Gestion Des Medicaments 1

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GESTION DES MEDICAMENTS

CHAPITRE : QUALITE ET CONSERVATION DES MEDICAMENTS


Dr NKOUETE Ibrahim
Pharm-D, MSc, PhD-stu

Sommaire

 Normes de qualité

 Conditions de conservation

 Détérioration

 Péremption

La qualité des médicaments conditionne l’efficacité et l’innocuité des traitements. Elle dépend de leur
bonne fabrication et de leur conservation : des médicaments de bonne qualité seront disponibles à
condition de les acquérir suivant des procédures rationnelles auprès de fournisseurs fiables et
d’assurer leur transport, ainsi que leur stockage, dans des conditions compatibles avec leur bonne
conservation.

Normes de qualité

Chaque médicament est caractérisé par des normes particulières, inscrites dans les pharmacopées ou
dans les dossiers présentés par leurs fabricants et reconnues par les autorités compétentes de chaque
pays. Ces normes concernent l’aspect extérieur (couleur, odeur, etc.), les caractères physico-
chimiques, les procédés d’analyses, les conditions et la durée de conservation.

Le certificat d’analyse, fourni par les fabricants pour chacun de leurs produits, garantit que les produits
d’un lot (produits provenant d’un même cycle de production) sont conformes aux normes officielles
de qualité, existant dans son pays.

L’étiquette de chaque unité (boîte, flacon, etc.) doit indiquer lisiblement :

 le nom du produit en DCI,

 la forme et le dosage,

 le nombre d’unités (comprimé, ampoule, etc.) ou le volume (sirop, etc.),

 le nom et l’adresse du fabricant,

 le numéro du lot,

 la date de péremption.

Conditions de conservation
La température, l’air, l’humidité et la lumière sont des facteurs qui interviennent dans la conservation.
Les conditions de stabilité sont différentes suivant les médicaments, qui sont plus ou moins fragiles, et
suivant la forme du médicament (comprimé, solution, etc.) ou suivant son mode de fabrication. Il est
donc nécessaire de respecter les normes de conservation indiquées sur chaque fiche de ce guide ou
sur les notices/étiquettes des fabricants, au cas où elles ne seraient pas concordantes.

Température

Dans un entrepôt, la température ne doit pas être supérieure à 25 °C.

Les températures de stockage sont définies comme suit par la pharmacopée européenne :

 Au congélateur : - 15 à 0°C
 Au réfrigérateur : + 2 à + 8°C
 Au frais : + 8 à + 15°C
 Température ambiante : + 15 à + 25°C

Mais durant le transit et le transport, la température peut atteindre 50 à 60 °C à l'intérieur des


véhicules, des conteneurs ou sur les quais de débarquement et, dans ce cas, la conservation et les
dates de péremption ne peuvent plus être garanties.

La congélation peut être préjudiciable, notamment aux solutions, entraînant la détérioration ou la


précipitation du principe actif ainsi que la casse des ampoules et flacons.

Les vaccins, immunoglobulines et sérums sont des produits sensibles à la chaleur et à la lumière. Même
si les nouvelles productions fournissent des vaccins moins sensibles à la chaleur (dits "thermostables"),
il faut toujours les conserver au réfrigérateur, entre 2 °C et 8 °C, et respecter strictement la chaîne de
froid durant les transports.

Les flacons de vaccins peuvent être munis d'une pastille de contrôle (PCV) dont le carré central,
thermosensible, change de couleur sous l'influence de la chaleur et du temps : si le carré central est
plus clair que le cercle qui l'entoure, le vaccin peut être administré. Si le carré central est de la même
couleur ou plus foncé que le cercle qui l'entoure, le flacon doit être détruit. La pastille de contrôle
mesure l’exposition cumulative à la chaleur.

Chaîne de température contrôlée (CTC)

Dans le cadre de certaines campagnes de vaccination de masse uniquement, certains vaccins


homologués pour une utilisation en CTC peuvent être transportés et utilisés en dehors de la chaîne de
froid pendant une période de temps limitée.

Pour pouvoir être utilisé en CTC, le vaccin doit pouvoir, une fois sorti de la chaîne de froid (2 °C à 8 °C),
tolérer des températures allant jusqu’à 40 °C pendant une durée d’au moins 3 jours. La température
maximale de 40 °C est surveillée à l’aide d’indicateurs de seuil de température, placés dans les porte-
vaccins utilisés pour le transport et la vaccination sur le terrain.

Air et humidité
Dans un entrepôt, le taux d’humidité relative ne doit pas être supérieur à 65% (il existe des dispositifs
pour mesurer l’humidité).

L'air est un facteur de dégradation en raison de l'oxygène et de l'humidité qu'il contient. Tout récipient
doit rester fermé. Dans les emballages étanches et opaques, de type hospitalier, les médicaments sont
à l'abri de l'air et de l’humidité. Il faut éviter de les déconditionner trop longtemps avant leur
distribution.

Il faut informer les patients recevant des comprimés sous blister que les comprimés doivent être
déconditionnés uniquement au moment de la prise.

Lumière

Les médicaments ne doivent pas être exposés à la lumière directe, en particulier les solutions. Les
préparations injectables sont à conserver dans leur emballage, à l'obscurité. Certains verres colorés
donnent une protection illusoire contre la lumière.

Détérioration

Il est important de connaître les caractères normaux de chaque médicament (couleur, odeur,
solubilité, consistance) afin de pouvoir détecter les changements d'aspect qui pourraient traduire sa
dégradation. Il faut pourtant savoir que certaines dégradations ne se traduisent pas toujours par une
modification extérieure visible.

La conséquence principale de la dégradation est une diminution de l'activité thérapeutique, ce qui


entraîne des conséquences plus ou moins graves à l'échelle individuelle ou collective.
Par exemple, l'emploi d'antibactériens périmés ou détériorés, donc moins actifs, non seulement ne
guérit pas l’infection, mais aussi favorise l'apparition de souches résistantes.
Il n'est pas recommandé de compenser une éventuelle diminution de l'activité par une augmentation
aléatoire de la dose habituelle car, pour les médicaments toxiques, il existe un réel danger de
surdosage.

Certains médicaments subissent avec le temps des dégradations aboutissant à la formation de


substances beaucoup plus dangereuses, donc à une augmentation de la toxicité. La tétracycline en est
le principal exemple : la poudre jaune pâle devient brunâtre et visqueuse ; son utilisation est alors
dangereuse, même lorsque la date de péremption n'est pas encore atteinte.

Pour certains médicaments, on constate une augmentation de leur pouvoir allergène. C'est le cas des
pénicillines et céphalosporines par exemple.

Les suppositoires, ovules, crèmes et pommades qui ont fondu sous l'action de la chaleur ne doivent
pas être utilisés. Le principe actif n'est plus réparti de façon homogène dans l'excipient.

Les sels de réhydratation orale sont utilisables tant qu'ils ont conservé leur aspect de poudre blanche.
L'humidité les transforme en une masse compacte, plus ou moins brunâtre et insoluble : ils sont alors
impropres à la consommation, quelle que soit leur date de péremption.

Péremption
Les médicaments, même conservés dans les conditions adéquates, se détériorent progressivement et
selon des processus divers. Dans la plupart des pays, la réglementation impose aux fabricants
l’obligation d’étudier la stabilité de leurs produits dans des conditions standardisées, et de garantir
une durée minimum de conservation. La date de péremption indiquée par le fabricant est fixée de
sorte que l’effet thérapeutique reste inchangé jusqu’à cette date incluse (au moins 90% du principe
actif doit être présent et il ne doit pas y avoir d’augmentation substantielle de la toxicité).
La date de péremption figurant sur l’emballage est basée sur la stabilité du médicament dans son
récipient original fermé. Les durées couramment garanties sont 3 ans et 5 ans. Certains produits
fragiles ne sont garantis que 1 an ou 2 ans.

La date de péremption doit figurer sur les emballages avec les spécifications éventuelles de stockage.

Médicaments périmés

La date de péremption est à respecter du point de vue légal et du point de vue de la responsabilité
thérapeutique.

Dans les situations où les seuls médicaments disponibles auraient une date de péremption dépassée,
le médecin pourrait prendre la responsabilité d'utiliser ces médicaments.

Il est bien évident que le médicament ne devient pas impropre à la consommation du jour au
lendemain après sa date de péremption. Si le produit a été conservé dans des conditions acceptables
(à l'abri de l'humidité et de la lumière, en conditionnement intact et à une température moyenne) et
si des modifications d'aspect ou de solubilité ne sont pas décelées, il est souvent préférable d'utiliser
un médicament périmé plutôt que de laisser un malade grave sans traitement.

Le respect des dates de péremption s'impose pour les médicaments dont la posologie est
obligatoirement précise et qui présenteraient un risque de sous-dosage, tels les tonicardiaques et les
antiépileptiques et pour ceux qui risquent d'être devenus toxiques telles les cyclines.

Destruction des médicaments et matériels périmés ou inutilisables

Il est dangereux de jeter les médicaments périmés et inutilisables ou de les enfouir dans le sol sans
précaution. Pour plus d’informations concernant la destruction des médicaments,
consulter Interagency Guidelines For Safe Disposal of Unwanted Pharmaceuticals in and after
emergencies, OMS/99.2.

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