Support de Cours - Intro A La Methodo
Support de Cours - Intro A La Methodo
Union-Discipline-Travail
SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Institut Universitaire
d'Abidjan
INTRODUCTION
À LA
METHODOLOGIE
DE LA RECHERCHE
(Licence 1)
SUPPORT DE COURS
Chargé de Cours : Dr BONGBA
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Introduction à la méthodologie de recherche
PLAN INDICATIF DU COURS
INTRODUCTION
I. APPROCHE EPISTEMOLOGIQUE
MÉMOIRE
I. TERRAIN DE RECHERCHE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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Introduction à la méthodologie de recherche
OBJECTIFS DU COURS
Ce cours vise, de façon générale, à initier les étudiants aux principaux concepts et
fondements théoriques permettant l’étude des phénomènes des sciences humaines
et sociales en général et les phénomènes des sciences de la communication en
particulier.
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Introduction à la méthodologie de recherche
INTRODUCTION
Elle est passée d’une organisation artisanale à une organisation industrielle. Dès
lors, l’apprentissage des règles de la recherche ne peut plus se faire par
transmission individuelle à l’intérieur de l’activité de recherche. Le nombre de
collaborateurs d’une équipe s’est agrandi et le rythme de production s’est accéléré
de telles manières que l’on estime maintenant que les futurs chercheurs doivent
connaître les règles de la recherche avant de commencer à en faire.
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Introduction à la méthodologie de recherche
définitions de critères pour l’identification des phénomènes et des techniques
utilisées dans l’analyse des données, etc.
La méthodologie devient alors une discipline qui s’établit elle-même comme objet
d’observation, d’analyse, de réflexion et de contestation. La méthodologie ne reste
pas un code stable, elle est sujette à des remaniements. Comme le droit évolue en
fonction des changements sociaux, la méthodologie évolue en fonction des objets et
des pratiques dominantes de recherche. Ce sont le polymorphisme et la dynamique
des objets et des pratiques de recherche qui donnent à la codification des méthodes
sa complexité et, parfois même, ses apparentes contradictions (Van der Maren,
1996).
Le mémoire est un ouvrage scientifique destiné à être soutenu devant un jury. Son
élaboration ne peut se faire sans une approche et une démarche organique,
systémique et méthodique. En d’autres termes, la réussite du mémoire présuppose
le choix d’une démarche rigoureuse, de procédures et de règles scientifiques
imposées par l’objet de la recherche et le domaine qui l’intègre.
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Introduction à la méthodologie de recherche
et la soutenance d’un mémoire de Master. Il s’agira pour nous, non pas de donner
le contenu exhaustif de ces règles méthodologiques, mais de proposer un exposé
sur celles dont on ne peut s’affranchir, c’est-à-dire celles qui sont nécessaires dans
l’absolu à l’élaboration du mémoire et plus spécifiquement, du mémoire de Master
en Sciences de la Communication.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
CHAPITRE I : QU'EST-CE QUE "FAIRE DE LA RECHERCHE"?
I. APPROCHE EPISTEMOLOGIQUE
L’épistémologie est une réflexion philosophique sur la nature, les méthodes et les
concepts de la science. Elle s’exprime à travers un débat qui porte sur la nature, les
méthodes et les concepts d’une science (Ex : les Sciences de l’Information et de la
Communication). Ce débat porte notamment sur :
La nature normative de la science (réflexion qui porte sur ce que devrait être,
Dans l’idéal, la science ou une discipline).
-La nature analytique (étude de ce qu’est, concrètement, la science ou une
discipline).
L’épistémologie met en lumière les concepts, les théories, les méthodes et les types
de raisonnement ou la procédure. Elle explique la structure et l'évolution des
sciences.
L'épistémologie ne peut être séparée de l'histoire des sciences. Elle étudie les
ruptures et les transformations qui ont permis aux sciences d’atteindre leur forme
présente. Pour l’exemple, deux questions fondamentales se posent.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
L'épistémologie a donc pour objet d'étude la science et, est analytique et réflexive.
Elle constitue en ce sens une démarche du second degré examinant une activité
première.
En outre, le chercheur, ce » dernier doit sans cesse être capable d’expliquer la manière
dont il a produit ces connaissances. Il va devoir pour cela répondre à de nombreuses
questions lui demandant de justifier ce qu’il avance. Il faut donc qu’il adopte
progressivement une certaine attitude à l’égard de ce qu’il avance et des moyens qu’il a
utilisés pour y parvenir. C’est l’art de la démonstration scientifique.
Il faut admettre que dans les SHS aussi, des "connaissances savantes" sont possibles.
Comme en physique, la perception immédiate donne également des indications
illusoires (par exemple, on pense que "l'opinion" est favorable à tel projet,
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Introduction à la méthodologie de la recherche
mais une enquête bien construite peut démontrer le contraire). De plus, d’avantage
que dans les sciences de la nature, les faits peuvent être contaminés par des
croyances et des idéologies (par exemple, je peux croire, par idéologie, que la société
est contraignante ou libre, pacifique ou traversée par des conflits…).
Pour Bourdieu, "le fait est conquis contre l'illusion du savoir immédiat" lorsque l’on
s’engage dans la recherche. Cette "conquête" va permettre de produire des
connaissances ayant des caractéristiques précises différentes des autres. Est-ce
que cela signifie pour autant que le chercheur est le seul détenteur de la "vérité" et
que ses connaissances sont supérieures aux autres?
On l'a longtemps cru (ce qu'on appelle le "scientisme", qui est la foi inébranlable
dans la supériorité de la Science). Mais aujourd'hui on dira plutôt qu'il n'y a pas
d'opposition complète et brutale entre les deux types de connaissances. Pourquoi ?
La connaissance "ordinaire" peut d'abord être fondée sur une sagesse, accumulée
depuis longtemps, qui a sa valeur propre et qui est transmise de génération en
génération (le vieux paysan, le sage…). D'autre part, certaines pratiques
intéressantes et même parfois efficaces sont indémontrables en l'état actuel de la
"science" officielle, en médecine, c'est l'exemple de l'homéopathie.
Enfin, l'expérience pratique peut être précieuse, même si elle n'est pas fondée sur
des dispositifs de recherche rigoureux, dans des sciences comme la psychologie, la
gestion, le droit. La médecine en est un bon exemple.
Plutôt que de les opposer, il faut donc dire que connaissances "scientifiques", celles
du chercheur et connaissances "ordinaires", celles du praticien ou du sage ont des
caractéristiques différentes et que dans de nombreux contextes elles seront
complémentaires. Reste que ces connaissances "ordinaires", que le chercheur ne
peut donc négliger, ont trois limites fortes :
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Introduction à la méthodologie de la recherche
Elles sont beaucoup liées à la personne de celui qui les détient (le "tradi-
praticien" des pratiques africaines ou chinoises, le cadre d'expérience,
l'artisan expérimenté, etc.) et donc peu communicables ;
Elles sont fondées sur les contextes au sein desquels elles ont été produites,
et donc difficilement généralisables;
Elles sont donc dépendantes de la confiance qu'on veut bien accorder à celui
qui les détient, et non pas de procédures objectives et vérifiables.
Chaque discipline, et même chaque laboratoire, chaque enseignant, peut avoir une
manière particulière d'exprimer ce que sont des connaissances "scientifiques",
issues de la recherche. Ces questions ont suscité des débats infinis depuis
longtemps, tout au long de l'histoire des sciences. Mais il y a un tronc commun que
nous voudrions énoncer maintenant autour de quatre éléments.
Avoir un certain état d'esprit
Partir des faits observables
Viser des lois ou au moins des régularités ou des extensions
Remettre en cause les acquis.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
Points importants à retenir :
La recherche scientifique est similaire à une recherche de pétrole en
plein désert. Il faut creuser et creuser avant d’atteindre l’objet désiré.
La recherche a pour but de démontrer que le chercheur :
1) est apte à poursuivre des travaux de recherches façon autonome
2) qu’il peut apporter une contribution originale à la connaissance, à
l'interprétation ou au développement scientifique, technologique ou
artistique dans un domaine du savoir. La thèse doit en outre permettre
d’apprécier dans quelle mesure le chercheur:
maîtrise la méthodologie
de la recherche relative à son domaine du
savoir (SIC);
a développé une connaissance approfondie
de la documentation
pertinente et récente au sujet traité ;
démontre une réelle capacité de rendre compte par écrit de sa
recherche, d’une façon claire et cohérente,
et selon les normes
appropriées à son domaine de recherche.
est apte à justifier son travail et à le « défendre
» oralement devant un
jury composé d’ « experts » de la discipline
Exercice d’autoévaluation
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Introduction à la méthodologie de la recherche
CHAPITRE II : DU MEMOIRE DE CHERCHE : DES PREALABLES A
l’ELABORATION AUX ASPECTS THÉORIQUES DU MÉMOIRE
Le choix d’un bon sujet doit obéir à quatre règles essentielles selon Umberto Eco.
Que le sujet corresponde aux intérêts du candidat (qu'il soit lié au type
d'examens qu'il a passés, à ses lectures, à son univers politique, culturel ou
religieux) ;
- Que les sources dont il a besoin soient accessibles, c'est-à-dire à la portée
matérielle du candidat ;
- Que les sources dont il a besoin soient utilisables, c'est-à-dire à la portée
culturelle du candidat ;
- Que le cadre méthodologique de la recherche soit à la portée méthodologique
du candidat.
Mais certains facteurs peuvent s’ajouter à ces éléments prédéfinis par Umberto
Eco :
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Introduction à la méthodologie de la recherche
Mais en définitive, le choix du sujet, mieux, de sa formulation définitive est fait en
accord avec le Directeur du Mémoire.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
III.1. Objet de recherche
C'est ce sur quoi porte la recherche, il peut être réel ou irréel ; dur ou mou ;
physique ou non physique. L'objet de recherche obéit à des exigences de cohérence,
cohérence référentielle de l'objet (l'objet doit refléter la réalité), d'exhaustivité (clarté
descriptive de l'objet) et de simplicité (clarté constructive et déconstructive de
l'objet) d'où les trois exigences. Ce peut être un des concept(s) précis, une/des
notion(s) moins bien défini(s), ou un ensemble de concepts, une théorie, un
phénomène, un système… que l’on veut soit :
décrire (dans la recherche exploratoire /descriptive ou corrélationnelle ou «
ex post facto »),
expliquer (dans la recherche explicative où on cherche à mieux comprendre
les déterminants,
les liens causaux « causes/effets » et/ou processus
impliqués)
mieux comprendre (par exemple dans la recherche compréhensive
où on
recherche la signification et le sens des phénomènes)
Toutefois, il est préférable de partir du principe que le lecteur ne connaît pas votre
thématique (objet) et les enjeux qui lui sont liés.
Il s’agit pour l’étudiant d’éclairer le lecteur sur les raisons, c’est-à-dire les facteurs
rationnels ou irrationnels qui justifient le choix du sujet. Ces facteurs rationnels
peuvent être d’ordre économique, scientifique, politique…
Ils sont à distinguer des motivations (facteurs irrationnels) qui, elles, sont personnelles,
oscillent entre le rationnel et l’extra-rationnel et ne sont soumises à aucune validité.
C’est cette réalité que décrit Alex Mucchielli (p7) lorsqu’il affirme que
« pour que l’on passe à l’action, pour que l’on fasse quelque chose, il faut que notre
conduite ait un sens, même si celui-ci ne nous apparaît pas, même s’il demeure
caché par tous ces mécanismes cachés ».
L’approche notionnelle ou conceptuelle, qui consiste à définir les notions (termes sans
sémantique particulière) ou les concepts (termes dont le sens est tributaire d’une
théorie) à l’œuvre dans le sujet, participe de la clarification de l’objet de recherche. Elle
concerne uniquement les mots clés du sujet. L’étudiant devra, toujours dans la
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Introduction à la méthodologie de la recherche
perspective d’une démarche argumentée, distinguer les différentes acceptions des
mots devant être définis, privilégier celles qu’il retient dans le cadre de son analyse
et en donner les raisons.
III.4.1. Définition
D'une part, il doit prendre connaissance des travaux qui ont été réalisés sur le
thème spécifique qui fait l’objet de son mémoire (recherche). D'autre part, il doit
s'efforcer de mettre la main sur des ouvrages de synthèse qui font le point sur les
grandes questions qui encadrent la problématique retenue.
En amont de la rédaction du projet de Thèse ou du mémoire, un travail de
recherche bibliographique, de lecture, d’analyse de ce qui a été lu, de
catégorisation, de détermination de la méthodologie à suivre;
Dans le cadre de la rédaction du document final (thèse ou mémoire),
l’écriture d’une partie limitée en taille mais essentielle sur la littérature,
aboutissant à des hypothèses (démarche hypothético-déductive) ou
propositions (étude de cas).
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Introduction à la méthodologie de la recherche
III.4.2. La démarche pour une revue de littérature
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Introduction à la méthodologie de la recherche
évidemment pas : tout savoir scientifique est provisoire et doit être un jour ou l’autre
remis en cause. Sans parler des théories admises et qui sont carrément fausses. D’où la
dimension critique de la revue de littérature : il faut déterminer quel savoir peut être
tenu comme solide pour le moment (quelqu’un le remettra en cause, mais plus tard), et
où se situent les points de fragilité actuels auxquels il faut consacrer ses efforts. La
troisième raison est inverse : nous croyons ignorer des choses, et elles sont pourtant
déjà connues. Ceci est notamment dû à la spécialisation de la démarche scientifique et
au fait que nous nous situons dans le cadre d’une discipline. La spécialisation de la
recherche est nécessaire, utile, et en même temps dommageable
: nous ignorons souvent ce qui se passe dans les disciplines scientifiques voisines
ou plus éloignées, alors que ce qui est non-savoir dans une discipline peut être
savoir dans celle d’à-côté.
Une recherche de littérature est réussie quand le sujet sur lequel on était
parti plein d’enthousiasme apparaît totalement connu, défriché, d’une accablante
banalité et qu’une dépression profonde s’empare du chercheur. C’est à partir de ce
moment que l’on peut travailler à définir solidement sa question de recherche, c’est-
à-dire positionner correctement l’originalité de sa démarche. L’auteur qui
commence un livre nouveau par la phrase « Tout est dit et l’on vient trop tard » est
d’ailleurs l’un des plus profondément originaux qui aient été (Quignard, 2005).
Ce cadre général posé (et devant être gardé à l’esprit) et avant d’entrer plus
avant dans le vif du sujet, les objectifs de la revue de littérature peuvent maintenant
être précisés.
Ce qui est attendu d’un travail de recherche c'est l’originalité. Il ne s’agit pas
d’une qualité en soi, mais d’une démarche : un mémoire ou une thèse a pour but
d’apporter quelque chose de nouveau, d’original.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
Interpréter des idées,
des pratiques, des approches connues d’une
nouvelle manière ;
apporter des données nouvelles sur des sujets ou des problèmes
anciens ;
Etre transdisciplinaire en utilisant des méthodologies diverses ;
Etudier un domaine nouveau, non encore couvert par la discipline ;
Augmenterla connaissance d’une manière qui n’avait pas été utilisée
jusque-là.
En d'autres termes, l’originalité peut porter sur le travail empirique, sur un point de
vue nouveau, sur un croisement d’approches, de disciplines, un choix
méthodologique. Mais pour qu’originalité il y ait, il faut être capable de savoir quels
types de données ont déjà été traités, quels types de méthodologies sont disponibles
et ont déjà été utilisés, quelles disciplines ont traité de quels sujets, quels domaines
ont été couverts, comment, et quels ne l’ont pas été, quels apports ont été faits, et
quels ne l’ont pas été.
Encore une fois, c’est l’objet même de la revue de littérature que de préciser la
sphère du déjà fait et déjà connu, et d’identifier les frontières de la connaissance
pour déterminer une question de recherche originale. D’où les objectifs de la revue
de littérature qui sont entre autres:
Identifier la frontière entre ce qui a déjà été fait et qui a besoin d’être
étudié ;
Faire une synthèse et élaborer une perspective nouvelle ;
Etablir le contexte du problème ;
Replacer le sujet dans une perspective historique de manière à
montrer que l’on maîtrise à la fois
l’histoire du problème et l’état le
plus récent de son développement.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
III.5. Problématique
III.5.1. Définition
Personnel / Bien s’orienter : c’est aller
vers une formation qui me plait ou
aller vers une formation à débouché?
Professionnel / En quoi la délocalisation d’une
production peut-elle
rapporter des dividendes à mon entreprise ?
Problématiser, c’est l’art de poser les questions pertinentes qui est une des
caractéristiques de toute activité scientifique. Lévi-Strauss disait à ce sujet que : «
Le savant n’est pas celui qui donne les bonnes réponses, mais celui qui pose les
bonnes questions ». La problématique, c’est une question à laquelle la réflexion
apporte une réponse (différente toutefois d’une solution définitive). En fait, il ne
s’agit pas tant d’apporter une réponse que de la construire progressivement, en
approfondissant la question initiale.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
questions articulées et une stratégie argumentative permettant de répondre de
manière cohérente à l’ensemble de ces questions. En définitive, la problématique
donne sens au devoir et en constitue la clé de voûte (Le Méhanèze, 1999)
Problématique « englobante » : donne au sujet son
extension maximale
; les principaux aspects du sujet sont abordés;
Problématique « actuelle » : prend en considération l’état le plus récent
du débat théorique et des données empiriques,
tout en les mettant en
perspective dans le temps et dans l’espace;
Problématique « féconde » : la plus riche possible.
III.6. Hypothèses
Une hypothèse de recherche est la réponse présumée à la question qui oriente une
recherche. C'est une supposition qui est faite en réponse à une question de
recherche. Une recherche ne comporte normalement qu’une seule hypothèse
principale et des hypothèses dites secondaires, qu’elle cherche précisément à
confirmer ou à infirmer. Formulée correctement, chaque hypothèse correspond à
une question de la problématique, mieux, elle est sujette à démonstration.
L'hypothèse en tant que supposition, est une formulation déclarative et affirmative
ou au conditionnel. Mais la première forme semble plus conforme à l’esprit de
l’hypothèse même si le conditionnel, qui est la forme par excellence de
l’hypothétique, est formellement plus adéquate. Naturellement, la forme que prend
l’hypothèse varie selon le type de recherche qu’on entreprend.
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Introduction à la méthodologie de la recherche
Dans une recherche appliquée, l’hypothèse prend la forme d’une solution à
un problème particulier. Il peut être assez difficile de vérifier ce genre d’hypothèse,
car il faut avoir le temps, les moyens et les instruments pour tester l’hypothèse.
Dans une recherche théorique, l’hypothèse sera plus ambitieuse que dans une
recherche conceptuelle, bien que du même genre. L’hypothèse sera alors soit la
démonstration de la supériorité d’une certaine théorie sur les autres, soit
l’élaboration d’une nouvelle théorie ou de nouvelles applications à une théorie
existante, ou encore la reformulation d’une théorie.
III.7. Objectifs
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Introduction à la méthodologie de la recherche
il s’agit de poser la question « que vise-t-on ? » pour chaque hypothèse. Ainsi, il existe
une nette correspondance entre la problématique, les hypothèses et les objectifs.
Il faut savoir que le cadre théorique comporte cinq traits pertinents, à savoir : l'objet
de recherche, la revue critique de la littérature, la problématique, l'hypothèse et
l'objectif.
22
Introduction à la méthodologie de la recherche
La démarche de l’opérationnalisation (mesure) est normalement propre à une étude
de type déductif qui part des concepts et les vérifier sur le terrain. La démarche
Inductive, par contre va procéder dans le sens inverse, étudier des faits observés
aux concepts, à l’aide d’une démarche d’abstraction ou de conceptualisation.
Il faut également souligner que les aspects théoriques du mémoire trouvent leur
ancrage dans le choix d’une ou de plusieurs théories servant de moule à l’analyse et
celui d’une démarche argumentée dont l’objectif est de répondre au besoin de
rigueur et de validité qu’appelle tout ouvrage scientifique.
Etant donné que le mémoire ne peut se construire autrement que moyennant une
démarche méthodologique, l’étudiant doit annoncer, dans le cadre de référence
théorique du mémoire et dans une démarche justificative, la ou les théories
choisie(s) qui ser(ven)t de base à l’analyse. Les modèles explicatifs de la ou des
théorie(s) doi(ven)t ensuite être développée(s) avant d’être appliquée (s) à l’objet
d’analyse de l’étudiant.
La rédaction d’un mémoire de recherche est consubstantielle à la définition
de certains préalables d’ordre administratif (efficience du choix du Directeur
de mémoire) et pragmatique (Originalité du SUJET). L’originalité du sujet du
mémoire, la portée de ses résultats et la rigueur de leur interprétation
permettra aux examinateurs de juger la valeur de sa contribution à
l’avancement des connaissances
La scientificité d’un mémoire repose fondamentalement sur le respect de la
démarche argumentative (cadre théorique) et de son versant pratique
(cadre méthodologique).
La problématique « est un ensemble cohérent (sous forme de texte) construit
autour d'une (ou quelques) question(s) principale(s) qui pose(nt) problème au
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Introduction à la méthodologie de la recherche
regard de ce qui existe scientifiquement, des hypothèses (ou objectifs) de
recherche sur un objet et du cadre d'analyse (contexte théorique) qui
permettront de traiter le sujet (par exemple « le phénomène à étudier »)
choisi». Le texte que vous allez écrire explique de façon argumentée pourquoi
il est nécessaire de lancer une enquête ou une expérimentation... et pour
quelles raisons (ex : au regard de l'absence de littérature existante, des
enjeux sociaux importants liés au phénomène...). Le texte explique qu'il y a
donc un "problème" car il y a un phénomène que la science méconnaît : c'est
donc « problématique ». Dans votre problématique doivent donc figurer d’une
part « un petit résumé de ce qu’on sait » et, d’autre part, « un petit résumé de
ce qu’on ignore » (et que votre recherche va chercher à mieux expliquer ou
comprendre). Il s’agit de bien définir ce qui doit être observé de manière
univoque et opérationnelle
Nécessite de dresser un premier état des lieux du savoir sur la question :
Exemple : « Tel auteur a déjà étudié tel aspect, il trouve cela… ; tel autre
auteur a déjà étudié tel autre aspect, mais c'est incomplet… Il est nécessaire
Luc Van Campenhoudt, Raymond Quivy (2011). Manuel de recherche en
sciences sociales, 4édition Dunod, Paris
Olivier Martin (2009), L’enquête et ses méthodes.
L’analyse de données
quantitative. 2e édition Armand Colin, Paris
24
Introduction à la méthodologie de la recherche
Courbet, Didier (2017). Comment rédiger un projet de recherche (thèse de
doctorat, mémoire de master…)? Institut de Recherche en Sciences de
l’Information et de la Communication IRSIC/IMSIC, Aix-Marseille Université,
juin 2017, version 3.
Exercice d’autoévaluation
A partir d’un contexte « pratique » (explicitez le contexte pratique) ou
théorique, construisez l’objet de recherche lié au sujet ci-dessous.
Sujet: La problématique
de la liberté d’expression à l’ère des réseaux en
Côte d’Ivoire.
Elaborez par la suite une problématique cohérente de cet objet.
Qu’est-ce qu’une recherche action en Sciences de la Communication?
A quel objet de recherche s’applique-t-elle ?
25
Introduction à la méthodologie de la recherche
CHAPITRE III : ASPECTS PRATIQUES DU MEMOIRE
I. TERRAIN DE RECHERCHE
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Introduction à la méthodologie de la recherche
I.1. Le terrain comme champ et lieu de la recherche
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Introduction à la méthodologie de la recherche
pour le processus initiatique du chercheur appelé à résoudre la tension "idée-
matière" ou "théorie-terrain". La recherche scientifique est en définitive un double
processus de mise en tension et son dénouement. Ce terrain de recherche n'est
cependant pas neutre et par son choix, son contenu et l'approche dont il sera
l'objet, le terrain est capable d'orienter la recherche et déterminer ses résultats
comme le chercheur l'est encore plus à travers un bon choix de son terrain.
L’échantillon d’une population est une partie de cette population donnée. Il doit être
choisi de telle sorte qu’il représente les caractéristiques de cette population de
référence (population-mère). Une des règles fondamentales en méthodologie reste le
choix. Aucun choix d’un paramètre ou d’une variable ne doit se faire sans raison.
Tout choix doit être justifié et viser l’objectivité scientifique. A ce titre, il faut savoir
qu’il y a entre autres le choix raisonné ou la technique de quotas. Cela n’est
envisagé que lorsqu’on dispose de données statistiques détaillées et fiables. Cela
permet ainsi de faire figurer toutes les propriétés de la population-mère dans
l’échantillon arrêté. Le choix du hasard ou aléatoire porte en priorité sur la forme
du choix et moins sur son contenu. Il s’agit de donner la chance à l’ensemble de la
population de figurer dans l’échantillon à partir d’un principe de régularité arrêté.
La collecte des données primaires peut se faire à l’aide d’un sondage. La conception
d’un sondage se fait en trois étapes : détermination de la population ; choix de la
méthode d’échantillonnage et détermination de la taille de l’échantillon.
Population
28
Introduction à la méthodologie de la recherche
La population est l’ensemble des éléments possédant les informations désirées pour
répondre aux objectifs de l’étude. Quant à l’échantillon, c’est l’ensemble des
individus sélectionnés dans la population pour être enquêtés.
Ce sont des techniques qui s’appuient sur la théorie mathématique des probabilités et
se caractérisent par le fait qu’en les utilisant chaque unité de l’échantillon a une chance
égale d’être choisie. C’est donc le hasard qui détermine le choix des unités de la
population mère. De plus, en recourant à une technique probabiliste le chercheur peut
estimer la marge d’erreur de son échantillon, liée notamment à sa taille.
Les méthodes non probabilistes
Le choix des unités ne relève pas du hasard et les résultats issus de l’observation
des échantillons ne sont pas représentatifs que ceux d’un échantillon probabiliste.
Contrairement aux méthodes probabilistes, où on cherche à éliminer la subjectivité
du chercheur, les méthodes par choix raisonné reposent fondamentalement sur le
jugement. Elles permettent de choisir de manière précise les éléments d’échantillon
afin de respecter plus facilement sur les critères fixés par le chercheur.
Le terrain est une source de données. Une donnée est un élément de l’observation
empirique porteuse d’informations pertinentes. On a principalement deux types de
collecte de données : l’enquête par questionnaire et l’entretien. L’enquête par
questionnaire consiste à mettre en place un ensemble de questions fermées. Elle
29
Introduction à la méthodologie de la recherche
permet un traitement statistique des données. L’entretien, lui, constitue un
ensemble de questions ouvertes ou semi ouvertes. Il favorise un traitement
statistique des données ou une analyse de contenu. Au-delà de ces deux types de
collecte, il y a l’observation participante ou non participante et le recueil de récit de
vie. L’observation participante consiste à collecter des informations selon le point de
vu de l’enquêté. L’observation non participante consiste à recueillir les données
selon les points de vu de l’enquêteur. Quant au récit de vie, c’est une méthode
ethnographique qui consiste à recueillir les avis de l’enquêté selon les trajectoires
sociales, culturelles etc… Ces données sont essentiellement relatées par l’enquêté.
Il faut noter que l’enquête est une collecte organisée. Elle peut être directe ou
différée. La collecte est directe lorsqu’on reçoit directement les informations
demandées. La collecte est différée lorsqu’on administre un questionnaire avant de
recevoir les informations demandées. Le questionnaire a l’avantage de rassembler
les réponses exploitables.
A ces types de collecte de données, il ne faut pas omettre d’ajouter les classiques
techniques documentaire qui renferment la bibliographie, la webographie, les
sources audio-visuelle et audio-orales.
Après la collecte des informations, il importe de les classer, de les traiter et de les
analyser. L’analyse qui s’en suit peut emprunter plusieurs voies complémentaires :
voie compréhensive, voie explicative, voie pluridisciplinaires sans que l’une exclue
l’autre.
Le traitement des données est conditionné par le stockage des données par le biais
d’un support écrit, électronique ou audiovisuel. L’exploitation des données quant à
elle consiste à mettre en œuvre les informations contenues dans les données.
Relativement à cela, on distingue deux types d’exploitation ; l’exploitation classique,
elle est manuelle et l’exploitation moderne, elle est assistée par ordinateur.
Pour ce qui est de l’analyse des données à proprement parler, il faut dire qu’il existe
globalement deux approches : l’approche quantitative et l’approche qualitative.
30
Introduction à la méthodologie de la recherche
Le recours aux techniques quantitatives et qualitatives renvoie aux critères
scientifiques.
Et à cet effet on distingue deux types de chiffres ; les chiffres descriptifs qui montrent
avec précision et clarté l’état du phénomène observé tandis que les chiffres explicatifs
sont des données faisant recours aux outils statistiques telles que la corrélation, la
co-variation, la régression, l’analyse factorielle etc… Pour la méthode de l’analyse de
contenu de type quantitatif, l’étudiant pourra se référer au cours d’analyse de
contenu qui est largement consacré à l’aspect quantitatif de la méthode.
En ce qui concerne l’approche qualitative, il faut dire qu’elle repose sur l’observation
directe. Elle a pour but l’explication des données à l’aide de diverses méthodes. Les
techniques qualitatives permettent d’apprécier, de qualifier, de comparer des données
qualitatives. La corrélation que l’on peut faire entre les données qualitatives facilite
la compréhension de la question étudiée ainsi que les explicatives qui peuvent en
découler.
Quelle(s) méthodologie (s) et pourquoi ce choix ? Y aura-t-il une triangulation
méthodologique et pourquoi ? Y aura-t-il une étude pilote ou une pré-
enquête ? si oui, expliquez.
Si enquête de terrain : Quel terrain ? Quelle collecte des données ? Combien de
sujets seront interrogés ou observés (pour des entretiens qualitatifs, en général il
faut au moins 15 sujets, dépasser 30 sujets est rarement utile) ? Comment vais-
je les sélectionner ? Quel type d’observation : directe, indirecte, participante ?
Pourquoi ? Si méthodes corrélationnelles ou questionnaires : quelle passation ?
Quel type de question ?... mentionnez-le si vous avez, pour des raisons
professionnelles ou personnelles, un accès facilité au terrain. Pour les projets de
recherche déjà bien travaillés : Quel guide d'entretien (il doit y avoir autant de
thèmes que de questions de recherche et autant de sous-thèmes que de sous-
questions de recherche). Quelle grille d’observation ?
Si méthodologie expérimentale : sur le terrain ou en milieu contrôlé ? Quel plan
d'expérience ? Quelles variables ? Comment seront-elles mesurées? Combien de
sujets et pourquoi ce nombre (bien se renseigner sur le nombre de sujets qui
doivent être interrogés pour que la recherche soit valide, souvent
31
Introduction à la méthodologie de la recherche
au moins 30 sujets par groupe) ? Comment allez-vous les sélectionner, les
convoquer et les répartir dans les groupes ? Quels seront vos critères
permettant d’assurer la validité interne et externe de votre recherche ?
Si analyse de corpus (textes, images, vidéos, sites Web…). Quelle constitution
du corpus : taille, nature, durée dans le temps, quels critères de délimitation
du corpus ? … Pourquoi ces choix ? Quelles méthodes d’analyses (sémiotique
structurale, analyse de contenu thématique, analyses de discours selon telle
Ecole… ?) Quels liens avec le contexte de production ? Quelles justifications
théoriques de la méthode d’analyse ? Quels seront vos critères permettant
d’affirmer que votre analyse de corpus est de « qualité » (point de saturation ?
Concordance avec le contexte théorique, avec d’autres recherches connexes…
?
Quelles méthodes d'analyse des données (si méthodes quantitatives : quels
traitements statistiques ? Si entretien : quelles méthodes d'analyse de
contenu ?... ; avec quels logiciels ?
Alex Mucchielli, « Pour des recherches en communication », Communication
et organisation [En ligne], 10 | 1996, mis en ligne le 26 mars 2012, consulté
le 19 avril 2019. URL
:http://journals.openedition.org/communicationorganisation/1877 ; DOI :
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Yann Bertacchini (215).Traité d’initiation à l’usage de l’Apprenti-Chercheur
en Sciences Humaines & Sociales, Collection Les ETIC (Ecrits en Tic)
Association Territoires & Territorialités. Institut International d’Intelligence
Territoriale - 3IT-ISBN : 2-9519320-4-9 : EAN : 978295193204
Exercice d’autoévaluation
32
Introduction à la méthodologie de la recherche
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Introduction à la méthodologie de la recherche