Aimer Qu'est-Ce Que C'est ?: Amour Pour Toujours
Aimer Qu'est-Ce Que C'est ?: Amour Pour Toujours
Aimer Qu'est-Ce Que C'est ?: Amour Pour Toujours
C’est génial ! Comment vivre sans être aimé ? Et sans aimer ? Mais gare au toc. Le reflet
n’est pas la lumière, le miroir n’est pas le visage. La femme de ma vie n’est pas la femme
d’un instant. Se contenter de peu en amour, ce n’est pas connaître l’amour.
Parmi beaucoup de façons d’aimer, il y a l’amitié, l’amour des parents pour leurs enfants,
l’amour de dévouement. L’amour exclusif d’une femme et d’un homme qui s’unissent par le
mariage. L’amour qui nous saisit pour le bien ultime.
Pour trouver la vérité de l’amour entre un homme et une femme, première question : qu’est-
ce qui en lui, en elle, exerce sur moi cette attraction ?
Une relation ainsi fondée, on le sent bien, serait imparfaite : l’autre tend à y être réduit à un
objet. Il est un moyen pour moi. Paradoxalement, c’est en fait vers moi que je suis tourné…
Aimer vraiment, c’est aimer l’autre pour lui-même. Un amour profond, c’est d’abord être
attiré par l’autre de telle manière que je désire son bonheur. Je ne l’aime pas seulement pour
ce qu’il peut m’apporter, mais je l’aime en premier lieu parce que c’est lui (ou elle). A plus
forte raison, dans une telle relation, les deux personnes seront susceptibles d’éprouver des
sentiments, du plaisir ou de se rendre mutuellement service. Mais ce qui fonde la relation,
c’est la personne elle-même, au-delà de ses qualités ou défauts apparents.
Aimer, cela implique donc de ma part un choix libre : c’est décider d’aimer l’autre, de me
tourner librement et résolument vers lui. On ne peut véritablement aimer sans un certain don
de notre liberté à l’autre. Cette décision suppose d’être réciproque, car c’est la condition de la
relation. Ainsi chercher le bonheur de celui ou celle qui m’aime, c’est contribuer à mon
propre bonheur. Tel est l’amour, don mutuel et libre.
Bien sûr, cela n’est pas toujours facile pour autant. Nous sommes tous soumis aux
changements d’humeur, à la routine de la vie quotidienne, aux épreuves qui peuvent subvenir,
à notre égoïsme aussi. L’amour est fragile… Est-ce que je l’aimerai encore dans vingt ans ?
Suis-je capable de supporter tel ou tel de ses défauts ? L’amour est-il possible pour la vie ?
Dans l’épreuve, la maladie ?
En réalité, si notre relation s’enracine dans une décision libre et réciproque, elle peut grandir.
Car l’amour, cela n’est pas donné une fois pour toutes. Méfions-nous du “coup de foudre”
qui, même s’il est exaltant, n’est en définitive qu’une émotion très forte qui ne manifeste pas
forcément un amour profond.
Si l’amour est une relation personnelle, alors il se construit et s’approfondit avec le temps et
dans une confiance de plus en plus grande l’un pour l’autre. Cela s’entretient, se renouvelle au
jour le jour à travers des gestes et des attitudes qui manifestent à l’autre la place privilégiée
qu’il occupe dans notre vie. Et les événements, les épreuves ou les joies partagées peuvent
ainsi contribuer à une intimité de plus en plus grande, dans la mesure où, par-delà les
difficultés, nous nous tournons l’un vers l’autre.
L’amour n’est donc pas simple fusion de deux personnes, mais don mutuel de deux êtres
libres avec tout ce qu’ils sont : corps, cœur et esprit, ainsi que ce bien très précieux qu’est
notre vie. La logique de l’amour, c’est d’aspirer à un don définitif. Seule une décision
réciproque et pour la vie permet à l’amour humain d’atteindre un certain absolu et est
susceptible de combler notre cœur.
Pour le chrétien, la source et le modèle de tout amour, c’est Dieu. Il est l'amour au-delà de
tout amour, réussi ou malheureux. Il nous aime avant que nous n’aimions et il nous aime
encore quand nous ne sommes plus aimés. N'est-il pas ce bien ultime que nous cherchons ?
Témoignage
J’ai été stoppée dans ma course étourdissante par une aventure qui a très mal
tourné, quand, partie pour m’amuser, je me suis trouvée en face d’une bande de
gars qui eux ne rigolaient pas et qui voulaient régler son compte à une petite
minette inconséquente.
Christine
L’expérience montre (parfois douloureusement) qu’en ces domaines, il arrive qu’on ne voit
pas toujours très clair. Il n’est en tout cas pas facile d’être sûr de soi ou de ses sentiments et de
s’appuyer sur des preuves ou des signes très tangibles.
Cela s’explique du fait que l’amour n’est pas comme une idée (définissable) ou un
phénomène matériel (mesurable) : il est de l’ordre du choix. Et donc, pour reprendre un mot
de saint Bonaventure : « La mesure de l’amour — et son critère — c’est l’amour ».
Est-ce mon ami(e) que j’aime, ou l’amour que j’éprouve pour lui (elle) ? On est parfois
tellement saisi par le sentiment extraordinaire que revêt l’amour que l’on peut perdre
l’attention à l’autre…
Ainsi, une bonne question serait, non pas : « est-ce que je l’aime ? », mais : « est-ce que j’ai
le désir de l’aimer ? » (puisque l’amour n’est pas tant un sentiment qu’une décision, un choix,
un “vouloir aimer”).
Enfin, n’oublions pas que l’amour est une relation entre deux personnes ! On ne peut donc
parler d’amour que s’il y a réciprocité. Le meilleur moyen de le vérifier est donc de poser la
question (au bon moment et avec tact !) à celui ou celle qui est l’objet de mes tendres
affections !…
Témoignage
Lorsque j’ai rencontré François, j’ai d’abord appris à le découvrir en tant
qu’ami sans imaginer une seule fois qu’il deviendrait mon mari. Ce dont je me
souviens, c’est que j’avais trouvé qu’il était différent des autres : plus gentil, plus
ouvert, c’est-à-dire mieux que les autres, sans vraiment que je sache pourquoi.
La différence entre l’homme et la femme a ceci d’extraordinaire qu’elle permet, par un abord
différent des choses, un enrichissement mutuel, si tant est qu’on prenne la peine de s’écouter
et d’essayer de se comprendre : échanges des vues, discussions, parfois vives, mais qui aident
l’amour à grandir par une meilleure connaissance.
Bien sûr — et on connaît cela même si l’on n’est pas marié — il peut arriver qu’on tienne
tellement à ses idées et à les imposer, qu’on n’est pas prêt du tout à écouter l’autre. Alors,
c’est le clash… Pas de gravité profonde si l’on n’y ajoute pas de petites sentences ironiques
ou de condamnation… Car toutes ces remarques apparemment anodines blessent l’autre parce
qu’elles ne le respectent pas. Et nous allons réagir avec nos tempéraments différents : en
explosant, en s’enfermant dans le mutisme et l’amertume, en contre-attaquant. L’amour part
en guerre… La peur, la méfiance tentent de prendre sa place.
Entretenir dans son cœur une amertume ou des rancunes, ruminer son désaccord, voilà le
poison de l’amour. La maladie est grave mais elle n’est pas mortelle…
Le traitement ? Décider de stopper mes mauvais sentiments et d’arrêter parfois les
interprétations de l’imagination. « Je veux bien essayer de t’aimer encore », disait une petite
fille à sa sœur un peu chipie. Cette décision d’aimer de nouveau, de ré-ouvrir son cœur à
l’autre, de l’accueillir et de l’accepter tel qu’il est, de le regarder avec un regard neuf, c’est ce
qu’on appelle le pardon. Ce n’est pas rayer le passé comme s’il n’avait pas existé mais,
malgré lui, repartir avec une espérance et une force nouvelles. « Je te demande pardon pour
toutes les fois où je ne l’ai pas fait depuis que nous sommes mariés (c’est-à-dire jamais en
vingt ans) » : « Ce fut comme si nous étions mariés de nouveau, racontait la femme, notre
couple a retrouvé la vie. »
Dans toute vie, il y a des conflits. Par le pardon, ils peuvent, au lieu de tuer l’amour,
contribuer à le faire grandir.
Témoignage
Comme nous étions en retard, mon mari précipita un peu notre départ : valises,
manteaux, tout fut chargé en un clin d’œil et j’ai dû suivre le mouvement sans
avoir le temps de vérifier que rien n’était oublié !
L’après-midi, les enfants voulurent aller jouer dehors. Il avait neigé et il faisait
froid : je voulus leur donner leurs gants et leurs bonnets, mais impossible de les
trouver. Je renvoyai aussitôt les enfants vers leur père. Il m’affirma n’avoir vu ni
gants, ni bonnets dans le vestiaire lors du chargement de la voiture. Je ne le crus
pas et aussitôt je vis rouge : bien sûr, distrait comme il est, ce ne pouvait être que
lui qui, dans la précipitation du départ, les avait oubliés ! Une scène éclata devant
toute la famille et mon mari quitta la maison en claquant la porte !
Je ruminai en moi-même : c’est toujours pareil, il ne fait attention à rien, n’a pas
le sens des autres, et ces pauvres enfants qui vont avoir les mains gelées ! Mais
c’est quand même bizarre qu’il n’ait rien vu… Et si par hasard gants et bonnets
ne se trouvaient pas là ?… Et si par hasard… Les aurais-je mis dans les valises ?
Je me précipite, j’ouvre une valise, une deuxième… et je finis par trouver gants et
bonnets bien rangés… Je les avais moi-même mis dans l’une d’elles !
Je guettai son retour, un peu anxieuse. Quand il rentra, je m’avancai vers lui : «
Tu sais, je te demande pardon… »
Je n’ai rien dit de plus. Jacques m’a regardée et m’a dit : « Je te pardonne ».
Une bouffée de joie nous a envahis tous les deux. Nous étions comme deux
amoureux. La famille n’y comprenait plus rien. Nous venions de revivre cette
émotion intense du “oui” prononcé le jour de notre mariage.
Bénédicte
Marcel : Nous avons 89 et 90 ans et nous nous sommes mariés en 1925. Et nous nous aimons
toujours ! Comment cela est-il possible ? Je vais vous dire, cela est beaucoup plus simple
qu’on ne le croit : tout dépend de notre conception de l’amour. Aimer, c’est être heureux de
rendre l’autre heureux. C’en est presque égoïste ! A ce moment-là, nos propres désirs, qui
pourraient venir contrecarrer le bonheur de l’autre, ne paraissent plus prioritaires. Et si vous
misez tout sur le bonheur de l’autre, il n’y a pas de raison que cela ne dure pas.
Georgette : Bien sûr, cela demande un certain oubli de soi qui n’est pas toujours facile.
Certaines questions peuvent même être source de conflits graves. Pour ce qui nous concerne,
nous savions, en nous mariant, que nous étions d’accord sur l’essentiel : la religion, la
conception de la famille, l’éducation des enfants, les amis, etc. Ceci posé, un grand nombre de
discussions sont automatiquement évitées. Il reste les petites difficultés de la vie quotidienne,
que l’on peut toujours régler si l’on en a véritablement le désir.
Dans ce domaine, la franchise est quelque chose d’essentiel: il est très nécessaire de pouvoir
tout se dire, de mettre sans attendre ce qui ne va pas en commun, avec le désir de trouver
ensemble une vérité qui nous satisfera tous les deux. Le silence n’est jamais une solution.
Marcel : Mais comment concrètement, me direz-vous, rendre l’autre heureux ? Là-aussi, c’est
très simple. Il faut être aux petits soins. Trouver toutes les occasions de manifester son
attention à l’autre. Et le respecter profondément, car la politesse est une règle de base. Et si
vous y ajoutez une bonne dose d’humour, vous avez là une recette infaillible !
Nous avons, comme tout le monde, connu des épreuves. Non pas au sein de notre couple mais
dans le déroulement même de la vie : une première séparation pour des raisons
professionnelles — pendant laquelle nous nous sommes écrit tous les jours — un problème de
santé qui a immobilisé ma femme pendant quatre mois après la naissance de notre troisième
enfant, la guerre qui nous a séparés deux fois de suite — et là, pas de correspondance
possible, en dehors de deux malheureuses cartes postales par mois — la liquidation judiciaire
de mon entreprise, etc. Mais dans notre cas, les épreuves n’ont pas menacé notre unité. Au
contraire, elles nous ont soudés davantage.
Georgette : Pour nous l’une des plus grandes sources d’unité, ce sont nos enfants. Avec
maintenant nos petits et arrières-petits-enfants. Parce qu’ils constituent le même objet de
préoccupation et d’amour.
Marcel : En 67 ans, notre amour a évolué, bien sûr. Ce que nous éprouvons l’un pour l’autre
est différent de l’éblouissement de notre rencontre, ou de l’amour passionné des premiers
temps du mariage. Mais il ne s’est pas amoindri pour autant. Au contraire, je dirais même
qu’il s’est enrichi jour après jour de tout ce que nous avons vécu, de tous les souvenirs
communs et de cette connaissance très profonde que nous avons l’un de l’autre.
Georgette : Etions-nous faits l’un pour l’autre ? Je ne sais pas si l’expression est très juste. Je
crois plutôt que nous nous sommes faits l’un l’autre. Nous avons évolué ensemble, l’un par
l’autre.
Nous avons la grande chance d’être encore en vie tous les deux et de ne pas souffrir
d’infirmités trop graves. Je n’y vois plus beaucoup, mon mari n’entend pas très bien, mais
comme nous disait une amie encore récemment : « Vous êtes tellement liés que vous n’avez
pas besoin, à vous deux, de plus de deux yeux et de deux oreilles ! »
Il est vrai que poser d’emblée les gestes du couple — relations sexuelles, vie ensemble, etc.
— a pour effet souvent d’empêcher l’approfondissement de l’amour, d’interrompre sa
construction, de biaiser sa vérification.
Qui est l’autre, celui ou celle que j’aime ? Qui suis-je moi-même aujourd’hui, et quel don
profond suis-je prêt à faire ? Se découvrir, se connaître avant de décider une alliance et de
s’unir. L’amour, ce n’est pas seulement le feu follet du sentiment, pas seulement le flash d’un
coup de foudre. L’amour, c’est un feu qui doit résister aux caprices des vents et aux tornades
des orages.
L’amour ne se réduit pas à l’impression que j’ai d’aimer ou de ne plus aimer. C’est cette
décision réciproque qui fonde le lien d’amour.
• En le faisant grandir.
Aimer, ce n’est pas seulement avoir des relations physiques ou sourire quand on trouve l’autre
aimable. Faire grandir l’amour, c’est aimer : vouloir le bien de l’autre, voir tout ce qu’il fait
de bien et non pas additionner tout ce qu’il fait de mal. C’est chercher à faire plaisir à l’autre.
Donner gratuitement…
La question n’est pas de savoir si le jour de mon mariage, je suis sûr(e) que je serai fidèle
toute ma vie, mais plutôt de me demander si je suis décidé(e) à ce que l’homme ou la femme
de ma vie soit celui ou celle que j’ai choisi. Chaque jour, nous sommes appelés à renouveler
l’engagement pris à l’Eglise le jour de notre mariage, dans le “oui” que nous lui donnons
librement dans tous les actes de la vie quotidienne : « Je me donne à toi, et je te reçois. » Etre
fidèle, c’est grandir ensemble dans ce don mutuel qui a commencé le jour de notre mariage et
qui s’épanouira sans cesse davantage au cours des années passées ensemble. Il a besoin de
temps pour grandir, pour se construire. C’est un projet à inventer ensemble. C’est pouvoir dire
à l’autre : « Quoi qu’il arrive je serai avec toi, dans tes moments heureux, malheureux. »
La fidélité, c’est le témoignage de cette femme perdant son mari après 50 ans de vie
commune et nous disant : « Nous avions encore tant de choses à nous dire ! » Croire en
l’autre, espérer en l’autre, être attentif à l’autre, l’accueillir chaque jour, tel est le chemin de la
fidélité. Chemin quelquefois difficile, exigeant, mais source de bonheur et d’épanouissement.
Cependant cet état de fidélité n’est pas à l’abri des tentations et si c’est un chemin, une
construction, il demande que je garde certaines balises qui vont me garder dans la fidélité.
L’indifférence à l’autre va tuer la fidélité : pas de temps pour l’autre, ma carrière avant tout,
mon épanouissement, mes activités sportives, musicales… mes amis et mes relations
d’abord… je suis libre, je veux me réserver ma liberté, etc. Petit à petit, la communication
n’existe plus, chacun vit pour lui-même au lieu de vivre pour l’autre, et c’est alors
qu’insatisfait et confronté aux multiples tentations de la vie, on est tenté de briser cette fidélité
promise.
Il faut mettre cette “garde”, cette attitude de vigilance, à notre cœur, à nos yeux, à notre
corps, à notre langage, pour préserver notre fidélité comme on préserve un trésor précieux.
Les tentations de notre monde sont fortes : pornographie étalée, banalisation de l’acte sexuel,
recherche du plaisir pour soi-même, provocation de la mode, films mettant en valeur
l’infidélité sexuelle etc. Autant de désordres qui peuvent nous blesser dans notre fidélité. La
promesse de fidélité nous apparaît comme une audace, un risque où seul le Dieu éternellement
fidèle peut garantir notre fidélité. Plus notre accueil puisera dans l’amour de Dieu, plus notre
fidélité grandira.
Le sacrement de mariage est la source inépuisable dans laquelle, chaque jour, nous pourrons
venir puiser pour alimenter notre fidélité quotidienne. L’amour qui prend sa source en Dieu
peut réussir ce pari de fidélité en n’oubliant jamais cette parole que Jésus adresse à chacun de
nous : « N’ayez pas peur, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,
20)
Témoignages
Nous avons appris à faire une seule chair. La fougue parfois maladroite des
premières années s’est transformée en une amoureuse tendresse où chacun
cherche à faire la joie de l’autre.
Ayant recu une éducation très différente nous nous sommes affrontés, quand nos
enfants sont venus, sur la manière de les élever. J’étais possessive et parfois
aveugle dès qu’il était question d’eux. Je me suis rendu compte combien il était
important que je m’appuie sur toi et que nous nous en remettions ensemble au
Seigneur pour bien faire. Maintenant que nos aînés sont adultes je mesure
combien Dieu nous a aidés.
Laure
Il y a deux ans, mon mari nous quit tait, moi et mes trois enfants, pour aller jouir
au ciel de la gloire du Seigneur qu’il avait tant cherchée en cette vie. Son absence
physique ne rend pas moins réelle son existence, “autre” et ailleurs, sous une
forme que seuls les yeux de la foi peuvent percevoir. Bien que j’ai vécu cette
séparation, après huit ans de mariage, comme un déchirement, il me semble
aujourd’hui que les grâces que le Seigneur nous a données pendant notre vie
commune constituent un héritage impérissable et continuent de donner des fruits.
Je crois que ces grâces découlent du sacrement de mariage, par lequel Dieu a
pénétré notre amour conjugal de son amour trinitaire, faisant participer notre
couple à l’alliance éternelle qu’il a établie avec l’humanité dans le Christ.
Elisabeth
L'homme peut mesurer ses limites, sa finitude. Il en est insatisfait, comme s’il était fait
pour plus. Alors « qui t’a fait homme ? » Il est plus difficile qu’on ne croit de rejeter
l’hypothèse Dieu. Parler de “hasard” comme l’ont fait certains savants ne revient-il pas à
déifier le hasard ? D’autres savants ont fait remarquer que si le hasard a réussi à faire
l’homme en partant du Big Bang, en passant par les étoiles et les premières cellules de la vie,
ce hasard-là a dû gagner le gros lot à la loterie des millions de fois !
D’autres qui croient se cantonner dans un scientisme athée se laissent aller à mettre un N
majuscule à la Nature ou un E à l’Evolution, un M à la Matière… difficile d’y échapper…
Alors pourquoi ne pas accepter un Dieu intelligent plutôt qu’un hasard imbécile ?
Et si nous avons une liberté, pourquoi ne pas chercher ce Dieu qui nous laisse libres de le
reconnaître ? Et l’écouter nous dire « Je t’aime, et si tu veux, je te promets dès maintenant une
éternité d’amour. »
L’homme, animal doué d’intelligence et de raison, désireux de faire le bien, capable d’aimer
et d’être aimé, est plus que l’animal. Cet être unique jaillit de la terre et de l’évolution. Mais il
jaillit plus haut parce qu’il est appelé. A l’image de Dieu, il est fait, appelé pour le rencontrer
et trouver son bonheur, en toute liberté. C’est ce qu’on veut dire en disant qu’il a une âme
spirituelle.
Etre libre, c’est pouvoir ne pas être esclave de l’instinct, des pulsions. C’est la
capacité de ne pas subir les événements. Etre libre, c’est décider ce que je fais en
vue d’un objectif, d’un but.
La liberté n’est pas donnée une fois pour toutes. L’homme, “être de culture”, par
ses choix peut grandir : il a un devenir. L’homme devient ce que ses choix font
de lui : il est capable de répondre de ce qu’il est. C’est la responsabilité.
L’homme ainsi a un sens à donner à sa liberté. Grâce à cette liberté, il peut aimer
et c'est cela qui le comble.
La pilule,
ou les saisons de l’Amour ?
« La pilule n’est pas un “produit vert”. Au taux d’hormones qu’elle délivre, elle devrait
être proscrite du marché par les écologistes…»
Il est vrai en tout cas que la pilule contraceptive a pour objectif par des produits chimiques de
bloquer le processus physiologique de la femme pour la rendre infertile.
La différence avec les méthodes naturelles de régulation des naissances, c’est que ces
dernières permettent, sans supprimer le rythme physiologique, de connaître avec précision son
évolution : l’alternance des temps où la femme est non-fertile et des temps où elle est capable
de donner la vie.
Dans un couple, pour l’homme, aimer vraiment sa femme, ce ne peut être la réduire en
permanence, par la pilule, à un état qui n’est qu’une partie d’elle-même. Qui a d’ailleurs des
conséquences psychologiques — et parfois médicales.
Aimer, c’est reconnaître et accueillir l’autre dans toutes ses dimensions : son regard, et son
corps. Ses sentiments, ses goûts, toute sa personnalité. Son âme et ses aspirations au beau, au
bon, au vrai. Sa dimension d’éternité.
Et son ouverture à la vie, avec cette capacité de donner la vie à certains moments. Cette
alternance féminine n’est pas une erreur de la nature !
Dans le couple qui accueille les saisons du rythme féminin comme une richesse faisant partie
de l’être de la femme, l’homme permet à son épouse d’être une vraie femme. Et du coup,
l’homme aussi prend sa vraie dimension. Ils peuvent choisir de donner la vie, de façon
responsable. Ils peuvent aussi espacer la naissance de leurs enfants. Connaître les
renouvellements du désir et tous les temps différents de l’affection qui écrivent l’histoire de
leur amour.
Témoignage
Catherine : Au début de notre mariage, ne voulant pas avoir d’enfant tout de
suite, j’ai pris la pilule. C’était ce dont j’avais le plus entendu parler autour de
moi. Le médecin que j’avais consulté ne m’avait pas proposé d’autre méthode
puisque, après examen, la pilule n’était pas contre-indiquée.
Marc : Quel que soit le choix de ma femme, c’était “son affaire”. Je n’imaginais
pas que cela puisse me concerner en quoi que ce soit. Les mois passant, nous
avons commencer à désirer un enfant.
Marc : Enfin, nous avons eu une petite fille. Cette naissance si attendue et notre
conversion nous avaient profondément rapprochés et c’est ensemble, cette fois-ci,
que nous avons voulu rechercher une nouvelle méthode de régulation des
naissances car nous ne voulions plus utiliser la pilule.
Catherine : Le médecin nous proposa le stérilet. Mal informés, nous avons opté
pour cette solution. Or, deux jours avant sa pose, une amie m’expliqua qu’il
s’agissait en fait d‘un micro-abortif. Nous y avons donc renoncé.
Marc : Des amis nous parlèrent alors des méthodes naturelles de régulation des
naissances. Nous nous sommes documenté et avons essayé de nous y mettre avec
bonne volonté.
Marc : De mon côté, j’ai pris conscience que je devais apporter à Catherine mon
attention et mon soutien. J’ai peu à peu découvert ce qu’était le cycle de la
femme, ce travail si merveilleux qui se fait dans le corps humain pour accueillir
la vie et progressivement, j’acceptais plus librement les nécessaires périodes de
continence. Peu à peu, nous avons réalisé toute la richesse humaine et spirituelle
de l’amour conjugal plongé dans le dialogue vrai, la transparence, la
reconnaissance de l’autre dans tout ce qu’il est et est appelé à être. Cette
abstinence devint source de joie, de tendresse, de charité.
Marc : Trois ans se sont ensuite écoulés jusqu’à la naissance de notre troisième
enfant. Cela fut pour nous une grande joie de savoir qu’au moment de la période
fertile, notre union allait permettre la vie. C’est d’un commun accord que nous
avons offert notre amour à Dieu pour qu’Il le rende une troisième fois fécond.
L’amour plus fort
que la mort !
Témoignage
Plus tard, hors du cocon familial, la réalité sociale rendait inapplicables ces
principes. Autour de moi, la plupart des jeunes vivaient en union libre. A part
quelques exceptions, les grandes questions des filles étaient : Comment ne
s’attacher à personne ? ou : Comment échapper à la solitude et connaître une
relation durable ? J’avais le choix entre deux solutions : accepter d’être une
laissée-pour-compte ou entrer dans la spirale de l’union libre. Alors, incapable de
concilier mes sentiments et mes valeurs morales, je me suis laissée entraîner par
les circonstances. Il fallait vivre avec son temps.
Aussi, mon petit ami et moi nous nous installions maritalement. Il était juste
baptisé et ne comprenait pas les “chichis” de mon éducation. Psychologiquement
et affectivement, il m’était inconcevable de renoncer à lui et au mode de vie qu’il
me proposait. Je devenais une fille comme les autres, tout en espérant : « le
concubinage, c’est provisoire ; cela ne durera que le temps de nos études, ensuite
nous nous marierons ». Je vivais un catholicisme “de la demi-mesure”,
continuant d’aller à la messe et de prier pour que notre situation évolue.
Il est le Berger
Cette rencontre fut décisive, car ma vie bascula sur une nouvelle trajectoire. La
fatalité laissa la place à la Providence. Il m’apparaît maintenant, avec plus de
clarté, que mes désirs de fonder un foyer étaient légitimes, malgré les pressions
sociales contraires. Mais j’aurais dû faire passer le choix de Dieu, de la vie
conforme à mon baptême, avant le choix d’un conjoint ; le but de mon existence
étant de servir Dieu, plutôt que de vouloir L’inclure de force dans mes projets.
C’est Lui le Berger et moi la brebis, et non l’inverse.
Mais le plus difficile reste à conquérir chaque jour : pardonner à ceux qui nous
ont offensé ; se pardonner à soi-même ses erreurs ; se laisser pardonner et aimer
par Dieu, tels que nous sommes, là où nous en sommes.
Sophie