, alors que ce qui est non-savoir dans une discipline peut être
savoir dans celle d’à-côté.

Une recherche de littérature est réussie quand le sujet sur lequel on était
parti plein d’enthousiasme apparaît totalement connu, défriché, d’une accablante
banalité et qu’une dépression profonde s’empare du chercheur. C’est à partir de ce
moment que l’on peut travailler à définir solidement sa question de recherche, c’est-
à-dire positionner correctement l’originalité de sa démarche. L’auteur qui
commence un livre nouveau par la phrase « Tout est dit et l’on vient trop tard » est
d’ailleurs l’un des plus profondément originaux qui aient été (Quignard, 2005).

Ce cadre général posé (et devant être gardé à l’esprit) et avant d’entrer plus
avant dans le vif du sujet, les objectifs de la revue de littérature peuvent maintenant
être précisés.

III.4.3. Les objectifs de la revue de littérature

Ce qui est attendu d’un travail de recherche c'est l’originalité. Il ne s’agit pas
d’une qualité en soi, mais d’une démarche : un mémoire ou une thèse a pour but
d’apporter quelque chose de nouveau, d’original.

L’originalité est tout le fondement de la revue de littérature. Il faut bien


maîtriser ce qui a déjà été fait en matière de recherche pour pouvoir positionner sa
propre recherche de manière à ce qu’elle apporte quelque chose de plus, à ce qu’elle
soit originale (à la frontière du savoir et du non-savoir, comme indiqué en amont).

L’originalité se dit de plusieurs manières :


 
Réaliser un travail empirique qui n’a pas été mené jusque-là ;

17
Introduction à la méthodologie de la recherche

Interpréter des idées,
 des pratiques, des approches connues d’une
 nouvelle manière ;

apporter des données nouvelles sur des sujets ou des problèmes
anciens ;
 
 Etre transdisciplinaire en utilisant des méthodologies diverses ;
 
 Etudier un domaine nouveau, non encore couvert par la discipline ;


Augmenterla connaissance d’une manière qui n’avait pas été utilisée
jusque-là.

En d'autres termes, l’originalité peut porter sur le travail empirique, sur un point de
vue nouveau, sur un croisement d’approches, de disciplines, un choix
méthodologique. Mais pour qu’originalité il y ait, il faut être capable de savoir quels
types de données ont déjà été traités, quels types de méthodologies sont disponibles
et ont déjà été utilisés, quelles disciplines ont traité de quels sujets, quels domaines
ont été couverts, comment, et quels ne l’ont pas été, quels apports ont été faits, et
quels ne l’ont pas été.

Encore une fois, c’est l’objet même de la revue de littérature que de préciser la
sphère du déjà fait et déjà connu, et d’identifier les frontières de la connaissance
pour déterminer une question de recherche originale. D’où les objectifs de la revue
de littérature qui sont entre autres:
 
 Identifier la frontière entre ce qui a déjà été fait et qui a besoin d’être
étudié ;
 
 Faire une synthèse et élaborer une perspective nouvelle ;
 
 Etablir le contexte du problème ;


Replacer le sujet dans une perspective historique de manière à
montrer que l’on maîtrise à la fois
l’histoire du problème et l’état le
plus récent de son développement.

La revue de littérature n’est pas un exercice de style, mais l’élément essentiel du


positionnement de la question de recherche, qui se construit généralement
progressivement et doit se comprendre comme un point de tension entre savoir et
non-savoir. Le tout doit conduire à un morceau d’écriture intimement lié à la
question de recherche, la justifiant et y amenant tout à la fois, exposant la tension
entre savoir et non-savoir qui l’explique de manière claire, articulée, ne se perdant
pas dans les détails et aboutissant à des propositions.

18
Introduction à la méthodologie de la recherche
III.5. Problématique

III.5.1. Définition

Le terme « problématique » signifie « qui pose problème » ou « qui pose un problème


». La problématique est la présentation d’un problème sous différents aspects. Elle
commence en général par le point de la situation ou par un constat général sur l’objet
de la recherche. Dans un Travail d'Etude et de Recherche, la problématique est la
question à laquelle l’étudiant va tâcher de répondre. La question doit être pertinente,
vraisemblable, précise, concise et permettre de découvrir ou d'expliquer l'objet de
recherche. Une problématique mal posée est un hors sujet. «Arts, science de poser des
problèmes (questionnement), ensemble de problèmes dont les éléments sont liés.» Le
Grand Robert de la langue française. C'est le questionnement méthodique qui apparaît
lorsqu'il y a absence d'explication d'un fait, d'une situation ou d'un contexte.

III.5.2. A quoi sert la problématisation ?

Poser un problème permet de développer sa réflexion, son sens critique, et ainsi de


pouvoir répondre plus facilement à des problèmes divers.

Elle permet aussi de développer un raisonnement personnel au travers d’une


question. Il existe des problématiques dans tous les domaines


Personnel / Bien s’orienter : c’est aller
vers une formation qui me plait ou
 aller vers une formation à débouché?

Professionnel / En quoi la délocalisation d’une
 production peut-elle
rapporter des dividendes à mon entreprise ?

Problématiser, c’est l’art de poser les questions pertinentes qui est une des
caractéristiques de toute activité scientifique. Lévi-Strauss disait à ce sujet que : «
Le savant n’est pas celui qui donne les bonnes réponses, mais celui qui pose les
bonnes questions ». La problématique, c’est une question à laquelle la réflexion
apporte une réponse (différente toutefois d’une solution définitive). En fait, il ne
s’agit pas tant d’apporter une réponse que de la construire progressivement, en
approfondissant la question initiale.

L’effort de problématisation, c’est la « capacité à faire surgir du sujet une série de


questionnements et de problèmes articulés entre eux et à choisir un angle d’attaque
pertinent et fécond » (Rapport du jury, Capes de Sciences Economiques et Sociales,
1998). Il implique donc un travail de reformulation sous forme d’une ou plusieurs

19
Introduction à la méthodologie de la recherche
questions articulées et une stratégie argumentative permettant de répondre de
manière cohérente à l’ensemble de ces questions. En définitive, la problématique
donne sens au devoir et en constitue la clé de voûte (Le Méhanèze, 1999)

III.5.3. Les points focaux de la problématique

Il faut savoir que la problématique correspond à un questionnement général


entrainant des questions subsidiaires, elle renvoie à un problème qui semble
important. De même, la problématique ne débouche pas sur une solution
immédiate et n’entraîne pas une réponse limitée à un «oui» ou à un «non», mais peut
ou doit mettre en jeu des arguments contradictoires et n’est, ni une définition, ni
une démonstration, ni un exposé. C'est tout simplement une PROBLEMATIQUE.

Les 3 caractéristiques d'une bonne problématique :


Problématique « englobante » : donne au sujet son
 extension maximale
 ; les principaux aspects du sujet sont abordés;

Problématique « actuelle » : prend en considération l’état le plus récent
du débat théorique et des données empiriques,
 tout en les mettant en
perspective dans le temps et dans l’espace;
 
Problématique « féconde » : la plus riche possible.

Les grandes questions posées dans la problématique nécessitent, dans la démarche


argumentative, des réponses provisoires, des propositions dont la validité sera
attestée ou non par les résultats de l’analyse. Il s’agit des hypothèses.

III.6. Hypothèses

Une hypothèse de recherche est la réponse présumée à la question qui oriente une
recherche. C'est une supposition qui est faite en réponse à une question de
recherche. Une recherche ne comporte normalement qu’une seule hypothèse
principale et des hypothèses dites secondaires, qu’elle cherche précisément à
confirmer ou à infirmer. Formulée correctement, chaque hypothèse correspond à
une question de la problématique, mieux, elle est sujette à démonstration.
L'hypothèse en tant que supposition, est une formulation déclarative et affirmative
ou au conditionnel. Mais la première forme semble plus conforme à l’esprit de
l’hypothèse même si le conditionnel, qui est la forme par excellence de
l’hypothétique, est formellement plus adéquate. Naturellement, la forme que prend
l’hypothèse varie selon le type de recherche qu’on entreprend.

20
Introduction à la méthodologie de la recherche
Dans une recherche appliquée, l’hypothèse prend la forme d’une solution à
un problème particulier. Il peut être assez difficile de vérifier ce genre d’hypothèse,
car il faut avoir le temps, les moyens et les instruments pour tester l’hypothèse.

Dans une recherche conceptuelle, l’hypothèse prendra généralement la forme


d’une définition, d’un élément de définition, ou encore de la description de certaines
relations du concept étudié avec d’autres concepts: il s’agit de préciser le sens ou
l’usage d’un concept donné. Ce genre d’hypothèse mène à une recherche livresque à
la suite de laquelle le chercheur fera des propositions particulières.

Dans une recherche théorique, l’hypothèse sera plus ambitieuse que dans une
recherche conceptuelle, bien que du même genre. L’hypothèse sera alors soit la
démonstration de la supériorité d’une certaine théorie sur les autres, soit
l’élaboration d’une nouvelle théorie ou de nouvelles applications à une théorie
existante, ou encore la reformulation d’une théorie.

Dans une recherche empirique qualitative, l’hypothèse concerne un rapport, entre


deux ou plusieurs phénomènes, que nous croyons pouvoir constater dans la réalité.
On supposera qu’un certain phénomène est la cause d’un autre, ou qu’il en est une
conséquence, ou encore que certains rapports combinés entre eux ont des effets
particuliers. On évoquera des concepts explicatifs ou on proposera des formes de
classification. Une hypothèse qualitative concerne toujours des faits que l’on ne
peut pas quantifier ou dont l’approche ne peut être que qualitative en raison de la
nature même de ce qui est étudié (certaines réalités psychologiques ou certains faits
historiques, par exemple).

Dans une recherche empirique quantitative, la notion d’hypothèse est beaucoup


plus précise que dans les autres cas. Elle concerne la réalité des faits sous une
forme vérifiable par des observations ou des expérimentations données. En fait, on
considère souvent qu’il s’agit là du type de recherche le plus intéressant et le plus
important dans plusieurs sciences humaines et sociales, comme la psychologie, la
psychosociologie, l’économie, les sciences de l’éducation, etc. Par contre, elle ne
peut être pratiquée en histoire, et elle est très difficilement applicable en
communication, en anthropologie, où les méthodes qualitatives priment.

III.7. Objectifs

Un objectif de recherche est la contribution que les chercheurs espèrent apporter à


un champ de recherche en validant ou en invalidant une hypothèse. Autrement dit,

21
Introduction à la méthodologie de la recherche
il s’agit de poser la question « que vise-t-on ? » pour chaque hypothèse. Ainsi, il existe
une nette correspondance entre la problématique, les hypothèses et les objectifs.

L’objectif d’une recherche se divise en deux parties: l’objectif général concerne la


contribution que les chercheurs espèrent apporter en étudiant un problème donné;
les objectifs opérationnels concernent les activités que les chercheurs comptent
mener en vue d’atteindre l’objectif général.

Concrètement, on commence par définir l’objectif général: étant donné le problème et la


question formulés, qu’est-il possible d’espérer eu égard aux résultats des travaux de
recherche qu’on désire entreprendre? Comme il n’y a qu’une seule question de
recherche, il ne doit y avoir qu’un seul objectif général. Ensuite, on concrétise l’objectif
général en quelques objectifs opérationnels, c’est-à-dire qui décrivent des opérations
concrètes à mener afin de réaliser le projet de recherche. Ce sont les objectifs
opérationnels qui décrivent le travail pratique qui sera accompli.

Il faut savoir que le cadre théorique comporte cinq traits pertinents, à savoir : l'objet
de recherche, la revue critique de la littérature, la problématique, l'hypothèse et
l'objectif.

III.8. Cadre de référence théorique

En principe, le cadre de référence définit la perspective théorique particulière selon


laquelle le problème de recherche sera abordé et traité, et place l’étude dans un
contexte de signification. Il s’agit en pratique de définir un cadre opératoire « qui
constitue l’étape intermédiaire et essentielle entre l’hypothèse et le travail empirique
d’analyse ». Ainsi, « le cadre opératoire forme un élément central du projet de
recherche et du travail de recherche dans la mesure où il spécifie ce que nous
allons analyser précisément pour vérifier notre hypothèse » (Mace, G in Yann
Bertacchini (2015), p148)

D’un autre point de vue, le cadre de référence théorique s’appréhende comme un


processus qui permet « de passer de la question de recherche, générale et plutôt
abstraite, aux comportements mêmes que l’on se propose d’observer dans la réalité.
On passe ainsi du versant abstrait au versant concret de la recherche. Si le point de
départ est une question, l’opérationnalisation conduit à identifier les éléments de la
réalité qui peuvent y répondre ». ( Angers, M., 1996)

22
Introduction à la méthodologie de la recherche
La démarche de l’opérationnalisation (mesure) est normalement propre à une étude
de type déductif qui part des concepts et les vérifier sur le terrain. La démarche
Inductive, par contre va procéder dans le sens inverse, étudier des faits observés
aux concepts, à l’aide d’une démarche d’abstraction ou de conceptualisation.

Il faut également souligner que les aspects théoriques du mémoire trouvent leur
ancrage dans le choix d’une ou de plusieurs théories servant de moule à l’analyse et
celui d’une démarche argumentée dont l’objectif est de répondre au besoin de
rigueur et de validité qu’appelle tout ouvrage scientifique.

Théorie vient du grec "theorein", (contempler, observer, examiner). Elle désigne


couramment une idée ou une connaissance spéculative et vraisemblable souvent fondée
sur l'observation ou l'expérience. Selon le Nouveau Petit Robert, une théorie est un «
ensemble d’idées, de concepts abstrait, plus ou moins organisés, appliqué à un
domaine particulier ». Il s’agit plus précisément d’un cadre conceptuel caractérisé par
des concepts propres (notions prises dans une acception particulière) et des méthodes
ou procédures d’explication spécifiques des phénomènes.

Etant donné que le mémoire ne peut se construire autrement que moyennant une
démarche méthodologique, l’étudiant doit annoncer, dans le cadre de référence
théorique du mémoire et dans une démarche justificative, la ou les théories
choisie(s) qui ser(ven)t de base à l’analyse. Les modèles explicatifs de la ou des
théorie(s) doi(ven)t ensuite être développée(s) avant d’être appliquée (s) à l’objet
d’analyse de l’étudiant.

Points importants à retenir :


La rédaction d’un mémoire de recherche est consubstantielle à la définition
de certains préalables d’ordre administratif (efficience du choix du Directeur
de mémoire) et pragmatique (Originalité du SUJET). L’originalité du sujet du
mémoire, la portée de ses résultats et la rigueur de leur interprétation
permettra aux examinateurs de juger la valeur de sa contribution à

 l’avancement des connaissances

La scientificité d’un mémoire repose fondamentalement sur le respect de la
démarche argumentative (cadre théorique) et de son versant pratique
 (cadre méthodologique).

La problématique « est un ensemble cohérent (sous forme de texte) construit
autour d'une (ou quelques) question(s) principale(s) qui pose(nt) problème au

23
Introduction à la méthodologie de la recherche
regard de ce qui existe scientifiquement, des hypothèses (ou objectifs) de
recherche sur un objet et du cadre d'analyse (contexte théorique) qui
permettront de traiter le sujet (par exemple « le phénomène à étudier »)
choisi». Le texte que vous allez écrire explique de façon argumentée pourquoi
il est nécessaire de lancer une enquête ou une expérimentation... et pour
quelles raisons (ex : au regard de l'absence de littérature existante, des
enjeux sociaux importants liés au phénomène...). Le texte explique qu'il y a
donc un "problème" car il y a un phénomène que la science méconnaît : c'est
donc « problématique ». Dans votre problématique doivent donc figurer d’une
part « un petit résumé de ce qu’on sait » et, d’autre part, « un petit résumé de
ce qu’on ignore » (et que votre recherche va chercher à mieux expliquer ou
comprendre). Il s’agit de bien définir ce qui doit être observé de manière
univoque et opérationnelle
 
 Nécessite de dresser un premier état des lieux du savoir sur la question :

Exemple : « Tel auteur a déjà étudié tel aspect, il trouve cela… ; tel autre
auteur a déjà étudié tel autre aspect, mais c'est incomplet… Il est nécessaire

 maintenant d’étudier tel autre aspect » ;



Bien montrer l'originalité de la recherche (mais en restant modeste : on ne va
pas révolutionner la science mais juste apporter une meilleure
compréhension d'un petit phénomène) et l’apport à la littérature existante :

 que veut-on apporter de plus ? Pourquoi ce nouvel apport est important ?

Pour étudier l'objet, expliquez pourquoi il est nécessaire de construire un
contexte théorique à l'aide de tels concepts, empruntés à différents domaines
théoriques ou à différentes disciplines. En SIC, on fait souvent appel à des
concepts empruntés à une, deux ou trois disciplines différentes. Il convient
alors de bien expliquer et justifier le pourquoi de cette pluri- ou
transdisciplinarité. Expliquez également comment vous allez relier les
concepts entre eux pour donner une cohérence à votre contexte théorique et

à votre problématique.

Pour aller plus loin :


Luc Van Campenhoudt, Raymond Quivy (2011). Manuel de recherche en
 sciences sociales, 4édition Dunod, Paris

Olivier Martin (2009), L’enquête et ses méthodes.
 L’analyse de données
quantitative. 2e édition Armand Colin, Paris

24
Introduction à la méthodologie de la recherche

Courbet, Didier (2017). Comment rédiger un projet de recherche (thèse de
doctorat, mémoire de master…)? Institut de Recherche en Sciences de
l’Information et de la Communication IRSIC/IMSIC, Aix-Marseille Université,

juin 2017, version 3.

Exercice d’autoévaluation


A partir d’un contexte « pratique » (explicitez le contexte pratique) ou

 théorique, construisez l’objet de recherche lié au sujet ci-dessous.

 Sujet: La problématique
 de la liberté d’expression à l’ère des réseaux en
Côte d’Ivoire.
 
 Elaborez par la suite une problématique cohérente de cet objet.
 
 Qu’est-ce qu’une recherche action en Sciences de la Communication?
 
A quel objet de recherche s’applique-t-elle ?

25
Introduction à la méthodologie de la recherche
CHAPITRE III : ASPECTS PRATIQUES DU MEMOIRE

En ce qui concerne la recherche, on distingue deux niveaux d’appréhension


méthodologique. La recherche fondamentale et la recherche appliquée. La recherche
fondamentale vise à fonder une science, à la renforcer, à la renouveler. La
recherche appliquée quant à elle, consiste en des recherches particulières sur des
cas isolé ou précis permettant d’élaborer des lois générales. Ces deux approches
méthodologiques se complètent car il n’y a pas de recherche fondamentale sans
recours à l’expérience et de recherche appliquée sans appareillage conceptuel. Ces
deux aspects de la recherche permettent d’envisager l’interaction dynamique entre
théorie et terrain et vice versa.

I. TERRAIN DE RECHERCHE

Toutes les sciences humaines et sociales, à l’instar des sciences de la nature,


prêtent désormais une attention soutenue à ce que les chercheurs de ces disciplines
ont pris l’habitude de nommer leur « terrain ». Ce dernier ne serait rien d’autre que
l’espace en quelque sorte substantialisé de leur recherche : réalité physique, humaine,
sociale et matérielle aussi bien que symbolique, au sein de laquelle les chercheurs se
livrent à leurs observations, mènent leurs expériences, formulent leurs hypothèses de
travail, bâtissent, testent et appliquent leurs méthodes. Ainsi le terrain rassemblerait
les éléments concrets de toute recherche. Il en recèlerait l’objet et ses contextes,
l’ensemble des situations qui caractérisent le sujet étudié.

De plus, le terrain enregistre l’histoire de l’objet et, à ce titre, en possède la


mémoire ou plutôt les mémoires: tantôt vivante ; tantôt enfouie, occultée ou en
sommeil.

Notons également qu’il n’existe pas d’objectivité du terrain. Retenons qu’un


même terrain, regardé par des chercheurs différents, y compris d’une même
discipline, révélera toujours des facettes différentes. Le terrain n’est donc pas un
havre d’objectivité potentielle.

Le terrain constitue un maillon incontournable dans la recherche, même la plus


théorique qui soit. En effet, le terrain constitue le point de départ et le point de
chute de toute recherche, il est le champ d'application, d'expérimentation et
d'initiation de la recherche.

26
Introduction à la méthodologie de la recherche
I.1. Le terrain comme champ et lieu de la recherche

Il faut bien choisir le terrain de manière à ce qu'il permette de tester la


pertinence de l’idée, de l’hypothèse ou de la théorie. Un mauvais choix du terrain
risque d'avoir des résultats non conformes aux hypothèses formulées et d'être à
côté de l'objectif escompté. La science n'est qu'une théorie vérifiée par le terrain. Il
constitue le seul moyen de tester la véracité des idées les plus folles qui nous
paraissent. Le terrain représente, dans les sciences sociales, le champ de
déploiement de l'idée beaucoup plus que dans les sciences de la nature où le
laboratoire remplace le terrain.

I.2. Le terrain comme élément de recentrage de la problématique et de


la méthodologie

Toute problématique formulée au départ doit être recentrée sur et par le


terrain de recherche: dimensionnement du sujet, pertinence du problème posé,
découverte d'axes de recherches plus pertinents, reclassement ou déclassement des
paradigmes, inadaptation de la formulation...Autrement dit, la méthodologie est à
ré-inventer et à calibrer en fonction du terrain et de la problématique renouvelée.

I.3. Le terrain comme test et expérimentation de la théorie

Le terrain permet le test des hypothèses de travail à travers l'outil statistique, la


concordance des données ou la répétitivité. « La théorie n'est que l'idée scientifique
contrôlée par l'expérience », c'est à dire le terrain écrivait Claude Bernard. En outre,
toute assertion générale reste tributaire de l'observation de configurations particulières.
Le terrain demeure pour ainsi dire le point de départ et d'arrivée de la recherche. Dans
les sciences humaines et sociales, seul le terrain permet de faire d’un simple fait anodin
une donne scientifique à travers la répétitivité, la comparaison, la corrélation, la
cohérence des faits et leur non-contradiction.

Dans les sciences humaines et sociales, le terrain tient la place et le rôle du


laboratoire (sans avoir exactement le même statut) destiné à vérifier une loi, tester
un modèle, confirmer ou infirmer une hypothèse ou confronter une idée
contradictoire. Ce terrain prend cependant, des formes différentes selon les
disciplines et l'objet de recherche : espace physique, domaine de l'étude, champ
concerné par la recherche, matériaux ou données objet de la recherche....Le terrain
est à la fois un milieu physique et un champ spatial, une technique d'approche du
réel que le chercheur est appelé de maîtriser et un rituel professionnel nécessaire

27
Introduction à la méthodologie de la recherche
pour le processus initiatique du chercheur appelé à résoudre la tension "idée-
matière" ou "théorie-terrain". La recherche scientifique est en définitive un double
processus de mise en tension et son dénouement. Ce terrain de recherche n'est
cependant pas neutre et par son choix, son contenu et l'approche dont il sera
l'objet, le terrain est capable d'orienter la recherche et déterminer ses résultats
comme le chercheur l'est encore plus à travers un bon choix de son terrain.

II. ECHANTILLONNAGE ET TAILLE DE L’ECHANTILLON

Il importe de retenir qu’avant toute collecte de données, il faut recourir à


l’échantillonnage qui consiste à sélectionner de manière volontaire les individus à
interroger. Les techniques d’échantillonnage servent à constituer un échantillon sur
lequel porteront les tests empiriques. Un échantillon est une partie ou un sous-
ensemble d’une population mère. La population mère « correspond à l’ensemble de
tous les individus qui ont des caractéristiques précises en relation avec les objectifs
de l’étude »

L’échantillon doit être représentatif de la cible globale.

L’échantillon d’une population est une partie de cette population donnée. Il doit être
choisi de telle sorte qu’il représente les caractéristiques de cette population de
référence (population-mère). Une des règles fondamentales en méthodologie reste le
choix. Aucun choix d’un paramètre ou d’une variable ne doit se faire sans raison.
Tout choix doit être justifié et viser l’objectivité scientifique. A ce titre, il faut savoir
qu’il y a entre autres le choix raisonné ou la technique de quotas. Cela n’est
envisagé que lorsqu’on dispose de données statistiques détaillées et fiables. Cela
permet ainsi de faire figurer toutes les propriétés de la population-mère dans
l’échantillon arrêté. Le choix du hasard ou aléatoire porte en priorité sur la forme
du choix et moins sur son contenu. Il s’agit de donner la chance à l’ensemble de la
population de figurer dans l’échantillon à partir d’un principe de régularité arrêté.

La collecte des données primaires peut se faire à l’aide d’un sondage. La conception
d’un sondage se fait en trois étapes : détermination de la population ; choix de la
méthode d’échantillonnage et détermination de la taille de l’échantillon.
 
Population

28
Introduction à la méthodologie de la recherche
La population est l’ensemble des éléments possédant les informations désirées pour
répondre aux objectifs de l’étude. Quant à l’échantillon, c’est l’ensemble des
individus sélectionnés dans la population pour être enquêtés.

Il faut entendre par unité de sondage l’entité contenant un ou plusieurs éléments de


la population et qui fera l’objet de la sélection. La base de sondage est la
représentation concrète des éléments de la population : liste interne ; annuaire
téléphonique ; plan d’une ville ; fichiers ...
 
Méthodes d’échantillonnage

L’échantillonnage consiste à sélectionner les individus dans la population. Deux


grandes familles de méthodes : Méthodes probabilistes (ou aléatoires) : Tous les
individus ont la même chance d’être sondés ; Méthodes empiriques (ou non
probabilistes) : La sélection repose sur un choix raisonné. Le choix peut dépendre
de l’existence de base de sondage.
 
Méthodes probabilistes

Ce sont des techniques qui s’appuient sur la théorie mathématique des probabilités et
se caractérisent par le fait qu’en les utilisant chaque unité de l’échantillon a une chance
égale d’être choisie. C’est donc le hasard qui détermine le choix des unités de la
population mère. De plus, en recourant à une technique probabiliste le chercheur peut
estimer la marge d’erreur de son échantillon, liée notamment à sa taille.
 
Les méthodes non probabilistes

Le choix des unités ne relève pas du hasard et les résultats issus de l’observation
des échantillons ne sont pas représentatifs que ceux d’un échantillon probabiliste.
Contrairement aux méthodes probabilistes, où on cherche à éliminer la subjectivité
du chercheur, les méthodes par choix raisonné reposent fondamentalement sur le
jugement. Elles permettent de choisir de manière précise les éléments d’échantillon
afin de respecter plus facilement sur les critères fixés par le chercheur.

III. TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNÉES

Le terrain est une source de données. Une donnée est un élément de l’observation
empirique porteuse d’informations pertinentes. On a principalement deux types de
collecte de données : l’enquête par questionnaire et l’entretien. L’enquête par
questionnaire consiste à mettre en place un ensemble de questions fermées. Elle

29
Introduction à la méthodologie de la recherche
permet un traitement statistique des données. L’entretien, lui, constitue un
ensemble de questions ouvertes ou semi ouvertes. Il favorise un traitement
statistique des données ou une analyse de contenu. Au-delà de ces deux types de
collecte, il y a l’observation participante ou non participante et le recueil de récit de
vie. L’observation participante consiste à collecter des informations selon le point de
vu de l’enquêté. L’observation non participante consiste à recueillir les données
selon les points de vu de l’enquêteur. Quant au récit de vie, c’est une méthode
ethnographique qui consiste à recueillir les avis de l’enquêté selon les trajectoires
sociales, culturelles etc… Ces données sont essentiellement relatées par l’enquêté.

Il faut noter que l’enquête est une collecte organisée. Elle peut être directe ou
différée. La collecte est directe lorsqu’on reçoit directement les informations
demandées. La collecte est différée lorsqu’on administre un questionnaire avant de
recevoir les informations demandées. Le questionnaire a l’avantage de rassembler
les réponses exploitables.

L’élaboration d’un questionnaire est fondé sur la stratégie de l’information c’est-à-


dire les informateurs.

A ces types de collecte de données, il ne faut pas omettre d’ajouter les classiques
techniques documentaire qui renferment la bibliographie, la webographie, les
sources audio-visuelle et audio-orales.

Après la collecte des informations, il importe de les classer, de les traiter et de les
analyser. L’analyse qui s’en suit peut emprunter plusieurs voies complémentaires :
voie compréhensive, voie explicative, voie pluridisciplinaires sans que l’une exclue
l’autre.

IV. METHODES D’ANALYSE

Le traitement des données est conditionné par le stockage des données par le biais
d’un support écrit, électronique ou audiovisuel. L’exploitation des données quant à
elle consiste à mettre en œuvre les informations contenues dans les données.
Relativement à cela, on distingue deux types d’exploitation ; l’exploitation classique,
elle est manuelle et l’exploitation moderne, elle est assistée par ordinateur.

Pour ce qui est de l’analyse des données à proprement parler, il faut dire qu’il existe
globalement deux approches : l’approche quantitative et l’approche qualitative.

30
Introduction à la méthodologie de la recherche
Le recours aux techniques quantitatives et qualitatives renvoie aux critères
scientifiques.

L’approche quantitative a pour but de produire des données chiffrées sur le


phénomène observé. La quantification insinue l’idée de précision et minimise ainsi
l’approximation. Les symboles mathématiques et numériques donnent des ordres de
grandeur mesurable notamment dans les statistiques.

Et à cet effet on distingue deux types de chiffres ; les chiffres descriptifs qui montrent
avec précision et clarté l’état du phénomène observé tandis que les chiffres explicatifs
sont des données faisant recours aux outils statistiques telles que la corrélation, la
co-variation, la régression, l’analyse factorielle etc… Pour la méthode de l’analyse de
contenu de type quantitatif, l’étudiant pourra se référer au cours d’analyse de
contenu qui est largement consacré à l’aspect quantitatif de la méthode.

En ce qui concerne l’approche qualitative, il faut dire qu’elle repose sur l’observation
directe. Elle a pour but l’explication des données à l’aide de diverses méthodes. Les
techniques qualitatives permettent d’apprécier, de qualifier, de comparer des données
qualitatives. La corrélation que l’on peut faire entre les données qualitatives facilite
la compréhension de la question étudiée ainsi que les explicatives qui peuvent en
découler.

Retenons que les deux types de techniques se complètent.

Points importants à retenir :


Quelle(s) méthodologie (s) et pourquoi ce choix ? Y aura-t-il une triangulation
méthodologique et pourquoi  ? Y aura-t-il une étude pilote ou une pré-
 enquête ? si oui, expliquez.

Si enquête de terrain : Quel terrain ? Quelle collecte des données ? Combien de
sujets seront interrogés ou observés (pour des entretiens qualitatifs, en général il
faut au moins 15 sujets, dépasser 30 sujets est rarement utile) ? Comment vais-
je les sélectionner ? Quel type d’observation : directe, indirecte, participante ?
Pourquoi ? Si méthodes corrélationnelles ou questionnaires : quelle passation ?
Quel type de question ?... mentionnez-le si vous avez, pour des raisons
professionnelles ou personnelles, un accès facilité au terrain. Pour les projets de
recherche déjà bien travaillés : Quel guide d'entretien (il doit y avoir autant de
thèmes que de questions de recherche et autant de sous-thèmes que de sous-
 
questions de recherche). Quelle grille d’observation ?

Si méthodologie expérimentale : sur le terrain ou en milieu contrôlé ? Quel plan
d'expérience ? Quelles variables ? Comment seront-elles mesurées? Combien de
sujets et pourquoi ce nombre (bien se renseigner sur le nombre  de sujets qui
doivent être interrogés pour que la recherche soit valide, souvent

31
Introduction à la méthodologie de la recherche
au moins 30 sujets par groupe) ? Comment allez-vous les sélectionner, les
convoquer et les répartir dans les groupes ? Quels seront vos critères
permettant d’assurer la validité interne et externe de votre recherche ?

Si analyse de corpus (textes, images, vidéos, sites Web…). Quelle constitution
du corpus : taille, nature, durée dans le temps, quels critères de délimitation
du corpus ? … Pourquoi ces choix ? Quelles méthodes d’analyses (sémiotique
 structurale, analyse de contenu thématique, analyses de discours selon telle
Ecole… ?) Quels liens avec le contexte de production ? Quelles justifications
théoriques de la méthode d’analyse ? Quels seront vos critères permettant
d’affirmer que votre analyse de corpus est de « qualité » (point de saturation ?
 Concordance avec le contexte théorique, avec d’autres recherches connexes…
?
  
Quelles méthodes d'analyse des données (si méthodes quantitatives : quels
traitements statistiques ? Si entretien : quelles méthodes d'analyse de
contenu ?... ; avec quels logiciels ?

Pour aller plus loin :


Alex Mucchielli, « Pour des recherches en communication », Communication
et organisation [En ligne], 10 | 1996, mis en ligne le 26 mars 2012, consulté
le 19 avril 2019. URL
:http://journals.openedition.org/communicationorganisation/1877 ; DOI :
10.4000/ communicationorganisation.1877

Yann Bertacchini (215).Traité d’initiation à l’usage de l’Apprenti-Chercheur
en Sciences Humaines & Sociales, Collection Les ETIC (Ecrits en Tic)
Association Territoires & Territorialités. Institut International d’Intelligence

Territoriale - 3IT-ISBN : 2-9519320-4-9 : EAN : 978295193204

Exercice d’autoévaluation

Construisez un cadre méthodologique (cadre pratique) cohérent à partir du cas


suivant :

Sujet: La problématique psycho communicationnelle des « Telenovelas » sur les


comportements des ivoiriens

32
Introduction à la méthodologie de la recherche
BIBLIOGRAPHIE
 
 Alex Mucchielli, Les motivations, 9e édition QUE SAIS-JE ?, Paris

AMES (M.B.), HARNOLD
 (J.C.), ANNON (C.), (2003)- L'art d'apprendre – Paris,
 Nouveaux Horizon,

Courbet, Didier (2017). Comment rédiger un projet de recherche (thèse de
doctorat, mémoire de master…) ? Institut de Recherche en Sciences de
l’Information et de la Communication IRSIC/IMSIC, Aix-Marseille Université,

 juin 2017, version 3.

DEPELTEAU (F.),( 2000).- La démarche d'une recherche en Sciences
Humaines: De la question  de départ à la communication des résultats–Laval,
 Presse Université Laval,

Eric Dacheux (2009). Les SIC approche spécifique d’une recherche en
communication mondialisée. Les sciences de l’information et de la
communication, CNRS éditions, collection les Essentiels, pp.9-36,.

 sic_00531493

 GAUTHIER (B), (2009).- Recherche sociale : De la problématique à la collecte

des données – Montréal, Presses Universitaires de Québec, 5èmeEdition,
 
 Jean Claude Lugan, La systémique sociale, PUF, Paris
 
 Jean-Pierre Fragnière (2016), Comment réussir un mémoire. 5e Dunod, Paris


Luc Van Campenhoudt, Raymond Quivy (2011). Manuel de recherche en
 sciences sociales, 4édition Dunod, Paris

Olivier Martin (2009), L’enquête et ses méthodes.
 L’analyse de données
 quantitative. 2e édition Armand Colin, Paris

Pierre paillé, Alex Mucchielli (2016), L’analysequalitative en sciences
 humaines et sociales, 4e Armand Colin, Paris

Raymond Boudon,
 Renaud Filijeule, Les méthodes en scoiologie, 3 e édition
PUF, Paris
 
 Umberto Eco (2016), Comment écrire sa Thèse. Edition Flammarion, Milan

Yann Bertacchini (215).Traité d’initiation à l’usage de l’Apprenti-Chercheur en
 Sciences Humaines & Sociales, Collection Les ETIC (Ecrits en Tic) Association
Territoires & Territorialités. Institut International d’Intelligence Territoriale -
 3IT-ISBN : 2-9519320-4-9 : EAN : 978295193204

Yves Livian (2015).INITIATION A LA METHODOLOGIE  DE RECHERCHE EN
SHS: réussir son mémoire ou thèse. halshs-01102083

33
Introduction à la méthodologie de la recherche

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